Alicia Bailly Marina Dehaeck Simon Faure Julie Martin Mathilde

Transcription

Alicia Bailly Marina Dehaeck Simon Faure Julie Martin Mathilde
Année 2015 / 2016
En collaboration avec le Collectif des Garrigues
PRE-RAPPORT
Viticulture et Biodiversité sur le territoire des
Garrigues
Cahier des Charges
Alicia Bailly
Marina Dehaeck
Simon Faure
Julie Martin
Mathilde Niveau
Etablissement / Formation : Université de Montpellier / Master Biologie
Environnement Evolution spécialité Ingénierie en écologie et Gestion de la
Biodiversité (IEGB)
UE : Valorisation de la Biodiversité
Entreprise étudiée : Domaine de l’Arjolle, Pouzolles (34).
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Alicia BAILLY; Marina DEHAECK; Mathilde NIVEAU; Julie MARTIN; Simon FAURE
Octobre 2015
Rappel des objectifs
Mener des enquêtes portant sur des réalisations exemplaires reposant sur les usages traditionnels et
modernes du territoire des Garrigues. Ces réalisations exemplaires se caractérisent par une activité
professionnelle qui relève d'une valorisation de la biodiversité des Garrigues et qui inclue viabilité
économique du projet, acceptabilité par les populations locales, démarche de gestion/conservation
reconnues sur le plan politique et socio-économique. Le terme de valorisation est à comprendre au
sens large mais il revêt forcément une triple dimension : sociale, économique et environnementale.
Sommaire
Introduction
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Matériel et Méthode
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FICHE 1: Activité entrepreneuriale « Garrigues » - Production
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FICHE 2: Description et analyse sommaire des principaux impacts de l'activité sur l'environnement
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FICHE 3: Services Ecosystémiques « CICES »
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Conclusion et Discussion
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Alicia BAILLY; Marina DEHAECK; Mathilde NIVEAU; Julie MARTIN; Simon FAURE
Octobre 2015
INTRODUCTION
L'espace Garrigues est devenu au cours du siècle dernier un territoire présentant peu d'intérêt,
une zone de « non-lieu », que ce soit pour ses usagers ou les pouvoirs publics, comme en témoigne
par exemple son absence jusqu’à récemment, dans les schémas d'aménagement.
Cependant, cet espace présente un ensemble d'avantages non négligeables, d'un point de vue
économique, environnemental et social. Il constitue un élément clé du patrimoine culturel local.
Conscients de ses atouts mais aussi des menaces qui pèsent sur lui, un certain nombre d'usagers ont
ainsi souhaité initier un processus de valorisation et de conservation en créant en 2013 le Collectif
des Garrigues.
Notre étude s'inscrit dans la volonté du Collectif des Garrigues d'améliorer la connaissance de cet
espace, et en particulier des acteurs qui le font vivre et se développer durablement. Nous répondons
en effet à un cahier de charges visant à examiner une structure économique « remarquable », avec
pour objectif de comprendre son rôle en tant qu'acteur de la garrigue d'une part, en analysant ses
impacts (positifs et négatifs) sur la conservation de l'espace, et d’autre part de lister les différents
services écosystémiques, utilisés par cette activité.
Le secteur viticole, qui représente le quart des surfaces agricoles utiles de la Région
Languedoc-Roussillon (memento de statistique agricole 2014), est souvent pointé du doigt pour son
utilisation déraisonnée de pesticides et son impact général négatif sur les milieux naturels. Bien que
notre acteur se perçoive comme déconnecté de l’espace Garrigues, le Domaine de l'Arjolle semble se
démarquer grâce à ses activités orientées en faveur de la biodiversité. Il fait en effet valoir des
démarches a priori intéressantes pour la conservation du milieu naturel et des espèces des Garrigues.
Étudier cet acteur, issu d'un secteur dans lequel des alternatives à la culture intensive émergent
progressivement, nous a ainsi semblé particulièrement important et intéressant pour le Collectif – et,
espérons-le, au-delà.
Notre étude vise donc, à travers des problématiques économiques, sociales et environnementales, à
déterminer dans quelle mesure les activités du Domaine de l'Arjolle conservent et valorisent le
territoire des Garrigues et sa biodiversité.
Nous tenterons ainsi d’évaluer d’une part la pérennité de l'activité (sa viabilité sur le moyen et long
terme) en interrogeant la démarche « verte » de l'entreprise en tant que frein ou dynamique de
développement économique, mais également en mesurant le degré de dépendance du Domaine vis-àvis des différentes aides financières. De plus, nous chercherons à caractériser le fonctionnement de
la structure économique afin de déterminer les avantages de cette forme de groupement.
D’autre part, du point de vue culturel, nous chercherons à analyser la place et le rôle du Domaine
dans le tissu social du territoire des Garrigues. Il s’agit de comprendre si la structure a conscience et
revendique ce territoire (à travers sa communication notamment). Le but étant de savoir in fine si le
groupement du Domaine de l’Arjolle contribue à la valorisation de l’identité de l’espace Garrigues.
Enfin, nous étudierons l'impact de la structure viticole sur son environnement : vis-à-vis de l'eau, de
la biodiversité, du paysage etc. Nous chercherons à évaluer les démarches engagées afin de
confirmer leurs impacts positifs sur l'environnement et de mettre en évidence les services
écosystémiques que le processus de production de vin utilise. Il s’agira donc d’identifier les
pratiques s'inscrivant dans la démarche «raisonnée » et de mesurer leur efficacité.
