Etude sur le Climat des Affaires au Cameroun en 2013
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Etude sur le Climat des Affaires au Cameroun en 2013
MINISTERE DE L’ECONOMIE, DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ETUDE SUR LE CLIMAT DES AFFAIRES AU CAMEROUN EN 2013 : IMPACT DES REFORMES DE CREATION D’ENTREPRISES Division des Analyses et des Politiques Economiques Novembre 2013 Sommaire Liste des tableaux et figures ................................................................................................................... iii Liste des sigles et des abréviations ......................................................................................................... iv Résumé exécutif ...................................................................................................................................... v Introduction Générale .............................................................................................................................. 1 Chapitre 1 : Situation avant l’institution des CFCE ................................................................................ 4 1.1. Cadre juridique et institutionnel de création des entreprises au Cameroun avant 2010 .......... 4 1.2. Le processus de création des entreprises au Cameroun avant 2010 ........................................ 5 1.3. Analyse des délais et des coûts de création d’entreprise ......................................................... 5 1.4. Analyse critique du processus de création d’entreprises ......................................................... 7 1.5. Les CFCE comme mesure corrective dans le processus de création des entreprises .............. 9 Chapitre 2 : L’impact des réformes en matière de création d’entreprise ............................................... 10 2.1. Présentation des reformes relatives à la création des entreprises .......................................... 10 2.2. Présentation des CFCE .......................................................................................................... 11 2.3. Création d’entreprises à travers les CFCE ............................................................................. 13 2.4. Principaux problèmes observés dans le processus de création des entreprises ..................... 20 Chapitre 3 : Analyse de la satisfaction des usagers des CFCE et perception des entreprises sur le climat des affaires............................................................................................................................................. 22 3.1. Analyse de la satisfaction des usagers des CFCE.................................................................. 22 3.2. Culture entrepreneuriale ........................................................................................................ 24 3.3. Usage de certaines commodités en affaires ........................................................................... 28 3.4. Connaissance des initiatives publique en faveur du secteur privé ........................................ 29 3.5. Perception globale du climat des affaires .............................................................................. 31 Conclusion et recommandations ........................................................................................................... 34 References bibliographiques ................................................................................................................. 37 Annexes ................................................................................................................................................. 38 Page | ii Liste des tableaux et figures Liste des tableaux Tableau 1 : Structure du délai de création d’une SARL à Douala (en jours) .......................................................... 6 Tableau 2 : Structure des coûts formels de création d’une SARL en 2009 ............................................................. 6 Tableau 3 : Répartition des sommes encaissées et des délais selon les intervenants pour une SARL d’1 million de capital social (%) .................................................................................................................................................... 7 Tableau 4 : Analyse comparative des indicateurs Doing Business en matière de création d’entreprise (SARL d’un million de capital social) ......................................................................................................................................... 8 Tableau 5: Délais d’obtention des actes notariés suivant la région ....................................................................... 14 Tableau 6: Délais de création d’entreprise à travers les CFCE suivant la région .................................................. 16 Tableau 7: Décomposition du coût de création d’entreprise (FCFA).................................................................... 16 Tableau 8 : Effectifs des entreprises créées à travers les CFCE ............................................................................ 17 Tableau 9: Délais entre création administrative et démarrage des activités suivant la région (en jour) ................ 19 Tableau 10: Répartition des entreprises selon leur appréciation du délai de création d’entreprise (en %) ........... 22 Tableau 11 : Répartition des usagers des CFCE selon leur satisfaction aux services liés au CFCE (en %) ......... 23 Tableau 12: Répartition des chefs d’entreprise selon leur perception de la situation actuelle de création des entreprises par rapport à celle avant les CFCE (en %) .......................................................................................... 24 Tableau 13: Répartition des entreprises selon l’utilisation d’un business plan et la forme juridique (en %) ........ 24 Tableau 15 : Répartition des entreprises selon les perspectives d’orientation futures des activités et la branche d’activité (en %) .................................................................................................................................................... 27 Tableau 15 : Pourcentage des entreprises ayant connaissance de certaines initiatives du Gouvernement par région et par forme juridique ............................................................................................................................................ 30 Tableau 16 : Pourcentage des entreprises ayant connaissance des réglementations publiques de leurs activités suivant la forme juridique et la région .................................................................................................................. 31 Tableau 17 : Les quinze premiers problèmes majeurs relevés par les entreprises par ordre de difficultés ........... 32 Tableau 18: Délais de création d’entreprise au CFCE de Douala suivant la forme juridique ............................... 40 Tableau 19: Délais entre création de l’entreprise et démarrage des activités suivant la forme juridique .............. 40 Tableau 20: Frais versés au notaire suivant la région (en F CFA) ........................................................................ 41 Tableau 21: Frais versés au CFCE suivant la région et la forme juridique (en F CFA) ........................................ 41 Liste des figures Figure 1: Répartition des entreprises créées dans les CFCE suivant le secteur d’activité ..................................... 18 Figure 2: Répartition des entreprises créées à travers les CFCE suivant la forme juridique ................................. 18 Figure 3: Répartition des entreprises suivant le principal marché visé lors de la création (%) ............................. 19 Figure 4 : Pourcentage des entreprises ayant rencontré des difficultés lors de la création de leur entreprise ....... 23 Figure 5 : Répartition des entreprises selon la possession d’un business plan et la branche d’activité ................. 25 Figure 6 : Répartition des entreprises ayant réalisés des nouveaux investissements selon les formes juridiques ......................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure 7 : Distribution des entreprises ayant réalisé de nouveaux investissements depuis leur création selon la branche d’activité (en %) ...................................................................................................................................... 26 Figure 8 : Répartition des entreprises ayant souscrit à une police d’assurance selon la branche d’activité .......... 28 Figure 9 : Pourcentage des entreprises utilisant un service internet et ayant souscrit à une police d’assurance pour leurs activités suivant la région ............................................................................................................................. 29 Figure 10 : Répartition des promoteurs selon leur perception globale de l’environnement des affaires au Cameroun (en %) .................................................................................................................................................. 32 Page | iii Liste des sigles et des abréviations BCS BSTP CBF CCIMA CFCE CNPS DSCE DSRP EEICFCE MINPMEESA OHADA PME RCCM : : : : : : : : : : : : : Business Climate Survey Bourse de Sous-traitance et de Partenariat Cameroon Business Forum Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat Centre de Formalités de Création d’Entreprises Caisse Nationale de Prévoyance Sociale Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Enquête sur l’Evaluation de l’Impact des CFCE Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires Petite et Moyenne Entreprise Registre de Commerce et du Crédit mobilier Page | iv Résumé exécutif Ce rapport présente les résultats de l’étude relative à l’évaluation de l’impact à court terme de l’institutionnalisation des Centres de Formalités de Création d’Entreprise (CFCE). Les objectifs visés par l’étude sont les suivants : évaluer l’impact des CFCE, en terme de délais, de coûts et de nombre d’entreprises créées ; identifier les contraintes à la réduction des délais de création d’entreprise et les moyens de les lever ; appréhender la satisfaction des usagers des CFCE et la perception des entreprises nouvellement créées, du climat des affaires. La démarche méthodologique a consisté en : (i) une recherche documentaire, à l’effet d’établir un état des lieux sur le processus de création d’entreprise avant la mise en place des CFCE ; et (ii) une enquête de terrain auprès des nouvelles entreprises créées via les CFCE et auprès des responsables des CFCE. Les résultats de l’étude révèlent : … un accroissement annuel du nombre d’entreprises créées suite à la mise en place des CFCE … Moins de 3 000 entreprises étaient créées par an sur l’étendue du territoire sur la période 2005-2008. Ce chiffre a plus que doublé depuis 2012, dans la mesure où en se limitant aux seules créations effectuées au sein des CFCE, l’on dénombre 7 441 entreprises créées en 2012 et plus de 6 000 au premier semestre 2013. Les centres de Yaoundé et Douala concentrent respectivement 50% et 46% des effectifs créés. Les entreprises créées sont pour la plupart des établissements (72,5%) et des SARL (25,9%). 75% des entreprises nouvelles sont du secteur tertiaire, tandis que 21% sont du secondaire et 4% du primaire. … un mouvement migratoire de l’informel vers le formel … Près de quarante (40) promoteurs qui ont déclaré avoir démarré leurs activités avant la signature de l’attestation de création d’entreprise. Il s’agissait le plus souvent d’une migration de l’informel vers le formel, mais dans quelques cas, les promoteurs avaient exploité le fait que le récépissé de dépôt des dossiers de création permet d’exercer pendant une période de trois mois. … une légère réduction du délai de création d’entreprise… Le délai moyen de création d’entreprises dans les CFCE est de 14 jours, soit près de cinq fois supérieur à l’objectif de trois jours (72 heures) fixé par la réglementation. On note qu’un promoteur sur quatre a attendu au moins 20 jours pour obtenir son attestation de création, et 14% d’entre eux ont pu l’obtenir dans les délais fixés par la réglementation. Ainsi, même si le délai de trois jours est possible, il n’est pas encore atteint. Néanmoins, la mise en place des CFCE a permis de réduire les délais de création d’entreprise. En effet, la création d’une SARL à Douala en 2009 se faisait en trente (30) jours, y compris la Page | v procédure chez le notaire. Actuellement, les formalités au CFCE se font en moyenne en treize (13) jours ; ce qui fait un délai global de création de vingt-six (26) jours si l’on tient compte des délais pour l’obtention des actes notariés. Il ressort de l’enquête que, sur l’ensemble des cinq régions couvertes, l’obtention desdits actes nécessite en moyenne 12 jours ; soit six fois plus de temps par rapport au délai de 48 heures fixé par la réglementation. Si 9% des notaires parviennent à délivrer les actes requis en deux jours, il est décevant de noter que la moitié des promoteurs déclarent n’avoir obtenu leurs actes notariés qu’au-delà de deux semaines. Par ailleurs, on observe que ces délais dans la région du Nord-Ouest (5 jours) sont largement en dessous de ceux observés dans les autres régions. Ce constat s’explique en partie par le fait que dans cette région, les expéditions de statut sont délivrées par des avocats et autres juristes, les notaires n’étant pas présents. … une légère réduction des coûts de création d’entreprise… Les données collectées sur le terrain révèlent qu’il faut dépenser en moyenne 72 000 pour créer une entreprise individuelle, et un peu plus de 400 000 pour créer une SARL (contre 482 000 en 2009). Pour ce dernier cas, le coût est composé à 80% des frais versés au notaire. En outre, les dépenses effectuées au CFCE s’élèvent en moyenne à 50 540 pour les entreprises individuelles et à 55 750 pour les SARL. Cette dépense inclut les frais officiels exigibles à la création d’entreprise qui s’élèvent respectivement à 41 500 et 51 500 pour les établissements et les SARL depuis le 30 mai 2012. Il en résulte des dépenses supplémentaires non officielles se chiffrant autour de 10 000, permettant en général d’apporter plus de célérité dans le traitement du dossier. Dans certains cas, l’obtention du titre de patente portant la mention exonérée n’est pas toujours gratuite. Les délais de création relativement longs et les dépenses supplémentaires/non prévues par la réglementation s’expliquent en partie par : l’absence de délégation de signatures aux responsables du Greffe et des Impôts affectés au CFCE, ce qui induit des déplacements (le plus souvent à la charge des usagers) pour le suivi des dossiers transmis au Service régional des Impôts (pour l’obtention de la carte de contribuable et l’exonération de patente) et du Greffe des tribunaux (pour l’établissement du Registre de Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM)). les défections techniques du faisceau informatique. A Douala par exemple, l’équipe de dépannage