Edition Lot-et-Garonne

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Edition Lot-et-Garonne
Les suppléments du quotidien
Ils ont
marqué
l’année
2015
LOT-ET-GARONNE
JEAN-LUC
E
VERMAND
L’usine du futur
déjà en marche
L’industrie lot-et-garonnaise développe de nombreuses innovations
Notre dossier région
Internet
Palmarès
Les atouts de la grande région
Infrastructures, savoir-faire, leaders...
Tour d’horizon des atouts économiques
de la future grande région
Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin
Tous nos dossiers sur le Web
La région, le département,
les entreprises et toutes
les informations économiques sont
sur www.sudouest.fr
Classement
Retrouvez le palmarès
des 50 premières entreprises
du département
avec Pouey International
BRUNO
INQUIMBER
T
Dynamiques, novateurs,
fédérateurs. Découvrez pourquoi
Jean-Luc Vermande
et Bruno Inquimbert
sont les Aquitains
de l’année 2015
2 Sud Ouest éco
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JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région
ÉDITORIAL
Sud Ouest éco 3
SOMMAIRE
Élargissement du champ
Il ne s’agira pas que d’une simple addition,
de moyens, de lignes budgétaires inscrites
ou du nombre de salariés des groupes
(Fayat, Safran, Legrand...) travaillant dans les
trois régions Aquitaine, Poitou-Charentes et
Limousin. La création de la nouvelle entité
régionale rassemblant ces trois forces obéit
à d’autres logiques, économiques et territoriales. Et derrière les beaux discours déjà affûtés sur la plus grande région agricole ou
forestière, la première ou la seconde sur les
drones, le pôle maintenance aéronautique
renforcé ou le pôle image Angoulême-Bordeaux, se profilent des évolutions lourdes
sur lesquelles on serait heureux d’entendre
les ténors de la vie politique régionale en
campagne.
D’abord et avant tout, la prééminence de
la métropole bordelaise, trônant désormais
au centre d’un territoire grand comme l’Autriche. À La Rochelle et à Angoulême, on s’en
félicite. À Pau ou Périgueux, on s’inquiète davantage de ces nouvelles hiérarchies territoriales en gestation.
La deuxième ligne de force est le poids
grandissant des départements de l’intérieur,
vaste zone rurale allant de la Charente à la
Creuse, de la Haute-Vienne au Lot-et-Garonne et qui n’auront pas d’autres alternatives que de s’unir pour éviter d’être submergés par le dynamisme littoral atlantique
renforcé par le pôle rochelais.
Comme à chaque fois qu’il s’agit de construire un nouveau cadre, la question des infrastructures va enfin se poser dans de nouveaux termes. Routes nationales, liaisons
ferroviaires est-ouest et aéroports vont vite
se hisser en haut de la pile des dossiers prioritaires. C’est sur ces enjeux que « Sud Ouest
éco » tente de vous éclairer dans ce dossier
annuel.
JEAN-BERNARD GILLES
Supplément gratuit au journal du 5 novembre
Président-Directeur Général : Olivier Gérolami
Directeur général délégué et directeur de la publication :
Patrick Venries
Réalisation : Agence de développement
Directrice et rédactrice en chef adjointe :
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Dossier régional : les
atouts de la grande région
Les contours du nouveau cadre régional .... 4-5
La Rochelle, le grand port de marchandises de
la future région................................................................ 4-5
Les retombées de la LGV Tours-Bordeaux ....... 6
Vers la privatisation des aéroports ? .................... 8
Les effets économiques de l’aéroportuaire ..... 9
Legrand à l’heure d’internet .................................... 10
La Maif vise l’économie numérique .................. 11
Le foie gras Rougié s’implante en Chine........ 12
Safran, le plus gros industriel ................................. 13
Niort, puissance financière ...................................... 14
La maintenance aéronautique, un secteur
capital...................................................................................... 15
Vin et Cognac, deux univers différents ............ 16
La première forêt de France .................................... 17
Les Aquitains de l’année
Le Prix, mode d’emploi ...................................... 18-19
Le jury...................................................................................... 20
Les deux lauréats : Vermande SA, génie du
machinisme agricole et La Lémance, champion
du fromage de chèvre bio ......................................... 21
Les six nominés : Tonnellerie Saint-Martin, Auriol
SA, CBS, Crusty Food, SAS Miner, Baland
Plastin’Agri .........................................22-23
L’usine du futur
Un système centré sur l’humain........................... 24
Interview d’André Samier, président de la
Banque Populaire Occitane ...................................... 25
Mericq à la pointe de l’innovation ....................... 28
Optimum, une nouvelle culture productive .. 30
De Sangosse, un modèle original ........................ 32
L’agroalimentaire, un secteur pourvoyeur
d’emplois à Agen.............................................................. 33
L’Œuf Gascon s’ancre dans le local ................... 34
L’entreprise Sireix, basée à Pont-du-Casse,
s’ouvre à l’international .............................................. 35
L’entreprise de menuiserie C2R mise sur la
diversification et l’innovation ................................. 36
Babcock Wanson, leader français de la
chaudière industrielle................................................... 39
Fonroche, de l’énergie à revendre ...................... 40
Berger-Levrault fait son entrée dans le secteur
privé des cliniques.......................................................... 42
À Marmande, Plastinov parie sur l’éolien ...... 43
L’essor du marché du véhicule électrique avec
la société Goupil de Bourran ................................... 44
MGA à pleins gaz ............................................................. 45
Les robots, des employés comme les autres
chez Comasir...................................................................... 46
Razol, le culte du sol ......................................................46
Palmarès
Tableau : Les 50 premières entreprises en
chiffre d’affaires du département .......... 26
Comment lire les tableaux ? ................... 27
Trois questions à Bertrand
Lacampagne, président du directoire
de Pouey International ............................... 27
Les 50 premières dans l’export .............35
Les 50 premières dans le BTP ....................... 38
Les 50 premières dans l’industrie ...... 39
Les 50 premières dans les services .. 40
Les 50 premières dans le commerce ..... 42
Les 50 premières dans
l’agroalimentaire ................................................ 43
4 Sud Ouest éco
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Dossier
Changement
de cadre
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les poids économiques de Limoges,
Niort et La Rochelle redistribuent les cartes territoriales de la grande région
ien sûr, le nouvel ensemble Aquitaine,
Poitou-Charentes et Limousin dont la fusion sera scellée le 1er janvier prochain,
sera un poids lourd européen de l’agriculture
et de l’agroalimentaire. Avec ses coopératives
puissantes, ses industriels de l’agroalimentaire
de premier plan et sa forêt, où les feuillus du
Limousin et les résineux des Landes de Gascogne pourront sans doute nouer de futures alliances, la nouvelle Aquitaine aura les atouts
pour être dans la course.
Évidemment les renforts corréziens, rochefortais et les usines du groupe Safran, du département de la Vienne, donneront un poids
supplémentaire à l’industrie aéronautique
aquitaine, tirée au nord par les succès du Rafale, au sud par les développements de Turboméca et partout, en Lot-et-Garonne et Landes
notamment, par la montée en puissance des
B
cadences de production toulousaines des Airbus A320 et A350, dont la région est la sous-traitante.
« Nouvelle hiérarchie urbaine »
Mais il faudra aussi lire les enjeux économiques
de la grande région avec d’autres paires de lunettes. « C’est une nouvelle hiérarchie urbaine
qui s’imposera de fait sur un territoire très
vaste », explique Pierre Delfaud, universitaire
bordelais et spécialiste d’économie. Bordeaux
dominera le nouvel ensemble et ne sera pas
contesté avec son aire urbaine de plus d’un million d’habitants, de Lacanau à Biscarrosse. Au
centre de ce futur territoire grand comme l’Autriche, elle disposera, comme la France des années 1960, d’agglomérations d’équilibre : trois
au nord, Poitiers et Limoges, villes universitaires et hospitalières ainsi que La Rochelle, l’am-
bitieuse, et deux au sud, Pau et l’agglomération
littorale basque, qui ne manqueront pas de se
bagarrer demain pour les financements régionaux. Et de villes d’environ 100 000 habitants,
spécialisées comme Niort avec son pôle mutualiste, ou structurantes pour l’ensemble des
territoires ruraux qu’elles fédèrent comme Périgueux, Mont-de-Marsan ou Angoulême.
D’autres dossiers économiques et d’infrastructures vont animer la future assemblée régionale qui ne sera pas seulement tiraillée par
les déséquilibres entre les agglomérations littorales et les départements ruraux de l’intérieur. « On s’est beaucoup battu en Aquitaine
pour relier Bordeaux et Pau, la deuxième agglomération de la région. Je vois mal comment
on pourrait faire l’économie de liaisons plus
rapides entre Bordeaux et Limoges », estime
Pierre Delfaud. Il y a fort à parier que les leaders
Limoges, Niort, Bordeaux, La Rochelle, seront parmi
politiques et les chefs d’entreprise de la HauteVienne, plaident rapidement pour que la voie
ferrée Bordeaux-Périgueux-Limoges d’une part
et la liaison routière Angoulême-Limoges (la
fameuse Route Centre Europe Atlantique jamais bouclée) d’autre part, soient lancées. Chaque territoire s’arrimera sans doute davantage
« La Rochelle est le grand port de marchandises
ENTRETIEN Le territoire rochelais prépare ses dossiers. Il sera un lobby
de poids dans le nouveau paysage régional le 1er janvier. Son président,
le chef d’entreprise Jean-François Fountaine, précise ses intentions
La Rochelle adossée à l’Aquitaine dans la grande
région, cela ne vous pose pas de problème ?
Cela nous va très bien. Nous avons des filières économiques fortes mais pas de capitale
régionale qui nous apporte ce que nous
n’avons pas sur place. Nous vivions en Poitou-Charentes dans un territoire d’équilibre
avec des villes de tailles semblables. Nous aurons demain une vraie capitale régionale qui
nous apportera une attractivité utile à notre
développement.
Quelle prééminence accordez-vous à la métropole bordelaise ?
C’est le fruit de notre histoire. L’organisation
politique suit notre organisation économique au final. Les sièges des grandes banques
de notre territoire sont déjà à Bordeaux, que
cela soit la Banque Populaire, la Caisse
d’Épargne, le CIC Sud-Ouest ou les délégations Sud-Ouest des banques nationales, hor-
mis le Crédit Agricole qui va s’installer chez
nous pour ce qui est de notre Caisse régionale. Elles irriguent tout le territoire. Les
groupes nationaux ou les grandes entreprises publiques ont leur représentation Grand
Sud-Ouest à Bordeaux. C’est le cas de la SNCF
par exemple. Ce regroupement est aussi le
sens de notre histoire. La Rochelle est née
d’Aliénor d’Aquitaine. On est, enfin, mieux
relié à Bordeaux qu’à Nantes en termes d’infrastructures.
Vous souhaitez une plus grande réactivité régionale dans le nouvel ensemble. Ne craignez-vous
pas l’émergence d’un nouveau « grand machin » administratif ?
Cela ne m’angoisse pas du tout. La réactivité est une question d’hommes avant tout.
Les grandes régions allemandes sont réactives et elles sont plus grosses que les nôtres.
Il faut surtout que la grande région soit bien
gérée. Avec un grand sens de responsabilité
des territoires. Nous devons structurer notre message territorial. Si, les uns après les
autres, le maire de La Rochelle, celui de Rochefort, les gens d’Aunis et de l’Île de Ré, vont
à Bordeaux pour porter leurs dossiers respectifs, on peut être sûr qu’il n’y aura pas de
réactivité régionale. Si nous y allons avec un
projet partagé sur nos priorités touristiques,
d’infrastructures, d’enseignement supérieur, nous faciliterons la vie de la grande région.
Quelles garanties avez-vous que les dossiers du
contrat de plan État-Région, signé à Poitiers,
soient financés demain par Bordeaux ?
Il n’y a pas d’amour mais des preuves
d’amour. Nous tenons beaucoup au ferroviaire et portons un gros dossier d’aménagement de la gare de La Rochelle. Il a été évoqué avec le président de la SNCF en présence
du maire de Bordeaux et du président actuel
de la Région Aquitaine. Nous sommes déjà
dans cette relation. Je souhaite que le futur
président de la grande région porte demain
ce dessein de pôle gare, nos projets agroali-
mentaires ou le pôle aéronautique de Rochefort.
Vous voulez faire du port de La Rochelle le siège
des trois ports atlantiques de la future région.
C’est une provocation ?
Il est dans une dynamique de croissance. Ce
n’est pas le cas du port de Bordeaux. Comme
le dit aujourd’hui le maire de Bordeaux, on
a voulu faire un grand port maritime à Bordeaux en oubliant la route et le fer. Le port
de La Rochelle est en eaux profondes. Il est
le grand port de marchandises de la grande
région. Sa faiblesse est d’avoir un « hinterland » (arrière-pays, NDLR) un peu faible.
Bordeaux, qui a des réserves foncières, sera
une partie de l’hinterland du port de La Rochelle. L’écart entre La Rochelle et Bordeaux
est plus important qu’il n’y parait car Bordeaux a une grosse activité pétrolière compte tenu de la présence de la raffinerie d’Ambès. Notre dynamique est beaucoup plus
forte. Nous souhaitons aujourd’hui mettre
le paquet sur le trafic des conteneurs. C’est
un des axes forts de notre contrat de projet.
RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES
Sud Ouest éco 5
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région
EN CHIFFRE
5,86 millions
Le nombre d’habitants de la future grande région qui rassemblera 3,335 millions d’Aquitains, 1,784 millions
de Pictocharentais et 741 000 Limousins. Elle se classe en troisième position parmi les 13 futures grandes régions
en termes démographiques, derrière l’Ile-de-France (12 millions d’habitants) et Rhône-Alpes-Auvergne (7,75).
les futures places stratégiques. PHOTOS GUILLAUME BONNAUD, « SUD OUEST », QUENTIN SALINIER ET PASCAL COUILLAUD
à son aéroport régional sur lesquels la grande
région ne pourra plus faire l’impasse. Cette dernière dispose aussi d’atouts forts avec son pôle
image à Angoulême, son pôle cuir et luxe dans
le centre du futur ensemble (Thiviers), son port
rochelais, son pôle mutuelles de rang européen à Niort, son pôle chimique à Lacq en
Béarn et son futur quartier d’affaires sur Euratlantique à Bordeaux, dont aucun autre territoire ne pourra disputer la suprématie régionale. Il appartiendra à la future équipe aux
commandes du gros navire de fixer le cap en
acceptant ce changement de cadre régional.
JEAN-BERNARD GILLES
de la nouvelle région »
À SAVOIR SUR LA GRANDE RÉGION
Elle contribuera à hauteur de 7,8 % AU PIB
NATIONAL, ce qui la classe au 3e rang des
Avec près de 3 MILLIONS D’HECTARES DE
SURFACES BOISÉES, les forêts représen-
nouvelles régions derrière l’Ile-de-France
(29,5 %) et Rhône-Alpes-Auvergne (11,5 %).
tent 34 % de l’occupation des sols contre
28 % en moyenne sur l’ensemble du territoire français.
La grande région s’étendra sur UN TERRITOIRE DE 84 036 KILOMÈTRES CARRÉS, soit
un huitième du territoire national, ce
qui en fait la plus vaste région française
métropole et outre-mer confondus.
Le budget cumulé des trois Conseils
régionaux d’Aquitaine, de PoitouCharentes et du Limousin est de
2,8 MILLIARDS D’EUROS.
L’aire urbaine de Bordeaux est la plus
peuplée avec 1 180 000 HABITANTS, suivi
des aires urbaines de Bayonne
(284 000 habitants) et Limoges
(283 000 habitants).
« Le port de La Rochelle est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas de celui
de Bordeaux », plaide Jean-François Fountaine. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD
Du nord charentais au sud basque, la
grande région dispose de
800 KILOMÈTRES DE FAÇADE MARITIME.
11 GRANDS PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ ET
5 PÔLES UNIVERSITAIRES (Bordeaux,
La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers)
jalonnent la grande région.
Turboméca, avec près de 6 000 SALARIÉS,
Maïsadour (5 700 salariés), Dassault
Aviation (3 000 salariés), Legrand
(3 000 salariés), la Caisse d’Épargne
Aquitaine Poitou-Charentes (2 800 salariés) et la Maaf (2 200 employés sur
Niort) figurent parmi les plus gros
employeurs privés de la grande région.
La grande région dispose du premier
cheptel allaitant de France et ses éleveurs détiennent 36 % DE L’EFFECTIF
NATIONAL DE CHÈVRES en PoitouCharentes surtout.
6 Sud Ouest éco
Les atouts de la grande région
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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LGV Tours-Bordeaux :
quelles retombées ?
TRANSPORTS Cette nouvelle ligne profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême
A
vec Bordeaux à deux heures et cinq
minutes de Paris mi-2017, la gare
Saint-Jean va changer de dimension.
À l’horizon 2020, elle devrait accueillir 18 millions de passagers, contre 11 millions aujourd’hui. Mais ne nous méprenons pas, « la
LGV ne crée pas de dynamisme économique,
sans opérations d’aménagement du territoire en parallèle », rappelle Pierre Delfaud,
professeur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux. C’est pourquoi a été lancé
le programme Euratlantique, qui va transformer pas moins de 738 hectares sur Bordeaux, Bègles et Floirac d’ici 2030. Les chiffres donnent le tournis : 480 000 m² de
bureaux, dont un quartier d’affaires de 300
000 m² autour de la gare. Mais aussi 15 000
logements, 150 000 m² de locaux d’activité,
50 000 m² de commerces, 140 000 m² d’espaces publics... Au total, 5 milliards d’euros
d’argent public et privé vont être investis.
Objectif : attirer des entreprises innovantes
et 250 000 nouveaux habitants en quinze
ans dans la métropole.
Le numérique bordelais attire
Pour l’heure, les premiers indicateurs sont
encourageants. La demande est là. Sur les
100 000 m² de bureaux qui seront livrés près
de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a
déjà été attribuée. Mais il s’agit en bonne partie de sociétés déjà installées sur le territoire,
comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poitou-Charentes, qui déplace son siège social
de Mériadeck vers les quais de Paludate. Des
choix qui consolident et renforcent les puissantes filières tertiaires de Bordeaux, à
l’image du secteur bancaire ou du pôle santé, qui va se créer au cœur d’Euratlantique.
Ceci étant, « phénomène nouveau, deux
entreprises américaines, une coréenne et
une britannique sont venues récemment
nous voir dans l’idée d’installer leur siège européen dans la cité numérique à Bègles », dévoile Stéphane de Faÿ, directeur général de
l’établissement public d’aménagement Bordeaux-Euratlantique. Les raisons sont connues. Bordeaux jouit d’une image de ville où
il fait bon vivre. Mais surtout, la filière numérique bordelaise, auréolée de son label
French Tech, est en plein essor. Stéphane de
Le chantier de raccordement de la LGV à la gare d’Angoulême suit son cours. La préfecture de la Charente sera à trente-cinq minutes
de Bordeaux et à une heure quarante-cinq de Paris. De quoi dynamiser son secteur tertiaire. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »
« [Pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire],
il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare
Saint-Jean et celle d’Angoulême »
Faÿ est convaincu que « Bordeaux peut devenir la première ville en Europe pour créer
son entreprise », en particulier dans ce secteur d’activité, qui emploie déjà près de
25 000 personnes dans l’agglomération.
Angoulême, le renouveau
C’est l’autre grande gagnante de l’arrivée de
la LGV, qui la place à trente-cinq minutes de
Bordeaux et une heure quarante-cinq de Paris. De nombreuses réunions pour préparer
la grande région se déroulent déjà aujourd’hui à Angoulême. « Cette ancienne
ville industrielle ne pouvait retrouver un second souffle que par de l’activité tertiaire.
