Edition Lot-et-Garonne
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Les suppléments du quotidien Ils ont marqué l’année 2015 LOT-ET-GARONNE JEAN-LUC E VERMAND L’usine du futur déjà en marche L’industrie lot-et-garonnaise développe de nombreuses innovations Notre dossier région Internet Palmarès Les atouts de la grande région Infrastructures, savoir-faire, leaders... Tour d’horizon des atouts économiques de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin Tous nos dossiers sur le Web La région, le département, les entreprises et toutes les informations économiques sont sur www.sudouest.fr Classement Retrouvez le palmarès des 50 premières entreprises du département avec Pouey International BRUNO INQUIMBER T Dynamiques, novateurs, fédérateurs. Découvrez pourquoi Jean-Luc Vermande et Bruno Inquimbert sont les Aquitains de l’année 2015 2 Sud Ouest éco Publicité JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les atouts de la grande région ÉDITORIAL Sud Ouest éco 3 SOMMAIRE Élargissement du champ Il ne s’agira pas que d’une simple addition, de moyens, de lignes budgétaires inscrites ou du nombre de salariés des groupes (Fayat, Safran, Legrand...) travaillant dans les trois régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. La création de la nouvelle entité régionale rassemblant ces trois forces obéit à d’autres logiques, économiques et territoriales. Et derrière les beaux discours déjà affûtés sur la plus grande région agricole ou forestière, la première ou la seconde sur les drones, le pôle maintenance aéronautique renforcé ou le pôle image Angoulême-Bordeaux, se profilent des évolutions lourdes sur lesquelles on serait heureux d’entendre les ténors de la vie politique régionale en campagne. D’abord et avant tout, la prééminence de la métropole bordelaise, trônant désormais au centre d’un territoire grand comme l’Autriche. À La Rochelle et à Angoulême, on s’en félicite. À Pau ou Périgueux, on s’inquiète davantage de ces nouvelles hiérarchies territoriales en gestation. La deuxième ligne de force est le poids grandissant des départements de l’intérieur, vaste zone rurale allant de la Charente à la Creuse, de la Haute-Vienne au Lot-et-Garonne et qui n’auront pas d’autres alternatives que de s’unir pour éviter d’être submergés par le dynamisme littoral atlantique renforcé par le pôle rochelais. Comme à chaque fois qu’il s’agit de construire un nouveau cadre, la question des infrastructures va enfin se poser dans de nouveaux termes. Routes nationales, liaisons ferroviaires est-ouest et aéroports vont vite se hisser en haut de la pile des dossiers prioritaires. C’est sur ces enjeux que « Sud Ouest éco » tente de vous éclairer dans ce dossier annuel. JEAN-BERNARD GILLES Supplément gratuit au journal du 5 novembre Président-Directeur Général : Olivier Gérolami Directeur général délégué et directeur de la publication : Patrick Venries Réalisation : Agence de développement Directrice et rédactrice en chef adjointe : Marie-Luce Ribot Chef de rédaction : Xavier Sota Responsable du secrétariat de rédaction : Coralie Morin Illustration de Une : Archives Émilie Drouinaud Secrétariat de rédaction : Sylvain Lapique Siège social : Journal « Sud-Ouest » 23, Quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex Tél. 05 35 31 31 31 www.sudouest.fr Régie Sud-Ouest publicité : Tél. 05 35 31 27 06 N° de commission paritaire : 0420 C 86477 Dossier régional : les atouts de la grande région Les contours du nouveau cadre régional .... 4-5 La Rochelle, le grand port de marchandises de la future région................................................................ 4-5 Les retombées de la LGV Tours-Bordeaux ....... 6 Vers la privatisation des aéroports ? .................... 8 Les effets économiques de l’aéroportuaire ..... 9 Legrand à l’heure d’internet .................................... 10 La Maif vise l’économie numérique .................. 11 Le foie gras Rougié s’implante en Chine........ 12 Safran, le plus gros industriel ................................. 13 Niort, puissance financière ...................................... 14 La maintenance aéronautique, un secteur capital...................................................................................... 15 Vin et Cognac, deux univers différents ............ 16 La première forêt de France .................................... 17 Les Aquitains de l’année Le Prix, mode d’emploi ...................................... 18-19 Le jury...................................................................................... 20 Les deux lauréats : Vermande SA, génie du machinisme agricole et La Lémance, champion du fromage de chèvre bio ......................................... 21 Les six nominés : Tonnellerie Saint-Martin, Auriol SA, CBS, Crusty Food, SAS Miner, Baland Plastin’Agri .........................................22-23 L’usine du futur Un système centré sur l’humain........................... 24 Interview d’André Samier, président de la Banque Populaire Occitane ...................................... 25 Mericq à la pointe de l’innovation ....................... 28 Optimum, une nouvelle culture productive .. 30 De Sangosse, un modèle original ........................ 32 L’agroalimentaire, un secteur pourvoyeur d’emplois à Agen.............................................................. 33 L’Œuf Gascon s’ancre dans le local ................... 34 L’entreprise Sireix, basée à Pont-du-Casse, s’ouvre à l’international .............................................. 35 L’entreprise de menuiserie C2R mise sur la diversification et l’innovation ................................. 36 Babcock Wanson, leader français de la chaudière industrielle................................................... 39 Fonroche, de l’énergie à revendre ...................... 40 Berger-Levrault fait son entrée dans le secteur privé des cliniques.......................................................... 42 À Marmande, Plastinov parie sur l’éolien ...... 43 L’essor du marché du véhicule électrique avec la société Goupil de Bourran ................................... 44 MGA à pleins gaz ............................................................. 45 Les robots, des employés comme les autres chez Comasir...................................................................... 46 Razol, le culte du sol ......................................................46 Palmarès Tableau : Les 50 premières entreprises en chiffre d’affaires du département .......... 26 Comment lire les tableaux ? ................... 27 Trois questions à Bertrand Lacampagne, président du directoire de Pouey International ............................... 27 Les 50 premières dans l’export .............35 Les 50 premières dans le BTP ....................... 38 Les 50 premières dans l’industrie ...... 39 Les 50 premières dans les services .. 40 Les 50 premières dans le commerce ..... 42 Les 50 premières dans l’agroalimentaire ................................................ 43 4 Sud Ouest éco JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Dossier Changement de cadre DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les poids économiques de Limoges, Niort et La Rochelle redistribuent les cartes territoriales de la grande région ien sûr, le nouvel ensemble Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin dont la fusion sera scellée le 1er janvier prochain, sera un poids lourd européen de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Avec ses coopératives puissantes, ses industriels de l’agroalimentaire de premier plan et sa forêt, où les feuillus du Limousin et les résineux des Landes de Gascogne pourront sans doute nouer de futures alliances, la nouvelle Aquitaine aura les atouts pour être dans la course. Évidemment les renforts corréziens, rochefortais et les usines du groupe Safran, du département de la Vienne, donneront un poids supplémentaire à l’industrie aéronautique aquitaine, tirée au nord par les succès du Rafale, au sud par les développements de Turboméca et partout, en Lot-et-Garonne et Landes notamment, par la montée en puissance des B cadences de production toulousaines des Airbus A320 et A350, dont la région est la sous-traitante. « Nouvelle hiérarchie urbaine » Mais il faudra aussi lire les enjeux économiques de la grande région avec d’autres paires de lunettes. « C’est une nouvelle hiérarchie urbaine qui s’imposera de fait sur un territoire très vaste », explique Pierre Delfaud, universitaire bordelais et spécialiste d’économie. Bordeaux dominera le nouvel ensemble et ne sera pas contesté avec son aire urbaine de plus d’un million d’habitants, de Lacanau à Biscarrosse. Au centre de ce futur territoire grand comme l’Autriche, elle disposera, comme la France des années 1960, d’agglomérations d’équilibre : trois au nord, Poitiers et Limoges, villes universitaires et hospitalières ainsi que La Rochelle, l’am- bitieuse, et deux au sud, Pau et l’agglomération littorale basque, qui ne manqueront pas de se bagarrer demain pour les financements régionaux. Et de villes d’environ 100 000 habitants, spécialisées comme Niort avec son pôle mutualiste, ou structurantes pour l’ensemble des territoires ruraux qu’elles fédèrent comme Périgueux, Mont-de-Marsan ou Angoulême. D’autres dossiers économiques et d’infrastructures vont animer la future assemblée régionale qui ne sera pas seulement tiraillée par les déséquilibres entre les agglomérations littorales et les départements ruraux de l’intérieur. « On s’est beaucoup battu en Aquitaine pour relier Bordeaux et Pau, la deuxième agglomération de la région. Je vois mal comment on pourrait faire l’économie de liaisons plus rapides entre Bordeaux et Limoges », estime Pierre Delfaud. Il y a fort à parier que les leaders Limoges, Niort, Bordeaux, La Rochelle, seront parmi politiques et les chefs d’entreprise de la HauteVienne, plaident rapidement pour que la voie ferrée Bordeaux-Périgueux-Limoges d’une part et la liaison routière Angoulême-Limoges (la fameuse Route Centre Europe Atlantique jamais bouclée) d’autre part, soient lancées. Chaque territoire s’arrimera sans doute davantage « La Rochelle est le grand port de marchandises ENTRETIEN Le territoire rochelais prépare ses dossiers. Il sera un lobby de poids dans le nouveau paysage régional le 1er janvier. Son président, le chef d’entreprise Jean-François Fountaine, précise ses intentions La Rochelle adossée à l’Aquitaine dans la grande région, cela ne vous pose pas de problème ? Cela nous va très bien. Nous avons des filières économiques fortes mais pas de capitale régionale qui nous apporte ce que nous n’avons pas sur place. Nous vivions en Poitou-Charentes dans un territoire d’équilibre avec des villes de tailles semblables. Nous aurons demain une vraie capitale régionale qui nous apportera une attractivité utile à notre développement. Quelle prééminence accordez-vous à la métropole bordelaise ? C’est le fruit de notre histoire. L’organisation politique suit notre organisation économique au final. Les sièges des grandes banques de notre territoire sont déjà à Bordeaux, que cela soit la Banque Populaire, la Caisse d’Épargne, le CIC Sud-Ouest ou les délégations Sud-Ouest des banques nationales, hor- mis le Crédit Agricole qui va s’installer chez nous pour ce qui est de notre Caisse régionale. Elles irriguent tout le territoire. Les groupes nationaux ou les grandes entreprises publiques ont leur représentation Grand Sud-Ouest à Bordeaux. C’est le cas de la SNCF par exemple. Ce regroupement est aussi le sens de notre histoire. La Rochelle est née d’Aliénor d’Aquitaine. On est, enfin, mieux relié à Bordeaux qu’à Nantes en termes d’infrastructures. Vous souhaitez une plus grande réactivité régionale dans le nouvel ensemble. Ne craignez-vous pas l’émergence d’un nouveau « grand machin » administratif ? Cela ne m’angoisse pas du tout. La réactivité est une question d’hommes avant tout. Les grandes régions allemandes sont réactives et elles sont plus grosses que les nôtres. Il faut surtout que la grande région soit bien gérée. Avec un grand sens de responsabilité des territoires. Nous devons structurer notre message territorial. Si, les uns après les autres, le maire de La Rochelle, celui de Rochefort, les gens d’Aunis et de l’Île de Ré, vont à Bordeaux pour porter leurs dossiers respectifs, on peut être sûr qu’il n’y aura pas de réactivité régionale. Si nous y allons avec un projet partagé sur nos priorités touristiques, d’infrastructures, d’enseignement supérieur, nous faciliterons la vie de la grande région. Quelles garanties avez-vous que les dossiers du contrat de plan État-Région, signé à Poitiers, soient financés demain par Bordeaux ? Il n’y a pas d’amour mais des preuves d’amour. Nous tenons beaucoup au ferroviaire et portons un gros dossier d’aménagement de la gare de La Rochelle. Il a été évoqué avec le président de la SNCF en présence du maire de Bordeaux et du président actuel de la Région Aquitaine. Nous sommes déjà dans cette relation. Je souhaite que le futur président de la grande région porte demain ce dessein de pôle gare, nos projets agroali- mentaires ou le pôle aéronautique de Rochefort. Vous voulez faire du port de La Rochelle le siège des trois ports atlantiques de la future région. C’est une provocation ? Il est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas du port de Bordeaux. Comme le dit aujourd’hui le maire de Bordeaux, on a voulu faire un grand port maritime à Bordeaux en oubliant la route et le fer. Le port de La Rochelle est en eaux profondes. Il est le grand port de marchandises de la grande région. Sa faiblesse est d’avoir un « hinterland » (arrière-pays, NDLR) un peu faible. Bordeaux, qui a des réserves foncières, sera une partie de l’hinterland du port de La Rochelle. L’écart entre La Rochelle et Bordeaux est plus important qu’il n’y parait car Bordeaux a une grosse activité pétrolière compte tenu de la présence de la raffinerie d’Ambès. Notre dynamique est beaucoup plus forte. Nous souhaitons aujourd’hui mettre le paquet sur le trafic des conteneurs. C’est un des axes forts de notre contrat de projet. RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES Sud Ouest éco 5 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Les atouts de la grande région EN CHIFFRE 5,86 millions Le nombre d’habitants de la future grande région qui rassemblera 3,335 millions d’Aquitains, 1,784 millions de Pictocharentais et 741 000 Limousins. Elle se classe en troisième position parmi les 13 futures grandes régions en termes démographiques, derrière l’Ile-de-France (12 millions d’habitants) et Rhône-Alpes-Auvergne (7,75). les futures places stratégiques. PHOTOS GUILLAUME BONNAUD, « SUD OUEST », QUENTIN SALINIER ET PASCAL COUILLAUD à son aéroport régional sur lesquels la grande région ne pourra plus faire l’impasse. Cette dernière dispose aussi d’atouts forts avec son pôle image à Angoulême, son pôle cuir et luxe dans le centre du futur ensemble (Thiviers), son port rochelais, son pôle mutuelles de rang européen à Niort, son pôle chimique à Lacq en Béarn et son futur quartier d’affaires sur Euratlantique à Bordeaux, dont aucun autre territoire ne pourra disputer la suprématie régionale. Il appartiendra à la future équipe aux commandes du gros navire de fixer le cap en acceptant ce changement de cadre régional. JEAN-BERNARD GILLES de la nouvelle région » À SAVOIR SUR LA GRANDE RÉGION Elle contribuera à hauteur de 7,8 % AU PIB NATIONAL, ce qui la classe au 3e rang des Avec près de 3 MILLIONS D’HECTARES DE SURFACES BOISÉES, les forêts représen- nouvelles régions derrière l’Ile-de-France (29,5 %) et Rhône-Alpes-Auvergne (11,5 %). tent 34 % de l’occupation des sols contre 28 % en moyenne sur l’ensemble du territoire français. La grande région s’étendra sur UN TERRITOIRE DE 84 036 KILOMÈTRES CARRÉS, soit un huitième du territoire national, ce qui en fait la plus vaste région française métropole et outre-mer confondus. Le budget cumulé des trois Conseils régionaux d’Aquitaine, de PoitouCharentes et du Limousin est de 2,8 MILLIARDS D’EUROS. L’aire urbaine de Bordeaux est la plus peuplée avec 1 180 000 HABITANTS, suivi des aires urbaines de Bayonne (284 000 habitants) et Limoges (283 000 habitants). « Le port de La Rochelle est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas de celui de Bordeaux », plaide Jean-François Fountaine. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD Du nord charentais au sud basque, la grande région dispose de 800 KILOMÈTRES DE FAÇADE MARITIME. 11 GRANDS PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ ET 5 PÔLES UNIVERSITAIRES (Bordeaux, La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers) jalonnent la grande région. Turboméca, avec près de 6 000 SALARIÉS, Maïsadour (5 700 salariés), Dassault Aviation (3 000 salariés), Legrand (3 000 salariés), la Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes (2 800 salariés) et la Maaf (2 200 employés sur Niort) figurent parmi les plus gros employeurs privés de la grande région. La grande région dispose du premier cheptel allaitant de France et ses éleveurs détiennent 36 % DE L’EFFECTIF NATIONAL DE CHÈVRES en PoitouCharentes surtout. 6 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR LGV Tours-Bordeaux : quelles retombées ? TRANSPORTS Cette nouvelle ligne profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême A vec Bordeaux à deux heures et cinq minutes de Paris mi-2017, la gare Saint-Jean va changer de dimension. À l’horizon 2020, elle devrait accueillir 18 millions de passagers, contre 11 millions aujourd’hui. Mais ne nous méprenons pas, « la LGV ne crée pas de dynamisme économique, sans opérations d’aménagement du territoire en parallèle », rappelle Pierre Delfaud, professeur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux. C’est pourquoi a été lancé le programme Euratlantique, qui va transformer pas moins de 738 hectares sur Bordeaux, Bègles et Floirac d’ici 2030. Les chiffres donnent le tournis : 480 000 m² de bureaux, dont un quartier d’affaires de 300 000 m² autour de la gare. Mais aussi 15 000 logements, 150 000 m² de locaux d’activité, 50 000 m² de commerces, 140 000 m² d’espaces publics... Au total, 5 milliards d’euros d’argent public et privé vont être investis. Objectif : attirer des entreprises innovantes et 250 000 nouveaux habitants en quinze ans dans la métropole. Le numérique bordelais attire Pour l’heure, les premiers indicateurs sont encourageants. La demande est là. Sur les 100 000 m² de bureaux qui seront livrés près de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a déjà été attribuée. Mais il s’agit en bonne partie de sociétés déjà installées sur le territoire, comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poitou-Charentes, qui déplace son siège social de Mériadeck vers les quais de Paludate. Des choix qui consolident et renforcent les puissantes filières tertiaires de Bordeaux, à l’image du secteur bancaire ou du pôle santé, qui va se créer au cœur d’Euratlantique. Ceci étant, « phénomène nouveau, deux entreprises américaines, une coréenne et une britannique sont venues récemment nous voir dans l’idée d’installer leur siège européen dans la cité numérique à Bègles », dévoile Stéphane de Faÿ, directeur général de l’établissement public d’aménagement Bordeaux-Euratlantique. Les raisons sont connues. Bordeaux jouit d’une image de ville où il fait bon vivre. Mais surtout, la filière numérique bordelaise, auréolée de son label French Tech, est en plein essor. Stéphane de Le chantier de raccordement de la LGV à la gare d’Angoulême suit son cours. La préfecture de la Charente sera à trente-cinq minutes de Bordeaux et à une heure quarante-cinq de Paris. De quoi dynamiser son secteur tertiaire. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST » « [Pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire], il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême » Faÿ est convaincu que « Bordeaux peut devenir la première ville en Europe pour créer son entreprise », en particulier dans ce secteur d’activité, qui emploie déjà près de 25 000 personnes dans l’agglomération. Angoulême, le renouveau C’est l’autre grande gagnante de l’arrivée de la LGV, qui la place à trente-cinq minutes de Bordeaux et une heure quarante-cinq de Paris. De nombreuses réunions pour préparer la grande région se déroulent déjà aujourd’hui à Angoulême. « Cette ancienne ville industrielle ne pouvait retrouver un second souffle que par de l’activité tertiaire. C’est ce que vont insuffler les opérations d’aménagement autour de la gare, jusquelà considérée comme une zone repoussoir », analyse Pierre Delfaud. Première pierre de ce renouveau urbain, l’îlot Renaudin, un espace de 6 500 m² dédié aux activités tertiaires, qui devrait être livré début 2018 près de la gare et de la médiathèque. Il va notamment accueillir un « Business center », qui regroupera de l’immobilier d’entreprises modulable, pépinière et espace de coworking. Pour séduire, la ville mise sur des prix du foncier deux à trois fois moins élevés qu’à Bordeaux. « Jusque-là, nous n’avions pas assez de start-up sur le territoire », déplore Jean-François Dauré, le président du Grand Angoulême. Pour y remédier, « nous allons créer un fonds d’investissement de croissance, doté de plus de 2 millions d’euros et un fonds d’amorçage pour inciter les étudiants à se lancer dans l’aventure ». Deuxième pierre à l’édifice, l’îlot Didelon, près de la place Saint-Jacques, où vont pousser sur 13 000 m² des logements à louer ou à acheter en accession à la propriété. Les conditions pour réussir Mais pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire, « il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême, et de bonnes articulations multimodales », insiste Claude Lacour, professeur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux, qui a mené une étude sur le sujet pour le compte de Lisea, filiale de Vinci et société concessionnaire de la ligne. Autre incertitude : quel sera le prix du billet ? Le partenariat public-privé, noué pour financer cette LGV, a pour conséquence des péages aux tarifs élevés. Et la SNCF, qui limite les dessertes, n’est pas prête à « sacrifier » sa rentabilité. Par ailleurs, les prix de l’immobilier vontils flamber près de ces gares ? Y aura-t-il une arrivée massive des Parisiens sur les bords de Gironde dans les dix prochaines années, qui pourraient rendre la ville de plus en plus inaccessible aux Bordelais ? En réalité, « tout se jouera dans les deux prochaines années », estime Claude Lacour. NICOLAS CÉSAR LE CHIFFRE 715 millions d’euros. Ce sont les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées dans les six départements traversés par la ligne. JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 7 10 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Legrand seule au Cac 40 LIMOGES Le groupe français d’électricité de taille mondiale doit négocier le virage de l’internet des objets Q uelques chiffres suffisent à évoquer le poids de Legrand dans l’économie du pays. L’entreprise d’électricité née il y a cent cinquante ans à Limoges, où elle possède toujours son siège mondial, a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros dont la moitié en Europe et à peine 20 % en France. Elle emploie sur les trois continents majeurs 36 000 salariés dont encore 2 500 en Limousin (190 à La Rochelle, 120 à Pau), en production comme dans ses bureaux d’études et laboratoires. Legrand évolue sur trois marchés principaux : l’industrie, le bâtiment et le tertiaire. Ses quelque 215 000 références de produits sont dans le top 3 des pays où la société exporte la moitié de sa production. La croissance de l’entreprise depuis trente ans est impressionnante. Pour moitié, elle s’est faite par croissance externe : « En Russie, nous n’existions pas il y a quinze ans et nous avons racheté au bout de quelques années quelques entreprises qui dif- Gilles Schnepp, le PDG de Legrand, mise sur la culture de recherche et d’innovation du groupe pour aborder l’avenir. PHOTO JACQUES DEMARTHON fusent désormais nos produits », explique Patrice Soudan, directeur adjoint et directeur des opérations du groupe. L’enjeu des objets connectés L’entreprise est ainsi devenue le numéro 7 sur ce grand marché. Legrand a racheté trois sociétés totalisant 130 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le début de l’année : IME, spé- cialiste italien de la mesure des paramètres de l’installation électrique, Raritan, leader américain dans les unités de distribution intelligentes et Valrack, acteur indien spécialisé dans les équipements pour data centers. Elles sont plus que nécessaire. Car les dernières prévisions présentées par le groupe au creux de l’été laissent apparaître une faible perspective de croissance organique, voire même négative. Si le marché nord-américain reste tonique, la croissance a été modeste au premier semestre en Europe et même négative en Asie, notamment en Chine. L’internet des objets est le nouvel enjeu. Il pourrait ébranler les fondements de l’entreprise française dont les appareils ou les armoires électriques, les câbles, les éclairages, les prises ou les compteurs ont peu ou prou irrigué les bâtiments de plus de 80 pays. « Nous devons clairement bien négocier ce virage », explique Patrice Soudan. Avec plus de 50 milliards d’objets connectés dans le monde annoncés d’ici à 2020, les positions se prennent maintenant. Le numérique investit les bâtiments, l’énergie, les transports, la santé. Et la concurrence s’annonce puissante du côté des fabricants d’objets d’une part, qui y voient une possibilité de nouvelles marges et des spécialistes de la data (des messages transmis) aux aguets sur tout. Legrand n’est pas resté les bras croisés. Il a lancé cette année le programme Eliot, une nouvelle référence dédiée à l’internet des objets qu’il va devoir imposer pour garder son rang. Plus de 200 millions d’euros sont investis dans ce programme pour lequel la mobilisation générale a été déclarée par le PDG du groupe, Gilles Schnepp. Avec ses centres de recherche, le niveau de ses fonds propres et sa culture de l’innovation, les atouts de Legrand sont sérieux. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance. JEAN-BERNARD GILLES JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 11 L’imposant siège social de la Maif à Niort, où travaillent 2 245 personnes sur un total de 7 123 salariés. PHOTO MAIF La tranquille assurance MUTUELLE La Maif, qui n’est plus l’assureur des seuls instituteurs, réalise 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et vient de créer un fonds pour investir dans l’économie numérique A vec quelque 2,5 milliards d’euros de fonds propres et aucune dette, la Maif a les moyens de ses ambitions. Ses succès remontent à l’entre-deux-guerres. Edmond Proust fut le premier à créer, à La Roche-sur-Yon (Vendée) une mutuelle pour les enseignants. Il était instituteur. Il s’installe à Niort où, dans les années 1960, le rejoignent celles qui deviendront les autres majors de la mutualité française (Maaf, Macif...). La Maif a été bien aidée pour son développement. Jusque dans les années 1990, tout instituteur sorti de l’École Normale devenait, en prenant ses fonctions, adhérent Maif ainsi qu’à la MGEN pour la couverture santé. Croissance garantie ! En 1987, la Maif ouvre ses prestations aux enfants des sociétaires ainsi qu’à tout autre nouvel adhérent pour peu qu’il soit présenté par deux parrains, une obligation qui tombe en 2000, année des premières publicités télévisées. Les pubs de la Maif se reconnaissent. Elles insistent sur la relation de confiance. La Maif y consacre aujourd’hui 15 millions d’euros par an. C’est ainsi qu’elle est devenue le 5e assureur français pour l’automobile et le logement. Excellente relation clients « Nous appartenons à nos 3,6 millions de sociétaires, ce qui nous oblige à une relation de confiance et nous permet de réaffecter l’ensemble de nos résultats au développement de l’entreprise », explique Pascal Demurger, directeur général. Les tarifs de la Maif sont attractifs et la relation clients en cas de sinistre, soignée. Depuis onze ans, TNS Sofres réalise un palmarès indépendant de la relation client qui place la mutuelle niortaise à chaque fois en tête dans sa catégorie et dans le top 3 français tous secteurs d’activités confondus. Une fierté à Niort. D’autant que cet indice de confiance croît auprès des clients ayant eu un sinistre à gérer. Réorganisation du réseau Mais cette douce assurance n’est pas éternelle. La concurrence est rude. Et l’esprit mutualiste n’occulte pas les impératifs de rentabilité. Comme d’autres, la Maif a dû restructurer son organisation en France où elle emploie 7 000 personnes. « Nous avions un réseau très émietté, hérité de l’histoire mais pas toujours adapté », se souvient Pascal Demurger. Cet énarque de 50 ans, venu de Bercy, est arrivé à Niort en 2003. D’abord pour s’occuper de cette réorganisation qui a créé des tensions. Il brise alors un tabou. Les salariés, bien qui bénéficiant d’un contrat de droit privé, étaient traités comme des fonctionnaires. Les évolutions de salaires étaient collectives et s’apparentaient à celles de la fonction publique, de l’ordre de +2 % par an. Il réussit à introduire des mesures individuelles et des primes collectives à se répartir par service. Une révolution indiciaire, aujourd’hui apaisée. Deuxième étage de la réforme : le réseau. Des dizaines d’agences sont fermées en France à la fin des années 2000, les centres de traitement de sinistres sont regroupés pour plus d’efficacité. Au total, plus de 1 000 salariés ont dû déménager. Un challenge impossible mais Une neuvième place française La mutuelle niortaise a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros pour un résultat net consolidé de 195 millions d’euros. Elle emploie 7 123 salariés dont 2 245 à Niort, son siège social. Elle gère 15 milliards d’actifs, issus de l’assurance vie notamment, un chiffre en progression de 5,6 % en 2014 par rapport à 2013. Elle dispose d’un trésor de guerre solide avec 2,2 milliards d’euros de fonds propres, en progression de 9,7 % en 2014. La raison tient au fait que la mutuelle appartient à ses sociétaires et que les résultats annuels positifs sont affectés, pour l’essentiel, à l’entreprise et disponibles pour son développement. Elle compte sur le territoire national 157 entités d’accueil, 30 centres de traitement des sinistres et 19 centres d’accueil à distance. Le groupe est le cinquième assureur auto en nombre de véhicules (4 roues) assurés et le cinquième assureur habitation en nombre de logements assurés. Il est le neuvième assureur français tous dommages confondus en termes de chiffre d’affaires. Il est aussi devenu un assureur important des associations et des collectivités locales, secteurs publics ou parapublics voisins de son socle historique des instituteurs et de leurs enfants. La Maif a créé en juillet 2015 un fonds d’intervention de 125 millions d’euros pour investir dans le rachat de start up du numérique. pour lequel l’entreprise a su mettre sur la table des aides diverses pouvant aller jusqu’à dix-huit mois de salaire. « Nous n’avons eu aucun jour de grève », rappelle Pascal Demurger. « Tsunami » numérique Mais le principal défi est à venir pour la Maif comme pour tous les autres assureurs. La révolution digitale fait irruption dans le monde de l’assurance. De nouveaux acteurs venus de la galaxie Internet se préparent. Ils pourront sans doute un jour proposer des assurances individuelles à bon prix, au mépris des notions de solidarité qui fondent l’économie des mutuelles. Les tarifs peuvent en effet être bas pour les asssurés qui ne connaissent pas de sinistres. Et nul doute qu’ils seront la cible privilégiée des nouveaux entrants. La voiture connectée génèrera demain des milliers d’informations sur notre façon de conduire. Les constructeurs automobiles à la recherche de nouveaux services financiers à plus forte valeur ajoutée seront capables de proposer des assurances individualisées aux conducteurs. Une vraie menace à laquelle la Maif entend faire face. Elle a décidé, au mois de juillet dernier, la création d’un fonds d’intervention numérique doté de 125 millions d’euros. Elle rachète déjà des start up qui lui permettront de négocier ce virage comme cette jeune pousse toulousaine qui a imaginé un système de paiement des cotisations entre les particuliers et leur association, un autre segment où la Maif est présente. D’autres suivront. « C’est un tsunami qui se prépare dans le monde de l’assurance », estime Pascal Demurger. JEAN-BERNARD GILLES 12 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Rougié, le foie gras des chefs de Sarlat à Pékin PAU Créée il y a 140 ans en Dordogne, cette affaire de famille à présent adossée à la coopérative Euralis exporte 40 % de sa production dans les restaurants du monde entier. Elle produit désormais en Chine e tous les acteurs de la filière foie gras du Sud Ouest, Rougié n’est pas le plus connu. Il est vrai que l’on ne trouve pas ses produits haut de gamme dans les supermarchés où Montfort, Delpeyrat, Labeyrie et les autres se disputent les mètres linéaires. Seuls quelques épiceries de luxe et autres « duty free » l’affichent dans leurs boutiques mais c’est dans les assiettes des grands restaurants surtout que les foies gras Rougié ont fait leur place, parfois sans doute trop aux yeux des dirigeants de l’entreprise, de manière anonyme. D « Rougié emploie 800 personnes en France, dont 300 au siège d’Euralis à Pau et 250 en Dordogne » La marque est née à Sarlat en Dordogne en 1875. Léonce Rougié fut le premier artisan de la famille. Mais c’est son fils Jean qui, dans les années 1950-1960, a trouvé la bonne trajectoire. Il suit et accompagne les grands chefs, Paul Bocuse, Michel Guérard, dans leur mission « d’évangélisation » de la grande cuisine française. Du frais dans le monde entier Bien lui en a pris. Les clients de Rougié sont en fait les chefs des restaurants français bien sûr mais aussi, désormais, du monde entier. « Nous sommes capables de fournir un produit frais qui voyage dans le monde entier et qui, servi, a les mêmes caractéristiques que celui sorti de nos ateliers périgourdins », explique Jean-Jac- Jean-Jacques Caspari, directeur général de Rougié. PHOTO QUENTIN SALINIER Les usines de Sarlat demeurent le berceau de la marque malgré un développement axé sur l’international. PHOTO ARCHIVES SÉVERINE LAMARQUE ques Caspari, le directeur général de l’entreprise Rougié. Il maîtrise notamment une technique de surgélation à chaud qui garantit, dans la cuisine du chef, la fraîcheur requise. L’artisan de Dordogne en garde l’état d’esprit et le savoir-faire mais monte rapidement en puissance. Il augmente ses capacités de production, crée des filières d’élevages hors des sacro-saints territoires de l’IGP, comme aux Herbiers en Vendée où une unité d’abattage (5 millions de canards par an) et un atelier de découpe, fournissent les professionnels du nord de la France et de l’Europe. Mais la gastronomie française a gagné le monde. Rougié suit le mouvement avec ses conseillers culinaires et ses réseaux de distribution spécialisés du segment de la restauration hors foyer. Pour gagner les marchés nord-américains qui se protègent, Rougié installe une filière à Carignan, au Canada. La maquette du site chinois de Rougié, situé entre Pékin et Shanghai. Il a nécessité un investissement de 15 millions d’euros. IMAGE DR 15 millions investis en Chine Plus récemment c’est en Chine, à Lianyungang, entre Pékin et Shanghai, que l’entreprise, soutenue dans ses efforts à l’exportation par la coopérative Euralis, qu’il a intégrée en 2002, installe une filière complète : élevage, abattage et distribution, toujours auprès des chefs. L’investissement est lourd, de l’ordre de 15 millions d’euros. La cible est ici la clientèle de la nouvelle classe supérieure qui consomme belles voitures, vins, Club Med et foie gras. Mais ce sont avant tout les chefs qu’il faut convaincre, en prescripteurs qu’ils sont des bonnes manières de consommer du foie gras. Dans un deuxième temps, la vente dans les épiceries fines des beaux quartiers sera peut-être possible. Rougié vend aussi, en France surtout, une partie de sa production chez les traiteurs et les spécialistes des réceptions. Il a mis au point une nouvelle escalope préparée à la cuisson qui se réchauffe rapidement. Un segment que l’entreprise ne néglige pas en dépit de ses percées à l’export. Puisqu’elle lui propose depuis deux ans un autre produit : du homard bleu venu des mers du nord, déjà décortiqué et prêt à la consommation. JEAN-BERNARD GILLES JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 13 Safran, le plus gros industriel AÉRONAUTIQUE Au nord, au centre et au sud, les filiales du groupe forment le plus gros employeur industriel privé de la future grande région necma, le motoriste de nombreux Airbus et Boeing mais aussi du Rafale, a installé début 2015 en bords de Garonne à Bordeaux sa division maintenance des moteurs en service. Avec une quinzaine de salariés dans une équipe qui pourrait bientôt monter à une cinquantaine. Cette implantation est la suite logique du transfert à Mérignac de la Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de défense (Simmad), le donneur d’ordres de Snecma, qui se rapproche aussi de son partenaire industriel militaire, l’Atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Bordeaux-Floirac à un moment clé. Les premiers moteurs de l’A400 M, le gros porteur européen, sont arrivés à Floirac et Marcheprime, les deux installations girondines de l’AIA, pour leurs premières révisions. Les Rafale vont être aussi de plus en plus nombreux à devoir s’arrêter au « garage » pour des opé- S rations de contrôle, notamment ceux qui sont sollicités par l’armée française sur les fronts d’Afrique et du Moyen-Orient. L’usine Messier Dowty de Bidos accentue la cadence de production pour le Rafale. Le poids de Turboméca au sud PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST » La filiale de Safran emploie une petite équipe de haut vol à Bordeaux, composée d’ingénieurs, de spécialistes qualité et de chargés d’affaires, jusque-là répartis sur plusieurs sites en France. Elle vient grossir les rangs de Safran, le groupe aéronautique français qui s’impose discrètement comme le plus important employeur industriel privé de la future grande région. Safran y emploie quelque 8 500 salariés. En Poitou-Charentes, Snecma possède une importante unité de maintenance à Châtellerault (730 salariés), dédiée à la réparation des moteurs et qui travaille déjà étroitement avec l’AIA de Bordeaux. Une usine, Sagem, filiale de Safran spécialisée dans la sécurité, emploie 430 personnes à Saint-Benoît, non loin de Poitiers. Sur le bassin d’emploi de l’agglomération bordelaise, Herakles est aujourd’hui déjà le plus gros employeur girondin avec plus de 2 000 salariés, répartis sur deux sites, à Saint-Médard et au Haillan. Ils sont spécialisés dans la fabrication des lanceurs de la fusée Ariane et dans celle du propergol, le carburant de ces lanceurs ainsi que des missiles de la force de frappe française. L’entreprise est sur le point de rejoindre Airbus Safran Launchers, la nouvelle entité dédiée à la fabrication des lanceurs d’Ariane. Plus au sud, à Bordes dans les Pyrénées-Atlantiques et à Tarnos dans les Landes, Safran pro- duit et entretient des moteurs pour hélicoptères, secteur où le groupe est une référence mondiale. Ces deux sites emploient à eux deux plus de 4 000 salariés. L’usine de Bordes est flambant neuve tandis que celle de Tarnos fait l’objet d’importants investissements, en cours, de l’ordre de 60 millions d’euros. Enfin c’est à Bidos, toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, que Safran conçoit et fabrique de nombreux trains d’atterrissage d’avions militaires et commerciaux avec près de 1 000 salariés. Le site est d’ores et déjà monté discrètement en cadence pour satisfaire le contrat des Rafale égyptiens. JEAN-BERNARD GILLES 14 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Le deuxième pôle tertiaire après Bordeaux NIORT Le discret cheflieu des Deux-Sèvres est une puissance financière Les gros employeurs L a ville de Niort est discrète. Elle domine un département où l’agroalimentaire, et l’industrie aéronautique sont bien présents. Mais c’est bien son pôle mutualiste qui la distingue parmi toutes les villes de France. Niort est devenue dans la deuxième partie du siècle dernier, la capitale française de la mutualité. Edmond Proust fut le premier à y implanter la première mutuelle des enseignants, devenue la Maif (lire page 11). La Maaf, la Mutuelle des Artisans, la Smacl, mutuelle d’assurance des particuliers, des associations et des collectivités locales, la Macif, ont depuis rejoint la mutuelle longtemps obligatoire pour tous les instituteurs sortis de l’École Normale. 