43 - France Bluegrass Musique Association

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43 - France Bluegrass Musique Association
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
Bluegrass! Journal de FBMA
Page
Retrouvez F.B.M.A. sur internet : http://www.country-junction-production.com/FBMA
Janvier / Février 2004
Agenda : Concerts, Stages, Evènements, …
Mars
Je 4
Ve 5
Me 17
Je 18
Ve 19
Sa 20
20 & 21
Me 24
Ve 26
Ve 26
Ve 26
Sa 27
Di 28
Lu 29
Ma 30
Mary & Co
T Lecocq & Station
Red Barn String Band
Wildfire
Wildfire
Turquoise
Cactus Pickers
Mary & Co
Mary & co
Cactus Pickers
T Lecocq & Station
T Lecocq & The Bunch
Kathy Kallick band
Kathy Kallick band
Kathy Kallick band
69, Lyon, Hot Club , 26 rue Lanterne
78, Cernay la Ville, Au Chalet des Cascades
69, St James Pub, 19 rue St Jean
CH, Zurich
38, Tullins—Salle des fêtes, 20h30
CH, Le Locle
71, Chalon sur Saône
69, Golf Club du Bec à Sons, Couzon au Mont d'Or
69, Café Fenet, Chemin de Montray, St Foy les Lyon
87, Limoges, Night Club "Le Bel Epoque"
75, Paris, New River Side
Paret, Vieille Poste
18, Vierzon à 17 heures (suivi d'un buffet) 15 €, réservation
Villedieu sur Indre
Saint Saulve, MJC
Avril
Sa 3
Sa 3
Di 4
Ve 9
5-10
Di 11
Ma 20
Turquoise
T Lecocq & Station
Kathy Kallick band
T Lecocq & Station
Stage JM Redon
Red Barn String Band
T Lecocq & Station
D, Buehl Bluegrass Festival
78, Breviardes
CH, Brugg
78, Cernay la Ville, Au Chalet des Cascades
B, Vitron (résidentiel—10 instruments) www.musiqueacoustique.org/index.html
39, Plainoseau (au nord de Lons le Saunier)
78, Cernay la Ville, Au Chalet des Cascades
Mai
Sa 1
Sa 15
20 - 22
Ve 21
Sa 22
?
29 & 30
29 - 31
T Lecocq & Station
59, Maroilles
T Lecocq & Station
75, Paris, New River Side
Springfield
62, Torcy, Bar le Balladin
Cactus Pickers
03, Vichy
Turquoise
38, Festival de Solaise sur Sanne
Springfield
NL, Festival EWOB
T Lecocq & Station
Normandie, L'Aigle
FBMA—Week-end Bluegrass à Neuvy - inscriptions à renvoyer avant le 20 mars (voir p. 7)
Juin
12 & 13
Sa 19
Week-end de la Grange Rouge : "Trad en fête—22e rencontre"
Scène ouverte
92, AEGC (21 heures)
s
tian Joua
mi Chris )
a
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tr
o
n
t dédié à
tian (p. 2
grass! es
RIP Chris
e
lu
B
e
b
ro
Ce numé
℡ 04 78 39 54 74
p. 15
Ils se sont (ré)abonnés …
Nous leur remercions !
René AIRAUD, ? ALM, Bruno
BLUTEAU, Alain CREPIN, Annick
HERVE, Christiane MARCHAL,
Robert ROTT, Denis THOS,
en décem
bre.
Bulletin d'information et de liaison
de France Bluegrass Musique Association
N°43 – Janvier / Février 2004
℡ 04 78 22 76 0
℡ 04 78 40 29 83
℡ 06 21 26 25 96
Vous reconnaissez? New Grass Revival, Seldom Scene, Peter Rowan, Transatlantic...
Imaginez tout ce beau monde en France le même jour !!
Eh bien, c'était à Toulouse en 1983—grâce à Joël Herbach. Je l'ai retrouvé le temps d'une soirée
pour qu'il nous raconte cette aventure merveilleuse du Toulouse Bluegrass Festival.
Abonnements ...
au
nser e
e
p
e
td
id
Merc vellemen nt.
e
u
reno bonnem
a
e
votr
a quitté
qui nous
Abonnement dû en mars-avril
ALEXANDRE Michel, BERTACCA Rémi, DELMAS Bernard, FEILLET
Gilbert, HEGE Denis, LABONNE Christian, MATHE Philippe,
MELLIER Benoit, MORIN Valérie, NABUNSKI Daniel, PIGNOL JeanLuc, RUE Mathieu, SAVARIAUD Yves, SOUILHAC Alain
Week-end Bluegrass de la Pentecôte
Appel aux Luthiers !!
Attention :
Inscriptions à retourner pour le 20 mars
J'envisage de faire un Article sur les
Luthiers Français qui fabriquent et
réparent les Instruments de Bluegrass.
Prenez contact avec moi via le Journal.
CHW
Détails et Réservations
Page 7
Sommaire
Abonnement dû en janvier-février—un peu en retard
BENOIT Luc, BEUZON Gérard, CASSOL Florian, DELON Jean-Marc,
GIRARD Patrice, LECOCQ Thierry, LELOUTRE Hervé, LETORT Gilles,
LOMBARD André, MOREL Claude, SEGURET Christian, THOMASSET JeanLouis, ZERR Jacques
Abonnement dû en novembre-décembre—très en retard !
BETEILLE Laurent, BLANC Jean-François, BRUN Roland, BRUNEL JeanClaude, CHAPUIS Philippe, DE SAINTE FOY Tristan, FOURNIER Pascal,
GAUCHEZ Patrick, GHEURBI Noreddine, GILLES Michel, MARCHAL
Dominique, PARDON Jean-Loup, PEILLON Patrick, SASSARD Pierre,
TRANOY Jacques, TUEL Martial
1)
2)
3)
4)
Photo à la Une
Éditorial
Carte Postale de Belém.
La musique "Old Time" des
Appalaches
5) Appalachian controllé (suite);
Jeu des erreurs (2e partie)
6) Le Bœuf en Bluegrass
7) Week-end de la Pentecôte—
informations et inscriptions
8)
9)
10)
11)
12)
13)
14)
15)
16)
La France en Bluegrass—Joël Herbach
Joël Herbach raconte... (suite)
L'AEGC; Joël Herbach (suite).
L'AEGC (suite); Joël Herbach (suite).
Concert: Red Barn String Band;
Tab : Cripple Creek (dbro);
Tab : Hometown Breakdown (bjo)
Annonces
Made in France—VPC & Groupes
Agenda
Prochaine parution : fin avril ‘04
Articles, commentaires, critiques, tablatures,
encouragements à :
Christopher Howard-Williams
145 rue de la Croix,
F—74800 La Roche sur Foron
[email protected]
℡ (33/0) 450 03 42 O4
date limite d'envoi : 20 avril ‘04
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
Janvier / Février 2004
Éditorial
J
BLUEGRASS !
