Cancers de la bouche et des glandes salivaires
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Cancers de la bouche et des glandes salivaires
Dans ce cas, appelez Cancerinfo gratuitement et de façon anonyme (du lundi au vendredi, de 9h00 à 18h00). Des professionnels (médecins, psychologues, infirmiers et assistants sociaux) sont à l’écoute de toute personne confrontée au cancer. POUR TOUTES VOS QUESTIONS SUR LE CANCER 0800 15 801 cancer.be/info publications Fondation d’utilité publique Chaussée de Louvain 479 - 1030 Bruxelles T. 02 736 99 99 [email protected] - www.cancer.be Soutenez-nous : IBAN : BE45 0000 0000 8989 - BIC : BPOTBEB1 Suivez-nous sur www.facebook.com/fondationcontrelecancer 3.1.27 Vous cherchez de l’aide ou d’autres informations ? Vous avez besoin de parler ? Vous cherchez des informations sur un type de cancer ou ses possibilités de traitement ? Vous voulez savoir comment faire appel à un service de la Fondation contre le Cancer ? E.R. : Luc Van Haute - Fondation contre le Cancer - Chaussée de Louvain 479, B-1030 Bruxelles • Fondation d’utilité publique • 0873.268.432 •D1536 – P&R 15.12 CDN Communication 15.4.61 A qui en parler ? Cancers de la bouche et des glandes salivaires A qui cette brochure est-elle destinée ? Ce document s’adresse avant tout aux personnes confrontées à un cancer de la bouche ou de la gorge (oropharynx). Table des matières A qui cette brochure est-elle destinée ? 3 Qu’est-ce qu’un cancer ? 4 Un peu d’anatomie 6 Chiffres et facteurs de risque 10 Symptômes16 Examens de diagnostic 18 Choix des traitements 23 Les traitements 26 Suivi après la fin des traitements 39 Encore quelques conseils 41 La Fondation contre le Cancer : une mission, trois objectifs 47 Lorsqu’on vous annonce un diagnostic de cancer, de très nombreuses questions et émotions se bousculent. On veut comprendre comment et pourquoi la maladie s’est développée, quels sont les examens et les traitements indispensables, combien de temps ils risquent de durer… On se demande si une guérison est possible, si les traitements permettent de poursuivre une vie normale ou s’il faudra se faire aider… On s’interroge sur le coût de la maladie, sur ce qu’il vaut mieux dire ou ne pas dire à son entourage… A toutes ces questions et à bien d’autres, des réponses devront être apportées au fur et à mesure qu’elles se posent, au cas par cas, en fonction de l’évolution particulière de chaque patient. Votre médecin jouera à cet égard un rôle essentiel. Lui seul est en mesure de vous informer avec précision sur l’évolution de votre cas, pour autant que vous le lui demandiez. Cette brochure n’a pas pour objet de tout vous apprendre sur votre traitement. Elle vous donne cependant des informations générales très importantes pour comprendre votre situation. Elle peut également vous aider à poser les bonnes questions à votre médecin ou à l’équipe médicale, si vous souhaitez en savoir plus sur votre situation particulière. N’oubliez pas non plus vos proches. Eux aussi se posent de nombreuses questions. Ce document peut donc également leur être utile. 2 3 Qu’est-ce qu’un cancer ? Un cancer résulte d’une perturbation profonde et complexe du fonctionnement de certaines cellules, qui se multiplient de manière incontrôlée et anarchique, à tel point qu’elles finissent par envahir l’organe dans lequel elles se trouvent et par envoyer des cellules malades à distance, vers d’autres organes. Cause Au départ, ce sont les dégâts accumulés par une cellule qui entraînent le processus de cancérisation (carcinogenèse). Ces dégâts peuvent, entre autres, être dus à l’exposition à des produits toxiques (au premier rang desquels se trouve la fumée de tabac), à des agents physiques (ultraviolets naturels ou artificiels, rayonnements, pollution), ou à certains virus. Le lien avec l’alimentation est établi mais encore mal connu. Par contre il est établi que l’alcool, l’excès de poids et le manque d’exercice physique augmentent le risque de certains cancers, tout comme des expositions professionnelles à différents produits chimiques. L’hérédité n’intervient que rarement. Les cancers ne sont jamais contagieux. Voilà pourquoi la fréquence des cancers augmente globalement avec l’âge. C’est aussi la raison pour laquelle le dépistage précoce de certains cancers est si important. Il permet de les traiter avant l’apparition des métastases. Dernière précision : tumeur n’est pas toujours synonyme de cancer. Une tumeur est une masse de cellules qui peuvent être cancéreuses ou non. On parle respectivement de tumeur maligne (cancer), ou de tumeur bénigne (adénome, kyste, etc.). Vous cherchez d’autres informations ? Appelez gratuitement Cancerinfo au 0800 15 801, tous les jours ouvrables de 9h à 18h. Evolution Après une période plus ou moins longue, certaines cellules cancéreuses peuvent s’échapper de leur tumeur d’origine et aller s’installer dans d’autres parties du corps, via les vaisseaux sanguins ou lymphatiques. Ces colonies “secondaires” portent le nom de métastases. Le processus de cancérisation est habituellement très lent. Il peut s’étendre sur plusieurs années, voire des dizaines, après les premiers dégâts cellulaires. 4 5 Un peu d’anatomie La bouche et l’oropharynx La cavité buccale – plus communément appelée ‘bouche’ – comprend les lèvres, les muqueuses des lèvres et des joues, les dents, les gencives, la partie la plus antérieure et mobile de la langue, le plancher de la bouche et, dans sa partie supérieure, une paroi osseuse recouverte d’une muqueuse qui sépare la bouche des fosses nasales, le palais dur. L’oropharynx est la partie de la gorge située juste en arrière de la bouche. Il commence là où la cavité buccale s’arrête, et se compose de la base de la langue (la partie la plus en arrière, non mobile), du palais mou ou voile du palais (partie souple du palais, non constituée d’os, la plus en arrière), de la luette, des amygdales et des parois latérales et postérieures du pharynx. Ces deux organes – bouche et oropharynx – jouent un rôle essentiel dans la respiration, la parole, la mastication et la déglutition. Ils sont parsemés de petites glandes salivaires accessoires dites ”mineures“ qui contribuent avec les autres glandes salivaires principales dites ”majeures“ à produire la salive permettant de maintenir l’humidité de la bouche et d’assurer le premier stade de la digestion. Palais dur Palais mou Gencives Amygdale Langue Paroi postérieure de l'oropharynx Plancher de la bouche Lèvre inférieure Sinus paranasal Fosse nasale Pharynx: Nasopharynx Oropharynx Cavité buccale Hypopharynx Larynx Glandes salivaires Œsophage Trachée 6 7 Les glandes salivaires Nous avons 3 paires de glandes salivaires majeures, situées dans et autour de la bouche. • Les glandes parotides, les plus grandes, situées de chaque côté du visage au-dessous et en avant des oreilles. Si 70% des tumeurs des glandes salivaires y trouvent leur origine, la plupart d’entre elles (80%) sont bénignes. • Les glandes sous-mandibulaires, appelées aussi glandes sous-maxillaires, sont plus petites et situées juste au-dessous de la mâchoire. Les tumeurs de ces glandes sont moins fréquentes (10% à 20% des tumeurs salivaires), mais plus souvent de nature cancéreuse (50%). • Les glandes sublinguales, les plus petites, situées dans le bas de la bouche, de chaque côté de la langue. Il est rare que des tumeurs s’y développent. En plus de ces glandes majeures, nous avons des centaines de petites glandes salivaires accessoires mineures, situées dans la muqueuse des lèvres, de la langue, du palais, ainsi que dans l’intérieur des joues, le nez, les sinus et le larynx. Les tumeurs qui se développent à partir de ces glandes sont peu fréquentes ; par contre, elles sont très souvent (dans plus de 80% des cas) de nature maligne. 