Traitement me´ dical et nouvelles avance´ es dans les tumeurs
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Traitement me´ dical et nouvelles avance´ es dans les tumeurs
Mini-revue Traitement médical et nouvelles avancées dans les tumeurs endocrines digestives bien différenciées (hors duodénopancréatiques) Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Medical treatment and new treatment options for well-differentiated endocrine tumors of the gastrointestinal tract (out of duodenal and pancreatic tumors) 2 Thomas Walter , Catherine Lombard-Bohas1 1 Unité d’oncologie digestive, pavillon H, hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon cedex 03, France 2 Inserm U865, hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon cedex 03, France <[email protected]> Résumé. La prise en charge d’une tumeur endocrine bien différenciée du tube digestif doit être double : contrôler le syndrome sécrétoire s’il est présent et proposer un traitement antitumoral. L’existence d’un syndrome carcinoïde associant flushs et diarrhée, secondaire à une sécrétion tumorale non régulée de sérotonine traduit la présence de lésions secondaires le plus souvent hépatiques. Le contrôle de ce syndrome sécrétoire, prioritaire dans la hiérarchie thérapeutique, exige la prescription d’analogues de la somatostatine. L’exérèse de la tumeur primitive est le seul traitement curatif des formes localisées et devra être discutée même en présence de métastases à distance afin de traiter ou d’éviter une complication locale aiguë notamment lors de la prescription initiale d’analogues de la somatostatine. Dans un second temps, seront évoquées, dans le cadre d’une concertation pluridisciplinaire, les différentes possibilités thérapeutiques antitumorales des formes métastatiques. La résection chirurgicale complète des lésions intrahépatiques peut être proposée après une phase initiale d’observation d’autant plus longue que le geste chirurgical implique une résection hépatique majeure. En cas de métastases non chirurgicales, la chimioembolisation des lésions intrahépatiques reste l’option thérapeutique de choix. En présence de lésions diffuses non évolutives, la simple surveillance doit rester la règle. Un traitement par chimiothérapie, interféron ou radiothérapie métabolique ne sera proposé que devant des lésions documentées progressives. Il convient à chaque étape de la maladie de réévaluer la possibilité d’une résection chirurgicale, pouvant aller dans des cas exceptionnels après plusieurs années d’évolution uniquement intrahépatique jusqu’à la proposition d’une transplantation hépatique. Enfin, il faut souligner l’intérêt majeur d’inclure ces patients porteurs de pathologie rare dans des essais thérapeutiques prospectifs testant de nouvelles stratégies ou modalités de traitement (thérapies ciblées, nouveaux radio-isotopes, etc.). Mots clés : tumeur neuroendocrine digestive, tumeur carcinoïde, syndrome carcinoïde, analogue de la somatostatine, chimioembolisation, chirurgie doi: 10.1684/hpg.2009.0332 Abstract. Management of a well-differentiated endocrine tumor of the gastrointestinal tract aims at controlling the secretory syndrome and treating the tumor. Carcinoid syndrome is usually due to metastatic spread to the liver. Control of this syndrome with somatostatin analogs is a priority. Even if there is metastatic spread, surgical treatment of the primitive tumor should be discussed in order to avoid any acute local complication. Surgical treatment of intrahepatic lesions is an option only if a complete resection of all lesions seems possible, and, if liver resection is to be large, an observation period is advisable. Chemoembolisation is the best option if liver metastases are not resectable, with no extrahepatic lesions. Diffuse and non-evolving lesions should simply be monitored. Interferon, somatostatin analogs, chemotherapy, radionuclides, ablation therapies should be proposed only in cases of demonstrated progressing lesions. Surgical options should be reassessed at each