C’est ce que vont insuffler les opérations
d’aménagement autour de la gare, jusquelà considérée comme une zone repoussoir »,
analyse Pierre Delfaud. Première pierre de
ce renouveau urbain, l’îlot Renaudin, un espace de 6 500 m² dédié aux activités tertiaires, qui devrait être livré début 2018 près de
la gare et de la médiathèque. Il va notamment accueillir un « Business center », qui
regroupera de l’immobilier d’entreprises
modulable, pépinière et espace de coworking. Pour séduire, la ville mise sur des prix
du foncier deux à trois fois moins élevés qu’à
Bordeaux. « Jusque-là, nous n’avions pas assez de start-up sur le territoire », déplore
Jean-François Dauré, le président du Grand
Angoulême. Pour y remédier, « nous allons
créer un fonds d’investissement de croissance, doté de plus de 2 millions d’euros et
un fonds d’amorçage pour inciter les étudiants à se lancer dans l’aventure ».
Deuxième pierre à l’édifice, l’îlot Didelon,
près de la place Saint-Jacques, où vont pousser sur 13 000 m² des logements à louer ou
à acheter en accession à la propriété.
Les conditions pour réussir
Mais pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire, « il faudra un bon réseau
en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle
d’Angoulême, et de bonnes articulations
multimodales », insiste Claude Lacour, professeur émérite d’économie de l’Université
de Bordeaux, qui a mené une étude sur le sujet pour le compte de Lisea, filiale de Vinci et
société concessionnaire de la ligne. Autre incertitude : quel sera le prix du billet ? Le partenariat public-privé, noué pour financer
cette LGV, a pour conséquence des péages
aux tarifs élevés. Et la SNCF, qui limite les dessertes, n’est pas prête à « sacrifier » sa rentabilité.
Par ailleurs, les prix de l’immobilier vontils flamber près de ces gares ? Y aura-t-il une
arrivée massive des Parisiens sur les bords
de Gironde dans les dix prochaines années,
qui pourraient rendre la ville de plus en plus
inaccessible aux Bordelais ? En réalité, « tout
se jouera dans les deux prochaines années »,
estime Claude Lacour.
NICOLAS CÉSAR
LE CHIFFRE
715
millions d’euros. Ce sont les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées
dans les six départements traversés par la ligne.
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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10 Sud Ouest éco
Les atouts de la grande région
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Legrand seule au Cac 40
LIMOGES Le groupe
français d’électricité
de taille mondiale doit
négocier le virage
de l’internet des objets
Q
uelques chiffres suffisent à évoquer le
poids de Legrand dans l’économie du
pays. L’entreprise d’électricité née il y a
cent cinquante ans à Limoges, où elle possède
toujours son siège mondial, a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros
dont la moitié en Europe et à peine 20 % en
France. Elle emploie sur les trois continents
majeurs 36 000 salariés dont encore 2 500 en
Limousin (190 à La Rochelle, 120 à Pau), en production comme dans ses bureaux d’études et
laboratoires. Legrand évolue sur trois marchés
principaux : l’industrie, le bâtiment et le tertiaire.
Ses quelque 215 000 références de produits
sont dans le top 3 des pays où la société exporte
la moitié de sa production. La croissance de
l’entreprise depuis trente ans est impressionnante. Pour moitié, elle s’est faite par croissance
externe : « En Russie, nous n’existions pas il y a
quinze ans et nous avons racheté au bout de
quelques années quelques entreprises qui dif-
Gilles Schnepp, le PDG de Legrand, mise sur la culture de recherche et d’innovation
du groupe pour aborder l’avenir. PHOTO JACQUES DEMARTHON
fusent désormais nos produits », explique Patrice Soudan, directeur adjoint et directeur des
opérations du groupe.
L’enjeu des objets connectés
L’entreprise est ainsi devenue le numéro 7 sur
ce grand marché. Legrand a racheté trois sociétés totalisant 130 millions d’euros de chiffre
d’affaires depuis le début de l’année : IME, spé-
cialiste italien de la mesure des paramètres de
l’installation électrique, Raritan, leader américain dans les unités de distribution intelligentes et Valrack, acteur indien spécialisé dans les
équipements pour data centers. Elles sont plus
que nécessaire. Car les dernières prévisions
présentées par le groupe au creux de l’été laissent apparaître une faible perspective de croissance organique, voire même négative. Si le
marché nord-américain reste tonique, la croissance a été modeste au premier semestre en
Europe et même négative en Asie, notamment
en Chine.
L’internet des objets est le nouvel enjeu. Il
pourrait ébranler les fondements de l’entreprise française dont les appareils ou les armoires électriques, les câbles, les éclairages, les prises ou les compteurs ont peu ou prou irrigué
les bâtiments de plus de 80 pays. « Nous devons clairement bien négocier ce virage », explique Patrice Soudan. Avec plus de 50 milliards d’objets connectés dans le monde
annoncés d’ici à 2020, les positions se prennent maintenant. Le numérique investit les
bâtiments, l’énergie, les transports, la santé. Et
la concurrence s’annonce puissante du côté
des fabricants d’objets d’une part, qui y voient
une possibilité de nouvelles marges et des spécialistes de la data (des messages transmis) aux
aguets sur tout.
Legrand n’est pas resté les bras croisés. Il a
lancé cette année le programme Eliot, une nouvelle référence dédiée à l’internet des objets
qu’il va devoir imposer pour garder son rang.
Plus de 200 millions d’euros sont investis dans
ce programme pour lequel la mobilisation générale a été déclarée par le PDG du groupe,
Gilles Schnepp. Avec ses centres de recherche,
le niveau de ses fonds propres et sa culture de
l’innovation, les atouts de Legrand sont sérieux. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance.
JEAN-BERNARD GILLES
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région
Sud Ouest éco 11
L’imposant siège social de la Maif à Niort, où travaillent 2 245 personnes sur un total de 7 123 salariés. PHOTO MAIF
La tranquille assurance
MUTUELLE La Maif, qui n’est plus l’assureur des seuls instituteurs, réalise 3,3 milliards d’euros
de chiffre d’affaires et vient de créer un fonds pour investir dans l’économie numérique
A
vec quelque 2,5 milliards d’euros de
fonds propres et aucune dette, la Maif
a les moyens de ses ambitions. Ses succès remontent à l’entre-deux-guerres. Edmond Proust fut le premier à créer, à La Roche-sur-Yon (Vendée) une mutuelle pour les
enseignants. Il était instituteur. Il s’installe à
Niort où, dans les années 1960, le rejoignent
celles qui deviendront les autres majors de la
mutualité française (Maaf, Macif...). La Maif a
été bien aidée pour son développement.
Jusque dans les années 1990, tout instituteur
sorti de l’École Normale devenait, en prenant
ses fonctions, adhérent Maif ainsi qu’à la
MGEN pour la couverture santé. Croissance
garantie !
En 1987, la Maif ouvre ses prestations aux
enfants des sociétaires ainsi qu’à tout autre
nouvel adhérent pour peu qu’il soit présenté
par deux parrains, une obligation qui tombe
en 2000, année des premières publicités télévisées. Les pubs de la Maif se reconnaissent.
Elles insistent sur la relation de confiance. La
Maif y consacre aujourd’hui 15 millions d’euros par an. C’est ainsi qu’elle est devenue le
5e assureur français pour l’automobile et le logement.
Excellente relation clients
« Nous appartenons à nos 3,6 millions de sociétaires, ce qui nous oblige à une relation de
confiance et nous permet de réaffecter l’ensemble de nos résultats au développement
de l’entreprise », explique Pascal Demurger,
directeur général. Les tarifs de la Maif sont attractifs et la relation clients en cas de sinistre,
soignée. Depuis onze ans, TNS Sofres réalise
un palmarès indépendant de la relation client
qui place la mutuelle niortaise à chaque fois
en tête dans sa catégorie et dans le top 3 français tous secteurs d’activités confondus. Une
fierté à Niort. D’autant que cet indice de confiance croît auprès des clients ayant eu un sinistre à gérer.
Réorganisation du réseau
Mais cette douce assurance n’est pas éternelle.
La concurrence est rude. Et l’esprit mutualiste
n’occulte pas les impératifs de rentabilité.
Comme d’autres, la Maif a dû restructurer son
organisation en France où elle emploie
7 000 personnes. « Nous avions un réseau très
émietté, hérité de l’histoire mais pas toujours
adapté », se souvient Pascal Demurger. Cet
énarque de 50 ans, venu de Bercy, est arrivé à
Niort en 2003. D’abord pour s’occuper de
cette réorganisation qui a créé des tensions.
Il brise alors un tabou. Les salariés, bien qui
bénéficiant d’un contrat de droit privé, étaient
traités comme des fonctionnaires. Les évolutions de salaires étaient collectives et s’apparentaient à celles de la fonction publique, de
l’ordre de +2 % par an. Il réussit à introduire
des mesures individuelles et des primes collectives à se répartir par service. Une révolution indiciaire, aujourd’hui apaisée.
Deuxième étage de la réforme : le réseau. Des
dizaines d’agences sont fermées en France à
la fin des années 2000, les centres de traitement de sinistres sont regroupés pour plus
d’efficacité. Au total, plus de 1 000 salariés ont
dû déménager. Un challenge impossible mais
Une neuvième place française
La mutuelle niortaise a réalisé en 2014 un
chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros
pour un résultat net consolidé de 195 millions d’euros. Elle emploie 7 123 salariés
dont 2 245 à Niort, son siège social.
Elle gère 15 milliards d’actifs, issus de
l’assurance vie notamment, un chiffre en
progression de 5,6 % en 2014 par rapport à
2013.
Elle dispose d’un trésor de guerre solide
avec 2,2 milliards d’euros de fonds propres,
en progression de 9,7 % en 2014. La raison
tient au fait que la mutuelle appartient à ses
sociétaires et que les résultats annuels positifs sont affectés, pour l’essentiel, à l’entreprise et disponibles pour son développement.
Elle compte sur le territoire national
157 entités d’accueil, 30 centres de traitement des sinistres et 19 centres d’accueil à
distance.
Le groupe est le cinquième assureur auto
en nombre de véhicules (4 roues) assurés et
le cinquième assureur habitation en nombre
de logements assurés. Il est le neuvième assureur français tous dommages confondus
en termes de chiffre d’affaires. Il est aussi
devenu un assureur important des associations et des collectivités locales, secteurs publics ou parapublics voisins de son socle historique des instituteurs et de leurs enfants.
La Maif a créé en juillet 2015 un fonds
d’intervention de 125 millions d’euros pour
investir dans le rachat de start up du
numérique.
pour lequel l’entreprise a su mettre sur la table des aides diverses pouvant aller jusqu’à
dix-huit mois de salaire. « Nous n’avons eu aucun jour de grève », rappelle Pascal Demurger.
« Tsunami » numérique
Mais le principal défi est à venir pour la Maif
comme pour tous les autres assureurs. La révolution digitale fait irruption dans le monde
de l’assurance. De nouveaux acteurs venus de
la galaxie Internet se préparent. Ils pourront
sans doute un jour proposer des assurances
individuelles à bon prix, au mépris des notions de solidarité qui fondent l’économie des
mutuelles. Les tarifs peuvent en effet être bas
pour les asssurés qui ne connaissent pas de
sinistres. Et nul doute qu’ils seront la cible privilégiée des nouveaux entrants.
La voiture connectée génèrera demain des
milliers d’informations sur notre façon de
conduire. Les constructeurs automobiles à la
recherche de nouveaux services financiers à
plus forte valeur ajoutée seront capables de
proposer des assurances individualisées aux
conducteurs. Une vraie menace à laquelle la
Maif entend faire face. Elle a décidé, au mois
de juillet dernier, la création d’un fonds d’intervention numérique doté de 125 millions
d’euros. Elle rachète déjà des start up qui lui
permettront de négocier ce virage comme
cette jeune pousse toulousaine qui a imaginé un système de paiement des cotisations
entre les particuliers et leur association, un
autre segment où la Maif est présente. D’autres suivront. « C’est un tsunami qui se prépare dans le monde de l’assurance », estime
Pascal Demurger.
JEAN-BERNARD GILLES
12 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Rougié, le foie gras des
chefs de Sarlat à Pékin
PAU Créée il y a 140 ans en Dordogne, cette affaire de famille à présent adossée à la coopérative Euralis
exporte 40 % de sa production dans les restaurants du monde entier. Elle produit désormais en Chine
e tous les acteurs de la filière foie gras
du Sud Ouest, Rougié n’est pas le plus
connu. Il est vrai que l’on ne trouve pas
ses produits haut de gamme dans les supermarchés où Montfort, Delpeyrat, Labeyrie et
les autres se disputent les mètres linéaires.
Seuls quelques épiceries de luxe et autres
« duty free » l’affichent dans leurs boutiques
mais c’est dans les assiettes des grands restaurants surtout que les foies gras Rougié ont fait
leur place, parfois sans doute trop aux yeux
des dirigeants de l’entreprise, de manière anonyme.
D
« Rougié emploie 800
personnes en France, dont
300 au siège d’Euralis à
Pau et 250 en Dordogne »
La marque est née à Sarlat en Dordogne en 1875.
Léonce Rougié fut le premier artisan de la famille. Mais c’est son fils Jean qui, dans les années 1950-1960, a trouvé la bonne trajectoire.
Il suit et accompagne les grands chefs, Paul Bocuse, Michel Guérard, dans leur mission
« d’évangélisation » de la grande cuisine française.
Du frais dans le monde entier
Bien lui en a pris. Les clients de Rougié sont en
fait les chefs des restaurants français bien sûr
mais aussi, désormais, du monde entier. « Nous
sommes capables de fournir un produit frais
qui voyage dans le monde entier et qui, servi,
a les mêmes caractéristiques que celui sorti de
nos ateliers périgourdins », explique Jean-Jac-
Jean-Jacques Caspari, directeur général
de Rougié. PHOTO QUENTIN SALINIER
Les usines de Sarlat demeurent le berceau de la marque malgré un développement axé
sur l’international. PHOTO ARCHIVES SÉVERINE LAMARQUE
ques Caspari, le directeur général de l’entreprise Rougié. Il maîtrise notamment une technique de surgélation à chaud qui garantit,
dans la cuisine du chef, la fraîcheur requise.
L’artisan de Dordogne en garde l’état d’esprit et le savoir-faire mais monte rapidement
en puissance. Il augmente ses capacités de production, crée des filières d’élevages hors des sacro-saints territoires de l’IGP, comme aux Herbiers en Vendée où une unité d’abattage
(5 millions de canards par an) et un atelier de
découpe, fournissent les professionnels du
nord de la France et de l’Europe. Mais la gastronomie française a gagné le monde. Rougié suit
le mouvement avec ses conseillers culinaires
et ses réseaux de distribution spécialisés du
segment de la restauration hors foyer. Pour gagner les marchés nord-américains qui se protègent, Rougié installe une filière à Carignan,
au Canada.
La maquette du site chinois de Rougié, situé entre Pékin et Shanghai. Il a nécessité
un investissement de 15 millions d’euros. IMAGE DR
15 millions investis en Chine
Plus récemment c’est en Chine, à Lianyungang,
entre Pékin et Shanghai, que l’entreprise, soutenue dans ses efforts à l’exportation par la coopérative Euralis, qu’il a intégrée en 2002, installe une filière complète : élevage, abattage et
distribution, toujours auprès des chefs. L’investissement est lourd, de l’ordre de 15 millions
d’euros. La cible est ici la clientèle de la nouvelle
classe supérieure qui consomme belles voitures, vins, Club Med et foie gras.
Mais ce sont avant tout les chefs qu’il faut
convaincre, en prescripteurs qu’ils sont des
bonnes manières de consommer du foie gras.
Dans un deuxième temps, la vente dans les épiceries fines des beaux quartiers sera peut-être
possible. Rougié vend aussi, en France surtout,
une partie de sa production chez les traiteurs
et les spécialistes des réceptions. Il a mis au
point une nouvelle escalope préparée à la cuisson qui se réchauffe rapidement. Un segment
que l’entreprise ne néglige pas en dépit de ses
percées à l’export. Puisqu’elle lui propose depuis deux ans un autre produit : du homard
bleu venu des mers du nord, déjà décortiqué
et prêt à la consommation.
JEAN-BERNARD GILLES
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région
Sud Ouest éco 13
Safran, le plus
gros industriel
AÉRONAUTIQUE Au nord, au centre et au sud,
les filiales du groupe forment le plus gros employeur
industriel privé de la future grande région
necma, le motoriste de nombreux Airbus et Boeing mais aussi du Rafale, a installé début 2015 en bords de Garonne à
Bordeaux sa division maintenance des moteurs en service. Avec une quinzaine de salariés dans une équipe qui pourrait bientôt
monter à une cinquantaine. Cette implantation est la suite logique du transfert à Mérignac de la Structure intégrée de maintien en
condition opérationnelle des matériels aéronautiques de défense (Simmad), le donneur d’ordres de Snecma, qui se rapproche
aussi de son partenaire industriel militaire,
l’Atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de
Bordeaux-Floirac à un moment clé. Les premiers moteurs de l’A400 M, le gros porteur
européen, sont arrivés à Floirac et Marcheprime, les deux installations girondines de
l’AIA, pour leurs premières révisions. Les Rafale vont être aussi de plus en plus nombreux
à devoir s’arrêter au « garage » pour des opé-
S
rations de contrôle, notamment ceux qui
sont sollicités par l’armée française sur les
fronts d’Afrique et du Moyen-Orient.
L’usine Messier Dowty de Bidos accentue la cadence de production pour le Rafale.
Le poids de Turboméca au sud
PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »
La filiale de Safran emploie une petite équipe
de haut vol à Bordeaux, composée d’ingénieurs, de spécialistes qualité et de chargés
d’affaires, jusque-là répartis sur plusieurs sites en France. Elle vient grossir les rangs de
Safran, le groupe aéronautique français qui
s’impose discrètement comme le plus important employeur industriel privé de la future grande région. Safran y emploie quelque 8 500 salariés.
En Poitou-Charentes, Snecma possède une
importante unité de maintenance à Châtellerault (730 salariés), dédiée à la réparation
des moteurs et qui travaille déjà étroitement
avec l’AIA de Bordeaux. Une usine, Sagem, filiale de Safran spécialisée dans la sécurité,
emploie 430 personnes à Saint-Benoît, non
loin de Poitiers. Sur le bassin d’emploi de l’agglomération bordelaise, Herakles est aujourd’hui déjà le plus gros employeur girondin avec plus de 2 000 salariés, répartis sur
deux sites, à Saint-Médard et au Haillan. Ils
sont spécialisés dans la fabrication des lanceurs de la fusée Ariane et dans celle du propergol, le carburant de ces lanceurs ainsi que
des missiles de la force de frappe française.
L’entreprise est sur le point de rejoindre
Airbus Safran Launchers, la nouvelle entité
dédiée à la fabrication des lanceurs d’Ariane.
Plus au sud, à Bordes dans les Pyrénées-Atlantiques et à Tarnos dans les Landes, Safran pro-
duit et entretient des moteurs pour hélicoptères, secteur où le groupe est une référence
mondiale. Ces deux sites emploient à eux
deux plus de 4 000 salariés. L’usine de Bordes est flambant neuve tandis que celle de
Tarnos fait l’objet d’importants investissements, en cours, de l’ordre de 60 millions
d’euros. Enfin c’est à Bidos, toujours dans les
Pyrénées-Atlantiques, que Safran conçoit et
fabrique de nombreux trains d’atterrissage
d’avions militaires et commerciaux avec près
de 1 000 salariés. Le site est d’ores et déjà
monté discrètement en cadence pour satisfaire le contrat des Rafale égyptiens.
