Téléchargement - Club Alpin Nice Mercantour / CAF de Nice
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L’Inca de la brêche Borgonio ( Haute-Tinée), juillet 1984 Photographie : Jean-Louis MEYTRAL Le mot du Président ► Eric Dellacasa Mes premiers mots iront aux bénévoles de notre club. Le bénévolat n’est plus trop à la mode aujourd’hui. Et pourtant, sans bénévoles, que ferions nous ? Un grand merci donc à tous les bénévoles du club : les nombreux encadrants de nos activités bien évidemment et aussi ceux du siège. Et on pense tous très fort à notre ami Alain FLAMANT qui a tant donné pour le club et qui a besoin de notre soutien aujourd’hui. Leur dire que c’est grâce à eux, et ceux qui se sont relayés depuis 1879 - et oui déjà -, que nous sommes aujourd’hui, avec plus de 1.600 adhérents, l’un des plus importants clubs de sports et loisirs du département et l’un des plus gros clubs de montagne de France. C’est dans leur engagement, leur énergie, que toute l’équipe du comité directeur puise sa motivation. C’est donc un grand bonheur que d’être à la présidence de ce club historique de notre magnifique pays niçois, de ce club de passionnés, de ce club militant. Militant de la Montagne, fabuleux espace de liberté et de partage, qu’il nous incombe de préserver. Je remercie une nouvelle fois, et du fond du cœur, Jean Pierre MARTIN, pour son dévouement durant les 12 années passées à la présidence de notre club et pour l’aide qu’il continue à m’apporter au quotidien. Concilier vie active bien remplie et engagement associatif, tout en vivant pleinement sa passion, n’est pas tous les jours chose facile. Le travail « administratif » d’un gros club prend beaucoup (trop) de temps, au détriment des projets. Mais c’est ainsi. Toute l’équipe du comité directeur est au travail, à votre service et au service de notre passion commune. Nous aurons l’occasion de revenir dans les mois qui viennent sur tous les projets en cours. J’ai commencé par les bénévoles et je ne pouvais pas finir sans saluer également le travail quotidien, et la patience.., de notre collaboratrice, Michelle, sans qui rien ne serait possible. 2010 - N°239 Club Alpin Français SOMMAIRE Le mot du Président. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p3 Infos club. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p7 Inventaire ATBI de la biodiversité du Mercantour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p11 Deux belles randonnées hautes alpines en Vanoise. . . . . . . . . . . . . . p12 Pas de Prefouns, près du Lac nègre. Photographie de Jean-Louis MEYTRAL DIRECTEUR DE PUBLICATION : Eric DELLACASA Comité de lecture : Alyne RAISON Bernard ALLIETTA Christine CHAPOUTOT Danièle CHIERICO Jean-Louis MEYTRAL Jean-louis RIBOT Martial BOS Michèle FLORI RÉALISATION : Image MP ( 04 93 54 09 52 ) IMPRESSION : Imprimix ( 04 92 15 53 30 ) Poésie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p19 Portfolio, Bernard ALLIETTA . . . . . . . . . . . . p20 Aéronefs, parapentes et Parcs Nationaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p31 Formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p34 Etoiles des neiges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p36 Les mots de nos montagnes . . . . . . . . . . . . p39 Le Vercors septentrional : terre des hommes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p43 Le bulletin est l’un des outils de communication de notre club et les articles signés n’engagent que leurs auteurs. printemps - ete 2010 N° 239 ISSN 1167-8 / 429 Abonnement annuel : (3 numéros) France : 7 € Etranger : 11€ Club Alpin Français Nice-Mercantour 14, avenue Mirabeau - 06000 NICE Tél : 04 93 62 59 99 - Fax : 04 93 92 09 55 E-mail : [email protected] Site web : www.cafnice.org Permanence les lundis, mardis, jeudis et vendredi de 16h à 20h. »»»»»»INFOS CLUB REFUGE » Des évolutions pour la imprimable pour être présenté au gardien à l’arrivée au refuge. Et enfin, le refuge de Gialorgues, bâtiment non gardé, peut désormais être également réservé en ligne. centrale de réservation. www.cafresa.org Nous espérons vivement que ces évolutions faciliteront la réservation de nos refuges du Mercantour. Le Club Alpin Nice-Mercantour a réalisé un système informatique de réservation par Internet de ses refuges. Ce système est ouvert au public depuis le mois de septembre 2007. Adresse du site : www.cafresa.org L’équipe de la centrale de réservation Dans le souci d’améliorer nos services et d’être en adéquation avec les attentes des réservants, nous avons apporté quelques évolutions à notre site. ACTIVITES » N° de téléphone Désormais, le réservant a la possibilité de modifier sa réservation en ligne dans les conditions suivantes : changement du nombre de personnes changement du nombre de nuits au refuge changement de date d’arrivée au refuge par activités Notre nouvelle installation téléphonique permet d’accéder directement à l’accueil des différentes activités. Secrétariat D’autre part, il s’est avéré que le processus de réservation des refuges sur internet était parfois difficile à appréhender pour les non-initiés aux pratiques des sites de vente en ligne. Nous avons donc mis en place un certain nombre d’explications sur les différentes pages afin de mieux guider l’internaute. Accueil Ski-Alpinisme Escalade Mille-Pattes Stagiaire Président Bibliothèque De plus, une fois le paiement des arrhes effectué et validé, un bon de réservation est accessible, rappelant les principales informations liées à la réservation et 2010 - N°239 04 93 62 59 99 ou 04 93 62 72 20 04 93 62 72 21 04 93 62 72 22 de 18 à 20 h 04 93 62 72 23 04 93 62 72 24 04 93 62 72 25 04 93 62 72 26 04 93 62 72 27 Club Alpin Français »»»»»»INFOS CLUB LIVRES REFUGES »Dates de gardiennage Les cafistes publient. Les plus belles courses des Alpes de la Méditerranée. » des refuges : Cougourde, Madone de Fenestres, Nice,Valmasque, Merveilles : du 12.06.2010 au 26.09.2010 Il s’agit d’un livre sur les massifs du Mercantour et de l’Argentera. Vens : du 12.06.2010 au 19.09.2010 Cet ouvrage propose une sélection de 67 courses d’alpinisme, de ski et d’escalade. « Les plus belles courses des Alpes de la Méditerranée » détaille des courses classiques ou insolites. Toutes présentent un grand intérêt technique dans des cotations s’échelonnant du PD à l’ED. Les descriptions sont largement illustrées de photographies inédites. Rabuons : Du 19.06.2010 au 19.09.2010 Je remercie vivement la contribution de Martial Bos et Bernard Giraudon, membres du club. Les plus belles courses des Alpes de la Méditerranée. Nicolas Féraud et Jean-Claude Raibaud. Alticoop Editions. 22.5cm x 26cm. 224 pages. 33.50€ www.alticoop.com 04 93 98 58 53 Club Alpin Français N°239 - 2010 »»»»»»INFOS CLUB 50 ans de Club »Laurette ARROM NOUVEAU SERVICE Lors de l’Assemblée Générale de notre club de décembre 2009, nous avons eu le plaisir de remettre à Laurette ARROM la médaille des 50 ans d’adhésion au CAF de Nice. » VOS PETITES ANNONCES DANS LE BULLETIN DU CLUB A l’attention de tous les CAFISTES de la section Nice-Mercantour Dès la parution du numéro d’octobre 2010 nous allons réserver une page du bulletin pour une rubrique « Petites Annonces ». Les modalités en seront les suivantes : Qui le croirait en voyant et écoutant la sémillante Laurette, intarissable sur les récits et albums photos de ses nombreux voyages à travers notre planète..... « en attendant la planète mars »...et toujours assidue à nos activités. Toutes nos félicitations, Laurette.. » Comité de Direction » Le coût d’une annonce sera de 5 Euros à régler au CAF en espèces ou chèque au secrétariat. » Toute annonce devra présenter une relation avec les activités du Club. (achat ou vente de matériel, de biens, demande de contact pour activités « Montagne ».... etc). Pour le bulletin d’octobre 2010 la date limite de réception des textes d’annonces sera fixée au 31 juillet 2010. »CANDIDATURE » Le Club se réserve le droit d’accepter ou refuser toute annonce ne correspondant pas aux critères précisés. Les candidatures pour siéger au comité de direction de notre club seront reçues jusqu’au 4 septembre 2010 dernier délai. N’hésitez pas …..et venez nous rejoindre pour assurer un renouvellement toujours positif des dirigeants bénévoles du club. Merci. Club Alpin Français A bientôt sur la page « Petites