stage of the disease, and include hepatic transplant in some exceptional cases of slowly evolving lesions that are strictly intrahepatic. Finally, it has to be emphasized that it is of the utmost importance to enrol those patients with very rare disease in prospective clinical trials assessing new therapeutic strategies or therapies (targeted therapies, new radio-isotopes, etc.). Key words : neuroendocrine tumors, carcinoid tumors, somatostatin analogs, chemoembolisation, surgery Hépato-Gastro, vol. 16, n° spécial, octobre 2009 37 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. L es tumeurs ou les carcinomes endocrines (TE) digestifs bien différenciés (TED) du tube digestif sont actuellement reclassés au sein des groupes 1 et 2 de la classification histopronostique OMS 2000. Le terme « carcinoïde » doit être normalement réservé à l’existence d’un syndrome sécrétoire clinique. Cette mise au point est consacrée aux traitements des TE du tube digestif (estomac, intestin, appendice, côlon et rectum) à l’exception de celles de la région duodénopancréatique. Le mode de découverte est variable : souvent fortuit (petite tumeur gastrique ou rectale découverte en endoscopie, nodule hypervasculaire du grêle ou masse mésentérique ou métastases hépatiques) ; plus rarement par des signes de souffrance du grêle (épisodes subocclusifs, ischémie mésentérique), une hépatomégalie ; un syndrome carcinoïde. La stratégie thérapeutique dépend de l’existence d’un syndrome fonctionnel, de l’extension métastatique et de l’évolutivité tumorale. Elle repose sur quelques règles simples rarement validées dans des essais thérapeutiques prospectifs étant donné la rareté de ces tumeurs, mais qui font l’objet d’un consensus d’experts [1-5]. Le contrôle des manifestations cliniques secondaires à l’hypersécrétion de sérotonine (et des médiateurs associés) est la première étape de la prise en charge thérapeutique. Secondairement, le bilan d’extension et la notion d’évolutivité permettront de définir l’intérêt de l’exérèse chirurgicale des lésions et de proposer une stratégie thérapeutique antitumorale optimale, dans le cadre d’une concertation multidisciplinaire associant médecins gastroentérologues, oncologues, médecins nucléaires, anatomopathologistes, chirurgiens et radiologues interventionnels. Les TED peu différenciées, qui représentent environ 5 % des TED, ne seront pas traitées ; leur pronostic est sombre avec une survie médiane de sept à dix mois [6] ; le traitement est basé sur une chimiothérapie de type cisplatine-étoposide [1, 6]. sévère, les formes immédiates (octréotide sous-cutané 100 ou 500 μg) seront préférées afin de contrôler rapidement le patient. L’adaptation posologique repose uniquement sur l’évaluation clinique, toutes les 24 à 48 heures, et le relais par les formes retard (prescription d’emblée dans les syndromes carcinoïdes plus modérés) alors possible. Deux molécules sont disponibles : l’octréotide (forme immédiate 50, 100 ou 500 µg, une injection sous-cutanée trois fois par jour - forme retard 10, 20, 30 mg, une injection intramusculaire toutes les quatre semaines) et le lanréotide, sous forme intramusculaire (LP 30 mg tous les 14 jours), ou sous forme souscutanée profonde (Autogel® 60, 90, ou 120 mg, tous les 28 jours) utilisable notamment pour les patients nécessitant une décoagulation efficace. De nouveaux analogues de la somatostatine sont en cours de développement : le SOM230 avec une affinité 30 à 40 fois supérieure sur les récepteurs sst1, sst3 et sst5, une affinité similaire pour le récepteur sst2, a permis de contrôler 27 % de syndromes carcinoïdes réfractaires dans une phase II portant sur 45 patients [8]. Une tachyphylaxie est observée avec les analogues dans un délai médian de neuf mois, nécessitant alors le recours aux traitements antitumoraux au premier rang desquels se place la chimioembolisation. Enfin, généralement après une longue évolution de la maladie, l’atteinte cardiaque valvulaire tricuspidienne peut en elle-même engager le pronostic