Journal bimestriel de :
France Bluegrass Musique
Association
145 Rue de la Croix
F—74800 la Roche sur Foron
tel. (33/0) 450 03 42 04
http://www.country-junctionproduction.com/FBMA/
Bureau
Président : Christopher
Howard-Williams
[email protected]
Secrétaire : Christophe
Constantin,
([email protected])
Trésorier : Guy Mutel
Contacts
Abonnements : Guy Mutel
Les Moutrets, 71500 Juifs
03 85 76 55 19
Webmaster: Alain Brassart
([email protected])
Directeur de publication :
C. Howard-Williams
Collaborateurs à ce numéro
Frédérique Arsonneau,
Claudio Duarte, Chris Elsass,
François Galland, Joël
Herbach, Christopher
Howard-Williams, Yves le
Mao, Denis Mayolle, Claude
Rossat, Claude Vue
Le journal décline toute
responsabilité en cas de perte de
détérioration ou de non-retour
des documents qui lui sont
confiés. Les informations données
par le journal ne dispensent pas
les lecteurs de compléter et
d'adapter cette documentation à
leur propre usage. Elles
n'engagent pas la responsabilité
de FBMA et de sa rédaction. Les
citations des marques et les
adresses qui figurent dans les
pages rédactionnelles sont
données à titre d'information, sans
but publicitaire. Les prix des
produits sont indicatifs et peuvent
être sujets à variation. Les
opinions exprimées dans
Bluegrass! par les auteurs des
articles, ne sont pas
nécessairement celles de FBMA.
Made in France
Sectaire, Moi Jamais !
'ai été perturbé par deux échanges récents avec deux anciens abonnés de
FBMA—dont je tairai le nom. Comme je les respecte tous les deux pour leurs
connaissances de la musique qui nous réunit dans cette association et, au moins
pour l'un d'entre eux, pour leur contribution à FBMA, je les ai contactés
(séparément) pour connaître la raison du non renouvellement.
Quelle fut ma surprise d'apprendre que tous les deux ont été dégoûtés par les
remarques, trop sectaires, de certains membres! Pour l'un, il s'agissait d'un manque
de respect pour les traditions et les racines de la musique, pour l'autre de
remarques sur les activités de la Country Music en France.
Je ne sais pas de qui il s'agit et je ne chercherai pas à le savoir, mais bon sang, il est
dommage de constater que, même dans notre petit pays (bluegrassement parlant),
nous ne pouvons pas co-exister paisiblement.
La musique Bluegrass a été inventée dans les années 30 à 40 par Bill Monroe—mais,
pas de toute pièce : toutes les musiques de sa jeunesse (Blues, Old Time, Jimmy
Rodgers, et al.) s'y retrouvent. Le Bluegrass "moderne", et ses dérivés, n'existerait
pas sans Bill Monroe et les autres pionniers—d'ailleurs, tous les musiciens qui
s'aventurent sur de nouveaux chemins, de Grisman à Thile, savent jouer (et
respectent profondément) la musique traditionnelle. Même Bill Monroe a su
partager la scène avec Grisman et Bush—malgré les réserves de quelques années!
Le Bluegrass et la Country se doivent mutuellement leur succès actuel auprès du
public: au fil du temps, chaque genre perd son chemin et le retrouve, souvent grâce
à l'autre (actuellement, la Country emprunte au Bluegrass pour se redonner une
authenticité rurale; dans les années 60-70, c'était le contraire—le Bluegrass
cherchait une image plus moderne et citadine!).
Si vous aimez Thile et les autres maîtres d'aujourd'hui, vous n'êtes pas obligés
d'aimer Bill Monroe, mais vous vous devez de connaître sa musique et son influence;
si vous êtes un inconditionnel de Bill Monroe et de ses contemporains, vous n'êtes
pas obligés d'aimer "Into the Cauldron", mais vous ne pouvez pas ne pas apprécier
le talent et la recherche musicale de ces musiciens. Vous n'êtes pas obligés d'aimer
tous les aspects de la Country Music, mais nous pouvons remercier les festivals en
France qui programment du bon Bluegrass.
Bref, ne pas aimer quelque chose ne veut pas dire que ce n'est pas valable. Je vous
demande, amis et amies Bluegrasseux, simplement de respecter les goûts et les
passions des autres—pas forcément de les partager, mais de les accepter dans les
mêmes manifestations sans faire des commentaires désobligeants.
Notre association en sera plus forte.
Christopher Howard-Williams
C
’est avec beaucoup de tristesse que nous
avons appris le décès prématuré de notre
ami Christian Jouas, survenu le 18
décembre dernier
Nous avions rencontré Christian pour la première fois, au
Merlefest 2001 et avions immédiatement sympathisé en
découvrant, derrière sa grande discrétion, un garçon
chaleureux d’une gentillesse extrême et toujours prêt à
rire.
Depuis cette date, nous l’avons revu régulièrement tant
au Merlefest qu’aux diverses manifestations en France. Christian était vraiment
un passionné de Bluegrass et il prenait autant de plaisir à écouter les autres
musiciens, qu’à jouer lui-même de son banjo. C’est l’image de son plaisir dont
nous nous souviendrons.
Il avait su créer un équilibre entre sa passion pour la musique, son métier et sa
vie de famille. Son épouse, Angelika, l’accompagnait régulièrement sur les
festivals. Aujourd’hui, c’est vers Elle et vers les deux enfants de Christian que
vont notre sympathie et notre amitié.
François
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Bluegrass! Journal de FBMA
Les Groupes
Bluegrass Matinée - 04 79 87 53 07
Cactus Pickers - http://www.ifrance.com/CactusPickers/
Stéphane Charbeau (Country, folk, irlandais en Cognac) http://membres.lycos.fr/muzikos/
Fool Moon - http://www.ifrance.com/FoolMoon/
Le Gros Willy (Bar le Duc) - http://perso.wanadoo.fr/legroswilly/
Mart O'Pickers (Strasbourg) - [email protected] www.bluegrass.fr.st.
Moonshine Bluegrass Band (Rhône-Alpes) [email protected] - http://mapage.noos.fr/moonshine
Red Barn String Band - [email protected] (le groupe le plus sexy du moment!)
Turquoise Bluegrass Band - www.turquoiseband.com
Zip Code 2025 - http://perso.wanadoo.fr/zipcode2025
Dépôt–Vente :
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Pour vendre, commander ou
se renseigner, contact :
Michèle Reymond,
Loisinges, F—74930 Pers Jussy
℡ 04 50 94 42 23
04 50 94 43 44
Noter l'artiste et le nom des CD
que vous voulez recevoir.
Envoyer un chèque pour le
montant total (en y incluant 3 €
frais de port) à l’ordre de
France Bluegrass Musique Association en précisant le nom et
adresse pour l'envoi des disques.
Big Break BG Band
Bluegrass Avenue
Bluegrass Factory
Cactus Pickers
Canyon Band
Eric Gloaguen
Eric Gloaguen
Eric Gloaguen
& James Field
Gilles Rézard
Gilles Rézard
Gilles Rézard
Lonesome day
Mary & Co.
Station
Sation
Theirry Lecoq
Zip Code 2025
Feeling home
En Cavale
Factory
hola Tornado !
From Kentucky to Lousiana
Dear Old Dixie CD
B'downs and Fiddle tunes for banjo
Blue Railroad Train
15,25 €
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15,25 €
Wood, Metal & Skin
Les 10 principales techniques
(méthode banjo + cd audio)
Recueil "Banjo book"
You put the blue in me
Scène 1
Trucks
Space
Push
C’est une course qui commence
Le cd de Ol'Chaps est épuisé !
15,00 €
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15,25 €
12,00 €
13,75 €
13,75 €
13,75 €
15,25 €
Bulletin d'adhésion à F.B.M.A.
A renvoyer à Guy Mutel - Les Moutrets, F-71440 Juif — avec chèque de 15,25€ à l'ordre de :
France Bluegrass Musique Association (abonnement et adhésion à FBMA pour un an)
Nom: .........................................................................Prénom:............................................
Adresse: .............................................................................................................................