20 % de cadres supérieurs Le pôle niortais est puissant. À quelque 192 kilomètres au nord de Bordeaux, il représente 17 % des effectifs de la branche en France et 16 % du chiffre d’affaires. « Nous sommes même la troisième place financière française derrière Paris et Lyon », affirme Pascal Demurger, le directeur général de la Maif, soit près d’une cinquantaine de milliards d’euros d’actifs sous gestion. Les sociétés niortaises représentent 4 % des placements financiers de la branche. Et quand on connaît la passion des Français pour l’assurance-vie, on peut se dire que Niort pourrait, demain, jouer un rôle important dans la construction économique d’une grande région déjà forte de son potentiel agricole et forestier, atelier de premier plan de l’aéronautique mais en manque de sièges sociaux d’entreprises de premier plan national. « L’agglomération niortaise Avec son pôle mutualiste qui regroupe les sièges de la Maif, la Maaf, la Smacl ou encore la Macif, Niort est la troisième place financière du pays. PHOTO ÉRIC POLLET/« LA NR » est le deuxième pôle tertiaire supérieur de la grande région », assure Pierre Delfaud, universitaire bordelais spécialisé dans l’économie. Avec 20 % de cadres supérieurs et de professions intellectuelles sur le lieu de travail, la ville égale les scores bordelais, loin devant Poitiers (18,7 %), Pau (16,6 %), Limoges (15,5 %) et La Rochelle (15 %). Son potentiel dans le secteur tertiaire supérieur, enjeu fort de concurrence entre les principales métropoles françaises puisque devenu essentiel à leur attractivité, place Niort tout juste derrière l’agglomération bordelaise. Qui le sait ? Les mutuelles niortaises sont de gros employeurs. 7 000 salariés pour la Maaf selon une étude de la CCI des Deux-Sèvres, 9 200 pour la Macif, 2 300, toujours sur l’ensemble de la France, pour le groupe Inter Mutuelles Assistance, filiale des principales mutuelles, qui connaît une forte croissance, de 6 % cette année. Il assiste depuis un an le groupe Renault Dacia et il est devenu l’interlocuteur privilégié des deux constructeurs automobiles français. L’IMA réalise 568 millions d’euros de chiffre d’affaires. Sur le Niortais, on estime à 9 000 le nombre de salariés des mutuelles d’assurance. Que dire aussi, outre le poids financier par la gestion d’actifs, du soutien apporté à la filière du bâtiment ? La construction du nouveau siège de la Macif, le nouveau bâtiment de la Maaf qui accueille Il serait injuste de réduire l’économie deux-sévrienne à son pôle mutualiste qui en demeure toutefois le phare. Le département possède quelques entreprises de rang national, que ce soit dans l’aéronautique ou la métallurgie. Il est d’abord un pôle logistique (800 salariés) méconnu du grand public mais pas des professionnels, avec les bases opérationnelles pour les entreprises Norbert Dentressangle, Kuehne Nagel ou la Stef qui emploie plus de 250 salariés localement. Deux entreprises émergent dans le secteur de la métallurgie. Poujoulat, le fabricant bien connu de cheminées et conduits de cheminées qui emploie plus de 700 salariés dans le département, et Deya, un spécialiste des produits du second-oeuvre bâtiment, qui emploie plus de 600 salariés. Dans le secteur aéronautique, ECE à Chauray (570 salariés) qui travaille pour l’A350 et Leach International (300 salariés), sont aussi portés par la bonne santé du secteur en France et dans le monde. 300 salariés, ou l’agrandissement des locaux de Mutavie ainsi que les travaux de maintenance, impactent très directement le chiffre d’affaires du BTP deux-sévrien qui ne s’en plaint pas. Enfin, les mutuelles niortaises ont créé des outils de formation et de recherche à Niort, à vocation nationale. C’est le cas de l’Institut des risques industriels, assurantiels et financiers, qui fait de la formation, et de Calyxis, un pôle reconnu d’expertise du risque. Nul doute qu’on reparlera du pôle mutualiste niortais à compter du 1er janvier 2016. Un pôle d’attractivité discret mais important. JEAN-BERNARD GILLES JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 15 En pole position dans la maintenance aéronautique MÉRIGNAC L’entretien représente deux tiers du prix d’un avion. L’Aquitaine et le Poitou-Charentes ont de nombreux atouts pour s’imposer sur ce marché L a décision est hautement symbolique. Il y a quelques mois, Dassault Aviation a annoncé sa décision d’implanter son nouveau pôle de maintenance de ses avions d’affaires Falcon à Mérignac en Gironde. Un investissement de 20 millions d’euros, avec à la clé 70 emplois créés d’ici 2018. Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, a justifié ce choix par « la qualité de l’écosystème aquitain dans l’aéronautique civile et militaire ». Historiquement tournée vers la Défense, la filière s’est aussi positionnée ces dernières années dans la maintenance aéronautique civile et militaire. Ainsi, en avril 2011, la Région Aquitaine a créé Aerocampus Aquitaine, un centre de formation à la maintenance aéronautique (lire ci-dessous). Une place majeure dans le secteur Après quatre ans d’existence, il commence déjà à se faire un nom à l’international et a d’ailleurs été retenu pour former l’essentiel des 70 techniciens du futur pôle de maintenance des Falcon à Mérignac. À Mérignac encore, Sabena Technics décolle également et a L’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux) gère la réparation des moteurs aéronefs. PHOTO ARCHIVES FABIEN COTTEREAU désormais en charge la maintenance de 120 appareils civils par an. Le cas de Dassault est loin d’être isolé. Récemment, c’est Turbomeca qui a annoncé sa volonté de faire de son site de Tarnos (Landes) son centre mondial pour la réparation de turbines d’hélicoptères. Autre exemple, mi-avril, Snecma, le motoriste de nombreux Boeing, Airbus et Rafale, a inauguré des locaux à Bordeaux dédiés à la maintenance aéronautique militaire. Car, avec l’AIA (Atelier industriel de l’aéronau- tique de Bordeaux), qui gère la réparation des moteurs d’aéronefs (Rafale…) de l’armée et la Simmad (Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense), qui compte 750 salariés, la Région a des atouts qui en font une place majeure dans le secteur en France. Et des liens existent déjà avec le Poitou-Charentes. Safran dispose d’une usine à Châtellerault (Vienne), spécialisée dans la réparation des moteurs d’avions civils et militaires, qui travaille avec l’AIA. Par ailleurs, Aerocampus Aquitaine va assurer la formation des mécaniciens égyptiens dédiés au Rafale, en association avec l’école de formation des sous-officiers de Rochefort. Autant de bonnes nouvelles pour l’économie régionale. Ce marché de la maintenance aéronautique est immense : 10 milliards d’euros et en croissance de 4 % par an. NICOLAS CÉSAR Aerocampus a mis pleins gaz LATRESNE En quatre ans, le centre de formation aux métiers de la maintenance s’est imposé Les sceptiques étaient nombreux, il y a plus de quatre ans, lorsque le Conseil régional d’Aquitaine décidait de racheter, pour un peu plus de 6 millions d’euros, le centre de formation des ouvriers et des techniciens de la maintenance du ministère de la Défense. Il devait fermer ses portes. Ils doivent aujourd’hui constater qu’Aerocampus a su se faire une place de choix dans le paysage aéronautique national. Quelques chiffres suffisent à l’attester. Lorsque Jérôme Verschave, qui dirigeait le cabinet du président du Conseil régional, a pris les commandes de cet outil dont Alain Rousset voulait faire, avec le soutien d’Alain Juppé, un pôle de formation d’excellence à la maintenance aéronautique, tout était à faire, ou plutôt à refaire. Aujourd’hui, il gère un budget de quelque 6 millions d’euros, accueille 280 élèves en formation initiale (Bac, BTS) y compris en alternance. Aerocampus a reçu sur ses terres à Latresne des milliers de salariés ou de demandeurs d’emploi en formation continue ou à la recherche d’une qualification, qu’ils travaillent pour Sabena Technics, Airbus Hélicoptère, Stélia Composites, l’AIA ou Dassault Aviation. L’association qui demeure juridiquement est toujours soutenue, dans ses efforts d’investissements, par la Région, les Investissements d’avenir (PIA) ou le Fonds de reconversion de la Défense. Et elle autofinance aujourd’hui son fonctionnement à 52 % : 60 personnes travaillent à Latresne, y compris les personnels de l’Éducation nationale. Partenariats industriels Aerocampus a noué quatre partenariats sonnants et trébuchants significatifs. La société Airbus Helicopters, basée à Marignane et qui, comme tous les grands constructeurs d’aéronefs, doit vendre des services maintenance à ses clients, délocalise en Gironde des formations de techniciens. Avec Dassault Aviation qui est entré récemment au conseil d’administration, La- tresne monte en puissance sur les contrats de maintenance des avions Rafale vendus au Qatar : « Les techniciens qataris viennent chez nous en formation de base puis vont sur les bases aériennes de Rochefort et de Mont-de-Marsan pour la période pratique sur les avions militaires », explique Jérôme Verschave. D’autres contrats sont en vue. À Istanbul, Aerocampus a gagné son premier contrat export en début d’année. La Saft a elle aussi fait de Latresne son centre de formation mondial pour la maintenance des batteries. Aerocampus accueille également de nombreux instituts de formation à la soudure, à la peinture ou aux métiers d’hôtesses et de stewards. Il accueillera enfin bientôt le plateau technique des formations régionales de l’Afpa aux métiers de l’aéronautique. Et développe une offre hôtelière significative (300 chambres) sur son site de 26 hectares. Jérôme Verschave, directeur d’Aerocampus. JEAN-BERNARD GILLES PHOTO ARCHIVES MARIE HUGUENIN 16 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région Vin et cognac : deux univers bien distincts JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Trois points forts ■ Grandes surfaces Le Bordelais compte 115 000 ha de vigne et produira pour le millésime 2015 (selon les estimations officielles) 5,7 millions d’hl. Avec bien moins - 74 000 ha - les Charentes sont à 9 millions d’hl. La superficie des autres vignobles aquitains (Bergerac, Lot-et-Garonne, Jurançon, Tursan...) est égale à celle du Médoc. VIGNE Difficile de dégager des synergies chez deux voisins aussi différents La récolte 2015 s’annonce de qualité. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD ■ Toute la gamme Peu d’autres vignobles hexagonaux proposent toute la gamme des produits : rouge, rosé, blanc sec et liquoreux, crémant, eau-de-vie ou vin de liqueur (Pineau des Charentes). Un atout pour la future grande région. Bordeaux et Cognac sont deux champions à l’exportation... mais c’est à peu près leur seul point commun. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE MÉNARD A vec l’avènement de la grande région, les équilibres viticoles ne devraient pas être chamboulés. L’Aquitaine est bien campée dans son rôle de vignoble de référence avec le Bordelais en figure de proue. Le cognac est l’eau-de-vie de vin la mieux valorisée de la planète et mise presque tout sur l’exportation. Enfin, le Limousin n’apporte pas de pierre à cet édifice viticole, au-delà de quelques parcelles ici et là. Cette nouvelle donne politique pourrait en revanche amener quelque chose dans le rapprochement entre Bordelais et Cognac, deux mondes vivant côte à côte mais qui s’ignorent royalement. D’ailleurs, de prime abord, ils ont peu à partager sauf à investir de concert pour trouver des solutions techniques aux maux communs. Par exemple pour vaincre l’esca (maladie entraînant la dégénérescence du cep), un fléau national. Cet éloignement a une raison : vin et eaude-vie de vin ne jouent pas dans la même cour. Et ce à tous les niveaux, en commençant par le raisin : mur pour un bon rouge ou blanc, acide et de faible degré (9 à 10) pour le spiritueux. Il suffit d’assister aux vendanges respectives pour le saisir : rendements réduits pour le premier, récolte volumineuse (deux fois plus) pour le second. Place ensuite à la distillation, étape clé dans les Charentes et inexistante en Gi- ronde ou ailleurs en Aquitaine, sauf pour la production confidentielle de Fine de Bordeaux. Enfin, l’élevage en fûts est quasi systématique au nord de l’estuaire et plutôt réservé aux beaux vins au sud. Mise en avant systématique du millésime au sud, un cas particulier au nord avec la logique inverse d’un produit régulier et homogène. Les exemples sont légion, à se demander presque si les vignerons font le même métier... Le bal à quatre pour cognac Même constat de divergence dans l’organisation même de la filière. Dans l’univers aquitain, producteurs (indépendants ou coopératives) cohabitent avec un négoce relativement éclaté même si deux sociétés prédominent (hors grands crus), en l’espèce Castel et Grands Chais de France. Bon an mal an, chacun tient le manche à tour de rôle lors des négociations commerciales (surtout en fonction des volumes récoltés). Dans les Charentes, le système est beaucoup plus intégré verticalement : les vignerons sont essentiellement des fournisseurs de « matière première » pour les négociants. Il y a d’ailleurs peu de producteurs vendant directement leurs bouteilles, à l’inverse de Bergerac ou de Jurançon par exemple. Qui plus est, quatre maisons puissantes (Hennessy, Martell, Rémy Martin, Courvoisier), appartenant à des groupes mondiali- sés, concentrent la commercialisation. Le Cognac étant exporté à 97 %, l’Hexagone n’y est la priorité de personne. Alors que les rayons des linéaires à Rennes, Paris ou Limoges sont des débouchés de choix pour le Marmandais, Buzet ou l’AOC Bordeaux. Le cognac est dans l’univers des whiskies, vodka et autres gin, là où le packaging a une place primordiale... et où les marges sont élevées. Alors que les interprofessions de Bordeaux ou Bergerac (désormais marié à Duras) dépensent des millions pour communiquer (presse, affichage...), celle de Cognac n’a pratiquement pas de budget en la matière. Les négociants préfèrent jouer leur carte personnelle partout sur le globe. Avec toutes ces logiques professionnelles opposées, où trouver demain des synergies éventuelles entre nord et sud de la région ? Les pistes sont maigres, sauf au plan environnemental (traiter moins la vigne, cohabitation avec les riverains...) ou pour amener ensemble des producteurs à vendre des bouteilles au bout du monde, comme le propose l’Agence aquitaine de promotion agroalimentaire (Aapra). On verra par exemple si le salon Bordeaux Vinipro qui s’ouvre grand à tout le Sud-Ouest pour sa deuxième édition en janvier prochain, réussira à attirer quelques producteurs de cognac ou de pineau des Charentes. CÉSAR COMPADRE Le pineau des Charentes, un vin de niche original. PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST » ■ Tous les poids lourds Le poids viticole du Sud-Ouest est tel que tous les poids lourds du métier sont là. Négociants (Castel, Grands Chais de France...) et fournisseurs (bouchons Amorim...), sans oublier la recherche et le développement (ISVV à Villenave-d’Ornon...). Même constat au nord avec les champions mondiaux des alcools (LVMH, Pernod Ricard, Suntory...), les pépiniéristes ou les tonneliers (Seguin Moreau, Radoux...). Joseph Helfrich, fondateur des Grands Chais de France, à Landiras (33). PH. ARCH. C. P. JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 17 La première forêt de France FILIÈRE BOIS La nouvelle région est en haut du podium avec, en plus, une diversité d’essences intéressante L ors de la tempête Klaus de janvier 2009, les forestiers landais ont reçu le renfort de leurs voisins du Limousin et des Charentes. Le 1er janvier prochain, tous se retrouveront dans une même région qui, d’entrée, se hissera à la première place nationale. Avec 2,8 millions d’hectares boisés, la grande région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, dépasse sa voisine d’Auvergne-Rhône-Alpes. Comme pour l’agriculture, la filière forêtbois de la nouvelle entité représentera une force économique : 9,7 millions de mètres cubes de bois récoltés (le quart de la production totale française et 38 % du bois d’industrie), un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et 50 000 emplois, soit plus que l’aéronautique. Autre caractéristique : cette forêt est détenue à 90 % par des propriétaires privés, les forêts publiques couvrant toutefois plus de 230 000 hectares. « Essences complémentaires » Entre Poitou et Pyrénées, « les essences sont différentes mais complémentaires », souligne Stéphane Viéban, directeur général d’Alliance Forêts Bois. Un contexte forestier qu’il connaît bien. La coopérative est en effet déjà présente sur l’ensemble du territoire de la grande région, et même au-delà. « Aujourd’hui, on se développe sur l’ensemble de ses massifs », précise Stéphane Viéban. Une récente étude d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture et de la Forêt, délimite quatre grandes zones forestières : les landes de Gascogne avec le pin maritime, les plateaux du Haut Limousin, terres de feuillus et de résineux, la Vienne, la Charente, la Dordogne et les Pyrénées-Atlantiques, où dominent les feuillus, et enfin les plaines des Deux-Sèvres, de Charente, de Charente-Maritime et du Lot-et-Garonne, avec les peupliers. La société Bost et Grandchamps, à Négrondes (24), est spécialisée dans le sciage et la menuiserie. PHOTO ARCHIVES J.