and soon the darkness

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AND SOON THE DARKNESS
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Titre original : AND SOON THE DARKNESS
Année : 2010
Nationalité : Etats-Unis / Argentine / France
Acteurs : Amber Heard, Odette Yustman, Karl Urban, Gia Mantegna & Adriana Barraza
Réalisateur : Marcos Efron
Scénario : Jennifer Derwingson, Marcos Efron, Brian Clemens & Terry Nation
Musique : tomandandy
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registre du film de genre un peu inquiétant.
Hormis l´éventuel intérêt financier, on ne comprend pas
vraiment ce qui a pu attirer Studio Canal dans la production
d´une nouvelle version du AND SOON THE DARKNESS,
réalisé par Robert Fuest en 1970. Une histoire de deux jeunes
touristes en ballade à vélo à travers un pays étranger, dont l´une
(Ellie, jouée par Odette Yustman) se fait enlever par un local
alors que l´autre (Stéphanie, jouée par Amber Heard) tente de
la retrouver. Basée en France en 1970, l´action se déporte en
Argentine pour ce remake qui arrive quarante ans après. Et
alors ? Ben pas grand-chose, en fait.
Sur le papier, tout parait étudié pour le succès de
l´entreprise. Un budget confortable, deux actrices principales
sur le bord de la réussite. Amber Heard – également coproductrice ici- est une valeur montante depuis ALL THE
BOYS LOVE MANDY LANE, THE STEPFATHER,
ZOMBIELAND et prochainement THE WARD et DRIVE
ANGRY 3D. Odette Yustman : aperçue dans CLOVERFIELD,
sort pour sa part à peine de THE UNBORN et enchaîne avec
THE DOUBLE. De plus nous avons là Karl Urban, acteur
révélé au grand public par la trilogie du SEIGNEUR DES
ANNEAUX mais dont les tentatives solos n´ont pas été
couronnées de succès (PATHFINDER, entre autres). Il
demeure cependant un nom associé au film de genre, rattaché à
des projets comme DOOM, GHOST SHIP ou le récent STAR
TREK. Ajoutons pour finir la nominée aux oscars Adriana
Barraza (pour BABEL) et nous aurons là de quoi assurer une
certaine visibilité au produit sur la vente à l´international.
On a donc le budget, les Stars et maintenant, si on faisait le
film ? Le choix d´un remake d´un obscur film oublié du plus
grand nombre ? Allez, banco. Pour le scénario, il ne sera pas
trop difficile d´aller chercher quelque chose d´original. On va
arranger deux ou trois trucs histoire de faire moderne, changer
les noms et adapter au goût du jour. Un réalisateur, maintenant.
Jeune, court-métrage, tout ça… et un local argentin : Marcos
Efron. Inconnu au bataillon, hormis des courts présentés au
festival de Sundanceet, bien sûr, des clips vidéos. Il faut donner
la chance aux jeunes qui ont déjà fait (un peu) leurs preuves !
Pour la musique, la coolitude électro de tomandandy, devenus
«in» depuis THE MOTHMAN PROPHECIES, MEAN
CREEK, LA COLLINE A DES YEUX, THE STRANGERS et
bientôt RESIDENT EVIL : AFTERLIFE : pile poil dans le
Alors, où cela cloche-t-il ?
AND SOON THE DARKNESS suit presque à la lettre
l´intrigue initiale. Pour qui connaît l´excellente et inquiétante
version filmée par Robert Fuest, aucune surprise. Des
tribulations touristiques des deux jeunettes en passant par leur
dispute, la disparition, l´appel à la police tombé dans le vide et
la rencontre du mystérieux étranger (ici Karl Urban) : la
première partie s´avère calquée. Seul le dernier tiers subit en
réalité une variation malheureuse sur le thème du n´importe
quoi, où l´action inutile prend le pas sur un récit médiocrement
agencé. La performance sportive d´Amber Heard à part, le film
se traîne sur des notes d´esclavage moderne que des films
comme TRADE ou SHUTTLE ont déjà explorées. Toute les
notions de menace et de mystère de la première version sont
éviscérées au profit d´une mise en scène fonctionnelle donnant
à voir un téléfilm pour soirée TV du samedi. Aucun cadrage
inquiétant, aucun sens de la peur qui nait dans des endroits les
plus anodins. Marcos Efron prend pour la première fois les
manettes d´un long métrage, et n´apporte aucune personnalité
ni passion. Morne.
Le film s´avère en revanche très professionnel dans son
rendu visuel. Le format Scope tire très bien parti de splendides
décors naturels argentins. Dès le générique et pendant le
premier quart, la caméra capture une tranquillité, une beauté
sauvage indéniable… où commence malheureusement à
poindre l´ennui. Puis les premiers stéréotypes pointent
également le bout de leur nez. Ellie possède une sexualité
survoltée, allume les garçons locaux et, bien sûr, bien mal lui
en prend car cela sonnera le début de sa perte. A l´inverse,
Stéphanie est plus précautionneuse. Conclusion : pour un plan
cul à l´étranger, soyez sur vos gardes et restez couchés.
Autant le film de Robert Fuest savait jouer sur ces
stéréotypes, créer une atmosphère étouffante parfois à la limite
du malaise, autant Marcos Efron se révèle incapable de se
départir du matériau de base. Il ne peut faire naître une once
d´inquiétude. On se contrefiche complètement de ce qui peut
arriver à chaque personnage : le film suit son bonhomme de
chemin et on attend patiemment que cela se termine. Peut-être
conscient de la nature vaine du sujet, le réalisateur compense
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par quelques paysages spectaculaires et des scènes à la limite
du surréalisme : la ville abandonnée en bord de lac,
fantomatique, vaut seule le détour et vole la vedette au reste du
métrage. Et ce n´est pas la fin, précipitée en course-poursuite
aquatique, qui changera une donne viciée à la base.
AND SOON THE DARKNESS 2010 s´avère soigné mais
tellement noyé dans la masse de produits du même calibre qu´il
devient impossible de la distinguer du reste. Attention, rien de
honteux non plus, mais strictement sans aucun intérêt, inutile,
inconséquent et voué à l´oubli. Le film ne donne qu´une seule
envie : (re)découvrir d´urgence la version 1970. Plus riche,
plus sombre, émotionnellement intacte et surtout dotée d´un
point de vue de cinéaste exigeant.
Le film a trouvé acquéreur aux USA via Anchor Bay. Il
sortira visiblement au cinéma début 2011 en Grande-Bretagne
sous la bannière Optimum Releasing. Il y a également des
chances pour que Studio Canal le sorte au cinéma en France.
Mais pour quels résultats ? On ne voit en effet pas bien ce qui
pourra attirer le spectateur français en salles. Le marché du
home cinéma ou de la télévision semblerait un choix plus
judicieux afin d´éviter la déception de salles qui ont de grandes
chances d´être vides.
Francis Barbier
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