8 Glandes parotides Glandes sublinguales Glandes sous-mandibulaires Les cancers dans des zones proches de la bouche et de l’oropharynx sont abordés dans d’autres brochures (Cancers du nez, des sinus et de la cavité nasale et Cancers du larynx). 9 Chiffres et facteurs de risque Cancers de la bouche et de l’oropharynx En Belgique, on diagnostique annuellement plus de 1 500 cas de cancers de la bouche et de l’oropharynx. Ils touchent deux fois plus d’hommes que de femmes, le plus souvent après l’âge de 60 ans (sauf pour les cancers liés au virus HPV qui touchent des personnes plus jeunes – voir page 12). 90% des cancers buccaux ou oropharyngés sont des ”carcinomes épidermoïdes“. Certains se développent à partir d’une lésion préexistante appelée dysplasie (voir page 13). Outre des carcinomes épidermoïdes, on peut également trouver des cancers qui se développent au départ des tissus du système immunitaire (tissu lymphoïde) présent dans les amygdales et au niveau d’une amygdale située à la base de la langue (amygdale linguale). Il s’agit alors de lymphomes. Les lymphomes sont décrits dans d’autres brochures. Dans un faible pourcentage de cas de cancers de la bouche ou de l’oropharynx, on découvre un autre cancer dans une région anatomique plus ou moins proche, par exemple dans le larynx, l’œsophage ou un poumon. C’est ce qu’on appelle un cancer synchrone. Pour cette raison, le diagnostic d’un cancer de la sphère buccale ou oropharyngée doit toujours être suivi d’examens complémentaires pour s’assurer qu’il n’y a pas une telle tumeur synchrone. 10 Facteurs de risques Le tabac et l’alcool sont les deux facteurs de risque principaux des cancers de la bouche ou de l’oropharynx. Tabac La plupart des gens touchés par ces cancers consomment du tabac (fumé ou chiqué). Plus la consommation est importante, plus le risque est grand. Cela vaut aussi bien pour la cigarette que pour le cigare ou la pipe. Cette dernière est d’ailleurs un facteur de risque particulièrement important de cancer de la lèvre. Les produits du tabac à prendre par la bouche (snuff ou tabac à chiquer) augmentent surtout le risque de cancer des muqueuses, des gencives et de l’intérieur des lèvres. Et ces produits causent aussi d’autres maladies des gencives, comme par exemple une fragilisation de l’os entourant les dents qui peut provoquer leur déchaussement. Alcool L’alcool est un autre facteur aggravant fortement le risque des cancers de la bouche ou de la gorge. Et un usage combiné d’alcool et de tabac multiplie ce risque de façon exponentielle. On considère que le risque est 100 fois plus élevé chez les personnes qui boivent et fument régulièrement par rapport à celles qui évitent ces comportements. 11 Infection par un Papillomavirus (HPV) Les Papillomavirus (HPV) sont une famille de virus très répandus, dont la plupart ne causent que des verrues. Mais certains (comme le HPV16) sont responsables de divers cancers tels que les cancers du col de l’utérus ou, dans le cas qui nous occupe, de la bouche et de l’oropharynx. Ces types de HPV se propagent principalement par contact sexuel. Ces anomalies sont souvent repérées pour la première fois par un dentiste. Il peut s’agir de lésions relativement inoffensives, mais parfois, elles présentent des anomalies au niveau des couches de cellules superficielles témoignant d’une lésion précancéreuse. Si c’est le cas, on parle de dysplasie. Une dysplasie non traitée peut évoluer vers un cancer invasif. Ces 10 dernières années, on a vu apparaître un nombre croissant de cancers de l’oropharynx liés aux virus HPV. On estime qu’actuellement, en Belgique, environ 30% des cancers de l’oropharynx sont causés par un virus HPV. Les infections par les virus de la famille HPV sont très fréquentes, mais heureusement, la plupart des personnes qui en sont atteintes guérissent spontanément et seul un très faible pourcentage développera un cancer de l’oropharynx. Certaines études ont mis en évidence la multiplicité des partenaires sexuels comme étant un facteur de risque. Pour connaître le degré de sévérité d’une leucoplasie ou d’une érythroplasie, il faut procéder à une biopsie. Cet examen consiste à prélever un petit morceau de tissu et à l’observer au microscope. Le pronostic des cancers oropharyngés liés à un virus HPV, en particulier chez les non-fumeurs, est nettement meilleur que chez les personnes chez qui le cancer est lié à une consommation de tabac et d’alcool. Lésions potentiellement précancéreuses La leucoplasie et l’érythroplasie sont deux sortes de tissus anormaux pouvant apparaître dans la bouche et la gorge : • une leucoplasie se présente comme une plaque grise ou blanche ; • une érythroplasie est une rougeur plate ou légèrement gonflée saignant facilement si elle est grattée. 12 L’érythroplasie est moins fréquente, mais souvent plus grave que la leucoplasie. Dans la plupart des cas, la biopsie montre qu’il s’agit déjà d’un cancer ou d’une lésion qui évoluera très probablement vers un cancer. La majorité des cancers de la bouche ne sont pas précédés de leucoplasie ou d’érythroplasie. La cause la plus fréquente de leucoplasie et d’érythroplasie est le tabac (fumé ou chiqué). Une prothèse dentaire mal adaptée, qui frotte contre la langue ou les muqueuses, peut également être à l’origine de ces lésions. Parfois, aucune cause claire n’est identifiable. Dans le cas des causes identifiées, la guérison est généralement spontanée. Le lichen plan érosif est une lésion chronique et douloureuse de la muqueuse de la bouche, qui peut également dégénérer en cancer (dans 1 à 3% des cas). Cette lésion se présente sous la forme de taches blanches irrégulières ulcérées et douloureuses, qui 13 font parfois penser à des aphtes de durée inhabitu ellement longue, situées sur la langue, les gencives, l’intérieur des joues ou des lèvres. On ne connaît pas la cause des lichens plans. Il est possible qu’il s’agisse d’une affection auto-immune. Cancers des glandes salivaires Les cancers des glandes salivaires sont rares. En Belgique, on compte environ 150 nouveaux cas par an, les hommes étant presque deux fois plus