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Enjeux des nouveaux matériaux métalliques Recyclage des matériaux de construction Remote control and automatisation in Swedish iron ore mining page 6 page 48 page 60 L a r ev u e d u B RG M p o u r u n e Te r r e D u r a b l e The review of BRGM for a sustainable Ear th N° 1 > JANVIER 2005 N°1 Ressources minérales et développement durable 01 Edito - Philippe Vesseron - Président du BRGM 02 Introduction - Jacques Varet - Directeur de la rédaction 06 Les enjeux des nouveaux 12 Valorisation des terroirs matériaux métalliques et production artisanale : l’exemple des potiers d’Auvergne 18 Bases de données et systèmes d’information géographiques pour une gestion durable des ressources minérales 24 Quelques aspects de l’ “après-mine” 30 Le rôle de la mine en avant l’ère industrielle 36 Développement historique urbain et cavités Europe souterraines : gérer la ville en 3D en assumant son passé. 42 48 Life Cycle Assessment (LCA) for the Metals in the context of waste policy Cycle Recyclage des matériaux de construction : les nouvelles filières pour préserver l’environnement 54 Mineral resources in Norway: current status, future perspectives, and a new role for the Geological Survey 60 Remote control and automation in Swedish iron ore mining 66 Développement durable : quelle place pour la mine artisanale ? 72 Les cartes géologiques et minières, outils de développement industriel : l’exemple de l’Afrique de l’Ouest 78 Points de vue croisés 80 Chiffres clés 81 Ressources minérales : les brèves du BRGM En couverture : La carrière de talc à ciel ouvert la plus importante dans le monde à Trimouns, Ariège - France The world’s largest working talc deposit. Trimouns – Ariège - France ©Groupe Luzenac - France Dans un monde où la communication est reine, les géosciences n’ont sans doute pas la place qu’elles méritent :à l’heure où les dernières mines de charbon ferment en France, notre société oublie vite que son développement est largement conditionné par le sous-sol, dans notre pays ou sur les autres continents. En vous présentant cette nouvelle revue, le BRGM n’a d’autre ambition que de jeter un éclairage nouveau sur ce domaine des sciences trop méconnu. Curieusement, la fraction solide de la planète est rarement prise en compte comme dimension du développement durable. La terre solide constitue pourtant une dimension fondamentale du fonctionnement et de l’équilibre de notre planète. C’est dire que ce débat dépasse à l’évidence la seule connaissance scientifique et touche aux problématiques socio-économiques, culturelles, environnementales. Il s’agit, de fait, d’un véritable enjeu sociétal. Notre ambition est donc de contribuer à répondre à ces champs nouveaux d’interrogations qui questionnent notre modèle de développement. Notre publication n’est pas une revue scientifique supplémentaire. Elle se veut au contraire au carrefour de différentes réflexions, de recherches multiples, d’enjeux primordiaux mais parfois contradictoires. Rédigée par des spécialistes reconnus dans leur domaine, la revue veut toucher un public bien plus vaste que celui des seuls scientifiques, pour interroger le monde économique, associatif, les acteurs sociaux et tous ceux qui se mobilisent autour des enjeux du développement durable. Il n’y aurait rien de pire que d’emprisonner ces débats dans un langage réservé aux seuls spécialistes car les questions posées doivent impliquer le chercheur, l’élu et chaque citoyen. Notre planète appartient à tous, le débat doit donc être grand ouvert, chacun étant mieux à même de former son propre jugement. Notre revue entend également mettre en lumière le formidable bouillonnement scientifique des géosciences. Rarement un domaine scientifique aura été autant exploré, analysé et autant révolutionné. Les nouvelles technologies, satellitaires ou informatiques, ont profondément bouleversé et fait progresser la connaissance de notre sous-sol. Toutes ces innovations restent trop méconnues. Fidèle à sa mission de recherche, d’expertise et de service public, le BRGM entend contribuer à l’enjeu essentiel que représente la diffusion de l’information. Nous ferons pour cela appel aux meilleurs spécialistes pour présenter dans des numéros thématiques une approche aussi riche et synthétique que possible de cette vaste question du développement durable qui interpelle notre société du XXIème siècle. Dans ce premier numéro, nous avons cherché à illustrer une première facette des géosciences : exploitations minières, environnement industriel ou artisanal, matériaux traditionnels ou de haute technologie,recherches en cours...Au fil des numéros, nous apporterons des éclairages nouveaux sur d’autres secteurs, d’autres thématiques comme l’eau, les risques, l’énergie... avec un langage que nous souhaitons clair, vulgarisateur, illustratif mais rigoureux et précis. Cette nouvelle revue se veut donc avant tout un outil de connaissance et donc d’action pour mieux protéger l’Homme et la Nature. Philippe Vesseron Président du BRGM Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 édito Un éclairage nouveau pour les Géosciences 01 Affleurement d’un filon de quartz avec indices à cuivres et or dans la région de Zednes - Mauritanie Exposed quartz vein with copper and gold showings in the Zednes region Mauritania ©BRGM im@gé - G. Stein Janvier 2005 • numéro 1 Direction de la Communication et des Editions du BRGM - 3 av. Cl. Guillemin - 45060 Orléans Cedex 2 - Tél. : 02 38 64 37 84 - [email protected] Directeur de la rédaction : Jacques Varet • Responsable du numéro ressources minérales : Jack Testard • Directeur de la publication : Geoffroy Lehideux-Vernimmen • Comité de rédaction : BRGM, Loïc Beroud (Service Public), Christian Fouillac (Recherche), Jean-Claude Guillaneau (International), Philippe Freyssinet (pollution, déchets), Hormoz Modaressi (risques naturels), Pierre Nehlig (géologie, cartographie), Thierry Pointet (eau), Michel Villey (actions régionales) - Jean-Marc Lardeaux (professeur université de Nice), Michel Vauclin (CNRS) • Secrétariat de rédaction : Elisabeth Collet, Pierre Vassal • Maquette et réalisation : EFIL Communication 02 47 47 03 20 • Impression : Imprimerie Nouvelle - St Jean de Braye • ISSN en cours • Dépôt légal à parution. Toute reproduction de ce document, schémas et infographies, devra mentionner la source “Géosciences, la revue du BRGM pour une Terre durable”. ressources minérales et développement durable Le développement accéléré de ces deux derniers siècles est largement dû à l’exploitation intensive des ressources minérales. Le développement durable ouvre un nouveau paradigme. Si des avancées scientifiques et technologiques considérables ont été réalisées, la recherche doit encore progresser afin que l’exploitation des ressources du sous-sol soit pleinement compatible avec les objectifs du développement durable minérales et développement durable P armi les thèmes prioritaires relevant des problématiques du développement durable, la question des ressources minérales n’est pas toujours prise en compte. La “terre solide” constitue pourtant une dimension fondamentale du fonctionnement et de l’équilibre de notre planète. Mais l’homme d’aujourd’hui a tôt fait d’oublier que le développement extraordinaire des sociétés modernes a avant tout reposé sur l’exploitation accélérée de ressources minérales. Le “club de Rome” avait justement alerté sur ce point dans les années soixante, mais les concepts qui ont suivi, à Stockholm en 1972, à Rio en 1992 et Johannesburg en 2002, ont mis l’accent sur les questions environnementales et sociales plus que sur la bonne gestion des ressources de la planète. 02 intro scientifique Ressources Jacques Varet Directeur de la prospective BRGM [email protected] À l’évidence, le système vivant est dépendant des ressources du sous-sol. Si certains gisements sont aujourd’hui épuisés, d’autres restent à découvrir. Pour cela, les géologues disposent d’outils de prospection, de modélisation et de gestion de l’information toujours plus puissants. Sujet d’appropriation privée, avec une concentration accélérée dans les mains de quelques groupes multinationaux, les ressources minérales constituent un facteur déterminant pour le développement de certains pays, notamment du Sud. Une légère fluctuation du cours des matières premières peut donc avoir un effet déterminant sur l’économie de ces pays. Globalement, la consommation annuelle mondiale de ressources minérales et énergétiques atteint 32 milliards de tonnes et 820 milliards d’euros. On distingue cinq grandes catégories : les matériaux de construction, les minéraux industriels, Mine à ciel ouvert Open pit Sadiola, Mali ©BRGM im@gé B. Lamouille ressources minérales et développement durable 04 les métaux, les minéraux énergétiques et les substances précieuses (métaux et minéraux). Les valeurs respectives varient considérablement (Fig. 1). La croissance de l’activité minière est continue et suit en grande partie celle de la population mondiale. Comment dès lors parler de développement durable concernant des ressources non renouvelables ? Bien que des gisements soient finis -on approche pour certaines substances (le pétrole entre 2020 et 2040, le gaz naturel quelques années plus tard...) de leur demi-durée de vie- de nouvelles découvertes renouvellent les stocks (Fig. 2). En outre, des substitutions de matières premières (minérales, métalliques ou énergétiques) sont engagées chaque fois que l’état des ressources, les conditions économiques ou les évolutions technologiques le rendent nécessaire. Enfin, concernant les métaux notamment, mais aussi les matériaux, le recyclage joue un rôle important. En effet, plus que la limitation des ressources, ce sont les déchets et les pollutions induites qui nous contraignent à réduire l’intensité en matière première du développement de nos sociétés modernes. Ainsi en est-il plus particulièrement du pétrole et du gaz confrontés simultanément aux problèmes de l’épuisement de ressources fossiles et du changement climatique induit par les émissions atmosphériques. Les évolutions scientifiques et technologiques ont été nombreuses et rapides ces dernières années. En matière de connaissance et d’inventaire des ressources minérales, l’ensemble de l’information peut être mise à disposition des opérateurs et du public. De son côté, la recherche vise à la mise au point d’outils de reconnaissance, de traitement et de gestion NATURAL GAS CRUDE OIL réserves / ressources Découvertes, innovations, prix Ressources économiquement exploitables Pas de diminution des réserves Production temps Fig. 2 : Développement durable des ressources minérales Fig. 2: Sustainable development of mineral resources “ Un premier impératif pour un développement durable de la gestion du sous-sol est donc de disposer de moyens publics de recherche et de gestion de l’information. ” SILLIMANITE GROUP 106 MCA 120 BORON 213 TUNGSTEN 318 ANTIMONY 333 BARITE 345 ZIRCON 421 GRAPHITE 461 BENTONITE 504 DIATOMITE 533 563 FELDSPAR 671 VANADIUM 711 MAGNESITE 750 FLUORITE 819 TITANIUM 886 TALC/PYROPHYLLITE 1106 MOLYBDENUM 1251 ASBESTOS 1313 CHROMIUM 1582 GYPSUM 1601 TIN 1719 MAGNESIUM 1945 NATUREL SODIUM SALTS 2149 LEAD 2157 COBALT 2170 URANIUM 2318 NIOBIUM & TANTALUM 2320 MANGANESE 2841 SULPHUR 3360 INDUSTRIAL BANDS 3603 SILVER 4618 NICKEL 4929 BAUXITE POTASH ZINC PLATINUM GROUP METALS PEAT KAOUN ROCK SALT CLAYS (EXCL.KAOUN & BENTONITE) PHOSPHATE DIAMONDS LIGNITE COPPER IRON CUARRY STONE & ROCK GOLD SAND & GRAVEL COAL MÉTAUX PRÉCIEUX ET GEMMES MÉTAUX COMBUSTIBLES FOSSILES MINÉRAUX INDUSTRIELS Fig. 1 : Pyramide de l’exploitation des ressources (en valeur) Fig. 1: Resource exploitation pyramid (in value) D’après Wellmer & Becker-Platen, 2002 5023 5226 5461 5825 5672 7085 7500 8552 11500 20800 24960 27000 38500 39940 94500 151000 265450 776620 Salar d’Uyuni, immense étendue de sel - Sud-Lipez, Bolivie. The immense salt flats of Salar d’Uyumi - South Lipez, Bolivia ©BRGM im@gé - B. Bourgine des ressources, à la prise en compte des dimensions environnementales, économiques et sociales. Un premier impératif pour un développement durable de la gestion du sous-sol est donc de disposer dans les pays concernés de moyens publics de recherche et de gestion de l’information. Cela implique un gros travail de formation et de construction de capacités techniques dans les pays du Sud qui ne disposent pas de cette information stratégique pour leur développement. En outre, une gestion durable des ressources impliquerait la mise en place de dispositifs d’échanges d’information entre les pays et une capacité d’analyse stratégique et prospective globale qui ne peut être concentrée dans les mains d’un seul, comme cela tend à être le cas aujourd’hui. Pour assurer une bonne gouvernance, “l’intelligence minérale” doit combiner l’acquisition de données gîtologiques, métallogéniques, économiques, sociales, environnementales, mais aussi la veille sur les politiques sectorielles, le traitement des informations résultant de ces veilles, un effort de communication et de vulgarisation. Perspectives de recherche en partenariat pour le développement durable Les besoins en recherche fondamentale pour construire un système cohérent d’accès à ces données portent donc sur les méthodes permettant d’intégrer les données géophysiques dans la construction des modèles, sur le développement des méthodes de datation ponctuelles des phénomènes géologiques et sur les connaissances géologiques de base. Les besoins technologiques concernent les levés géophysiques aéroportés, satellitaires ou géophysiques fondés sur des dispositifs au sol. L’instrumentation analytique dans le domaine de la géochronologie est également essentielle. Des outils nouveaux permettront le développement d’activités nouvelles : bases de données géoréférencées, interopérabilité, avancées sur la modélisation 3D. Dans le domaine de la métallogénie, la recherche doit avancer sur les grandes synthèses régionales et sur les mécanismes de métallogénèse, mais aussi sur l’intelligence économique, les cycles de vie globaux des éléments métalliques,les liens avec les sciences humaines. Les besoins portent également sur le comportement thermohydromécanique de la croûte terrestre, la thermodynamique et la cinétique, l’imbrication entre phénomènes abiotiques et biogéochimiques. Avec sa nouvelle revue, le BRGM entend contribuer à l’illustration de l’apport des géosciences à l’édification d’une société qui assure une réelle prise en compte des impératifs du développement durable. Par ce premier numéro, nous entendons montrer que, même dans le domaine des ressources minérales, les résultats scientifiques, les recherches en cours, les moyens mis en œuvre pour faire connaître et partager les informations et l’expertise permettent de progresser en ce sens. Despite the depletion of certain deposits, society will continue to rely upon subsurface resources for many years to come, with numerous sites still to be explored and developed. This activity can be compatible with sustainable development, particularly that of countries in the Southern Hemisphere. For this to succeed, the countries must be in a position to develop and manage data on their resources and have at their disposal the means for operational exploration, backed up both by state and private major international organisations. Fundamental research is still needed for numerous investigation fields, with the key aim being to perfect new, increasingly efficient tools. BRGM takes stock of these important changes and considers this topic in the first issue of this new journal. Bibliographie : Bruntland, G.H. Our common future. World Commission on Environment and Development, University Press, Oxford, (1987) – Caristan, Y. Gérer notre planète, Bulletin du Palais de la Découverte (1999), – Cook P.J. The role of the earth sciences in sustaining our life-support system. BGS T.R. (1997) 17p. – Varet, J. Geology and society in the 21st century, BGR: in Friedrich Wellmer geb. Hannover, June 2000 Int. Z.angew.Geol., (2000) 4, 190-197 – Varet, J. Les grands enjeux des sciences de la Terre au 21ème siècle : Quel environnement pour demain ? Géologues (2001) – Varet, J. et al. Pour une terre durable, BRGM, (2003) 40p – Wellmer, F.-W., Becker-Planten, J.D. World natural resources policy (with focus on mineral resources) in Tolba MK (ed.) Our fragile world - challenges and opportunities for sustainable development. 1. Eolss Publishers Co. Oxford, (2001) p. 183-207 – Wellmer, F.-W., Becker-Planten, J.D. Sustainable development and the exploitation of mineral and energy resources : a review. Int. J. Earth Sci. (2002) 91 : 723-745 nouveaux matériaux Les enjeux des nouveaux matériaux métalliques Le spatial, l’aéronautique, l’automobile et désormais les NTIC ont provoqué une véritable révolution industrielle, celle des nouveaux matériaux. Il s’en crée chaque jour de nouveaux, et plusieurs dizaines de milliers de ces matériaux sont ainsi répertoriés. Dans cette compétition impitoyable, les anciens matériaux, en particulier métalliques, répondent également par de fortes innovations. Mais des menaces, notamment économiques (déséquilibre entre l’offre et la demande) et environnementales (problèmes de recyclage) pèsent sur ce secteur et représentent un défi majeur à relever. analyse prospective 06 Christian Hocquard Expert économiste Service Ressources minérales - BRGM [email protected] es matériaux sont à la base de la plupart des grandes révolutions industrielles : l’acier pour le chemin de fer, le cuivre pour l’électricité, l’aluminium pour les avions, les plastiques et polymères pour les biens de consommation d’après guerre, le silicium et les semi-conducteurs pour la société NTIC actuelle (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). L La séparation entre les matériaux “traditionnels” (métaux/alliages, céramiques et polymères) et les “nouveaux” matériaux (composites, hybrides, nano-matériaux) apparaît de plus en plus artificielle, tant la palette des matériaux disponibles est aujourd’hui extrêmement variée. Au point que l’industrie évolue dans un contexte multimatériaux de plus en plus sophistiqué, où compétition et substitution sont la règle, avec comme seul leitmotiv : le bon matériau à la bonne place. Tous ces matériaux sont des géoproduits. Ils sont issus de l’extraction ou du recyclage de ressources minérales. C’est le cas des matériaux métalliques (métaux et alliages), des céramiques (fabriquées à partir de minéraux industriels comme la silice, les argiles et le zircon), et des polymères (issus de gisements carbonés fossiles et élaborés grâce à des catalyseurs métalliques). Par ailleurs, un matériau n’a d’avenir que si on sait en faire une pièce. De ce fait, la mise au point de nouveaux procédés de mise en œuvre est indispensable pour l’élaboration des matériaux avancés. Ces nouveaux procédés concernent la métallurgie des poudres, L’apparition des nouveaux matériaux se réalise selon une séquence maintenant classique : au fur et à mesure que leurs prix baissent, les nouveaux matériaux, d’abord limités au secteur aérospatial, se répandent ensuite dans l’automobile, avant d’envahir les produits de consommation courante. Ainsi, les composites envahissent actuellement l’aéronautique au détriment de l’aluminium, tandis que ce dernier colonise l’automobile en substitut de l’acier. > Les matériaux composites combinent solidité et légèreté, et en cela apportent une vraie révolution par rapport aux autres matériaux. Ils comprennent une matrice (métallique, céramique, résine polymère) dans laquelle sont incorporées des fibres de renforcement (verre, kevlar, carbone, voire des minéraux silicatés fibreux). Ces fibres peuvent être dispersées, tressées, tréfilées, orientées. Les métaux participent également à cette révolution pour former le groupe des composites à matrices métalliques (MMC). Il s’agit d’alliages métalliques renforcés par des fibres de verre ou de carbone dont l’utilisation est encore restreinte au domaine aérospatial. Ainsi le nouvel A380 d’Airbus comprendra 22 % en poids de “Glare”, un MMC à base d’aluminium renforcé de fibres de verre, tandis que la part des composites dans le futur 7E7 “Dreamliner” de Boeing devrait passer à 50 % contre 10 % dans le 777. > Les céramiques ont le paradoxe d’être l’un des matériaux les plus anciens, tout en participant aux technologies d’avant-garde grâce à leurs remarquables propriétés. À côté des céramiques dites techniques,comme 4 - Métaux High-Tech Innovations et Crises Croissances parfois vives pouvant dépasser 20% par an 3 - Métaux de base IP et Cyclicité Croissance moyenne de 2 à 6% par an 2 - Métaux Ferreux PIB/population et croissance à long terme, linéaire et faible de 1 à 3% par an Temps (indicatif, années) 1 - Métaux lourds Réglementations environnementales et décroissance rapide (dans les pays développés) les biocéramiques ou vitrocéramiques, on voit apparaître des composites à matrices céramiques (CMC). > L’avènement des nanomatériaux a été rendu possible grâce au microscope à effet de force atomique découvert en 1986 qui permet de manipuler les atomes et d’élaborer des structures artificielles à l’échelle moléculaire. Aujourd’hui, tous les domaines scientifiques et technologiques sont concernés. On envisage même des alliages métalliques incorporant des nano-tubes de carbone, ouvrant la porte à des “nanomatériaux hybrides artificiels”, assemblages que l’on peut qualifier de chimères. Les performances physico-chimiques et mécaniques ne sont plus les seuls critères de choix des matériaux. De nouvelles exigences apparaissent comme le toucher, les aspects de surface, le renforcement des contraintes liées à la sécurité, la résistance à des températures élevées,..., autant de facteurs qui modifient les approches classiques lors de la conception de produits. Devant le large éventail de solutions techniques disponibles, le choix du matériau se fera finalement sur la base d’un compromis entre sa durée de vie en service, son coût matière et son aptitude à être mis en œuvre, tandis que son recyclage ne semble pas encore un aspect déterminant. Les nouveaux matériaux métalliques Le guide mondial des alliages recense plus de 18 000 désignations avec notamment des alliages intermétalliques ainsi que des matériaux avancés adaptatifs dits “intelligents” (“smart materials”), comme les alliages à mémoire de forme, les alliages amorphes (verres métalliques), les alliages superplastiques, ou les quasi-cristaux. Une grande partie de ces nouveaux alliages incorporent des métaux “high-tech” (fig. 1), qui deviennent ainsi de plus en plus stratégiques pour les pays développés. Fig. 1 : Classification économique des métaux Fig. 1: The economic classification of metals Source : C.Hocquard - BRGM 2004 “ ” Les métaux “high-tech” deviennent de plus en plus stratégiques pour les pays développés. Alliage à matrice de cobalt-chrome et fibres de carbure de tantale. Chromium-cobalt and tantalumcarbide-fibre matrix alloy Source : Onera Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 ” l’hydroformage, le thixomoulage, les revêtements par projections plasmas, l’élaboration de mousses métalliques ou céramiques, de textiles métalliques, d’alliages à dispersions d’oxydes, etc. Dans le même esprit, le développement de nouvelles structures et techniques d’assemblages (nids d’abeille, stratifiés sandwich, etc.) permet d’améliorer considérablement leurs propriétés mécaniques. Croissance “ La séparation entre matériaux “traditionnels” et “nouveaux” matériaux apparaît de plus en plus artificielle. 07 nouveaux matériaux 08 Le développement rapide des matériaux légers (alliages à base d’aluminium, de magnésium, de titane) dans la filière transport est lié aux nouvelles directives environnementales notamment sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces émissions étant liées à la consommation de carburant, et cette dernière au poids des véhicules, c’est naturellement vers une réduction massique que s’orientent d’abord les constructeurs automobiles. De plus, la diminution de la taille d’un élément permet à son tour de diminuer la taille des autres éléments, conduisant ainsi à diminuer le poids total du véhicule. C’est pourquoi l’aluminium, le magnésium, les plastiques et les composites se livrent à une féroce compétition contre l’acier, mais aussi entre eux. De ce fait, ils se retrouvent embarqués au sein d’une chaîne de substitution autoconcurrentielle complexe. Si les substitutions entre matériaux sont la règle, le choix des matériaux diffère selon chaque filière d’utilisation. Ainsi, des alliages de titane très chers, et que l’automobile ne saurait s’offrir, sont utilisés pour alléger un hélicoptère. > L’acier subit de plein fouet la concurrence des métaux plus légers comme l’aluminium et le magnésium. En réaction, les aciéristes ont mis au point de nouveaux aciers spécifiques et adaptés à chaque fonction, permettant au final un important gain massique. Cette compétition acier-aluminium concerne en priorité la filière automobile, mais la filière des boîtes de boisson est également concernée : la simple décision de Coca-Cola de passer de l’un à l’autre peut avoir un impact considérable sur ces deux filières. > L’aluminium, métal du XXIe siècle, a vu son prix baisser au fur et à mesure de la croissance de sa production. Une voiture européenne comptait 90 kg d’aluminium en 2000, elle en accueillera 125 kg dès 2005 ; les alliages d’aluminium devenant très variés et complexes, mais plus performants. > Le magnésium entre également en concurrence avec l’aluminium, avec l’avantage d’être un tiers moins dense. Mais le formage de ses alliages est difficile et sa percée dans l’automobile reste encore limitée. Nanotube et “buckyball” de carbone Le carbone, matériau clef des nanotechnologies Carbon, key material for nanotechnology Source : CNRS > Le titane, qui combine légèreté et résistance mécanique, est un métal de grande perspective. Toutefois, son prix très élevé le restreint à l’aéronautique ou à des applications de niche comme les implants chirurgicaux. Cette situation pourrait évoluer à long terme avec l’apparition de nouveaux procédés métallurgiques permettant d’obtenir directement le titane métal en s’affranchissant du stade intermédiaire de l’éponge de titane, ouvrant la porte royale de l’énorme marché automobile. HIER AUJOURD’HUI Matériaux traditionnels Matériaux traditionnels • Polymères • Polymères • Céramiques • Céramiques • Métaux • Métaux & alliages + Matériaux spécialisés DEMAIN Un foisonnement de nouveaux matériaux de plus en plus complexes au sein de composants de plus en plus miniaturisés Dématérialisation et convergence • Composite • Hybrides • Nanomatériaux Le défi du recyclage Les petits métaux high-tech se classent selon leurs filières d’utilisation : NTIC, catalyse, superalliages, ou autres filières de spécialité. Le développement rapide des NTIC s’est traduit par l’émergence d’une forte demande en métaux high-tech comme le tantale (condensateurs), le gallium et le germanium (composants électroniques hautes fréquences) ou l’indium (écrans plats LCD). Il s’agit de métaux produits en très faibles quantités, parfois comme produit principal mais le plus souvent en tant que sous-produits, lors du raffinage des métaux de base. > Les petits appareils électroniques mobiles (microordinateurs et téléphones portables, PDA, etc.), sont de plus en plus gourmands en énergie. En dix ans, on a vu émerger quatre générations de batteries : les batteries Ni-Cd remplacées par des batteries Ni-MH, lesquelles font place aujourd’hui à des batteries Li-ion, lesquelles dès 2005-2006 subiront à leur tour la concurrence des micropiles à combustible au méthanol (DMFC). La rapidité de ces substitutions n’est évidemment pas sans conséquence sur l’économie et la pérennité des filières de recyclage de batteries. > Le craquage pétrolier, la pétrochimie, ainsi que la synthèse de nombreux produits chimiques dépendent de catalyseurs métalliques variés, qui appartiennent le plus souvent à cette catégorie des petits métaux. > Quant aux superalliages, ils sont surtout consommés dans les pays développés par deux grandes filières, l’aéronautique et l’automobile. Il s’agit en fait d’intermétalliques complexes qui utilisent un grand nombre de petits métaux spécifiques (nickel, cobalt, Fig. 2 : Quel futur pour les matériaux : écoconception, convergence et dématérialisation ? Fig. 2: Which future for new materials: Complexity, downsizing and recycling Source : C.Hocquard, BRGM 2004 Galette de silicium, support des microprocesseurs renfermant chacun 125 Millions de transistors A silicon wafer used in microprocessors containing 125 million transistors each ©Imec - 2004 nouveaux matériaux % KG DE MÉTAL PAR TONNE D’ALLIAGE PRIX MÉTAL EN USD PAR KG VALEUR CONTENUE PAR TONNE DE CMSX-10 Cr 2,2 22 8 176 0,15 Co 3,3 33 22 726 0,61 Mo 0,4 4 13,64 55 0,05 MÉTAL CONTENU tantale, niobium, terres rares), voire l’exotique rhénium (un sous-produit du molybdène, lui-même sous-produit du cuivre) dont la production mondiale ne dépasse pas 40 tonnes. Les quantités de petits métaux utilisés généralement faibles ont cependant un impact très significatif sur le prix final du superalliage. Ainsi, dans le superalliage CMXS -10, destiné aux aubes de turbines de réacteurs d’avion, 6 % seulement de rhénium représentent environ 80 % du prix du superalliage (Fig. 3). Mais sans rhénium, il n’y aurait pas de gros bimoteurs... > Les terres rares constituent une large famille avec un vaste éventail d’utilisation. Ainsi la technologie plasma des écrans plats est à base de luminophores, dont chacun est un cocktail spécifique de terres rares. Quant aux aimants permanents, de type NdFeB, ils sont en croissance de 20 % par an et se retrouvent dans presque tous les produits NTIC et dans les petits moteurs électriques qui envahissent l’automobile. Dans le même esprit, l’élimination des particules de suie dans les pots d’échappement diesel des derniers modèles du groupe PSA est réalisée grâce à la réaction catalytique du cérium. Pour conserver leur avance, les sociétés occidentales sont de plus en plus dépendantes de leurs innovations technologiques, friandes de petits métaux high-tech. Ces derniers, produits en faibles quantités, sont très sensibles à toute hausse rapide de la demande induite par un nouveau produit de consommation massive. Leur production en sous-produits est par essence très inélastique et ne peut répondre à une forte demande. Il en résulte un rapide déséquilibre offre/demande qui se traduit par une crise des cours (Fig. 4 et 5). Le risque métal pour les filières de haute technologie Une prospective des crises structurelles potentielles peut être esquissée Pour les pays développés, le risque métal a évolué rapidement avec la globalisation, les contraintes environnementales, les flux tendus, la dépendance des importations, la volatilité des cours, la concentration des productions, le recyclage insuffisant, etc. De plus en plus, les délocalisations industrielles se traduisent par des importations croissantes de produits finis, lesquelles masquent complètement le risque métal. Ainsi, paradoxalement, plus le risque métal augmente, plus sa perception diminue... > A court terme : les crises en cours concernent le sélénium (verres spéciaux), le cobalt (batteries rechargeables NiMH et Li-ion), et surtout l’indium (écrans plats LCD) qui est passé de 70 à 700 USD/kg en un an... Elles pourront demain concerner le germanium (développement de la vision infra-rouge et de composants électroniques Si-Ge (“siggy”) très haute fréquence pour les applications mobiles Internet et GPS), puis éventuellement le rhénium (la reprise du secteur aéronautique est attendue pour 2006). % VALEUR TOTALE W 5,5 55 13 715 0,60 Ta 8,3 83 200 16 600 13,97 Re 6,2 62 1 510 93 620 78,79 Al 5,8 58 1,34 78 0,07 Ti 0,2 2 20 40 0,03 Ni 68,1 681 10 6 810 5,73 TOTAL 100 1 000 118 819 100 Fig. 3 : Part du rhénium dans le prix du superalliage CMXS-10 Fig. 3: The proportional weight of rhenium in the overall cost of the CMXS-10 alloy. “ Les délocalisations industrielles se traduisent par des importations croissantes de produits finis, lesquelles masquent complètement la perception du risque métal. ” Les risques se situent à deux niveaux : économique avec le prix et environnemental avec le recyclage. prix Court terme Indium prix 10 "take-off" nouveaux produits Prospective de crise Cobalt Sélenium Moyen terme Long terme Post-crise Ecran plat LCD Crise Rhénium Turbines Produit de masse Tantale Maturité Portable 3 G Saturation du marché Germanium Palladium Internet mobile Wi-Fi Gallium Diodes lumière blanche Catalyse échappement Industrialisation, adopteurs précoces R§D Technologies innovantes temps Platine Piles à combustible Titane Aéronautique militaire/civile Fig. 4 : Métaux high-tech : mécanisme de crise structurelle liée à une innovation technologique Fig. 4: High-tech metals: the mechanism of a structural crisis linked with a technological Fig. 5 : Prospective de crises potentielles à court, moyen et long termes Fig. 5: The economic forecast for potential crises in the short, intermediate and long term. Source : BRGM - C. Hocquard, 2004 Source : BRGM - C. Hocquard, 2004 temps > A moyen terme, vers 2010 : les besoins importants pourront concerner le gallium (d’abord pour les lasers “blu-ray” des DVD haute définition, mais aussi et surtout pour la diode à “vraie” lumière blanche, qui contribuera à une considérable économie d’énergie électrique, tout en sonnant le glas des lampes à filament de tungstène). On pense aussi au gadolinium pour le cas où la technologie de la “réfrigération magnétique” verrait le jour. > A long terme, vers 2020 : on peut envisager de très fortes demandes pour le titane (en cas de succès du nouveau procédé de fabrication en cours de tests) et aussi pour le platine (véhicules à piles à combustible à membrane échangeuse de proton de type PEM). La miniaturisation des composants et le nombre de métaux high-tech expliquent que le recyclage des produits NTIC demeure très partiel et restreint aux seuls circuits imprimés qui renferment les métaux précieux. Peut-on encore parler de recyclage alors que tous les autres métaux sont ignorés, et que des plastiques avec retardateurs de flammes polybromés sont incinérés ? Les produits NTIC, dont la durée de vie ne dépasse souvent pas trois ans, sont devenus des consommables à l’image de l’ordinateur qui contient plus de 30 métaux différents. Comment l’industrie va-t-elle intégrer la nouvelle législation sur les D3E (déchets d’équipements électriques et électroniques) qui devait être transposée par les Etats membres avant août 2004 et qui prévoit une valorisation massique de 75 %,dont 10 % maximum de valorisation énergétique ? Par ailleurs, le boom des écrans plats va se traduire par une énorme vague de déchets d’écrans cathodiques. Va-t-on se retrouver devant le même défi que pour le recyclage des piles et des batteries rechargeables ? Ces déchets NTIC ont néanmoins une valeur matière résiduelle, obérée par le coût du démontage dans les pays développés, mais économique dans les pays à main-d’œuvre bon marché. Ainsi, par le simple fait de franchir une frontière, ces “e-waste” changent de statut pour devenir des “matières premières secondaires”. Le recyclage des composites et hybrides est un défi en raison même de leur aspect multimatériaux. L’éco-conception,qui a pour objet de permettre la séparation,avant leur recyclage,des divers matériaux constituant les produits en fin de vie, devrait se trouver rapidement confrontée à la miniaturisation croissante des composants.Le recyclage deviendra un problème sociétal plus critique encore lorsque des nanoproduits à base de nanomatériaux hybrides artificiellement conçus envahiront littéralement tout notre environnement. Pour les nouveaux matériaux, la science fiction est déjà pour demain. “ Le recyclage des matériaux est une préoccupation économique, énergétique et sociétale majeure qui doit faire l’objet d’une complète reconsidération stratégique. ” Par ailleurs, les métaux secondaires (c’est à dire issus du recyclage) sont souvent de moindre qualité que le métal primaire(1), ce qui affecte la valeur du recyclé et donc l’économie même du recyclage. On voit dès lors combien le recyclage des nouveaux matériaux est une préoccupation à la fois économique, énergétique et sociétale majeure, qui devrait faire l’objet d’une complète reconsidération stratégique. Le domaine complexe des matériaux s’inscrit dans un contexte où compétition et substitution sont la règle. Dans le contexte actuel de compétition globale et de désindustrialisation rampante, ce sont les nouveaux matériaux nés dans les laboratoires qui permettent aux pays développés de conserver leur avance technologique. Ce sont justement ces menaces qui ont contraint les matériaux métalliques à réagir et à évoluer de manière extraordinairement dynamique. Les métaux participent pleinement à ce challenge, à travers des “matériaux avancés à spécialisation extrême” destinés à des applications de niche étroitement liées à la propriété spécifique du matériau considéré. On aura donc encore besoin et pour très longtemps de métaux, certes en quantités moindres mais sous des formes de plus en plus élaborées. En attendant une dématérialisation incertaine et encore bien éloignée, il faut admettre que l’on consomme toujours davantage de métaux, qui sont de plus en plus importés de manière indirecte à travers les produits manufacturés. De ce fait, la consommation apparente de métaux dans les pays riches paraît diminuer, mais elle ne fait que traduire le rythme des délocalisations industrielles vers les pays émergents à faible coût de main-d’œuvre. Ce découplage absolu ne serait-il qu’un indicateur de la désindustrialisation ? À plus long terme, ces nouveaux matériaux et notamment ceux issus des nanotechnologies, vont contribuer au défi de la dématérialisation, Graal de notre société de consommation boulimique. Dans un lointain futur durable, on peut imaginer des nanohybrides actifs qui intégreront de l’information (“poussières intelligentes” ou “smart dust”) deviendront les moteurs d’une véritable dématérialisation, tout en remplaçant le stade actuel de la dispersion multimatériaux par celui de la convergence, inaccessible paradigme des matériaux ? (1) Les aciéries électriques, qui retraitent surtout les véhicules hors d’usage (VHU), produisent un acier secondaire de plus en plus pollué par le cuivre issu des petits moteurs électriques, toujours plus nombreux dans les automobiles. La diode de lumière blanche (gallium), c’est une réduction de 10% de la consommation globale d’électricité d’ici 2010. The white-light diode will enable a 10% reduction in worldwide electricity consumption before 2010 Source : Nichia The advent of new, more resistant, lighter and less polluting materials is the direct consequence of new industrial and environmental constraints. The abundance of R & D work on all categories of materials fuels a veritable explosion in the number of new, both increasingly complex and increasingly specific, materials (one material = one utilisation). Considering the complex nature of the new materials and their multiple presence within a single product, the very feasibility of recycling them is called into questions: How can the recycling of “high-tech” composites or metals contained in the products be optimised once their service life is ended? How can the degradation of the recycled substance be avoided? What solutions are available for processing this kind of waste? In this new, multi-material context, the issues have radically changed. With the new European guidelines in effect, the choice of materials will no longer be determined solely on the basis of technical-commercial considerations, but will also need to take into account their impact on the environment and on public health. The issue of the sustainable development of new materials is conditioned by this. Bibliographie : W.D. Callister (2001),“Science et génie de matériaux”, Ed. Modulo, Québec, 781 p. – Y. Clain (2001),“La sécurité d’approvisionnement en matières minérales”, La lettre de la Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières, 1er trimestre 2001, n°15, Minefi, pp. 27-33. – M. Colombié (2000), “Matériaux métalliques”, Ed. Dunod, 867 p. – Collectif (2003), “The future of manufacturing in Europe 2015-2020, the challenge for sustainability, final report”, “http://europa.eu.int/comm/research/industrial technologies/pdf/pro-futman-doc1-final-report-16-4-03.pdf”. – Cordis : “www.cordis.lu/rtd2002/fp-activities/nanotechnologies/htm”. – Digitip, “L’industrie française des matériaux composites” : “www.industrie.gouv.fr/composites”. – Materials World de IOM3 , Institute of Minerals, Metals and Materials : “www.iom3.org”. terroirs et production artisanale Valorisation des terroirs et production artisanale potiers et céramistes d’Auvergne ©TPA Pourquoi utiliser des matières premières importées d’autres régions alors que les céramistes auvergnats pourraient valoriser les richesses de leur sous-sol ? Pour répondre à cette question, un partenariat original a vu le jour entre le BRGM et une association d’artisans et d’artistes régionaux. Les premiers résultats sont enregistrés, ce qui devrait permettre de développer l’expérience dans d’autres régions. terroirs 12 Philippe Rocher Géologue Directeur du Service Géologique Régional d’Auvergne - BRGM [email protected] histoire débute au printemps 1999 quand un potier de la région clermontoise frappe à la porte du Service Géologique Régional (SGR) du BRGM avec un échantillon de matériau céramique à la main. Entre le directeur du SGR, géologue de formation et le potier, la discussion s’engage autour de la problématique “terres et Terre” et d’une demande particulière. L’artisan est en effet désireux d’utiliser les matières premières locales et demande pour cela des analyses.Il apparaît rapidement que la question est beaucoup plus large, car les matériaux à “tester” sont innombrables tandis que le territoire concerné est très étendu (“au moins toute la région”). Par ailleurs, d’autres céramistes, confrontés aux mêmes besoins se posent les mêmes questions. Une rencontre entre les responsables de l’association récemment créée “Terres et Potiers d’Auvergne” (TPA) et le BRGM permet donc d’élargir le débat et d’affiner les demandes. L’ Un partenariat original pour un projet innovant Au fil des rencontres, le constat de départ est précisé et des objectifs définis afin d’aboutir à un projet ambitieux. Alors que les céramistes ont recours à des matières premières “codifiées”, ayant pour l’essentiel une provenance externe à la région (quand elle n’est pas inconnue), le projet doit chercher à mieux utiliser les matériaux géologiques régionaux potiers et céramistes d’auvergne Carrière de diatomite (silice) près de Murat (Cantal) Diatomite (silica) quarry near Murat (Cantal) ©BRGM A l’automne 2000, le projet intitulé “valorisation des matériaux et sous-produits de carrières pour la poterie et la céramique en région Auvergne” était lancé. Chaque phase de ce projet repose sur un programme détaillé : > formation des adhérents de TPA à la géologie régionale et aux matériaux de carrières ; > inventaires des matières premières utilisées dans les ateliers et des matériaux régionaux disponibles ; > prélèvement sur sites, caractérisation chimique et minéralogique des échantillons ; > essais céramiques réalisés dans les ateliers de TPA ; > création d’une base de données spécifique contenant l’ensemble des informations recueillies dans le cadre du projet. BAMACAU (BAse de données sur les MAtériaux Céramiques en AUvergne) sera à terme accessible via Internet. La phase 1 du projet (2000-2001) a plus particulièrement porté sur la mise au point méthodologique, la Les données contenues dans la base BAMACAU correspondent aux champs relatifs aux matériaux (identification générale et contexte géologique du site, caractéristiques du matériau prélevé) et aux essais céramiques (conditions de réalisation et résultats). Le mode “consultation” de la base (accès aux données recherchées sans pouvoir les modifier) passe par la création de requêtes, utilisées pour poser une question ou définir un jeu de critères sur des données provenant des tables. Dans ce but, les céramistes ont défini une première série de requêtes (ou critères de sélection) et d’états (informations à restituer) en fonction de leurs besoins immédiats. Ces premières requêtes portent sur les températures de réalisation des essais et le type d’utilisation des matériaux (masse, engobe ou émail) et éventuellement sur le mode de cuisson (atmosphère oxydante, réductrice ou neutre) ; la nature du combustible (électricité, bois ou gaz) ; les composants minéralogiques des matériaux ; les références et l’origine géographique des échantillons ; les couleurs sur cuit selon l’utilisation (masse, engobe ou émail). L’objectif du projet est donc de valoriser, à travers la céramique artisanale, la richesse et la diversité géologique régionale, mais sans entreprendre une “ ” L'empreinte du terroir dans l'art et l'artisanat céramiques. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 dans les productions artisanales. Il s’agit donc d’imprimer l’empreinte du terroir dans l’art et l’artisanat céramiques tout en développant la créativité des ateliers et en diversifiant l’offre commerciale. Ces rencontres entre géologues et potiers permettent aussi d’élaborer un programme d’étude en trois phases et d’y associer, notamment pour ses volets “formation” et “communication”, la Chambre de Métiers de Haute-Loire puis la Chambre Régionale de Métiers d’Auvergne. phase 2 (2002-2003) sur l’acquisition d’échantillons dans des contextes géologiques et industriels variés, tandis que la phase 3 s’attache, depuis janvier 2004, à rendre opérationnelle la base de données et à développer la communication des résultats, notamment lors de manifestations comme le salon régional des métiers d’art. 13 terroirs et production artisanale prospection globale de matières premières minérales céramiques. L’étude s’est orientée en priorité vers les matériaux des carrières anciennes et, pour celles actuellement exploitées, vers les sous-produits et coproduits issus de leur traitement. Le projet a bénéficié de cofinancements professionnels (Fonds d’Assurance Formation), européens (FEDER) et nationaux (FNADT et contrat de plan Etat - Région), ainsi que régionaux (Conseil régional d’Auvergne) pour la phase 3. Le montage et le suivi ont été effectués en collaboration avec le Secrétariat Général pour les Affaires Régionales et la Délégation Régionale au Commerce et à l’Artisanat. Des résultats concrets et significatifs Ce projet, riche de ces multiples échanges, est innovant à plusieurs titres. Il permet d’abord des échanges fructueux entre les céramistes professionnels : les résultats des expériences sont mis en commun, interprétés et valorisés. Le projet favorise aussi la rencontre de plusieurs “mondes” : celui des artisans et créateurs d’art, celui des scientifiques et techniciens, celui des industriels (exploitants de carrières). 14 Les résultats engrangés sont, quantitativement, déjà significatifs. En mai 2004, près de 150 sites auront été échantillonnés et 300 matériaux prélevés pour réaliser plus de 500 essais céramiques. Au plan qualitatif, les retombées, plus difficiles à apprécier dans leur globalité au stade actuel, sont pourtant bien réelles. Les potiers auvergnats sont sur la route de la “reconquête” de leur patrimoine géologique, de l’appropriation de leur sous-sol, de la (re)découverte de nouveaux mélanges, de nouvelles combinaisons, textures et couleurs “naturelles”. “ Valoriser, à travers la céramique artisanale, la richesse et la diversité géologique régionale. ” Ainsi, plusieurs matériaux régionaux retenus et testés dans le cadre du projet ont fait leur entrée dans les productions céramiques de certains ateliers, pour les masses, les engobes et les émaux. A titre d’exemples, on peut citer : Résultat de l’essai céramique JJG/02/003 : vase dont l’engobe a été réalisé intégralement à partir d'argiles colorées de Blanzac (Haute-Loire), après cuisson au four à gaz en atmosphère oxydante à 1050 °C. Poterie de la Source à Blesle (43). Result of the ceramic test JJG/02/003: vase enamelled using exclusively coloured clays from Blanzac (Haute-Loire), after firing in a gas kiln under oxidising conditions at 1050 °C. Poterie de la Source at Blesle (Haute-Loire). ©BRGM - P. Rocher > un engobe de teinte orangée réalisé intégralement à partir d’une argile colorée du bassin du Puy-en-Velay (43), après cuisson au four à gaz en atmosphère oxydante à 1050 °C ; > un émail “bleu de fer” obtenu à partir d’un mélange à base de phonolite (roche volcanique) du Velay (43), de grès de Créchy (03) et de quartz blanc de La Chapelle Agnon (63), avec de la cendre de blé calcinée comme adjuvant ; > une masse de couleur beige clair résultant de la cuisson à 1100 °C d’une argile sableuse de Glaine Montaigut (63). Les besoins des céramistes auvergnats, pris en compte à travers ce projet, sont aussi ceux de leurs collègues dans d’autres territoires. En effet, dans la continuité de la dynamique initiée en Auvergne, les régions Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes se sont mobilisées pour lancer un projet semblable, adapté à leurs contextes propres. Par ailleurs, des contacts ont été pris avec des acteurs locaux en Bourgogne et Provence - Alpes-Côte d’Azur tandis que des demandes apparaissent dans d’autres régions. Toutes ces actions convergentes préfigurent la mise en place, à moyen terme, d’une base de données à l’échelle nationale. potiers et céramistes d’auvergne Céramistes échantillonnant dans une carrière d'argiles céramiques en Auvergne. Sampling in a ceramic-clay quarry. ©BRGM - P. Rocher Des potiers et céramistes témoignent 15 “Terres et Potiers d’Auvergne (TPA) est une association régionale (Allier, Cantal, Haute-Loire et Puy-de- Dôme) créée en 1996 et qui regroupe 35 ateliers implantés essentiellement en milieu rural. Les produits élaborés sont divers : grès, porcelaines, faïence grésante, raku, terre vernissée, faïence fine et terre cuite dont sigillée. Le programme de recherche a permis de motiver des ateliers qui se sont regroupés en commissions pour réaliser un travail collectif convivial avec une nouvelle manière de parler de notre région, à travers les objets élaborés dans nos ateliers. Notre participation au congrès 2001 de la Société de l’Industrie Minérale a été l’occasion de montrer les premiers résultats de nos recherches et d’échanger avec de grandes entreprises qui utilisent des matériaux équivalents aux nôtres. Mais l’Auvergne n’est pas la seule à disposer de matériaux céramiques. D’autres régions conduisent ou vont engager une démarche semblable facilitée par les contacts réguliers des associations régionales de céramistes professionnels au sein du Collectif National des Céramistes”. Nicole LÉNAT, Co-Présidente de TPA, Atelier Planète Céramique à Blanzat (63) et Michel BÉRODOT, Co-Président de TPA, atelier à Sembadel Bourg (43) Vers une appellation spécifique ? “Longtemps céramiste amateur, la lecture du “Livre du potier” de Bernard Leach a déterminé mon approche de la céramique. À la manière extrême-orientale, j’ai en effet décidé de chercher dans mon environnement Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 TPA au service des arts céramiques naturel les matières premières qui constitueraient la base de poteries de grès et d’émaux de haute température. Documenté par des géologues, équipé d’un concasseur et d’un broyeur, j’ai multiplié les recherches et les essais sur ces roches d’Auvergne si variées, tout heureux parfois de trouver un émail digne d’intérêt à partir d’une roche dont le seul emploi se limitait à remblayer les chemins ! Cette collaboration entre potiers et BRGM a l’avantage de systématiser et d’élargir considérablement le champ des matières premières potentiellement intéressantes, tout en permettant d’aborder cette recherche de manière scientifique. Je souhaite qu’elle débouche sur une utilisation plus importante des matières premières locales (les ressources régionales sont suffisantes pour couvrir l’essentiel des besoins céramiques : terres et émaux) avec, pourquoi pas, la création à terme d’une appellation spécifique”. Alain CHOQUER, Atelier “Terres de Cendres” à Olby (63) La céramique, passerelle vers le passé La découverte de ces terres et de ces minéraux “inconnus” a relancé mon intérêt pour la sigillée(1) (Lezoux, dans le Puy-de-Dôme, a été l’un des plus grands centres européens de la sigillée). En abordant le problème avec des analyses et des éléments scientifiques, il est plus facile de progresser que de façon empirique. J’ai donc effectué un certain nombre d’essais sur une vingtaine d’échantillons de terres d’Auvergne en obtenant des résultats satisfaisants avec des couleurs allant du blanc au rouge sombre en passant par des jaunes, des violines et des orangés. (1) Sigillée : terme qui désigne une céramique (terra sigillata) décorée ou signée (les fonds sont souvent estampillés au nom des potiers) avec des poinçons (sceaux, latin : sigillum), et, par extension, tous les vases décorés ou non, signés ou non, d’une pâte fine frittée, le plus souvent rouge ou orangée (argile ferrugineuse). “ ” Les potiers auvergnats sont sur la route de la "reconquête" de leur patrimoine géologique, de l'appropriation de leur sous-sol. terroirs et production artisanale J’ai repris ensuite tous ces essais en traitement “rakunu”(2) pour constater le travail du feu et des enfumages sur la sigillée. Les résultats obtenus m’ont permis de réaliser des pièces commercialisables, présentées à Paris, Lyon et dans différentes manifestations céramiques. pour réparer la cuisinière ou le poêle à bois, certains me demandant de refaire d’anciens “pots à soupe”. Ils renouaient avec le passé, avec leurs racines. Quoi de plus passionnant pour un céramiste que d’être ce lien ! J’ai été également très surpris de voir l’intérêt que portaient les “gens du pays” à ce travail. Ils voyaient à travers lui la richesse des terres de chez eux (et non des terres “anonymes”). Beaucoup m’ont sollicité pour me montrer une ancienne carrière ou un affleurement où leur grand-père ramassait une “terre à fourneau” Les Chambres de Métiers d’Auvergne en première ligne Jean-Jacques GENTIL, Poterie de la Source à Blesle (43) Ce programme de valorisation des terroirs est mené avec le soutien de la Chambre Régionale de Métiers d’Auvergne (coordinateur Bernard Sabot). (2) Raku-nu : technique qui consiste à poser, sur une terre façonnée crue, un engobe réfractaire (terre diluée superposée au tesson) qui, après une première cuisson à 950 °C, sera recouvert d’un émail, puis cuit une seconde fois à 980 °C. Sortie du four à cette température, la pièce est placée dans un récipient contenant des copeaux de bois ou du papier, provoquant son enfumage, puis sortie et arrosée d’eau, ce qui a pour effet de décoller l’émail et de lui donner un aspect particulier appelé “raku-nu”. 16 Début de cuisson dans un four papier (technique du Raku-nu). The early stage of firing in a paper kiln (Raku-nu technique). ©TPA Carrières d’argiles céramiques à Beaulon (Allier) The Beaulon ceramic-clay quarry (Allier) ©BRGM - P. Rocher potiers et céramistes d’auvergne > Quelles analyses pour quels matériaux ? Les matériaux utilisés dans cette étude peuvent être classés en deux principaux groupes en fonction de l’abondance relative de leurs composants : • les matériaux “monocomposants” (ayant un composant unique ou largement prédominant) : argiles dont la composition en minéraux argileux peut être très variable (kaolinite, illite et smectites notamment) ; silice sous forme cristallisée (filons de quartz, quartzites, calcédonites, geyserites) ou amorphe (diatomites : roches sédimentaires composées de squelettes de diatomées fossilisés, les diatomées étant des plantes unicellulaires microscopiques et aquatiques apparentées aux algues brunes) ; feldspaths alcalins sous forme de pegmatites et de phonolites (laves différentiées défici- taires en silice, équivalentes chimiquement des syénites néphéliniques, dans lesquelles les feldspaths associés aux feldspathoïdes constituent les éléments fondants) ;verres volcaniques des scories basaltiques et trachyandésitiques et des cendres trachytiques ; • les matériaux “pluricomposants” dans lesquels plusieurs composants peuvent coexister dans des proportions équivalentes et constantes, tels que les leucogranites et les arkoses (feldspaths alcalins et silice), les sables argileux et les argiles sableuses (minéraux argileux et quartz) par exemple. Pour des applications céramiques, il convient de disposer de produits minéraux de faible granulométrie. Pour ce faire, la priorité est donnée aux matériaux géologiques naturel- 500 400 300 200 100 2 10 20 lement finement divisés (argiles, cendres volcaniques et algues fossilisées par exemple). Dans d’autres cas, on recherche des particules fines issues du traitement des matériaux de carrières (lavage, broyage, tamisage, sciage, ...) et, si nécessaire, on procède au concassage et au broyage des roches à façon au laboratoire. Les échantillons prélevés, destinés à être tester du point de vue de leurs propriétés céramiques, font l’objet, selon leur intérêt potentiel et la connaissance acquise d’après la bibliographie, de nouvelles analyses dans les laboratoires du BRGM à Orléans. En effet, ils sont le plus souvent employés dans des secteurs autres que celui de la céramique s.l., par exemple pour l’isolation, la filtration et l’absorption de liquides, l’élaboration de granulats, et leurs caractéristiques élémentaires sont inconnues dans la majorité des cas. Ces analyses d’échantillons géologiques représentatifs, avant cuisson, à la fois minéralogiques (Fig. 1) et chimiques, permettent de caractériser finement les substances minérales du point de vue du rôle qu’elles jouent pour l’application visée (plastifiant, dégraissant, fondant, colorant, ...), et d’affiner les formulations à tester, notamment grâce aux logiciels de calculs chimiques. Elles contribuent donc à déterminer les conditions optimales de cuisson. 30 Fig.1 :Composition minéralogique depuis une analyse par diffractométrie de rayons X d’une argile plastique rouge de Blanzac (Haute-Loire) La fraction argileuse de l’échantillon, composée de 73 % d’illite/mica et de 27 % de kaolinite, a été déterminée dans le laboratoire BRGM à partir de lames orientées normales (trait bleu —), traitées au glycol (alcool) pendant 12 heures en tension de vapeur (trait vert —), puis chauffées à 490° pendant 4 heures (trait violet —). Fig. 1: Mineralogical composition, according to X-Ray diffractometry, of a red plastic clay from Blanzac (Haute Loire). The clayey fraction of the sample, which is composed of 73% illlite/mica and 27% kaolinite, was determined in the BRGM laboratory using orientated thin sections (blue line —), treated with glycol for 12 hours under vapour pressure (green line —), then heated to 490°C for 4 hours (purple line —). Source : BRGM An innovative project is underway that has been designed to meet the demands, made known by the Auvergne Regional Trade Council, of members of the Auvergne Clay and Potters Association. The potters, who are currently supplied by raw materials from outside Auvergne, are seeking ‘new’ geological resources to stimulate creativity. As part of its Public-Service activities, BRGM has developed a programme aimed at a more efficient use of regional mineral resources already being exploited, by a better use of materials and recycling the quarry byproducts and co-products. The project has another clear objective, namely artisanal manufacture of ceramics in Auvergne using materials derived essentially or exclusively from the region. Several tasks have been identified: training of ceramists in geology and quarry materials, inventories of materials used and those potentially available, taking representative samples and their characterisation, ceramic testing, creation and consultation of the BAMACAU data bank, and communication. The results obtained to date are promising for Auvergne, but also for other regions where the experience has been repeated, such as Languedoc-Roussillon and Rhône-Alpes. bases de données Bases de données et systèmes d’informations géographiques : Les nouvelles technologies au service du développement durable de l’industrie minérale - l’approche BRGM Les sciences de la terre ont déjà connu une véritable révolution avec le développement des Systèmes d’Informations Géographiques (SIGs) et des bases de données qui se sont imposés comme des outils désormais indispensables. Une autre mutation technologique s’annonce avec l’interopérabilité de tous les outils. bases de données 18 Daniel Cassard Géologue - Service Ressources minérales - BRGM [email protected] Jean-Pierre Milesi Géologue-gîtologue Adjoint au chef du service Ressources minérales - BRGM [email protected] Andor L.W. Lips Géologue - Service Ressources minérales - BRGM [email protected] Yann Itard Géologue - Service Ressources minérales - BRGM [email protected] L es technologies de l’information,notamment celles concernant les bases de données, les SIGs et l’interopérabilité ont considérablement progressé ces dernières années, notamment au bénéfice des sciences de la terre. Une approche résolument multidisciplinaire s’impose pour la gestion durable des ressources minérales avec le besoin de paramètres techniques indispensables mais aussi de données environnementales ou socio-économiques. L’intérêt et le caractère opérationnel de tels systèmes sont directement liés à la qualité des données ainsi qu’à l’architecture des bases qui les accueillent. Il faut donc se procurer l’information existante, la valider, la formater et l’organiser en couches thématiques avant de l’intégrer dans des bases ad-hoc. De la qualité de l’architecture et de la précision des lexiques dépendra dans une large mesure la puissance des requêtes qui pourront être formulées et donc la capacité du SIG à répondre à des questions complexes. Le développement de tels systèmes exige souvent l’exhumation de données anciennes “papier”, qu’il faut scanner, vectoriser ou formater avec un coût non négligeable. ” Outre des couches de métadonnées fournissant des informations sur les données disponibles, les SIGs contiennent en général trois types de couches, à valeur ajoutée croissante : > des couches factuelles à l’échelle du continent : données géographiques, géophysiques, etc. ; > des couches reposant sur des synthèses couvrant des sous-régions ou des blocs de pays : e.g. géologie et ressources minérales de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, révisée à l’aide des couvertures Source : BRGM Des SIGs miniers et environnementaux Le SIG Europe centrale se structure autour de trois modules : “Géographie”, “Géologie, Géophysique & Mines” et “Environnement”. Les différentes couches d’information sont décrites dans le tableau 1 [Cassard et al., (2003)]. Les couches thématiques environnementales du SIG sont liées à une base (“InfoBase”) qui contient des données sur les signatures géochimiques des principaux types de gisements, le contenu en métaux lourds de tous les minéraux, les descriptions chimiques des différents types de roches, etc. Géographie Géologie, géophysique et mines Enfin, un SIG Europe centrale et du sud-est a été lancé fin 1999. En plus de son volet métallogénique et minier, il devait innover en s’élargissant à la dimension environnementale. Couche Description Base géographique DCW(r) Occupation des sols (agriculture, forêt, urbanisme, industrie, déblais et stériles, etc.). Limites administratives, avec identification des zones protégées telles que les parcs nationaux Répartition et caractérisation des activités humaines (avec prise en compte des aspects socio-économiques) 2 modèles numériques de terrain : un océanique (2 minutes d’arc), et un MNT continental (30 secondes d’ arc), avec une carte des discontinuités fondée sur l’analyse de la topographie Imagerie photosatellitaire Images SPOT 4 VEGETATION® avec une résolution de 1x1 km Etat actuel de la couverture géologique : localisation des cartes existantes et Couverture géologique information relative à ces cartes (metadonnées) Synthèse géologique de l’Europe centrale et du sud-est au 1:1 500 000 Synthèse géologique Carte géologique simplifiée de l’Europe centrale et du sud-est au 1:1 500 000 Carte géologique avec caractérisation des domaines morpho-structuraux et des principaux simplifiée éléments tectoniques Données sur le volcanisme holocène Volcanisme Ressources géothermales Sur la base d’inventaires actuellement en cours pour l’Europe Composition et âge des roches magmatiques et volcaniques - données Géochimie isotopiques Base de données sous Access®, utilisant de nouveaux lexiques Gisements (voir http://giseurope.brgm.fr/) et incluant des données minéralogiques (minerai, gangue et altération hydrothermale), isotopiques et sur les inclusions fluides dans les principaux gisements Synthèse des données existantes, méthodes utilisées, estimation de la qualité et Géochronologie de la fiabilité des analyses, références, etc. Délimitation, contrôles magmatiques et structuraux, potentiel et information sur Districts miniers les compagnies minières Géographie (physique & humaine) Flux de chaleur Gravimétrie Sismique Environnement Plusieurs SIGs ont déjà été élaborés. Ainsi le SIG métallogénique couvrant la Cordillère andine [Cassard, (1999)], vise à développer un produit commercial et un outil de recherche permettant de tester différents modèles métallogéniques. De son côté, le SIG Afrique [Milesi et al., (2001)], a pour objectif de développer un outil au service du développement durable en synthétisant les informations géoscientifiques, mais aussi en initiant des recherches scientifiques et en participant à des programmes internationaux. Ce SIG a également pour ambition de transférer le savoir-faire acquis aux pays africains dans le cadre d’un réseau africain d’information géologique pour le développement durable. Tableau 1 : Couches thématiques des trois modules du SIG Europe centrale : “géographie”, “géologie, géophysique et mines” et “environnement”. Table 1: Thematic layers of the three modules of GIS Central Europe: ‘Geography’, ‘Geology, geophysics and mines’, and ‘Environment’ > La multiplication des informations engendre des besoins spécifiques en matière de traitement. Les outils statistiques classiques doivent être épaulés par de nouvelles techniques, comme le “Data Mining” ou les réseaux neuromimétiques qui sont deux approches complémentaires d’analyse relationnelle multivariable. Quelques particularités techniques des SIGs Tomographie 3D Sources de pollution Ressources en eau Surveillance de la qualité Météorologie Vulnérabilité aux risques naturels Synthèse fondée sur les données les plus récentes Anomalie de Bouguer; correction isostatique et anomalies résiduelles correspondantes ; calcul du gradient vertical et analyse structurale. Carte de la profondeur du Moho Distribution des séismes afin de mieux comprendre et contraindre les structures crustales Modèle 3D des structures lithosphériques (coopération avec l’Université d’ Utrecht) Inventaire et caractérisation des différents secteurs d’activité Eaux de surface et souterraines Résultats des réseaux de surveillance de la qualité des eaux, de l’air et des sols Climat, pluviométrie, etc. Tremblements de terre, inondations, etc. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 “ Les technologies de l’information ont considérablement progressé ces dernières années, notamment au bénéfice des sciences de la terre. 19 bases de données Risk assessment Pollution sources Meteorology Estimation of environmental impacts from identified sources of pollution gy Hyd gy olo e rog rolo Hyd Prediction / assessment of environmental and socio-economic risks from new mining projects Landuse & human targets Metallogeny & predictivity maps > Impacts Fig.1 : Deux manières de travailler à l’aide du module “Environnement” : (1) approche descriptive, estimation des impacts d’une pollution en cours, (2) approche prédictive, estimation de l’aléa Fig.1: Two methods of working with the ‘Environment’ module: (1) descriptive approach - estimation of impacts from an active pollution, (2) predictive approach - hazard assessment. > Source : BRGM Fig. 2 : Géologie de l’Afrique : extrait de la carte numérique à 1:10 000 000 avec localisation des principaux gisements. Fig. 2: Geology of Africa: extract from the digital map at 1:10,000,000 scale showing the major ore deposits Source : BRGM - Milesi et al., (2004) 20 géochronologiques et des publications récentes sur les reconstitutions géodynamiques. Ces synthèses contribueront à la mise à jour d’une carte des ressources minérales de l’Afrique à 1:10 000 000 (Fig. 2). > des couches d’aide à la décision comme des cartes de prédictivité ou de potentiel minier établies à partir des données géologiques, géophysiques et métallogéniques [Billa et al, (sous presse)](Fig. 3). Couplées à ces cartes, les données environnementales permettent d’établir des cartes d’aléa et/ou d’impact en liaison avec l’industrie extractive (Fig. 1 et 4). Les lexiques décrivant les données L’élaboration de lexiques hiérarchiques (ou non) multi-langues [Milesi et Deschamps, (2001)] est fondamentale : il s’agit de standardiser les descriptions afin de permettre ultérieurement des requêtes complexes, en dégradant le moins possible l’information. Tableau 2 : un exemple de lexique hiérarchique : le lexique “Gîtologie” (extrait) Table 2: Example of a hierarchical glossary: the ‘Ore Deposit’ glossary (extract) Identifiant Père D Gisement lié à des systèmes volcaniques et des intrusions de faible profondeur D10 D D11 D10 Source : BRGM L’utilisation de ces lexiques permet de gérer les données détaillées et celles de moindre précision Ainsi, les lexiques récents, révisés annuellement, utilisent les nomenclatures internationales obtenues parfois sur près d’un siècle et les harmonisent avec des nomenclatures “d’usage” locales ou régionales. Certains d’entre eux ont fait l’objet de recherches spécifiques afin de permettre d’intégrer dans les SIGs des données industrielles et artisanales : Type de gisement Epithermal acide (“acid-sulphate”) : Au, Cu, (Hg, As, S) Epithermaux acides stratoïdes à silice de remplacement : Au, (Hg, Cu) D12 D10 D20 D Epithermaux sulfurés à énargite massive et or : Cu, (As, Au) D21 D20 Epithermaux-mésothermaux à Ag - polymétalliques : Pb, Zn, Ag, Mn, Cu, (As, Sb) D22 D20 Epithermaux à Au, Ag contrôlés par des failles : Au, Ag, (Mn) D23 D20 Epithermaux liés à des dômes volcaniques : Au, Ag D24 D20 Filons et disséminations de Sb : Sb, Hg, As, (Au, Tl, ...) D30 D Gisement à Au, Ag encaissé dans des sédiments, lié à des intrusions de faible profondeur : Au, Ag, Hg, Sb, As D31 D30 Gisements en veines et disséminés de remplacement encaissés dans des sédiments (Carlin) : Au, Ag, (As, Sb, Hg) D32 D30 Filons neutres épithermaux stratoïdes encaissés dans des jaspéroïdes : Hg, Sb Epithermaux neutres (adulaire-séricite) : Au, Ag, Pb, Zn, Cu, Sb, (Hg, As, Mn, Tl) > Le lexique “Gîtologie” propose une classification hiérarchique des gîtes minéraux en dix familles. Il conserve certaines terminologies usuelles, afin (i) de préserver des données issues de sources anciennes et (ii) de gérer la difficulté pratique d’utiliser les typologies les plus modernes (Tableau 2). Les techniques de traitement des données Un SIG favorise l’étude des relations spatiales entre objets, l’analyse et la prédiction des phénomènes spatiaux via des approches statistiques ou probabilistes [Bonham-Carter, (1994)]. Classiquement, la cartographie de ces phénomènes est une approche en trois temps : (i) identification et organisation des données, (ii) transformation en valeurs numériques et traitement des données, et (iii) consolidation des résultats et modélisation. Le développement des techniques du “Data Mining” [Salleb, (2003)] et des réseaux de neurones [Bougrain et al., (2003)] et leur adaptation aux bases de données spatiales autorisent des analyses mieux adaptées à l’exploration des grands volumes de données et à l’identification des relations entre objets, leur quantification et leur hiérarchisation. Durant les 10 dernières années, des cartographies de potentiel minier ont été réalisées à partir de SIGs. Les modèles pour prédire le potentiel minéral, fondés sur des lois statistiques ou sur des approches heuristiques, sont des exemples de modèles empiriques. L’affectation de poids aux différentes informations attributaires peut être réalisée de manière statistique ou reposer sur la connaissance de l’expert : on parle alors d’approches guidées par les données (“data-driven”) ou par la connaissance (“knowledge-driven”). Dans l’approche guidée par les données, les différentes couches thématiques élémentaires sont combinées en utilisant les résultats de méthodes comme la régression logistique, le “Weights of Evidence” (WoE) ou poids des thèmes, ou l’analyse par réseau neuromimétique. Cette approche requiert l’existence d’une “connaissance antérieure”, sous forme de gisements ou indices connus dans la zone étudiée. Dans l’approche fondée sur la connaissance, c’est le géologue qui attribue le poids à chaque couche élémentaire qui s’appuie sur des techniques comme la logique floue “ ” Un SIG favorise l’étude des relations spatiales entre objets, l’analyse et la prédiction des phénomènes spatiaux. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 > Le lexique “Classes de gisements” fixe, pour chaque substance, les limites de taille des classes de gisement (en cumulant productions, réserves et ressources) : A : très grand, B : grand, C : moyen, D : petit, E : indice, N/A : inconnu. Il réactualise les classifications internationales des années 1980, en tenant compte des découvertes récentes, de l’émergence des secteurs des PME artisanales, ainsi que de l’importance des roches et minéraux industriels. La méthodologie repose sur une enquête bibliographique sur tous les types de gisements pour chaque substance, couplée à une recherche thématique par substance. Pour chaque classe, des seuils ont été définis par calibrage sur des gisements connus. Une révision des classes par étude statistique est réalisée au fur et à mesure de la constitution des bases de données continentales. 21 bases de données (fuzzy logic), les règles de Bayès ou encore la théorie de Dempster-Shafer [Bonham-Carter, (1994)]. Les modèles conceptuels de gisements (VHMS,épithermaux, etc.) regroupent toutes leurs principales caractéristiques, et peuvent contribuer au choix des données à retenir pour la modélisation et au choix des poids à attribuer à tel ou tel thème. Le choix de la technique à mettre en œuvre varie en fonction du set de données, de sa taille, de sa qualité, du degré d’indépendance des données, de l’existence d’indices connus, etc. L’étape de l’interopérabilité 22 Les outils issus des techniques de KDD (Knowledge Discovery in Data bases) mis au point pour l’exploitation et la valorisation des SIGs répondent à des besoins nouveaux. Les techniques du “Data Mining” et les réseaux de neurones ont aussi pour objet de mettre en évidence et de quantifier les relations existant entre tous les paramètres décrivant l’environnement d’une concentration minérale. Les paramètres ainsi identifiés et hiérarchisés servent ensuite à tester des scénarios et établir des cartes de potentiel minier ou de prédictivité. L’un des prochains challenges techniques est celui des bases de données spatiales multi-échelles, multireprésentations et de la généralisation.Un changement d’échelle implique presque toujours un nouveau travail de synthèse et de dessin, processus long et coûteux, mais qui pourrait être automatisé, sans rien perdre de la qualité des synthèses humaines. > Les SIGs jouent plusieurs rôles, souvent de manière concomitante. Leur rôle d’archive (exhumation, reformatage et donc sauvegarde de données anciennes) ne peut pas être négligé même s’il ne peut constituer une finalité. Mais un SIG est avant tout un outil, dont la puissance dépend de la qualité des données stockées dans les bases : qualité intrinsèque de la donnée, des contrôles, de la mise en forme et de la transcription. Fig. 3 : SIG Andes : carte de prédictivité des gisements néogènes d’or épithermaux et porphyriques. La carte a été calculée en utilisant cinq paramètres régionaux retenus pour leur rôle significatif dans le contrôle des minéralisations magmatiques et hydrothermales à l’échelle continentale : (i) lithostratigraphie des roches encaissantes, (ii) contacts lithostratigraphiques, (iii) discontinuités structurales, (iv) profondeur et (v) pendage du plan de Wadati-Benioff modélisés à partir des données sismiques. La carte met en évidence des zones à haute favorabilité représentées par des pixels rouges, sans indice connu, et qui pourraient donc constituer des cibles potentielles, intéressantes à contrôler. Fig. 3: GIS Andes: predictive Neogene epithermal and porphyry gold deposit map. The map was computed using five regional parameters selected for their significant role in controlling the magmatic and hydrothermal mineralisation at continental scale: (i) lithostratigraphy of the country rocks, (ii) lithostratigraphic boundaries, (iii) structural discontinuities, and (iv) depth to and (v) dip of the Wadati-Benioff plane as modeled from seismic data. The red zones on the map represent areas of high potential, but without any known showings; these could form potential targets warranting a follow-up. 1 Yanacocha (Peru)-Portovelo (Equador) 2 Maricunga belt - Indio belt (Chile, Argentina) 3 Bajo de la Alumbrera (Argentina) Source : BRGM Les SIGs sont également des outils de communication et de diffusion de l’information qu’il est maintenant possible de consulter en ligne, via l’Internet. C’est notamment le cas pour le SIG Andes (http://sigandes.brgm.fr) et pour le SIG Europe centrale (http://sigeurope.brgm.fr). Une autre étape est en train d’être franchie avec la possibilité de télécharger les données de différentes origines pour les combiner. Cette avancée est liée à la mise en place des normes d’intéropérabilité qui imposent que les données soient décrites selon des normes précises (OGC, ISO) au sein de catalogues de métadonnées (e.g. initiative INSPIRE). Un software adapté permet alors d’intégrer ces nouvelles données dans le système de l’utilisateur en s’affranchissant de problèmes récurrents comme le changement de système de projection, etc. Le site InfoTerre (http://infoterre.brgm.fr/) fonctionne déjà sur ce principe. “ L’un des prochains challenges techniques est celui des bases de données spatiales multi-échelles, multireprésentations et de la généralisation. ” Fig. 4 : SIG Europe centrale, Roumanie et Serbie : calcul d’un index “Risque métaux lourds” pour chaque gisement et d’une carte d’aléa du drainage minier acide. Fig. 4: GIS Central Europe, Romania and Serbia: calculation of a ‘Heavy metal risk’ index for each deposit and of an acid mine drainage hazard map. > Source : BRGM New information technologies and management tools open up interesting perspectives where the Earth Sciences are concerned. Mineral exploration benefits, in particular, from the progress made in databases and Geographic Information Systems and their interoperability. The large number of data from varied sources warrants a holistic approach to the management and development of mineral resources. Regardless of the scale of the work, we can now deal with different parameters simultaneously, be they technical, environmental, social or socioeconomic, etc. We can now rank the potential lines of mineral development by taking into account the three groups of criteria that define sustainable development. We should expect better informed decision making from the various entities involved in the development of mineral resources. This approach is well illustrated by BRGM’s research activities, in particular where the GIS Andes (potential for different mineral substances), GIS Central Europe (Environmental aspects) and GIS Africa (public-support tool for development) are concerned. Bibliographie : Billa, M., et al. (sous presse). Predicting epithermal-porphyry gold systems in the central Andes with the continental-scale metallogenic GIS Andes, Ore Geology Reviews. – Bonham-Carter, G.F. (1994). Geographic information systems for geoscientists - Modelling with GIS. Pergamon Computer Methods in the Geosciences, 13 : 398 p. – Bougrain, L., et al. (2003). Knowledge recovery for continent-scale metal exploration by neural networks. Natural Resources Research, 12, 3 : 173-181. – Cassard, D. (1999). GIS Andes: A metallogenic GIS of the Andes Cordillera. 4th International Symposium on Andean Geodynamics, 4-6 octobre 1999, Göttingen ; Résumés étendus. Institut de Recherche pour le Développement Editeur, Paris, 1999 : 147-150. – Cassard, D., et al. (2003). GIS Central Europe: An operational tool to improve metallogenic thinking, support exploration activities and contribute to the sustainability of the mining industry. Seventh Biennal SGA Meeting “Mineral Exploration and Sustainable Development”, Athènes, Grèce, 24-28 août 2003,Volume des résumés étendus. – Lips, A.L.W., et al. (2002). Quantatitative assessments of a continent-scale metallogenic GIS by data-driven and knowledge-driven approaches to construct decision-aid documents. GIS in Geology Int. Conference, Extended abstracts, Vernadsky SGM RAS, Moscou, 13-15 novembre 2002, 74-76. – Milesi, J.P. et Deschamps, Y. (2001). Présentation des lexiques élaborés dans le cadre des projets scientifiques consacrés aux synthèses métallogéniques (Afrique, Europe Centrale, Andes). BRGM Report BRGM/RP-50763-FR : 234 p. – Milesi, J.P.et al. (2001). GIS AFRICA: a 1:2,000,000-scale tool for sustainable development. EUG XI, 8-12 avril 2001, Strasbourg, France, J. Conf. Abs., 6, 1 : 556. – Salleb, A. (2003). Recherche de motifs fréquents pour l’extraction de règles d’association et de caractérisation. Thèse de Doctorat, Université d’Orléans : 195 p. l’après-mine Quelques aspects de mine” “l’après- ©BRGM im@gé Fermées ou abandonnées, les anciennes mines représentent un danger potentiel comme l’ont montré les effondrements dans le bassin ferrifère lorrain. Face à l’urgence, des outils et programmes d’action et de recherche ont été mis sur pied tandis qu’une réglementation plus contraignante entrait en vigueur. Cette question touche aujourd’hui toute l’Europe où les mines ferment les unes après les autres. actualité 24 Bernard Feuga Responsable des anciennes exploitations de sel à GEODERIS [email protected] es questions liées à “l’après-mine” touchent la quasi-totalité des substances qui ont été, dans un passé plus ou moins lointain, extraites du sous-sol de notre pays. Divers phénomènes et désordres liés à ces exploitations, notamment le “drainage acide”, sont connus de longue date. Mais la prise de conscience collective des problèmes de “l’après-mine” est récente avec la fin du bassin ferrifère lorrain, qui représente à lui seul un exemple des divers désordres liés aux anciennes mines. L’étude des problèmes du bassin lorrain est un bon exemple des réponses qui ont été apportées pour y faire face. L Avant “l’après-mine” Avant “l’après-mine”, il y eut tout simplement... la mine. L’exploitation minière sur le territoire de ce qui allait devenir la France remonte à des temps immémoriaux : les archéologues y ont mis à jour les vestiges d’anciennes exploitations souterraines de silex remontant au Néolithique. Selon le code minier actuel, ces exploitations seraient aujourd’hui qualifiées de carrières, et non pas de mines. Mais si un code minier avait existé à cette époque reculée, le silex, compte tenu de son caractère éminemment stratégique pour nos lointains ancêtres, aurait été rangé parmi les substances dont les plus hautes autorités se devaient de contrôler l’exploitation. Maison affectée par un affaissement lié à une ancienne mine de fer à Auboué (Meurtheet-Moselle). House affected by subsidence associated with a former iron-ore mine at Auboué (Meurthe-etMoselle). Ces substances, relevant depuis une loi de 1810 du régime de la concession, sont exploitables dans ce qu’il est convenu d’appeler des mines. L’époque galloromaine connut une véritable explosion de l’activité minière (or, argent, plomb notamment). Après une longue éclipse due aux invasions barbares, l’activité minière reprit au haut moyen-âge (c’est à cette époque que l’on commença à exploiter le charbon) pour ne plus cesser, marquant de son empreinte des régions entières et allant jusqu’à constituer, dans la période de reconstruction qui suivit la seconde guerre mondiale, la “première industrie” de France. Cette aventure vieille de près de six millénaires se termine sous nos yeux, avec la fermeture des dernières mines encore en activité. La mine est finie, nous voici dans “l’après-mine”. Il serait totalement faux de dire que les préoccupations d’un exploitant minier étaient des préoccupations de court terme. La longueur des étapes qui précédaient l’ouverture d’une mine, l’importance des investissements nécessaires, et donc la durée du retour sur investissement, imposaient au contraire une prise en compte du moyen et du long termes beaucoup plus contraignante que dans la plupart des autres industries. Mais l’horizon, même lointain, auquel se limitait l’exploitant minier, était celui de la fin de son exploitation. Tout était fait pour assurer la rentabilité et la sécurité en phase d’exploitation. Mais, jusqu’à une période très récente, la question du devenir de la mine après son abandon et celle des conséquences futures sur l’environnement ne se posaient pas. On n’ignorait sans doute pas que les mines abandonnées pouvaient entraîner de graves désordres. Au cours d’une aussi longue histoire, on a fermé autant de mines qu’on en a ouvertes et les accidents ou catastrophes liés aux vieux travaux n’ont pas dû manquer. Mais peut-être les anciens considéraient-ils ces accidents comme des phénomènes inéluctables, voire naturels ? De même, les bénéfices qu’apportaient les mines à leurs propriétaires, comme à l’ensemble des populations, devaient rendre leurs inconvénients plus supportables.Toujours est-il que les désordres étaient traités au cas par cas, sans attirer une attention particulière de la part des populations, des médias et du monde politique. Depuis une dizaine d’années la situation a radicalement changé. L’arrêt des mines de fer de Lorraine : la prise de conscience 1995, la dernière mine de fer de la société Lormines (groupe Usinor-Sacilor) du bassin de Briey-Longwy ferme ses portes en Lorraine. Dès lors, les pompages d’exhaure cessent et, conséquence logique de cette interruption des prélèvements d’eau dans le sous-sol, le niveau de la nappe phréatique remonte. En octobre 1996 des affaissements du sol dont l’amplitude verticale atteindra par endroits deux mètres se manifestent assez soudainement dans la ville d’Auboué, avec maisons lézardées, chaussées déformées, rupture des conduites enterrées. Puis Moutiers, Moyeuvre, Roncourt et de nombreuses autres communes de Moselle et de Meurthe-et-Moselle connaissent des désordres analogues que l’on explique rapidement par l’effondrement de vieux travaux miniers. Le déclenchement de ces phénomènes coïncide avec le moment où le niveau de l’eau souterraine, lors de sa remontée, atteint le “toit” (plafond) des anciennes galeries. Des centaines de maisons sont affectées, dont beaucoup devront être détruites. D’autres types de désordres se manifestent : dégradation de la qualité de l’eau souterraine, inondation de certains quartiers, remontées d’air appauvri en oxygène dans des caves reliées aux galeries minières... Ces désordres suscitent une émotion considérable dans une population déjà durement touchée par les difficultés économiques liées à la fermeture des mines et au déclin de la sidérurgie. Ils sont alors à “ Ces désordres suscitent une émotion considérable dans une population déjà durement touchée par les difficultés économiques liées à la fermeture des mines et au déclin de la sidérurgie. ” Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 De la mine à “l’après-mine” : des préoccupations nouvelles ©GISOS (LAEGO-INPL) 25 l’après-mine l’origine d’une prise de conscience, au plus haut niveau de l’État, des problèmes liés à “l’après-mine” et de la nécessité d’y apporter une réponse adaptée. L’appui technique à l’administration : Geoderis (cf encadré p. 29) La DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement), administration en charge du suivi et du contrôle de l’activité minière, avait vu ses effectifs spécialisés diminuer au fur et à mesure que décroissait l’activité minière. Elle s’est donc trouvée face à une surcharge de travail considérable à laquelle elle ne pouvait faire face. Pour l’appuyer, l’État a donc fait appel au BRGM et à l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) qui ont créé une structure d’appui à l’administration, dotée du statut de GIP (Groupement d’Intérêt Public) et nommée Geoderis. Les problèmes d’“après-mine” ne se limitant pas à la Lorraine ni aux mines de fer, Geoderis, qui compte à l’heure actuelle vingt-cinq personnes, couvre l’ensemble du territoire métropolitain, avec une direction nationale à Metz et deux agences à Alès et Caen. 26 Le modèle fonctionnel La simulation TEMPO-RER 700 Concentration (mg/l) Alimentation du système (Pluie efficace) Débordement dans la Moselle Pompage AEP Fuites Eau d'alimentation 600 Concentration en sulfate simulée 500 Concentration en sulfate mesurée 400 300 Pompage 200 100 + Eau de débordement du sous-réservoir supérieur Eau d'alimentation 0 06/10/80 03/07/83 29/03/86 23/12/88 19/09/91 15/06/94 Interconnection entre les deux sous-réservoirs due au surpompage Modélisation de l’évolution de la concentration en sulfate dans l’ancienne mine de fer de Saizerais (Meurthe-et-Moselle). À gauche : représentation schématique du modèle utilisé ; à droite : comparaison des teneurs calculée et mesurée. Modeling the evolution of sulphate concentration in the former Saizeris iron-ore mine (Meurthe-et-Moselle). Left: schematic representation of the model; Right: comparison of the calculated and measured concentrations. Source : BRGM - R. Fabriol Le GISOS au service de la recherche “ Personne ne s’attendait à ces désordres, difficilement explicables, tant le rôle de l’eau dans les anciennes mines est complexe et encore mal connu. ” Les premiers mouvements de surface apparus après l’arrêt des mines de fer de Lorraine semblaient liés à la remontée de l’eau souterraine. Personne ne s’attendait à ces désordres difficilement explicables, tant le rôle de l’eau dans les anciennes mines est complexe et encore mal connu. Un gros travail de recherche scientifique était à mener pour combler cette lacune. C’est pourquoi, le GISOS, (Groupement d’Intérêt Scientifique sur l’Impact et la Sécurité des Ouvrages Souterrains) fut constitué et inauguré à Nancy en 1999 avec l’appui des pouvoirs publics locaux, nationaux et européens. Un tel groupement n’a pas d’existence Vue en perspective de deux cuvettes d’affaissement dues à d’anciennes mines de fer en Lorraine. General view of two subsiding basins resulting from former iron-ore mines in Lorraine. Source : O. Deck, (GISOS, LAEGO-INPL) juridique propre et constitue une structure au sein de laquelle les organismes membres décident de mettre en commun leurs moyens humains et matériels pour réaliser ensemble des recherches sur un thème donné. Le GISOS regroupe une cinquantaine de chercheurs et associe le BRGM, l’INERIS, le LAEGO (Laboratoire Environnement, Géomécanique et Ouvrages, commun à l’École des Mines et à l’École de Géologie de Nancy et relevant de l’Institut National Polytechnique de Lorraine) et l’École des Mines de Paris. Divers spécialistes issus de grands organismes de recherche français et européens participent également à ses travaux, au sein de son conseil scientifique. Le champ d’action du GISOS porte sur tous les types de travaux souterrains et englobe non seulement les problèmes de comportement des terrains et de la qualité des eaux mais également des sujets plus transversaux comme l’évaluation et la gestion du risque. Les sciences humaines ne sont pas non plus absentes des thèmes de recherche du GISOS, auquel le laboratoire de Psychologie de l’Université de Metz apporte une contribution originale. Le GISOS se veut en outre un lieu de rencontres et d’échanges de toutes personnes et organismes (scientifiques, administrations, entreprises, collectivités publiques) qui sont concernés par sa thématique. Il a ainsi organisé en février 2003 à Nancy “Après-mine 2003”, premier colloque international sur le sujet qui a rassemblé 170 participants issus d’une dizaine de pays et a donné lieu à des échanges très riches (www.gisos.org). Devant le succès de cette manifestation, décision a été prise d’organiser un second colloque à l’automne 2005. Une réussite inespérée Compte tenu de l’urgence, le GISOS a consacré ses premiers travaux au bassin ferrifère lorrain avec notamment la mise en place d’un site pilote expérimental dans une ancienne mine de la société luxembourgeoise ARBED. Ce site a permis d’étudier en vraie grandeur et sur une durée d’un an et demi les mécanismes entraînés par l’ennoyage des mines. De nombreux résultats marquants ont d’ores et déjà été obtenus sur plusieurs sujets : influence de l’eau et du vieillissement sur le comportement mécanique des mines abandonnées, compréhension des mécanismes de dégradation de l’eau du réservoir minier et prévision de l’évolution de sa composition, dégradation du bâti suite aux affaissements miniers, méthodes d’évaluation et de hiérarchisation de l’aléa “mouvements de terrain”, dégradation de l’air dans les anciennes mines. Sans pour autant relâcher son effort sur les problèmes des mines de fer, le GISOS aborde désormais d’autres thématiques, comme celle des anciennes exploitations de sel. Celles-ci, qu’il s’agisse de mines traditionnelles ou d’exploitations par dissolution au moyen de sondages, sont nombreuses sur le territoire national et posent des problèmes difficiles. Le sel est en effet un matériau extrêmement soluble dans l’eau dont le rôle sur le devenir des exploitations est encore beaucoup plus complexe que pour les mines de fer. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 27 l’après-mine Effondrement de terrain en zone urbaine Urban subsidence ©BRGM im@gé Les évolutions réglementaires La réglementation de l’industrie minière découle en France de deux textes fondamentaux : la loi de 1810 (régime de la concession, par laquelle l’État accorde à un pétitionnaire le droit d’exploiter une substance donnée) et surtout celle de 1955 qui institue le code minier. Celui-ci précise les démarches qui doivent être suivies à la fin de l’exploitation d’une mine. Le bilan que l’on peut tirer des cinq premières années d’activité du GISOS est très positif car les recherches qu’il coordonne ne se limitent pas à une addition de programmes de ses différentes composantes. Un projet considérable comme le site pilote expérimental n’aurait pu être entrepris et mené à bien isolément par chaque organisme associé. En amenant les équipes à collaborer, il a créé les conditions d’une réussite que personne n’osait imaginer au moment de sa conception. Le GISOS a également créé au bénéfice de ses membres une image de marque auprès des pouvoirs publics et des médias, image renforcée par les retombées opérationnelles de ses travaux, dont beaucoup sont transposés sur le terrain par des organismes comme Geoderis. Enfin, il a amorcé une dynamique qui attire de plus en plus d’organismes nationaux mais également européens intéressés à collaborer avec lui. La part de son programme qui est réalisée en collaboration avec des partenaires étrangers ne cesse de croître. 28 Affaissement de terrain dû à une ancienne mine de fer à Jarny (Meurthe-et-Moselle), déterminé par interférométrie-radar. Ground subsidence due to a former iron-ore mine at Jarny (Meurthe-et-Moselle), determined using radar interferometry. Source : BRGM Les désordres survenus en Lorraine ont induit une réactualisation des dispositions légales et réglementaires, pour faire face en particulier à la situation fréquente dans laquelle l’ancien exploitant n’existe plus (on parle alors de mine “orpheline”). Dans ce cas, c’est désormais l’État lui-même qui se porte garant des désordres de “l’après-mine” et de leur réparation. En contrepartie, l’État a rendu plus contraignante la procédure d’abandon d’une exploitation. Celle-ci comporte deux étapes. La première, dite procédure de “déclaration d’arrêt définitif des travaux et d’utilisation des installations minières”, impose à l’exploitant d’élaborer un dossier dans lequel il évalue l’impact de l’abandon de la mine et de ses installations sur toute une série d’intérêts à préserver : sécurité et salubrité publiques, voies de communication, sites naturels, agricoles, historiques et archéologiques, ressources en eau, etc. Les points à prendre en compte dans cette évaluation concernent tous les aspects de l’activité de la mine : “ Une avancée décisive dans la vie et une gestion reconnue des intérêts présents et futurs. stabilité des terrains, eaux souterraines et de surface, émanations de gaz, ouvrages d’accès, anciennes installations de surface, verses, terrils, bassins de décantation, tas de résidus... Si certains des intérêts à préserver sont menacés, le dossier doit définir les mesures envisagées pour y remédier ou pour assurer une surveillance des risques s’il n’existe pas de mesure technique raisonnablement envisageable pour les éliminer. L’arrêt définitif des travaux ne peut être prononcé qu’après approbation par le préfet et mise en application complète de ces mesures afin que la sécurité des personnes et des biens soit assurée sur le long terme. Si l’exploitant est défaillant, l’administration peut décider de faire réaliser elle-même, aux frais de ce dernier, les travaux qu’elle estime indispensables. La deuxième étape est celle de la renonciation à concession, à l’issue de laquelle le titre minier retourne à l’État. La nouvelle réglementation a également institué les “Plans de Prévention des Risques Miniers (PPRM)”, documents inspirés des “Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN)”. Les PPRM, qui seront établis à la demande de l’État sur des zones et pour des risques bien définis, sont destinés à constituer, dans l’avenir, les outils de base de la gestion de l’usage du sol dans les anciennes zones minières. Une avancée décisive ” L’industrie minière appartient désormais, en France comme dans la plupart des pays d’Europe occidentale, au passé. Pour éviter que l’héritage de ce qui fut pendant des siècles source de richesse pour les Etats et de fierté pour les acteurs de cette industrie ne soit vécu comme une malédiction par les générations à venir, il importait que les problèmes posés par les anciennes mines soient considérés dans leur ensemble et qu’une réponse globale leur soit apportée. Les dispositifs mis en place à cette fin dans notre pays, et dans lesquels les acteurs publics comme le BRGM trouvent toute leur place, sont encore perfectibles. Ils n’en constituent pas moins une avancée décisive dans la voie d’une gestion de “l’après-mine” soucieuse des intérêts, présents et futurs, de l’ensemble des parties en présence. > Les missions de Geoderis Ce groupement d’intérêt public est habilité à intervenir, à la demande de l’administration, sur tout type d’exploitation minière arrêtée et dans différents domaines : > Recueil de données sur les anciennes mines : positionnement et mise en forme de ces données et élaboration de SIG qui permettent de visualiser l’information disponible. > Reconnaissance des anciennes mines : mise en œuvre de moyens lourds de reconnaissance sur le terrain tels que sondages,campagnes de géophysique ou visites au fond, nécessaires pour retrouver l’emplacement des anciens travaux. > Évaluation de l’aléa : Geoderis élabore des cartes d’aléa qui,complétées par la prise en compte des enjeux,permettront de définir le risque et de préparer les décisions relatives à l’usage du sol ou d’autres ressources dans les zones affectées par l’exploitation minière. > Traitement du risque : des travaux doivent être menés sans délais dans les zones où le risque identifié est considéré comme très élevé. > Surveillance :face à un risque existant Geoderis assure le suivi de tout un réseau de surveillance installé sur d’anciennes mines et faisant appel à diverses techniques (mesure de déformations, surveillance vidéo, écoute micro-sismique des bruits émis par le massif rocheux...). The term ‘post-mining’ designates all the problems resulting from the cessation of mining activities, and from former mines in general, as well as the actions involved in resolving these problems. The disturbances (surface subsidence, water-quality degradation, gas emanation, flooding) that have occurred in the Lorraine iron-ore basin since 1996, following the closure of the mines, have brought about a multitude of responses. The regulations have evolved in a way that places an increasing responsibility upon the Government where ‘post mining’ is concerned. As against this, the procedures for halting mining activities and relinquishing a concession are now much tougher for the mining companies, who must take all necessary measures to ensure long-term safety. Two organizations have been established to help the government manage the technical problems associated with ‘post mining’. Geoderis, a Public Interest Group that provides expertise and minehazard assessment, and GISOS, a Scientific Interest Group for underground structures which carries out research into phenomena associated with former mines. GISOS is made up of BRGM, Ineris (Institute for Industrial Environments and Risks), the Paris School of Mines and INPL (Lorraine Polytechnic College). la mine en europe Depuis la préhistoire, les sociétés modernes ont été fortement conditionnées par les activités minières. Symboles de richesse, de pouvoir économique et de puissance politique, les mines ont contribué au développement humain et au progrès technique tout en modelant les paysages. À l’heure où les dernières mines françaises ferment, c’est tout un pan de notre histoire et de notre patrimoine qui risque de disparaître. la mine en Europe avant l’ère Le rôle de industrielle Mineurs au travail à Schwaz en 1556 dans les mines de Jacob Fugger Miners at work in the Jacob Fugger mines at Schwaz in 1556 Source : extrait du Schwazerbergbuch historique 30 Marie-Christine Bailly-Maître Directeur de Recherche Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne (LAMM) UMR 6572 CNRS - Université de Provence [email protected] n janvier 2000, Paris a accueilli un colloque dont le thème était La mine du XVe au XXe siècle(1) avec des intervenants venus d’horizons très divers. La diversité des approches qui aurait pu donner lieu à une rencontre assez déséquilibrée ou peu cohérente a, au contraire, mis en évidence les visions très contrastées et souvent contradictoires de ceux qui étudient le monde de la mine. E Le clivage est net entre d’un côté les historiens et archéologues et, de l’autre, les tenants d’approches littéraires. Les premiers travaillent essentiellement, depuis les périodes anciennes, sur les savoir-faire techniques, sur le rôle de la mine dans le développement des autres activités humaines et dans les mouvements économiques, ou encore sur les enjeux politiques. Les seconds s’intéressent d’abord aux mines “récentes” des XIXe et XXe siècles. L’essentiel des œuvres qui traitent de ce milieu met en scène des mineurs de charbon avec une image dominante véhiculée par Emile Zola dans Germinal (1885). On y représente des mineurs travaillant dans des conditions effroyables, vivant avec leur famille le plus souvent en dessous du seuil de pauvreté, exposés à des risques terribles : éboulements, inondations, explosions dues au grisou, silicose qui brûle les poumons, etc. Malgré cela, les mineurs sont fiers de leur métier que l’on exerce souvent de père en fils. En dehors des sources purement littéraires, d’autres ouvrages traitent du monde Commune de Bez et Esparon (30) : Four à griller à la calamine (XIXe s). Commune of Bez et Esparon (Gard) Calamine roasting kiln (XIX C.) de la mine. En 1867, dans son ouvrage “La vie souterraine ou les mines et les mineurs”, Louis Simonin nous montre des hommes aux prises avec les terribles dangers du monde souterrain, face à un milieu hostile qui ne se laisse pas dominer. Jules Verne, ami de Louis Simonin, reprend ces mythes dans son “Voyage au centre de la terre” (1864). Aujourd’hui encore, c’est cette vision “noire” qui subsiste dans la conscience collective : il n’est qu’à écouter la chanson de Pierre Bachelet “Au nord, c’était les corons...”. Autres sujets d’inquiétudes avec les effondrements importants survenus en Lorraine ces dernières années et l’arrêt de toute activité minière en France programmé dans un avenir proche. Mais le code minier est formel : pour que les sites extractifs sortent de sa compétence, les travaux de “mise en sécurité” doivent avoir été préalablement réalisés. La mine visitée par les historiens C’est l’ensemble de ces perceptions - vécu négatif de la mine, peur de la pollution, des effondrements, perspectives d’arrêt total de l’activité - qui a déterminé, depuis une dizaine d’années le Ministère de l’Industrie, à entreprendre la mise en sécurité systématique de tous les vestiges miniers. Dans ce cadre, l’État se charge directement des mines dites “orphelines”(2), alors que les concessionnaires sont tenus de réaliser la sécurisation dans le périmètre de leur concession, même si les vestiges actuels ne résultent pas de leur propre activité(3). La mise en sécurité signifie la disparition totale des sites, l’idéal (sic) étant d’aller jusqu’à la restitution topographique du paysage originel, avant l’activité d’extraction et de transformation. C’est le cas avec le site des Malines à Saint-Laurent-le-Minier dans le Gard où il ne reste plus aucune trace de l’une des plus importantes exploitations de plomb-zinc de France fermée en 1991. C’est un pan entier du patrimoine et de l’histoire des hommes qui est inexorablement voué à la disparition en raison de l’application du “principe de précaution”. Il est possible cependant de véhiculer une autre idée de la mine et de ses acteurs. C’est celle que les historiens et archéologues s’appliquent à mettre en évidence. Des travaux de recherche ont été menés depuis près de 25 ans sur des sites miniers et métallurgiques dont la chronologie est comprise, pour le plus grand nombre, entre la protohistoire et le XVIIIe siècle. La quasi-totalité des chercheurs œuvrant dans ce domaine est regroupée au sein de la Société Française d’Etude des Mines et de la Métallurgie. L’histoire est différente selon que l’on s’intéresse aux mines métalliques ou aux gisements de combustibles, et pour ce qui concerne les mines métalliques, Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 ©M.C. Bailly-Maître 31 (1) Colloque organisé en janvier 2000 par l’Equipe Histoire des techniques de Paris 1 et l’Institut Catholique de Paris. À paraître. (2) Les mines dites orphelines sont celles qui ont été concédées, mais qui n’ont plus ni propriétaire ni concessionnaire. Elles relèvent tou- jours du code minier en vigueur. (3) Quel statut donner aux mines exploitées antérieurement à l’établissement des concessions et du code minier ? Depuis la fin des années quatre-vingt, les mines relèvent de la loi sur l’archéologie, quelle que soit la date d’abandon de l’exploitation. la mine en europe entre le fer et le non ferreux. En effet, les minerais de fer sont assez largement répartis sur l’ensemble du continent européen et particulièrement en France. C’est donc au domaine de la métallurgie que s’est appliqué le génie humain, conduisant des méthodes de métallurgie directe aux processus de transformation indirecte avec l’apparition, à la fin du Moyen Âge, du haut-fourneau. 32 Dès la protohistoire, les Gaulois exploitent les mines d’or en roche du Limousin, de la Corrèze et du Pays Basque (Cauet, 1999). Les recherches archéologiques menées sur ces aurières montrent que les chantiers étaient conduits par des techniciens puisque certains sites ont conservé des boisages et des galeries d’exhaure. Si l’Antiquité a laissé peu de traces sur notre territoire national, des sites exceptionnels ont été étudiés en Espagne (Domergue, 1990), en Grèce au Laurion, en Roumanie(4)... À chaque fois, le terrain montre que ces gisements ont été travaillés par des hommes de l’art, des professionnels qui maîtrisaient parfaitement les techniques extractives. Il ne s’agit en aucun cas d’une économie de cueillette, mais de véritables entreprises bien gérées. En revanche, pour ces périodes anciennes, l’historien dispose de peu d’informations sur les hommes qui ont travaillé dans ces mines. Avec le Moyen Âge, les sites identifiés deviennent plus nombreux. À partir des XIe-XIIe siècles, les textes apportent un éclairage déterminant pour la connaissance de l’activité minière dans ses multiples facettes techniques extractives, gestion de l’espace souterrain, traitement minéralurgique et métallurgique - mais aussi et surtout, sur le cadre dans laquelle elle se déroule. Car de tout temps, l’exploitation de minerais a été une activité fragile, fortement dépendante du contexte économique et politique. “ Commune de Pommiers (30) Mine de plomb/zinc de Mas Lacombe, paysage marqué par les haldes où se téléscopent vestiges médiévaux et contemporains. Commune of Pommiers (Gard) Mas Lacombe lead/zinc mine, landscape marked by waste heaps telescoping mediaeval and contemporaneous remains ©M.C. Bailly-Maître En France, la recherche et l’exploitation de gisements polymétalliques sont fortement liées à l’exercice du droit régalien de battre monnaie avec, depuis les VIIeVIIIe siècles, le monométallisme argent du denier, situation qui se maintient jusqu’à Philippe IV le Bel. Dès l’époque carolingienne, les mines de plomb argentifère de Melle (Poitou) alimentent sur place un atelier monétaire qui figure sur la liste des ateliers autorisés par l’Edit de Pitre de 864. C’est ce lien entre le pouvoir et le minerai qui explique que les mines ont été des éléments essentiels du développement économique de régions ou d’Etats. Enjeux de pouvoir et de puissance À chaque fois, le terrain montre que ces gisements ont été travaillés par des hommes de l’art, des professionnels qui maîtrisaient parfaitement les techniques extractives. ” L’Europe du sud (Italie, Espagne, France méridionale) est une grande productrice d’argent au Moyen Âge et participe à la création de richesses avec des mines de plomb et cuivre argentifères. L’enjeu politique est essentiel. De grands féodaux engagent des conflits incessants pour des mines qui semblent, aujourd’hui, de médiocre importance, mais qui, par leur nombre constituent une source de métal blanc non négligeable [Bailly-Maître, (2002)]. Ainsi voit-on intervenir pour les mines de Largentière en Vivarais, aux XIe-XIIe siècles, l’évêque de Viviers, le Comte de Toulouse, l’Empereur Frédéric Barberousse, et même Simon de Montfort lors de la croisade des Albigeois. Dans un premier “ C’est ce lien entre le pouvoir et le minerai qui explique que les mines ont été des éléments essentiels du développement économique de régions ou d’Etats. ” ” temps, les gisements de galène ou de plomb argentifère sont recherchés en priorité car la séparation de l’argent et des autres métaux contenus dans le minerai est plus aisée. Très vite cependant les cuivres gris, dont la bournonite, sont recherchés. Ainsi dans les Cévennes, le district d’Hierle (autour du bourg de Saint-Laurent-le-Minier) livre à l’étude un ensemble de plus de 60 réseaux miniers ayant fonctionné aux XIe-XIVe siècles. Dès la fin du Moyen Âge, les métallurgistes dominent la technique du “ressuage” pour traiter l’argent associé au cuivre.Les progrès s’accélèrent pour retraiter le plomb (très utilisé pour les toitures, la poterie, la tuyauterie...) et le cuivre dont la demande est en pleine expansion avec le développement de l’artillerie. La fouille de la mine de cuivre argentifère de Pampailly a permis de retrouver les vestiges d’un martinet hydraulique du XVe siècle destiné à broyer les scories afin de récupérer les billes de cuivre [Benoit, (1997)]. L’importance économique et politique de ces minerais engendre la mise en exploitation de gisements dans des conditions extrêmes, comme à Brandes (Huez-Isère) où les filons sont travaillés, du XIIe au XIVe siècle, de 1850 m à 2900 m d’altitude. Il est d’ailleurs révélateur de voir le Dauphin, alors seigneur du Dauphiné, engager une politique de conquête systématique des pays de montagne pour maîtriser les cols, mais aussi les ressources du sous-sol. En France, la fin du Moyen Âge marque l’aboutissement de la politique royale pour récupérer l’ensemble des droits sur l’activité minière. Le Capétien opère un lent grignotage, au gré des opportunités et des conflits, le plus souvent par l’intermédiaire de ses sénéchaux. L’ordonnance de 1413, puis les suivantes, officialisent la mainmise de l’état centralisé sur les ressources minières. Ces textes accordent une grande liberté de prospecter et d’entreprendre, mais imposent un prélèvement royal sur le métal précieux [Isambert, (1821-1833)]. Avec les Temps Modernes, l’Europe méditerranéenne passe au second plan en tant que productrice directe de minerais nobles. Deux facteurs principaux expliquent cette mutation : la découverte du Nouveau Monde avec l’arrivée massive de métaux précieux en Europe et l’essor considérable de la production des pays de l’aire “germanique”. Les gisements de Bohême, Tyrol, Harz, Slovaquie sont déjà exploités avant la Renaissance, mais un véritable “boum”intervient à partir de la fin du XVe siècle et plus encore au XVIe siècle. Des réseaux souterrains gigantesques sont creusés, les métiers de la mine se hiérarchisent et des fortunes naissent. Ainsi Jacob Fugger devient-il au XVIe siècle un des hommes les plus riches de son temps. Sa fortune s’appuie sur de nombreuses activités mais d’abord sur les mines d’argent de Schwaz au Tyrol. Le milieu du XVIe siècle est aussi le temps des traités techniques.Trois ouvrages essentiels sont alors rédigés. De la Pirotecnia du vénitien Vanoccio Biringuccio (1540), le Schwazerbergbuch (1556) et surtout, le De Re Metallica de Giorgius Agricola (1556) qui détaille tous les savoir-faire répertoriés sur l’extraction et la transformation des minerais métalliques. L’image, vérifiée par de nombreux indices, du mineur médiéval est celle d’un homme aux compétences très recherchées, au statut social reconnu. On est loin du bagnard antique enchaîné aux enfers : le métier de mineur est devenu un métier valorisant(5). (4) Béatrice Cauet (CNRS UTAH UMR 5608) mène un programme de recherche sur les exploitations de Roscia Montana (Roumanie) où sont conservés des vestiges d’exploitations daces et romaines. (5) Le topographe ou le forgeron ne seront pas considérés comme l’ouvrier du martel, la hiérarchie est très prégnante. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 “ On est loin du bagnard antique enchaîné aux enfers : le métier de mineur est devenu un métier valorisant. 33 la mine en europe 34 Le XVIIe siècle est marqué par une innovation technique, l’abattage à la poudre noire, qui change radicalement les pratiques du mineur. La première mention écrite d’achat de poudre à canon pour exploiter du minerai date de 1617 pour les mines de cuivre du Thillot (Vosges) [Pierre, (1993)]. La technique se répand de façon inégale selon les régions et les pays, mais elle est à peu près généralisée au XVIIIe siècle. Cette mutation est la première d’une longue période. Depuis l’Antiquité, et même sans doute auparavant, la technique d’abattage était restée la même : percussion posée ou lancée et exploitation au feu. Les progrès s’étaient appliqués à la qualité de l’outillage,à la gestion des réseaux souterrains et à la métallurgie. Le rôle économique de la mine est tel que souvent l’existence d’entreprises extractives ou leur fermeture engendrent la richesse ou la ruine de régions entières. Les mines, outil de développement local Au Moyen Âge, des villes se créent autour de cette activité(6). Des cités éphémères comme à Brandes (Huez-Isère), San Silvestro (Toscane-Italie) ou encore dans le Siegerland (Altenberg-Allemagne). À Brandes, une agglomération minière, véritable coron, occupe un plateau à 1800 m d’altitude du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle, pour être désertée dès l’abandon de la mine d’argent. Le site italien, est par bien des points, comparable à Brandes. Le village naît, au XIe siècle dans l’unique but d’exploiter des mines d’argent au cœur des Monts métallifères de Toscane. Le choix d’implantation du village est dicté par la localisation des gisements métallifères car les constructions s’installent sur un piton calcaire, sans aucun point d’eau. La fouille du site a permis de retrouver le château (rocca), l’église, le cimetière, les habitations, les mines et les ateliers. La recherche sur le site de l’Altenberg (Allemagne), exploité au XIIIe siècle, a porté sur les vestiges miniers et métallurgiques, mais aussi sur la “colonie” associée, c’est-à-dire les lieux de vie des travailleurs. Chaque fois que ces agglomérations ont été étudiées et fouillées, le témoignage qu’elles livrent est le même : les mineurs et leurs familles appartenaient à un groupe social aisé, jouissant d’une bonne alimentation, de loisirs, de vêtements de qualité ornés de bijoux “à la mode”. Puits du 13ème siècle (restitution du fonctionnement à partir des vestiges archéologiques) 13th Century mine shaft (reconstruction based on archeological findings) Source : Marion Baudrand D’autres villes naissent et survivent jusqu’au XXe siècle, pour péricliter à l’abandon de l’activité minière comme Largentière dans le Vivarais, Saint-Laurent-leMinier dans le Gard, Massa Marittima en Toscane ou encore l’Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes). En 1202, (6) Naissance et développement des villes minières en Europe, Colloque international de l’Université d’Artois, Lens-Lievin, mars 2002. (7) Les mines de l’Argentière-La Bessée sont étudiées par Bruno Ancel, dans le cadre d’un C.C.S.T.I. - (8) Prospections menées depuis 1997 par l’auteur. le Dauphin épouse la petite fille du comte de Forcalquier et reçoit en dot le mandement de l’Argentière-la-Bessée et les revenus miniers qui s’y attachent. C’est dans le contrat de mariage de Guigues-André Dauphin et de Béatrix, que le nom de l’Argentière-la-Bessée apparaît pour la première fois(7). Dans le Vivarais (Ardèche), le toponyme de Largentière désigne une bourgade florissante au Moyen Âge, comme en témoigne l’architecture du bourg actuel. Rien, sinon sa création sur un district minier argentifère, ne prédisposait cette cité à occuper la place qu’elle a tenue au cours de l’histoire. La carte de localisation des entrées de mines médiévales montre à quel point la ville ancienne s’est implantée sur les chantiers extractifs(8). Au cœur des Cévennes gardoises, au fond d’une vallée encaissée et isolée, Commune de Saint-Laurent-le-Minier (30) Mine de cuivre argentifère, fausse galerie de circulation muraillée avec les stériles et couverte de Lauzes ; sur les lauzes, reposent des amas de stériles en vrac (XIIe-XIVe s). Commune of Saint-Laurent-le-Minier (Gard) Argentiferous copper mine, false circulation gallery walled with tailings and covered with roofing stones: piles of waste rock lie on the roofing stones (XII-XIV C.) ©M.C. Bailly-Maître “ Le rôle économique de la mine est tel que souvent l’existence d’entreprises extractives ou leur fermeture engendrent la richesse ou la ruine de régions entières. ” le bourg de Saint-Laurent-le-Minier est au centre d’un important district minier exploité aux XIIe-XVe siècles pour le cuivre et l’argent. La vocation minière de la contrée s’est poursuivie jusque dans les années 1990 avec le fonctionnement de nombreuses exploitations aux mains de Vieille Montagne, puis Penarroya. La fondation médiévale de Saint-Laurent-le-Minier ne fait pas de doute puisque le qualificatif de minier est déjà accolé au nom au XIVe siècle : Sanctus-Laurentius de Meneria en 1320 [Bailly-Maître, (2002)]. Comme à Largentière dans le Vivarais, la mine semble la seule raison d’être de cette petite ville dont la situation géographique ne permet aucun développement économique. D’autres exemples, plus récents, pourraient illustrer ce lien entre le fait minier, la création de richesses, le creuset de réflexion et d’ingéniosité dont les hommes ont fait preuve pour extraire, transformer les richesses du sous-sol. C’est vrai en Europe, mais aussi sur d’autres continents à l’image des mines d’argent de Potosi (Bolivie), qui culminent à plus de 4000 m d’altitude et ont engendré, là aussi, une grande ville sans aucune source d’eau. Quel que soit le minerai recherché et l’époque, il est donc possible d’affirmer que la mine a fortement influencé le développement local ou national, que ses chantiers ont attiré des hommes, des familles, ont crée des agglomérations et ont durablement modifié le paysage. C’est aussi l’activité minière et métallurgique qui est à l’origine d’innovations techniques avec des incidences directes sur l’évolution des autres activités humaines. Belonging to the ‘infernal’ world of darkness, mines are both fascinating and threatening. The perception imparted by recent history is terrifying and dangerous, akin to the image conveyed by the peplos of convicts chained to the bowels of the earth. But the mine is also something completely different. The Middle Ages and the Modern Era have been periods of intense mining activity in France and Europe. Being a miner carries with it a certain social status that is not conferred on other technicians, such as potters. The mine is a source of wealth and of local or national development. Although the major production centres have shifted over the centuries in response to demand, the equation is always the same. Power leaders are not mistaken on this issue and manage to make the mine a political power tool in view of the role that mining plays at the economic level. Bibliographie : G. Agricola (1556). De Re Metallica, Bâle, Trad. A. France-Lanors, réd. Klopp, Thionville, 1987. — M.C. Bailly-Maître (2002). L’argent. Du minerai au pouvoir dans la France médiévale, Espaces médiévaux, éditions Picard, Paris. — P. Benoît, Ph. Fluzin (1995). Paléométallurgie du fer et culture, Symposium international du Comité pour la Sidérurgie Ancienne, Belfort, 1990, éd. Vulacain, Belfort, 542 p. — B. Cauet, (sous la dir.) (1999). L’or dans l’Antiquité de la mine à l’objet, Aquitania, supplément 9, Aubenas. — Cl. Domergue (1990). Les mines de la péninsule ibérique dans l’Antiquité romaine, collection de l’Ecole Française de Rome, 127, Rome. — F. Isambert (1821-1833). Recueil général des anciennes lois françaises, 29 vol., Paris, t.VII. — F. Pierre (1993). Les mines de cuivre de Le Thillot (Vosges), Apparition et évolution des techniques de percement à la poudre noire, Lotharingia, V. — F. Tereygéol (2001). Les mines d’argent carolingiennes de Melle, thèse pour le doctorat d’état, Université de Paris I, 3 vol. développement historique urbain et cavités souterraines Modèle 3D d’un secteur de la ville de Lyon construit à partir de la carte géologique à 1/50 000 et de 400 sondages This 3D model of the city of Lyons was constructed from a 1:50,000-scale geological map and 400 drill holes. Source : BRGM En héritage de leur histoire urbaine, de nombreuses villes recèlent dans leur sous-sol d’anciennes mines ou carrières devenues des cavités souterraines potentiellement dangereuses. Il y a donc urgence à cartographier, étudier et modéliser ces cavités pour expertiser les risques et prévoir des mesures préventives ou réparatrices. Développement historique urbain et cavités souterraines : gérer la ville en 3D en assumant son passé cavités souterraines 36 Pierre Thierry Géologue spécialiste des risques naturels, Service Aménagement et Risques naturels - BRGM [email protected] Frank Hanot Géologue Service Connaissance et diffusion de l’information géologique - BRGM [email protected] a ville constitue un écosystème socio-économique et humain, dynamique et complexe et s’inscrit dans un milieu physique naturel, avec lequel se créent des interactions profondes. Ainsi, une ville européenne d’un million d’habitants consomme chaque jour 320 000 tonnes d’eau et rejette 300 000 tonnes d’eaux usées [EEA, (1995)]. Autre exemple, l’agglomération parisienne utilise chaque année 50 millions de tonnes de granulats, qu’il faut extraire à proximité. Mais la ville évolue, et les contraintes d’occupation du sol impliquent le renouvellement sur place des bâtiments ou des infrastructures trop anciens. Il faut compter 500 kg de produits de démolition par citoyen et par an à restituer dans l’environnement et 300 tonnes de matériaux pour bâtir les infrastructures nécessaires à chaque nouveau citoyen. L La ville et son milieu géologique naturel Historiquement, le sous-sol de la ville a d’abord été exploité pour en tirer les matériaux nécessaires à son développement "all materials used to create cities are derived from the Earth" [d’après R.F. Legget (1973), in McCall G.J.H. et al. (1996)]. Le problème de la proximité du lieu d’extraction est d’une importance économique primordiale. Aujourd’hui encore les matériaux de construction représentent plus de gérer la ville en 3D Fig. 1 : Vue d’une cave dans les Calcaires de Beauce au contact de la nappe phréatique, située à 10 m de profondeur environ, rue des Murlins à Orléans Fig. 1: Cave in the Calcaires de Beauce (Beauce Limestone) in contact with the water table, situated at a depth of some 10 m, Rue des Murlins in Orléans ©BRGM im@gé - P. Courtot La nécessité de trouver des matériaux de construction a donc conduit à creuser la roche le plus près possible de la ville pour diminuer les coûts de transports. Lors des phases de développement ultérieures, la ville s’est ensuite étendue au-dessus des anciennes carrières. Toutefois, les cavités n’avaient pas pour objectif l’extraction des seules pierres de taille, il pouvait s’agir également de mines pour produire métaux ou combustibles. Au fil de son histoire, le développement d’une ville se traduit donc par un double phénomène ; la production de sols artificiels que l’on appellera sols anthropiques ou remblais et l’utilisation du sous-sol par le creusement de cavités. Le creusement des cavités Dans toutes les villes, un premier niveau de cavités est situé juste sous la surface. Il est associé à la disparition du sol naturel, remplacé par les fondations des bâtiments ou les structures enterrées, parkings ou voiries. Ainsi, le seul réseau d’assainissement occupe deux m3 de sol par habitant dans les pays industrialisés [Barles et Guillerme, (1995)]. Dans une ville comme Paris, près de 15 000 ouvertures de la chaussée sont réalisées chaque année pour 1 350 km de voirie et 25 000 ouvertures pour 1 400 km à 37 Hong-Kong [Berosh M. in EUS, (1995)]. La tranche la plus superficielle des sols est donc mise continuellement à contribution pour le fonctionnement de la ville moderne. L’extraction de pierres de taille nécessite la présence, sous la ville ou à proximité immédiate, d’un faciès géologique apte à fournir les matériaux de construction. Souvent, ces exploitations ont débuté comme carrières ouvertes à flanc de collines. On sait que les Gaulois utilisaient des pierres pour les soubassements de certaines constructions. De telles exploitations ont perduré tout au long du Moyen Âge pour atteindre un maximum entre les XVe et XVIIIe siècles avant de s’éteindrent généralement au début du XXe siècle. Quand l’exploitation passe en souterrain, la disposition des galeries est alors guidée par deux impératifs : suivre les niveaux de meilleures caractéristiques mécaniques et rester au-dessus du niveau de la nappe phréatique. À Orléans, le calcaire de Beauce qui constitue le substratum rocheux sous la ville a été extensivement exploité comme moellons pour la construction, malgré une qualité souvent médiocre. Les galeries sont donc présentes sur plusieurs niveaux, de manière quasiment continue sous le cœur historique de la ville. Les niveaux les plus inférieurs se situent au contact de la nappe phréatique (Fig. 1). L’exploitation a été souvent anarchique, chaque carrier cherchant à extraire les pierres de meilleures qualités, mais en étant limité par les autorisations d’exploitation ou la possession des terrains en surface. De là découle une cartographie souvent très complexe des galeries (Fig. 2). Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 50 % du tonnage des marchandises transportées et leur distance moyenne d’acheminement est très courte (34 km en France). développement historique urbain et cavités souterraines La gestion des risques liés aux cavités Les creusements anarchiques ont pu aboutir à la superposition dangereuse de cavités sur plusieurs niveaux, en limite de stabilité de la roche tandis qu’en fin d’exploitation, les carriers s’attaquaient souvent aux piliers laissés par les premiers exploitants. La rupture d’un pilier ou d’un toit est alors susceptible de se propager jusqu’à la surface avec des effets visibles : affaissement à l’origine de fissurations dans le bâti ou les infrastructures, effondrement (Fig. 3) ou fontis aux conséquences parfois catastrophiques. Fig. 2 : Tracé de galeries sous les communes de Dampierre et Souzay (49) Fig. 2: Plan view of the galleries beneath the communes of Dampierre and Souzay (Maine-etLoire Dept.). Source : CETE d’Angers. Fig.3 : Fontis sous une voirie Fig.3: Subsidence under a road ©BRGM - Ch. Mathon 38 “ Les municipalités ou les autorités régionales réagissent en fonction de leur sensibilité et de l’urgence des situations. ” Ces cavités présentent donc fréquemment un danger qu’il s’agit de gérer mais qui est souvent prévenu par les maîtres d’ouvrages. On observe ainsi, dès le Moyen Âge, le confortement des premiers niveaux de cavité comme c’est le cas à Sens où les galeries situées à proximité de la cathédrale ont été consolidées, probablement, dés 1260 [d’après L. Dumüys in De Pasquale, (1996)]. Les municipalités ou les autorités régionales réagissent en fonction de leur sensibilité et de l’urgence des situations. Des services spécialisés ont été créés (Inspections Générales des Carrières à Paris ou à Caen par exemple). D’autres villes ont élaboré des stratégies différentes comme l’inventaire et la cartographie des cavités à Orléans ou le suivi et le confortement des galeries du Grand Lyon. D’un point de vue législatif, le problème de sécurité s’est posé de très longue date aux autorités. Deux textes essentiels régissent la question du régime juridique des cavités sous les voies publiques : l'Edit de février 1566 dit “Edit de Moulins” et l'Edit du 16 décembre 1607, dit “Edit de Sully”. Il faut attendre le 25 février 1838 pour qu’une ordonnance de LouisPhilippe impose aux autorités locales la déclaration d’ouverture d’une carrière. C’est à partir de cette date que des archives seront tenues. Actuellement, le principal texte juridique applicable, selon le Code de l’Environnement, et conformément au décret n°95.1089 du 5 octobre 1995, est relatif aux Plans de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPR) : "l'État élabore et met en application des plans de prévention des risques naturels prévisibles engendrés par gérer la ville en 3D des phénomènes tels que les mouvements de terrain, parmi lesquels on distingue les affaissements et/ou les effondrements dus à l'instabilité des cavités souterraines, les écroulements rocheux liés à la dégradation des falaises". Un PPR peut imposer des mesures aux constructions, ouvrages, biens et activités existant antérieurement à sa publication. La modélisation 3D Il s’agit d’appréhender la position et l’épaisseur des différentes formations géologiques qui sont connues essentiellement par les ouvrages de reconnaissance réalisés lors de travaux d’aménagement. La densité de ces informations ainsi que leur qualité sont éminemment variables. Ainsi pour le Grand Lyon (environ 500 km2 [Fig. 4]),on estime à 15 000 le nombre de sondages disponibles avec une densité théorique d’environ 30 sondages au km2. Une grande partie des données disponibles est archivée dans le cadre de la Banque de Données du Sous-Sol (BSS), gérée par le BRGM. À partir de ces informations, les surfaces constituant le contact entre les différentes formations peuvent être modélisées à l’aide des outils géostatistiques. Ces surfaces sont représentées sous forme de grilles, pour lesquelles à chaque point X,Y est associée une altitude Z. La géostatistique utilisée pour les sciences de la terre s’appuie sur deux outils fondamentaux : le variogramme et le krigeage [Chiles et Delfiner, (1999)]. Le variogramme permet de calculer la perte de corrélation entre deux points d’observation, en fonction de la distance. Le krigeage est une méthode d’interpolation automatique qui repose sur l’interprétation de l’étude variographique préalable. Il présente l’avantage de quantifier l’incertitude qui entache toute valeur interpolée. Fig. 4 : Modélisation 3D en cours de réalisation sur la plaine de l’Est lyonnais. “Drapage” de la carte géologique sur le relief. Les points verts indiquent les têtes de forage, en transparence, utilisés pour la construction du modèle. Fig. 4: Current 3D modelling of the Lyons eastern plain. ‘Draping’ of the geological map over topography. The green points represent the drill heads used to build the model. Source : BRGM Le calcul des différences d’altitude entre les surfaces permet d’évaluer l’épaisseur des formations géologiques susceptibles d’être exploitées. Pour identifier les secteurs hors d’eau de ces formations, il est également nécessaire de calculer une surface piézomètrique moyenne suivant les mêmes principes. Mais cette modélisation se heurte à deux difficultés : les perturbations hydrauliques localisées (barrages ou drains) ainsi que les fluctuations historiques de niveau dues aux changements de pratiques dans les pompages et les infiltrations. Lorsque l’épaisseur, hors d’eau, de la formation considérée est suffisante pour l’exploitation, et que l’incertitude liée au krigeage est compatible avec la précision recherchée, on peut alors considérer qu’il existe une susceptibilité des terrains à la présence des cavités. Les surfaces calculées, ainsi que les sondages, sont visualisables sous différents outils. Les cavités, dont la géométrie est connue, peuvent également être intégrées dans ce modèle. Un format de fichier numérique, le VRML pour "Virtual Reality Modelling Language" tend à devenir actuellement un des principaux standards pour ce type de représentation. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 L’impact des activités humaines conduit donc à une situation où le sous-sol des villes constitue à la fois une ressource patrimoniale à protéger et un risque à prévenir. Connaître le sous-sol constitue donc une base indispensable pour prendre en compte ces différents aspects. Cette connaissance passe par la modélisation géométrique des formations géologiques. 39 développement historique urbain et cavités souterraines “ La compréhension du comportement mécanique d’une cavité devient indispensable pour déterminer les mesures de mise en sécurité. ” 40 Fig. 6 : Maillage aux éléments finis de l’église troglodyte d’Aubeterre (vue en coupe) Fig. 6: Finite-element grid of the troglodyte church at Aubeterre (section view) Source : BRGM Fig. 7 : Eglise troglodyte d’Aubeterre – vue en perspective (façade) avec visualisation des déplacements horizontaux calculés Fig. 7: Troglodyte church at Aubeterre – Perspective (façade) displaying the calculated horizontal displacements Source : BRGM Fig. 5 : Visualisation dans un format VRML de drains au toit du granite dans les "Balmes" de Lyon (surface verte : topographie, surface marron : toit du granite) Fig. 5: VRML format display of drains at the top of the granite in the Lyons 'Balmes' (green layer: topography; brown layer: top of the granite) Source : BRGM Pour les galeries dont la géométrie est connue, l’intégration dans le modèle permet de calculer leur proximité par rapport à la surface topographique et l’épaisseur de toit, sous les formations meubles. Ces deux critères constituent un élément important dans la détermination du niveau de danger potentiel qu’elles représentent, ainsi que sur l’extension des surfaces susceptibles d’être affectées par une éventuelle ruine.La visualisation de la position de ces galeries (Fig. 5) permet de mieux appréhender le contexte, en particulier en termes de proximité de la galerie avec la surface. Modélisation numérique du comportement mécanique À l’échelle d’un ouvrage, la compréhension du comportement mécanique d’une cavité devient indispensable pour déterminer les mesures de mise en sécurité. Pour cela, des outils de simulation numérique permettent d’évaluer et de visualiser le champ de contraintes et les mouvements potentiels. Ils reposent sur une analyse d’un modèle géométrique 3D pour construire le maillage du massif et de sa cavité. La modélisation numérique permet alors d’évaluer la stabilité mécanique de la cavité. Dans le cadre d’une étude menée par le Service Géologique Régional Poitou-Charentes [Dessandier et al.,(2002)] pour établir un diagnostic de stabilité de l’église troglodyte d’Aubeterre sur Dronne (Charente), une telle modélisation tridimensionnelle de l’ouvrage a été réalisée avec le logiciel GEFDYN, utilisant la méthode des éléments finis, développée par l’Ecole Centrale de Paris (Fig. 6 et 7). gérer la ville en 3D “ La présence d’anciennes carrières sous une ville constitue souvent un danger potentiel et la prévention de ce danger reste un objectif important des politiques urbaines. ” Vue de Paris - View of Paris Un enjeu pour le prix du foncier La présence d’anciennes carrières sous une ville constitue souvent un danger potentiel et la prévention de ce danger reste un objectif important des politiques urbaines. Mais, outre ces aspects de sécurité publique, l’espace naturel sur lequel se construit la ville, constitue une ressource limitée. Les conflits d’occupation du sol et du sous-sol portent sur des enjeux énormes, exprimés par le prix du foncier. Dans ce contexte, si les critères socio-économiques et politiques restent déterminants pour les décisions d’aménagements, la présence potentielle de cavités influe fortement sur les investissements nécessaires à la construction et les coûts de maintenance des ouvrages. Le développement de méthodes pour une connaissance en trois dimensions du sous-sol à l’échelle de la ville doit donc permettre d’établir les bases indispensables pour la prise en compte de ces aspects dans la gestion urbaine. > Les quatres matériaux de base à Paris Les Parisiens ont extrait de tout temps les matériaux nécessaires à la construction de la ville. La craie servait de base à la fabrication du "blanc de Meudon" rentrant dans la composition des peintures et mastics. L’argile du Sparnacien a été exploitée à ciel ouvert à Vaugirard pour la fabri- cation des briques mais également en galeries souterraines sur les flancs de la vallée de la Bièvre et les communes de Gentilly et Arcueil. Le calcaire Grossier du Lutétien représente, en volume, le matériau de construction le plus exploité dans la moitié sud de Paris où il est facilement accessible et sous faible recouvrement. L’ensemble de la couche est exploité ne préservant que les piliers tournés. Le gypse est exploité pour le plâtre depuis l’Antiquité dans les collines de Montmartre et de Belleville. Les vastes exploitations ont engendré de graves accidents. L’arrêt de cette exploitation sera définitif à Paris en 1875. The interaction between a town's historical development and its subsurface can be summarized in two ways: initially, a town would have extracted its construction materials (dimension stone, gypsum, sand, clay) from its immediate vicinity, and then, through earthworks and the destruction of earlier buildings as it developed, it would produce ground that encloses part of the urban history. The extraction of building materials has resulted in a fairly common presence of former quarries beneath historical town centres. Because of the risk of collapse, such cavities are a potential hazard that the authorities have, since the end of the Middle Ages, been trying to overcome through reinforcement work as well as by promulgating laws and regulations. Preventing such potential cavity-related dangers requires a suitable knowledge of the subsurface, which can be obtained through 3D modeling. A first step is to establish a geometric representation of the town's underlying geological layers, along with an analysis of any available borehole data combined with a geostatistical approach. A second step in the modeling is aimed at simulating, digitalizing in 3D, the mechanical behaviour of the cavities. Bibliographie : Barles S., Guillerme A. (1995). "L’urbanisme souterrain", Presses Universitaires de France, Paris — Chiles J.P., Delfiner P., (1999). "Geostatistics, Modelling Spatial Uncertainty", Ed. Wiley-Interscience, Wiley series in probability and statistics, 693 p — De Pasquale J. (1996). "Carrières souterraines d’Orléans : Connaître et gérer le risque" Document de la Direction Environnement – Santé, Hygiène et Qualité de la Vie de la Mairie d’Orléans — Dessandier D. et al. (2002). "Diagnostic général de l’état de stabilité de l’église troglodyte d’Aubeterre sur Dronne (16)", Rapport brgm RP-51796-FR — EEA (European Environment Agency) (1995). "Europe’s Environment : The Dobris Assessment" - Brussels-Luxembourg, CR-80-93-339-EN-C — EUS (1995). "Underground Space and Urban Planning, Proceedings of the 6th International conference" Paris, september 1995, Institut Français d’Urbanisme — Halbout H. (1986). "Perspectives de recherches pour une meilleure connaissance du sous-sol urbain (perspectives géomorphologiques, géologiques, archéologiques…) ; l’exemple de la ville de Caen", Mémoire de maîtrise de géographie physique à l’Université de Caen — MC Call et al. (1996). "Urban geoscience A.A. Balkema ", Rotterdam, Brookfield, 263 p. Life cycle assessment Life cycle assessment (LCA) for the metals cycle in the context of waste policy ©BRGM im@gé The general trend in waste policy making goes towards integrating the waste sector in the holistic environmental assessment approach “Building on environmental Life Cycle thinking”. How can LCA support this trend in the field of metals? metals cycle 42 LCA as a central piece of scientific support to waste policy Markus A. Reuter Professor of Resource Engineering at Delft University of Technology. Department of Applied Earth Sciences [email protected] Ewoud Verhoef T he waste management policy in the EU is rapidly evolving. The major objective of this evolution is a de-coupling between economic growth and waste production and a reduction of environmental impacts associated with the generation and management of waste [see EC Communication COM(2003) 301 final: “Towards a thematic strategy for the prevention and recycling of waste”, 14 April 2003]. Jacques Villeneuve A number of concepts have been widely recognised as guiding policy principles for waste management with the aim of reducing environmental impacts of waste both in terms of quantity and quality. These principles include: prevention principle, precautionary principle, proximity principle, polluter pays principle and principle on extended producer responsibility. The principles are often translated into what is known as waste management hierarchy, which prioritises the actions to be taken in the following: waste prevention and reduction, reuse, recycling, environmentally sound treatment and disposal and improved monitoring. To help setting up these principles, research projects have been conducted in the field of municipal waste [2]. Project manager Environment and Process Division BRGM [email protected] Thus the general trend goes towards integrating the waste sector in the holistic environmental assessment approach “building on environmental Life Cycle Thinking”, Ph D. Student Department of Applied Earth Sciences Delft University of Technology [email protected] Gerard P.J. Dijkema Dr.Ir., Chemical Engineer Department of Technology, Policy and Management Delft University of Technology [email protected] To this end, life cycle assessment (LCA) is a key step to quantify environmental impacts. LCA can be defined as an iterative procedure to quantify and interpret the environmental repercussions of (changes in) a product system from cradle to crave related to a functional service unit. According to the ISO 14040, LCA includes four phases. After definition of the goal and scope of the study, the resource depletion due to emissions to soil, water and air, material and energy consumption during the entire life cycle is compiled and allocated to the processes or products under investigation in the inventory analysis (LCI). The subsequent impact assessment (LCIA) involves aggregation, characterisation and normalisation of the resulting inventory results. Aggregation is necessary, as large sets of data cannot easily be dealt with in decision-making [5]. The final interpretation involves a sensitivity analysis and a general appraisal. Stake and limits of LCA The value of a LCA is related to what extent it increases our ability to anticipate (a) the environmental consequences of using technological systems and their products and (b) the effect of manipulating said systems. Thus, a LCA should provide an as clear as comprehensive picture of the environmental “ The major objective of this evolution is a de-coupling between economic growth and waste production and a reduction of environmental impacts associated with the generation and management of waste. ” repercussions of our actions. The LCA should yield said repercussions in case contemplated, welldefined alternative actions are assessed, but also when our goal is to generate ideas and a knowledge-base to help decision-making on future systems that are not yet contemplated. In painting such pictures by LCA, typical difficulties encountered include [3]: • dealing with limited data availability and quality, • determining allocation rules, • selection of system boundaries and detail, • temporal and spatial characteristics, • final weighting into environmental repercussions. Among others due to the iterative nature of LCAs, these problems are interrelated. For instance, the availability of many data points can be used to improve data quality, while high quality reduces need for quantity. Study scope, resolution, and boundaries establish the need for data, and vice versa data availability can affect scope, resolution, and system boundaries. Based on impact assessment two types of LCA can be distinguished: problem-oriented, and damageoriented. The use of the standardised LCA method at European level as reported by ADEME [1] can be characterised as a damage-oriented or top-down method for life cycle assessment, an approach that is similar to, for example, the Eco-indicator 99 method [4]. This method is often used in product design because it can produce single environmental scores. Particularly on various packaging materials many LCA studies have been completed. Steel, aluminium and tin are used as packaging material, and said damage-oriented assessments largely focused on traditional steps in the life cycle. Metals cycle: is it “LCAble”? Winning, extraction and processing of iron, aluminium and any other metal are part of the interconnected worldwide metals production system. In this complex, networked system two types of primary metals can be distinguished: carrier and downstream metals. Carrier-metals are metals that flow through the system, which in their primary “ ” Life cycle assessment (LCA) is a key step to quantify environmental impacts. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 which also serves as the basis for the Communication on Integrated Product Policy COM(2003) 302 final from June 2003, the IPPC-system (Integrated Pollution Prevention and Control) for industrial facilities (including waste treatment) and the European Soil strategy. 43 Life cycle assessment 44 production deliver their co-elements (Fig. 1) and in their recycling allow removal of same co-elements from diverse types of materials to be recycled. As such, both primary and secondary production infrastructures for these metals (e.g. copper, nickel, iron) are essential for the functioning of the entire networked metal system and the availability of downstream metals such as cobalt and ruthenium. By reducing the capacity for primary and secondary production of carrier metals, input and recovery capacity of the downstream metals in the networked production system are also unavoidably removed. Thereby, availability is affected of downstream metals at an industry-compatible grade, as well as recovery capacity for harmful downstream heavy metals. The environmental repercussions of these actions are not included in LCA-scores. Obviously these may have a significant impact on life cycle impacts assessments, the extent of which is of course dependent on the weighting of these production and recovery functions in the LCA procedure. When in the inventory analysis of a damageoriented LCA, the complex metal production system must be simplified to allow analysis, it could be argued that Figure 1 should be kept in mind: it illustrates which metals are connected to which metals, and how, and may help to avoid the exclusion of relevant impacts in a LCA. In recent work [6, 7], a problem-oriented LCA for integrated metals cycles has been set up, which allows in-depth analysis of the impact arising from the development and use of products (consumer goods), which bring together metals that are not naturally linked. Such products represent a formidable problem at their end-of-life that can be understood through the information represented in Figure 1. Therein, the primary and secondary metals processing infrastructure developed for the Fig. 1: Metallurgical interconnections of carrier metals and their downstream metals. Fig. 1 : Interconnexions métallurgiques des métaux porteurs et de leurs métaux associés. Source: E. Verhoef - M. A. Reuter G. P. J. Dijkema - A. Scholte [6, 7] processing of combinations of metals as they naturally occur in the Earth’s crust is indicated. Its implication is that for any new combination of metals in consumer products no dedicated infrastructure is currently in existence, whilst the risk of co-processing in existing infrastructure often simply is too large. Therefore, to ensure optimal metal recovery product designers must keep this Figure 1 in mind since this will enable the metal producing industry to optimally deal with end-oflife products and hence improve the overall environmental performance. As such a high level of recovery, in particular recycling can be achieved, and producers can better integrate recycled material in new equipment as promoted in the Directive on waste from electrical and electronic equipment. Key issue in metals cycle assessment Metals are generally obtained from the world market and consequently these are metals produced by a network of interconnected production routes, rather than a single production chain [6, 7]. The different production routes in the network differ significantly in their environmental impacts. At the level of individual processes the distinction between recovery and production is fuzzy, and the production of one metal often is “ A problem-oriented LCA for integrated metals cycles has been set up, which allows in-depth analysis of the impact arising from the development and use of products (consumer goods). ” interrelated to and dependent on the consumption or generation of another. Scrap metal is used in primary processes. For instance, in exothermic converting processes, such as the treatment of copper matte for production, scrap is added to control process temperature. In this sense ‘primary’ copper does not exist, because virtually always a certain percentage of the input is copper scrap or recycled material. Moreover, the recycling of copper from brass scrap, or the steel from cars also produces zinc. Silver, for example, is mainly produced from the by-products of gold, copper, lead and zinc production. Therefore the silver production is affected if the primary production of the aforementioned materials changes. In the case that outlets for arsenic cease to exist (e.g. enforced by legislation), primary production of copper, lead and zinc must be modified or even eliminated. Thus the recovery of one material can interrelate to the recovery of another and the manufacturing of any metal containing product is considered a global, interconnected open loop recycling and production system. Methodology The need is thus of developing an interconnected dynamic system model that: > Interrelates the metal production systems of the major metals depicted in Figure 1, > Creates a static and dynamic model to provide outputs for environmental assessments by linking the output of the dynamic model to LCA tools (see Fig. 2), > Links the metal industry with the waste infrastructure and end-of-life product processing (see Fig. 2), > Incorporates present and future restrictions or opportunities caused by EU Legislation into the models, > Supports problem-oriented LCA approach for policy analysis to ensure that legislation does not become too restrictive or even harmful to the creation of an industrial ecological sound system. Only after suitable simulations (applying a dynamic system model programmed in Simulink [6, 7] - Fig. 2) and sensitivity analyses, a LCA can be performed. Impact assessment involves classification of the data from the inventory table into impact categories, characterisation and valuation. Valuation may only be valid within the defined system boundaries, as it depends on the local context of environmental status and on the temporal limits. For that particular aspect, metals may be stored in products for years and it is particularly important to consider the dynamic of their recycling, depending on the time limit. “ Fig. 2: Dynamic Simulink model to simulate the interactions between metal flows. Fig. 2 : Modèle dynamique Simulink pour simuler les intéractions entre les flux de métaux Source: E. Verhoef - M. A. Reuter - G. P. J. Dijkema - A. Scholte [6, 7] ...an interconnected dynamic system model that: > Interrelates the metal production systems of the major metals, > Creates a static and dynamic model to provide outputs for environmental assessments, > Links the metal industry with the waste infrastructure and end-of-life product processing... ” Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 Current EU Regulations do not take these interrelations into account and therefore comes to legislation that could be potentially harmful to waste management at large. Policy being focused on final waste abatement, many options for coprocessing and co-incineration that are technically and economically feasible and ecologically sound cannot be realised if a more systems view to waste processing is not adopted. Some prerequisites of sustainability such as minimising material loss and maximising recovery are part of the realm of Solid Waste Management. In order to close material cycles waste must be recovered rather than disposed of. 45 Life cycle assessment The Eco-indicator 99 method [4] can be used for impact assessment using the output of the dynamic system model. The underlying assumption of the socalled top-down method is that the weighting step is most critical and controversial one in the impact assessment. The weighting step should therefore be the starting point to develop damage models for the most important impact categories. This is in contrast to the bottom-up approach described in the ISO standards (14040 and 14042) where impact assessment is considered a way to improve the understanding of the inventory results. However, as the top-down approach starts by defining the required result of the assessment, interpretation should be easier and less ambiguous. Based on the inventory table, software packages can be used to calculate the Eco-indicator damages. 46 However, a drawback of the Eco-indicator 99 method is that while the investigated metal production is a global system, the Eco-indicator method is based on the European situation. It is assumed that all emissions and land uses, and that all subsequent damages occur in Europe. Exceptions are the damages to resources depletion and the Life Cycle of a car Le cycle de vie d’une voiture Source: E.Verhoef - Delft University of Technology (2004) > Influence of metals consumption on their production circuits Effects (Fig. 3) on the total metal production system for the SnZnBi solder: the demand for lead decreases (98.5%), while demand for zinc (100.1%), tin (115.2%) and bismuth (1190.6%) increases. As a consequence, the figure shows the impact on the supply and consumption (and thus disposal) of intermediates. The present surplus of bismuth intermediates is reduced, because its supply from lead production dwindles, while bismuth production increases. In the base situation only a small portion of the bismuth production comes from other intermediates in proportion to the lead intermediates. Thus, intermediates from the production of other metals must be found, for example from tin production (see the metal wheel - Fig.1). This example shows a paradox: bismuth is to replace lead in solder, but lead is its source. In the model, this paradox is solved by assuming that new resources for bismuth can be found. If bismuth is produced from intermediates, effect on resources depletion will be minimal. Fig. 3: Mass flows in the global metals production system at t=0 (tons/year in 2000); Legends: O= ore, ly= intermediate from (y) other metal production circuits, S = old scrap. Parkes (silver removal), KrollBetterton (bismuth removal), Zn/Pb oxides and Anode slimes are intermediates. Fig. 3 : Flux de métaux dans le système de prodution global à t=0 (tonnes/an en 2000). Légende : O = minerai, ly = flux intermédiaire venant du circuit de production d’un autre métal (y) ; S = résidus anciens. Parkes (extraction de l’argent), Kroll-Betterton (extraction du bismuth), les oxydes de Zn/Pb et les boues anodiques sont des intermédiaires. Source: E. Verhoef - M. A. Reuter G. P. J. Dijkema - A. Scholte [6, 7] damages created by climate change, ozone layer depletion, air emissions of persistent carcinogenic substances, inorganic air pollutants that have longrange dispersion, and some radioactive substances. It underlines once again the need of a clear system definition within which the results have a meaning. Conclusion The objective of EU waste policy is to reintroduce used materials into the economic cycle, especially by recycling, or to return them to the environment in a useful state or at least a harmless state. To support decision-making in complex systems, the standardised ISO 14040 life cycle assessment (LCA) method can be used to quantify and to interpret the environmental repercussions of (changes in) a product system from cradle to crave related to a functional service unit. The use of the standardised LCA method at European level can be characterised as a damage-oriented or top-down method, which is often used in product design. Winning, extraction and processing of metals are part of the interconnected worldwide metals production system. This complexity cannot be dealt with using LCA. Two types of primary metals can be distinguished: carrier and downstream metals. Carrier-metals deliver their co-elements in their primary production and in their recycling allow removal of same co-elements from diverse types of materials to be recycled. By reducing the capacity for primary and secondary production of carrier metals, input and recovery capacity of the downstream metals in the networked production system are unavoidably removed.The environmental repercussions of these actions are not included in damageoriented LCA-scores. “ The objective of EU waste policy is to reintroduce used materials into the economic cycle. ” Recycling of the end of life cars to feed the metals care Recyclage des véhicules hors d’usage pour alimenter le cycle des métaux ©BRGM im@gé - F. Michel Thus the focus is to be set on the system definition allowing an inventory analysis of metals in a problem-oriented approach. This can be achieved by developing an interconnected dynamic system model that links the metal production systems of the major metals and links the metal industry with the waste infrastructure. This should provide results to feed the LCA methodology to calculate the environmental impact. Bibliographie : 1. ADEME, (2002). “Bilan environnemental sur les filières de recyclage : l’état des connaissances ACV”, report n°4362. – 2. AWAST. “Aid in the management and European comparison of Municipal Solid Waste treatment methods for a global and sustainable approach”. Research project of the 5th Framework Program of the European Commission, 2001-2003, http://awast.brgm.fr. – 3. T. Ekvall, 10 (2002). “Cleaner production tools: LCA and beyond “ Journal of Cleaner Production, pp 403-406. – 4. M. Goedkoop, R. Spriensma (1999). “The Eco-indicator 99, A damage oriented method for Life Cycle Impact Assessment “ (Methodology Report, 2nd edition. Amersfoort: Pré Consultants. 2000). – 5. H.A. de Haes, E. van der Voet (1997). “Material Flow Accounting and Life Cycle Assessment “ The Global Environment: science, technology and management, ed. D. Brune, D.V. Chapman, M.D. Gwynne and J.M. Pacyna (Scandinavian Science Publisher.Weinheim:VCH 1997). – 6. E.V.Verhoef, G.P.J. Dijkema, M.A. Reuter (2004) (1/2).“ Knowledge, waste management and metal ecology”, J. Industrial Ecology, p. 1-20 (in press). – 7. E.V. Verhoef, M.A. Reuter and A. Scholte (2003). A dynamic model for assessing the impact of lead free solder. Proc. TMS Annual Meeting Yazawa International Symposium on Metallurgical and Materials Processing: Principles and Technologies. 3 to 6 March 2003 in San Diego, California. Vol. 2. pp. 605-621. L’objectif de la politique européenne en matière de déchets est de réintroduire les matériaux dans le cycle économique, spécialement par recyclage, ou de les retourner à l’environnement dans un état utile ou au moins dans un état inoffensif. Pour aider à la décision dans des contextes complexes, la méthode normalisée ISO 14040 d’analyse du cycle de vie (ACV) peut être utilisée pour quantifier et interpréter les répercussions environnementales des chaînes de production. L’utilisation de la méthode ACV standardisée à l’échelle européenne est orientée vers les dommages, de l’amont vers l’aval, ce qui est l’approche traditionnelle dans la conception des produits. Dans le cas des métaux, l’extraction, le traitement et l’élaboration font partie d’un système mondial interconnecté de production dont l’ACV traditionnelle ne peut rendre compte. En effet, deux principaux types de métaux peuvent être définis : les porteurs et les associés. Les porteurs amènent leurs co-éléments dans le système métallurgique. En réduisant les capacités de production primaires et secondaires des métaux porteurs, les capacités de récupération des métaux associés sont inévitablement réduites. Les répercussions environnementales de ces actions ne sont pas incluses dans les résultats des ACV. Ainsi, l’accent doit être mis sur une définition des systèmes qui autorise l’analyse de l’inventaire des métaux dans une approche orientée vers le problème. Cela peut être réalisé en développant un modèle dynamique des systèmes interconnectés qui relie les systèmes de production des métaux majeurs, et les infrastructures de traitement et recyclage des déchets. Ce modèle pourrait fournir les résultats aptes à alimenter la méthode ACV pour calculer les impacts environnementaux. C’est seulement de cette façon que la complexité des flux de matière peut être appréhendée et aider à l’élaboration de la réglementation environnementale. recyclage des matériaux de construction Recyclage des matériaux de construction : les L’épuisement des gisements naturels de granulats et les difficultés pour ouvrir de nouvelles carrières imposent de chercher de nouvelles sources d’approvisionnement. Le recyclage des matériaux de construction, déjà bien engagé dans le secteur des travaux publics mais moins dans le bâtiment, est la solution la plus prometteuse. Pour autant, ces nouveaux matériaux seront-ils suffisants pour satisfaire une demande toujours plus importante ? nouvelles filières pour préserver l’environnement Extraction de granulats, Berville, Seine-Maritime Aggregate extraction, Berville, Seine-Maritime ©BRGM im@gé - F. Michel recyclage 48 Recyclage des matériaux de construction :prometteur mais insuffisant Marcel Rubaud Ingénieur de Recherches et d’Etudes Département Développement durable - Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) [email protected] Jean-François Pasquet Responsable d’études sur les roches et les minéraux industriels Service Ressources minérales BRGM [email protected] Florent Bourgeois Chef de projet Service Environnement Industriel et Procédés innovants - BRGM [email protected] a France est une consommatrice importante de granulats. Selon l’UNPG (Union Nationale des Producteurs de Granulats) l’utilisation totale de granulats a atteint 413 millions de tonnes en 2000 (soit 7 tonnes par habitant et par an) dont 328 Mt pour le génie civil et 85 Mt pour le bâtiment. Ces matériaux naturels sont utilisés essentiellement pour les travaux routiers (283 M/t) ou les bétons hydrauliques (130 M/t). D’une valeur moyenne de 7 euros la tonne (prix qui double au-delà d’un trajet de 30 km), ces matériaux pondéreux voyagent sur des distances relativement courtes, essentiellement par camion. Ainsi selon l’Unicem Ile-de-France (Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction) le camion représente le mode de transport prépondérant (91 %), loin devant le bateau (5 % ) et le rail (4 %). Certaines régions équilibrent production et consommation alors que d’autres dépendent d’approvisionnements parfois éloignés. Ainsi, l’Ile-de-France affiche un déficit important : les 113 carrières franciliennes n’ont produit que 60 % des 30 millions de tonnes consommées en 2000 (Unicem Ilede-France, 2001). Mais 55 % des granulats alluvionnaires y sont transportés par bateau. L Démolition et déconstruction dans le quartier de La Brise, Aulnay sous Bois Demolition and deconstruction in the La Brise sector, Aulnay sous Bois ©METATTM/SIC – G. Grossay, 1998 granulats triés et propres déchets bruts traitement Les professionnels se mobilisent métaux récupérés Dans le bâtiment, le recyclage pourrait concerner une bonne part des déchets issus de différentes opérations : construction neuve, réhabilitation avec dépose et reconstruction, déconstruction/démolition. La dépose en réhabilitation et la démolition génèrent 80 % de la “production annuelle” évaluée par l’ADEME à 31 millions de tonnes (dont 18,8 Mt de déchets inertes, 10,3 Mt de déchets banals, de 1,5 Mt de déchets dangereux et de 300 000 tonnes d’emballages).En 1998 dans son “guide des déchets de chantier de bâtiment”, l’ADEME estimait cette production à 24 millions de tonnes dont 64 % de déchets inertes. Cette étude montrait que l’essentiel des déchets était constitué de déchets inertes en mélange (37,2 %), de ciment et mortier (12,9 %) ou de béton armé (9,8 %). L’importance des déchets mélangés (avec des éléments qu’il est souvent difficile de séparer comme le plâtre ou des substances toxiques) limite la qualité et les possibilités du recyclage. Il y a donc urgence à modifier les pratiques actuelles, à prescrire le nonmélange des déchets et à pratiquer la déconstruction sélective des bâtiments qui peut représenter une recyclithe (organiques inertés) alternative économique et qualitative.C’est la condition pour que le recyclage des inertes qui représente moins de 10 % du gisement progresse sensiblement. Déconstruction sélective : une alternative Des outils sont disponibles pour une bonne mise en œuvre de la déconstruction sélective.Ainsi,le DFIU/IFARE (French-German Institute for Environmental Research) a développé un logiciel d’audit et de planification de chantier de démolition qui a été utilisé dans une opération au lycée de Nantua par la région Rhône-Alpes avec le concours de l’ADEME ou encore sur un chantier de logements à Mulhouse en collaboration avec le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Le Logiciel ECO-LIVE développé par la société Adatire avec l’aide de la FFB (Fédération Française du Bâtiment), de l’ADEME et de la DGUHC (Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction), permet d’évaluer dans la phase d’audit les déchets par nature et quantités. Il a été utilisé pour un lycée en Ile-de-France et par l’Opac 86 à Chauvigny. L’expérience acquise sur les chantiers montre que toute déconstruction doit être précédée d’un audit avec inventaire systématique et relevé métré complet des matériaux. Il faut également identifier, dès les premières études, les filières locales de recyclage car une déconstruction fine ou un tri poussé ne peuvent se justifier en l’absence de possibilité de valorisation locale. Le guide “Déconstruire les bâtiments” publié par l’ADEME en mars 2003 liste des recommandations pour les opérations de déconstruction et décrit dix opérations exemplaires. “ Le recyclage et la valorisation de matériaux inertes du BTP peuvent être considérés comme des solutions d’avenir. ” Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 Le recyclage des matériaux inertes du BTP est aujourd’hui considéré comme une solution d’avenir afin de répondre au déficit entre production et consommation et de mieux protéger l’environnement. Le secteur du bâtiment et des travaux publics a longtemps pratiqué la technique du dépôt sauvage ou de “l’enterrement civil” sur ses chantiers. Pourtant, malgré des blocages, économiques,normatifs et psychologiques,le recyclage de ces déchets progresse régulièrement. C’est vrai pour le secteur routier, particulièrement actif dans le développement de procédure de déconstruction (par opposition à la démolition) et de recyclage des revêtements routiers [Bomstein et Bazire, (2003)]. 49 recyclage des matériaux de construction 50 Des plans départementaux de déchets du BTP L’enquête menée entre fin 2001 et mi 2002 par la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics) avec l’ADEME et le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable a montré que l’activité des TP générait 280 millions de tonnes d’excédents (matériaux issus de la construction mais n’entrant pas dans la réalisation du chantier comme la terre végétale) et déchets de chantier dont un tiers est éliminé et deux tiers valorisés. La plus grande partie des déchets éliminés (63 Mt) est stockée en site de classe 3 pour déchets inertes alors qu’une part non négligeable (29 Mt) est déposée dans des décharges brutes ne respectant pas la réglementation en vigueur. À l’inverse, les dépôts en décharge de classe 2 ou de classe 1 demeurent très minoritaires. Pour la partie valorisée, 117 Mt sont utilisées sur des chantiers de TP soit sur site (87 Mt), soit sur des chantiers extérieurs (30 Mt). La valorisation peut aussi prendre la forme de remise en état de carrières, de construction de merlons anti-bruit, de recyclage, compostage et incinération pour de très faibles quantités. La circulaire du 15 février 2000 recommande la mise en place de plans départementaux de gestion des déchets du BTP avec plusieurs objectifs : élimination des décharges sauvages, mise en place d’un réseau de traitement des sites de recyclage, de valorisation et de stockage, limitation de la mise en décharge, participation à l’effort de recyclage, utilisation de matériaux recyclés pour instaurer des débouchés viables et économiser les matériaux naturels, implication de la maîtrise d’ouvrage publique. Ces plans doivent permettre d’établir un état des lieux dans chaque département, de définir les besoins en centres de collecte, de tri ou de dépôts pour matériaux valorisables, en installations de recyclage ou en centres de stockage des déchets ultimes. Élaborés par les acteurs de la construction eux-mêmes, ces plans dont la plupart sont aujourd’hui en phase d’approbation, doivent définir les actions à entreprendre et mettre en œuvre des projets concrets. Utilisation sous conditions Granulats de recyclage attaqués au marteau brise-roches, Massy, Essonne Recycled aggregates being crushed by a hydraulic rock breaker, Massy, Essonne ©BRGM im@gé - F. Michel “ En France, les expérimentations n’ont pas dépassé le stade du laboratoire alors que dans d’autres pays européens plusieurs chantiers ont été réalisés. ” Contrairement à certains pays d’Europe du Nord, en France les granulats recyclés issus d’ouvrages en béton sont valorisés dans les travaux routiers mais pas dans la fabrication de bétons. Des guides de recommandation ont pourtant été établis, au Danemark depuis 1990, en France depuis 1997 avec la norme expérimentale P18-540 qui s’applique indistinctement aux granulats naturels, artificiels et recyclés. Cette norme définit les termes relatifs aux granulats, les règles générales permettant leur contrôle et les spécifications de ces granulats pour les principaux usages (chaussées, bétons hydrauliques, voies ferrées). Face à la décroissance régulière des granulats alluvionnaires dans l’industrie du béton (49 % 1988, 40 % dix ans plus tard) les professionnels, malgré leur préférence pour ces granulats, se tournent de plus en plus vers des matériaux concassés. L’utilisation de matériaux de démolition pourrait donc représenter un complément intéressant de ressource, en substitution partielle ou totale aux granulats naturels. C’est pourquoi des études ont été réalisées depuis Recyclage important des matériaux de construction dans les travaux routiers Vallée de la Maurienne, Savoie Major recycling of building material during roadworks - Maurienne Valley, Savoie ©BRGM im@gé - F. Michel Une autre étude du CSTB [Pimienta, Delmotte, (1997)] a montré que la fabrication de blocs préfabriqués en béton avec des granulats recyclés était possible sous réserve d’utiliser davantage de sable naturel et d’augmenter de 10 % la teneur en ciment. Pourtant, les expérimentations en France n’ont pas dépassé le stade du laboratoire alors que dans d’autres pays des chantiers ont été réalisés comme le “Environmental building” en Grande-Bretagne ou encore le “Delftse Zoom”,projet de construction d’habitations aux Pays-Bas. De nombreux obstacles à surmonter À l’inverse du béton, le recyclage est important dans les travaux routiers où une part importante des déchets est utilisée sur les chantiers. Des procédés permettent aujourd’hui le retraitement en place de la couche de roulement ou de la chaussée, elle-même ; la proportion de recyclage approche les 100 % pour les couches de roulement dont les mélanges granulats/bitume sont recyclés en quasi-totalité. Les déchets transitent souvent par des centres de tri et de concassage qui permettent d’obtenir une matière première secondaire contrôlée pour la fabrication de graves routiers. Les entreprises de TP vont même audelà : en plus de leurs propres déchets, elles valorisent la totalité de la fraction recyclée des déchets inertes de bâtiment, soit environ 10 % du gisement. Cette valorisation pourrait encore aller plus loin afin de limiter la mise en décharge trop importante des inertes du bâtiment. De nombreuses initiatives sont donc engagées par les professionnels afin de gérer la prise en compte des déchets. C’est notamment le cas des marchés publics avec le “Schéma d’Organisation et de Suivi de l’Evacuation des Déchets de chantier” mis en place en 2000 par le Conseil général de Seine-etMarne, la DDE et les entreprises de TP [Bornstein et Bazire, (2003)]. Plusieurs obstacles limitent cependant le développement du recyclage. Le frein économique n’est pas le moins important. Avant d’être utilisés, ces produits recyclés doivent subir, la plupart du temps, un traitement préalable avec un coût qui empêche le matériau recyclé d’être concurrentiel aux granulats naturels. À terme, il devrait le devenir car les coûts de production des matériaux naturels ainsi que les coûts d’accès aux sites de classes 3 devraient augmenter sensiblement du fait de la réglementation européenne. Dans les marchés publics, la règle de l’offre “économiquement la plus avantageuse” doit être privilégiée d’autant que le recyclage d’un matériau inerte transforme un coût de dépôt en décharge de classe 3 en profit net. D’autres obstacles techniques, réglementaires ou normatifs freinent aussi le développement du recyclage. Malgré tout, les granulats entreront sans doute d’ici quelques années dans la composition du béton sous réserve d’adaptations des procédés de fabrication. Certains estiment que cette utilisation se fera dans le cycle de préfabrication et non sur chantier, à moins que démolition et reconstruction soient localisées sur un même site afin que la réduction des coûts de “ ” Il faudra donc ouvrir de nouvelles carrières. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 plusieurs années afin de caractériser des bétons élaborés avec des granulats de recyclage. Les travaux ont montré que ces bétons sont poreux avec des valeurs de perméabilité deux fois plus élevées que celles des bétons de granulats naturels tandis que leurs propriétés physiques et mécaniques décroissent à mesure que le taux de remplacement des granulats naturels par des granulats de recyclage augmente. Une étude de 2002 (Gomez-Soberon) va dans le même sens : la porosité à l’eau et l’absorption croissent proportionnellement à la teneur en granulats recyclés, tandis que la résistance en compression diminue nettement dès que le taux de remplacement dépasse 30 %. 51 recyclage des matériaux de construction transport contrebalance le surcoût lié au retraitement. Mais se posera alors le problème du contrôle et de la constance de qualité de production sur des installations “foraines” de petite ou moyenne taille. 52 Certains aspects techniques devront également être précisés comme la durabilité, le comportement à long terme de ces bétons ou encore les possibilités de relargage de substances nocives pour l’environnement. Les professionnels des TP sont donc demandeurs d’un cadre d’utilisation des granulats car “l’absence de normes ou de recommandations d’utilisation des produits recyclés est fortement préjudiciable à leur développement”. Quelques guides ont cependant été élaborés par la DDE du Rhône ou la DRE d’Auvergne sur “la prise en compte des déchets de chantier dans les marchés publics”. Des réticences psychologiques doivent également être surmontées. Les matériaux recyclés sont encore considérés comme des produits d’occasion avec un faible retour d’expérience qui gène les donneurs d’ordre. Les professionnels sont donc confrontés à une double question : faut-il accepter de produire du béton avec ces matériaux “d’occasion” et les habitants voudront-ils vivre dans des bâtiments en béton recyclé ? Une alternative incomplète Le recyclage se heurte également à un attachement quasi culturel aux matériaux de carrières et à la prescription de “sur-qualité” sur les petits chantiers par manque de temps ou de moyens pour les études. Ce blocage pourrait être surmonté par la réévaluation de Extraction de calcaire, dans la carrière de Ravière, dans l'Yonne Limestone extraction at the Ravière quarry, Yonne ©BRGM im@gé - F. Michel certaines normes permettant d’inclure d’autres matériaux, comme le verre dans les enrobés bitumineux, une technique déjà utilisée en Grande-Bretagne. Une fois tous ces blocages levés, le recyclage des granulats devrait prendre une place grandissante. Avec les plans départementaux, pouvoirs publics et professionnels du BTP adoptent un comportement volontaire. Cependant, même en ayant recours à d’autres solutions comme l’utilisation de granulats marins ou de certains matériaux “locaux”, les déchets de chantiers recyclés ne constitueront pas une alternative complète. En raison des quantités traitées et des contraintes techniques et en tolérant des surcoûts raisonnables, les volumes recyclés ne représenteront qu’une fraction des besoins. L’utilisation des granulats recyclés ne permettra donc pas de se passer complètement de l’exploitation des matériaux naturels et, au fur et à mesure de l’épuisement des carrières exploitées, de l’ouverture de nouveaux gisements. > Un potentiel réél mais sous utilisé Face aux 400 millions de tonnes de matériaux naturels extraits chaque année de 5 800 gisements et carrières, la “production” des déchets de chantier de bâtiment et de travaux publics atteint plus de 310 millions de tonnes (280 Mt pour les TP et 31 Mt pour le bâtiment) qui ne sont cependant pas tous recyclables. En Rhône- Alpes, le potentiel des matériaux de démolition est estimé à une tonne par habitant et par an dans la mesure où plus de la moitié de ces matériaux est impropre à la réutilisation en BTP. L’objectif dans cette région est de satisfaire 15 % des besoins en granulats par des produits issus du recyclage. En Ile-de-France, l’utilisation des gra- nulats recyclés ne concerne que 10 % des besoins et 16 % de la production, chiffres qui sont cependant quatre fois supérieurs à la moyenne nationale (Unicem Ile-de-France,2001).En Alsace, on estime que le gisement des déchets de démolition de bâtiment est comparable à celui des déchets ménagers et atteint 1 million de tonnes. Bibliographie : ADEME (1998).“Guide des déchets de chantiers de bâtiment”,Paris.— ADEME (2003). Guide “Déconstruire les bâtiments”,Editions Angers.— D.Bomstein, Y.P. Bazire (2003).“Les déchets tiennent la route”, Environnement magazine, n° 1615, pp. 49-57. — FNTP (17 juin 2003).“Journées excédents et déchets de chantier dans les Travaux Publics”“www.fntp.fr” — J. M.V.Gomez-Soberon (2002). “Porosity of recycled concrete with substitution of recycled aggregate. An experimental study” Cement and Concrete Research 32, pp. 1301-1311.* — Ministère de l’Equipement, ADEME, FNB (1997). “Audit des bâtiments avant démolition, repérage des matériaux,qualification et quantification. Formulaire”. — P. Pimienta, P. Delmotte (1997).“Blocs de construction en granulats recyclés” - CSTB Magazine 109, pp. 30-32. — Site Internet : http://www.ademe.fr – UNICEM Ile-de-France (2001). “Les besoins en granulats de l’lIe-de-France, la pénurie est-elle pour demain ?”. The supply of materials in France will be a major issue over the coming years. The environmental impact of aggregate extraction and its associated transport weigh heavily on companies, yet certain projections forecast a supply shortage for some large urban centres in the near future. In view of this situation, another approach must be sought: we consider the substitution of natural aggregates by recycled demolition material and building-site waste. The success of this new opening will depend on finding high-quality material that can be delivered at a reasonable cost. This will involve overcoming several obstacles, as well as the sensible management of the waste materials’ properties and the conditions under which they are used. The use of recycled materials at building sites is still uncommon and represents only a very small percentage of total consumption. This should nevertheless change with the increase in site supply needs and higher transport costs related to having to travel greater distances to landfills, some of which are now saturated. However, because of the low quantities processed and the technical constraints, recycled material could only satisfy a small fraction of the demand for aggregates. Recycling alone cannot fulfil current needs and replace the necessity to extract natural resources. Dans les travaux routiers, la proportion de recyclage approche les 100 % pour les couches de roulement In roadworks, almost 100% of the material used for the surface course is recycled ©BRGM im@gé - F. Michel mineral resources in Norway Norway’s 900 mining and quarrying companies generated almost 01 billion turnover in 2002. But this thriving enterprise must continually adapt to substantial changes in the structure of the industry, and a shift in markets from metallic ores to industrial minerals, particularly added-value products. Research and development at the Geological Survey of Norway (NGU) is helping it to meet these rapidly evolving needs, and stimulating innovation. NGU’s extensive mining databases in particular, combined with modern GIS systems, are increasingly central to industry and government’s goal of improving exploitation of known and future reserves. Mineral resources in Norway : current status future perspectives, and a new role for the Geological Survey La vallée de Sognefjell - Sognefjell valley ©BRGM im@gé - Ph. Calcagno europe 54 Arne Bjørlykke Director general Geological Survey of Norway [email protected] Peer-Richard Neeb Programme leader, mineral resources Geological Survey of Norway [email protected] Nigel John Cook Senior Geologist Geological Museum, University of Oslo. [email protected] M ainland Norway - that is, excluding Svalbard - has a surface area 58% that of France, but a population of less than one-tenth (4.55 million). Most of the country is mountainous and sparsely populated. Norway’s long geological history began in the Archean and extended through the Middle and Late Precambrian into the Palaeozoic - this was marked by Caledonian mountain building involving mainly Early Palaeozoic volcanic and sedimentary rocks - and ending in the Permian when the Oslo Rift was formed. Norway is as a result endowed with a highly diverse geology and a wide range of mineral deposits. It has a long mining tradition. Historically, significant amounts of silver, copper and iron ore have been mined, and to a lesser extent, gold. More recently, Europe’s largest oil and gas industry has grown up on the Norwegian Shelf and become the driving force behind Norway’s rapid economic and technological development. Fig. 2: Main centres of mineral production in Norway. Fig. 2 : Principaux sites d’exploitation minière en Norvège. The industry today Overview The Geological Survey of Norway (Norges geologiske undersøkelse, NGU) publishes an annual survey of the country’s mineral production based on data requested from producers(1). Its focus is on the value of raw materials supplied, and the tonnages of mineral products generated (Fig. 1). The main centres of production are scattered across Norway, but most are near the coast (Fig. 2). The survey also gives figures, for each production site, on the size of the workforce and - with the consent of the individual companies - the added value generated. The minerals industry has undergone substantial structural change over the past decade. Industrial minerals production has greatly increased, and natural stone moderately so, with crushed rock remaining stable. Metallic-ore mining has dropped off considerably. These changes, a greater emphasis on new commodities, and tougher demands on product specification and marketing, have impacted on how resources are managed. Later in this article, we explore how NGU is continuing to adapt to all these changes as the central administrator of information on Norway’s mineral resources. (1) Figures for gravel and crushed rock are to a large extent based on information in the Gravel and Crushed Rock Database and figures from Bergvesenet. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 Fig. 1: Production of Norway’s most important mineral products in 2002 in terms of value. Fig. 1 : Principales substances minérales produites en Norvège en 2002 en valeur. 55 mineral resources in Norway We briefly summarize below an overview of the year 2002 [Neeb, (2003)](2). 65 MT(3) of mineral resources, worth around ¤910 million(4) were extracted in 2002. The value of industrial minerals produced fell from around ¤300 million in 2001 to 290 million in 2002, with natural stone increasing over the same period from ¤126 to 139 million, and metallic ores dropping from ¤76 to 63 million. Output of crushed rock, sand and gravel remained stable over the two years at around ¤330 million (Fig. 3a). Exports were worth some ¤545 million in 2002, or about 60% of the total. Industrial minerals - mainly lime slurry, olivine and nepheline syenite - accounted for almost half exports. Exports of natural stone were worth almost ¤100 million, building materials ¤57 million, and metallic ores - ilmenite, iron and nickel ¤50 million (Fig. 3b). Industrial minerals Industrial minerals - in particular, lime slurry - have outperformed the rest of the mining and quarrying sector over the past decade, and in 2002, 11Mt of raw materials worth ¤291 million were extracted. ¤253 million of these were exports, according to data from the Central Bureau of Statistics. Although lime slurry, olivine and nepheline syenite are the main exports, Norway is also a major producer of quartz, dolomite, feldspar, talc and graphite. Norway is a world leader in olivine and nepheline syenite production. It extracted 3.1 Mt of olivine in 2002, and the world’s largest firm is Norwegian; A/S Olivin, which was taken over by North Cape Minerals following privatisation. It has 206 staff, and mining operations at Åheim and Raubergvika (Møre og Romsdal county). 56 Fig. 3(a): Production trends for Norway’s most important mineral products 1982-2002. Fig. 3(a) : Evolution de la production des principales substances minérales de Norvège sur la période 1982-2002. Fig. 3(b): Export trends over the period 1990-2002. Fig. 3(b) : Tendances à l’export sur la période 1982-2002. Around 550,000 t.p.a of nepheline syenite is mined by North Cape Minerals from the giant 300-Mt deposit at Stjernøy in Finnmark county in northern Norway. This output is expected to increase as a result of open-pit operations launched in 2003. North Cape Minerals also produces quartz and feldspar at Glamsland near Lillesand, and olivine at Bryggja in Nordfjord. It is one of the biggest players on the Norwegian scene, with its main owner, UNIMIN/Sibelco, also controlling much of the world market for quartz, feldspar and nepheline syenite. Twenty companies produce limestone and dolomite. Norway has become a significant producer of limestone for use in fillers, with the Hustad Group being the largest producer. The opening of its new mine in Velfjord in the Nordland county marked an important milestone for the Norwegian mining and quarrying industry. Limestone from the group goes to Hustadmarmor AS at Fræna (Møre og Romsdal county), which makes lime slurry and limestone filler, and is the world’s largest supplier of the latter to the paper industry. Much of the limestone comes from the company’s four quarries in the same county. There is also considerable production of lime for other purposes, including cement, quicklime and lime for agriculture. The 3.1 Mt produced for cement and quicklime production in 2002 was worth ¤19 million, not counting value added after processing. “ Although lime slurry, olivine and nepheline syenite are the main exports, Norway is also a major producer of quartz, dolomite, feldspar, talc and graphite. ” Talc is produced in limited quantities by Norwegian Talk Altemark AS, near Mo i Rana in Nordland and by Kvam Talk AS in Gudbrandsdalen. Major new talc discoveries have been made recently in parts of the Caledonides mountain chain. Skaland Grafittverk AS, on the island of Senja (Troms), produced graphite until 2002, but production ceased following the company’s bankruptcy. Excellent prospects exist in Norway to find new economically-important mineral deposits, such as talc, limestone, dolomite, quartz, feldspar and mica. Natural stone Sand, gravel and crushed rock Output of sand, gravel and crushed rock in 2002 was 50 MT worth ¤330 million. 600 companies work in this sector, with 100 being large operators. Exports to the European continent have risen by 150% since 1990. Norway exported 11.2 Mt of crushed rock (29%) and 0.2 Mt of sand and gravel worth ¤57 million in 2002, mostly to Germany, Denmark, the United Kingdom, The Netherlands and Poland. Exports of crushed rock to France increased from 180,000 t in 2002 to 230,000 T in 2003. 1.3 Mt of crushed rock was used in offshore oil/gas exploitation on the Norwegian, British and Dutch continental shelves. End uses of aggregates include roads (64%), offshore (17%), concrete (10%) and other purposes, such as rock fill, levelling of construction sites, and covering pipelines on the Norwegian Shelf (9%). EUROVIA is planning a new sandstone quarry at Gulestø, in the Sogn og Fjordane county. Production generally takes place near to point of use, as transport costs are high. 57 Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 Quartz and quartzite are produced by seven operations employing 94 people. Production has risen in recent years to 1.1 Mt, worth some ¤18 million. Quartz is a raw material for making glass, ceramics and porcelain, and silica has various uses in the metallurgical industry. It is also used as filler in plastics, rubber and paint, in semiconductor technology, quartz glass and fibre optics. The natural stone industry is highly diversified, reflecting Norway’s diverse geology [Heldal and Neeb, (2000)]. In 2002, 380,000 t of dimension stone worth ¤106 million was extracted, and 171,000 t, or ¤30 million of flagstone. Exports of both amounted to ¤100 million. The larvikite of southern Norway, which dominates the country’s dimension stone production, is a natural resource of unique quality that fetches a high price on the world market. It is essentially exported as raw blocks to Italy, France and Spain, from where it is re-exported; mainly to the United States. Lundhs Labrador AS is the main player. End uses include kitchens/interiors (40%), outdoor facades (40%), floor tiles (10%), and monuments (10%). Six companies produce syenite, anorthosite and marble, with a total value of ¤7.2 million. Syenite is produced at Lødingen in Nordland, anorthosite from Hå in Rogaland, and marble from the Fauske area in Nordland. Granite, gneiss and soapstone, valued at ¤4.7 million, are produced by 14 companies. Among these are producers of white trondhjemite (SørTrøndelag and Hedmark), granite (Østfold, Buskerud, Oslo, Sogn og Fjordane) and soapstone from Otta and Bardu. In 2002, 28 companies quarried flagstone and walling stone for a value of ¤30 million. The biggest output was of quartzitic flagstone from Alta in Finnmark and Oppdal in central Norway, and phyllitic slate from Otta. Nearby factories process the flagstone and slate, with around 60% being exported. Durable Norwegian quartzite flagstone is particularly valued for surfaces that are exposed to heavy traffic. Quartziteproduction, Elkem Tana AS, Finnmark, Norway. Production de Quartzite, Elkem Tana AS, Finnmark, Norvège. ©NGU Metallic ores Norway produced ¤83 million of metallic ores sector in 2002, and exported ¤50 million, from 0.4 Mt of extracted concentrated ore. 398 people worked in the sector as of April 2003. Production has substantially declined over recent years, however, and only two mines remain active in Norway. “ ” Titania AS produces ilmenite concentrate from the Tellnes deposit at Sokndal (Rogaland). The potential for future new titanium deposits seems excellent, with large ilmenite resources (magnetite-apatite) in the Bjerkreim-Sokndal intrusion (Rogaland) and eclogitic rutile deposits near Førde (Møre og Romsdal) being of particular interest [Korneliussen et al. (2000)]. Although metallic-ore exploitation is declining, NGU is keeping a watch on trends in the world market and exploration. There is an upswing in interest in platinum-group elements, for example, and Norway has considerable potential here for discoveries of new deposits. Similarly, NGU is vigilant about retaining 65 MT of mineral resources, worth around ¤1 billion turnover, were extracted in 2002 by Norway’s 900 mining and quarrying companies. (2) This report can be downloaded from the NGU website (http:// www.ngu.no). - (3) MT: megatones (million tones). - (4) Values converted from the Norwegian kroner (NOK) to ¤ at an exchange rate of 7.91 NOK = 1 ¤. mineral resources in Norway 58 expertise in other mineral resources/commodities, such as ‘high-tech elements’- including Sc,Ta,Nb,and Be - that may become economically important in the future. Coal Store Norske Spitsbergen Grubekompani AS (SNSG) currently mines coal at Longyearbyen, Mine 7 and Svea Nord [http://www.snsk.no]. The Svea Nord field entered into production in 2001 and will ensure the continuation of Norwegian coal mining for another 1520 years. Coal from SNSG is exported to Germany, Denmark, Finland, U.K., France, Sweden and Iceland. Production has risen steadily over recent years and in 2002 it produced 2.2 Mt of coal worth ¤87 million. The company has 225 employees assigned to coal-mining. Mineral resource databases NGU maintains and updates open access databases on Norway’s mineral resources, [see http://www.ngu.no under ‘Geological Services’]. NGU and the Norwegian Mining Authority (Bergvesenet) plan this year to provide a distinct Internet entry point named ‘Mineral resources,’ intended to increase awareness and interest for prospecting by providing information on mining rights, exploration claims and protected areas, and geological and other data.Target groups include both domestic industry and multinational companies. Mineral deposits of national interest NGU has prepared a preliminary overview of mineral deposits of national long-term strategic interest (Table 1), and which merit being taken into account in future land-use management (Fig. 4). Selection criteria include deposits which could be exploited within the next 50 years, with potential for export, or for supplying raw materials to either domestic markets or export-oriented processing/refining facilities. Future perspectives Norway has an enormous variety of rocks, many readily unavailable elsewhere in Europe, for example nepheline syenite, eclogite, dunite, extremely pure carbonate rocks, larvikite, certain sandstone, anorthosite showing iridescence and white anorthosite. It has strong competitive advantages, such Norway does not have unlimited quantities of sand, gravel and crushed rock, and demand has grown for information from NGU’s databases and resource statements by county authorities, on the location Commodity type Of national interest Currently in production Future resource Industrial Minerals 57 33 24 Metals 18 2 15 Dimension stone 79 55 24 Aggregates 36 36 7 Sand and gravel 16 16 - 206 143 70 Sum An overview of these deposits is shown on the maps. Table 1: Summary of the mineral deposits of national interest. Tableau 1 : Synthèse des principaux sites d’intérêt national. and other data on existing available resources, and potential future quarries. NGU has mapped around 9100 sand and gravel deposits, and 1100 crushedrock ones. Some 4500 quarries and gravel pits are in continuous or sporadic operation. Fig. 4: Deposits of national interest. Fig. 4 : Gisements d’intérêt national minéraux indutriels. Copper ingots from the Norwegian Roros mine. Lingots de cuivre de la Mine de Roros en Norvège. ©BRGM im@gé future wealth creation. Similar initiatives are needed to generate comparable information in other sectors of the minerals industry. as an extensive coastline with excellent harbour facilities for all-year round shipping, and a welldeveloped science and technological base in the sector. It nonetheless faces challenges in exploring and exploiting future mineral resources, carrying out research to better characterise deposits, and increase their potential value, developing land management policies to secure these, and last but not least increasing public awareness as to the importance of minerals, and the need to ensure sustainable future production. Mineral exploration Mineral exploration in Norway has substantially decreased from its heyday in the 1960’s and 1970’s. Industry as a whole spends less than ¤1 million annually on searching for new deposits, equivalent to around 0.1% of turnover, or 1% of profits. In comparison, Sweden’s industrial funding of exploration has stood at around ¤22 million annually over the past five years. Many of the major international players for commodities such as olivine, ilmenite, and nepheline syenite, have few needs for additional reserves. NGU’s role in stimulating exploration needs to be flexible and diverse. Research and development Demands on the quality and specific uses of mineral products are increasing steadily, with recycling of mineral-containing materials such as paper and plastic. NGU is responding to the resulting need for better characterisation of mineral products, with a focus on obtaining a comprehensive understanding of all aspects of the mineralogy, petrography and mineral chemistry of Norway’s important industrial mineral deposits, and making these data available to industry and the public. The Norwegian Research Council, for example, is financing a project entitled “From quartz sand to solar cells” which illustrates a renewed focus on NGU’s mineral resources programme, like those of its counterparts elsewhere, has undergone rapid change over the past decades, spurred on in part by new digital possibilities. GIS-technology integrated with large comprehensive databases has enabled new research to better understand the distribution of various mineral deposits on the pan-regional scale, often with useful input from neighbouring Sweden, Finland and Russia. Mineral resources and land management Mining demands much less space - 0.05% of the total land area - than many industries, and most involves sand and gravel extraction. Mining companies have no option but to operate where resources are found and an important part of survey activities therefore involves advising local authorities, agencies, and even government departments on the location and economic potential of mineral deposits. Despite the significant economic value of mineral resources, society often ignores the needs of managing them, compared with say the attention given to land-use management schemes for forests and agriculture, not to mention protected areas. NGU will strive to map and characterise known and potential deposits. In the oil industry, deposits are attributed an in situ value, which is a gross value calculated from the volume of exploitable oil and/or gas in the reservoir, and the price that the company is likely to earn from the sale. Applying the same approach to mineral deposits, we can readily calculate that many have deposits in Norway have extremely high values, with some exceeding ¤10 billion. Public awareness The average Norwegian’s awareness of their natural environment is perhaps higher than elsewhere in Europe, but many citizens remain unaware of the large volume of minerals required to sustain contemporary lifestyles. From ice cream to insulation, pencils to paints, trains to toothpaste, minerals are required in an ever-increasing range of applications. NGU considers it a vital strategic goal to act upon its slogan,‘Geology for Society’, and to help to inform and educate the public, and in particular those of school age, who will be tomorrow’s decision makers. Bibliographie : Heldal, T., Neeb, P.R. (2000). Natural stone in Norway: production, deposits and developments. NGU Bull. 436, p. 15-26. – Korneliussen, A. et al. (2000). An overview of titanium deposits in Norway. NGU Bull. 436, p. 27-38. – Neeb, P.R. (2003). The Norwegian mining and quarrying industry in 2002. NGU Report 2003.041, 24p. En 2002, le chiffre d’affaires de l’activité minière norvégienne (900 entreprises et 5100 salariés) approchait les 900 millions d’euros dont 545 millions réalisés à l’export en incluant les mines de charbon situées sur le Svalbard. Ces chiffres traduisent le dynamisme du secteur qui a cependant subi des changements récents avec un grand mouvement de privatisation et la prédominance des multinationales étrangères. Aujourd’hui, les minéraux industriels et les matériaux de construction représentent la figure de proue du secteur. Le développement de demandes, nouvelles et de plus en plus exigeantes, pour des produits destinés à des marchés spécifiques, a eu un impact primordial sur l’activité du Centre National de Recherche Géologique de Norvège (NGU), L’information qu’il diffuse à travers des banques de données est notamment conçue pour promouvoir les activités de reconnaissance et pour encourager le développement d’un secteur industriel durable avec une gestion responsable du sous-sol. Le NGU mène également des activités de recherche et développement afin de répondre aux exigences de ce secteur en évolution rapide et pour stimuler la créativité industrielle. À l’avenir, la création de richesse sera portée par la mise en oeuvre de concepts novateurs qui aident à comprendre les caractéristiques des dépôts déjà classés d’intérêt national, à expliciter la répartition des dépôts de minéraux et donc à prévoir quelles seront les futures zones intéressantes. Le développement du secteur passera notamment par la mise en œuvre de SIGs conjugués aux banques de données et aux équipements de microanalyse pour caractériser les dépôts minéraux. Ces outils soutiennent le Centre de Recherche Géologique dans son ambition d’occuper la première place dans le développement d’un secteur minier prospère en Norvège. remote control and automation Remote control Luossavaara-Kiirunavaara Aktiebolag (LKAB), the Swedish minerals group is pioneering highly-automated mining and remote control in underground mines in extreme environments. The Kiruna iron-ore mine in northern Sweden is a showcase of this approach, allowing LKAB to compete on the international market with the dominant producers who operate huge open cast operations in Brazil and Western Australia. and automation Swedish in iron ore mining The Kiruna mine: train underground. Mine de Kiruna : convoi souterrain. ©SGU europe 60 Sven Arvidsson Head of the Division of Information and Mineral Policy Geological Survey of Sweden [email protected] T he city of Kiruna is located in the extreme north of Sweden (67°50’34” N, 20°25’10” E), above the Arctic circle. The city has grown up with mining, which began more than a century ago. The ore body is 4 km long and around 80 m wide. It lies roughly in a north-south direction, dipping some 60 degrees to the east, and extending to a depth of at least 2 km. The so-called Kiruna Type of iron ore is a phosphorous containing iron ore with magnetite as the ore mineral. Scientists remain divided on its origins. In the past, it was thought to have been formed by magmatic differentiation processes and to have reached its present position through a magmatic-intrusive emplacement, but many researchers now support a marine synsedimentary origin. A high-phosphorous apatite-rich ore, called D ore, makes up some 20% of the ore body. It has an average phosphorous level of 2% although this varies widely. The remaining 80% is a low phosphorous, iron ore, called B ore, with an average of Aerial view of Kiirunavaara mountain with the old open cast and present industrial facilities. Vue aérienne de la montagne de Kiirunavaara avec l’ancienne mine à ciel ouvert et les installations actuelles. ©SGU Remote controlled production drilling. Télécommande des forages d’exploitation. ©SGU Mining method Kiruna ore was originally mined in open pits on the surface of the mountain, and has subsequently been pursued underground. Sublevel caving is currently used, which is both suited to this sort of ore, and also allows different operations to be carried out independently in various parts in the mine. The ore body is divided into main levels to facilitate haulage and access to the ore. On sublevels between these haulage levels, drifts are made across the ore body from the footwall to the hanging wall. This involves transversal sublevel caving, although longitudinal sublevel caving is sometimes also used depending of the geometry of the ore body. Drifts, 7 m wide and 5 m high, are made at 25 m horizontal intervals in a vertical zigzag pattern with 28,5 m vertical spacing. In sublevel drifts, production drilling starts at the hanging wall with rings of long holes drilled in a fan-like pattern, and rings spaced at 3 to 3.5 m. They are then charged and blasted, again beginning at the hanging wall and subsequently retreating towards the footwall. Each production ring contains around 10 000 tons of ore. The blasted ore is loaded on the level below and carried to ore passes by electric load-haul-dump (LHD) units. The ore passes themselves are built along the sublevels to the main haulage level below. All haulage is currently carried out at the 1045 m level. The mine is divided into ten production blocks, each with both its own ventilation shafts, and ore passes situated at the block centre. Each block is around 400 to 500 m long. Sublevels are interconnected both with each other, and the main haulage levels, using a system of ramps; this allows equipment to be moved, and gives maintenance and support staff access to the various parts of the mine. Over 400 km of maintained underground roads have been built. Mining begins at the top sublevel and proceeds sequentially downwards. At the main haulage levels, ore is transported by train from the ore passes to vertical bins where crushers lead the ore to loading bays at the bottom of the hoisting shafts. Skips bring the ore to the surface where it is further processed into fines and pellets.The finished products are transported by rail to the ports of Narvik, Norway and Luleå in the Gulf of Bothnia. Production at Kiruna in 2002, including the nearby Svappavaara pellet plant, amounted to 13 million tons of finished products - 10 million tons of which were pellets - derived from 20.7 million tons of crude ore. The same year, 12. 800 km of drifts were constructed. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 0.025% phosphorous, and 68% iron. Distinct boundaries separate both the ore types, and the ore and surrounding bedrock at the hanging wall and footwall contacts. D ore is usually found near the hanging wall, although it occasionally occurs in the centre or even along the footwall. The two ore grades are kept apart during mining operations, as is the barren bedrock. 61 remote control and automation Remote control The substantial chain, from drifting to port delivery, offers good opportunities for planning and optimization, including mechanisation. As production drilling in sublevels is performed uniformly at several drifts simultaneously, this repetitive process is amenable to remote control. Fibre optic cables connect key positions in the mine via feeder cables to other blocks where mining is done. Each block is fitted with a base station for wireless communication. This enables control and monitoring of different machines in the mine. 62 Communication must be fast enough to let remote control operators obtain information and have sufficient time to make proper corrections. This was achieved in 1997 with wireless transmission of sound, images and data. The Atlas Copco drilling rigs; all fitted with Wassara drilling machines operated with water rather than compressed air are remote-controlled from a centre situated at 775 m depth - thousands of metres from where drilling actually takes place. Drilling is remote controlled, with a remote operator drilling via a joystick. Newer drilling rigs have facilitated this as they have a high-degree of inbuilt automation. A computer-based system provides operators and maintenance technicians with the information they need to monitor drill-rig status, including maintenance history as well as parameters of its current condition. Remote control of loading and hauling poses another technical challenge - how does one navigate a 14 metre long, 100 ton loader inside the mine? The solution is a system based on a revolving laser on top of the loader, with reflectors located on the walls of the drifts. Loading, hauling and dumping on the sublevels are now fully remotecontrolled from the control centre in the main office building on the surface. As a result, one operator can run three LHD loaders simultaneously, having to intervene only during loading, while the loaders can be operated continuously. “ Production control centres have recently been introduced to help run operations. ” Loading out the ore at the face is very efficient. When one face is being mucked clean, the loader is moved to a nearby drift heading to continue loading. Remote control also means that the machines operate for longer hours; there is no need to wait until dispersion of blasting gases after detonations, for example, and the machines need no coffee breaks. The first remote-controlled trains came into operation in the Kiruna mine as early as 1970. Today, six trains are each loaded with 500 tons of ore at the 1045 m level. Each train has one locomotive, powered by four 150 kW AC-motors, and 24 cars. A train cycle takes around one hour. Trains run 365 days a year. Crushing, weighing, skip loading and hoisting have been automatic for decades. Production control centres have recently been introduced to help run operations smoothly and to avoid bottlenecks from arising. The centre for mining operations, which houses operators, is situated in the main office of LKAB in Kiruna. From here, the entire process is monitored and controlled, with some 15,000 measurement points covering everything from underground operations to ship loading in port. Operators can at any time compare actual performance with production plans. Drill rig Atlas Copco BVK. Foreuse Atlas Copco BVK. ©SGU remote control and automation Moving the remote control centre from the mine to the main office will offer further flexibility. Modern telecommunications provide the company with the freedom to operate the mine from almost anywhere. Indeed, the mine has been operated from the Technological University of Luleå some 340 km away. As well as streamlining mining operations, automation and remote control also contribute to better working conditions for staff, as there is no need for people to be in the zones where mining operation takes place. The mine can be operated at night without a single person being down the mine. “ In 2003, the mine produced 11 Mt of pellets, and 2.3 Mt of sinter fines, and employs 1800 people, 400 of whom work underground. ” The challenge of underground mining The LKAB Group sells its iron ore products on the international market, where prices are in practice set by the dominant producers operating in Brazil and Western Australia, where deposits are mined in huge open cast operations. In contrast, LKAB’s mines in Kiruna and Malmberget are both underground operations run at depths of some 1 km. Open-cast mining avoids many of the complications of underground mining. Drilling, loading and hauling can also be done at a larger-scale as they can make use of equipment much larger than would fit into an underground mine. Streamlining of the entire underground mining operation is needed in if it is to compete with the giants on the international scene. LKAB invests heavily in diverse research and development to keep a competitive-edge. In product development, for example, LKAB operates its own research blast furnace in Luleå. Every bit as important, however, is research on the upstream processes and the logistics. Advances here double up in contributing to the total quality management system needed to ensure that the product delivered meets the specifications ordered, and keeps customers happy. 64 Aerial view of Kiruna processing plants. Vue aérienne des installations de minéralurgie de Kiruna. ©SGU Environmentally friendly mining The ore mined in Kiruna is non-hazardous magnetite, but LKAB, nonetheless takes environmental issues very seriously. An environmental management system, including environmental policy and reporting, is an important part of its total quality management system. The company is continually improving the internal and external environment as a means of contributing to sustainable and profitable development. Environmental issues are taken into account when making new investments, and occupational health, environmental protection and energy efficiency are always considered when introducing new technology. As the mine is located north of the Arctic Circle, at latitude 68° north, outdoor temperatures are close to or below zero degrees Celsius for long periods of the year. This means that air used to ventilate the mine must first be heated. This is done using surplus heat generated by the pellets plants, with periodic additional energy requirements being met using oil and electricity. Air is passed through the mine at an average rate of 1 000 m3 per second, which amounts to 34 billion m3 of air annually. Air exiting the mine is first passed through filters to remove particulate matter. plants, and used in ore sorting, concentrating and pelleting, before being cleaned and pumped to a settling pond. Water quality is continuously monitored. Water used in the mine for purposes such as washing equipment, and for operations in the repair shop at the 775 m level, is treated to separate out oil before being pumped to the surface. A vast mine like Kiruna with a 4 km long ore body drains water from a large area. In 2003 more than 5.3 million m3 of drainage water was pumped from the mine at an average rate of 25 m3 per minute. Water brought to the surface is diverted to the processing People living in the city of Kiruna are affected by mining activities in various ways. Blasting, for instance, create ground vibrations, which are monitored by the company to ensure they remain at low levels and within set limits. > The Kiruna iron ore mine It is located at latitude 68o in northern Sweden, far north of the Arctic Circle. The magnetite ore body is 4 km long and 80 m wide. It has been mined for over a century, yielding some 950 million tones over this period. This amounts to around just one third of the original ore body, according to current knowledge of the deposit’s size. Ore is hauled at a depth of 1045 metres, and given present mining capacity this haulage level can be sustained until 2015. The mining method used is sublevel caving, with sublevels spaced at 28.5 m vertically. Each blast yields around 10 000 tones of raw ore. Remote-controlled electric-powered drilling equipment is used. Ore is crushed and sampled in the mine. A surface complex comprises a sorting plant, two concentrators and two plants for producing pellets and sinter fines. A third pellet plant is located at nearby Svappavaara. Products are transported by rail to the ports of Narvik in Norway and Luleå in the Gulf of Bothnia. Most business is with European Union countries. The mine produced 11 million tones of pellets, and 2.3 million tones of sinter fines, in 2003. It employs around 1800 people, 400 of whom work underground. Remote controlled loader Toro 2500. Chargeuse télécommandée Toro 2500. ©LKAB Le groupe minier suédois Luossavaara-Kiirunavaara Aktiebolag (LKAB) exploite ses deux mines dans le cercle arctique ou à proximité de celui-ci ; cette implantation géographique en a fait le pionnier de l’exploitation minière hautement automatisée et télécommandée. A titre d’exemple, ce groupe possède et exploite la mine de fer de Kiruna située dans le nord de la Suède, qui a produit 20,7 millions de tonnes de minerai en 2002. Ayant commencé il y a un siècle à ciel ouvert, l’exploitation s’effectue maintenant entièrement par abattage souterrain à grande échelle. A Kiruna, le minerai le plus important sur le plan économique est la magnétite. La mine présente deux formes de minerai de fer, l’un ayant une teneur en phosphore élevée, avoisinant les 2 %, et l’autre ayant seulement 0,025 % de phosphore et 68 % de fer. Le filon, orienté nord-sud sur environ 4 km, fait 80 mètres de large et présente un pendage de quelque 60 degrés vers l’est. Il se continue jusqu’à une profondeur d’au moins 2000 mètres. Afin d’accroître sa compétitivité, LKAB a réalisé d’importants investissements dans le domaine de la technologie, en particulier l’automatisation et les systèmes télécommandés. Les installations de forage et d’abattage sont gérées automatiquement à l’aide d’une unité télécommandée conçue par l’entreprise. Celle-ci transfère les données aux bureaux de LKAB situés en surface à partir des opérations de fond à 775 mètres sous terre. Les unités de chargement, de déchargement et de transport, y compris les convois dans les niveaux de roulage, sont également télécommandés. mine artisanale Développement durable : quelle place pour ©BRGM im@gé la mine artisanale ? Longtemps décriée pour ses effets sociaux et environnementaux dévastateurs, la mine artisanale se répand dans une grande partie du monde, notamment en Afrique. Pour nombre de pays et de communautés, elle représente une voie vers le développement et la croissance. Les politiques d’aide au développement doivent donc intégrer cette évolution tout en favorisant l’émergence d’un tissu de petites mines semi-industrielles. international 66 Eric Jaques Ingénieur-chercheur Service Environnement Industriel et Procédés innovants - BRGM [email protected] Jean-François Orru Ingénieur-chercheur socio-économiste Service Ressources Minérales - BRGM [email protected] Rémi Pelon Ingénieur économiste Service Ressources minérales - BRGM [email protected] L’ exploitation des ressources minérales, par essence non renouvelables, peut paraître contradictoire avec les principes du développement durable. Peut-on envisager ne pas compromettre les besoins des générations futures alors qu’on épuise aujourd’hui certaines ressources de manière irréversible ? En fait, de nombreux économistes considèrent, compte tenu de l’importance des capitaux générés par la mine industrielle, que le potentiel de réinvestissement pour un développement local durable est considérable. Dans la pratique, cette hypothèse suppose que le secteur minier s’inscrive dans une démarche éthique de responsabilité sociale des entreprises (concept de “social corporate responsabilities” développé par les institutions internationales). En revanche, certains affirment que l’activité minière artisanale, prise entre une tradition séculaire et des rêves de gains rapides, contribue à pérenniser, voire à entretenir, la pauvreté des communautés. Le problème est plus complexe et relève d’une problématique multi-critères et multiagents. La dissémination de l’activité à l’échelle mondiale offre une grande diversité de contextes, selon les ressources, selon les acteurs qui animent les différents niveaux de la filière, mais aussi selon les zones géographiques, les situations politiques, administratives, économiques et sociales. Mine artisanale et petite mine : une frontière floue Les mineurs obéissent le plus souvent à une logique de subsistance, il faut alors distinguer leur activité dans la mine artisanale ou la petite mine. La petite mine sensu stricto présente un profil de type entreprise. Reconnue administrativement, elle possède un minimum d’installations fixes et d’engins mécanisés et exploite de façon planifiée à l’aide de procédés semi-industriels un gisement de taille modeste préalablement reconnu. D’après les Nations Unies [UNCTAD, (1997)], une petite mine produit moins de 50 000 t/an (100 000 à 200 000 t/an pour les matériaux) avec un investissement inférieur à 1 M¤, un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1,5 M¤, emploie moins de 40 employés et a une durée de vie inférieure à 5 ans. De son côté, la mine artisanale concerne des opérations menées par des individus ou des petits groupes dans une démarche qui s’apparente à une cueillette opportuniste. Largement informelle, elle exploite sans planification, avec des méthodes et des outils souvent ancestraux et rudimentaires, une ressource mal connue. Cette activité de subsistance saisonnière est souvent complémentaire de l’agriculture (Fig. 1). Fig. 1 : Evolution de la population sur le site d’Alga (province du Bam) au cours de l’année 2001 montrant le caractère saisonnier et complémentaire de l’artisanat minier à l’agriculture au Burkina Faso. Fig. 1: Population evolution at the Alga site (Bam Province) for 2001 showing the seasonal and complementary nature of artisanal mining with respect to agriculture in Burkina Faso. Source : BRGM, 2003 nombre d’individus 6000 5700 4000 3200 2000 1000 0 0 300 mm calendrier agricole et précipitations Le boom de la mine artisanale mineurs pourrait encore tripler d’ici à 2010 [Hentschel et al, (2002)]. Les artisans recherchent d’abord les substances précieuses et semi-précieuses à forte valeur ajoutée destinées à l’exportation (or, gemmes et pierres fines), et dans une moindre mesure les matériaux d’intérêt local commercialisables sur place (construction, amendement agricole…). La part de cet artisanat dans la valeur de la production minière mondiale est tout à fait significative : elle est de l’ordre de 10 % et même 15 % pour les diamants et la columbo-tantalite, 20 % pour l’or et plus de 80 % pour les gemmes colorés [Blinker, (1997)]. > Les différentes formes d’organisation de l’artisanat minier L’artisanat minier peut adopter différentes formes d’organisation. La première est une activité pratiquée par des communautés rurales en complément d’activités traditionnelles. On rencontre ce type d’exploitation villageoise notamment à Madagascar, à la Guyana ou en Guyane Française. Autre organisation :les artisans mineurs choisissent de se spécialiser dans l’ex- ploitation de ressources minérales parfois éloignées de leurs villages. Des populations variées se rassemblent dans des villages créés ex-nihilo. L’organisation qui en découle est alors essentiellement professionnelle. Toutefois, l’exploitation se trouvant parfois dans des zones isolées impose des prélèvements sur les ressources halieutiques et cynégétiques et par- fois même des mises en culture de petites parcelles. Dernière forme, éphémère mais récurrente, la ruée précipite des foules hétéroclites attirées par des rêves de fortune vers des gisements “neufs”et réputés riches. À Madagascar, depuis 1997, la ruée vers le saphir a probablement mobilisé plus de 150 000 personnes. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 À l’exception de quelques pays de tradition minière comme le Ghana ou le Zimbabwe, les petites mines sont rares en Afrique. La mine artisanale, quant à elle, connaît un véritable “boom” depuis une vingtaine d’années. Il est probable qu’aujourd’hui cette activité implique au moins 15 millions de personnes dans le monde, soit près de deux fois plus qu’il y a dix ans. Pour le seul continent africain, entre 4,5 et 6 millions d’actifs sont concernés - dont 30 % à 40 % de femmes - et entretiennent près de 40 millions de dépendants, soit 1 africain sur 20 [Jaques et al, (2003)]. Dans certains pays comme le Zimbabwe, le nombre d’artisans 67 mine artisanale En Afrique sub-saharienne, la valeur de la production artisanale annuelle de substances précieuses est aujourd’hui estimée à plus de 1 milliard d’euros, autant que la valeur annuelle de la production sudafricaine de diamant. L’activité est donc déterminante dans les économies nationales fragiles et peu diversifiées. C’est par exemple le cas de la RCA (République centrafricaine), où la filière artisanale du diamant participe à plus de 50 % des recettes à l’exportation du pays. 68 Des effets néfastes Le secteur artisanal utilise des méthodes et des outils souvent rudimentaires, avec une exploitation peu rationnelle de la ressource (Fig. 2). Le gisement est donc écrémé : la production sur un site concerne rarement plus de la moitié des réserves potentielles. En Afrique, pour une production artisanale d’or estimée à 42 t par an, les manques à gagner (sur la base d’une exploitation industrielle) pourraient s’élever à près de 140 tonnes, soit l’équivalent de 1 milliard d’euros [Jaques, (2001)]. Les productivités au travail restent également faibles avec des rendements qui excèdent rarement 5 tonnes/homme/jour. De même, les revenus sont modestes et saupoudrés, de l’ordre de 1 à 2 euros par jour. De récentes enquêtes du BRGM au Burkina-Faso ont montré que les gains moyens mensuels s’échelonnaient de 25 à 40 ¤ pour les manœuvres (majoritairement des femmes), 50 ¤ pour les mineurs et 320 ¤ pour les propriétaires de puits. Du point de vue environnemental, l’activité artisanale peut engendrer des dégradations préoccupantes : chantiers orphelins non sécurisés, terres agricoles stérilisées, forêts dégradées, rivières polluées, nappes phréatiques altérées par pompage excessif, pollutions anthropiques diverses. Fig. 2 : L’artisanat et les institutions minières en Afrique. Fig. 2: Artisanal mines and mining institutions in Africa. Source : R.Noetstaller, 1995 Le cercle vicieux de l’artisanat minier. The vicious circle of the artisanal mining Santé et sécurité déficientes Poor health & safety Techniques inadaptées Inadequate techniques Inaptitude à investir Inabylity to invest Dommages à l’environnement Environmental damage Récupération et productivité faibles Low recovery & productivity Revenus et épargne faibles Low income & savings Le cercle vicieux des institutions minières. The vicious circle of the mining institutions Ressources opérationnelles inadaptées Inadequate operational resources Santé et sécurité déficientes Poor health & safety Revenus de l’Etat insuffisants Insuffisant government income Inaptitude à contrôler Inability to control Dommages à l’environnement Environmental damage Opérations illégales Illegal operations Inaptitude à collecter taxes et royalties Inability to collect taxes & royalties Les conditions de travail sont souvent à haut risque et d’une grande pénibilité, en particulier pour les femmes et les enfants. Bien que rarement déclarés, les accidents mortels ou invalidants sont fréquents et les conditions opératoires du traitement des minerais peuvent à plus long terme être à l’origine de graves séquelles pour les manœuvres. À ces conditions déplorables de travail, d’autres problèmes s’ajoutent dans les camps isolés : précarité des logements, malnutrition, manque d’eau potable, absence d’installation sanitaire, développement d‘endémies (paludisme, fièvre jaune, choléra, typhoïde, tuberculose…). Vannage par les femmes des rejets de lavage des orpailleurs au Burkina Faso. Women winnowing tailings of the artisanal gold miners in Burkina Faso. ©BRGM im@gé - E. Jaques, 2002 Le problème majeur réside dans l’utilisation massive de mercure dont les pertes (entre un et deux grammes par gramme d’or produit) peuvent générer des impacts sanitaires importants avec une introduction dans la chaîne alimentaire et une amplification rapide par bio-accumulation(1) . Au Ghana, 5 tonnes de mercure sont importées chaque année pour le seul besoin des artisans. Une étude récente de l’ONUDI a montré que sur certains sites d’orpaillage du pays, 50 % des mineurs étaient intoxiqués. Au Burkina Faso, le mercure, pratiquement inconnu il y a 5 ans, se rencontre aujourd’hui sur tous les chantiers du pays – vendu au détail 40 000 CFA/kg, soit à peine 1 % du prix d’achat de l’or. Sur le plan socio-culturel, les problèmes les plus aigus se posent lors des “ruées” (Fig. 3). Cette dynamique migratoire spontanée aboutit rapidement à une surpopulation sur des sites restreints et à un état de promiscuité extrême. Les conflits y sont fréquents entre les artisans, les communautés et parfois avec les autorités. Si la ruée engendre une nouvelle forme d’organisation sociale, celle-ci est artificielle, éphémère et déstructurante par rapport aux systèmes coutumiers. D’autres problèmes s’y ajoutent : non scolarisation des enfants, consommation d’alcool et de produits stupéfiants, prostitution, SIDA, au centre des préoccupations des institutions internationales (UNAIDS). Malgré cette image négative sur le plan social et environnemental, l’artisanat minier est créateur de richesses et contribue à la survie, voire dans certains cas au développement d’un nombre croissant de communautés et territoires déshérités. S’appuyant sur une main-d’œuvre abondante et peu qualifiée, il constitue un filet de sécurité en fournissant de l'emploi et des revenus à des populations de plus en plus désœuvrées et donc marginalisées. Il permet notamment de limiter l’exode rural en maintenant une activité dans des régions isolées et d’après Holloway, de favoriser l’émergence “d’îlots de prospérité dans un océan de pauvreté” et de valoriser de petits gisements non exploitables à l’échelle semi-industrielle. Paroxysme Prise de contrôle progressive (croissance incontrôlée) ” Développement “petite mine” Suivi minier Découverte “ L’activité artisanale peut engendrer des dégradations environnementales préoccupantes. Déclin Dépression saisonnière avec petite mine Durée (années) 1 2 3 4 5 Production d’or Nombre de personnes sur site % accidents-maladie (1) L’expertise collégiale menée par l’IRD sur le mercure en Amazonie constitue une base de référence sur le cycle du mercure et les problèmes de santé publique associés (Carmouze & al. coord. 2001). 6 Fig. 3 : Les différentes phases de la dynamique d’une ruée vers l’or. Fig. 3: The various phases in the dynamics of a gold rush. Source : BRGM, 2001 69 Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 Quelles voies d’action ? mine artisanale Aussi, ce secteur “sensible” de l’artisanat minier, sous réserve d’une gestion améliorée, s’affirme malgré tout et de plus en plus comme un axe de développement social et économique majeur pour bon nombre de pays. Des solutions existent pour tenter de combler les multiples carences du secteur artisanal et limiter ainsi ses impacts négatifs. L’action, pour être efficace, doit s’attaquer de front aux multiples facettes de la problématique et s’inscrire dans la durée. Toute intervention doit être précédée d’une analyse socioculturelle, socio-économique et technico-économique poussée de la filière. L’optimisation du secteur passe nécessairement par des actions à long terme d’éducation, de sensibilisation, de formation et d’accompagnement dans les trois domaines-clés de l’humanitaire, de l’assistance technique, et de l’accès au financement. 70 Le soutien aux communautés ne peut se limiter à une portée technico-administrative (appui technique, rationalisation économique, amélioration du cadre juridique...), sociale (accès à la scolarisation des enfants) et sanitaire (appui humanitaire, santé publique, sécurité du travail). Il doit également prendre en considération la connaissance globale du milieu naturel ainsi que l’état des infrastructures et des réseaux et leurs perspectives de développement. L’appui aux communautés peut se décliner dans de multiples actions comme la prévention des MST, la gestion de l’eau, ou encore l’accès à des micro-financements. Nouvelle ruée vers l’or, mine artisanale de Nagrigré, Burkina-Faso. New gold rush, the Nagrigré smallscale mine, Burkina Faso. ©BRGM im@gé - E. Jaques, 2002 Evaporation du mercure par grillage “artisanal” de l’amalgame or/mercure, mine de Bouéré, Burkina-Faso. Mercury evaporation during ‘artisanal’ roasting of the gold/mercury amalgam, the Bouéré mine, Burkina Faso. ©BRGM im@gé - E. Jaques, 2002 D’un point de vue méthodologique, le soutien aux communautés ne peut donc faire l’objet d’un modèle unique et doit tenir compte de leurs spécificités et de leurs comportements. Il est par ailleurs nécessaire de ne pas les isoler et de faciliter le développement de liaisons solides et efficaces avec les décideurs. Le soutien lors de ruées est plus délicat, compte tenu des aspects dynamiques et des volumes humains en présence. L’invasion des zones minéralisées est souvent si rapide que les gouvernements se retrouvent devant le fait accompli. Deux grandes solutions sont alors possibles : autoritaire en expulsant ou encadrant strictement ; humanitaire et sanitaire pour parer à l’urgence et atténuer les aspects les plus criants de la misère sociale. L’appui à la petite mine Plusieurs organismes de coopération internationale misent aujourd’hui sur la petite entreprise privée “ Les petites mines peuvent servir de catalyseur et “faire tache d’huile” en conduisant le secteur artisanal vers plus de performance. ” Pesée “artisanale” de l’or au Burkina-Faso. “Artisanal” weighing of gold in Burkina Faso. ©BRGM, 2002 comme moteur de développement économique régional dans les pays en développement. Le secteur semi-industriel peut, en effet, être une plate-forme de conception, d’utilisation, de diffusion de procédés innovants et donc de création d’emplois plus qualifiés. Profitant d’un cadre légal et réglementaire désormais plus incitatif, un nombre croissant d’entrepreneurs nationaux tentent de développer de petites opérations minières. Cependant, par manque de moyens, ces opérations se cantonnent souvent dans une logique d’artisanat amélioré et ne peuvent aboutir à une capacité suffisante d’investissement pour réellement changer d’échelle. Bien intégrées dans le tissu économique régional, ces petites mines peuvent pourtant servir de catalyseur et “faire tache d’huile” en conduisant le secteur artisanal vers plus de performance sous réserve de respecter les contraintes sociales et environnementales. Mais le “tout-économique” n’est pas une solution universelle.Ainsi,l’introduction d’un ensemble automatisé sur un site d’orpaillage au Burkina-Faso a entraîné la débauche de 350 manœuvres qui ramenaient chaque jour 450 ¤ au village - dans un pays où la moitié de la population touche moins de 0,38 ¤/jour. La petite mine devrait donc accepter “une clause de non-concurrence” avec l’artisanat et jouer un rôle de complémentarité en se tournant impérativement vers de nouveaux gisements et minéraux techniquement non accessibles au secteur artisanal. Ces nouvelles ressources ne pourront être reconnues qu’au prix de travaux d’exploration préliminaires bien adaptés mais trop coûteux pour les entrepreneurs locaux. Les projets d’appui doivent donc encourager les phases préliminaires de reconnaissance, de prospection et de certification de réserves de nouveaux sujets. Démarche adaptée au terrain Face à la plupart des problèmes identifiés, il existe des réponses et des solutions techniques. Mais dans le cas de la mine artisanale, il serait d’abord inopportun de chercher à l’éradiquer. Promouvoir des activités alternatives n’a de sens que dans le cadre d’une restructuration profonde de l’économie locale. Comment peut-on transformer cette activité choisie par défaut, de manière souvent temporaire, pour qu’elle contribue à un développement durable ? En fait, il semble toujours possible d’opter pour une démarche adaptée au terrain. Les travaux préalables au projet d’appui doivent comporter des études socioéconomiques et techniques approfondies qui feront émerger, d’un état des lieux bien compris, les besoins et les moyens d’actions appropriés. Artisanal mining, long since considered a harmful activity, is currently undergoing unprecedented expansion in several regions of the world. Furthermore, development-aid projects can no longer accept mere abandonment or resorting to alternative activities. The current context of sustainable development is devoted to proposing realistic means of action. Two main lines of action, apparently antagonistic but which must nevertheless evolve in a complementary manner, have emerged: providing support to communities and encouraging small-scale mining. The harmful effects of artisanal mining have for many years been publicised by development-related institutions who considered that the informal mining sector had no significant economic consequences. The idea of integration only surfaced recently along with a generalised increase in awareness. It is thus becoming more and more accepted that a growth in small-scale mining could play a fundamental role in local and regional development. Bibliographie : L.R. Blinker (1997). "Environnemental