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MATERIEL ET METHODE
a. Le Domaine de l’Arjolle
L’entreprise SAS de l’Arjolle exploite deux caves de production de vin. Le Domaine de
l’Arjolle, base historique de l’activité, et le Château Margon, dont l’entrée dans l’activité de
l’entreprise est plus récente et ne correspond pas au même statut (voir Annexe 1). Le Domaine de
l'Arjolle est un vignoble situé à Pouzolles (E 3°16'48" / N 43°29'1", France), dans l'Hérault, à une
vingtaine de kilomètres au nord de Béziers et dans le périmètre des Côtes-de-Thongue (Figure 1).
C’est à l’initiative de Prosper et Louis-Marie Teisserenc, deux frères issus d'une famille de
vignerons depuis quatre générations, que le Domaine voit le jour en 1974. Ils agrandissent par la
suite leur exploitation, notamment par la prise en main en 1982 du château de Margon situé à trois
kilomètres d’Arjolle. Le Domaine s’étend sur 105 ha, et est constitué de soixante parcelles réparties
dans un rayon de 25km autour du domaine. Les cépages cultivés sont : Chardonnay, Sauvignon,
Muscat petit grains, Viognier, Cabernet Sauvignon, Merlot, Cabernet Franc, Syrah, Grenache,
Carménère et Zinfandel.
Figure 1 : Plan de situation des Côtes-de-Thongue
Depuis la création du Domaine, l’équipe s’est aussi agrandie puisqu’elle compte aujourd’hui sept
associés. Parmi eux, Charles Duby (qui a rejoint le groupement en 1985) est notre contact.
D’après nos recherches, il semble que ce soit sous son impulsion que le Domaine développe des
pratiques culturales dites “raisonnées”. D’autre part, Charles Duby apparaît comme étant un élément
moteur du syndicat de l’IGP Côtes-de-Thongue. Il détient par ailleurs le statut de vice-président de
l’association TerraVitis Rhône-Méditerranée.
b. Méthodologie de la recherche
Afin de répondre au mieux au cahier des charges du Collectif des Garrigues nous avons
organisé notre étude en deux temps:
Nous avons effectué tout d’abord un travail préliminaire de recherches bibliographiques organisées
par thématiques: étude de la Garrigue, du Domaine de l’Arjolle (identification des acteurs,
organisation de la structure, chronologie, cartographie), des certifications environnementales
concernant cette pratique culturale (TerraVitis©, HVE etc.), de la politique agricole européenne, des
démarches “raisonnées” dans le secteur viticole etc.
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Ces recherches nous ont permis de mieux comprendre les enjeux du secteur viticole local au niveau
économique, social et environnemental, ainsi que les démarches du Domaine (notamment grâce à
plusieurs vidéos publiées en ligne).
Afin de compléter nos connaissances nous avons procédé à un entretien téléphonique avec Morgane
Maître-Jean, animatrice agro-environnementale au sein du syndicat de l’IGP Côtes de Thongue.
Cette dernière nous a éclairé sur les démarches biodiversité mises en place par certains viticulteurs
sur le territoire de l’IGP, grâce à l’animation agro-environnementale du syndicat et avec l’expertise
technique du Conservatoire des Espaces Naturel de Languedoc Roussillon (CEN-LR), et dont M.
Charles Duby est l’un des éléments moteur. Elle nous a aussi fourni des informations relatives aux
Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) de la Politique Agricole Commune
(PAC) mises en place sur le territoire étudié.
Dans un second temps nous avons préparé un questionnaire en vue de préparer notre entretien avec
M. Charles Duby. Il se base sur nos recherches préliminaires et nos connaissances, et s’agence de
telle sorte que nous puissions aborder à la fois les problématiques économiques, sociales et
environnementales.
Nous l’avons rencontré le 26 novembre 2015 de 14h à 17h
(Figure 2).
Après avoir répondu à nos questions pendant les deux
premières heures, M. Charles Duby nous a emmené visiter
certaines des parcelles du Domaine. Il a souhaité nous montrer
concrètement les différences dans ses techniques viticoles, ses
avantages, ses inconvénients : taille des ceps, espaces enherbés,
zones de garrigue non cultivées etc.
Figure 2 : Charles Duby
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FICHE 1 - Activité entrepreneuriale « Garrigues » - Production
 Description de l’activité
L’activité décrite dans le présent rapport est la viniculture, c’est-à-dire la production de raisins, la
transformation en vin et la commercialisation de ce produit. Le Domaine, de taille moyenne, est en
viticulture raisonnée depuis 1994. Membre du réseau FARRE (Forum des Agriculteurs
Responsables et Respectueux de l’Environnement), il est certifié « agriculture raisonnée » depuis
2000 par le label TerraVitis©, reconnu par le Ministère de l’Agriculture. Les volumes de production
par année (entre 500hL et 20 000hL) soumettent au régime de l’enregistrement au titre des
Installations Classées Pour l’Environnement (ICPE) et ce pour les deux sites de production.
Sont conciliés sur ce Domaine développement économique et enjeux environnementaux: les
pratiques culturales du Domaine ont été adaptées en mettant en place et en entretenant mares
temporaires, jachères, bandes enherbées, haies etc… mais aussi en réduisant leurs intrants et leurs
pulvérisations phytosanitaires, en ne raisonnant plus sur de la prévention, mais sur la présence
potentielle de maladies et de ravageurs.
 Zone de garrigue concernée
Superficie nécessaire : 102,49 ha (S.A.U.)
