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News 02 - Mars 2016 SOMMAIRE : Cosmétiques : record pour les exportations françaises en 2015 (Boursorama, 16 mars 2016) Cosmétiques : vers la fin des tests sur les animaux ? (Le Monde, 15 mars 2016) Beauté éthique: comment les marques s'engagent-elles pour la planète? (L’Express, 17 mars 2016) Parfumerie-cosmétique / International : la Cosmetic Valley s’affirme comme une vitrine de la filière à l’export (Le Moci, 16 mars 2016) Russie : L'OREAL veut doubler ses capacités de production (Le Figaro, 16 mars 2016) L’OREAL Luxe lance son site d’e-commerce Ma Beauté Luxe (LSA, 17 mars 2016) PB Cosmetics développe son réseau de magasins physiques (LSA, 17 mars 2016) Cosmétiques : record pour les exportations françaises en 2015 (Boursorama, 16 mars 2016) Les exportations françaises de cosmétiques ont atteint un niveau record en 2015, portées par les effets de changes positifs liés à la hausse du dollar face à l'euro et par une forte dynamique à destination du Moyen Orient. Les ventes à l'export des crèmes de soin, parfums et maquillage fabriqués en France ont atteint 11,8 milliards d'euros l'an dernier, contre 11,3 milliards en 2014, selon les chiffres publiés mercredi par la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) sur la base des données douanières. La balance commerciale du secteur a elle aussi atteint un niveau record de plus de 9,0 milliards d'euros. Tiré par les grandes marques des groupes LVMH LVMH.PA (Dior), L'Oréal OREP.PA (Lancôme) ou Chanel, la cosmétique française conforte sa position de troisième poste excédentaire de la balance commerciale française, derrière l'aéronautique et les vins et spiritueux. Les exportations à destination de l'Union européenne, premier débouché (49%) du secteur, ont augmenté de 5,8% l'an dernier et ont grimpé de 15% à destination des Etats-Unis, deuxième marché des cosmétiques français, pour atteindre 1,1 milliard d'euros, grâce à la hausse du dollar. Elles ont également décollé à destination des Emirats arabes unis, avec une hausse de 15% à 420millions d'euros. A l'inverse, la tendance a ralenti vers l'Asie (16,2% des exportations), où les ventes à destination de la Chine ontlimité leur hausse à 8%, après une augmentation de 16,5% en 2014, pour cause de ralentissement économique et de moindre consommation locale. A l'inverse, les importations françaises de produits cosmétiques en provenance de Chine, du Japon ou de Corée du Sud ont nettement augmenté. Des marques chinoises comme Herborist, qui mettent en avant la pharmacopée traditionnelle, ou la coréenne Erborian séduisent les consommatrices avec un marketing très ciblé. "De nouvelles marques arrivent en France. Elles sont très qualitatives, avec un packaging haut de gamme, et rencontrent un certain succès", déclare à Reuters Virginie d'Enfert, directrice des affaires économiques de la Febea. Si la balance commerciale avec la Chine reste largement positive (420 millions d'exportations pour 86 millions d'importations), "il y là une tendance et ces marques peuvent devenir, demain, des acteurs importants du marché", ajoute-t-elle. Les crèmes de soin sont restées, de loin, les produits les plus exportés (42,5%) en 2015, devant les parfums (33%) et le maquillage (24,5%) qui a connu cependant les plus forts taux de croissance. Portées par le tout visuel et la mise en scène de soi véhiculés par les réseaux sociaux, les exportations de rouges à lèvres ont grimpé de 17%, celle des fards à yeux de 10% et celles des poudres de 12%. Les ventes du secteur réalisées en France étaient quant à elles estimées, en 2015, aux environs de 12 milliards d'euros. Cosmétiques : vers la fin des tests sur les animaux ? (Le Monde, 15 mars 2016) Face au rejet de ces pratiques par les consommateurs et à des législations de plus en plus fermes, les marques trouvent des alternatives aux expériences sur les animaux. Certains fabricants de cosmétiques utilisent toujours des animaux pour tester leurs produits avant leur commercialisation. Selon une étude réalisée en 2016 par l’association de défense des animaux Peta, plus de 250 marques de cosmétiques — notamment Avon, Neutrogena, Guerlain, L’Occitane, MAC Cosmetics, Vidal Sassoon et Mary Kay — ont encore recours à ces pratiques. Selon, la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, 27 000 animaux sont utilisés pour ces tests chaque année. Ces expérimentations sont parfois cruelles. Il arrive que des produits chimiques soient versés dans les yeux des lapins ou appliqués sur leur peau rasée. Des souris et des cobayes sont utilisés pour déterminer les pathologies susceptibles d’être créées par une substance — un processus qui peut nécessiter un gavage forcé, une exposition cutanée ou des inhalations. La