Hémogramme en pédiatrie : variations physiologiques

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Hémogramme en pédiatrie : variations physiologiques
THÉMATIQUE
HÉMATOLOGIE
À TAPER
Hémogramme en pédiatrie :
variations physiologiques
Elodie Laineya,b,*, Marc Boiriea, Odile Fenneteaua
RÉSUMÉ
Les données de l’hémogramme se modifient profondément au cours des
premières années de vie et sont le reflet des différents stades du développement. Nous détaillerons successivement les paramètres pré-analytiques
influençant l’interprétation des résultats (faible volume disponible, hyperviscosité, site de prélèvement,…), les caractéristiques de l’hématopoïèse
du fœtus et du nouveau-né et les normes de la numération globulaire et de
la formule leucocytaire en fonction de l’âge. Les particularités morphologiques en période néonatale seront également abordées dans cet article. La
connaissance de ces variations physiologiques est en effet un pré-requis
à l’identification de situations pathologiques en pédiatrie.
Hémogramme – variations physiologiques – nouveau-né –
particularités cytologiques.
1. Introduction
Il existe d’importantes variations physiologiques des données de l’hémogramme entre le nouveau-né et l’enfant plus
âgé. Celles-ci sont majorées chez le prématuré en fonction
du degré de prématurité. Ces différences sont liées d’une
part aux conditions de développement pendant la vie fœtale,
aux interactions complexes entre le fœtus et la mère et
d’autre part aux changements nécessaires pour s’adapter
à la vie extra-utérine. De plus, les conditions particulières
de prélèvement chez l’enfant et les techniques de mesure
peuvent influencer la valeur des constantes hématologiques. Il convient donc de connaître l’évolution de l’hématopoïèse pendant l’enfance afin de ne pas sous-estimer
ou surestimer la présence d’anomalies quantitatives. Par
ailleurs, en période néonatale la morphologie des cellules
sanguines présente quelques particularités qu’il est bon de
rappeler de façon à faciliter la distinction entre situations
physiologiques et pathologiques.
a Service d’hématologie biologique
Hôpital Robert-Debré (AP-HP)
48, bd Sérurier
75935 Paris cedex 19
b Université Paris VII – Faculté de médecine Denis-Diderot
75010 Paris
* Correspondance :
[email protected]
article reçu le 20 août, accepté le 2 septembre 2009.
© 2009 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.
SUMMARY
Blood parameters in pediatrics: physiological
variations
Blood cell counts and indices are profoundly
modified during the first years of life and reflect the
important changes during fetal development. We
report and point out, in this review, the differences
and the major factors that impact the normal
hematologic values in healthy term and preterm
neonates and infants. Important preanalytic
factors, such as limited volume blood samples
or effect of the drawing out puncture site will be
exposed. We will focus on the characteristics of
fetal hematopoiesis and exposed the variations of
normal values for blood parameters (hemoglobin
concentration, hematocrit, erythrocyte indices,
blood neutrophil concentration…) during
childhood. The main cytological peculiarities of
the blood cells in neonates will also be reviewed.
Indeed, knowledge of the qualitative physiological
changes in the newborn is essential for an accurate
interpretation of morphological abnormalities.
New born – blood cell counts – normal ranges –
peripheral blood morphological analysis.
2. Particularités pré-analytiques
en période néonatale
2.1. Sites de prélèvement
Le prélèvement s’effectue, dans la quasi-totalité des cas,
sur sang périphérique veineux et éventuellement sur prélèvement capillaire. À la naissance, le prélèvement de sang
de cordon est également de pratique courante.
Chez le nouveau-né, le prélèvement de sang veineux est
plus fréquemment coagulé que chez le grand enfant en
raison de conditions de prélèvements difficiles et d’une
hypercoagulabilité physiologique à cet âge. Par ailleurs, la
réalisation de ponctions sanguines répétées représente un
risque de spoliation sanguine chez les grands prématurés.
Le prélèvement capillaire peut être une solution pour réaliser
un hémogramme à partir d’une faible quantité de sang
chez les tous petits poids ou lors d’échecs répétés du
prélèvement veineux. Il se pratique par réalisation d’une
piqûre franche de quelques millimètres de profondeur à
l’aide d’un vaccinostyle stérile à usage unique au niveau
de la face plantaire du talon après désinfection de la peau
et séchage de la région désinfectée. Le sang doit s’écouler
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 //
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spontanément sans compression. La première goutte
n’est pas prélevée. Les gouttes suivantes sont recueillies
et mélangées dans un tube de prélèvement contenant de
l’EDTA. Il faut éviter de prélever un endroit cyanosé ou
œdématié. Chez l’enfant plus âgé, ce prélèvement est
effectué par ponction au bout du doigt.
Les prélèvements capillaires ne donnent pas les mêmes
résultats numériques que les prélèvements veineux notamment du fait de la stase circulatoire. Le taux d’hémoglobine, le nombre de globules rouges et l’hématocrite
sont en général supérieurs d’environ 5 % à ceux des
prélèvements veineux. Cette différence sera majorée de
10 à 25 % en cas de mauvaise microcirculation capillaire
ou lors d’infection surajoutée [1] et pourra ainsi masquer
une anémie. De même, le chiffre de globules blancs est
supérieur de 20 % par rapport aux prélèvements veineux
ou artériels [2]. En revanche, aucune différence significative
n’a été retrouvée pour le chiffre de plaquettes, expliquant
la fréquente utilisation des prélèvements capillaires pour
le suivi des thrombopénies néonatales. À noter que les
plaquettes sont agrégées sur les frottis sanguins réalisés
directement à partir d’une goutte de sang issue du bout
du doigt ou du talon.
2.2. Sang et viscosité
La viscosité du sang augmente de façon proportionnelle
à celle de l’hématocrite. Chez les prématurés de moins
de 30 semaines, la valeur moyenne de l’hématocrite est
autour de 45 %. Un hématocrite supérieur à 60 % avant
32 semaines de gestation est exceptionnel [3]. L’hématocrite moyen chez les nouveau-nés de plus de 36 semaines est de 52 %. Environ 2,5 à 5 % des nouveau-nés à
terme présentent un hématocrite supérieur à 65 %. Cette
hyperviscosité sanguine, outre les conséquences délétères pour l’enfant (irritabilité, hypotonie, tremblements…),
entraîne également des difficultés techniques. Les échantillons avec un hématocrite aux environs de 60 % présentent un pourcentage significativement plus important de
leucocytes altérés, rétractés entre les hématies. Il faut donc
porter une attention particulière lors de la réalisation des
frottis sanguins des nouveau-nés car la pression exercée
par l’utilisateur sur la lame et le volume de sang utilisé peut
rendre difficile l’identification des leucocytes ou la mise en
évidence d’anomalies sur la lignée érythrocytaire. Il existe
maintenant des systèmes mécaniques automatiques d’étalement et de coloration des frottis sanguins qui adaptent
le volume de la goutte de sang au taux d’hématocrite et
qui permettent une meilleure régularité du frottis grâce à
l’utilisation d’une pression constante. Néanmoins, les faibles
volumes de sang disponibles en pédiatrie empêchent le
plus souvent leur utilisation en période néonatale.
