la planete des tempetes

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la planete des tempetes
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LA PLANETE DES TEMPETES
PLANETA BUR
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Titre original : PLANETA BUR
Autre titre : PLANETE DES TEMPETES, LA / PLANET OF STORMS
Année : 1962
Nationalité : Union soviétique
Acteurs : Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov, Yuri Sarantsev, Georgi Tejkh &
Kyunna Ignatova
Réalisateur : Pavel Klushantsev
Scénario : Aleksandr Kazantsev & Pavel Klushantsev
Musique : Iogann Admoni & Aleksandr Chernov
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Les films de science-fiction soviétiques tardent à pointer le
bout de leur nez sur notre territoire. Tout du moins de
bénéficier de versions avec des sous-titres français. Le marché
International connait des oeuvres telles que le magnifique
SOLARIS d´[P-2170-TIK>Andrei Tarkhovsky[/P>, voire son
STALKER, disponibles chez l´éditeur Ruscico. Pour des
métrage plus confidentiels, il faut sonner la charge de la
recherche au microscope. Découvrir d´autres curiosités plus
confidentielles tient de l´aiguille et de la botte de foin, sans
parler de VHS finlandaises ou grecques de 4e génération aux
sous-titres brulés. Heureusement, il y a non pas Findus, mais
Artus qui sort LA PLANETE DES TEMPETES (soit
PLANETA BUR en VO non cyrillique) en DVD français.
De trois vaisseaux spatiaux en route pour explorer Venus, un
premier s´écrase contre une météore, le second tente un
atterrissage («avenussissage?»)et le contact est rompu. Tentant
de les sauver, le troisième vaisseau s'y rend et découvre une
planète balayée par des vents violents, de brouillards et
diverses créatures. Le premier groupe constitué de deux
hommes et d'un robot nommé "John" survivent tant bien que
mal malgré des conditions désastreuses et la maladie.
Après avoir réalisé un moyen métrage en 1958 nommé EN
ROUTE VERS LES ETOILES, [P-40624-TIK>Pavel
Klushantsev[/P> s´attèle donc à l´élaboration d´un récit de
science-fiction de grande ampleur. L´intérêt SF naissant et les
productions à succès est-allemandes aidant, le cinéma russe
s´éveille aux voyages spatiaux tout d´abord avec NEBO
ZOVYOT - dont les effets spéciaux furent empruntés pour
QUEEN OF BLOOD et tripatouillé par [P-15764-TIK>Francis
Ford Coppola[/P> sous le titre BATTLE BEYOND THE SUN.
La mise en chantier de LA PLANETE DES TEMPETES suivra
donc peu après, après l´avènement du premier vol habité dans
l´espace, un événement russe. Le premier cosmonaute fut en
effet Youri Gagarine, devenu mondialement célèbre,
D´ailleurs, on en profite pour remettre les pendules à l´heure
sur le langage : un cosmonaute est russe, l´astronaute
américain, le spationaute français et le taïkonaute chinois.
Toutes les techniques SFX sont utilisées : du matte painting
aux effets optiques de cache/contre cache, des costumes de
monstres aux câbles tirant une créature tentaculaire… jusqu'à
un vaisseau volant sur la surface de Venus sans aucun câble
visible! Tout étant une question de perspective, il était en fait
relié à un bras mécanique se trouvant trois mètres plus bas...les
décors surélevés masquant le trucage de manière parfaite l'illusion de survol y est saisissante! Le vaisseau est également
sous-marin et une plongée dans un lac vénusien pratiquée pour
échapper à un ptérodactyle géant! Les scènes furent tournées
derrière un aquarium géant… mais le tout est virtuellement
indécelable. On pointera juste l´animation pauvrette du
ptérodactyle qui fait quelque peu tâche - on songe à THE
GIANT CLAW, c´est dire-, mais on se rattrapera largement sur
le brontosaure et autres créatures surgissant ça et là pour
attaquer
nos
voyageurs
de
l´espace.
On
songe
immanquablement à la candeur visuelle de [P-27722TIK>Karel Zeman[/P>. Les digressions communistes
apparaissent inévitables dans des oeuvres qui louchent
fortement sur la propagande politique. Mais le film propulse
des idées peu staliniennes. A l´instar de films comme
L´ETOILE DU SILENCE, c´est l´amitié entre les peuples qui
surgit, l´égalité homme-femme - même si la seule scientifique
du lot ([P-56399-TIK>Kyunna Ignativa[/P>) sera celle
condamnée au doute, suspendue en orbite attendant le résultat
de la mission - prête à désobéir aux ordres afin de sauver
l´ensemble des cosmonautes en péril.
Une grande poésie règne pendant le métrage et le traitement
s´avère tout à fait différent d'un film US. Peu de sentiments
débordants, pas de femme qui hurle, ni de concours de
testostérone ou de discussions théologique sur la présence de
dieu sur terre, ou de l'importance des robots dans la vie future.