Annonces ». N°239 - 2010 Nature Inventaire a t b i de la biodiversité du Mercantour ► par Jean - Louis MEYTRAL◄ Depuis l’été 2007, le Parc National du Mercantour a mis en place un projet d’inventaire de la biodiversité : A T B I <all taxa biodiversity inventories< dont l’objectif est de rechercher toutes les espèces présentes dans le Parc National du Mercantour afin d’améliorer la connaissance et la gestion des milieux naturels existants et essayer d’éviter la disparition d’espèces patrimoniales, richesse biologique de notre département. Aussi verrez-vous parfois des tentes malaises postées comme ici sur notre photo au col de Salèse durant l’été 2009, dont le but est de capturer des insectes volants comme des diptères (mouches, moustiques) ou comme des hyménoptères (groupe de classification des abeilles et autres guêpes). Si vous en observez cet été 2010 dans le Mercantour, n’y touchez pas et ne restez pas à proximité: préservez ainsi le bon fonctionnement du système. Le Parc vous en remercie d’avance. PS : le projet ATBI est réalisé en collaboration avec divers muséums d’histoire naturelle d’Europe, le PNM et le Parc italien Alpi Marittime. C’est dans ce cadre-là que le conservatoire botanique méditerranéen a réalisé un inventaire exhaustif de la flore des plantes vasculaires sur la commune de St Martin-Vésubie l’été 2009 et a découvert sur cette commune une plante nouvellement décrite par la science en 2008 et trouvée près du pas du Porco en Italie, dans le massif de l’Argentera et jamais encore observée sur le territoire national. Cette découverte permet d’agrandir l’aire de répartition de cette espèce nommée Moehringia argenteria que l’on croyait endémique de l’Argentera et elle ajoute une nouvelle espèce à la flore de France et bien sûr à la flore locale déjà riche de plus de 2000 espèces de plantes. TEXTE DE J-L MEYTRAL d’après un panneau d’affichage du PNM 2010 - N°239 11 Club Alpin Français Randonnée DEUX BELLES RANDONNEES HAUTES ALPINES EN VANOISE ( Juillet 2008 ) ► par Jo Fredy ◄ Premier objectif : la traversée du refuge du CARRO (2761m) à celui des EVETTES (2590m) par les sources de l’Arc. Cette randonnée haute alpine concoctée par notre ami Jean-Luc n’était qu’une mise en jambes pour la suivante : l’ALBARON (3637m). Mais commençons déjà par rejoindre BONNEVAL sur Arc et l’ÉCOT, dernier hameau de cette vallée de l’Arc, joyau du Parc National de la Vanoise. Depuis NICE, puis MARSEILLE, SISTERON , MONTGENEVRE, une petite erreur de notre ordinateur (ne vous y fiez pas, vous pouvez avoir des surprises !) car il nous a mal aiguillés et nous nous sommes retrouvés devant le tunnel du FREJUS sans l’avoir voulu, au milieu d’une cohorte de camions ( vivement le ferroutage, car pour les voitures c’est invivable !). Enfin nous arrivons à l’Ecot (2027m). Départ sac au dos pour le refuge du CARRO. Après 8h de voiture, faut y aller et monter 700m. Là, c’est la Vanoise dans toute sa splendeur ; durant toute la montée une végétation dense et variée nous accompagne pour notre plus grande joie : anémones en fruits, campanules barbues d’un bleu clair éclatant, lys martagon, œillets, minuartis, gentianes de koch, raiponce de Haller, violettes, trolles jaunes, rhodolia rosea et en arrivant au Carro la joie de trouver la primevère du Piémont dont l’aire de répartition est surtout italienne, cette primevère ne déborde que très localement sur la Savoie et la France d’où l’importance biogéographique de cette zone Carro – Evettes. Nous sommes très bien accueillis par la gardienne (je n’y étais plus revenu depuis 1970 et une course à la Levanna occidentale). Le refuge est devenu un 3 étoiles et les mauvaises odeurs à l’extérieur ont disparu. (Ce refuge du CARRO a été construit en 1925 par le CAF de Lyon et agrandi en 1976, il a fait l’objet de travaux en 2005 avec adjonction d’une terrasse accessible depuis la salle commune, douches, lavabos, rénovation des dortoirs et mise en place de toilettes particulières et adaptées à la haute montagne : nommées SANIVERTES, elles fonctionnent sans eau ni produits chimiques, les odeurs sont aspirées par la cuvette elle-même et les matières triées par un tapis roulant actionné par une pédale, les matières fécales et papiers sont séparés des urines et séchées dans des sacs ; ces toilettes fonctionnent de manière naturelle et protègent l’environnement, elles devraient être généralisées à tous les refuges de haute altitude). Le soir nous n’avons jeté qu’un un œil furtif sur les lacs Noir et Blanc, car le lendemain matin c’est réveil à 4h pour cette course en traversée donnée en 8h sur le papier par les Club Alpin Français 12 N°239 - 2010 Col du Triéve spécialistes. Nous en mettrons 11, car un certain passage, compte tenu de la régression des glaciers juste au-dessus des sources de l’Arc, se fera en rocher après une traversée en neige qui, vue d’en bas, traumatisera notre ami André qui préférera suivre l’Arc et descendre directement à l’Ecot avant de remonter nous rejoindre aux Evettes. Les 7 personnes qui nous précèdent, montagnards aguerris nous montraient la voie mais nous étions perplexes cependant, malgré leur bonne humeur, à ce passage-là, sans problème bien sûr. Nous avions au préalable passé le col des Pariotes (3057m) facilement ; c’est de là que l’on attaque la Levanna occidentale, mais 38 ans après je n’ai rien reconnu. Après la longue traversée du glacier des sources de l’Arc et le passage en escalade nous sommes arrivés au col de Trieves. De là nous avons continué vers le col du grand Mean (3225m), sous la pointe du même nom, longue marche fastidieuse dans la neige qui recouvre le glacier du Mulinet qui fait suite au col du Trieves. Nous n’arrêtons pas de nous émerveiller de la beauté de tous ces sommets nous entourant : les Levanna, la pointe Girard, la pointe du Grand Mean, la petite et la grande Ciamarella. Au col du grand Mean, arrêt casse-croûte avec les 7 de l’autre groupe.On se couvre car une bise fraîche souffle. Puis c’est la traversée du glacier du grand Mean dominé vers le bas par le mont Seti et en dessus par la cime Monfret (3371m). Par une longue traversée encore, à flanc et dans une neige qui, heureusement, n’est pas trop fondante, on arrive au 2010 - N°239 13 Club Alpin Français Randonnée col de la Disgrazia ( le malheur en italien) d’où une descente en écharpe nous fait rejoindre la combe des Evettes ( diminutif de Eve=eau ). Tout le long du parcours menant au refuge par la cascade de la Recula nous étudions les plantes des moraines ( nous avons bien sûr remisé nos crampons et la corde dans nos sacs bien lourds pour une telle randonnée). Dans la terre qui s’est accumulée derrière de gros blocs de roches vertes nommées serpentinites (restes d’un fond océanique alpin), nous observons des primevères à grandes feuilles, des pinguicula alpina à fleurs blanches, des linaires des moraines, des violettes, des benoîtes rampantes jaunes, des bartsies des alpes, des rhodiola rosa, sortes de sedum de haute montagne. Au fond, sur notre gauche, l’ALBARON nous domine de ses 3627m. Le glacier des Evettes a, lui aussi, bien reculé ces dernières années. Nous apercevons le refuge des Evettes bien avant d’y parvenir. Après le pont romain typique, aperçu au dernier moment, il restait encore une belle pente assez dure à remonter après 10h de glacier. Enfin, après 11h et quart de marche, le but est enfin atteint et la joie est sur nos visages. André ne nous rejoindra qu’une heure après, ce qui commençait a nous inquiéter. Deuxième objectif : l’ALBARON Le deuxième jour nous devions donc atteindre l’ALBARON depuis ce refuge des Evettes. L’histoire de ce refuge mérite d’être contée : le premier refuge des Evettes, en pierre, a été inauguré en 1907. Il fut incendié par l’armée française en 1940 et remplacé après l’armistice de 1945 par un refuge en bois. Le refuge actuel date de 1965. Conçu dans des bureaux d’études modernistes, il fut préconisé par Paris comme la solution du futur pour l’hébergement des montagnards. Dans les années 70 il fut pilote pour l’utilisation de l’énergie photovoltaïque qui a fait depuis florès. Le refuge actuel est celui de 65, réhabilité il y a peu par le CAF de Lyon qui en est propriétaire. Après cet intermède, revenons à l’ALBARON : vu, revu cent fois le tracé de la balade et ressassée la