législation européenne fait boule de neige Mais les choses sont en train de changer. En 2013, l’Union européenne, qui représente le plus grand marché au monde des cosmétiques et des soins, a été l’une des premières régions du monde à interdire les tests sur les animaux pour cette industrie. L’Inde, Israël, et la Norvège ont fait de même l’année suivante. Et l’an dernier, laNouvelle-Zélande, l’Argentine, la Turquie, l’Etat de São Paulo, la Russie, la Corée du Sud, le Canada et Taïwan ont instauré de nouvelles lois et fait des propositions visant à bannir ces pratiques. « On observe un effet boule de neige depuis la décision de l’UE qui a fait comprendre aux législateurs du monde entier qu’il leur fallait également changer, note le docteur Nick Palmer, directeur des campagnes chez Cruelty Free International, une organisation qui prône l’interdiction de ces expériences. Plus il y a de pays qui mettent fin aux tests sur les animaux, plus la pression s’accroît sur ceux qui sont à la traîne dans ce domaine, d’autant que les entreprises qui effectuent encore ces tests devront se confronter aux interdictions de commercialisation dans l’Union Européenne. » « Alors que la plupart des grands marchés de la cosmétique ont adopté une nouvelle législation ou sont en train d’en débattre, la demande des consommateurs et la volonté politique ne font que s’accroître », ajoute Claire Mansfield, directrice de campagne chez Humane Society International (HSI). Une étude de Nielsen réalisée auprès de 1 000 personnes montre que la mention « non testé sur les animaux » est l’argument numéro un pour les acheteurs de produits de beauté, 57 % des participants préférant cette information aux autres arguments de vente. Par ailleurs, 43 % des participants se disent prêts à dépenser plus d’argent pour les produits qui ne sont pas testés sur les animaux. « Ces résultats devraient envoyer un message fort à l’industrie de la cosmétique et aux législateurs », estime James Russo, vice président et analyste consommateur chez Nielsen. Pour les consommateurs préoccupés par ces questions, il est désormais plus facile d’identifier les produits de beauté non testés sur les animaux, grâce à des initiatives comme le programme de certification Leaping Bunny lancé par Cruelty Free International. Grâce à ce label, les marques qui n’ont pas recours à ces expériences peuvent afficher un logo en forme de lapin (Leaping Bunny) sur leurs produits pour attester de leur certification — une pratique de plus en plus prisée par des marques comme Burt’s Bees ou Marks & Spencer. Qui plus est, aujourd’hui, il existe beaucoup d’alternatives pour éviter ces pratiques. Selon Chris Flower, directeur général de la CTPA (l’association britannique des parfums, cosmétiques et produits de toilette), plus de 200 méthodes alternatives à la recherche animale ont été développées et validées par l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement économiques). Parmi elles figurent notamment le microdosage (des êtres humains reçoivent de très faibles quantités d’une substance pour identifier ses effets sur le corps au niveau cellulaire), les techniques d’imagerie non invasives — comme les IRM et les rayons X — et les simulations sur ordinateur. Les tests in vitro — grâce à des modèles basés sur les cellules humaines et la culture cellulaire — sont aussi de plus en plus prisés. « Le marché mondial des tests in vitro devrait peser 9,9 milliards de dollars [8,9 milliards d’euros] d’ici 2017 et cette croissance est directement liée aux nouvelles législations mises en place en Europe », explique Claire Mansfield. Le développement de la peau artificielle Une autre méthode alternative à la recherche animale consiste à se servir d’une structure semblable à l’épiderme humain afin de mesurer l’irritation de la peau provoquée par les produits chimiques présents dans les cosmétiques. Le Groupe L’Oréal (avec ses marques L’Oréal Paris, Garnier, Maybelline et Lancôme), qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, mène depuis plusieurs années des recherches sur la création de peau artificielle pour tester ses produits. Le géant français de la cosmétique possède un grand laboratoire à Lyon, où est fabriqué l’EpiSkin, un modèle d’épithélium humain reconstruit à partir de cellules cutanées incubées issues de résidus opératoires. L’an dernier, L’Oréal s’est associé au fabricant de bio ingénierie tissulaire Organovo qui imprime des tissus humains en 3D afin de pouvoir tester ses produits sans avoirrecours à des personnes volontaires ou à des animaux. Certains experts prédisent que l’industrie de bio impression en 3D pourrait peser 1 milliard de dollars (890 millions d’euros) d’ici 2020. « Nous avons toujours évité d’utiliser de nouveaux produits ou de nouveaux