vital des patients. Une prise en charge spécialisée cardiologique s’impose alors avec à terme l’indication potentielle de remplacement valvulaire tricuspidien qui permettra d’impacter positivement l’espérance de vie des patients et d’accroître considérablement la qualité. Traitement du syndrome carcinoı̈de TE gastriques La prescription d’analogues de la somatostatine permet une réponse symptomatique rapide, en particulier de la diarrhée et des flushs dans 60-90 % des cas et une diminution des marqueurs tumoraux biologiques dans 70 % des cas [7]. La seule restriction à l’initiation de ces analogues est l’existence d’une tumeur subocclusive ou une souffrance ischémique du grêle secondaire à une mésentérite rétractile souvent sévère. Une attitude chirurgicale immédiate doit alors être privilégiée sur la tumeur primitive et les adénopathies satellites. Les analogues sont alors prescrits en préopératoire immédiat afin de prévenir une crise carcinoïdienne aiguë à l’induction anesthésique. Dans tous les autres cas, la prescription d’analogues de la somatostatine est la première étape de prise en charge des patients. En cas de syndrome carcinoïde 38 Particularité thérapeutique en fonction du site primitif de la tumeur endocrine Les TE gastriques représentent environ 5-8 % des TED et moins de 1 % des tumeurs malignes gastriques. Elles sont soit associées à une hypergastrinémie d’origine antrale (gastrite fundique atrophique auto-immune) [type 1] ou tumorale (syndrome de Zollinger-EllisonSZE [type 2]) et constitueraient alors la conséquence ultime de l’hyperplasie des cellules ECL fundiques, soit sporadiques sans hyperplasie des cellules ECL ni hypergastrinémie (type 3). Le diagnostic des TE gastriques repose sur l’endoscopie avec la réalisation de biopsies multiples, aussi bien sur la lésion, que sur la muqueuse fundique (six à huit biopsies) pour rechercher une gastrite atrophique chronique associée et sur le dosage de la gastrinémie ; il est associé au bilan d’extension en profondeur (échoendoscopie) et métastatique ganglionnaire et hépatique (échoendoscopie, scanner Hépato-Gastro, vol. 16, n° spécial, octobre 2009 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. abdominopelvien, ± octréoscan) [1]. Le pronostic et la stratégie thérapeutique diffèrent fondamentalement entre les types 1, 2 et les types 3 (tableau 1), une surveillance simple ou résection endoscopique étant la règle dans les types 1 et 2 non infiltrants, la chirurgie carcinologique par gastrectomie devant être généralement proposée dans les types 3. moins de 10 % et sont localisées dans 60-75 % des cas dans le tiers distal de l’appendice. L’appendicectomie est insuffisante en cas de tumeurs de plus de 2 cm, ou situées à la base de l’appendice, ou envahissant le mésoappendice, ou en cas d’histologie de type adénocarcinoïdes ou de résection R1 [1, 12]. Une hémicolectomie droite avec curage doit alors être proposée. TE jéjunales et iléales TE du côlon et du rectum Les TE de l’intestin grêle à sérotonine, le plus souvent localisées dans l’iléon terminal, représentent 23-28 % des TED [2]. Alors que les métastases ganglionnaires (40 %) ou hépatiques sont fréquentes (12,9 % de métastases synchrones) [9], le syndrome carcinoïde est présent dans moins de 10 % de cas au diagnostic [10]. La survie à cinq ans est de l’ordre de 70 % en l’absence de métastases hépatiques contre 50 % en présence de métastases hépatiques [11]. Le bilan de la maladie est biologique (chromogranine A, sérotonine, 5HIAA urinaire) et morphologique (entéroscanner, octréoscan ± vidéocapsule du grêle). Une échographie cardiaque cherchera devant tout syndrome carcinoïde une atteinte tricuspidienne. Le traitement des formes non métastatiques repose sur une chirurgie d’exérèse. Même en cas de maladie métastatique, l’exérèse de la tumeur primitive reste préconisée, afin d’éviter des complications locorégionales [1]. Cette chirurgie comportera un curage ganglionnaire jusqu’à la racine du mésentère, associé à une cholécystectomie prophylactique