Minimale : 102,49 ha
Idéale : 105 ha
Type de garrigue : Le Domaine est dans l’espace géographique de la garrigue sensus stricto, c’est-àdire qu’il est compris dans une « zone naturelle restreinte qui partage le même sol, climat et les
mêmes caractéristiques végétales » (Foncin 1904, Vidal de la Blache 1888). Cependant, le milieu
naturel n’est ici pas représentatif puisque l'ensemble du Domaine est cultivé. Nous observons
toutefois sur certaines parcelles quelques espaces comprenant de la garrigue qui s’est (re)formée.
Certaines terres ont en effet été abandonnées lors de la déprise agricole de 1950, car non accessibles
par les machines agricoles. Ces sites se trouvent principalement au niveau des puechs (collines) sur
lesquelles on observe des traces des anciennes terrasses de culture. Ces dernières se formaient grâce
à la plantation d'arbres et de haies en bordure des cultures, freinant ainsi l'érosion du sol.
Selon M. Duby, la garrigue sensus stricto, commence au village Nord/Nord Est d’après, avec une
végétation bien caractéristique, et qui était anciennement pâturé mais jamais cultivé. Pour notre
acteur la Garrigue est associé au Saltus.
Végétation spécifique : Comme mentionné précédemment, le Domaine ne laisse pas beaucoup
d'espaces de végétation naturelle. Néanmoins, les collines non cultivées comprennent la végétation
de la garrigue typique : genêts, thyms, origans … Avec le concours du CEN-LR, ces milieux sont
maintenus ouverts, ce qui a notamment permis l'implantation de deux espèces d'orchidées. De plus,
la mise en place de bandes enherbées entre les rangées de vignes permet à quelques 20 espèces
végétales de type prairial de se développer (graminées, dicotylédones…). Enfin, près de 950 arbres
et arbustes ont été plantés sur l'ensemble du Domaine. Les essences ont été choisies à la fois pour
l'esthétique (couleurs automnales : Érable de Montpellier, Cornouiller sanguin) mais également pour
leur spécificité (Micocoulier). Les bords de la Thongue favorisent le développement de végétation
d'alluvions de fonds de vallon.
De manière globale, la végétation la plus représentative au niveau du Domaine est donc la vigne, par
la culture de cépages variés.
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 Réglementation
Réglementation spécifique : La viniculture est soumise à une réglementation stricte: chaque cépage
planté est déclaré et surveillé, des certifications sont mises en place en fonction des régions et des
pratiques culturales (cf. paragraphe plus bas concernant les certifications).
Zonage du document d’urbanisme : A la frontière du Domaine se trouve la ZNIEFF de Servions. A
proximité se trouve aussi une zone Natura 2000, un tunnel ferroviaire abritant des espèces protégées
de chauve-souris à Pézenas (FR9102005 - Aqueduc de Pézenas).
 Structure
Il y a deux structures : le château de l’Arjolle et le château de Margon, qui est une exploitation sous
contrat. Ces deux structures forment une Société par Actions Simplifiées, la SAS de l’Arjolle.
Le GAEC total (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) a été créé en 1975 (2 membres
fondateurs à l’origine du groupement, dont un est aujourd’hui à la retraite). Actuellement le GAEC
se compose de 7 associés, qui possèdent le foncier et les parts sociales. Ces associés emploient 13
salariés équivalent temps plein (dont un alternant), et en moyenne 10 saisonniers par an, pour 2 à 3
semaines de vendanges. Le GAEC est propriétaire de la cave de l’Arjolle, tandis que les associés
sont propriétaires des parcelles. Celles-ci sont alors louées par le GAEC pour être exploitées.
Ils ont décidé de se mettre en groupement afin de mutualiser les moyens et les compétences. Les
nouveaux entrants répondent à un besoin (une personne qui part à la retraite par exemple), et sont
souvent des personnes liées à leur entourage : il s’agit d’une structure amicale et familiale.
La SAS permet de prolonger le système d’exploitation (GAEC) à l’achat de vin de négoce, qui
permettront la production des vins d’entrée de gamme issus d’assemblage. Elle permet également de
contractualiser avec le château de Margon (location).
Sur le territoire de l’IGP Côtes-de-Thongue, on compte 33 exploitations privées pour 5 coopératives.
 Moyens
Financier : La vente des vins est le revenu principal de l'exploitation. Le Domaine reçoit des
subventions annuelles (cf. paragraphe plus bas “subventions – aides”). Depuis le début de
l'agriculture raisonnée, le Domaine fait des économies d'environ 4000€ par an sur les
phytosanitaires.
Humain : 7 associés et 13 salariés travaillent à temps plein sur l’exploitation en permanence, ainsi
qu’une 10aine de saisonnier lors des vendanges, dont une partie est réalisé à la main. La taille des
vignes requiert également un temps de travail important (environ 140h par cep).
Les 7 associés ont chacun un domaine d'activité précis, et dont les missions sont définies chaque
année. Ils peuvent toutefois, selon les besoins, effectuer des tâches en dehors de leur domaine.
13 salariés les épaulent dans ces missions :
❏ Marketing, relations clients, fonction commerciale
❏ Comptabilité, communication, logistique, ventes
❏ Agronomie
❏ Machinisme
❏ Vignoble
❏ Vinification, élevage et mise en bouteille
❏ Vignoble et vinification
Matériel : L’exploitation a acheté, en 2010, en CUMA, un pulvérisateur de produits phytosanitaires
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avec panneaux récupérateurs (50 000€ dont 20 000€ financé par la région et l’U.E.). Ce dispositif
permet de recycler 40% des produits phytosanitaires soit une économie de plus de 300€ de
traitement par hectare (eux : 180-280€ de produits achetés selon les années contre 500€ pour les
agriculteurs en conventionnel). L’inconvénient est qu’ils ne peuvent pulvériser que sur 2 rangs à la
fois et que l’espace inter rang doit être adapté. L’engin est tout de même largement rentabilisé,
même si aucune valorisation des avantages environnementaux ne peut être effectuée.