composants chimiques. Pour nous, c’est important que l’ensemble de notre démarche soit respectueuse du bien-être animal. » Hilary Jones, de Lush Il est aussi possible pour les fabricants de cosmétiques de garantir que leurs produits sont inoffensifs pour l’homme en utilisant simplement des ingrédients traditionnels. « Nous avons toujours évité d’utiliser de nouveaux produits ou de nouveaux composants chimiques, assure Hilary Jones, responsable éthique pour la marque anglaise de cosmétiques Lush. Pour nous, il est important que l’ensemble de notre démarche soit respectueuse du bien-être animal. » Mais, pour les industriels, se passer des tests sur les animaux n’est pas chose aisée. « Cela a des conséquences significatives dans notre chaîne de production : quand nous achetons nos ingrédients, nous exigeons de recevoir des déclarations signées de nos fournisseurs qui confirment que les matériaux utilisés n’ont pas fait l’objet de tests sur les animaux, explique Christopher Davis, directeur international de la recherche pour The Body Shop, une marque qui refuse les tests sur les animaux. Cela complique nos processus, mais notre entreprise est basée sur cette philosophie depuis des décennies. » Des tests obligatoires en Chine La situation est particulièrement préoccupante en Chine, où les ventes de cosmétiques représentent 26 milliards de dollars (23 milliards d’euros) chaque année et devraient encore croître de 8 % par an d’ici 2017, ce qui en fait le troisième plus gros marché au monde, selon le cabinet d’études Euromonitor. En Chine, en effet, les tests sur les animaux sont non seulement autorisés, mais pour certains produits cosmétiques, ils sont même obligatoires. « Le gouvernement chinois exige que des tests sur les animaux soient réalisés pour les produits importés, ce qui va à l’encontre de la démarche de certaines entreprises », souligne Chris Flower. De ce fait, des entreprises exportant en Chine peuvent devenir « complices » de la recherche animale, même si leurs produits ne sont pas testés sur les animaux. « Des marques de cosmétiques comme Estée Lauder et Clarins affichent la politique de leur entreprise sur leur site Internet, affirmant qu’elles ne réalisent de tests sur les animaux nulle part dans le monde — sauf lorsque cela est exigé dans la loi. Pourtant, ces entreprises vendent leurs produits en Chine où les animaux peuvent être tués pour une ombre à paupière ou un rouge à lèvres », s’indigne Mimi Bekhechi, directrice de la Peta en Grande-Bretagne. L’Occitane, Yves Rocher ou encore Caudalie font partie des grandes marques qui se sont vues retirer le logo Leaping Bunny pour cette raison. En juin 2014, la Chine a assoupli sa législation. Les tests animaux sont désormais obligatoires pour quelques produits seulement, par exemple les colorations pour cheveux, les traitements lisseurs, les déodorants et les crèmes solaires. Mais ce changement ne touche que les entreprises qui fabriquent leurs produits dans le pays. Les entreprises qui font fabriquer à l’étranger doivent encore tester sur les animaux. (Curieusement, aucune exigence de tests sur les animaux n’est imposée aux cosmétiques achetés sur les sites e-commerce étrangers et livrés en Chine). Récemment, la Chine s’est lancée dans la recherche de méthodes alternatives aux tests sur les animaux en cosmétique, avec l’aide de scientifiques britanniques — une coopération croissante entre les deux pays, suite à l’accord signé entre le premier ministre britannique David Cameron et le président chinois, Xi Jinping, lors d’une visite d’Etat en Grande-Bretagne en octobre 2015. Le Japon poussé à changer Le Japon est un autre marché qui pose problème. Même si la loi japonaise n’exige pas de tests sur les animaux pour les cosmétiques, elle ne les interdit pas non plus. Cela est dû en partie, selon Claire Manfield, à des questions de convention : « Les choses ont toujours été faites ainsi. La recherche animale est une méthode connue, même si c’est un système imparfait. » Le docteur Hajime Kojima, qui dirige le Centre japonais pour la validation de méthodes alternatives, est persuadé que les choses sont en train de changer. « Pour être honnête, beaucoup d’entreprises ne s’attendaient pas à ce que les interdictions européennes en matière de tests sur les animaux soient aussi vite appliquées. Pourtant, c’est ce qui s’est passé et le Japon est en train d’entrer à son tour dans cette nouvelle ère. » « Si l’on est réaliste, on ne peut pas s’attendre à ce que l’industrie tout entière change d’un seul coup, reconnaît Nick Palmer. Les pays sont actuellement dans une phase intermédiaire et laissent quelques années aux entreprises pour changer leurs méthodes de tests. Mais la tendance est visible et il est clair qu’à l’avenir, il sera