management of small-scale and artisanal mining sites in developing countries – Latin América and the Caribéean region". – UNEP IE/UNIDO Consultancy report. – T. Hentschel, F. Hruschka, M. Priester (2002). "Global report on Artisanal and Small-scale Mining". MMSD, n° 70, p.67 – J. Holloway, (1995). "The small-scale mining sector in Africa : restructuring for Profitability. "Natural Resources Forum, vol. 10, n°3. – I.L.O. (1999). "Social and Labour Issues in Small-scale Mines". Report for the Tripartite Meeting on Social and Labour Issues in Small-scale Mines. ILO Geneva, 99 pp. – E. Jaques (2001). "La mine artisanale en Afrique : aspects techniques et environnementaux". CIFEG, Publication Occasionnelle 2001/37, pp. 87-93. – E. Jaques, B. Zida (2004). "La filière artisanale de l’or au Burkina Faso : bilan, perspectives d’évolution et recherche de cibles pour le développement de petites mines", Séminaire de Ouagadougou (Burkina Faso), 6 et 7 novembre 2003, CIFEG, Publication occasionnelle, n° 2004/39, pp. 41-59. – R. Noetsaller (1995). "Historical perspective and key issues of artisanal mining". Paper presented at International Round Table on Artisanal Mining, Washington, D.C. – U.N.C.T.A.D. (1997). "Management of commodity resources in the context of sustainable development : gouvernance issues for the mineral sector". pp. 37-43. ©BRGM im@gé - D. Thiéblemont cartes géologiques et minières Les cartes géologiques représentent un outil important pour la connaissance des ressources du sous-sol et le développement des pays. Elles sont également de véritables œuvres scientifiques intégrant des données toujours plus fines et plus nombreuses issues des technologies de pointe. Dotées d’un impact industriel fort, ces cartes pèsent d’un poids nouveau pour l’exploration ou l’exploitation des matières premières. Les cartes géologiques et minières outils de développement industriel : l’exemple de l’Afrique de l’ouest afrique 72 Denis Thiéblemont Géologue spécialiste des roches magmatiques. Service Connaissance et diffusion de l’information géologique - BRGM [email protected] Jean-Pierre Milesi Géologue-gîtologue - Adjoint au chef de service Ressources minérales - BRGM [email protected] Christian Castaing Géologue spécialiste en géologie structurale Service Connaissance et diffusion de l’information géologique - BRGM [email protected] EN COLLABORATION AVEC : Mario Billa Géologue Service Ressources minérales - BRGM Emile Kaboré Géologue minier BUMIGEB - Ouagadougou,BURKINA FASO D epuis près d’un siècle, la recherche de gisements a été le principal moteur de la connaissance géologique de l’Afrique de l’Ouest. En 1911, la première synthèse à l’échelle du 1/5 000 000 [Hubert, (1911)] (Fig. 1) ignore de nombreuses "terra incognita", mais donne déjà une répartition assez exacte entre socles et bassins sédimentaires. Plus tard, les levés de l’administration coloniale aboutissent à une couverture partielle du sous-continent à des échelles variant du 1/1 000 000 au 1/200 000. Dans les années 1970-1980, cette couverture bénéficie de nombreux travaux "d’inventaires miniers" ou de recherche, de nouvelles cartes sont publiées et d’autres largement révisées. En 1989, la carte des minéralisations aurifères au 1/2 000 000 publiée par le Brgm [Milesi et al., (1989)] et la carte géologique internationale de l’Afrique éditée par l’UNESCO au 1/5 000 000 mettent provisoirement fin à cette phase active de la recherche géologique en Afrique de l’Ouest. Un regain d’intérêt pour la cartographie géologique se manifeste à la fin des années 1990 avec notamment la reprise des investigations du BRGM en collaboration avec les services géologiques locaux et grâce aux financements institutionnels. L’échelle des cartes est généralement le 1/200 000 et leur emprise le degré-carré. Des synthèses au 1/500 000 ou 1/1 000 000 sont souvent publiées à l’issue des projets. l’exemple de l’afrique de l’ouest Installation du bivouac lors d’une campagne de cartographie dans le désert mauritanien. Setting up a field bivouac in the Mauritanian desert. ©BRGM - D. Thiéblemont ” Le secteur minier garde un fort impact industriel dans les pays en voie de développement où l’ouverture d’une mine peut constituer une source de devises importante. L’objectif des nouvelles cartes est essentiellement de faciliter la mise en valeur des ressources des pays, et de ce point de vue, les progrès qu’elles apportent sont jugés pertinents. Une discipline en constante évolution Tout en cherchant à stimuler l’investissement industriel, les cartes géologiques et minières sont avant tout des œuvres scientifiques répondant à des critères d’évaluation précis. Fondamentalement, une carte est une représentation ordonnée du sous-sol fondée sur des concepts scientifiques et dont la réalisation repose sur la reconnaissance des "entités" constitutives du sous-sol, la détermination de leur répartition géographique et de leurs rapports mutuels. Ainsi, une carte géologique comprend une légende qui inventorie et décrit les formations, une carte qui donne la projection de ces formations sur la surface topographique et des coupes géologiques qui en décrivent l’organisation en profondeur. Le travail de terrain n’est pas toujours facile, le géologue doit répondre à de multiples questions et mener une enquête patiente et minutieuse afin que toutes les données paraissent s’emboîter de façon harmonieuse. Dans ce travail, les méthodes analytiques (chimiques, physiques et datations radiométriques…) prennent de Aujourd’hui, la carte géologique est totalement informatisée et prend place dans un "système d’information géographique" (SIG) qui donne accès à l’ensemble des données géologiques sous forme de "couches" séparées et superposables. La "résolution" de cette information est dépendante de l’échelle. Au 1/1 000 000, une formation affleurant à la surface sur une épaisseur de 100 m représenterait 1/10 de millimètre, soit un trait à peine perceptible alors qu’au 1/1 000 la même formation est figurée par un ruban de 10 cm de large. Une carte au 1/200 000 est donc peu apte à rendre compte de la forme de gisements dont la surface est rarement supérieure à la centaine de mètres. De fait, l’objectif des cartes géologiques n’est pas uniquement de déterminer les contours des formations et d’y localiser les gisements, mais également de rendre compte de l’organisation du sous-sol. Sur ce point, le renouvellement de la cartographie est fondamental et correspond aux attentes des institutions internationales : c’est en retournant sur le terrain que l’on peut actualiser les données et les mettre en phase avec l’évolution des techniques et des concepts géologiques. Cartographie géologique et concepts métallogéniques L’étude des gîtes minéraux procède de la "métallogénie" (ou "gîtologie") et consiste à superposer sur les "SIGs" une couche d’information spécifique qui comprend les "occurrences" (ou "gîtes") de l’ensemble des “ ” C’est en retournant sur le terrain que l’on peut mettre en phase les techniques et les concepts. Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 “ Les cartes géologiques et minières sont avant tout des œuvres scientifiques répondant à des critères précis. plus en plus d’importance. Ainsi, la prise d’information et d’échantillons sur le terrain n’est qu’un des éléments de la chaîne qui associe un ensemble de spécialistes et d’outils allant du plus simple au plus complexe. Néanmoins, le travail de terrain, la rigueur et l’intuition du géologue constituent toujours le socle de la connaissance. 73 cartes géologiques et minières substances minérales connues dans l’emprise de la carte. Ces occurrences sont des "indices" devenant "gisement" quand une masse significative de métal économiquement exploitable est mise en évidence et "mine" lorsque le gisement est exploité industriellement. Cette exploitation dépend aussi de paramètres économiques (niveau des cours) ou politiques qui en déterminent la rentabilité. Le statut d’indice ou gisement d’un dépôt métallique ne dépend pas uniquement de paramètres technicoéconomiques. L’évolution des connaissances et les progrès conceptuels "impactent" fortement la filière minière : les gisements d’aujourd’hui n’étaient souvent hier que des indices, voire des affleurements sans intérêt. Ainsi pour l’or, les cibles minières d’avant 1975 contenaient plus de 10 t d’or avec une teneur d’au moins 10 g/t (gisements dits de "faible tonnage et forte teneur"), aujourd’hui l’or ne représente parfois que quelques g/t dans des gisements dits de "fort tonnage et basse teneur". 74 Ces changements ont modifié les paramètres pris en compte dans les cartes géologiques. Dans le cas de gisements à basse teneur, l’or peut ne pas être visible mais être présent dans des "halos" (zones portant la trace d’altérations chimiques des roches),qui traduisent l’activité de fluides chauds (dits "hydrothermaux" : eau+chlore+sulfates…) ayant circulé et transporté l’or. L’identification de ces halos sur la carte est donc indispensable, même si l’or n’y a pas été directement observé.Ainsi,la carte d’aujourd’hui inclut la description des occurrences minéralisées, mais aussi un ensemble d’informations pertinentes quant à l’existence de tel ou tel type de gisement. Les cartes inventorient les gisements et indices, qu’elles placent dans une couche propre. Cette information (Fig. 2) porte sur le type, la forme, la taille économique et la géométrie des gisements et, plus exceptionnellement, sur leur position dans l’histoire géologique. La définition de la typologie d’un gisement découle de l’observation d’un certain nombre de caractères à la fois "lithologiques", géométriques, morphologiques ou autres. Des amas massifs de minéraux sulfurés (pyrite, calco-pyrite) associés à certaines laves sous-marines sont ainsi attribués au type dit "VMS" (volcanogenic massive sulfide), exploité pour le soufre et les métaux de base mais qui présente également de fortes potentialités pour l’étain ou l’or. La morphologie d’un gisement participe à la définition de son type, mais aussi de son volume. Un gisement “ ” Les gisements d’aujourd’hui n’étaient souvent hier que des indices, voire des affleurements sans intérêt. l’exemple de l’afrique de l’ouest 75 La taille économique d’un gisement peut être "grosse", "moyenne" ou "petite" en fonction de lexiques internationaux. La géométrie est déterminante sur la taille et le mode d’exploitation. Une étude détaillée sur le positionnement du gisement en profondeur, son inclinaison, sa profondeur ou la présence de failles détermine sa rentabilité. Finalement,la détermination de la position du gisement dans l’histoire géologique consiste à l’attribuer à un "événement minéralisateur" qui témoigne d’un processus géologique particulier : intrusion d’un certain type de granite, fonctionnement de failles d’une certaine orientation… Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 peut être "filonien", "stratiforme" (amas intercalé entre les couches géologiques), "disséminé" (substance "imprégnant" un média rocheux) ou autre. Ces informations sont stockées dans des bases de données qui donnent le "nom" du gîte et sa description. La maintenance de ces bases suppose une réactualisation permanente des informations et une adaptation des architectures informatiques. Les cartes géologiques modernes distinguent des couches et structures particulières (dites "à valeur métallifère" ou "métallotectes") dont l’étude a révélé l’association privilégiée avec des minéralisations. La représentation de ces métallotectes enrichit la carte géologique et en matérialise les "potentialités métallifères". Leur définition dépend étroitement de la qualité de l’expertise des gîtologues et des concepts métallogéniques. > L'identification de zones à potentiel métallifère nécessite de modéliser les paramètres géologiques, gîtologiques, géophysiques et géochimiques associés aux métallotectes et contrôlant la répartition de gîtes déjà connus. Mais il faut également extrapoler ces paramètres à l’échelle de la carte afin d’identifier des zones analogues. Fig. 1 : Extrait de la carte géologique de l’Afrique occidentale réalisée en 1911 par Hubert à l’époque coloniale. Le rectangle matérialise l’emprise de la carte de la figure 2. Fig. 1: Extract from the Geological Map of West Africa produced by Hubert in 1911, during the Colonial period. The rectangle marks the area of the map shown in Figure 2. Fig. 2 : Extrait de la carte géologique du Burkina Faso (12-13°N, 1°W-1°E) réalisée en 2003 sous financement de l’Union Européenne. Fig. 2: Extract from the Geological Map of Burkina Faso (12-13°N, 1°W-1°E) produced in 2003 with European Union funding. Source : Castaing et al., 2003 La modélisation consiste à établir une combinaison d’éléments appartenant à différentes couches d’information afin de donner une "signature" discriminante aux zones minéralisées. L’extrapolation consiste à rechercher cette signature dans des zones sans gisement connu, ce qui nécessite des outils informatiques de gestion des données géographiques, des outils de croisement de ces données, ainsi qu’une solide expertise gîtologique. L’expert définit les procédures de traitements, sélectionne, quantifie les critères à prendre en compte et valide les résultats en tenant compte des limitations méthodologiques. Les résultats dépendent de l’échelle ; une approche au 1/200 000 permet de révéler des secteurs favorables pour une campagne d’échelle "stratégique", en revanche, l’implantation d’un sondage procède d’une approche "tactique" dont l’échelle d’application est celle du gisement (au plus le 1/1000). “ L'identification de zones à potentiel métallifère nécessite de modéliser les paramètres géologiques, gîtologiques, géophysiques et géochimiques. ” > cartes géologiques et minières 76 Fig. 3 : synthèse géologique de l’Afrique de l’Ouest mettant en évidence la prépondérance de gisements de diamant ( ) et de fer ( ) dans les terrains archéens ( ), d’or ( ) dans les terrains paléoprotérozoïques (dits aussi “birimiens” ) et de bauxite dans les terrains plus récents ( )”. Source : BRGM - Milesi et al., 2004 Fig. 3: The Geological Synthesis of West Africa stresses the preponderance of diamond ( ) and iron ( ) deposits in the Archean domain ( ), of gold deposits ( ) in the Paleoproterozoic domain (also known as “Birimiam”, ), and of bauxite deposits in the more recent sediments ( ). l’exemple de l’afrique de l’ouest Campagne de reconnaissance et de cartographie dans le Nord-Est de la République islamique de Mauritanie, dans le cadre du Projet PRISM (Projet de Renforcement Institutionnel du Secteur Minier). Exploration and mapping survey in the northeast of the Islamic Republic of Mauritania, as part of the PRISM (Project for Institutional Reform of the Mining Sector) project. ©BRGM im@gé - G. Stein Plus généralement, les résultats obtenus par les traitements multi-critères témoignent du contrôle étroit exercé par les paramètres strictement géologiques sur les minéralisations (Fig. 3) et fondent la notion de "marqueur à valeur métallifère".Parallèlement,l’analyse de l’histoire géologique permet d’attribuer une signification dynamique aux marqueurs en les rattachant à un environnement géologique particulier. À l’exemple de la carte des minéralisations aurifères d’Afrique de l’Ouest publiée en 1989 par le BRGM, une évaluation réalisée en 1998 pour le compte du Ministère des Affaires Etrangères [Michel, (2000)] témoigne d’une réelle pertinence industrielle des travaux d’exploration menés par la France en Afrique de l’Ouest. En effet, des centaines de milliers de km2 sont désormais mieux connus grâce à la cartographie géologique qui a permis la découverte de nombreux gisements d’or (Guinée, Côte d’Ivoire), de fer (Guinée) et phosphates (Sénégal, Guinée Bissau, Gabon). La pertinence des travaux du BRGM s’exprime notamment par la nouvelle carte minière nationale du Burkina Faso [Castaing et al., (2003)] qui a d’ores et déjà entraîné la prise de quatre nouveaux permis d’exploration [Marchés tropicaux, (2004)]. Ainsi, les cartes géologiques et minières d’aujourd’hui ne sont donc pas uniquement des "œuvres scientifiques" de qualité, mais également des outils d’exploration opérationnels dont l’impact industriel est important, en particulier dans les pays en voie de développement où l’ouverture d’une mine peut peser fortement sur l’économie nationale. “ Il convient de donner aux pays les moyens de s’approprier la connaissance. ” Une priorité : la formation La géologie progresse sans cesse dans ses techniques comme dans ses concepts. Ces avancées donnent un cadre toujours plus précis aux minéralisations, permettant de passer d’une approche factuelle à une approche prédictive. D’un point de vue scientifique et technique, le développement est donc indéniable. En termes d’impact industriel, l’intégration de paramètres sociétaux, économiques ou environnementaux aux cartes et SIGs modernes, représente une voie d’avenir car ils sont fondamentaux pour évaluer la rentabilité des gisements ou pour le développement harmonieux des pays. Néanmoins, un SIG est un système vivant qui suppose une actualisation constante des données comme des outils informatiques, ce qui nécessite un effort important de formation. L’article évoqué plus haut chiffrait à plus de mille le nombre d’Africains formés par la France sur la période 1975-1995 et jugeait ces hommes et femmes "globalement en position dans le secteur minier". Ce résultat peut sembler flatteur et les personnes formées constituent effectivement un vivier de cadres locaux pour les opérateurs miniers. Cependant, ce chiffre ne saurait masquer une difficulté persistante d’un certain nombre de pays en voie de développement à maintenir leur infrastructure technique. Ceci est d’autant plus vrai que ces pays, dont les besoins sont multiples et les économies fragiles, souffrent plus particulièrement des variations erratiques des cours des matières premières. Rendre le développement durable, ce n’est donc pas uniquement faire progresser la connaissance géologique, c’est également donner aux pays les moyens de s’approprier cette connaissance par le maintien de l’infrastructure technique, des personnels nécessaires et des ressources financières indispensables. Development agencies, since the end of the 1990s, have been expressing renewed interest in geological mapping, possibly because of the need for new maps to update their basic knowledge on a region's mineral potential. However, far from being a mere inventory, the geological map is a scientific document that incorporates the most recent advances in analyses, measurements and geological concepts; progress that is relevant for mineral exploration. Today's maps attempt to define a causality that takes into account both the history and the structure of the subsurface. It is a quest that is important for exploration because it enables one to determine the potential for undiscovered mineral deposits. Moreover, geological mapping has benefited from the considerable advances made in the field of information processing. The maps are now 'geographic information systems' structured into separate layers that can be crossed to allow an increasingly deterministic approach in the exploration for raw materials. Proof of the relevance of modern maps is provided by looking at their industrial impact. Nevertheless, for such advances to be translated effectively into development, it is necessary that the countries appropriate the knowledge and ensure that they have both the trained personnel and the means necessary to permanently maintain the scientific and technical infrastructures. Bibliographie : Castaing C. et al. (2003). Carte géologique et minière à 1/1 000 000 du Burkina Faso et notice explicative, 3ème édition. Ministère des Mines des Carrières et de l’Energie – Hubert H. (1911). État actuel de nos connaissances sur la géologie de l’Afrique Occidentale. Carte géologique et notice explicative (8 p.). Émile Larose Librairie-Editeur, Paris – Marchés Tropicaux (2004). Burkina Faso : Jilbey Gold a acquis 4 nouveaux permis d’exploration. n° du 13 février 2004, p. 323 – Michel G. (2000). L’évaluation de la politique française d’aide dans le secteur minier. Marchés Tropicaux, n° du 14 janvier 2000, pp. 45-46 – Milesi J.P. et al. (1989). West African gold deposits in their Lower Proterozoic lithostructural setting. Chron. Rech. Min., Orléans, 497, pp. 3-98. – Milesi et al.(2004). Géologie et principaux gisements de l’Afrique à 1/ 10 000 000, Congrès de géologie africaine 2004. points de vue croisés points de vue L’activité minière est-elle compatible avec les exigences liées au respect de l’environnement et aux conditions du développement durable ? E 78 ©BRGM im@gé - F. Michel points de vue croisés n ce début de XXIème siècle, les industries extractives et l’exploitation des minerais sont une composante essentielle du mode de vie moderne et représentent un secteur majeur des économies mondiales. La consommation de métaux est en croissance constante alors que de nombreuses mines ferment ou sont arrêtées en Europe. L’exploitation minière est de plus en plus contestée sur le plan environnemental et est confrontée à des exigences sociales croissantes. Ceci suggère que la gouvernance publique et la gouvernance des entreprises, comme piliers du développement durable, ne sont pas qu’éthiques, mais qu’elles demandent aussi des moyens humains, matériels, technologiques et financiers supplémentaires. Comment intégrez-vous ces exigences nouvelles et quelles sont les perspectives que vous imaginez dans ce contexte ? Bertrand Collomb PDG de Lafarge “Développer l’expertise environnementale” “C’est une vraie question pour un groupe comme le nôtre, très impliqué dans des activités de carrières. Dans certaines régions, notamment l’Ilede-France, se dessine pour les années à venir une pénurie de granulats : les carrières ferment progressivement autour de Paris faute de permis d’exploitation, sans que des sources d’approvisionnement alternatives n’émergent. L’Ile-deFrance consomme déjà une forte proportion de matériaux recyclés, et pourtant 40 % de sa demande est satisfaite par les régions voisines. Ceci s’explique par une réticence de plus en plus grande à accepter les impacts induits au niveau local par les activités extractives, tel le bruit ou la modification du paysage et des écosystèmes. Au-delà de ces impacts environnementaux, ces activités se retrouvent souvent en compétition avec d’autres usages possibles des terrains : extension des zones urbaines ou agricoles, zone naturelle protégée... Pourtant, il apparaît clairement, et les collectivités locales le reconnaissent elles-mêmes, que l’activité extractive est indispensable au développement de la société : la construction et la rénovation d’infrastructures de transport, de logement, d’éducation, de santé... répondent aux attentes légitimes de notre monde moderne et constituent des conditions de notre développement durable. Il est donc essentiel, malgré les difficultés que cela engendre, de trouver des solutions pour rendre compatible l’activité extractive, avec le respect de l’environnement. Ces solutions existent : elles passent par un dialogue permanent et construit avec les populations et par le développement d’une véritable expertise environnementale en matière d’exploitation et de réhabilitation de carrières.” Bertrand Collomb est Président-Directeur Général de Lafarge, leader mondial des matériaux de construction présent dans 75 pays avec un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros en 2003. Ancien élève de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole des Mines de Paris, il est également licencié en droit et a obtenu un PhD de Management (Université du Texas). “L’extraction de nos sous-sols est un sujet de plus en plus sensible qui fait l’objet de contraintes réglementaires croissantes pour protéger les citoyens et ménager la nature. Sous peine de ne plus être acceptées, les industries extractives doivent intégrer ces exigences nouvelles pour continuer à répondre à la demande dans des conditions acceptables par la société. Mais cette prise en compte de la “société” génère des coûts, ceux de dispositifs de plus en plus sophistiqués, dans un cadre éventuellement plus contraignant que la loi. Plus généralement, y a-t-il compatibilité entre développement durable et extraction du soussol ? Les réserves d’un gisement sont, par essence, épuisables, mais cela signifie-t-il que nous devrions freiner toute activité consommatrice de tout produit venant d’une source épuisable? Chaque Français consomme chaque année, en moyenne, sept tonnes de matériaux extraits du sous-sol et il faut bien que des entreprises se chargent de satisfaire ce besoin là ! La question n’est donc pas tant de savoir si l’on doit consommer moins, ou arrêter tout développement pour faire durer, mais de consommer différemment. À l’image de la Chine, l’accélération exponentielle de certaines économies au cours de ces dernières années oblige à poser ces questions. Mais comment mettre en œuvre de tels programmes, une telle solidarité, une telle vision commune à l’échelle planétaire ? Cela me paraît être l’un des grands défis du siècle qui vient.” Jean Crespon, président de la société OMYA (société industrielle de minéraux et matériaux de carrières) est ingénieur ECP, Master of Science in Metallurgy (Case Tech, Cleveland USA). Jean Crespon Président d’OMYA Guy Vattier Président de l’APSRM “Faire le deuil du passé” “Il suffit d’observer la carte de France pour prendre conscience que nous sommes un pays minier avec tout ce que cela comporte de responsabilités, d’expérience, d’organismes et de personnels hautement qualifiés. Ce sont des atouts précieux dans un monde où la consommation de minerais ne cesse d’augmenter. L’exploitation minière pose des problèmes spécifiques car le simple fait de creuser le sous-sol provoque une déstabilisation inévitable avec des risques d’effondrements en surface, ce qui doit être intégré dans les réflexions urbanistiques sur nos territoires. Le deuxième impact de l’exploitation minière concerne l’étiage des cours d’eau avec des débits modifiés chaque fois qu’il faut assurer l’exhaure, ce qui peut entraîner des problèmes sanitaires ou environnementaux. La troisième donnée est celle de l’organisation sociale des cités minières avec une forme de rapports humains et économiques particuliers : afflux de populations d’origines variées, urbanisme dédié, activités périphériques, psychologie et sociologie spécifiques, etc. Ces particularités, qui font partie intégrante de la réflexion des responsables, prennent une dimension supplémentaire à la fin de l’exploitation lorsqu’il devient nécessaire de conduire les indispensables reconversions. C’est à ce moment qu’il faut trouver un bon équilibre entre le devoir de mémoire auquel les mineurs sont légitimement attachés et la nécessité de ne pas enfermer les jeunes générations dans une nostalgie paralysante. Car, in fine, il convient de faire le deuil du passé pour accepter l’avenir.” Guy Vattier fut député, vice-président du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle. Viceprésident du Conseil Régional de Lorraine. Il est aujourd’hui Président de l’Agence de Prévention et de Surveillance des Risques Miniers - Maire de BRIEY. 79 Géosciences • numéro 1 • janvier 2005 “Consommer différemment” chiffres clés chiffres clés ©BRGM - M. Marenthier Au cours d’une vie de Valeur L’industrie extractive mondiale déplace annuellement 17 800 millions m3 de roches, soit l’équivalent de ce qui est déplacé par le reste des activités humaines (génie civil en particulier) ; ou l’équivalent de la moitié de ce qui est déplacé par l’érosion naturelle. Ce volume représente l’équivalent d’une pyramide à base carrée de 3,8 km de base et de hauteur. Indice CRB des matières premières sur cinq ans. Tiré par la croissance chinoise, l’indice données au 19 oct. 2004 financier CRB qui est composé par une vingtaine de matières premières industrielles a connu une croissance de plus de % depuis le creux de 2001. Une augmentation de la valeur de tous les métaux a permis de relancer l’activité minière mondiale dans un nouveau cycle d’investissements. CRB Index (CRBIN-I) 280 260 50 240 220 200 oct. mars août 1999 2000 janv. 2001 juin nov. avril sept. fév. 2002 2003 juil. déc. mai 2004 oct. 70 ans un européen moyen consomme : 160 000 kg de sables et graviers > 1 090 000 kg de pétrole > 140 000 kg de fer > 130 000 kg de sel > 16 000 kg d’aluminium > 12 000 kg de phosphates > 680 kg de cuivre > 600 kg de potasse > 360 kg de plomb > 343 kg de zinc >3 260 000 emplois dans l’industrie minérale européenne dont 200 000 dans le secteur des matériaux et minéraux de construction. 4,7% : Rentabilité moyenne de l’investissement minier (1973-2001) Moyenne des investissements du marché mondial :7,4%. 10 % chiffres cles de la production électrique mondiale sont consommés par l’industrie minière. 80 15 millions d’emplois directs dans l’ensemble de l’industrie minière mondiale, soit 11 % des emplois dans l’industrie. 13 millions de personnes travaillent dans les petites mines et l’artisanat minier dont 4 à 6 millions en Afrique où la participation féminine est la plus importante (30 à 40 %). 150 millions de tonnes Consommation européenne annuelle de métaux soit 25-30 % de la production mondiale. Part du recyclage dans la consommation des substances minérales en Europe : > 33 % : Aluminium > 50 % : Plomb > 45 % : Cuivre > 38 % : Acier divers > 70 % : Verre à bouteilles > 65 % : Décombres de construction 330 gisements d’or sont connus dans le monde dont 130 sont exploités. Cela représente 45 000 tonnes d’or (15 ans de production mondiale). les brèves du brgm brèves Pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) Réalisation d’une banque de données minières (http://mines.acp.int/) à la demande du Secrétariat Général pour les pays ACP (79 Etats). Cette banque est mise à la disposition des états et des investisseurs en général. Elle doit permettre, à terme, un développement accru de l’industrie minière des états ACP. Ouganda Biograv, un brevet mis au point par le BRGM pour traiter de la pyrite. Serbie Réalisation de la numérisation de l’inventaire des ressources du sous-sol serbe ainsi que l’actualisation de la législation minière de ce pays. Dans le cadre d’un contrat FASEP (Fonds d’étude et d’Aide au SEcteur Privé), ce programme financé par la France permet de réaliser un Système d’Information Géographique (SIG) du secteur minier et de proposer des axes de modernisation de la législation minière. Ces travaux montrent que la Serbie dispose d’un potentiel intéressant en plomb, zinc, cuivre et or. La nouvelle Nesmi (Network on European Sustainable Mining and processing Industries) Un programme européen de recherche pour fédérer les différents acteurs du secteur de l’industrie minérale. Ce programme est destiné à favoriser l’information et les échanges entre tous les industriels de la chaîne minière, les producteurs ou les équipementiers ainsi que les universitaires, les organisations gouvernementales et les bureaux d’études afin de mieux répondre aux attentes de l’Europe en terme de développement durable. NESMI est coordonné par un comité de pilotage dont le BRGM est membre et dont le consortium industriel charbonnier allemand DMT est leader. Shemaca Ce projet doit permettre d’approvisionner en granulats et en autres matériaux de carrière des milliers de chantiers du BTP, en conciliant aménagement et développement durable. Schemaca va intégrer dans une même base de données géographiques, l'ensemble des données concernant l'exploitation et l'usage des matières premières naturelles. En rassemblant et en homogénéisant des données souvent disparates et dispersées dans une centaine de schémas départementaux des carrières, Schemaca propose un outil capable, en mettant en relief les flux de matière et leurs impacts socio-économiques, de développer au niveau national des scenarii d'approvisionnement pour l'aménagement du territoire. Ecomine La revue d'actualité des minerais et des métaux réalisée par le BRGM pour le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie a connu d'importantes évolutions qui ont permis de moderniser sa présentation et son accessibilité au grand public. Ecomine est désormais d'accès gratuit à partir du site du Ministère : http://industrie.gouv.fr/energie. Parallèlement, le portail français sur l'Industrie Minérale http://www.mineralinfo.org qui est développé et maintenu par le BRGM permet au public d'avoir un accès aux archives d'Ecomine et d'obtenir des informations sectorielles sélectionnées (recueil d'actualités, statistiques, informations sur les gisements et les minerais), dont certaines sont accessibles par un moteur de recherches. Auvergne Établissement d’une cartographie des zones de roches massives et de leurs caractéristiques géologiques et géotechniques afin de trouver des matériaux de substitution aux granulats alluvionnaires dans le département du Puy-de-Dôme. Convention Chine L’impact sur le marché mondial des matières premières de la croissance des principales filières chinoises productrices ou utilisatrices de métaux soutient le développement des activités d'intelligence économique du BRGM. Sur la base d'une convention d'étude passée avec la Direction des Ressources Energétiques et Minérales, le BRGM informe périodiquement le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie des évolutions prévisibles sur ces marchés. les brèves du brgm Beaucoup de process du BRGM sont aujourd’hui fondés sur les biotechnologies. Biograv a été mis au point pour traiter 1 million de tonnes de pyrite, résidu d’une usine de cuivre contenant 1,2 % de cobalt. C’est à partir de l’identification d’une bactérie capable de dissoudre les sulfures que le procédé d’extraction du cobalt a été conçu. Coup double : la pyrite a été rendue inoffensive pour l’environnement et le cobalt valorisé. loi minière mise en place contribue désormais à l’ouverture du secteur minier serbe à l’investissement privé national et international. 81 prochain numéro > été 2005 l’eau souterraine Siège Tour Mirabeau 39-43 quai André Citroën 75739 Paris Cedex 15 - France Tél. : (33) 1 40 58 89 00 - Fax : (33) 1 40 58 89 33 Centre scientifique et technique 3, avenue Claude Guillemin - BP 6009 45060 Orléans Cedex 2 - France Tél. : (33) 2 38 64 34 34 - Fax : (33) 2 38 64 35 18 www.brgm.fr