dans la perspective d’embolisations artérielles futures des métastases hépatiques. Les TE du côlon représentent moins de 1 % des tumeurs coliques et moins de 10 % des TED. Le syndrome carcinoïde est rare (< 5%) ; la survie à cinq ans est de 70 % pour les tumeurs sans métastases, 44 et 20 % respectivement en cas de métastases locorégionnales et hépatiques. Le traitement consiste en une chirurgie carcinologique similaire aux adénocarcinomes coliques [1, 13]. Les TE du rectum sont plus fréquentes (actuellement 27 % des TED et 2 % des tumeurs rectales). Elles sont peptidergiques dans 80 % des cas et de découverte fortuite. Il existe une corrélation étroite entre la taille de la tumeur et le risque de diffusion métastatique (tableau 2). Le bilan d’extension comporte une coloscopie, échoendoscopie, ± scanner thoracoabdominopelvien, IRM pelvienne et octréoscan. Le traitement des formes localisées est résumé dans le tableau 2 [1, 13]. TE de l’appendice Elles concernent 0,6 % des pièces d’appendicectomie et 25-35 % des TED. Elles sont symptomatiques dans Traitement antitumoral des formes localement avancées ou métastatiques Traitement chirurgical La chirurgie des métastases hépatiques peut être proposée à visée carcinologique ou plus rarement de cytoréduction tumorale (en cas de syndrome sécrétoire réfractaire), chez des malades en bon état général, sans Tableau 1. Caractéristiques générales des tumeurs endocrines (TE) gastriques. Tumeurs endocrines gastriques bien différenciées (EC-Lome) Type 1 Type 2 Type 3 5-6 % Gastrinome/NEM1 14-20 % Sporadique Syndrome carcinoïde Histologie/classification OMS 70-80 % Maladie de Biermer, Helicobacter pylori ↑ Petite taille, unique/multiple, polypoïde ou intramuqueuse 0% Bien différenciée, I > II ↑ Petite taille, souvent multiple, polypoïde 0% Bien différenciée, I > II Muqueuse fundique Hyperplasie des ECL fundiques pH gastrique Risque de métastases Décès dû à la TE Principe du traitement Atrophique Non atrophique Oui Oui ↑↓ ↓ 2-5 % 10-30 % 0% < 10 % Résection endoscopique le plus souvent Normale Grande taille (> 2 cm), unique, polypoïde ulcérée 6-10 % Bien différenciée, mixte endo/exocrine, II > I Non atrophique Non Normal 38-55 % 25-30 % Chirurgie carcinologique Pourcentage des TE gastriques Affection associée Gastrinémie Caractéristiques tumorales Hépato-Gastro, vol. 16, n° spécial, octobre 2009 39 Mini-revue Tableau 2. Risque d’évolution métastatique et traitement des petites TE rectales en fonction du stade TNM. Stade TNM (diamètre) Risque de diffusion métastatique (%) Traitement T1aN0 (< 1cm) T1bN0 (1-2 cm) 2-5 % 10-30 % T2 (envahit muscularis propria ou taille > 2 cm) 60-80 % Mucosectomie avec capuchon, résection transanale Exérèse endoscopique uniquement si TE bien différenciée, limitée à la muqueuse ou sous-muqueuse, N0, inférieure à 2 mitoses sur 10 champs, non ulcère, non déprimée, sans embols. Sinon chirurgie radicale [1] Exérèse radicale chirurgicale avec exérèse totale du mésorectum et curage ganglionnaire Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. métastases extrahépatiques, après résection complète de la tumeur primitive, et sans insuffisance valvulaire non corrigée. Cette partie est détaillée dans le volume 15 de cette même revue [14]. Embolisation et chimioembolisation (TACE : transarterial chemoembolization) Les métastases hépatiques des TED sont hypervasculaires avec une vascularisation artérielle élective et donc d’excellentes indications d’embolisation artérielle hépatique. La transarterial chemoembolization (TACE), en combinant l’injection locale de doxorubicine ou de streptozocine puis d’agents emboligènes, est efficace dans le contrôle des symptômes carcinoïdes (60 à 80 %) et donne un taux de réponse objectif (RO) de l’ordre de 50 %, d’une durée de plus de 12 mois [15]. Les TACE sont contre-indiquées en cas de thrombose porte, d’insuffisance hépatocellulaire, d’ictère cholestatique majeur, d’anastomose biliodigestive ou de prothèse biliaire en raison d’un risque d’abcédation