très difficile pour une entreprise de cosmétiques d’avoir encore recours aux tests sur les animaux. » « Personne ne veut être identifié comme la dernière grande marque de cosmétiques qui pense encore que la souffrance animale est légitime, poursuit-il. Finalement, on espère que cela deviendra une méthode désuète qu’aucune entreprise sérieuse ne jugera appropriée. » Beauté éthique: comment les marques s'engagent-elles pour la planète? (L’Express, 17 mars 2016) Le plus gros défi de nos sociétés modernes? Continuer à consommer et à se faire plaisir sans ruiner notre planète. En la matière, l'univers de la beauté pourrait bien être l'exemple à suivre. Demain, le documentaire écolo de Mélanie Laurent et Cyril Dion, a reçu le César du meilleur documentaire et dépassé les 500.000 entrées au cinéma. Leur parti pris? Ne pas être alarmiste mais valoriser des initiatives crédibles et réussies en faveur du développement durable, quelle que soit leur ampleur. C'est la légende du colibri qui, lors de l'incendie de la forêt, et alors que tous les animaux restent terrifiés sans bouger, va chercher des gouttes d'eau avec son bec pour les jeter sur le feu: "Je fais ma part", répète-t-il. Faire sa part, c'est ce qui a guidé Laurent Boillot, PDG de Guerlain, à créer la marque Cha Ling. "Elle est née d'un rêve écolo, celui de préserver une partie des forêts de théiers du Yunnan, en Chine. Même si on est petit, même si tout n'est pas parfait, le développement durable a été notre fil rouge", explique Elodie Sebag, directrice générale. Formules allégées en composants, packagings écoconçus, rituels de soin recentrés sur l'essentiel, mais aussi partenariats lancés sur dix ans avec des producteurs de thé et projet de "tea garden" de 20 hectares... Parée de cette vision écolo-luxe, la marque crée l'événement. Pourtant, on le sait peu, mais le secteur de la beauté, souvent accusé d'être vain et superficiel, ne s'est pas tourné les pouces ces dernières années. Protéger la biodiversité Précurseur de la beauté éthique, Clarins a amorcé le tournant environnemental dès le milieu des années 1980. "On s'est rendu compte des erreurs écologiques de la monoculture. Mais aussi que les actifs issus de plantes cultivées dans le respect de la biodiversité étaient bien plus puissants", se souvient Christian Courtin- Clarins, président du conseil de surveillance du groupe Clarins. Les premiers engagements suivent: formation de paysans brésiliens à une agriculture non destructrice, achat de terrains dans les Alpes pour protéger la biodiversité... Autre acteur historique, Yves Rocher a également beaucoup oeuvré pour la nature et le développement de filières écologiques et éthiques d'actifs. L'origine familiale et naturelle des marques semble avoir été le moteur de cette conscience écologique précoce. C'est également le cas pour Pierre Fabre, qui cumule les initiatives vertueuses. Un exemple: l'extrait de datte utilisé dans la gamme au dattier de Klorane est issu d'arbres plantés dans le cadre du projet de la Grande Muraille verte en Afrique, création d'une ceinture végétale de 7 000 kilomètres anti-désertification, allant de Dakar à Djibouti. Localement, dans la région de Toulouse, les champs ultra-clean du groupe ont attiré les apiculteurs qui ont installé pas moins de 40 ruches. Les abeilles, véritables indicateurs de santé du milieu naturel, mobilisent aussi Guerlain, qui a créé un mécénat développement durable avec l'association Conservatoire de l'abeille noire bretonne de l'île d'Ouessant. Une marque comme Caudalie est, quant à elle, membre de "1% pour la planète", reversant 1 % de son chiffre d'affaires mondial à des associations investies dans la protection de l'environnement. Elle est aujourd'hui le plus gros donateur en Europe. En France, il s'agit du groupe Léa Nature, qui fabrique, notamment, les produitsLift'Argan, Natessance ou encore So'Bio Etic. Réduire les emballages Gros consommateurs d'emballages, les labos ont également dû revoir leurs habitudes, poussant leurs fournisseurs à innover. Papiers et cartons issus de bois de forêts gérées de façon responsable, absence de surpackagings, encres végétales, pots recyclables et rechargeables sont autant de stratégies adoptées. "Lorsque la cliente achète sa première recharge, on a 30 % d'empreinte environnementale en moins, à la deuxième, on atteint 50%", précise Edouard Mauvais-Jarvis, directeur de l'environnement et de la communication scientifique Dior. Sans le crier sur les toits, la marque a mis en place depuis belle lurette un système de pots rechargeables pour ses gammes Capture Totale et Dior Prestige. Clarins et Cha Ling ont, pour leur part, réduit le poids des pots en verre, ainsi que leur volume, afin d'optimiser la logistique des transports. Et réduire