souvent atteints que les femmes. Ce type de cancers se déclare surtout après 40 ans, mais peut se rencontrer à tout âge, en particulier chez des adolescents et jeunes adultes. Il existe plusieurs types de cancers des glandes salivaires, déterminés par les cellules dont ils sont originaires. La classification des tumeurs des glandes salivaires est très complexe. On retiendra que la majorité d’entre elles sont bénignes. Certaines, comme les adénomes pléomorphes (la tumeur bénigne la plus fréquente), sont bénignes au départ mais peuvent se transformer en tumeurs cancéreuses après plusieurs années d’évolution si elles ne sont pas enlevées. Enfin, d’autres sont d’emblée cancéreuses. Nous en retiendrons principalement deux : • Le carcinome adénoïde kystique, souvent d’évolution lente, mais qui a une propension à se développer en suivant le trajet de certains nerfs, ce qui rend l’opération délicate. Ce cancer est sujet à des rechutes après traitements (le plus souvent chirurgie et radiothérapie), parfois de nombreuses années plus tard (jusqu’à 20 ans et plus). Il existe encore d’autres formes de carcinomes, de gravité variable et aux noms très complexes. Il s'agit notamment des carcinomes des petites glandes salivaires disséminées au sein des muqueuses de la bouche et de la gorge. Pour être complet, citons encore des cancers d’autres origines qui se logent dans les glandes salivaires. Il peut alors s’agir de lymphomes, de sarcomes ou de métastases d’autres cancers (notamment d’un mélanome). Facteurs de risque Le principal facteur de risque connu de cancer des glandes salivaires est l’exposition à des rayonnements radioactifs, par exemple suite à une radiothérapie ou dans l’environnement professionnel. • Le carcinome mucoépidermoïde, qui est un des cancers des glandes salivaires les plus fréquents. Il trouve le plus souvent son origine dans les glandes parotides et plus rarement dans les glandes sous maxillaires (ou sous-mandibulaires) ou dans les glandes salivaires accessoires. Il en existe une forme peu agressive et une forme agressive. 14 15 Symptômes Les premiers signes d’une lésion (pré)cancéreuse de la sphère buccale sont souvent repérés par le dentiste ou le médecin traitant. Si celui-ci suspecte une anomalie, il vous dirigera vers un médecin spécialiste ORL (nez-gorge-oreilles), ou un stomatologue (spécialiste des maladies de la bouche). Parmi les symptômes possibles, citons : • plaie buccale ne guérissant pas (le plus fréquent) ; • douleur persistante (et fréquente) dans la bouche ou la langue ; • gonflement ou épaississement de la joue ; • tache blanche ou rouge sur les gencives, la langue, les amygdales ou la muqueuse buccale ; • gorge douloureuse, sensation d’avoir quelque chose de bloqué dans la gorge ; • difficultés à mâcher ou avaler ; • difficultés à bouger la langue ou la mâchoire ; • insensibilité ou engourdissement de la langue ou dans une partie de la bouche ; • dans le cas du port d’une prothèse dentaire, gonflement de la mâchoire entraînant un inconfort ou un mauvais placement de celle-ci ; • douleurs à la mâchoire et aux dents, déchaussement des dents ; • modification de la voix ; • gonflement du cou ; • perte de poids ; • mauvaise haleine persistante. 16 Les signaux pouvant indiquer la présence d’un cancer des glandes salivaires sont : • un gonflement ou une grosseur dans le visage ou le cou ; • une douleur persistante dans une partie du visage ou du cou ; • une différence notable de taille et/ou de forme entre la partie droite et la partie gauche du visage ou du cou ; • une faiblesse musculaire ou une paralysie d’une moitié du visage. La plupart de ces symptômes sont le plus souvent dus à des problèmes de santé sans gravité, sans aucun rapport avec un cancer. De plus, pour être significatifs, ils doivent être persistants (plus de 2 semaines) ou répétés. Votre médecin est le seul à pouvoir déterminer, par des examens appropriés, si une anomalie persistante est due à un cancer. Si nécessaire, il vous dirigera vers un spécialiste pour un suivi complémentaire. 17 Examens de diagnostic La période du diagnostic et des examens complémen taires est souvent difficile à vivre. Il faut attendre un certain temps avant que tous les examens soient effectués et que les résultats soient disponibles. Dans l’intervalle, on se pose bien des questions sur la nature de la maladie, sa gravité et son évolution possible. Les équipes hospitalières font tout leur possible pour que cette période soit la plus brève possible. Nasofibroscopie (flexible) et autres endoscopies Un tube flexible contenant des fibres optiques (fibroscope) est introduit par le nez, afin d’examiner l’arrière de la cavité nasale (nasopharynx), l’oropharynx, le larynx et l’hypopharynx. Généralement, le médecin spécialiste en ORL pratique au préalable une anesthésie locale à l’aide d’un spray ou gel anesthésiant à base de xylocaïne par exemple. Selon les cas, il se peut que le médecin estime nécessaire de procéder également à d’autres examens endoscopiques, soit au niveau de la gorge afin de bien visualiser non seulement la cavité orale mais aussi le pharynx, le larynx et la trachée ainsi que du haut de l’œsophage ; soit au niveau d’autres organes (examen fibroscopique de l’œsophage et de l’estomac). L’examen endoscopique de la gorge (parfois aussi appelé laryngoscopie directe) est habituellement effectué sous anesthésie générale au bloc opératoire. Si une zone suspecte est repérée, on peut procéder à une biopsie. 18 Biopsie Pour pouvoir poser un diagnostic définitif, il est nécessaire de prélever un petit morceau de tissu (biopsie) qui sera ensuite examiné au microscope par un anatomo-pathologiste, pour confirmer la présence de cellules cancéreuses et déterminer le type de cancer. Le prélèvement se fait généralement soit en consultation sous anesthésie locale, soit pendant l’examen endoscopique au cours d’une courte anesthésie générale. Il est également possible de prélever des cellules d’un ganglion à l’aide d’une ponction réalisée avec une aiguille fine. Dans le cas des cancers de la sphère buccale et de l’oropharynx, une recherche de virus HPV doit également être effectuée sur le prélèvement. Si le diagnostic de cancer est confirmé, des examens complémentaires sont menés afin de déterminer l’extension de la tumeur, la présence ou l’absence d’atteinte des ganglions du cou et enfin la présence ou l’absence de métastases. CT-scan Le CT-scan (scanner) est une technique d’imagerie qui utilise les rayons X. Il permet d’obtenir des images extrêmement détaillées des organes examinés. Son principe consiste à prendre une série de clichés radiographiques successifs de la région à explorer (tomographie). Les données obtenues sont ensuite traitées par informatique pour être transformées en images. Les appareils les plus modernes (spiralés) permettent même de reconstruire des images en 3D. 19 En pratique : le scanner ressemble à un grand anneau dans