Téléphone: .............................Fax……………...……e mail :..…………………………………
Instrument(s)………………………………………Groupe(s)………………………………………
Signature:
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
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morceaux, en approfondissant ensemble les notions
d'arrangement, de back up, et d'improvisation, autour
du bluegrass.
Le cours est complet pour l'année 2003/2004 mais vous
pouvez déja vous manifester pour l'an prochain, ou nous
rendre visite lors d'une prochaine session
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Europe—6 numéros /65 fr suisses
(41) 61 821 83 64—www.ebma.org
Cri du Coyote
Revue de Musiques Amércaines
℡ (33/0) 475 11 83
@ [email protected]
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Tous les mercredis de 19H à 20h
Radio Mont Blanc (Gilles & Michel
ROSSILON) Chamonix 97.4, Sallanches
94.6, Cluses 95.9, Les Aravis 100.9
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dans une ambiance sympathique
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(guitare, banjo, mandoline, contrebasse, violon, ...)
dans les styles Bluegrass, old time, irlandais ...
Une médiathèque avec de nombreux disques, livres, méthodes et K7.
Des concerts sont organisés.
Un journal est édité tous les deux mois avec des articles, des tablatures,
et tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans oser le demander…
Et plein d’informations pratiques sur notre site : www.aegc-bluegrass.org
Country Junction Production
Producteur/agent de Country
Alain Brassart
8969 Rt de Cagnes
06610 La Gaude
04 93 24 9757
[email protected]
http://www.country-junction-production.com
Page 3
Bluegrass! Journal de FBMA
Voir aussi son site : http://g.rezard.free.fr
mandoline, bouzouki ; bluegrass, jazz, irish ; individuel
ou collectif—sur départements 68, 67, 88, 90
℡ 03 89 24 47 84
Recherche coordonnées du débutant dobroïste
dans le Maine et Loire. Philippe Mathé (Little
Creek) - [email protected]
Janvier / Février 2004
Brouillage de Pistes … !
Africain ? américain ? Rien n’est simple en effet, et merci
à Alain Brassart (cf Bluegrass ! n°42) pour son article
remarquablement bien documenté sur l’origine du banjo.
Mais, amusons nous à compliquer un peu plus la chose et
sortons du cadre africano-étatsunien pour jeter un petit
coup d’œil aux "restes du monde". S’il est incontestable (!)
que la cinquième corde en tant que chanterelle est un
apport américain, le banjo dans son acception la plus
large, c’est à dire : une peau tendue sur une caisse de
résonance, un manche et des cordes, est probablement
l’instrument le plus répandu sur la surface de notre
planète, quelque soit le nom qu’il prend. Un récent
échange de mail avec François Vercambre, expert en la
matière, m’apprenait l’existence de nombreux petits frères
(ou cousins ou grand pères !) de notre 5 cordes. Le banza
de Martinique, le sintir marocain, le sarod d'Inde du
nord et sa version d'Inde du sud, le bérimbau brésilien,
sans parler des "banjos" monocordes représentés sur les basrelief de l'Egypte pharaonique…
Je vous avais parlé de ma rencontre il y a quelques années,
avec un musicien tibétain joueur de Dra Nyem à la
sonorité proche du banjo "old time". Laissez moi vous
présenter aujourd’hui le banjo brésilien. Les voyages
réservent souvent bien des surprises à ceux qui prennent le
temps de sortir des circuits touristiques organisés, et rien
ne m’enchante plus que ces moments passés au fond d’un
bistrot ou d’une auberge à savourer un plat local arrosé
d’une musique entraînante. L’Irlande est un modèle du genre (tiens, encore un banjo), mais un peu partout dans
le monde, on peut se procurer ce genre de plaisir à peu de frais. Belém, embouchure de l’Amazone, vielle ville
coloniale, partagée entre modernité et nostalgie de sa grandeur passée. Dock n°5, quartier mal famé comme il se
doit, où l’on ne peut se rendre le soir qu’en taxi, sous peine de se faire délester même du strict minimum… au fond
de la cour, une paillotte avec une petite scène, quelques musiciens jouent le Pagoge (prononcer "pagodje"), mélange
de samba, de rythmes africains … pas de doutes on est au Brésil. Chant, Guitare, percussions de tous poils, petite
guitare à 4 cordes (dont j’ai perdu le nom) et … Banjo.
Banjo 4 cordes, de la taille du banjoline, accordé comme le 5 cordes (DGBD), joué avec un médiator
essentiellement en accompagnement, mais avec de temps en temps un solo d’accords comme en jazz New Orleans. Le
bonheur à l’état pur !
Alors ? d’où vient-il celui là ? D’Afrique à coup sur ! car le Brésil à l’instar de ses voisins sud et nord américains a
connu une longue période d’esclavagisme. Mais comme le disait si justement Alain, les seuls bagages autorisés à
l’époque de la traite des noirs étaient les chaînes et les compagnies étaient intransigeantes sur les excédents de
bagages. Alors, comment est-il arrivé là ? Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, on peut penser que
le même processus de "re"-création de leurs instruments s’est déroulé dans les plantations du nord brésilien et dans
celles qui longeaient le Mississippi. Au nord du continent, le métissage des cultures anglo-saxonnes et africaines
engendra le blues, gospel, jazz, et par l’apport du
banjo, le bluegrass … tandis qu’au sud, colonisé par
les portugais, et les espagnols, se développait samba,
bossa, tango, pagoge … Le banjo s’adaptant
naturellement à ces différentes musiques.
Ainsi, une analogie bien qu’un peu "fumeuse" s’impose
à notre raisonnement. Le banjo est à la musique ce
que l’homo sapiens est à l’humanité. Tout comme
l’homme, sortant de son berceau africain a, il y a
quelques milliers d’années, colonisé la planète, le
banjo s’est naturellement imposé dans toutes les
musiques du monde. Qu’il ait 2, 3, 4, 5, 6, 8 ou 15
cordes ne change rien à l’affaire. Nous, banjoïstes,
sommes les témoins vivants de ce que l’humanité a de
plus essentiel : son unicité dans les différences. Bon,
maintenant il faut que j’aille vite prendre un
aspirine parce que ça chauffe la dessous !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Denis Mayolle
Dessin de Claudio Duarte
Page 4
Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
La Musique "Old Time" des Appalaches
C
'est devenu un lieu commun de dire que c'est grâce à
leur isolement géographique que les populations des
Appalaches du Sud ont pu garder intactes pendant si
longtemps leurs traditions et en particulier leurs traditions
musicales. Cet isolement géographique est dû à la
configuration particulière des Monts Appalaches.
Ce massif montagneux de la côte Est des Etats-Unis dont les
sommets les plus élevés ne culminent qu'à 2000 m dans les
B1ue Ridge Mountains en Caroline du Nord et en Virginie,
possède peu de passages naturels et les vallées y sont étroites
et très encaissées, ce qui explique le peuplement tardif de
cette région par les blancs, à la fin du 18e et au début du 19e
siècle. De plus, le climat est rude, froid avec neige en hiver,
pluies tropicales en été, et à cette époque, le massif était
recouvert de forêts inhospitalières. Les immigrants qui
s'installèrent dans cette région étaient en majorité des Ecossais
et des Irlandais du Nord qui avaient amené avec eux leur riche
tradition musicale. C'était souvent de farouches individualistes
qui fuyaient les persécutions religieuses et politiques dont ils étaient victimes dans leurs pays d'origine.