Ils ne disposent par ailleurs d’aucun matériel à traction animale, car cette méthode s’avère trop
contraignante (beaucoup d’entretien, nécessité de produire son propre fourrage…).Les vendanges se
font principalement de façon mécanique, sauf pour les parcelles destinées au haut de gamme, pour
lesquelles une sélection des grappes d’avenir est faite à la main (suppression des gourmands), tandis
que la récolte finale se fait à la machine.
 Marchés et concurrence
Il y a de fortes disparités entre les prix de vente et les rendements suivant les cépages et
assemblages. Le prix des bouteilles est compris entre 8 et 30€.
Les ventes sont faites à 80% à l’export, en majorité vers l’Europe (principalement vers
l’Allemagne), le Canada et le Japon. Le Domaine s’est en effet naturellement tourné vers l’export,
car plus ouvert et plus intéressé par les Côtes de Thongue1.Cette normalisation des termes au niveau
européen semble avoir eu un effet bénéfique au niveau des ventes en facilitant l’identification par les
consommateurs à un niveau de qualité; mais cet effet reste difficilement quantifiable.
Les ventes en France représentent donc une petite part de leur marché, un fait qui semble cependant
être en passe d'évoluer. En effet, pendant de nombreuses années les Bordeaux étaient moins chers à
la vente que les Côtes de Thongue ; un avantage comparatif pour ces cépages par rapport aux vins du
Languedoc-Roussillon. Mais les ventes en France auprès de distributeurs spécialisés augmentent
petit à petit: depuis quelques années, le marché français s’ouvre à d’autres cépages que les cépages
traditionnels, et peut donc constituer une demande future pouvant devenir assez intéressante pour le
Domaine.
La certification TerraVitis© en agriculture raisonnée aurait par ailleurs permis de toucher les
consommateurs de plus en plus sensibles à leur santé et leur environnement. Comme pour l’IGP,
cette certification reconnue mondialement constitue en effet un repère pour les consommateurs. Elle
a aussi permis une ouverture sur le marché québécois: TerraVitis© fait partie des 12 retenus sur les
112 propositions de 2014 par le SAQ (Société des Alcools du Québec), qui a le monopole d'achat du
vin au Québec et qui promeut les vins avec des démarches environnementales intéressantes.
Enfin, pour se démarquer de ses concurrents, le Domaine cultive un cépage inexistant en France, le
Zinfandel (ou primitivo, en Italie) ainsi qu’un cépage peu courant, le Carménère : ils apportent de la
nouveauté (pour les habitués) et de l’extravagance au Domaine.
 Productivité / Performance
Coûts : La dissémination des parcelles sur 25km est une contrainte importante: temps de transport,
consommation de carburant etc.
Comme dit plus haut dans ce document, le Domaine fait par ailleurs des économies importantes sur
les phytosanitaires depuis le début de leurs démarches environnementales. Le chiffre d’affaire du
Domaine en 2014 était de 2 429 100€.
Production : La production en 2015 est de 4697 hL par an pour l’Arjolle et 1651 hL par an pour
Margon (soit en tout 700 000 bouteilles). 1000hL de vins de négoce sont achetés par an. Le Château
de l’Arjolle constitue le milieu et haut de gamme alors que le Château Margon constitue l’entrée de
1
A noter que l’IGP a remplacé l’appellation Vin de Pays.
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gamme.
 Rentabilité
Le Domaine a axé sa stratégie de vente sur la qualité de ses vins, et non sur la quantité.
Ils ont pu constater que la non taille des vignes amenait à une meilleure qualité des raisins ainsi qu'à
une meilleure résistance face aux maladies, mais ils ne souhaitent pas étendre cette pratique à
l'ensemble du Domaine dans l’immédiat: cela constitue un risque encore trop important car cette
pratique est encore trop méconnue (appliquée depuis sept ans seulement). Les associés ont aussi pu
remarquer que les vins les plus fruités se démarquent et font le bonheur de leur clientèle.
 Subventions – Aides
Dans le cadre de la certification TerraVitis© un inventaire écologique a été réalisé. Il révèle que
22.6% de la S.A.U. de l’exploitation est en SIE (Surface d’Intérêt Ecologique) :
❏ 2.8ha forêts
❏ 2.72ha friches herbacées
❏ 1.57ha garrigue
❏ 1.24ha fourré
❏ 1.8ha bandes enherbées
❏ 692m d’alignement d'arbres
❏ 134m haies (2km plantées)
❏ 128m de murs en pierres sèches
L’exploitation a touché une aide du Conseil Départemental pour la plantation des haies.
Grâce à l’animation agro environnementale du syndicat des Côtes de Thongue, elle-même financé
par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et par le Conseil Départemental, l’exploitation
bénéficie de subventions du second pilier de la PAC (FEADER) au titre des MAEC, pour la mise en
place de dispositifs de lutte raisonnée/biologique (exemple avec les pièges hormonaux) et pour
l’entretien des sols (bandes enherbées, jachères). Cette aide compense tout juste la contrainte
apportée et les dépenses effectuées, voire parfois est en-deçà. Ces aides constituent un plus pour le
Domaine, mais elles restent marginales et sont conditionnée au maintient de l’animation du
Syndicat.