lequel vous êtes allongé sur une table mobile. L’appareil prend une série de clichés pendant que la table avance progressivement. Avant l’examen, on doit parfois vous injecter un produit de contraste, afin de rendre certains organes encore mieux visibles. Si vous avez déjà eu une réaction allergique à ce type de produit, pensez à en informer le médecin. ”tube“. L’appareil fait beaucoup de bruit, ce qui peut être désagréable. Un CT-scan de la tête et du cou permet de déterminer la taille, la forme et la localisation de la tumeur, ou de voir si la tumeur s’est étendue à certains os qui sont à proximité (mâchoire par exemple). Il permet également de voir si des ganglions lymphatiques ont augmenté de volume. Un CT-scan du thorax permet de visualiser un cancer simultané au niveau des bronches et la présence de métastases dans les ganglions du médiastin ou les poumons. PET-scan (tomographie par émission de positons) IRM (imagerie par résonance magnétique) L’IRM ressemble à un CT-scan, dont on aurait remplacé les rayons X par des champs magnétiques très puissants. Ici aussi, le médecin peut obtenir une sorte de coupe transversale virtuelle de l’organisme. Les différents organes sont visualisés sur un écran d’ordinateur. Un produit de contraste (gadolinium) est généralement injecté avant l’examen. L’IRM donne le plus souvent de meilleures images que le CT- scan au niveau des tissus mous. En pratique : cet examen ressemble au CT-scan mais il dure plus longtemps (jusqu’à une heure). Vous devrez rester allongé et immobile dans une sorte de 20 L’IRM donne en général de meilleures images que le CT-scan au niveau des tissus mous et est donc préférable au CT-scan. Il arrive cependant que l’équipe médicale demande les deux examens lorsque le premier examen ne permet pas de répondre à toutes les questions. Contrairement au CT-scan et à l’IRM, le PET-scan donne des images peu détaillées de l’anatomie. Son intérêt est qu’il permet de visualiser les zones où les cellules sont les plus actives. Pour cet examen, on injecte une petite quantité de sucre radioactif au patient (fluorodéoxyglucose ou FDG). Ce ”traceur“ va s’accumuler là où les cellules utilisent le plus d’énergie, et donc notamment dans les tumeurs constituées de cellules cancéreuses. Le PET-scan est surtout utile pour dépister les métastases. Il existe des appareils qui combinent un PET-scan et un CT-scan. En pratique : l'examen comprend deux temps. Le premier est l’injection du traceur radioactif dans une veine du bras. Il faut ensuite attendre environ une heure au calme, pour que le produit se répartisse dans l’ensemble de l’organisme. Ensuite se déroule l’examen proprement dit. Vous serez allongé sur la table mobile de la machine, vous resterez dans le calme et dans la pénombre pendant environ 30 minutes. Au total, cet examen prend donc 2 à 3 heures. 21 Choix des traitements Analyse sanguine Ce type d’examen n’est pas utilisé dans le cadre du diagnostic d’un cancer de la bouche, de la gorge ou des glandes salivaires. Il peut par contre être utile pour déterminer la condition de santé générale, par exemple avant une opération chirurgicale. Il permet également de donner des indications sur la présence éventuelle de métastases dans le foie ou les os. Examen dentaire Une visite préalable chez le dentiste est systématique ment conseillée, avant une radiothérapie. Une intervention dentaire est en effet parfois nécessaire avant ce type de traitement (par exemple l’extraction de certaines dents). Afin de choisir le traitement le plus approprié et de déterminer le pronostic (chances de guérison), il est important de connaître le stade du cancer : est-il encore localisé ? A-t-il envahi les ganglions qui sont à proximité ? A-t-il envahi d’autres organes avoisinants ? Y a-t-il des métastases à distance ? Cette étape essentielle s’appelle la détermination du stade ou staging. Elle se fait sur base des résultats de l’examen clinique, des observations faites grâce aux examens de diagnostic (CT-scan, IRM, PET-scan, endoscopie…), du grade de la tumeur déterminé par l’examen de la biopsie. Système de classification des tumeurs (TNM ou Tumor - Node - Metastasis) La détermination du stade se fait généralement suivant le système TNM : • T fait référence à la taille et à une éventuelle extension locale de la tumeur. • N indique si le cancer s’est étendu aux ganglions lymphatiques (appelés nodes en anglais) proches de la tumeur primaire. • M fait référence à la présence de métastases dans d’autres parties du corps. Chaque lettre est suivie d’un chiffre ou d’une autre lettre : • les chiffres de 0 à 4 indiquent le degré d’extension ; • la lettre X signifie ”ne peut pas être évalué“, car l’information n’est pas disponible ; • les lettres ‘is’, signifiant ”in situ“ peuvent suivre le T et indiquent dans ce cas que la tumeur reste limitée à la couche cellulaire où elle est apparue. 22 23 Consultation oncologique multidisciplinaire (COM) Le choix final du traitement se fait après discussion entre les différents médecins spécialistes concernés par votre diagnostic et votre traitement : chirugien, oncologue, radiothérapeute, anatomo-pathologiste, ainsi que l’infirmier coordinateur de soins (voir encadré). Cette ”consultation oncologique multi disciplinaire“ (en abrégé : COM) est un critère de qualité exigé pour les hôpitaux accrédités pour un programme de soins en oncologie et favorisé par le Plan national Cancer. En fonction du stade du cancer, les médecins décident ensemble des méthodes de traitement qu’ils vont utiliser dans chaque cas particulier. Pour les cancers de la cavité buccale ou de l’oro pharynx, ils peuvent faire appel à : • la chirurgie ; • la radiothérapie ; • la chimiothérapie ; • les thérapies ciblées. Dans le cas des cancers de la bouche et des glandes salivaires, le premier traitement est généralement une opération chirurgicale. Elle est éventuellement suivie d’une radiothérapie ou d’une combinaison chimio- et radiothérapie. Certaines petites tumeurs de la bouche sont traitées par brachythérapie (radiothérapie interne). Les tumeurs non opérables ou très avancées seront traitées par combinaison de chimiothérapie et radiothérapie. 24 Pour les cancers de l’oropharynx, les tumeurs de stade précoce seront traitées par chirurgie ou par radiothérapie externe. Pour les tumeurs d’accès chirurgical difficile ou avancées, il est souvent fait appel à une combinaison chimio- et radiothérapie. Si le cancer est trop avancé pour être guéri (traitement curatif), on propose un traitement palliatif. Le CSO, un partenaire tout au long de votre traitement Les "Coordinateurs de soins en oncologie" sont présents dans la plupart des services hospitaliers de cancérologie. Cet(te) infirmier/infirmière spécialisé(e) sera votre personne de contact privilégiée tout au long des traitements que vous allez suivre. En effet, vous allez probablement passer par des services différents, des médecins différents, etc., mais votre CSO restera toujours le/la même. Il/elle fait partie intégrante de l'équipe soignante, assiste à toutes les réunions vous concernant et coordonne tous vos rendez-vous. Votre CSO est joignable à tout moment par téléphone ou par mail pour répondre aux questions que vous vous posez par rapport à la maladie et aux traitements. 