Dés qu'ils arrivaient dans ces montagnes, ils s'installaient au bord d'une rivière ou dans une vallée en
altitude, défrichaient quelques essarts de forêt et construisaient une cabane en rondins (logcabin). Les
premiers villages ne commencèrent à se former que vers la fin du 19e siècle.
L
'isolement était donc double, dû d'une part à
l'éloignement géographique et d'autre part à un
habitat dispersé. Il faut dire, en plus, qu'un sentiment de méfiance envers tout ce qui venait de l'extérieur a fait que les anciennes coûtumes sont longtemps
apparues comme un rempart contre les influences
étrangères.
La région des B1ue Ridge Mountains, frontalière entre
la Caroline du Nord et la Virginie, est bien connue
comme étant la plus riche pour la musique traditionnelle. Ceci est encore vrai aujourd'hui grâce aux pôles
d'attraction que continuent à être les deux plus vieilles
réunions de musiciens traditionnels, les fiddler's
contests de Union Grove (N.C.) et de Galax (Virginie).
Nous étudierons donc plus particulièrement cette région : Round Peak en Caroline du Nord et Galax en Virginie.
Les anciennes traditions
Jusqu'au début du XXe siècle, la région de Round PeakGalax était encore essentiellement agricole, la ville actuelle de Galax n'existait même pas. C'était, comparée
au reste des Etats-Unis, une région à mode de vie archaïque. On y pratiquait une culture de subsistance : le maïs
indien rouge destiné à la nourriture des volailles et à la
fabrication du whisky, le blé, le seigle, l'orge et l'avoine.
Il est à remarquer que dans le même champ, on cultivait,
entre les rangées de céréales, des légumes (courges,
haricots, etc.). Cette façon de cultiver était héritée des
premiers occupants de cette région : les Indiens Cherokee. L'élevage était réduit aux besoins de la consommation de la ferme : une vache pour le lait et pour le veau,
des porcs pour la viande, des volailles et une mule pour
tirer la charrue et la charrette. Enfin, la chasse et la pêche permettaient d'améliorer l'ordinaire.
La façon la plus simple d'illustrer le degré de dépen-
dance de ces populations vis-à-vis des activités traditionnelles est de faire la liste des techniques qui étaient
d'un usage courant dans une ferme de la montagne à
cette époque : la confection des conserves de viande,
légumes et poisson pour l'hiver, les recettes de cuisine,
la transformation de la laine et du lin pour confectionner
les vêtements, le patchwork, le travail du cuir, la fabrication des tonneaux et des roues de charrettes, la construction des moulins qui servaient selon les saisons de scierie ou de moulin à grain, la distillation du whisky, des
liqueurs et de la bière, la préparation des herbes médicinales, du tabac, de la mélasse, la fabrication des outils,
etc., etc.
On le voit donc, la connaissance de techniques traditionnelles liée à une agriculture de subsistance hautement
diversifiée faisaient que ces populations étaient pratiquement autosuffisantes. Le troc était même exceptionnel et les besoins d'argent encore plus rares, uniquement pour payer le docteur, le café ou s'acheter un bon
fusil. Cet argent provenait
de la vente
des fourrures
et du bois—à
cette époque
avoir un dollar
dans la poche
était vraiment
quelque chose
de rare.
Janvier / Février 2004
Bluegrass! Journal de FBMA
Page 13
Hometown Breakdown—Yves le Mao
Tablature pour Banjo
J’avais écrit ce morceau pour une belle occasion : c’était au début de l’an 2000, pour un concert à l’institut Franco-Américain à Rennes, ma ville natale. Un gus, roi de profession, a dit une fois : "Paris vaut bien une messe", he bien, à moi de compléter : "Rennes
vaut bien un breakdown ! ! !"
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
La France en Bluegrass
J
Red Barn String Band en concert
e les avais vu à la Grange Rouge. Mais un groupe en
concert, seul, pour une soirée entière, c'est autre
chose et je peux vous dire que je n'ai pas regretté le
voyage, depuis la Haute Savoie, pour voir le Red Barn
String Band ce vendredi 13 février à Bourg-en-Bresse
Ce groupe est un vrai groupe de Bluegrass dans
presque tous les compartiments: d'abord, par leur choix
des morceaux, qui le positionne résolument dans la
catégorie de Bluegrass traditionnel—beaucoup de
chansons et d'instrumentaux de Bill Monroe, des
Stanleys ou de Scruggs (lorsqu'ils s'aventurent dans le
contemporain, c'est du JD Crowe ou du Blue Highway);
après, dans le jeu des instruments avec des solos bien
mis en place, des back-ups organisés et un rythmique
qui respecte tout à fait les "règles de l'art"—et ça
marche parfaitement, que ce soit sur des breakdowns
enlevés (Blackjack, Runaround), des standards (Thanks a
lot, Blue Ridge Mountain Blues), des ballades (Once
More, Cabin Creek Stone) ou sur une valse sublime
(Kentucky Waltz), où le public tout entier a eu envie de
danser !
Enfin, c'est dans le compartiment des voix que le
groupe ferait défaut pour les puristes. Guy, Claude et
Jean-Loup se partagent les leads et ils les chantent bien,
tous les trois, avec des voix justes et chaleureuses, mais
dans des registres proches: il leur manque le "high
Le groupe le plus sexy du moment …?
lonesome sound". Ceci dit, ils gèrent cela avec
intelligence: les voix sont modulées et on apprécie le
travail des chœurs, qui sont joliment en place—que ce
soit à 2, 3 ou à 4 voix (pour les gospels : Talk it all over,
Crying Holy)—dans un réel esprit Bluegrass (y compris
le ténor à la tierce!).
En effet, voici encore un très bon groupe français de
Bluegrass avec un répertoire important et sympathique.
Guy Mutel (mandoline) et Jean-Loup Pardon (guitare)
assurent bien les parties rythmiques avec des bons
leads, Pierre Sassard (contrebasse) donne au groupe une
assise solide pour faire balancer les morceaux, et Claude
Rossat les emmène avec un drive d'enfer au banjo.
Si vous avez l'occasion de voir le Red Barn String Band en
concert , surtout ne la ratez pas !
CHW
Cripple Creek
Trad. Tabla pour Dobro par Chris Elsass (contact: [email protected] )
C'était un des premiers morceaux que j'ai appris avec Cold Trailin' des Dillards. La première partie (mesure 1 à 6) est une réplique
du banjo. Attention à la deuxième partie (à partir de la mesure 7) qui est très rapide et qui doit rester bien claire.
Janvier / Février 2004
Bluegrass! Journal de FBMA
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Appalachian "contrôlé"
Les gros travaux, tels que la construction d'une maison ou d'une
grange, certaines moissons qui nécessitaient une main d’œuvre
considérable étaient basées sur la loi de l'échange, c'est-à-dire en
invitant toute la parenté à se joindre aux travaux; à charge de
revanche quand le besoin s'en faisait sentir. Ces rassemblements
pouvaient être très importants et comptaient jusqu'à cinquante ou
soixante personnes—et c'était justement une des nombreuses
occasions où l'on pouvait entendre la musique traditionnelle. Le
soir, après le travail, l'hôte organisait un "bal de maison" afin de
détendre les travailleurs. L'orchestre était formé par un violon ou
un banjo ou, mieux, les deux réunis. Nous sommes donc à même
de voir l'imbrication étroite de la musique traditionnelle et des
travaux communautaires dans l'organisation sociale de ces
communautés montagnardes à cette époque. La musique était
également jouée dans les nombreuses occasions de la vie
sociale: mariages, veillées, foires, fêtes traditionnelles comme
Noël, Thanksgiving Day, etc.