longue marche à 5h du matin sur une moraine qui n’en finirait plus. Vu la fatigue, nous avons modifié notre itinéraire en nous accordant un jour de repos 14 N°239 - 2010 Deux belles randonnées hautes alpines en Vanoise et en descendant à l’Ecot, visitant le hameau aux toits d’ardoise ainsi que Bonneval, et on décida de monter au refuge d’Averole par la route des Vincendières (une première réfection fut réalisée en 1920. D’une capacité de 40 places, il était en bois recouvert extérieurement d’ardoises d’éternit rouge, d’où l’appellation par les italiens de casa rota. Ce bâtiment fut démoli en 1985, déjà remplacé par la construction actuelle inaugurée en 1976). Refuge Carro De ce hameau, actuellement accessible uniquement par une navette, nous gagnons le refuge en une heure (2227m), parmi de belles fleurs et en admirant la belle cascade de la lombarde captée un peu plus bas. Vendredi réveil à 4h et nous attaquons le sentier à 4h 45, par nuit noire; en 2h il nous mène sur la moraine du glacier du COLERIN, non sans avoir dérangé des moutons à l’estive. Le Charbonnel est déjà chaperonné de nuages, mais l’ALBARON, que nous voyons sous un autre angle que depuis les Evettes, nous semble plus accessible. Il faut quand même gravir les 1400m de dénivelée alors qu’il n’y en avait que 1100m depuis les Evettes. Arrivés à l’attaque du glacier nous apercevons sur la crête 7 personnes venant du refuge déjà nommé. Nous avons encore 2h avant d’atteindre l’ultime col, duquel un grand plateau Primula Pedemontana Randonnée Descente sur combe Evettes s’étend jusque 20m sous la cime. Jean–Louis qui herborise à la fin de la moraine très longue mais très facile à gravir et André nous lâchent à la fin de la rampe. Ils suivent toutefois notre ascension jusqu’à la dernière combe. De là, en 1h (à 10h du matin) nous atteignons, Jean - Luc et moi les rochers de l’ALBARON duquel nos 7 escaladeurs descendent en rappel. Nous pensions arriver en neige au sommet, mais un coup de vent et ces 20m de falaise nous obligent à redescendre, après avoir vu les 2 autres cordées traverser le grand plateau. La redescente s’effectue sans problème, toujours face au Charbonnel dans les nuages. Après 5h de montée et 4h de descente , nous rejoignons Vincendières et le village de Bonneval où un gîte CAF nous permet de passer une bonne nuit de récupération. Le lendemain, grosses pluies sur toute la vallée de l’Arc. Nous étions contents d’avoir pu réaliser ces 2 courses en 5 jours. Deux réussites dans ces beaux paysages du parc national de la Vanoise, si bien fleuri et riche d’une biodiversité exceptionnelle comme celle encore plus exceptionnelle du massif du Mercantour qui nous est si cher ! Texte de Jo Fredy avec la participation de J-L Meytral pour l’histoire des refuges (informations données par des sites internet) et la botanique. Photos J-L Meytral. Club Alpin Français 16 N°239 - 2010 Poésie Printemps en Cerdagne Si j’avais un pinceau Je peindrais un décor de vertes montagnes, Un immense tableau Celui dont on rêve, le pays de cocagne. Si j’avais un pinceau Je mélangerais gris des roches et bleu du ciel, Au merveilleux tableau J’ajouterais tous les fondus de l’arc-en-ciel Si j’avais un pinceau Je répandrais les couleurs sur ma palette, Le plus beau des tableaux Ici, un ange nu avec son arbalète, Si j’avais un pinceau Rose et rouge de ses joues pour les murs, les toits, Magnifique tableau D’un chalet aux jaunes pensées sous l’avant toit. Si j’avais un pinceau Il y aurait un parterre multicolore D’un ravissant tableau D’anémones, d’œillets, roses qui odorent Si j’avais un pinceau Mettrais un berger, son chien qui l’accompagne Cet harmonieux tableau Avec sur la maison le drapeau de Cerdagne. Si j’avais un pinceau Je poserais deux compagnons qui regardent Assis dans ce tableau Vers les prés l’imposant troupeau qui s’attarde Si j’avais un pinceau Peindrais en toile de fond un étang indigo, De l’élégant tableau On entendrait de loin un air de fandango Si j’avais un pinceau Tu verrais s’accomplir un paysage qu’à deux D’un magique tableau On partage, avec les yeux du cœur, jour radieux ! Si j’avais un pinceau Tu tiendrais ma main afin qu’elle ne tremble Pour te faire un tableau Incomparable, et puis, qu’il te ressemble Si j’avais un pinceau Je peindrais des oiseaux, des bouquets d’hirondelles Qui sortent du tableau Pour t’annoncer, Printemps ! volant à tire d’ailes 2010 - N°239 19 Djiell Club Alpin Français ›PORTFOLIO Bernard A L L I E T TA 1937 1970 : année de départ de l’aventure au CAF. Pour adhérer au CAF de Nice et succéder à mon père, deux de ses amis m’ont gentiment offert leur parrainage encore en vigueur à ce moment là. 1990 Club Alpin Français 20 N°239 - 2010 | Bernard ALLIETTA | Membre du Club jusqu’en 1995 puis depuis 2005, j’ai commencé mes activités « Montagne » par de faciles balades puis, sans transition, directement à « l’escalade ». Caires de la Madone de Fenestres, Cougourde, Préfouns, Giegn ont été des sommets qui m’ont fait découvrir les joies de la « grimpe » et les courses que j’y ai pratiquées sont gravées à jamais dans ma mémoire. Ensuite j’ai découvert les joies du « ski de randonnée » qui m’ont fait apprécier les merveilleux paysages de la montagne immaculée de blanc, dans le Mercantour, le Jura, la Vanoise, la Suisse, en Italie. Plus tard vinrent les sorties « famille », le camping...et maintenant les sorties « raquettes » en hiver et les sorties « botanique » au printemps et « voyage » en été. Au sein du comité de Direction j’ai assumé les activités « bibliothèque » et « bulletin » et participé aux activités « refuges » et « protection de la montagne ». Au début de mes activités « montagne ».la photo représentait, pour moi, un support de « souvenirs de sorties » à visionner dans de mémorables réunions « soirées diapos ». Après les photos papier couleur (et l’album de famille) l’apparition du « numérique » me permet alors de « capter » la merveilleuse flore et la faune de notre massif. Voici quelques photos (difficiles à choisir) qui m’ont « flashé » et qui, je l’espère, égaieront et enchanteront votre printemps. 2009 2010 - N°239 21 Club Alpin Français ›PORTFOLIO Chamonix-Zermatt 1975 Mer de nuage sur le lac léman Club Alpin Français 22 N°239 - 2010 | Bernard ALLIETTA | Chamonix-Zermatt 1975 2010 - N°239 23 Club Alpin Français ›PORTFOLIO Vue de l’Authion.....soleil et nuage Soleil...et neige Club Alpin Français 24 N°239 - 2010 | Bernard ALLIETTA | Le repas du Zygène 2010 - N°239 25 Club Alpin Français ›PORTFOLIO Lys orangé Gentiane de Ligurie Club Alpin Français 26 N°239 - 2010 | Bernard ALLIETTA | Ancolie Fritillaire de Caussols 2010 - N°239 27 Club Alpin Français ›PORTFOLIO Julienne inodore (Espéris inodora) Club Alpin Français 28 N°239 - 2010 | Bernard ALLIETTA | Edelweiss (léontopodium alpinum) 2010 - N°239 29 Club Alpin Français ›PORTFOLIO Marmottons PARTICIPEZ AU PORTFOLIO Vous êtes nombreux à partir en montagne avec un appareil photo. Faites connaître votre talent, votre vision de la montagne, ou de votre activité préférée en y participant. Portfolio, c’est un espace dédié au partage de votre passion montagne par l’image, et de votre travail de photographe. Comment faire ? 1/ Triez vos images : Soyez sévère, sélectionnez vos plus belles images. 2/ Préparez vos images : Vous avez entre 10 et 20 images. Faites vous tirer des exemplaires papiers en 13x18cm. Prenez le temps de les légender. Lieu, sujet, date, auteur, etc …( au dos des tirages papier). 