25 Les traitements L’information disponible dans cette brochure n’est jamais transposable à votre cas particulier sans un avis médical ! Parlez-en à votre médecin. Chirurgie Différentes opérations peuvent être pratiquées, en fonction du stade et de l’emplacement de la tumeur. Dans la majorité des cas, l’opération devra non seulement enlever la tumeur mais aussi les ganglions du cou. Une chirurgie reconstructrice est parfois nécessaire après l’ablation de la tumeur, afin de réparer la perte de substance et préserver au mieux les fonctions des zones opérées. Résection de la tumeur Lors de l’opération, on enlève la tumeur et toute la zone qui l’entoure, même si elle semble saine, afin d’éviter que d’éventuelles cellules cancéreuses soient encore présentes dans les tissus avoisinants. Si la tumeur est petite et qu’elle se situe à l’avant de la bouche ou au niveau de certaines endroits de l’oropharynx (amygdale, luette, etc.), l’opération est relativement simple et peut se faire par la bouche. S’il s’agit d’une tumeur de taille importante et qu’elle est située à l’arrière de la bouche et dans l’oropharynx, on doit procéder à une incision dans le cou et pratiquer une ouverture au niveau de la mâchoire (mandibulotomie) afin de l’atteindre. Si l’os est proche de la tumeur, voire atteint par la tumeur, il devra être enlevé en partie ou en totalité avec la tumeur (mandibulectomie, maxillectomie) En fonction de la localisation de la tumeur, il peut aussi être nécessaire de retirer les tissus avoisinants, par exemple au niveau de la peau, des lèvres, des palais mou et dur, du larynx, du nez ou des sinus. 26 Quelques cas particuliers : Glossectomie (ablation de la langue) En cas de cancer de la langue peu étendu, il suffit de retirer une partie de la langue (glossectomie partielle). La partie de langue ôtée étant peu étendue, la fermeture se fait en rapprochant les tissus autour de la partie enlevée. Si la tumeur est plus étendue, il est parfois nécessaire d’enlever la moitié de la langue (hémiglossectomie), voire presque toute la langue (glossectomie subtotale) et même toute la langue (glossectomie totale). Une chirurgie reconstructrice est indispensable et est réalisée à l’aide de greffes de tissu prélevé sur diverses zones du corps. Mandibulectomie (ablation de la mâchoire inférieure) En cas de tumeur qui envahit l’os de la mâchoire inférieure (mandibule), il est parfois nécessaire de la retirer en totalité ou en partie. La partie enlevée peut être remplacée par un fragment d’os provenant d’un autre os du corps tel que le péroné, la hanche ou l’omoplate. Ce tissu est prélevé chez le patient luimême. Parfois, c’est une plaque métallique qui est utilisée pour remplacer la partie manquante. Maxillectomie Si le cancer s’est étendu au palais dur (partie la plus en avant du plafond de la bouche), il faut procéder à l’ablation complète ou partielle de la zone touchée de la mâchoire supérieure. Cette opération laisse un trou dans le plafond de la bouche, qui en général peut être obturé à l’aide d’une prothèse spéciale. Dans certains cas, on utilisera aussi des greffes osseuses. 27 Ablation des ganglions lymphatiques du cou Les cancers de la bouche et de l’oropharynx s’étendent très souvent vers les ganglions lympha tiques du cou. Il est alors nécessaire de procéder à l’ablation de ces ganglions d’un côté ou des deux côtés du cou. Cette opération est nommée évidement (ou curage) ganglionnaire. Elle est effectuée en même temps que l’ablation de la tumeur. Effets secondaires de la chirurgie Quand une tumeur infiltre les tissus entourant les nerfs responsables des mouvements du visage ou de la langue, il est parfois nécessaire de les sectionner, ce qui entraîne une paralysie d’une partie du visage, ou des difficultés d’élocution et de déglutition qui devront faire l’objet d’une rééducation par un(e) logopède. Une perte du goût, des difficultés à avaler et une anesthésie partielle du cou et de la région où se trouvait la tumeur sont également possibles. Dans la majorité des cas, les ganglions lymphatiques du cou doivent être enlevés. Cela peut entraîner une perte de sensibilité de l’oreille et de certaines zones du cou, une faiblesse musculaire rendant difficiles les mouvements du bras au-dessus de la tête ou encore une faiblesse de la lèvre inférieure. Sonde de gastrostomie Les opérations des cancers de la bouche et de la gorge peuvent entraver le processus de déglutition. Il n’est alors plus possible de s’alimenter normalement. Dans ce cas, il est possible que l’on place une sonde de gastrostomie. Il s’agit d’un tube relié directement à l’estomac, à travers la peau et les muscles, qui permet d’injecter des aliments liquides. Il peut être retiré dès qu'une alimentation normale peut reprendre. 28 Si les problèmes pour avaler ne sont que très temporaires, on opte plutôt pour un tube d’alimentation nasogastrique, qui passe par la cavité nasale jusque dans l’œsophage et l’estomac. Chirurgie reconstructrice Après des opérations étendues, la chirurgie reconstructrice permet de retrouver une apparence et/ou une fonction les plus normales possibles. Ce type de chirurgie n’est généralement pas nécessaire après des opérations liées à des petites tumeurs, car on limite l’ablation de tissus. Pour des petites lésions de surface, on peut par exemple procéder à une greffe de peau, prélevée au préalable sur la cuisse, le cou ou encore derrière l’oreille. Lorsque les dommages sont plus étendus, c’est une partie de muscle – avec ou sans la peau qui le recouvre – qui est prélevée dans une zone proche telle que la poitrine (muscle grand pectoral) ou le dos (muscle trapèze, muscle grand dorsal). Les options de reconstruction sont désormais plus nombreuses, grâce aux progrès de la microchirurgie vasculaire (qui consiste à recoudre ensemble de très petits vaisseaux sanguins sous un microscope). Même des tissus provenant d’autres parties du corps peuvent être employés pour reconstruire des parties de la bouche, de la gorge ou de la mâchoire. Les prélèvements peuvent se faire, par exemple, au niveau de l’avant bras, du bras ou du ventre, ou au niveau de l’intestin. On peut également prélever des fragments d’os au niveau de la jambe, de l’omoplate ou de la hanche. 