hépatique. L’administration d’analogues de la somatostatine est nécessaire juste avant le geste et durant les premiers jours pour éviter une crise carcinoïdienne lors de la nécrose des nodules tumoraux. L’adjonction d’un composé cytotoxique lors du geste d’embolisation sur le modèle des TACE pour hépatocarcinomes n’a pas encore démontré son intérêt par rapport à une embolisation simple dans ce type tumoral. Par ailleurs, l’arrivée des particules chargées (avec de l’irinotécan ou de la doxorubicine) pourrait accroître la nécrose tumorale en comparaison avec les TACE conventionnelles utilisant une émulsion avec le lipiodol [16]. L’indication préférentielle de la TACE reste la persistance d’un syndrome sécrétoire ou une progression tumorale hépatique malgré un traitement par analogue de la somatostatine. Analogues de la somatostatine à visée antitumorale En dehors du traitement antisécrétoire, les analogues de la somatostatine ont un pouvoir antitumoral modéré mais réel. Ils n’ont pas encore d’autorisation de mise sur le marché dans cette indication en France. Les taux de réponse objective sont faibles, de l’ordre de 5 %, en revanche, ils permettent d’obtenir une stabilisation de 40 la maladie dans 35 à 70 % pendant une période médiane de 10-25 mois [17]. L’étude PROMID menée avec Ocréotide 30 mg, récemment rapportée, est la première étude de phase III randomisée, prospective, en double insu, démontrant un allongement du temps à progression (15,6 mois versus 5,9 mois) notamment parmi les patients ayant un volume métastatique hépatique inférieur à 10 % [18]. Interféron L’interféron alpha (administré à des doses allant de 1,5 à 9 MU trois fois par semaine) a un effet antisécrétoire indiscutable avec 60 % de réponse sur le syndrome carcinoïde. Alors que les réponses tumorales objectives sont rares (8-11 %), une stabilisation tumorale est observée dans 60-75 % des cas, pour une durée médiane de 13-25 mois [19]. Une étude de phase III randomisée n’a pas trouvé de supériorité de l’association interféron et analogues de la somatostatine comparé à chaque traitement en monothérapie [20], en revanche elle présente une toxicité accrue. Les associations interféron-chimiothérapie n’apportent aucun bénéfice et ont une toxicité souvent rédhibitoire. Au total, l’interféron alpha a tout son intérêt chez les patients progressifs sur le plan sécrétoire ou tumoral, sous analogues ou après embolisation. La meilleure tolérance de l’interféron pégylé permettrait d’accroître la compliance au traitement et possiblement d’augmenter son efficacité antisécrétoire et antiproliférative dans les TED [21]. Chimiothérapie L’indication d’une chimiothérapie systémique ne se discute que chez les patients ayant une maladie métastatique non résécable et progressive après échec des analogues et embolisations. L’association flurouracile-streptozocine a longtemps été proposée comme un standard [22]. Les taux de RO publiés (22 %) ne se sont pas confirmés dans les études ultérieures objectivant des taux réels de RO autour de 10 % avec des durées médianes de réponse de six mois (22-24). La toxicité potentielle tardive, notamment rénale de la streptozocine au vu de la médiocrité des résultats obtenus, doit définitivement faire abandonner Hépato-Gastro, vol. 16, n° spécial, octobre 2009 cette association dans les tumeurs du grêle. Contrairement aux TE pancréatiques beaucoup plus chimiosensibles, la chimiothérapie n’est donc pas un traitement standard des TE du tube digestif, et sa prescription doit passer par une concertation au cas par cas [1, 2, 22-24]. De nouvelles substances comme l’oxaliplatine, le témozolomide ont une certaine activité avec un meilleur profil de tolérance [25-27]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Thérapies moléculaires ciblées Les TE du tube digestif n’échappent pas à l’essor actuel des thérapies ciblées. L’hypervascularisation constitutionnelle de ces tumeurs a d’emblée fait porter les espoirs des cliniciens sur les anti-angiogéniques purs, de type bévacizumab. Une première