n’étant pas sur place, il faut quelques jours pour pouvoir rétablir le faisceau. la mise à mal du principe de la continuité du service public par l’absence à son poste d’un fonctionnaire qui doit signer un document. l’exigence d’une descente sur le terrain pour la localisation de l’entreprise. … les usagers sont néanmoins satisfaits des prestations des CFCE … Page | vi Dans l’ensemble, les usagers sont globalement satisfaits des prestations des CFCE, avec un solde d’opinion positif net de 73,5 %. L’enquête s’est intéressée à recueillir l’appréciation des promoteurs qui ont également eu à créer des entreprises avant la mise en place des CFCE. Ceux de ces promoteurs représentent 29,4% dans l’ensemble des créations d’entreprises, et 71% de ceux-ci trouvent que la mise en place des CFCE a amélioré le processus de création d’entreprises. … une faible connaissance des initiatives du Gouvernement en faveur développement du secteur privé … De manière générale, chaque disposition retenue dans le cadre de l’étude n’est connue que par au plus un promoteur sur trois. En effet, la Loi portant incitation à l’investissement privé et l’initiative du crédit-bail sont les deux initiatives les plus connues (par près d’un tiers des promoteurs), suivies du PACD/PME et des CGA connus par seulement 25% des promoteurs. Enfin, la Banque des PME et la Bourse de Sous-traitance et de Partenariat (BSTP) sont méconnus par plus de 80% des promoteurs interrogés. Bien que ce chiffre soit très élevé, on pourrait le comprendre dans la mesure où l’opérationnalisation de la Banque des PME et de la BSTP n’est pas encore effective. … une perception défavorable du climat des affaires… Concernant la perception globale du climat des affaires, 73,3% des chefs des nouvelles entreprises trouvent qu’il est globalement risqué. Une frange importante de ces investisseurs justifie cette perception en partie par un manque de visibilité de la demande et les lenteurs dans l’application de certaines recommandations et des règlements. Il convient de se rappeler que 52% des promoteurs ne possèdent pas de business plan, donc beaucoup s’engagent sans étude de marché, ciblant dans ce cas des opportunités ponctuelles dans les marchés publics. Malgré ce pessimiste, le goût du risque est fortement partagé puisque 65,5% des promoteurs interviewés envisagent renforcer leurs investissements au cours des prochaines années, en se fondant entre autres sur leurs propres convictions de l’existence d’une demande potentielle, sur les effets anticipés de la mise en œuvre des Grands Projets structurants, et dans une moindre mesure par mimétisme. Au regard des constats ci-dessus, l’étude suggère les recommandations suivantes : rationnaliser et informatiser les procédures dans les CFCE, par la mise en œuvre du projet e-Registration ; prendre des dispositions pour faire appliquer la circulaire inter ministérielle du N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012, en ce qui concerne la délégation de signature aux responsables des Impôts et du Greffe présents au CFCE ; rendre opérationnelle l’Agence de Promotion des PME en vue de l’institutionnalisation des CFCE ; mettre en œuvre des actions de sensibilisation des promoteurs et en particulièrement les commerçants et les propriétaires d’immeubles afin de les inciter à souscrire des polices d’assurances pour sécuriser leurs bâtiments et stocks de marchandises ; intensifier la vulgarisation des différentes initiatives gouvernementales en faveur de la promotion du secteur privé ; Page | vii diffuser le manuel de procédures des CFCE ; définir un programme national d’incubation en fonction des branches d’activités et des priorités des PME ; améliorer le cadre de protection des actionnaires des entreprises sociétaires afin d’inciter les petits promoteurs à se mettre ensemble ; ce qui pourrait permettre d’accroître le nombre d’entreprises sociétaires au détriment des entreprises individuelles qui aujourd’hui représentent trois quart des entreprises créées ; rendre les CFCE comme seuls cadres de création d’entreprise pour les zones où ils existent déjà ; on instruirait à cet effet toutes les entités impliquées à s’opposer à toute procédure hors CFCE ; combler dans les CFCE le déficit en terme d’appareillage servant à l’établissement des cartes de contribuable, qui en ce moment sont exclusivement logés dans les centres régionaux des impôts ; examiner la possibilité du recours facultatif à un notaire pour l’établissement des actes notariés dans le cadre du processus de création d’entreprise ; inviter la chambre des notaires à examiner la possibilité de l’application du point de la circulaire N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012, relatif à l’accomplissement en 48 heures des procédures chez le notaire ; susciter la création d’un partenariat entre les CFCE et la chambre des notaires ; améliorer le dispositif statistique relatif au suivi des entreprises créées. Page | viii Introduction Générale Contexte et justification La nouvelle politique de développement du Cameroun fait du secteur privé le moteur de la croissance, laquelle est projetée à 5,5% sur la période 2010-2020. La promotion d’un secteur privé productif apparaît incontestablement comme le gage des performances satisfaisantes de croissance économique forte et durable. Son développement requiert un climat des investissements où les contraintes de toutes sortes sont réduites, voire levées. Dans cette optique, le Gouvernement a fait de l’amélioration du climat des affaires, un des piliers essentiels de la mise en œuvre de sa stratégie de croissance. Il a dans ce sillage prévu de renforcer le dialogue avec le secteur privé à travers notamment la prise en main et l’appropriation du Business Climate Survey (BCS), comme instrument de suivi du climat des affaires et d’identification de nouvelles réformes nécessaires à son amélioration ; et la mise en place du Cameroon Busines Forum (CBF), qui est une plateforme d’échanges entre les acteurs publics et privés, pour le développement des affaires. Cette plate forme permet aux parties prenantes, sous une périodicité donnée, d’identifier les obstacles à l’expansion et la croissance des entreprises, et d’adopter les recommandations dont la mise en œuvre permettrait d’assurer de performances meilleures pour le secteur privé. C’est dans ce cadre que le Gouvernement a lancé depuis 2010 un programme de mise en place de guichets uniques de création d’entreprises, sous le vocable de Centre de Formalités de Création d’Entreprises (CFCE), dans le but de simplifier le processus de création d’entreprises via la réduction des délais et des coûts nécessaires pour lancer une activité dans le secteur formel. Cette réforme ambitionnait entre autres de ramener les délais de création d’entreprises à 72 heures (03 jours) et subsidiairement d’impulser un mouvement migratoire des opérateurs du secteur informel vers celui formel. Cette réforme a consisté à rassembler en un lieu unique les différentes entités intervenant dans le processus de création d’une entreprise. A ce jour, cinq CFCE sont fonctionnels, à savoir ceux de Yaoundé, Douala, Bamenda, Bafoussam et Garoua. En dépit de cette opérationnalisation, le dernier rapport Doing Business affiche qu’il faut quinze (15) jours au Cameroun pour créer une SARL, ce qui tranche avec le discours affirmatif de trois (03) jours. Fort de ce constat et de la nécessité de disposer d’une évaluation des politiques publiques, il est apparu opportun de réaliser une étude sur l’évaluation de l’impact à court terme des CFCE. Par la même occasion, l’on évaluera la satisfaction des usagers de ces structures ainsi que la perception qu’ont les nouvelles entreprises créées à travers les CFCE, du climat des affaires. Page | 1 Objectifs de l’étude L’objectif de cette étude est d’évaluer le climat des affaires à travers le suivi-évaluation des réformes mises en place, notamment les CFCE. Plus spécifiquement, il s’agit de : évaluer l’impact des CFCE, en terme de délais, de coûts et de nombre d’entreprises créées ; identifier les contraintes à la réduction des délais de création d’entreprise et les moyens de les lever ; appréhender la satisfaction des usagers des CFCE et la perception des entreprises nouvellement créées, du climat des affaires. Démarche méthodologique La démarche méthodologique a consisté en : (i) une recherche documentaire, à l’effet d’établir un état des lieux sur le processus de création d’entreprises avant la mise en place des CFCE ; et (ii) une enquête de terrain auprès des nouvelles entreprises créées via les CFCE et auprès des responsables des CFCE. La recherche documentaire a permis de collecter des informations dans le but d’établir la situation de référence sur le processus de création d’entreprise avant la mise en place des CFCE. Les documents collectés ont principalement concerné des textes législatifs et réglementaires et diverses études concernant l’entreprenariat au Cameroun. En ce qui concerne l’enquête de terrain, le champ géographique de l’étude a couvert les cinq régions où des CFCE ont été mis en place à ce jour, à savoir : le Centre, le Littoral, L’Ouest, le Nord-Ouest et le Nord. Les unités statistiques sont les CFCE (à travers leur coordonnateur) et les entreprises créées à travers lesdits Centres entre 2010 et 2012. Compte tenu des contraintes de coûts et de temps, la taille de l’échantillon pour l’enquête auprès des entreprises a été fixée à 500. La répartition de cet échantillon suivant les différentes régions a été guidée par l’importance relative des régions dans les créations d’entreprises au cours de la période. De la sorte, une cible de 150 entreprises a été fixée pour chacune des régions du Centre et du Littoral, contre des cibles de 75 entreprises pour l’Ouest et le Nord-Ouest, et 50 entreprises pour le Nord. Pour ce qui est de l’évaluation, deux référentiels sont utilisés : le premier est relatif à la situation avant la mise en place des CFCE qui intervenait comme un changement du cadre juridique de création d’entreprises, le deuxième portant sur les impacts attendus de la réforme. Les indicateurs utilisés sont entre autres les délais et coûts de création d’entreprise, le nombre d’étapes ainsi que l’évolution des effectifs des entreprises créées. L’on a ainsi comparé les valeurs observées de ces indicateurs à celles qui prévalaient avant. Cette approche présente toutefois une limite, dans la mesure où les évolutions enregistrées peuvent ne pas être totalement attribuables à la mise en place des CFCE. Pour plus de rigueur, il aurait été nécessaire de mener une évaluation contrefactuelle, qui aurait cependant nécessité des informations relatives aux créations d’entreprises en dehors des CFCE, dont la collecte n’a cependant pas été possible compte tenu des contraintes de ressources et de temps. Page | 2 Sources d’information Plusieurs sources d’informations ont été utilisées dans la présente étude. Les données primaires proviennent d’une recherche documentaire qui a consisté à consulter des documents administratifs (guide des usagers du CFCE, rapports d’activités des CFCE, notamment), des textes réglementaires, des rapports d’études. Les données secondaires proviennent d’une part des entretiens avec les responsables des CFCE et d’autre part de l’exploitation de l’enquête auprès des entreprises nouvellement créées. Structure du rapport Le présent document est structuré en trois chapitres. Le premier porte sur la situation de création d’entreprises avant la mise en place des CFCE. Dans le deuxième chapitre, il est principalement question d’évaluer l’impact à court terme des CFCE. Le troisième chapitre quant à lui est dédié à une analyse de la satisfaction des usagers des CFCE et de la perception des entreprises créées à travers les CFCE, du climat des affaires. Page | 3 Chapitre 1 : Situation avant l’institution des CFCE La politique de développement mise en œuvre par le gouvernement camerounais, à travers le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), au cours de la décennie 2000, promouvait d’ores et déjà l’entrepreneuriat. L’idée était d’encourager la création des entreprises, qui devaient employer les citoyens afin de réduire significativement la pauvreté. Cette démarche était alors perçue comme une alternative au contexte antérieur de l’Etat providence. Le rôle de l’Etat, devenu plus régulateur qu’employeur, devenait notamment de veiller à l’assainissement du cadre des affaires afin de le rendre plus attractif. Ce chapitre s’appesantira sur un descriptif du cadre juridique et institutionnel de création des entreprises au Cameroun avant 2010, et sur une analyse dudit processus en termes de formalités, de délais et de coûts. 1.1.Cadre juridique et institutionnel de création des entreprises au Cameroun avant 2010 Le cadre législatif et réglementaire de création des entreprises au Cameroun était régi par le traité OHADA, à travers un ensemble d’Actes Uniformes applicables dans l’étendue du territoire des différents Etats signataires. Lesdits Actes Uniformes étaient relatifs au Droit Commercial Général, au Droit des Sociétés Commerciales et Groupements d’Intérêts Economiques (GIE), au Droit des Sûretés et au Droit des Transports. Lors de la création de la Petite et Moyenne Entreprise (PME), l’entrepreneur était amené à consulter l’Acte Uniforme sur le Droit des Sociétés Commerciales et les GIE pour le choix de la forme juridique. Il en était de même pour la rédaction des statuts et leur enregistrement chez le notaire, ou leur publication dans un journal d’annonce légale. Encadré 1 : Les différentes formes juridiques La forme juridique correspond au statut juridique de l’entreprise. Elle est définie en fonction du degré de responsabilité civile des propriétaires relativement au patrimoine de l’entreprise. Encerclez la réponse de l’enquêté et le code correspondant à la forme juridique. (SARL, SA, EI, etc). SARL (Société à responsabilité limitée) : les associés sont responsables des dettes sociales à concurrence de leurs apports et les droits sont représentés par des parts sociales. Le capital social minimum doit être de un million de francs CFA. SA (Société anonyme) : encore appelées société de capitaux, les actionnaires ne sont responsables des dettes de l’entreprise que dans la limite de leurs apports. Le capital social minimum doit être de dix millions de F CFA. EI (Entreprise individuelle) : entreprise ayant pour propriétaire une personne physique, qui, avec des moyens financiers personnels, exerce son activité. Le patron est alors totalement responsable sur ses biens en cas de faillite. GIE (Groupement d’intérêt économique) C’est une entité économique mise en œuvre pour mettre ensemble des moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses membres. Il peut ne pas donner lieu à constitution de capital et ne conduit pas à des bénéfices propres. SARLU (Société à responsabilité limitée unipersonnelle) : C’est une forme de SARL possédée par une seule personne. Concernant la formalité d’immatriculation et d’inscription au Registre de Commerce et de Crédit Mobilier (RCCM), le promoteur de la PME devait simplement se reporter aux Page | 4 dispositions de l’Acte Uniforme portant Droit des Sûretés. Enfin, pour la qualification commerciale des activités de la PME, l’Acte Uniforme sur le Droit Commercial général est le texte qui servait de guide. Des formalités d’enregistrement des entreprises et d’inscription des sûretés mobilières au RCCM étaient prévues par le législateur communautaire OHADA pour promouvoir la sécurité juridique et judiciaire des investissements. S’agissant du cadre institutionnel, au Cameroun, le RCCM était tenu par le Greffe de la juridiction territorialement compétente. La carte de contribuable et la patente étaient délivrées par la Direction Générale des Impôts (DGI). L’immatriculation au fichier des employeurs était faite au niveau de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). L’entreprise créée était également immatriculée au fichier consulaire de la Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA). 1.2.Le processus de création des entreprises au Cameroun avant 2010 Avant 2010, pour créer une entreprise au Cameroun, le futur entrepreneur devait effectuer plusieurs étapes en fonction des caractéristiques de l’entreprise envisagée (unipersonnelle, personne morale, GIE). Les étapes minimales suivantes étaient incontournables, sauf pour les établissements et les GIE. Etape 1 : Saisine du notaire pour rédaction et enregistrement des statuts selon la forme choisie ; Etape 2 : Enregistrement des statuts notariés ; Etape 3 : Immatriculation au RCCM ; Etape 4 : Production d’un plan de localisation auprès des impôts ; Etape 5: Déclaration d’existence auprès de la DGI pour l’obtention de la carte de contribuable ; Etape 7 : Immatriculation au fichier des employeurs à la CNPS ; Etape 8 : Immatriculation au fichier consulaire de la CCIMA ; Etape 9 : Soumission au titre de patente ; Etape 10 : Demande d’agrément et de licence d’exploitation pour certaines entreprises en fonction de la nature des activités ; Etape 11 : Phase de publication dans un journal d’annonce légale. Il convient aussi de noter que la formalité d’enregistrement des entreprises au Registre de commerce ne concernait que les commerçants1, personnes physiques ou personnes morales. 1.3.Analyse des délais et des coûts de création d’entreprise Pour l’analyse des délais et des coûts de création d’entreprise au Cameroun en 2009, la source d’information est le rapport de l’étude relative à la simplification de la procédure, des délais et des coûts de création d’entreprise au Cameroun réalisée en 2009 dans le cadre du CBF. L’étude s’est particulièrement intéressée à la création d’une SARL au capital social d’un millions de F CFA. 1 Le droit OHADA considère comme commerçant toute personne qui accomplit des actes de commerce et en fait sa profession habituelle. Page | 5 Il ressort de ladite étude qu’en 2009, il fallait en moyenne 30 jours pour créer une SARL à Douala. Les délais pour chaque opération sont présentés dans le tableau ci-après. Tableau 1 : Structure du délai de création d’une SARL à Douala (en jours) Pièces / Opérations Constitution du dossier Etablissement des Statuts Délivrance des expéditions timbrées Enregistrement auprès du greffe au tribunal pour l’obtention d’une immatriculation au Registre du Commerce (N° RC) Publication au journal (annonces légales Cameroun Tribune) par le promoteur Immatriculation (N° Contribuable) Emission d’un mandat à l’ordre de l’Administration fiscale par le promoteur Enregistrement du Contrat de Bail (CB) auprès du centre divisionnaire des impôts Descente sur le terrain pour la Production du rapport et de l’attestation de localisation par le centre divisionnaire des impôts Immatriculation au fichier et Déclaration de non utilisation du personnel à la CNPS Etablissement d’une patente au CDI Total Délais 2 7,5 0,5 1,5 5 03 1,5 1 4 3,5 29,5 Source : CBF, 2009 La décomposition de ce délai suivant les différentes administrations révèle que l’étape chez le notaire est celle qui prenait le plus de temps, dans la mesure où elle se faisait en moyenne en huit (08) jours. En ce qui concerne les coûts de création, l’accomplissement des formalités légales de création d’entreprises générait des coûts (formels et parfois informels) relativement élevés, variant suivant la forme juridique choisie. Selon l’étude réalisée dans le cadre du CBF, pour créer une SARL ayant un capital d’un million de FCFA, deux associés et pour un loyer mensuel de 52 000 F CFA, il fallait dépenser en moyenne près de 482 050 FCFA. Le tableau suivant détaille ces coûts en fonction des procédures. Tableau 2 : Structure des coûts formels de création d’une SARL en 2009 Pièces/Opérations Constitution du dossier Timbres fiscal et communal Photocopies Etablissement des Statuts Frais du notaire Timbre fiscal Frais d’enregistrement Frais de publication Immatriculation (n° Contribuable) Emission d’un mandat à l’ordre de l’Administration fiscale par le promoteur Enregistrement du Contrat de Bail (CB) auprès du Centre des impôts Descente sur le terrain pour la Production du rapport et de l’attestation de localisation par le centre divisionnaire des impôts TOTAL Coûts 4 475 4 400 75 405 500 260 000 36 000 82 000 27 500 2 500 65 475 1000 482 050 Source : CBF, 2009 La décomposition des coûts révèle que le notaire encaissait plus de la moitié (53,9%), ensuite venaient les impôts qui consommaient plus du quart de la somme (28,2%). Le montant du coût formel total peut varier en fonction du capital social, du loyer (les frais d’enregistrement Page | 6 étant respectivement de 2% du capital social et de 10% du montant annuel du loyer) et du nombre d’associés (nombre d’extraits de casier judiciaire). Ces coûts n’intègrent pas ceux informels qui peuvent se justifier par des lenteurs administratives et la pratique des ‘‘pot-devin’’. Tableau 3 : Répartition des sommes encaissées et des délais selon les intervenants pour une SARL d’1 million de capital social (%) par le notaire aux impôts à la CNPS aux greffes par journaux d’annonces légales dans les communes autres (photocopies….etc.) Total Sommes encaissées 53,9 28,2 12,0 5,7 0,1 0,1 100,0 Délais 28,8 30,5 13,6 3,4 16,9 6,8 100,0 Source : CBF, 2009 1.4.Analyse critique du processus de création d’entreprises Cette section consacrée à l’analyse critique du processus de création d’entreprises au Cameroun avant 2010 débute par une présentation de l’évaluation du Doing Business de la Banque Mondiale en la matière. Puis sont examinés les principaux points d’ombre dudit processus, lesquels ont conduit aux réformes, notamment la mise en place des CFCE. 1.4.1. Evaluation par le Doing Business du système de création d’entreprise Dans le rapport Doing Business de 2009, le Cameroun était classé au 164ème rang sur 181 pays, dénotant globalement d’un climat des affaires défavorable à la prise des initiatives d’entreprises dans le secteur formel. Même si ce classement présente des limites, il constitue un puissant instrument de comparaison internationale qui révèle pour les économies évaluées les forces et les faiblesses en matière de réglementation des affaires. Les informations y relatives sont très utiles pour les investisseurs. Les détenteurs de fonds qui cherchent des opportunités d’investissements, les exportateurs qui veulent conquérir un nouveau marché, les entreprises qui, pour des raisons de rentabilité, optent pour la délocalisation ont tous besoin de données économiques sur le lieu où ils veulent investir. Le Cameroun figure, depuis la première publication en 2004 du Doing Business, parmi les vingt dernières économies en matière de facilité à la pratique des affaires, concernant spécifiquement le domaine de la création des entreprises. Les délais d’obtention d’une attestation de création d’entreprise au Cameroun en 2010 demeuraient supérieurs à ceux des pays tels que le Sénégal (08 jours), Madagascar (07 jours), le Burkina Faso (16 jours), qui pourtant ont un niveau de développement presque similaire au nôtre. Le classement Doing Business en matière de création d’entreprises montre une dégradation du rang du Cameroun entre 2009 et 2010, alors qu’au même moment le Rwanda gagnait 49 places. Page | 7 Tableau 4 : Analyse comparative des indicateurs Doing Business en matière de création d’entreprise (SARL d’un million de capital social) Nombres de d’étapes Coût (en % du revenu moyen) délais (jours) Rang pour la création d’entreprise 2009 2010 Rang général pratique des affaires 2009 2010 2009 2010 2009 2010 Cameroun 13 12 137,0 121,1 37 Burkina F. 5 4 62,0 50,3 16 34 171 174 164 171 14 113 115 148 147 Madagascar 5 2 11,0 7,1 7 7 58 12 144 134 Rwanda 8 2 10,1 10,1 14 3 60 11 139 67 Sénégal 4 4 73,0 63,7 8 8 95 102 149 157 2009 2010 Source : Banque Mondiale, 2010 Les coûts nécessaires pour enregistrer une SARL au Cameroun excluaient une bonne frange de la population de la pratique des affaires, puisque ceux-ci étaient supérieurs au revenu par tête. Ce revenu par tête étant lui-même plus élevé que le seuil de pauvreté monétaire (40%). Cette barrière n’était pas observée dans les pays comme le Sénégal ou le Rwanda. Lorsque le promoteur n’était pas découragé pour les questions de coûts, il devait effectuer un parcours de combattant, poussant à l’abandon au bout de la lassitude ou du découragement. 1.4.2. Principaux points d’ombre du processus de création des entreprises L’analyse du processus de création d’entreprise, ainsi que des coûts et délais y relatifs indiquent combien il était difficile de créer une entreprise au Cameroun avant 2010. Selon l’étude sur la formulation du plan directeur pour le développement des PME réalisée avec l’appui de la coopération technique japonaise en janvier 2009, pour démarrer une affaire, le promoteur devait faire face aux principales contraintes suivantes : pression fiscale, difficultés financières, lourdeur administrative et corruption. Des diagnostics faits par plusieurs investigations, il ressort que le cadre juridique et institutionnel présentait des limites susceptibles d’entraîner une désaffection des promoteurs potentiels d’entreprises. Les principales contraintes étaient de plusieurs ordre : au niveau procédural et fonctionnel. Les limites liées aux procédures administratives L’on a relevé à ce titre, la multiplicité des procédures, le manque de célérité dans le traitement des formalités et le caractère coûteux de celles-ci. En effet, concernant la multiplicité des procédures et le manque de célérité, l’on enregistrait un nombre élevé d’étapes, composées à leur tour de plusieurs procédures. Concernant le manque de célérité, les délais de délivrance des pièces sollicitées par l’usager dépendaient de l’officiel chargé du traitement des dossiers, en l’absence d’un encadrement calendaire opposable à ces derniers. Sur le chemin qui mène à la formalisation de son entreprise, le promoteur faisait face à toutes sortes de lourdeurs difficiles à transcender avec pour corollaire l’émergence des intermédiaires informels autour des greffes des tribunaux de grande instance, disposant apparemment de l’art d’abréger les procédures, et proposant des services à tous les prix aux potentiels entrepreneurs. Page | 8 Pour ce qui est du caractère onéreux des procédures, l’accomplissement des formalités légales de création d’entreprises générait des coûts pouvant atteindre la somme de 482 000 FCFA pour une SARL. Par ailleurs, la longue chaîne de contacts entre les usagers et les agents publics dans le processus de création des entreprises favorisait la corruption. En outre, il était accordé une trop grande marge de pouvoir au notaire dans le processus de création alors que le traité OHADA circonscrit clairement leur rôle à l’enregistrement des statuts notariés. Les limites d’ordre fonctionnel Celles-ci sont relatives à l’éparpillement des administrations intervenant dans le processus de création d’entreprises et/ou la disponibilité relative des agents publics (parfois difficilement accessibles et absents) pour donner des informations complètes. L’éparpillement des services administratifs provoquait de nombreux allers-retours, susceptibles de décourager les moins tenaces, et étouffants l’esprit d’entreprise, rallongeant les délais et grevant les coûts. 1.5.Les CFCE comme mesure corrective dans le processus de création des entreprises Fort des constats négatifs précédents qui limitent les capacités du secteur privé a jouer le rôle de moteur de la croissance qui lui est dévolu, et de la conscience de ce que : l’abaissement des barrières à la création d’entreprises est associé à un secteur informel plus restreint ; la réduction des coûts de création d’entreprises et la simplification des démarches à effectuer pour créer une entreprise peuvent encourager l’entreprenariat ; Le gouvernement se mobilise avec détermination pour la promotion et l’accompagnement des initiatives en entrepreneuriat privé. Il s’est engagé à renforcer le dialogue avec le secteur privé à travers notamment la mise en place du Cameroon Busines Forum (CBF), qui est une plateforme d’échanges dont l’objet est entre autres, l’identification des réformes nécessaires pour assainir le climat des affaires. C’est dans ce cadre qu’en 2010, les autorités publiques ont lancé un programme de mise en place des Centres de Formalités de Création d’Entreprises (CFCE), guichets unique (one-stop-shop) pour fluidifier le processus de création d’entreprise à travers deux axes majeurs à savoir agir sur les pesanteurs identifiées dans le processus de création et actionner sur les leviers de réduction des coûts et des délais. Page | 9 Chapitre 2 : L’impact des réformes en matière de création d’entreprise Ce chapitre est destiné à la présentation des réformes adoptées en matière de création d’entreprises au Cameroun ainsi qu’à l’évaluation de l’incidence de la mise en place des CFCE sur la création d’entreprise. Aussi, dans un premier temps une synthèse du contenu des différents textes y relatifs est présentée. Par la suite, on analysera les créations d’entreprises à travers les CFCE, ainsi que les délais et les coûts y relatifs. 