La musique de groupe, c'est-à-dire celle jouée par deux ou
plusieurs musiciens, était essentiellement sociale car elle
nécessitait un public, même si celui-ci était réduit au cercle
familial. Cette musique était quand même jouée le plus souvent
dans les occasions décrites plus haut. Pendant la journée on
travaillait et le soir il y avait la musique et la danse. Si la famille
qui recevait ne pouvait réunir un groupe, il était courant d'en
louer un. Cependant, dans la plupart des familles, il y avait des
hommes capables de jouer du banjo ou du violon—même les
toutes petites communautés semblent avoir été capables de
réunir un groupe II faut préciser que la taille des familles était
assez importante. Un recensement de 1910 dans les comtés de
Caroll et de Grayson nous indique une moyenne de sept
personnes par famille. Presque chaque homme était musicien en
même temps que fermier ou bûcheron, même s'il n'était pas
virtuose ou possédait un répertoire très limité, les longs hivers
laissaient suffisamment de temps libre pour s'exercer. Un point
qu'il faut souligner, c'est qu'à cette époque, les groupes étaient
formés essentiellement par des hommes, quelques femmes
jouaient du banjo mais c'était vraiment exceptionnel et elles ne
jouaient jamais dans un groupe. Aussi souvent que possible, les
membres d'un groupe, frères ou cousins, aimaient "sortir pour
Le Jeu des erreurs
(2e partie) !!!
Le photographe a fait
glisser quelques
erreurs dans ces
deux photos.
Je pense qu'il l'a fait
exprès.
A vous de les trouver.
chw
PS Kentucky Fried
Chicken pour vous,
Monsieur ? (It's fingerlickin' good)
jouer". Parfois, l'occasion était réelle : fiddler's contest, mariage
ou foire, mais le plus souvent il s'agissait d'un prétexte pour
s'éloigner de la ferme, de ses obligations et de son isolement, ce
qui fait que pour les gens, et les femmes en particulier, les
musiciens étaient considérés comme des bagarreurs et des
ivrognes.
Objectivement, il faut dire qu'ils n'étaient pas les seuls jeunes
hommes en ce temps-là qui quittaient le carcan de l'existence
familiale pour aller vagabonder, boire ou se battre. Il faut
préciser qu'à cette époque, dans la région des B1ue Ridge, le
taux de bagarres avec ou sans arme était proprement
phénoménal, hérité probablement du tempérament querelleur des
Ecossais et des lrlandais: les bals duraient souvent toute la nuit,
du coucher au lever du soleil et étaient généralement
accompagnés de fortes libations, autant de la part des musiciens
que du public. Il faut quand même dire que c’étaient leurs seules
récréations dans une existence souvent très dure.
Claude Vue
Première partie (sur trois) d'un article que vous pouvez lire
dans son intégralité sur le site web FBMA.
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
Janvier / Février 2004
© Bluegrass Unlimited Magazine (1999) - traduit par
Christopher Howard-Williams et reproduit avec permission.
Dans des numéros précédents
Introduction, Les Instruments,
La structure d'une chanson Bluegrass,
L'accompagnement et le back-up, Les breaks,
Le chant lead, Les autres voix
Dans ce numéro
Le choix des morceaux
La communication dans les bœufs
L'étiquette du bœuf
Qu'est-ce qu'on joue ?
Retrouver l'article dans son intégralité sur le site web de fbma
Le Choix des Morceaux
ême si vous avez une préférence pour les
groupes actuels qui jouent un Bluegrass
moderne et complexe, il faut savoir que
les bases du genre ont été posées il y a 50 ans par
Bill Monroe, Flatt & Scruggs, Jim and Jesse et
Jimmy Martin. Plusieurs de leurs chansons sont
devenues des standards, connues de la majorité
des musiciens de Bluegrass. Je vous conseille d'en
apprendre quelques-unes et de vous y tenir dans
les bœufs. Quand vous connaîtrez mieux les autres
musiciens, vous pourrez alors leur proposer des
morceaux moins connus.
M
Si vous jouez trop souvent de morceaux peu
connus, les autres musiciens s'intéresseront moins
à vous et ils partiront jouer dans un autre bœuf.
Gardez donc ces chansons pour vous et pour votre
entourage proche.
La Communication dans les Bœufs
Dans un bœuf qui fonctionne bien, on a
l'impression que chaque musicien sait
instinctivement ce qu'il a à faire à chaque instant.
Mais en fait, un des musiciens mène le bœuf, alors
que les autres communiquent avec lui et entre eux
en permanence.
Cette communication se fait dans le regard et par
des mouvements de la tête.
De manière générale, c'est le chanteur lead qui
dirige la chanson, mais n'importe qui peut le faire.
Le leader désigne celui qui prendra le prochain
break. Si vous avez envie de prendre un break, il
faut rentrer en contact avec le leader par le
regard. Si vous n'arrivez pas à identifier le leader,
il faut néanmoins croiser le regard de quelqu'un!
Quand ce sera à vous de prendre un break, le
leader vous regardera. Si, à ce moment-là, vous
n'avez pas envie de le prendre, faites "non" de la
tête. Si vous voulez jouer, vous faites "oui" de la
tête et vous vous lancer après la fin du prochain
refrain. Si vous ne cherchez pas à croiser le regard
des autres, le groupe pensera que vous ne voulez
pas jouer en solo—et il vous laissera continuer en
accompagnement.
Dans les bœufs, je suis le conseil de Ted Turner
(fondateur de CNN) : "Menez, suivez ou cédez la
place" (lead, follow or get out of the way) – mais
j'inverse "cédez la place, suivez ou menez". Je
demande toujours de jouer (contact des yeux),
mais si ma demande n'est pas acceptée, je cède la
place. Si elle est acceptée, je suis le leader et je
joue le rôle qu'il me donne. Si je constate que
personne ne mène – et seulement dans ce cas –
alors, je prends le rôle de leader.
L'étiquette du Bœuf
Participer pour la première fois à un bœuf peut
vous effrayer. Au début vous risquez d'être ignoré,
surtout si vous ne croisez les yeux de personne.
Cela ne veut pas dire que les autres bœufeurs ne
veulent pas de vous: ils pensent peut-être que vous
voulez tout simplement suivre et accompagner.
Participer à un bœuf de cette manière est tout à fait
respectable, si c'est fait de façon appropriée et
avec goût – c'est même un bon entraînement.
Pour ma part, je reste toujours en accompagnement
un petit moment afin d'évaluer comment se passe le
bœuf. Les Bluegrasseux sont, pour la plupart, des
gens ouverts et sympathiques, qui aiment
rencontrer un nouveau musicien. Mais, si vous
donnez l'impression de vouloir rester sur les bords,
ils vous laisseront tranquille.
FIN
Page 11
La France en Bluegrass
Le Bœuf en Bluegrass (Suite et Fin)
Suite et fin de l'article de Tom Barnwell que vous avez pu découvrir dans d'autres numéros de Bluegrass.