L’exploitation touche également des aides par le premier pilier de la PAC (FEAGA) pour la
replantation de ceps et la restructuration du vignoble (regroupement des parcelles, planification
collective sur 3 ans) d’un montant s’élevant à environ 12 000€ par an (contre 8000€ par an si les
associés n’étaient pas constitués en GAEC).
 Perspectives de développement
Le Domaine n’est pas dans une optique d’extension. En effet, l'achat de nouvelles parcelles dépend
de l'évolution du marché et du nombre d'associés. 8ha de parcelles ont été acquises en 2014 lors de
la venue de deux nouveaux associés et du départ d'un ancien. Même s’il n’y a pas de prospections
systématiques de nouvelles parcelles, les acquisitions sont faites dans une optique d’amélioration de
l’existant. Les nouveaux terrains seront préférentiellement près de ceux existants, afin, à terme, de
limiter les problèmes de transport, de mécanisation que des parcelles trop dispersées peuvent
apporter. Lorsque l’occasion de regrouper les parcelles se propose, la solution est envisagée, mais
pas nécessairement validée.
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Ils ont par exemple eu l’opportunité de s’agrandir en 2014 avec un domaine voisin, mais ils n’étaient
que peu intéressés, car il faudrait alors “refaire” ce domaine afin qu’il corresponde aux exigences du
Domaine de l’Arjolle.
L’exploitation ne serait pas mécontente d’avoir des activités de pastoralisme sur son Domaine. Cela
apporterait une valorisation auprès des consommateurs, mais permettrait aussi de réduire leur charge
de travail notamment en hiver, en diminuant les tontes régulières des bandes enherbées entre les
vignes. La question qui se poserait alors serait la surveillance de ces troupeaux d’élevage (chiens,
voire des drones ?).
Ils essaient enfin de valoriser leur travail auprès des élus locaux, mais ces derniers ne semblent pas
enclins à “mettre la main à la pâte”.
FICHE 2: Description et analyse sommaire des principaux impacts de l'activité sur
l'environnement
La pratique de la viticulture en France présente des externalités négatives bien connues sur
l'environnement : usage massif de pesticides avec contamination des masses d’eau2, désherbage
excessif des parcelles entraînant outre les pollutions diffuses, de fortes érosions et l’aggravation des
phénomènes d’inondations, paysages de cultures intensives, souvent monovariétale et avec peu
d’habitats naturels pour la faune.
Le Domaine de l’Arjolle est conscient de ces impacts négatifs et a mis en place plusieurs types de
mesures permettant de les diminuer, d’augmenter la biodiversité dans leurs vignes, et à terme, de
valoriser économiquement leur travail. Dans cette démarche, le Domaine de l’Arjolle s’appuie sur
plusieurs partenaires. Le réseau Terra Vitis, pour l’assistance et le suivi de la démarche “raisonnée”
et de la démarche biodiversité, la Chambre d’Agriculture pour les suivis variétaux, et le syndicat de
l’IGP Côtes de Thongue dans le cadre d’un travail avec le Conservatoire des Espaces Naturels. Le
Domaine a été un des éléments moteur au sein du syndicat vis-à-vis de la mise en place de l’autodiagnostic Biodiv&Eau©. Cette démarche consiste en l’observation par le viticulteur des
infrastructures agro-écologiques (haie, muret, fossé) existantes sur ses parcelles. Les exploitants sont
invités à noter chaque IAE en fonction d’une grille (présence de strates verticales dans une haie,
végétation sur le bord des fossés etc.). A la suite de ce diagnostic conseil, formation et assistance
sont fournies aux domaines pour améliorer la fonctionnalité écologique de ces IAE.
 Impacts sur le sol
Les monocultures traditionnelles ont tendance à appauvrir les sols et à nécessiter des apports
réguliers d'intrants tout en augmentant l'érosion. Au Domaine de l'Arjolle, la mise en place de
bandes enherbées entre les rangs et au niveau des tournières, avec des Fabacées permet de maintenir
le sol en place tout en maintenant un flux d'azote de l'air vers le sol. Ce sol vivant est également
naturellement enrichi en matière organique.
 Impacts sur l'eau
La viticulture conventionnelle utilise de nombreux traitement phyto-sanitaires (herbicides,
fongicides, acaricides, insecticides…) qui finissent par se retrouver dans les cours d'eau et nappes
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20% des phytosanitaires utilisés en France le sont sur la vigne, qui représente 3% des surfaces
cultivées (Ugaglia et Del'Homme, 2010).
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phréatiques rendant l'eau impropre à la consommation. Le Domaine de l'Arjolle est en agriculture
raisonnée et cherche à rationaliser le nombre de traitement et leur importance (il n'y a déjà plus
d'utilisation d'acaricides). L'achat d'un pulvérisateur avec panneaux récupérateurs a également
permis de diminuer de 40 % le volume de produits phytosanitaires utilisés. Enfin la présence de
bandes enherbées et de haies permet de limiter la quantité de pesticides migrant vers les eaux grâce à
la captation par les racines.
 Impacts sur la biodiversité
Les parcelles en viticulture conventionnelle sont généralement pauvre en biodiversité car le sol est
laissé à nu et de nombreux traitements sont appliqués sur les vignes. L'exploitation de l'Arjolle a
introduit différents cépages augmentant la diversité génétique de ses cultures. La mise en place de
bandes enherbées a permis l'installation de nombreuses espèces végétales (entre 15 et 25 espèces) et
animales dont des auxiliaires de cultures. La plantation de haies permet également la présence de
micro-mammifères et d'oiseaux. Les murs de pierres sèches constituent un habitat pour différentes
espèces de reptiles. Enfin le creusement de mares permet l'apparition de végétaux aquatiques tout en
constituant un point d'eau nécessaire pour de nombreuses espèces dont le sanglier. Avec l'appui du
CEN-LR, le Domaine de l'Arjolle essaye d'éliminer les Cannes de Provence (Arduro donax) une
espèce envahissante présente sur les berges de la Thongue.