29 Revalidation En fonction des interventions qui ont été pratiquées, il est souvent nécessaire de faire appel à des revali dations spécifiques, notamment de la parole et de la déglutition. Interviennent alors, dès que l’équipe médicale l’autorise, des logopèdes, nutritionnistes et/ou kinésithérapeutes spécialisés. Note : ceci est également nécessaire après des traitements par radiothérapie ou radio-chimiothérapie, en fonction de la localisation et de l’étendue de la tumeur, ainsi que de l’état général du patient. Radiothérapie Lors d’une radiothérapie, des rayons X de haute énergie sont utilisés pour détruire les cellules cancéreuses. Dans le cas des cancers de la bouche ou de la gorge, la radiothérapie est utilisée dans différents contextes : • Comme traitement principal pour les petites tumeurs. • Après une opération, en complément de celle-ci. On parle alors de radiothérapie adjuvante. Le but est d’éliminer les éventuelles cellules cancéreuses qui seraient encore présentes après l’opération. • Dans le cas de cancers étendus que l’on ne peut pas opérer, en combinaison avec une chimiothérapie ou une thérapie ciblée. • Comme moyen d’alléger les symptômes d’un cancer plus avancé : douleurs liées aux métastases osseuses. Un traitement de radiothérapie dure généralement 7 semaines à raison d’une séance par jour. Des études sont actuellement menées afin de voir si d’autres schémas sont plus efficaces, par exemple en utilisant 30 la même dose de rayons sur moins de jours, ou en utilisant des doses plus basses deux fois par jour. Les méthodes de radiothérapie actuellement utilisées ciblent très précisément la zone à traiter. Cela augmente les chances de réussite du traitement, tout en limitant les effets secondaires. Radio-chimiothérapie Le principe de la radio-chimiothérapie est d’administrer, pendant la période où se déroule la radiothérapie, une ou plusieurs cures de chimiothérapie. Le but est d’additionner localement (dans la zone irradiée) l’action des deux traitements pour diminuer les risques de récidive locale et de prévenir la dissémination métastatique. La radio-chimiothérapie est utilisée soit comme traitement primaire de tumeurs avancées, soit après une intervention chirurgicale lorsqu’il y a un risque plus élevé de récidive. Brachythérapie (irradiation interne) Une autre manière de délivrer des rayons est de placer de fins fils, aiguilles ou grains de métal contenant des matériaux radioactifs directement dans la tumeur. Cela permet de limiter les dégâts causés aux tissus sains environnants. Les implants sont généralement laissés en place quelques jours. On fait appel à la brachythérapie (aussi appelée curiethérapie) pour certaines petites tumeurs, ou en cas de tumeur limitée chez un patient qui a déjà eu une radiothérapie externe à proximité pour un autre cancer. Pour en savoir plus sur la radiothérapie, vous pouvez consulter la brochure qui y est entièrement consacrée. 31 Effets secondaires de la radiothérapie La radiothérapie a des effets secondaires à court et à long terme. Les premiers sont souvent passagers, et disparaissent progressivement peu après la fin du traitement. Les seconds sont souvent définitifs. A court terme Une radiothérapie peut causer des brûlures de la peau, similaires à des coups de soleil dans la région de la tête et du cou, ainsi que des douleurs dans la bouche et la gorge (mucite) et une fatigue marquée, plus souvent consécutive à la répétition des séances qui durent 7 semaines. Ces troubles disparaissent après le traitement. Parmi les autres effets secondaires possibles, citons : ulcérations dans la bouche, enrouement, difficultés à avaler, perte du goût. A long terme On peut parfois observer une nécrose au niveau des os de la mâchoire. Les atteintes aux glandes salivaires sont un problème important, pouvant causer une sécheresse buccale fort invalidante. La radiothérapie avec modulation d’intensité (IMRT) permet de réduire nettement la baisse de salive en évitant au maximum d’irradier les glandes salivaires. Un suivi par un dentiste est en tout cas conseillé en cas de radiothérapie de la tête ou du cou. En cas de radiothérapie du cou, la fonction de la thyroïde peut être affectée. Des médicaments spécifiques sont alors nécessaires. Les carotides 32 (artères du cou) peuvent quant à elles être fragilisées, ce qui entraîne un risque accru d’attaques cérébrales, généralement quelques années après le traitement. Rappelons que les nouvelles techniques de radio thérapie, beaucoup plus précises que par le passé, permettent de réduire nettement ces effets secondaires. Extraction de dents et implants dentaires Un examen dentaire doit être effectué avant toute radiothérapie. Il est parfois nécessaire de retirer certaines dents, voire même toutes. Des dents cassées ou infectées (abcès) non retirées pourraient causer de graves problèmes (infections sévères) suite au traitement. Il est éventuellement possible de placer ensuite des implants dentaires après un délai d’un an. Une hygiène buccale stricte est nécessaire pour le restant de la vie. Il est fortement conseillé d’utiliser régulièrement des gouttières sur lesquelles on applique un peu de fluor, et de se brosser les dents plusieurs fois par jour avec un dentifrice riche en fluor, afin de préserver les dents restantes. Chimiothérapie La chimiothérapie consiste à utiliser des médicaments – par voie intraveineuse ou orale – afin de tuer les cellules cancéreuses. Comme ces médicaments se diffusent dans le corps entier, ils sont surtout utiles dans les formes avancées de cancer. 33 Une chimiothérapie peut être appliquée dans différentes circonstances : • En traitement de première ligne, pour faire diminuer le volume d’une tumeur avant une opération chirur gicale ou une radiothérapie. On parle dans ces cas de chimiothérapie néoadjuvante. • Après une opération chirurgicale ou une radio thérapie, dans le but de réduire le risque de récidives locales ou de prévenir les métastases à distance. On parle dans ce cas de chimiothérapie adjuvante. • Combinée à une radiothérapie, car la chimio thérapie permet de rendre les cellules cancéreuses plus sensibles à la radiothérapie. Il s’agit alors de radio-chimiothérapie. • Pour les patients dont le cancer a métastasé dans d’autres organes tels que les poumons, les os ou le foie. Dans ce cas, la chimiothérapie peut être utilisée seule ou en combinaison avec une radiothérapie ou des traitements ciblés. La chimiothérapie est appliquée par cycles ou ”cures“ : chaque période de traitement (étalée sur un ou plusieurs jours) est suivie d’une période de repos (habituellement de 2 à 3 semaines) permettant au corps de se rétablir. La chimiothérapie n’est pas toujours possible chez les personnes en très mauvaise santé générale. Une combinaison de différents médicaments (cyto tatiques) est souvent utilisée. Dans le cas des cancers de la cavité orale et de l’oropharynx, on utilise généralement un sel de platine (cisplatine, carboplatine). Ce médicament peut être utilisé seul ou en combinaison avec d’autres cytostatiques comme le 5-fluorouracil (5-FU) et, lorsque la chimiothérapie est donnée en néoadjuvant, avec un taxane. 