-CHRISTOPHE SOUMALET Le bois exploité dans ces taillis et forêts alimente toutes les filières : le sciage, le déroulage et l’emballage, le bâtiment, le papier-carton, le meuble, le bois-énergie. Avec des entreprises sur tout ce territoire et en général spécialisées selon l’essence dominante de la zone géographique. Les scieries de résineux sont implantées dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime pour le pin maritime, dans le Limousin pour l’épicéa et le douglas. La Dordogne est en tête pour le sciage de feuillus. L’industrie du papier et du carton est bien implantée en Gironde (Smurfit Kappa à Facture), dans les Landes (groupe Gascogne), la Haute-Vienne (International Paper à Saillat), en Dordogne (Condat), en Charente, avec au total 10 000 salariés. Présente en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres, la fabrication de meubles emploie 4 800 personnes. La création d’une grande région forestière va permettre de mettre en place des « syner- gies », estime la coopérative Forêts Bois. Le savoir-faire des uns et des autres en résineux et en feuillus peut profiter aux voisins. Ceci existe déjà en partie : la scierie Archimbaud par exemple, née dans les Deux-Sèvres, a ouvert une unité dans les Landes. Né aussi dans les Deux-Sèvres autour de la transformation du bois de peuplier, le groupe Thébault s’est diversifié dans les bois exotiques puis, en s’installant à Solférino (Landes), dans le pin maritime pour la fabrication de panneaux. « Dynamiser la récolte forestière » Comme les autres secteurs de l’économie, la filière forêt-bois devra passer par une phase d’harmonisation. Les trois quarts de la récolte de bois de la grande région sont portés par les résineux (pin, douglas, épicéa) alors que les deux tiers de la ressource sur pied est constituée de feuillus. L’exploitation de bois d’œuvre de chêne est en recul régulier. Agreste parle même de « situation préoccupante ». Trop de bois de feuillus du sud du Limousin et des Pyrénées vont en totalité vers l’énergie faute de débouchés industriels rémunérateurs. Agreste suggère la mise en place d’outils de gestion sylvicole durable, comme il en existe pour le pin maritime, en visant une meilleure répartition hiérarchique entre bois d’œuvre, bois d’industrie et bois énergie. En d’autres termes, « il faut dynamiser la récolte forestière », résume Stéphane Viéban. Un centre de technique sylvicole vient ainsi d’être créé pour le chêne. Les partenariats au sein de la future région devraient aussi toucher les entreprises de transformation. Dans un premier temps, des alliances commerciales sont envisageables. Les interprofessions actuelles sont amenées à collaborer. La grande région forestière devrait enfin bénéficier de la présence sur son sol de Xylofutur, le seul pôle de compétitivité de France dédié aux industries du bois. MICHEL MONTEIL Pin maritime, épicéa, chêne, peuplier, hêtre... ■ Au fil des forêts cultivées et des taillis de la grande région, six grandes essences peuplent ses 2,8 millions d’hectares. D’abord le pin maritime, sur plus de 800 000 hectares dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime, depuis les dunes littorales jusqu’à l’intérieur des terres. Il aime les sols sableux et pousse vite (une trentaine d’années pour les dernières générations) et haut (il peut dépasser 40 mètres). Autrefois utilisé comme poteau de mine, son bois sert aujourd’hui dans l’industrie du papier-carton, la menuiserie (parquets et lambris), la charpente (avec la technique du lamellé-collé). Autre résineux, le pin douglas, qui couvre 64 000 hectares essentiellement dans le nord-est du Limousin et ses vallons de moyenne montagne. Venu des États-Unis, il est de plus en plus planté en France et dans la région en reconstitution de peuplements. Les propriétés de son bois (une bonne résistance mécanique) lui procurent un usage dans la construction, en particulier pour les maisons à ossature bois. Toujours en résineux, l’épicéa couvre près de 40 000 hectares de la grande région, principalement sur les hauteurs du Limousin. Pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres de haut, résistant aux grands froids, il est utilisé dans la construction (charpentes). Côté feuillus, le chêne est le plus répandu (800 000 hectares) sous forme de chêne pédonculé, de chêne sessile, de chêne vert. Grâce au temps, du haut de ses 40 mètres, il fournit un bois utilisé pour la construction (charpentes), la menuiserie (le chêne repré- sente le tiers de l’approvisionnement de ce secteur), la fabrication de barriques et le chauffage. Vient ensuite le châtaignier, présent sur 250 000 hectares de la grande région à une altitude de quelques centaines de mètres. Son bois marron clair est utilisé pour les piquets, des éléments de charpente et en menuiserie. Les vallées de l’Adour, de la Garonne, de la Dordogne, de la Charente et de la Sèvre sont le territoire du peuplier (35 000 hectares). Il fournit la moitié du bois d’œuvre de feuillus de la région et est utilisé principalement dans la fabrication de caisses d’emballage. Au fil des forêts et des taillis, la région voit aussi pousser du hêtre, du robinier (le faux acacia), du sapin, du frêne... M. M. Le pin maritime recouvre 800 000 hectares. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE SALVAT Lot-et-Garonne 18 Sud Ouest éco JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Aquitains de l’année : les lau nventer. En économie plus qu’ailleurs c’est le maître mot. Un nouvel écrin, la grande région, de nouveaux atouts, de nouvelles synergies, de nouvelles perspectives. Le futur s’écrit et s’invente aujourd’hui. Le palmarès dévoilé dans les pages qui suivent raconte une manière d’appréhender l’avenir. Fort de bases solides, d’histoires parfois centenaires, des savoir-faire déployés, I déclinés, réexplorés. À l’instar d’un ordinateur, les entreprises sont engagées dans des mises à jour quotidiennes. Que l’on soit dans les machines agricoles (Auriol SA), dans les barriques (Tonnellerie Saint-Martin), l’approvisionnement des professionnels de l’agroalimentaire (CBS)... se projeter dans l’avenir est incontournable. Dans le sillage de ces fleurons économiques qui génèrent des mil- liers d’emplois et qui font l’attractivité d’un territoire, il y a ce positionnement autour de « l’usine du futur ». Un concept à « démystifier », comme l’explique Alain Brugalières, vice-président de la CCI du Lot-et-Garonne. Une révolution organisationnelle pour incarner la fabrication de demain : machines à commande numérique, réalité augmentée, robots. Avec cette inspiration : créer un centre d’impression 3D mutualisé. Technique qui sans aucun doute, révolutionnera bien des choses sans toutefois laisser de côté la place des hommes. Car derrière chaque innovation, chaque projet, ce sont les emplois de demain qui se dessinent. Mais également les savoir-faire, qui donnent une idée de la couleur de demain en Lot-et-Garonne. Le prix, mode d’emploi ■ La première étape du prix des Aquitains de l’année a consisté à sélectionner dans les cinq dépar- tements des entreprises fiables et performantes. Cette opération est le fruit d’une collaboration pédagogique entre les étudiants de Kedge Business School, les journalistes de « Sud Ouest » et la Banque Populaire. Pour dresser leur liste, les étudiants se sont appuyés sur les données fournies par Pouey International, société spécialisée dans l’information commerciale garantie et le recouvrement de créances. Dans un second temps, un jury, présidé par Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, constitué de personnalités du monde économique régional (lire page 20) et animé par un journaliste de « Sud Ouest », a désigné deux lauréats parmi les huit sociétés les plus performantes de l’année dans le département. Deux dirigeants ont donc été élus Aquitains de l’année 2015 pour le Lot-et-Garonne. La dernière mission du jury était de désigner un lauréat régional parmi les dix prétendants. Il sera dévoilé le 1er décembre lors de la dernière soirée des Aquitains de l’année à Bordeaux, au sein de Kedge. Vous pourrez par ailleurs lire dans « Sud Ouest » du 3 décembre le récapitulatif intégral du palmarès, département par département. Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Sud Ouest éco 19 réats de votre département Ils ont relancé il y a dix ans les Aquitains de l’année POINT DE VUE Interview croisée d’Alain Condaminas, directeur général de la Banque Populaire Occitane et de Patrick Venries directeur général délégué de « Sud Ouest », avant la remise des prix des Aquitains pour le Lot-et-Garonne le 3 novembre à Cap Cinéma à Agen Alain Condaminas et Patrick Venries. PHOTOS ARCHIVES « SUD OUEST » ET LAURENT THEILLET C’est la neuvième édition des Aquitains de l’année : comment se porte ce palmarès ? Alain Condaminas. L’édition 2014 a été un franc A. C. Une visibilité de notre entreprise sur son succès et nous sommes très fiers de notre promotion 2015 qui va encore une fois nous livrer des pépites. Au fil des années, nous avons gagné en notoriété, ce prix est désormais reconnu et nous avons l’ambition de lui donner toujours plus de visibilité. Patrick Venries. Il est désormais installé au centre de la vie économique de notre région. Il révèle chaque année de nouvelles entreprises, souvent discrètes, toujours plus innovantes, plus agiles et tournées vers l’exportation. territoire. Nous sommes historiquement la banque des entrepreneurs. Avec ce prix, nous donnons vie à notre ambition coopérative « d’additionner les forces pour multiplier les chances ». Ce palmarès conforte notre rôle de soutien à l’économie du Lot-et-Garonne et « d’amplificateurs » des succès des entreprises. P. V. Ce palmarès a cimenté notre rôle pivot dans la région, dans l’information économique et la vie de nos territoires. Avec nos pages spécialisées Économie, les lundi et jeudi, notre newsletter numérique et nos débats, il symbolise notre stratégie économique multicanal. Qu’apporte-t-il à la Banque Populaire et à « Sud Ouest » ? Que dire de ce cru 2015 ? P. V. Il montre une nouvelle fois la force de nos entreprises, souvent petites et moyennes, aux prises avec la compétition nationale et internationale. Il met en évidence des entrepreneurs de caractère animant des équipes professionnelles. Nous sommes fiers de nos lauréats comme à chaque fois. Et d’avoir convaincu Éric Trappier de présider à nos choix cette année. A.C. Nous avons la chance, une fois de plus, d’avoir un président de jury emblématique avec Éric Trappier, PDG du groupe Dassault Aviation. Nous avons un panel d’entreprises qui marquent clairement la dynamique de notre région. Le cru 2015 clôture en beauté la première décennie des Aquitains, sur son modèle actuel. Comment pourrait évoluer ce prix l’an prochain ? P. V. Il sera plus digital, devra intégrer la nouvelle donne régionale et donnera lieu à des manifestations plus denses dans les départements. A. C. Nous réfléchissons à un nouveau fonctionnement qui collerait au nouveau découpage administratif. À la différence de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique qui épouse les frontières de la future grande région, la Banque Populaire Occitane, implantée en Lot-etGaronne, rayonne sur Midi-Pyrénées qui se rapproche du Languedoc-Roussillon. Nous discutons avec nos partenaires de ces évolutions. 20 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Le jury et les deux lauréats Présidé par Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, le jury des Aquitains de l’année a décerné les deux trophées départementaux à Vermande SA et La Lémance Les membres du jury 2015 des Aquitains de l’année, réunis le vendredi 4 septembre à Bordeaux au siège de notre journal. PHOTO GUILLAUME BONNAUD OECA Anne Jallet-Auguste Représentante de l’Ordre des expertscomptables d’Aquitaine PRÉSIDENT DU JURY Éric Trappier Président-directeur général de Dassault Aviation « C’est un concentré de l’économie française sur lequel nous avons travaillé avec le jury des Aquitains de l’année. Nous avons vu de vraies démarches d’industriels qui font face, investissent, développent leurs activités. Il est aujourd’hui difficile d’entreprendre en France et de recruter. Les coûts de production sont plus élevés qu’aux États-Unis par exemple. L’innovation est devenue impérative pour maintenir notre compétitivité. » « C’est d’abord la diversité de cette promotion qui m’a marquée. Des métiers traditionnels aux nouvelles technologies, nos lauréats départementaux sont animés par un véritable esprit d’excellence incarné par l’Aquitain 2015. » POUEY INTERNATIONAL Bertrand Lacampagne Président du directoire de Pouey International « Ce qui me frappe le plus lorsque sonne l’heure de ce palmarès, c’est le renouvellement des entreprises. Il y a partout sur nos territoires des entreprises discrètes qui avancent et qui prennent les bonnes décisions. » BANQUE POPULAIRE BPIFRANCE Christian Chapothin Yannick Cambacedes Directeur général adjoint Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique Directeur délégué financement et garantie Aquitaine de bpiFrance « Ce sont une nouvelle fois de belles histoires qui sont mises en lumière par ce palmarès, des histoires d’hommes et de femmes qui entreprennent sur nos territoires. Ils méritent notre respect et notre engagement à leurs côtés. » « La sélection 2015 est représentative de notre tissu économique régional. Elle démontre, s’il en était besoin, que la croissance est aujourd’hui tirée par l’exportation et l’innovation, les deux piliers de l’intervention de bpiFrance. » KEDGE BUSINESS SCHOOL Jacques-Olivier Pesme Directeur associé développement international « Cette saison des Aquitains de l’année est un excellent cru. Des centaines de données traitées par nos étudiants, des entretiens conduits sur toute la région, des entreprises qui se confirment mais aussi des histoires méconnues ou en devenir. » JOURNAL « SUD OUEST » Patrick Venries Directeur général délégué et directeur de la publication « Comme chaque année, ce palmarès des Aquitains de l’année apparaît comme un antidote à la morosité générale. Il nous offre une sélection renouvelée d’entreprises et d’entrepreneurs qui font la vie de nos territoires. » Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 21 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR VERMANDE SA Un « génie » du machinisme agricole ■ Vermande SA, c’est une belle aventure entrepreneuriale et familiale, entamée en 1956 avec Jean Vermande. À l’époque, la société est spécialisée dans la réparation de machines agricoles. Mais avec l’arrivée dans les années 70 de Jean-Luc, son fils – l’actuel PDG –, elle va changer de dimension. À 21 ans et des idées plein la tête, il multiplie les innovations et diversifie l’activité avec du matériel pour le maraîchage, des machines à récolter les prunes, jusqu’à devenir le leader mondial des castreuses de maïs. La réussite d’une famille Aujourd’hui, à 61 ans, Jean-Luc Vermande a à son actif une vingtaine de brevets et est à la tête d’une entreprise qui a réalisé 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 et emploie 14 salariés, contre deux en 2000. Une passion de la mécanique transmise à ses enfants. Il travaille désormais avec ses deux fils, Arnaud, responsable du bureau d’études et Renaud, qui pilote le secteur commercial. Tandis que sa femme, Colette, gère la comptabilité. Pour en arriver là, Vermande n’a cessé d’innover et de prendre des risques. « Ces cinq dernières années, nous avons investi 7 millions d’euros sur les machines. Ce qui n’a pas toujours été simple à faire accepter par nos banquiers », rappelle Jean-Luc. Il n’est pas peu fier de nous montrer son matériel high-tech : des robots capables de souder des pièces ou de les découper au laser. Et, surtout, une machine ultra puissante, d’une valeur d’un million d’eu- ros, qui plie les éléments. « Il n’en existe que trois en France comme celle-là », souligne-t-il. Ainsi, Vermande SA s’est donné les moyens de produire seul et rapidement l’ensemble des composants de ses castreuses de maïs, sauf les pneus et les moteurs. Du coup, « nous sommes plus réactifs sur ce marché très fluctuant et pouvons faire du sur-mesure », met en avant son fils Renaud. Un avantage concurrentiel qui lui a permis de se développer à l’export depuis 2008. Aujourd’hui, 30 % de la production est vendue à l’étranger, dans de multiples pays : Allemagne, Pologne, Roumanie, Russie, Chili… Pour garder cette longueur d’avance, Vermande veille à anticiper les besoins des agriculteurs. C’est pourquoi l’entreprise familiale vient de mettre au point une gamme d’enjambeurs dotés de bineuses. Des bineuses qui visent à amener les professionnels vers le bio et à limiter l’usage de désherbants. « Ainsi, notre machine ne sert plus seulement à castrer le maïs, ce qui devrait nous ouvrir d’autres marchés », avance Renaud. Une idée qui pourrait permettre à cette belle entreprise industrielle du Lot-et-Garonne de franchir un nouveau cap à l’heure de ses 50 ans. NICOLAS CÉSAR ACTIVITÉ : machinisme agricole DATE DE CRÉATION : 1956 DIRIGEANT : Jean-Luc Vermande EFFECTIF : 14 CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions d’euros Jean-Luc Vermande, entouré de ses fils Renaud et Arnaud, a fait de son entreprise, à Clairac en Lot-et-Garonne, le leader mondial des castreuses de maïs. PHOTO ARCHIVES ANDRÉ DOSSAT LA LÉMANCE Le numéro 1 français du fromage de chèvre bio ■ Il n’avait pas imaginé une croissance si rapide. Lorsque Bruno Inquimbert a fondé sa société en 1998 à Montayral dans « son » département natal, cet ingénieur rêvait juste d’avoir sa fromagerie. Un pari osé à 35 ans. Surtout que pour assouvir ce rêve, il n’a pas hésité à quitter une « bonne place », de responsable de production dans le prestigieux groupe Soparind-Bongrain, qui élabore notamment le célèbre « Caprice des Dieux ». Aujourd’hui, le pari est gagné. Son entreprise réalise 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et ne cesse de pousser les murs pour répondre à une forte demande de son marché. En janvier prochain, l’usine à Montayral va s’agrandir de 1 000 m². Et une deuxième unité, dédiée aux produits ultra frais et aux desserts, est en cours de construction en Vendée. Un projet majeur de diversification, qui va créer quinze emplois sur les trois prochaines années. français du fromage de chèvre bio. « Dans notre secteur, la difficulté n’est pas de trouver des marchés, mais de collecter du lait, en faisant le moins de kilomètres possible », insiste-t-il. Parallèlement, Bruno Inquimbert a mis son savoir-faire industriel, acquis dans le groupe Soparind-Bongrain, au service de son usine lot-et-garonnaise. « Notre point fort, c’est de pouvoir approvisionner nos clients (épiceries spécialisées à 70 % et grande distribution) en fromage bio toute l’année », met-il en avant. Leader européen en 2017 Solide sur ses bases, Bruno Inquimbert, qui emploie désormais 40 salariés, regarde l’avenir avec gourmandise. « Nous transformons actuellement deux millions de litres de lait en fromage bio, mais il y a déjà de la demande pour cinq millions », glisse-t-il, plein d’ambitions. Un volume qu’il espère atteindre dans deux ans. Grâce à sa nouvelle unité de production en Vendée, qui va lui permettre de faire encore grandir son réseau de producteurs. Aujourd’hui, l’export représente déjà 15 % de sa production. Ce sera bien plus demain. « Nous voulons devenir leader européen du fromage de chèvre bio à l’horizon 2017 », annonce-t-il. Un visionnaire Quelles sont les clés de ce succès ? Sa « vision » et son sens de l’organisation. Ainsi, dès le début, Bruno Inquimbert a fait le choix du bio « pour retrouver le goût d’autrefois ». À l’époque, il n’a que deux salariés et le bio est encore loin d’être « tendance ». Mais il y croit et parvient à structurer autour de lui 22 producteurs de lait bio, répartis sur un axe s’étendant de la Lozère à la Vendée. À son initiative, tous sont désormais regroupés dans la seule association de producteurs de lait bio en France. Un « tour de force » qui lui a permis de devenir le leader N. C. En quelques années, Bruno Inquimbert a su fédérer autour de sa fromagerie La Lémance, à Montayral (Lot-et-Garonne), toute une filière de producteurs de lait bio. PHOTO ARCHIVES A. D. ACTIVITÉ : fromagerie DATE DE CRÉATION : 1998 DIRIGEANT : Bruno Inquimbert EFFECTIF : 40 CHIFFRE D’AFFAIRES : 7,5 millions d’euros Lot-et-Garonne 22 Sud Ouest éco JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Ces six autres entreprene NOMINÉS Issues de secteurs aussi divers que variés, ces six sociétés ont également retenu l’attention du jury. Il s’en est fallu de peu pour qu’elles figurent au palmarès. Gros plan sur ces succès TONNELLERIE SAINT-MARTIN À