LA PLANETE DES TEMPETES ne peut néanmoins empêcher
la comparaison avec PLANETE INTERDITE d´un côté formel
et structurel - quoique le film de Klushantsev ne s´inspire en
rien de William Shakespeare. Le traitement s´éloigne ainsi
radicalement d´un traitement hollywoodien glamour ou
idéaliste. De ce fait, il n'échappe pas à un certain hiératisme et
les acteurs et actrices restent droits dans leurs bottes. LA
PLANETE DES TEMPETES observe une velléité de
métaphysique et de traitement sérieux d´une odyssée qu´on
sent picaresque. Tout comme cette âme russe de l'humain qui
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souffre en silence! Et s´ajoutent les messages émanant de la
Terre qui font très couleur communiste de l´époque. Genre la
mère patrie et la terre sont avec vous.
La place du robot marque cependant une divergence nette
d´avec PLANETE INTERDITE: aucun humour, aucune
distance, répondant au ordres de son créateur, à des années
lumières du robot penseur d´IKARIE XB1 - voir de son avatar
HAL 9000 quelques années plus tard dans 2001 ODYSSEE DE
L´ESPACE -, il ne peut aller au-delà de ses limites de capacité
de réflexion. Une scène autre le montre traversant une rivière
de lave, portant deux humains. Réalisant que son système est
en danger, il entreprend de se débarrasser du surpoids afin
d´assurer sa survie! Mais le déroulement de la scène se signale
par un détachement d´un quelconque sentiment envers le robot.
Pas d´anthropomorphisme à outrance, il reste à l´état d´outil au
service de l´homme. A l´image du film, où les personnages ne
débordent jamais du cadre scientifique auquel la mission les
assigne - ou alors si peu quant aux petits débordements
lacrymaux de Masha. Ce qui ne sera pas visiblement sans
causer quelques soucis au réalisateur. Il s´agit par ailleurs
d´une constante dans la SF en provenance de l´ex URSS ou de
l´ex RDA : la mission commune et sa réussite avant le bonheur
individuel. S´y rattachent des films comme le très réussi
ANDROMEDA NEBULA de [P-53727-TIK>Yevgueni
Shertsobitov[/P> (1967 - tourné en Sovscope 70mm) ou encore
IM STAUB DER STERNE - également en 70mm, système
DEFA-, déjà chroniqué sur le site.
La mise en scène y est très commune, s'effaçant devant les
effets créés : ils deviennent ainsi partie prenant de la
progression dramatique laissant les scènes d´exposition à une
fonction de quasi-remplissage. Mais il s'agit tout de même
d'une autre conception du cinéma, plus sérieuse, moins portée
sur le fait de caresser le public dans le sens du poil. On
demeure ainsi en plein mystère à la fin sur la présence de forme
de vie intelligente. CHRONIQUES MARTIENNES vient
immédiatement à l´esprit pour cette recherche de signes de vie
antérieurs, d´une civilisation perdue. Klusantsev mélange aussi
des influences très Atlantis engloutie avec cette plongée sousmarine… cet exercice de symbiose science-fictionnelle et
fantastique donne décidément un monde complètent à part.
Nous nous trouvons à des lieues du cinéma d'exploitation ici
mais un vrai film d'aventures SF. Un poil naïf avec ses
rebondissements à quelques encablures de films américains à la
SURVIVANTS DE L´INFINI. Les intérieurs du vaisseau
donnent dans le spartiate et l´exigu qui verseraient presque
dans de la série B made in IT THE TERROR FROM
BEYOND SPACE. Mais le choix de décors externes étranges très probablement les bords de la Mer Noire pour les scènes
aquatiques- , son intrigue complexe et la brillance des effets
spéciaux le placent indubitablement au-dessus du lot.
L´intrigue nous gratifie en même temps d'un tremblement de
terre et d'une éruption volcanique dont les trucages optiques et
mécaniques n´ont pas à rougir des productions US à la [P17329-TIK>George Pal[/P>, dont Klushantsev pourrait être la
contrepartie soviétique idéale.
[P-44435-TIK>Roger Corman[/P> ne s´y est pas trompé : il
a acheté les droits pour les USA mais s´est bien abstenu de
sortir le film en l´état. Ce vieux grigou a pillé les effets
spéciaux pour les disséminer dans deux de ses productions.
L´une remontée en VOYAGE TO THE PREHISTORIC
PLANET de Peter Bogdanovich (1965), et l´autre VOYAGE
TO THE PLANET OF PREHISTORIC WOMEN (1968) avec
une
[P-32555-TIK>Mamie
Van
Doren[/P>
toujours
pulmonaire. On comprend l´attrait d´une blonde platine aux
gros seins plutôt que l´austère [P-56399-TIK>Kyunna
Ignativa[/P>. Mais le cinéma y a grandement perdu au passage.
