Le lien s`ouvre dans une nouvelle fenêtre•Mauvais choix professionnel

Transcription

Le lien s`ouvre dans une nouvelle fenêtre•Mauvais choix professionnel
Mauvais choix professionnel
«Communiquer franchement
et suffisamment tôt»
Lorsqu’un jeune est dépassé au
cours des activités pratiques ou pendant l’enseignement professionnel,
il se peut qu’il n’ait pas choisi le
métier qui lui convient. Bernhard
Witschi, conseiller en formation de
l’OSP à Berne, nous explique ce que
les entreprises formatrices devraient
faire quand elles sont confrontées
à une telle situation.
INTERVIEW ET PHOTO: ROLF MARTI
Au moment de choisir leur métier, les
jeunes bénéficient d’un accompagnement rapproché de la part de l’école
et des services d’orientation professionnelle. Et pourtant, il arrive que certains
d’entre eux fassent le mauvais choix.
Qu’est-ce qui va de travers?
B. W.: Il existe plusieurs raisons à cela.
Les plus courantes sont une fausse image
du métier désiré, des choix trop peu fondés et des décisions prises en urgence.
Dans le premier cas, les jeunes imaginent
le métier différemment de ce qu’il est
vraiment, l’idéalisent et font l’impasse sur
certaines réalités. Dans le deuxième cas,
ils font trop peu de recherches avant de
prendre une décision. Et dans le dernier
cas, ils doivent choisir vite et acceptent la
première place d’apprentissage venue.
Visiblement, ces jeunes réussissent
le test d’aptitude et font bonne impression lors du stage d’information professionnelle. Comment se fait-il que ces
instruments de sélection ne fonctionnent
pas?
B. W.: Le test d’aptitude est l’une des
nombreuses pièces du puzzle que constitue la procédure de sélection. Si l’on ne se
base que sur ce test, on peut facilement
se tromper. Quant au stage d’information
professionnelle, il permet de déterminer
si le candidat ou la candidate remplit les
conditions pratiques pour le métier et le
quotidien dans l’entreprise. Mais cela ne
fonctionne que si cette dernière montre
une image réaliste du travail: si l’entreprise ne montre que les côtés positifs, elle
risque d’en subir les conséquences.
A quoi une entreprise formatrice voit-elle
qu’un apprenti ou une apprentie s’est
trompé de métier?
B. W.: On est en droit de se poser des
questions lorsque le travail ne correspond
pas aux attentes sur les plans qualitatif et
quantitatif. Les personnes concernées ont
du mal à comprendre ce qu’on leur demande, à structurer leur travail, à assimiler les processus. Il est aussi possible de
déceler des signes dans le dossier de formation et dans les notes obtenues à l’école professionnelle. Typiquement, les
jeunes qui ont choisi un métier ne leur
correspondant pas obtiennent des notes
de branches professionnelles insuffisantes alors qu’ils sont performants dans
les disciplines de culture générale.
Que doit faire l’entreprise formatrice
dans une telle situation?
B. W.: Le plus important est de communiquer franchement et suffisamment tôt.
Les doutes doivent être mis sur la table au
plus tard après l’envoi du premier bulletin
de notes afin que le ou la jeune puisse se
réorienter rapidement. Le ton doit tout de
même être encourageant. En effet, ces
jeunes ne sont pas des incapables, ils
sont «seulement» au mauvais endroit. Il
serait judicieux d’inviter les parents et
éventuellement l’enseignant ou l’enseignante de branche à l’entretien.
Et que se passe-t-il si les personnes
concernées et les parents ne partagent
pas l’avis de l’entreprise formatrice?
B. W.: L’entreprise doit pouvoir motiver
ses critiques car c’est finalement bien
d’une résiliation du contrat d’apprentissage dont on parle. Son argumentation
doit aussi s’appuyer sur un suivi écrit de
l’évolution de la formation, sur des rapports de formation et des rapports CIE
ainsi que sur les notes obtenues. Si l’appréciation de l’entreprise est néanmoins
mise en doute, il est recommandé de procéder à un bilan dans une autre entreprise formatrice. S’il existe des conflits insurmontables, il est conseillé de recourir
à un service de conseil en formation de
l’OSP.
L’entreprise formatrice a-t-elle le droit
de résilier unilatéralement le contrat
d’apprentissage?
B. W.: Oui, si elle montre, de façon crédible, que les conditions nécessaires à
une réussite de la formation ne sont pas
réunies.
De quelle façon l’entreprise formatrice
peut-elle rendre moins difficile la
résiliation du contrat d’apprentissage?
B. W.: Elle peut encore garder le ou la jeune concernée pour un moment. Il est plus
facile de se réorienter lorsqu’on n’est pas
confronté au vide. Il faut laisser à l’apprenti ou l’apprentie le temps d’étudier la
question de son orientation avec un service d’orientation professionnelle, d’effectuer des stages d’information professionnelle et de postuler pour d’autres apprentissages. L’entreprise peut aussi ouvrir
certaines portes aux jeunes: elle connaît
aussi leurs forces et peut les recommander, ce qui est généralement d’une grande
aide.
La boîte info
Pour obtenir plus d’informations
sur la résiliation de contrats
d’apprentissage, rendez-vous sur
www.lexique.formationprof.ch
(recherche par mots-clés)
Pour contacter le service de
conseil en formation (section
francophone de l’OSP, à Tramelan):
032 486 07 90
4/2013
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