JEAN-BERNARD GILLES
14 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Le deuxième pôle
tertiaire après Bordeaux
NIORT Le discret cheflieu des Deux-Sèvres est
une puissance financière
Les gros employeurs
L
a ville de Niort est discrète. Elle domine
un département où l’agroalimentaire, et
l’industrie aéronautique sont bien présents. Mais c’est bien son pôle mutualiste qui
la distingue parmi toutes les villes de France.
Niort est devenue dans la deuxième partie du
siècle dernier, la capitale française de la mutualité. Edmond Proust fut le premier à y implanter la première mutuelle des enseignants, devenue la Maif (lire page 11). La Maaf, la Mutuelle
des Artisans, la Smacl, mutuelle d’assurance des
particuliers, des associations et des collectivités locales, la Macif, ont depuis rejoint la mutuelle longtemps obligatoire pour tous les instituteurs sortis de l’École Normale.
20 % de cadres supérieurs
Le pôle niortais est puissant. À quelque 192 kilomètres au nord de Bordeaux, il représente 17 %
des effectifs de la branche en France et 16 % du
chiffre d’affaires. « Nous sommes même la troisième place financière française derrière Paris
et Lyon », affirme Pascal Demurger, le directeur
général de la Maif, soit près d’une cinquantaine
de milliards d’euros d’actifs sous gestion.
Les sociétés niortaises représentent 4 % des
placements financiers de la branche. Et quand
on connaît la passion des Français pour l’assurance-vie, on peut se dire que Niort pourrait, demain, jouer un rôle important dans la construction économique d’une grande région déjà
forte de son potentiel agricole et forestier, atelier de premier plan de l’aéronautique mais en
manque de sièges sociaux d’entreprises de premier plan national. « L’agglomération niortaise
Avec son pôle mutualiste qui regroupe les sièges de la Maif, la Maaf, la Smacl ou encore
la Macif, Niort est la troisième place financière du pays. PHOTO ÉRIC POLLET/« LA NR »
est le deuxième pôle tertiaire supérieur de la
grande région », assure Pierre Delfaud, universitaire bordelais spécialisé dans l’économie.
Avec 20 % de cadres supérieurs et de professions intellectuelles sur le lieu de travail, la ville
égale les scores bordelais, loin devant Poitiers
(18,7 %), Pau (16,6 %), Limoges (15,5 %) et La Rochelle (15 %). Son potentiel dans le secteur tertiaire supérieur, enjeu fort de concurrence entre les principales métropoles françaises
puisque devenu essentiel à leur attractivité,
place Niort tout juste derrière l’agglomération
bordelaise. Qui le sait ?
Les mutuelles niortaises sont de gros employeurs. 7 000 salariés pour la Maaf selon une
étude de la CCI des Deux-Sèvres, 9 200 pour la
Macif, 2 300, toujours sur l’ensemble de la
France, pour le groupe Inter Mutuelles Assistance, filiale des principales mutuelles, qui connaît une forte croissance, de 6 % cette année. Il
assiste depuis un an le groupe Renault Dacia et
il est devenu l’interlocuteur privilégié des deux
constructeurs automobiles français. L’IMA réalise 568 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Sur le Niortais, on estime à 9 000 le nombre
de salariés des mutuelles d’assurance. Que dire
aussi, outre le poids financier par la gestion d’actifs, du soutien apporté à la filière du bâtiment ?
La construction du nouveau siège de la Macif,
le nouveau bâtiment de la Maaf qui accueille
Il serait injuste de réduire l’économie deux-sévrienne à son pôle mutualiste qui en demeure
toutefois le phare. Le département possède
quelques entreprises de rang national, que ce
soit dans l’aéronautique ou la métallurgie. Il est
d’abord un pôle logistique (800 salariés) méconnu du grand public mais pas des professionnels, avec les bases opérationnelles pour
les entreprises Norbert Dentressangle, Kuehne Nagel ou la Stef qui emploie plus de
250 salariés localement.
Deux entreprises émergent dans le secteur
de la métallurgie. Poujoulat, le fabricant bien
connu de cheminées et conduits de cheminées
qui emploie plus de 700 salariés dans le département, et Deya, un spécialiste des produits
du second-oeuvre bâtiment, qui emploie plus
de 600 salariés.
Dans le secteur aéronautique, ECE à Chauray (570 salariés) qui travaille pour l’A350 et
Leach International (300 salariés), sont aussi
portés par la bonne santé du secteur en France
et dans le monde.
300 salariés, ou l’agrandissement des locaux
de Mutavie ainsi que les travaux de maintenance, impactent très directement le chiffre
d’affaires du BTP deux-sévrien qui ne s’en plaint
pas.
Enfin, les mutuelles niortaises ont créé des
outils de formation et de recherche à Niort, à
vocation nationale. C’est le cas de l’Institut des
risques industriels, assurantiels et financiers,
qui fait de la formation, et de Calyxis, un pôle
reconnu d’expertise du risque.
Nul doute qu’on reparlera du pôle mutualiste niortais à compter du 1er janvier 2016. Un
pôle d’attractivité discret mais important.
JEAN-BERNARD GILLES
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 15
En pole position dans
la maintenance aéronautique
MÉRIGNAC
L’entretien représente
deux tiers du prix d’un
avion. L’Aquitaine et
le Poitou-Charentes ont
de nombreux atouts pour
s’imposer sur ce marché
L
a décision est hautement symbolique. Il
y a quelques mois, Dassault Aviation a
annoncé sa décision d’implanter son
nouveau pôle de maintenance de ses avions
d’affaires Falcon à Mérignac en Gironde. Un investissement de 20 millions d’euros, avec à la
clé 70 emplois créés d’ici 2018. Éric Trappier, le
PDG de Dassault Aviation, a justifié ce choix par
« la qualité de l’écosystème aquitain dans l’aéronautique civile et militaire ».
Historiquement tournée vers la Défense, la
filière s’est aussi positionnée ces dernières années dans la maintenance aéronautique civile
et militaire. Ainsi, en avril 2011, la Région Aquitaine a créé Aerocampus Aquitaine, un centre
de formation à la maintenance aéronautique
(lire ci-dessous).
Une place majeure dans le secteur
Après quatre ans d’existence, il commence
déjà à se faire un nom à l’international et a
d’ailleurs été retenu pour former l’essentiel
des 70 techniciens du futur pôle de maintenance des Falcon à Mérignac. À Mérignac encore, Sabena Technics décolle également et a
L’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux) gère la réparation des moteurs aéronefs. PHOTO ARCHIVES FABIEN COTTEREAU
désormais en charge la maintenance de
120 appareils civils par an.
Le cas de Dassault est loin d’être isolé. Récemment, c’est Turbomeca qui a annoncé sa volonté de faire de son site de Tarnos (Landes) son
centre mondial pour la réparation de turbines
d’hélicoptères. Autre exemple, mi-avril, Snecma, le motoriste de nombreux Boeing, Airbus
et Rafale, a inauguré des locaux à Bordeaux dédiés à la maintenance aéronautique militaire.
Car, avec l’AIA (Atelier industriel de l’aéronau-
tique de Bordeaux), qui gère la réparation des
moteurs d’aéronefs (Rafale…) de l’armée et la
Simmad (Structure intégrée du maintien en
condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense), qui
compte 750 salariés, la Région a des atouts qui
en font une place majeure dans le secteur en
France.
Et des liens existent déjà avec le Poitou-Charentes. Safran dispose d’une usine à Châtellerault (Vienne), spécialisée dans la réparation
des moteurs d’avions civils et militaires, qui
travaille avec l’AIA. Par ailleurs, Aerocampus
Aquitaine va assurer la formation des mécaniciens égyptiens dédiés au Rafale, en association avec l’école de formation des sous-officiers
de Rochefort.
Autant de bonnes nouvelles pour l’économie régionale. Ce marché de la maintenance
aéronautique est immense : 10 milliards d’euros et en croissance de 4 % par an.
NICOLAS CÉSAR
Aerocampus a mis pleins gaz
LATRESNE En quatre ans, le centre de formation aux métiers de la maintenance s’est imposé
Les sceptiques étaient nombreux, il y a
plus de quatre ans, lorsque le Conseil régional d’Aquitaine décidait de racheter,
pour un peu plus de 6 millions d’euros, le
centre de formation des ouvriers et des
techniciens de la maintenance du ministère de la Défense. Il devait fermer ses portes. Ils doivent aujourd’hui constater
qu’Aerocampus a su se faire une place de
choix dans le paysage aéronautique national. Quelques chiffres suffisent à l’attester.
Lorsque Jérôme Verschave, qui dirigeait
le cabinet du président du Conseil régional, a pris les commandes de cet outil dont
Alain Rousset voulait faire, avec le soutien
d’Alain Juppé, un pôle de formation d’excellence à la maintenance aéronautique,
tout était à faire, ou plutôt à refaire. Aujourd’hui, il gère un budget de quelque
6 millions d’euros, accueille 280 élèves en
formation initiale (Bac, BTS) y compris en
alternance. Aerocampus a reçu sur ses terres à Latresne des milliers de salariés ou
de demandeurs d’emploi en formation
continue ou à la recherche d’une qualification, qu’ils travaillent pour Sabena Technics, Airbus Hélicoptère, Stélia Composites, l’AIA ou Dassault Aviation.
L’association qui demeure juridiquement est toujours soutenue, dans ses efforts d’investissements, par la Région, les
Investissements d’avenir (PIA) ou le Fonds
de reconversion de la Défense. Et elle autofinance aujourd’hui son fonctionnement à 52 % : 60 personnes travaillent à Latresne, y compris les personnels de
l’Éducation nationale.
Partenariats industriels
Aerocampus a noué quatre partenariats
sonnants et trébuchants significatifs. La
société Airbus Helicopters, basée à Marignane et qui, comme tous les grands constructeurs d’aéronefs, doit vendre des services maintenance à ses clients, délocalise
en Gironde des formations de techniciens.
Avec Dassault Aviation qui est entré récemment au conseil d’administration, La-
tresne monte en puissance sur les contrats
de maintenance des avions Rafale vendus
au Qatar : « Les techniciens qataris viennent chez nous en formation de base puis
vont sur les bases aériennes de Rochefort
et de Mont-de-Marsan pour la période pratique sur les avions militaires », explique
Jérôme Verschave.
D’autres contrats sont en vue. À Istanbul, Aerocampus a gagné son premier
contrat export en début d’année. La Saft a
elle aussi fait de Latresne son centre de formation mondial pour la maintenance des
batteries.
Aerocampus accueille également de
nombreux instituts de formation à la soudure, à la peinture ou aux métiers d’hôtesses et de stewards. Il accueillera enfin bientôt le plateau technique des formations
régionales de l’Afpa aux métiers de l’aéronautique. Et développe une offre hôtelière
significative (300 chambres) sur son site
de 26 hectares.
Jérôme Verschave, directeur d’Aerocampus.
JEAN-BERNARD GILLES
PHOTO ARCHIVES MARIE HUGUENIN
16 Sud Ouest éco Les atouts de la grande région
Vin et cognac : deux
univers bien distincts
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Trois points forts
■ Grandes surfaces
Le Bordelais compte 115 000 ha de vigne et produira pour le millésime 2015 (selon les estimations officielles) 5,7 millions d’hl. Avec bien moins
- 74 000 ha - les Charentes sont à 9 millions d’hl.
La superficie des autres vignobles aquitains (Bergerac, Lot-et-Garonne, Jurançon, Tursan...) est
égale à celle du Médoc.
VIGNE Difficile de dégager des synergies chez deux voisins aussi différents
La récolte 2015 s’annonce de qualité.
PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD
■ Toute la gamme
Peu d’autres vignobles hexagonaux proposent
toute la gamme des produits : rouge, rosé, blanc
sec et liquoreux, crémant, eau-de-vie ou vin de liqueur (Pineau des Charentes). Un atout pour la
future grande région.
Bordeaux et Cognac sont deux champions à l’exportation... mais c’est à peu près leur seul point commun. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE MÉNARD
A
vec l’avènement de la grande région,
les équilibres viticoles ne devraient
pas être chamboulés. L’Aquitaine est
bien campée dans son rôle de vignoble de
référence avec le Bordelais en figure de
proue. Le cognac est l’eau-de-vie de vin la
mieux valorisée de la planète et mise presque tout sur l’exportation. Enfin, le Limousin n’apporte pas de pierre à cet édifice viticole, au-delà de quelques parcelles ici et
là.
Cette nouvelle donne politique pourrait
en revanche amener quelque chose dans le
rapprochement entre Bordelais et Cognac,
deux mondes vivant côte à côte mais qui
s’ignorent royalement. D’ailleurs, de prime
abord, ils ont peu à partager sauf à investir
de concert pour trouver des solutions techniques aux maux communs. Par exemple
pour vaincre l’esca (maladie entraînant la
dégénérescence du cep), un fléau national.
Cet éloignement a une raison : vin et eaude-vie de vin ne jouent pas dans la même
cour. Et ce à tous les niveaux, en commençant par le raisin : mur pour un bon rouge
ou blanc, acide et de faible degré (9 à 10)
pour le spiritueux. Il suffit d’assister aux
vendanges respectives pour le saisir : rendements réduits pour le premier, récolte
volumineuse (deux fois plus) pour le second.
Place ensuite à la distillation, étape clé
dans les Charentes et inexistante en Gi-
ronde ou ailleurs en Aquitaine, sauf pour la
production confidentielle de Fine de Bordeaux. Enfin, l’élevage en fûts est quasi systématique au nord de l’estuaire et plutôt réservé aux beaux vins au sud. Mise en avant
systématique du millésime au sud, un cas
particulier au nord avec la logique inverse
d’un produit régulier et homogène. Les
exemples sont légion, à se demander presque si les vignerons font le même métier...
Le bal à quatre pour cognac
Même constat de divergence dans l’organisation même de la filière. Dans l’univers
aquitain, producteurs (indépendants ou
coopératives) cohabitent avec un négoce
relativement éclaté même si deux sociétés
prédominent (hors grands crus), en l’espèce Castel et Grands Chais de France. Bon
an mal an, chacun tient le manche à tour de
rôle lors des négociations commerciales
(surtout en fonction des volumes récoltés).
Dans les Charentes, le système est beaucoup plus intégré verticalement : les vignerons sont essentiellement des fournisseurs
de « matière première » pour les négociants. Il y a d’ailleurs peu de producteurs
vendant directement leurs bouteilles, à l’inverse de Bergerac ou de Jurançon par exemple.
Qui plus est, quatre maisons puissantes
(Hennessy, Martell, Rémy Martin, Courvoisier), appartenant à des groupes mondiali-
sés, concentrent la commercialisation. Le
Cognac étant exporté à 97 %, l’Hexagone n’y
est la priorité de personne. Alors que les
rayons des linéaires à Rennes, Paris ou Limoges sont des débouchés de choix pour
le Marmandais, Buzet ou l’AOC Bordeaux.
Le cognac est dans l’univers des whiskies,
vodka et autres gin, là où le packaging a une
place primordiale... et où les marges sont
élevées.
Alors que les interprofessions de Bordeaux ou Bergerac (désormais marié à Duras) dépensent des millions pour communiquer (presse, affichage...), celle de Cognac
n’a pratiquement pas de budget en la matière. Les négociants préfèrent jouer leur
carte personnelle partout sur le globe.
Avec toutes ces logiques professionnelles
opposées, où trouver demain des synergies
éventuelles entre nord et sud de la région ?
Les pistes sont maigres, sauf au plan environnemental (traiter moins la vigne, cohabitation avec les riverains...) ou pour amener ensemble des producteurs à vendre des
bouteilles au bout du monde, comme le
propose l’Agence aquitaine de promotion
agroalimentaire (Aapra). On verra par
exemple si le salon Bordeaux Vinipro qui
s’ouvre grand à tout le Sud-Ouest pour sa
deuxième édition en janvier prochain, réussira à attirer quelques producteurs de cognac ou de pineau des Charentes.
CÉSAR COMPADRE
Le pineau des Charentes, un vin de niche
original. PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST »
■ Tous les poids lourds
Le poids viticole du Sud-Ouest est tel que tous les
poids lourds du métier sont là. Négociants (Castel, Grands Chais de France...) et fournisseurs
(bouchons Amorim...), sans oublier la recherche
et le développement (ISVV à Villenave-d’Ornon...).
Même constat au nord avec les champions mondiaux des alcools (LVMH, Pernod Ricard, Suntory...), les pépiniéristes ou les tonneliers (Seguin
Moreau, Radoux...).
Joseph Helfrich, fondateur des Grands
Chais de France, à Landiras (33). PH. ARCH. C. P.
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les atouts de la grande région Sud Ouest éco 17
La première forêt de France
FILIÈRE BOIS
La nouvelle région est
en haut du podium avec,
en plus, une diversité
d’essences intéressante
L
ors de la tempête Klaus de janvier 2009,
les forestiers landais ont reçu le renfort
de leurs voisins du Limousin et des Charentes. Le 1er janvier prochain, tous se retrouveront dans une même région qui, d’entrée,
se hissera à la première place nationale. Avec
2,8 millions d’hectares boisés, la grande région
Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, dépasse sa voisine d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Comme pour l’agriculture, la filière forêtbois de la nouvelle entité représentera une
force économique : 9,7 millions de mètres cubes de bois récoltés (le quart de la production
totale française et 38 % du bois d’industrie), un
chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et
50 000 emplois, soit plus que l’aéronautique.
Autre caractéristique : cette forêt est détenue
à 90 % par des propriétaires privés, les forêts
publiques couvrant toutefois plus de
230 000 hectares.
« Essences complémentaires »
Entre Poitou et Pyrénées, « les essences sont
différentes mais complémentaires », souligne
Stéphane Viéban, directeur général d’Alliance
Forêts Bois. Un contexte forestier qu’il connaît
bien. La coopérative est en effet déjà présente
sur l’ensemble du territoire de la grande région, et même au-delà. « Aujourd’hui, on se développe sur l’ensemble de ses massifs », précise Stéphane Viéban.
Une récente étude d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture et de la
Forêt, délimite quatre grandes zones forestières : les landes de Gascogne avec le pin maritime, les plateaux du Haut Limousin, terres de
feuillus et de résineux, la Vienne, la Charente,
la Dordogne et les Pyrénées-Atlantiques, où
dominent les feuillus, et enfin les plaines des
Deux-Sèvres, de Charente, de Charente-Maritime et du Lot-et-Garonne, avec les peupliers.
La société Bost et Grandchamps, à Négrondes (24), est spécialisée dans le sciage et la menuiserie. PHOTO ARCHIVES J.-CHRISTOPHE SOUMALET
Le bois exploité dans ces taillis et forêts alimente toutes les filières : le sciage, le déroulage et l’emballage, le bâtiment, le papier-carton, le meuble, le bois-énergie. Avec des
entreprises sur tout ce territoire et en général
spécialisées selon l’essence dominante de la
zone géographique. Les scieries de résineux
sont implantées dans les Landes, la Gironde,
le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime
pour le pin maritime, dans le Limousin pour
l’épicéa et le douglas. La Dordogne est en tête
pour le sciage de feuillus.
L’industrie du papier et du carton est bien
implantée en Gironde (Smurfit Kappa à Facture), dans les Landes (groupe Gascogne), la
Haute-Vienne (International Paper à Saillat),
en Dordogne (Condat), en Charente, avec au
total 10 000 salariés. Présente en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres, la fabrication
de meubles emploie 4 800 personnes.
La création d’une grande région forestière
va permettre de mettre en place des « syner-
gies », estime la coopérative Forêts Bois. Le savoir-faire des uns et des autres en résineux et
en feuillus peut profiter aux voisins. Ceci existe
déjà en partie : la scierie Archimbaud par
exemple, née dans les Deux-Sèvres, a ouvert
une unité dans les Landes. Né aussi dans les
Deux-Sèvres autour de la transformation du
bois de peuplier, le groupe Thébault s’est diversifié dans les bois exotiques puis, en s’installant à Solférino (Landes), dans le pin maritime pour la fabrication de panneaux.