Bluegrass! Journal de FBMA
Joël Herbach (suite et fin)
'ai donc quitté Toulouse en 86 (le dernier festival était en 85) et je me suis orienté vers des petites villes
touristiques pour vivre dans un cadre agréable et pouvoir influencer les choix pour la ville. J'ai donc été dans
deux villes successives où il ne s'était rien passé depuis 25 ans : Sallanches, pendant 4 ans, et ensuite Vichy, où
je travaille toujours aux côtés de Claude Malhuret. (Coté Bluegrass les copains du réseaux ne s'étaient pas
arrêter, donc il me demandaient de faire passer les groupes en tournée … j'ai fait quelques trucs, mais pas
beaucoup: Good Ol' Persons, les frères Rowan et le mini festival avec Country Gazette. )
Après, j'ai totalement décroché du Bluegrass. J'avais sans doute eu l'overdose. Je n'en écoutais même pas. Il y
avait la fin de New Grass Revival et de Skyline, le divorce de Trishka avec Dede Wyland, … c'était un peu comme
la fin d'une époque. Tout ce mouvement des années 80 est retombé. J'ai, tout de même, gardé le contact avec
beaucoup de ces gens.
J
CHW : Tu as quitté le Bluegrass, mais le Bluegrass t'a retrouvé avec nos week-ends à Vichy!
Ce qui est bien sympa d'ailleurs, parce que maintenant je vois les choses autrement – plus détaché. Cela me fait
très plaisir de voir venir tous ces gens—dont certains me parlent encore de Toulouse. Même aux US, les gens s'en
souviennent. J'ai eu l'occasion d'aller à Telluride l'an dernier et je revu Peter Rowan, Tim O'Brien, John Cowan et
Bela Flek.
CHW : Tu joues toujours de la guitare?
Oui, je joue de l'irlandais avec mon fils qui s'est mis à l'accordéon diatonique. Et puis, quelques fois avec mes amis
Jean-Marie Peschiutta et Nathalie Shellar qui sont venus s'installer à Vichy quelques années après moi.
En fin de repas, nous avons parlé du Bluegrass en général aux Etats-Unis, en France et dans le monde. Joël tient des propos
intéressants sur le sujet, que je vous présenterai dans le prochain numéro.
Merci, Joël, de m'avoir re-parlé de tout ça.
Christopher Howard-Williams
AEGC (suite)
ar ailleurs, le journal a représenté, depuis quasiment le début, un lien important entre les membres, en
faisant circuler l’information, sans oublier des articles de fond.
Ces dernières années, la parution a un peu
ralenti, au profit de numéros peut-être plus étoffés.
Les bœufs ont lieu
chaque samedi après-midi
Enfin, bien sûr nous nous sommes mis à l’heure
(hors vacances scolaires)
Internet, en créant notre site, que je vous invite à
consulter : www.aegc-bluegrass.org
Une fois alléchés par tout ça, je suis sûr que vous allez
vous demander comment vous avez pu vivre sans
connaître et adhérer à l’AEGC Bluegrass…
Donc, une seule adresse :
Foyer des Arts et Loisirs, 12 avenue Foch, 92250, La
Garenne Colombes, tous les samedis de 14h à 19h
(sauf vacances scolaires)
A très bientôt !!!!
P
Fred Arsonneau [email protected]
La scène ouverte permet aux musiciens
d'essuyer le trac en public
Prochaine scène ouverte : Samedi 19 juin à 21 heures
Les concerts drainent les foules …
Front Range à l'AEGC
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Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
Janvier / Février 2004
FBMA—Week-end Bluegrass de la Pentecôte 2004
La France en Bluegrass
Joël Herbach (suite)–Après Toulouse
E
n même temps que le festival, le Spasmodic s'est
arrêté. Nous nous amusions beaucoup sur scène, mais
commençions à nous ennuyer en répétition—trop de
concerts, plus le temps de créer ni les moyens de faire
progresser notre sepctacle. On s'est posé la question de dire
"qu'est-ce qu'on fait?" Moi, j'avais envie de passer pro (on
pouvait à cette époque). En tant que fonctionnaire, je
pouvais me rendre disponible pendant 2 ou 3 ans, mais les
autres, après des années de galères, venaient de trouver du
boulot avec des diplômes à la clé. Donc, ils commençaient à
voir leur vie autrement. On a décidé d'arrêter après les
tournées d'été et notre concert d'adieu à Ris Orangis. C'est
vrai, d'ailleurs, après ce concert on a rangé les instruments
et on n'a jamais rejoué une seule fois ensemble – même en
En famille en 2003: Joël et Ulysse Herbach,
Christine, Lou et Jules Balanche
bœuf. L'aventure avait été trop forte.
Un peu déçu car je ne pouvais passer pro ni en groupe ni
avec le festival. Je me suis donc recentré sur mon autre travail, l'architecture et l'urbanisme. De ce côté, j'ai vu que
je ne pouvais pas m'épanouir dans une grande ville, où il y a trop de politique, etc. On me disait de dessiner tel ou
tel bâtiment et je n'avais pas le droit de savoir pour quelle raison ni pourquoi à tel endroit précis. C'était frustrant. A
ce moment là, j'ai fait un choix de vie : la grande ville, en dehors de Paris, il n'y en a aucune qui tient la route, et je
ne voulais pas habiter à Paris.
E
Vous Avez Dit : "A.E.G.C." ?
E
Depuis, l’AEGC Bluegrass s’est
développée, en organisant autour du
noyau d’origine (Pierre et Cyriaque,
bien sûr, mais aussi Thierry Lecocq
bientôt
rejoints
par
d’autres
musiciens)
des
manifestations
variées :
expositions,
concerts,
scènes ouvertes… et a grandi en
popularité auprès d’un public de
plus en plus large.
Mais le principal attrait du club est
de permettre à ses membres de se
retrouver chaque semaine, dans les
locaux du Foyer des Arts et Loisirs
(sorte de maison des Associations,
qui dispose aussi d’une salle
polyvalente pour des concerts). Cela
permet de faire le bœuf tous les
samedis
après-midi,
chose
exceptionnelle en France, mais
finalement également dans le reste
du monde, où la plupart des clubs
offrent rarement plus d’une ou deux
C'est FBMA qui prend en charge encore cette année l'organisation de ce week-end (peut-être le dernier, merci le
gouvernement!). Il aura lieu, comme d'habitude, au Centre Maginot de Neuvy sur Barangeon les 29, 30 et 31 mai.
Attention, il y a quelques nouveautés cette année :
1) Le centre nous demande de donner un premier effectif fiable pour fin mars – ce qui implique que les
premiers à réserver seront les premiers servis (notamment pour les chambres dans le centre) - délai le 20 mars.
2) Il y aura un supplément boisson de 1,50 € par repas et par personne.
Autres dates à retenir
3) Nous organisons un concert (à confirmer) le samedi soir, ouvert au public—
gratuit pour les adhérents FBMA, 5€ pour les non adhérents. Nous disposons
toujors du théâtre le dimanche soir pour les concerts montés sur place.
Trois formules d'hébergement sont proposées par le centre, avec la possibilité
de réserver des repas à part (les forfait sont hors boissons)
Formule 1: Samedi après-midi au dimanche après-midi. Forfait 29 € / personne
Comprend la chambre + dîner samedi + petit déjeuner et déjeuner dimanche
Formule 2: Dimanche matin au lundi matin. Forfait 29 € / personne Comprend la
chambre + déjeuner et dîner le dimanche + petit déjeuner le lundi
Formule 3: Samedi après-midi au lundi après-midi. Forfait 58 € / personne
Comprend la chambre pour les 2 nuits + dîner le samedi + petit déjeuner,
déjeuner et dîner le dimanche + petit-déjeuner et déjeuner le lundi.