LA PLANETE DES TEMPETES n´est pas un ‘grand´ film
dans le sens où 2001 ODYSSEE DE L´ESPACE ou le
SOLARIS de [P-2170-TIK>Tarkovsky[/P> (dont la surface de
la planète rappelle étrangement celle du film de Klushantsev!)
possèdent leur place au panthéon de la SF. Mais il se dégage un
charme indéniable du métrage. Marqué du sceau de l´ambition
d´un artisan ultra-doué et d´un scénario qui tente le grand écart
entre les rebondissements à l´occidentale à base de monstres
improbables, préhistoire et modernité, civilisations englouties
et réflexion lors d´une promenade cosmique entre la vie et la
mort. Peu importe les incohérences scientifiques - comme ôter
son casque subrepticement en pleine atmosphère de Venus afin
d´avaler de la quinine (!), LA PLANETE TEMPETES mérite
plus qu´un oeil amusé : une rareté qui impose une vision
avisée, une vraie porte vers l´imaginaire... et source de
créativité de la part de son auteur. Entre Kubrick qui indiqua
s´être inspiré de son travail, ou encore Robert Skotak lui ayant
largement rendu hommage dans quelques documentaires - dont
celui diffusé par Arte en 2002. Et lui ayant rendu visite en 1992
à Saint Petersbourg en visionnant photos, dessins et planches…
jusqu´à voir le résultat dans TITANIC pour certains effets
visuels dont il s´occupa. Le mieux étant de prendre
connaissance de l´article qu´il lui a consacré dans la revue
American Cinematographer en 1994 nommé «Klushantsev :
Russia´s Wizard of Fantastika». On pourra également voir les
costumes spatiaux dans... PROMETHEUS où les
ressemblances apparaissent troublantes avec les tenues du film
de Klushantsev.
Parmi toutes les copies disponibles, officielles ou pas,
l´édition offerte par Artus reste probablement la meilleure sur
le marché du DVD. Dotée d´un digipack reprenant les affiches
italiennes et russes, le disque est d´une durée complète de
78mn29 - à titre de comparaison la durée du DVD russe est de
78mn27, mais de bien moindre qualité et aux couleurs passées, au format 1.33:1 d´origine. Doté à la fois de la version
originale russe avec sous-titre français amovibles et d´une
version française : les deux sont en Dolby mono encodées sur
deux canaux. Aux vues des autres éditions en place, le master
utilisé apparait de toute beauté pour le tirage utilisé. Des
couleurs agréables à l´oeil, une stabilité de l´image qui laissent
découvrir des gros plans très réussis. On ne décèle pas de
griffures ni de poussières notables et très peu d´artefacts de
compression. Les plans américains trahissent un manque de
précision dans les contours des personnages et des objets. Ceci
ne gêne cependant d´aucune manière la vision du film. A noter
le DVD d´origine russe non codé est doté de sous-titres anglais,
offrant hormis une piste mono russe deux canaux, une autre
remixée en 5.1. On a une nette préférence pour la version
originale, car le doublage français bénéficie d´un souffle
important le long du métrage. ce qui n´est pas de plus
agréables. Les dialogues sont parfaitement audibles, mais au
détriment du reste.
Les suppléments vont des films annonces de la collection SF
Vintage, à savoir en plus du film présent celle de LA
PLANETE DES VAMPIRES et LA PLANETE DES
HOMMES PERDUS, un diaporama et jusqu´à l´intervention
d´Alain Petit sur la Science-Fiction russe. 21 minutes remplies
d´informations encyclopédiques, mais égrenées hélas de
manière monotone et peu intéressante. Surtout, très
incomplètes, oubliant au passage justement ANDROMEDA
NEBULA ou encore le superbe PETLYIA ORIONA
(ORION´S LOOP) de Vassilij Levin (1981), disponible en
DVD également chez Ruscico. On regrettera que les bonus
présents sur l´édition russe de PLANETA BUR chez Lenfilms
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ne soient pas repris ici, notamment sur le documentaire de 26
mn tourné en 2000 sur le réalisateur et l´un de ses courtsmétrages de 1970.
Francis Barbier
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Spécifications de l’édition DVD chroniquée
Editeur : Artus
Zone : 2 - France
Format Disque : Simple face/Double couche
Durée : 78 minutes
Format d’image : 4/3 - 1.33
Format(s) sonore(s) : Russian (Dolby Digital 1.0),
Francais (Dolby Digital 1.0)
Sous-titrage(s) : Francais
Liste des bonus de l’édition DVD chroniquée
• La Science-Fiction Russe par Alain Petit (21mn)
• Diaporama
• Bandes annonces
• La Planète des Tempêtes
• La Planète des Vampires
• La Planète des Hommes Perdus
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