34 La radio-chimiothérapie peut être utilisée soit comme traitement primaire de tumeurs avancées, soit après une intervention chirurgicale lorsqu’il y a un risque plus élevé de récidive. D’autres médicaments peuvent être utilisés – souvent en combinaison de 2 ou plus – dans le cas où le cancer a métastasé. La chimiothérapie n’est pas souvent utilisée dans les cancers des glandes salivaires. On l’utilise seule ou parfois en combinaison avec la radiothérapie, si le cancer est non opérable ou si le cancer a métastasé. Effets secondaires de la chimiothérapie La chimiothérapie s’attaque aux cellules à division rapide, ce qui est le cas des cellules cancéreuses. Mais elle peut aussi avoir un effet sur les autres cellules à division rapide, telles que celles de la moelle osseuse, des muqueuses buccales et intestinales et des racines des cheveux. Ces effets dépendent du médicament employé, de la dose et de la durée de la thérapie. Ils peuvent se traduire par : • une chute des cheveux (pour les cancers ORL, uniquement avec les taxanes) ; • une inflammation de la muqueuse buccale ; • une perte d’appétit ; • des nausées et vomissements ; • de la diarrhée ; • un risque accru d’infections (suite à la réduction du nombre de globules blancs) ; • des hémorragies et saignements (suite à la réduction du nombre de plaquettes sanguines) ; • de la fatigue (suite à la réduction du nombre de globules rouges). 35 Ces troubles disparaissent généralement après l’arrêt du traitement. Beaucoup d’entre eux, comme les vomissements, peuvent être prévenus ou traités grâce à des médicaments. Certaines chimiothérapies, comme celles à base de sels de platine, peuvent également causer des dégâts aux nerfs (neuropathie). Les conséquences sont des pertes d’audition ou des symptômes localisés dans les mains et les pieds tels que des douleurs, une sensation de brûlure, picotements, hypersensibilité au froid/chaud, sensation de faiblesse. Ces troubles disparaissent normalement à la fin du traitement, mais peuvent perdurer chez certaines personnes. Dans certains cas, il est nécessaire de réduire la dose de chimiothérapie ou même de différer, voire d’arrêter le traitement. Pour en savoir plus sur la chimiothérapie, vous pouvez consulter la brochure qui y est entièrement consacrée. Thérapies ciblées Des médicaments récents permettent de s’attaquer aux cellules cancéreuses en perturbant sélective ment certaines étapes-clés de leur fonctionnement. Ces thérapies dites ”ciblées“ (parfois aussi appelées biothérapies) sont souvent utilisées en combinaison avec la chimiothérapie classique. Comme cette dernière, ils provoquent des effets secondaires, mais ceux-ci sont souvent moins marqués. Dans le cas des cancers de la sphère ORL, on a généralement recours au cetuximab. Il s’agit d’un anticorps monoclonal (une protéine artificielle 36 identique à celle produite par le système immunitaire), qui cible le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR, de l’anglais Epidermal Growth Factor) qui stimule les cellules à se développer et à se diviser. Des études sont actuellement en cours afin d’évaluer la place des traitements ciblés dans le cas de cancer des glandes salivaires. L'imatinib (Glivec®) a donné des résultats prometteurs dans certains cas de cancers avancés. Dans les cancers de la sphère ORL, les thérapies ciblées sont majoritairement utilisées en combinaison avec une chimiothérapie, dans le cas d’une récidive, ou si le cancer continue à progresser malgré la chimiothérapie. Ces médicaments sont injectés par intraveineuse, en général une fois par semaine. Effets secondaires des traitements ciblés L’arrivée des thérapies ciblées avait suscité l’espoir que ces médicaments, d’action plus sélective, seraient dénués d’effets secondaires. Ce n’est malheureusement pas le cas. Certains d’entre eux sont même à l’origine de réactions très intenses (allergies, réactions cutanées, etc.) mais la ”bonne nouvelle“ est que ces effets secondaires sont souvent prédictifs de leur efficacité, ce qui n’est pas le cas avec la chimiothérapie. Le cetuximab peut également provoquer des problèmes de peau, semblables à de l’acné, au niveau du visage et de la poitrine. Parmi les autres effets secondaires possibles des thérapies ciblées, citons : maux de tête, fatigue, fièvre et diarrhée. 37 Suivi après la fin des traitements La qualité de vie comme but des traitements Certains cancers ne peuvent pas être définitivement guéris. Les traitements visent alors à stabiliser leur évolution en stoppant leur progression ou en les maintenant sous contrôle. Dans ce cas, on peut dire que le cancer devient une maladie chronique avec laquelle il faut vivre. L’équipe médicale met alors tout son savoir-faire au service de votre qualité de vie, qui reste son objectif principal. Quand le cancer progresse malgré tout, ce souci de la qualité de vie prend de plus en plus d’importance. Le but du traitement est alors de contrôler les éventuelles douleurs et inconforts liés à la maladie. Une situation qui peut durer plusieurs années. Enfin, quand le cancer est trop avancé pour être maîtrisé, on propose des soins palliatifs qui visent également à maintenir une qualité maximale de la fin de vie. La devise des soins palliatifs est d’ailleurs : ”Quand il n’y a plus rien à faire, tout reste à faire !“ Le suivi après traitement est très important. L’équipe médicale qui vous a pris en charge vous proposera un planning de suivi qui comprendra une série de consultations et d’examens complémentaires durant les deux premières années suivant la fin du traitement, et ensuite tous les 4 à 6 mois pendant les quelques années suivantes. Il est très important de respecter ce planning. Après une radiothérapie, le suivi consiste en des examens du sang contrôlant la fonction de la thyroïde. Il est également conseillé de faire contrôler régu lièrement ses dents chez un dentiste. Prévention des rechutes Même si un cancer de la sphère buccale ou oropha ryngée est guéri, il reste toujours possible qu’un autre cancer se déclenche dans la bouche ou dans des organes avoisinants (pharynx, larynx, etc.). Il est donc important que vous pratiquiez des examens de suivi (ou de ”follow-up“) tout au long de votre vie. L’usage de tabac et d’alcool reste fortement déconseillé car il augmente de manière importante le risque de ces cancers secondaires. Dans le cas des cancers de la bouche ou de l’oropharynx, aucune mesure de prévention des récidives du cancer n’est aussi efficace que l’arrêt du tabac. Demandez de l’aide à votre médecin ou faites appel à la ligne Tabacstop (0800 111 00) de la Fondation contre le Cancer. Vous pourrez y recevoir un suivi personnalisé gratuit par téléphone. De manière générale, informez toujours votre médecin le plus rapidement possible de nouveaux troubles ou symptômes qui feraient leur apparition. 