les transports, c'est réduire le bilan carbone: chaque étape de la production compte! En parallèle, les usines changent progressivement de visage: éclairage LED, meilleures isolations, recyclage de l'eau et des déchets, recours à la chimie verte, chaudières à biomasse... Tout concourt à diminuer les dépenses d'eau et d'énergie. Bannir les ingrédients polluants Les formules sont, elles aussi, "challengées". Comment rester attrayant en bannissant, par exemple, les huiles minérales ou les silicones? Ces ingrédients issus de la pétrochimie sont en effet polluants, mais source d'une grande sensorialité. "Ce sont des enjeux techniques énormes, d'autant qu'en période de crise la cosmétique est une valeur plaisir refuge pour le consommateur", indique Séverine RoulletFurnemont, directrice du développement durable Pierre Fabre, qui a quasiment éliminé tous les silicones de ses marques. A force de prouesses galéniques, les labos parviennent à des effets "silicone-like" bluffants. Réduire le nombre d'ingrédients fait aussi partie de la démarche. "Cela veut dire moins d'énergie dépensée lors de la fabrication, moins de ressources puisées dans la nature et aussi moins de risques d'allergie", commente Elodie Sebag, de Cha Ling. Avec la cosmétique stérile, Pierre Fabre élimine en plus les dates de péremption, avec, à la clef, moins de produits jetés. Assurer le bien-être de l'humain Mais la notion de développement durable ne concerne pas que la santé de la planète. "C'est un tiers d'écologie, un tiers 'je crée du travail', un tiers 'je rémunère ce travail'", rappelle Christian Courtin. Le bien-être de l'humain est un axe fort de la RSE la responsabilité sociétale des entreprises. Cela concerne à un bout de la chaîne le producteur de matières premières, à qui l'on garantit un revenu digne et pérenne. Avant, on parlait de commerce équitable. Parmi les premières démarches du genre: Chanel et la vanille à Madagascar depuis 2000, L'Occitane et le karité au Burkina Faso depuis 2006, Guerlain et l'orchidée en Chine depuis 2009. Tout récemment, Lancôme a créé un partenariat local français pour alimenter en extrait de mélisse ses nouveaux soins Energie de vie. Aujourd'hui, les labos vont encore plus loin, sélectionnant par exemple leurs fournisseurs d'actifs et de matières premières en fonction de ces fameux "critères RSE". Et, en interne, les sociétés développent des programmes pour améliorer la vie au bureau de leurs employés. Même s'il reste du travail, beaucoup de progrès ont déjà été accomplis et les choses s'accélèrent. "Les Français du luxe ont une belle vision de la protection de l'environnement. De plus, la contrainte crée la créativité", estime Christian Courtin. Les marques visent ainsi une augmentation de leur croissance associée à une baisse de leur impact environnemental et social. The Body Shop, enseigne engagée depuis quarante ans, projette de devenir "l'entreprise la plus éthique et durable au monde" d'ici à 2020, avec ce but: "Enrich not exploit" ("Enrichir sans exploiter"). Communiquer sur son engagement 2020, c'est aussi l'horizon sur lequel s'est engagé à la COP 21 le groupe L'Oréal pour que 100% de ses produits possèdent un "bénéfice environnemental ou social positif". Cela ne veut pas dire des produits 100% clean, mais c'est un bon début. D'ici à cinq ans, Cha Ling envisage carrément un bilan carbone positif, tandis que Guerlain ambitionne que 100% de ses nouvelles créations soient conçues de manière écologique. L'enjeu aujourd'hui? Communiquer. Jusqu'à présent, les marques se sont tues, préférant œuvrer dans l'ombre plutôt que de survendre leurs actions, conscientes qu'on les attendait au tournant. Cependant, on est arrivé aujourd'hui à un point de bascule, qui va les obliger à prendre la parole. "Les études mondiales montrent que les consommateurs veulent acheter durable de plus en plus, ils demandent aux entreprises d'être plus engagées", souligne Alexandra Palt, directrice de la RSE L'Oréal. Chacun planche donc sur la meilleure manière de communiquer, probablement des applis. L'idée? Scanner un produit et visualiser instantanément son profil écologique et éthique. Le développement durable ne peut plus être snobé, et devient progressivement un critère de sélection au même titre que l'efficacité. Selon Edouard Mauvais-Jarvis, "la communication environnementale d'une société va devenir aussi importante que sa com' financière, jusqu'à modifier le cours d'une action". Que ce soit par devoir ou par conviction, la beauté change et fait sa part pour l'avenir. Le bio est-il ecofriendly? La certification Ecocert garantit un pourcentage de 95% d'ingrédients naturels, dont 10% de bio dans la formule. Pour aller plus loin, l'association Cosmebio a créé sa propre charte, et encourage à plus