3/ Envoyez vos images au club Argentique : Diapos ou tirages papier en 13x18 cm Numérique : pas d’envois par mails, mais vos images sur CD avec un tirage papier en 13x18cm. Club Alpin Français / Commission bulletin / 14 avenue Mirabeau / 06 000 Nice 4/ Et après ? La commission bulletin vous informera de la suite donnée à votre envoi. Tous les originaux vous seront rendus (cd et tirages papier). Des questions ? Contactez B. Allietta : 06 14 56 39 32 – [email protected] Club Alpin Français 30 N°239 - 2010 Protection du Milieu Montagnard Aéronefs, parapentes et Parcs Nationaux… !? ► par Martial BOS ◄ Dans le cadre du nouveau décret des parcs qui prévoit une distinction entre les aéronefs motorisés et non motorisés, la limitation de survol à 1000 mètres du sol ne s’applique plus aux aéronefs non motorisés. En fait le survol à 1000 mètres du sol ne pouvant être réalisé que par quelques rares pratiquants très expérimentés, actuellement, tant qu’une convention ou la nouvelle charte ne sera pas finalisée, le Parc du Mercantour a pris la décision provisoire d’autoriser sans conditions le survol du cœur du Parc. Aucun décollage ni atterrissage n’y est autorisé, excepté des atterrissages pour raison de sécurité (front orageux par exemple). A priori, nous pourrions penser que cette activité occasionne peu de dérangements puisqu’elle se pratique en l’air et sans bruit, et que si pour les envols les accès aux sommets se font à pied, les parapentistes dérangeraient moins que des randonneurs…Or nous avons trouvé des informations et des études qui nous ont amenés à reconsidérer cette analyse sommaire. En fait, les parapentes sont plus perturbants qu’on ne le pensait. Par leur effet de surprise lorsqu’ils surgissent d’une crête, leurs évolutions lentes et imprévisibles plus ou moins prolongées sur les sites, leurs passages répétés au ras des pentes et leur apparence de grand rapace, ils sont plus stressants pour les animaux que les avions ou hélicoptères. Ceux-là sont repérés de loin et passent généralement sans s’attarder et moins près des pentes. Il a été observé que les survols à moins de 1000 mètres du sol de parapentes, ULM, planeurs, hélicoptères, deltaplanes produisent chez les animaux sauvages des comportements d’alerte, d’arrêt de rumination chez les ongulés, d’abandon des zones de gagnage, de fuite induisant des risques d’accidents, de prédation, d’agressivité, d’hostilité chez les rapaces, qui pratiquent le même type de vol. Il a été également observé des abandons de couvées chez plusieurs espèces d’oiseaux . Ces incidences diminuent à terme les taux de survie hivernale et les réussites de reproduction de la faune dérangée. Nous avons à comprendre que la pérennité des espèces est le résultat de l’équilibre des interactions de toutes les composantes du milieu naturel. Les conditions de sauvagerie et de tranquillité des territoires montagneux ont participé pendant des millénaires à l’établissement de cet équilibre. Or elles ont été considérablement altérées depuis l’époque des pionniers de l’alpinisme. Nous avons assisté à une poussée de la fréquentation 2010 - N°239 31 Club Alpin Français Protection du Milieu Montagnard touristique, nous avons vu le développement du ski et les équipements des stations, puis les randonnées et l’arrivée des raquettes. Il y a eu les créations de routes, de pistes, la pression de la chasse jusque sur les limites des parcs, les coupes forestières, les engins motorisés, les vols d’hélicoptères, etc… Parallèlement nous avons vu les espèces les plus sensibles, les gallinacés de montagne, décliner dans tous nos massifs, et disparaître par endroit… Aussi, il est important de ralentir cette évolution et ses conséquences, Dans les parcs nationaux, les agents s’efforcent de contenir les pressions, de limiter l’usage des engins gênants aux nécessités des services de secours ou de services publics. Les vols de loisirs peuvent aussi bien se pratiquer hors cœurs de parcs. Il s’y trouve bien d’autres sommets sensiblement comparables en altitude dans notre région et les massifs voisins. Les parcs nationaux ne représentent que 0,7% de notre territoire national. C’est peu, pour des espaces si précieux. Cela justifie bien un effort pour y maintenir des conditions de vie optimales pour la nature… N’y ajoutons plus du dérangement aux dérangements. Pour ces raisons, cette réflexion du Club Alpin Français de Nice, partagée avec les Clubs Alpins Français de Cannes et de St. Laurent du Var, conclut que les décollages et les atterrissages des parapentes ou autres aéronefs de loisir ne devraient pas être autorisés en cœur de parc, par la charte du Parc du Mercantour (et pareillement pour les autres Parcs Nationaux…) Club Alpin Français 32 N°239 - 2010 Apprendre FORMATION La Formation est depuis longtemps, une activité importante, sérieuse, quoique « discrète » de la FFCAM et de notre Club. Année après année, des adhérents sont formés à l’autonomie et à la sécurité en montagne, à l’encadrement pour les plus motivés (car il nous faut aussi des encadrants !). Par la suite, les encadrants se recyclent à l’occasion de stages ( obligation tous les 5 ans). Il s’agit donc d’une Formation qu’on pourrait dire « permanente » , de co-formation à l’intérieur du Club, les cadres diplômés faisant profiter les « stagiaires « de leurs connaissances et de leur expérience du terrain . Les coûts de la Formation sont en général modiques puisque le bénévolat des Formateurs est de rigueur au CAF. Donc, cette année encore, divers niveaux de Formation : - La formation de base de décembre 2009 à mai 2010 qui a concerné en tout 34 personnes: cours théoriques UFCA+ UV1 cartographie / orientation, suivis de séances de « perfectionnement » qui sont une initiation à la montagne aussi bien en » terrain sec » qu’en » terrain enneigé » Ils sont un gage de plus grande autonomie pour les randonneurs et pour les pratiquants des raquettes et une première étape vers un brevet initiateur randonnée montagne (programme publié sur le site et dans le bulletin d’octobre 2009 ) - les formations plus spécialisées pour l’encadrement des activités diverses (Rando Alpine, Alpinisme, ski de Randonnée etc. ) qui se déroulent chez nous ou au sein d’autres Clubs, avec nos Formateurs et/ou ceux d’autres Clubs. -23/ 24 janvier 2010 : UV2 cartographie /orientation terrain neige animé par JC Liprandi ( WE neige à Estenc) -19/20 juin 2010 : UV2 cartographie/orientation terrain sec, suite logique de la formation de base et de l’UV1, animée par JeanCart-Lamy et Vincent Bienfait. (voir site) -UV2 Sécurité glacier à Chamonix : Nicolas Féraud et Andréas Kresse, les 27/28 mars 2010 - UF Via ferrata aux alentours de Nice : Nicolas Féraud et Patrick Valdenaire, les 5 et 6 juin 2010 2010 - N°239 34 Club Alpin Français Formation - Initiateur Terrain Montagne (Alpinisme) dans le Mercantour ou les Ecrins : Nicolas Féraud et Georges Torrelli du 28 juin au 4 juillet 2010. - Stage initiateur Rando/Montagne organisé par Daniel Tauzin du 2 au 5 juillet à la Madone de Fenestre. Et il y a les autres stages à venir , des stages de recyclage dont les dates ne sont pas encore communiquées. Si vous êtes partants pour la Formation, consultez notre site : http://www.cafnice.org/cafbase/activites/formation.php. Une adresse : [email protected] 2010 - N°239 35 Club Alpin Français Ski Alpin Adulte Etoiles des Neiges ► par Christine ◄ Et les étoiles ont étonnamment brillé sur ce séjour de Janvier 2010. Rappelez-vous : peu de jours avant, les routes, autoroutes coupées, les trains bloqués, les pentes avalancheuses. Mais pour nous , le rêve : le soleil, un seul après-midi de neige et 15 cm de poudreuse légère ont recouvert les pistes, la douceur, cette douceur qu’évoque déjà le nom de la station de Valmorel qui chante à nos oreilles, Valmorel sans tour ni béton, Valmorel et ses chalets, ses petites rues piétonnes, sa jolie fontaine, Valmorel humaine, Valmorel carte postale. Nous étions superbement installés à quelques pas de là, quelques longueurs de planches, à Doucy-Combelouvière, la combe aux loups, au pied des remontées et des pistes. Sitôt extraits de l’hôtel-club douillet de l’Eau Rousse, sitôt skis aux pieds. 