 Impact sur le paysage et le patrimoine
La monoculture tend à créer des paysages monotones avec des parcelles toujours plus grandes. Au
Domaine de l'Arjolle le paysage est mis en valeur par la conservation des puechs calcaires, par la
culture de différents cépages créant une mosaïque de couleurs à l'automne, par le maintien des
murets de pierres sèches et par la plantation de haies (2.3km). Comme toute exploitation viticole, le
Domaine de l'Arjolle participe à la conservation du patrimoine culturel français en maintenant la
culture de la vigne et la production de vins de qualité.
 Impact sur les activités humaines
L'exploitation emploie 20 personnes à temps plein tout au long de l'année (10 personnes
supplémentaires durant les vendanges). Le Domaine fait donc vivre un grand nombre de famille
grâce à une centaine d'hectares de vignes. Des emplois sont indirectement protégés grâce au
maintien d'individus en zone rurale. Enfin la création de mares et la plantation de haies attirent du
gibier (principalement des sangliers) permettant la pratique de la chasse sur les parcelles et à leurs
abords.
 Impact sur les risques majeurs
La mise en place de haies et de bandes enherbées facilitent la pénétration de l'eau dans le sol
réduisant l'occurrence et la violence des épisodes d'inondations. Le maintien d'une végétation tout au
long de l'année augmente l'évapotranspiration conduisant à un assèchement plus rapide des sols
augmentant le risque local de sécheresse.
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FICHE 3: Services Ecosystémiques « CICES »
L’activité du domaine, par sa gestion en agriculture raisonnée, compte de nombreux services
écosystémiques.
 Service d’approvisionnement: nourriture
Les raisins récoltés donneront au bout d’une année du vin. Même s’il est à consommer avec
modération, le vin reste une boisson apportant des nutriments et de l’eau à l’organisme. Le service
rendu impacte au-delà de la simple région ; l’export du vin à l’échelle mondiale permet un
rayonnement planétaire. Les bandes enherbées et les haies abritent une faune et une flore riche et
diversifiée. La combinaison de ces éléments amène à une fréquentation plus importante de ces
habitats par des espèces gibier (sanglier, lapin…), favorisant ainsi la chasse sur le domaine. Si l’on
complète cet apport avec l’augmentation du gibier sur le Domaine, nous pouvons considérer cet
espace comme une réserve de biomasse consommable par l’Homme. Nous pouvons également y
joindre les plantes comestibles qui poussent spontanément dans les inter-rangs, tel que la fausse
roquette (Diplotaxis erucoides).
 Service d’approvisionnement: engrais
Les résidus de la taille des vignes sont brûlés et peuvent ensuite être utilisés comme engrais.
 Service d’approvisionnement : eau non potable
Le Domaine a mis en place un système de captage de la nappe phréatique. Cela permet l’irrigation
des cultures, mais également le stockage d’eau pour laver le matériel agricole et les cuves.
 Service de régulation: polluants
Les micro-organismes du sol minéralisent une partie de l'azote et du carbone organique présent dans
le sol, rendant l'azote disponible pour les vignes. De plus, les bandes enherbées retiennent une partie
des produits phytosanitaires épandus et limitent leur transfert vers les eaux.
 Service de régulation: flux
Le territoire où s’étendent les vignes supporte un climat méditerranéen, ce qui implique de fortes
pluies sur un laps de temps très court. Les quantités d’eau ainsi déversées entraînent un ruissellement
intense et, parfois, une inondation du milieu. Les bandes enherbées améliorent la pénétration de l'eau
dans le sol et limitent les phénomènes d'érosion. Les bandes enherbées et le sol maintenu limitent les
phénomènes de ruissellement, ce qui localement diminue le risque et la violence des inondations.
 Service de régulation: conditions physico-chimiques et biologiques
Un sol ainsi conservé permettra le bon développement des cépages. La présence de bandes
enherbées facilite la présence d'auxiliaires de culture diminuant fortement la présence d'acariens
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Alicia BAILLY; Marina DEHAECK; Mathilde NIVEAU; Julie MARTIN; Simon FAURE
Octobre 2015
ravageurs de la vigne dans notre cas. Le maintien d'un couvert herbacé diminue l'érosion, il diminue
également le tassement du sol lors du passage des engins agricoles. La faune présente dans le sol
permet de décomposer les organismes morts. La présence de légumineuses et de bactéries permet
d'enrichir naturellement le sol en azote minéral.
 Service culturel: esthétique
La plantation de cépages variés, associée aux arbres typiques (Micocouliers…) nouvellement
plantés, offre à qui se promène sur l’exploitation un cadre diversifié. Cela est d’autant plus vrai à
l’automne, lorsque les feuilles vieillissantes se teintent de couleurs orangées, dorées et rouges. Les
cépages étant différents, la sénescence est échelonnée dans le temps, transformant ainsi le paysage
en une mosaïque de couleurs. Les puechs où la garrigue a libre expression permettent d’enrichir les
zones cultivées, d’apparence très géométriques, d’une végétation plus chaotique, apportant ainsi un
équilibre au tableau. De même, la non-taille de ceps sur certaines parcelles ajoute un charme en
rendant vivant le paysage, leurs branches se balançant alors librement au gré du vent. Cet ensemble
valorise l’image de marque du Domaine, et permet sa valorisation auprès des potentiels clients.