phase II, présentée par Yao et al., en 2005, a comparé chez 44 patients atteints de tumeurs carcinoïdes métastatiques ou non résécables un traitement par bévacizumab en monothérapie (15 mg/kg par trois semaines) à de l’interféron pégylé (0,5 μg/kg par semaine) [28]. Le taux de survie sans progression après 18 semaines de traitements est de 95 % dans le groupe de patients recevant le bévacizumab contre 67 % dans le bras interféron pégylé avec diminution significative des constantes de perfusion tumorale dans le bras bévacizumab. Une phase II ouverte étudiant l’association capécitabine-bévacizumab est actuellement en cours (essai BETTER [31]. Les inhibiteurs multikinases sont aussi testés dans cette indication. Kulke et al. présentent, en 2005, une phase II sur 39 patients atteints d’une tumeur carcinoïde, traités par sunitinib (inhibiteur VEGFR-1, -2, -3, PDGFR, c-KIT et Flt-3) ; très peu de réponses partielles sont rapportées (2 %), mais comme souvent dans le domaine des thérapies ciblées, le taux de stabilisation est important (93 %) [29]. Enfin, les inhibiteurs oraux de mTOR, notamment le RAD-001 (évérolimus), sont en cours d’évaluation dans les TED ; dans une phase II, Yao et al. ont rapporté, chez 30 patients atteints de tumeurs carcinoïdes, un taux de réponse objective de 13 % avec des stabilisations obtenues chez 59 % des patients, avec des effets secondaires très modérés [30]. Une phase III randomisant l’évérolimus au placebo, associé à de la Sandostatine® LP 30, est en cours d’analyse chez des patients atteints de tumeurs carcinoïdes avancées et documentées progressives à l’inclusion [31]. Radiothérapie métabolique* En conclusion, la prise en charge des formes localisées est spécifique au site primitif, reposant sur l’exérèse tumorale endoscopique ou plus souvent chirurgicale. L’indication d’un traitement adjuvant ne se conçoit que dans le cadre d’un essai clinique, la surveillance * (voir la mini-revue dans ce numéro, faite par E. Baudin) restant la règle. Le traitement des formes métastatiques comporte deux volets : la prise en charge du syndrome sécrétoire qui reste prioritaire et le traitement antitumoral : devant des maladies métastatiques non résécables, non évolutives et non symptomatiques avec un envahissement hépatique inférieur à 50 %, une simple surveillance avec réévaluation multidisciplinaire régulière reste justifiée [1] ; devant une maladie évolutive non chirurgicale, le choix du traitement antitumoral se fera entre les analogues de la somatostatine s’ils ne sont pas encore prescrits en tant qu’antisécrétoires, la chimioembolisation en cas de maladie exclusivement ou préférentiellement intrahépatique, l’interféron, la radiothérapie métabolique, en fonction des sites métastatiques atteints, de la pente évolutive de la maladie, etc. À chaque étape de la maladie, l’inclusion dans les essais thérapeutiques doit être privilégiée (analogues de la somatostatine à titre antitumoraux, radiothérapies métaboliques, thérapies ciblées, etc.). Enfin, il ne faut pas omettre de réévaluer régulièrement les possibilités de résections chirurgicales. Références 1. Cadiot G, Baudin E, Partensky C, Ruszniewski P. Digestive endocrine tumors. Gastroenterol Clin Biol 2006 ; 30 (Spec no 2) : S91-7. 2. Eriksson B, Kloppel G, Krenning E, Ahlman H, Plockinger U, Wiedenmann B, et al. Consensus guidelines for the management of patients with digestive neuroendocrine tumors-well-differentiated jejunal-ileal tumor/ carcinoma. Neuroendocrinology 2008 ; 87 : 8-19. 3. O’Toole D. Current trend: endocrine tumors of the stomach, small bowel, colon and rectum. Gastroenterol Clin Biol 2006 ; 30 : 276-91. 4. Modlin IM, Oberg K, Chung DC, Jensen RT, de Herder WW, Thakker RV, et al. Gastroenteropancreatic neuroendocrine tumors. Lancet Oncol 2008 ; 9 : 61-72. 5. Ramage JK, Davies AH, Ardill J, Bax N, Caplin M, Grossman A, et al. Guidelines for the management of gastroenteropancreatic neuroendocrine (including carcinoid) tumors. 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