27, avides de glisse, encadrés par 3 moniteurs particulièrement attentifs : Alain, Bernard, Philippe, guidés par Patrick, fin connaisseur des lieux, 27 piaffant d’impatience comme des enfants. « Avec vous, quand on est à l’heure, on est déjà en retard » s’alarme Roger. C’est peut-être pour ne pas oublier que nous sommes… cafistes. A nous les pistes ! Bien sûr, ici, les avis divergent. Certains trouvent les noires trop claires, les rouges trop roses, tandis que d’autres friment avec délice sur les boulevards bleus ou sondent avec minutie les mystères des virages coupés. Club Alpin Français 36 N°239 - 2010 On retrouve l’unanimité dans le décor, la grandeur des paysages dominés par les massifs de la Haute Tarentaise, de la Vanoise, des Grandes Rousses, couronnés par le Mont-Blanc, toujours présent, suffisamment lointain pour rester amical. Au célèbre Col de la Madeleine, c’est la pause déjeuner, au soleil. Lunettes, écran total, le rêve se poursuit. Ceux qui croient y voir les coureurs du Tour de France se trompent de saison. Petite pensée émue dans le secteur de la Lauzière où Dédé, à l’âge de neuf ans, accompagnait déjà son troupeau à l’alpage. Dédé usé par la vie rude qui, à 65 ans en paraît… beaucoup plus et raconte à la veillée que la nostalgie d’autrefois est bien souvent naïve. Autres temps, mêmes lieux…mais la scène a changé. On ne joue plus la même pièce. L’hôtel de l’Eau Rousse nous couve, nous remet en forme : sauna, hammam, cours de relaxation, nous dynamise : ateliers danses, salsa, rock… nous divertit : soirées animées de spectacles de premier choix, et nous régale : repas copieux et délicieux, soirée raclette, soirée fondue, soirée de gala, personnel aux petits soins mais en grande tenue. Un séjour 5 étoiles des neiges. Vraiment. CORDONNERIE CARLONE Tous types de travaux de Cordonneries Ressemelage Chaussons d’Escalade, Chaussures Randonnée de Montagne Réparation Sac à dos, Canyon, etc... 31 Boulevard Carlone 06200 NICE Fixe : 04 93 98 85 21 Port : 06 75 62 67 56 Courriel : [email protected] 2010 - N°239 37 Club Alpin Français G uides 06 Encadrement et formation dans les activités Programme spécifique pour le Club Alpin de Nice depuis 2001 EscaladE alPiNisME ski dE raNdoNNéE De l’initiation aux grandes courses des plus jeunes aux adultes de la demi - journée aux longs séjours Nicolas Féraud Guide de Haute Montagne coNtact : Port : 06 72 82 14 12 www.guides06.com Le savez-vous ? LES MOTS DE NOS MONTAGNES ► par Robert LUFT ◄ Les toponymes de la montagne arborée (suite) Les Érables Acer, communs dans nos paysages, sont une famille formée essentielle- ment de 3 espèces : l’Érable Plane Acer platanoïdes, jusqu’à 30 m de haut, pousse en-dessous de 1600 m l’Érable champêtre Acer campestris, plus petit que le Plane, occupe les mêmes espaces que ce dernier l’Érable sycomore Acer pseudoplatanus est implanté jusqu’à 2000 m d’altitude. Les variantes donnant lieu à des toponymes sont essentiellement isérable et plane pour l’arbre, planet et planay pour la forêt. En nous limitant aux régions de montagne, on trouve les toponymes : les hameaux : Isérable (Nangy 74), le Planay (Le Grand-Bornand 74, Monthion 73, Sixt-Ferà-Cheval 74, Hauteluce 73), Le Planet (Sainte-Foy-Tarentaise 73, Pierrefeu 06, Valdeblore 06, Villard-Bonnot 38, Saint-François-Longchamp 73, Prunières 05) – lieu-dit Les Planes (Savournon 05) sommets, escarpements, coteaux : L’Isérable (Sonthonnax-la-Montagne 01), Barre de la Plane (Prads-Haute-Bléone 04), Au Plane (Bonneval-sur-Arc 73), Crête de la Plane (Chanousse 05, Saint-Étienne-en-Dévoluy / Rabou 05), Le Grand Planay (Modane 73), Le Planet (Vesseaux 07, Saint-Pierre-d’Alvey 73, Uvernet-Fours 04, Toudon 06, Saint-Georges-deCommiers 38) cols : de Joux Plane (Verchaix 74), de la Plane (Andabre 34), du Plane (Le Châtelard 73) autres : Combe de la Plane (Pinsot 38), Vallon du Planet (Villeneuve d(Entraunes 06), Béal de la Plane (Savournon 05), ruisseau du Planay (Villaroger 73). Le Frêne élevé Fraxinus excelsior peut atteindre jusqu’à 40 m de hauteur et vivre aux altitudes proches de 1600 m. Les variantes sont : fraisse, fraysse pour l’arbre, freney, freissinet, freissinières, freissinouse pour la forêt de frênes. Toponymes de communes : Freissinières (05), La Freissinouse (05), Freney (73), Le Freneyd’Oisans (38) hameaux : Freissinet (Chalinargues 15), Le Fraissé (Fayence 83) Le Fraisseix (Saint-PriestLigoure 87) sommets, escarpements, coteaux : Clocher du Frêne (Allevard 38), Puy du Fraisse (Orcines 63), La Fraysse (Dieupentale 82), La Fraïsse (La Tour-sur-Orb 34), Pech de Fraissinet (La Vilasse 66), Côte de Fraissinet (Auriac-L’Église 15) 2010 - N°239 39 Club Alpin Français Le savez-vous ? cols : Baisse du Frêne ( Le Brusquet 04), col du Frêne (Saint-Pierre-d’Albigny 73), Col du Fraisse (Trefffort 38), col du Fraysse (La Charce 26), collet du Frayssé (Saint-Auban 06), col de Freissinières (Freissinières / Orcières 05) combes : Combe du Frêne (Champoléon 05, Bourg-d’Oisans 38), Ravin des Fraisses (Blieux 04), ravin du Fraissinet (Touët-sur Var 06) Combe de Feissinière (Saint-Saturnin-lès-Apt 84) ruisseaux : bief des Fraisses (Hauteville-Lompnes 01), Font du Fraisse (Catus 46), Nant freney (Les Houches 74), ruisseau du Fraissinet (Saint-flour 15),Valat du Fraissinet (Sénéchas 30). Le Hêtre Fagus sylvatica est un bel arbre qui peut atteindre 40 m ; il se rencontre jusqu’à 1900 m d’altitude. Les variantes et synonymes du terme sont : fage, fau, faux. Pour les toponymes on trouve : communes ; de Faux (08, 24) et Fau-de-Peyre (48), hameau de Fau Laurent (Séchilienne 38) lieu-dit : Hêtraie du Défens des Dourbes (Digne-les-Bains 04) sommets : Fage Torte (Prévenchères 48), La Fage (Montselgues 07, Saint-Haon 43), Tête des Faux (Le Bonhomme 68), Fau Cuchet (Saint-Jean-de-Vaulx 38) cols : de la Fage (Ségura 09, Fourtou 11), du Faux (Cornillac 26, Lafarre 07), du Fau (Monestier-de-Clermont 38, Establet 26, Seyne-les-Alpes 04). Le Noyer Juglans regia est un arbre dont la silhouette est typique. Il peut atteindre jusqu’à 30 m de haut et remonte assez haut en montagne (~ 1500 m), sa durée de vie est élevée et peut atteindre 300 à 400 ans. Son nom dérive du latin nucarius = noyer. Variantes et synonymes : noce, noguès pour l’arbre ; nogaret, nogarède, nojaret, nougarède, nogaro, nougaro, nougarou pour les plantations de noyers. Exemples de toponymes : communes : Le Noyer (05, 18, 73), Nogaret (31, 48) Nogaro (32), Saint-Pierre-de Nogaret (48), Nougaroulet (32) hameaux : Nojaret (Badaroux 48, Vialas 48, Bonnevaux 30, Grand Brassac 24), Le Nougaret (L’Isle-Jourdain 32), Nougaret (Alban 81, Peyssies 31) Nougaro (Aspet 31), Nougarou (Maubourguet 65), Le Noyer (Cassaniouze 15, Le Brugeron 63) sommets et coteaux : Pech de la Nougarède (Mirepoix 09) Pique de Noguès (Lescure 09), Côte de la Nougarède (Casseneuil 47) col du Noyer (Saint-Étienne -en-Dévoluy / Le Noyer 05) Ravin de Nogarède (Le Collet-de-Dèze 48), vallon de Noce (La Brigue 06) Valat de Nogaret (Saint-André-de-Valborgne 30) Valat de Nogarède (Gravières 07), ruisseau de Noguès (Lectoure 32) Club Alpin Français 40 N°239 - 2010 Les mots de nos montagnes Le Tremble Populus tremula tient son nom du verbe latin tremere = trembler (participe passé = tremulus), car au moindre souffle d’air ses feuilles s’agitent. Je n’ai trouvé aucun toponyme dérivant de ce vocable. Par contre, la forêt de trembles est appelée «albère» dans notre région et dans les Pyrénées Orientales. Ce terme dérive du latin arbor = arbre, qui a donné albero en italien. À travers les toponymes dérivant d’albère, l’assimilation par nos ancêtres du tremble à «l’Arbre par excellence», montre combien sa beauté a dû les frapper. Il est triste de le voir disparaître de nos régions, à la suite d’une maladie venue du continent américain. Comme dérivés toponymiques on connaît les communes de l’Albère, de Laroque-desAlbères et de Montesquieu-des-Albères, ainsi que le Rec (ruisseau) des Albères dans les Pyrénées Orientales (66) ; dans les Alpes Maritimes on trouve le Pont des Albéras (Venanson), la Tête d’Albéras (Roquebillière / Lantosque 06) À côté de ces espèces dont les feuilles se perdent chaque automne, pour être renouvelées au printemps, on trouve dans nos régions méditerranéennes une série d’arbres à feuillage persistant : Les chênes Quercus à feuillage persistant sont tous de taille plutôt petite. Trois espè- ces sont particulièrement répandues dans l’aire méditerranéenne. Le Chêne vert ou Yeuse (Quercus Ilex) se rencontre partout dans la zone collinaire des Alpes du Sud. Cet arbuste est désigné sous une série de synonymes : alzine, else, euse, éouvé, garric ; les bois de chênes verts sont appelés auzière, elzière, eusière, eouvière. Toponymes : hameaux : Mas de l’Alzine (Glorianes 66), Léouvé (La Croix-sur-Roudoule 06), L’Éouvière (Seillans 83), L’Euse (Contes 06), Grange d’Euse (Saint-Thomé 07) lieux-dits : Bois de l’Éouvière (Montauroux 83), L’Éouvière (Escragnolles 06), L’Auzina (Termes 11, Campoussy 66, Rouffiac-les-Corbières 11), L’Auzière (Pignans 83), Camp de Garric (Roquefixade 09) sommets, crêtes et coteaux : Moure d’Yeuse (Saint-Laurent-de-Carnols 30), L’Éouvière (Esparron 83, Briançonnet 06, Escragnolles 06, Estoublon 04), L’Éouvière de Caille (Seillans 83), L’Elzière (Bessèges 30, Vallaraugue 30), Puech Garric (Le Vibal 12), Coll de les Alzines (Tautavel 66), L’Eusièro (Le Broc 06), L’Eusièra (Tournefort 06, La Trinité 06), La Grande Auzière (Les Ferres 06), L’Auzière (Villars-sur-Var 06), Lelzière (Vals-les-Bains 07, Saint-André-de-Capcèze 48), Pas de l’Yeuse (Saint-Montan 07) Le chêne-liège (Quercus suber) et Le chêne kermès (Quercus coccifera) n’ont apparemment pas donné lieu à des toponymes. Le nom du chêne kermès, souvent appelé garric, vient d’un parasite, la cochenille (Kermes vermilio) ou «kermès des teinturiers», la seule à fournir le vrai rouge vermillon ou «écarlate». D’autres cochenilles peuplent les yeuses et 2010 - N°239 41 Club Alpin Français Le savez-vous ? les chênes-liège, mais ne contiennent pas de colorant rouge. L’Olivier Olea europaea , l’arbre symbole de la paix, est typique des régions à climat doux en hiver et sec en été. On le retrouve dans l’ensemble de l’aire méditerranéenne jusqu’à une altitude de 700 m (selon ensoleillement) ; il peut vivre plusieurs centaines d’années, certains oliviers semblent avoir dépassé les mille ans. Toponymes : communes et hameaux : La Fare-les-Oliviers (13), Olivetta-San-Michele (IM), Fort de l’Olive (Névache 05), L’Olivière (Rians 83), L’Oliviérède (La Garde-Freinet 83), L’Olivette (Cornillon 30, Paulhan 34, Le Castellet 83, La Colle-sur-Loup 06), L’Olivet (Saint-Jean-de-Muzols 07, Bourg-Saint-Andéol 07, Le Cannet 06) sommets et escarpements : Mont Olivet (Bagnères-de-Bigorre 65), Puech d’Olivet (Anglès 81, Poilhes 34), Sommet d’Olive (Ristolas 05), Colle de l’Olivier (Saint-Blaise 06), L’Olivière (Curbans 04), Serre des Oliviers (Sigonce 04), Rocher de l’Olive (Névache 05), Serre Olivier (L’Épine 05), Cols : de l’Olivier (La Palud-sur-Verdon 04) Col de l’Olive (Sainte-Agnès 06) vallons : Combe des Oliviers (Châteauroux-les-Alpes 05), Combe d’Olive (Bargemon 83), Combe Olive (Montjoux 26), Ravin de l’Olive (Puget-Rostang 06), vallon de Font d’Olivier (Montauroux 83) cours d’eau : Correc de l’Oliveda (Caixas 66), Fontaine de l’Olivette (L’escoutet 34), torrent de l’Olivier (La Salle-les-Alpes 05) Torrent des Oliviers (Ceillac 05), Étang de l’Olivier (Istres 13) Pour aujourd’hui j’arrête cette rubrique, au prochain numéro je compte vous entretenir des arbres à aiguilles. N.B. - Vous pouvez retrouver les citations hors région concernant les arbres évoqués dans cet article sur le site du club dans la rubrique Bibliothèque – coin des lecteurs – vocabulaire et toponymie. (attention, c’est long à télécharger et il faut le logiciel gratuit Adobe PDF pour lire le texte) Club Alpin Français 42 N°239 - 2010 Découverte Le Vercors septentrional : terre des hommes (De Saint-Nizier-du-Moucherotte à Châtillon-en-Diois) ► par Alex et Dany VAROQUI◄ En ce jeudi de Toussaint, tout dort à Saint-Nizier. A sept heures quarante-cinq la boulangère fait la grasse matinée. Photo souvenir devant ce lieu de mémoire où deux cent cinquante maquisards ont tenu deux jours devant les Allemands. Nous n’aurons pas le temps, hélas, de visiter le Musée de Vassieux et les dix lieux de mémoire consacrés à la Résistance. Aucune commune ou montagne qui n’ait été le théâtre de combats ou d’actes de résistance. Le maquis a vu le jour très tôt, alors que le Vercors était encore en zone libre dès mars 1941. Pierre Dalloz et Jean Prévost imaginaient transformer le Vercors en « Cheval de Troie pour commandos aéroportés ». Ce n’est, cependant, qu’en janvier 1943 que le maquis, pourtant déjà très actif, s’organise quand le projet, qui devient « le plan Montagnard », est entériné par Delestraint et Moulin et approuvé par de Gaulle et les Alliés. Notre parcours nous arrêtera également à la plaine d’Arbounouze où auront lieu les premiers parachutages, et au Pas de l’Aiguille où vingt-trois maquisards trouveront la mort. C’est du ciel qu’ils attendaient leur salut (les parachutages alliés), c’est du ciel qu’a surgi la mort (les bombardements allemands). Saint-Nizier sera le théâtre de violents combats en 1944. Le « plan Montagnard » n’a pas fonctionné. C’est derrière le cimetière que le GR91 donne le départ. Le brouillard, le vent et le froid ajoutent à la tristesse du lieu. La montée au sommet de Moucherotte est bien rude pour une mise en jambes. Il faut hisser d’environ huit cents mètres nos gros sacs à travers une belle forêt d’épicéas sur un sentier qui se cherche entre piste de ski chahutée par les engins, travaillée au bulldozer, et sentier au balisage hésitant. Nous sommes rassurés de savoir que ces travaux pharaoniques sont l’œuvre du Conseil Général de l’Isère qui réaménage le sommet du Moucherotte pour le plaisir des …générations futures. Ainsi le sommet est débarrassé de ses « ruines ». Les bâtiments de l’ancien hôtel Ermitage, l’ancienne gare du téléphérique, le réservoir, le poste optique…ont été détruits et les décombres évacués. Nul ne regrettera ces constructions inesthétiques. La reconstitution du sol et sa revégétalisation grâce à des semis et des plantations de la flore locale sont également prévus. Le froid est si vif, que nous faisons une pause thé dans le petit refuge sous le sommet. Par une trouée bienvenue au sommet du Moucherotte nous apercevons l’immense MontBlanc et les sommets enneigés. Les épicéas sont couverts de givre et offrent un spectacle 2010 - N°239 43 Club Alpin Français Découverte hivernal féerique. Le GR nous conduit gentiment par des pistes de ski herbacées à travers un camaïeu d’or, de roux et de vert des hêtres et des épicéas jusqu’aux Allières. L’auberge est une des quinze fermes du Vallon de Furon, devenue communale pour accueillir les troupeaux transhumants venus d’Arles par train ou de Grenoble par la route. Huit cents bêtes tondaient ces alpages jusqu’en 1953, fin de la transhumance. L’auberge-refuge accueille aujourd’hui les randonneurs et skieurs et l’alpage cent soixante génisses en été. Aujourd’hui c’est relâche. Les génisses sont à l’étable et les randonneurs que nous sommes, qui avaient fantasmé sur un copieux casse-croûte, devront se contenter des provisions tirées du sac. Le parcours, ensuite, qui emprunte souvent d’anciens chemins muletiers aujourd’hui goudronnés, va nous conduire, presque horizontalement, aux Bergeries de Roybon (1450m d’altitude). En balcon au-dessus de Villard-de-Lans, il est de toute beauté : symphonie de couleurs, ciel bleu cyan, calcaire aux gris rompus, dégradés des couleurs chaudes de l’automne. Nous décidons sagement, pour cette première journée, de nous arrêter aux Bergeries. Cela fait six heures quarante que nous marchons. Nous trouverons de l’eau à une source proche, bien aménagée. Certes il faudra faire le ménage car la Bergerie sert de refuge et les derniers visiteurs n’étaient pas des obsédés de la propreté. Cela nous occupe et nous réchauffe, tout à la fois. La nuit tombe vite et le froid avec. En ratissant les rares bouts de bois autour du refuge nous réussissons à faire deux heures d’un feu vite essoufflé et, à la bougie, nous nous installons confortablement pour la nuit. Quelques visiteurs retardataires, curieux, font une halte éclair avant de basculer, sous la lune, vers Villard-deLans, à trente minutes dans la vallée. Enfin seuls ! Je fais l’inventaire des douleurs qui, curieusement, dans la marche, d’une randonnée à l’autre, ne sont jamais les mêmes ! Il y a une sorte de « turn-over » des zones douloureuses. Avec le temps tout y passe : pieds, chevilles, lombaires, épaules, un peu comme si le corps Rebord du plateau au-dessus de Châtillon-en-Diois Club Alpin Français 44 N°239 - 2010 Le Vercors septentrional : terre des hommes voulait établir une juste répartition des nuisances ! Les premiers jours le corps renâcle toujours avant de trouver son rythme de croisière. Les muscles ne sont pas encore prêts à assumer les agressions du sac et les efforts de la marche. Les bonheurs de la randonnée sont de dures conquêtes et ne viennent… qu’après. Ce n’est que peu à peu que s’installera l’harmonie. Hélas, je crains que quatre jours de marche ne suffisent pas à huiler assez vite la mécanique ! C’est dans une brume légère et sol givré que nous nous réveillons. Il fait bien froid en ce matin du vendredi. Du Pont de l’Amour, si joliment nommé, le hameau des Clots nous permet de voir de près de belles