« Dynamiser la récolte forestière »
Comme les autres secteurs de l’économie, la
filière forêt-bois devra passer par une phase
d’harmonisation. Les trois quarts de la récolte
de bois de la grande région sont portés par les
résineux (pin, douglas, épicéa) alors que les
deux tiers de la ressource sur pied est constituée de feuillus. L’exploitation de bois d’œuvre de chêne est en recul régulier. Agreste parle
même de « situation préoccupante ». Trop de
bois de feuillus du sud du Limousin et des Pyrénées vont en totalité vers l’énergie faute de
débouchés industriels rémunérateurs.
Agreste suggère la mise en place d’outils de
gestion sylvicole durable, comme il en existe
pour le pin maritime, en visant une meilleure
répartition hiérarchique entre bois d’œuvre,
bois d’industrie et bois énergie. En d’autres termes, « il faut dynamiser la récolte forestière »,
résume Stéphane Viéban. Un centre de technique sylvicole vient ainsi d’être créé pour le
chêne.
Les partenariats au sein de la future région
devraient aussi toucher les entreprises de
transformation. Dans un premier temps, des
alliances commerciales sont envisageables.
Les interprofessions actuelles sont amenées à
collaborer. La grande région forestière devrait
enfin bénéficier de la présence sur son sol de
Xylofutur, le seul pôle de compétitivité de
France dédié aux industries du bois.
MICHEL MONTEIL
Pin maritime, épicéa, chêne, peuplier, hêtre...
■ Au fil des forêts cultivées et des taillis de
la grande région, six grandes essences peuplent ses 2,8 millions d’hectares.
D’abord le pin maritime, sur plus de
800 000 hectares dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime, depuis les dunes littorales jusqu’à l’intérieur des terres.
Il aime les sols sableux et pousse vite (une
trentaine d’années pour les dernières générations) et haut (il peut dépasser 40 mètres).
Autrefois utilisé comme poteau de mine, son
bois sert aujourd’hui dans l’industrie du papier-carton, la menuiserie (parquets et lambris), la charpente (avec la technique du lamellé-collé).
Autre résineux, le pin douglas, qui couvre
64 000 hectares essentiellement dans le
nord-est du Limousin et ses vallons de
moyenne montagne. Venu des États-Unis, il
est de plus en plus planté en France et dans
la région en reconstitution de peuplements.
Les propriétés de son bois (une bonne résistance mécanique) lui procurent un usage
dans la construction, en particulier pour les
maisons à ossature bois.
Toujours en résineux, l’épicéa couvre près
de 40 000 hectares de la grande région, principalement sur les hauteurs du Limousin.
Pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres de haut,
résistant aux grands froids, il est utilisé dans
la construction (charpentes).
Côté feuillus, le chêne est le plus répandu
(800 000 hectares) sous forme de chêne pédonculé, de chêne sessile, de chêne vert.
Grâce au temps, du haut de ses 40 mètres, il
fournit un bois utilisé pour la construction
(charpentes), la menuiserie (le chêne repré-
sente le tiers de l’approvisionnement de ce
secteur), la fabrication de barriques et le
chauffage.
Vient ensuite le châtaignier, présent sur
250 000 hectares de la grande région à une
altitude de quelques centaines de mètres.
Son bois marron clair est utilisé pour les piquets, des éléments de charpente et en menuiserie.
Les vallées de l’Adour, de la Garonne, de la
Dordogne, de la Charente et de la Sèvre sont
le territoire du peuplier (35 000 hectares). Il
fournit la moitié du bois d’œuvre de feuillus
de la région et est utilisé principalement dans
la fabrication de caisses d’emballage.
Au fil des forêts et des taillis, la région voit
aussi pousser du hêtre, du robinier (le faux
acacia), du sapin, du frêne...
M. M.
Le pin maritime recouvre 800 000 hectares.
PHOTO ARCHIVES PHILIPPE SALVAT
Lot-et-Garonne
18 Sud Ouest éco
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
Aquitains de l’année : les lau
nventer. En économie plus qu’ailleurs
c’est le maître mot. Un nouvel écrin, la
grande région, de nouveaux atouts, de
nouvelles synergies, de nouvelles perspectives. Le futur s’écrit et s’invente aujourd’hui.
Le palmarès dévoilé dans les pages qui suivent raconte une manière d’appréhender
l’avenir. Fort de bases solides, d’histoires parfois centenaires, des savoir-faire déployés,
I
déclinés, réexplorés. À l’instar d’un ordinateur, les entreprises sont engagées dans des
mises à jour quotidiennes. Que l’on soit dans
les machines agricoles (Auriol SA), dans les
barriques (Tonnellerie Saint-Martin), l’approvisionnement des professionnels de l’agroalimentaire (CBS)... se projeter dans l’avenir
est incontournable. Dans le sillage de ces
fleurons économiques qui génèrent des mil-
liers d’emplois et qui font l’attractivité d’un
territoire, il y a ce positionnement autour de
« l’usine du futur ». Un concept à « démystifier », comme l’explique Alain Brugalières,
vice-président de la CCI du Lot-et-Garonne.
Une révolution organisationnelle pour incarner la fabrication de demain : machines
à commande numérique, réalité augmentée, robots. Avec cette inspiration : créer un
centre d’impression 3D mutualisé. Technique qui sans aucun doute, révolutionnera
bien des choses sans toutefois laisser de côté
la place des hommes. Car derrière chaque
innovation, chaque projet, ce sont les emplois de demain qui se dessinent.
Mais également les savoir-faire, qui donnent une idée de la couleur de demain en
Lot-et-Garonne.
Le prix, mode d’emploi
■ La première étape du prix des Aquitains de l’année a consisté à sélectionner dans les cinq dépar-
tements des entreprises fiables et performantes. Cette opération est le fruit d’une collaboration pédagogique entre les étudiants de Kedge Business School, les journalistes de « Sud Ouest » et la
Banque Populaire.
Pour dresser leur liste, les étudiants se sont appuyés sur les données fournies par Pouey International, société spécialisée dans l’information commerciale garantie et le recouvrement de créances.
Dans un second temps, un jury, présidé par Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, constitué de
personnalités du monde économique régional (lire page 20) et animé par un journaliste de « Sud
Ouest », a désigné deux lauréats parmi les huit sociétés les plus performantes de l’année dans le
département. Deux dirigeants ont donc été élus Aquitains de l’année 2015 pour
le Lot-et-Garonne.
La dernière mission du jury était de désigner un lauréat régional parmi les dix prétendants. Il sera
dévoilé le 1er décembre lors de la dernière soirée des Aquitains de l’année à Bordeaux, au sein de
Kedge.
Vous pourrez par ailleurs lire dans « Sud Ouest » du 3 décembre le récapitulatif intégral du palmarès, département par département.
Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
Sud Ouest éco 19
réats de votre département
Ils ont relancé il y a dix ans
les Aquitains de l’année
POINT DE VUE Interview croisée d’Alain Condaminas, directeur
général de la Banque Populaire Occitane et de Patrick Venries directeur
général délégué de « Sud Ouest », avant la remise des prix des
Aquitains pour le Lot-et-Garonne le 3 novembre à Cap Cinéma à Agen
Alain Condaminas et Patrick Venries. PHOTOS ARCHIVES « SUD OUEST » ET LAURENT THEILLET
C’est la neuvième édition des Aquitains de l’année : comment se porte ce palmarès ?
Alain Condaminas. L’édition 2014 a été un franc
A. C. Une visibilité de notre entreprise sur son
succès et nous sommes très fiers de notre promotion 2015 qui va encore une fois nous livrer
des pépites. Au fil des années, nous avons gagné en notoriété, ce prix est désormais reconnu et nous avons l’ambition de lui donner toujours plus de visibilité.
Patrick Venries. Il est désormais installé au centre de la vie économique de notre région. Il révèle chaque année de nouvelles entreprises,
souvent discrètes, toujours plus innovantes,
plus agiles et tournées vers l’exportation.
territoire. Nous sommes historiquement la
banque des entrepreneurs. Avec ce prix, nous
donnons vie à notre ambition coopérative
« d’additionner les forces pour multiplier les
chances ». Ce palmarès conforte notre rôle de
soutien à l’économie du Lot-et-Garonne et
« d’amplificateurs » des succès des entreprises.
P. V. Ce palmarès a cimenté notre rôle pivot
dans la région, dans l’information économique et la vie de nos territoires. Avec nos pages
spécialisées Économie, les lundi et jeudi, notre newsletter numérique et nos débats, il symbolise notre stratégie économique multicanal.
Qu’apporte-t-il à la Banque Populaire et à
« Sud Ouest » ?
Que dire de ce cru 2015 ?
P. V. Il montre une nouvelle fois la force de nos
entreprises, souvent petites et moyennes, aux
prises avec la compétition nationale et internationale. Il met en évidence des entrepreneurs de caractère animant des équipes professionnelles. Nous sommes fiers de nos
lauréats comme à chaque fois. Et d’avoir convaincu Éric Trappier de présider à nos choix
cette année.
A.C. Nous avons la chance, une fois de plus,
d’avoir un président de jury emblématique
avec Éric Trappier, PDG du groupe Dassault
Aviation. Nous avons un panel d’entreprises
qui marquent clairement la dynamique de notre région. Le cru 2015 clôture en beauté la première décennie des Aquitains, sur son modèle
actuel.
Comment pourrait évoluer ce prix l’an prochain ?
P. V. Il sera plus digital, devra intégrer la nouvelle donne régionale et donnera lieu à des manifestations plus denses dans les départements.
A. C. Nous réfléchissons à un nouveau fonctionnement qui collerait au nouveau découpage administratif.
À la différence de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique qui épouse les frontières de la future grande région, la Banque Populaire Occitane, implantée en Lot-etGaronne, rayonne sur Midi-Pyrénées qui se
rapproche du Languedoc-Roussillon.
Nous discutons avec nos partenaires de ces
évolutions.
20 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.FR
Le jury et les deux
lauréats
Présidé par Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, le jury des Aquitains
de l’année a décerné les deux trophées départementaux à Vermande SA et La Lémance
Les membres du jury 2015 des Aquitains de l’année, réunis le vendredi 4 septembre à Bordeaux au siège de notre journal. PHOTO GUILLAUME BONNAUD
OECA
Anne
Jallet-Auguste
Représentante de
l’Ordre des expertscomptables
d’Aquitaine
PRÉSIDENT DU JURY
Éric Trappier
Président-directeur général
de Dassault Aviation
« C’est un concentré de l’économie française
sur lequel nous avons travaillé avec le jury
des Aquitains de l’année. Nous avons vu de
vraies démarches d’industriels qui font face,
investissent, développent leurs activités. Il
est aujourd’hui difficile d’entreprendre en
France et de recruter. Les coûts de production
sont plus élevés qu’aux États-Unis par exemple. L’innovation est devenue impérative
pour maintenir notre compétitivité. »
« C’est d’abord la diversité de cette promotion
qui m’a marquée. Des métiers traditionnels
aux nouvelles technologies, nos lauréats départementaux sont animés par un véritable
esprit d’excellence incarné par l’Aquitain 2015. »
POUEY
INTERNATIONAL
Bertrand
Lacampagne
Président
du directoire de
Pouey International
« Ce qui me frappe le plus lorsque sonne
l’heure de ce palmarès, c’est le renouvellement des entreprises. Il y a partout sur nos
territoires des entreprises discrètes qui avancent et qui prennent les bonnes décisions. »
BANQUE
POPULAIRE
BPIFRANCE
Christian
Chapothin
Yannick
Cambacedes
Directeur général
adjoint Banque
Populaire Aquitaine
Centre Atlantique
Directeur délégué
financement et
garantie Aquitaine
de bpiFrance
« Ce sont une nouvelle fois de belles histoires
qui sont mises en lumière par ce palmarès, des
histoires d’hommes et de femmes qui entreprennent sur nos territoires. Ils méritent notre
respect et notre engagement à leurs côtés. »
« La sélection 2015 est représentative de notre
tissu économique régional. Elle démontre, s’il
en était besoin, que la croissance est aujourd’hui tirée par l’exportation et l’innovation,
les deux piliers de l’intervention de bpiFrance. »
KEDGE
BUSINESS
SCHOOL
Jacques-Olivier
Pesme
Directeur associé
développement
international
« Cette saison des Aquitains de l’année est un excellent cru. Des centaines de données traitées par
nos étudiants, des entretiens conduits sur toute
la région, des entreprises qui se confirment mais
aussi des histoires méconnues ou en devenir. »
JOURNAL
« SUD OUEST »
Patrick
Venries
Directeur général
délégué et directeur
de la publication
« Comme chaque année, ce palmarès des
Aquitains de l’année apparaît comme un antidote à la morosité générale. Il nous offre une
sélection renouvelée d’entreprises et d’entrepreneurs qui font la vie de nos territoires. »
Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 21
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.FR
VERMANDE SA
Un « génie »
du machinisme agricole
■ Vermande SA, c’est une belle aventure entrepreneuriale et familiale, entamée en 1956 avec
Jean Vermande. À l’époque, la société est spécialisée dans la réparation de machines agricoles. Mais avec l’arrivée dans les années 70 de
Jean-Luc, son fils – l’actuel PDG –, elle va changer de dimension. À 21 ans et des idées plein la
tête, il multiplie les innovations et diversifie
l’activité avec du matériel pour le maraîchage,
des machines à récolter les prunes, jusqu’à devenir le leader mondial des castreuses de maïs.
La réussite d’une famille
Aujourd’hui, à 61 ans, Jean-Luc Vermande a à
son actif une vingtaine de brevets et est à la tête
d’une entreprise qui a réalisé 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 et emploie 14 salariés, contre deux en 2000. Une passion de la
mécanique transmise à ses enfants. Il travaille
désormais avec ses deux fils, Arnaud, responsable du bureau d’études et Renaud, qui pilote
le secteur commercial. Tandis que sa femme,
Colette, gère la comptabilité.
Pour en arriver là, Vermande n’a cessé d’innover et de prendre des risques. « Ces cinq dernières années, nous avons investi 7 millions
d’euros sur les machines. Ce qui n’a pas toujours été simple à faire accepter par nos banquiers », rappelle Jean-Luc. Il n’est pas peu fier
de nous montrer son matériel high-tech : des
robots capables de souder des pièces ou de les
découper au laser. Et, surtout, une machine ultra puissante, d’une valeur d’un million d’eu-
ros, qui plie les éléments. « Il n’en existe que
trois en France comme celle-là », souligne-t-il.
Ainsi, Vermande SA s’est donné les moyens
de produire seul et rapidement l’ensemble des
composants de ses castreuses de maïs, sauf les
pneus et les moteurs. Du coup, « nous sommes
plus réactifs sur ce marché très fluctuant et
pouvons faire du sur-mesure », met en avant
son fils Renaud. Un avantage concurrentiel qui
lui a permis de se développer à l’export depuis
2008. Aujourd’hui, 30 % de la production est
vendue à l’étranger, dans de multiples pays : Allemagne, Pologne, Roumanie, Russie, Chili…
Pour garder cette longueur d’avance, Vermande veille à anticiper les besoins des agriculteurs. C’est pourquoi l’entreprise familiale
vient de mettre au point une gamme d’enjambeurs dotés de bineuses. Des bineuses qui visent à amener les professionnels vers le bio et
à limiter l’usage de désherbants. « Ainsi, notre
machine ne sert plus seulement à castrer le
maïs, ce qui devrait nous ouvrir d’autres marchés », avance Renaud. Une idée qui pourrait
permettre à cette belle entreprise industrielle
du Lot-et-Garonne de franchir un nouveau cap
à l’heure de ses 50 ans.
NICOLAS CÉSAR
ACTIVITÉ : machinisme agricole
DATE DE CRÉATION : 1956
DIRIGEANT : Jean-Luc Vermande
EFFECTIF : 14
CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions d’euros
Jean-Luc Vermande, entouré de ses fils Renaud et Arnaud, a fait de son entreprise, à Clairac
en Lot-et-Garonne, le leader mondial des castreuses de maïs. PHOTO ARCHIVES ANDRÉ DOSSAT
LA LÉMANCE
Le numéro 1 français du fromage de chèvre bio
■ Il n’avait pas imaginé une croissance si rapide. Lorsque Bruno Inquimbert a fondé sa société en 1998 à Montayral dans « son » département natal, cet ingénieur rêvait juste d’avoir
sa fromagerie. Un pari osé à 35 ans. Surtout que
pour assouvir ce rêve, il n’a pas hésité à quitter
une « bonne place », de responsable de production dans le prestigieux groupe Soparind-Bongrain, qui élabore notamment le célèbre « Caprice des Dieux ».
Aujourd’hui, le pari est gagné. Son entreprise
réalise 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires
et ne cesse de pousser les murs pour répondre
à une forte demande de son marché. En janvier prochain, l’usine à Montayral va s’agrandir de 1 000 m². Et une deuxième unité, dédiée
aux produits ultra frais et aux desserts, est en
cours de construction en Vendée. Un projet
majeur de diversification, qui va créer quinze
emplois sur les trois prochaines années.
français du fromage de chèvre bio. « Dans notre secteur, la difficulté n’est pas de trouver des
marchés, mais de collecter du lait, en faisant le
moins de kilomètres possible », insiste-t-il. Parallèlement, Bruno Inquimbert a mis son savoir-faire industriel, acquis dans le groupe Soparind-Bongrain, au service de son usine
lot-et-garonnaise. « Notre point fort, c’est de
pouvoir approvisionner nos clients (épiceries
spécialisées à 70 % et grande distribution) en
fromage bio toute l’année », met-il en avant.
Leader européen en 2017
Solide sur ses bases, Bruno Inquimbert, qui emploie désormais 40 salariés, regarde l’avenir
avec gourmandise. « Nous transformons actuellement deux millions de litres de lait en
fromage bio, mais il y a déjà de la demande
pour cinq millions », glisse-t-il, plein d’ambitions. Un volume qu’il espère atteindre dans
deux ans. Grâce à sa nouvelle unité de production en Vendée, qui va lui permettre de faire
encore grandir son réseau de producteurs. Aujourd’hui, l’export représente déjà 15 % de sa
production. Ce sera bien plus demain. « Nous
voulons devenir leader européen du fromage
de chèvre bio à l’horizon 2017 », annonce-t-il.
Un visionnaire
Quelles sont les clés de ce succès ? Sa « vision »
et son sens de l’organisation. Ainsi, dès le début, Bruno Inquimbert a fait le choix du bio
« pour retrouver le goût d’autrefois ». À l’époque, il n’a que deux salariés et le bio est encore
loin d’être « tendance ». Mais il y croit et parvient à structurer autour de lui 22 producteurs
de lait bio, répartis sur un axe s’étendant de la
Lozère à la Vendée. À son initiative, tous sont
désormais regroupés dans la seule association
de producteurs de lait bio en France. Un « tour
de force » qui lui a permis de devenir le leader
N. C.
En quelques années, Bruno Inquimbert a su fédérer autour de sa fromagerie La Lémance,
à Montayral (Lot-et-Garonne), toute une filière de producteurs de lait bio. PHOTO ARCHIVES A. D.
ACTIVITÉ : fromagerie
DATE DE CRÉATION : 1998
DIRIGEANT : Bruno Inquimbert
EFFECTIF : 40
CHIFFRE D’AFFAIRES : 7,5 millions d’euros
Lot-et-Garonne
22 Sud Ouest éco
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
Ces six autres entreprene
NOMINÉS Issues de secteurs aussi divers que variés, ces six sociétés ont également retenu
l’attention du jury. Il s’en est fallu de peu pour qu’elles figurent au palmarès. Gros plan sur ces succès
TONNELLERIE SAINT-MARTIN À BUZET-SUR-BAÏSE
AURIOL SA À MARMANDE
Le luxe en bois massif Un savoir-faire centenaire
François
Saint-Martin
PHOTO ARCHIVES
ÉMILIE DROUINAUD
ACTIVITÉ : fabrication de barriques
DATE DE CRÉATION : 1991
DIRIGEANT : François Saint-Martin
EFFECTIF : 25 sur le site de Buzet,
14 à la mellanderie de l’Allier pour
la préparation des bois, 3 pour le
commerce aux États-Unis, 3 pour
l’export à l’Autralie
CHIFFRE D’AFFAIRES : 7 millions
d’euros (au 31 mars 2015)
■ François Saint-Martin est la troisième génération de tonnelier. « Comme mon père et
mon grand-père, j’ai fondé ma propre entreprise, ce n’était pas une reprise, même si mon
père m’a donné un coup de main. » Une question de philosophie de travail.
Aujourd’hui, la Tonnellerie Saint-Martin travaille à 80 % à l’export. En Europe mais aussi
en Australie, sur le continent américain, « un
peu en Chine où nous surveillons de près
l’évolution du marché ». Le patron aimerait
également mettre un pied au Japon et « partout où l’on fait du vin ».
Mais ses barriques ne sont pas destinées à
tous les vins. « Nous ne travaillons que pour
2 % des vins du monde. » Ceux qui sont élevés,
gardés. Le gratin. D’où une activité importante à l’export. « Cela nous permet de travailler toute l’année en fonction des vendanges dans le monde entier. » Cela se voit sur son
chiffre d’affaires, « en progression régulière ».
Et sur le nombre d’employés. « Tous les ans
quasiment, nous embauchons du monde. Pas
en fonction du CV, mais de la motivation à travailler. Le bois, c’est un métier passion. »
ANNE GRESSER
CBS À VILLENEUVE-SUR-LOT
Dominique Auriol
PHOTO SOPHIE
NOACHOVITCH
ACTIVITÉ : matériels pour
l’industrie agroalimentaire
DATE DE CRÉATION : 1870
DIRIGEANT : Dominique Auriol
EFFECTIF : 35
CHIFFRE D’AFFAIRES : 3 millions
d’euros en 2014
■ Dominique Auriol est le représentant de la
quatrième génération de la famille ayant créé
l’entreprise marmandaise à la fin du XIXe siècle. « À l’origine, il s’agissait d’une entreprise de
réparation de machines à vapeur et elle est restée dans la chaudronnerie, rappelle le président
du directoire d’Auriol SA. Puis, nous nous sommes diversifiés et aujourd’hui, nous produisons
des machines de cuisson et de stérilisation. »
Pour cette deuxième partie, Auriol SA fabrique
des autoclaves, c’est-à-dire des engins permettant de stériliser des bocaux alimentaires par
exemple. Seules trois entreprises françaises fabriquent ce type de machines dans ce domaine.
« Nous sommes sur une niche, indique le dirigeant. On tire notre épingle du jeu du fait de
notre grande spécialisation. Quant aux marmites, nous nous distinguons en produisant surmesure et à la carte. » La fiabilité et la qualité
des produits sont reconnues dans le milieu.
L’entreprise reste à taille humaine puisqu’elle
emploie 35 personnes et est résolument familiale : le père de Dominique Auriol travaille toujours dans les locaux. Son frère s’occupe du service après-vente.
SOPHIE NOACHOVITCH
CRUSTY FOOD À VERTEUIL-D’AGENAIS
2 000 clients livrés par jour Un appétit dévorant
Louis-François
Caruana
PHOTO ANDRÉ DOSSAT
ACTIVITÉ : approvisionnement des
professionnels de l’alimentaire
DATE DE CRÉATION : 1981
DIRIGEANT : Louis-François
Caruana
EFFECTIF : 48
CHIFFRE D’AFFAIRES :
20 millions d’euros en 2014
■ Louis-François Caruana est arrivé à la tête de
CBS distribution (Caruana Salado & cie SA) au
début des années 80. Le chef d’entreprise a repris une société créée par son beau-père, avec
un unique camion. « Après une expérience
dans la logistique pour le groupe Danzas,
j’avais envie de partir sur un projet personnel,
d’avoir mon entreprise. Je lui ai donc succédé. »
Désormais, CBS dispose d’une flotte de 22 camions et 11 véhicules pour livrer plus de
2 000 clients en Aquitaine, Midi-Pyrénées et
jusqu’en Corrèze. L’entreprise villeneuvoise
est spécialisée dans la distribution en gros des
produits laitiers, charcuteries, conserves…
« Nous livrons quotidiennement petits commerces, moyennes et grandes surfaces, restaurants, traiteurs, entreprises de restaurations
collectives. Nous avons 2 500 références. La
proximité et la souplesse de notre organisation permettent de répondre dans les
meilleurs délais aux différentes attentes. » CBS
distribution fait partie d’un groupe présidé
par Louis-François Caruana qui comprend CBS
commercialisation et les établissements Gros,
dans le secteur de la viande.
CHRISTOPHE MASSENOT
Patrick Bruneau
PHOTO
JEAN-MARC LERNOULD
ACTIVITÉ : croquettes
pour animaux
DATE DE CRÉATION : 1999
DIRIGEANT : Patrick Bruneau
EFFECTIF : 10
CHIFFRE D’AFFAIRES : 5,3 millions
d’euros en 2014
■ Patrick Bruneau est un agriculteur de Verteuil-d’Agenais qui a voulu prendre du
champ, voir d’autres horizons. Un premier
extrudeur et une recette fournie par un ami
lui permettent de créer Crusty Food, entreprise familiale qui emploie aujourd’hui
dix salariés et se revendique comme le seul
fabricant de croquettes animales du Lot-etGaronne. Crusty Food décline une quinzaine
de produits, principalement des croquettes
pour chiens, qu’elle commercialise localement mais surtout à des revendeurs en
France et en Europe.
En 2014, ce sont presque 10 000 tonnes
qui ont été produites (contre 9 000 tonnes
l’année précédente) avec les trois extrudeurs
de l’entreprise, qui songe d’ailleurs à se moderniser. La société développe actuellement
une recette de croquettes sans céréales, une
tendance réclamée par les clients, preuve
qu’elle sait réagir promptement aux demandes et aux attentes du marché. Enfin, son
chiffre d’affaires augmente lui aussi, avec
5,3 millions d’euros en 2014.
JEAN-MARC LERNOULD
Sud Ouest éco 23
Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
urs ont aussi séduit
BALAND PLASTIN’AGRI À FAUGUEROLLES
LA SAS MINER A DAMAZAN
Un chantier, trois métiers Du plastique multiusages
Julien Miner
PHOTO MICHEL
LAFFARGUE
ACTIVITÉ : peinture, revêtement
souple de sols, carrelage
DATE DE CRÉATION : au sortir de la
Seconde Guerre mondiale
DIRIGEANT : Julien Miner
EFFECTIF : 49 salariés, plus de
90 avec les sous-traitants
CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions
d’euros en 2014
■ Implantée sur la zone d’activités de la Confluence à Damazan, la société par actions simplifiée (SAS) Miner est dirigée depuis 2009 par
Julien Miner, 33 ans. Il a pris la suite de son père
qui avait lui-même succédé à son père qui débuta artisan à Aiguillon, à son retour d’Allemagne où il était prisonnier de guerre. Cette entreprise de second œuvre est spécialisée dans
la peinture, le revêtement souple de sols et le
carrelage.
L’intérêt est de pouvoir postuler sur les trois
métiers sur un chantier. Pour un donneur d’ordre, avoir un seul interlocuteur représente un
avantage majeur. Pour l’entreprise, qui travaille
à 50 % pour une clientèle privée, le suivi et la
complémentarité des travaux ne posent aucun problème. Elle gagne en crédibilité et en
efficacité. Répondant à tous les appels d’offres,
la société est intervenue dans un passé proche
sur des chantiers très importants à l’exemple
d’une usine à Perpignan, un hôpital en Charente, le pôle santé de Villeneuve-sur-Lot. Elle
œuvre actuellement sur le chantier de la Cité
du vin à Bordeaux.
Denis Baland
PHOTO SOPHIE
NOACHOVITCH
ACTIVITÉ : transformation
et revente de films
polyéthylène
DATE DE CRÉATION : 1982
DIRIGEANT : Denis Baland
EFFECTIF : 16
CHIFFRE D’AFFAIRES : 10 millions
d’euros en 2014
MICHEL LAFFARGUE
■ Qu’il soit de haute ou de basse densité,
destiné au milieu agricole, à l’industrie ou
au bâtiment, le film plastique se décline
quasiment à l’infini au sein de l’entreprise
Baland Plastin’Agri. La matière, utile à bien
des opérations, est le fonds de commerce
de cette entreprise depuis plus de
trente ans. Fondée par André Baland, la société se situait à Fourques-sur-Garonne
avant de rejoindre ses locaux actuels, à la
sortie de Fauguerolles, sur la RD 813 en 1985.
« Mon père est toujours le PDG de Baland
Plastin’Agri, indique Denis Baland, directeur général de l’entreprise depuis une
quinzaine d’années. J’y suis moi-même entré en 1989. »
Le site s’est agrandi depuis avec de nouveaux hangars de stockage pour atteindre
une surface actuelle de 4 000 m². Vendus
sur l’ensemble du territoire français avec
des relations privilégiées avec les entreprises du Sud-Ouest, Baland Plastin’Agri fait
partie des quatre entreprises de ce type en
France.
SOPHIE NOACHOVITCH
TROIS QUESTIONS À...
THOMAS FROEHLICHER
Directeur général
de Kedge Business School
V
otreambitionestinternationaleetvous
êtes le partenaire privilégié des Aquitains de l’année.Quelestlesensdel’implication de Kedge ?
La dimension internationale de Kedge BS est devenue impérative du fait de notre environnement concurrentiel. Nos étudiants recherchent
une formation de haut niveau qui leur ouvre les
portes du marché du travail aussi bien à Bordeaux qu’à Paris, New York ou Shanghai. C’est la
mission que nous menons pour être reconnus
sur l’ensemble de ces territoires et répondre à
cette attente. Les Aquitains de l’année est une opération formidable car elle nous permet de cultiver ce lien nécessaire avec les entreprises de la région. Nous y sommes profondément attachés. À
chaque soirée de remise des prix, je suis touché
par l’émotion qui se dégage de ces chefs d’entreprise, honorés de se voir distingués pour tous
leurs efforts et ceux de leurs équipes.
D
e quelle manière vos étudiants en Master contribuent-ils à ce palmarès régional ?
Ces étudiants, qui suivent le Master Grande École
de Kedge BS en formation continue, sont avant
tout des professionnels qui exercent leur métier
et vivent en Aquitaine. Ils sont donc eux aussi très
impliqués dans la vie économique de la région.
Pour les Aquitains de l’année, ils ont recherché et
analysé les performances de plusieurs centaines
d’entreprises durant plusieurs mois. Leur sélection, qui comporte des entreprises reconnues
mais aussi des pépites méconnues, a été soumise
à un jury qui a élu les Aquitains de l’année. Ce travail leur apporte des connaissances approfondies
sur le tissu économique régional.
C
L'ÉCONOMIE
dans SUD OUEST,
c’est...
omment se porte Kedge plus de
deux ans après la fusion de BEM
et d’Euromed ?
Kedge BS réalise un chiffre d’affaires de près de
100 millions d’euros pour un effectif de
11 000 étudiants de 50 nationalités différentes,
avec 500 collaborateurs dont 200 professeurs.
C’est aujourd’hui la 2e école en France, derrière
HEC, pour sa production de recherche et notamment sur des sujets d’actualité brûlants comme
le développement durable. Kedge BS figure au
29e rang des business school en Europe et au
23e rang mondial pour notre MBA qui a d’ailleurs
ouvert l’an dernier à Bordeaux. Ce n’est pas rien.
Nous avons donc déjà réalisé beaucoup de travail
et il nous reste encore des étapes importantes à
franchir dans notre plan stratégique. Nous accentuons nos efforts sur l’international, pour les raisons déjà évoquées, tout en cultivant nos implantations locales. Le magnifique campus de
Bordeaux, financé par la CCI et Bordeaux Métropole, est à ce titre un atout pour notre attractivité
internationale. Enfin, nous poursuivons aussi notre transformation numérique et l’accroissement
de nos services de formation aux entreprises.
RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES
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24 Sud Ouest éco
Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
Dossier
« Démystifier
l’usine du futur »
« Pour la plupart des PME, l’usine du futur reste un concept un peu effrayant. »
Alain Brugalières, vice-président de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), sait ce que les nouveaux concepts, associés trop souvent à un jargon parfois abscons, ont de répulsif. Et pourtant, le défi est là et l’enjeu réel. « Il faut convaincre les principaux intéressés, à savoir les dirigeants de PME industrielles,
de s’engager sur la bonne voie. Non seulement les PME ont du mal à l’appréhender de manière globale mais elles n’arrivent même pas à déployer certaines briques technologiques », déplore Alain Brugalières, président également
d’Agrotec. Et ce dernier d’estimer que la CCI a un rôle moteur à jouer : « Il faut
accompagner les chefs d’entreprise des TPE-PME dans le futur de l’industrie et
par la même occasion, démystifier le concept d’usine du futur. »
L’initiative ne date pas d’hier et remonte à 2012. « Cette année-là, la CCI avait
mené une campagne de sensibilisation sur l’usine du futur auprès des entreprises et des jeunes à l’occasion de la semaine de l’industrie », se souvient Alain
Brugalières. « Puis ces trois dernières années, ajoute-t-il, la CCI, avec le Groupe
Innovation, a multiplié les rencontres autour de l’usine 4.0 et des thématiques
de la transition numérique, de l’impression 3D et du management. Elle poursuivra d’ailleurs en 2016 avec la robotique notamment. »
La CCI ne compte pas s’arrêter là. « Nous souhaitons faire émerger un lieu de
formation, d’expérimentation de partage autour des technologies de l’usine
4.0 ouvert à tous. À ce sujet, la CCI installe un Fablab (pour laboratoire de fabrication, NDLR) dans ses locaux pour incarner la fabrication de demain avec des
technologies comme des machines à commandes numériques, des objets connectés, la réalité augmentée, des robots… De là, on pourrait ensuite créer, avec
un groupe de PME, un centre d’impression 3D mutualisé en Lot-et-Garonne. »
BASTIEN SOUPERBIE
Alain Brugalières, vice-président de la CCI. PHOTO THIERRY SUIRE
Un système centré sur l’humain
INNOVATION
L’usine 4.0 n’est pas
un écrasement
technologique
de l’homme,
bien au contraire
vingt ans, de l’emploi de la numérisation dans
la production, de l’interconnection d’objets
miniaturisés, du pilotage énergétique pour
consommer sans gaspiller, des matériaux intelligents, de l’impression 3D, de la fabrication
additive, de la robotique ou encore de la cobotique (le système robotique vient ici au soutien de l’homme sous la forme par exemple
d’exosquelette, de lunettes intelligentes, etc.).
« L’usine 4.0 est surtout
une révolution
organisationnelle entre
le produit, la machine
et l’humain »
F
audrait-il invoquer la science-fiction, Aldous Huxley et Isaac Asimov pour s’imaginer l’usine du futur ? Et le meilleur des
mondes, celui rêvé, réservera-t-il à l’homme
un funeste écrasement technologique ? En
vrai, rien de tout cela et la révolte luddiste (référence aux artisans tondeurs et tricoteurs qui
brisaient les machines au début du XIXe siècle et lors de la première révolution industrielle) ne devrait pas intervenir. D’abord,
parce que l’usine du futur existe déjà ; ensuite
parce qu’en théorie, elle met l’homme au centre de son système.
Une usine intelligente
« L’usine 4.0 n’est pas qu’une révolution technologique, c’est surtout une révolution organisationnelle entre le produit, la machine et
l’humain. Bref, une usine intelligente », confirme Nicolas Bonrepaux, directeur de l’innovation au sein de la CCI 47. En Lot-et-Garonne,
pour ne prendre que cet exemple parmi d’au-
La CCI a créé au sein de son siège un Fablab avec une imprimante 3D. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE
tres, la société Optimum, leader européen
dans le secteur des portes de placard, s’est inscrite clairement dans cette démarche (lire
page 30). Toutefois, la France est là encore à la
traîne derrière l’Allemagne qui s’est déjà lancée dans cette nouvelle révolution industrielle, bien aidée, il est vrai, par une tradition
portée notamment par les machinistes et les
équipementiers. « L’industrie allemande possède 157 200 robots quand la France en a 34
500. Ceci s’explique aussi parce que l’Allemagne anticipe les effets de la baisse démographique qu’elle subit », indique Nicolas Bonrepaux.
Cela dit, la révolution est engagée ici aussi
pour une généralisation, d’ici moins de
« Pour schématiser, on passe de la blouse
bleue à la blouse blanche avec un enjeu : la réindustrialisation, avec des métiers plus qualifiés, nouveaux pour certains, et une usine
plus attractive. C’est d’autant plus important
qu’un emploi industriel crée indirectement
deux emplois dans le secteur des services. Et
enfin parce que 80 % de la recherche provenant du secteur i ndustriel crée de l’innovation. »
Inventer un langage commun pour assurer « l’interopérabilité » des objets connectés
mais aussi garantir la fiabilité et la sécurité du
système face aux menaces d’espionnage seront les nouveaux enjeux de cette usine du
troisième millénaire.
B. S.
Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.COM
Sud Ouest éco 25
L’usine du futur
« L’investissement crée l’emploi »
FINANCES En Lot-et-Garonne, une entreprise
sur deux est cliente de la Banque Populaire Occitane
levier pour investir sans avoir à subir les charges de remboursement de l’emprunt. Mais
globalement, on souffre en France d’une désaffection des épargnants pour l’entreprise.
ANDRÉ SAMIER
P
Président
de la Banque Populaire Occitane
O
n reproche volontiers aux banques
d’avoir coupé le robinet auprès des
entreprises. Qu’en est-il ?
C’est faux. Les banques prêtent plus vite que
la croissance. Nous concernant, sur dix entreprises qui formulent une demande de prêt
auprès de notre établissement, huit obtiennent satisfaction. Il est vrai qu’on est sélectif
mais je rappelle que l’argent que nous prêtons est celui des épargnants ! Notre devoir,
c’est de protéger cet argent. La banque est un
métier très rationnel. Il y a un marché et des
analyses qui vont avec. Cela dit, il y a toujours
une prise de risque. Et celle-ci, pour la Banque
Populaire Occitane ne diminue pas. Ces cinq
dernières années, il a doublé si bien qu’aujourd’hui, 15 % du produit bancaire sont consacrés aux pertes, autrement dit aux crédits
non remboursés. Enfin, je rappelle que la
Banque Populaire, qui a été créée par des entrepreneurs, est historiquement et naturellement celle des entreprises. En Lot-et-Garonne, une entreprise sur deux est cliente de
la banque. Cette année, en dépit du contexte,
elle n’a jamais autant distribué d’argent : près
de 2 milliards d’euros au total dont 35 % ont
été alloués à l’investissement des entreprises.
Une proportion qui, hélas, ne progresse pas.
Car l’investissement crée l’emploi de demain.
E
xiste-t-il d’autres solutions que l’emprunt pour aider les entreprises
à investir et innover ?
Oui, il y a l’apport de fonds propres, ce qui revient à rentrer dans le capital. La Banque Populaire dispose d’une filiale, Multicroissance,
dont la mission est de faire du capital développement et donc de rentrer au capital de
manière passagère. L’entreprise qui accepte
de céder une part de son capital dispose d’un
our quelles raisons la France souffret-elle d’une désaffection des épargnants pour l’entreprise ?
C’est à la fois politique et culturel. Politique,
parce qu’il n’y a pas de fléchage de l’épargne
vers les entreprises. Les dispositifs français
font la part belle au livret A, aux obligations et
à l’assurance-vie. Au final, 8 % de l’argent des
épargnants sont dirigés vers les entreprises.
C’est une faiblesse qui puise également son
origine dans la culture française. Je me souviens que Jacques Chirac se vantait de n’avoir
jamais possédé d’actions ! C’est révélateur.
Maintenant, je le répète, nous n’avons pas vocation à aller contre l’avis de nos clients. Notre mission est de protéger leur épargne et si
nos clients ne veulent pas aller sur les marchés, alors il faut le respecter. Il faut également ajouter que culturellement, c’est aussi
difficile pour le chef d’entreprise français de
céder une part de son capital…
PROPOS RECUEILLIS PAR B. S.
André Samier estime que son établissement
joue un rôle essentiel dans le secteur
de l’innovation. PHOTO THIERRY-DANIEL VIDAL
26 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 27
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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TROIS QUESTIONS À...
Avant de parler de tendance de fond, la reprise devra donc être confirmée dans les
mois à venir.
L
’un des relais de croissance est l’export. Quels sont les secteurs qui s’en
sortent le mieux ?
Tout d’abord, au plan national, seule une
PME sur trois exporte. Parmi les secteurs plus
porteurs à l’étranger, on trouve les produits
agroalimentaires, les équipements technologiques. En particulier l’aéronautique, ses
sous-traitants et fournisseurs, bien implantés dans le Sud-Ouest, et les vins et spiritueux.
Par ailleurs, il y a une bonne dynamique également dans l’industrie pharmaceutique
grâce à certaines ETI (Entreprises de taille intermédiaire, NDLR) performantes, à l’image
de Ceva Santé Animale. Notre nouvelle future
grande région aura donc des positions à l’export fortes. Elle représentera au total environ
5 % des exportations françaises.
BERTRAND LACAMPAGNE
Président du directoire
de Pouey International
A
ssiste-t-on aux prémices d’une
reprise de l’économie dans la région ?
Oui, nous avons plusieurs signes tangibles.
Depuis neuf mois, notre région connait une
baisse des défaillances de -2,24 %, contre 0,66 % au plan national. Ceci étant, cette reprise concerne la majorité des régions françaises et de nombreux secteurs, en
particulier les services. Mais certains sont très
fragiles, comme l’hôtellerie-restauration, qui
a subi une hausse de 6 % des défaillances.
Q
uels sont les ingrédients nécessaires
pour une PME qui souhaite réussir à
l’étranger ?
La vente à l’export suppose une très bonne
connaissance des usages commerciaux, des
différences culturelles et linguistiques, du
contexte des pays, des circuits de distribution, de la réglementation. En outre, il faut
veiller à s’assurer de la solvabilité de ses
clients. En effet, dans de nombreux pays
(États-Unis, Suisse…), les entreprises ne sont
pas tenues de publier leur bilan. La mise en
place d’une garantie financière sécurisera la
relation.
PROPOS RECUEILLIS PAR
NICOLAS CÉSAR
Comment lire les tableaux ?
Ces tableaux ont été réalisés par Pouey International, spécialiste « Business to business » du renseignement commercial et financier garanti et du recouvrement de
créances. Chaque tableau classe les entreprises par ordre décroissant de leur chiffre d’affaires. Pour plus de cohérence, celui-ci est considéré au prorata sur 12 mois ;
les sociétés n’ayant pas toutes un bilan sur
12 mois.
Le 1er classement ci-contre porte sur les
50 premières entreprises de l’ensemble du
département, toutes activités confondues.
Il est par la suite décliné en « tops 50 » secteur d’activité par secteur d’activité : export, industrie, commerce, services, agroalimentaire et bâtiment-travaux publics.
Qui ? Ces informations concernent exclusivement les entreprises privées dont le
siège social est situé dans le département
et qui ont déclaré leur bilan. Pour cette raison, certaines sociétés présentes dans le
département ne figurent pas dans les tableaux.
Comment ? Ces données officielles sont collectées auprès des greffes des tribunaux
de commerce dans les semaines qui précèdent leur publication. Les entreprises ne
déclarant pas leur bilan ne peuvent donc
pas figurer dans ce palmarès.
Quant aux secteurs d’activité, ils ont été
établis par rapport au code NAF d’appartenance de chaque société. La NAF (nomenclature des activités françaises) est élaborée par l’Insee.
Quand ? Les chiffres indiqués sont ceux des
bilans clôturés en 2013, 2014 voire 2015.
Combien ? Les valeurs sont exprimées en
« kilo euros ». Cela signifie que s’il est écrit
1 700 K€, il faut comprendre 1 700 000 euros.
Quoi ? Outre le rang de classement, la dénomination et la commune de domiciliation du siège social, ces tableaux mentionnent les derniers chiffres hors taxes
déclarés par chaque entreprise soit : son
chiffre d’affaires (CA), son chiffre d’affaires
export (égal à 0 quand l’entreprise n’a pas
d’activité à l’étranger) et son résultat net
à la date de clôture de leur bilan.
Par ailleurs, est indiquée pour chaque
société, l’évolution en pourcentage de son
dernier chiffre d’affaires connu par rapport à celui de l’année précédente. Pour le
même numéro siren, elle a été calculée sur
la base de bilans de même durée et sur la
même période (exemple : de janvier à décembre). Quand seul le dernier CA est disponible, cette évolution n’a pas été calculée.
Enfin, par défaut, les entreprises des classements ne font pas état de chiffres consolidés (pour un groupe, somme des chiffres
des entités le constituant). Cependant, certains chiffres consolidés sont indiqués si
le groupe en a fait communication.
De ce fait, certaines entités d’un groupe
peuvent figurer en leur nom alors que le
nom de leur groupe d’appartenance figure aussi dans le classement.
28 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
WWW.SUDOUEST.FR
Mericq déchaîne l’innovation
ESTILLAC L’entreprise spécialiste des produits de
la mer n’hésite pas à investir pour enrichir sa gamme
ans cette recherche permanente des
moyens humains et techniques à développer en vue d’améliorer la qualité de ses produits, et d’offrir de nouvelles
propositions à ses clients, alors peut-être
que Mericq Innovation, du groupe éponyme, ne serait pas devenu ce qu’il est aujourd’hui : une marque et un savoir-faire
reconnus dans le domaine des produits de
la mer.
C’est à Estillac que la société, sous la responsabilité de Charlotte Abadie, a installé
son atelier de transformation où une centaine d’employés opère en fonction de la
saison. « L’été et les fêtes de fin d’année sont
des périodes importantes pour nous. » Et
dans la perspective de Noël, rappelons utilement que Mericq a construit sa réputation sur le saumon et sa découpe. 1 100 tonnes ont ainsi été traitées l’an dernier.
« Comprendre notre process, nécessite
de préciser que notre ligne de découpe est
à la fois automatisée et personnalisée, avec
des opérateurs spécialement formés pour
accompagner manuellement les différentes étapes de la chaîne », rappelle Charlotte
Abadie. Le saumon entre en une seule pièce
pour, au bout des séquences, sortir en filets
conditionnés ou en pavés pour les bancs
de poissonneries des commerces de proxi-
S
mité et de la grande distribution. Le produit est fini sur-mesure, fileté, paré, désarêté, pelé, portionné et d’une excellente
qualité, avec des contrôles à l’arrivée de la
matière première, pendant son traitement
et enfin avant son expédition. « Nous en
traitons cinq tonnes chaque jour et pouvons aussi transformer le saumon en tartare », complète la responsable, rappelant
que chaque produit est d’une totale traçabilité.
Réinvention des codes
Toujours dans l’objectif de s’adapter aux
nouveaux modes de consommation, l’entreprise a été une des premières de France
à installer des lignes de conditionnement
Darfresh. La première a été implantée en
novembre, la seconde en avril. « La Darfresh
est un conditionnement innovant basé sur
l’utilisation de films thermoformés qui
épousent la forme du produit. C’est une réinvention des codes des rayons marées en
libre-service. On peut sortir en une heure
200 colis de six barquettes de poissons ou
de fruits de mer », détaille Charlotte Abadie. 400 000 euros ont été investis pour
l’acquisition de la dernière chaîne. « Notre
équipe de recherche et développement se
concentre sur des process qui permettent
Mericq propose désormais des produits de la mer sous films thermoformés qui épousent
leurs formes, grâce à une nouvelle chaîne de conditionnement. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD
de vider le poisson de ses inconvénients.
Mais aussi de gagner sur la fraîcheur en travaillant sur les dates limites de consommation. »
Et toujours au chapitre des innovations
techniques, indiquons que Mericq Innovation, c’est aussi un atelier de fumaison du
saumon par friction à froid, une ligne de
fabrication de brochettes de poissons frais
chaque été (30 tonnes en 2014) et de plateaux gril (144 tonnes) et encore des cellules de décongélations par injection de vapeur d’eau et de surgélation par cryogénie
ou des productions de sauces sans additifs,
colorants ou conservateurs.
CHRISTOPHE MASSENOT
« Des projets
et de l’ambition »
ESTILLAC JeChange.fr, déjà bien installé dans le paysage
numérique local et national, ne cesse d’innover afin d’être
au plus près des évolutions de la société
Basé à l’Agropole, à Estillac, JeChange.fr est
un comparateur d’offres à la fois d’assurances – santé et habitation principalement –,
d’énergie et de télécoms. Concernant ces
deux derniers domaines, l’entreprise est leader sur le marché français. L’aventure a démarré en 2007, avec, dès le début, un pari
unique dans le secteur : adopter un positionnement généraliste. À l’inverse de la concurrence, « on a fait le pari d’aider les Français à
baisser leurs factures de la vie courante en
les prenant dans leur globalité », explique
Philippe Goold, directeur général de l’entreprise. Aujourd’hui, JeChange.fr compte près
de 90 collaborateurs et, sur les deux dernières années, pas moins d’une cinquantaine
de postes supplémentaires ont été créés. En
2014, son chiffre d’affaires était de 8,4 millions d’euros et l’entreprise, qui a « toujours
des projets et de l’ambition », ne compte pas
s’arrêter là.
« À nous de quintupler ce chiffre »
Un nouveau projet d’extension des bureaux
est en cours de finalisation, après un premier
agrandissement de 200 m2 il y a moins d’un
an. JeChange.fr a aussi dépassé les frontières
en ouvrant, début 2015, deux services à l’international : en Espagne et en Belgique. Autre innovation, « on est également en cours
de développement d’une grosse brique
qu’on appelle les finances personnelles et qui
comprennent des activités de banques en ligne et du crédit », précise Philippe Goold. JeChange.fr compte aussi, depuis novembre
2014, une application pour smartphone avec
déjà plus de 1 500 utilisateurs.
Si les particuliers demeurent son cœur de
cible, l’entreprise se tourne peu à peu vers les
petits professionnels en rebondissant sur la
fin, d’ici 2016, des tarifs réglementés du gaz
et de l’électricité pour les entreprises, mais
aussi de l’obligation pour les employeurs, à
partir du 1er janvier, de proposer une mutuelle à leurs salariés. Car depuis plusieurs
mois, des petits professionnels viennent aussi chez JeChange.fr. « On a identifié ce besoin
et on est en train de structurer une offre aux
entreprises qui comptent jusqu’à sept-huit
salariés, qui n’ont pas les infrastructures ni
les équipes pour peser auprès des opérateurs
ou pour comparer et étudier. » Ils sont au-
Philippe Goold, directeur général de JeChange.fr, est convaincu du potentiel de l’Agenais.
PHOTO JECHANGE.FR
jourd’hui près de 200 tous les mois à passer
par leurs services. « À nous de quintupler ce
chiffre. »
Dans un département rural comme le Lotet-Garonne, JeChange.fr peut parfois faire figure d’ovni. Son implantation dans l’Agenais
n’a rien d’illogique pour Philippe Goold : « Et
pourquoi pas ? On est tellement bien ici ! En
tant qu’entrepreneur, j’y ai trouvé tous les
profils que je cherchais, une qualité de vie,
une fidélité du personnel, des infrastructures pour travailler… Dans le secteur numérique, je pense qu’on a vraiment du potentiel ici. Il n’y a donc pas de raisons pour qu’on
n’arrive pas à développer plusieurs entreprises du numérique dans l’Agenais. Une locomotive qui a réussi localement, c’est toujours
bon pour en attirer d’autres. » Autre marque
de son attachement au territoire : JeChange.fr est, cette année, fournisseur officiel du SUA.
Déjà partenaire l’année dernière, il marque avec cette étape sa volonté de « rendre
quelque part à l’Agenais ce que l’Agenais
nous a apporté. Il y a plein de valeurs du rugby qu’on peut utiliser en entreprise et qui
correspondent aux nôtres. »
CHIARA PERSONNE
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Publicité Sud Ouest éco 29
30 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Optimum ou l’optimisation
de la ligne de process
LE PASSAGE D’AGEN Le leader européen de la porte de placard revoit son système de production
’usine du futur ne passerait-elle que par
la robotisation et la numérisation des
process ? Ce serait tout de même réducteur. Quand on est numéro un européen de
la porte de placard, on a une propension, fatalement, à ne fermer aucune porte et en ouvrir le plus possible. Chez Optimum, 193 salariés, 55 millions de chiffre d’affaires,
l’automatisation du process est déjà engagée depuis longtemps et c’est pourquoi ses
coûts de revient pour la fabrication sur son
site du Passage-d’Agen, d’1,5 million de portes par an (essentiellement du sur-mesure),
sont très faibles. Et ceci sans avoir recours à
une matière première étrangère : les produits sont certifiés franco-français et durables (Origine française garantie et label PEFC
pour une forêt durable). Alors que faire, sinon réorganiser la chaîne de production autour du client et ainsi insuffler une nouvelle
culture productive ?
L
Mettre le client au centre
Au terme d’un audit, Optimum a monté une
équipe de projet d’une dizaine de personnes pour plancher sur le sujet et mettre en
place une nouvelle organisation qui serait
effective au plus tard d’ici deux ans. « L’idée,
ce n’est plus produire parce qu’il faut produire, explique Jean-Luc Guéry, le PDG de la
société passageoise. C’est le schéma traditionnel qui conduit fatalement à de la surproduction, à la création d’un stock et à immobiliser de l’argent au risque de le perdre
si la commercialisation dudit produit s’interrompt. Nous souhaitons un changement
culturel en reliant l’opérateur directement
au client. Mettre ce dernier au centre de notre atelier. C’est l’axe stratégique. On va ga-
Jean-Luc Guéry (à droite), PDG d’Optimum, et Frédéric Saint, reponsable de production, prônent un changement culturel. PHOTO ARCHIVES TH. SUIRE
gner en réactivité. Avant, le stock camouflait
le problème mais cela avait un coût. Cela dit,
cette stratégie répond également à une démarche responsable, sociétale et environnementale. »
Changement culturel
Une première phase du travail à accomplir
dans cette optique devrait être mise en œuvre avant la fin de l’année. Le but, in fine, est
donc pour Optimum de produire en fonc-
tion des flux et donc de la demande de la
clientèle (pour l’essentiel les GSM du bricolage et le négoce en matériel) sans avoir à
puiser dans un stock coûteux tout en se préservant d’éventuelles pannes de machines.
Il s’agira d’investir dans l’ergonomie mais
également de rassembler les salariés autour
d’un projet d’entreprise « fédérateur ». « Il
faut donner du sens à ce que l’on fait au quotidien, explique Frédéric Saint, responsable
du projet chez Optimum. L’usine du futur,
c’est 20 % d’outils et 80 % de changement
culturel. Si on n’associe pas l’opérateur au
processus, on ne peut pas réussir. »
Même son de cloche chez Jean-Luc Guéry.
« La valeur d’une entreprise, ce sont ses hommes. Un dirigeant qui ne serait qu’un technicien ne pourrait pas y arriver. Il faut privilégier l’humain dans ses capacités
managériales. » L’usine du futur, c’est celle
où l’homme prend toute sa place.
BASTIEN SOUPERBIE
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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32 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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De Sangosse, un modèle
ancré sur le territoire
raconte Christophe Zugaj, le responsable
de communication et des études.
PONT-DU-CASSE
La société internationale,
spécialisée dans la
protection des plantes,
s’est construite
sur un modèle original
« Origine naturelle »
La formule fonctionne : en l’espace de vingtcinq ans, l’effectif du groupe passe de 80 à
760 et son chiffre d’affaires est multiplié par
cinq. Les bénéfices sont réinvestis dans la
recherche et développement. Ces trois dernières années, ce sont 30 millions d’euros
qui ont été injectés dans la recherche avec
pour objectif de doubler le chiffre d’affaires
à l’international et de consolider sa place
de leader sur ses marchés stratégiques.
L
’entreprise De Sangosse qui, dans le
secteur de la protection des plantes, a
conquis sa place au soleil, à l’ombre
des multinationales que sont les mastodontes Bayer, Syngenta ou BASF, s’est forgée une
réputation internationale dans l’un de ses
domaines d’expertise qu’est la lutte, au
moyen d’appâts, contre les ravageurs. Limaces, escargots, golden apple snail chinois
(qui s’attaque aux rizières), bicho bolita sudaméricain (sorte de cloporte) ou noctuelles
(lépidoptère), pour chacun de ces nuisibles,
De Sangosse a développé des solutions techniques spécifiques.
Capital 100 % français
Mais si la société cassipontine poursuit encore sa croissance, disposant de onze usines dans le monde, avec des mises sur le
marché de ses produits (protection, nutrition, bio contrôle, adjuvants, etc.) dans une
cinquantaine de pays, c’est parce qu’au-delà
de son savoir-faire, elle a construit une
structure capitalistique « unique en
France » qui la protège des appétits extérieurs. Et lui garantit son indépendance. En
maîtrisant son capital, De Sangosse garde
la maîtrise complète de sa stratégie d’entreprise.
« Avec un capital 100 %
français, détenu à 78 %
par les salariés,
De Sangosse emploie
760 personnes et
développe 340 millions
de chiffre d’affaires »
Avec une répartition équitable de l’actionnariat entre les salariés, tous métiers confondus,
De Sangosse cultive sa différence. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE
Avec un capital 100 % français, détenu à
78 % par les salariés, à 14 % par sa famille fondatrice et à 8 % par un groupe d’investisseurs (Unigrains, Multicroissance, Avril et
BNP Paribas), De Sangosse emploie 760 salariés et développe un chiffre d’affaires de
340 millions d’euros (pour l’année 2015,
dont 37 % à l’international) sur un territoire
sur lequel il est solidement ancré. « La philosophie de De Sangosse s’appuie sur une
vision à long terme, une gouvernance qui
privilégie la prise d’initiatives et la réactivité, et l’allocation prioritaire des bénéfices
vers la croissance de l’entreprise », détaillet-on chez De Sangosse, une société créée en
1926 et où la culture d’entreprise n’est pas
un vain mot.
Le basculement intervient en 1989 quand
l’entreprise est rachetée par ses propres salariés. « Dotée d’un capital à l’abri des fluctuations et considérations de court terme,
De Sangosse prend alors un nouvel élan »,
De Sangosse vient d’ailleurs de créer en
mars 2015 « BioPlantProtec », une unité de
recherche et de développement avec le Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV – Université Toulouse III – Paul Sabatier/CNRS).