3. Variations physiologiques
des paramètres
de l’hémogramme en pédiatrie
Les principales variations physiologiques de l’hémogramme
en fonction de l’âge sont répertoriées dans les tableaux I
et II. Ces normes, obtenues à partir d’un XE-2100 (société
Sysmex), sont issues de l’expérience locale de notre laboratoire et ont été obtenues à partir d’une cohorte de 2 928
enfants pour les valeurs des constantes érythrocytaires et
de 3 672 enfants pour la formule leucocytaire et le chiffre
de globules blancs. L’existence de plusieurs automates
de numération sur le marché dont les technologies de
mesure sont différentes rend délicate l’utilisation de normes établies par un autre laboratoire. Par ailleurs, étant
donné la difficulté de sélectionner des patients « normaux »
au sein d’une structure hospitalière et la nécessité de tenir
compte des particularités des cohortes de patients suivies dans chaque centre, notamment en terme d’origine
ethnique [4, 5], ces valeurs sont données à titre indicatif.
Elles sont néanmoins proches de celles publiées dans la
littérature [6-11].
Tableau I – Valeurs et indices érythrocytaires moyens par catégorie d’âge en pédiatrie
(moyenne et déviation standard (SD)).
Hémoglobine
(g/dl)
Hématocrite
(%)
Hématies
(x1012/l)
VGM
(fl)
TCMH
(pg)
CCMH
(g/dl ou %)
Moyenne ± SD
Moyenne ± SD
Moyenne ± SD
Moyenne ± SD
Moyenne ± SD
Moyenne ± SD
17,6 ± 2
51,3 ± 5,9
4,92 ± 0,6
104,4 ± 4,8
35,7 ± 1,7
34,4 ± 1,4
2 jours (N = 211)
17,9 ± 2,1
52,2 ± 6,1
5,01 ± 0,6
103,3 ± 5,4
35,6 ± 1,9
34,4 ± 1,5
3 - 7 jours (N = 892)
17,6 ± 2,1
50,5 ± 6
4,98 ± 0,6
101,6 ± 5,4
35,3 ± 1,7
34,5 ± 1,4
Catégorie d’âge
Nouveau-né (N = 284)
8 - 14 jours (N = 151)
15,6 ± 1,7
45,7 ± 3,8
4,52 ± 0,4
101,2 ± 5
34,6 ± 1,9
33,3 ± 1,4
15 jours - 1 mois (N = 69)
13,4 ± 1,7
39,2 ± 4,9
4 ± 0,5
98,1 ± 5,1
33,5 ± 2,4
32 ± 1,6
1 - 2 mois (N = 49)
11,2 ± 1,1
32,8 ± 3,4
3,65 ± 0,4
90,1 ± 5,5
30,7 ± 1,8
35,1 ± 1,3
2 - 6 mois (N = 109)
11,1 ± 0,9
32,9 ± 2,9
4,05 ± 0,4
81,7 ± 4,1
27,7 ± 1,5
33,9 ± 1,2
6 mois - 2 ans (N = 390)
12 ± 0,9
35,4 ± 2,4
4,66 ± 0,3
76,1 ± 3,2
25,7 ± 1,4
33,9 ± 1,1
2 - 6 ans (N = 590)
12,2 ± 0,7
36,4 ± 2,4
4,67 ± 0,3
77,6 ± 3,3
26,3 ± 1,3
33,9 ± 1,1
6 - 12 ans (N = 289)
12,7 ± 0,8
37,5 ± 2,3
4,68 ± 0,3
80,4 ± 3,4
27,3 ± 1,3
33,9 ± 1
12 - 16 ans (N = 183)
13,5 ± 1,1
39,7 ± 3
4,74 ± 0,4
83,8 ± 4
29,2 ± 1,5
33,9 ± 1,1
Normes établies dans le service d’hématologie biologique de l’hôpital Robert-Debré (Paris 19-AP-HP) à partir d’une cohorte pédiatrique
étudiée sur l’automate d’hématologie XE-2100 Sysmex.
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HÉMATOLOGIE
3.1. Lignée érythrocytaire
En période néonatale, l’interprétation du taux d’hémoglobine, de l’hématocrite et du nombre d’hématies doit
prendre en compte différents paramètres qui influencent
les résultats. Ces valeurs sont notamment dépendantes
du délai nécessaire pour ligaturer le cordon ombilical [12],
du temps de latence entre la naissance et le prélèvement
sanguin périphérique, de l’administration d’ocytocine
à la mère au moment de l’accouchement, du poids de
naissance ou encore de l’intensité de la souffrance fœtale
provoquée par l’hypoxie. Au moment de l’accouchement,
l’afflux sanguin en provenance du placenta peut augmenter
le volume sanguin total du nouveau-né de 50 % à 60 %
[13-15]. Le volume sanguin total va rapidement s’ajuster
dans les dix premières heures de vie par diminution du
volume plasmatique (transfert de l’espace intra-vasculaire vers l’espace extra-vasculaire) tandis que le volume
érythrocytaire restera globalement inchangé expliquant
l’augmentation parfois importante du taux d’hémoglobine,
du chiffre d’hématies et de l’hématocrite dans les premiers
jours de vie. L’amplitude de cette augmentation est très
dépendante de la quantité de sang placentaire transféré
à l’enfant et donc du délai mis pour stopper ce processus
[16]. En effet, plus de la moitié de ce transfert a lieu dans
la première minute qui suit la naissance. Ainsi, la masse
érythrocytaire moyenne retrouvée chez les enfants dont
le clampage a été rapide est de l’ordre de 31 ml/kg versus
49 ml/kg lorsque le clampage a été tardif [2]. Le volume
érythrocytaire moyen à la naissance est d’environ 40 ml/kg
et le volume plasmatique de 105 ml/kg [17]. Ces volumes
diminuent progressivement pour atteindre 25 ml/kg de
volume érythrocytaire et 75 ml/kg de volume plasmatique
à la fin des six premiers mois de vie [18]. Ces transferts
de volume plasmatique en période néonatale font que la
masse de globules rouges n’est pas totalement corrélée
avec l’hématocrite.
