FESTIVAL GNAOUA D`ESSAOUIRA: L`âge de raison mais pas de la

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FESTIVAL GNAOUA D`ESSAOUIRA: L`âge de raison mais pas de la
FESTIVAL GNAOUA D’ESSAOUIRA: L’âge de raison mais pas de la sagesse.
Il a beau avoir atteint l’âge de raison, il n’a pas plongé dans celui de la sagesse. Non, malgré
que sa maturité soit désormais installée, le Festival Gnaouia d’Essaouira n’est pas devenu « sa
ge
» au sens où la passion et ces graines de folie dont tout génie créateur est porteur l’auraient
déserté. Cette année, en cette édition 2015, il a bouclé ses dix-huit ans. Dix-huit ans lors
desquels il a réhabilité la musique gnaouie et rendu leur dignité aux maalems qui ne survivaient
plus que comme musiciens de rue auxquels on jette l’obole. Dix-huit ans aussi lors desquels le
festival a impulsé une dynamique dans la ville, une dynamique culturelle mais également
économique. A titre d’exemple, au moment de son lancement, Essaouira ne comptait en tout et
pour tout que d’une dizaine d’hôtels. Aujourd’hui, elle possède quelque trois cents
établissements touristiques qui affichent complet lors des quatre jours que dure cet évènement
culturel, classé parmi les festivals de musique les plus courus au monde.
Passage de flambeau.
Le rideau est donc tombé, dimanche soir, sur cette 18 ième édition du Festival Gnaouas et
Musiques du Monde. Il s’est clôturé sur la scène Moulay Hassan par une dernière fusion
orchestrée par le maalem Mahmoud Guinea et le batteur émérite Karim Ziad, par ailleurs
directeur artistique du festival. Par un dernier geste symbolique également avec la montée sur
scène de Moussa, le fils de Mahmoud Guinéa, preuve que le passage du flambeau a bien lieu
comme tint à le relever Neyla Tazi, la directrice du festival :"
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Le fils de Mohammed Guinéa, Moussa, prend le gembri pour la première fois et lorsqu'on le voit
jouer, on est rassuré. On se dit que la relève est assurée et que les jeunes ont pris à
bras-le-corps la tradition et ça nous donne de belles perspectives pour l'avenir de tagnaouite
».
Des moments forts, les amoureux de la musique gnaouie et les amateurs d’interactions
musicales inédites en ont eu à volonté. Ainsi de ce partage de scène entre le maalem Omar
Hayat, passé maître en matière de fusion et le Guadeloupéen Sonny Troupé, musicien
également rompu aux fusions musicales engagées en tant que l’un des promoteurs du gwoka,
musique traditionnelle guadeloupéenne qu’il marie à merveille à la soul, l’électro, la jungle et le
métal. Un bouquet musical qui a emporté le public, la mazurka antillaise retrouvant ses racines
africaines à travers une rencontre où l’inventivité de l’un épousait le génie de l’autre. La même
soirée, la Marocaine Hindi Zahra, malgré l’heure tardive (1heure du matin), recevait l’ovation du
public à qui elle a fait découvrir son nouvel album « Homeland », sorti en avril. Lors de ce
premier passage à Essaouira, sa voix puissante a fait merveille et chassé la fatigue des
courageux qui avaient tenu jusqu’au bout de la nuit pour l’écouter.
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Des plaidoyers vibrants.
Le lendemain, lors du Forum, consacré cette année aux femmes africaines, le chant s’est
également invité là où on ne l’attendait pas, quand Oumo Sangaré, artiste, chef d’entreprise et
militante pour les droits de femmes a rendu hommage à Neyla Tazi en lui dédiant une de ses
chansons. Auparavant, elle avait expliqué devenir artiste lui avait permis de soutenir sa propre
famille puis, par la suite de délivrer des messages aux autres femmes pour qu’elles luttent et
fassent front aux adversités multiples. Au cours des deux jours, elles furent ainsi plusieurs
Africaines à témoigner de leurs expériences et combats en autant de plaidoyers vibrants pour
une meilleure intégration politique, économique et sociale des femmes en Afrique.
En guise de recommandations, les participants au forum ont appelé, entre autres, à promouvoir
les compétences féminines, à harmoniser les législations nationales du travail avec les
conventions internationales, notamment dans les volets relatifs à la protection des femmes dans
les lieux du travail et contre toutes les formes de discrimination et à instaurer la parité comme
moyen d'assurer une plus large participation de la femme dans la vie politique. Initié en
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partenariat avec le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), sous le thème "Femmes
d'Afrique : créer, entreprendre"
, ce forum offrait un espace d'échange et de débat autour de la condition de la femme africaine,
à travers quatre axes de réflexion, à savoir
"La famille en révolution"
,"
Femmes et création
", "
La nouvelle visibilité professionnelle des femmes" et "Femmes et politique
".
Bon cru que cette édition 2015 du festival Gnaoua et Musiques du Monde. Comme les
précédentes, en vérité. "Pour nous, cette édition est une très belle réussite parce que le public a
répondu présent en masse, même si nous avons changé de date
",
s'est félicitée la directrice du festival, dans une déclaration à la presse. Le joli mois de mai sera
peut-être donc appelé à devenir celui du muguet gnaoui.
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