BUZET-SUR-BAÏSE AURIOL SA À MARMANDE Le luxe en bois massif Un savoir-faire centenaire François Saint-Martin PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD ACTIVITÉ : fabrication de barriques DATE DE CRÉATION : 1991 DIRIGEANT : François Saint-Martin EFFECTIF : 25 sur le site de Buzet, 14 à la mellanderie de l’Allier pour la préparation des bois, 3 pour le commerce aux États-Unis, 3 pour l’export à l’Autralie CHIFFRE D’AFFAIRES : 7 millions d’euros (au 31 mars 2015) ■ François Saint-Martin est la troisième génération de tonnelier. « Comme mon père et mon grand-père, j’ai fondé ma propre entreprise, ce n’était pas une reprise, même si mon père m’a donné un coup de main. » Une question de philosophie de travail. Aujourd’hui, la Tonnellerie Saint-Martin travaille à 80 % à l’export. En Europe mais aussi en Australie, sur le continent américain, « un peu en Chine où nous surveillons de près l’évolution du marché ». Le patron aimerait également mettre un pied au Japon et « partout où l’on fait du vin ». Mais ses barriques ne sont pas destinées à tous les vins. « Nous ne travaillons que pour 2 % des vins du monde. » Ceux qui sont élevés, gardés. Le gratin. D’où une activité importante à l’export. « Cela nous permet de travailler toute l’année en fonction des vendanges dans le monde entier. » Cela se voit sur son chiffre d’affaires, « en progression régulière ». Et sur le nombre d’employés. « Tous les ans quasiment, nous embauchons du monde. Pas en fonction du CV, mais de la motivation à travailler. Le bois, c’est un métier passion. » ANNE GRESSER CBS À VILLENEUVE-SUR-LOT Dominique Auriol PHOTO SOPHIE NOACHOVITCH ACTIVITÉ : matériels pour l’industrie agroalimentaire DATE DE CRÉATION : 1870 DIRIGEANT : Dominique Auriol EFFECTIF : 35 CHIFFRE D’AFFAIRES : 3 millions d’euros en 2014 ■ Dominique Auriol est le représentant de la quatrième génération de la famille ayant créé l’entreprise marmandaise à la fin du XIXe siècle. « À l’origine, il s’agissait d’une entreprise de réparation de machines à vapeur et elle est restée dans la chaudronnerie, rappelle le président du directoire d’Auriol SA. Puis, nous nous sommes diversifiés et aujourd’hui, nous produisons des machines de cuisson et de stérilisation. » Pour cette deuxième partie, Auriol SA fabrique des autoclaves, c’est-à-dire des engins permettant de stériliser des bocaux alimentaires par exemple. Seules trois entreprises françaises fabriquent ce type de machines dans ce domaine. « Nous sommes sur une niche, indique le dirigeant. On tire notre épingle du jeu du fait de notre grande spécialisation. Quant aux marmites, nous nous distinguons en produisant surmesure et à la carte. » La fiabilité et la qualité des produits sont reconnues dans le milieu. L’entreprise reste à taille humaine puisqu’elle emploie 35 personnes et est résolument familiale : le père de Dominique Auriol travaille toujours dans les locaux. Son frère s’occupe du service après-vente. SOPHIE NOACHOVITCH CRUSTY FOOD À VERTEUIL-D’AGENAIS 2 000 clients livrés par jour Un appétit dévorant Louis-François Caruana PHOTO ANDRÉ DOSSAT ACTIVITÉ : approvisionnement des professionnels de l’alimentaire DATE DE CRÉATION : 1981 DIRIGEANT : Louis-François Caruana EFFECTIF : 48 CHIFFRE D’AFFAIRES : 20 millions d’euros en 2014 ■ Louis-François Caruana est arrivé à la tête de CBS distribution (Caruana Salado & cie SA) au début des années 80. Le chef d’entreprise a repris une société créée par son beau-père, avec un unique camion. « Après une expérience dans la logistique pour le groupe Danzas, j’avais envie de partir sur un projet personnel, d’avoir mon entreprise. Je lui ai donc succédé. » Désormais, CBS dispose d’une flotte de 22 camions et 11 véhicules pour livrer plus de 2 000 clients en Aquitaine, Midi-Pyrénées et jusqu’en Corrèze. L’entreprise villeneuvoise est spécialisée dans la distribution en gros des produits laitiers, charcuteries, conserves… « Nous livrons quotidiennement petits commerces, moyennes et grandes surfaces, restaurants, traiteurs, entreprises de restaurations collectives. Nous avons 2 500 références. La proximité et la souplesse de notre organisation permettent de répondre dans les meilleurs délais aux différentes attentes. » CBS distribution fait partie d’un groupe présidé par Louis-François Caruana qui comprend CBS commercialisation et les établissements Gros, dans le secteur de la viande. CHRISTOPHE MASSENOT Patrick Bruneau PHOTO JEAN-MARC LERNOULD ACTIVITÉ : croquettes pour animaux DATE DE CRÉATION : 1999 DIRIGEANT : Patrick Bruneau EFFECTIF : 10 CHIFFRE D’AFFAIRES : 5,3 millions d’euros en 2014 ■ Patrick Bruneau est un agriculteur de Verteuil-d’Agenais qui a voulu prendre du champ, voir d’autres horizons. Un premier extrudeur et une recette fournie par un ami lui permettent de créer Crusty Food, entreprise familiale qui emploie aujourd’hui dix salariés et se revendique comme le seul fabricant de croquettes animales du Lot-etGaronne. Crusty Food décline une quinzaine de produits, principalement des croquettes pour chiens, qu’elle commercialise localement mais surtout à des revendeurs en France et en Europe. En 2014, ce sont presque 10 000 tonnes qui ont été produites (contre 9 000 tonnes l’année précédente) avec les trois extrudeurs de l’entreprise, qui songe d’ailleurs à se moderniser. La société développe actuellement une recette de croquettes sans céréales, une tendance réclamée par les clients, preuve qu’elle sait réagir promptement aux demandes et aux attentes du marché. Enfin, son chiffre d’affaires augmente lui aussi, avec 5,3 millions d’euros en 2014. JEAN-MARC LERNOULD Sud Ouest éco 23 Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM urs ont aussi séduit BALAND PLASTIN’AGRI À FAUGUEROLLES LA SAS MINER A DAMAZAN Un chantier, trois métiers Du plastique multiusages Julien Miner PHOTO MICHEL LAFFARGUE ACTIVITÉ : peinture, revêtement souple de sols, carrelage DATE DE CRÉATION : au sortir de la Seconde Guerre mondiale DIRIGEANT : Julien Miner EFFECTIF : 49 salariés, plus de 90 avec les sous-traitants CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions d’euros en 2014 ■ Implantée sur la zone d’activités de la Confluence à Damazan, la société par actions simplifiée (SAS) Miner est dirigée depuis 2009 par Julien Miner, 33 ans. Il a pris la suite de son père qui avait lui-même succédé à son père qui débuta artisan à Aiguillon, à son retour d’Allemagne où il était prisonnier de guerre. Cette entreprise de second œuvre est spécialisée dans la peinture, le revêtement souple de sols et le carrelage. L’intérêt est de pouvoir postuler sur les trois métiers sur un chantier. Pour un donneur d’ordre, avoir un seul interlocuteur représente un avantage majeur. Pour l’entreprise, qui travaille à 50 % pour une clientèle privée, le suivi et la complémentarité des travaux ne posent aucun problème. Elle gagne en crédibilité et en efficacité. Répondant à tous les appels d’offres, la société est intervenue dans un passé proche sur des chantiers très importants à l’exemple d’une usine à Perpignan, un hôpital en Charente, le pôle santé de Villeneuve-sur-Lot. Elle œuvre actuellement sur le chantier de la Cité du vin à Bordeaux. Denis Baland PHOTO SOPHIE NOACHOVITCH ACTIVITÉ : transformation et revente de films polyéthylène DATE DE CRÉATION : 1982 DIRIGEANT : Denis Baland EFFECTIF : 16 CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions d’euros en 2014 MICHEL LAFFARGUE ■ Qu’il soit de haute ou de basse densité, destiné au milieu agricole, à l’industrie ou au bâtiment, le film plastique se décline quasiment à l’infini au sein de l’entreprise Baland Plastin’Agri. La matière, utile à bien des opérations, est le fonds de commerce de cette entreprise depuis plus de trente ans. Fondée par André Baland, la société se situait à Fourques-sur-Garonne avant de rejoindre ses locaux actuels, à la sortie de Fauguerolles, sur la RD 813 en 1985. « Mon père est toujours le PDG de Baland Plastin’Agri, indique Denis Baland, directeur général de l’entreprise depuis une quinzaine d’années. J’y suis moi-même entré en 1989. » Le site s’est agrandi depuis avec de nouveaux hangars de stockage pour atteindre une surface actuelle de 4 000 m². Vendus sur l’ensemble du territoire français avec des relations privilégiées avec les entreprises du Sud-Ouest, Baland Plastin’Agri fait partie des quatre entreprises de ce type en France. SOPHIE NOACHOVITCH TROIS QUESTIONS À... THOMAS FROEHLICHER Directeur général de Kedge Business School V otreambitionestinternationaleetvous êtes le partenaire privilégié des Aquitains de l’année.Quelestlesensdel’implication de Kedge ? La dimension internationale de Kedge BS est devenue impérative du fait de notre environnement concurrentiel. Nos étudiants recherchent une formation de haut niveau qui leur ouvre les portes du marché du travail aussi bien à Bordeaux qu’à Paris, New York ou Shanghai. C’est la mission que nous menons pour être reconnus sur l’ensemble de ces territoires et répondre à cette attente. Les Aquitains de l’année est une opération formidable car elle nous permet de cultiver ce lien nécessaire avec les entreprises de la région. Nous y sommes profondément attachés. À chaque soirée de remise des prix, je suis touché par l’émotion qui se dégage de ces chefs d’entreprise, honorés de se voir distingués pour tous leurs efforts et ceux de leurs équipes. D e quelle manière vos étudiants en Master contribuent-ils à ce palmarès régional ? Ces étudiants, qui suivent le Master Grande École de Kedge BS en formation continue, sont avant tout des professionnels qui exercent leur métier et vivent en Aquitaine. Ils sont donc eux aussi très impliqués dans la vie économique de la région. Pour les Aquitains de l’année, ils ont recherché et analysé les performances de plusieurs centaines d’entreprises durant plusieurs mois. Leur sélection, qui comporte des entreprises reconnues mais aussi des pépites méconnues, a été soumise à un jury qui a élu les Aquitains de l’année. Ce travail leur apporte des connaissances approfondies sur le tissu économique régional. C L'ÉCONOMIE dans SUD OUEST, c’est... omment se porte Kedge plus de deux ans après la fusion de BEM et d’Euromed ? Kedge BS réalise un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros pour un effectif de 11 000 étudiants de 50 nationalités différentes, avec 500 collaborateurs dont 200 professeurs. C’est aujourd’hui la 2e école en France, derrière HEC, pour sa production de recherche et notamment sur des sujets d’actualité brûlants comme le développement durable. Kedge BS figure au 29e rang des business school en Europe et au 23e rang mondial pour notre MBA qui a d’ailleurs ouvert l’an dernier à Bordeaux. Ce n’est pas rien. Nous avons donc déjà réalisé beaucoup de travail et il nous reste encore des étapes importantes à franchir dans notre plan stratégique. Nous accentuons nos efforts sur l’international, pour les raisons déjà évoquées, tout en cultivant nos implantations locales. Le magnifique campus de Bordeaux, financé par la CCI et Bordeaux Métropole, est à ce titre un atout pour notre attractivité internationale. Enfin, nous poursuivons aussi notre transformation numérique et l’accroissement de nos services de formation aux entreprises. RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES • Chaque lundi et jeudi : les pages économiques du journal • Chaque jour : toute l'info économique locale et régionale sur sudouest.fr (rubrique SUD OUEST Eco) • Chaque lundi, mercredi et vendredi : la newsletter économique (chiffres clés, agenda, nominations, portraits de dirigeants, conseils d'experts) INSCRIVEZ-VOUS GRATUITEMENT À LA NEWSLETTER Rendez-vous sur sudouest.fr/economie 24 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Dossier « Démystifier l’usine du futur » « Pour la plupart des PME, l’usine du futur reste un concept un peu effrayant. » Alain Brugalières, vice-président de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), sait ce que les nouveaux concepts, associés trop souvent à un jargon parfois abscons, ont de répulsif. Et pourtant, le défi est là et l’enjeu réel. « Il faut convaincre les principaux intéressés, à savoir les dirigeants de PME industrielles, de s’engager sur la bonne voie. Non seulement les PME ont du mal à l’appréhender de manière globale mais elles n’arrivent même pas à déployer certaines briques technologiques », déplore Alain Brugalières, président également d’Agrotec. Et ce dernier d’estimer que la CCI a un rôle moteur à jouer : « Il faut accompagner les chefs d’entreprise des TPE-PME dans le futur de l’industrie et par la même occasion, démystifier le concept d’usine du futur. » L’initiative ne date pas d’hier et remonte à 2012. « Cette année-là, la CCI avait mené une campagne de sensibilisation sur l’usine du futur auprès des entreprises et des jeunes à l’occasion de la semaine de l’industrie », se souvient Alain Brugalières. « Puis ces trois dernières années, ajoute-t-il, la CCI, avec le Groupe Innovation, a multiplié les rencontres autour de l’usine 4.0 et des thématiques de la transition numérique, de l’impression 3D et du management. Elle poursuivra d’ailleurs en 2016 avec la robotique notamment. » La CCI ne compte pas s’arrêter là. « Nous souhaitons faire émerger un lieu de formation, d’expérimentation de partage autour des technologies de l’usine 4.0 ouvert à tous. À ce sujet, la CCI installe un Fablab (pour laboratoire de fabrication, NDLR) dans ses locaux pour incarner la fabrication de demain avec des technologies comme des machines à commandes numériques, des objets connectés, la réalité augmentée, des robots… De là, on pourrait ensuite créer, avec un groupe de PME, un centre d’impression 3D mutualisé en Lot-et-Garonne. » BASTIEN SOUPERBIE Alain Brugalières, vice-président de la CCI. PHOTO THIERRY SUIRE Un système centré sur l’humain INNOVATION L’usine 4.0 n’est pas un écrasement technologique de l’homme, bien au contraire vingt ans, de l’emploi de la numérisation dans la production, de l’interconnection d’objets miniaturisés, du pilotage énergétique pour consommer sans gaspiller, des matériaux intelligents, de l’impression 3D, de la fabrication additive, de la robotique ou encore de la cobotique (le système robotique vient ici au soutien de l’homme sous la forme par exemple d’exosquelette, de lunettes intelligentes, etc.). « L’usine 4.0 est surtout une révolution organisationnelle entre le produit, la machine et l’humain » F audrait-il invoquer la science-fiction, Aldous Huxley et Isaac Asimov pour s’imaginer l’usine du futur ? Et le meilleur des mondes, celui rêvé, réservera-t-il à l’homme un funeste écrasement technologique ? En vrai, rien de tout cela et la révolte luddiste (référence aux artisans tondeurs et tricoteurs qui brisaient les machines au début du XIXe siècle et lors de la première révolution industrielle) ne devrait pas intervenir. D’abord, parce que l’usine du futur existe déjà ; ensuite parce qu’en théorie, elle met l’homme au centre de son système. Une usine intelligente « L’usine 4.0 n’est pas qu’une révolution technologique, c’est surtout une révolution organisationnelle entre le produit, la machine et l’humain. Bref, une usine intelligente », confirme Nicolas Bonrepaux, directeur de l’innovation au sein de la CCI 47. En Lot-et-Garonne, pour ne prendre que cet exemple parmi d’au- La CCI a créé au sein de son siège un Fablab avec une imprimante 3D. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE tres, la société Optimum, leader européen dans le secteur des portes de placard, s’est inscrite clairement dans cette démarche (lire page 30). Toutefois, la France est là encore à la traîne derrière l’Allemagne qui s’est déjà lancée dans cette nouvelle révolution industrielle, bien aidée, il est vrai, par une tradition portée notamment par les machinistes et les équipementiers. « L’industrie allemande possède 157 200 robots quand la France en a 34 500. Ceci s’explique aussi parce que l’Allemagne anticipe les effets de la baisse démographique qu’elle subit », indique Nicolas Bonrepaux. Cela dit, la révolution est engagée ici aussi pour une généralisation, d’ici moins de « Pour schématiser, on passe de la blouse bleue à la blouse blanche avec un enjeu : la réindustrialisation, avec des métiers plus qualifiés, nouveaux pour certains, et une usine plus attractive. C’est d’autant plus important qu’un emploi industriel crée indirectement deux emplois dans le secteur des services. Et enfin parce que 80 % de la recherche provenant du secteur i ndustriel crée de l’innovation. » Inventer un langage commun pour assurer « l’interopérabilité » des objets connectés mais aussi garantir la fiabilité et la sécurité du système face aux menaces d’espionnage seront les nouveaux enjeux de cette usine du troisième millénaire. B. S. Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.COM Sud Ouest éco 25 L’usine du futur « L’investissement crée l’emploi » FINANCES En Lot-et-Garonne, une entreprise sur deux est cliente de la Banque Populaire Occitane levier pour investir sans avoir à subir les charges de remboursement de l’emprunt. Mais globalement, on souffre en France d’une désaffection des épargnants pour l’entreprise. ANDRÉ SAMIER P Président de la Banque Populaire Occitane O n reproche volontiers aux banques d’avoir coupé le robinet auprès des entreprises. Qu’en est-il ? C’est faux. Les banques prêtent plus vite que la croissance. Nous concernant, sur dix entreprises qui formulent une demande de prêt auprès de notre établissement, huit obtiennent satisfaction. Il est vrai qu’on est sélectif mais je rappelle que l’argent que nous prêtons est celui des épargnants ! Notre devoir, c’est de protéger cet argent. La banque est un métier très rationnel. Il y a un marché et des analyses qui vont avec. Cela dit, il y a toujours une prise de risque. Et celle-ci, pour la Banque Populaire Occitane ne diminue pas. Ces cinq dernières années, il a doublé si bien qu’aujourd’hui, 15 % du produit bancaire sont consacrés aux pertes, autrement dit aux crédits non remboursés. Enfin, je rappelle que la Banque Populaire, qui a été créée par des entrepreneurs, est historiquement et naturellement celle des entreprises. En Lot-et-Garonne, une entreprise sur deux est cliente de la banque. Cette année, en dépit du contexte, elle n’a jamais autant distribué d’argent : près de 2 milliards d’euros au total dont 35 % ont été alloués à l’investissement des entreprises. Une proportion qui, hélas, ne progresse pas. Car l’investissement crée l’emploi de demain. E xiste-t-il d’autres solutions que l’emprunt pour aider les entreprises à investir et innover ? Oui, il y a l’apport de fonds propres, ce qui revient à rentrer dans le capital. La Banque Populaire dispose d’une filiale, Multicroissance, dont la mission est de faire du capital développement et donc de rentrer au capital de manière passagère. L’entreprise qui accepte de céder une part de son capital dispose d’un our quelles raisons la France souffret-elle d’une désaffection des épargnants pour l’entreprise ? C’est à la fois politique et culturel. Politique, parce qu’il n’y a pas de fléchage de l’épargne vers les entreprises. Les dispositifs français font la part belle au livret A, aux obligations et à l’assurance-vie. Au final, 8 % de l’argent des épargnants sont dirigés vers les entreprises. C’est une faiblesse qui puise également son origine dans la culture française. Je me souviens que Jacques Chirac se vantait de n’avoir jamais possédé d’actions ! C’est révélateur. Maintenant, je le répète, nous n’avons pas vocation à aller contre l’avis de nos clients. Notre mission est de protéger leur épargne et si nos clients ne veulent pas aller sur les marchés, alors il faut le respecter. Il faut également ajouter que