Hors forfait (prix adulte / ado 10 - 15 ans / enfant < 10 ans) sous réserve de
modifications
Déjeuner (14€ jour férié): 12 / 10 / 4; Dîner : 9 / 5 / 4; Petit déjeuner : 3 / 3 / 2
Renseignements:
Christopher Howard-Williams 04 50 03 4204 ou Eric Préau 02 38 30 1550
n voilà un sigle étrange... Ah, oui, j’y suis : en notation
américaine, ça fait : la, mi, sol, do ! Oui, et alors ? Que font
donc ces quatre notes dans notre univers Bluegrasseux ?
Ce n’est pas la dernière grille à la mode ! Non, allez, j’éclaire votre lanterne : cela signifie "(Amicale des) Anciens Elèves de la
Garenne-Colombes". Et que viennent faire ces vieux écoliers
parmi nous, allez-vous judicieusement vous enquérir ? Eh bien,
c’est que sous ce titre un peu vieillot, se cache l’un des clubs les
plus dynamiques du monde du Bluegrass hexagonal… (facile, il
n’y en a qu’un !)
n fait, l’AEGC est une
association qui propose de
nombreuses activités à ses
membres, regroupées par sections :
Basket, Yoga, danses de salon ou
rythmique, Tennis de table… et
Bluegrass ! Certes, nous sommes une
section atypique, car peu de nos
membres sont originaires de La
Garenne,
charmante
citée
banlieusarde du Nord-Ouest de
Paris, mais enfin, nous sommes
toujours accueillis et soutenus par la
Municipalité.
Le Bluegrass est entré à La Garenne
il y a vingt ans, grâce à deux
amoureux de cette musique (Pierre
Chassang et Cyriaque Jacquet, en
trouvant un appui auprès du
président d’une association locale,
qui a donc accepté de créer une
nouvelle section.
Page 7
Bluegrass! Journal de FBMA
12 - 13 juin
"Trad en fête—22e rencontre "
La Grange Rouge (71)
Musiques folk français, irlandais,
et "Scène Bluegrass".
150 musiciens pro et amateurs.
Bal, concerts, expo luthiers, bal
pour enfants, bar et snacks.
Entrée + repas gratuits pour les
musiciens.
Détails dans le prochain numéro.
30 octobre - 1 novembre
Rencontre FBMA à Vichy
Si vous voulez passer en concert
avec votre groupe, me le signaler
le plus tôt possible.
La programmation étant limitée—
les premiers inscrits passeront.
Bulletin d'inscription pour Week-end Bluegrass de la Pentecôte
(les 29, 30, 31 mai 2004)
A retourner à Christopher Howard-Williams, 145 rue de la Croix, F—74800 La Roche sur Foron
avant le 20 mars
Nom
____________________________________________________________________________________________
Adresse
____________________________________________________________________________________________
E-mail
________________________________________________ Téléphone ________________________________
Merci de me réserver les places suivantes pour le week-end Bluegrass de la Pentecôte organisé par FBMA.
Indiquer le nombre de personnes (Nbre) par choix et calculer le coût à payer.
Forfait
Boisson
Formule
Coût (€)
Sa
Hors forfait
Di
Lu
Sa
Dîn
1
2
3
Dîn
Déj
Dîn
Déj
29
29
58
1,5
1,5
1,5
1,5
Di
PD
Déj
Lu
Dîn
PD
Voir prix. Préciser si adulte, ado, enfant
x Nbre
réunions mensuelles.
Nos concerts ont drainé les foules ( !)
autour de groupes célèbres ou
moins
connus,
américains
ou
européens, dans des styles variés,
du
traditionnel
au
plus
contemporain, avec parfois même
des excursions en dehors du cercle
proprement Bluegrass. Un certain
nombre de scènes ouvertes ont aussi
permis à de nombreux groupes ou
musiciens amateurs d’essuyer le trac
de jouer en public…
= Total
Rappel : le coût du forfait ne comprend pas les boissons lors des repas.
Le règlement se fait lors de la réservation.
Etablir un chèque pour le montant total à l'ordre de FBMA et l'onvoyer avec votre bulletin inscription à:
Christopher Howard-Williams, 145 rue de la Croix, F—74800 La Roche sur Foron
Afin de faciliter l'organisation sur place, merci de
1) (vous)
préciser les personnes qui veulent partager une chambre
2)
(chambres de quatre)
3)
4)
Déj
Page 8
Bluegrass! Journal de FBMA
Numéro 43
C
Joël est un homme charmant et ouvert, plein d'énergie et animé par une volonté
de partager les choses qu'il aime avec les autres. Heureusement pour nous, car
nous avons pu vivre l'époque Toulouse Bluegrass Festival …
Christopher Howard-Williams
Premiers pas dans le Bluegrass
20 ans je me trouvais dans un
foyer d'étudiants à Paris en 74
- 75, avec des étudiants
américains. Je suis sorti avec eux à
l'American Center (Bd Raspail), où
passaient des groupes de Bluegrass
français. J'ai assisté à un jam session
entre Bluegrass Long Distance et
Bluegrass Connection (les deux
groupes français de l'époque). J'ai eu
la grande chance de récupérer des
disques où il y avait, entre autres,
ceux de Seldom Scene. Ce fut ma
découverte de ce groupe génial.
L
Bluegrass! Journal de FBMA
Page 9
La France en Bluegrass—Toulouse Revisited : Joël Herbach raconte …
omme beaucoup, j'ai été marqué dans les années 80 par le
phénomène Toulouse et Back Up. Joël Herbach, le protagoniste
de ces événements, habite aujourd'hui à Vichy. Je l'ai retrouvé
lors des week-ends FBMA et j'ai eu envie de lui parler de tout ça et de le
présenter dans le journal. Joël est donc venu manger à la maison un soir
et nous avons parlé de Toulouse et du Spasmodic, mais aussi de ce que
fait Joël depuis ce temps et de sa vision du monde de Bluegrass alors et
aujourd'hui.
A
Janvier / Février 2004
En revenant de ma coopération à La
Réunion en 79, je suis allé à Toulouse,
pour étudier et pratiquer
l'architecture solaire. Un jour, dans un
magasin de musique, j'ai vu une
annonce "groupe de Bluegrass
cherche guitariste, chanteur." Le
Spasmodic Bluegrass Convulsion
existait depuis quelques années déjà
mais n'avait fait que deux ou trois
concerts. Nous avons commencé à
jouer ensemble. Etant un peu
perfectionniste, j'ai amené le groupe
à faire des affiches et à se muscler
Le Phénomène Toulouse Bluegrass Festival
E
Spasmodic Bluegrass Convulsion : Philippe
Bucherer (bs), Patrice Ceccon (mdln), Joël
Herbach (gtr), Pierre Jean Blanc (bjo).
dans le management. Je suis devenu
de fait le manager du groupe à
mesure qu'il s'est créé. Nous avons
commencé à faire des concerts à
Toulouse et autour. En fait, aucun
d'entre nous n'était un bon musicien
de Bluegrass dans le sens où Christian
Séguret ou Jean-Marie Redon
l'étaient, mais nous aimions tous les
mêmes choses, en particulier l'esprit
Country Gentlement, nous voulions
faire connaître le Bluegrass et nous
avions un spectacle humoristique qui
marchait.
Spasmodic Bluegrass Convulsion aux Etats-Unis
'expérience aux Etats-Unis a été particulièrement
extraordinaire. Nous ne parlions pas bien l'anglais;
nous avions un spectacle en français et nous avions
des accents déplorables dans les chansons! Notre
répertoire était très éclectique et sans aucune cohérence.