« L’avenir de l’agriculture passera aussi
par l’identification de nouvelles stratégies
agronomiques respectueuses de l’environnement, explique Christophe Zugaj. Parmi
ces stratégies, les produits d’origine naturelle visant à améliorer la protection des
cultures végétales contre les maladies et les
adventices (produits de biocontrôle), contribueront à la réduction de l’usage des molécules issues de la chimie de synthèse. »
BASTIEN SOUPERBIE
Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 33
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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L’agroalimentaire en vedette
AGEN Le lycée Jean-Baptiste-de-Baudre abrite une exposition conçue pour découvrir tous les métiers
de la filière agroalimentaire. Dans ce secteur, le Lot-et-Garonne est particulièrement pourvoyeur d’emplois
L
e cluster Fruits et Légumes Nutrition Santé a lancé, depuis le 12 octobre, l’exposition interactive d’Aquitaine Cap Métiers
sur les professions de la transformation alimentaire, à découvrir jusqu’au 15 décembre prochain au lycée Jean-Baptiste-de-Baudre à Agen
(entrée gratuite mais inscription obligatoire au
05 57 81 58 71 ou www.aquitaine-cap-metiers.fr).
Cette exposition est destinée au grand public, et principalement aux jeunes et aux demandeurs d’emploi (à l’initiative de professeurs
de collèges ou lycées, centres de formation, Missions Locales, PLIE, Maisons de l’emploi, collectivités locales et toutes autres structures ayant
le souci d’apporter une information « métiers »
à ses publics).
Son ambition est d’explorer les débouchés
de l’agroalimentaire et d’en revaloriser l’image
auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi,
de favoriser l’orientation professionnelle vers
les différents métiers offerts par cette filière et
de permettre, à terme, aux entreprises locales
de disposer d’un vivier de jeunes actifs, motivés
et formés.
Cet événement accueilli par le lycée De-Baudre d’Agen est organisé par la CCI du Lot-et-Garonne, qui porte le cluster Fruits et Légumes Nutrition Santé, avec le soutien du Conseil
départemental, proposé par Aquitaine Cap Mé-
tiers (soutenue notamment par le Conseil régional aquitain et le Feder).
L’exposition interactive présente entre autres choses des produits agroalimentaires fabriqués dans le département, issus en grande
majorité de l’exposition permanente « Savoirfaire industriels et innovations », dans les locaux de la CCI 47. Des produits dont on ignore
parfois qu’ils sont fabriqués ici, tout près de
chez nous, alors que l’agroalimentaire représente un tiers de la filière industrielle du Lot-etGaronne et que son chiffre d’affaires est supérieur à celui de l’agriculture dans le
département ! Avec le café Launay et les douceurs de Favols à l’Agropôle d’Agen, les produits
bio et équitables de Danival au Moulin d’Andiran, Lucien Georgelin, deuxième confiturier
français, excusez du peu, qui fabrique ses délices fruités à Virazeil, les jus de fruits et autres limonades Vitamont à Monflanquin, Fruit Gourmet à Allemans-du-Dropt, les produits de la mer
de chez Mericq à Estillac, etc. Et encore, ce n’est
là qu’un petit échantillon de la filière agroalimentaire dans le département.
Des emplois variés
De quoi pourvoir des emplois et des emplois
variés, que ce soit dans la fabrication, le commerce, la logistique ou la maintenance.
L’organisation de cette exposition illustre aussi la collaboration entre l’enseignement
et l’industrie. PHOTO DR
« L’agroalimentaire ne régressera pas. Et c’est
un métier noble dans lequel on fait de bonnes
choses. C’est aussi une industrie qui est en train
de devenir très moderne », insiste le vice-président de la CCI du Lot-et-Garonne, Alain Bruga-
lières. Avec cette exposition, où sont attendues
500 personnes d’ici mi-décembre, c’est tout un
secteur porteur d’emplois qui veut entrer dans
la lumière.
BLANDINE PHILIPPON
34 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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L’œuf liquide, c’est du solide
DAMAZAN
La société l’Œuf Gascon,
basée à Damazan et
Villefranche-du-Queyran,
commercialise depuis
juin des œufs en poche.
1,5 million d’euros
ont été investis
«L
’avenir, c’est le local ! » Pascal Varescon, qui gère l’Œuf Gascon
avec son frère Denis, n’en démord pas, et reste les deux pieds ancrés
dans le sol : un à Villefranche-du-Queyran,
où sont installées les 500 000 pondeuses
de l’entreprise, l’autre à Damazan, avec
l’unité de conditionnement et de commercialisation, implantée près de la bretelle autoroutière depuis quatre ans.
Le local, c’est le grand Sud-Ouest, zone de
chalandise de la marque phare, l’Œuf de
nos villages, et des autres labels qui varient
selon les clients. Une échelle régionale dans
laquelle l’entreprise de Damazan se sent à
l’aise, avec une production de 170 millions
d’unités par an, réparties entre la grande
distribution (50 %), les grossistes de type
Métro (40 %) et le secteur industriel, essentiellement l’œuf liquide (10 %). Mais ce dernier poste est en nette progression et devrait prendre encore plus d’importance,
puisqu’il représente un tiers du marché européen.
Réduire les manipulations
« Nous avons investi 1,5 million d’euros dans
la création d’un nouveau produit commercialisé depuis juin dernier, des poches
d’œufs entiers pasteurisés et destinées aux
collectivités et aux industriels. Avec ces poches qui vont de 1 à 10 litres (on compte une
vingtaine d’œufs par litre), on se démarque
des autres. Le produit se conserve vingt-huit
jours, comme les œufs frais, et apporte un
gain de place et des facilités d’utilisation »,
explique Pascal Varescon.
« Nous pouvons répondre
à des petites commandes
très spécifiques. (...)
Le client n’aura plus
qu’à ouvrir la poche,
tout est prêt… »
Ces poches proposent un mélange travaillé
en fonction des demandes du client. Pour
empêcher le blanc et le jaune de se remélanger, les œufs sont propulsés sur une paroi plus ou moins fortement, et les particules obtenues, plus ou moins petites,
rendent le mélange plus ou moins liquide.
« Nous pouvons répondre à des petites commandes très spécifiques, par exemple élaborer une poche pour réaliser de la pâte à
chou, ou bien y intégrer d’autres produits,
sucre, sel, épices… Le client n’aura plus qu’à
ouvrir la poche, tout est prêt… »
Pascal et Denis Varescon entendent poursuivre leur développement local grâce à de nouveaux produits. PHOTO ARCHIVES J.-M. L.
Des types de produits qui intéressent par
exemple des clients comme ceux d’Agrotec.
On peut aussi imaginer, ce qui est déjà réalisé avec des œufs en coquille, des mélanges
avec un taux d’oméga prédéterminé. L’autre avantage du procédé est de réduire considérablement les manipulations et ainsi
les risques de contamination, et la pasteurisation élimine les salmonelles.
Marché fragile
« L’avenir, c’est le local », répète encore Pascal Varescon, lorsqu’il parle cette fois du
cycle de ses produits. L’entreprise fait
pousser ses propres céréales, qui vont
nourrir les poussins qui intégreront les
poulaillers. Et désormais, ce sont les excréments qui sont commercialisés localement avec succès. « Les fientes de poules
sont transformées en granulés vendus aux
agriculteurs pour l’épandage. Les maraîchers, les arboriculteurs, sont intéressés
et ça fonctionne particulièrement bien
pour la vigne. Ça marche très fort et nous
en avons commercialisé 4 400 tonnes en
un an, directement auprès des agriculteurs. Et les granulés se stockent facilement, ce qui nous a permis de réduire les
poussières et les odeurs. »
Dans un marché de l’œuf toujours fragile,
où les variations de prix, souvent artificielles, peuvent aller du simple au triple en
quelques mois, l’Œuf Gascon tire plutôt
bien son épingle du jeu, et présente un capital consolidé de 24 millions d’euros en
2014. La grippe aviaire, qui sévit encore aux
États-Unis, a amené les Américains à acheter davantage en Europe, tandis que les investissements pour se mettre aux normes
européennes (nombre de poules par cage)
ont été réalisés.
JEAN-MARC LERNOULD
Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 35
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les mâchoires sans frontières
PONT-DU-CASSE L’entreprise Sireix est spécialisée dans les prothèses dentaires. Grâce aux nouvelles
technologies, et notamment Internet, des marchés s’ouvrent à l’international. Les dents passent à l’ère 2.0
ubliés, les plombages qui donnent
des airs de méchant dans James
Bond ! Avec la révolution numérique, les ratiches sont passées à l’ère 2.0 et
le sourire Colgate a un bel avenir devant
lui. Christophe Sireix, PDG de la société de
prothèses dentaires éponyme, dirige avec
son frère jumeau Vincent une entreprise
devenue l’un des fleurons européens du
genre.
« La révolution de la dernière décennie,
c’est la fabrication assistée par ordinateur
(FAO). Désormais, les dentistes disposent
de caméras à empreintes optiques, qui
donnent une image très précise de la dentition de leurs patients », explique le prothésiste.
O
1,7 million d’euros de chiffre d’affaires en 2014
Les cabinets transmettent les clichés obtenus à Sireix par courriel, qui se charge ensuite de fabriquer des dents sur mesure. À
grand renfort d’imprimantes 3D et de machines d’usinage. L’entreprise a investi
2 millions d’euros ces cinq dernières années pour s’équiper en matériel de pointe.
Et pas question de perdre haleine. Grâce à
Internet, « de nouveaux marchés, comme
les territoires d’outre­mer ou l’Afrique, s’of-
Dénomination officielle
frent à nous. D’ailleurs, on l’oublie souvent, mais ce continent a une croissance
plus forte que la Chine… » Un choix
payant, le chiffre d’affaires de Sireix étant
en constante augmentation, de l’ordre
d’1,7 million d’euros en 2014, contre 1,2 en
2012.
Pas mal, pour une société qui emploie
neuf personnes. « Je me charge aussi de former des prothésistes d’autres firmes aux
logiciels actuels, poursuit le PDG. Et notre
savoir-faire étant reconnu internationalement, je donne des conférences sur le sujet de par le monde. »
Matériaux hybrides
La révolution dans le domaine concerne
surtout les nouveaux matériaux. Si l’impression 3D en offre un panel réduit, la situation pourrait bientôt changer. « Nous
travaillons actuellement avec une société
allemande sur les matériaux du futur,
comme la céramique hybride. » Une matière « bio­compatible » qui agresse moins
le corps et se révèle plus économique.
Pour, au final, des dents plus belles et résistantes.
Autre motif de réjouissances pour les jumeaux aux quenottes futuristes, l’obliga-
Commune
Les imprimantes 3D permettent aujourd’hui de diminuer les temps de fabrication
des prothèses dentaires, amenant ainsi des économies. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD
tion progressive pour les entreprises françaises d’assurer une mutuelle pour leurs
employés. « Cela va amener les mutuelles
à proposer plus de révisions dentaires. Si
les prix sont amenés à baisser, ils seront
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compensés par une augmentation exponentielle de la demande, que l’on chiffre à
30 %. » De quoi donner les crocs aux frères
Sireix.
ÉTIENNE CZERNECKA
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36 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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C2R, le credo
de la qualité
MIRAMONT-DE-GUYENNE L’entreprise
de menuiserie marie avec bonheur diversification
et innovation sur ses sites de Miramont-de-Guyenne
et Montaigu-de-Quercy
L
e nouveau volet battant en aluminium
à panneaux type lames horizontales et
les volets coulissants adaptés aux grandes baies, en aluminium, PVC ou bois, sont
parmi les dernières nouveautés de C2R. En
début d’année, l’entreprise a présenté une
nouvelle menuiserie composite PVC/fibre de
verre à la tenue mécanique optimale, avec
plus de clair de jour et de luminosité.
Comme credo novateur, C2R amplifie ses
efforts en direction de la « maison connectée », processus qui consiste à mettre en place
des systèmes-box de commande à distance
de fermeture ou d’ouverture de volets roulants notamment. « Le système est désormais
opérationnel et véritablement en cours de démocratisation, estime le président du directoire Franck Nuffer. Côté production, nos nou-
velles lignes sont entièrement automatisées.
Nous travaillons à la commande et l’organisation de nos ateliers de production se fera
progressivement, presque exclusivement en
flux tendu. L’informatique est omniprésente
et nous permet toutes ces évolutions. »
Un tutoriel efficace
L’accès clients par Internet (notices de pose,
tarifs, passage de commandes) est en cours
de mise en place. La création d’une chaîne
YouTube contenant plusieurs films d’aide à
la pose à destination des artisans- poseurs et
un film d’animation pour la motorisation des
volets battants, est l’une des dernières innovations de l’entreprise.
Sur sa filière de fabrication de volets bois,
C2R démontre son engagement pour un en-
Spécialiste des menuiseries bois, alu, composite et PVC, C2R se tourne désormais
vers le marché de la maison connectée. PHOTO ARCHIVES THIERRY SUIRE
vironnement durable et une démarche écologique affirmée grâce à l’utilisation d’un bois
respectueux de l’environnement et par le traitement de ce dernier, effectué sans solvants.
« Face à une concurrence accrue, selon Franck
Nuffer, l’usine du futur va nécessiter la mise
en place d’outils industriels performants et
l’automatisation des opérations de production les plus répétitives. Chaque ligne de produits est pourvue d’une cellule de réflexion
et de projet à cet effet. »
MICHEL ROUSSILLE
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Publicité Sud Ouest éco 37
38 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
Dénomination officielle
Commune
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Sud Ouest éco 39
« Nous devons
rester à la pointe »
NÉRAC Babcock Wanson, leader français de la
chaudière industrielle, mène des projets innovants
S
i elle a su résister, c’est en innovant.
La société Babcock Wanson, leader
français de la chaudière industrielle
et filiale du groupe CNIM, présente à Nérac
depuis plus de soixante ans, est allée de
l’avant. Difficile pourtant dans un secteur
où, comme le souligne le chef d’établissement et directeur industriel, François Blin,
« les produits fabriqués font la même chose
qu’il y a dix ans. La différence, c’est peut-être
que les boutons ont été remplacés par des
écrans tactiles ». Et si cela prête à sourire, il
n’en est rien puisque l’une des innovations
majeures de ces dernières années a été la
conception de chaudières connectées.
Alors que Babcock Wanson développe
son activité services – elle représente deux
tiers du chiffre d’affaires total qui, en 2014,
s’élevait à 90 millions d’euros dont 50 pour
le seul site néracais – en proposant, notamment, une aide à l’exploitation. La société
s’appuie sur les technologies embarquées
et l’automatisation. En parallèle, objets connectés et logiciels font leur apparition. Le
but ? Permettre à l’exploitant de contrôler
les différents paramètres de la chaudière
directement sur son smartphone. « Avant,
Dénomination officielle
une présence humaine était nécessaire. Aujourd’hui, un programme s’occupe de tout.
Et, en cas de problème, un simple SMS suffit à prévenir un technicien qui se rend sur
place », explique François Blin. Une petite
révolution donc, déjà en place depuis cinq
ou six ans.
Les salariés impliqués
Inscrite dans le programme de la Région
Aquitaine, « usine du futur », qui lui a permis de réaliser un diagnostic en juin 2014,
la société a également engagé les 150 salariés du site néracais (1) dans la démarche.
« Nous avons mis en place des groupes de
travail. Cela a permis aux gens de s’exprimer et de travailler ensemble. C’est aussi
ça, l’usine du futur », lance François Blin.
De manière plus concrète, au sein du
pôle recherche et développement et de la
station d’essai, d’autres projets sont en
cours. Parmi eux, Demoxya, débuté il y
a trente mois et subventionné par l’Agence
de l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie (Ademe), concerne un autre des
produits fabriqués par Babcock : les brûleurs. « L’objectif est de créer des brûleurs
Commune
« Nous ne réfléchissons pas l’innovation en termes de budget », dit François Blin. PH. M. R.
de 8 mégawatts, qui rejetteront moins
d’oxyde d’azote », précise le directeur industriel qui espère une commercialisation
d’ici fin janvier.
Vers le stockage thermique
Et la société souhaite aller plus loin. Avec
EMR’Stock, elle étudie un dispositif capable de convertir et stocker sous forme de
chaleur des surproductions énergétiques.
« L’idée est de faire des unités de stockage
que l’on placerait à côté des fermes éoliennes, par exemple, puis de restituer l’énergie en régénérant de la vapeur, explique
François Blin. Nous sommes toujours dans
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le domaine de la chaufferie, nous avons des
produits à placer. » Un système dont un premier prototype est en cours de réalisation.
Concernant le coût de ces innovations,
le directeur industriel ne donne aucune
précision : « Nous ne réfléchissons pas cela
en termes de budget. Nous savons que
nous devons être à la pointe pour rester
concurrentiels, nous le faisons. Il faut juste
que ce soit rentable, concret. »
MATHILDE ROYER
(1) Babcock Wanson, également implantée en
Europe et au Maghreb, compte 650 salariés,
dont 350 en France.
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40 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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De l’énergie à revendre
ROQUEFORT Depuis 2010, Fonroche s’est doté
d’un service Recherche et développement chargé
d’imaginer les innovations de demain
P
our Yann Maus, son fondateur, « Fonroche fait partie de ces rares petits
fabricants qui ont survécu à la concurrence ». Créé en 2008, le groupe poursuit son petit bonhomme de chemin. Aux
modules photovoltaïques se sont rajoutés
de nouveaux marchés : la géothermie et la
méthanisation. De sa première serre solaire construite en 2009, l’entreprise lotet-garonnaise essaime désormais sur toute
la planète : Inde, Kazakhstan, Mexique, Abu
Dahbi…
Fonroche, et ses 190 salariés, est aussi
une entreprise qui se consolide au fil des
exercices. En 2014, le volume d’activités atteignait 94 millions d’euros et devrait frôler 100 millions d’euros cette année. Si ces
données démontrent une « bonne santé financière », selon les mots du fondateur,
c’est pour une raison principale : la création, voilà cinq ans, d’un service entièrement dédié à la recherche et au développement dans lequel travaille une vingtaine
d’ingénieurs et techniciens. « Il faut constamment se réinventer, travailler sur de
nouveaux produits et sur la baisse des
coûts », répète comme un leitmotiv Yann
Dénomination officielle
Maus. Et de rappeler le cas de l’entreprise
Nokia qui – en ne prenant pas le virage des
écrans tactiles – a perdu une grande part
de compétitivité dans la téléphonie. Car
pour prétendre à être une usine du futur,
une entreprise doit constamment, selon
l’entrepreneur, apporter toujours plus de
valeur ajoutée à ses produits. « Aujourd’hui, le photovoltaïque s’est banalisé. L’enjeu pour nos chercheurs, c’est donc
de rendre nos systèmes plus intelligents,
notamment dans le cas du solaire, au niveau du stockage et la gestion de l’énergie », précise-t-il.
Un exemple ? Il y a quelques semaines,
Fonroche a été capable de reprogrammer
l’éclairage de ses candélabres solaires – installés sur l’aéroport de Koweït City – à distance, depuis le siège de l’entreprise. « Sur
ce produit, les recherches vont nous permettre de proposer bientôt une nouvelle
génération qui sera 30 % plus puissante et
dont le coût sera inférieur de 25 %. »
Dominer la concurrence
Le service Recherche et développement est
essentiel dans un marché ultra-concurren-
Commune
Yann Maus, le président-directeur général et fondateur de la société spécialisée entre autres
dans le photovoltaïque. PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD
tiel. Mais ce n’est pas le seul moyen qu’a
trouvé Yann Maus pour garder une longueur d’avance. « En 2011, nous avons investi 8 millions d’euros dans une chaîne
de production largement automatisée. »
Outre qu’elle produit davantage que l’installation précédente (65 MWc au lieu de
25 (1)), celle-ci réduit au maximum l’intervention humaine. Un gage de qualité selon Yann Maus mais aussi une nouvelle
possibilité de réduire les coûts de production. « Cela donne aussi un certain confort
à nos salariés car nous pouvons leur con-
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fier des postes plus valorisants », ajoute-til. Un confort aussi pour les carnets de
commande de l’entreprise qui, outre le
lancement de son méthanisateur dans le
Villeneuvois ce mois-ci, compte sur plusieurs autres gros chantiers, notamment
un forage géothermique en Alsace et le lancement d’une centrale solaire à Porto Rico.