culturellement, c’est aussi difficile pour le chef d’entreprise français de céder une part de son capital… PROPOS RECUEILLIS PAR B. S. André Samier estime que son établissement joue un rôle essentiel dans le secteur de l’innovation. PHOTO THIERRY-DANIEL VIDAL 26 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 27 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR TROIS QUESTIONS À... Avant de parler de tendance de fond, la reprise devra donc être confirmée dans les mois à venir. L ’un des relais de croissance est l’export. Quels sont les secteurs qui s’en sortent le mieux ? Tout d’abord, au plan national, seule une PME sur trois exporte. Parmi les secteurs plus porteurs à l’étranger, on trouve les produits agroalimentaires, les équipements technologiques. En particulier l’aéronautique, ses sous-traitants et fournisseurs, bien implantés dans le Sud-Ouest, et les vins et spiritueux. Par ailleurs, il y a une bonne dynamique également dans l’industrie pharmaceutique grâce à certaines ETI (Entreprises de taille intermédiaire, NDLR) performantes, à l’image de Ceva Santé Animale. Notre nouvelle future grande région aura donc des positions à l’export fortes. Elle représentera au total environ 5 % des exportations françaises. BERTRAND LACAMPAGNE Président du directoire de Pouey International A ssiste-t-on aux prémices d’une reprise de l’économie dans la région ? Oui, nous avons plusieurs signes tangibles. Depuis neuf mois, notre région connait une baisse des défaillances de -2,24 %, contre 0,66 % au plan national. Ceci étant, cette reprise concerne la majorité des régions françaises et de nombreux secteurs, en particulier les services. Mais certains sont très fragiles, comme l’hôtellerie-restauration, qui a subi une hausse de 6 % des défaillances. Q uels sont les ingrédients nécessaires pour une PME qui souhaite réussir à l’étranger ? La vente à l’export suppose une très bonne connaissance des usages commerciaux, des différences culturelles et linguistiques, du contexte des pays, des circuits de distribution, de la réglementation. En outre, il faut veiller à s’assurer de la solvabilité de ses clients. En effet, dans de nombreux pays (États-Unis, Suisse…), les entreprises ne sont pas tenues de publier leur bilan. La mise en place d’une garantie financière sécurisera la relation. PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS CÉSAR Comment lire les tableaux ? Ces tableaux ont été réalisés par Pouey International, spécialiste « Business to business » du renseignement commercial et financier garanti et du recouvrement de créances. Chaque tableau classe les entreprises par ordre décroissant de leur chiffre d’affaires. Pour plus de cohérence, celui-ci est considéré au prorata sur 12 mois ; les sociétés n’ayant pas toutes un bilan sur 12 mois. Le 1er classement ci-contre porte sur les 50 premières entreprises de l’ensemble du département, toutes activités confondues. Il est par la suite décliné en « tops 50 » secteur d’activité par secteur d’activité : export, industrie, commerce, services, agroalimentaire et bâtiment-travaux publics. Qui ? Ces informations concernent exclusivement les entreprises privées dont le siège social est situé dans le département et qui ont déclaré leur bilan. Pour cette raison, certaines sociétés présentes dans le département ne figurent pas dans les tableaux. Comment ? Ces données officielles sont collectées auprès des greffes des tribunaux de commerce dans les semaines qui précèdent leur publication. Les entreprises ne déclarant pas leur bilan ne peuvent donc pas figurer dans ce palmarès. Quant aux secteurs d’activité, ils ont été établis par rapport au code NAF d’appartenance de chaque société. La NAF (nomenclature des activités françaises) est élaborée par l’Insee. Quand ? Les chiffres indiqués sont ceux des bilans clôturés en 2013, 2014 voire 2015. Combien ? Les valeurs sont exprimées en « kilo euros ». Cela signifie que s’il est écrit 1 700 K€, il faut comprendre 1 700 000 euros. Quoi ? Outre le rang de classement, la dénomination et la commune de domiciliation du siège social, ces tableaux mentionnent les derniers chiffres hors taxes déclarés par chaque entreprise soit : son chiffre d’affaires (CA), son chiffre d’affaires export (égal à 0 quand l’entreprise n’a pas d’activité à l’étranger) et son résultat net à la date de clôture de leur bilan. Par ailleurs, est indiquée pour chaque société, l’évolution en pourcentage de son dernier chiffre d’affaires connu par rapport à celui de l’année précédente. Pour le même numéro siren, elle a été calculée sur la base de bilans de même durée et sur la même période (exemple : de janvier à décembre). Quand seul le dernier CA est disponible, cette évolution n’a pas été calculée. Enfin, par défaut, les entreprises des classements ne font pas état de chiffres consolidés (pour un groupe, somme des chiffres des entités le constituant). Cependant, certains chiffres consolidés sont indiqués si le groupe en a fait communication. De ce fait, certaines entités d’un groupe peuvent figurer en leur nom alors que le nom de leur groupe d’appartenance figure aussi dans le classement. 28 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Mericq déchaîne l’innovation ESTILLAC L’entreprise spécialiste des produits de la mer n’hésite pas à investir pour enrichir sa gamme ans cette recherche permanente des moyens humains et techniques à développer en vue d’améliorer la qualité de ses produits, et d’offrir de nouvelles propositions à ses clients, alors peut-être que Mericq Innovation, du groupe éponyme, ne serait pas devenu ce qu’il est aujourd’hui : une marque et un savoir-faire reconnus dans le domaine des produits de la mer. C’est à Estillac que la société, sous la responsabilité de Charlotte Abadie, a installé son atelier de transformation où une centaine d’employés opère en fonction de la saison. « L’été et les fêtes de fin d’année sont des périodes importantes pour nous. » Et dans la perspective de Noël, rappelons utilement que Mericq a construit sa réputation sur le saumon et sa découpe. 1 100 tonnes ont ainsi été traitées l’an dernier. « Comprendre notre process, nécessite de préciser que notre ligne de découpe est à la fois automatisée et personnalisée, avec des opérateurs spécialement formés pour accompagner manuellement les différentes étapes de la chaîne », rappelle Charlotte Abadie. Le saumon entre en une seule pièce pour, au bout des séquences, sortir en filets conditionnés ou en pavés pour les bancs de poissonneries des commerces de proxi- S mité et de la grande distribution. Le produit est fini sur-mesure, fileté, paré, désarêté, pelé, portionné et d’une excellente qualité, avec des contrôles à l’arrivée de la matière première, pendant son traitement et enfin avant son expédition. « Nous en traitons cinq tonnes chaque jour et pouvons aussi transformer le saumon en tartare », complète la responsable, rappelant que chaque produit est d’une totale traçabilité. Réinvention des codes Toujours dans l’objectif de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, l’entreprise a été une des premières de France à installer des lignes de conditionnement Darfresh. La première a été implantée en novembre, la seconde en avril. « La Darfresh est un conditionnement innovant basé sur l’utilisation de films thermoformés qui épousent la forme du produit. C’est une réinvention des codes des rayons marées en libre-service. On peut sortir en une heure 200 colis de six barquettes de poissons ou de fruits de mer », détaille Charlotte Abadie. 400 000 euros ont été investis pour l’acquisition de la dernière chaîne. « Notre équipe de recherche et développement se concentre sur des process qui permettent Mericq propose désormais des produits de la mer sous films thermoformés qui épousent leurs formes, grâce à une nouvelle chaîne de conditionnement. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD de vider le poisson de ses inconvénients. Mais aussi de gagner sur la fraîcheur en travaillant sur les dates limites de consommation. » Et toujours au chapitre des innovations techniques, indiquons que Mericq Innovation, c’est aussi un atelier de fumaison du saumon par friction à froid, une ligne de fabrication de brochettes de poissons frais chaque été (30 tonnes en 2014) et de plateaux gril (144 tonnes) et encore des cellules de décongélations par injection de vapeur d’eau et de surgélation par cryogénie ou des productions de sauces sans additifs, colorants ou conservateurs. CHRISTOPHE MASSENOT « Des projets et de l’ambition » ESTILLAC JeChange.fr, déjà bien installé dans le paysage numérique local et national, ne cesse d’innover afin d’être au plus près des évolutions de la société Basé à l’Agropole, à Estillac, JeChange.fr est un comparateur d’offres à la fois d’assurances – santé et habitation principalement –, d’énergie et de télécoms. Concernant ces deux derniers domaines, l’entreprise est leader sur le marché français. L’aventure a démarré en 2007, avec, dès le début, un pari unique dans le secteur : adopter un positionnement généraliste. À l’inverse de la concurrence, « on a fait le pari d’aider les Français à baisser leurs factures de la vie courante en les prenant dans leur globalité », explique Philippe Goold, directeur général de l’entreprise. Aujourd’hui, JeChange.fr compte près de 90 collaborateurs et, sur les deux dernières années, pas moins d’une cinquantaine de postes supplémentaires ont été créés. En 2014, son chiffre d’affaires était de 8,4 millions d’euros et l’entreprise, qui a « toujours des projets et de l’ambition », ne compte pas s’arrêter là. « À nous de quintupler ce chiffre » Un nouveau projet d’extension des bureaux est en cours de finalisation, après un premier agrandissement de 200 m2 il y a moins d’un an. JeChange.fr a aussi dépassé les frontières en ouvrant, début 2015, deux services à l’international : en Espagne et en Belgique. Autre innovation, « on est également en cours de développement d’une grosse brique qu’on appelle les finances personnelles et qui comprennent des activités de banques en ligne et du crédit », précise Philippe Goold. JeChange.fr compte aussi, depuis novembre 2014, une application pour smartphone avec déjà plus de 1 500 utilisateurs. Si les particuliers demeurent son cœur de cible, l’entreprise se tourne peu à peu vers les petits professionnels en rebondissant sur la fin, d’ici 2016, des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité pour les entreprises, mais aussi de l’obligation pour les employeurs, à partir du 1er janvier, de proposer une mutuelle à leurs salariés. Car depuis plusieurs mois, des petits professionnels viennent aussi chez JeChange.fr. « On a identifié ce besoin et on est en train de structurer une offre aux entreprises qui comptent jusqu’à sept-huit salariés, qui n’ont pas les infrastructures ni les équipes pour peser auprès des opérateurs ou pour comparer et étudier. » Ils sont au- Philippe Goold, directeur général de JeChange.fr, est convaincu du potentiel de l’Agenais. PHOTO JECHANGE.FR jourd’hui près de 200 tous les mois à passer par leurs services. « À nous de quintupler ce chiffre. » Dans un département rural comme le Lotet-Garonne, JeChange.fr peut parfois faire figure d’ovni. Son implantation dans l’Agenais n’a rien d’illogique pour Philippe Goold : « Et pourquoi pas ? On est tellement bien ici ! En tant qu’entrepreneur, j’y ai trouvé tous les profils que je cherchais, une qualité de vie, une fidélité du personnel, des infrastructures pour travailler… Dans le secteur numérique, je pense qu’on a vraiment du potentiel ici. Il n’y a donc pas de raisons pour qu’on n’arrive pas à développer plusieurs entreprises du numérique dans l’Agenais. Une locomotive qui a réussi localement, c’est toujours bon pour en attirer d’autres. » Autre marque de son attachement au territoire : JeChange.fr est, cette année, fournisseur officiel du SUA. Déjà partenaire l’année dernière, il marque avec cette étape sa volonté de « rendre quelque part à l’Agenais ce que l’Agenais nous a apporté. Il y a plein de valeurs du rugby qu’on peut utiliser en entreprise et qui correspondent aux nôtres. » CHIARA PERSONNE JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 29 30 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Optimum ou l’optimisation de la ligne de process LE PASSAGE D’AGEN Le leader européen de la porte de placard revoit son système de production ’usine du futur ne passerait-elle que par la robotisation et la numérisation des process ? Ce serait tout de même réducteur. Quand on est numéro un européen de la porte de placard, on a une propension, fatalement, à ne fermer aucune porte et en ouvrir le plus possible. Chez Optimum, 193 salariés, 55 millions de chiffre d’affaires, l’automatisation du process est déjà engagée depuis longtemps et c’est pourquoi ses coûts de revient pour la fabrication sur son site du Passage-d’Agen, d’1,5 million de portes par an (essentiellement du sur-mesure), sont très faibles. Et ceci sans avoir recours à une matière première étrangère : les produits sont certifiés franco-français et durables (Origine française garantie et label PEFC pour une forêt durable). Alors que faire, sinon réorganiser la chaîne de production autour du client et ainsi insuffler une nouvelle culture productive ? L Mettre le client au centre Au terme d’un audit, Optimum a monté une équipe de projet d’une dizaine de personnes pour plancher sur le sujet et mettre en place une nouvelle organisation qui serait effective au plus tard d’ici deux ans. « L’idée, ce n’est plus produire parce qu’il faut produire, explique Jean-Luc Guéry, le PDG de la société passageoise. C’est le schéma traditionnel qui conduit fatalement à de la surproduction, à la création d’un stock et à immobiliser de l’argent au risque de le perdre si la commercialisation dudit produit s’interrompt. Nous souhaitons un changement culturel en reliant l’opérateur directement au client. Mettre ce dernier au centre de notre atelier. C’est l’axe stratégique. On va ga- Jean-Luc Guéry (à droite), PDG d’Optimum, et Frédéric Saint, reponsable de production, prônent un changement culturel. PHOTO ARCHIVES TH. SUIRE gner en réactivité. Avant, le stock camouflait le problème mais cela avait un coût. Cela dit, cette stratégie répond également à une démarche responsable, sociétale et environnementale. » Changement culturel Une première phase du travail à accomplir dans cette optique devrait être mise en œuvre avant la fin de l’année. Le but, in fine, est donc pour Optimum de produire en fonc- tion des flux et donc de la demande de la clientèle (pour l’essentiel les GSM du bricolage et le négoce en matériel) sans avoir à puiser dans un stock coûteux tout en se préservant d’éventuelles pannes de machines. Il s’agira d’investir dans l’ergonomie mais également de rassembler les salariés autour d’un projet d’entreprise « fédérateur ». « Il faut donner du sens à ce que l’on fait au quotidien, explique Frédéric Saint, responsable du projet chez Optimum. L’usine du futur, c’est 20 % d’outils et 80 % de changement culturel. Si on n’associe pas l’opérateur au processus, on ne peut pas réussir. » Même son de cloche chez Jean-Luc Guéry. « La valeur d’une entreprise, ce sont ses hommes. Un dirigeant qui ne serait qu’un technicien ne pourrait pas y arriver. Il faut privilégier l’humain dans ses capacités managériales. » L’usine du futur, c’est celle où l’homme prend toute sa place. BASTIEN SOUPERBIE JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 31 32 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR De Sangosse, un modèle ancré sur le territoire raconte Christophe Zugaj, le responsable de communication et des études. PONT-DU-CASSE La société internationale, spécialisée dans la protection des plantes, s’est construite sur un modèle original « Origine naturelle » La formule fonctionne : en l’espace de vingtcinq ans, l’effectif du groupe passe de 80 à 760 et son chiffre d’affaires est multiplié par cinq. Les bénéfices sont réinvestis dans la recherche et développement. Ces trois dernières années, ce sont 30 millions d’euros qui ont été injectés dans la recherche avec pour objectif de doubler le chiffre d’affaires à l’international et de consolider sa place de leader sur ses marchés stratégiques. L ’entreprise De Sangosse qui, dans le secteur de la protection des plantes, a conquis sa place au soleil, à l’ombre des multinationales que sont les mastodontes Bayer, Syngenta ou BASF, s’est forgée une réputation internationale dans l’un de ses domaines d’expertise qu’est la lutte, au moyen d’appâts, contre les ravageurs. Limaces, escargots, golden apple snail chinois (qui s’attaque aux rizières), bicho bolita sudaméricain (sorte de cloporte) ou noctuelles (lépidoptère), pour chacun de ces nuisibles, De Sangosse a développé des solutions techniques spécifiques. Capital 100 % français Mais si la société cassipontine poursuit encore sa croissance, disposant de onze usines dans le monde, avec des mises sur le marché de ses produits (protection, nutrition, bio contrôle, adjuvants, etc.) dans une cinquantaine de pays, c’est parce qu’au-delà de son savoir-faire, elle a construit une structure capitalistique « unique en France » qui la protège des appétits extérieurs. Et lui garantit son indépendance. En maîtrisant son capital, De Sangosse garde la maîtrise complète de sa stratégie d’entreprise. « Avec un capital 100 % français, détenu à 78 % par les salariés, De Sangosse emploie 760 personnes et développe 340 millions de chiffre d’affaires » Avec une répartition équitable de l’actionnariat entre les salariés, tous métiers confondus, De Sangosse cultive sa différence. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE Avec un capital 100 % français, détenu à 78 % par les salariés, à 14 % par sa famille fondatrice et à 8 % par un groupe d’investisseurs (Unigrains, Multicroissance, Avril et BNP Paribas), De Sangosse emploie 760 salariés et développe un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros (pour l’année 2015, dont 37 % à l’international) sur un territoire sur lequel il est solidement ancré. « La philosophie de De Sangosse s’appuie sur une vision à long terme, une gouvernance qui privilégie la prise d’initiatives et la réactivité, et l’allocation prioritaire des bénéfices vers la croissance de l’entreprise », détaillet-on chez De Sangosse, une société créée en 1926 et où la culture d’entreprise n’est pas un vain mot. Le basculement intervient en 1989 quand l’entreprise est rachetée par ses propres salariés. « Dotée d’un capital à l’abri des fluctuations et considérations de court terme, De Sangosse prend alors un nouvel élan », De Sangosse vient d’ailleurs de créer en mars 2015 « BioPlantProtec », une unité de recherche et de développement avec le Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV – Université Toulouse III – Paul Sabatier/CNRS). « L’avenir de l’agriculture passera aussi par l’identification de nouvelles stratégies agronomiques respectueuses de l’environnement, explique Christophe Zugaj. Parmi ces stratégies, les produits d’origine naturelle visant à améliorer la protection des cultures végétales contre les maladies et les adventices (produits de biocontrôle), contribueront à la réduction de l’usage des molécules issues de la chimie de synthèse. » BASTIEN SOUPERBIE Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 33 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR L’agroalimentaire en vedette AGEN Le lycée Jean-Baptiste-de-Baudre abrite une exposition conçue pour découvrir tous les métiers de la filière agroalimentaire. Dans ce secteur, le Lot-et-Garonne est particulièrement pourvoyeur d’emplois L e cluster Fruits et Légumes Nutrition Santé a lancé, depuis le 12 octobre, l’exposition interactive d’Aquitaine Cap Métiers sur les professions de la transformation alimentaire, à découvrir jusqu’au 15 décembre prochain au lycée Jean-Baptiste-de-Baudre à Agen (entrée gratuite mais inscription obligatoire au 05 57 81 58 71 ou www.aquitaine-cap-metiers.fr). Cette exposition est destinée au grand public, et principalement aux jeunes et aux demandeurs d’emploi (à l’initiative de professeurs de collèges ou lycées, centres de formation, Missions Locales, PLIE, Maisons de l’emploi, collectivités locales et toutes autres structures ayant le souci d’apporter une information « métiers » à ses publics). Son ambition est d’explorer les débouchés de l’agroalimentaire et d’en revaloriser l’image auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi, de favoriser l’orientation professionnelle vers les différents métiers offerts par cette filière et de permettre, à terme, aux entreprises locales de disposer d’un vivier de jeunes actifs, motivés et formés. Cet événement accueilli par le lycée De-Baudre d’Agen est organisé par la CCI du Lot-et-Garonne, qui porte le cluster Fruits et Légumes Nutrition Santé, avec le soutien du Conseil départemental, proposé par Aquitaine Cap Mé- tiers (soutenue notamment par le Conseil régional aquitain et le Feder). L’exposition interactive présente entre autres choses des produits agroalimentaires fabriqués dans le département, issus en grande majorité de l’exposition permanente « Savoirfaire industriels et innovations », dans les locaux de la CCI 47. Des produits dont on ignore parfois qu’ils sont fabriqués ici, tout près de chez nous, alors que l’agroalimentaire représente un tiers de la filière industrielle du Lot-etGaronne et que son chiffre d’affaires est supérieur à celui de l’agriculture dans le département ! Avec le café Launay et les douceurs de Favols à l’Agropôle d’Agen, les produits bio et équitables de Danival au Moulin d’Andiran, Lucien Georgelin, deuxième confiturier français, excusez du peu, qui fabrique ses délices fruités à Virazeil, les jus de fruits et autres limonades Vitamont à Monflanquin, Fruit Gourmet à Allemans-du-Dropt, les produits de la mer de chez Mericq à Estillac, etc. Et encore, ce n’est là qu’un petit échantillon de la filière agroalimentaire dans le département. Des emplois variés De quoi pourvoir des emplois et des emplois variés, que ce soit dans la fabrication, le commerce, la logistique ou la maintenance. L’organisation de cette exposition illustre aussi la collaboration entre l’enseignement et l’industrie. PHOTO DR « L’agroalimentaire ne régressera pas. Et c’est un métier noble dans lequel on fait de bonnes choses. C’est aussi une industrie qui est en train de devenir très moderne », insiste le vice-président de la CCI du Lot-et-Garonne, Alain Bruga- lières. Avec cette exposition, où sont attendues 500 personnes d’ici mi-décembre, c’est tout un secteur porteur d’emplois qui veut entrer dans la lumière. BLANDINE PHILIPPON 34 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR L’œuf liquide, c’est du solide DAMAZAN La société l’Œuf Gascon, basée à Damazan et Villefranche-du-Queyran, commercialise depuis juin des œufs en poche. 1,5 million d’euros ont été investis «L ’avenir, c’est le local ! » Pascal Varescon, qui gère l’Œuf Gascon avec son frère Denis, n’en démord pas, et reste les deux pieds ancrés dans le sol : un à Villefranche-du-Queyran, où sont installées les 500 000 pondeuses de l’entreprise, l’autre à Damazan, avec l’unité de conditionnement et de commercialisation, implantée près de la bretelle autoroutière depuis quatre ans. Le local, c’est le grand Sud-Ouest, zone de chalandise de la marque phare, l’Œuf de nos villages, et des autres labels qui varient selon les clients. Une échelle régionale dans laquelle l’entreprise de Damazan se sent à l’aise, avec une production de 170 millions d’unités par an, réparties entre la grande distribution (50 %), les grossistes de type Métro (40 %) et le secteur industriel, essentiellement l’œuf liquide (10 %). Mais ce dernier poste est en nette progression et devrait prendre encore plus d’importance, puisqu’il représente un tiers du marché européen. Réduire les manipulations « Nous avons investi 1,5 million d’euros dans la création d’un nouveau produit commercialisé depuis juin dernier, des poches d’œufs entiers pasteurisés et destinées aux collectivités et aux industriels. Avec ces poches qui vont de 1 à 10 litres (on compte une vingtaine d’œufs par litre), on se démarque des autres. Le produit se conserve vingt-huit jours, comme les œufs frais, et apporte un gain de place et des facilités d’utilisation », explique Pascal Varescon. « Nous pouvons répondre à des petites commandes très spécifiques. (...) Le client n’aura plus qu’à ouvrir la poche, tout est prêt… » Ces poches proposent un mélange travaillé en fonction des demandes du client. Pour empêcher le blanc et le jaune de se remélanger, les œufs sont propulsés sur une paroi plus ou moins fortement, et les particules obtenues, plus ou moins petites, rendent le mélange plus ou moins liquide. « Nous pouvons répondre à des petites commandes très spécifiques, par exemple élaborer une poche pour réaliser de la pâte à chou, ou bien y intégrer d’autres produits, sucre, sel, épices… Le client n’aura plus qu’à ouvrir la poche, tout est prêt… » Pascal et Denis Varescon entendent poursuivre leur développement local grâce à de nouveaux produits. PHOTO ARCHIVES J.-M. L. Des types de produits qui intéressent par exemple des clients comme ceux d’Agrotec. On peut aussi imaginer, ce qui est déjà réalisé avec des œufs en coquille, des mélanges avec un taux d’oméga prédéterminé. L’autre avantage du procédé est de réduire considérablement les manipulations et ainsi les risques de contamination, et la pasteurisation élimine les salmonelles. Marché fragile « L’avenir, c’est le local », répète encore Pascal Varescon, lorsqu’il parle cette fois du cycle de ses produits. L’entreprise fait pousser ses propres céréales, qui vont nourrir les poussins qui intégreront les poulaillers. Et désormais, ce sont les excréments qui sont commercialisés localement avec succès. « Les fientes de poules sont transformées en granulés vendus aux agriculteurs pour l’épandage. Les maraîchers, les arboriculteurs, sont intéressés et ça fonctionne particulièrement bien pour la vigne. Ça marche très fort et nous en avons commercialisé 4 400 tonnes en un an, directement auprès des agriculteurs. Et les granulés se stockent facilement, ce qui nous a permis de réduire les poussières et les odeurs. » Dans un marché de l’œuf toujours fragile, où les variations de prix, souvent artificielles, peuvent aller du simple au triple en quelques mois, l’Œuf Gascon tire plutôt bien son épingle du jeu, et présente un capital consolidé de 24 millions d’euros en 2014. La grippe aviaire, qui sévit encore aux États-Unis, a amené les Américains à acheter davantage en Europe, tandis que les investissements pour se mettre aux normes européennes (nombre de poules par cage) ont été réalisés. JEAN-MARC LERNOULD Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 35 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les mâchoires sans frontières PONT-DU-CASSE L’entreprise Sireix est spécialisée dans les prothèses dentaires. Grâce aux nouvelles technologies, et notamment Internet, des marchés s’ouvrent à l’international. Les dents passent à l’ère 2.0 ubliés, les plombages qui donnent des airs de méchant dans James Bond ! Avec la révolution numérique, les ratiches sont passées à l’ère 2.0 et le sourire Colgate a un bel avenir devant lui. Christophe Sireix, PDG de la société de prothèses dentaires éponyme, dirige avec son frère jumeau Vincent une entreprise devenue l’un des fleurons européens du genre. « La révolution de la dernière décennie, c’est la fabrication assistée par ordinateur (FAO). Désormais, les dentistes disposent de caméras à empreintes optiques, qui donnent une image très précise de la dentition de leurs patients », explique le prothésiste. O 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires en 2014 Les cabinets transmettent les clichés obtenus à Sireix par courriel, qui se charge ensuite de fabriquer des dents sur mesure. À grand renfort d’imprimantes 3D et de machines d’usinage. L’entreprise a investi 2 millions d’euros ces cinq dernières années pour s’équiper en matériel de pointe. Et pas question de perdre haleine. Grâce à Internet, « de nouveaux marchés, comme les territoires d’outremer ou l’Afrique, s’of- Dénomination officielle frent à nous. D’ailleurs, on l’oublie souvent, mais ce continent a une croissance plus forte que la Chine… » Un choix payant, le chiffre d’affaires de Sireix étant en constante augmentation, de l’ordre d’1,7 million d’euros en 2014, contre 1,2 en 2012. Pas mal, pour une société qui emploie neuf personnes. « Je me charge aussi de former des prothésistes d’autres firmes aux logiciels actuels, poursuit le PDG. Et notre savoir-faire étant reconnu internationalement, je donne des conférences sur le sujet de par le monde. » Matériaux hybrides La révolution dans le domaine concerne surtout les nouveaux matériaux. Si l’impression 3D en offre un panel réduit, la situation pourrait bientôt changer. « Nous travaillons actuellement avec une société allemande sur les matériaux du futur, comme la céramique hybride. » Une matière « biocompatible » qui agresse moins le corps et se révèle plus économique. Pour, au final, des dents plus belles et résistantes. Autre motif de réjouissances pour les jumeaux aux quenottes futuristes, l’obliga- Commune Les imprimantes 3D permettent aujourd’hui de diminuer les temps de fabrication des prothèses dentaires, amenant ainsi des économies. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD tion progressive pour les entreprises françaises d’assurer une mutuelle pour leurs employés. « Cela va amener les mutuelles à proposer plus de révisions dentaires. Si les prix sont amenés à baisser, ils seront Date dernier bilan Dernier CA compensés par une augmentation exponentielle de la demande, que l’on chiffre à 30 %. » De quoi donner les crocs aux frères Sireix. ÉTIENNE CZERNECKA Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net 36 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR C2R, le credo de la qualité MIRAMONT-DE-GUYENNE L’entreprise de menuiserie marie avec bonheur diversification et innovation sur ses sites de Miramont-de-Guyenne et Montaigu-de-Quercy L e nouveau volet battant en aluminium à panneaux type lames horizontales et les volets coulissants adaptés aux grandes baies, en aluminium, PVC ou bois, sont parmi les dernières nouveautés de C2R. En début d’année, l’entreprise a présenté une nouvelle menuiserie composite PVC/fibre de verre à la tenue mécanique optimale, avec plus de clair de jour et de luminosité. Comme credo novateur, C2R amplifie ses efforts en direction de la « maison connectée », processus qui consiste à mettre en place des systèmes-box de commande à distance de fermeture ou d’ouverture de volets roulants notamment. « Le système est désormais opérationnel et véritablement en cours de démocratisation, estime le président du directoire Franck Nuffer. Côté production, nos nou- velles lignes sont entièrement automatisées. Nous travaillons à la commande et l’organisation de nos ateliers de production se fera progressivement, presque exclusivement en flux tendu. L’informatique est omniprésente et nous permet toutes ces évolutions. » Un tutoriel efficace L’accès clients par Internet (notices de pose, tarifs, passage de commandes) est en cours de mise en place. La création d’une chaîne YouTube contenant plusieurs films d’aide à la pose à destination des artisans- poseurs et un film d’animation pour la motorisation des volets battants, est l’une des dernières innovations de l’entreprise. Sur sa filière de fabrication de volets bois, C2R démontre son engagement pour un en- Spécialiste des menuiseries bois, alu, composite et PVC, C2R se tourne désormais vers le marché de la maison connectée. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE vironnement durable et une démarche écologique affirmée grâce à l’utilisation d’un bois respectueux de l’environnement et par le traitement de ce dernier, effectué sans solvants. « Face à une concurrence accrue, selon Franck Nuffer, l’usine du futur va nécessiter la mise en place d’outils industriels performants et l’automatisation des opérations de production les plus répétitives. Chaque ligne de produits est pourvue d’une cellule de réflexion et de projet à cet effet. » MICHEL ROUSSILLE JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 37 38 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne Dénomination officielle Commune JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Date dernier bilan Dernier CA Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 39 « Nous devons rester à la pointe » NÉRAC Babcock Wanson, leader français de la chaudière industrielle, mène des projets innovants S i elle a su résister, c’est en innovant. La société Babcock Wanson, leader français de la chaudière industrielle et filiale du groupe CNIM, présente à Nérac depuis plus de soixante ans, est allée de l’avant. Difficile pourtant dans un secteur où, comme le souligne le chef d’établissement et directeur industriel, François Blin, « les produits fabriqués font la même chose qu’il y a dix ans. La différence, c’est peut-être que les boutons ont été remplacés par des écrans tactiles ». Et si cela prête à sourire, il n’en est rien puisque l’une des innovations majeures de ces dernières années a été la conception de chaudières connectées. Alors que Babcock Wanson développe son activité services – elle représente deux tiers du chiffre d’affaires total qui, en 2014, s’élevait à 90 millions d’euros dont 50 pour le seul site néracais – en proposant, notamment, une aide à l’exploitation. La société s’appuie sur les technologies embarquées et l’automatisation. En parallèle, objets connectés et logiciels font leur apparition. Le but ? Permettre à l’exploitant de contrôler les différents paramètres de la chaudière directement sur son smartphone. « Avant, Dénomination officielle une présence humaine était nécessaire. Aujourd’hui, un programme s’occupe de tout. Et, en cas de problème, un simple SMS suffit à prévenir un technicien qui se rend sur place », explique François Blin. Une petite révolution donc, déjà en place depuis cinq ou six ans. Les salariés impliqués Inscrite dans le programme de la Région Aquitaine, « usine du futur », qui lui a permis de réaliser un diagnostic en juin 2014, la société a également engagé les 150 salariés du site néracais (1) dans la démarche. « Nous avons mis en place des groupes de travail. Cela a permis aux gens de s’exprimer et de travailler ensemble. C’est aussi ça, l’usine du futur », lance François Blin. De manière plus concrète, au sein du pôle recherche et développement et de la station d’essai, d’autres projets sont en cours. Parmi eux, Demoxya, débuté il y a trente mois et subventionné par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), concerne un autre des produits fabriqués par Babcock : les brûleurs. « L’objectif est de créer des brûleurs Commune « Nous ne réfléchissons pas l’innovation en termes de budget », dit François Blin. PH. M. R. de 8 mégawatts, qui rejetteront moins d’oxyde d’azote », précise le directeur industriel qui espère une commercialisation d’ici fin janvier. Vers le stockage thermique Et la société souhaite aller plus loin. Avec EMR’Stock, elle étudie un dispositif capable de convertir et stocker sous forme de chaleur des surproductions énergétiques. « L’idée est de faire des unités de stockage que l’on placerait à côté des fermes éoliennes, par exemple, puis de restituer l’énergie en régénérant de la vapeur, explique François Blin. Nous sommes toujours dans Date dernier bilan Dernier CA le domaine de la chaufferie, nous avons des produits à placer. » Un système dont un premier prototype est en cours de réalisation. Concernant le coût de ces innovations, le directeur industriel ne donne aucune précision : « Nous ne réfléchissons pas cela en termes de budget. Nous savons que nous devons être à la pointe pour rester concurrentiels, nous le faisons. Il faut juste que ce soit rentable, concret. » MATHILDE ROYER (1) Babcock Wanson, également implantée en Europe et au Maghreb, compte 650 salariés, dont 350 en France. Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net 40 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR De l’énergie à revendre ROQUEFORT Depuis 2010, Fonroche s’est doté d’un service Recherche et développement chargé d’imaginer les innovations de demain P our Yann Maus, son fondateur, « Fonroche fait partie de ces rares petits fabricants qui ont survécu à la concurrence ». Créé en 2008, le groupe poursuit son petit bonhomme de chemin. Aux modules photovoltaïques se sont rajoutés de nouveaux marchés : la géothermie et la méthanisation. De sa première serre solaire construite en 2009, l’entreprise lotet-garonnaise essaime désormais sur toute la planète : Inde, Kazakhstan, Mexique, Abu Dahbi… Fonroche, et ses 190 salariés, est aussi une entreprise qui se consolide au fil des exercices. En 2014, le volume d’activités atteignait 94 millions d’euros et devrait frôler 100 millions d’euros cette année. Si ces données démontrent une « bonne santé financière », selon les mots du fondateur, c’est pour une raison principale : la création, voilà cinq ans, d’un service entièrement dédié à la recherche et au développement dans lequel travaille une vingtaine d’ingénieurs et techniciens. « Il faut constamment se réinventer, travailler sur de nouveaux produits et sur la baisse des coûts », répète comme un leitmotiv Yann Dénomination officielle Maus. Et de rappeler le cas de l’entreprise Nokia qui – en ne prenant pas le virage des écrans tactiles – a perdu une grande part de compétitivité dans la téléphonie. Car pour prétendre à être une usine du futur, une entreprise doit constamment, selon l’entrepreneur, apporter toujours plus de valeur ajoutée à ses produits. « Aujourd’hui, le photovoltaïque s’est banalisé. L’enjeu pour nos chercheurs, c’est donc de rendre nos systèmes plus intelligents, notamment dans le cas du solaire, au niveau du stockage et la gestion de l’énergie », précise-t-il. Un exemple ? Il y a quelques semaines, Fonroche a été capable de reprogrammer l’éclairage de ses candélabres solaires – installés sur l’aéroport de Koweït City – à distance, depuis le siège de l’entreprise. « Sur ce produit, les recherches vont nous permettre de proposer bientôt une nouvelle génération qui sera 30 % plus puissante et dont le coût sera inférieur de 25 %. » Dominer la concurrence Le service Recherche et développement est essentiel dans un marché ultra-concurren- Commune Yann Maus, le président-directeur général et fondateur de la société spécialisée entre autres dans le photovoltaïque. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD tiel. Mais ce n’est pas le seul moyen qu’a trouvé Yann Maus pour garder une longueur d’avance. « En 2011, nous avons investi 8 millions d’euros dans une chaîne de production largement automatisée. » Outre qu’elle produit davantage que l’installation précédente (65 MWc au lieu de 25 (1)), celle-ci réduit au maximum l’intervention humaine. Un gage de qualité selon Yann Maus mais aussi une nouvelle possibilité de réduire les coûts de production. « Cela donne aussi un certain confort à nos salariés car nous pouvons leur con- Date dernier bilan Dernier CA fier des postes plus valorisants », ajoute-til. Un confort aussi pour les carnets de commande de l’entreprise qui, outre le lancement de son méthanisateur dans le Villeneuvois ce mois-ci, compte sur plusieurs autres gros chantiers, notamment un forage géothermique en Alsace et le lancement d’une centrale solaire à Porto Rico. ROMAIN BARUCQ (1) Le mégawatt crête (ou MWc) est une unité permettant de mesurer la puissance électrique fournie. Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 41 42 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Berger-Levrault admis en clinique VILLENEUVE-SUR-LOT Avec la prise de contrôle de Sigems, le groupe Berger-Levrault vient de faire son entrée dans le secteur privé des cliniques D ans quelques semaines, le nom de Berger-Levrault devrait précéder celui de Sigems sur les panneaux de signalisation de la zone commerciale de Parasol à Villeneuve-sur-Lot. En avril 2014, le groupe international s’est « offert » la société Sigems, fondée en 1981 par JeanClaude Fourès, leader français dans la gestion informatique des dossiers de plus de 300 cliniques en France. Une opération qui s’est faite « sans douleurs » pour son fondateur, qui désirait se reposer « sur ses lauriers », après avoir réussi à mettre sur pied une société à la pointe de la technologie avec la réalisation d’un projet d’avant-garde. Berger-Levrault, qui emploie aujourd’hui 1 400 salariés, spécialiste dans l’édition de solutions informatiques et de documents (papiers et numériques), destinés aux administrations, compte plus de 28 000 établissements parmi ses clients (mairies, Conseils Dénomination officielle régionaux, départementaux, hôpitaux, maisons de retraite…). Le rachat de Sigems par ce groupe fondé il y a 350 ans, lui permet de couvrir la totalité du spectre national du marché de la santé en entrant dans le secteur privé des cliniques. Le savoirfaire développé grâce à la compétence des techniciens de la société villeneuvoise et ses infrastructures ont joué un rôle déterminant dans la décision de Berger-Levrault d’investir à Villeneuve-sur-Lot. Data center agréé Le data center, agréé pour l’hébergement des données de santé, est la partie immergée du bâtiment en bordure du Lot. Une zone de haute sécurité, où tournent, vingtquatre heures sur vingt-quatre tout au long de l’année, des centaines d’ordinateurs, dont la particularité est d’être refroidis par un liquide à base d’eau réfrigérée. Berger-Levrault vient d’ailleurs d’investir Commune Gérard Massoni, le directeur de la convergence et du développement de Sigems, est entouré de 45 collaborateurs de haut niveau. PHOTO ARCHIVES A. D. dans de nouvelles machines qui multiplient par dix la capacité de stockage, sans pour cela « dépenser plus d’énergie ». Pour donner une idée du gigantisme de ces installations, la « box », qui permet de relier le particulier à internet, mesure ici l’équivalent de deux armoires normandes. Ce data center, boosté aux gigaoctets, va permettre d’élargir l’offre d’hébergement pour le groupe qui imagine déjà ce que sera notre vie demain : « Il se profile aux travers de nos solutions, des innovations qui vont apporter de nouveaux services Date dernier bilan Dernier CA aux citoyens et plus de confort aux patients, notamment avec les objets connectés », prédit Gérard Massoni, le directeur de la convergence et du développement de la société basée à Villeneuve-sur-Lot. Forte de 45 ingénieurs et techniciens de haut niveau, l’entreprise génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 6 millions d’euros. C’est l’autre « interface » de Berger-Levrault, que d’imaginer l’avenir en misant sur l’intelligence de ceux qui sont chargés, aujourd’hui, de le mettre en œuvre demain… ANDRÉ DOSSAT Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 43 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Plastinov croit en l’éolien MARMANDE Le groupe vient de s’associer avec le Breton Carboman, un partenaire de dimension européenne S pécialiste de la production de pièces pour bateaux, avions et automobiles en matériau composite, Plastinov s’est aussi tourné vers la confection de pales et de nacelles d’éolienne. C’est devenu l’une des activités principales des trois sites de production de Marmande, Samazan et Blanquefort en Gironde. Plastinov vient de fusionner avec le groupe breton Carboman, installé à Vannes dans le Morbihan. Et ce mariage-là crée une satisfaction non feinte dans l’entreprise lot-et-garonnaise. « Nous projetions déjà de nous démarquer de la concurrence internationale par une implication accrue dans les secteurs de la recherche et de l’innovation, assuraient il y a peu Olivier Clercy et Fabien Baumann, les directeurs. Mais notre association avec le groupe breton, envisagée de longue date et récemment conclue, vient nous donner un coup de pouce et un nouvel allant ! » Carboman, pour la petite histoire, est lui-même issu de la fusion de Multiplast, entreprise de chantiers navals, construc- Dénomination officielle teur de yachts, monocoques et multicoques (dont celui du skipper Loïc Peyron) et de l’entreprise suisse Décision SA. Ils forment à eux deux un groupe de dimension européen. Un jour, des pales d’éolienne recyclables « Nous allons pouvoir développer des synergies, a commenté Fabien Baumann. Il va désormais y avoir un partenariat étroit et une complémentarité entre Vannes et nous-mêmes, ce qui va nous permettre d’élargir la compétence du groupe. Nous allons devenir ultra-compétitifs et surtout crédibles aux yeux des grands groupes français. » Plastinov, qui compte déjà EADS Astrium, Thalès Service, Areva, Lisi-Creuzet Aéronautique ou la SNCF comme clients, compte bien étendre son rayon d’action. Il a par ailleurs créé Plastéol, une filiale qui a pris en charge la maintenance des pales et nacelles d’éoliennes. Parce que ces dernières subissent les agressions répétées de la pluie, du vent, de la grêle et des Commune Fabien Baumann, directeur de Plastinov, sur le site de Samazan. PHOTO SOPHIE CARBONNEL orages. Au rayon de la recherche, Plastinov se penche assidûment sur un projet à moyen terme qui consistera à fabriquer ces mêmes pales d’éoliennes à base de fibre de lin ou de chanvre. « Nous sommes Date dernier bilan Dernier CA partie prenante au sein d’un cluster qui réfléchit activement à cette éventualité », indique Fabien Baumann. La recherche est lancée ! MICHEL ROUSSILLE Evol. (en %) dernier CA / CA N -1 Dernier CA export Dernier résultat net 44 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Le tout-terrain de l’électrique BOURRAN Créée à la fin des années 1990, la société Goupil, passée en 2013 sous le giron de l’Américain Polaris Work & Transportation, poursuit sa quête du véhicule de demain à travers le monde L e logo au renard futé de Goupil s’affiche toujours sur la façade de l’usine de Bourran, mais il est désormais flanqué d’autres blasons, signe que la famille s’enrichit. Polaris Work & Transportation, le groupe américain qui a racheté l’entreprise lot-et-garonnaise en 2011, a également ramené dans son giron les constructeurs Mega, Gem et Brutus. Un pôle du véhicule électrique qui permet une synergie en matière de recherche et développement, sans enlever sa spécificité à Goupil. Goupil a été créé à la fin des années 1990 par Daniel Duclos (Accès Industrie) et Thierry Zerbato, et ce dernier vient d’en reprendre la direction générale. L’entreprise appartient aux leaders français du véhicule électrique utilitaire, et le site de Bourran produit entre 1 200 à 1 500 véhicules par an avec une centaine de salariés. « Polaris a repris en 2013 Mega, qui était notre principal concurrent pour les véhicules utilitaires électriques. Son activité pièces détachées a été transférée ici et nous nous occupons du service après-vente et du dépannage. Les véhicules de cette marque restent produits à Aix-les-Bains, mais ils sont vendus à Bourran », explique Thierry Zerbato. Le SAV et la distribution européenne de la marque Gem seront également centralisés en Lot-et-Garonne, ainsi que l’assemblage final, au premier trimestre 2016. Compatibles sur les deux continents Les progrès de Goupil s’en ressentent, et ce malgré la crise : « Nous développons le marché allemand de façon exponentielle, celui-ci est potentiellement supérieur à la France », commente le directeur général. L’Angleterre est également en ligne de mire, « et nous sommes présents en Italie, en Espagne, tandis que nos premiers véhicules partent vers Israël et les pays du Golfe ». L’atout du constructeur français est la production d’une gamme très Le site de Bourran produit entre 1 200 et 1 500 véhicules par an sous la houlette de Thierry Zerbato, directeur général de Goupil. PHOTO DR simple au départ, notamment avec le G3, « cœur de métier » de Goupil, un utilitaire pourvu d’un châssis de base sur lequel peuvent se décliner à volonté toutes sortes d’équipements : mini-grues, plateaux basculants, nettoyeurs haute pression, etc. On est presque dans le domaine du tuning… Et la gamme s’est élargie avec le G5, davantage taillé pour la route, et le G1, dernier en date, à vocation industrielle. Côté technologie, Goupil propose désormais des batteries au lithium sur son G5. Moins lourdes, elles permettent d’augmenter la charge utile et occupent moins de volume. « Elles ont aussi l’intérêt de pouvoir être char- gées à tout moment, sans devoir les laisser branchées 5 ou 6 heures. » Et si elles sont plus chères, ces batteries restent attractives par les possibilités offertes. La gamme s’est élargie et de nouveaux modèles sont en cours de conception, menés de front par les bureaux d’étude du groupe, autant aux USA qu’en France. « Un travail d’équipe qui permet aussi à nos modèles d’être compatibles d’un continent à l’autre », ajoute Thierry Zerbato. En 2014, Goupil a affiché un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros, et prévoit 28 à 30 millions pour 2015. « Le marché du véhicule électrique profite des aides gouvernementa- les accordées à nos clients, et nos G5 remplacent par exemple des utilitaires thermiques de la Ville de Paris ou de Marseille, mais il faut continuer d’être astucieux et innovant », prévient Thierry Zerbato, qui a encore en mémoire les oiseaux de mauvais augure des débuts de Goupil : « Ça ne marchera jamais… » Le site de Bourran a su passer le cap, grâce à son rachat par Polaris, et parmi sa centaine de salariés, ceux qui ont le permis moto peuvent emprunter le week-end une magnifique Indians, autre marque rachetée par les Américains. Pas très électrique certes, mais à l’image de Goupil, ça tient la route… JEAN-MARC LERNOULD Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 45 JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR MGA sur la bonne trajectoire VILLENEUVE-SUR-LOT Depuis son rachat en 2013 par le groupe ARM, ce sous-traitant aéronautique de rang 2 connaît, grâce à de nouveaux moyens de conception et de fabrication, un second décollage A irbus, Boeing, Eurocopter, Dassault, Bombardier, Daher… Depuis plus de dix ans maintenant, MGA fournit les équipementiers qui travaillent en lien direct avec ces fleurons de l’industrie aéronautique. Les certifications internationales en poche, l’équipe dirigeante sait pourtant que sur ce marché ultra-concurrentiel, « il faut faire mieux tous les jours sur toutes les productions ». À Villeneuve-sur-Lot, MGA s’est fait un nom dans la conception et la réalisation de pièces d’aluminium de haute précision qui viennent se loger dans la carlingue, les ailes, le cockpit des pilotes, les systèmes de ventilation ou les fauteuils des classes business de l’A380 par exemple. Les leviers de gaz de l’A320 ou le joystick de commande que les pilotes ont en main comptent parmi leurs réalisations. Gains de productivité élevés Nouvel objectif de Patrick Bernède et Stéphane Buffa qui, suite au rachat de MVA par le groupe ARM en 2013, ont constitué l’actionnariat avec le PDG d’ARM : s’attaquer à la partie moteur. Pour ce faire, la petite entreprise de 60 salariés, qui a vu son chiffre d’affaires passer de 5 à 6 millions d’euros depuis 2013, se donne les moyens de ses ambitions. L’intégration au sein d’ARM a permis d’étendre l’unité de production à un bâtiment jusqu’alors inoccupé. Une nouvelle organisation de travail et l’optimisation de la réalisation des séries ont permis de gagner en rentabilité. MGA a ainsi investi dans de nouveaux logiciels de conception informatique et formé ses équipes. Le diagnostic établi par un consultant dans le cadre du programme « usine du futur » porté par la Région Aquitaine a confirmé ses orientations et la nécessité d’investir dans l’outil de production. En plus de la conception et de la fabrication assistées par ordinateur (CFAO), les trois dirigeants programment 1,2 million d’euros d’investissements en deux ans, avec l’aide de la Région, pour acquérir de nouvelles machines et améliorer le cadre de travail des salariés, notamment par la création d’un système de climatisation qui rend plus supportable la cohabitation avec les machines qui usinent l’aluminium dans sa masse. Nouveaux programmes « Sur de bons rails », MGA entend désormais continuer à accompagner la crois- Patrick Bernède, directeur commercial et qualité de MGA, le sait : dans l’aéronautique, aucun défaut ni retard n’est admis. PHOTO J. P. sance du groupe ARM qui a réalisé l’an dernier 32 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est fixé comme objectif d’atteindre un premier palier à 40 millions. Les marchés en croissance, comme celui de l’A320 et les nouveaux programmes, tels l’A350 ou l’A330 Neo, combinés aux nouveaux moyens de production dont ils disposent, leur offrent de bonnes perspectives. JULIEN PELLICIER 46 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Les robots, ces employés à part entière SAINTE-COLOMBE-EN-BRUILHOIS La société Comasir s’est spécialisée dans la robotique au service des entreprises et de leur compétitivité n matière d’innovation visant à pallier la pénibilité de certaines tâches répétitives sur les chaînes de production, la robotique a le vent en poupe. Sauf dans le Sud-Ouest où la région accuse un sacré retard en la matière… Une aubaine pour Laurent Beaumont et Adrien Loubrie qui, après avoir travaillé dans l’agroalimentaire pendant une dizaine d’années, ont lancé leur entreprise Comasir, dédiée aux constructions de machines industrielles en 2011, et implantée sur la commune de Sainte-Colombe-en-Bruilhois. Dans leurs 800 m2 d’ateliers et leurs 50 m2 de bureaux, le duo d’entrepreneurs revendique son autonomie. « Nous livrons robots et logiciels clés en main grâce à notre bureau d’étude interne, du projet à l’automatisme adapté au cas par cas et notre service après-vente. Cela nous permet d’éviter la E sous-traitance, de contrôler les délais de réalisation, les coûts et d’avoir la main sur le produit de A à Z », explique Adrien Loubrie. Les idées reçues ont la vie dure La partie robotique prend de plus en plus d’ampleur au sein de Comasir. Les entreprises sont en quête de machines capables de réaliser des tâches de manipulation, portage, palletage… Les robots entrent de plus en plus en début et fin de ligne de productions. « Nous souhaitons poursuivre notre développement de la robotique. Au départ, nous étions deux, nous avons tenté l’aventure au culot, et quatre ans plus tard, nous sommes sur le point de recruter une septième personne », indique Laurent Beaumont. Si aujourd’hui, Comasir bénéficie d’un secteur porteur, les jeunes créateurs d’en- Adrien Loubrie et Laurent Beaumont présentent des prototypes miniatures de robots « de base ». Ceux-ci sont configurés selon les besoins de chaque entreprise. PHOTO M. C. treprise concèdent qu’ils ont dû se confronter les premières années à de multiples idées reçues. « Notamment sur le coût de la robotique, mais ce dernier est souvent moindre que certaines machines mécaniques et se révèle plus fiable sur le long terme. » De plus, le robot peut aisément s’ajuster aux nouveaux produits et le logiciel permettant de piloter la machine est facile d’utilisation. « Par exemple, pour une usine fonctionnant en 3x8 heures, le robot est rentabilisé sur deux-trois ans. » Le bouche à oreille a fait le reste, et Adrien Loubrie et Laurent Beaumont doivent à présent parfois freiner leurs clients dans leurs projections du tout-robotique. Ainsi, les secteurs d’entreprises aux domaines aussi variés que l’agroalimentaire pour l’emballage, le bois pour le chargement, les travaux publics pour l’empilage ou la manutention, ont de plus en plus recours aux robots. Le sentiment que la machine pourrait prendre le pas sur l’homme dans les entreprises n’est pas une crainte fondée selon les créateurs de Comasir. « Les robots permettent à certaines sociétés de pallier des difficultés de recrutement. Des pays comme l’Allemagne ou l’Italie sont dix fois plus robotisés que la France et affichent une compétitivité enviable. » MATHILDE CURIEN Razol, le culte du sol depuis plus d’un siècle et demi TONNEINS L’entreprise familiale de machinisme agricole, créée en 1855, est entrée de plain-pied dans le troisième millénaire Spécialiste du travail du sol, Razol vient de fêter ses 160 ans. Même plus d’une fois et demi-séculaire, Razol ne s’endort pas sur ses lauriers et innove. Son bureau d’études vient de concevoir une bineuse autoguidée haut de gamme, qui lui a valu une citation lors du dernier Salon du machinisme agricole de Paris. Un engin sophistiqué muni de caméras couplées à un GPS. Les mauvaises herbes vont devoir bien se tenir et même disparaître ! Nommé Agrogéovisio, un consortium de trois entités (Razol, Rhoban System et Bordeaux Science agro) a conçu l’appareil, composé, derrière le tracteur, d’un châssis intermédiaire « intelligent » équipé de caméras, GPS, capteurs et ordinateurs capables de corriger les écarts de conduite les plus minimes du véhicule. En cours de validation par le biais de trois appareils placés dans des exploitations, la bineuse convient aux cultures du maïs, haricots, tournesol et autres betteraves à sucre, soit toutes les plantes sarclées. Mieux encore, la caméra visualise et le GPS mémorise les moindres détails du sol et des plantes lors du premier binage. Lors des suivants, la bi- neuse connaît sa mission au centimètre près ! Évolutif aussi, le consortium ITAGRO, dont Razol est partenaire, financé dans le cadre d’un appel à projets du Fonds unique interministériel. Son but : apporter les nouvelles technologies du numérique sur les exploitations et faire de l’électronique un atout pour réduire les coûts d’exploitation des tracteurs et des outils en proposant des modulations intelligentes. Cette démarche nécessite la création d’outils innovants, intelligents et connectés. Razol se trouve à l’avant-garde de la création d’un outil de travail du sol dont les diverses composantes « s’autogèrent » en fonction de la nature du sol. Toujours dans le but de réduire la consommation de carburant du tracteur et ainsi contribuer de façon efficace à une agriculture durable. Une décompacteuse géante de chez Razol. La société veut faire entrer les nouvelles technologies dans les exploitations agricoles. PHOTO ARCHIVES M. R. Distinguée parmi les PMI Par ailleurs, Patrick Lezer, le PDG de Razol, ne cache pas sa satisfaction d’avoir vu récemment son entreprise sélectionnée par la Région Aquitaine dans le cadre du projet « usine du futur ». Ce qui lui a donné droit à un audit financé par le Conseil régional. Le but est d’accompagner les PMI françaises dans leur quête de modernité et de performance. « Nous avons convergé, commente Patrick Lezer, vers la mise en place du « Lean Durable », afin de valoriser les hommes, qui sont au cœur du système, ainsi que le travail en équipes en créant des unités autonomes de production… » MICHEL ROUSSILLE JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Publicité Sud Ouest éco 47 48 Sud Ouest éco Publicité JEUDI 5 NOVEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR