Metz : tous ensemble avec Michel

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Metz : tous ensemble avec Michel
Metz : tous ensemble avec Michel
Chaque jour, Michel, barbe blanche au vent, sillonne Metz pour distribuer du pain aux
nécessiteux. Son histoire a touché les boxeurs d’un club de la ville, une vedette de TF1, des
apprentis et la fée des vélos, Marianne Walas.
Un nouveau défi pour Michel : apprendre à piloter un vélo électrique. Photo Marc WIRTZ
Il est devenu une star à Metz, les gamins l’applaudissent lorsqu’il passe dans leur quartier.
Michel Fuhrmann a 74 ans. Il parcourt chaque jour plus de vingt-cinq kilomètres à vélo pour
aller d’abord collecter du pain dans les boulangeries, puis le distribuer à des demandeurs
d’asile, des chômeurs en galère.
Ses armes pour lutter contre la misère : un vieux vélo et une charrette bricolée. Son histoire,
relayée par le documentariste messin Azzedine Brahimi, a touché le Fight Club de Metz
Borny. Les boxeurs ont collecté des fonds pour lui offrir un vélo électrique. Un compte de
financement participatif a été ouvert, et la Horda, le club de supporter du FC Metz, a fait
passer le chapeau dans les tribunes pendant un match. Marianne Walas, commerçante
connue à Metz pour ses actions généreuses, a choisi un bon vélo Peugeot dans son stock
qu’elle a cédé à un prix imbattable.
Les lutins métallurgistes
Très bien. Mais Michel n’est pas là pour faire le tour de France. Il a besoin d’une remorque
pour assurer sa distribution. Alors, le Fight Club de Borny a eu la bonne idée de contacter le
centre lorrain de formation des apprentis de l’industrie.
Les élèves de différents ateliers pédagogiques de la région, emballés par ce drôle de père
Noël, ont bossé dur pour concevoir et réaliser la remorque en deux semaines.
Elle a été dessinée à Thaon-les-Vosges, validée à Maxéville, mise sur plan et découpée à
Faulquemont et au final assemblée à Henriville.
Avec Marc-Emmanuel
Les cadeaux ont été remis au cours d’une soirée organisée au pied du ring de Borny. Michel
est arrivé sur sa vieille bicyclette, éberlué, roulant sur un tapis rouge, ovationné par une haie
d’honneur.
Sur le podium l’attendait un invité surprise, Marc-Emmanuel, animateur de l’émission Tous
Ensemble sur TF1. Cette fois, au lieu de réunir des volontaires pour bâtir une maison à une
famille mal logée, il est simplement venu rendre hommage à l’action solidaire. Et la célébrité
a salué la discrétion.
Quelques-uns des apprentis métallurgistes étaient là, parmi les jeunes sportifs du quartier,
des amis de la paroisse qui met un local à disposition de Michel, ainsi qu’un assureur venu
offrir un contrat. Et, bien entendu, quelques élus, heureux de participer à ce beau moment.
Michel, ancien ingénieur au caractère bien trempé, s’est éloigné des associations caritatives.
Il circule cependant de l’une à l’autre, en électron libre, incapable de se soumettre aux
procédures et aux hiérarchies.
« Sinon, on va mourir comme des cons »
Lui, il apporte quelques denrées à ceux qui ont faim, parfois une couverture, un coup de
tournevis ou le décodage d’un formulaire administratif.
Il offre son épaule à ceux qui pleurent, ses conseils à ceux qui le demandent, et un coup de
gueule à ceux qui l’énervent. Il demande quelques euros à ceux qui peuvent, par principe,
parce que « si c’est gratuit, c’est foutu, on n’a plus le respect ».
En découvrant le vélo tout neuf, il s’est exclamé : « Ah ! Il est beau, merci à tous ». Et a
ajouté illico : « Ce qu’il faudrait, c’est des gens qui viennent avec moi, que ça fasse tache
d’huile. Parce que si on n’est pas solidaires, on va mourir comme des cons. »
Le Républicain Lorrain du 14/01/2016, par C. B.