actualisation de la definition des infections nosocomiales
Transcription
actualisation de la definition des infections nosocomiales
ACTUALISATION DE LA DEFINITION DES INFECTIONS NOSOCOMIALES Houssein GBAGUIDI-HAORE Service d’Hygiène Hospitalière – CHU Besançon, novembre 2011 Historique Années 70 Infections hospitalières Années 80 Infections nosocomiales Multiplication des parcours de soins Multiplication des intervenants Dichotomie nosocomial / communautaire difficile Apanage des établissements de santé ? 2003 Infections liées aux soins 2007 Infections associées aux soins Causalité ? La référence jusqu’en 2007 "100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales« , 2nde édition, 1999 "Une infection est dite nosocomiale si elle était absente à l'admission à l'hôpital. Ce critère est applicable à toutes les infections. Lorsque la situation précise à l'admission n'est pas connue, un délai d'au moins 48 heures après l'admission (ou un délai supérieur à la période d'incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour séparer une infection d'acquisition communautaire d'une infection nosocomiale. Toutefois, il est recommandé d'apprécier dans chaque cas douteux la plausibilité du lien causal entre hospitalisation et infection. Pour les infections de plaie opératoire, on accepte comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention, ou - s'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant - dans l'année qui suit l'intervention." La référence depuis 2007 http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_vcourte.pdf http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_complet.pdf Retentissement de cette évolution de terminologie Difficile de se passer du terme «nosocomial» Médiatisation «Tour de passe passe» pour minimiser ces évènements ? Fait partie de documents multiples Tableau de bord Code de la santé publique Décision consensuelle de garder le terme «infection nosocomiale» pour les IAS d’acquisition hospitalière De quelle définition parle-t-on? Définition épidémiologique : dans le cadre de réseaux de surveillance objectif principal d’améliorer les connaissances et d’évaluer les programmes de lutte, ou dans le cadre du signalement réglementaire des infections nosocomiales Définition pour la pratique de la médecine «individuelle» par le clinicien : définitions opérationnelles permettant d’établir le diagnostic Définition à des fins d’évaluation de la qualité des soins et la gestion des risques : définitions proches des précédentes complétées par la mesure de leur caractère évitable, qui reste entièrement à construire Propriétés des critères de définition Simples et facilement utilisables Objectifs, et de ce fait, reproductibles Valides pour pouvoir classer correctement les patients, c'est-à-dire être à la fois suffisamment sensibles pour permettre la détection de la majorité des infections et suffisamment spécifiques pour ne pas en considérer en excès. Standardisés : Cliniques • Biologiques Paracliniques • Radiologiques ATTENTION : nosocomial ≠ évitable Perspective d’amélioration de la qualité des soins, intérêt d’étudier si ces évènements sont maîtrisables par des actions de prévention (revue) Propositions du CTINILS ► Proposition 1 : Le CTINILS propose qu’à l’instar des pays anglo-saxons et de la Commission européenne, soit utilisé le concept d’ infection associée aux soins (IAS), qui englobe tout événement infectieux en rapport plus ou moins proche avec un processus, une structure, une démarche de soins, dans un sens très large. ► Proposition 1 bis : Le CTINILS propose de garder à l’expression « infection nosocomiale » le sens d’une infection associée aux soins contractée dans un établissement de santé. ► Proposition 2 : Le CTINILS propose que les IAS concernent les patients, malades ou non, des structures dans lesquelles sont délivrées les soins, mais également les professionnels de santé et les visiteurs. ► Proposition 3 : Les critères à prendre en considération pour reconnaître le caractère associé aux soins d'une infection survenue chez un professionnel de la santé sont : • Une infection documentée chez le professionnel de santé, dont le développement survient dans un délai compatible avec le délai d'incubation de la pathologie · associée à : ► un contage documenté avec un patient source connu porteur d'une infection avec le même germe ► OU la notion de la prise en charge par le professionnel de santé de patients atteints par le même germe que celui dont il est atteint ► OU le fait que le professionnel de santé ait travaillé dans un secteur prenant en charge de tels patients, même s'il ne les a pas directement pris en charge, sous réserve que le mode de transmission du germe considéré soit compatible avec la contamination du professionnel de santé ► Proposition 4 : Le CTINILS propose que la définition des IAS ne dépende pas de la