Édition 2011-05-01 (PDF document)

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Édition 2011-05-01 (PDF document)
Numéro 65 - mai - juin 2011
Les
NOUVELLEs
ROUMANIE
de
SOMMAIRE
A la Une
Schengen, Nucléaire
Lybie, Wikileaks
Lettre d’information bimestrielle
2 et 3
4 et 5
L
Actualité
Vie internationale
Moldavie
Politique
Economie
Social
6 à 11
11 et 12
13 à 16
17 à 19
Société
Evénements
20 et 21
Vie quotidienne
22 à 24
Faits divers, Enseignement 25 à 27
Santé, Sports
28
Carnet
29
Dossier Magyars
30 à 39
Minorités
40
Religion, Environnement
41 à 42
Insolite
43
Connaissance
et découverte
Centenaire Cioran
Livres
Cinéma, Musique
Tourisme
Patrimoine, Médias
Francophonie, Echanges
Humour, Abonnement
Coup de coeur
Le désamour franco-roumain
44 à 49
50 et 51
52 et 53
54 et 55
55
56 et 57
58 et 59
60
a France, et surtout les Français, sont un sujet de curiosité permanent pour
la presse roumaine, même si les liens avec les Roumains se sont distendus
depuis une dizaine d'années. Il ne se passe guère de jours sans que leur
actualité ne soit commentée. A coup sûr, avec les USA, la France continue à occuper
la première place dans les chroniques réservées à l'étranger.
Chaque initiative de Nicolas Sarkozy y est rapportée, provoquant étonnement ou
haussement d'épaule. Que ce soit la sortie d'un film à Paris, la controverse hexagonale provoquée par un livre, la polémique déclenchée par le voile islamique, les grèves
qui paralysent le pays, les emportements de Brigitte Bardot sur la condition animale,
tout est prétexte à exégèse… avec souvent un sourire en coin. Ah ces enfants gâtés,
qui ont la chance d'avoir plein de caprices !
Mais dernièrement cette - finalement - bienveillance s'est transformée en incompréhension à la suite de la position intransigeante de Paris, refusant l'ouverture de
l'Espace Schengen à la Roumanie au 1er mars dernier, ainsi qu'il était initialement
prévu. Certes, aujourd'hui, une solution progressive semble se dessiner et la France
calme le jeu. Mais, même si cette rebuffade avait finalement assez peu de conséquences pratiques, la brutalité de son annonce a blessé les Roumains, surtout venant de la
part du pays qui se présentait comme son meilleur ami… et est, tout à coup, passé dans
l'opinion publique au rang de nation la plus hostile, juste près la Russie !
Si bien des arguments avancés par Paris ont leur raison d'être - notamment le
sérieux doute émis, au vu de la corruption et l'incompétence ambiantes, sur la volonté et la capacité de Bucarest de faire entrer en application les mesures impliquées par
Schengen - leur présentation a été pour le moins malheureuse. Privés de liberté pendant des décennies, notamment celle de se déplacer sans contraintes, les Roumains
sont particulièrement sensibles à tout ce qui touche à se sujet. Que ce coup de Jarnac
vienne de la France, leur est apparu encore plus douloureux. Aujourd'hui, les deux
pays semblent entrés dans une relation du type "Je t'aime… moi non plus" !
Pour autant, l'intérêt des Roumains à l'encontre de la France n'a pas faibli. Et,
récemment, c'est un jeune homme de 93 ans qui a encore attiré leur attention. Le cri
du cœur de Stéphane Hessel, "Indignez-vous", et son succès de vente phénoménal
dans l'Hexagone ont conduit nombre d'éditorialistes de Bucarest à s'interroger: les
Français, jugés imprévisibles, déconcertants, seraient-ils donc prêts à reprendre la
Bastille? A moins que, non pas deux siècles mais vingt ans après leur "Révolution",
cette exhortation ne montre la voie aux Roumains dont, selon un sondage, la désespérance conduirait 41 % d'entre eux à voter pour Ceausescu aujourd'hui.
Henri Gillet
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Schengen
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La Roumanie fait payer les pôts
cassés aux entreprises françaises
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BUCAREST
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CERNAVODA
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Un malaise s'installe dans les relations franco-roumaines après les crispations sur le dossier de l'entrée de la Roumanie dans l'Espace Schengen, bloqué
par Paris. Plusieurs contrats de grande envergure qui devaient cimenter les rapports entre les deux pays viennent de partir en fumée. Le constructeur de routes
Colas, qui appartient au groupe Bouygues, s'est vu résilier par les autorités roumaines un contrat de plus de 200 M€.
S
Le Président Basescu
sur le site de la centrale nucléaire
de Flamanville, dans le Cotentin, en mai 2009.
La Roumanie rejoint
le Pacte pour l'euro
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Nucléaire
A la Une
Tous les quarante ans, la région est
secouée par un tremblement de terre…
CHISINAU
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SIBIU
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TARGU
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Pour Bucarest, la France
est devenue un pays hostile
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La Roumanie, ainsi que cinq autres pays non membres de la zone
euro, ont rejoint lors du sommet de
Bruxelles de mars le Pacte pour l'euro destiné à éviter de nouvelles crises de la dette, mais gardera sa politique fiscale.
L'harmonisation fiscale promue
par le Pacte Euro + "ne signifie pas
que nous devons avoir tous le même
niveau de taxes" a déclaré le
Président Basescu , "la Roumanie n'y
aurait jamais adhéré si son droit de
garder le taux unique d'imposition
avait été mis en question".
Bucarest a adopté en 2005 une
réforme fiscale basée sur l'introduction d'un taux unique d'imposition (flat
tax) de 16% sur les bénéfices des
compagnies et les revenus des particuliers, considéré par ses auteurs
comme un atout dans ses efforts
pour attirer des investissements
étrangers et par ses détracteurs
comme creusant encore plus le fossé
social et les injustices.
Adopté à la demande de Berlin, le
Pacte Euro + prévoit que les Etats
limitent strictement leur dette
publique ou plaident pour la modération salariale. Berlin y voit un gage de
discipline commune et en a fait une
condition pour accepter d'aider financièrement les Etats en difficulté.
igné en 2009, ce contrat devait financer la construction d'une partie de l'autoroute qui relie Bucarest à Constantsa. La ministre roumaine des transports,
Anca Boagiu, proche du président Traian Basescu, n'a pas été tendre envers
la société française. "Je ne peux pas discuter avec des interlocuteurs qui ne travaillent
pas mais qui demandent 8 millions d'euros de plus pour des travaux qu'ils n'ont même
pas entamés, a-t-elle déclaré le 11 avril lors d'une conférence de presse. Ceux qui veulent travailler en Roumanie sont les bienvenus, les autres n'ont qu'à partir".
De son côté, Colas jette la pierre aux autorités roumaines, qui n'ont pas résolu le
problème d'un site archéologique découvert en 2009 sur le tracé de la future autoroute. "Colas est empêché de réaliser les travaux, car la société est en attente de réponses aux propositions techniques et financières d'un nouveau tracé", précise un communiqué de l'entreprise française.
"Je les ai avertis depuis un mois, contre-attaque la ministre Anca Boagiu. Cela fait
maintenant sept mois qu'ils n'ont rien fait, ils n'ont même pas répondu à nos propositions". Depuis quelques jours, le ton ne cesse de monter entre les autorités roumaines
et le constructeur français. Colas a décidé de se retirer de Roumanie, laissant derrière
lui 4 000 chômeurs. Cette mésaventure n'est que la dernière d'une longue liste qui fait
état d'une profonde détérioration des relations franco-roumaines. En janvier, l'entreprise GDF-Suez s'est dissociée elle aussi d'un consortium qui devait assurer la mise en
fonction de deux nouveaux réacteurs de la centrale nucléaire de Cernavoda, ville située
au sud-est de la Roumanie.
Les retombées de Schengen
Le 21 décembre 2010, Paris et Berlin avaient envoyé une lettre à la Commission
européenne pour demander le report de l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à
l'espace Schengen, qui aurait dû avoir lieu en mars 2011. "Si la base de données de
l'espace Schengen tombe dans les mains de criminels organisés internationaux, c'est
toute la sécurité interne européenne qui s'efface", justifiait, le 20 janvier, le ministre
des affaires européennes, Laurent Wauquiez, lors d'une conférence de presse.
L'attitude de Paris a froissé les sensibilités roumaines, d'autant plus que, en 2008,
les présidents Nicolas Sarkozy et Traian Basescu avaient signé à Bucarest un partenariat stratégique entre les deux pays, une première en Europe de l'Est. Mais, depuis, la
Roumanie ne s'est pas pressée d'encourager les investissements français. En avril 2010,
le consortium Vinci-Aktor abandonnait le projet d'une autoroute roumaine estimée à
1,5 milliard d'euros.
Doté d'un tempérament à la hauteur de celui de son homologue français, le président Traian Basescu a progressivement durci le ton à l'encontre d'une France qu'il perçoit de plus en plus comme un pays hostile. Pendant que se multiplient à Paris les tirades sur le peu de sérieux de la Roumanie, à Bucarest les portes pour les investissements
français se ferment petit à petit. L'incapacité manifeste des présidents roumain et français à communiquer risque d'endommager le fort tissu économique que les deux pays
ont su tisser ces vingt dernières années.
Mirel Bran (Le Monde)
L'inquiétante centrale nucléaire de Cernavoda
La nuit, la vue est féerique. Des milliers de lumières illuminent la petite colline qui surplombe le Danube, à une soixantaine de kilomètres avant que le fleuve se jette dans la mer Noire. Mais quand le soleil se lève, la magie n'opère plus.
Cernavoda, ville située à 160 kilomètres à l'est de Bucarest, montre son véritable visage.
D
es HLM dessinent une ligne grisâtre sur les rives
fait beaucoup de dégâts.
du fleuve. Sur quelques routes défoncées et pous"Nous n'avons aucun problème de sécurité nucléaire, a
siéreuses défilent de vieilles voitures et des véhiassuré le directeur de la centrale, Ionel Bucur, lors d'une confécules tout-terrain dernier cri, et de temps à autre des carrioles
rence de presse le 23 mars, organisée une dizaine de jours
transportant des Roms. A la sortie de la ville, dans les champs
après le séisme japonais. En termes de sécurité, notre centraabandonnés, quelques bergers et leurs troupeaux de moutons
le figure parmi les premières au niveau mondial. Nos installacontemplent les réacteurs géants de la centrale nucléaire. Deux
tions sont fiables, le personnel est compétent et le résultat des
sont déjà en fonction, trois autres
évaluations est très bon".
restent en chantier.
Ce tableau rassurant est
L'accident nucléaire de la
contesté par la maire de
centrale japonaise de Fukushima
Cernavoda, Mariana Mircea.
ne semble guère perturber les
Cette femme, qui semble faire
20 000 habitants de Cernavoda
cavalier seul, ne mâche pas ses
qui affichent un mélange de résimots pour exprimer son inquiétugnation et d'impuissance. "Que
de. Et elle sait de quoi elle parle.
voulez-vous qu'on y fasse !, s'exDe 1990 à 2001 elle a travaillé
clame le vieil Ilie, un œil sur ses
dans la centrale, au titre du
moutons. Tout ça est au-dessus de
Département de la sécurité nationos têtes".
nale.
Au début des années 1980,
"J'ai démissionné, expliquelorsque Ceausescu décida de
Cernavoda : 100 000 ans de déchets nucléaires t-elle. A l'intérieur de la centrale,
pour le bateau de Greenpeace dépêché sur les lieux. on communique comme à l'extédoter son pays d'une centrale
nucléaire, ils n'ont rien pu faire pour l'en empêcher. Le pays
rieur, c'est-à-dire que tout va bien. Après ce qui vient de se
était verrouillé par la police politique et le Conducator avait
passer au Japon on aurait dû réunir les spécialistes et définir
promis aux habitants que cette centrale serait la plus sûre du
des procédures en cas d'urgence. Les employés de la centrale
monde. Contrairement aux autres pays du bloc communiste,
savent comment se protéger, mais rien n'est fait pour la popueux aussi désireux de produire leur énergie grâce au nucléaire,
lation de Cernavoda. Les événements du Japon devraient nous
il avait refusé la coopération avec Moscou et s'était tourné vers
servir d'exemple".
les Canadiens et la technologie de type CANDU, à base d'uranium non enrichi et d'eau lourde pressurisée. A plus long
Le directeur de la centrale a le pouvoir
terme, cette technologie devait permettre de fabriquer une
de destituer le maire s'il proteste trop
bombe. Mais Ceausescu disparaîtra sans réaliser son rêve de
disposer de l'arme atomique.
L'année dernière, la maire avait présenté un projet d'un
centre de commande pour assurer la communication en cas de
20 % des besoins en énergie du pays
désastre. Estimé à deux millions d'euros, il n'a jamais vu le
jour, les autorités nationales n'ayant pas d'argent et la centrale
A Cernavoda, le chantier des cinq réacteurs de la centrale
nucléaire refusant de le financer.
est alors arrêté. La Roumanie connaît une longue transition
"On fait des soi-disant simulations d'accidents, déplore
économique et politique aggravée par des pénuries. C'est seuMariana Mircea. Voilà comment ça se passe: je reste dans
lement en 1996 que le premier des cinq réacteurs entre en
mon bureau et j'attends une télécopie de la centrale qui me dit
fonction. Le deuxième suit en 2007. Les deux unités assurent
d'évacuer la population. Je veux bien l'évacuer, mais avec
environ 20 % des besoins en énergie de la Roumanie.
quoi? Nous n'avons pas de fonds pour une telle opération. Par
Mais les questions quant à la sûreté de la centrale se mulailleurs, les communications par télécopie seront coupées.
tiplient depuis la catastrophe de Fukushima, d'autant qu'elle
L'année dernière, le Danube a inondé la ville et je me suis
est construite dans une zone sismique. En moyenne, la
retrouvée sans télécopie, sans téléphone fixe, sans réseaux
Roumanie est secouée tous les quarante ans par un tremblemobiles et sans électricité… Le nucléaire est très rentable",
ment de terre dont l'épicentre se trouve dans la région de
conclut-elle. “D'ailleurs, le directeur de la centrale m'a dit de
Vrancea, à une centaine de kilomètres au nord de Cernavoda.
me calmer parce qu'il a le pouvoir de destituer un maire...".
Le dernier, qui a eu lieu en 1977 avec une magnitude de 7,2, a
(Lire la suite page 4)
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Roumanie-Libye
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(Suite de la page 3)
"Arrangements"
entre amis ?
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"Mon frère !
Tu seras mon frère pour toute la vie"
Kadhafi :
"Un Ceausescu africain"
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le gouvernement roumain voudrait mettre en fonction les autres
réacteurs de Cernavoda. Mais les
trois entreprises associées au projet
- GDF Suez, l'allemande RWE et
l'espagnole Iberdrola - se sont retirées en janvier 2011. Car les problèmes ne manquent pas.
Ainsi, en 2008, la centrale de
Cernavoda avait dû remplacer 300
amortisseurs censés stabiliser les
réacteurs en cas de séisme. Un
appel d'offres avait été lancé, sous
condition : les sociétés intéressées
devaient notamment afficher un chiffre d'affaires d'au moins dix millions
d'euros, censé garantir leur sérieux.
Remplissant cette clause, la
société allemande Lisega, reconnue
pour son expertise, avait fait acte de
candidature. Mais au dernier
moment, le gouvernement a supprimé cette condition liée au chiffre
d'affaires et proposé le contrat à la
société roumaine Titan Echipamente
Nucleare, société qui affichait en
2007, des pertes de plus d'un million
d'euros.
Lisega a contesté la décision,
mais les autorités de Bucarest ont
donné raison à la société roumaine.
Récemment, Ionel Blanculescu, exchef du groupe de contrôle du premier ministre au début des années
2000, a lui aussi émis des doutes
quant au choix de Titan Echipamente Nucleare. Malgré tout, le gouvernement roumain a indiqué vouloir
construire une deuxième centrale,
qui devrait voir le jour dans le centre
du pays. Mais depuis Fukushima,
rien n'est moins sûr.
La Roumanie a exprimé de fortes réticences face aux opérations militaires en
Libye. Une position qui s'explique peut-être par l'histoire des relations très particulières entre les deux pays. Ceausescu cultivait l'amitié de son "frère" Kadhafi. La
Libye aurait proposé à la Roumanie de financer la fabrication d'une bombe atomique, et Bucarest exportait toujours, ces dernières années, des armes vers
Tripoli...
L
a Libye plutôt que la France? La position de la Roumanie à l'égard de la Libye
a été plus que prudente. Mi-mars, à la fin du Conseil Européen dédié à la
situation dans ce pays, le Président Traian Basescu avait déclaré que la
Roumanie s'était opposée à une intervention militaire et à la reconnaissance du Conseil
National de Transition, l'opposition libyenne. La presse roumaine avait ensuite souligné
que les prises de position du président roumain avaient énervé Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel devant intervenir pour calmer les esprits...
Au début des bombardements français, le président roumain a fait une apparition à
la télévision publique TVR pour expliquer la position de la Roumanie. Beaucoup de
Roumains ont revécu l'époque des excellents rapports qu'entretenaient Nicolae
Ceausescu et son "frère" Muammar Kadhafi, ainsi que la grande collaboration entre les
services secrets des deux pays. Traian Basescu a déclaré qu'il n'avait aucune raison de se
prononcer sur la situation en Libye. Il avait toutefois souligné que la Roumanie "respectait la résolution de l'ONU", ajoutant que Bucarest s'exprimerait lorsque le plan des opérations de l'Otan aura été approuvé.
grande quantité de ces passeports en échange de passeports
américains et occidentaux de contrefaçon".
À partir de 1974, écrit Pacepa, une intense collaboration
aurait commencé entre les deux services d'espionnage sur, par
exemple, l'échange de passeports étrangers. "Pour l'organisation d'actions terroristes sous drapeau étranger (qui impliqueraient le régime de Tripoli) en Occident, le service d'espionnage libyen avait créé une vaste collection de passeports confisqués ou volés à des étrangers qui voyageaient ou travaillaient
en Libye. La direction des informations étrangères roumaine a
obtenu une grande quantité de ces passeports en échange de
passeports américains et occidentaux de contrefaçon".
Bombe nucléaire et armes bactériologiques
Selon Ion Pacepa, l'homme fort de Tripoli aurait en outre
proposé à l'État roumain de financer la production roumaine
d'armes bactériologiques et d'une bombe nucléaire de dimensions réduites. Le sujet d'une présumée collaboration nucléaire a été approfondi par la revue Historia qui rappelle la collaboration exceptionnelle entre Ceausescu et Kadhafi non seule-
Une photographie brute qui laisse un goût amer
Des centaines de bourses pour les étudiants libyens
Alors que Bucarest était suspendue aux décisions de l'Otan, la presse dépoussiérait
les souvenirs de ceux qui connaissent l'amitié entre Ceausescu et Kadhafi, écrivant beaucoup sur la mégalomanie, la paranoïa et l'obstination qui caractérisaient communément
Ceausescu et le leader libyen. "Un Ceausescu africain", ont titré certains journaux, "qui
risque aussi de finir fusillé". Jusqu'au dernier moment, Ceausescu avait rejeté la responsabilité des évènements aux "agenturile straine", les forces étrangères. De
même, le colonel Kadhafi s'est posé
en victime de complots étrangers.
Dans son livre, Orizonturi Rosii
(Horizons Rouges), Ion Mihai
Pacepa, ancien directeur-adjoint des
services roumains, expatrié aux EtatsUnis depuis 1978, où il vit toujours
sous une fausse identité, écrit qu'après
avoir reçu un cadeau de Ceausescu, le
colonel Kadhafi s'est exclamé: "Mon
frère ! Tu seras mon frère pour toute la vie". En visite à Tripoli, Ceausescu lui avait offert
un manuscrit original de la première traduction roumaine du Coran dans une boîte en
argent. Par la suite Ceausescu ne cessa de spéculer sur l'égocentrisme de Kadhafi en lui
offrant coup sur coup des centaines de bourses d'étude pour les étudiants libyens intéressés d'étudier en Roumanie, en envoyant des professeurs en Libye pour aider à éradiquer
l'analphabétisme, construire un hôpital, etc…
À partir de 1974, écrit Ion Pacepa, une intense collaboration aurait commencé entre
les deux services d'espionnage sur, par exemple, l'échange de passeports étrangers.
"Pour l'organisation d'actions terroristes sous drapeau étranger (qui impliqueraient le
régime de Tripoli) en Occident, le service d'espionnage libyen avait créé une vaste collection de passeports confisqués ou volés à des étrangers qui voyageaient ou travaillaient en Libye. La direction des informations étrangères roumaine a obtenu une
ment sur le plan économique, mais aussi sur le développement
d'un projet nucléaire. "Un an après l'ouverture de l'ambassade
de Roumanie à Tripoli en avril 1974, les rapports économiques entre les deux États étaient florissants. La Libye comptait 14 entreprises et 11 000 travailleurs roumains. Grâce aux
accords avec la Libye, la Roumanie fut l'un des seuls pays à
s'en sortir, lors de la crise pétrolière de 1973. Elle a pu importer plus d'un million de tonnes de pétrole de la Libye. Entre
1974-1980, les échanges commerciaux dépassaient le milliard
de dollars", rapporte Historia.
Or, la collaboration entre la Roumanie et la Libye ne tient
pas que du passé. Selon un télégramme diplomatique de 2008
publié par WikiLeaks, une compagnie roumaine aurait exporté des armes automatiques en Libye après que Londres ait refusé de délivrer une licence à une compagnie britannique, craignant que les armes ne finissent dans des zones sensibles. Ces
derniers temps, d'autres informations sont apparues : les journaux arabes indiquaient la présence de Roumains parmi les
mercenaires qui défendaient le régime de Kadhafi.
Mihaela Iordache (Osservatorio Balcani e Caucasio)
Traduit par Mandi Gueguen (Le Courrier des Balkans)
"Tel pays… tel WikiLeaks !"
V
ia WikiLeaks, la presse roumaine a dévoilé quelques uns
des 1200 télégrammes diplomatiques provenant de l'ambassade américaine à Bucarest, révélant les dessous
peu ragoutants du comportement des
politiciens et nomenklaturistes roumains.
Tel pays, tel WikiLeaks!" titre Revista
22, alors que des câbles diplomatiques
sur la Roumanie sont publiés depuis
début mars dans la presse roumaine.
Entre "le feuilleton Geoana", le chef du
Parti social-démocrate (PSD, ex communistes), l'actuel président du Sénat, qui
prétend être "le meilleur homme politique" du pays et qui "utilise l'avion d'un
magnat roumain pour se rendre à
Moscou", et les dossiers sur la corruption
de l’ancien Premier ministre Adrian
Nastase (PSD), ce véritable "cablegate de
la Dâmbovita" (rivière qui traverse
Bucarest) offre "une photographie brute
et laisse un goût amer", affirme l'hebdomadaire roumain.
"Quelle faune, quelle bêtise, quelle
corruption! La vraie Roumanie est un
Etat que se sont partagés quelques oligarques qui contrôlent les finances et les
médias, et des hommes politiques pour
lesquels l'intérêt national ne sert que de
monnaie d'échange !".
La lecture de ces télégrammes révèle
que les autorités américaines avaient
dressé un top 5 des principaux oligarques
de Roumanie (Patriciu, Vintu, Voiculescu, Niculae, Becali), lesquels complotent contre Basescu, alors que Tiriac,
comme à son habitude, mange à tous les
râteliers. On apprend aussi que les
réseaux du crime organisé en Roumanie
travaillent main dans la main avec les
autorités, ou encore que les risques de
corruption dans le secteur énergétique
roumain sont grands et que Bucarest est
un centre mondial important du vol de
bancomat, phishing, carte de crédit.
D'autres documents publiés indiquent que les Américains craignaient une
arrestation de l’homme le plus riche du
pays, Dinu Patriciu, dans le dossier
Rompetrol, en 2005, et comptait sur le
président Basescu pour en dissuader le
procureur général, car les USA redoutaient un scénario identique au procès du
Russe Mikhail Khodorkovsky, ex-patron
de la compagnie pétrolière Yukos.
Un président Basescu, très complaisant vis-à-vis des Américains, utilisant
volontiers un double langage vis-à-vis de
l'UE, ou même de ses compatriotes, lors
de la mort du populaire chanteur Teo
Peter en 2004 dans un accident de voiture provoqué par un soldat américain, leur
promettant que le responsable serait jugé
et emprisonné en Roumanie, tout en assurant du contraire Washington.
Lorsque le Parlement roumain votera
sa destitution - qui tournera à la confusion de ses auteurs, à la suite d'un référendum, en mai 2007 - Train Basescu ira
d'ailleurs pleurer sur l'épaule de l'ambassadeur, tout surpris de le voir arriver au
volant de sa voiture alors qu'il a commencé à noyer son chagrin dans l'alcool. Ce
penchant de plus en plus prononcé du
Président pour la boisson inquiète les
Américains, tout comme sa trop voyante
liaison avec sa pulpeuse conseillère, la
blonde Elena Udrea, surnommée
"Présidential Paramour", avec laquelle il
vit quasiment en concubinage au palais
de Cotroceni et devenue aujourd'hui
ministre du Tourisme.
(Lire la suite page 6)
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Eurodéputé
corrompu et piégé
Vie internationale
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CONSTANTA
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(Suite de la page 5)
Chantage US: visas
contre adoptions
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Moldavie
L
e journal britannique The Sunday Times a révélé que trois élus européens (le
Roumain Severin, l'Autrichien Strasser et le Slovène Thaler) s'étaient déclarés prêts, devant des journalistes qui se sont présentés comme des lobbyistes, à faire passer des amendements ciblés pour des sommes allant jusqu'à 100 000 euros
par an. Selon l’hebdomadaire, Adrian
Severin, 57 ans, ancien ministre des
Affaires étrangères, eurodéputé PSD
(Iliescu-Nastase) a envoyé un courriel aux
journalistes faux lobbyistes, écrivant:
"Juste pour faire savoir que l'amendement
que vous souhaitiez a été déposé à temps".
Il leur a ensuite envoyé une facture de 12
000 € pour "services de conseil".
Une enquête a été ouverte par le Parlement européen
suite à la publication de cet
article. Adrian Severin a de
Adrian Severin sait bien
profiter de son mandat européen.
son côté affirmé n'avoir rien
fait d'illégal et n'a pas l'intention de démissionner. Il a d'ailleurs demandé
au Parlement européen de prendre des mesures contre ces journalistes, et
réfléchit à les attaquer en justice. Severin a néanmoins décidé de quitter
provisoirement ses fonctions au sein des instances dirigeantes du Parti
social-démocrate. La direction nationale anti-corruption roumaine a décidé d'autosaisir le dossier et d'ouvrir une enquête.
Les diplomates américains se plaignent également de voir le prix des
chambres d'hôtels bondir
de 60 %, lors du sommet
de l'OTAN en avril 2008.
Mais Wikileaks aborde
des sujets plus sérieux:
les USA se livrent à un
véritable chantage, faisant des pressions constantes pour que la
Roumanie lève ses
entraves aux adoptions
internationales, promettant, en échange, d'asElena Udrea, au centre de
UE : 75 M€ d'amendes pour Bucarest
souplir le régime de déli- toutes les controverses (Vali).
vrance de ses visas.
ruxelles a condamné la Roumanie à une amende de 75 M€ pour ne pas avoir
S'ils apprécient Mircea Geoana,
mené à bien la révision de son cadastre, ce qui ne permet pas d'identifier les
ministre des Affaires étrangères justerres agricoles qui ont reçu des subventions européennes en 2008. Après
qu'aux dernières élections et ancien
vérification, il est apparu que 30 % des superficies déclarées n'existaient pas.
ambassadeur à Washington, pour
Dans la pratique, Bucarest ne recevra pas l'équivalent de cette somme dans les subson américanophilie, ils regrettent sa
ventions prévues pour les prochaines années. C'est le budget de l'Etat roumain qui sera
faiblesse de caractère. Son actuel
pénalisé et non les paysans qui recevront les aides promises. La Roumanie avait déjà été
successeur, Teodor Baconschi,
sanctionnée à hauteur de 45 M€, l'an passé, pour le même problème portant sur l'année
ancien ambassadeur en France, est
2007. Pour ses deux premières années en tant que membre de l'UE, elle a reçu un total
qualifié d'"utile" pour les USA, mais
120 M€ d'amendes au titre de l'agriculture.
trop grand défenseur de l'église
Le commissaire européen qui a signé ces mesures punitives n'est autre que l'ancien
orthodoxe au détriment des autres.
ministre de l'agriculture roumain (formé en France - Rennes et Montpellier- et marié à
Enfin, on apprend que Monica
une Bretonne), Dacian Ciolos, 42 ans, natif de Zalau !
Macovei a été évincée de son poste
de ministre de la Justice de Basescu
Un nouvel ambassadeur belge
afin de mettre un terme aux actions
engagées contre la corruption, tout
e gouvernement roumain a donné son
comme sont révélés les bâtons mis
agrément à la désignation de Philippe
dans les roues des procureurs de la
Beke comme ambassadeur, a précisé le
Direction Nationale Anti-corruption
Service public fédéral (SPF) Affaires étrangères
par l'Etat lui-même.
dans un communiqué. Né en 1954 et entré dans la
En conclusion, un ambassadeur
carrière en 1985, Philippe Beke est licencié en hisaméricain note: "Mais le problème
toire et possède une licence spéciale en droit intern'est-il pas le cerveau des Roumains:
national et européen. Il a été successivement en
c'est l'avenir de leurs enfants qui est
poste à Bangkok, au Caire, à Milan, à Bruxelles
en cause, même s'ils ne croient plus
(UE) et ambassadeur à Sofia. Il était jusqu'il y a peu
dans leur pays !".
affecté à l'administration centrale belge.
B
L
"On ne caresse pas l'âme d'un gamin avec des téléphones portables"
Les enfants des migrants
entre désespoir et vêtements de marque
IASI
BRASOV
l
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Comme les Roumains, les Moldaves se sont dispersés dans le monde à la recherche d'une vie meilleure. Le nombre de migrants moldaves se chiffre entre 400 à
700 000 personnes pour une population restée au pays d'un peu plus de trois millions
d'habitants. Selon d'autres sources, ils seraient un million. C'est comme si 20 millions
de Français avaient déserté leur pays…Si ces émigrés ont en charge les familles laissées derrière eux, ils contribuent aussi à alimenter le budget national par les rentrées
de devises qu'ils apportent. Mais c'est oublier le coût affectif subi par des enfants qui
se retrouvent seuls, devenus orphelins.
D
ans le district de Calarasi, on compte 920 enfants
dont un parent est à l'étranger et 530 dont les deux
sont partis. Angela Popescu, assistante sociale
dans le village de Varzarestii Noi, affirme qu'environ 270 personnes travaillent en Russie, Italie, Portugal, France, etc. "Je
visite souvent leurs enfants, ils ont une bonne situation financière, mais on ne caresse pas l'âme d'un enfant avec de l'argent. Ils ont les téléphones portables les plus performants, des
ordinateurs, ils portent des vêtements de marque. Certains ont
même une voiture qu'ils conduisent seulement dans le village,
car ils n'ont pas encore l'âge requis pour avoir un permis de
conduire. Mais la tristesse ne disparaît pas dans leurs yeux".
Selon Angela Popescu, ces enfants ont de la peine à maitriser
les larmes lorsqu'ils commencent à parler de leurs parents.
Certes, pour ces derniers, ces gestes et cadeaux sont des preuves d'amour, mais ils ne remplacent pas leur présence.
C'est, par exemple, le cas de Lenuta, une fillette de
Sipoteni. Elle a vu sa mère voici six ans, revenue au pays pour
quelques semaines. Celle-ci est repartie travailler en Italie.
Lenuta avait seulement six ans. Depuis, c'est un de ses proches
qui l'accompagne à l'école. Lors de la rentrée scolaire, elle
regardait toujours avec envie les enfants qui venaient accompagnés de leurs parents.
Dans la ville de Vulcanesti, des centaines de personnes ont
quitté leurs maisons pour aller travailler à l'étranger. La plupart
sont en Turquie, vu les affinités linguistiques entre les Turcs et
les Gagaouzes. Restés à la maison, la grande majorité des
enfants n'ont qu'une idée en tête… suivre l'exemple de leurs
parents et partir aussi, dès qu'ils auront fini l'école.
Cas de tentatives de suicide
"En même temps, les enfants des migrants sont vulnérables au stress et à toute sorte de dangers sociaux", affirme
Nadejda Mocan, directrice du Centre psycho-social de la ville.
Leur drame est difficile à imaginer. Certains ne surmontent
jamais le traumatisme de la séparation. Notre centre est intervenu dans deux cas de tentatives de suicide. Il a été très difficile de redonner le goût de la vie à ces enfants".
Sans un système efficace de "comptabilisation" de la
situation des enfants laissés seuls, les autorités opèrent avec
des chiffres qui sont loin de la réalité et n'interviennent qu'après des abus, comme celà est arrivé quand une fillette de deux
ans, vivant dans la misère, a été violée par le concubin de la
femme à la charge de laquelle sa mère l'avait laissée.
Contrôles théoriques aux frontières
Deux garçons tous seuls depuis trois ans
Les frères Ionel et Petrut du district de Rezina vivent tout
seuls depuis trois ans. Leurs parents les ont laissés à la charge
d'une voisine et sont partis travailler en Russie quand ils
n’'avaient que 8 et 9 ans. Depuis, ils se débrouillent comme ils
peuvent, avec l'aide des voisins et de l'assistant social du village. Ils chauffent eux-mêmes la maison, font le ménage. Leurs
parents ne leur donnent guère de nouvelles. Comble de malchance, la voisine qui avait accepté de veiller sur eux est tombée malade et il a fallu trouver une autre villageoise pour leur
faire à manger et, de temps en temps, laver leur linge.
Leurs professeurs disent que ce sont de bons élèves et, à la
différence d'autres enfants en situation difficile, ils ne pensent
pas abandonner l'école. Il est possible que leurs parents soient
privés de leurs droits parentaux, mais, malgré tout, ces enfants
devenus matures avant le temps les attendent chaque jour. Ils
ont tant de choses à leur raconter… Et, surtout, à les convaincre de ne plus les laisser seuls…
L'Etat a mis en place un plan d'actions sur la période 20102012, censé responsabiliser les parents qui s'absentent et de
localiser leurs enfants. D'autre part, les autorités proposent de
simplifier la procédure d'institution de la tutelle afin que la
personne qui prend en charge un enfant soit responsable de sa
sécurité. Une ordonnance oblige en théorie les migrants qui
disposent d'un contrat légal de travail à l'étranger à présenter à
la frontière un document confirmant que leurs enfants sont
bien mis sous tutelle. Mais elle est peu respectée et, en plus, la
plupart de Moldaves partent à l'étranger illégalement.
Selon les données du Centre d'Information et de
Documentation sur les Droits de l'Enfant de Moldavie, le nombre d'enfants sans surveillance parentale est en croissance
continue: en 2006 on en comptait 94 000 dont au moins un
parent était à l'étranger, en 2009 ce chiffre était estimé à
135 000, soit une augmentation de 70 %.
Natalia Porubin (evenimentul.md)
Traduit par www.moldavie.fr
7
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
De jeunes internautes moldaves appellent
Patria : des cinémas
En Moldavie, les jeunes Internautes sont de plus en plus nombreux à s'exprimer et à se mobiliser pour des causes politiques, sociales ou culturelles par l'intermédiaire de forums et autres réseaux sociaux. Ils parviennent parfois, comme ce
fut le cas en 2010 suite à l'appel au boycott des cinémas Patria, à susciter l'intérêt
et à influencer les pouvoirs publics.
"Romanova"
nouveau pays ?
8
Des télégrammes de WikiLeaks
révèlent que l'Ukraine s'inquiétait en
2007 de voir des politiciens démocrates de la République de Moldavie soutenir tacitement son entrée dans l'UE
en se faisant absorber par la
Roumanie qui venait d'y être admise,
tandis que la rive gauche du Nistru
(Dniestr), la Transnistrie, lui revenait.
Dans une note dénommée
"Confidentiel Ukraine/ Moldavie:
Transnistrie et les causes d'irritation
bilatérale", il était précisé que la
Moldavie et la Roumanie pourraient
s'unir dans une sorte de confédération
baptisée "Romanova".
Produit Intérieur Brut
à 4,5 milliards d'euros
Le PIB 2010 de la Moldavie est
très proche des 4,5 milliards d'euros,
soit une croissance de 6,9 % par rapport à 2009 et de 64,9 % par rapport
à 2000. Le secteur des services en
représente 60,2 % en 2010 contre
63,9 % en 2009, le secteur de la production pèse 25,2 % en 2010 contre
21,8 % en 2009, les taxes perçues
représentent 17,2 % du PIB 2010
contre 16,7 % en 2009.
Classement
Selon le classement annuel du
Forum Economique Mondial portant
sur 139 pays étudiés, la Moldavie se
classe: 94ème en compétitivité,
97ème en infrastructures, 90ème en
environnement macroéconomique,
84ème en éducation primaire et
santé, 78ème en éducation supérieure et formation, 68ème en efficacité
du marché du travail, 89ème en
développement technologique.
D
écembre 2009. Un nouveau groupe invitant à boycotter tous les cinémas du
réseau Patria de Moldavie fait son apparition sur Facebook. En moins de
trois mois, plus de 2000 membres se rallient à ce mouvement spontané
initié par des jeunes afin de dénoncer une politique qu'ils jugent discriminante: en effet,
depuis son indépendance en 1991, et bien que la langue officielle de l'État soit le roumain (ou moldave, appellation donnant elle-même régulièrement lieu à des discussions
passionnées), le réseau Patria, détenteur du monopole cinématographique dans le secteur commercial depuis une dizaine d'années (avec six cinémas, dont plusieurs multiplexes à Chisinau et dans trois autres grandes villes du pays), persiste à ne programmer
que des films russes, mais aussi américains et européens, tous doublés en russe.
"N'allez plus au Patria!"
Sur la page Facebook
"Nu mai mergeti la Patria!"
("N'allez plus au Patria!"),
les objectifs du groupe sont
clairement énoncés. Ses
membres? "Un groupe de
cinéphiles, potentiels clients
des cinémas Patria", ainsi
qu'ils se qualifient dans une
lettre adressée, début 2010,
à la direction de la société
Colaj SRL, qui régit le
réseau des cinémas. Parmi
Interpellation du réseau de salles Patria
sur Internet: “Nous voulons des films en roumain”. eux, on compte beaucoup
d'étudiants ou de jeunes professionnels, journalistes, traducteurs, juristes, acteurs de la
scène culturelle, etc. On ne saurait trop dire s'ils constituent un panel représentatif de
leur génération mais le groupe est parvenu à soulever un problème de société sur lequel
une part active de la population entend bien s'exprimer.
Pour cette génération, née à la fin de l'ère soviétique, la question linguistique a toujours fait l'objet d'âpres débats, dans la rue comme dans les hautes sphères du pouvoir:
entre 1985 et 1991, la perestroïka a suscité une réaffirmation de l'identité roumaine en
Moldavie et amené le retour à l'alphabet latin, la langue roumaine accédant comme le
russe au statut de langue officielle. Depuis l'indépendance du pays en 1991, l'unique
langue d'État est le roumain. Le russe a obtenu le statut de "langue de communication
inter-ethnique" et il est toujours pratiqué par une grande partie de la population.
70 % de citoyens bilingues
Selon le dernier recensement réalisé en 2004, le pays compterait 70% de citoyens
bilingues (roumain et russe) et 30% de citoyens ne pratiquant qu'une seule de ces deux
langues. Au quotidien, ces chiffres se traduisent par de fréquentes tensions entre les
deux communautés, plus par principe que par réelle incompréhension - bien que certaines régions du pays demeurent majoritairement russophones et que beaucoup de
citoyens pratiquant indifféremment les deux langues considèrent le bilinguisme comme
un atout, tant sur le plan personnel que professionnel.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
au boycott de films uniquement sous-titrés en russe
pas si patriotes que çà !
En l'occurrence, le mouvement ne revendique nullement la
disparition totale des séances en russe mais plutôt les facilités
d'accès à la culture pour le plus grand nombre, en tenant compte des évolutions de la société. "Le cinéma est l'une des activités culturelles les plus populaires", explique Victor Ciobanu,
cofondateur du groupe.
"Tout le monde va au cinéma, quelle que soit son appartenance sociale. En Moldavie, on diffuse des films russes ou
doublés en russe depuis l'apparition des cinémas dans le pays,
il y a 70 ou 80 ans. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes maîtrisent
mal la langue russe, et il leur est très difficile de suivre un film
au cinéma" enchaîne-t-il.
titrés en roumain, précisant que, pour des raisons techniques et
économiques, la transition sera longue et complexe.
Les réactions des spectateurs, à la sortie des salles et surtout sur Internet, ne se font pas attendre: certains, enthousiastes, considèrent les efforts de Patria comme un premier pas
constructif tandis que d'autres, indignés de la mauvaise qualité de la traduction et des sous-titres presque illisibles, poursuivent le boycott ou se tournent vers Gaudeamus, la seule salle
de cinéma de la capitale réellement en activité en dehors du
réseau Patria. Sa programmation reste toutefois occasionnelle,
le plus souvent dans le cadre de festivals organisés par des
missions étrangères ou des ONG, et l'indépendant ne saurait
concurrencer les activités du géant Patria.
Ostracisme à l'égard
du roumain et mauvaise volonté
Enfin des jeunes prêts à s'engager
Relayée par les médias et soutenue par le nombre croissant
de nouveaux membres, l'affaire prend rapidement de l'ampleur.
Dès janvier 2010, le ministre de la Culture Boris Focsa exprime sa volonté d'établir une nouvelle réglementation demandant expressément aux cinémas du pays de diffuser des films
sous-titrés en roumain.
Outré par cette décision, Victor Selin, homme politique et
copropriétaire des cinémas Patria, explique en vain que le prix
des billets sera 2 à 3 fois plus élevé du fait des investissements
nécessaires, ce qui incitera 90% de son public à déserter les
salles de la société. Attachée à un réseau de distribution de
films internes à la CEI (es URSS), Patria a en effet tardé à
amorcer une nouvelle collaboration avec des distributeurs roumains, qui seraient pourtant à même de lui procurer des films
aussi récents et déjà sous-titrés en langue roumaine.
Néanmoins, en mars 2010, les cinémas Patria programment les premiers films russes, ou doublés en russe, et sous-
Sans grande surprise et bien qu'il ait reçu, depuis plusieurs
mois déjà, l'aval de la société civile et des institutions gouvernementales, le projet de loi visant l'industrie cinématographique n'a pas été voté mais il devrait prochainement être
inscrit à l'agenda du gouvernement et soumis au Parlement
ultérieurement.
Après un an, le groupe "Nu mai mergeti la Patria !" est
devenu moins actif mais il compte encore 2062 membres. Il
occupe la deuxième position, entre causes politiques et requêtes massives auprès d'opérateurs de télécommunications et
conduit à penser que si la situation politique, économique et
sociale de la Moldavie reste préoccupante à bien des égards, le
pays voit néanmoins émerger un nouveau courant de jeunes
citoyens actifs et engagés qui n'hésitent plus à prendre part au
débat public sur la toile.
Louise Barseghian
et Julien Danero Iglesias (Regard sur l'Est)
La France premier pays d'accueil occidental des étudiants moldaves
L
a France reste le 4ème pays
d'accueil des étudiants moldaves derrière la Roumanie, la
Russie, l'Ukraine, mais le premier des
pays occidentaux, devant l'Allemagne, la
Grande-Bretagne ou les États-Unis.
En 2009-2010, 987 étudiants moldaves étaient inscrits dans l'enseignement
supérieur en France. Ce nombre est sans
doute supérieur car de nombreux
Moldaves disposent également de la
nationalité roumaine. 840 étudiants se
sont inscrits dans les seules universités
publiques françaises en 2009-2010.
Alors que la proportion des étudiants
européens dans les universités françaises
baisse au profit des autres continents, le
nombre d'étudiants moldaves est quant à
lui en progression de 28,4 % entre 2005
et 2009. Il s'agit de la plus forte croissance dans toute l'Europe, qui s'explique en
grande partie par la vivacité de la francophonie en Moldavie et par la qualité du
dispositif de promotion de l'enseignement supérieur français mis en place en
Moldavie. Ce dispositif s'articule autour
de l'Alliance Française de Moldavie qui
abrite un Espace Campus France labellisé et de l'Ambassade de France qui
octroie plusieurs bourses d'études chaque
année.
Durant
l'année
scolaire
2009/2010, les universités françaises ont
accueilli: 417 étudiants moldaves en
licence (49,64 %), 344 en Master
(40,52 %), 79 en doctorat (9,4 %).
En termes de spécialités, la réparti-
tion est la suivante: 15 % sont inscrits en
droit et sciences politiques; 30,83 % en
sciences économiques et de gestion,
AES; 27,74 % en lettres, langues et sciences humaines et sociales; 13,81 % en
médecine, pharmacie, odontologie;
12,5 % en sciences fondamentales appliquées, en sciences de la vie et de la terre
et autres disciplines scientifiques. 147
étudiants moldaves ont quant à eux choisi de suivre des études supérieures dans
des établissements privés, dans ses grandes écoles, dans des écoles d'ingénieurs
ou de commerce.
Au total, la France est le 4ème pays
du monde en terme d'accueil des étudiants étrangers avec près de 278 213 étudiants venant des 5 continents.
9
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Actualité
Moldavie
Villeneuve-Saint-Georges
terre d'asile des Moldaves
Moldavie
On les surnomme "les invisibles"
Villeneuve-Saint-Georges dans la banlieue parisienne , commune aux 101 ethnies accueille 2 000 ressortissants du petit pays de l'Est. La municipalité , d'obédience communiste, souhaite développer des liens avec cette communauté.
14 millions d'euros
d'aide agricole
à la Moldavie
10
Le Fonds international du développement agricole (FIDA) de l'ONU va
accorder une aide de 19,8 millions de
dollars (14,37 millions d'euros), en
Moldavie pour stimuler l'économie
rurale, soutenir l'agrobusiness et les
filières agricoles, et aider à éradiquer
la pauvreté dans les campagnes.
Cette aide se dé-compose en un prêt
de 19,3 millions de dollars et un don
de 0,5 millions de dollars. Le projet,
d'un montant total de 39,2 millions de
dollars, est également soutenu par
d'autres contributeurs, dont l'Agence
danoise de développement. Il concerne 37 000 personnes en zones rurales, parmi les plus pauvres et les plus
vulnérables. Le Fida aura financé 5
projets en Moldavie pour un total de
69 millions de dollars.
2,1 milliards d'euros
d'investissements
étrangers depuis
l'indépendance
Les investissements dans les
entreprises moldaves en provenance
du secteur privé moldave, en 2010,
se sont élevés à 750 millions d'euros,
dont 370 millions dans les secteurs
de la construction et les travaux d'assemblage et 350 millions dans les
machines et les voitures. Les investissements directs étrangers ont
atteint 110 millions d'euros. Le montant total des investissements directs
étrangers en Moldavie se monte à
2,1 milliards d'euros depuis l'indépendance du pays en août 1991, dont
52,9 % provenant de l'UE, 12,1 % de
la C E I, 35 % d autres pays.
C
ertains la surnomment la Petite Moldavie. Villeneuve-Saint-Georges, commune de 30 600 habitants, accrochée aux coteaux qui surplombent la Seine,
est la ville de France qui accueille le plus grand nombre de ressortissants
moldaves : 2000. "C'est une grande partie de nos compatriotes officiellement recensés
sur le territoire français qui réside à Villeneuve-Saint-Georges, confie un conseiller de
l'ambassadeur de Moldavie. On s'en est aperçu lors de l'élection présidentielle de
novembre 2010. Pratiquement tous les électeurs provenaient de cette commune francilienne". La municipalité travaille en ce moment à nouer des liens avec cette communauté qui vit repliée sur elle-même.
L'installation des premiers Moldaves remonte à la fin des années 1990, émigrant
illégalement en Europe occidentale. Deux mille kilomètres plus loin, par bus ou par
train, certains rejoignent Paris puis Villeneuve-Saint-Georges. Dans la commune la
plus pauvre du Val-de-Marne, aux 101 ethnies, les loyers sont moins élevés. "Une première famille s'est installée, puis le bouche-à-oreille a fonctionné, analyse la mairie
communiste de Villeneuve-Saint-Georges. C'est une population qui ne pose pas de difficulté mais on souhaite créer un lien avec elle".
Dans cette ville où le Front national a pris l'habitude de réaliser son meilleur score
départemental, le défi de l'intégration est quotidien. Un challenge d'autant plus difficile que cette communauté est très discrète. "On les surnomme les invisibles, confie le
cabinet du maire. Certains inscrivent leurs enfants à l'école et puis c'est tout. Ils vivent
en autarcie, dans une grande précarité, parfois dans des caravanes qu'ils louent à prix
d'or". Pour trouver un interlocuteur, la municipalité, en coopération avec l'ambassade
de Moldavie, souhaite créer une association et développer des animations, notamment
un festival avec des artistes moldaves. Grâce à l'UE, un programme d'aide au retour
pourrait voir le jour. "Notre pays se développe et a besoin de main-d'œuvre", assure
l'ambassade. Un ministre moldave devait ainsi faire le déplacement pour rencontrer la
municipalité.
Vincent Verier (Le Parisien)
La France 10ème client
D
e nombreuses entreprises à
capital français ou francomoldave sont présentes en
Moldavie et d'autres envisagent de s'y
installer. La France y est un investisseur
important avec, notamment, quatre grands
groupes: le groupe Lafarge Ciment, qui
possède la plus grande usine de ciment de
Moldavie, la Société Générale, qui a fait
l'acquisition en
2007 de Mobiasbanca, cinquième
banque du pays, le groupe Lactalis, présent depuis 2005; la filiale d'Orange leader
de la téléphonie mobile dans le pays.
La France est le 10ème client du pays
avec 2,5% du total des exportations moldaves. Les importations françaises sont
composées principalement de produits
agricoles et de produits textiles.
Elle est le 11ème fournisseur avec
1,9% du total des importations moldaves.
Les exportations françaises sont composées principalement de biens d'équipement
professionnel (équipements mécaniques,
électriques et électroniques), d'automobiles et de biens de consommation.
Salaires moyens
L
e salaire mensuel moyen des Moldaves atteignait 180 € en janvier, soit une
hausse de 8,2 % par rapport à 2009: (160 € dans le secteur public, 200 €
dans le secteur privé, 135 € dans l'agriculture).
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Séance commune des gouvernements
roumains et moldaves en juin
U
ne séance commune des gouvernements de la Roumanie et de la République de Moldavie sera organisée en juin, suivant le modèle franco-allemand. Elle sera consacrée notamment à la dimension économique des relations entre les
deux pays et à la politique énergétique censée assurer l'interconnexion entre les deux États dans le domaine des gaz et
de l' électricité. L'adoption d'un plan commun d'action visant un partenariat stratégique pour l'intégration européenne de la
République de Moldavie en Europe sera aussi au centre des travaux.
Vlad Filat à Paris
40 000 touristes en Moldavie en 2010
Le moins qu'on puisse dire c'est que la visite de la délégation moldave, le 18 avril, conduite par le premier ministre Vlad
Filat, n'a pas passionné la presse française. Regrettable, car ce
pays à la porte de l'UE et qui a vocation à y entrer, constitue un
enjeu géopolitique important malgré sa taille modeste, avec le
conflit de Transnistrie. Peu d'éléments ont filtré sur la teneur
des entretiens franco-moldaves. Au cœur des dossiers examinés, la question des visas et la coopération économique.
a Moldavie a reçu 230 000 touristes en 2010, en
hausse de 0,9 % par rapport à 2009, dont 166 000
citoyens moldaves (72,3 %) et 63 600 touristes
étrangers (27,7 %), dont 24,2 % étaient Roumains, soit moins
de 40 000 venant d'ailleurs. 94 000 ont été reçus dans les hôtels
et motels dont la capacité actuelle est de 432 890 lits par jour,
en hausse de 13,8 % par rapport à 2009, selon les chiffres du
Bureau National des Statistiques de Moldavie.
Politique
L
Sur la scène politique roumaine
Kelemen Hunor
succède à Marko Bela
Evasion fiscale de 100 %
au complexe Europa
Kelemen Hunor, ministre de la
Culture, a été facilement élu président de
l'Union démocratique des Magyars de
Roumanie (UDMR), lors du congrès de
sa formation politique. Il remplace
Marko Bela, en poste depuis 18 ans, dont
il était le successeur naturel. Aussitôt élu,
il a déclaré que l'UDMR, membre de l'actuelle coalition au pouvoir, allait "rester
aux côtés du Parti démocrate libéral tant
que les démocrates libéraux tiendront
leurs paroles et leur engagement".
Environ 600 dépôts de marchandises
du complexe commercial Europa, situé à
la sortie de Bucarest, ont été mis sous
séquestre, le mardi 8 mars suite à un
vaste contrôle effectué par les agents de
l'ANAF, le Fisc roumain. Les fonctionnaires ont été soutenus dans leur opération par des gendarmes, et un hélicoptère
du ministère de l'Intérieur a survolé la
zone durant les contrôles.
Les marchandises confisquées
devaient être vérifiées et comparées avec
les documents détenus par leur propriétaire, les produits n'étant pas en règle
étant confisqués et vendus. Selon des
inspecteurs financiers, l'évasion fiscale
dans cette zone commerciale serait de
100% et les espaces commerciaux
seraient occupés de façon illégale par les
commerçants. Le complexe Europa est
l'un des plus grands espaces commerciaux du pays; il est situé en marge du
quartier bucarestois de Colentina, au
nord-est de la capitale.
Le PDL ferme les yeux
sur sa corruption
Le Parti Démocrate Libéral (majorité, pro-Basescu et Boc) a rejeté le principe d'exclusion automatique de ses membres justiciables, comme le proposait
l'ancienne ministre de la Justice, Monica
Macovei, seules trois personnes l’
approuvant.
Le PDL compte dix députés ayant
maille à faire avec la Justice pour corruption, faux, détournements, etc., dont l'ancienne ministre Monica Iacob Ridzi,
ainsi qu'environ 200 maires ou élus territoriaux. Parmi eux les maires d'Arad,
Gheorghe Falca, de Craiova, Antonie
Solomon, de Râmnicu Vâlcea, Mircea
Gutau.
Réhabilitation des façades
Le gouvernement vient d'adopter une
loi qui vise à faciliter la réhabilitation des
façades des bâtiments, notamment ceux
qui font partie du patrimoine historique
du pays. Les propriétaires qui acceptent
d'effectuer des travaux de réhabilitation
pourront bénéficier de prêts sur 5 ans à
taux préférentiels et garantis par l'Etat et,
dans certains cas, d'une exonération pendant 5 ans de l'impôt foncier. Les maires
pourront, eux, imposer la rénovation des
façades, contre l'avis des propriétaires,
financeront les travaux et récupèreront
l'argent ensuite. Ils doivent par ailleurs
commencer dès maintenant un recensement des façades, notamment celles des
bâtiments historiques, qui doivent être
rénovées.
Procès pour corruption
multipliés par six à Arad
Au cours de l'année 2010, le tribunal
d'Arad a vu le nombre de procès consacrés à la corruption multiplié par près de
six, passant de 5, l'année précédente, à
28, alors que le volume des autres affaires traitées restait stable (1553 dossiers
contre 1515).
La juridiction n'a pas fait savoir si
cette évolution traduisait une explosion
de cette forme de délinquance ou une
volonté de lutter contre. A moins qu'il ne
s'agisse que d'un simple effet d'annonce
utilisé politiquement mais ne changeant
rien à la situation réelle: le nombre de
juges affectés aux affaires de corruption a
dans le même temps diminué à la suite
des restrictions budgétaires, repoussant
aux calendes grecques leur traitement.
11
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Politique
BAIA
MARE
SUCEAVA
l
l
IASI
TARGU
MURES
l
ORADEA
CHISINAU
l
l
l
M. CIUC
l
l
ARAD
BRASOV
l
l
SIBIU
TIMISOARA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
GALATI
l
BRAN
BRAILA
n
BUCAREST
GIURGIU
l
l
l
TULCEA
l
CONSTANTA
l
l
Corruption: failles
dans la loi roumaine
12
L'Eglise et l'Etat font du
social main dans la main
La législation roumaine anticorruption est trop permissive, notamment
car elle permet aux corrupteurs d'échapper aux poursuites s'ils dénoncent à la justice les faits auxquels ils
ont pris part, a déploré le Conseil de
l'Europe, à la mi-mars.
Les experts du Groupe d'Etats
contre la corruption (Greco), structure spécialisée de l'organisation paneuropéenne de Strasbourg, s'inquiètent dans un rapport du dispositif dit
du "repentir réel", qui permet au corrupteur d'échapper à la justice s'il
dénonce le corrompu, ou s'il affirme
avoir été contraint par ce dernier.
Certes, reconnaissent les auteurs,
sans un tel dispositif de nombreuses
affaires n'auraient pu être portées à
la connaissance de
la justice, mais il présente des "risques
d'utilisation abusives" qui devraient
être jugulés par des
"garde-fous".
En outre, la
Roumanie devrait
abolir ses dispositions légales qui permettent au corrupteur repenti de se
voir rembourser ses pots-de-vin,
ajoutent les experts européens.
Hormis ce point particulier, le
"cadre juridique" sur la corruption est
"très complet"… en théorie, se sont
félicités les rapporteurs qui concluent
"Cependant les acteurs de la lutte
anticorruption doivent aujourd'hui lutter afin de préserver leurs moyens
(...) et leur capacité de traiter les
affaires impliquant des membres de
l'élite politique et économique".
Adoptée à la mi-mars par la Chambre des députés, une loi prévoit la mise en
place d'un partenariat Eglise-Etat dans le domaine de l'assistance sociale. Ce
texte, qui n'a pas encore été promulgué par le président Basescu, lequel veut s'accorder un délai de réflexion et l'a renvoyé devant le Parlement, relance le débat
sur la laïcité et suscite l'opposition de plusieurs associations.
L
a colère gronde parmi les associations du secteur social et les tenants de la
laïcité. Lundi 14 mars, onze ONG ont annoncé la formation d'une coalition
pour protester contre l'adoption de cette loi controversée, baptisée "partenariat Etat-Eglise dans le domaine social". En clair, ce texte de loi prévoit que les églises reconnues de Roumanie vont pouvoir réaliser des actions d'assistance sociale - création d'orphelinats, de maisons de retraite, de centres pour handicapés... - en bénéficiant
du soutien financier de l'Etat. L'Eglise et l'Etat font du social main dans la main
Pour tous ces projets sociaux et caritatifs initiés par les cultes reconnus, les fonds
publics assureront 80% maximum du financement, le reste provenant des deniers du
culte. Selon Raluca Turcan, députée démocrate-libérale à l'origine de la loi (avec 89
autres députés PDL), ce dispositif vise à compenser le manque d'argent public pour les
actions sociales. "Les unités de culte identifieront les besoins sociaux qui peuvent aller
des enfants dont les parents sont partis à l'étranger aux personnes âgées ou handicapées", a-t-elle expliqué.
Un projet sera esquissé, les autorités locales et notamment le conseil départemental le valideront ou pas, et sera ensuite "transmis au ministère du Travail et de la
Protection sociale où il pourra être sélectionné", ces nombreux filtres réduisant fortement "le risque de politisation", selon la députée.
"C'est une loi de corruption électorale"
Mais les associations, elles, ne sont pas d'accord avec cette analyse et l'ont fait
savoir. Elles ont solennellement demandé au président roumain de ne pas promulguer
cette loi et ont multiplié les arguments.
Alors que Ionut Jugureanu, directeur de la
fondation Parada (enfance) se demande
comment s'assurer que "ces services sociaux
ne (soient) pas des outils de prosélytisme",
le représentant de l'Association Intégration
(anti-drogue), Costin Militaru, s'inquiète lui
de savoir comment l'Eglise va travailler
avec les homosexuels alors qu'elle considère que l'homosexualité est un péché.
Plus largement, cette coalition d'ONG
s'émeut de cette loi éloignée des principes
de laïcité de séparation de l'Eglise et de
l'Etat. "C'est une loi de corruption électorale, qui soumet l'Eglise au pouvoir", estime
Alexandru Toma Patrascu, directeur de l'association séculaire de Roumanie, qui ajoute
qu'elle "n'a pas lieu d'être" puisque les cultes peuvent déjà mener des projets sociaux
et que ce nouveau texte les favorise au détriment des autres ONG du secteur social.
"La Roumanie va à l'encontre de la modernité, dans une logique proche de celle
du 18ème ou du 19ème siècle", a déclaré Gabriel Andreescu, de l'ONG Apadorch. La
balle est désormais dans le camp de Traian Basescu, qui aurait déclaré, selon une source du PDL, qu'il allait examiner attentivement la loi. Mais, de son côté, le Premier
ministre Emil Boc, ancien président de l'Union des associations étudiantes communistes de Roumanie (UASCR) de 1987 à 1989, a déclaré que " la foi était nécessaire à la
Roumanie et que sans elle, rien ne pouvait être entrepris dans le pays".
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
L'économie roumaine a reculé de 1,3 % en 2010
L
a Roumanie a enregistré une deuxième année
consécutive de récession en 2010, lorsque son économie s'est contractée de 1,3% (- 1,9 % selon d'autres sources), a annoncé l'Institut national roumain des statistiques (INS). Des chiffres provisoires publiés à la mi-février
faisaient état d'un recul moindre, de 1,2%. Au dernier trimestre 2010, le produit intérieur brut du pays (PIB) a baissé de
0,6% par rapport à la même période de 2009. Il a néanmoins
progressé de 0,1% par rapport aux trois mois précédents, alimentant les espoirs d'une sortie de récession en 2011.
Selon l'INS, la contraction du PIB en 2010 s'explique par
la mauvaise performance du bâtiment (-10,7%), des transports
et télécommunications (-4%) et de l'agriculture (-0,8%). En
revanche, la production industrielle a progressé de 5,1%, de
même que les activités financières et immobilières (+0,8%).
Le recul du PIB pour l'ensemble de l'année a été moins
grave qu'anticipé par le Fonds monétaire international (FMI),
l'Union européenne (UE) et le gouvernement roumain, qui
tablaient sur une contraction d'environ 1,9%. En 2009, après
dix ans de croissance, l'économie s'était brutalement contractée de 7,1%. La Roumanie devrait renouer avec la croissance
en 2011, avec une hausse de 1,5% de son PIB, selon le FMI.
Quatre millionième Dacia
L
a quatre millionième Dacia est sortie le 17 mars des
chaînes de production de l'usine de Pitesti. Il s'agit
d'un 4x4 Duster commandé par une doctoresse de
roumaine de 57 ans. Le site de Pitesti, dont la production avait
commencé en 1968, avait atteint le seuil du million de voitures
produites en 1985, puis celui des 2 millions en 1998 et des 3
millions à l'automne 2007. L'usine a produit 1400 véhicules par
jour en 2010, une cadence que Dacia entend maintenir cette
année malgré la baisse des ventes en 2010.
A savoir
Quatrième tranche
de l'aide de l'UE
L'UE a annoncé avoir débloqué une
quatrième tranche de 1,2 milliard d'euros
de son aide à la Roumanie consentie en
2009 pour un montant total de
20 milliards d'euros, soulignant que
Bucarest avait rempli les conditions
convenues dans le mémorandum d'accord. En échange, le gouvernement roumain s'est engagé à réduire le déficit
public, qui est passé de 7,2% en 2009 à
6,7% l'année dernière et devrait être
ramené à 4,4% courant 2011. Par ailleurs
Bucarest a décidé de conclure un nouvel
accord de deux ans, de type préventif,
avec le FMI et l'UE. Il est assorti d'un
prêt de 5 milliards d'euros qui ne seront
utilisés qu'en cas de crise majeure.
Fin de la taxe de
première immatriculation ?
La taxe de première immatriculation
devrait bientôt disparaître, contrainte et
forcée. Cette taxe prohibitive, que doit
payer toute personne qui achète une voiture d'occasion à l'étranger lorsqu'il l'a
fait immatriculer pour la première fois en
Roumanie, et qui peut atteindre plusieurs
milliers de lei, enfreint les lois européennes, vient de décider la Cour européenne
de justice.
Selon les juges de Luxembourg, cette
taxe présentée comme une taxe contre les
voitures polluantes par les autorités roumaines, instituée par le gouvernement du
Premier ministre Tariceanu, concessionnaire de Citroën pour la Roumanie, est
contraire aux règles du libre commerce et
désavantage les autres pays européens.
Deux Roumains
milliardaires en dollars
Dinu Patriciu (immobilier, pétrole,
finances, médias, politique) figure une
nouvelle fois dans le classement des
milliardaires établi chaque année par le
magazine américain Forbes. Classé à la
437ème place l'an passé, il arrive en
540ème position, avec une fortune
inchangée, estimée à 2,2 milliards de dollars, et reste donc, à 61 ans, le Roumain
le plus riche. Si Ioan Nicolae et Ion Tiriac
disparaissent du classement, un autre
homme d'affaires roumain y fait son
entrée, Franck (Vasile) Timis. A 47 ans,
ce Roumano-australien expatrié à
Londres se classe en 1057ème position,
grâce à ses investissements dans des
sociétés pétrolières au Kazakhstan, et sa
fortune de 1,1 milliard de dollars. Il a été
condamné en Australie pour trafic de drogue, a investi dans l'industrie minière
(diamants, fer) au Sierra Leone et est à la
tête du projet d'exploitation très controversé des gisements aurifères de Rosia
Montana, dans les Apuseni.
Près de 2 milliards
d'euros de fraudes fiscales
L'Anaf (Agence nationale de l'administration fiscale) a estimé que les préjudices causés au budget de l'Etat à la suite
de fraudes fiscales se sont élevés à
7,1 milliards de lei en 2010, soit environ
1,7 milliard d'euros.
C'est 24% de plus qu'en 2009 selon le
fisc roumain, qui explique ce résultat par
la hausse des contrôles effectués l'année
dernière. Au total, 10 122 vérifications
fiscales ont été opérées par les agents de
l'Anaf en 2010, ce qui équivaut à une
augmentation de 25% par rapport à 2009.
Plus de la moitié (56%) de la valeur des
préjudices a été recensée dans moins de
40% du nombre total des contrôles.
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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BUCAREST
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Gaz et pétrole: découverte de nouveaux
pactoles près de Jimbolia et Buzau
Malgré l'agitation secouant le monde arabe, les autorités roumaines comptent
sur les investissements des pays du Golfe. Début mars, des centaines de politiciens
et hommes d'affaires de la région sont venusà Bucarest pour parler "business".
Une compagnie britannique spécialisée dans l'exploration et l'extraction d'hydrocarbures dit avoir découvert d'importantes réserves de pétrole et de gaz naturel dans le pays. Le sous-sol roumain intéresse également l'une des plus grosses
sociétés américaines du secteur.
CONSTANTA
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Petrom ferme sa
raffinerie d'Arpechim
14
Economie
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M. CIUC
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Bucarest à la recherche
des pétrodollars
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Faute d'avoir trouvé un repreneur,
Petrom a décidé de fermer sa raffinerie d'Arpechim, près de Pitesti,
trop petite, dépassée technologiquement et éloignée de la mer. D'une
capacité de 3,5 millions de tonnes
par an, elle avait été inaugurée en
1964 et était devenue complexe
pétrochimique en 1971. Ses installations continueront cependant à être
utilisées pour le stockage de carburant. Environ 700 personnes y
étaient employées qui bénéficieront
d'un plan social d'un montant de dix
millions d'euros.
L'Azerbaïdjan veut
ouvrir 300 stations
d'essence
en Roumanie
La compagnie azérie d'Etat Socar
vient d'annoncer son intention d'investir quelque 500 millions de dollars
en Roumanie en ouvrant 300 stations essence à travers tout le pays
dans les trois ans à venir, selon
Rovnag Abudllayev, son président,
cité par l'agence de presse azérie
Trend. Avec cet investissement,
Socar a l'ambition de devenir l'un
des acteurs les plus importants sur le
marché. Actuellement quatre sociétés se partagent la majorité des stations essence de Roumanie: Petrom
(autrichien, environ 550), Rompetrol
(Kazakhstan, 450), LukOil Romania
(russe, 310) et MOL Romania (hongrois, 126). Selon le président des
stations essence indépendantes de
Roumanie, Ion Tache, il reste dans le
pays la place pour encore 500 unités
de vente de carburant.
I
l s'agissait du premier sommet économique du monde arabe en Europe de l'Est.
Jusqu'à maintenant, seule Londres organisait ce type d'événements sur le continent. Les délégations venues d'Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes
unis, du Koweït, d'Oman et du Qatar se sont déplacées en nombre pour participer à ce
forum de trois jours. L'objectif de cette rencontre a été annoncé dès le premier jour par
le président Basescu: "La différence de développement entre la Roumanie et certains
pays de l'U E ne pourra être rattrapée ni par le budget de l'Etat, ni par les fonds européens, mais en attirant de nouveaux investisseurs".
La Roumanie est à la recherche de dix milliards d'euros pour concrétiser des dizaines de projets publics et privés dans
tous les domaines, énergie, agriculture, infrastructures, tourisme, etc. "Le
développement d'un parc éolien peut
durer cinq ans, le besoin de financement est donc urgent. Comme nous
avons du mal à trouver de l'argent du
côté de l'Union Européenne, nous
nous tournons vers les pays du Golfe
qui, eux, semblent intéressés par nos
projets", explique Jean-Marie Karam,
homme d'affaires roumano-libanais.
La situation est à peu près identique dans le secteur de l'agriculture. Avec près de
quinze millions d'hectares de terres arables, la Roumanie a la capacité de nourrir 80
millions de personnes. De plus, elle possède la deuxième surface agricole pour la culture écologique de l'UE après la France.
Un marché encore vierge
"Les marchés d'Europe de l'Ouest sont saturés, mais ceux d'Europe de l'Est sont
encore très prometteurs", estime le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires économiques
d'Oman, Abdullah Al Hinai. Les secteurs les plus recherchés sont l'énergie et le tourisme… "Mais l'agriculture également, car les pays du Golfe cherchent aujourd'hui à
sécuriser leurs réserves alimentaires", ajoute-t-il. Du côté des hommes d'affaires, la
Roumanie est aussi vue comme un pays familier. "Ici, les façons de faire sont plus proches des nôtres qu'en Europe de l'Ouest et la communication se fait naturellement. De
plus, ces marchés sont plus faciles à pénétrer car ils sont encore vierges", explique
Saud Ali Al-Naimi, investisseur dans l'industrie pharmaceutique des Emirats arabes
unis. Il faut dire que les relations entre la Roumanie et le Moyen-Orient ne datent pas
d'hier. Sous le régime de Ceausescu, des milliers d'étudiants arabes sont venus se former en Roumanie, et cela continue.
"Nous avons une relation traditionnelle avec cette région et aujourd'hui nous
essayons d'attirer sa partie la plus active: les pays du Golfe. Il est certain que l'adhésion de la Roumanie à l'UE a aussi augmenté notre attractivité pour les investisseurs
étrangers", note Teodor Baconschi, le ministre roumain des Affaires étrangères. Reste
à voir si les discussions qui se sont tenues se concrétiseront. Pour mettre toutes les
chances de son côté, Bucarest a déjà donné un nouveau rendez-vous aux hommes d'affaires et politiciens arabes: l'année prochaine, au même endroit. Sans se soucier semble-t-il de l'évolution politique qui touche la plupart des pays arabes en ce moment. En
tout cas, pendant ce forum, le sujet n'a pas été abordé.
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
L
e communiqué de la compagnie britannique Zeta
Petroleum, publié fin mars, est quasiment passé
inaperçu dans la presse roumaine. Et pourtant, l'information est de taille. La société anglaise affirme avoir
découvert une réserve de "pétrole paraffineux de très bonne
qualité" à Jimbolia, ville située à quelques kilomètres de
Timisoara.
Cette réserve serait d'environ un million de barils, mais il
existe "10% de chance pour que celle-ci s'élève à six millions
de barils", affirmait quelques jours après au quotidien Gandul
Bogdan Popescu, le directeur de Zeta Petroleum Romania. "Il
est certain qu'il y a encore du pétrole en Roumanie, le sous-sol
n'a pas été exploré en profondeur", ajoutait-il, rappelant que la
Roumanie avait été un des premiers producteurs mondiaux.
Les champs pétrolifères de Jimbolia ont été découverts
dans les années 1980. Leur exploitation a été abandonnée une
vingtaine d'années plus tard, avant d'être laissés en concession
à la société britannique en 2007. Zeta Petroleum Romania dit
également avoir trouvé une réserve de 750 millions de mètres
cubes de gaz dans le département de Buzau, au nord de
Bucarest.
Là aussi, l'Etat roumain avait stoppé l'exploitation du site
dans les années 1990 avant de le mettre en concession. Un
outillage usagé et une technologie trop coûteuse ont été à l'époque les principaux motifs de cette décision. "Dans les
années 1990, le prix du baril était descendu autour de neuf
dollars. Les dépenses d'exploitation ne se justifiaient pas",
précise Bogdan Popescu.
Sous terre mais aussi en mer
Les Britanniques ne sont pas les seuls à s'intéresser aux
réserves naturelles de Roumanie. Au début du mois de février,
les américains de Hunt Oil, l'une des compagnies pétrolière et
gazière indépendantes les plus importantes au monde, ont
déménagé leur bureau londonien à Bucarest. "La Roumanie, à
l'image de l'ensemble de la région, dispose d'un excellent
potentiel de découverte", a affirmé Tom Cwikla, président de
Hunt Oil Company of Romania à cette occasion. Et le pays
possède également d'autres atouts selon Mark Sturgess, un
autre représentant de la société: "Il existe ici une main d'œuvre très motivée et expérimentée, une longue tradition dans ce
secteur et des infrastructures pétrolière et gazière."
En février 2009, la Roumanie et l'Ukraine se disputaient
devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye la
souveraineté d'un périmètre de plus de 10 000 km2 au large
de la mer Noire. Ce procès autour de l'Ile aux Serpents a finalement était remporté par Bucarest, qui a récupéré 80% de la
superficie concernée. Plus que symbolique, cette victoire a
permis à la Roumanie de mettre la main sur des réserves de
gaz estimées à près de 100 milliards de mètres cubes. Le
ministre des Affaires étrangères de l'époque, Cristian
Diaconescu, n'a d'ailleurs pas caché sa satisfaction, affirmant
que cette décision de la CIJ allait permettre à son pays de
"consolider son indépendance énergétique", notamment vis-àvis de la Russie.
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
A savoir
Premiers pas pour le plus
grand parc éolien du monde
Iberdrola Renovables, filiale dédiée à
l'énergie renouvelable du géant espagnol
Iberdrola, a lancé la construction d'un
parc éolien dans le sud-est de la
Roumanie, appelé à devenir "le plus
grand au monde". Construit dans la
région de Dobroudja, près de la mer
Noire, le parc dont la capacité totale
atteindra 1500 MW en 2017 sera le premier du groupe dans ce pays. Le montant
total de l'investissement est estimé à deux
milliards d'euros.
Les premières turbines seront mises
en service à la fin de l'année. "Il s'agit de
la première phase de ce projet, le plus
ambitieux au monde en termes d'énergie
renouvelable", a indiqué le groupe. La
ferme fournira à terme de l'électricité à
un million de foyers et permettra de
réduire les émissions de CO2 de 1,25
million de tonnes. Iberdrola Renovables,
le numéro 1 mondial de l'énergie renouvelable, dispose déjà de plusieurs fermes
en Europe centrale et de l'est - en
Pologne, Hongrie, Estonie et Bulgarie.
Plusieurs compagnies d'électricité
ont commencé à mettre à profit le vent en
Roumanie, dont le groupe tchèque CEZ,
qui a mis en service l'année dernière ses
premières turbines sur un total prévu de
240, dont la capacité s'élèvera à 600 MW.
Malgré une position particulièrement privilégiée sur la carte des vents d'Europe, la
Roumanie dispose actuellement d'une
puissance installée d'énergie éolienne de
moins de 500 MW, alors que son potentiel s'élèverait à 14 000 MW, selon plusieurs études.
Mer Noire:
concession pour Loukoïl
Le deuxième producteur pétrolier
russe, le groupe privé Loukoïl, a signé un
accord avec la Roumanie pour exploiter
deux périmètres dans la Mer Noire dans
le cadre d'un consortium formé par
Loukoïl Overseas (80 % des parts), d’une
part, et la compagnie américaine Vanco
International (20 %), dautre part. Les
deux périmètres, Est Rapsodia et Trident,
sont situés entre 90 et 1000 mètres de
profondeur et s'étendent au total sur 2000
kilomètres carrés.
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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Moldavie: Baltika
plie ses bagages
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Des voies ferrées
menacées de disparition
Le célèbre brasseur russe
"Baltika", présent dans 50 pays, a
décidé de se retirer du capital de la
firme qui distribuait ses bières en
Moldavie et qu'elle contrôlait totalement, depuis son entrée sur le marché local, en 2000. On ne connaît
pas encore le nom du nouveau propriétaire. La "Baltika" est considérée
comme l'une des meilleures bières
des ex-pays de l'Est, supérieure
même à Ursus, et se commande aux
garçons des terrasses de Chisinau
suivant son numéro… une Baltika 3,
première de la gamme, blonde
savoureuse à 4,8 ° jusqu'à la Baltika
9, strong brune à 8 %.
P
rès de 1500 km de voies de chemin de fer pourraient être définitivement fermées si la proposition du ministère des Transports est acceptée. Selon les
autorités, le maintien en fonction de ces tronçons ne se justifie plus, ni sur le
plan commercial, ni sur le plan technique. Les économies réalisées grâce à la fermeture de ces voies gérées par la Compagnie des chemins de fer roumains (CFR) permettront de développer et moderniser les lignes les plus fréquentées. Lors des négociations
avec le Fonds monétaire international, le gouvernement Boc s'est engagé à fermer 20%
des 17 691 kilomètres gérés par la CFR, soit près de 4000 km, s'il ne trouve pas un
investisseur privé pour en assurer l'entretien. La ministre des Transports, Anca Boagiu,
a affirmé que ces 4000 km seraient mis aux enchères. A l'heure actuelle, seuls 2519 km
sur 20 210 que compte le réseau roumain sont gérés par le secteur privé.
La "Stati Holding", propriété du
magnat Anatol Stati, l'un des hommes les plus riches de Moldavie,
dont la fortune est estimée à deux
milliards de dollars, continue son
développement, prévoyant d'ouvrir
d'ici la fin de l'année dix magasins de
type "économat" dans le pays aussi
bien que dans la capitale, une centaine d'autres devant suivre dans les
trois années à venir. La famille Stati
qui fait aussi des affaires dans le
pétrole au Kazakhstan et au Soudan
s'est associé avec le groupe russe
"X5 Retail Group", spécialiste du
commerce des produits alimentaires
"premier prix".
Crise : comment les judets s'en sortent
Social
S
ur la carte, le produit intérieur brut par habitant, des judets les plus riches (en foncé), aux plus pauvres (en clair), en passant par ceux qui ont dans la moyenne (en grisé), de Bucarest (14 289 €) à Vaslui, en Moldavie (2513 €). Sur le tableau,
par ordre (à peu près) décroissant, comment les judets ont résisté ces deux dernières à la crise, en terme d'évolution de
leur PIB du plus chanceux, l'Arges (Pitesti, + 8,5 % sur deux ans) au plus touché, Vaslui (-18 %).
Nouveau terminal inauguré à Otopeni
L
e Premier ministre roumain
Emil Boc a inauguré le 29
mars le nouveau terminal pour
passagers de l'aéroport international de
Bucarest qui remplira tous les critères
techniques requis pour adhérer à l'espace
Schengen. Les travaux auront duré près
de deux ans pour un investissement de 60
millions d'euros. L'aéroport Henri Coanda
d'Otopeni dispose désormais de 24 portes
d'embarcation, au lieu des neuf qui existaient jusqu'à maintenant et vise l'objectif
de 8 millions de passagers par an au lieu
d'un peu moins de quatre actuellement.
Un tramway "low cost" fabriqué en Roumanie
C
e sera un tramway "pas cher" qui connaîtra le "succès de la Logan sur le
marché roumain comme sur le marché étranger", a soutenu Adrian Crit,
directeur général de la RATB (Régie Autonome des Transports de
Bucarest), en présentant le projet de nouveau tramway bientôt construit en partenariat
international entre sa société, Astra Vagoane d'Arad et l'Allemand Siemens. Ce tramway, "de qualité occidentale", coûtera deux millions d'euros, soit 500 000 euros de
moins que ce qui se fait actuellement en Europe de l'Ouest. Baptisé "Imperio", un prototype sera prêt en octobre de cette année. Il sera construit dans les ateliers de la centrale
de la RATB, à Bucarest.
Une population multipliée par cinq
Du pétrole au discount
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L
a population roumaine a été multipliée par cinq en 150 ans avec, il est vrai,
la création de la Grande Roumanie en 1919, au lendemain de la Première
Guerre mondiale, amenant le rattachement de la Transylvanie, du Banat et
de la Bucovine.
Le pic a été atteint
en 1992 avec près
de 23 millions
d'habitants.
Depuis, la population est retombée aux environs
de 21 millions…
et les pessimistes
la voient à 14-15
millions en 2050,
si la situation ne
se redresse pas
d'ici là.
Impôts sur Internet
L
e ministère des Communications a lancé un système
national de paiement en ligne des taxes et impôts baptisé Ghiseul.ro, à partir d'un simple ordinateur
connecté à Internet et d'une carte bancaire. Même les amendes
pourront être réglées par le biais de ce site web. Pour le moment, seuls les habitants des secteurs 2 et 6 de Bucarest et ceux de
Târgu Mures en bénéficient. Les villes de plus de 150 000 habitants doivent être dotées de cette plateforme informatique dans les
6 mois à venir. Le ministère promet qu'en 2012, tous les Roumains auront accès à Ghiseul.ro.
Les Roumains vivent avec 180 € par mois et par personne
U
n Roumain avait un revenu
moyen de 770 lei par mois,
soit environ 180 €, au troisième trimestre 2010, selon une enquête
de l'Institut National Statistique (INS).
Une famille de trois personnes disposait
de 2231 lei (520 €) pour des dépenses
mensuelles de la vie quotidienne estimées
à 2022 lei (470 €). L'enquête de l'INS
établit que la moitié des revenus (49 %)
proviennent des salaires, en baisse par
rapport à l'année précédente, les prestations sociales entrant pour 26,7 % dans
leur composition, suivis des revenus en
nature (14,4 %), de l'agriculture (3,5 %),
d'activités indépendantes (3 %), de propriétés (0,2 %).
Les dépenses (162 €) représentent
donc 90 % des revenus, mais il ne faut
prendre en compte que les revenus sous
forme de salaire ou d'argent (86 %) et non
ceux en nature, si on veut estimer la capacité des Roumains à pouvoir mettre de
l'argent de côte pour les mauvais jours,
mission donc quasi impossible.
“Une toute petite tranche de Parizer, s’il vous
plait. C’est pour mon martisor”. (Gazdaru)
Les dépenses de consommation, alimentation et de produits non alimentaires
(hygiène, entretien, etc.) représentent
72,4 % du total, les taxes et impôts 1,2 %,
la production (soins et nourriture des animaux, jardin, etc.) 6,4 %, l'investissement
(achat de terrain, maison, appareils
électro-ménagers) 2,4 %. La moitié des
dépenses de consommation sont constituées par la nourriture, les boissons, les
cigarettes, 20 % par l'entretien de la maison, l'eau, l'électricité, le chauffage, le
gaz, les combustibles, les meubles. La
communication (téléphone, télévision,
Internet) représente 5 %, les loisirs et la
culture, 5 %, et la santé, 4,8 %.
Les revenus des citadins dépassent
d'un tiers (32,3 %) ceux des ruraux, leur
salaire en représentant 61,3 %, la part des
revenus en nature chutant à 7 %. Une
famille vivant à la ville disposera de 381
lei (90 €) supplémentaires. A l'inverse,
les revenus en nature des ruraux se chiffrent à 34,4 %, la part des salaires n'étant
que de 27,7 %.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
Social
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HUNEDOARA
BRASOV
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GALATI
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TIMISOARA
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PITESTI
CRAIOVA
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TULCEA
l
n
CONSTANTA
BUCAREST
l
Les chiffres
18
Un nouveau code du travail
qui rend plus précaire
la condition des employés…
Population : 21 542 000 habitants
Superficie : 238 391 km 2
PIB : 119,7 milliards d'euros.
Croissance en % du PIB
en 2010 : - 1,9 %
Croissance en 2009 : - 7,1 %
(UE : 0,2 %, en 2010 : - 1,3 %)
PIB/habitant : 3806 €
Déficit public en % du PIB
en 2009 : 7,8 % (UE : 0,9 %)
Dette publique en % du PIB en
2007 : 12,9 % (UE : 58,7 %)
Taux d'inflation en 2010: + 7,96 %
Chômage en % de la population
active en janvier 2009 : 4,9 %
(UE : 7 %)
Chômage en janvier 2010 : 8,3 %
(UE : 10 %), 762 375 chômeurs
Salaire moyen : 462 €
-Le plus élevé (finances) : 966 €
-Le plus faible (bois) : 181 €
Salaire minimum net : 164 €
(employés), 300 € (cadres)
Retraite mensuelle moyenne :
150 €
Minimum vieillesse : 75 €
Espérance de vie (hommes/femmes) :
69,5-77 ans
Moldavie*:
Population : 4 350 000 habitants
Habitants sur place : 3,5 millions
Superficie : 33 700 km 2
PIB : 4,4 milliards d'euros
Croissance en 2010 : 6,9 %
PIB/habitant : 1010 €
Inflation : 10 %
Salaire minimum : 58 €
Salaire moyen : 180 € à Chisinau,
80 € dans le reste du pays
Chômage (chiffre officiel) : 8 %
Espérance de vie
(hommes/femmes) : 62-70 ans
*Chiffres donnés sous réserves
Le gouvernement roumain a fait adopter par le Parlement son projet de code
du travail destiné à "flexibiliser" le marché de l'emploi, satisfaisant les demandes
du patronat roumain, mais que les syndicats accusent de conduire à une forme
d'"esclavage moderne". La motion de censure déposée par l'opposition a été rejetée de 20 voix.
C
e projet de loi est extrêmement important. Les modifications visent à créer
davantage d'emplois, ainsi qu'à diminuer le travail au noir", a déclaré le
Premier ministre Emil Boc dans son discours devant le Parlement. "La crise
économique mondiale nous a montré que nous avions besoin d'une plus grande flexibilité sur le marché de l'emploi. Nous voulons une Roumanie attractive pour les investisseurs" a-t-il ajouté.
Le nouveau code étend notamment la durée des contrats de travail à durée déterminée de deux à trois ans avec une possibilité d'allonger encore ces CDD. La limite de
trois CDD consécutifs entre un employeur et le même salarié est éliminée, a dénoncé
la confédération syndicale Cartel Alfa qui redoute leur multiplication au détriment des
contrats à durée indéterminée et "une précarisation du travail", avec des salaires inférieurs et énumère les graves atteintes faites à la condition salariale:
La durée de travail hebdomadaire maximale, qui reste fixée à 48 heures, pourra
dorénavant être calculée sur une moyenne de douze mois au lieu de trois actuellement,
mais les syndicats estiment que cette disposition risque de conduire à des dépassements
importants de la durée hebdomadaire. La récupération des heures supplémentaires se
fera dans un délai de 2 mois au lieu d'un, actuellement.
Les syndicats critiquent également des dispositions affaiblissant les accords collectifs, dont l'esprit disparaît à peu près totalement, et favorisant les traitements personnalisés des employés, les contrats individuels étant privilégiés.
La période d'essai passera de 3 à 6 mois. Les salariés n'auront aucune assurance de
réembauche prioritaire en cas de licenciement collectif, lesquels se feront sur des critères subjectifs de performance, sans prendre en compte les situations sociales.
Les contrats temporaires sont encouragés. Les sanctions prises contre des
employés ne seront amnistiées qu'au bout d'un an, en place de 6 mois.
Les directions ne seront pas tenues de prendre en compte les avis des représentants
du personnel (souvent nommées par elles-mêmes, en l'absence d'élections) sur les
conditions de travail, mais juste des les consulter, et si elles le souhaitent.
En conclusion du débat parlementaire, Emil Boc n'a pas caché sa philosophie "néolibérale": "Ce nouveau code n'est pas fait pour renforcer le pouvoir de syndicats, mais
pour les employés qui ont envie de travailler".
Le code prévoit par ailleurs un triplement des amendes pour les employeurs qui
auraient recours à des salariés non déclarés et des sanctions pénales au-delà de cinq personnes employées dans ce cas.
… Accompagné d'un code social de "droite" selon ses auteurs
Après la réforme du Code du travail, le gouvernement Boc s'est attaqué immédiatement à celle du dialogue social. Il a concocté un projet de Code social, "de droite"
comme il le qualifie lui-même, qui vise à réglementer le fonctionnement des syndicats,
des organisations patronales, du Conseil économique et social (CES), modifier le système des négociations collectives et la résolution des conflits au travail, toujours au
détriment des organisations syndicales. Mais cette fois-ci encore, la réforme a du mal
à passer auprès de ces dernières qui ont fini par quitter la table des négociations en
dénonçant un simulacre de dialogue social. Un comble lorsque les discussions tournent
justement sur la réforme des outils de dialogue social.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Social
Scandales de corruption parmi
certains leaders syndicaux
Le gouvernement Basescu-Boc a entrepris, en mars, d'étaler les scandales de corruption qui affectent certains leaders
syndicaux et cachent des pratiques de compromission au détriment de leurs adhérents. Même si les faits révélés sont bien
réels, le calcul du pouvoir - qui y a participé largement en tant qu'employeur - n'est pas innocent. Il s'agit de déconsidérer
les organisations syndicales et de détourner l'attention des Roumains, sans-doute pour leur faire mieux avaler la pilule que
constitue l'adoption du nouveau code du travail.
P
as besoin d'être à la tête d'une des plus grandes forson parc automobile entre une Audi Q7, une Mercedes GL, un
tunes du monde, pour mener un train de vie de
Toyota Land Cruiser V12, le tout d'une valeur approximative
milliardaire. Etre syndicaliste en Roumanie permet
de 300 000 €. Il peut dormir sur ses deux oreilles (pas facide rivaliser avec Mme Bettencourt. Marius Petcu, chef du synle… essayez donc !), un circuit vidéo d'alarme sophistiqué
dicat CNSLR Fratia, médite derrière les barreaux depuis fin
veille sur son bien.
mars sur l'ingratitude que la
La propriété, de 8 hectares,
Direction Nationale Anticorentourée par la forêt, comprend
ruption (DNA) nourrit à son
cinq maisons, dont l'une impoégard au sujet de l'authenticité
sante et ultramoderne, semide ses déclarations au fisc, lesenterrée, comprenant une pisciquelles ne correspondent pas à
ne intérieure, une autre extéses "signes extérieurs de
rieure chauffée bien sûr, un basrichesse". Un comble… lui qui
sin également chauffé de trois
a passé sa vie à défendre les
niveaux pour les poissons exoemployés gagnant souvent
tiques, une lingerie. Le parc
moins de 200 € par mois.
inclut pavillons, cellier, une ferPourtant Marius Petcu
mette traditionnelle authenparait un tout petit garçon aux
Le “logement social” de Liviu Luca: une propriété de 8 ha avec tique, importée du Maramures,
piscines, forêts, logements pour le personnel, parc de voitures... remontée sur place et trônant
côtés de son adjoint qui a pris
momentanément sa place au soleil…pendant que lui croupit à
sur 5000 m2, avec ses dépendances, des habitations pour le
l'ombre (sans-doute pas pour longtemps…). Liviu Luca, vicepersonnel, lequel dispose d'un parc de stationnement pour les
président de CNSLR Fratia, 57 ans, s'est en effet construit un
voitures, une aire de pêche et de loisirs avec lac… et d'un hélidomaine de plus de 10 millions d'euros dans la commune de
port (çà ne coûte pas cher à faire, il suffit de stabiliser un périPaulesti (judet de Prahova). Il ne s'agit là que du joyau de toumètre de 30 m2… mais çà "en jette" pour les patrons venus
tes les propriétés qu'il possède dans le coin, estimées à plunégocier les baisses de salaire de temps de crise!).
sieurs dizaines de millions d'euros. Il a fallu qu'il économise
Le tout est sous la surveillance constante de 20 gardiens,
dur, ses seuls revenus étant sa paye de syndicaliste depuis 21
une vingtaine d'autres employés veillant sur le bien-être du
ans - au lendemain de la "Révolution" -, en principe prise sur
maître des lieux. Liviu Luca est tellement occupé par ses foncles cotisations des adhérents.
tions… qu'il en a oublié de faire sa déclaration de fortune,
Pour se rendre aux réunions syndicales, il a le choix dans
comme l'exige la loi.
A savoir
Retraités: retour au niveau
de vie de 2008… en 2015
le rétablissement pour les fonctionnaires
sera plus long.
aura travaillé dans telle ou telle entreprise en vue de la fixation de sa retraite.
Les retraités et pensionnés ne retrouveront leur niveau de vie de 2008,
quand il était au maximum avec une
croissance économique de 7,3 % (-7,1 en
2009 et -1,3 en 2010), qu'en 2015, d'après
Mugur Isarescu, gouverneur de la
Banque nationale, lequel ne s'attend pas à
un redressement aussi rapide de la situation que lors du début des années 2000.
Le pouvoir d'achat des salariés des secteurs liés à la production et à l'exportation
devrait s'améliorer rapidement, alors que
Disparition
des carnets de travail
Les Moldaves mal lotis
Depuis 1er janvier, la chronologie du
temps de travail de chaque salarié n'est
plus indiquée dans le carnet de travail.
Désormais, chaque salarié doit lui-même
demander, à la fin de son contrat dans une
entreprise, une attestation précisant la
durée de son contrat, ses salaires, etc. Le
tout de manière à lui permettre de pouvoir justifier du nombre d'années qu'il
Avec un salaire moyen de 177 euros,
les Moldaves (Chisinau) se situent en
queue de peloton des salariés les moins
payés de la CEI (ancienne URSS). Seuls
les ressortissants du Kirghizstan (108
euros) et Tadjikistan (66 euros), sont
encore plus mal lotis. Les russes caracolent en tête avec 523 euros, kazakhs et
biélorusses recevant respectivement 381
et 338 euros.
19
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Evènements
l
SATU MARE
BACAU
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VASLUI
ARAD
BRAILA
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BRASOV
TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
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TULCEA
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BUCAREST
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CONSTANTA
L'autoroute du
"soleil"… ce ne sera
pas pour cet automne!
20
Les travaux d'un nouveau boulevard au centre de Bucarest ont soulevé la colère des riverains qui accusent la mairie de détruire des bâtiments historiques, mais
aussi provoqué une incroyable intrusion de la mairie au domicile d'un particulier.
CERNAVODA
n
GIURGIU
boulevard passant au milieu du salon…
la mairie contre un simple particulier
l
IASI
TARGU
MURES
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Bucarest: les bulldozers de
l
SUCEAVA
ORADEA
l
Maison coupée en deux,
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Claironnée par le gouvernement,
"l'autoroute du Soleil", reliant d'un
trait la capitale à la Mer Noire, devait
être inaugurée cette année.
Il n'en sera rien, sa mise en
service n'étant désormais
attendue au plus tôt qu'en
2014. L'absence d'un certificat d'urbanisme pour un
maillon de 14 km entre
Cernavoda et Medgidia
serait la cause de ce
contretemps. La firme française Colas, qui a en charge la construction de ce
tronçon, a déposé voici huit
mois une demande administrative pour un aménagement des travaux et n'a
toujours par reçu de
réponse. Le préfet du judet de
Contantsa a déclaré qu'il allait poursuivre en justice le Conseil général
pour ne pas avoir fait son travail.
La ministre des transports, Anca
Bogiu, a proposé de contourner le
problème en ne réalisant qu'une
chaussée sur deux de l'axe, dans
l'attente des autorisations, provoquant la stupéfaction de Colas. Puis,
elle a envisagé de résilier le contrat
de la firme et de relancer un appel
d'offres… ce qui pourrait entraîner le
retrait du financement de l'UE. Voilà
qui fait craindre aux plus pessimistes
que l'autoroute ne soit achevées qu'à
la fin de la décennie. En 2011, les
automobilistes se rendant de
Bucarest à Constantsa devraient
cependant pouvoir emprunter les
maillons contournant cette dernière
ville et menant à Cernavoda, finalisés normalement à l'automne.
L
e 14 janvier au petit matin, des policiers et des fonctionnaires de la mairie
ont fait irruption dans la maison des Iliescu, au 65 rue Berzei. Teodor, la
trentaine, et son père sont en train de prendre leur petit déjeuner. "Sortez de
chez nous ! C'est une propriété privée", lance Dan, le père. "C'est désormais la propriété de l'Etat", lui rétorque un policier. Pour clarifier la situation, un fonctionnaire prend
une craie et trace une ligne au beau milieu du salon. "Tout ce qui est à gauche va être
détruit pour élargir la rue. Ce qui est à droite reste votre propriété…" (...) "Ils ont commencé à casser les fenêtres et les portes et à sortir sur le trottoir tout notre mobilier.
Trois jours auparavant, on nous avait coupé le gaz, l'eau et l'électricité", raconte
Teodor, qui ajoute n'avoir reçu aucun avertissement de cette intervention de la part de
la mairie.
Quelques jours plus tard, alors
que les températures oscillent autour
des zéro degré, des bulldozers viennent couper la maison des Iliescu en
deux. Pour empêcher les voleurs de
pénétrer chez eux, Teodor doit
veiller nuit et jour avec son père, un
bâton à la main. "J'ai dû souder le
portail, sinon on nous l'aurait fauché
pour le revendre", lâche-t-il fatigué.
Depuis peu, la partie éventrée de la
maison a été rebouchée à l'aide de
grandes planches de contreplaqué,
mais le gaz n'a toujours pas été
Voilà ce qu'il reste du salon de la maison remis. "Ils nous ont coupé notre
de la Strada Berzei après le passage des bull-dozers. maison comme une simple tarte.
Cette bâtisse à 100 ans et notre famille a toujours vécu dedans. Mais on restera ici et
nous obtiendrons des dédommagements", explique Mariana, la mère, qui rappelle que
jusqu'à maintenant, elle n'a reçu que de vagues promesses.
Utilité publique contre patrimoine historique
L'élargissement de la rue Berzei fait partie d'un vaste projet de la mairie pour désengorger le trafic automobile du centre de la capitale. Une nouvelle artère de six bandes et une ligne de tramway vont bientôt relier le quartier Uranus, près du Palais du
Parlement, à Piata Victoriei et au nord de la ville. A la fin de l'année dernière, le maire
de Bucarest Sorin Oprescu affirmait fièrement qu'il s'agissait de "la plus grosse opération urbaine des vingt dernières années", assurant qu'il faudra "un maximum de vingt
minutes" pour relier en voiture Piata Victoriei à Piata Cosbuc.
Soutenues par l'Union des architectes de Roumanie, une quinzaine d'associations se
sont regroupées pour tenter de stopper le projet. Réunies sous le nom de "plateforme
pour Bucarest", elles ont proposé à la mairie un plan de développement urbain alternatif. "En Europe de l'ouest, on s'est rendu compte depuis longtemps qu'élargir les rues
ne résolvait pas le problème de la circulation, mais qu'il fallait une vision stratégique
qui s'encadre dans un développement urbain global pour le faire", indique Gruia
Badescu, l'une des membres du mouvement.
En plus d'accuser les pouvoirs publics de ne pas avoir de vision à long terme, ce
groupement d'associations dénonce avec véhémence une destruction irréfléchie du
patrimoine historique.
Même si la mairie a obtenu de la part du gouvernement la
qualification d'"utilité publique" pour ce projet, lui permettant
de procéder à des expropriations, certains bâtiments protégés
par la loi posent encore problème.
Les travaux de destruction de "Hala Matache", classée
monument historique, ont débuté sans l'avis du ministère de la
Culture, avant d'être stoppés en l'attente d'une clarification de
la situation. "Le ministre nous a assuré qu'il ne donnerait pas
son accord pour la destruction du monument. Espérons qu'il
tienne promesse", conclut Gruia Badescu. Tout n'est donc pas
encore joué, même si un retour en arrière semble désormais
peu probable.
Jonas Mercier
Près de 500 000 jeunes Roumains consommeraient des poudres psychotropes
La fin des marchands de rêves ?
L
es magasins de rêve vont-ils mettre la clé sous la
porte, pour de bon cette fois-ci ? C'était en tout cas
l'ambition d'un projet de loi, inspiré de l'exemple
polonais, qui a été dévoilé lors d'un conseil des ministres, fin
février. Si, finalement, ces officines vendant des "drogues
légales" ne seront pas interdites, elles ne pourront désormais
proposer que des produits homologués par les ministères
concernés (Agriculture, Santé), produits dont la composition
sera contrôlée.
Pour lutter contre le déferlement de ces "drogues" légales,
le gouvernement a aussi annoncé le renforcement des contrôles dans ces magasins. Le Premier ministre a reconnu la relative impuissance des autorités à endiguer définitivement ce
phénomène. "D'après les spécialistes, la possibilité de multiplication de ces substances ethnobotaniques et le nombre de
combinaisons sont infinies. Et il est très difficile de trouver
une formule qui encadre toutes ces substances" a-t-il regretté.
A chaque coin de rue
On trouve des marchands de rêve à chaque coin de rue en
Roumanie, ou presque. Depuis des mois, le nombre de magasins vendant des produits ethnobotaniques n'a cessé de se multiplier dans les principales villes roumaines. Malgré une première loi adoptée en urgence par le gouvernement il y a plus
d'un an et interdisant la vente d'une vingtaine de substances
psychotropes, ces "spice shops" n'ont pas arrêté de vendre des
herbes et autres produits soi-disant "naturels" qui promettent
aux jeunes Roumains les vertiges d'un bon "trip".
De nouvelles substances de synthèse ou de légères modifications apportées à la composition de produits interdits ont
suffi à poursuivre le commerce, qui se développe aussi sur
Internet. A tel point qu'en deux ans seulement, la Roumanie,
qui n'était absolument pas concernée par le phénomène, est
devenue l'un des cinq pays d'Europe où la consommation de
ces drogues douces est la plus répandue.
Selon le Conseil de l'Europe, près de 500 000 jeunes
Roumains consommeraient ces poudres qui font "rêver". Et si
leur nombre n'est pas connu avec exactitude, plusieurs jeunes
Roumains - sans doute quelques dizaines - ont perdu la vie
suite à la consommation de ces produits. Début février, un
jeune Bucarestois, Robert, est mort après s'être offert un voyage "au pays des rêves".
"Ne commercialisez plus la mort!"
Face à ce déferlement, les autorités, qui ont mis du temps
à réagir, n'ont pas réussi à prendre des mesures efficaces. Dans
de nombreuses villes - Buzau, Iasi - les appels lancés depuis
longtemps pour fermer ces magasins ont été entendus et les
mairies ont décidé d'interdire une partie, voire l'ensemble de
ces "spice shops", mettant en avant la dangerosité des produits, notamment auprès des jeunes collégiens et lycéens.
Fin décembre, il a par exemple été décidé d'interdire ces
commerces dans un rayon de 1,5 km autour des écoles, cités
universitaires ou bibliothèques. Mais beaucoup ont continué
de fonctionner malgré tout. Une nouvelle offensive a été lancée début février: la mairie du secteur 2 de Bucarest a fermé
33 magasins qui enfreignaient la loi et Radu Mazare, le maire
de Constanta, a pris une décision similaire.
Le lundi 14 février, une manifestation a même été organisée devant le siège du gouvernement, Piata Victoriei, pour
réclamer la fermeture pure et simple de tous ces établissements. Sur les pancartes des manifestants, parmi lesquels se
trouvaient des personnalités comme le rappeur Puya, l'on pouvait lire: "Les produits ethnobotaniques sont un poison qui
tue! Ne commercialisez plus la mort !".
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournalcom/ Bucarest)
Licencieux… et licencié, le prêtre en appelle à l'UE
T
rouvé au lit avec deux garçons, le Père Prouteau, confesseur du monastère Tabara d'Orhei (République de Moldavie) se
réfère à la législation anti discriminatoire de l'UE pour contester son interdiction de dire la messe et la procédure de
radiation engagée contre lui par l'Eglise orthodoxe moldave. Il réclame en outre des dommages et intérêts à sa hiérarchie, lui reprochant de l'empêcher d'exercer son ministère et de remplir ses lucratives attributions. Le gouvernement moldave a
adopté une loi anti-discrimination le 17 février dernier, qui doit encore être approuvée par le Parlement. Des associations familiales ont vivement protesté, menaçant de manifester et de faire connaître leur mécontentement dans les urnes.
21
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
Divorcer en un mois
pour le prix d'un timbre poste
Vie quotidienne
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ORADEA
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BRASOV
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TARGOVISTE
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BUZAU
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BUCAREST
MANGALIA
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A 23 ans, plus jeune
grand-mère du monde
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Vie quotidienne
Les séries télévisées asiatiques, coqueluche des Roumains
"Mon feuilleton coréen bien mieux qu'une télénovela"
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IASI
TARGU
MURES
ALBA IULIA
ARAD
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Rifca Stanescu, 23 ans, mère de
deux enfants, une Tsigane originaire
du village d'Investi, proche de Vaslui,
et établie en Grande Bretagne, est
devenue la plus jeune grand-mère du
monde. Le record antérieur était détenu par une Britannique de 29 ans.
Elle avait elle-même été maman à
l'âge de 12 ans, s'étant enfuie un an
plus tôt de la maison avec un garçon
de 13 ans, son père voulant la marier
avec un autre jeune. Maria, sa fille
aînée, s'est mariée à 10 ans et a
donc donné naissance six mois plus
tard, début mars, à un garçon, à la
maternité de Galati. Du coup, la mère
de la plus jeune grand-mère du
L
e nombre de divorces a beaucoup baissé ces deux dernières années, passant
de 30 628 en 2009 à 29 887 en 2010, après avoir atteint le niveau record de
33 504 en 2008, juste avant que la crise ne frappe. Cette évolution est d'autant plus marquante qu'il est devenu beaucoup plus simple de divorcer, selon une procédure par consentement mutuel, appelée divorce administratif - les couples disposent
d'un délai de 30 jours pour revenir sur leur décision, après lequel le mariage est automatiquement dissous - et surtout moins coûteux. Ainsi à Bucarest, il suffit d'acquitter
un timbre fiscal de 5 lei (1,2 €)… guère plus cher qu'un timbre poste pour l'étranger.
Le tarif peut cependant varier d'une ville à l'autre. Il est de 100 lei (23 €) à Targua Jiu,
300 lei (70 €) à Galati et Oradea, 500 lei
(115 €) à Botosani, Focsani et Suceava, et
650 lei (210 €) à Targua Mures.
Si le couple a des enfants mineurs, le
recours au divorce administratif n'est pas
possible et le passage devant un juge est
nécessaire. Outre les honoraires des avocats,
il faut alors acquitter une taxe à l'Etat de 39
lei (10 €), à laquelle s'ajoute un montant de
3 % de la valeur des biens à partager. En
outre, le couple doit invoquer un motif de
séparation reconnu valable.
La raison la plus avancée est l'incompa-Çà fait 3 ans que j’ai divorcé et depuis tibilité d'humeur qui regroupe des cas d'infimon ex n’arrête pas de boire!
-Fêter çà aussi longtemps... délité, d'abandon de domicile ou de violenMais ce n’est pas possible ! ces domestiques. Ces dernières ne sont souvent pas citées directement car difficiles à prouver: elles nécessitent des certificats
médicaux et les déclarations d'au moins deux témoins. En outre cette procédure peut
demander plusieurs années avant d'être solutionnée. L'incompatibilité d'humeur cache
aussi, par pudeur, des raisons reconnues par la loi comme la non-consommation du
mariage ou des dysfonctionnements physiologiques affectant les rapports conjugaux.
Huile et sucre gratuits : hystérie à travers le pays
E
monde, qui s'était mariée à l'âge plus
raisonnable de 17 ans, est devenue
arrière-grand-mère à 40 ans.
La Roumanie continue donc à "collectionner" les records dans le domaine de la maternité. A l'opposé de l'échelle des âges, Adriana Iliescu était
devenue, en 2005, à 66 ans, la plus
vieille maman du monde, dépassée
depuis par une Indienne de 70 ans.
Pour autant la Roumaine n'a pas
renoncé à retrouver son "titre", ayant
déclaré qu'elle souhaitait avoir encore
un enfant.
n mars, des milliers
de Roumains à travers tout le pays ont
pris d'assaut les magasins de
plusieurs chaînes qui proposaient des promotions, provoquant des queues jamais vues
depuis 1989, des bagarres
entre les clients qui attendaient
dans le froid depuis deux heures du matin, des policiers
venus mettre de l'ordre ayant
même failli être lynchés.
Vaslui, Târgoviste, Vulcan (Târgu Jiu), Mangalia (Constantsa), Arad, Bucuresti,
Brasov… Presqu'aucune région n'a été épargnée par cette hystérie déclenchée à l'annonce de la remise d'une bouteille d'huile de deux litres gratuite pour une achetée, d'un
kilo de sucre, ou de détergents, les stocks étant dévalisés en un tour de main. Les
queues regroupaient jusqu'à 500 personnes, s'étendant sur une centaine de mètres.
Ménagères, retraités, chômeurs, etc. jouaient des coudes, en venant aux mains, se battant à coups de bouteilles. A Mangalia les vitrines d'un magasin ont explosé, à Arad,
trois vieilles femmes se sont évanouies dans la bousculade.
Les séries sud-coréennes diffusées par les chaînes de télévision publiques sont devenues la coqueluche des Roumains.
Leur audience dépasse désormais celle des telenovelas proposées par les chaînes commerciales. Pourquoi un tel succès ?
s'interroge Romania Libera.
L
es séries coréennes sont entrées en
Roumanie en juillet 2009, lorsque la chaîne
de télévision publique a lancé Giuvaerul
palatului (Le jouyau du Palais), un feuilleton en 70 épisodes narrant les intrigues d'une dynastie royale de 1494
à 1544. La promotion de la série ayant été timide, le
public roumain l'a découverte tardivement. Ce sont les
commentaires d'internautes sur les forums et les blogs
comme Koreafilm.ro qui ont déclenché la contagion.
Sous le pseudonyme de Lotte, une fan écrit, enthousiaste,
que la série coréenne n'a "rien de comparable avec les feuilletons assommants et ineptes qui passent à la télé en ce
moment". La série coréenne décrit la vie au palais royal par le
biais des cuisines et de ceux qui y travaillent. Lotte apprécie
"la décence, le sérieux, l'authenticité et, bien sûr, la culture
coréenne" et conclut: "Ce n'est pas seulement un film, c'est une
image de la Corée qui a traversé cinq cents ans d'histoire pour
venir nous donner une leçon de bon sens et de raffinement".
sode. "Ce succès a également influencé la politique d'acquisitions des chaînes de télévision en Ukraine et en Bulgarie",
relève Luminita Boerescu, responsable des achats de droits à
TVR. Selon elle, le public apprécie de tels programmes parce
qu'ils permettent "de s'évader dans une histoire avec des héros
qui représentent des modèles parfaits de moralité, qui vivent
dans un monde exotique dominé par la pudeur et la décence.
Autant de concepts que le monde moderne a oubliés".
Ras le bol des feuilletons américains
Pas cher et excellents résultats d'audience
Des centaines de messages sont postés par des téléspectateurs conquis. Les séries coréennes l'emportent haut la main
sur les telenovelas sud-américaines ou les productions nationales. L'analyste des médias Petrisor Obae explique cet engouement par le fait que ces séries proposent "une alternative à ce
qu'on trouve sur le marché de la télévision à l'heure actuelle.
Leur principal attrait repose sur la spécificité d'une culture
peu présente jusque-là dans l'espace télévisuel".
De la peinture de la vie quotidienne à celle de la gastronomie, de l'art et des hiérarchies sociales, tout est nouveau
pour le public roumain, détaille l'expert. De plus, la série n'essaie pas de forcer l'audience avec des artifices tels que le sexe
ou la nudité. Pour la chaîne roumaine TVR, ces films sont une
opération réussie: des coûts d'acquisition bas et d'excellents
résultats d'audience. Ainsi celle de Furtuna la palat ("Orage
au palais") dépasse-t-elle les 500 000 téléspectateurs par épi-
Il en fallait pourtant beaucoup pour faire migrer le téléspectateur roumain des telenovelas ou des feuilletons roumains remplis d'histoires de Tsiganes vers la lointaine Corée.
Plus que l'attrait pour ce pays et son exotisme, le phénomène
est le résultat d'une certaine overdose, des séries locales et
américaines, estime pour sa part un anthropologue, Vintila
Mihailescu. "Quiconque prête un peu l'oreille aux doléances
du public peut remarquer une saturation vis-à-vis de l'offre
existante. Le public en a assez des histoires spectaculaires et
de l'humour gras. Alors, lorsque des chaînes font des offres
vraiment nouvelles, la réponse est positive." De fait, les spectateurs réagissent aussi bien à l'introduction timide du genre
documentaire qu'aux télénovelas coréennes. "Voilà un message positif adressé aux chaînes, conclut l'anthropologue. C'est
le signe qu'elles peuvent se permettre d'être un peu plus créatives sans pour autant perdre de l'audience !"
Manuela Golea (Romania Libera)
Appréciées pour leur qualité et bientôt en France
L
es séries télé américaines sont
peu diffusées sur les chaînes
coréennes, explique le site
Coreeenfrance.com. La télévision coréenne est connue pour être le royaume de
la série. Ainsi, nombre de comédiens
coréens commencent leur carrière à la
télévision, dans ces feuilletons, avant de
se lancer dans le cinéma.
Les chaînes diffusent au moins deux
heures de séries par jour. Les sujets des
séries du matin, appréciées par les femmes au foyer, portent toujours sur les
relations familiales. Un thème très
apprécié par les femmes au foyer coréennes est celui du mari infidèle puni par sa
femme. Vient ensuite, après l'école, le
feuilleton dédié aux ados. Enfin, les trois
principales chaînes du pays se disputent
la plage horaire la plus disputée, de 22
heures à 23 heures, avec force séries de
grande qualité, concurrence oblige.
Leur succès gagne l'étranger, le reste
de l'Asie en particulier. Mais même en
France, où elles ne sont pas encore présentes sur les chaînes de télévision, ces
séries, désignées sous le nom de "dramas
coréens" et appréciées pour leur qualité
et leur tenue, ont leurs amateurs… et
leurs blogs !
23
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie quotidienne
l
ORADEA
SATU
MARE
l
CLUJ
l
l
BOTOSANI
l
l
l
BRASOV
l
l
CHISINAU
SF. GHEORGHE
l
ARAD
IASI
l
TARGU
MURES
TIMISOARA
SIBIU
R. VALCEA
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
l
TULCEA
CRAIOVA
l
n
BUCAREST
GIURGIU
CONSTANTA
l
l
De 30 jours à un an
pour adopter un enfant
24
Un Roumain sur quatre
serait touché par l’obésité
Le gouvernement Boc a décidé de
faciliter les adoptions, en adoptant une
loi qui accélère leur processus.
Désormais, un enfant né de parents
inconnus peut être adopté 30 jours
après l'établissement de son certificat
de naissance, tandis qu'un enfant
abandonné peut l'être un an après que
ses parents ont déclaré ne plus vouloir
s'en occuper. L'objectif est d'augmenter le nombre d'adoptions.
Actuellement, 67 000 enfants sont pris
en charge par l'Etat, dont 22 000 environ se trouvent dans les centres de
placement. L'an dernier, 1700 enfants
ont été adoptés par des parents roumains, contre 1200 en 2009. Mais ces
modifications ne concernent que les
adoptions "internes" et la porte-parole
du gouvernement, Ioana Muntean, a
précisé que la réglementation en
vigueur pour les adoptions internationales ne changeait pas. Pour l'heure,
les adoptions internationales restent
donc "fermées".
Décès à presque
107 ans de la doyenne
des Roumains
Ecaterina Gaman, la doyenne des
Roumains, 106 ans et 9 mois, est
décédée à la miavril à l'hôpital de
Buzau, des suites d'un infarctus. Elle était née
en 1904 dans la
localité proche
de Beceni.
Mariée à 19 ans,
elle avait eu 11 enfants, 7 seulement
survivant, dont 6 encore en vie, le plus
vieux ayant 83 ans.
L
a prévalence de l'obésité a quasiment doublé en près de 30 ans dans le
monde et touche 500 millions d'adultes, davantage les femmes que les hommes, selon une étude publiée par The Lancet. la revue souligne qu'un
Roumain sur quatre est obèse et un sur deux a des problèmes de poids. Un cri d'alarme est lancé vis-à-vis des adolescents roumains qui suivent le mouvement général:
mauvaise alimentation, pas d'exercice physique, overdose d'internet et de télévision.
Cas unique en Europe occidentale et rare dans le panorama mondial, selon cette
étude, l'IMC a baissé en vingt-huit ans chez les femmes d'Italie, tandis qu'il n'augmentait que très peu en Belgique, en Finlande et en France, selon l'étude, qui ne donne pas
d'explications. Les femmes de Suisse sont les plus minces d'Europe, suivies ex aequo
par celles de France et d'Italie, juste en dessous du seuil de surpoids. Les Français sont
les hommes les plus minces d'Europe, sous le seuil de surpoids aussi, juste devant les
Groënlandais, les Danois et les Néerlandais.
Les chercheurs rappellent que le surpoids est un facteur de risque important pour
les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer et serait à l'origine de quelque 3
millions de morts dans le monde chaque année.
Dans un autre ordre d'idée, un chercheur roumain a comparé l'évolution de la
consommation de ses compatriotes depuis une dizaine d'années, notant que sous le
gouvernement Nastase (2000-2004), ils avaient consommé moins d'œufs et d'huile
mais davantage de pain, l'époque Tariceanu (2004-2008) étant marquée par une stagnation de la consommation de viande et une augmentation de celle d'alcool. Depuis trois
ans, les Roumains se seraient mis au riz.
A savoir
Espérance de vie:
les Roumains mal lotis
Les citoyens roumains sont parmi les
plus mal lotis dans l'UE en ce qui concerne l'espérance de vie, qui se situe à 73 ans
(75 ans à Bucarest, 70,3 ans dans le judet
de Satu Mare), contre près de 80 ans dans
nombre d'états membres. La moyenne
pour les Roumaines est de 77 ans (78,5
ans à Bucarest et 75 ans à Satu Mare),
mais elle tombe un peu en dessous de 70
ans pour les hommes (66 ans à Satu Mare,
71,7 ans à Râmnicu Vâlcea).
Seulement 2 %
de mères célibataires
Sur l'ensemble de la population européenne, 4% sont des femmes célibataires
avec au moins un enfant, indique une
étude Eurostat basée sur des données
chiffrées de 2009. Seulement 0,5% des
Européens se classe dans la catégorie des
pères célibataires. Les femmes célibataires avec enfants se concentrent principalement en Estonie et au Royaume-Uni où
elles représentent 7% de l'ensemble de la
population. L'Irlande, la Lettonie et la
Lituanie compte 6% de mères célibatai-
res. A l'inverse la Grèce, la Finlande, la
Roumanie et Malte sont les pays où le
taux de mères célibataires est le plus faible (2%). En France, 4,7% de femmes
sont dans cette situation, contre 0,8% des
hommes.
La maison plébiscitée
La grande majorité des citoyens roumains vivent en maison individuelle
(60,7%), alors que 37,7% logent en
appartement, 1,6 % en maison mitoyenne
(23% dans l'UE), selon les statistiques
d'Eurostat pour 2009. 22 % ont des fuites
de toiture dans leur habitation ou de l'humidité (15,9 % pour l'UE), 8,7 % souffrent de l'obscurité de leur logement
(7,3 %).
Environ 43 % des Roumains n'auraient pas de toilettes intérieures et ne
disposeraient ni d'une baignoire, ni d'une
douche chez eux. A ce chapitre, la
Roumanie est de loin le pays de l'UE le
plus mal loti, étant donné que la moyenne
des 27 pour ces deux indicateurs atteint,
respectivement, 3,5% et 3,1%. 55% des
Roumains disent vivre dans des conditions de surpopulation, pour une moyenne
européenne de 17,8%.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Faits divers
Société
L'auteur de "Gomorra": "En Roumanie
la mafia italienne contrôle la prostitution
le trafic de drogue et le blanchiment d'argent"
La criminalité organisée italienne a fait la jonction entre l'Europe de l'Est et du Nord, affirme Roberto Saviano, l'auteur du roman-enquête Gomorra sur l'emprise de la mafia et de la camorra sur les quartiers de Naples. Dans une interview
au magazine Foreign Policy Roumanie, réalisée par Gabriela Preda, il indique qu'en Roumanie, elles contrôlent la prostitution, dont les ramifications s'étendent jusqu'en Italie, le trafic de drogue et le blanchiment d'argent.
Gabriela Preda: Vous dites que de nombreux pays
n'arrive même pas à en obtenir une description sommaire. On
Balkans constituent désormais des plaques tournantes des
sait cependant qu’ils ne sont pas toujours roumains. Car ce
trafics internationaux. Quelle place tient la Roumanie dans
sont les organisations criminelles italiennes qui contrôlent le
ce dispositif ?
marché de la prostitution, sauf à le "sous-traiter" parfois.
Roberto Saviano : J'ai récemment rassemblé du matériel
Ces derniers temps cependant les organisations criminelpour une enquête sur [la prostitution] et j'ai interrogé par téléles roumaines semblent aussi s'imposer en Italie, et cherchent
phone de nombreuses jeunes prostituées. Les filles originaires
à "diversifier" l'activité de leurs "salariées" en y ajoutant le
d'Europe de l'Est sont nombreuses en Italie, et la Roumanie est
trafic de drogue. Plusieurs milliers de prostituées roumaines
l'un des pays qui "exporte" le plus dans ce domaine. Il s'agit de
se sont mises à vendre de la cocaïne aux clients, même si elles
centaines et de centaines de filles. A Rome, par exemple, il est
n'en prennent pas. Il s'agit d'une nouveauté, une nouvelle strade notoriété publique que les escort girls les plus belles et aux
tégie des organisations criminelles roumaines. Celles-ci
tarifs les plus raisonnables sont originaires de Roumanie.
essaient ainsi de "consolider" le rapport avec leurs homoloG.P. : Qu'entendez-vous par "tarifs raisonnables" ?
gues italiennes, qui entretenaient jusqu'à présent des relations
R.S.: Cent euros. Ce sont des filles saines, elles se
d'affaires avec les Albanais, les Bulgares, les Macédoniens et
maquillent correctement, ont des poitrines avantageuses
les Ukrainiens, qui sont sur place depuis longtemps.
quoique retouchées et ne se droguent pas. Par comparaison,
une prostituée russe du même "niveau" vend son corps pour
"Elles maîtrisent mieux l'italien que les autres"
200 à 300 euros. Il faut ajouter que les roumaines sont souvent
très jeunes et sont considérées comme sans scrupules.
G.P.: Vous semblez très sûr de ce que vous affirmez.
Contactées le plus souvent par téléphone, elles acceptent tous
Comment un écrivain peut-il avoir autant de certitudes?
les clients dès le départ, sans poser de conditions.
Quelles sont vos sources ?
Une "collègue" italienne ne négociera pas, mais se renseiR.S. : C'est très simple. Dans le cas de l'enquête "escort",
gnera auparavant sur le client, sur ses attentes. Elles connaispar exemple, en plus des rapports de police, les éléments sont
sent très bien le marché, et elles répondent
au vu et au su de tout le monde: en surfant
donc à toutes les questions, exactement
sur des sites Internet de rendez-vous à
comme pourrait s'y attendre un Italien, donRome, par exemple, il y a toujours des
nant ainsi l'impression d'être "conquises"
annonces postées par de nombreuses escort
par les clients.
girls roumaines, et maintenant je les reconA la question "Dans quel pays euronais dès la présentation. On les distingue
péen préférez-vous travailler?", les escort
des autres, car les Bulgares ou les Russes
girls roumaines répondent d'emblée l'Italie,
maîtrisent moins bien l'italien. Les
soulignant que les clients ne se saoulent pas
Bulgares en particulier tendent à utiliser le
L’écrivain Roberto Saviano.
comme en Allemagne ou dans d'autres pays,
traducteur automatique de Google. Enfin,
mais ils embellissent la "rencontre" avec de nombreux complij'ai remarqué une nouvelle tendance au sein du marché des
ments ou des cadeaux.
escort girls: leur arrivée dans le monde du show-business et de
la télé. Rien de nouveau, me direz-vous, vu de l'extérieur. Le
problème, c'est qu'ici, en Italie, nombre d'entre elles font carLes escort-girls roumaines cachent leur
rière. Elles peuvent devenir secrétaires d'Etat, conseillers ou
nationalité et se présentent comme des Russes
peuvent occuper d'autres hautes fonctions.
Il faut ajouter que les escort girls roumaines en Italie
L'aspect moral ne m'intéresse pas, parce qu'au final, chaessaient de cacher leur nationalité. Elles se présentent souvent
cun peut décider s'il veut vendre son corps et à qui. Mais je
en tant que "russes" , et cet aspect ressort également de leurs
crois fermement que cela peut devenir un problème si on en
présentations sur internet. J'ai l'impression qu'elles essaient
arrive au chantage, à l'échange de faveurs avec les "proxénèd'éviter l'amalgame "Roumanie = tsiganes ou misère".
tes", voire directement avec les prostituées, c'est à dire quand
C'est quand on en arrive aux tarifs que leur nationalité
on fait entrer en jeu l'argent sale, la corruption, ou les recomémerge. De plus, elles ne parlent jamais de leurs maquereaux.
mandations pour un quelconque emploi.
Ces personnages restent un mystère: quoi que l'on fasse, on
Propos recueillis par Gabriela Preda
25
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
Vaste trafic de poids lourds
démantelé dans l'Est de la France
Faits divers
l
SAPANTA
ORADEA
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NADLAC
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SUCEAVA
IASI
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MURES
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VASLUI
SIBIU
TIMISOARA
GALATI
R. VÂLCEA
CRAIOVA
l
l
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TULCEA
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PLOIESTI
n
BUCAREST
CERNAVODA
l
Près de 150 kg
de cocaïne
saisis à Sapânta
26
Les "faux Bulgares" font
exploser le nombre d'accidents
Faits divers
l
BACAU
l
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Près de 150 kg de cocaïne ont été
confisqués par la police, fin mars,
dans une halle du village de Sapânta
(Maramures), connu pour son "cimetière joyeux". La drogue était dissimulée dans un container censé transporter du bois de Bolivie, à destination
d'une société basée dans ce même
département. Les forces de l'ordre ont
repéré la cargaison de stupéfiants
dès son arrivée en Roumanie, qui
s'est faite par le port de Constanta, et
l'ont suivie jusqu'à sa destination finale. Cette opération a impliqué plusieurs brigades policières, dont celle
de la lutte contre le crime organisé et
la police des frontières.
La meurtrière du
Père Roger, de Taizé
poignardée à son tour
Luminita Solcan, 41ans , qui avait
tué de plusieurs coups de couteau, le
Père Roger, leader spirituel de la
Communauté de Taizé, au cours
d'une retraite en août 2005, a été
ellemême
poignardée et
grièvement
blessée
par sa
voisine
de chambre qui la poursuivait en pleine nuit
dans les couloirs de l'établissement
psychiatrique dijonnais où les deux
femmes sont internées. La Roumaine
a demandé à plusieurs reprises à être
transférée dans son pays.
A
près deux ans d'enquête, les gendarmes de la section de recherche de
Reims viennent de mettre fin à un trafic international de poids-lourds.
Cette affaire s'est soldée par l'interpellation d'une quinzaine de personnes
d'origine moldave et ukrainienne. Une cinquantaine d'ensembles routiers volés de
l'Alsace à la Bretagne, pour un préjudice global chiffré à 10 millions d'euros environ:
c'est le butin affiché par une trois équipes moldaves et ukrainiennes spécialisées dans
le vol d'ensemble routiers. Un trafic mis au jour par les gendarmes de la section de
recherche de Reims après deux ans d'enquête.
La cible de ces voleurs : les plateformes de logistique des transporteurs, les aires
de repos où stationnent les ensembles routiers (tracteur et remorque) vides. La plupart
ont été volés de nuit, "parfois plusieurs par nuit". Dans la région ChampagneArdenne, sept vols ont été perpétrés, dont deux dans les Ardennes (Rethel et Châteletsur-Retourne), un dans la Marne (Saint-Martin-sur-Le-Pré) et deux dans l'Aisne
(Villeneuve-Saint-Germain, près de Soissons). Ces camions volés transitaient par la
Belgique, où ils étaient "déplaqués et maquillés" avant de prendre la direction des
pays de l'Est. Dix huit ensembles ont été retrouvés en Pologne, en Roumanie, en
Ukraine, en Allemagne...
Le préjudice global de cette affaire est estimé à 10 millions d'euros environ, comprenant le prix d'un ensemble routier (de 100 à 150 000 euros) et le préjudice financier pour les entreprises victimes de ces vols, dont l'une a failli être conduite au dépôt
de bilan après le vol de deux poids lourds.
Cubains qui se font passer pour des Belges
J
ournée mouvementée, le samedi 12 février, pour les douaniers et policiers aux
frontières de la Roumanie. Ce jour là, la police des frontières de Nadlac
(Arad) a arrêté deux Cubains de 23 et 21 ans qui tentaient de se faire passer
pour des Belges et avaient présenté de faux documents, remis par un ami d'Amérique
centrale, afin de pouvoir entrer en Hongrie et dans l'espace Schengen. Au cours de la
même semaine, les policiers avaient interpelé neuf autres étrangers, Turcs, Pakistanais,
Tunisiens, Georgiens, utilisant le même subterfuge. En 2010, 470 tentatives de passage frauduleux ont été dénombrés aux quatre postes frontières du judet d'Arad.
Le même jour, à l'autre
bout du pays, au poste frontière d'Albita, près de Vaslui,
quatre Grecs ont été arrêtés
alors qu'ils se présentaient
pour passer en Moldavie avec
des papiers en règle. L'un des
passagers du véhicule, âgé de
83 ans, coincé sur le siège
arrière entre sa fille et son gendre, qui affirmaient qu'il dormait, ne répondait pas aux
questions du policier, ce qui ne
manqua pas de l'intriguer.
Vérification faite, le vieillard
Çà n'a rien à voir… mais les caricatures
du Belge Kroll sont si extraordinaires
était mort quelques kilomètres
qu'on n'a pas résisté au plaisir de vous en montrer une.
plus tôt. Ses compagnons de
voyage, craignant les complications et ayant une affaire urgente à régler de l'autre côté
de la frontière, avaient entrepris de retarder pour l'administration son passage du pays
des vivants à celui des morts. Quelques heures plus tard, au même poste frontière de
Vama Albita, un routier bulgare, faisant la navette entre son pays et l'Ukraine, est décédé subitement au volant de son TIR, alors que le policier vérifiait ses papiers.
S
ur les 10 200 accidents mettant en cause des véhicules étrangers en Roumanie, au cours de l'année
2010, près d'un tiers (3138) concernent des voitures
immatriculées en Bulgarie, un pourcentage multiplié par dix
ces cinq dernières années.
La raison en est simple: nombre d'automobilistes roumains ont choisi de déclarer leur véhicule dans le pays voisin,
surtout s'ils sont frontaliers, afin de payer moins de taxes.
Auparavant, la palme des mauvais conducteurs étrangers reve-
nait aux Italiens, relégués en deuxième position.
Toutefois, cet arrangement n'est pas sans conséquence sur
les dédommagements à verser par les assurances en cas d'accident. Les compagnies bulgares auprès desquelles les automobilistes "transfuges" sont obligés de souscrire un contrat rechignent beaucoup à remplir leurs obligations, en faisant porter la
responsabilité au Fonds de Protection des Victimes de la Route
(FPVS), qui regroupe les 13 plus importantes compagnies roumaines.
300 000 "vieilles caisses"
en moins sur les routes
Cratères sur l'autoroute
Bucarest-Pitesti
S
ur les 109 km de la première autoroute (et la seule terminée) du pays,
entre Bucarest et Pitesti, 95,5 km ont
besoin de réparations urgentes, 13 % seulement
de cet axe étant considéré comme praticable
sans danger. C'est dans le sens Bucarest-Pitesti,
près de la capitale, que la chaussée est la plus
abimée, avec des sections où une dizaine de
trous se succèdent que les voitures légères peuvent éviter, mais pas les TIR. Au kilomètre 18,
les automobilistes doivent s'agripper à leur
volant, l'asphalte entre ces cavités s'étant fissuré, donnant naissance à un embryon de cratère
qui s'étend sur des dizaines de mètres, sans que
les pouvoirs publics ne réagissent.
Enseignement
C
inq ans après avoir décroché
leur licence ou master, un
tiers des étudiants roumains
n'ont pas trouvé d'emploi, la moitié d'entre-eux se déclarant chômeurs, c'est ce
qui ressort d'une enquête menée
auprès de 5500 diplômés, 8000
entreprises et 120 agents de
recrutement. 67 % sont entrés
dans la vie active, 1% sont devenus leurs propres patrons, 3%
exercent une profession libérale
et autant continuent des études
supérieures.
Les diplômés en informatique, mathématiques, médecine, médecine vétérinaire… ont le plus de chances de
trouver un travail correspondant à leur
formation (60 %), pourcentage qui tombe
à 30-45 % dans les domaines de sciences
politiques, communication, relations
publiques, internationales, administration
des affaires. Quant aux titulaires de diplô-
L
e programme Rabla (Epave) 2011 a été lancé mi-mars par le ministère de l'Environnement, qui compte faire disparaître cette année de
la circulation quelque 60 000 véhicules vieux de plus de dix ans. Il
s'agit de la septième édition de ce programme de renouvellement du parc automobile roumain, débuté en 2005. Cette année, les autorités ont alloué un budget de 228 millions de lei (environ 55 millions d'euros).
Comme l'année dernière, la prime à la casse sera de 3800 lei (environ 900
euros), les bénéficiaires ayant la possibilité d'utiliser jusqu'à trois primes pour
l'achat d'une voiture neuve. L'année dernière, près de 190 000 véhicules sont
partis à la casse et 63 000 voitures neuves ont été achetées selon le ministre de
l'Environnement, Laszlo Borbely. C'est le constructeur Dacia qui en a le plus
profité avec 24 000 voitures vendues, soit 40% des ventes totales directement
issues de cette prime à la casse. La marque roumaine est suivie par le groupe
français Renault Nissan avec 11% de ventes. Depuis 2005, près de 300 000
vieilles voitures ont disparu des routes roumaines grâce à ce programme.
Désillusions à la pelle pour les jeunes diplômés
mes de littérature, histoire-géographie,
tourisme, affaires européennes, administration publique, dans 60 % des cas ils
sont obligés de partir de zéro dans leur
premier emploi.
Il apparaît une grande inadéquation
entre ce qu'attendent les jeunes et ce que
veulent leurs employeurs. Les premiers
pensent que la réputation de leur université, les notes obtenues, leur personnalité,
l'interview d'embauche sont primordiaux.
Pour les seconds, ce qui compte, c'est de
parler des langues étrangères, de savoir
bien se débrouiller en informatique. Le
niveau d'étude a peu d'importance, car
86 % des candidats à l'emploi et encore
plus de patrons partagent un sentiment
commun: l'université a mal formé ses
diplômés et c'est par leur emploi
qu'ils apprendront leur métier.
Pas étonnant que tous ces
jeunes ressentent une grande
frustration. Un tiers changent
d'emploi chaque année, 40 %
l'ont fait trois fois en cinq ans et
21 %, cinq fois.
Quant à leurs dernières illusions, elles tombent vite. En
entrant dans la vie active, un bac + 4 ou +
6 s'attend à gagner au moins 1500 lei
(350 €) par mois. Il devra se contenter,
en moyenne, de 1087 lei
(250 €), les
mieux lotis étant les architectes, 1877 lei
(435 €) et les ingénieurs (280 €), les
moniteurs de sports, 826 lei (190 €) se
trouvant en queue de peloton.
27
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Santé
BOTOSANI
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SATU
MARE
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T. SEVERIN
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BUCAREST
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Six médailles pour les
gymnastes roumains
28
Carnet
"Le soir en rentrant du boulot, la France attendait ses jeux de mots"
D'origine roumaine, "Maître Capello"
était le "francophonissime"
l
TARGU
MURES
ARAD
l
IASI
Six hôpitaux
d'urgence à venir
Les gymnastes roumaines ont remporté l'or et l'argent au sol lors de la
dernière journée de l'Euro-2011, à
Berlin. Sandra Izbasa et Diana
Chelaru sont devenues championne
et vice championne d'Europe. Il s'agit
de la 2ème médaille d'or pour Sandra
Izbasa (championne olympique) déjà
victorieuse à l'épreuve du saut à cheval. Amelia Racea a pour sa part remporté le bronze au concours général
individuel. Chez les hommes, Flavius
Koczi a décroché l'or au sol et l'argent
au concours général individuel. La
fédération roumaine de gymnastique
s'était fixé comme objectif avant la
compétition de ramener une à deux
médailles. Au total, la Roumanie a
remporté 6 médailles devenant la
2ème nation européenne en termes
de médailles après la Russie (huit
médailles), devançant l'Allemagne.
Disparition deTeodor
Negoita, premier
Roumain au Pôle Nord
Chercheur et explorateur, Teodor
Gheorghe Negoita, le premier Roumain à atteindre le Pôle Nord, en
1995, est décédé à l'âge de 64 ans.
Directeur de l'Institut Roumain de
Recherches polaires et président de
la Fédération
Antarctique
Roumaine, Il
avait posé en
2006 les
bases de la
seule station
en Antarctique
dont dispose
la Roumanie, baptisée Law-Racovita.
Il était originaire de Sascut Sat, un
village du judet de Bacau.
L
e gouvernement roumain a donné son accord de principe pour la construction, sur la base d'un partenariat public/privé, d'un réseau de six hôpitaux
d'urgence dans les villes de Cluj, Craiova, Iasi, Targu Mures, Timisoara et
Bucarest. Le coût estimé de cet investissement est de 1,5 milliard d'euros et sera entièrement à la charge de sociétés privées, qui s'occuperont également de la gestion des
établissements. Le ministère de la Santé, lui, mettra à disposition les terrains sur lesquels les hôpitaux seront construits. Ces hôpitaux seront pensés comme des "centres
universitaires" et les travaux pourraient débuter "dans les 14 à 16 mois à venir".
A savoir
67 hôpitaux fermés
Depuis le 1er avril, 67 hôpitaux ont
été fermés à travers tout le pays pour être
réaménagés en maisons de retraite, selon
la proposition du ministère de la Santé.
Les salariés de ces hôpitaux doivent être
répartis dans d'autres unités sanitaires ou,
au choix, requalifiés pour travailler dans
ces foyers pour personnes âgées.
Clinique de luxe à Bucarest
Avec une capacité de 290 lits, la clinique privée Sanador qui vient d'ouvrir,
devient le plus grand établissement
hospitalier de Bucarest. Elle est la propriété de l'homme d'affaires Florin
Andronescu qui a investi 40 M€ dans
l'affaire.
Cas unique en Roumanie dans le
domaine du privé, la clinique proposera
tous les services médicaux. Une consultation coûtera de 22 à 35 €, une tomographie cérébrale de 55 à 80 €. Le personnel
médical fera appel à 460 médecins, du
domaine privé ou public, et 200 assistants.
Destiné à une clientèle aisée,
Sanador est le troisième établissement du
gendre inauguré dans la capitale, après
Euroclinic et Life Mémorial.
Un million d'euros pour
les fécondations in vitro
Près de 800 couples devraient bénéficier cette année d'un programme de
fécondation in vitro (FIV), financé à hauteur de 4 millions de lei.
"Le programme va se dérouler dans
deux des 19 centres roumains où se pratiquent les FIV, à l'hôpital d'obstétrique et
de gynécologie Panait Sârbu de Bucarest
et l'hôpital clinique d'urgence de Cluj", a
annoncé le ministre de la Santé, Attila
Cseke. L'Etat va en fait financer une seule
FIV par couple, si la procédure débouche
sur une naissance, pour un montant maximum de 1500 €. Les mères porteuses ne
pourront bénéficier de ce programme, a
précisé le ministère.
Baisse du nombre d'IVG
Après avoir été pendant des années
plus nombreuses que les naissances, le
nombre des IVG a sensiblement baissé,
tombant en 2009 à 116 219, pour 222 388
naissances.
Après avoir été strictement interdites
en 1966, les IVG ont à nouveau été autorisées en Roumanie en 1990. Leur nombre a explosé cette année-là et atteint plus
de 992 000 tandis que le pays a connu
314 000 naissances.
Bakchichs aux médecins
roumains: J&J condamné
La compagnie pharmaceutique et de
produits d'hygiène américaine Johnson
and Johnson (J&J) a accepté de payer une
amende de 70 millions de dollars infligée
par les autorités américaines pour délit de
corruption.
La firme avait versé des bakchichs à
des médecins roumains pour qu'ils prescrivent ses médicaments, vendus très
chers. Elle avait procédé de même dans
plusieurs autres pays européens, dont la
Grèce pour placer ses implants chirurgicaux, la Pologne, auprès des hôpitaux,
mais aussi en Irak, où elle avait obtenu 19
contrats dans le cadre de l'opération de
l'ONU "Pétrole contre nourriture".
J&J fait également l'objet de poursuites en Grande-Bretagne.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Grand défenseur de la langue française, cruciverbiste chevronné et homme de télévision, Jacques Capelovici est mort
le dimanche 20 mars à Paris, à l'âge de 88 ans. Avec son air à la fois bonhomme et faussement sévère de prof, ce Roumain
d'origine était devenu un des présentateurs les plus aimés des Français.
P
our le grand public, il était
Maître Capello, une figure sympathique du petit écran des
années 1970 et 1980 où il se fit connaître
par son érudition linguistique, ses calembours et ses jeux de mots de "bon aloi",
selon l'une de ses expressions favorites.
Né à Paris le 19 décembre 1922,
Jacques Capelovici, d'origine roumaine
comme l'indique son nom, commence par
se frotter aux élèves parisiens avant de se lancer dans une carrière télévisuelle. Certifié d'allemand, agrégé d'anglais, diplômé d'italien et de scandinave ancien, cet érudit, amoureux des
mots, enseigne les langues à l'Ecole commerciale de la chambre de commerce de Paris puis au lycée Lakanal de Sceaux
(Hauts-de-Seine). Aussi connu pour son savoir que pour ses
emportements, le professeur y gagne le surnom de "Maître".
En 1969, Jacques Antoine, figure centrale du jeu télévisé
du temps de l'ORTF, fait appel à lui pour leur émission culturelle "Le Francophonissime" animée par Pierre Tchernia.
Jacques Capelovici fait office de juge arbitre, garant d'une langue française qu'il aime précieuse et sans faute.
Un air de professeur et une bonhomie naturelle
Un an plus tard, les téléspectateurs le retrouvent dans le
jeu animé par Jacques Bardin "Pourquoi", où il asticote les
candidats à coups de questions grammaticalement sinueuses.
Mais c'est en 1976 que celui qui manie l'ironie aussi bien
que l'imparfait du subjonctif gagne ses lettres de noblesse sur
l'estrade des "Jeux de 20 heures", le programme de FR3 qui sillonne alors la France des
provinces.
Dictionnaire à portée de main et petites
lunettes vissées sur le nez, Maître Capello
régale le public avec son air docte de professeur et sa bonhomie naturelle. "Je remets 100
francs dans le nourrain" (nourrain: jeune
porc après la période de sevrage, ici métaphore de la tirelire)" sera l'une de ses phrases
favorites. Avec Maurice Favières et Jacques Solness, Jacques
Capelovici contribue au grand succès de l'émission qui s'arrête en 1987. "Le soir en rentrant du boulot, la France attend ses
jeux de mots, Capello", chantait alors son ami Jean-Pierre
Descombes, animateur populaire des "Jeux de 20 heures".
Inventeur des mots fléchés pour Télé 7 jours
A la fin des années 1980, Jacques Capelovici disparaît
progressivement du petit écran pour se vouer aux mots croisés,
une passion à laquelle il consacre plusieurs livres. Jusqu'en
décembre 2010, les lecteurs du magazine Télé 7 jours ont pu
remplir la grille de mots fléchés qu'il préparait chaque semaine avec soin. C'est d'ailleurs lui qui popularisa en France à la
fin des années 1960 cette variante des mots croisés, venue
d'Allemagne. Pour Michel Boyon, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), "Jacques Capelovici a construit
toute sa carrière autour des mots et de la connaissance, apportant la preuve éclatante que la rigueur est l'alliée du succès et
de la popularité."
Guillaume Fraissard (Le Monde)
"C'était une femme qui avait épousé son temps... comme Simone Signoret !"
M
aître Capello est devenu
célèbre partir de 1976
grâce auxémissions de télévision par ses interventions ponctuées de
son fameux "de bon aloi".
Jacques Capelovici lisait le braille,
était agrégé d'anglais, certifié d'allemand,
diplômé d'italien et de scandinave ancien.
Il avait été professeur d'allemand à Paris
14e puis professeur d'anglais à l'ECCIP et
au lycée Lakanal à Sceaux.
Utilisant une pédagogie originale, il
affectionnait les calembours devant ses
élèves et l'un de ses plus connus était:
"C'était une femme qui avait épousé son
temps... comme Simone Signoret!"
(... Montand!). Il révélait également à ses
élèves les secrets du palindrome* en prononçant régulièrement son exemple fétiche: "Éric notre valet alla te laver ton
ciré", ajoutant négligemment qu'on pouvait tout aussi bien remplacer Éric par
Luc ! Il est également l'auteur du palindrome: "Esope reste ici et se repose".
Chaque année Jacques Capelovici
allait faire passer les épreuves du baccalauréat aux détenus de la prison de
Fresnes, se faisant un plaisir d'apparaître
devant les caméras de télévision, hilare,
descendant du "panier à salade" qui l'a-
menait sur les lieux. Il figurerait comme
correspondant d'Étiemble dans son livre
de 1964: Parlez-vous franglais ?
*Le palindrome est un texte ou un
mot dont l'ordre des symboles (lettres,
chiffres, etc) reste le même qu'on le lise
de gauche à droite ou de droite à gauche.
Il appartient aux jeux de mots comme l'anagramme, l'ambigramme ou l'anacyclique. Parmi les mots et noms palindromes, on peut citer: radar, rotor ou kayak,
le verbe ressasser, les prénoms Ève, Anna
et Otto, les villes de Sées, Noyon, Laval
ou Senones, la rivière Erdre, le groupe de
musique ABBA, etc.
29
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier Magyars
"Je suis Magor…
SUCEAVA
BAIA
MARE
l
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ORADEA
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SIBIU
BRASOV
l
TIMISOARA
l
TARGU
MURES
ARAD
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IASI
FOCSANI
l
GALATI
PITESTI
T. SEVERIN
l
l
l
BUZAU
l
l
CRAIOVA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Notes
30
fois… entre repli identitaire et confusion
et çà me plait !"
CHISINAU
M. CIUC
l
Roumains et Hongrois ballotés à la
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(1) Szekelis : Les Szekelis sont un
peuple d'origine hongroise, envoyé
pour garder les frontières de l'est.
Soldats hors pairs, ils étaient commandés par la famille Szekeli, dont le
chef le plus célèbre fut Gyula Szekeli.
Réprimés par la reine Marie-Thérèse
qui supprima au XVIIIème siècle leur
exemption d'impôts, provoquant un
soulèvement, ils s'enfuirent en
Moldavie. Les Szekelis, majoritairement protestants, contrairement aux
Hongrois qui sont catholiques, se
considèrent comme les plus authentiques des Magyars.
(2) Eperviers de la PatriePionniers: organisations auxquelles
tous les enfants roumains étaient
inscrits sous le communisme, de 4 à
8 ans pour les Eperviers, au-delà
pour les Pionniers.
(3) Evènements de Târgu Mures:
Târgu Mures, capitale du judet de
Harghita est aussi le cœur du pays
magyar. Sa population, 150 000 habitants, à 85 % hongroise en 1900, se
partage aujourd'hui par moitié, entre
Hongrois et Roumains. Après la chute
de Ceausescu, la ville fut le théâtre
de très violentes bagarres entre jeunes Magyars et Roumains, le 24 mars
1990, qui firent officiellement 6 morts,
3 de chaque côté, et sans-doute
beaucoup plus. Ces évènements
avaient été instrumentalisés en affrontements inter-ethniques par un pouvoir post-communiste, désireux de se
poser en défenseur de l'intégrité de la
nation roumaine. Mais les anciens et
les femmes s'interposèrent, apaisant
rapidement les plus échauffés.
L'opprobre et la méfiance qui en
résultèrent pour Ion Iliescu retarda de
plusieurs années la marche de la
Roumanie vers l'UE.
La Roumanie abrite de fortes minorités. Allemands et Hongrois ont dominé
les Roumains au cours des siècles, puis le cours de l'Histoire s'est inversé après la
Première Guerre mondiale. Alors que les Saxons ont pris finalement en masse le
chemin du retour vers le mère-patrie, les magyars sont restés dans leurs fiefs, formant sur place des communautés repliées sur elles-mêmes.
Citoyens roumains, aux racines hongroises très fortes, comment vivent-ils
aujourd'hui cette double personnalité, alors que l'intégration à l'Europe devrait
apaiser les ressentiments ? Le parcours de Magor Imre Csibi, l'un des plus jeunes députés élu au Parlement de Strasbourg en 2007, Magyar et Roumain à la
fois, témoigne de la difficulté de s'assumer entre repli identitaire et confusion.
Voici la suite et la fin de notre dossier consacré aux Magyars de Roumanie.
J
e m'appelle Magor Imre Csibi. Je suis né le 13 octobre 1980 à Miercurea
Ciuc, au cœur même du pays des Szekelis (1). J'ai reçu ainsi une double identité - hongroise et szekeli - et je parlais une seule langue : le hongrois. Mais
çà ne me posait pas de problème. Quand tu es un enfant heureux, tu te fiches bien du
reste. D'ailleurs, je n'imaginais même pas qu'il puisse exister d'autres langues. A la
maison, à l'église, chez mes grands parents, chez mes cousins de Târgu Mures, je n'entendais partout que parler hongrois.
Je me souviens, un jour que j'étais en ville avec ma mère, on est tombé nez à nez
avec un "camarade" roumain qu'elle connaissait bien et occupait un poste important
dans le judet. Je me demandais s'il n'était pas tombé de la lune. Ma mère a eu
honte…mais comme j'avais parlé en hongrois, il n'a rien compris.
A l'école, ç'a commencé à sérieusement se compliquer. La maîtresse parlait hongrois, mes copains
aussi. On a tous appris à
lire, à écrire et même à
chanter des comptines en
hongrois. Et puis un beau
jour, il a fallu se mettre à
quelque chose d'étrange.
La maîtresse appelait çà le
roumain. Ma mère, qui
enseignait le hongrois, s'est
mise aussi dans la tête de
me l'apprendre. Dès la clasDéputé européen pour un court mandat, Magor Imre Csibi se finie, je devais ingurgiter
est aussi un adepte du vélo et défenseur de l’environnement. toutes les strophes en
alexandrins de "Mama lui Stefan cel Mare", un poème patriotique roumain à la gloire d'Etienne le Grand, au programme de tous les élèves du pays et qu'ils se devaient
de savoir par cœur. Ce pensum expédié, je sortais vite jouer avec les copains. A mon
retour, elle exigeait que je lui récite… et à la manière dont je lui débitais, elle devinait
que je n'y avais rien compris et que ses efforts n'avaient pas servi à grand chose.
"A neuf ans, je commençais mal ma carrière"
En dehors de çà, j'étais un bon élève. J'aimais beaucoup lire et j'avais dévoré tous
les livres de la bibliothèque municipale. J'avais de bonnes notes ; je gobais tout ce que
disait la maîtresse, j'avais confiance dans le Parti, dans le Camarade Ceausescu. J'étais
un fier "épervier", tout comme plus tard je deviendrais un "pionnier" émérite (2).
D'ailleurs mes camarades m'avaient désigné pour remettre un bouquet de fleurs et
embrassé le "conducator" lors de sa visite prévue à Miercurea Ciuc.
Les camarades-dirigeants du judet d'Harghita m'aimaient
bien. Ils m'on fait passer des examens médicaux pour être sûrs
que je n'allais pas transmettre des maladies infectieuses au "fils
bien aimé du Peuple". J'ai été déclaré "bon pour le service".
J'ai attendu avec impatience le grand jour. Mais la semaine
précédente, un camarade-vérificateur est venu de Bucarest
pour s'assurer que tout était bien place… se rendant compte,
horrifié, que je ne parlais pas un mot de roumain, détail qui
avait échappé aux camarades d'Hargitha !
Mon rêve s'effondrait, mais çà n'allait pas être ma seule
désillusion.
A la rentrée 1989, je venais de prêter mon serment de
pionnier - j'avais même reçu le galon de commandant - alors
que la révolution éclatait. Je n'y comprenais rien. Avant tout le
monde encensait la camarade Ceausescu et voilà que du jour
au lendemain, on se mettait à le huer, à vouloir le remplacer.
J'étais effondré. Je n'avais même pas eu l'occasion d'arborer
mon cordon lors d'une cérémonie officielle. Je me suis dit, qu'à
neuf ans, je commençais mal ma carrière.
Mes parents m'ont expliqué qu'en fait Ceausescu était un
"grand méchant" qui avait tué beaucoup d'innocents… mais
c'était tout de même dur à avaler de se dire que tout ce que j'avais appris jusqu'ici était faux !
Roumains qui avaient pris le train pour aller tabasser les
Hongrois des autres villages. Mais le train ne s'est pas arrêté à
Sangeorgiu.
J'ai compris alors qu'il existait des confrontations ethniques et qu'à n'importe quel moment des excités pouvaient
venir mettre le feu aux poudres. Aujourd'hui, avec le recul, je
ressens toujours une colère impuissante à l'évocation de ces
heures sombres et j'en veux à ceux qui ont orchestré cette
manipulation.
"Ce n'est pas évident
d'admettre qu'on est un minoritaire"
Coïncidence étrange, à la même époque, nos deux écoles
de quartier, Petofi Sandor - la mienne, hongroise - et la N° 9
- roumaine - ont fusionné… avec l'espoir d'éliminer la ségrégation. Si bien qu'on s'est retrouvés avec des instituteurs ou
professeurs qui ne parlaient pas un mot de hongrois. Çà ne me
gênait pas, mais même si je me débrouillais avec l'abécédaire
roumain, la lecture, c'était autre chose quand il s'agissait de la
langue parlée. Ce n'était pas de la mauvaise volonté, du rejet,
de la paresse… mais comment aurais-je pu apprendre le roumain quant tout le monde autour de moi, mes parents, mes
copains, mes voisins parlaient hongrois ?
"Nous, les Hongrois, on était enfin reconnus"
Cette impossibilité de communiquer entre nous a naturellement engendré une sorte de ségrégation à l'école. On se
A Noël 89, beaucoup d'amis s'étaient réfugiés chez nous,
regroupait par communautés linguistiques et on se battait tout
avec leurs enfants. Nous courle temps. Sans raison bien sûr.
rions à travers la maison en criant
Mais si dans la rue, on croisait un
"Ole, Ole, Ceausescu nu mai e"
"ennemi" accompagné de ses
("Olé, olé, Ceausescu, le peuple a
parents, on se saluait bien bas…
eu ta peau"), sans trop savoir ce
même si on s'était mis une "rousque cela signifiait. Mais je me
te" à la récréation.
rappelle très bien que lors des
Quand il a fallu choisir un
douze coups de minuit, on a affilycée, j'ai opté pour le lycée honché pour la première fois les
grois. J'aurais pu me débrouiller
vœux de Noël en trois langues et
en roumain, si j'avais travaillé
non plus seulement en roumain.
quelques heures de plus, mais je
Çà été un choc. Malgré mon
voulais jouer, faire du sport,
jeune âge, je me suis rendu compDes extrémistes magyars, le plus souvent venus de Hongrie, regarder la télé. Donc j'ai pris la
défilent dans Miercurea Ciuc, à l'occasion d'une de leurs fêtes.
te de l'importance du moment.
facilité. Mais, avec l'adolescence,
Nous les Hongrois, on était enfin reconnus. On était un peuple
les choses sont devenues plus compliquées. Ce n'est pas éviet Roumains, Hongrois, Allemands on faisait tous partie d'un
dent d'admettre que tu es un "minoritaire", alors que toute ton
même pays.
enfance c'était le contraire, de découvrir qu'il y a une vie auLes évènements de Târgu Mures (3), quelques semaines
delà de ton proche environnement, qu'il existe d'autres cultuplus tard, m'ont pris au dépourvu. Je les regardais à la télé un
res, d'autres langues, des camps… et qu'il faut que tu en choipeu comme un film, sans comprendre leur atrocité. Je voyais
sisses un. Çà, même aujourd'hui, je n'arrive pas à m'y faire…
un camion qui fonçait sur la foule, des gens qui se battaient
J'ai vite compris que si tu ne comprends pas la langue de
entre eux, s'entretuaient. Je me trouvais alors chez mes cousins
ceux que tu côtoies, tu vis dans le stress permanent. Quand j'éde Sangeorgiu de Padure, à 36 km de Târgu Mures. Ils étaient
tais à Chisinau, en République moldave, les Russes me regarabattus, sous le choc, à la fois tristes et pleins de colère. Mon
daient de haut quand je demandais mon chemin en roumain.
cousin Zoli, avec toute l'impétuosité de ses onze ans, me
Çà m'énervait et moi le Hongrois de Roumanie, je me sentais
racontait comment les villageois hongrois, armés de fourches
tout à coup plus Roumain que les Roumains !
et de gourdins, étaient allés attendre à la gare les bandes de
(Lire la suite page 32)
31
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(Suite de la page 31)
l
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IASI
ORADEA
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TARGU
MURES
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M. CIUC
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Rivalité amoureuse
SUCEAVA
SATU
MARE
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SF. GHEORGHE
BACAU
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TIMISOARA
BRASOV
URZICENI
CRAIOVA
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GALATI
BRAILA
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n
BUCAREST
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l
l
TULCEA
CONSTANTA
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Au lycée, je n'étais pas encore conscient de toutes ces complications. Je jouais dans
l'équipe de basket et nos adversaires c'était le lycée roumain Goga. Je n'avais rien contre eux, mais mes copains étaient tous Hongrois. On rencontrait les Roumains chaque
week-end dans la cour de leur lycée. Après le match, on allait boire ensemble une bière
et je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de grandes différences entre nous. On
était passionnés de notre sport, on se soulait de la même façon, on jouait aux mêmes
jeux sur l'ordinateur. Moi j'aimais les Roumaines… et eux les Hongroises ! Ils avaient
leurs nationalistes idiots, tout comme nous on avait les nôtres.
A partir de ce temps là, j'ai commencé à détester d'entendre me dire des généralités du genre "Toi tu es OK, mais je ne peux pas supporter les autres Hongrois". Pour
moi, il y avait les gens qui respectaient les autres et ceux qui ne les respectent pas.
Heureusement, mes nouveaux amis roumains partageaient ce minimum de bon sens.
Ils ne se moquaient pas de moi pour mon accent, mais les filles me taquinaient régulièrement, ce qui m'a fait découvrir la rivalité amoureuse, beaucoup plus importante à
mes yeux que celle entre communautés.
Stigmatisés par le maire de Cluj
Notes
32
(4) Andrei Marga: ancien ministre
de l'Education sous la présidence
Constantinescu, actuellement recteur
de l'Université de Cluj, 64 ans; personnalité politique plutôt respectée,
ce qui est rare en Roumanie.
(5) UDMR: Union Démocratique
des Magyars de Roumanie, parti ethnique omnipotent qui conglomère la
quasi-totalité des votes des
Roumains d'origine hongroise et participe de manière pratiquement permanente au pouvoir depuis la
"Révolution".
(6) Bogdan Olteanu: leader du
parti Libéral, 39 ans, ancien ministre,
actuellement président de la
Chambre des députés.
(7) Elections européennes: en
2007, pour la première fois, les
Roumains ont élu leurs représentants
au Parlement de Strasbourg, pour un
court mandat d'un an et demi, dans
l'attente des élections générales
européennes du printemps 2009. Les
députés étaient élus à l'échelle du
pays, la Roumanie constituant une
seule circonscription, les sièges étant
répartis à la proportionnelle entre les
partis.
(8) Ardelean: habitant d'Ardeal,
autre nom de la Transylvanie. Les
Roumains se moquent de leur lenteur.
Quand j'ai été étudiant à Cluj, c'était une autre paire de manches. Pendant trois
mandats, la ville a été dirigée par l'extrémiste Funar qui haïssait les Hongrois et trouvait toujours prétexte à les humilier. S'il n'y avait pas trop de problèmes à l'université,
il n'en était pas de même en ville. Un chauffeur de taxi nous a interdit de parler hongrois, des passants nous apostrophaient. Le maire faisait afficher sur de grands panneaux que la seule langue officielle était le roumain, les bancs public et les bordures de
trottoirs étaient peints aux couleurs nationales roumaines. Chaque jour, je me sentais
un peu plus exclus car je ne parlais pas bien le roumain. Et plus j'essayais de corriger
mes fautes, plus j'en faisais. Alors, avec mes copains hongrois on s'est isolés dans nos
cercles, ne choisissant de nouveaux amis que parmi les Hongrois, allant aux cours en
hongrois, ne faisant des fêtes qu'entre Hongrois. J'étais retombé en enfance !
Lors de ma troisième année de fac, mes parents ne pouvant plus me payer un logement en ville, j'ai dû prendre une chambre à la cité universitaire. J'y ai rencontré des
jeunes Roumains de Buzau, très nationalistes à l'époque, mais on est vite devenus amis
et on l'est toujours. Je sortais de mon auto-isolement. J'avais pris des responsabilités
dans l'organisation des étudiants hongrois, puis dans celle de tous les étudiants de l'université qui était dominée jusque là par les Roumains. En quelques mois, je me suis
retrouvé directeur exécutif et on a pu faire entendre notre voix. Plus tard, j'ai été le premier - et le seul à ce jour - à en être élu membre d'honneur.
"C'est au lit avec ma copine
que j'ai compris que j'étais vraiment Hongrois"
C'est à cette époque qu'ont commencé mes histoires d'amour. Je me suis liée avec
des Roumaines. Elles étaient assez nationalistes, mais c'était encore pour me taquiner.
Elles me demandaient si j'étais venu avec mon cheval à la fac, si je mangeais de la viande crue, si j'avais bien fait mes ablutions et rites païens. Ce qui est sûr, c'est qu'à la fin,
elles étaient toutes très sympa avec moi.
Quand j'étais au lit avec ma copine et que je voulais lui dire quelque chose de gentil, les premiers mots qui me venaient à l'esprit étaient hongrois. C'était instinctif et sincère. Je me suis rendu compte alors que le plus important ce n'est pas la langue dans
laquelle tu penses ou tu comptes mais celle dans laquelle tu dis tes sentiments.
A la fin de mes études, le professeur Andrei Marga (4) m'a poussé à étudier d'autres langues et à faire un doctorat en roumain. Cet homme ouvert, compréhensif, m'a
incité aussi à m'engager en politique. C'est ainsi que je suis entré au Parti Libéral. Ce
n'était pas une surprise dans ma famille, car mon père y était adhérent depuis 1993.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Mais quelle indignation chez nombre de Hongrois de ne
pas avoir choisi l'UDMR (5)! Je passais à leurs yeux pour un
traître, vendant mon identité pour un vulgaire capital politique.
Mais ma décision était tout à fait consciente, influencée par
des gens qui m'avaient appris que la compétence doit toujours
primer sur les autres considérations, religieuses, nationalistes,
communautaires.
"J'ai décidé de parler
avec mon cœur… Tant pis pour les fautes !"
Ma carrière a décollé très rapidement. En 2004, j'étais élu
président des jeunes Libéraux du judet d'Harghita, en 2005
vice-président des jeunes Libéraux du Sud-Ouest de l'Union
Européenne et en 2007, à 27 ans, je devenais député européen.
Je me trouvais désormais en première ligne. Mes collègues roumains corrigeaient mes fautes d'orthographe, certains
insistaient pour que je prenne des cours. Pour mon anniversaire, on m'a offert un abécédaire. J'ai ressorti mes anciens
manuels de grammaire roumaine. Toutefois, je n'avais plus
autant peur en m'exprimant que du temps de mon adolescence.
Et quand mes collègues me corrigeaient, je le prenais comme
une marque de confiance dans mon potentiel.
Je faisais tout pour éviter les fautes et ne pas déclencher
les rires. J'écrivais mes discours à l'avance, mais j'en faisais
encore plus car je mélangeais mes papiers et je me laissais
entraîner par mon tempérament. Et puis, il y avait une chose à
laquelle je ne me ferai jamais: contrairement au roumain, en
hongrois les mots n'ont pas de genre. Cela me semble toujours
dénué de logique! Pourquoi le féminin pour désigner mon
sexe ? Et le neutre qu'est ce que çà veut dire ?
Alors à défaut d'être parfait, j'ai décidé d'être sincère et de
parler avec mon cœur… Tant pis pour les fautes. Un collègue
oltène m'a rassuré: "C'est ton accent, tes maladresse qui font
tout ton charme. Et puis comme çà tu fais plus Européen, çà
fait sérieux!". Mes électeurs ont dû m'accepter ainsi, même si
je mange une abricot ou un tomate, un pomme ou une raisin…
Un Magyar chez les Oltènes
Beaucoup ont cru que je
n'y arriverais pas. Même mon
meilleur supporter, Bogdan
Olteanu (6) m'affirmait que je
cumulais tous les handicaps
pour ne pas être élu: trop jeune et Hongrois. "Il ne manquerait
plus que tu sois une femme pour être sûr d'être battu" avait-il
rajouté ! Si quelques leaders politiques m'ont rejeté à cause de
mon origine, la grande majorité m'a soutenu.
Je dois reconnaître que la première fois que je suis allée
faire campagne en Olténie, connaissant les préjugés qui y
régnaient, j'avais un peu peur (7). Mais c'est là que j'ai été le
mieux accueilli, par la presse, les politiciens, les gens, si bien
qu'une fois élu, j'ai ouvert un bureau, à Slatina où j'allais toutes les deux ou trois semaines… beaucoup plus souvent que
dans le Harghita.
D'ailleurs je suis sûr que je n'ai pas eu beaucoup de voix
chez moi, même si j'y ai reçu de nombreuses marques de sympathie. Volontairement, je m'étais abstenu de m'afficher
comme Hongrois et le fils du pays, car je ne voulais pas être
élu sur une base ethnique, même dans ma famille. Mais ce
geste, même au XXIème siècle, était encore un peu trop avantgardiste. Le comble, c'est que j'étais fier d'être Magyar chez les
Oltènes… mais que çà me gênait chez les Szekelis !
"A Bucarest, on me traite de paysan
ou de provincial… mais pas de Hongrois"
J'ai arrêté ma carrière politique après mon premier et
unique mandat de député européen, et depuis je suis devenu
journaliste. Depuis quatre ans, je vis à Bucarest et je me rends
compte de ce qu'est une ville cosmopolite. Il m'arrive d'être
apostrophé dans la rue. On me traite de "paysan", de "provincial", d'"Ardelean" (8), mais jamais de "Hongrois"… sauf les
hooligans, aux matchs de hockey du Steaua. Je ne cherche pas
nécessairement à trouver une identité. Même si, officiellement,
j'appartiens à une minorité, je me sens majoritaire, car je suis
bien dans ma peau, parfois différent peut-être. Ceux qui te
rejettent trouveront toujours un motif: tu es trop jeune, trop
vieux, tu porte une barbichette, une casquette…
Je vais continuer à rester ce que je suis. Un gars de
Miercurea Ciuc, avec une langue maternelle impossible, un
accent à couper au couteau et des fautes de prononciation qui
font se bidonner tout le monde quand il parle roumain. Un gars
qui aime sa communauté d'origine, mais aussi celle où il vit.
Un gars qui n'aime pas ceux qui essaient d'imposer des limites
aux autres. Un gars qui a un nom à coucher dehors.
Je suis Magor… Et çà me plait !
Magor Imre Csibi
Traduction de Dodo Nita et Margareta Kelemen
Magor et Hunor
N
é en 1980 à Miercurea Ciuc, Magor Imre Csibi a été élu député européen en 2007, faisant un court mandat de 18 mois en tant que représentant du parti National Libéral roumain, intégré au Groupe Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe. Il est
maintenant journaliste indépendant à Bucarest. Il a confié ses souvenirs d'enfance et de jeunesse,
racontant ses difficultés à trouver sa place à cause de sa double identité à la revue "Decat o revista" ("Seulement une revue"), ambitieuse initiative éditoriale visant à promouvoir un journalisme de
qualité en Roumanie, menée par de jeunes journalistes, pétris de qualité et d'exigence professionnelle. Magor Imre Csibi a été nommé directeur du programme pour la Roumanie du WWF (Fonds Mondial pour la Nature), à
compter du 1er avril dernier. Prénom donné à certains enfants magyars, Magor est aussi le nom emprunté à un héros légendaire des
Magyars, peuple hongrois. Suivant la légende, Hunor et Magor sont les ancêtres des Huns et des Magyars et descendent d'Attila.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'impératrice
Dossier Magyars
Plus Hongrois que les
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TIMISOARA
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CERNAVODA
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BUCAREST
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Société
Marie-Thérèse les avait expulsés en 1764 du Tinutul secuiesc
Magyars, les Csangos on finalement choisi l'assimilation
l
TARGU
MURES
ROSIA M.
ARAD
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
l
A l'est, tout à l'est du pays, près de Bacau, vit une communauté qui sort
seulement de son isolement. Les Csangos se disent plus hongrois que les
Magyars du Tinutul secuiesc. Le terme veut dire "celui qui a perdu son chemin, s'est séparé des siens, est parti et a marché seul". Une histoire émouvante.
l
T. MAGURELE CONSTANTA
Au pays Csangai
C
sango, en hongrois (Csangai, en roumain) est ressenti comme péjoratif, un peu comme Tsigane pour les Roms… mais on n'a pas trouvé
d'autre appellation pour désigner cette communauté arrivée au
XVIIIème siècle dans la région de Bacau, les actuels judets de Neamt et Vaslui.
L'impératrice autrichienne Marie-Thérèse les avait expulsés en 1764, car ils refusaient de payer leurs taxes. Elle voulait supprimer les droits du peuple secui qui
gardait des frontières de son empire. Craignant une extermination, une partie de la
communauté magyare avait fui plus à l'est, loin de l'autoritaire souveraine.
Isolés, ne se mélangeant pas avec les autres populations, se mariant uniquement entre eux, se tenant à l'écart des flux commerciaux, les Csangos vécurent
repliés sur eux-mêmes tout au long des siècles, conservant toutes leurs traditions,
ce qui les a toujours conduits à s'estimer plus purs que les Magyars du Tinutul
secuiesc (Covasna, Harghita, Mures).
Le curé mal-aimé
34
L'apprentissage de l'alphabet en hongrois pour les
enfants csango, auxquels de nombreuses activités
péri-scolaires sont proposées par des membres de
leur communauté. Une solidarité qui aide des
familles souvent pauvres, comme le montrent les
rues de leurs villages,oubliés par les autorités.
Cette autarcie s'est même accentuée sous le communisme. Pour se protéger des
interdictions, de la répression, la communauté a dressé une véritable barrière
autour d'elle-même, ce qui lui a permis de garder ses valeurs. Le régime redoutait
un réveil des aspirations de cette population sur laquelle il n'avait pas de prise.
Ainsi, dans le village de Somusca, près de Cleja, il avait fait déplacer, avec la
complicité du curé, la fête du saint patron, la Sainte Trinité, qui se déroulait aux
beaux jours, fin mai. Reportée en octobre, elle est devenue la Saint Luca. Révoltée
et le temps étant plus incertain, les fidèles se firent beaucoup moins nombreux à la
traditionnelle procession… le pouvoir évitant ainsi qu'elle ne se transforme en une
éventuelle marche de protestation.
Catholiques romains - ici, il n'y a pas de protestants luthériens comme chez les
secui - les Csangos se sont serrés autour de leur église. Ce qui ne les empêche pas
de nourrir une véritable défiance vis-à-vis de leurs curés auxquels ils reprochent
d'avoir été tout au long de ces dernières décennies, et encore aujourd'hui, un auxiliaire du pouvoir central œuvrant de conserve pour accélérer leur assimilation.
Ainsi, les prêtres tentent-ils de les dissuader de se rendre au pèlerinage de
Sumuleu, grand rendez-vous des Magyars du monde entier. Vingt ans après la
"Révolution", la messe vient seulement d'être autorisée par la hiérarchie catholique
à être célébrée en hongrois. Le ressentiment est donc vivace à leur égard dans les
villages où le prêtre est le seul intellectuel de la communauté et
devrait donc être le plus apte à défendre sa culture, les instituteurs, venant de Bacau, étant roumains.
Les effets pervers de la liberté
De manière insidieuse, la liberté retrouvée en1989, a porté
un sérieux coup aux valeurs traditionnelles. En s'ouvrant, la
société csango a amorcé sa marche vers l'uniformisation du
monde moderne. Les jeunes ne vont plus à la messe, commencent à se marier avec des membres d'autres communautés, n'hésitent plus à s'expatrier. Dans certains villages, on compte jusqu'à
un tiers d'entre eux partis en Italie ou Espagne où ils ont la réputation d'être particulièrement sérieux, travailleurs, honnêtes.
Surtout, la langue, à 80 % du hongrois littéraire, est de
communauté - 60 000 seulement ne s'exprimeraient plus de
moins en moins utilisée par les enfants qui, certes la comprenmanière quotidienne dans leur langue. Voilà qui désole les
nent, mais parlent désormais roumain avec leurs parents,
associations qui se battent pour conserver les traditions, soucomme à l'école. Un signe ne trompe pas: les mots techniques
vent animées par des jeunes, étudiants… considérés parfois
n'existent pas en csango, correspondant à l'époque où la sciencomme des exaltés ou faisant partie de sectes par leurs propres
ce évoluait mais où la comcompatriotes alors que leurs
munauté était refermée sur
revendications sont mesurées
elle-même. On utilise donc
et paraissent légitimes: un
des expressions roumaines:
contingent d'heures pour
masina pour voiture, tren pour
apprendre le csango aux
train, avion…
enfants dans les écoles, faciPresque toujours très
liter la connaissance de la
pauvres, issus de familles pléculture magyare.
thoriques - sept, huit, dix,
parfois douze-treize enfants Pas de rancœur
les Csangos endurent le
à l'égard de la France
regard méprisant de la société
roumaine, un peu comme les
Les Magyars du Tinutul
Bretons au début du XXème
secuiesc se montrent beausiècle ou les Québécois au
coup plus revendicatifs. Leur
temps de la colonisation
société y est, il est vrai, plus
anglo-saxonne.
riche et plus intellectuelle.
Des enseignants, ne parLa chaleur communicative des Csangos autour d'une bonne table. Quand on le questionne sur
lant que roumain, considèrent
ses origines, un Csango
souvent leurs élèves comme des demeurés et leur accès au colrépondra: "Je suis Roumain", à la rigueur "catholique". Son
lège et lycée n'en est rendu que plus difficile. "Quand on te dit
compatriote n'hésitera pas: "Hongrois!". D'ailleurs, les
vingt fois par jour que tu ne parles pas bien le roumain, que
Csangos voient avant tout le côté pratique dans la proposition
tes valeurs sont nulles… tu te sens forcément dévalorisé"
des autorités de Budapest d'accorder la nationalité hongroise
confie un adulte qui garde des souvenirs cuisants de sa scolaaux magyars de Roumanie: avec ce passeport, ils pourront
rité.
aller partout en dehors de Schengen, en Amérique, au Canada.
Il n'est donc pas étonnant que les parents csangos qui veuPour le reste, ils s'en fichent. Ils ont toujours été là, sur
lent sortir de leur misère, accéder à la modernisation, acceptent
leurs terres, sans qu'on les en chasse ou qu'on les contraigne à
finalement l'assimilation après l'avoir subie passivement et
changer de nationalité. Et donc, ils ne nourrissent pas de ranauparavant, y avoir été contraints. Sur les 200 000 Csangos de
cœur à l'égard de la France et du traité de Trianon qui a fait
Moldavie - le judet de Bacau comprend 21 villages de cette
changer les Secui de pays, en 1920.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier Magyars
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SF. GHEORGHE
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TIMISOARA
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BORSEC
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
Il n'y a qu'une chose qui marche à Borsec, sa source d'eau minérale, célèbre
dans toute l'Europe centrale depuis l'époque de Napoléon. Mais cette ville de cure,
particulièrement à la mode au temps de l'empereur François-Joseph, où boyards
roumains et comte hongrois venaient soigner leur emphysème ou fistules, est devenue une station thermale fantôme depuis le début du nouveau siècle, comme si la
"Révolution" avait voulu faire table rase de son prestigieux passé.
l
Attila à la place
d'Eminescu !
36
Devenue station thermale
L'initiative de trois jeunes de
Miercurea Ciuc embarrasse la municipalité magyare - de cette préfecture du judet de Harghita. Ceux-ci ont
fait signer une pétition à 1900 de
leurs concitoyens demandant que
soit débaptisée la rue Eminescu proposant de le remplacer par celui…
d'Attila. Argument avancé: Eminescu
était xénophobe, particulièrement
"hungarophobe" et n'a jamais vécu à
Miercurea Ciuc, alors qu'Attila a été
le dernier et le plus puissant roi des
Huns, ancêtre des Hongrois.
Le plus embêté par cette démarche est le vice-maire, Antal… Attila !
Il préfèrerait se trouver à la place de
son collègue Antal Arpad, maire de
Sfântu Gheorghe, la préfecture du
judet voisin de Covasna.
Celui-ci, le jour du 161ème anniversaire de la naissance
d'Eminescu, le 15 janvier dernier, a
très consensuellement inauguré une
plaque à sa mémoire, dans la rue
portant déjà son nom, avec une
strophe en roumain d'un de ses poèmes, traduite en hongrois et anglais,
cette dernière version étant destinée
aux touristes.
En mai 2010, le conseil municipal
de Sfântu Ghorghe, à majorité
magyare, avait décidé de partager
en trois tronçons, contre l'avis des
élus roumains, la rue du 1er décembre 1918, date célébrant la réunification de la Transylvanie avec la
Roumanie et consacrant le démembrement de la Hongrie. Le premier
tronçon a conservé son appellation
ancienne, le second reçut le nom de
Mihai Eminescu et le troisième celui
de Petofi Sandor, grand poète hongrois (1823- 1849).
F
inalement, il n'y a guère que la démocratie qui se soit désintéressés du sort
de la station thermale de Borsec, adossée à la commune du même nom, à
l'extrême nord du judet de Harghita (Miercurea Ciuc), et dont 80 % de la
population de 2600 habitants est magyare, le reste se partageant entre quelques familles
de Roumains et de Tsiganes. Même Ceausescu ne l'avait pas laissé tomber. Environ
5000 vacanciers y séjournaient quotidiennement à l'été, histoire de se refaire les poumons, respirer le grand air
pur à 900 mètres d'altitude,
en randonnant dans les collines environnantes et en
dormant presque à la belle
étoile dans des minuscules
"casute", cabanes en bois.
Un véritable retour à la
nature pour les Roumains
enfermés à longueur d'année dans leurs blocs et qui
se délectaient de leurs promenades dans les forêts
avoisinantes où vivent toujours des chevreuils, des sangliers, des renards et même des ours, des loups et des lynx.
La station avait été nationalisée en 1948, destinée aux malades, aux membres des syndicats, dans une optique de tourisme de masse.
fantôme, Borsec s'apprête à renaître de ses cendres
Tous ces joyaux de Borsec ont ainsi changé trois fois de
main, leurs prix s'envolant à chaque transaction. Leurs nouveaux propriétaires se désintéressant totalement de la station,
vidèrent ces demeures cossues de leurs meubles, s'en désintéressèrent, les laissant à l'abandon.
Peu à peu, Borsec est tombée dans l'oubli, de moins en
moins fréquentée, continuant à vivoter jusqu'en 2000. Le prix
de l'immobilier s'est effondré, personne ne voulant de ses propriétés nues, délabrées, pillées par les riverains et dont les
fenêtres, les robinets avaient disparu. Borsec était devenue une
ville fantôme.
Bruxelles met la main à la poche
Pourtant, ces derniers temps, l'espoir est revenu. Des touristes, roumains ou hongrois, également quelques Autrichiens
et Allemands, viennent passer quelques jours, campent ou se
logent dans la quinzaine de pensions encore ouvertes et qui ont
été rénovées. Leurs tarifs sont très accessibles: entre 12 et 25
la chambre. Signe qui ne trompe pas… 22 sont en construction. La station est ouverte l'été et un peu l'hiver. Une centaine
de personnes y habitent en permanence et on y trouve une
vingtaine de magasins. Les prix des terrains (20 à 30 €/m2)
et des villas (entre 20 000 et 50 000 €) sont repartis à la hausse, amorçant une nouvelle vague de spéculation.
Mais cette fois-ci, les acquéreurs misent sur le développement des activités touristiques et le retour à une certaine opulence d'ici cinq-dix ans. Les 80 splendides hôtels particuliers
Le Baden-Baden de l'Est
Evidemment, son lustre n'avait plus rien à voir avec le faste de l'époque interbellique quand elle était fréquentée par des boyards moldaves, à l'époque de Carol II
(1893-1953) qui suivit la formation de la grande Roumanie. Ils avaient reçu gratuitement du Roi des terrains confisqués aux Hongrois et édifié de riches et splendides
demeures. La réputation de Borsec était telle alors que la station attirait des acteurs, des
écrivains, dont Nicolae Iorga (1871-1940), des hommes politiques (on ne disait pas
encore politiciens), et accueillait des congrès internationaux.
Des hobereaux hongrois, moins nombreux certes, continuaient cependant à la fréquenter, comme au temps de François Joseph (1830-1916), quant la Transylvanie faisait partie de l'empire austro-hongrois et que son renom en faisait le Baden-Baden de
l'Est, attirant une clientèle fortunée. On y voyait beaucoup de riches juifs, venus de
Budapest. Des soirées mondaines l'animaient pendant la saison qui durait de juin à fin
août. Le roi Carol 1er (1839-1914) l'avait honorée d'une visite, bien qu'elle fût située
dans une région que la Roumanie revendiquait, et le poète Vasile Alecsandri (18211890) lui avait consacré un livre.
Vagues spéculatives et faillite
La "Révolution" de 1989 a signé l'arrêt de mort de Borsec, comme elle l'a fait pour
d'autres stations thermales, dont Baila Herculane, dans le sud du pays. Les affairistes
se sont précipités sur les terrains et les villas mis en vente pour une bouchée de pain,
dans le cadre des privatisations. Non pas pour les exploiter, développer une activité
touristique ou thermale, mais dans le seul but de la spéculation.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Des rues désertes, défoncées... Difficile
d’imaginer que Borsec va prochainement revivre !
dont le boulevard central des Sept sources qui vient tout justed'être achevé. L'état roumain s'est engagé à construire une nouvelle base thermale, une autre de sports d'hiver, ainsi qu'une
piste de ski.
Est-ce pour veiller sur la concrétisation de ces promesses
d'une aube nouvelle, qu'on ne peut pas faire dix pas sans tomber sur un policier ? On en compte une trentaine en permanence toute l'année pour la seule station, pourtant souvent vide. Il
n'y en avait pas plus de 4-5 quand Ceausescu venait chasser et
passait le week-end dans sa modeste villa, aujourd'hui à rénover et à vendre.
Des sources efficaces contre plein
de maladies… dont le chômage
L’espoir renaît cependant et d’anciens propriétaires retapent
leurs manoirs après être rentrés en possession de leurs biens.
datant d'avant la Première Guerre mondiale sont particulièrement recherchés et certains sont déjà en travaux, leurs propriétaires s'efforçant de leur redonner leur lustre d'antan. Il n'en
sera malheureusement rien pour l'un des plus beaux, qui avait
totalement brûlé en 1985. Une de ses pensionnaires avait
oublié le fer à repasser sur sa robe, le soir du réveillon…
L'Union Européenne a mis la main à la poche, en donnant
un million d'euros pour la reconstruction des infrastructures,
Au cours de ces années sombres, Borsec a été sauvée par
sa vocation première. Ses sources d'eau thermale. Elle en
compte 23, dont 11 sont exploitées ainsi que 4 forages.
Rénovées en 1994, ses installations sont les plus modernes et
les plus importantes d'Europe Centrale.
Elles produisent aux alentours d'un demi-million de litres
par jour, embouteillés et expédiés en Europe, Asie et
Amérique, commercialisées sous le nom de "Regina Apelor
Minerale", la reine des eaux minérales par la société nationale la gérant jusqu'à sa privatisation en 1998.
Les sources sont exploitées depuis 1806. Selon la légende, la première aurait été découverte voici quatre siècles par
un berger qui aurait guéri son ulcère à l'estomac. Leurs eaux,
à forte teneur en calcium, magnésium et fluor, particulièrement recommandées pour les personnes de plus de 50 ans, sont
réputées pour le traitement des maladies des poumons, du
cœur et des "entrailles"… On pourrait ajouter aussi de celui du
chômage. L'exploitant, Romaqua Group S.A. Borsec, une
société totalement roumaine, emploie 600 personnes et Borsec
ne compte aucun chômeur, contre une moyenne de 11,2 %
dans le reste du judet et seulement une centaine de ses habitants sont partis travailler ou étudier à l'étranger.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier Magyars
Pour Jean, citoyen belge, et Margareta
Il était
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Lazlo Tokes
acquiert la
nationalité hongroise
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professeure de français hongroise, le bonheur est dans un pré du pays magyar
une fois à l'Est…
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MURES
ARAD
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'évêque de religion
réformiste Laszlo Tokes,
à l'origine des évènements de Timisoara en
décembre 1989, a reçu
la nationalité hongroise
le lundi 14 mars ainsi
qu'une cinquantaine
d'autres Roumains d'origine magyare, au cours
d'une cérémonie qui
s'est déroulée au consulat de
Hongrie de Cluj, en présence du
vice-premier ministre de Hongrie.
Actuellement vice président du
Parlement européen, Lazlo Tokes,
59 ans (photo ci-dessus), s'est fait
remarquer depuis la "Révolution"
roumaine par ses positions irrédentistes tranchées, plaidant pour l'autonomie de la Transylvanie.
L'acquisition de la citoyenneté
hongroise est possible sous certaines conditions pour les Hongrois
vivant à l'étranger, depuis que la
droite nationaliste du Fidesz, dirigée
par Premier ministre Victor Orban,
49 ans, a accédé au pouvoir à
Budapest, à la suite du raz de
marée des législatives de 2010.
A l'issue de la cérémonie, Lazlo
Tokes a déclaré "qu'il s'agissait du
plus beau jour de sa vie et des 90
dernières années", évoquant le
"funeste" traité de Trianon qui a
abouti au démembrement de la
Hongrie, ajoutant: "Ainsi est accompli dans l'esprit le douzième point de
la Révolution de 1848 qui demandait
l'union de l'Ardeal (la Transylvanie)
et de la Hongrie".
L'évêque conserve cependant sa
citoyenneté roumaine.
"Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le
pré. Cours-y vite. Il va filer" poétisait Paul Fort. Jean Pollart, citoyen belge de 74
ans, établi en Roumanie depuis la fin des années 90, l'a trouvé dans un pré magyar
du Mures auprès de Margareta, une professeure de français à la retraite de 62 ans,
et ni l'un ni l'autre n'ont l'intention de le laisser s'échapper.
C
hez moi, désormais c'est ici. Je ne retournerai pas en Belgique". Jean
Pollart est formel. Il a trouvé le bonheur en Roumanie, plus exactement au
cœur du pays magyar, dans le judet du Mures. Pourtant, il est attaché à son
pays et évoque avec un brin de nostalgie les 60 années où il y a vécu, se souvenant
notamment de son service militaire pendant lequel, pour échapper à la corvée de pluche, il s'était fait muté comme clairon. "J'étais un privilégié, je mangeais
tellement bien que je ne revenais pas le dimanche à la maison, ce qui vexait
ma mère" se souvient-il.
Libre comme l'air… direction Roumanie
Jean est né entre Enghien et Tournai, à Irchonwelz, un nom plaisant…
et piquant qui pourrait se traduire par quelque chose comme "le hérisson qui
passe toujours par le même gué". Ses études techniques, complétées par des
cours du soir en ont fait un électro-mécanicien fidèle pendant quarante ans
à la Régie des Télégrammes et Téléphones. "La RTT - Repose Toi Toujours
- c'était un peu comme chez vous les PTT - Petits Travaux Tranquilles" plaisante l'incorrigible blagueur.
Le Belge a toutefois
perdu le sourire quand, à
60 ans - modernisation
oblige - son administration, devenue Belgacom, a
jeté par la fenêtre des
machines qui valaient de
l'or et s'écrasaient au rez de
chaussée dans des conteneurs… les employés prenant les escaliers pour
faire place aux électroniciens et informaticiens.
C'était la fin des
années 90 et Jean, mis à la retraite, divorcé, ses trois enfants élevés et donc libre comme
l'air, prenait le chemin de la Roumanie pour retrouver Margitka, une magyare qui allait
devenir sa femme. La maladie dégénérescente qui allait la frapper n'empêcha pas le
couple de vivre heureux pendant près de dix ans. Sa disparition plongea Jean dans le
désarroi, privé de sa raison de vivre… le bonheur, celui qu'on donne en espérant en
recevoir un peu. Heureusement, il croisa le chemin de Margareta, elle aussi magyare.
C'était en août 2009.
"Je suis riche en moi, je n'ai pas besoin de courir le monde"
A 61 ans, cette professeure de français et hongrois d'un lycée forestier situé à une
vingtaine de kilomètres de Târgu-Mures, veuve depuis cinq ans, continuait à travailler
surtout pour garder le moral et parce qu'elle aimait passionnément son métier. Au point
d'emmener ses élèves pendant les vacances faire le tour de la Transylvanie à bicyclette, chacun transportant sur son porte-bagage tout le "barda" pour camper, les réserves
de nourriture fourrées dans le sac à dos, car les épiceries étaient vides sous Ceausescu.
Margareta les faisait rêver de la France, leur décrivant
comme si elle les connaissait ses châteaux de la Loire, Paris…
alors qu'elle n'y est toujours jamais venue, pas plus qu'elle n'est
allée en Belgique.
"Je suis riche en moi, je n'ai pas besoin de courir le
monde. Le bonheur est ici… c'est ma paix intérieure, celle que
je ressens quand je cueille une fleur dans le jardin" confie-telle. Le monde, ses deux filles, 32 et 36 ans, toutes deux professeures, lui racontent. L'une est mariée à un Japonais, venu
suivre un stage de danse traditionnelle en Roumanie.
Délaissant le saké pour la tsuica, il s'est installé sur place, restaure des immeubles prestigieux, se consacre à la musique…
et a intégré un groupe folklorique de danses hongroises !
Cette philosophie de vie ne pouvait que séduire Jean. Il
décida Margareta, devenue sa femme six mois plus tard, à
prendre sa retraite et s'installa dans sa maison, une fermette de
style hongrois, distante d'une quinzaine de kilomètres de la
sienne, à Eremieni. Ses voisins étaient désolés de voir partir ce
Belge qui leur avait donné de nombreux coups de main et
apporté sa bonne humeur. Le jour de son déménagement, handicapé par une sciatique, toute sa rue se mobilisa pour l'aider.
Jardins secrets
Dès cinq heures le matin, en été,
Margareta prend sa
faux et se dirige
vers les prés de sa
propriété
puis,
quand le soleil
monte dans le ciel,
elle regagne son
immense jardinportager, son paradis, entre ses fleurs
et ses légumes. "Ici, pas besoin d'aller faire les courses. Les
voisins apportent du lait, des oeufs, du beurre, on les échange
contre des haricots, des carottes, des pommes. Il n'est pas
question d'argent" rapporte-t-elle. Au commencement de l'automne, ses anciennes collègues viennent l'aider à ramasser les
prunes et autres fruits du verger que l'on emmène à la distillerie du village pour les transformer en palinca.
Chaque mercredi, elle conduit ce petit-monde dans son
break au marché hongrois de Miercurea Nirajului, un service
apprécié quand il faut ramener des sacs de pommes de terre ou
du matériel pesant, car personne n'a de voiture. Margareta a
aussi son jardin secret… le musée d'objets traditionnels qu'elle aménage à un étage de sa fermette, recueillant tout ce qui
touche au patrimoine du village.
Jean, bricoleur dans l'âme, ne chôme pas avec toutes les
dépendances de la maison qu'il a entrepris de restaurer, faisant
preuve d'un goût sûr. Il a installé quatorze lits, ce qui permet
d'accueillir pour plusieurs jours des anciens collègues ou élè-
ves de Margareta, des amis venus de Belgique, ce qui promet
des soirées animées. Le Belge passe ses journées dans l'atelier
qu'il s'est confectionné, jetant de temps en temps un œil sur ses
pigeons, ses oiseaux, veillant précieusement sur l'aquarium qui
l'a suivi dans son déménagement.
"C'était une bonne journée"
Le soir, le couple s'installe au coin
du feu, bavarde, bouquine, en écoutant
des CD. Tous deux partagent les mêmes
goûts, repassent en boucle les morceaux
qu'ils aiment, comme les musiques de
films, dont celle d'Ennio Morricone.
"Ici, ce serait plutôt… Il était une fois
dans l'Est" s'amuse Jean. Autrefois,
Margareta lisait Jules Verne en hongrois, maintenant c'est en français. Jean
s'affaire auprès de la chaudière dernier
cri qu'il vient d'acquérir pour 1500 € et
dont il est particulièrement fier. Elle
fonctionne au bois et transforme les
résidus en gaz, si bien qu'il ne faut la
charger que deux fois par jour, ce qui évite d'avoir à se déranger la nuit. Il se lève aussi pour noter les réflexions qui lui
viennent à l'esprit et dont il a déjà rempli un recueil.
Pas besoin d'Internet et très peu de télé. Le silence serai-il
pesant? La verve de Jean est sûre de détendre l'atmosphère.
Récemment, il s'est fait opérer de la cataracte à Târgu Mures.
Le premier œil sous anesthésie générale - la première de sa vie
-, le second sous anesthésie locale. "Quand on m'a retiré le
cristallin, j'ai vu un spectacle en couleurs fantastique… Il
manquait juste la musique de Jean-Michel Jarre" s'exclame-til, ajoutant "J'ai dit au chirurgien: Ah, c'est vraiment dommage que je n'ai pas un troisième œil !".
Jean pensant à son âge se fait philosophe: "C'est quand
Dieu le veut…s’empressant de rajouter mais le plus tard possible". Chaque soir, avant de se coucher, il fait le bilan: "Ce n'est
pas difficile, c'est toujours la même chose. J'ai juste à écrire:
c'était une bonne journée"…
(Lire également en rubrique coup de cœur, page 60)
39
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'UE donne 10 ans aux
Etats membres pour intégrer les Roms
Minorités
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Création d'un "tribunal
des Roms" à Sibiu
40
Un "tribunal des Roms" a ouvert
ses portes le 28 février à Sibiu, a
annoncé le "roi" autoproclamé des
Roms de Roumanie, Florin Cioaba, se
félicitant d'un "grand pas" pour cette
communauté."C'est un jour très important pour nous, car nous inaugurons le
premier tribunal des Roms" a-t-il
déclaré lors de la cérémonie d'ouverture. Placé sous la devise "Nous ne
vous jugeons pas, nous vous réconcilions", le tribunal se penchera sur des
affaires telles que des "séparations ou
des conflits financiers", a-t-il expliqué.
"Il ne s'agit pas d'une instance
parallèle aux institutions de l'Etat", a
souligné le roi Cioaba, selon qui les
cas soumis à ce tribunal seront jugés
en vertu des "lois non écrites et des
coutumes" de la minorité Rom. Les
conflits entre Roms sont souvent
réglés par une "cour" ("stabor", en langue romani), formée des "sages" des
différentes communautés locales. Les
personnes reconnues coupables sont
généralement condamnées à verser
une somme d'argent à la partie lésée.
"Tous les Roms en quête de justice
pourront s'adresser au tribunal", a
déclaré Florin Cioaba, ajoutant que
"pour la première fois, les stabors ne
seront plus tenus dans la rue ou au
domicile d'un membre de cette minorité". Son fils, Dorin, sera le "président"
du tribunal. Il sera aidé par plusieurs
juristes.
B
ruxelles a décidé de forcer la main aux Etats membres tant les 10 à 12
millions de Roms que compte l'Europe sont aujourd'hui encore victimes de
discriminations, d'exclusion et du déni de leurs droits. D'ici la fin de l'année, les 27 devront soumettre à la Commission leurs plans d'actions nationaux pour
intégrer la plus grande minorité européenne. L'accès des Roms à l'éducation, à l'emploi, aux soins de santé et au logement devient l'un des objectifs assignés aux États
dans le cadre de la stratégie de croissance de l'Union Européenne pour 2020.
"Malgré les bonnes intentions manifestées par certains responsables politiques
des États membres, les conditions de vie de la plupart des Roms n'ont presque pas évolué au cours de ces dernières années", a déclaré Viviane Reding, vice présidente de la
Commission. L'été dernier, un virulent conflit l'avait opposé à Nicolas Sarkozy lors
des expulsions de Roms roumains et bulgares venus en France, la commissaire allant
jusqu'à faire une comparaison avec les persécutions nazies contre les juifs. L'affaire
avait provoqué une polémique entre la France, la Roumanie et la Commission. Aucune
infraction n'avait finalement été établie contre la France par Bruxelles.
Une espérance de vie plus courte de dix ans
"L'augmentation de tendances xénophobes et racistes ces dernières années,
comme en Hongrie, est un sujet de préoccupation, a reconnu le commissaire aux affaires sociales, le Hongrois Laszlo Andor. Il est inacceptable que les Roms restent frappés d'exclusion dans une UE fondée sur les principes d'égalité, de démocratie et d'État de droit".
Bruxelles souhaite que tous les enfants rom achèvent au moins l'école primaire,
alors que 42 % le font aujourd'hui, contre 97,5 % pour les autres enfants européens.
Seul un enfant rom sur dix fréquente le secondaire. L'espérance de vie des Roms est
dix ans plus courte que la moyenne de l'UE (76 ans pour les hommes et de 82 ans pour
les femmes). L'exécutif européen attend des États membres de combler l'écart dans le
domaine de la santé, par exemple en faisant baisser la mortalité infantile au sein de la
population rom. L'accès au logement et aux réseaux de service public, tels que l'eau et
l'électricité, est inscrit comme une priorité des stratégies que devront soumettre les 27.
Quant à l'accès à l'emploi, la Commission pense avoir trouvé une motivation supplémentaire pour les États : les Roms représentent une part croissante de la population
en âge de travailler, l'âge moyen s'élevant à 25 ans, contre 40 pour l'UE. Un nouvel
arrivant sur cinq sur le marché du travail bulgare ou roumain est d'origine rom.
L'intégration rapporterait 500 M€ par an
En effet, selon la Banque mondiale, la pleine intégration des Roms générerait une
plus-value d'un demi milliard d'euros par an pour les économies de certains pays
comme la Roumanie, la Bulgarie ou la République Tchèque, et ce via des gains de productivité, une réduction des factures dues aux allocations sociales et une augmentation
des recettes fiscales. Et pour soutenir des actions concrètes, la Commission rappelle
qu'il n'est pas suffisamment fait usage des 26,5 milliards d'euros de fonds européens
disponibles sur la période 2007-2013 pour soutenir des actions d'intégration sociale
notamment en faveur des Roms.
La Commission attend aussi des Roms qu'ils fassent un effort de leur côté. "Il
appartient aussi à la communauté rom de vouloir sortir de la pauvreté", a dit Mme
Reding. Il est prévu de former un millier de "médiateurs" roms pour discuter avec les
familles. Reste que la stratégie de la Commission ne prévoit pas de mesures contraignantes ni de sanctions pour les États membres, mais elle fera chaque année rapport
au Conseil et au Parlement européen des progrès réalisés, avec l'implication de
l'Agence européenne des droits fondamentaux.
Dominique Thierry (Le Courrier des Balkans)
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Religion
Strasbourg sauve le crucifix à l'école
L
es élèves des établissements scolaires publics italiens pourront continuer de réciter leurs tables et
d'ânonner Dante sous le regard du Christ en croix.
Vendredi 18 mars, saisie en appel, la Cour européenne des
droits de l'homme (CEDH) de
Strasbourg a estimé que leur présence
"ne suffisait pas à caractériser une
démarche d'endoctrinement ", infirmant ainsi une précédente décision de
première instance qui, le 5 novembre
2009, avait condamné l'Italie à retirer
ce symbole religieux "contraire au
droit des parents d'éduquer leurs
enfants selon leurs convictions". La
logique voudrait que les autres religions puissent en faire autant lorsque les élèves de leurs
confessions sont majoritaires ou en nombre.
Cette décision a été saluée avec enthousiasme par le
ministre des affaires étrangères, Franco Frattini, et commentée
très positivement par l'Eglise. "Cette sentence constitue désormais un point de référence dont il faudra tenir compte sur la
question de la présence des symboles religieux dans toute
l'Europe", se réjouit le quotidien des évêques Avvenire sur son
La protection de l'environnement
n'est pas une priorité en Roumanie 41
Environnement
L
a protection de l'environnement reste souvent perçue
comme une question mineure
en Roumanie et ne constitue pas une priorité des autorités, estime la Fondation
Soros dans un rapport publié dernièrement. "L'environnement est souvent vu en
Roumanie comme une question de faible
importance bien qu'il représente un des
dossiers majeurs de la politique européenne", note ce rapport rédigé par une
avocate spécialiste du droit de l'environnement, Catalina Radulescu.
Notant l'absence de "tradition" dans
la protection de l'environnement, le rapport souligne que la Roumanie a adopté
site Internet. "C'est un acte de vraie laïcité allant dans le sens
du respect et de la liberté de tous, explique au Monde Gian
Maria Vian, directeur du quotidien du Vatican, L'Osservatore
romano. Elle reconnaît l'histoire particulière de l'Italie et
d'une partie de l'Europe".
A une écrasante majorité (15 contre 2), les 17 juges ont estimé qu'un
crucifix est "un symbole passif" qui ne
peut "être comparé à un discours
didactique ou à la participation à des
activités religieuses".
La Cour souligne que "les Etats
jouissent d'une marge d'appréciation
lorsqu'il s'agit de concilier l'exercice
de leurs fonctions (...) et le respect du
droit des parents d'assurer cette éducation et cet enseignement
conformément à leurs convictions" et qu'elle doit "respecter
les choix des Etats dans ces domaines".
Une précision utile alors que dix pays membres du Conseil
de l'Europe (Arménie, Bulgarie, Chypre, Grèce, Lituanie,
Malte, Monaco, Roumanie, Russie et San Marin) s'étaient portés en défense de l'Etat italien, redoutant d'être à leur tour l'objet d'éventuelles poursuites...
"des séries entières de lois" dans ce
domaine grâce à son entrée dans l'UE en
2007, mais "l'application de ces lois est
très difficile notamment en raison de
l'instabilité dans la fonction publique".
"Les problèmes d'application se
posent aussi bien au niveau des autorités
centrales que locales", poursuit le document. "On peut dire que la mise en place
des politiques de protection de l'environnement ne sont pas une priorité", ajoute
le rapport de la Fondation Soros, dénonçant "le désintérêt de l'administration"
pour la stratégie de développement durable adoptée sur le papier depuis 2008.
Présent lors de la présentation de ce
rapport, Silvian Ionescu, commissaire
général de l'autorité chargée de veiller au
respect des lois environnementales, a
reconnu "qu'il y a beaucoup de violations" dans ce domaine en Roumanie.
"Mais nous avons réussi à faire passer le nombre de contrôles effectués par
notre autorité, la brigade de l'environnement, de 40 000 en 2009 à 60 000 en
2010 avec seulement 5% de personnel
supplémentaire", a-t-il souligné.
Silvian Ionescu a toutefois regretté
que "dans la moitié des affaires pour lesquelles nous avions donné des amendes
en 2010, les juges aient préféré transformer ces dernières en avertissements".
Les particules fines tuent à Bucarest
L
e taux élevé de particules fines dans la capitale roumaine aurait causé la
mort de plus de 800 Bucarestois entre 2004 et 2009, selon les résultats
d'une étude publiée par le Centre pour des politiques durables Ecopolis.
Par ailleurs, "227 enfants décédés dans les douze premiers mois de leur vie auraient
pu être sauvés" si la moyenne annuelle des polluants PM10 (particules fines dont le
diamètre est inférieur à 10 micromètres) avait été de 20 microgrammes au m3,
comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé. A Bucarest, la moyenne dépasse de cinq fois cette recommandation, selon les relevés d'Ecopolis. L'étude révèle encore qu'un niveau normal de particules fines dans l'air de la capitale aurait empêché l'internement pour des problèmes respiratoires d'environ 300 personnes en 2009.
Et cette éventualité aurait conduit à une économie de 400 000 lei (environ 100 000 euros) pour le système de santé roumain.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Environnement
SUCEAVA
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IASI CHISINAU
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GHERLA
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TIMISOARA
SIBIU
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PLOIESTI
n
BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
La Roumanie produira-t-elle bientôt des combustibles bio pour ses avions ?
Airbus, Tarom et un consortium de plusieurs partenaires viennent d'annoncer le
lancement d'une plateforme de production et de commercialisation d'un carburant
écologique, qui devrait être installée en Roumanie
Insolite
Vins moldaves contre radiations japonaises
A
fin de manifester leur solidarités aux victimes du
tremblement de terre du Japon, des viticulteurs et
négociants de la République moldave ont décidé
d'y envoyer 28 000 bouteilles de vin rouge… non pas pour
aider les victimes à oublier leur drame, mais pour lutter contre la radioactivité. Selon des spécialistes, les vins rouges mol-
daves - Cabernet, Merlot, Cabernet-Sauvignon et Cahor auraient la propriété de protéger l'organisme contre les radiations, comportant d'importants composés de polyphénols
empêchant les effets destructeurs des noyaux radioactifs. Les
bouteilles devaient être transportées en bateau depuis Odessa,
les donateurs prenant tous les frais en charge.
l
140 ours bruns
"adoptés" dans
le cadre d'une
campagne de WWF
42
Tarom et Airbus associés
pour des vols "verts"
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Cent-quarante ours bruns des
Carpates ont été "adoptés" symboliquement dans le cadre d'une campagne lancée en Roumanie en décembre, a annoncé l'organisation de
défense de l'environnement WWF, à
l'origine de cette initiative. "En un
mois nous avons reçu plus de
demandes d'adoption que nous
n'espérions", a déclaré la coordinatrice de cette action, Daniela Caratas.
Les personnes ayant formulé une
telle demande ont reçu un "certificat
d'adoption", assorti d'informations sur
les plantigrades et sur les projets du
Fonds mondial pour la nature (WWF).
Le tout en échange d'un don
modique, d'une valeur moyenne de
20 €. L'argent sera utilisé pour des
projets visant à préserver l'habitat
des ours.
WWF avait lancé cette campagne
visant à "sauver les ours des
Carpates", inquiète des menaces à
leur encontre, dont la déforestation,
la nourriture de plus en plus insuffisante et le braconnage. "La Roumanie n'est malheureusement plus l'hôte
accueillant qu'elle était, alors que des
routes, des pistes et des stations de
ski ainsi que des zones résidentielles
sont construites dans des forêts et
des aires protégées", a-t-elle déploré.Selon des statistiques officielles, la
Roumanie compte environ 6.500 ours
bruns, soit 60% des plantigrades
d'Europe. Les ours des Carpates ont
multiplié leurs descentes en ville ces
derniers temps, notamment à Brasov
où ils fouillent les poubelles à la
recherche de nourriture.
D
e la cameline roumaine pour remplacer le kérosène dans les réservoirs des
avions… Tel est le projet récemment dévoilé par Airbus. Le constructeur
aéronautique européen et Tarom ont décidé de mettre en place un projet de
fabrication et de commercialisation d'un biocarburant à base de cameline (une plante
riche en huile), destiné à devenir une alternative bio au kérosène habituellement utilisé
pour les avions. Pour le moment, le projet est encore à un stade embryonnaire, puisqu'aucune étude de faisabilité n'a encore été réalisée. Tarom a ainsi préféré ne pas communiquer sur le sujet et s'est contenté de reprendre les annonces faites par Airbus.
Le constructeur européen a lui révélé qu'il s'investissait sérieusement dans la création de ce bio carburant européen. Selon la direction d'Airbus, le projet sera chapeauté
par une ONG roumaine, qui supervisera la production de cameline en Roumanie. Le
siège du projet sera implanté à Bucarest et Airbus accompagnera les processus d'approbation du carburant et dirigera l'analyse des effets sur les systèmes et la motorisation des
avions.
Des pilotes d'Air Tombouctou
pour le Président
L
'avion officiel du président Basescu va être
piloté par des aviateurs actuellement
employés par Air Tombouctou, selon le site
du média Cotidianul. Cette compagnie aérienne basée
à Bamako, au Mali, a des liens avec des sociétés homologues roumaines, dont Romavia, chargée d'assurer les
vols des dignitaires roumains et MIA Airlines. Cette
dernière compagnie était soupçonnée d'appartenir au
trafiquant d'armes russe Viktor Bout, 44 ans, surnommé
"Le marchand de mort" et "Lord of the war", ayant alimenté plusieurs conflits en Afrique malgré les embargos décrétés par l'ONU. Il a été arrêté à Bangkok en
2008 puis transféré aux USA en novembre dernier.
Dans son commentaire, Cotidianul ajoute espérer que
les pilotes du Président auront retrouvé l'usage de leur
langue maternelle, les idiomes utilisés au Mali étant le
bambara et le bamanankan.
Les couleurs du ciel
Objectif : couvrir 50% des besoins d'un avion
"Il s'agit du premier projet en Europe qui réunit des agriculteurs, des raffineurs et
une compagnie aérienne afin de lancer la commercialisation d'une production de biocarburant durable", a déclaré Paul Nash, le responsable des nouvelles énergies chez
Airbus. Le consortium, dirigé par Tarom, comprend aussi UOP, filiale de Honeywell,
qui fournit sa technologie de raffinage de biocarburant pour les avions, et CCE
(Camelina Company España) qui apporte ses connaissances en agronomie de la cameline. Cette plante, présente en Roumanie, a été sélectionnée pour son potentiel énergétique, sa capacité de réduire les gaz à effet de serre et ses faibles besoins en eau.
Des études de faisabilité doivent être réalisées, tant au niveau agricole qu'aéronautique, et la capacité de production de la Roumanie reste à déterminer clairement. Mais
Airbus croit au projet, qui pourrait à terme couvrir 50% des besoins d'un avion en carburant pour un vol commercial.
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
Cette information a provoqué la réaction suivante d'une lectrice du petitjournal:
“Par pitié pour nos paysans qui se donnent tant de mal pour nous donner des produits sains, ne parlez plus de combustibles "bio" mais d'agrocarburants!
Agrocarburants qui d'ailleurs sont en grande partie responsables du surenchérisseme
nt des matières premières agricoles au point que certains n'hésitent pas à les surnommer nécrocarburants ! La solution ? Développer massivement les agrocarburants de
deuxième génération qui n'utilisent pas les bons produits de l'agriculture (qui doivent
être réservés aux hommes et aux animaux) mais recyclent les déchets de l'agriculture”.
L
e clergé orthodoxe de Ploiesti a décidé de
former une équipe de football composée de
jeunes prêtres. Elle ne participera pas à des
championnats mais, par sa présence, veut témoigner de
l'importance du sport dans l'équilibre des individus
entre corps et esprit "comme l'a voulu le Créateur",
complétant ainsi les périodes de jeûne, de prières, de
confession nécessaires à l'élévation de l'âme. Un sponsor a financé l'achat des équipements, les futurs joueurs
opérant sous les couleurs du ciel… en bleu et blanc.
Voleurs malchanceux
B
loqués dans un local d'une ferme de
Berini (Timis) qu'ils avaient entrepris de
dévaliser, quatre voleurs de ferraille ont
téléphoné au numéro d'urgence pour qu'on vienne
les délivrer, se plaignant d'avoir été séquestrés par le
propriétaire des lieux. Ils s'apprêtaient à repartir et
avaient également appelé un taxi pour les aider à
transporter leur butin, d'une valeur de 250 €. La
police s'est fait un plaisir de venir les sortir de ce
mauvais pas… avant de les conduire directement à
la prison. Les infortunés malfaiteurs avaient été piégés par le fermier, qui avait installé un dispositif de
sécurité excédé qu'il était par les vols successifs dont
il était victime, leur préjudice s'élevant à 45 000 €.
-On arrête le gars ?
- Attends un peu...
s’il nous donne quelque chose
ou de savoir qui est son père.
Lions de jardin 43
D
ans le fond d'un jardin, on y trouve parfois un poulailler, des
clapiers à lapin, même un cochon... mais Lorian Galcescu,
en Roumanie, y faisait un élevage bien particulier. Ce sont
des policiers qui, alertés par des voisins qui se plaignaient du bruit généré par des "animaux bruyants", ont découvert deux lions enfermés dans
une cage au fond de son jardin. Leur propriétaire leur a déclaré qu'il
avait acheté ces deux lions du Sénégal quand ils étaient tout petits, à un
forain qui avait fait faillite.
En grandissant, il leur avait construit une cage dans son jardin. "Je
ne vois pas où est le problème, ils ne faisaient de mal à personne", s'estil défendu. La police a saisi les animaux. "Le forain qui me les a vendu
ne m'a pas dit que j'avais besoin d'un permis" a-t-il plaidé. Les deux
lions ont été placé dans un zoo et leur propriétaire risque, lui de se retrouver derrière les barreaux!
Jour de veine
T
heodore Radulescu, un cuisinier installé dans le quartier du
Bronx, à New-York, a échappé par miracle à l'accident de car
qui, après s'être retourné sur l'autoroute et avoir percuté un
poteau, a fait quatorze morts, le samedi 12 mars, à proximité de la mégapole américaine. Le Roumain de 55 ans qui rentrait chez lui après avoir
passé sa journée de congé dans un casino du Connecticut, a été un des rares
passagers à s'en tirer avec de simples ecchymoses et des blessures superficielles. Tout de même hospitalisé, mais mesurant sa veine… il a décidé de
troquer la blouse qu'on lui avait fait enfiler contre ses vêtements, même si
ses chaussettes étaient pleines de sang, afin de profiter au maximum de ce
jour de chance. Le cuisinier s'est éclipsé discrètement de sa chambre…
pour se rendre dans le casino le plus proche. Mais la roue de la fortune
avait tourné, et le Roumain a regagné son domicile les poches vides.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Cioran : "J'ai connu
toutes les déchéances, même le succès"
Centenaire Cioran
SAPÂNTA
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Distinction française
pour Cristi Puiu
44
Un Karcher de l'esprit,
mystique sans Dieu comme Flaubert
Centenaire Cioran
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BACAU
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Connaissance et découverte
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TARGU
MURES
ARAD
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le metteur en scène Cristi Puiu a
reçu à Bucarest les insignes de
Chevalier de l'Ordre des Arts et des
Lettres des mains de l'ambassadeur de France en
Roumanie, Henri Paul, à
l'occasion de la première
de son film "Aurora",
dans lequel il interprète
aussi le rôle principal. De
nombreuses fois primé à
travers le monde, obtenant notamment un Ours
d'or à Berlin, Cristi Puiu,
44 ans, avait obtenu le
prix "Un certain regard"
lors du Festival de Cannes
en 2005, pour "La mort
de Monsieur Lazarescu".
Deux autres réalisateurs roumains
avaient obtenu la même distinction
française auparavant, Cristian Mungiu
et Catalin Mitulescu.
Le coin du philatéliste
A travers sa 1ère série de timbres
de l'année 2011, la poste moldave
permet de découvrir une culture particulière datant de la période du néolithique, entre 5000 et 4000 ans
avant JC, qui s'étendait du nord-est
de la Roumanie actuelle à l'Ukraine,
y compris le territoire actuel de la
république de Moldavie, en en présentant trois céramiques. Cette culture, appelée Cucuteni-Trypillia, était
caractérisée par de très grandes
agglomérations pour l'époque et par
une culture de la céramique peinte
unique. L'illustration de l'enveloppe
qui accompagne la série montre la
salle du musée national d'archéologie et d'histoire de Chisinau où sont
exposés les 3 objets.
L'année 2011 est marquée par le centenaire de la naissance de l'écrivain-philosophe roumain d'expression française Emil Cioran (1911-1995), considéré dorénavant comme un géant de la pensée du XXème siècle. Cet anniversaire coïncide avec
le dénouement de l'affaire des manuscrits découverts après sa mort, qui a enfiévré
depuis une décennie les milieux littéraires hexagonaux. A ces deux occasions, les
médias ont salué l'œuvre de cette personnalité déroutante, comme on peut le
découvrir dans les pages suivantes.
A
ristocrate du doute et dandy métaphysique, Emil Cioran, mort à Paris en
1995, à l'âge de 84 ans, aurait eu cent ans le 8 avril dernier et ce styliste du
désespoir, qui avouait préférer "la tombe au bâillement", aura forgé une philosophie teintée d'humour noir. Né à Rasinari, en Transylvanie, près de Sibiu, ce fils de
pope orthodoxe vécut jusqu'à 26 ans en Roumanie, où il publia ses premiers livres, Sur
les cimes du désespoir à l'âge de 22 ans, puis Des larmes et des
saints, qui fit scandale dans son pays. A l'époque, le jeune Cioran
se laissa enivrer par le nationalisme, l'hitlérisme d'abord, puis la
Garde de fer, mouvement fasciste créé en Roumanie. Une "faute",
selon ses propres mots, qui fondera cependant l'œuvre à venir.
"J'avais haï mon pays, tous les hommes et l'univers. Il me restait
à m'en prendre à moi: ce que je fis par le détour du désespoir".
L'exil définitif en France en 1937
Alors que le chaos s'installait dans son pays, il quitta la
Roumanie en 1937 grâce à une bourse d'étude puis s'installa définitivement en France. A la suite de l'interdiction de ses œuvres par
le régime communiste, il abandonna le roumain en 1947 et écrivit
désormais en français, dans une langue ciselée où son goût pour
l'aphorisme s'alliait à un certain lyrisme. "Le style, si je m'y suis
tant intéressé, c'est que j'y ai vu un défi au néant", écrivit-il dans ses Cahiers. Bien que
demeurant en France jusqu'à sa mort, il ne demandera jamais la nationalité française.
Proche d'Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Henri Michaux ou Fernando Savater, sa
philosophie a été inspirée par Nietzsche, Schopenhauer ou encore Kierkegaard.
Les titres des livres de cet insomniaque chronique annonçaient la couleur de son
œuvre. Et c'est une noirceur teintée de lucidité: Précis de décomposition, publié en
1949, Syllogismes de l'amertume, De l'inconvénient d'être né ou La tentation
d'exister... Son dernier ouvrage, Aveux et anathèmes, est publié en 1987.