 Service culturel: héritage culturel
La viticulture et les vendanges font parties intégrantes du patrimoine culturel français, et conserver
ses pratiques passe donc par la conservation de parcelles de vignes.
CONCLUSION ET DISCUSSION
Le Domaine de l’Arjolle appartient au territoire des Garrigues de par sa position
géographique et la composition de ses sols. Cela se manifeste à travers le paysage ainsi que par
l’existence de zones éparses de végétation propres aux Garrigues. Pourtant, suite à notre entretien
avec M. Charles Duby, nous avons pu constater que l’appartenance à ce territoire n’est pas une
évidence pour le Domaine et ne constitue pas un élément clé de son identité.
En effet, comme dit précédemment, des zones caractéristiques de la Garrigue existent mais elles sont
peu nombreuses et de taille assez relatives. La plupart sont issues de la déprise agricole, et situées
sur les puechs. Ainsi, aux alentours du Domaine, les zones sont dans l’entière majorité viticoles et ne
reflètent pas la Garrigue au sens paysager et environnemental du terme.
Malgré cette absence d’identification, notre étude nous a permis de mettre en avant plusieurs
éléments qui confirment notre hypothèse selon laquelle le Domaine de l’Arjolle valorise le territoire
des Garrigues et sa biodiversité.
Tout d’abord, du point de vue économique, l’activité viticole du Domaine de l’Arjolle nous semble
être à la fois solide et viable. D’une part, le Domaine est organisé en un groupement total qui permet
une équité entre les associés vis-à-vis de la propriété foncière et des parts sociales de la société, une
stabilité de l’activité dans le temps et une mise en commun des moyens et des compétences. En
conséquence cela favorise ses capacités d’investissement et d’innovation, mais aussi de
transmission. D’autre part, le Domaine semble suivre une stratégie commerciale adaptée à la
demande, et pertinente en terme de communication: les associés se sont initialement tournés vers
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Alicia BAILLY; Marina DEHAECK; Mathilde NIVEAU; Julie MARTIN; Simon FAURE
Octobre 2015
l’export, mais leurs ventes se tournent de plus en plus vers le marché français, ce dernier ayant
récemment reconnu la qualité des vins du Sud de la France. Ils innovent avec la culture de cépages
peu courants en France (Zinfandel, Carménère) tout en continuant à valoriser les cépages originels
(Muscat petits grains).
Enfin le Domaine est soucieux de son environnement et s’engage à le protéger par des actions agroenvironnementales. La mise en place de haies, bandes enherbées, mares temporaires ainsi que la
réduction d’utilisation des intrants et des phytosanitaires va dans le sens d’une agriculture plus
respectueuse des ressources en eau, de la biodiversité et du maintien du sol. Tous ces éléments mis
en place soutiennent la stratégie commerciale du Domaine. Comme nous l’expliquait M. Duby, les
cavistes apprécient pouvoir valoriser leurs produits auprès des clients, par une anecdote originale.
Ici, nous pouvons citer à titre d’exemple l’apparition des deux espèces d’Orchidées sur le territoire,
grâce à l’ouverture des milieux. Ces espèces sont en général appréciées du grand public : leur
développement sur le Domaine ne le rend que plus attractif et remarquable. L’attractivité du site
pour les macro-vertébrés a, comme nous l’avons évoqué plus haut, fait la joie des chasseurs du
territoire. Cela inscrit le Domaine dans son territoire et auprès des acteurs locaux.
Ainsi, de part ses actions environnementales, économiques et sociales, le Domaine de l’Arjolle
s’inscrit dans une démarche de valorisation durable des Garrigues. Par l’attention portée à son
environnement et la mise en avant du territoire des Côtes de Thongue, espace situé dans les
Garrigues, le Domaine valorise de fait cet espace géographique particulier.
Malheureusement, la SAS de l’Arjolle ne reconnaissant pas son appartenance à l’espace Garrigue,
cette valorisation est loin d’être optimale. Les Garrigues sont ainsi inconnues du public s’intéressant
au Domaine et à sa production viticole, ainsi que de ses clients. Nous sommes ici confrontés à un
problème sémantique : pour un public naïf, la Garrigue est associé à l’habitat, et non à une
dénomination géographique. Au cours de son interview, M. Duby a utilisé le terme « garrigue » pour
décrire les espaces sur les puechs, entretenus avec le concours du CEN L-R. Mais il ne considère pas
son vignoble comme appartenant à ce territoire. Il semble donc important (voir primordial) que le
Collectif des Garrigues intervienne auprès des acteurs de son territoire pour les sensibiliser à cette
distinction sémantique. Le Domaine, une fois sensibilisé, pourrait ainsi se servir de ce nouvel
argument pour renforcer sa stratégie de communication et sa stratégie économique. Outre la
préservation de la biodiversité, les mesures environnementales mises en place préservent le territoire
de la Garrigue, et donc l’identité même de cet espace.
Le Collectif des Garrigues devrait s’intéresser au SAS de l’Arjolle, entreprise aussi intéressante de
part sa situation économique et structurelle, ses activités engagées, et son potentiel futur.
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Alicia BAILLY; Marina DEHAECK; Mathilde NIVEAU; Julie MARTIN; Simon FAURE
Octobre 2015
BIBLIOGRAPHIE
Foncin P., 1904. Discours à la distribution des prix du Lycée Hoche. L’action régionaliste. 11.
Ugaglia A., Del’Homme B., 2010. Réduction des pesticides – Une solution économiquement viable
sous conditions. Union girondine des vins de Bordeaux. 1065 : 30-32.