2.1.Présentation des reformes relatives à la création des entreprises Suite aux différentes contraintes identifiées dans le processus de création d’entreprises, le Gouvernement a engagé des réformes en vue de la simplification et la transparence des procédures, ainsi que la réduction des coûts et délais de création d’entreprises. A cet effet, l’on a observé un enrichissement du cadre institutionnel, juridique et réglementaire de création d’entreprise avec notamment: (i) l’instruction N° 001/CAB/PM du 18 mars 2010 relative aux formalités administratives de création des entreprises au Cameroun ; (ii) la loi N° 2010/004 du 13 avril 2010 portant promotion des PME ; (iii) l’instruction N° 004/CAB/PM du 25 mai 2012 relatives aux formalités administratives de création d’entreprise au Cameroun ; (iv) la circulaire interministérielle N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012 relative à la procédure devant les centres de formalité de création d’entreprises (CFCE). Faisant suite aux travaux du CBF, l’instruction N° 001/CAB/PM du 18 mars 2010 ci-dessus évoquée, précise les seules formalités obligatoires qui confèrent une existence légale à toute entreprise au Cameroun. Il s’agit notamment de : (i) l’inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier pour les personnes physiques morales ; (ii) l’immatriculation du contribuable par l’administration fiscale pour les personnes physiques morales ; (iii) l’inscription à la caisse nationale de Prévoyance Sociales (CNPS) pour les entreprises n’utilisant pas de personnels salariés et pour les employés de main d’œuvre professionnels ; (iv) l’attestation d’exonération de la patente et ; (v) l’inscription au Registre des coopératives et Groupes d’initiatives Commune pour toutes les entreprises et organisations d’économies sociales. Cette instruction précise en outre que « … le Gouvernement a décidé, en attendant la création d’un service public chargé de toutes ces formalités, de regrouper à titre expérimental et transitoire, l’ensemble de ces démarches en un lieu géographique unique, constitué des services publics compétents sous la forme de centres de formalités de création d’entreprises ». C’est ainsi que les centres pilotes ont été créés à Douala et à Yaoundé en 2010. Les dispositions de la précédente instruction ont été renforcées en avril 2010 par l’adoption et la promulgation de la loi portant promotion des PME au Cameroun. Elle stipule notamment que « l’appui à la création des PME repose sur : la simplification des procédures, la mise en place d’un lieu unique d’accomplissement des formalités administratives de création des PME, la réduction du délai de création des PME, etc. » Page | 10 L’instruction N° 004/CAB/PM du 25 mai 2012 modifie et complète l’instruction précédente en prenant en compte les revendications des dirigeants PME, notamment la rémanence des mauvaises pratiques, les lenteurs administratives, le manque de ponctualité et d’assiduité au poste de travail, la surabondance des formalités exigées par l’administration, et diverses transactions non justifiées entre les usagers et les agents publics responsables de l’établissement des pièces nécessaires à la création et au développement des entreprises. L’instruction tient également compte des innovations de l’Acte Uniforme OHADA portant droit commercial général, de la législation nationale et de la réglementation en vigueur au Cameroun. Ainsi, cette instruction modifie essentiellement la Déclaration et l’Immatriculation au Registre de Commerce et du Crédit Mobilier, en distinguant : (i) s’agissant des personnes physiques : l’entreprenant et le commerçant personne physique et ; (ii) s’agissant des personnes morales : le commerçant personne morale et la succursale. Pour l’application de l’instruction précédente, la circulaire interministérielle N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012, a été rendue publique en vue de préciser les démarches nécessaires pour créer une entreprise devant les CFCE. Cette circulaire clarifie les missions du CFCE et en indique l’organisation et le fonctionnement. 2.2. Présentation des CFCE Les CFCE sont des structures qui regroupent en un seul lieu géographique tous les services administratifs intervenant dans la création d’entreprise; ils sont aussi appelés des guichets uniques de création d’entreprises. Ils ont pour objectifs de : (i) réduire les délais de création d’entreprises, avec pour cible 72 heures à compter de la date de réception du dossier de demande de création ; et (ii) réduire les coûts de manière à rendre l’accès au secteur formel moins onéreux. 2.2.1. Missions des CFCE Les missions des CFCE consistent entre autres à : faciliter les démarches et formalités administratives de constitution, de modification, de cessation d’activités et de dissolution des entreprises, dans les délais impartis, sous réserve des procédures judiciaires en cours ; accueillir physiquement et/ou virtuellement les services compétents des administrations compétentes intervenant dans les procédures et démarches administratives y relatives; communiquer aux intéressés la liste de toutes les pièces à fournir, les frais correspondants, ainsi que les administrations compétentes pour les délivrer ; recevoir sur liasse unique l’ensemble des déclarations liées à la création, à la modification, à la cessation d’activités et à la dissolution des entreprises ; percevoir les frais relatifs à l’ensemble des prestations liées à son activité, ainsi que ceux destinés aux administrations partenaires ; recueillir les informations et données relatives à la création d’entreprise au Cameroun, et chaque fois que de besoin, les transmettre aux institutions publiques, privées ou internationales; Page | 11 mener toutes études, enquêtes, analyses, proposition et opérations de prospective ayant pour objet ou effet d’améliorer les démarches administratives en vue de la création d’entreprise; collecter, organiser et mettre à la disposition de toute personne intéressée l’ensemble des textes en vigueur dans le domaine des affaires au Cameroun; tenir et mettre à jour le fichier des entreprises créées, modifiées, dissoutes ou en cessation d’activités, et transmettre ces données à l’Institut National de la Statistique ; assurer la coordination et la coopération entre les institutions publiques, privées et internationales impliquées dans le processus de création d’entreprise au Cameroun, en vue d’en améliorer l’efficacité ; à titre secondaire, la mise en commun des moyens pour l’exécution de tous travaux liés à ces activités, et plus généralement toutes activités se rattachant directement ou indirectement aux activités ci-dessus spécifiées, ou susceptibles d’aider à leur réalisation. 2.2.2. Organisation des CFCE Placés sous la supervision d’un Coordonnateur, les CFCE comprennent les six entités suivantes : (i) le service d’Accueil ; (ii) le Service du Trésor ; (iii) le Service des Impôts ; (iv) le Service du Greffe ; (v) le Service de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) ; et (vi) le Service des Archives. a) Le Service d’Accueil Il assure l’accueil et l’orientation des usagers dans le processus de création d’entreprise. Ainsi, il leur fournit les informations portant sur : (i) les documents à produire ; (ii) les frais à payer au Centre (iii) le remplissage du formulaire unique ; (iv) et la procédure à suivre au Centre en vue de la création de l’entreprise. En outre, il procède à la vérification de la conformité du dossier, en collaboration avec les services de la CNPS, remplit le récépissé de dépôt du dossier et assure la transmission du dossier aux services administratifs et financiers. b) Le Service du trésor Il est chargé de l’encaissement des frais exigibles, de la délivrance des déclarations de recette et/ou dossiers y relatifs et de la ventilation aux administrations bénéficiaires concernées. Les sommes versées par le promoteur (contre déclaration de recette) au service du Trésor sont les suivantes : Immatriculation au RCCM (Frais de Greffe) : 21 500 F CFA ; Droits d’enregistrement : 20 000 F CFA ; Frais d’annonce légale : 10 003 F CFA. Les frais exigibles au CFCE s’élèvent donc à 51 503 F CFA pour les entreprises sociétaires et à 41 500 F CFA pour les établissements, l’annonce légale n’étant pas obligatoire pour cette dernière categorie. Page | 12 c) Le Service des Impôts Les représentants de l’administration fiscale sont chargés de : l’enregistrement des originaux des actes notariés (déclaration de souscription et de versement, statuts…). Ils apposent les mentions de l’enregistrement sur les copies originales des actes notariés (qui sont retournées au notaire), tandis que les originaux sont déposés au Service du Greffe ; l’attribution du Numéro d’Identifiant Unique (NIU) et l’établissement de la carte de contribuable une fois l’attestation d’immatriculation au RCCM transmise au Service des Impôts ; la délivrance du titre de patente exonérée. d) Le Service du Greffe Le Service du Greffe procède à l’enregistrement au RCCM. A cet effet, le Greffier en Chef territorialement compétent est chargé de mettre à la disposition du Greffier affecté au CFCE une série de numéros d’ordre dudit registre dont celui-ci assure l’attribution aux promoteurs. Le Service du Greffe transmet une photocopie de l’attestation d’immatriculation au RCCM au Service des Impôts. e) Le Service de la CNPS L’agent de la CNPS établit une attestation d’immatriculation de l’entreprise et du salarié. Seules les entreprises disposant d’au moins un salarié sont soumises à cette formalité. f) Le Coordonnateur du Centre Le Coordonnateur a pour mission de signer et dater les récépissés de dépôt des dossiers et de délivrer des attestations de création d’entreprise. Toutefois, le récépissé sus visé n’est valable que pour une durée de trois (03) mois à compter de la date de délivrance. Passé ce délai, le récépissé perd toute validité juridique et l’attestation de création d’entreprise disponible au Centre devient exigible. g) Le Service des Archives Il reçoit les fonds de dossiers complets, procède à leur enregistrement, au traitement et à l’analyse des données statistiques y relatives et assure leur classement. 2.3.Création d’entreprises à travers les CFCE Cette section est consacrée à l’analyse des créations d’entreprises dans les CFCE depuis leur mise en place jusqu’au premier semestre de l’année 2013. Cette analyse porte sur les indicateurs de respect de la règlementation, notamment les procédures, les délais et les coûts de création, et sur le nombre d’entreprises créées. 2.3.1. Procédure de création d’entreprise L’analyse et l’exploitation des pièces exigées pour la création des entreprises avant et après la mise en œuvre des CFCE fait ressortir que le regroupement des administrations (impôts, greffe et CNPS) autour d’un unique centre a réduit le nombre d’interlocuteurs du promoteur Page | 13 dans le processus de création d’entreprise, en comparaison aux multiples déplacements (notaire, greffe, impôt, CNPS, mairie/sous-préfecture, etc.) autrefois effectués par celui-ci. En outre, l’on relève un allègement des documents requis par la non-exigence de la certification par l’Autorité publique compétente de certains documents, la simple photocopie étant désormais valable. Par ailleurs, la suppression de certains documents dans la constitution du dossier tels que le certificat de célibat, le certificat de domicile, la copie certifiée de la carte nationale d’identité ou des actes d’état civils ont également observés. Par conséquent, la mise en place des CFCE a permis de simplifier les procédures de création d’entreprises au Cameroun. 2.3.2. Délais de création L’analyse des délais distingue le délai d’obtention des actes notariés et le délai de création d’entreprises au sein du CFCE. Il convient de rappeler que la circulaire interministérielle N°001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012 fixe à 2 jours (48 heures) le délai d’obtention des expéditions chez le notaire, et à 3 jours (72 heures) le délai de création des entreprises au sein des CFCE. a. délai d’obtention des actes notariés Il ressort de l’enquête que, sur l’ensemble des cinq régions couvertes, l’obtention des actes notariés nécessite en moyenne 12 jours ; soit six fois plus de temps par rapport au délai de 2 jours fixé par la réglementation. Cette moyenne masque toutefois d’énormes disparités qui dépendraient des comportements individuels des notaires. En effet, si 9% des notaires parviennent à délivrer les actes requis en deux jours, il est décevant de noter que la moitié des promoteurs déclarent n’avoir obtenu leurs actes notariés qu’au-delà de deux semaines. Par ailleurs, on observe que ces délais dans la région du Nord-Ouest (5 jours) sont largement en dessous de ceux observés dans les autres régions. Ce constat s’explique en partie par le fait que dans cette région, les expéditions de statut sont délivrées par des avocats et autres juristes, les notaires n’étant pas présents. Tableau 5: Délais d’obtention des actes notariés suivant la région2 Délais Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Centre 13 14 7 19 Littoral 13 14 7 20 Région Nord-Ouest 5 3 1 7 Ouest 13 14 11 14 Ensemble 12 14 7 15 Source : EEICFCE, 2013 Toutefois, le délai d’obtention des actes notariés reste presque identique à la situation d’avant la réforme où il était estimé à 13 jours en moyenne. Ceci pourrait éventuellement être liée au fait que le promoteur a recours aux services du notaire avant de s’adresser au CFCE. 2 Dans le Nord, la seule SARL qui a été enquêtée a obtenu ses actes notariés en 30 jours. Page | 14 Au Sénégal par exemple, le bureau d’appui à la création des entreprises dispose d’une liste de notaires avec lesquels il travaille en partenariat, et vers qui les promoteurs sont orientés aux fins de l’obtention des actes notariés. Cette pratique pourrait inspirer l’Agence de promotion des PME dans ses missions de gestion des Centres de Formalités de Créations d’Entreprises. b. Délai de création d’entreprise au sein des CFCE L’exploitation des données d’enquête et des sources administratives des CFCE, révèle que le délai moyen pour la création d’une entreprise est de 14 jours ; soit près de cinq fois supérieur à l’objectif de 3 jours visé. On note également que 25% des promoteurs ont attendu au moins 20 jours pour obtenir leur attestation de création. Il faut donc noter que la majeure frange des promoteurs n’obtient pas leur attestation de création dans les délais prescrits. Dans ce cas, le récépissé de dépôt dont il dispose lui assure une existence légale pendant trois mois. Un promoteur dans une telle situation ne pourrait pas par exemple soumissionner aux marchés publics ou mobiliser des financements bancaires, le RCCM étant une pièce exigée dans la composition des dossiers. Cependant, il convient de relever que 14% des entreprises ont pu obtenir leurs attestations de création dans les délais fixés par la réglementation. Il en découle que la cible de création en trois jours, bien que possible, n’est pas encore atteinte. Néanmoins, la mise en place des CFCE a permis de réduire les délais de création d’entreprise. En effet, la création d’une SARL à Douala en 2009 se faisait en trente (30) jours, y compris la procédure chez le notaire. Actuellement, les formalités au CFCE se font en moyenne en treize (13) jours ; ce qui fait un délai global de création de vingt-six (25) jours si l’on tient compte des délais pour l’obtention des actes notariés. Selon les coordonnateurs des CFCE, les délais relativement longs de création d’entreprises s’expliquent principalement par la non application stricte de la circulaire. Il s’agit notamment de : l’absence de délégations de signatures aux responsables du Greffe et des Impôts affectés au CFCE, ce qui induit des déplacements pour le suivi des dossiers transmis au Service régional des Impôts (pour l’obtention de la carte de contribuable et l’exonération de patente) et du Greffe des tribunaux (pour l’établissement du RCCM) ; les défections techniques du faisceau informatique. A Douala par exemple, l’équipe de dépannage n’étant pas sur place, il faut quelques jours pour pouvoir rétablir le faisceau ; la mise à mal du principe de la continuité du service public par l’absence à son poste d’un fonctionnaire qui doit signer un document ; L’exigence d’une descente sur le terrain pour la localisation de l’entreprise. Sur le plan régional, l’Ouest enregistre le délai de création le plus élevé (19 jours en moyenne). Ce chiffre se justifie notamment, en plus des contraintes sus évoqué, par le fait que la descente sur le terrain pour la localisation de l’entreprise continue d’être exigée au Service régional des Impôts. Page | 15 Tableau 6: Délais de création d’entreprise à travers les CFCE suivant la région Délais Centre Moyenne 10,0 Médiane 7,50 er 1 quartile 3,0 3e quartile 14,0 Source : EEICFCE, 2013 Littoral 13,7 13,0 5,0 21,3 Région Nord-Ouest 11,7 7,0 4,0 16,3 Ouest 18,7 7,0 9,3 27 Nord 16,3 12,0 9,0 20,8 Ensemble 14,0 11,0 5,0 20,0 2.3.3. Coûts de création Les données collectées sur le terrain révèlent qu’il faut dépenser en moyenne 72 000 F CFA pour créer une entreprise individuelle, et un peu plus de 400 000 F CFA pour créer une SARL. Pour ce dernier cas, ce coût est composé à 80% des frais versés au notaire. Il ressort également des déclarations des promoteurs que les dépenses effectuées au CFCE s’élèvent en moyenne à50540 FCFA pour les entreprises individuelles et à 55750 F CFA pour les SARL. Cette dépense effectuée au CFCE inclut les frais officiels exigibles à la création d’entreprise qui se versent au Service du Trésor du Centre et qui s’élèvent respectivement à 41 500 et 51 500 pour les EI et les SARL depuis le 30 mai 2012.Il en résulte des dépenses supplémentaires non officielles se chiffrant autour de 10 000 F CFA, permettant d’apporter plus de célérité dans le traitement du dossier. Dans certains cas, l’obtention du titre de patente portant la mention exonérée, n’est pas toujours gratuite. Le World Economic Forum dans son rapport 2013-2014 indique, le fonctionnement des institutions est obstrué par des paiements illicites et des pots de vins, en classant le Cameroun au 131e rang sur 148 des pays où ce phénomène est le plus observé. Sur le plan régional, l’enquête révèle que les coûts de création connaissent de multiples disparités. En effet, dans la région du Nord-ouest les frais versés au notaire par les promoteurs sont de loin inférieurs à ceux versés dans d’autres régions : 102 500 FCFA au Nord-Ouest contre 326 000 FCFA à Yaoundé et 366 300 FCFA à Douala. Cette disparité pourrait s’expliquer par la spécificité du système juridique en vigueur au Nord-Ouest. En effet, le «common law» du système anglo-saxon en vigueur dans cette région est plus flexible en ce sens que l’authentification des statuts ne relève pas exclusivement du notaire. Tableau 7: Décomposition du coût de création d’entreprise (FCFA) Forme juridique EI SARL dépenses effectuées au CFCE Autres charges Total Frais versés au notaire Dépenses effectuées au CFCE Autres charges Total Centre 47 250 8 500 55 750 326 000 53 700 15 300 395 990 Littoral 48 125 17 000 65 125 366 300 53 725 25 595 445 620 Région Nord-Ouest 71 125 23 800 94 925 102 500 67 635 10 575 180 710 Ouest 53 390 24 500 77 890 270 800 53 875 32 165 356 840 Nord 46 650 21 795 68 445 150 000 53 000 10 000 213 000 Ensemble 50 540 21 000 71 540 328 375 55 750 20 000 404 125 Source : EEICFCE, 2013 Le coût global de création d’entreprise, du moins en ce qui concerne les SARL, n’aurait pas significativement changé. En effet, le coût de création d’une SARL avant la mise en place des CFCE se situait en moyenne à 482 000 contre 400 000 actuellement. Page | 16 2.3.4. Evolution des effectifs des entreprises créées dans les CFCE La création des entreprises dans les CFCE connait une tendance haussière depuis 2010, date de démarrage effectif des activités dans lesdits centres. En effet, le nombre d’entreprises créées annuellement dans les cinq centres est passé de 3 679 en 2011 à 7 441 en 2012. Ce résultat est remarquable dans la mesure où avant la mise sur pied desdits centres, moins de 3000 entreprises étaient créées annuellement sur l’ensemble du territoire national. Au cours du premier semestre 2013, plus de 6000 entreprises ont été créées à travers les CFCE. Tableau 8 : Effectifs des entreprises créées à travers les CFCE Nombre total d'entreprises créées sur le territoire national avant l'institution des CFCE 3 000 2 500 2 000 Nombre d'entreprises créées exclusivement dans les CFCE Yaoundé Douala Bamenda Bafoussam Garoua 2010 235 477 - 2011 1 700 1 936 21 14 8 2012 3 545 3 458 180 178 80 1erSem2013 3 400 2 270 153 106 93 Total 712 3 679 7 441 6 022 1 500 1 000 2005 2006 2007 2008 Source : CBF, MINPMEESA/CFCE Ainsi, on dénombre 17 854 entreprises créées à travers les CFCE depuis leur mise en place. Toutefois, les CFCE de Yaoundé et Douala concentrent respectivement 50% et 46% des effectifs créés car les opérateurs de ces régions ont une meilleure connaissance des réformes. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’expliquer l’évolution haussière des entreprises créées dans les CFCE notamment : (i) la simplification des procédures de création ; (ii) les opportunités offertes par les Grands projets dont 30 % des activités de sous-traitance sont réservés aux PME ; (iii) la réforme des marchés publics ; (iv) la Bourse de sous-traitance et de partenariats(BSTP) qui régule la sous-traitance entre les PME et les grandes entreprises. 2.3.5. Répartition des entreprises créées dans les CFCE selon le secteur d’activité Sur l’ensemble des entreprises créées dans les CFCE, 75% sont du secteur tertiaire tandis que 21% sont du secteur secondaire et seulement 4% du secteur primaire. Le secteur tertiaire est en grande partie composé des Services à la communauté et du commerce qui représente respectivement 30,6% et 28,2% de l’ensemble des créations d’entreprises. Le reste est composé des transports et entreposage (5,1% des créations), postes et télécommunications (4,3%), des restaurants et hôtels (2,0%), de la santé et action sociale (1,6%), la sécurité (1%), les activités financières (0,8%) et l’éducation (0,6%). Le secteur secondaire est caractérisé par l’importance des BTP qui représentent 10,3% des entreprises créées sur la période considérée ; suivent ensuite les imprimeries (2,4%), l’industrie agroalimentaire (2,0%), les industries extractives (1,4%) et les autres industries manufacturières (3,9%). Page | 17 Figure 1: Répartition des entreprises créées dans les CFCE suivant le secteur d’activité Secteur primaire 4% Secteur secondaire 21% Secteur tertiaire 75% 2.3.6. Répartition des entreprises créées dans les CFCE selon la forme juridique Du point de vue de la forme juridique, les entreprises créées sont pour la plupart des établissements (72,5% d’entre elles). Les SARL représentent 25,9% d’entre elles, et les SA, 1,4%. Ces résultats se justifieraient d’une part par les procédures de création d’un établissement plus allégées en raison de la non-exigence d’actes notariés dont le coût représente près de 80% du coût global de création d’une entreprise sociétaire. D’autre part, favorisée par une crise de confiance vis-à-vis des partenaires éventuels ou des potentiels actionnaires au capital social de l’entreprise. Cette crise est particulièrement alimentée par la récurrence de certains actes indélicats dans les affaires, l’inefficacité des instruments de veille à la concurrence loyale et l’imprévisibilité et/ou l’incertitude dans le règlement des différends d’affaires. Figure 2: Répartition des entreprises créées à travers les CFCE suivant la forme juridique SA; 1,4% SARL; 25,9% AUTRES 0,2% ETS; 72,5% 2.3.7. Répartition des entreprises créées dans les CFCE selon le principal marché visé L’enquête s’est également intéressée aux principaux marchés visés par les promoteurs au moment de la création de leurs entreprises. Les résultats révèlent que les promoteurs créent les entreprises en visant principalement les marchés publics (44%) et la sous-traitance (22%). Par ailleurs, les promoteurs n’ont pas une grande propension à viser le marché extérieur (15%), pourtant les opportunités de commercialisation sont certaines dans les pays voisins à l’instar du Nigéria. Page | 18 Figure 3: Répartition des entreprises suivant le principal marché visé lors de la création (%) 70 60 50 40 30 20 10 0 Centre Littoral Marchés publics Nord Sous-traitance Nord-Ouest Ouest Marché extérieur Ensemble Marché local Source : EEICFCE, 2013 2.3.8. Délai entre création d’entreprise et démarrage des activités L’enquête s’est intéressée au délai entre la création de l’entreprise et le démarrage effectif des activités. Il en ressort que les promoteurs attendent 80 jours en moyenne pour démarrer les activités après la création de leurs entreprises. La moitié des promoteurs interrogés a débuté les activités au moins 25 jours après la création. Selon la forme juridique, le délai entre création et démarrage des activités apparaît plus élevé chez les entreprises sociétaires (97 et 194 jours respectivement pour les SARL et les SA) que chez celles individuelles (38 jours). Ce constat tiendrait du fait que les établissements sont plus nombreux à exercer dans le commerce et les prestations de services qui nécessitent moins d’investissements. Les principales raisons avancées par les promoteurs pour expliquer ce retard dans le démarrage des activités sont relatives au manque de moyens financiers et à l’exigence des autorisations et agréments pour l’exercice de certaines activités. C’est le cas dans les secteurs des mines et de la pêche. Ce constat, met en exergue la nécessité d’instaurer dans l’organisation du CFCE un volet relatif à l’accompagnement des entreprises nouvellement créées pour le démarrage effectif de leurs activités. Tableau 9: Délais entre création administrative et démarrage des activités suivant la région (en jour) Délais Démarrag e avant la création Démarrag e après la création Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Source : EEICFCE, 2013 Région Centre 139 63 6 200 98 7 185 3 Littoral 66 27 12 81 140 34 358 5 Nord-ouest 87 18 4 161 99 24 67 6 Ouest 75 21 12 25 144 75 100 10 Nord 33 22 6 39 500 44 269 8 Ensemble 80 25 7 87 288 29 100 7 Page | 19 L’on observe que près de quarante (40) promoteurs qui ont déclaré avoir démarré leurs activités avant la signature de l’attestation de création d’entreprise. Il s’agissait le plus souvent d’une migration de l’informel vers le formel, mais dans quelques cas, les promoteurs avaient exploité le fait que le récépissé de dépôt des dossiers de création permet d’exercer pendant une période de trois mois. 2.4.Principaux problèmes observés dans le processus de création des entreprises L’adoption de la réforme de 2010 répondait à un souci de simplification de procédures et de réduction de délais de création d’entreprises. Mais très vite, des obstacles jonchant le parcours menant vers l’éclosion d’unités de production vont se faire jour, notamment le clientélisme et la corruption, les lenteurs administratives, la complexification des relations entre personnels des CFCE et leur hiérarchie, l’insécurité juridique et judiciaire, le manque de ponctualité et d’assiduité des personnels des CFCE. L’insuffisance de la logistique A l’exception du Littoral, les autres Centres sont abrités dans les services de la Délégation régionale du MINPMEESA. Les responsables utilisent ainsi le matériel de travail de la Délégation pour effectuer leurs missions. Il se pose alors le problème de l’insuffisance du matériel de travail concourant à la limitation du degré de liberté des CFCE dans ces conditions. De plus, même pour le cas du Littoral, l’installation du Centre dans un nouvel emplacement ne dispose pas encore de tout son matériel de travail (mobiliers de bureau, ordinateurs, …). Les responsables des services des impôts et de greffe dans les Centres manqueraient pour l’heure de véhicules de liaison pour les déplacements qu’ils sont emmenés à effectuer auprès de leur administration d’origine pour l’établissement et la signature des patente et de la RCCM. D’un point de vue purement théorique, une autonomie en matériel de travail des CFCE rendrait ces derniers plus flexibles et améliorerait de fait leur performance. L’insuffisance en matière de communication sur les CFCE Les opérateurs ont pour une grande partie affirmé avoir été informés par des tiers sur l’existence des CFCE. Ils ont déploré à ce sujet l’insuffisance de communication sur les Centres. Cette situation se justifierait par le nombre assez faible des actes de promotion des CFCE et sur une période très courte, limitée à la mise en place des Centres pilotes de Yaoundé et de Douala. Depuis lors, les actions de promotions se limitent à des affiches installées dans les locaux des services centraux et déconcentrés du ministère en charge des PME. La communication en ligne est quasi absente : les informations proviennent pour l’essentiel de quelques autres sites de publication. Il est souhaitable de saisir toutes les occasions (foires, fora, etc.) données aux administrations en charge de la promotion des PME (MINPMEESA, MINEPAT, MINMIDT, ...) pour communiquer sur l’institutionnalisation des CFCE. Des campagnes de sensibilisation Page | 20 pourraient également être organisées à des périodes spécifiques, et notamment dans les Régions où les Centres n’existent pas encore, pour communiquer sur lesdits Centres. Le clientélisme et la corruption Certains responsables des CFCE se constituent une clientèle à des fins inavouées, suscitant ainsi des actes reprouvés par les usagers. On observe de ce fait des formes de monnayage lors des services rendus aux usagers. Des efforts dans la transparence sur le processus de création d’entreprises sont à faire pour limiter voire supprimer de telles pratiques. Un unique point d’accès dans les Centres pour les promoteurs peut être envisagé dans ce sens. Les lenteurs administratives Le processus de création d’entreprises rencontre des lourdeurs à certaines étapes notamment dans les services des impôts et de greffe. Il convient de rappeler les responsables desdits services à un respect de leurs cahiers de charges et de la règlementation en vigueur. Il serait également efficace de prendre toutes dispositions utiles pour corriger des écarts réguliers ou aberrants dans les missions des responsables. Exigence de la présence du promoteur au niveau des services des impôts et des greffes dans certains cas Il peut s’avérer contraignant d’exiger la présence des promoteurs à des étapes du processus de création de l’entreprise alors même qu’elle n’est plus nécessaire. C’est le cas lors de la signature du plan de localisation. Cette situation augmente les contacts directs entre promoteurs et agents et est susceptible de créer des actes de clientélisme mentionnés plus haut. En somme, les réformes en matière de création d’entreprise ont permis la simplification des procédures y relatives, et ont entraîné une réduction des délais et des coûts. L’objectif de trois jours est possible, même s’il n’est pas encore atteint. Il faut dépenser en moyenne 72 000 pour créer une entreprise individuelle, et un peu plus de 400 000 pour une SARL (contre 482 000 en 2009). L’on dénombre 17 854 créations d’entreprises dans les CFCE entre 2010 et le premier semestre 2013. Page | 21 Chapitre 3 : Analyse de la satisfaction des usagers des CFCE et perception des entreprises sur le climat des affaires Le chapitre précédent a porté sur l’analyse de l’impact à court terme des réformes en matière de création d’entreprises. Le présent chapitre vise à analyser (i) la satisfaction des usagers des CFCE, ainsi que (ii) la perception du climat des affaires par les entreprises nouvellement créées. 3.1.Analyse de la satisfaction des usagers des CFCE La création de cinq (05) CFCE compte parmi les réformes mises en œuvre ces dernières années pour améliorer le climat des affaires et faciliter le développement du secteur privé. En effet, il a souvent été relevé que les procédures administratives de création d’entreprises sont très longues et sont à même de décourager l’entreprenariat. Cette section évalue le degré de satisfaction des promoteurs quant aux services des CFCE, notamment en ce qui concerne les délais, la qualité de l’accueil la pertinence des informations fournies, ainsi que les difficultés que rencontraient ces derniers dans le processus de création des entreprises. 3.1.1. Appréciation des services fournis par les CFCE (i) délais Bien que l’objectif de 72 heures pour la création des entreprises ne soit pas globalement atteint, il ressort de l’étude que la simplification des procédures à travers la mise en place des CFCE est assez appréciée par les promoteurs d’entreprises. En effet, près de 65% des opérateurs interrogés jugent acceptable les délais de traitement de leurs dossiers. Ce jugement des chefs d’entreprises est plus important dans les régions du Nord-Ouest (81,5%) et du Centre (71,2%). Tableau 10: Répartition des entreprises selon leur appréciation du délai de création d’entreprise (en %) Centre Littoral Trop long 8,8 21,6 Long Acceptable Total 20,0 71,2 100,0 19,8 58,6 100,0 Région Nord Ensemble Nord-Ouest Ouest 20,0 16,9 18,8 16,6 30,0 50,0 100,0 1,5 81,5 100,0 20,3 60,9 100,0 18,9 64,5 100,0 Source : EEICFCE, 2013 (ii) Qualités de l’accueil et pertinence des informations fournies dans les CFCE Dans l’ensemble, les usagers des CFCE trouvent globalement satisfaction des services fournis dans les CFCE. En effet, 89,5% des usagers déclarent être satisfait de la qualité de l’accueil et 88,9% jugent pertinents la qualité des informations ainsi que des explications qui leur sont fournies. Toutefois, il importe de noter que 12,9% des usagers sont globalement insatisfaits des services fournis. Page | 22 Tableau 11 : Répartition des usagers des CFCE selon leur satisfaction aux services liés au CFCE (en %) Qualité de Pertinence des inforSatisfaction l’accueil mations et explications Globale Très satisfaisant 36,8 35,2 25,6 Satisfaisant 52,7 53,7 61,1 Peu satisfaisant 9,2 8,9 10,6 Insatisfaisant 1,1 1,8 1,9 Très insatisfaisant 0,2 0,5 0,7 Total 100,0 100,0 100,0 Source : EEICFCE, 2013 Malgré la satisfaction ci-dessus relevée par les chefs d’entreprises, certaines contraintes sont observées par ces derniers dans le processus de création d’entreprises. Ces contraintes sont plus marqués dans la région de l’Ouest, où 4 opérateurs enquêtés sur 10 précisent avoir rencontré certaines difficultés dans la création de leur entreprise. Figure 4 : Pourcentage des entreprises ayant rencontré des difficultés lors de la création de leur entreprise 50 40 30 20 10 0 36,7 37,7 31,9 41,3 33,6 18,6 Source : EEICFCE, 2013 Au rang de ces difficultés évoquées, nous pouvons notamment relever les lenteurs et tracasseries administratives. En effet, la circulaire interministérielle du 30 Mai 2012 relative aux procédures devant les CFCE prévoit l’exécution de l’ensemble des formalités aux centres, permettant ainsi de réduire non seulement les délais, mais également les coûts. A la pratique, il apparait quelques difficultés dans l’application de toute les dispositions de ladite circulaire qui explique en partie les lenteurs et tracasseries relevées, notamment (i) la non délégation de signature aux agents des impôts, du greffe et la CNPS relavant des CFCE, qui les obligent très souvent à faire des allez et retour entre le CFCE et leur administrations de tutelle ; (ii) l’inexistence des machines devant servir à l’établissement des cartes de contribuables. 3.1.2. Perception de l’impact des CFCE par les promoteurs d’entreprises L’enquête s’est intéressée à recueillir l’appréciation des promoteurs qui ont également eu à créer des entreprises avant la mise sur pied des CFCE. Ceux de ces promoteurs représentent 29,4% dans l’ensemble des créations d’entreprises avec une occurrence dans les régions du centre (41,4%) et du littoral (35%). L’analyse des réponses montrent que 71 % de ceux-ci trouvent que la mise en place des CFCE a amélioré le processus de création d’entreprises. Page | 23 Tableau 12: Répartition des chefs d’entreprise selon leur perception de la situation actuelle de création des entreprises par rapport à celle avant les CFCE (en %) Région Ensemble Centre Littoral Nord Nord-Ouest Ouest Perception de la situation actuelle de création des entreprises par rapport à celle avant les CFCE Favorable 75,5 69,2 40,0 63,2 80,0 71,0 Peu favorable 13,2 15,4 40,0 36,8 13,3 18,3 Identique 11,3 15,4 20,0 0,0 6,7 10,7 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Source : EEICFCE, 2013 Cette promotion est pratiquement la même au niveau des régions à l’exception du Nord, où l’on relève qu’une proportion importante des opérateurs (40%) ne perçoivent pas encore les avantages de la réforme sur les CFCE. Ceci pourrait expliquer en partie le faible rythme de création des entreprises dans cette région. Cette observation interpelle sur la problématique de la communication des réformes qu’engage le Gouvernement 3.2.Culture entrepreneuriale Dans l’optique d’appréhender la culture entrepreneuriale des chefs d’entreprises, l’enquête s’est intéressée à l’utilisation d’un business plan, à la réalisation de nouveaux investissements depuis la création, ainsi qu’aux perspectives d’orientation des activités de l’entreprise au cours des trois prochaines années. 3.2.1. Possession et usage d’un business plan Dans l’ensemble, plus de la moitié (52,9 %) des entreprises interrogées déclarent disposer d’un business plan. Il faut noter que ce chiffre masque les disparités selon les types d’entreprises, les Sociétés Anonymes sont plus nombreuses à disposer d’un plan d’affaire (74,2%), suivi des SARL (62,2%). Très peu d’établissements (31,1%) disposent d’un plan d’affaire, ce qui implique que ces derniers n’ont pas une bonne lisibilité de leurs activités dans le futur. Ceci peut s’expliquer par le fait que les promoteurs d’établissements se lancent généralement plus sur le coup d’une opportunité que sur la base d’un projet durement mûri. Tableau 13: Répartition des entreprises selon l’utilisation d’un business plan et la forme juridique (en %) Forme juridique SARL SA ETS Ensemble Utilisation d’un plan d’affaires Oui Non 62,2 37,8 74,2 25,8 31,1 68,9 52,1 47,9 Source : EEICFCE, 2013 L’étude relève toutefois que certaines branches se distinguent positivement en termes de disponibilité d’un plan d’affaires. Ce sont notamment les entreprises financières (100%), les restaurants et les hôtels (80%), le transport, entreposage et communication (72%), l’eau et l’énergie (71,4%). Ceci peut s’expliquer par le fait que ces branches demandent un investissement financier très important, qui exige une rigueur dans la gestion de cet Page | 24 investissement. Ce sont également des branches à fort potentiel, en liaison notamment avec la mise en œuvre des grands projets structurants. Figure 5 : Répartition des entreprises selon la possession d’un business plan et la branche d’activité Activités financières Transport, entreposage et communication Education Santé et action sociale Activités de services aux entreprises Papeterie/Imprimerie Commerce de gros et de détail Autres services fournis à la collectivité 30 40 50 60 70 80 90 100 Source : EEICFCE, 2013 Par ailleurs, les branches commerce de gros et de détail (47, 8%) ainsi que autres services fournis à la collectivité (36,6%) sont les secteurs où les promoteurs d’entreprises ne possèdent pas un plan d’affaire. Ceci peut s’expliquer par la nature de leurs activités, orientées en général vers la fourniture des services aux administrations publiques. Notons enfin que la situation laisse entrevoir au niveau global que la moitié des entreprises n’aurait pas une bonne lisibilité sur le futur de leurs activités. Ces entreprises compromettraient ainsi leurs chances d’accéder au crédit. Ceci remet en exergue la nécessité d’orienter les entreprises vers les incubateurs d’entreprises existants, qui ont pour mission d’encadrer et de développer les capacités entrepreneuriales des jeunes promoteurs. En outre, des actions en faveur de la promotion et la vulgarisation de ces incubateurs ainsi que l’opérationnalisation de l’agence de promotion des PME devraient être entreprises. 3.2.2. Réalisation de nouveaux investissements depuis la création Dans l’ensemble, 45,3% des chefs d’entreprises déclarent avoir réalisé de nouveaux investissements depuis leur création. Bien que ce chiffre s’avère légèrement faible, étant donné qu’il s’agit des entreprises nouvellement crées, il masque tout de même de légères disparités lorsqu’on prend en compte, soit la forme juridique, soit le secteur d’activité dans lequel le chef d’entreprise exerce. Près de la moitié des entreprises ont déclaré n’avoir pas encore effectués les investissements depuis leur création. La création de l’entreprise apparaît en partie comme une intention d’investir qu’un investissement effectif. Cette situation pourrait trouver sa source dans le manque de visibilité et de maturité du projet envisagé. Un bon nombre de promoteur s’engage sur la base d’une idée de projet, ou d’une opportunité ponctuelle à saisir surtout dans le cas des prestations de service, dont la marge bénéficiaire permettrait de constituer un capital d’investissement de départ. Lorsque cette opportunité qui se manifeste quelque fois par des promesses ne se réalise pas, l’attente d’investissement devient davantage longue au point Page | 25 d’induire le décès sans véritable vie de l’entreprise. Toutefois, il convient d’examiner le comportement de cette activité en termes de secteurs d’activités. Figure 6 : Distribution des entreprises ayant réalisé de nouveaux investissements depuis leur création selon la branche d’activité (en %) SECURITE Eau-Energie Activités financières Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière Papeterie/Imprimerie Industries extractives Industries agroalimentaires Autres services fournis à la collectivité Transport, entreposage et communication Construction Activités de services aux entreprises Santé et action sociale Postes et télécommunications/TIC Commerce de gros et de détail Restaurants et hôtels Autres industries manufacturières 20 30 40 50 60 70 80 Source : EEICFCE, 2013 Lorsqu’on prend en considération les branches d’activité dans lesquelles ces chefs d’entreprises exercent, on se rend compte une fois de plus que, l’effet « Etablissement »tend à prévaloir. En fait, les branches dans lesquels ceux-ci exercent majoritairement présentent les parts les plus faibles, diluant ainsi, les parts relativement importantes d’entreprises ayant réalisé de nouveaux investissements dans les sous-secteurs tels que : la sécurité, Eau et Energie, etc., sous-secteurs dans lesquels l’on retrouve essentiellement les entreprises sociétaires. Cependant, en examinant le mode de financement utilisé par les entrepreneurs, on constate que leurs investissements sont majoritairement financés sur fonds propres. Sur dix entrepreneurs, près de huit ont recours à ce mode de financement. Le financement par les établissements de crédit connait un aboutissement favorable seulement dans moins de deux cas sur dix. Ce résultat s’aligne à ceux d’autres études réalisées sur ce sujet, notamment la précédente édition du BCS qui précisait que les grandes entreprises sont celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu dans le financement des investissements à travers le système bancaire. Le financement du secteur privé, en particulier des PME, par les institutions bancaires demeure précaire dans notre économie. Les entrepreneurs interrogés ont d’ailleurs révélé qu’ils ont le plus recours à la micro-finance plutôt qu’au système bancaire classique. La problématique du financement de l’économie bénéficie de fait de la multiplication des études visant à concevoir et proposer un mécanisme adapté au contexte du Cameroun pour corriger cette entrave. 3.2.3. Perspectives d’orientation des investissements au cours des 3 ou 4 prochaines années De manière globale, 65,0 % des entreprises comptent réaliser de nouveaux investissements dans les prochaines années visant à accroître leur niveau d’activités, ce qui laisse entrevoir Page | 26 que celles-ci anticipent un accroissement de la demande. Très peu (3,0 %) d’entreprises envisagent une contraction de leurs activités. Tableau 14 : Répartition des entreprises selon les perspectives d’orientation futures des activités et la branche d’activité (en %) Orientation probable de vos investissements au cours des 3 ou 4 prochaines années Branches d’activités Expansion 80,0 Maintien 6,7 Contraction 0,0 Ne sait pas 13,3 Postes et télécommunications/TIC 80,0 13,3 6,7 0,0 Industries extractives 80,0 0,0 0,0 20,0 Autres industries manufacturières 75,0 8,3 0,0 16,7 Activités de services aux entreprises 68,6 17,1 0,0 14,3 Commerce de gros et de détail 67,5 10,4 6,5 15,6 Autres services fournis à la collectivité 62,8 16,3 4,7 16,3 Papeterie/Imprimerie 55,6 11,1 0,0 33,3 Construction 54,5 15,2 3,0 27,3 Eau-Energie 50,0 50,0 0,0 0,0 Industries agroalimentaires 50,0 50,0 0,0 0,0 Transport, entreposage et communication 47,1 11,8 17,6 23,5 Restaurants et hôtels 25,0 12,5 0,0 62,5 Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière Source : EEICFCE, 2013 Les perspectives d’investissements sont plus optimistes pour la plupart des secteurs d’activité, exception faite de l’hôtellerie et de la restauration, celui du Transport, entreposage et communication, où les opérateurs n’anticipent pas une expansion des investissements. La tendance est plus prononcée dans les secteurs de l’Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière, des Postes et télécommunications/TIC ainsi que des Industries extractives, où quatre entreprises sur cinq projettent une expansion. Dans l’ensemble, très peu de promoteurs envisagent une contraction, de sorte que la plupart de ceux qui ne projettent pas une expansion projettent plutôt un maintien ou sont dubitatifs, mais sont rarement pessimistes. Cette remarque ressort tant au niveau global qu’au niveau régional, au niveau des secteurs d’activités et selon le type d’entreprise. Dans le Littoral, on note que seulement 49% des chefs d’entreprises envisagent une expansion de leur activité au cours des trois prochaines années. Ce pourcentage est largement en dessous du niveau moyen observé sur l’ensemble des cinq régions. En outre, cette région compte également le plus grand nombre de promoteurs (32,6%) n’ayant aucune idée de l’orientation à donner à leurs activités au cours de cette même période. Par ailleurs, dans les régions du Nord-Ouest et de l’Ouest, on observe un nombre élevé de promoteurs (80,4% et 78,4% respectivement) envisagent d’étendre leurs activités au cours des trois prochaines années. En outre, une entreprise sur cinq reste incertaine quant à l’orientation probable de ses investissements. Ce résultat se justifierait en partie par le faite que .70% d’entre elles visaient principalement les marchés publics et la sous-traitance des grands projets, dont l’exécution du calendrier n’est pas toujours respectée. Page | 27 3.3.Usage de certaines commodités en affaires a. Utilisation des courriels électroniques Les technologies de l’information et de la communication par leur flexibilité favorisent la célérité et l’efficacité des transactions entres agents économiques. L’enquête a relevé que près de la moitié des entreprises sociétaires interrogées utilisent un service internet dans l’exercice de leur activité. L’utilisation de ce service est plus importante dans les principales métropoles, Douala et Yaoundé. Dans les autres centres urbains (Bafoussam, Bamenda, Garoua), le taux d’utilisation est très faible, en raison notamment de la faible disponibilité des TIC offerte dans ces zones et du coût élevé d’accès. Loin de disposer d’un véritable confort en matière des TIC, il importe de souligner que les chefs d’entreprises sociétaires interrogés ont reconnu utiliser des adresses personnelles pour travailler avec leurs clients ou fournisseurs, par manque de connexion propre de l’entreprise. Toutefois, notons par ailleurs que la finalisation du projet d’extension de la fibre optique aux autres centres urbains améliorera l’offre d’internet sur toute l’étendue du territoire, et pourrait ainsi fluidifier l’activité économique. b. Souscription d’une police d’assurance La souscription à une police d’assurance est essentielle pour les entreprises, en ce sens qu’elle permet de sécuriser les investissements en cas de survenance d’un sinistre (incendie, destruction, vols, …). Cette section analyse le niveau de souscription des entreprises sociétaires à une police d’assurance. Figure 7 : Répartition des entreprises ayant souscrit à une police d’assurance selon la branche d’activité SECURITE Eau-Energie Restaurants et hôtels Transport, entreposage et communication Activités financières Autres industries manufacturières Construction Autres services fournis à la collectivité Activités de services aux entreprises Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière Industries agroalimentaires Commerce de gros et de détail Industries extractives Papeterie/Imprimerie Postes et télécommunications/TIC 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Source : EEICFCE, 2013 L’enquête révèle que l’enjeu de souscription à une police d’assurance à des fins d’une protection des investissements contre des risques divers les chefs d’entreprises est encore faiblement intégré. En effet, moins du tiers des entreprises sociétaires interrogées affirme avoir souscrit une police d’assurance dans le cadre de ses activités. Ce taux est de 18% chez les établissements. Page | 28 Toutefois, dans certaines branches d’activités (sécurité, eau et énergie, Restaurants/hôtels), le taux de souscription à une police d’assurance est relativement élevé. Notons également que ce sont principalement dans ces branches que de nouveaux investissements ont été réalisés. Par ailleurs, les branches les plus réticentes à l’adhésion à une police d’assurance sont le suivants : poste et télécommunications/TIC (12,5%), Papeterie/imprimerie (14,3%), industries extractives (20%), commerce de gros et détail (33,3) et industries agroalimentaires (33,3%).Dans ces branches, des actions en faveur d’une plus grande sensibilisation des avantages de l’assurance pour les entreprises devraient être initiées. En outre, ce résultat dans l’encadrement des risques varie selon la Région. Le Littoral pointe en tête avec 48,6 % d’entreprises assurées, suivie du Nord-Ouest avec 34,8 %. Pour le Nord et l’Ouest, ce pourcentage est en-dessous de 10 %. Considérant l’âge et la taille des entreprises enquêtées, souscrire une police d’assurance se présente encore comme un luxe, alors même que les activités peinent à prendre le rythme souhaité par les promoteurs. Il n’est donc pas surprenant que le taux de souscription d’une assurance soit bien plus faible que celui estimé par l’édition du BCS 2011 (53,1 %). Ce constat illustre l’ampleur des efforts à faire au vue de la recrudescence des incendies observés dans les marchés du Cameroun ces dernières années. Il importe de mettre en œuvre des actions de sensibilisation des promoteurs et en particulièrement les commerçants et les propriétaires d’immeubles afin de les inciter à souscrire des polices d’assurances pour sécuriser leurs bâtiments et stocks de marchandises. Figure 8 : Pourcentage des entreprises utilisant un service internet et ayant souscrit à une police d’assurance pour leurs activités suivant la région 10 49,5 29,2 44,0 8,0 20 8,6 12,9 30 28,1 40 36,2 50 34,8 48,6 60 54,7 70 Police d’assurance pour les activités 71,5 Connexion internet 80 0 Centre Littoral Nord Nord-Ouest Ouest Ensemble Source : EEICFCE, 2013 3.4.Connaissance des initiatives publique en faveur du secteur privé La recherche de l’information est essentielle dans le processus de prise de décision dans les milieux d’affaires. Cette section présente d’une part la connaissance de certaines initiatives publiques en faveur du secteur privé, et d’autre part leur maîtrise de la réglementation dans leurs secteurs d’activités respectifs. 3.4.1. Initiatives publiques en faveur du secteur privé Page | 29 Cette sous-section évalue le degré d’information par les entreprises de certaines actions du Gouvernement visant à promouvoir le secteur privé, notamment la jeune entreprise. Ces initiatives sont particulièrement : le PACD/PME3, le Crédit-bail, la Loi du 18 avril 2013portant incitation à l’investissement privé, la Banque des PME, la Bourse de soustraitance et de partenariat du Cameroun (BSTP), et les Centres de gestion agrée (CGA). L’analyse des réponses montrent que peu d’entreprises ont connaissance des initiatives du Gouvernement visant à encourager leur épanouissement. De manière globale, chaque disposition retenue dans le cadre de cette étude n’est connu que par au plus un promoteur sur trois. En effet, la Loi portant incitation à l’investissement privé et l’initiative du crédit-bail sont les deux initiatives les plus connus par près d’un tiers des promoteurs, suivis du PACD/PME et les CGA connus par seulement 25% des promoteurs. Enfin, la Banque des PME et la BSTP sont méconnus par plus de 80% des promoteurs interrogés. Bien que ce chiffre soit très élevé, on pourrait le comprendre dans la mesure où l’opérationnalisation des banques des PME et agricole ne sont pas encore effective. Ces résultats concordent toutefois avec ceux du BCS 2011 qui précisaient déjà que moins de la moitié des PME ont connaissance des documents d’informations et autres initiatives publiques en faveur de la promotion du secteur privé. Ceci remet en cause la portée des initiatives gouvernementales en faveur de la promotion des PME. Le Gouvernement devrait accentuer et intensifier la vulgarisation de ces différentes initiatives en mettant en exergue l’intérêt des PME, afin de susciter l’adhésion massive de ces derniers. Tableau 15 : Pourcentage des entreprises ayant connaissance de certaines initiatives du Gouvernement par région et par forme juridique PACD/PME Centre Littoral Nord Nord-Ouest Ouest 20,1 13,9 62,9 21,2 29,7 SARL SA ETS SARLU Ensemble 16,7 32,3 40,4 40,0 26,0 Crédit-bail Loi d’incitation à l’Investissement privé Région 41,7 46,8 30,8 29,2 17,1 41,4 22,7 18,2 34,7 20,0 Forme juridique 32,3 31,4 45,2 41,9 23,4 29,3 40,0 60,0 31,4 33,0 Banque des PME BSTP CGA 17,3 10,4 31,4 15,4 32,4 24,5 16,7 15,7 14,9 13,3 31,2 31,3 21,4 11,9 17,3 11,3 19,4 30,1 20,0 19,3 17,0 12,9 15,6 0,0 18,0 22,5 32,3 23,4 40,0 25,1 Source : EEICFCE, 2013 3.4.2. Connaissance de la réglementation Dans leur ensemble, un peu plus de deux entreprises sur cinq déclarent avoir connaissance des réglementations publiques régissant les activités dans leur secteur respectif. Ce résultat dénote 3 Programme d’Appui à la Création et au Développement des PME de transformation et de conservation des produits locaux de première consommation. Page | 30 de l’ampleur de l’ignorance des promoteurs sur la réglementation régissant l’activité dans leurs secteurs respectifs, ce qui les exposent au personnel véreux de l’administration. Tableau 16 : Pourcentage des entreprises ayant connaissance des réglementations publiques de leurs activités suivant la forme juridique et la région Réglementations publiques Régions Centre Littoral Nord Nord-Ouest Ouest Forme Juridique 49,6 42,6 44,3 37,9 38,7 SARL SA ETS SARLU Ensemble 45,9 58,1 34,3 80,0 43,6 Source : EEICFCE, 2013 3.5.Perception globale du climat des affaires Cette dernière section porte sur la perception du climat des affaires par les entreprises nouvellement créées. Cette perception est supposée refléter les principales contraintes rencontrées par les opérateurs dans l’exercice de leurs activités. L’enquête s’est intéressée à ces contraintes, en les comparant avec celles relevées en 2011. Il ressort que les tracasseries fiscales, la difficulté d’accès au financement et les lourdeurs administratives continuent d’être les principales contraintes auxquelles font face les opérateurs économiques. Le graphique 10 montre que 73,3% des chefs d’entreprises nouvelles trouvent l’environnement des affaires globalement risqué. Cette appréciation plus négative des nouveaux chefs d’entreprises par rapport au 68,0% issu des opinions exprimées par les entreprises en 2011, semble dénoter d’un cadre inapproprié pour la pratique des affaires, et qui tarde à s’améliorer de manière significative et perceptible. Toutefois, l’on relèvera que cette opinion largement partagé des chefs d’entreprises n’a pas freiné leurs ambitions personnelles de créer des entreprises dans un environnement qu’ils décrivent négativement. Cette perception trouverait sa source en partie dans le manque de visibilité sur la demande et les lenteurs dans l’application de certaines règlementations. Il convient de se rappeler que 52% des promoteurs ne possèdent pas de business plan, et s’engagent généralement sans véritable étude de marché, ciblant dans ce cas des opportunités ponctuelles dans les marchés publics. Page | 31 Tableau 17 : Les quinze premiers problèmes majeurs relevés par les entreprises par ordre de difficultés Problèmes Classement en 2011 er Tracasseries fiscales et para fiscales Difficulté d’accès au financement Faible taille de la demande Tracasseries et lourdeurs administratives Concurrence déloyale Difficulté d’accès aux facteurs de production Indisponibilité de l’énergie électrique Manque d’infrastructures Non respect des délais de paiement Corruption Manque de personnel qualifié Insécurité Manque de matériel technique Présence du secteur informel Difficulté d’accès aux marchés publics 1 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème 9ème 10ème 11ème 12ème 13ème 14ème 15ème Classement en 2013 1er 2ème 15ème 3ème 7ème 8ème 9ème 12ème 6ème 5ème 13ème 11ème 14ème 10ème 4ème Variation Statut quo Statut quo Amélioration Détérioration Amélioration Amélioration Amélioration Amélioration Détérioration Détérioration Amélioration Détérioration Amélioration Détérioration Détérioration Source : EEICFCE, 2013 Malgré ce pessimiste, le goût du risque est fortement partagé puisque 65,5% des promoteurs interviewés envisagent de renforcer leurs investissements au cours des prochaines années, en se fondant entre autres sur leurs propres convictions de l’existence d’une demande potentielle, sur les effets anticipés de la mise en œuvre des Grands Projets structurants, et dans une moindre mesure par mimétisme. Figure 9 : Répartition des promoteurs selon leur perception globale de l’environnement des affaires au Cameroun (en %) Pas du tout risqué Peu risqué Risqué Très risqué 0 10 20 30 40 50 Source : EEICFCE, 2013 Il ressort de ce chapitre qu’en dépit d’une satisfaction globalement exprimée par les promoteurs des services rendus par les CFCE, ils continuent de faire face à un certain nombre de difficultés dans les procédures de création d’entreprise, notamment le coût élevé Page | 32 des frais pour les actes notariés, l’asymétrie d’information sur les missions des CFCE, ainsi que le non-respect des délais de traitement des dossiers. Par ailleurs, l’analyse révèle une faible culture entrepreneuriale des promoteurs, en particulier les promoteurs d’établissements dans les branches de « commerce » et « services aux collectivités ». Il ressort également que peu d’entreprises incorporent les considérations de couverture de risque dans leurs activités. Enfin, les entreprises dans leur majorité font état d’une méconnaissance des initiatives publiques en faveur du privé, ainsi que de la réglementation régissant leurs activités. Les autres problèmes auxquelles les entreprises font face et qui avait déjà été relevés en 2011 continuent de se poser. L’on relève notamment la persistance des problèmes relatifs à l’accès au financement et aux tracasseries fiscales et parafiscales. Page | 33 Conclusion et recommandations La présente étude s’est appesantie sur une analyse de l’impact à court terme des réformes engagées ces dernières années en matière de facilitation de la création d’entreprises, notamment la mise en place des CFCE. Elle visait également à appréhender la satisfaction des usagers desdits Centres ainsi que la perception des entreprises nouvellement créées, du climat des affaires. La démarche méthodologique a consisté en : (i) une recherche documentaire à l’effet d’établir un état des lieux sur le processus de création d’entreprise avant la mise en place des CFCE; et (ii) une enquête de terrain auprès des CFCE (à travers leur coordonnateur) et des entreprises créées entre 2010 et 2012. Les résultats de l’étude révèlent que : 17 854 entreprises se sont créées à travers les CFCE depuis leur mise en place jusqu’au premier semestre 2013. L’on note que 75% de ces entreprises opèrent dans le secteur tertiaire et que 72,5% d’entre elles sont des établissements. En outre, les