notion d’évitabilité. L’évitabilité de chaque IAS doit être établie a posteriori, de façon individuelle [10] notamment en tenant compte de l’état de santé préalable. Des travaux sont à développer sur ce thème. ► Le CTINILS suggère comme piste de travail la mise en évidence de facteurs de risque spécifiques, éventuellement valorisés sous la forme de scores pour pondérer l’évitabilité, l’imputabilité aux soins, ou le poids de la maladie sous-jacente. ► Proposition 5 : Le CTINILS propose que pour les IAS aucune distinction ne soit faite quant au lieu où est contractée l’infection du fait de la fréquence actuelle du continuum hospitalier et extra-hospitalier dans la dispensation des soins. ► Le CTINILS propose que les critères d’éligibilité d’une IAS reposent sur la délivrance d’un acte de soins au sens large (à visée diagnostique, thérapeutique, de dépistage ou de prévention primaire) par un professionnel de santé ou le patient ou son entourage encadré par un professionnel de santé dans un contexte de soins auto-dispensés ou de protocole ambulatoire. ► Proposition 6 : Le CTINILS propose que n’entrent pas dans la définition des IAS : ► • les colonisations asymptomatiques : urinaires, cathéter sans symptôme, isolement d’un microorganisme sur une cicatrice, un escarre ou un ulcère sans signe inflammatoire, colonisation bronchique chez un malade ventilé sans fièvre et sans image radiologique, • • les infections présentes ou en incubation lors du contact avec le système de santé. Les infections materno-foetales, sauf dans certains cas. Proposition 7 : Définition générale de l’IAS : Le CTINILS propose la définition suivante : Une infection est dite associée aux soins si elle survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge. Définition de l’IAS Déterminants et mécanismes de l’IAS (1) Déterminants environnement acte de soins terrain sous-jacent Mécanismes Présence physique de l’individu dans un ES : malade, soignant, visiteur Exemples : infections d'origine « exogène » (grippe, aspergillose, légionellose, BMR) IAES Réalisation d’1 acte de soin (dépistage, diagnostic, ttt) Ex : infections d'origine « exogène » ou « endogène » (ILC) IAAS pathologie sous-jacente (ID) modifications physiologiques (entérocolites) évolution « naturelle » d’une maladie chronique (cancer terminal) pathologie préexistante à l’hospitalisation (coma et inhalation) Déterminants et mécanismes de l’IAS (2) Déterminants et mécanismes de l’IAS (3) Documenter +++ Symptomatologie/critères paracliniques Délai Exposition Lieu Pour statuer sur le caractère ou non associé aux soins de l’infection Perspective d’amélioration de la qualité des soins, intérêt d’étudier si cet évènement est maîtrisable par des actions de prévention. Conclusion Définitions consensuelles Adaptées aux nouveaux modes de prise en charge des patients : la définition globale introduit la notion d’infection associée aux soins, qui ne restreint plus le risque infectieux aux seuls ES mais permet de rassembler dans un même champ l’ensemble des infections survenues à l’occasion de prises en charge de soins, qu’elles relèvent d’une hospitalisation ou de soins de ville dans la mesure, où celles-ci requièrent l’application des mêmes mesures de prévention. 13 Définitions par site anatomique ► ► ► ► BACTERIURIE INFECTION PULMONAIRE INFECTION DU SITE OPERATOIRE BACTERIEMIE/ILC 1. 2. 3. 4. 5. 6. Épidémiologie Définition Physiopathologie Diagnostic Facteurs de risque Prévention (plus tard…) 14 Bactériurie : épidémiologie (1/7) Enq. Prév. IN 2006 - prévalence des IN : 5,38% - ventilation par type : IUN = 30% Classée parmi les IAS évitables par l’application et le respect d’un certain nombre de règles 15 Bactériurie : définition/diagnostic (2/7) 16 Bactériurie : physiopathologie (3/7) ► Arbre urinaire normalement stérile à l’exception de la partie distale de l’urètre ► Portes d’entrée : Colonisation par voie ascendante à partir de l’urètre et méat urétral Sujet sondé : colonisation à partir de la ligne de drainage urinaire 17 Bactériurie : physiopathologie (4/7) ► Circonstances de contamination : Auto-contamination : - mauvaise hygiène périnéale - trouble du transit intestinal Sujet sondé : - acquisition lors de la mise en place de la sonde - acquisition lors de l’entretien de la sonde - acquisition par voie périurétrale - acquisition par voie hématogène 18 Bactériurie : physiopathologie (5/7) ► Facteurs favorisants : Liés à l’hôte : - mauvaise vidange vésicale Liés au sondage : - irritation de la muqueuse par la sonde - production d’un biofilm lié à la présence du corps étranger - manuportage Liés au micro-organisme : - inoculum - virulence 19 Bactériurie : facteurs de risque (6/7) ► Liés au patient : Sexe féminin (longueur de l’urètre) Age > 50 ans Antécédents médicaux : - DNID - dénutrition - autres sites infectés Trouble du transit intestinal Vessie neurologique