3.1.1. Hématies (GR)
et volume globulaire moyen (VGM)
Le nombre de globules rouges, tout comme l’hématocrite et
l’hémoglobine, est sujet à de nombreuses variations pendant
la période néonatale. Le nouveau-né est polyglobulique à la
naissance. Le chiffre moyen de globules rouges attendu est
de 5 T/L. La polyglobulie néo-natale témoigne de l’intense
activité érythropoïétique précédant la naissance [19]. Ce chiffre
peut augmenter légèrement pendant les premiers jours pour
revenir aux chiffres retrouvés dans le sang de cordon à la fin
de la première semaine. Les globules rouges du nouveauné à terme sont macrocytaires avec un volume globulaire
moyen (VGM) situé entre 95fl et 122fl (technologie Sysmex).
Le VGM est inversement proportionnel à l’âge gestationnel.
Ainsi, chez les grands prématurés, le VGM peut atteindre
130 à 135fl (technologie Sysmex). Les données de la littérature chez le fœtus rapportent un VGM de l’ordre de 110 à
127fl entre la 26 et la 29e semaine de gestation (technologie
Coulter) (tableau III) [20]. Cette macrocytose physiologique
découlerait d’une part de l’érythropoïèse de stress durant
la vie fœtale et d’autre part de la composition plus riche en
lipides de la membrane érythrocytaire. Un VGM < 93fl à la
naissance doit être considéré comme pathologique. Le VGM
reste élevé (> = 100fl) pendant les 2 premières semaines de
vie pour diminuer ensuite progressivement dès le début de la
troisième semaine. Cette diminution se poursuit et atteint un
minimum de 70fl entre le 6e et le 12e mois (figure 1). Après
cette période, il augmente progressivement pour atteindre 75
à 90fl entre 2 et 6 ans et rejoint les chiffres de l’adulte (entre
77 et 94fl) après l’âge de 12 ans. Un VGM < 70fl chez les
enfants de 6 mois à 2 ans et < 75fl chez les plus de 6 ans
est à considérer comme pathologique.
Tableau II – Valeur moyenne des leucocytes de la formule leucocytaire et des plaquettes
par catégorie d’âge en pédiatrie (moyenne et déviation standard (SD)).
Catégorie d’âge
Leucocytes
Moyenne
± SD
G/L
Nouveau-né (N = 70)
Polynucléaires
neutrophiles
Moyenne ± SD
%
G/L
Lymphocytes
Moyenne ± SD
Monocytes
Moyenne ± SD
%
G/L
%
17,2 ± 7,5 61 ± 12 10,1 ± 5,6
26 ± 9
4,1 ± 1,6
9 ± 3,6
G/L
Polynucléaires
éosinophiles
Moyenne ± SD
%
G/L
Polynucléaires
basophiles
Moyenne ± SD
%
Plaquettes
Moyenne
± SD
G/L
G/L
1,56 ± 0,8 1,7 ± 1,8 0,29 ± 0,3 0,17 ± 0,4 0,03 ± 0,06
242 ± 48
9,9 ± 4,5 1,12 ± 0,6 2,8 ± 2,3 0,32 ± 0,3 0,17 ± 0,3 0,03 ± 0,04
269 ± 64
1 jour (N = 206)
16,8 ± 7,2 59 ± 11 9,5 ± 4,8
35 ± 11
3,7 ± 1,2
2 jour (N = 210)
12,6 ± 4,6 57 ± 11 7,4 ± 3,6
32 ± 11
3,8 ± 1,3 10,2 ± 3,9 1,22 ± 0,6
3 jour (N = 507)
9,9 ± 3,2
32 ± 11
3,7 ± 1,2 10,1 ± 4,4 1,18 ± 0,6 3,5 ± 2,7 0,4 ± 0,3 0,16 ± 0,3 0,02 ± 0,04 274 ± 66
46 ± 11 4,7 ± 2,2
3,6 ± 3
0,4 ± 0,3 0,16 ± 0,3 0,02 ± 0,03 261 ± 62
4-7 jours (N = 670)
10,5 ± 2,6 37 ± 11
4 ± 2,3
45 ± 11
4,8 ± 1,5 13,1 ± 5,1 1,36 ± 0,6 4,6 ± 2,6 0,44 ± 0,3 0,16 ± 0,4 0,02 ± 0,04
264 ± 89
8-14 jours (N = 235)
11,7 ± 3,4 30 ± 11 3,6 ± 2,1
56 ± 12
6,1 ± 1,8 12,3 ± 4,3
1,3 ± 0,5
359 ± 84
1,03 ± 0,4 4,9 ± 3,1 0,52 ± 0,4 0,19 ± 0,4 0,02 ± 0,04 345 ± 72
15 jours-1 mois (N = 117) 10,5 ± 2,3
1-2 mois (N = 99)
2-6 mois (N = 111)
6 mois-2 ans (N = 385)
3,5 ± 2,4 0,4 ± 0,3 0,17 ± 0,4 0,02 ± 0,02
23 ± 8
2,4 ± 2,2
61 ± 9
6,4 ± 1,6
10 ± 4,1
9,7 ± 2,5
21 ± 10
2 ± 1,4
68 ± 10
6,3 ± 1,9
8,5 ± 3,4 0,79 ± 0,4 3,7 ± 2,3 0,35 ± 0,4 0,19 ± 0,4 0,02 ± 0,03 360 ± 78
10,5 ± 2,8
23 ± 9
2,6 ± 1,5
67 ± 9
6,8 ± 2
10,4 ± 3,3 29 ± 12 3,2 ± 1,7
61 ± 13
6,2 ± 2,1
7,2 ± 3,5 0,77 ± 0,4 3,2 ± 2,3 0,34 ± 0,3 0,35 ± 0,4 0,04 ± 0,05 392 ± 68
7,6 ± 3,1 0,77 ± 0,4 2,9 ± 2,3 0,29 ± 0,3 0,34 ± 0,5 0,04 ± 0,05
2-6 ans (N = 587)
8,5 ± 2,1
41 ± 13 3,7 ± 2,5
46 ± 12
4 ± 1,4
7,7 ± 2,8 0,65 ± 0,2
6-12 ans (N = 291)
7,3 ± 1,8
46 ± 11 3,5 ± 1,6
41 ± 10
3 ± 0,7
7,7 ± 2,3 0,56 ± 0,2 3,8 ± 2,1 0,3 ± 0,3 0,57 ± 0,4 0,04 ± 0,03
12-16 ans (N = 184)
6,9 ± 1,6
52 ± 11 3,7 ± 1,7
37 ± 10
2,4 ± 0,7
7,9 ± 1,9 0,55 ± 0,2
2,9 ± 2
3 ± 2,3
347 ± 71
0,32 ± 0,3 0,46 ± 0,4 0,04 ± 0,04 324 ± 67
298 ± 59
0,26 ± 0,2 0,49 ± 0,3 0,03 ± 0,02 270 ± 60
Normes établies dans le service d’hématologie biologique de l’hôpital Robert-Debré (Paris 19-AP-HP) à partir d’une cohorte pédiatrique
testée sur l’automate d’hématologie XE-2100 Sysmex.