38 39 Encore quelques conseils 40 Guérison ou rémission ? Fatigue Vous entendrez sans doute les médecins parler de rémission, plutôt que de guérison. Une rémission est une amélioration de votre état, avec diminution des signes de présence du cancer. Lorsque tous les signes de la maladie ont disparu, on parle de rémission complète. Cela ne signifie pas toujours que la maladie a été totalement et définitivement éliminée. En effet, même à ce stade, quelques cellules malignes peuvent avoir survécu, mais elles sont trop petites pour être détectées par les examens pratiqués. Seul le temps permettra de s’assurer que ce n’est pas le cas. Et c’est seulement après un délai suffisant qu’on parlera de guérison. La fatigue est un effet secondaire très fréquent du cancer et/ou de ses traitements. Cette fatigue s’estompe en général après la fin des traitements. Elle peut cependant être ressentie bien plus longtemps. Parlez-en à votre médecin et à l’équipe médicale, ils peuvent vous aider à en réduire les effets. Combien de temps faudra-t-il attendre? Tout dépend du type de cancer. Arbitrairement, la barre a été fixée à 5 ans, mais il n’est pas toujours nécessaire de patienter aussi longtemps pour parler de guérison. Demandez à votre médecin ce qu’il en est pour votre cas particulier. En règle générale, plus une rémission se prolonge, plus il y a de chances d’être définitivement guéri. Plus d’informations sur www.raviva.be. Les causes de cette fatigue sont multiples et l’inactivité est l’une d’entre elles. La Fondation contre le Cancer propose donc RaViva, un programme d’activités physiques adaptées aux personnes en cours de traitement, ou dans l’année suivant la fin des traitements. Il permet de retrouver un certain tonus, ce qui peut faciliter les petits efforts quotidiens. 41 Soulager la douleur Pour que manger reste un plaisir Il n’existe pas de douleur spécifique au cancer, étant donné que ce n’est pas la tumeur elle-même qui fait mal, mais ses effets sur les autres tissus (compression, infiltration, etc.). Les douleurs peuvent et doivent être traitées. Il est important de les décrire le mieux possible au médecin ou au personnel soignant, afin qu’ils puissent adapter le traitement à votre situation personnelle. Suivez toujours strictement leurs recommandations, notamment concernant les doses de médicaments antidouleur prescrites. Quand il s’agit de cancer, une alimentation optimale consiste tout d’abord à prendre du plaisir à manger. Le meilleur conseil alimentaire est donc : ne vous imposez pas d’emblée diverses restrictions, mais conservez plutôt vos habitudes antérieures. Ne suivez pas de votre propre initiative un prétendu régime anticancer. Leur efficacité est loin d’être démontrée, et cela risque fort d’affaiblir davantage votre corps. Soyez également prudents avant de prendre des compléments alimentaires. Certains d’entre eux peuvent perturber l’efficacité de votre traitement. Un accompagnement individualisé par un diététicien spécialisé dans le domaine de l’oncologie (oncodiététicien) constitue la meilleure approche. Attention aux interactions médicamenteuses ! Certains médicaments peuvent modifier l’effica cité des traitements anticancéreux, que ce soit dans le sens d’un renforcement ou d’une diminution d’effet. Et cela aussi bien avec des médicaments conventionnels qu’avec ceux issus des médecines "douces". C’est pourquoi il est très important de toujours signaler à l’équipe médicale qui vous soigne quels sont les autres traitements que vous suivez (médicaments mais aussi vitamines, plantes, régimes, etc.). Faites-en une liste et discutez-en avec votre médecin lors de vos consultations. Vous pouvez trouver plus d’informations dans notre brochure “Médecines ‘douces’ et cancers” ainsi que dans le “Guide des compléments alimentaires”, disponibles sur notre site web www.cancer.be, sous la rubrique “Vivre avec le cancer”. 42 La Fondation contre le Cancer met à votre disposition de nombreux conseils et un annuaire d’oncodiététiciens sur son site www.cancer.be/ alimentation-recettes. 43 L’importance d’un bon moral Après la fin d’un traitement contre le cancer, on ressent souvent, paradoxalement, un grand vide : on perd les contacts, souvent chaleureux, établis avec l’équipe soignante, et on ne reçoit plus leurs encouragements bienveillants. Il vous faut reprendre pied dans la vie “normale”, parfois retourner au travail, et pourtant vous vous sentez comme rescapé d’une aventure difficile à partager. Si vous éprouvez des difficultés, ne les gardez pas pour vous. Parlez-en à un proche, à un membre de l’équipe soignante, à un psychologue ou aux membres d’une association de patients. Sachez que, dans le cadre du Plan national Cancer, vous avez la possibilité de recevoir gratuitement un soutien psychologique en milieu hospitalier. La Fondation contre le Cancer propose également un coaching psychologique complémentaire (voir www.cancer.be, ou via Cancerinfo 0800 15 801). 44 Importance d’une relation de confiance avec ceux qui vous soignent Cette brochure n’a pas, et de loin, répondu à toutes les questions que vous vous posez ou que vous vous poserez au fil de l’évolution de votre maladie. Ce n’est pas son but. Durant votre parcours, vous allez rencontrer un grand nombre de professionnels : médecins, infirmières et autres. N’hésitez jamais à les interroger et, si nécessaire, à répéter vos questions jusqu’à obtenir une réponse compréhensible. Il est indispensable de construire un véritable dialogue avec eux. Cela vous permettra de prendre de commun accord et en toute confiance les décisions qui s’imposent. 45 Sur www.cancer.be, vous trouverez sous la rubrique ‘Les cancers’ : La Fondation contre le Cancer : une mission, trois objectifs •• des informations complémentaires sur la maladie, les traitements, les effets secondaires •• des conseils pour mieux faire face à votre maladie : alimentation, beauté, etc. •• les coordonnées de tous nos services d’accompagnement des patients •• de nombreux dépliants et brochures à consulter et/ou à commander La Fondation contre le Cancer n’a qu’une seule ambition : rendre possible un maximum de progrès contre le cancer. Nos publications peuvent également être commandées par téléphone au Cancerinfo (0800 15 801) ou sur notre site www.cancer.be/publications. Pour cela, nous travaillons à trois niveaux : •• Le soutien financier de la recherche cancérologique en Belgique Pour augmenter les chances de guérison, nous finançons les travaux de nombreux chercheurs dans les grands centres du pays, le plus souvent universitaires. •• L’aide sociale, le soutien financier et l’information des patients et leurs proches Pour augmenter la qualité de vie des malades, nous proposons de l’information, de l’aide sociale et du soutien aux personnes atteintes par un cancer et à leurs proches. •• La promotion de modes de vie sains, de la prévention et du dépistage, ainsi que la diffusion large d’informations scientifiquement validées Pour réduire les risques de développer un cancer, nous encourageons l’adoption de modes de vie sains et la pratique du dépistage. Pour cela, nous diffusons largement des informations scientifiquement validées. 46 47