Troubles prostatiques Mécanisme de reflux de la jonction urétrovésicale Caractéristiques physico-chimiques de l’urine Durée d’hospitalisation 20 Bactériurie : facteurs de risque (7/7) ► Liés au sondage : Technique de pose : - pose dans l’urgence - non respect des règles d’hygiène Type de système de drainage : - n° charrière incorrect - système non clos - qualité matériau : latex<<<silicone Durée du sondage élevée Document de référence : Conférence de consensus "Infections urinaires nosocomiales chez l’adulte", 2002, co-organisée par la SPILF et l’AFU. 21 Infection pulmonaire : épidémiologie (1/7) ENP 2006 : 14,7% Au 2ème rang des infections acquises en milieu hospitalier Mais 1ère catégorie d’IN acquises en réanimation Et 1ère cause de DC par infection nosocomiale 22 Infection pulmonaire : définition (2/7) Deux types d’infection : 23 Infection pulmonaire : définition (3/7) ET une documentation bactériologique fortement recommandée : 24 Infection pulmonaire : définition (3/7) PNP certaine ou probable 25 Infection pulmonaire : définition (4/7) 26 Infection pulmonaire : physiopathologie (5/7) ► Appareil respiratoire physiologiquement stérile, protégé par : Toux Tapis muco-ciliaire Les mécanismes humoraux et cellulaires locaux de défense ► Trois grandes conditions sont nécessaires au dvpmt de PNAVM : Colonisation oro-pharyngée et trachéo-bronchique Persistance des MO Altération des mécanismes de défense 27 Infection pulmonaire : physiopathologie (6/7) ► Porte d’entrée : colonisation oropharyngée et trachéobronchique endogène : à partir de la flore digestive du patient +++++ exogène : - à partir de l’environnement - à partir du matériel de ventilation ► Facteurs favorisant la colonisation : En réanimation même si patient non ventilé Hors réa, quand existe pathologie respiratoire chronique ssjacente Colonisation augmente avec durée d’hospitalisation 28 Infection pulmonaire : facteurs de risque (7/7) ► Associés à la survenue de PNAVM précoce : ► Tr conscience Iaire ou IIaire et micro-inhalation ► Associés à la survenue de PNAVM tardive : ► Exogènes : Intubation passage MO depuis oropharynx vers trachée Ré-intubations multiples Sondes naso-gastrique et naso-trachéale TTT anti-ulcéreux ► Endogènes : Terrain Tares associées (diabète, dénutrition, BPCO, patient chirurgical) ► TTT préalables (ATB, corticoTTT) 29 ISO : épidémiologie (1/8) ► ENP 2006 : 3ème rang des IN (14% des IN) ► MO les plus fréquents : cocci Gram + dans ¾ cas ► RAISIN (surveillance coordonnée au niveau national) ► Tableau de bord des IN indicateur SURVISO 30 ISO : définition (2/8) Peau/muqueuse Tissu conjonctif sous-cutané Tissu graisseux Aponévrose superficielle Muscle Aponévrose profonde ORGANE/ESPACE 31 ISO : définition (3/8) 32 ISO : définition ( 4/8) 33 ISO : physiopathologie (5/8) ► Trois facteurs interviennent : La virulence du MO L’importance de l’inoculum Les capacités de défense de l’hôte (locale et générale) ► Voies de contamination : Contamination pré-opératoire ► Plaie souillée et/ou traumatique Contamination per-opératoire ► Endogène ► Exogène : mains, phanères, rhinopharynx personnel, air ambiant Contamination post-opératoire ► Drain ► Pansements 34 ISO : facteurs de risque (6/8) ► Les facteurs de risque généraux : Malnutrition/obésité Âges extrêmes DNID mal équilibré ID État de choc Infection à distance du site opératoire TTT ATB Hospitalisation pré-opératoire prolongée 35 ISO : facteurs de risque (7/8) ► Les facteurs de risque locaux : Nécrose tissulaire Corps étranger Inoculum bactérien important (contamination pré-existante du site opératoire) Mauvaise vascularisation Lésions cutanées ► Facteurs opératoires : Durée de l’intervention Nombre de personnes dans salle Expérience de l’opérateur Contexte d’urgence 36 ISO : évaluation du risque infectieux (8/8) ► Classification d’Altemeier ► Score ASA (American Society of Anesthesiologists) ► Durée intervention Indice du risque NNISS (National Nosocomial Infections Surveillance System) 37 Évaluation du risque infectieux (1) 38 Evaluation du risque infectieux (2) 39 Évaluation du risque infectieux (3) 40 Bactériémie : épidémiologie (1/5) ► ENP 2006 : 6,4% de IN ► Dont la majorité est secondaire à des infections liées aux cathéters 4 1 Bactériémie : définition/diagnostic (2/5) Remarque : 42 ILC : définition/diagnostic (3/5) 43 ILC : définition/diagnostic (4/5) 44 ILC : physiopathologie (5/5) Flores cutanées Manipulations et solutés et colonisation du KT Risque infectieux lié au KT Interactions bactéries/biomatériaux Nature et caractéristiques du KT État du patient 45 Références : ► Actualisation ► des définitions des IN – CTINILS (2007) Surveiller et prévenir les IAS, HygièneS, vol XVIIIN°4 – Septembre 2010 ► Conférence de consensus "IUN de l’adulte" – SPILF/AFU (2002) http://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/consensus/iun02-long.pdf 46