maisons restaurées d’architecture montagnarde. Le toit à deux pentes descend très bas, bordé par des pignons lauzés. Le chaume est depuis longtemps remplacé par des tuiles rondes ou par de la tôle ondulée, les murs enduits ont laissé place à la pierre apparente, plus « tendance ». Il faut profiter des ces maisons typiques car nous basculons très vite dans l’univers de barres de béton de la station des Glovettes. C’est géant, c’est laid, c’est vide et jusqu’à Corrençon, le parcours est à l’image d’un paysage aménagé par l’homme avec plus ou moins de bonheur. Le GR emprunte des bouts de sentiers entrecoupés de routes goudronnées ponctuées de villas bien gardées par des cerbères vociférants, de tout poil et de toute race. Cave canem ! Les chiens qui, aux dires de leurs maîtres, ne sont généralement pas mordeurs, restent bien la plaie du randonneur égaré dans les villages-dortoirs. A Corrençon (1100m) comme ailleurs, la saison d’été est close, la saison de ski n’est pas ouverte. Nous nous y approvisionnerons tout de même en excellents produits de pays (bleu du Vercors, Saint Félicien) et pain dur offert par la boulangère qui a vendu tout le pain frais disponible. Nous savons que, jusqu’à dimanche soir, nous n’aurons aucun approvisionnement et que nous devrons compter sur l’eau des sources. Le clocher de Corrençon sonne midi. Nous espérons une auberge mais, bien sûr, tout est fermé ! Et que trouve-t-on au-delà de Corrençon ? Nous n’en avons qu’une vague idée : des plateaux et au loin des montagnes qui nous attendent. Le Vercors central : terre sauvage C’est après une halte un peu trop longue, nous aurons à en pâtir plus tard, que nous nous dirigeons vers le « Champ de bataille ». Les troupes à cheval du Comte de Sassenage se sont confrontées aux troupes de l’évêque de Die. Au Moyen-âge le combat entre clergé et Etat, spirituel et temporel, qui opposait l’empereur et le pape remontait donc jusqu’à ces vallées reculées. C’est à travers une belle forêt qu’on entre enfin dans la Réserve naturelle des Hauts Plateaux du Vercors. Dans le même temps nous passons le quarante-cinquième parallèle. Nous voilà à mi-chemin du pôle et de l’équateur et à même latitude que le delta du Da2010 - N°239 45 Club Alpin Français Découverte nube ou le parc de Yellowstone créé cent ans plus tôt. Nous sommes à mille cent mètres environ. Cela correspond à l’étage montagnard. De neuf cents à mille six cents mètres sapins et hêtres se partagent l’espace. Au-delà nous trouverons à l’étage sub-alpin les épicéas, sapins, pins à crochets et pelouses. Mais c’est aussi un monument-souvenir au Puits de Ravières où en 1942 s’installa le Camp 2 des maquis du Vercors. Curieux plateau où rien n’est plat ! Croupes mollement arrondies, couvertes de sombres forêts d’épicéas, entrecoupées de vastes prairies vallonnées. On imagine bien là les maquis : forêts propices où se cacher, vastes étendues dégagées où pouvaient se faire les parachutages comme à Darbounouze. Nous sommes prévenus aussi que le balisage est difficile. Nous suivrons le rouge et blanc du GR91 et les très nombreux cairns qui jalonnent le trajet. Nous apprendrons également à distinguer les pins taillés qui offrent de loin une silhouette caractéristique car les branches basses ont été élaguées, parfois très haut. Le tronc est quelquefois entaillé : antiques procédés de repérage bien antérieurs à l’usage de la peinture mais autrement visibles de loin ! Comme la halte eût été bienvenue à la jolie cabane de Carrette ! Mais nous devons poursuivre jusqu’au prochain hébergement au Jasse du Play, car il reste peu de jour et la nuit tombe rapidement en cette période de l’année. Suit un long, très long cheminement au crépuscule, puis au coucher de soleil et enfin dans la nuit noire jusqu’au lever de lune, pour terminer sous l’éclairage de la pleine lune, aidés par la frontale. En éclaireur, Alex cherche le balisage : rouge, blanc, cairn. On évite les « pots », grands trous profonds creusés par l’érosion des eaux de pluie dans le calcaire. Le Vercors nous rappelle sa géologie particulière : de belles assises de calcaire urgonien où des bancs de marnes plus tendres à la structure ondulée en anticlinaux et synclinaux sont parfois rompus par des failles importantes. L’érosion glaciaire d’abord, puis périglaciaire et enfin karstique ont donné au plateau sa singularité. Nous aurions préféré admirer en plein jour le chaotique canyon des Erges qu’il nous faut remonter à la lueur de la frontale. Les pieds meurtris traversent de gigantesques lapiez, évitent les entrelacs, les gouffres, crevasses, scialets sculptés par l’eau. Nous passons, sans les voir, les ruines de Tiolache d’en haut, chercherons, en vain, l’abri de Tiolache du milieu. La nuit est glaciale et nous envisageons, chacun de notre côté, le possible bivouac, quand une miraculeuse petite lumière annonce ce que nous supposons être, et qui sera, la cabane du Jasse du Play (1610m). Il est dix-neuf heures trente. Nous avons marché presque neuf heures aujourd’hui. Les six randonneurs installés sont surpris de nous voir arriver en pleine nuit et nous regardent médusés. Nous sommes ravis de trouver le poële ronflant de plus belle et la perspective d’une nuit chaude et à l’abri. Optimistes, nous pensons régler demain, très vite, le problème de l’eau à la Fontaine de la Chau. Le problème de l’eau est préoccupant. Nous quittons l’abri à sept heures quarante-cinq avec un quart de litre d’eau…pour deux. Nous allons vraiment percevoir que ce plateau Club Alpin Français 46 N°239 - 2010 Entre Moucherotte et Roybon est un désert sans eau. Sur ce donjon de calcaire, si l’eau de pluie s’engouffre pour circuler souterrainement ou ressortir en cascades et sources au pied de la montagne, à la fin de l’été les sources sont taries. Nous allons perdre beaucoup de temps à découvrir le croisement entre le GR et le sentier central, ce qui nous donnera la direction de la source de la Nouvelle Jasse de la Chau. Sens en éveil, nous captons les moindres indices permettant de situer ladite source. Restes de cabanes de bergers, traces à peine marquées de sentes délaissées, abris, enclos, des pierres plates sous un arbre où le berger devait faire la pause. L’eau est là, nous le devinons. Je rassemble mes vieux souvenirs d’école : la source est nécessairement au contact de la couche calcaire et des marnes imperméables. La topographie nous aide et à quelques trente minutes du GR vers le nord-est, alertés par des pierres lavées, rougeâtres, tranchant sur le blanc du calcaire, nous trouvons la source. Mais elle est à sec ! Nous allons devoir renoncer au projet de gravir le Grand Veymont (2341m), faute d’eau. C’est dommage car le temps est superbe, la luminosité exceptionnelle et la crête bien tentante nous narguera tout le matin. La source intermittente annoncée aux Serrons, quarante-cinq minutes plus tard, est sans doute à sec (car intermittente !). Nous ne trouverons même pas le site. A Grande Cabane (1563m) où les bergers récupèrent l’eau dans de vastes citernes souterraines, nous supputons sur la quantité d’eau de pluie recueillie dans les grands bidons plastique soigneusement cadenassés à l’arrière de la cabane. Je pense à ce film très futuriste : Mad Max, qui développait, entre autres, le thème de la bataille pour l’eau, sauf qu’Alex n’est pas Mel Gibson ! Chaque bergerie porte une plaque rappelant le nom et la date du passage des bergers successifs. 