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 //
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Figure 1 – Évolution des moyennes du VGM
et du taux d’hémoglobine (Hb) de la naissance
à l’adolescence.
Tableau IV – Évolution du taux d’hémoglobine (g/dl)
(médiane et intervalles (95 %)) pendant
les six premiers mois de vie chez les enfants nés
prématurés et non carencés en fer.
Hémoglobine (g/dl)
Poids de naissance
1 000-1 500 g
3.1.2. Hémoglobine (Hb)
Le taux d’hémoglobine augmente progressivement jusqu’à
la 33e semaine de gestation puis demeure stable jusqu’à
la naissance. Dans notre cohorte, pour une naissance à
terme, il varie de 14 à 23 g/dl. Ce taux est plus faible de 2 à
3 g/dl dans les prélèvements de sang de cordon (13-19 g/dl)
comparativement aux prélèvements veineux périphériques. Il
peut par ailleurs augmenter de 1 à 2 g/dl entre J0 et J2 par
hémoconcentration puis reste autour de 14-20 g/dl jusqu’à
la fin de la première semaine de vie (moyenne à 15,9 g/dl
à J8 de vie). Ce taux élevé est la conséquence combinée,
d’une production accrue d’érythropoïétine (EPO) due à
l’hypoxie in utero, et à la présence d’une quantité élevée
d’hémoglobine F (comprise entre 53 et 95 %) qui présente
une forte affinité pour l’oxygène et d’une incapacité pour
le 2.3 DPG (2.3-diphosphoglycerate) intra-érythrocytaire de
se lier à cette hémoglobine. Le taux diminue ensuite progressivement pour atteindre le nadir (9,5-13,5 g/dl) à l’âge
de 2 mois (moyenne à 10,5 g/dl) (figure 1). Cette anémie,
indépendante de tout facteur pathologique, est désignée
sous le nom d’anémie physiologique de la période postnatale. Un taux d’hémoglobine à 9 g/dl chez un enfant
de 2 mois, né à terme, doit être considéré comme pathologique. Cette baisse est la résultante de plusieurs facteurs.
La mise au repos transitoire de l’activité érythropoïètique
médullaire après la naissance en est le mécanisme principal.
En effet, l’augmentation du taux d’oxygène circulant et la
baisse du taux d’hémoglobine F entraînent une diminution
de la production d’EPO [21]. D’autre part, la demi-vie des
globules rouges pendant les premières semaines de vie
(40-90 jours) est diminuée par rapport à celle des enfants
plus âgés (120 jours) [22, 23]. Après 2 mois de vie, le taux
Tableau III – Valeurs de référence de la numération
globulaire chez le fœtus (Coulter S plus II®).
Age
(semaines)
Globules
rouges (1012/l)
Hémoglobine
(g/dl)
Hématocrite
(%)
VGM (fl)
18-21
2.85 ± 0.36
11.69 ± 1.27
37.3 ± 4.32
131.11 ± 10.97
22-25
3.09 ± 0.34
12.2 ± 1.6
38.59 ± 3.94
125.1 ± 7.84
26-29
3.46 ± 0.41
12.91 ± 1.38
40.88 ± 4.4
118.5 ± 7.96
> 30
3.82 ± 0.64
13.64 ± 2.21
43.55 ± 7.2
114.38 ± 9.34
Référence : Forestier F, Andreux JP. Developmental hematopoiesis in normal human fetal
blood. Blood 1991.
52
// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416
1 501-2 000 g
Normes
Médiane
Normes
Médiane
2 semaines
11,7-18,4
16,3
11,8-19,6
14,8
1 mois
8,7-15,2
10,9
8,2-15
11,5
2 mois
7,1-11,5
8,8
8-11,4
9,4
3 mois
8,9-11,2
9,8
9,3-11,8
10,2
4 mois
9,1-13,1
11,3
9,1-13,1
11,3
5 mois
10,2-14,3
11,6
10,4-13
11,8
6 mois
9,4-13,8
12
10,7-12,6
11,8
Référence : Lundström U, Siimes MA, Dallman PR. At what age does iron
supplementation become necessary in low-birth-weight infants?. J Pediatz.1977.
d’EPO devient de nouveau détectable et correspond à
la récupération physiologique de l’anémie. Le taux d’hémoglobine ré-augmente donc progressivement jusqu’à
l’âge de 6-12 ans (moyenne à 12,7 g/dl) pour atteindre les
valeurs adultes à partir de l’adolescence. La variation, bien
établie, du taux d’hémoglobine en fonction du sexe est liée
aux différences de production d’hormones sexuelles : les
androgènes et notamment la testostérone [24]. Cette différence n’apparaît qu’à la puberté (entre 12 et 17 ans), et
persiste ensuite quelle que soit la tranche d’âge observée.
Ainsi, le taux d’hémoglobine chez les jeunes filles est en
moyenne plus bas de 0,5 à 1 g/dl (12-15 g/dl) par rapport
aux garçons (13-16 g/dl) [18].
Chez les enfants prématurés, le taux d’hémoglobine dépend
du terme (tableau III) et du poids de naissance (tableau IV)
[25]. Entre la 27e et la 32e semaine de gestation, les taux
d’hémoglobine rapportés dans la littérature s’échelonnent
entre 11 et 18 g/dl à la naissance. Ainsi, chez les moins de
28 semaines, le taux moyen d’hémoglobine est plus bas de
3,5 g/dl par rapport aux enfants nés à terme. La diminution
du taux d’hémoglobine post-natale chez ces nouveau-nés
est plus rapide, plus importante et dure plus longtemps
(de 8 à 12 semaines versus 4 à 8 semaines chez l’enfant
né à terme). Par la suite, la production de globules rouges
dépasse et compense leur destruction. Le caractère plus
accentué de l’anémie chez le prématuré de faible poids
est principalement dû à une insuffisance médullaire (durée
de l’érythropoïèse abrégée par la naissance prématurée),
à une croissance plus rapide auquel se surajoutent des
facteurs nutritionnels dont le principal est la carence en
vitamine E.