Nous avons essayé de préparer nos présentations en
anglais dans l'avion en y allant – ce n'est que là que nous
nous sommes dits qu'il fallait parler anglais!!!
Pour notre premier concert dans un festival, nous
sommes arrivés sur le lieu (grand prairie avec grands
pins et garnie de mobile homes) : des français, tous
petits, repérés tout de suite, là bas, dans l'Amérique
profonde! Et, je me souviens, on entend Ralph Stanley
chanter, et le mec nous dit: "c'est vous après!". On nous a
montré notre loge en nous disant "dans 5 minutes, c'est à
vous". Dans la loge, il y avait un gamin de la Lewis Family
Le Spasmodic à Nashville avec
Mark Schatz , Pat Flynn et Bela Flek
qui jouait du banjo comme une bête et Pierre a dit "je ne
monte pas sur scène!". Mais, sans avoir vu le public, nous
nous sommes retrouvés sur scène, devant une marée
humaine, un monde fou – et nous avec notre spectacle
franchouillard! On a attaqué (par ce que notre spectacle
était quand même très rodé) et ils ne comprenaient
rigoureusement rien à ce qu'on disait ni à ce qu'on
chantait. En fait, ils ne comprenaient pas ce qu'on faisait!!
Mais entre les deux morceaux, il y avait un premier
sketch et ils ont hurlé de rire – et c'était gagné! C'était
étonnant, surréaliste. Après, en tant que Français, nous
étions un peu les vedettes. C'était magique. Je me suis
aperçu, en fait, qu'ils jouaient tous les mêmes morceaux
(c'est assez régional) alors que nous jouions des trucs
qu'ils ne reconnaissaient pas, choisis au hazard des
disques. Nous chantions Davy Crockett, qui n'a aucun
intérêt musicalement mais c'était rigolo. Aux US, les gens
tournent dans les festivals (parfois à des grandes
distances) et je me souviens, au Rocky Mountain Festival,
les gens nous arrêtaient pour dire "Salut, ça va. Vous allez
jouer Davy Crockett?" La musique d'un feuilleton de leur
enfance. C'était étonnant!
Et puis le couronnement de la tournée, ce fut le Birchmere.
Le Seldom Scene nous avait invité à jouer au Birchmere,
entre ses deux sets et devant son public. Et on a fait un
tabac (j'ai l'enregistrement!). On a été rappelé trois fois et
Duffey, assez susceptible, a fait un peu la gueule!!
A travers tout ça, j'ai pu rencontrer des gens formidables,
un public si ouvert et chaleureux. Tourner aux USA fut un
peu la consécration du Spasmodic.
n me rapprochant des milieux parisiens, j'ai connu
des musiciens et surtout j'ai découvert Victor
Woronov—un américain qui avait un magasin
d'instruments et de disques Bluegrass. Il avait une culture
extraordinaire sur le Bluegrass traditionnel et
contemporain. Il savait tout ce qui se passait aux US avec
les groupes modernes comme Skyline, Hot Rize (qui
démarrait) et tous ces gens là. C'est avec lui que,
parallèlement à la carrière du Spasmodic, j'ai voulu faire
venir d'autres groupes. Victor a organisé une première
tournée avec Tony Trishka & Skyline. J'ai donc loué une
salle à Toulouse (Le théâtre du Taur). Victor devait amener
Skyline depuis Paris et ils étaient très en retard (c'était en
janvier et il neigeait!). Le pauvre Alain Giroux (bluesman
français) était sur scène et me faisait signe de temps en
temps. Au moment où j'allais annuler la suite et tout
rembourser, ils sont arrivés. Et là, j'ai vu ce que c'était un
groupe "pro". Ils sont sortis du van après 12 heures de
route, ils sont montés sur scène et ils ont fait un show…
C'était le premier concert… et j'ai perdu un peu de sous!
Après, je me suis rapproché de la ville de Toulouse (pour
laquelle je travaillais comme architecte) et nous avons
organisé, dans le cadre du festival de jazz, un concert dans
la Halle aux Grains – on a refait venir Skyline, avec
Bluegrass 43, et nous. Ce fut, en 81, la préfiguration du vrai
festival de Toulouse. Ca a bien marché et le centre culturel
a accepté de faire venir un groupe par mois. Paule
Thioulouse (ma femme) et moi étions en relation avec des
personnes dans d'autres pays en Europe et entre nous,
nous étions capable d'organiser deux mois de tournée –
Nîmes, Angers, Niort … beaucoup s'y sont mis. Ce fut le
début du réseau TBF. Le deuxième "Bluegrass Show" eut
lieu en 82 avec Hot Rize, toujours grâce à Victor Woronov.
Et puis en 83, c'était le premier festival de Toulouse, où
nous nous sommes fait plaisir en invitant nos deux groupes
préférés: Seldom Scene et New Grass Revival – avec Peter
Rowan aussi. New Grass Revivial a été le grand choc!
Mais, notre ambition, c'était de faire découvrir le Bluegrass
– on s'amusait bien sûr. Je trouvais cette musique géniale
et elle n'était connue de personne – c'était devenu une
obsession. Il y avait un travail de fond important qui avait
commencé – j'ai animé trois émissions de radio et nous
avons créé le magazine Back-Up.
Sur la même scène en France : Bela Flek, Tony
Trishka, Darol Anger, Mike Marshall (je prends!)
Two loose ! Hot Rize à la Halle aux Grains
Le premier festival
avait été un peu long
à organiser: il fallut
passer un an à
co n v ain c r e
Jo h n
Duffey de prendre
l'avion – nous étions
les premiers à lui
faire quitter les US! Il
ne
voulait
pas
prendre l'avion et il
nous a posé un tas de
questions sur l'eau
potable en France,
etc.
Pour
le
deuxième,
comme
on
Joël avec Mike Auldridge et
John Duffey (Seldom Scene) connaissait Skyline et
backstage le 3 juin 1983 Hot Rize, ce fut plus
facile. Le troisième a
été plus difficile car nous voulions maintenir le niveau. On
visait JD Crowe et le Nitty Gritty Dirt Band, mais ils
voulaient venir avec femmes et enfants, et ça devenait trop
compliqué; JD n'a pas pu venir au dernier moment. On a
contacté les Johnson Mtn Boys… En fait, nous avons eu les
Bluegrass Cardinals. C'était la première fois que j'ai osé
faire venir un groupe de Bluegrass authentique – j'avais un
peu peur de faire venir un groupe "trop trad" par rapport
au public qu'on avait. Mais ils ont fait un tabac… On a eu
Chris Hillman, … et bien sûr Darol Anger et Mike Marshall.
Le dernier festival avait été tellement dur à monter,
tellement "dernier moment", tellement angoissant, … qu'on
a craqué. Et puis il y a eu des histoires avec le centre
culturel qui ne voulait plus nous laisser la Halle aux Grains
– 15 jours avant le festival! Parce que Michel Plasson avait
décidé de se l'approprier comme salle de répétition et
pour ses enregistrements. J'ai résisté et j'ai eu gain de
cause mais, après, c'était fini pour la Halle aux Grains.
Si je devais continuer il fallait ne faire que ça, passer
professionnel. Mais, malgré le succès du festival, la ville n'a
pas voulu suivre. Jacques Brémond a repris le flambeau
avec le journal (devenu Le Cri du Coyote et à sa 17e année)
et Angers pour le festival, avec Pierre Magda et sa sœur.
On a pu aider, par notre réseau, d'autres festivals (Angers,
Dore l'Eglise, Tullins, Mirande…) pendant les années
suivantes.

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