2010 - N°239 47 Club Alpin Français Découverte Bientôt c’est une bonne piste à travers forêts et pelouses qui nous conduit au croisement des GR93 et GR91. La cabane, non gardée, de Pré Peyret apparaît comme une terre promise. Nous y trouverons, outre une source maigrelette mais suffisante, une halte Ferme typique du Vercors bienvenue. C’est un beau site, propice au farniente. La journée de demain promet d’être longue mais cet après-midi le temps et le cadre bucolique incitent à la détente. Sans hâte donc nous pouvons couper du bois, converser avec les rares randonneurs présents venus en famille du Col du Rousset. Le Vercors méridional : terre de couleurs Nous quittons Pré Peyret très tôt, la chaleur de la bergerie, les enfants déjà tôt réveillés sur les bas-flancs. La brebis égarée et boiteuse erre en bêlant autour de la cabane et il y a tout à parier qu’elle ne passera pas l’hiver. C’est bien le seul animal d’une faune annoncée riche…mais si discrète qu’il ne nous sera donné de voir que des oiseaux. Nous savons que l’étape sera longue, le jour magnifique. On longe manifestement la bordure occidentale du plateau au plus près. Au passage, on distingue, en avant du plateau, la très aérienne dent de Die. Les pins à crochets, aux aiguilles sombres, uniques dans les Préalpes, sont plus clairsemés. Le chemin chaotique contourne d’innombrables « pots » tandis qu’on aperçoit, quelques mille cinq cents mètres plus bas, la vallée de la Drôme et la petite localité de Die. Nous longeons ensuite le versant occidental, sans perdre de vue, en nous retournant, l’impressionnant panorama sur les espaces déjà parcourus de ce large synclinal dominé par la crête ondulante du Grand Veymont, tandis que, au fur et à mesure de notre progression, émerge, comme une sentinelle majestueuse, à l’avant du plateau, le fascinant Mont Aiguille. On comprend mieux, sous cet angle, l’attraction que cette forteresse de calcaire a pu exercer. On l’appelait la montagne inaccessible. L’érosion a isolé peu à peu cet îlot rocheux du grand plateau calcaire. Sentinelle de pierre à l’est, dominant le Trièves, plus qu’aiguille. Ce n’est qu’en 1490 que Charles VIII, familier du Dauphiné acheté pour lui par Louis XI, invite un de ses plus valeureux officiers, Antoine de Ville, « à faire essayer si l’on pourrait monter sur cette montagne que l’on dit inaccessible ». L’année 1491 verra se préparer l’expédition qui devra vaincre non seulement l’obstacle naturel mais aussi un obstacle psychologique et spirituel. Des légendes courraient, évoquant « des dragons…dont certains ont des ailes, d’autres des pieds ». L’approche est techniquement bien préparée et c’est l’année de la découverte de l’Amérique, le 26 juin 1492 plus exactement, que le dit Antoine de Ville signe, avec l’ascension réussie de l’aiguille, l’acte de naissance de l’alpinisme. Avec lyrisme il décrit « le plus orrible et expovantable passage » mais aussi « le plus beau lieu que vi- Club Alpin Français 48 N°239 - 2010 Le Vercors septentrional : terre des hommes tes jamays par dessus ». Il le baptise du nom d’ « Aiguille Fort » que la postérité n’adoptera pas. Butte-témoin d’un autre âge, elle offre un merveilleux spectacle ce matin, tant l’air est pur. Notre objectif reste les Cabanes de ChâCirque d’Archiane tillon. Nous nous offrons deux haltes-spectacles à la cote 1906m et au Grand Cairn de Malcollet à 1950m. Nous avons, à nos pieds, par-delà le cirque d’Archiane, au moins huit plans successifs de crêtes où nous devinons, l’Oisans et loin, très loin sur la ligne d’horizon …l’Argentera. Les cabanes de Châtillon sont nichées au flanc d’une vaste combe harmonieuse, tapissée d’herbe dorée rase et parsemée de pierres dressées et alignées par les bergers. Les eaux de pluie sont captées par une retenue artificiellement constituée d’une immense poche plastique qui va alimenter un alignement d’abreuvoirs. Des bergers profitent des derniers rayons du soleil, teint rubicond et allure rustique. Ils sont venus là fermer les cabanes pour l’hiver et manifestement ce n’est pas l’eau qui a servi à célébrer cette tâche ultime. Les deux mille quatre cents « tardons » montés au 24 juin, jour de la Saint-Jean, ont estivé trois mois et sont déjà redescendus. L’espace vercusien reste un espace de transhumance. Mille drailles sillonnent le plateau qui accueille brebis de la Crau, du Valentinois ou du Diois. Quelle que soit leur sauvage beauté, les hauts plateaux restent un territoire façonné par l’homme. Les carriers, dès l’Antiquité, exploitaient les roches du sud du Grand Veymont, à mille huit cents mètres d’altitude, pour construire les monuments de Dea Augusta (l’ancienne ville de Die). On retrouve les vestiges de ces carrières sur les hauts-plateaux et, en particulier, une imposante colonne inachevée. Les hauts-plateaux du Vercors ont également été fréquentés par des forestiers, des pasteurs (refuge protestant), ou des bergers dont les pâturages, bien qu’inscrits dans le Parc ou la Réserve, sont patrimoine communal et dernier bastion de la transhumance alpine, semblant échapper au temps. Est-ce pour cela qu’on y parle du loup, comme dans le Mercantour, inépuisable sujet de discussion et de controverse. A les entendre je ne donnerai pas cher de sa peau ! Est-ce vraiment le loup qui attaque les troupeaux ? Nous n’avons trouvé aucune grande faune, ni le mouflon de Corse, réintroduit, ni chamois. Les grands vautours nichent dans la falaise, au-dessus du col du Rousset, et tournoient avec bonheur au-dessus du plateau. « Trop tôt » pensais-je, en les voyant, quand nous marchions sans eau ! La longue descente (mille deux cents mètres) qui nous attend est un ravissement pour l’œil, un calvaire pour les pieds. Nous basculons, en lacets serrés sur les mille deux cents mètres de dénivelé qui nous séparent de Châtillon, à travers un couvert forestier dense de hêtres, puis de pins noirs, fruits 2010 - N°239 49 Club Alpin Français Découverte des reboisements. Le Parc précise aussi que les reboisements vont permettre de reconstituer la forêt originelle de feuillus, hêtres en particulier, au détriment des pins. Un dernier coup d’œil au plateau déchiqueté en aiguilles impressionnantes. Deux heures trente plus tard, les mêmes, les pieds contraints et douloureux, à la nuit tombée, atteignent enfin le village de Châtillon en Diois. Il est dix-sept heures. Les vieilles maisons coquettement restaurées sont à échelle humaine. Le temple jouxte presque l’église à l’élégant clocher. Que fait l’instituteur un dimanche soir dans la désuète école, veille de rentrée ? Des cahiers à corriger ? A l’étal de l’épicerie, pommes et noix rappellent que c’est l’automne. La clairette de Die, champagne du pauvre, nous rappelle le temps où on servait avec religiosité le liquide ambré et pétillant qui accompagnait la « galette des rois ». Le vin de pays reste de tradition puisqu’il était vendu, loin vers le Trièves et au-delà vers Grenoble par le col de Menée. Si nous avions poursuivi le GR91 en direction du sud, nous aurions pu, à travers le Rosanais, les Baronnies, atteindre le Ventoux et même au-delà le Lubéron, tous ces pays qui sentent bon le terroir et le Midi déjà. Pour l’heure c’est par Sisteron et la route des Alpes que nous regagnerons Nice. Au total trente heures de marche sur quatre jours, des couleurs plein les yeux, le corps meurtri cependant (le poids de nos sacs n’y est sans doute pas étranger). Entre Isère et Drôme, ce petit massif recèle bien d’autres merveilles à découvrir, mi- Alpes du Nord, mi-Alpes du Sud, carrefour écologique, ensemble à échelle humaine. Tout est nature sauvage mais tout aussi y parle de l’homme. Si l’humain est rare, sa présence est décelable partout. Résistants, bergers, forestiers, aujourd’hui fonctionnaires du Parc… Les accès, certes, n’en sont pas faciles mais, pour qui accepte l’inconfort, la récompense est une nature partout vivante, fragile, diverse et magnifique. Au cœur du massif, c’est dans la solitude des grands espaces que le marcheur peut poursuivre sa rêverie ou ses interrogations. Il peut chercher (souvent en vain) des explications à sa quête « d’ailleurs ». Quelles obscures forces le poussent ainsi à souffrir, écrasé par le poids de la charge, marqué dans sa chair par le froid trop vif ou la chaleur excessive qui se succèdent brutalement pour mieux l’éprouver ? Quand le corps est enfin dompté, rien ne peut gâcher la longue rêverie qui va se dérouler au cours de la marche. Exercice que l’on croit physique et qui, libéré de la contrainte du corps, permet parfois de découvrir la part de soi-même, cachée jusque là, celle qui nous révèle ce qui pour nous est essentiel et le dégage du superflu. La marche apparaît alors comme une démarche intellectuelle qui a vite fait d’anesthésier les douleurs multiples. On ne pense plus alors qu’au moment où l’on reprendra, au plus vite, son bâton de pèlerin ! D’autres plateaux désertiques battus par le vent, d’autres crêtes effilées, des ergs lointains, des forêts mystérieuses, des mers parcourues par les icebergs, un Himalaya fascinant… nous attendent…. Club Alpin Français 50 N°239 - 2010 photo Marie Hennechart Boutique LAFUMA NICE avenue Thiers - 04 93 16 88 44