d'actions en faveur de la biodiversité et du commerce équitable. Son baromètre de l'engagement dresse le bilan: depuis 2013, 77 des adhérents ont pris de nouvelles mesures pour réduire leur impact environnemental, les trois quarts se sont impliqués dans le bien-être de leurs salariés et 1 sur 2 est engagé dans le commerce équitable. Parfumerie-cosmétique / International : Cosmetic Valley s’affirme comme une vitrine de la filière à l’export (Le Moci, 16 mars 2016) Implanté à Chartres, fief de l’industrie de la parfumerie-cosmétique, le pôle de compétitivité Cosmetic Valley rassemble les entreprises françaises de la filière des parfums et cosmétiques réparties sur trois les trois régions Centre Val-deLoire, Normandie et Ile-de-France. Elle compte parmi ses adhérents des fleurons du luxe Made in France à l’instar de Guerlain, Chanel, Dior, Clarins… Le pôle ambitionne à cet égard de devenir une vitrine à l’international du savoir-faire français dans la beauté. Pour ce faire, il entend encourager l'implantation d'entreprises de cosmétique et parfumerie sur le territoire. « La Cosmetic Valley est en progression constante. Le nombre d’adhérents a été multiplié par dix entre 2004 et 2016, passant de 40 à 460 », se réjouissait MarcAntoine Jamet, président de la Cosmetic Valley, lors d’une conférence de presse, le 19 février, à Paris. « Soixante-dix entreprises nous ont rejoint au cours des six derniers mois, a informé Marc-Antoine Jamet. Et certaines viennent de loin, cinq d’entre-elles viennent de PACA ». Dans sa globalité, le pôle recense 850 membres, groupes et PME. Tous les métiers emballage et conditionnement des parfums et crèmes, fabrication et formulation des produits cosmétiques, tests, produits finis…- sont représentés au sein de cette filière verticale, qui compte 90 % de PME et PMI. Il veut désormais élargir son territoire à la distribution. C'est pourquoi Cosmetic Valley s’est rapproché de la chaîne française de magasins de vente de parfums et de produits cosmétiques, Sephora, avec laquelle, confiait Marc-Antoine Jamet, le pôle est « en discussion » avec l'objectif de « faire en sorte que les distributeurs rentrent dans la Cosmetic Valley ». En ce qui concerne les perspectives de développement à l’export du pôle, Cosmetic Valley poursuit la signature de partenariats industriels et d’échanges BtoB avec des clusters cosmétiques étrangers en vue d'offrir de nouveaux débouchés à ses entreprises adhérentes. Ces partenariats font partie de la stratégie globale du pôle qui souhaite développer des relations à l’international avec d'autres pôles pour avoir des connexions avec des clusters identiques mais aussi pour inciter d’autres pays à mettre en place le même type de cluster que celui de Cosmetic Valley. Des partenariats avec des clusters étrangers « Nous continuons à nouer des partenariats avec des clusters étrangers », a ainsi informé Marc-Antoine Jamet. Dans la zone de libre-échange de l'ASEAN, le pôle est actuellement en pourparlers avec la Malaisie et doit signer une convention de partenariat à Taïwan en mai pour créer un cluster Beauté similaire, en prenant Cosmetic Valley comme modèle. « En Malaisie, nous avons deux interlocuteurs. Le premier est une structure rattachée à l’État, notamment au ministère des Finances malaisien, dont le but est d’inciter les entreprises locales à développer des projets R&D en biotechnologies. Le second est en charge de la promotion de la Malaisie d’un point de vue économique et de l’accueil d’investisseurs étrangers en Malaisie », a indiqué au Moci Jean-Luc Ansel, directeur général et fondateur de Cosmetic Valley. « Concernant Taïwan, a-t-il poursuivi, nous nous sommes rapprochés d’un organisme associatif de 260 adhérents, regroupant des entreprises travaillant dans tous secteurs d’activités et dont l’objectif commun est le développement de la R&D au sein de ces entreprises et la croissance de l’économie taïwanaise grâce à la recherche ». Le pôle cherche à échanger, à la fois, sur l’aspect « Cosmétopée » – grand projet du pôle visant à préserver la tradition cosmétique dans ces pays étrangers et valoriser les plantes locales à des fins cosmétiques– et sur l’aspect BtoB entre les adhérents de Cosmetic Valley et les adhérents taïwanais. Les marchés de la zone Asean constituent des marchés importants pour les adhérents du pôle. « Ces partenariats font également partie de la stratégie globale du pôle qui souhaite le développement de liens à l’international à la fois pour avoir des connexions avec des clusters identiques, mais aussi pour inciter d’autres pays à mettre en place le même type de cluster que celui de la Cosmetic Valley », résume Jean-Luc Ansel. Participations collectives sur les salons internationaux Parallèlement aux partenariats