principaux marchés visés par les promoteurs lors de la création sont les marchés publics (44%) et la sous-traitance (22%), la propension à viser le marché extérieur étant faible (15%); Près de quarante (40) promoteurs ont démarré leurs activités avant la signature de l’attestation de création d’entreprise. Il s’agissait le plus souvent d’une migration de l’informel vers le formel, mais dans quelques cas, les promoteurs avaient exploité le fait que le récépissé de dépôt des dossiers de création permet d’exercer pendant une période de trois mois; Le délai moyen pour la création d’une entreprise est de 14 jours, soit près de cinq fois supérieur à l’objectif de 3 jours visé. Un promoteur sur quatre a attendu au moins 20 jours pour obtenir son attestation de création. Tout de même, 14% des promoteurs ont pu obtenir leur attestation de création dans les délais fixés par la réglementation; Les dépenses engagées pour la création d’une entreprise se situent en moyenne à 72 000 pour un établissement et à 400 000 pour une SARL. Pour ce dernier cas, ce coût est composé à 80% des frais versés chez le notaire. En outre, les dépenses effectuées au CFCE s’élèvent en moyenne à 50 540 pour les entreprises individuelles et à 55 750 pour les SARL. Cette dépense effectuée au CFCE inclut les frais officiels exigibles à la création d’entreprise qui s’élèvent à 41 500 et 51 500 pour les EI et les SARL respectivement. Il en résulte une dépense supplémentaire non officielle se chiffrant autour de 10 000, généralement destinée à apporter plus de célérité dans le traitement des dossiers. Il est également à relever que dans certains cas, l’obtention du titre de patente portant la mention exonérée n’est pas toujours gratuite. Selon les coordonnateurs des CFCE, les délais relativement longs de création d’entreprises s’expliquent entre autres par : L’absence de délégation de signature aux responsables du Greffes et des Impôts affectés au CFCE ; Page | 34 Les défections techniques du faisceau informatique ; La mise à mal du principe de la continuité du service public par l’absence à son poste d’un fonctionnaire devant signer un document ; L’exigence d’une descente sur le terrain pour la localisation de l’entreprise. Bien que l’objectif de 72 heures pour la création d’entreprise ne soit pas globalement atteint, la simplification des procédures consécutive à la mise en place des CFCE est positivement appréciée par les promoteurs dans la mesure où 65% d’entre eux jugent acceptables les délais de traitement de leurs dossiers. Dans le même ordre d’idées, 70% des promoteurs qui avaient eu à créer une entreprise avant la mise en place des CFCE affirment que le processus de création s’est nettement amélioré. L’analyse du profil des promoteurs d’entreprise indique que malgré un foisonnement de création d’entreprises, il y a très peu d’entrepreneurs-managers. La plupart des créateurs d’entreprises agissent encore par mimétisme ou par flair et beaucoup ont du mal à entrer dans une démarche structurée respectant les étapes de création (étude de marché, étude technique, étude financière) sont encore peu respectées. Concernant la perception globale du climat des affaires, 73,3% des chefs des nouvelles entreprises trouvent qu’il est globalement risqué. Une frange importante de ces investisseurs justifie cette perception en partie par un manque de visibilité de la demande et les lenteurs dans l’application de certaines recommandations et des règlements. Il convient de se rappeler que 52% des promoteurs ne possèdent pas de business plan, donc beaucoup s’engagent sans étude de marché, ciblant dans ce cas des opportunités ponctuelles dans les marchés publics. Malgré ce pessimiste, le goût du risque est fortement partagé puisque 65,5% des promoteurs interviewés envisagent renforcer leurs investissements au cours des prochaines années, en se fondant entre autres sur leurs propres convictions de l’existence d’une demande potentielle, sur les effets anticipés de la mise en œuvre des Grands Projets structurants, et dans une moindre mesure par mimétisme. En dépit d’une satisfaction globalement exprimée par les promoteurs quant à la mise en place des CFCE, ils continuent de faire face à un certain nombre de difficultés dans les procédures de création d’entreprises, notamment le coût élevé des frais d’obtention des actes notariés, l’asymétrie d’information sur les missions des CFCE ainsi que le non respect des délais de traitement des dossiers. En effet, la circulaire interministérielle du 30 Mai 2012 relative aux procédures devant les CFCE prévoit l’exécution de l’ensemble des formalités aux centres, permettant ainsi de réduire non seulement les délais, mais également les coûts. A la pratique, il apparait quelques difficultés dans l’application de toute les dispositions de ladite circulaire qui explique en partie les lenteurs et tracasseries relevées, notamment (i) la non délégation de signature aux agents des impôts, du greffe et la CNPS relavant des CFCE, qui les obligent très souvent à faire des allez et retour entre le CFCE et leur administrations de tutelle ; (ii) l’inexistence des machines devant servir à l’établissement des cartes de contribuables. Au regard des constats ci-dessus, l’étude suggère les recommandations suivantes : A court terme : Page | 35 prendre des dispositions pour faire appliquer la circulaire inter ministérielle du N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012, en ce qui concerne la délégation de signature aux responsables des Impôts et du Greffe présents au CFCE; mettre en œuvre des actions de sensibilisation des promoteurs et en particulier les commerçants et les propriétaires d’immeubles afin de les inciter à souscrire des polices d’assurances pour sécuriser leurs bâtiments et stocks de marchandises; intensifier la vulgarisation des différentes initiatives gouvernementales en faveur de la promotion du secteur privé; diffuser le manuel de procédures des CFCE; inviter la chambre des notaires à examiner la possibilité de l’application du point de la circulaire N° 001/MINJUSTICE/MINPMEESA/MINFI du 30 mai 2012, relatif à l’accomplissement en 48 heures des procédures chez le notaire; A moyen terme : rationnaliser et informatiser les procédures dans les CFCE, par la mise en œuvre du projet e-Registration; rendre opérationnelle l’Agence de Promotion des PME en vue de l’institutionnalisation des CFCE; améliorer le cadre de protection des actionnaires des entreprises sociétaires afin d’inciter les petits promoteurs à se mettre ensemble ; ce qui pourrait permettre d’accroître le nombre d’entreprises sociétaires au détriment des entreprises individuelles qui aujourd’hui représentent trois quart des entreprises créées; rendre les CFCE comme seuls cadres de création d’entreprise pour les zones où ils existent déjà ; on instruirait à cet effet toutes les entités impliquées à s’opposer à toute procédure hors CFCE; combler dans les CFCE le déficit en terme d’appareillage servant à l’établissement des cartes de contribuable, qui en ce moment sont exclusivement logés dans les centres régionaux des impôts; examiner la possibilité du recours facultatif à un notaire pour l’établissement des actes notariés dans le cadre du processus de création d’entreprise; susciter la création d’un partenariat entre les CFCE et la chambre des notaires; améliorer le dispositif statistique relatif au suivi des entreprises créées ; accélérer la mise en œuvre des projets à impact directs sur les activités des entreprises. Page | 36 Références bibliographiques Etude relative à la simplification de la procédure, des délais et des coûts de création d’entreprise au Cameroun ; International Finance Corporation/Cameroon Business Forum, 2009. Guide de l’usager des Centres de Formalités de Création des Entreprises (CFCE), MINEPAT/PASAPE, mai 2010. Instruction N°004/CAB/PM/ du 25 mai 2012 relative aux formalités administratives de création d’entreprises au Cameroun. The Study on Formulation of Master Plan for Small and Medium-sized Enterprises Development in Republic of Cameroon, final report, Japan international cooperation agency January 2009. . Page | 37 Annexes Textes juridiques et réglementaires d‘exercice des activités d’entreprise au Cameroun Les textes législatifs Il s’agit pour l’essentiel de : la loi n090/031 du 10 août 1990 régissant l’exercice de l’activité commerciale au Cameroun ; la loi n°2001/014 du 23 juillet 2001 relative à l’activité semencière et ses textes d’application ; la loi 98/015 du 14 juillet 1998 relative aux Etablissements classés dangereux, insalubres ou incommodes ; la loi n°90/052 du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la Communication sociale, modifiée et complétée par la loi n°96/04 du 4 janvier 1996 ; la loi n°2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun ; la loi n°92/006 du 14 août1992 relative aux Sociétés Coopératives et aux Groupes d’Initiatives Communes ; la loi n°2001/020 du 18 décembre 2001 portant organisation de la profession d’Agent Immobilier ; la loi n°93/015 du 22 décembre 1993 relative aux Groupements d’Intérêt Economique ; la loi n°96/006 du 14 avril 1998 relative à l’Activité Touristique ; la loi n°97/003 du 10 janvier 1997 relative à la Promotion Immobilière ; la loi n°97/021 du 10 septembre 1997 relative aux Activités de Gardiennage. Les textes règlementaires (non exhaustifs) le Décret n°99/818/PM du 09 novembre 1999 fixant les modalités d’implantation d’Etablissements classés dangereux, insalubres ou incommodes ; le Décret n°95/266 du 20 juillet 1995 portant obtention d’un permis de chasse par les personnes physiques ; le Décret n°75/527 du 16 juillet 1975 portant réglementation des Etablissements d’exploitation en matière d’élevage et des industries animales ; le Décret n°76/420 du 14 septembre 1976 portant règlement de l’élevage, de la circulation et de l’exploitation du bétail ; le Décret n°2000/158 du 03 avril 2000 fixant les conditions et les modalités de création et d’exploitation des entreprises privées de communication audiovisuelle ; le Décret n°2002/2174/PM du 19 décembre 2002 portant constitution du dossier de demande d’agrément à la profession postale ; le Décret n°90/1465 du 09 novembre 1990 fixant l’organisation et le fonctionnement des laboratoires d’analyses médicales privées ; le Décret n°92/252/PM du 06 juillet portant constitution du dossier de demande d’autorisation de création d’une formation sanitaire privée ; le Décret n°2006/0762/Pm du 9 juin 2006 modifiant et complétant certaines dispositions du Décret n°92/455/PM du 23 novembre 1992 fixant les modalités d’application de la loi n°92/006 du 14 août1992 relative aux Sociétés Coopératives et aux Groupes d’Initiatives Communes ; le Décret n°2005/1212/PM du 27 avril 2005 réglementant le conditionnement et la commercialisation des fèves de cacao ; le Décret n°99/443/PM du 25 mars 1999 fixant les modalités d’application de la loi sur l’activité touristique ; le Décret n°2007/1419/PM du 02 novembre 2007 fixant les conditions d’application de la loi N°97/003 du 10 janvier 1997 relative à la promotion immobilière ; Page | 38 le Décret n°2007/1138/PM du 03 septembre 2007 fixant les modalités d’application de la loi n°2001/020 du 18 décembre 2001 portant organisation de la profession d’Agent Immobilier, le Décret n°77/495 du 07 décembre 19977 fixant les conditions de création et de fonctionnement des œuvres sociales privées ; l’Arrêté conjoint n°380/MINADER/MINCOMMERCE du 7 août 2006 fixant Cahier de charges de Production, d’Importation et de Commercialisation des Semences ; l’Arrêté n°02/MINMEE/DMG/SDAMIC du 04 janvier 1999 portant Nomenclature des Etablissements classés Dangereux, Insalubres ou Incommodes ; l’Arrêté n°01/0096/MINESUP du 07 décembre 2001 fixant les conditions de création et de fonctionnement des institutions privées d’enseignement supérieur ; l’Arrêté n°061/CAB/MINEE du 30 janvier 2006 fixant la composition des dossiers et les frais d’instruction des demandes de concession, de licence, d’autorisation et de déclaration en vue de l’exercice des activités de production de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente d’énergie électrique ; l’Arrêté n°0000189/MINT du 16 février 2006 fixant les conditions et les modalités d’exploitation à titre onéreux du service de transport inter urbain de voyageur par autocar ou autobus de onze (11) places assises au moins ; l’Arrêté n°0000185/MINT du 16 février 2006 fixant les conditions et les modalités d’exercice de la profession de gestionnaire des voyages dans les terminaux de transport urbain et/ou inter urbain ; le Manuel des procédures et des normes de gestion des forêts communautaires (MINEF, 1998). Page | 39 Figure: Répartition des entreprises créées dans les CFCE suivant la branche d’activité (%) Commerce de gros et de détail 28,2 Autres services fournis à la collectivité 16,6 Activités de services aux entreprises 14,0 Construction 10,3 Transport, entreposage et communication 5,1 Postes et télécommunications/TIC 4,3 Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière 4,1 Autres industries manufacturières 3,9 Papeterie/Imprimerie 2,4 Restaurants et hôtels 2,0 Industries agroalimentaires 2,0 Santé et action sociale 1,6 Industries extractives 1,4 Eau et énergie 1,0 Sécurité 1,0 Activités financières ,8 Education ,6 0 5 10 15 20 25 30 Source : à partir des données des CFCE Tableau 18: Délais de création d’entreprise au CFCE de Douala suivant la forme juridique Délais Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Forme juridique SARL 13 12 5 17 Ets 16 14 7 18 SA 12 7 4 14 Ensemble 14,0 11,0 5,0 20,0 Source : EEICFCE, 2013 Tableau 19: Délais entre création de l’entreprise et démarrage des activités suivant la forme juridique Délais Délais positifs Délais négatifs Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Ets 38 22 5 44 441 69 269 9 Forme juridique SARL 97 26 8 153 103 9 60 4 SA 194 140 8 337 37 28 9 45 Ensemble 80 25 7 87 295 30 102 7 Source : EEICFCE, 2013 Page | 40 Tableau 20: Frais versés au notaire suivant la région (en F CFA) Forme juridique SARL Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Centre 326 000 300 000 300 000 350 000 Littoral 366 300 350 000 300 000 375 500 Région Nord-Ouest 102 500 100 000 100 000 100 000 Ouest 270 800 260 500 250 000 300 000 Nord 150 000 150 000 150 000 150 000 Ensemble 330 400 300 000 286 500 350 000 Source : EEICFCE, 2013 Tableau 21: Frais versés au CFCE suivant la région et la forme juridique (en F CFA) Forme juridique EI SARL Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Moyenne Médiane 1er quartile 3e quartile Centre 47 250 45 750 41 500 51 250 53 690 51 500 51 500 51 500 Littoral 48 125 47 500 41 500 55 375 53 725 51 500 51 500 51 500 Région Nord-Ouest 71 125 71 000 67 750 74 625 67 635 66 750 61 225 74 125 Ouest 55 390 53 500 53 500 53 500 53 857 53 500 51 500 53 500 Nord 46 650 46 000 43 500 48 000 53 000 53 000 53 000 53 000 Ensemble 50 500 53 000 43 500 53 500 55 625 51 500 51 500 60 000 Source : EEICFCE, 2013 Page | 41