ROMAIN BARUCQ
(1) Le mégawatt crête (ou MWc) est une unité permettant de mesurer la puissance électrique fournie.
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JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Publicité Sud Ouest éco 41
42 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Berger-Levrault
admis en clinique
VILLENEUVE-SUR-LOT Avec la prise
de contrôle de Sigems, le groupe Berger-Levrault
vient de faire son entrée dans le secteur privé
des cliniques
D
ans quelques semaines, le nom de
Berger-Levrault devrait précéder
celui de Sigems sur les panneaux
de signalisation de la zone commerciale
de Parasol à Villeneuve-sur-Lot. En avril
2014, le groupe international s’est « offert »
la société Sigems, fondée en 1981 par JeanClaude Fourès, leader français dans la gestion informatique des dossiers de plus de
300 cliniques en France.
Une opération qui s’est faite « sans douleurs » pour son fondateur, qui désirait se
reposer « sur ses lauriers », après avoir
réussi à mettre sur pied une société à la
pointe de la technologie avec la réalisation
d’un projet d’avant-garde. Berger-Levrault,
qui emploie aujourd’hui 1 400 salariés,
spécialiste dans l’édition de solutions informatiques et de documents (papiers et
numériques), destinés aux administrations, compte plus de 28 000 établissements parmi ses clients (mairies, Conseils
Dénomination officielle
régionaux, départementaux, hôpitaux,
maisons de retraite…). Le rachat de Sigems
par ce groupe fondé il y a 350 ans, lui permet de couvrir la totalité du spectre national du marché de la santé en entrant dans
le secteur privé des cliniques. Le savoirfaire développé grâce à la compétence des
techniciens de la société villeneuvoise et
ses infrastructures ont joué un rôle déterminant dans la décision de Berger-Levrault
d’investir à Villeneuve-sur-Lot.
Data center agréé
Le data center, agréé pour l’hébergement
des données de santé, est la partie immergée du bâtiment en bordure du Lot. Une
zone de haute sécurité, où tournent, vingtquatre heures sur vingt-quatre tout au
long de l’année, des centaines d’ordinateurs, dont la particularité est d’être refroidis par un liquide à base d’eau réfrigérée.
Berger-Levrault vient d’ailleurs d’investir
Commune
Gérard Massoni, le directeur de la convergence et du développement de Sigems, est entouré
de 45 collaborateurs de haut niveau. PHOTO ARCHIVES A. D.
dans de nouvelles machines qui multiplient par dix la capacité de stockage, sans
pour cela « dépenser plus d’énergie ». Pour
donner une idée du gigantisme de ces installations, la « box », qui permet de relier
le particulier à internet, mesure ici l’équivalent de deux armoires normandes.
Ce data center, boosté aux gigaoctets, va
permettre d’élargir l’offre d’hébergement
pour le groupe qui imagine déjà ce que
sera notre vie demain : « Il se profile aux
travers de nos solutions, des innovations
qui vont apporter de nouveaux services
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aux citoyens et plus de confort aux patients, notamment avec les objets connectés », prédit Gérard Massoni, le directeur
de la convergence et du développement de
la société basée à Villeneuve-sur-Lot. Forte
de 45 ingénieurs et techniciens de haut niveau, l’entreprise génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 6 millions d’euros.
C’est l’autre « interface » de Berger-Levrault,
que d’imaginer l’avenir en misant sur l’intelligence de ceux qui sont chargés, aujourd’hui, de le mettre en œuvre demain…
ANDRÉ DOSSAT
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Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 43
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Plastinov
croit en l’éolien
MARMANDE Le groupe vient de s’associer avec le
Breton Carboman, un partenaire de dimension européenne
S
pécialiste de la production de pièces
pour bateaux, avions et automobiles
en matériau composite, Plastinov
s’est aussi tourné vers la confection de pales et de nacelles d’éolienne. C’est devenu
l’une des activités principales des trois sites de production de Marmande, Samazan
et Blanquefort en Gironde.
Plastinov vient de fusionner avec le
groupe breton Carboman, installé à Vannes dans le Morbihan. Et ce mariage-là crée
une satisfaction non feinte dans l’entreprise lot-et-garonnaise. « Nous projetions
déjà de nous démarquer de la concurrence internationale par une implication
accrue dans les secteurs de la recherche et
de l’innovation, assuraient il y a peu Olivier Clercy et Fabien Baumann, les directeurs. Mais notre association avec le
groupe breton, envisagée de longue date
et récemment conclue, vient nous donner
un coup de pouce et un nouvel allant ! »
Carboman, pour la petite histoire, est
lui-même issu de la fusion de Multiplast,
entreprise de chantiers navals, construc-
Dénomination officielle
teur de yachts, monocoques et multicoques (dont celui du skipper Loïc Peyron)
et de l’entreprise suisse Décision SA. Ils forment à eux deux un groupe de dimension
européen.
Un jour, des pales d’éolienne recyclables
« Nous allons pouvoir développer des synergies, a commenté Fabien Baumann. Il
va désormais y avoir un partenariat étroit
et une complémentarité entre Vannes et
nous-mêmes, ce qui va nous permettre
d’élargir la compétence du groupe. Nous
allons devenir ultra-compétitifs et surtout
crédibles aux yeux des grands groupes
français. »
Plastinov, qui compte déjà EADS Astrium, Thalès Service, Areva, Lisi-Creuzet
Aéronautique ou la SNCF comme clients,
compte bien étendre son rayon d’action.
Il a par ailleurs créé Plastéol, une filiale
qui a pris en charge la maintenance des
pales et nacelles d’éoliennes. Parce que ces
dernières subissent les agressions répétées de la pluie, du vent, de la grêle et des
Commune
Fabien Baumann, directeur de Plastinov, sur le site de Samazan. PHOTO SOPHIE CARBONNEL
orages. Au rayon de la recherche, Plastinov
se penche assidûment sur un projet à
moyen terme qui consistera à fabriquer
ces mêmes pales d’éoliennes à base de fibre de lin ou de chanvre. « Nous sommes
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partie prenante au sein d’un cluster qui réfléchit activement à cette éventualité », indique Fabien Baumann. La recherche est
lancée !
MICHEL ROUSSILLE
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44 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Le tout-terrain de l’électrique
BOURRAN Créée à la fin des années 1990, la société Goupil, passée en 2013 sous le giron
de l’Américain Polaris Work & Transportation, poursuit sa quête du véhicule de demain à travers le monde
L
e logo au renard futé de Goupil s’affiche
toujours sur la façade de l’usine de Bourran, mais il est désormais flanqué d’autres blasons, signe que la famille s’enrichit. Polaris Work & Transportation, le groupe
américain qui a racheté l’entreprise lot-et-garonnaise en 2011, a également ramené dans
son giron les constructeurs Mega, Gem et Brutus. Un pôle du véhicule électrique qui permet
une synergie en matière de recherche et développement, sans enlever sa spécificité à Goupil.
Goupil a été créé à la fin des années 1990 par
Daniel Duclos (Accès Industrie) et Thierry Zerbato, et ce dernier vient d’en reprendre la direction générale. L’entreprise appartient aux
leaders français du véhicule électrique utilitaire, et le site de Bourran produit entre 1 200
à 1 500 véhicules par an avec une centaine de
salariés.
« Polaris a repris en 2013 Mega, qui était notre principal concurrent pour les véhicules
utilitaires électriques. Son activité pièces détachées a été transférée ici et nous nous occupons du service après-vente et du dépannage.
Les véhicules de cette marque restent produits
à Aix-les-Bains, mais ils sont vendus à Bourran », explique Thierry Zerbato. Le SAV et la distribution européenne de la marque Gem seront également centralisés en Lot-et-Garonne,
ainsi que l’assemblage final, au premier trimestre 2016.
Compatibles sur les deux continents
Les progrès de Goupil s’en ressentent, et ce
malgré la crise : « Nous développons le marché allemand de façon exponentielle, celui-ci
est potentiellement supérieur à la France »,
commente le directeur général. L’Angleterre
est également en ligne de mire, « et nous sommes présents en Italie, en Espagne, tandis que
nos premiers véhicules partent vers Israël et
les pays du Golfe ». L’atout du constructeur
français est la production d’une gamme très
Le site de Bourran produit entre 1 200 et 1 500 véhicules par an sous la houlette de Thierry Zerbato, directeur général de Goupil. PHOTO DR
simple au départ, notamment avec le G3,
« cœur de métier » de Goupil, un utilitaire
pourvu d’un châssis de base sur lequel peuvent se décliner à volonté toutes sortes d’équipements : mini-grues, plateaux basculants,
nettoyeurs haute pression, etc. On est presque
dans le domaine du tuning… Et la gamme
s’est élargie avec le G5, davantage taillé pour
la route, et le G1, dernier en date, à vocation industrielle.
Côté technologie, Goupil propose désormais des batteries au lithium sur son G5.
Moins lourdes, elles permettent d’augmenter
la charge utile et occupent moins de volume.
« Elles ont aussi l’intérêt de pouvoir être char-
gées à tout moment, sans devoir les laisser
branchées 5 ou 6 heures. » Et si elles sont plus
chères, ces batteries restent attractives par les
possibilités offertes.
La gamme s’est élargie et de nouveaux modèles sont en cours de conception, menés de
front par les bureaux d’étude du groupe, autant aux USA qu’en France. « Un travail
d’équipe qui permet aussi à nos modèles
d’être compatibles d’un continent à l’autre »,
ajoute Thierry Zerbato.
En 2014, Goupil a affiché un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros, et prévoit 28 à
30 millions pour 2015. « Le marché du véhicule
électrique profite des aides gouvernementa-
les accordées à nos clients, et nos G5 remplacent par exemple des utilitaires thermiques
de la Ville de Paris ou de Marseille, mais il faut
continuer d’être astucieux et innovant », prévient Thierry Zerbato, qui a encore en mémoire les oiseaux de mauvais augure des débuts de Goupil : « Ça ne marchera jamais… »
Le site de Bourran a su passer le cap, grâce à
son rachat par Polaris, et parmi sa centaine de
salariés, ceux qui ont le permis moto peuvent
emprunter le week-end une magnifique Indians, autre marque rachetée par les Américains. Pas très électrique certes, mais à l’image
de Goupil, ça tient la route…
JEAN-MARC LERNOULD
Lot-et-Garonne Sud Ouest éco 45
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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MGA sur la bonne trajectoire
VILLENEUVE-SUR-LOT Depuis son rachat en 2013 par le groupe ARM, ce sous-traitant aéronautique
de rang 2 connaît, grâce à de nouveaux moyens de conception et de fabrication, un second décollage
A
irbus, Boeing, Eurocopter, Dassault,
Bombardier, Daher… Depuis plus
de dix ans maintenant, MGA fournit les équipementiers qui travaillent en
lien direct avec ces fleurons de l’industrie
aéronautique. Les certifications internationales en poche, l’équipe dirigeante sait
pourtant que sur ce marché ultra-concurrentiel, « il faut faire mieux tous les jours
sur toutes les productions ».
À Villeneuve-sur-Lot, MGA s’est fait un
nom dans la conception et la réalisation
de pièces d’aluminium de haute précision
qui viennent se loger dans la carlingue, les
ailes, le cockpit des pilotes, les systèmes
de ventilation ou les fauteuils des classes
business de l’A380 par exemple. Les leviers
de gaz de l’A320 ou le joystick de commande que les pilotes ont en main comptent parmi leurs réalisations.
Gains de productivité élevés
Nouvel objectif de Patrick Bernède et Stéphane Buffa qui, suite au rachat de MVA
par le groupe ARM en 2013, ont constitué
l’actionnariat avec le PDG d’ARM : s’attaquer à la partie moteur. Pour ce faire, la petite entreprise de 60 salariés, qui a vu son
chiffre d’affaires passer de 5 à 6 millions
d’euros depuis 2013, se donne les moyens
de ses ambitions. L’intégration au sein
d’ARM a permis d’étendre l’unité de production à un bâtiment jusqu’alors inoccupé. Une nouvelle organisation de travail
et l’optimisation de la réalisation des séries ont permis de gagner en rentabilité.
MGA a ainsi investi dans de nouveaux logiciels de conception informatique et formé ses équipes. Le diagnostic établi par un
consultant dans le cadre du programme
« usine du futur » porté par la Région Aquitaine a confirmé ses orientations et la nécessité d’investir dans l’outil de production. En plus de la conception et de la
fabrication assistées par ordinateur
(CFAO), les trois dirigeants programment
1,2 million d’euros d’investissements en
deux ans, avec l’aide de la Région, pour acquérir de nouvelles machines et améliorer le cadre de travail des salariés, notamment par la création d’un système de
climatisation qui rend plus supportable
la cohabitation avec les machines qui usinent l’aluminium dans sa masse.
Nouveaux programmes
« Sur de bons rails », MGA entend désormais continuer à accompagner la crois-
Patrick Bernède, directeur commercial et qualité de MGA, le sait : dans l’aéronautique, aucun
défaut ni retard n’est admis. PHOTO J. P.
sance du groupe ARM qui a réalisé l’an dernier 32 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est fixé comme objectif d’atteindre
un premier palier à 40 millions. Les marchés en croissance, comme celui de l’A320
et les nouveaux programmes, tels l’A350
ou l’A330 Neo, combinés aux nouveaux
moyens de production dont ils disposent,
leur offrent de bonnes perspectives.
JULIEN PELLICIER
46 Sud Ouest éco Lot-et-Garonne
JEUDI 5 NOVEMBRE 2015
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Les robots,
ces employés
à part entière
SAINTE-COLOMBE-EN-BRUILHOIS
La société Comasir s’est spécialisée dans la robotique
au service des entreprises et de leur compétitivité
n matière d’innovation visant à pallier
la pénibilité de certaines tâches répétitives sur les chaînes de production,
la robotique a le vent en poupe. Sauf dans
le Sud-Ouest où la région accuse un sacré retard en la matière… Une aubaine pour Laurent Beaumont et Adrien Loubrie qui, après
avoir travaillé dans l’agroalimentaire pendant une dizaine d’années, ont lancé leur
entreprise Comasir, dédiée aux constructions de machines industrielles en 2011, et
implantée sur la commune de Sainte-Colombe-en-Bruilhois.
Dans leurs 800 m2 d’ateliers et leurs 50 m2
de bureaux, le duo d’entrepreneurs revendique son autonomie. « Nous livrons robots
et logiciels clés en main grâce à notre bureau d’étude interne, du projet à l’automatisme adapté au cas par cas et notre service
après-vente. Cela nous permet d’éviter la
E
sous-traitance, de contrôler les délais de réalisation, les coûts et d’avoir la main sur le
produit de A à Z », explique Adrien Loubrie.
Les idées reçues ont la vie dure
La partie robotique prend de plus en plus
d’ampleur au sein de Comasir. Les entreprises sont en quête de machines capables de
réaliser des tâches de manipulation, portage, palletage… Les robots entrent de plus
en plus en début et fin de ligne de productions. « Nous souhaitons poursuivre notre
développement de la robotique. Au départ,
nous étions deux, nous avons tenté l’aventure au culot, et quatre ans plus tard, nous
sommes sur le point de recruter une septième personne », indique Laurent Beaumont.
Si aujourd’hui, Comasir bénéficie d’un
secteur porteur, les jeunes créateurs d’en-
Adrien Loubrie et Laurent Beaumont présentent des prototypes miniatures de robots
« de base ». Ceux-ci sont configurés selon les besoins de chaque entreprise. PHOTO M. C.
treprise concèdent qu’ils ont dû se confronter les premières années à de multiples
idées reçues. « Notamment sur le coût de la
robotique, mais ce dernier est souvent
moindre que certaines machines mécaniques et se révèle plus fiable sur le long
terme. »
De plus, le robot peut aisément s’ajuster
aux nouveaux produits et le logiciel permettant de piloter la machine est facile d’utilisation. « Par exemple, pour une usine fonctionnant en 3x8 heures, le robot est
rentabilisé sur deux-trois ans. »
Le bouche à oreille a fait le reste, et Adrien
Loubrie et Laurent Beaumont doivent à présent parfois freiner leurs clients dans leurs
projections du tout-robotique. Ainsi, les secteurs d’entreprises aux domaines aussi variés que l’agroalimentaire pour l’emballage,
le bois pour le chargement, les travaux publics pour l’empilage ou la manutention,
ont de plus en plus recours aux robots.
Le sentiment que la machine pourrait
prendre le pas sur l’homme dans les entreprises n’est pas une crainte fondée selon les
créateurs de Comasir. « Les robots permettent à certaines sociétés de pallier des difficultés de recrutement. Des pays comme l’Allemagne ou l’Italie sont dix fois plus
robotisés que la France et affichent une
compétitivité enviable. »
MATHILDE CURIEN
Razol, le culte du sol depuis plus d’un siècle et demi
TONNEINS L’entreprise familiale de machinisme agricole, créée
en 1855, est entrée de plain-pied dans le troisième millénaire
Spécialiste du travail du sol, Razol vient de
fêter ses 160 ans. Même plus d’une fois et
demi-séculaire, Razol ne s’endort pas sur
ses lauriers et innove. Son bureau d’études
vient de concevoir une bineuse autoguidée haut de gamme, qui lui a valu une citation lors du dernier Salon du machinisme agricole de Paris. Un engin
sophistiqué muni de caméras couplées à
un GPS. Les mauvaises herbes vont devoir
bien se tenir et même disparaître !
Nommé Agrogéovisio, un consortium de
trois entités (Razol, Rhoban System et Bordeaux Science agro) a conçu l’appareil,
composé, derrière le tracteur, d’un châssis
intermédiaire « intelligent » équipé de caméras, GPS, capteurs et ordinateurs capables de corriger les écarts de conduite les
plus minimes du véhicule. En cours de validation par le biais de trois appareils placés dans des exploitations, la bineuse convient aux cultures du maïs, haricots,
tournesol et autres betteraves à sucre, soit
toutes les plantes sarclées. Mieux encore,
la caméra visualise et le GPS mémorise les
moindres détails du sol et des plantes lors
du premier binage. Lors des suivants, la bi-
neuse connaît sa mission au centimètre
près ! Évolutif aussi, le consortium ITAGRO, dont Razol est partenaire, financé
dans le cadre d’un appel à projets du Fonds
unique interministériel. Son but : apporter les nouvelles technologies du numérique sur les exploitations et faire de l’électronique un atout pour réduire les coûts
d’exploitation des tracteurs et des outils en
proposant des modulations intelligentes.
Cette démarche nécessite la création
d’outils innovants, intelligents et connectés. Razol se trouve à l’avant-garde de la
création d’un outil de travail du sol dont
les diverses composantes « s’autogèrent »
en fonction de la nature du sol. Toujours
dans le but de réduire la consommation de
carburant du tracteur et ainsi contribuer
de façon efficace à une agriculture durable.
Une décompacteuse géante de chez Razol. La société veut faire entrer les nouvelles
technologies dans les exploitations agricoles. PHOTO ARCHIVES M. R.
Distinguée parmi les PMI
Par ailleurs, Patrick Lezer, le PDG de Razol,
ne cache pas sa satisfaction d’avoir vu récemment son entreprise sélectionnée par
la Région Aquitaine dans le cadre du projet « usine du futur ». Ce qui lui a donné
droit à un audit financé par le Conseil régional. Le but est d’accompagner les PMI
françaises dans leur quête de modernité et
de performance. « Nous avons convergé,
commente Patrick Lezer, vers la mise en
place du « Lean Durable », afin de valoriser
les hommes, qui sont au cœur du système,
ainsi que le travail en équipes en créant des
unités autonomes de production… »
MICHEL ROUSSILLE
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