qu'il noue avec des clusters à l'étranger, Cosmetic Valley accompagne les entreprises du pôle de compétitivité sur des salons professionnels internationaux en vue de renforcer la visibilité à l'international du pôle et permettre à ses adhérents de bénéficier d'un meilleur accès aux marchés d'exportation. Cette année, la Cosmetic Valley se rendra sur cinq salons internationaux : In-Cosmetics (Paris), Beauty World Middle-East (Dubaï), China Beauty Expo (Shanghai), le congrès Cosm'Innov (Orléans) et le congrès Beauté&Packaging (Le Vaudreuil, Normandie). Le pôle participera pour la sixième fois, à Shanghai, les 18 et 20 mai prochains, au salon international de la cosmétique China Beauty Expo, où il accompagne une vingtaine d’entreprises françaises. Cosmetic Valley présentera, sur 300 m², aux acteurs du marché chinois l’expertise française dans le domaine de la beauté (ingrédients, parfums, produits cosmétiques, produits capillaires…) afin de tourner le chiffre d’affaires de ses adhérents vers l’exportation. « L’ambition du pôle est à la fois d’accompagner ses adhérents dans l’exportation de leurs produits en Chine, énorme marché de la zone asiatique, et de leur permettre de trouver des partenaires locaux pour des développements en Asie », explique Jean-Luc Ansel. « Cosmetic 360 » : un espace d'exposition agrandi, plus d'exposants et davantage de distributeurs internationaux en 2016 Mais le pôle a désormais son propre salon, Cosmetic 360, dédié à l'innovation en parfumerie-cosmétique et lancé l'an dernier. Il se positionne comme une vitrine internationale de l’innovation pour toute la filière parfumerie-cosmétique (ingrédients, formulation, packaging, tests, produits finis…). Pour sa première édition, le salon Cosmetic 360 a réuni à Paris, au Carrousel du Louvre, les 15 et 16 octobre 2015, sur une surface de 3 000 m², 150 exposants et attiré 4 000 visiteurs français et étrangers. Cinquante-trois pays étaient représentés sur le salon, qui avait accueilli dix délégations étrangères en provenance des quatre coins du monde : Chine, Espagne, Japon, Corée, Québec... Les entreprises ont pu participer à 200 rendez-vous d’innovation. Des porteurs de projets innovants ont ainsi pu rencontrer de grands donneurs d'ordre (Chanel, L'Oréal, Shiseido...). De plus, en marge de la manifestation, la Cosmetic Valley avait signé un partenariat avec le cluster japonais Japan Cosmetic Center (JCC). Du coup, l'opération est reconduite et prend de l'ampleur. L’édition 2016 se tiendra les 13 et 14 octobre 2016 au Carrousel du Louvre sur une surface élargie à 5 000 m² où exposeront 240 exposants. « Nous allons emmener plus de 160 entreprises », a assuré Marc-Antoine Jamet. Sephora (LVMH) va rejoindre la liste des exposants en 2016. Plus de distributeurs et de partenariats avec de grands réseaux de distribution seront présents sur le salon. Cosmetic 360 souhaite également la présence des différents canaux de distribution : réseaux de vente à domicile, distribution web, distribution en ventes privées, distribution téléshopping … Un focus sera fait sur les innovations en matière de « beauté connectée », qui seront mises en valeur grâce aux liens noués par la Cosmetic Valley lors du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas dans le domaine de la réalité augmentée (miroirs innovants) et dans les logiciels de matrice décisionnelle pour le choix des ingrédients et de solutions beauté, usages lasers, etc. La Thaïlande, la Malaisie, Taïwan, la Colombie et l'Inde seront au rendez-vous de l’édition 2016 du salon, ainsi que de nouveaux partenaires chinois. De plus, davantage de rendez-vous BtoB sur mesure avec les entreprises étrangères seront organisés. L'ambition à terme de Cosmetic 360 est de devenir le rendez-vous mondial des clusters de la profession et un salon international de référence dans l’innovation pour la filière de la parfumerie-cosmétique. Russie : L'OREAL veut doubler ses capacités de production (Le Figaro, 16 mars 2016) Le géant français des cosmétiques L'Oréal a annoncé mercredi son intention d'investir 2,5 milliards de roubles (31 millions d'euros) pour quasiment doubler ses capacités de production en Russie, où ses ventes augmentent malgré la crise. Ces investissements visent à agrandir d'ici à juillet 2017 son usine inaugurée en 2010 dans la région de Kalouga, au sud de Moscou, qui fabrique des shampooings, après-shampooings et colorations, a précisé le groupe dans un communiqué. Cet agrandissement représentera une surface de 13.700 m2 et "permettra à L'Oréal de presque doubler la capacité de production ainsi que d'intégrer de nouvelles technologies", est-il ajouté. Ces investissements viennent en réaction "à la hausse de la demande pour les produits de beauté" du groupe français, qui a vu son chiffre d'affaires atteindre 37 milliards de roubles (553 millions d'euros) en Russie en 2015 en dépit de la récession, a expliqué L'Oréal. L’Oréal Luxe lance son site d’e-commerce Ma Beauté Luxe (LSA, 17 mars 2016) Après L’Oréal Paris, c’est au tour de la division Luxe de L’Oréal de proposer des box beauté. Elles sont vendues via un site internet dédié baptisé Ma beauté luxe. Le site permet aussi d’acheter une large sélection des produits commercialisés par les principales marques de la division. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. L’Oréal poursuit son développement en e commerce avec le site Ma Beauté Luxe. Cette plateforme développée pour la division Luxe de L’Oréal vend des box beauté. Pour 29 euros, ils composent une boîte contenant cinq miniatures de produits des marques de L’Oréal Luxe. Ils ont actuellement le choix entre 126 produits en taille mini, parfums soins ou maquillage. Pour les indécis, le site propose un "diagnostic". En répondant à quelques questions, les internautes se voient suggérer des produits répondant à leurs attentes. Box beauté déjà composées Ma Beauté Luxe vend aussi des box déjà composées baptisées "Prêt-à-beauté", également vendues à 29 euros. Il s’agit de coffrets thématiques ou de boîtes consacrées à une marque de la division Luxe. Par exemple, actuellement, sont mises en avant des box Biotherm Homme, Lancôme, Khiel’s ou Urban Decay ou des coffrets Cocoon et Week-end en amoureux. Avec chaque box, le consommateur reçoit un bon de réduction de 10 euros pour 70 euros d’achat sur le site. 456 références vendues à l'unité En effet, Ma Beauté Luxe ne vend pas que des box. Le portefeuille du site comprend 456 références en format vente. Les marques de la division commercialisées par le site sont, pour l’instant, Lancôme, Khiel’s, Giorgio Armani, Biotherm, Cacharel, Diesel, Paloma Picasso, Urban Decay et Viktor & Rolf. Le grand absent est donc Yves Saint-Laurent car la marque a son propre site internet (yslbeauty.fr). Tout comme Helena Rubinstein (helenarubinstein.com) et Clarisonic (clarisonic.fr). Côté services, les frais de livraison sont offerts sans minimum d'achat. L'Oréal Luxe fait appel au service So Colissimo de La Poste et promet une livraison en 48h après le départ du colis du centre logistique de la division installé à Ingré, près d'Orléans (Loiret). La division Luxe n'est pas la seule à proposer des box beauté. Du côté de la branche Produits grand public, L'Oréal Paris en propose depuis trois ans. Autrefois nommée Instant Beauty Box, elles ont récemment été rebaptisées L'Or Box et sont vendues 19,50 euros. Elles contiennent trois produits L'Oréal Paris en taille réelle, des goodies et/ou des échantillons. Sur le site marchand L'Oréal Paris, la livraison n'est gratuite qu'à partir de 40 euros d'achat. PB Cosmetics développe son réseau de magasins physiques (LSA, 17 mars 2016) Née sur le Web il y a plus de sept ans, la marque de maquillage à petits prix PB Cosmetics ouvre ses premières boutiques physiques. Un tournant pour la griffe fondée en 2007 par Philippe Berangé qui, jusqu’à récemment, distribuait ses produits exclusivement via le site www.maquillage-cosmetique-discount.fr. La première boutique française a ainsi ouvert ses portes en décembre dernier à Clermont-Ferrand, au sein du Centre Jaude, alors que, dès septembre, PB Cosmetics s’est installée à Valence, en Espagne, en partenariat avec l’entreprise espagnole Cuídate Cosméticos S.L. Au mois d’avril, de nouveaux magasins PB Cosmetics ouvriront à Montpellier, dans le centre commercial régional Odysseum, et à Amiens, au 8 rue Delambre ; alors qu’en mai, les villes de Montluçon et Riom accueilleront à leur tour la marque. Ce développement ambitieux, qui s’effectue en franchise, ne s’arrête pas là puisque PB Cosmetics, qui revendique des produits de qualité hypoallergéniques et non testés sur animaux, prévoit une quarantaine d’ouvertures dès cette année en France. A l’international, PB Cosmetics table sur 25 magasins en Espagne, mais également des ouvertures au Moyen-Orient, au Maroc et en Iran. Et pour séduire les futurs partenaires, la marque, qui développe une gamme de 1 000 produits, a créé un concept de magasin au design épuré, jouant la carte du digital. Les magasins disposent ainsi de tablettes présentant les promotions, nouveautés ou astuces de maquillage et d'un simulateur de maquillage qui permet de proposer des produits adaptés à la morphologie du visage, du teint et de la couleur des yeux et des cheveux des clientes. PB Cosmetics n'est pas la seule marque de maquillage à petits prix née sur Internet qui développe son réseau physique. Comme elle, Eyes Lips Face (e.l.f Cosmetics) et NYX Cosmetics (rachetée par L'Oréal) ouvrent leurs premières boutiques.