3.1.3. Teneur corpusculaire moyenne
en hémoglobine (TCMH)
La TCMH (taux d’Hb/nombre de GR) est élevée à la naissance (en moyenne 35,7 pg), pouvant atteindre plus de
40 pg chez le prématuré [3]. Elle diminue lentement pendant les premiers mois de vie pour atteindre en moyenne
26 pg entre 6 mois et 6 ans, les valeurs adultes entre 27
et 32 pg (moyenne à 29,2 pg) étant atteintes à partir de
HÉMATOLOGIE
16 ans. Une valeur inférieure à 23 pg entre l’âge de 6 mois
et 2 ans est pathologique.
3.1.4. Concentration corpusculaire moyenne
en hémoglobine (CCMH)
La CCMH (taux d’Hb/Ht) reste normale entre 30 et 36 %
dès la naissance et pendant toute la croissance. Un chiffre
inférieur à 30 % confirme le caractère hypochrome de la
population érythrocytaire. L’hématocrite calculé (nombre de
GR x VGM) par certains appareils de numération automatique ou déterminé par la méthode cumulative des impulsions
électriques rapporté au volume fixe calibré (technologie
Sysmex) peut être inférieur de 2 à 5 % par rapport à l’hématocrite conventionnel, mesuré par centrifugation, car le
volume de plasma retenu dans le culot globulaire n’entre
pas en ligne de compte. De ce fait, il n’est pas rare, en
période néonatale, que la CCMH rendue par l’automate
XE-2100 soit supérieur à 36 %. La réalisation d’un microhématocrite centrifugé permet de corriger la valeur de la
CCMH dans la plupart des cas. La détermination, par cette
méthode de référence, du taux exact d’hématocrite est
particulièrement importante chez les enfants présentant à
la naissance un VGM limite bas ( 94fl) car la détermination
d’une CCMH supérieure à 36 voire 37 % par le XE-2100,
du fait d’un hématocrite sous-estimé, peut minorer le VGM
de 5 à 10 points.
3.1.5. Erythroblastes (NRBC)
La présence d’un faible pourcentage d’érythroblastes (5 %
à 10 % pour 100 leucocytes soit 0,5 à 1 G/L) (moyenne à
0,25 G/L) est fréquente à la naissance [2, 18]. Des valeurs
supérieures à 10-20 % pour 100 leucocytes doivent en
revanche être considérées comme pathologiques. Ce pourcentage diminue rapidement (plus de 50 %) dans les 12 à
24 premières heures de vie pour disparaître le plus souvent
après 3 à 4 jours. La persistance d’érythroblastes au-delà
du 7e jour de vie doit être considérée comme pathologique
chez les enfants à terme et faire évoquer une stimulation
de l’érythropoïèse liée à un saignement [26], une hémolyse,
une hypoxie ou une augmentation de la perméabilité de la
barrière médullaire (infections,…). Le nombre d’érythroblastes
circulants est plus important chez les prématurés (jusqu’à
10 G/L) et perdure plus longtemps (7 jours et plus) [27]. Des
taux d’érythroblastes plus élevés ont été rapportés chez
les enfants nés de mère diabétique [28]. Les automates de
numération actuellement disponibles déterminent le taux
d’érythroblastes en valeur absolue et en pourcentage pour
100 leucocytes. En l’absence d’alarmes, la valeur absolue,
indépendante du chiffre total de leucocytes, est plus informative en cas de forte leucocytose.
élevées au-delà du 7e jour de vie est anormale. Chez les
enfants prématurés, les taux sont plus élevés (4 à 10 %)
et sont inversement proportionnels à l’âge gestationnel
(en moyenne 9,6 % à 26 semaines de gestation) [30]. La
réticulocytose, pour les prématurés, reprend spontanément dès la 3e-4e semaine post-natale et atteint les taux
de naissance vers la 6e semaine de vie.
3.2. Lignée plaquettaire
Chez le fœtus sain, le chiffre moyen de plaquettes retrouvé
à partir de la 17e semaine de gestation est de 250 G/L. Ce
chiffre ne varie pas jusqu’au terme. Dans l’étude de Forestier
et al., aucun fœtus sain ne s’est présenté avec un chiffre
de plaquettes < 150 G/L [31]. Un chiffre de plaquettes
inférieur à 150 G/L doit donc être considéré comme pathologique à la naissance. Dès la fin de la première semaine,
le chiffre moyen de plaquettes augmente significativement
chez le nourrisson (360 G/L) comparativement à l’adulte
(270 G/L) et reste supérieur pendant les 6 premiers mois
de vie (tableau II) [9, 10]. Les valeurs normales pendant
cette période se situent entre 150 G/L et 650 G/L. Récemment, une étude américaine a montré que le chiffre de
plaquettes est sujet à de nombreuses variations pendant
la période néonatale. Il suit une courbe sinusoïdale pendant les 9 premières semaines de vie avec un premier pic
entre la 2e et 3e semaine puis un second pic entre la 6e et
la 7e semaine et peut atteindre jusqu’à 750 G/L [3]. Ces
chiffres élevés sont en rapport avec une production accrue
de thrombopoïètine (TPO) dès le 2e jour de vie et jusqu’à
la fin du premier mois. Le nombre de plaquettes diminue
ensuite progressivement pour devenir comparable à celui
de l’adulte (150-450 G/L) vers l’âge de 12 ans.
3.3. Lignée granulocytaire et lymphocytaire
Le taux moyen de leucocytes attendu chez le fœtus est de
3,73 +/- 2,17 G/L entre la 22e et la 25e semaine et de 4,08
+/- 0,84 G/L entre la 26e et 29e semaine (tableau V). Il varie
en fonction du mode de délivrance (plus faible après une
césarienne qu’un accouchement par voie basse) et du terme
(plus bas pour les prématurés). Chez le nouveau-né à terme,
le taux de globules blancs se situe entre 8,5 et 30 G/L à la
naissance. Il diminue pour atteindre en moyenne 10,7 G/L
(intervalle entre 6 et 17 G/L) à la fin de la première semaine
et garde ensuite des valeurs légèrement supérieures à celles
de l’adulte jusqu’à l’âge de 6 ans. Il convient de rappeler
les variations importantes du nombre de leucocytes d’un
jour à l’autre chez le même enfant. Des variations dues
aux rythmes circadiens biologiques qui affectent toutes les
populations leucocytaires ont été mises en évidence chez
l’adulte et pourraient également participer à ces variations
rapides chez l’enfant [32].
3.1.6. Réticulocytes
Le taux de réticulocytes est sujet à de rapides variations physiologiques. Il est élevé chez le nouveau-né en
rapport avec l’érythropoïèse de stress [29]. Dans notre
expérience, il atteint 140 à 350 G/L chez le nouveau-né
à terme. Il diminue rapidement et atteint dès la fin de la
première semaine des taux comparables à ceux de l’adulte
(26 à 111 G/L à 8 jours de vie) [10]. La réticulocytose chute
plus rapidement chez les enfants de petit poids par rapport à leur âge gestationnel [2]. La persistance de valeurs
3.3.1. Cellules souches
Le pourcentage de cellules immatures circulantes est dépendant de l’âge gestationnel. Une étude réalisée par une
équipe américaine en 1989 a montré une augmentation de
15 CFU-GM pour 105 PBMC (peripheral blood mononuclear cell) à 13 semaines de gestation contre 721 CFU-GM
pour 105 PBMC à 17 semaines de gestation [33]. Un profil
identique a été retrouvé pour les colonies érythrocytaires
(88 BFU-E/105 à 13 semaines contre 1 525 BFU-E/105 à
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 //
53
Tableau V – Valeurs de référence de la formule leucocytaire chez le fœtus (Coulter S plus II®).
Age (semaines)
Globules
blancs (109/l)
Lymphocytes
(%)
18-21
2.57 ± 0.42
22-25
3.73 ± 2.17
26-29
4.08 ± 0.84
> 30
6.4 ± 2.99
PN neutrophiles
(%)
Monocytes
(%)
PN éosinophiles
(%)
PN basophiles
(%)
Plaquettes
(109/l)
88 ± 7
6±4
3.5 ± 2
2±3
0.5 ± 1
234 ± 57
87 ± 6
6.5 ± 3.5
3 ± 2.5
3±3
0.5 ± 1
247 ± 59
85 ± 6
8,5 ± 4
3 ± 2.5
4±3
0.5 ± 1
242 ± 69
68.5 ± 15
23 ± 15
3±2
5±3
0.5 ± 1
232 ± 87
Références : Forestier F, Andreux JP. Developmental hematopoiesis in normal human fetal blood. Blood 1991.
17 semaines). Ces valeurs sont identiques à celles retrouvées chez les enfants prématurés entre 25 et 31 semaines
de gestation. La présence de cellules souches dans le
sang périphérique des nouveau-nés et des prématurés est
la conséquence de plusieurs mécanismes. Premièrement,
le transfert de l’hématopoïèse du foie fœtal à la moelle
osseuse se fait tardivement puisque les premiers progéniteurs hématopoïétiques apparaissent entre la 15e et la
16e semaine de gestation [34]. Ainsi, plusieurs hypothèses
supportent l’idée que les cellules circulantes traduisent
le transfert actif de l’hématopoïèse du foie fœtal vers la
moelle osseuse et que ce transfert est partiellement terminé après la 34e semaine [35]. D’autre part, la perméabilité
de la barrière médullaire est plus importante à cet âge et
le « traumatisme » de la naissance est responsable d’une
libération de cellules immatures dans le sang périphérique.
Le pourcentage médian de cellules CD34+ retrouvé dans le
sang de cordon est ainsi de 0,27 % (0,01 %-1,25 %) [36].
Elles disparaissent rapidement dans les premiers jours de
vie. Chez les prématurés, elles persistent plus longtemps. Il
s’agit pour la plupart de cellules souches indifférenciées ou
myéloïdes (CD34+, CD117+, CD13+/-, CD33+/-). Concernant la lignée lymphoïde, il est retrouvé 10 fois plus de
précurseurs B physiologiques (CD34+, CD10+, CD19+,
CD38+++) dans un sang de cordon (moyenne à 0,7 %) que
dans le sang périphérique d’un adulte (moyenne à 0,1 %)
[37]. Des précurseurs B physiologiques peuvent également
être retrouvés dans le sang périphérique des nouveau-nés.
La littérature rapporte des taux compris entre 0,08 % et
6,88 % de la population lymphocytaire totale (moyenne à
2,2 %) chez les nouveau-nés de moins de 30 jours contre
0,1 % à 0,98 % (moyenne à 0,4 %) chez l’adulte [38]. Ce
pourcentage n’est pas significativement supérieur chez le
prématuré comparativement au nouveau-né à terme. Dans
notre expérience, le taux moyen de cellules CD10 fort CD20
négatif parmi les cellules CD19+ du sang périphérique est
de 0,67 % chez les moins de 15 jours, de 0,33 % entre 15
jours et 1 an et de 0,02 % chez les plus de 1 an.
3.3.2. Polynucléaires neutrophiles (PNN)
Le fœtus présente un chiffre bas de polynucléaires neutrophiles jusqu’à la 30e semaine de gestation (entre 0,2 G/L à
20 semaines et 0,4 G/L à 30 semaines). Ensuite, le pourcentage de PNN augmente rapidement et passe ainsi de
8 % à 30 semaines à 23 % au-delà (tableau V) [39, 40]. La
plupart de ces cellules correspondent à des polynucléaires
neutrophiles peu segmentés. La naissance s’accompagne
en revanche d’une polynucléose neutrophile transitoire
(environ 60 % des éléments de la formule leucocytaire)
comprise entre 3,5 et 18 G/L pour un nouveau-né à terme et
54
// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416
entre 1 et 10 G/L pour un prématuré de 28 à 36 semaines de
gestation. À cette polynucléose peut s’associer une discrète
myélémie (0 à 1,5 G/L soit 2 à 5 %) essentiellement constituée de métamyélocytes et de myélocytes qui disparaîtront
en 2 à 3 jours. La présence d’une myélémie importante à
la naissance, ou dans les quelques jours qui suivent, doit
faire rechercher une infection. Elle peut également traduire une souffrance fœtale à l’accouchement. Le chiffre
de polynucléaires neutrophiles augmente de l’ordre de 5 à
50 % dans les 6 premières heures de vie pour atteindre 7
à 28 G/L chez les nouveau-nés à terme et 4 à 25 G/L chez
les prématurés de 28-36 semaines [11]. L’hémogramme
du nouveau-né comporte donc, le plus souvent, une forte
leucocytose avec polynucléose qui ne doit pas orienter
de façon erronée vers le diagnostic d’infection néonatale.
Le chiffre de PNN diminue ensuite rapidement dès 6 à 12
heures de vie. Ainsi, à J1, le chiffre moyen de PNN dans
notre cohorte est de 9,5 G/L, à J2 de 7,4 G/L (soit une diminution de 25 %) et à J3 de 4,7 G/L (soit une diminution de
63 %). Récemment, une étude a confirmé que le chiffre de
PNN à la naissance est dépendant de l’intensité du travail
(en moyenne 12 G/L après un travail long et difficile contre
8 G/L lors d’une césarienne) [3]. Cette même équipe a
également montré que le sexe de l’enfant intervient dans le
chiffre moyen de PNN à la naissance puisque les nouveaunés de sexe féminin présentent un taux moyen supérieur
de 2 G/L à ceux des enfants de sexe masculin. Après 7
jours de vie, le chiffre de PNN fluctue entre 1,3 et 9 G/L
puis entre 1,3 et 5 G/L à l’âge d’un mois (soit environ 20 %
des éléments de la formule leucocytaire). Les taux s’étalent
entre 1,5 et 8,5 G/L après l’âge de 6 mois et le pourcentage de polynucléaires neutrophiles reste entre 20 et 30 %
jusqu’à l’âge de 1 an pour remonter progressivement et se
situer aux alentours de 45 % entre 4 et 10 ans (figure 2).