Vidal De la Blache P., 1888. Des divisions fondamentales du sol français. Bulletin Littéraire.2 : 1-7
et 49-57.
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Fiche CICES de la SAS de l'Arjolle, Les services écosystémiques utilisés
Section
Division
Group
Provisioning
Nutrition
Biomass
Water
Class
Class type
Cultivated crops
Crops by amount, type
Reared animals and their outputs
Animals, products by amount, type
Wild plants, algae and their outputs
Plants, algae by amount, type
Wild animals and their outputs
Animals by amount, type
Plants and algae from in-situ aquaculture
Plants, algae by amount, type
Animals from in-situ aquaculture
Animals by amount, type
Surface water for drinking
By amount, type
Exemple à la SAS de l'Arjolle
Production de raisin donc de vin par extrapolation.
Ground water for drinking
Materials
Biomass
Fibres and other materials from plants, algae and animals
for direct use or processing
Material by amount, type, use,
media (land, soil, freshwater,
marine)
Materials from plants, algae and animals for agricultural
use
Les résidus de taille de la vigne sont brulés et les cendres sont utilisées comme
engrais.
Genetic materials from all biota
Water
Surface water for non-drinking purposes
By amount, type and use
Ground water for non-drinking purposes
Energy
Biomass-based Plant-based resources
energy sources
Captage d'eau pour nettoyer le cuvage et le matériel agricole.
By amount, type, source
Animal-based resources
Mechanical
energy
Animal-based energy
By amount, type, source
Regulation &
Maintenance
Mediation of
waste, toxics and
other nuisances
Mediation by Bio-remediation by micro-organisms, algae, plants, and
biota
animals
Filtration/sequestration/storage/accumulation by microorganisms, algae, plants, and animals
Mediation by Filtration/sequestration/storage/accumulation by
ecosystems ecosystems
By amount, type, use, media (land, Les micro-organismes du sol minéralisent une partie de l'azote et du carbone
soil, freshwater, marine)
organique présent dans le sol, rendant l'azote disponible pour les vignes.
By amount, type, use, media (land, Les bandes enherbées retiennent une partie des produits phytosanitaires
soil, freshwater, marine)
épandus et limitent leur transfert vers les eaux.
By amount, type, use, media (land,
soil, freshwater, marine)
Dilution by atmosphere, freshwater and marine
ecosystems
Mediation of smell/noise/visual impacts
Mediation of
flows
Mass flows
Mass stabilisation and control of erosion rates
By reduction in risk, area
protected
Les bandes enherbées améliorent la pénétration de l'eau dans le sol et limite les
phénomènes d'érosion.
Hydrological cycle and water flow maintenance
By depth/volumes
Les bandes enherbées et le sol maintenu limitent les phénomènes de
ruissellement.
Flood protection
By reduction in risk, area
protected
By reduction in risk, area
protected
Les bandes enherbées et le sol limitent le ruissellement, ce qui localement
diminue le risque et la violence des inondations.
By change in
temperature/humidity
Les bandes enherbées augmentent l'évapo-transpiration, ce qui évacue plus
vite le trop plein d'humidité dans le sol.
By amount and source
Pollination by bees and other insects; seed dispersal by insects, birds and other
animals
Buffering and attenuation of mass flows
Liquid flows
Gaseous / air Storm protection
flows
Ventilation and transpiration
Maintenance of
Lifecycle
Pollination and seed dispersal
physical, chemical, maintenance,
biological
habitat and gene
conditions
pool protection Maintaining nursery populations and habitats
Pest and disease Pest control
control
By amount and source
By reduction in incidence, risk,
area protected
La présence de bandes enherbées permet la présence d'auxiliaires de culture
diminuant fortement la présence d'acariens ravageurs de la vigne.
By amount/concentration and
source
Le maintien d'un couvert herbacé diminue l'érosion, il diminue également le
tassement du sol lors du passage des engins agricoles.
Disease control
Soil formation Weathering processes
and composition
Decomposition and fixing processes
Water
conditions
Chemical condition of freshwaters
La faune présente dans le sol permet de décomposer les organismes morts. La
présence de légumineuses et de bactéries permet d'enrichir le sol en azote
minéral.
By amount/concentration and
source
Water
conditions
Chemical condition of salt waters
Atmospheric Global climate regulation by reduction of greenhouse gas
composition and concentrations
climate
regulation
Micro and regional climate regulation
Cultural
Physical and
Physical and
intellectual
experiential
interactions with
interactions
biota, ecosystems,
and
land-/seascapes Intellectual and
[environmental representative
settings]
interactions
Experiential use of plants, animals and land-/seascapes in
different environmental settings
By amount, concentration or
climatic parameter
By visits/use data, plants, animals, Des touristes acheteurs visitent les parcelles de vignes avant d'acheter les
ecosystem type
différents produits du domaine.
Physical use of land-/seascapes in different environmental
settings
Scientific
By use/citation, plants, animals,
ecosystem type
Educational
Heritage, cultural
Le maintien de l'activité viticole participe à la perpétuation du savoir-faire
agricole français.
Entertainment
Aesthetic
Spiritual, symbolic Spiritual and/or
and other
emblematic
interactions with
biota, ecosystems,
and
Other cultural
land-/seascapes
outputs
[environmental
settings]
Symbolic
La présence de murets, mares, et cépages perdant leurs feuilles à différentes
dates contribue à l'aspect esthétique du domaine, ce qui valorise son image de
marque.
By use, plants, animals, ecosystem
type
Sacred and/or religious
Existence
Bequest
By plants, animals,
feature/ecosystem type or
component