Figure 2 – Évolution des pourcentages moyens de
PNN et de LY de la naissance à l’adolescence.
HÉMATOLOGIE
Un chiffre de PNN inférieur à 1,2 G/L chez
Image 1 – Cellules souches chez le nouveau-né et le prématuré
l’enfant de moins de un an et inférieur à
(DM96, CellaVisionTM).
1,5 G/L au-delà de un an définit la neutropénie. À noter que chez les prématurés de
28 à 36 semaines de gestation, le chiffre
de PNN peut descendre à 1 G/L pendant
les 10 premiers jours de vie. Du fait d’un
excès de margination sur l’endothélium
vasculaire, les enfants d’origine africaine
ont un chiffre de polynucléaires neutrophiles inférieurs aux enfants caucasiens.
La présence d’une pathologie placentaire
chez la mère, notamment pré-éclampsie,
peut être responsable d’une neutropénie
transitoire à la naissance. Ainsi, il a récemment été décrit
la littérature chez les enfants âgés de 2 semaines à 6 mois
des taux de PNN < 2G/L à 2 jours de vie chez 49 % des
[9, 45] Ceci correspond à la lymphocytose physiologique
enfants nés de mère hypertendue [40].
du nourrisson et de l’enfant. Elle est particulièrement importante jusqu’à l’âge de 1 an mais persiste jusqu’à l’âge de
3.3.3. Polynucléaires éosinophiles (PNE)
6 ans (figure 2) tout en diminuant progressivement pour
Un chiffre plus élevé d’éosinophiles est parfois retrouvé chez
atteindre les valeurs de l’adulte vers l’âge de 10 ans. Chez
les fœtus sains [42]. De plus, ce taux augmente fréquemment
l’enfant de plus de 2 ans, un taux de lymphocytes supérieur
deux à trois semaines après la naissance chez les enfants
à 9 G/L doit être considéré comme pathologique. De même,
prématurés [2, 10]. Cette augmentation sera d’autant plus
un taux de lymphocytes supérieur à 6 G/L chez l’enfant de
marquée lorsque le nourrisson est mis sous facteur de croisplus de 6 ans est inhabituel.
sance érythropoïètique (EPO) [43]. Cette hyperéosinophilie
est rarement majeure et l’arrêt de l’EPO ou l’introduction
3.3.6. Monocytes (MO)
d’une fenêtre thérapeutique permet un retour à la normal en
Le chiffre de monocytes à la naissance est compris entre 0,3
quelques semaines. Plusieurs équipes ont étudié l’influence
et 3 G/L avec une moyenne à 1,56 ± 0,8 G/L. Celui-ci reste
de différents traitements ou prise en charge médicale sur
légèrement augmenté jusqu’à 15 jours de vie avec un interl’évolution du taux d’éosinophiles en période néonatale. La
valle compris entre 0,91G/L et 1,36 G/L (soit entre 3 et 15 %
ventilation mécanique, l’administration d’antibiotiques, la
de la formule). Il diminue ensuite rapidement pour atteindre
pose d’un cathéter intraveineux ou encore la perfusion d’imles valeurs de l’adulte après l’âge de 6 ans (tableau II) [8,
munoglobulines ne semble pas modifier significativement le
45, 46].
chiffre de PNE. En revanche, une corrélation a été montrée
entre infection et chiffre augmenté d’éosinophiles. Ainsi, les
4. Apports de la cytologie
nouveau-nés ayant un taux de PNE > 0,7 G/L ont 1,3 à 1,9 fois
plus de risque d’être infectés [44]. De même, la mise en route
en période néonatale
d’une nutrition parentérale peut augmenter le chiffre de PNE.
Le taux de polynucléaires éosinophiles chez le nouveau-né à
En période néonatale, la formule sanguine réalisée par
terme est en moyenne de 0,29 G/L (soit 1,7 %) (tableau II). Il
les différents automates fait l’objet d’un nombre très
augmente légèrement après 3 jours de vie (moyenne à 0,4 G/L
élevé d’alarmes concernant la formule leucocytaire. Les
soit 3,5 %) puis reste très légèrement supérieur à celui des
alarmes font référence à la présence de « blastes » ou
adultes jusqu’à l’âge de 4 ans [18, 45].
de lymphocytes « atypiques » et sont générées par la
présence de précurseurs physiologiques (image 1) et
3.3.4. Polynucléaires basophiles (PNB)
d’une plus grande hétérogénéité de taille et de texture
Le chiffre de polynucléaires basophiles n’est pas significatide chromatine des lymphocytes. La nouvelle génération
vement différent quelle que soit la catégorie d’âge de l’enfant.
des automates d’hématologie réalise le décompte des
Le pourcentage de PNB est néanmoins légèrement inférieur
érythroblastes avec précision mais un taux élevé (et la
chez les nourrissons jusqu’à l’âge de 2 mois (0,17 ± 0,4) comprésence d’érythroblastes basophiles) interfère sur la
parativement au grand enfant et à l’adulte (0,49 ± 0,3).
séparation des différentes populations leucocytaires et
entraîne un rejet de la formule. Les quelques érythroblastes
3.3.5. Lymphocytes (LY)
physiologiques retrouvés à la naissance sont morpholoChez le fœtus entre 18 et 29 semaines de gestation, la popugiquement normaux. Ces érythroblastes sont essentiellation lymphocytaire est majoritaire (en moyenne 84 ± 6 %)
lement constitués de formes matures acidophiles, plus
mais baisse rapidement dès 30 semaines de gestation pour
rarement des polychromatophiles, exceptionnellement
devenir minoritaire à la naissance. À l’inverse du chiffre de
des érythroblastes basophiles. Une discrète irrégularité du
polynucléaires neutrophiles, le taux de lymphocytes, compris
contour nucléaire peut être observée chez les prématurés
entre 1,5 et 8 G/L à la naissance (soit environ 25 % de la
(image 2). Ainsi, la formule sanguine est le plus souvent
formule sanguine) augmente rapidement dans notre cohorte
réalisée au microscope optique en période néonatale,
dès le 5e jour de vie pour atteindre 2 à 13 G/L à la fin du
ce qui permet d’analyser finement la morphologie des
premier mois (soit environ 65 % de la formule sanguine).
hématies qui n’est que partiellement explorée par les
Des taux plus élevés (jusqu’à 17 G/L) ont été rapportés dans
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 //
55
La signification de leur présence n’est
pas connue, mais en faible nombre (
1%), ils ne semblent pas associés à
un processus hémolytique. Un nombre plus important de sphérocytes ou
leur persistance après deux semaines de vie est en revanche anormale.
Les corps de Jolly (1 à 2 corpuscules
rouge foncé au MGG correspondant
à des restes de chromatine de chromosomes aberrants) sont le reflet de
l’hyposplénisme fonctionnel physiologique transitoire par perfusion insuffisante de la rate et shunts vasculaires.
Ils disparaissent habituellement après le premier mois de vie.
Ils sont inconstants chez l’enfant né à terme mais habituels
chez le prématuré.
La composition de la double couche lipidique de la membrane
érythrocytaire est asymétrique et constituée essentiellement
de phosphatidylcholine et de sphingomyéline. La forme du
globule rouge est influencée par la composition et la surface
respective de ces deux feuillets. Les cellules cibles, en plus
grand nombre pendant la période néonatale, correspondent à
des cellules avec un excès du rapport surface membranaire/
volume qui n’est que partiellement éliminée par la rate du fait
de l’asplénie temporaire physiologique. La déformation en
acanthocytes est liée à l’accumulation de sphingomyéline et
de cholestérol libre dans le feuillet externe. Les acanthocytes
Image 2 – Erythroblastes acidophiles en période néonatale
(DM96, CellaVisionTM).
automates (IDR, % microcytes, % macrocytes, % d’hématies hyperchromes, % d’hématies hypochromes).
Outre la macrocytose et la polychromatophilie, que reflètent le VGM et le taux élevé de réticulocytes, on retrouve
sur le frottis sanguin en période néonatale un faible nombre
d’échinocytes, d’acanthocytes, d’hématies cibles, de corps
de Jolly et de pyknocytes [47] (image 3). Les pyknocytes,
retrouvés sur le frottis sanguin pendant les 6 premiers mois
de vie, correspondent à des cellules contractées, au contour
irrégulier avec de rares projections courtes. Chez l’enfant né à
terme, le pourcentage attendu est de 1 à 2 %. Ce chiffre peut
monter jusqu’à 6 % chez le prématuré. Ces cellules sont à
différencier des schizocytes. De rares sphérocytes sont fréquents chez le nouveau-né, notamment chez le prématuré.
Image 3 – Particularités morphologiques des globules rouges en période néonatale (DM96, CellaVisionTM).
1
2
3
4
5
6
Images 1-4 : sang de nouveau-né à terme. Images 5-6 : sang de prématuré A pyknocyte, B échinocyte, C polychromatophilie, D hématies cibles, E corps de
Jolly, F sphérocyte, G acanthocyte.
56
// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416
HÉMATOLOGIE
et les cellules cibles sont le reflet de
Image 4 – Noyaux nus de mégacaryocytes en période néonatale
l’immaturité hépatique et du déficit
(DM96, CellaVisionTM).
en vitamine E.
La présence de micromégacaryocytes et de noyaux nus de mégacaryocytes est physiologique dans le
sang des nouveau-nés et des prématurés [48] (image 4). Les plaquettes du nouveau-né ne présentent
pas de particularités cytologiques
comparativement à l’enfant plus
âgé malgré une anisocytose plus
importante chez le prématuré avec
ble à cet âge quel que soit le chiffre de plaquettes. En revanun contingent de plaquettes de taille augmentée.
che, l’agglutination EDTA-dépendante est plus rare que chez
La présence d’amas plaquettaires avec réseau de fibrine,
l’adulte. Les amas, souvent hétérogènes en taille, peuvent
conséquence d’une activation du prélèvement, est fréquente
être discrets et ne compter que de 2 ou 3 plaquettes.
en pédiatrie. L’examen du bout de frottis est donc indispensaImage 5 – Polynucléaires neutrophiles altérés (ligne du haut),
polynucléaires éosinophile et myélocytes en période néonatale (ligne du bas) (DM96, CellaVisionTM).
Image 6 – Lymphocytes polymorphes chez le nouveau-né et l’enfant (DM96, CellaVisionTM).
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 //
57
La morphologie cellulaire des polynucléaires neutrophiles
du nouveau-né est identique à celle du grand enfant. En
revanche, la distinction entre polynucléaires neutrophiles
et formes plus immatures (métamyélocytes), fréquemment
présentes à cet âge, peut être délicate lorsque l’hématocrite
est élevé. En effet, les cellules enserrées entre les hématies
sont fragilisées. On pourra ainsi observer une dégranulation,
un aspect irrégulier du noyau des polynucléaires neutrophiles
et une chromatine laquée pendant les premiers jours de vie
(image 5 haut). La zone de lecture doit donc être choisie
avec précaution sur un frottis suffisamment long et fin.
Les éosinophiles en période néonatale n’ont pas de
particularité cytologique comparativement au grand enfant.
Parfois, les granulations sont plus fines et éparses dans le
cytoplasme (image 5 bas). Ceci peut être responsable d’une
sous-estimation du chiffre de PNE par certains automates
(XE-2100 (Sysmex), Pentra 120 (ABX Horiba)…) du fait d’une
mauvaise séparation entre les PNN et les PNE.
La morphologie des lymphocytes chez le jeune enfant
(jusqu’à l’âge de 4-5 ans) est plus polymorphe que chez
l’adulte. On retrouve une chromatine plus fine, des irré-
Références
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capillary and venous blood of healthy term newborns. Acta Haematol
2000;103(4):226-8.
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// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416
gularités du contour nucléaire et des différences de taille
plus marquée (image 6).
5. Conclusion
L’interprétation correcte des résultats de l’hémogramme
en pédiatrie exige une bonne connaissance des particularités de l’hématopoïèse du prématuré, du nouveau-né
et du grand enfant. Elles sont le reflet de l’adaptation de
l’hématopoïèse à la vie extra-utérine et aux processus de
développement, de croissance et de maturation du système
immunitaire cellulaire et humorale. Les variations quantitatives et qualitatives physiologiques touchant les différentes
lignées hématopoïètiques (polyglobulie macrocytaire et
polynucléose du nouveau-né suivie d’une discrète anémie
hypochrome microcytaire et d’une hyperlymphocytose)
expliquent pourquoi les données de l’hémogramme doivent constamment être interprétées en fonction de l’âge
et du contexte clinique en pédiatrie.
Conflit d’intérêt : aucun.
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