Dans un essai en forme d'hommage, qui vient de paraître, Cioran, éjaculations
mystiques (Le Seuil), Stéphane Barsacq ne cache rien de l'épisode antisémite du jeune
Cioran, ni du regard cynique de ce grand séducteur qui écrivait: "La dignité de l'amour
tient dans l'affection désabusée qui survit à un instant de bave" ou "L'orgasme est un
paroxysme. Le désespoir aussi. L'un dure un instant. L'autre, une vie".
Ne revoyant jamais sa Roumanie natale
Dans ses écrits, Emil Cioran relatait aussi ses nuits d'insomnies, ses longues promenades nocturnes. Il habita durant plusieurs décennies une mansarde du quartier de
l'Odéon, sa tour d'ivoire, d'où il déclina les honneurs littéraires, comme en 1988 le
Grand prix Paul Morand, décerné par l'Académie française. Resté pauvre, il continuera
à fréquenter le restaurant universitaire jusque vers 40 ans avant de s'en voir interdire
l'accès. Un épisode qu'il vivra douloureusement. Après une dizaine d'ouvrages diversement salués par la critique, la publication posthume, en 2009, de son livre De la France
recueillit un succès international. "J'ai connu toutes les déchéances, même le succès",
aimait-il à dire.
Myriam Chaplain-Riou (AFP)
La lecture de Cioran fut la marotte des initiés des années 1970-1980. On redécouvrait une œuvre qui fut peu lue à sa
parution. Et voilà, semble-t-il, aujourd'hui, Cioran retourné au purgatoire. La vie de cet écrivain semble être vouée à de
successives traversées du désert, coupées de retours de flammes enthousiastes. Il semble que ce statut lui sied. Occuper les
feux de la rampe use et vulgarise. Cioran a toujours préféré le désert des ermites et des aspics.
L
e désaccord
qui pourrait
exister avec
l'époque actuelle tient à
ce que Cioran est un
moraliste. Or, nous subissons les couplets des
moralisateurs et de la
bien-pensance.
Notre
société a enrobé son
égoïsme vorace dans un
emballage compassionnel
et automatique, totalement étranger à Cioran. Il
s'intéresse à la conscience
de l'homme, qui n'est ni la bonne conscience ni la mauvaise,
mais le fait d'être un être pensant. On mesure combien, dans
notre société, ces notions toniques de moraliste et de conscience se sont dégradées en leur version bovine. Cioran, moraliste,
se préoccupe de l'homme, de son destin, de l'amour, de la mort,
de l'histoire, beaucoup des religions, de Dieu! Il écrit sur l'essentiel. Ce à quoi aucune existence ne saurait échapper.
Qu'on le lise moins prouve notre régression. La première
catastrophe pour Cioran est paradoxalement la pensée qui est
un défaut de la matière. Elle introduit, dans la perfection du
cosmos, un décalage critique. C'est la
définition du fameux roseau de
Pascal écrasé, fragile mais pensant!
"Cioran est trop fort pour
les faibles que nous sommes"
Or cette pensée nous tourmente
d'être mortel. Cioran déclare que
nous nous serions volontiers passés
d'un privilège qui, pour un peu, nous
pousserait au suicide lucide. Il y a
chez Camus, quand il ne cède pas à
une philanthropie boy-scout, dans Le Mythe de Sisyphe, par
exemple, une conscience révoltée de ce type. Pascal n'échappe
à l'angoisse que parce qu'il fait le pari de la foi.
Cioran, lui, ne franchit pas le pas, il ne saute pas à pieds
joints dans l'abîme de Dieu. La grande différence avec notre
époque est que l'athéisme de Cioran est caustique, ardent. Il est
de ceux qui ne cessent de postuler Dieu pour le nier.
L'athéisme d'aujourd'hui est atone. Il trotte partout, sans interrogation, il pousse son chariot dans le supermarché universel.
C'est une incroyance dont l'électrocardiogramme est plat.
Sur le plan de la religion, Cioran, mystique sans Dieu
comme Flaubert, n'a cessé de proclamer la supériorité de la
sagesse chinoise, du bouddhisme ou de Lao-tseu sur le christianisme. Car les maîtres taoïstes ne nous promettent pas la
supercagnotte du paradis mais, dans le meilleur des cas, un nirvana indéfinissable qui confine au néant. Il est clair que notre
société se rue sur le bouddhisme.
Mais cela ne ramène pas Cioran au cœur du débat, car le
bouddhisme à la mode est un yoga de gens stressés, une sorte
de sieste améliorée, assortie des vues les plus fumeuses. Là
encore notre époque a corrompu les notions les plus hautes en
recettes de relaxation à l'usage des consommateurs. Cioran est
trop fort pour les faibles que nous sommes. Sa pensée est obsédée par la figure du barbare dont il envierait presque le fanatisme clair.
"Le christianisme est fini parce
qu'il ne peut plus détester les autres religions"
Le barbare ou le héros savent ce qu'ils veulent, font corps
avec l'objet de leur conquête. Ils ignorent le doute et les
tiraillements. Le problème actuel de la religion chrétienne,
souligne Cioran, est d'avoir renoncé à l'intolérance vitale:
"C'est parce qu'il ne peut plus détester les autres religions,
c'est parce qu'il les comprend que le christianisme est fini. Il
est paralysé par une trop grande largeur de vues". On voit à
quel point cette remarque est actuelle, paradoxale et percutante!
L'avenir est à celui qui fonce et qui
ne doute pas! Triste constat pour les
humanistes que nous sommes…
Cioran n'est pas sans descendance. Le scepticisme en vogue
d'Houellebecq rappelle celui du
maître mais c'est un scepticisme
médiatiquement avachi quand
Cioran est dardé sur sa cible, dans
un désespoir jubilatoire. Son style
plutôt que celui d'un classique est
celui d'un baroque acéré, armé d'une balistique d'adjectifs,
d'antithèses et d'allitérations qui taillent les utopies à la hache.
Ces aphorismes cruels sur l'amour ont fait sa gloire, mais ces
sentences pour dîners en ville ne doivent pas cacher la profondeur de ses coups de sonde qui le mettent au niveau de Pascal,
de Schopenhauer, de Nietzsche et de Lao-tseu. C'est pourquoi,
il faudrait faire tous les ans une petite cure de Cioran plus
décapante pour les lipides et les ballonnements de la pensée
que n'importe quelle thalassothérapie chic. Car Cioran est un
Karcher de l'esprit.
Patrick Grainville (Le Figaro)
45
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Centenaire Cioran
"Tous ces jeunes sont
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BUCAREST
CONSTANTA
Il y a 100 ans naissait donc Emil Cioran, qui préférait le titre de "penseur
privé" à celui de philosophe. Rien de plus absurde que de souligner l'anniversaire de celui qui a écrit De l'inconvénient d'être né... Si ce n'est qu'on en profite
pour sortir des inédits aux éditions de L'Herne.
l
Manque de cinémas:
"Periferic" sur internet
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plus ou moins des épuisés sexuels"
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féroce du philosophe sur mai 68
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CAMPULUNG M.
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Le jugement
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
I
l aura professé toute sa vie le dégoût de l'ambition, la tentation du suicide, le
doute acharné contre soi. Pourtant, il est mort à 84 ans, et son œuvre continue
d'attirer les lecteurs. Le poison était-il le remède? Il est l'un des derniers
grands moralistes français - pensant en roumain - à la plume incomparable. Un génie
des titres aussi: Précis de décomposition, Syllogismes de l'amertume, La tentation
d'exister... Il aura sué sang et eau pour créer son style dans cette langue française si
étrangère à ses transports enflammés de Roumain déraciné, à jamais nostalgique du paradis barbare et perdu
de Rasinari, le village de son enfance en Transylvanie.
C'est cette plume acérée que l'on retrouve dans sa
correspondance avec Armel Guerne, poète et traducteur de nationalité suisse, dont la correspondance a déjà
été publiée, mais sans qu'on puisse lire les réponses de
Cioran. Les voici réunies par la maison d'édition
L'Herne, ces lettres écrites entre 1961 et 1978, qui
révèlent une amitié de haute voltige.
Le film roumain "Periferic", primé
dans de nombreux festivals
européens, a été lancé début
avril simultanément au cinéma
et en haute définition sur internet, de manière payante, afin
de pallier l'absence de salles de
cinéma en Roumanie.
Cette expérience est partie
d'un paradoxe: le public qui
veut voir des longs métrages
roumains, de plus en plus nombreux, n'a pas accès à ces films
La détestation de "La Ville Lumière"
quand ils sortent pour la raison
toute simple que nombre de
Amitié surprenante au premier abord. Guerne est
villes de Roumanie ne dispoun bourreau de travail, un homme de la Résistance qui
sent pas de salle de cinéma.
a échappé aux camps, résolument tourné vers la beauFin 2009, le pays ne compté; Cioran a succombé dans sa jeunesse aux sirènes fastait que 182 écrans contre 5500
cistes, éprouve un mépris pour le travail (il vit "d'expéen France. Nombre de cinémas
dients") et carbure plutôt au pessimisme. Mais ces
d'art et d'essai ont été fermés
deux-là partagent un même amour pour la littérature,
par les mairies et transformés
un même humour cinglant envers les leurres de la
en salles des fêtes ou comLa “photo historique”, prise à Paris: société, un même besoin insatiable de lucidité. C'est
de gauche à droite: Cioran, Ionesco, Eliade.
missariats.
une vraie amitié, faite de respect et d'admiration, et
"Periferic", réalisé par Bogdan
dans leurs lettres, se glissent parfois des salutations de leurs fidèles conjointes.
George Apetri, raconte 24 heures
Alors que Guerne vit à la campagne dans son "cher Moulin" et que Cioran craint
dans la vie d'une jeune détenue qui
les visiteurs dans sa mansarde à Paris, leur détestation commune de la supposée Ville
bénéficie d'un jour de liberté pour
lumière et de ses habitants n'a pas de limites. En particulier envers les "littéraires".
assister à l'enterrement de sa mère.
"J'évite tout autant qu'il m'est possible de rencontrer des écrivains", écrit Cioran en
Tintin continue
sa marche roumaine
Trois nouveaux albums de Tintin
en roumain (Objectif Lune, On a
marché sur la Lune, Tintin aux
Pays de l`or Noir viennent de paraître portant la collection roumaine
assurée par André-Pierre Szakvary,
Français résident à Bucarest, à 17
albums sur les 24 portant la signature de Hergé. La traduction de Tintin
aux Pays de l`or Noir a été faite par
notre collaborateur Dodo Nita.
1969, encore honteux d'avoir un jour fréquenté les cocktails. Tout, sauf cette engeance. Les pires souvenirs de ma vie sont les "déjeuners littéraires". C'est que pour
Cioran, le langage devient terrifiant: "Le jargon de la philosophie d'aujourd'hui,
comme de la psychanalyse, de la linguistique et du reste, a totalement envahi et submergé la critique littéraire, de plus en plus réservée aux spécialistes et pratiquement
inaccessible au lecteur normal".
"Ils en veulent à une société qui leur aura dispensé trop de loisirs"
Et rien ne s'arrange avec les "événements" de Mai 68 sur lesquels ils portent
un jugement féroce. "J'incline à penser que tous ces jeunes sont plus ou moins des
épuisés sexuels, note Cioran. Blasés sur le plaisir, dont pourtant ils font le principe
de leur action, ils en veulent à une société qui leur aura dispensé trop de loisirs". Il
écrit ça presque dix ans avant Le nouveau désordre amoureux de Pascal Bruckner et
Alain Finkielkraut... Ces jeunes bouillonnants, avec leurs "gueules de néant" ne lui
disent rien qui vaille, et il insiste comiquement sur le fléau:
"Pour moi, ces spectres camouflés en jeunes annoncent l'avènement de l'Innommable". Rien de moins.
Les deux amis observent avec horreur le monde qui s'en
vient, ce qui leur rend l'idée de la mort moins pénible.
"L'incroyable est que l'Apocalypse soit dépassée", écrit
Cioran, parlant des insecticides. "Il faudrait la mettre à jour".
Guerne, pendant ce temps, écrit son recueil de poésie Les
jours de l'Apocalypse... Armel Guerne, qu'on découvre en
déterrant les lettres de Cioran, et qui résume brillamment leurs
postures face à l'existence: "Vous avez choisi la rage, j'ai opté
pour l'assaut".
Sa Roumanie natale est sa blessure profonde
Autre titre qui paraît chez L'Herne, Le Bréviaire des vaincus II, un inédit un peu plus problématique quand on sait que
le penseur avait un souci maniaque de ses manuscrits, et qu'il
gardait une certaine distance avec ses œuvres écrites en roumain - d'ailleurs, à Guerne qui lui demande sa bibliographie, il
omettra ces titres. Cioran considérait le Bréviaire comme un
ramassis de "divagations plus ou moins juvéniles". Alors ima-
ginez ses retailles! On y découvre sans surprise combien sa
Roumanie natale est sa blessure profonde: "Un mal étreint nos
entrailles. C'est le mal du déficit d'existence, le mal du vouloir
sans volonté, de l'aspiration sans objet, de l'aspiration pure.
C'est la mélancolie du devenir. (...) Parmi les peuples malades,
nous sommes les plus malades". Oui, il y a toujours un peu de
délire chez Cioran, qui se considère souvent comme un mystique frustré, dont la pensée furieuse a pu être bridée par sa
langue d'adoption.
Bien que Cioran pensait que la menace de la biographie
devrait décourager quiconque à écrire, on écrit sur lui: paraissent les essais Éjaculations mystiques de Stéphane Barsacq
au Seuil, et Cioran malgré lui de Nicolas Cavaillès chez
CNRS Éditions - Cavaillès a dirigé le transfert des œuvres du
penseur dans La Pléiade. D'autres inédits viendront sûrement,
puisque tout récemment, une brocanteuse ayant acheté un lot
"de débarras" provenant de l'appartement de l'écrivain, et
contenant 30 cahiers portant la mention "À détruire", vient de
gagner son procès pour la propriété de cette trouvaille.
Chantal Guy (La Presse)
Lettres 1961-1978, E.M. Cioran A. Guerne, L'Herne, 254 pages.
Bréviaire des vaincus II. E.M. Cioran. L'Herne, 116 pages.
A Rasinari, la maison natale du philosophe ne trouve pas preneur 47
A l'occasion du centenaire de la naissance d'Emil Cioran, l'Institut français de Bucarest a décidé de lui faire honneur
dans les rues de la capitale roumaine. Des affiches ont été accrochées un peu partout dans la ville. Sur chacune d'elles, une
citation de l'écrivain et un dessin de l'artiste Dan Perjovschi. Pendant un mois, Bucarest a vécu au rythme des pensées de
l'écrivain. Pour Lepetitjournal.com, Jonas Mercier s'est rendu dans le village qui l'a vu naître : Rasinari.
R
asinari. Petit village transylvain de 3000 âmes. Situé à
une dizaine de kilomètres de
Sibiu, il est établi au pied des Carpates,
sur la route de Paltinis, la station de ski
du coin. La majorité des rues de ce bourg
sont en pavés ou en terre. Trois clochers
trônent fièrement, ce sont les trois églises
orthodoxes du village où a
aussi vu le jour une autre forte
personnalité de la littérature
roumaine, le poète Octavian
Goga, presque 30 ans exactement avant Cioran, le 1er avril
1891. Egalement fils d'un prêtre orthodoxe, cet Aroumain
d'origine deviendra un politicien d'extrême droite, antisémite et pro-nazi, occupant même la fonction de Premier ministre de la Roumanie
pendant six semaines, début 1938. Il
mourra peu de temps après, le 7 mai
1938, d'un accident vasculaire cérébral, à
l'âge de 57 ans.
Emil Cioran a déménagé très jeune
de Rasinari pour Sibiu. A 17 ans, il a étudié la philosophie à Bucarest, puis à
Berlin. Après la guerre, il s'est installé en
France où il vivra jusqu'à sa mort. A
Rasinari, il ne reste qu'un seul Cioran.
C'est le cousin Petru. Il tient la "pensiune" du même nom.
La maison qui a vu naître Cioran se
trouve au croisement de deux rues.
Aujourd'hui, elle est complètement vide.
Son propriétaire, qui n'a aucun lien de
sang avec l'écrivain, est prêt à la vendre,
mais personne ne s'est montré intéressé
pour l'acheter. Même pas l'Etat.
Devant cette maison trône un buste
d'Emil Cioran. Il n'y a aucune plaque
explicative et un habitant nous explique
que c'est un journaliste du coin, passionné de sculpture et admirateur de Cioran,
qui a fait bénévolement cette œuvre. Elle
est en terre cuite, faute de budget. Du
coup, elle s'abîme avec le
temps.
Le propriétaire de la
maison natale de Cioran
habite quelques rues en
contrebas. Il est boucher. Un
villageois raconte que tous
les samedis matin, il transforme la cour de cette maison
en boucherie. La vie de
Rasinari est calme, les habitants
accueillants. Peu de choses ont changé
depuis que Cioran a appris à marcher, à
parler. "Je donnerais tous les paysages
du monde pour celui de mon enfance",
dira-t-il.
Jonas Mercier
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Centenaire Cioran
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Un mécène à la place
de l'Etat roumain
48
"La deuxième mort d'Emil Cioran"
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BAIA MARE
L'Etat roumain n'a pas voulu
racheter ses manuscrits
George Brailoiu, 42 ans, est le
mécène qui a racheté le lot de
manuscrits de documents de Cioran.
Il avait dépêché à Paris un "broker"
pour traiter l'affaire et suivre les
enchères. Le jeune homme d'affaires,
qui l'a emporté à la barbe de tous les
autres participants en faisant une
offre que personne ne pouvait suivre,
n'avait appris la vente que deux jours
auparavant, en écoutant RFI Roumanie (Radio France International).
D'origine roumaine, mais établi aux
USA,
George
Brailoiu,
avocat,
est propriétaire
de KDF
Energy,
une
société
spécialisée dans
les transactions de certificats d'émissions polluantes de CO2, revendant
les surplus de ceux qui n'ont pas
atteint leurs quotas à ceux qui les
dépassent. Il a ouvert son entreprise
en 2008, son chiffre d'affaires passant de 900 000 euros à 100 millions
actuellement et est le principal intervenant sur le marché sud-européen,
présent en Roumanie, Grèce,
Bulgarie, Chypre, mais aussi dans les
Pays Baltes.
George Brailoiu, qui a déclaré
avoir eu honte de constater que l'Etat
roumain ne s'était pas porté acquéreur des manuscrits de Cioran, a
décidé de les donner à un institut
roumain, n'en conservant que des
photocopies.
A la veille du centenaire de la naissance du philosophe, l'hôtel Drouot mettait
aux enchères le 7 avril la "collection Cioran". L'Etat roumain, désargenté, n'y a
pas participé. "Un scandale", s'indigne Indira Crasnea pour le quotidien Gândul
("L'Esprit").
L
'honorable état roumain, croulant sous le poids de l'austérité, s'est retourné
les poches et a haussé les épaules en signe d'impuissance: il n'a pas d'argent
pour ramener à la maison les fragments de la vie d'Emil Cioran. Ils étaient
évalués à 100 000 euros environ. Etant donné leur rareté et leur valeur intrinsèque, ce
montant n'était pas énorme. Il y a tant de deniers du pactole national qui s'évaporent au
gré de pompeuses sinécures et caprices colloquiaux
que l'inaptitude à trouver
cette somme est, en réalité,
de la petitesse à l'état pur.
Le ministère de la
Culture a fait semblant de
rien savoir. Il semblerait
qu'il savait. De toute
manière, sa réponse a été
purement bureaucratique:
il n'a pas été informé de la
vente, donc il n'a pas fait
les démarches. Pour l'Institut culturel roumain, ça a été encore plus simple, il s'en est
lavé gracieusement les mains: il n'a pas les prérogatives, mais pour apaiser les consciences il encensera l'illustre mort toute une année, par un cycle de séminaires.
"On nous montre un trésor et on se rend compte qu'on n'a aucune chance de la toucher", affirmait Lucian Chisu, le directeur du Musée National de la Littérature
Roumaine (MNIR). Personne n'aurait pu mieux comprendre la rage amère contenue
dans ces paroles que "le philosophe du désespoir". Le musée a eu vent de la vente, a
voulu y participer, mais il n'a pas pu, car il dépend de la mairie de la capitale. Et les
responsables de la trésorerie ont tourné le dos aux messagers envoyés par le musée. Car
des feuilles de papier jaunies signés Cioran n'ont pas assez de charme...
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Centenaire Cioran
La brocanteuse n'était pas une voleuse
En confirmant, dans son arrêt rendu vendredi 11 mars, qu'elle est la propriétaire des manuscrits litigieux de Cioran
(1911-1995), trouvés en février 1998 dans la cave de l'écrivain, la cour d'appel de Paris a lavé l'honneur de Simone Baulez,
qui se trouvait au cœur d'un incroyable imbroglio juridique.
T
out remonte à plus de dix ans, quand Henry Boué,
frère et légataire universel de Simone Boué, compagne de l'illustre écrivain roumain, morte en septembre 1997, avait demandé à Simone Baulez, brocanteuse, de
vider "complètement des meubles et objets s'y trouvant l'appartement qu'occupait Simone Boué, 21, rue de l'Odéon, Paris
6e, 5e étage".
Dans ce modeste deux-pièces, beaucoup de beau monde
avait défilé avant la brocanteuse: des notaires, des commissaires- priseurs, des représentants du Centre national du livre
(CNL), et surtout Yves Peyré, directeur à l'époque de la bibliothèque Jacques-Doucet, à Paris. Car, avant de mourir, Simone
Boué avait fait don des papiers de son compagnon à la chancellerie des universités de Paris, qui avait prévu de les confier
à cette bibliothèque littéraire,
réputée pour la richesse de ses
fonds d'archives.
Que s'est-il passé à partir
de là? Mystère. L'appartement
a-t-il été si bien fouillé que
cela, et les manuscrits de
Cioran tous transférés? Il faut
croire que non, puisqu'"un lot
de débarras ne méritant pas
description" se trouvait dans la
cave, selon l'inventaire.
Et ce lot contenait un petit
Simone Baulez trésor: une trentaine de cahiers
a retrouvé son honneur.
à spirale de la marque Joseph
Gibert, de couverture jaune, avec certains portant l'indication
"A détruire". Il s'agissait du journal inédit tenu de 1972 à 1980
par Cioran et de plusieurs versions manuscrites de De l'inconvénient d'être né, son texte le plus célèbre, publié en 1973.
"Pire que l'oubli, il y a l'indifférence"
Pire que l'oubli, il y a l'indifférence. Pires que la pauvreté, il y a l'ignorance, l'ingratitude et l'impuissance institutionnelle. Sa première patrie a été mesquine avec le
philosophe solitaire du Quartier Latin. Emil Cioran a une modeste maison commémorative à Rasinari, où il a passé son enfance. Les manuscrits mis aux enchères dans un
hôtel parisien auraient eu leur place là-bas, complétant de manière heureuse l'esprit des
lieux. Mais qui paye encore aujourd'hui pour ce qui est bien et naturel?
Nous ne sommes pas un pays béni par une grande densité de génies au mètre carré.
Dans la tête des décideurs, les Roumains remarquables doivent être pris en charge par
les Roumains expatriés, par leurs patries adoptives, et non pas par le pays qu'ils portent
dans leur âme. A l'occasion du centenaire de Cioran, nous avons raté une excellente
occasion de montrer au monde une certaine noblesse de la Roumanie (noblesse qui fatalement oblige parfois à la dépense).
Le camouflet ultime serait que celui qui a acheté les manuscrits (un Roumain
vivant aux Etats-Unis, pour 406 000 euros) en fasse don à l'Etat roumain. Si seulement
l'honorable état roumain pouvait tirer quelque leçon de cette situation, si hypothétique
soit-elle. Mais je doute qu'un camouflet soit suffisant. Peut-être un bon uppercut…
Indira Crasnea (Gândul)
"Elle a sauvé les manuscrits
et respecté leur valeur littéraire"
Apprenant en décembre 2005 une vente aux enchères, à
Emile Cioran avec sa compagne Simone Boué.
l'Hôtel- Drouot, de manuscrits de Cioran, la chancellerie des
universités de Paris avait réussi à la bloquer et à réclamer dans
la foulée la restitution de ces cahiers censés lui revenir en raison du legs fait par la "veuve" de l'écrivain. Dans un premier
jugement rendu le 3 décembre 2008, le tribunal de grande
instance de Paris avait débouté l'université de Paris de tout
droit sur les manuscrits litigieux. Ce jugement est aujourd'hui
confirmé de manière très nette, et il est exécutoire.
Mieux, dans ses attendus, la cour d'appel donne acte à
Simone Baulez de son engagement à ne vendre l'ensemble
qu'en un seul lot. "La justice reconnaît qu'elle a non seulement
sauvé les manuscrits de Cioran, mais qu'elle en respecte la
valeur littéraire", estime Claire Hocquet, son avocate.
Aujourd'hui, la brocanteuse savoure son triomphe.
Depuis cinq ans, les fameux manuscrits sont déposés dans
le coffre-fort des commissaires-priseurs. "Je vais attendre les
propositions", a-t-elle déclaré. Depuis la vente aux enchères
bloquée, la valeur de l'ensemble est passée d'une estimation de
150 000 euros à plus de un million d'euros.
Et, le 8 avril, on a fêté le centième anniversaire de la naissance de Cioran. Occasion de reparler abondamment de l'œuvre de cet écrivain désenchanté qui aurait, à coup sûr, apprécié
toute l'ironie de cette histoire.
Alain Beuve-Méry (Le Monde)
De Rasinari à Paris
49
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Un portrait sans
concession de la femme du dictateur
Elena Ceausescu:
luxe, calme et Securitate
Livres
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Crise de nerfs
pour le yacht du roi
Hussein de Jordanie
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Connaissance et découverte
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PITESTI
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Extrait du livre de Diane Ducret :
Juin 1975, golfe d'Aqaba, sur la
mer Rouge. Le couple Ceausescu est
l'hôte du roi Hussein de Jordanie, qui
les loge dans sa résidence de vacances. C'est la première fois qu'Elena
monte sur un yacht. Ce luxe flottant
lui sied parfaitement. Lors d'une promenade sur la plage, après le dîner,
elle commence à sangloter:
- Je veux ce yacht (…) Je ne partirai pas sans lui. Nicolae trouve l'idée
séduisante. Pourquoi ne pas posséder son propre yacht sur la mer
Noire? Quel grand pays communiste
serait la Roumanie si elle ne pouvait
offrir à son leader une babiole de ce
genre. Il confie immédiatement une
mission de la plus haute importance à
son interprète: convaincre le roi
Hussein de leur céder son bateau. Le
lendemain, le couple reçoit un coup
de fil d'un roi visiblement embarrassé
par l'insistance d'Elena: - Vous devez
comprendre que ce yacht est un
cadeau que j'ai personnellement fait
à ma fille Alya (princesse de
Jordanie). Un silence s'installe. La
rupture diplomatique est proche. Une
conciliation est trouvée: - Mais je vais
immédiatement ordonner qu'on en
fasse venir un des États-Unis. Je propose de le nommer Amitié.
A lire sur le sujet pour les roumanophones, la première étude consacrée à Elena Ceausescu: Cultul
Elenei Ceausescu în anii '80 par
Cristina Liana Olteanu, à paraître en
Roumanie, disponible en roumain en
ligne sur le site
http://www.scitube.com/istorie/cultul-elenei-Ceausescu-inani22113121813.php.
Elena Ceausescu: luxe, calme et Securitate: c'est sous ce titre que Diane Ducret
consacre un chapitre de son livre, Femmes de dictateur, à l'épouse du Conducator
Nicolae Ceausescu. Publié au tout début de 2011, Femmes de dictateur raconte par
le menu les rencontres, les stratégies de séduction, les rapports amoureux, l'intervention de la politique et les destinées diverses, souvent tragiques, des femmes qui
ont croisé le chemin et passé par le lit des dictateurs. Ainsi sont abordées les vies
de Clara, Inessa, Nadia, Magda, Felismina, Jiang Qing, Elena, Catherine épouses
ou compagnes de Lénine, Mussolini, Staline, Hitler, Staline, Mao, Ceausescu,
Bokassa.
C
oncernant Elena Ceausescu, Diane
Ducret mène l'enquête afin de comprendre comment la petite Lenuta,
issue d'un milieu pauvre, est devenue celle qui
pouvait dire, quelques décennies plus tard:
"Aujourd'hui la Roumanie est plus connue à
l'ouest que la tour Eiffel et plus respectée que la
reine d'Angleterre. Et tout ça, c'est grâce au
camarade et à moi ". Celle qui était aussi devenue l'Héroïne et la Mère de la patrie, la Femme
nouvelle. Celle que des poètes de cour comme
Vadim Tudor présentaient comme la Plus grande femme jamais vue : De toute notre nation Elle est des cieux l'étoile la plus brillante Habillée à la mode roumaine. Celle qui enfin
sera exécutée aux côtés de son mari, tant elle
était devenue indissociable du Conducator à la tête de la dictature roumaine.
Rencontre avec Ceausescu dans un défilé du 1er mai
Elena Petrescu est née officiellement le 7 janvier 1919 (mais plus probablement
trois ans plus tôt en 1916 car, nous explique Diane Ducret, il ne s'agissait pas d'être plus
âgée que Nicolae né en 1918). Elle voit le jour à Petresti, village pauvre de la grande
plaine valaque à l'ouest de Bucarest. Si son enfance est peu connue, sa biographie
indique qu'une fois devenue adulte, elle se rend à Bucarest, la capitale, pour y chercher
du travail avec un maigre bagage scolaire et intellectuel (Elena Ceausescu n'a pas même
terminé le cycle primaire). Là, elle travaille dans l'industrie textile et se rapproche des
cercles d'ouvriers syndiqués qui se réunissent clandestinement car le parti communiste,
après 1936, a été interdit en Roumanie. La jeune Florina (son nom de clandestinité) se
prend-elle alors pour une nouvelle Ana Pauker qui a laissé la place suite à son arrestation et à un emprisonnement de dix années ?
Quoi qu'il en soit véritablement de ce passé, c'est dans le défilé du 1er mai 1939 que
Nicolae rencontre Elena qui le séduit par son caractère énergique, son esprit de rébellion et son exaltation brutale. S'ensuit pour tous deux, une vie de couple traqué jusqu'à
ce que Ceausescu soit arrêté et passe le temps de la guerre en prison puis en camp. Le
couple ne se perdra pas de vue et se marie en 1947.
Une "chimiste" risée de ses pairs
En 1965, Nicolae Ceausescu accède au poste de premier secrétaire du parti communiste roumain. Si son objectif à lui sera de faire exister internationalement la Roumanie,
elle, Elena, veut acquérir une crédibilité intellectuelle et devenir une grande scientifique
de renommée internationale.
Dès 1965, elle devient présidente de l'Institut chimique de Bucarest (ICECHIM).
Les titres ronflants s'enchaînent ensuite les uns aux autres, à tel point qu'elle va rapidement mettre la main sur la planification de l'État roumain en matière de recherche scientifique et d'équipement industriel de pointe.
En 1975, elle soutient (sans public) sa thèse de doctorat
sur les polymères, des molécules intervenant dans la composition des matières plastiques. Son incompétence est telle qu'elle devient la risée de ses pairs. Ainsi, ses discours sont truffés
de la formule CO2 qu'elle ne comprend pas et qu'elle prononce codoï (qui signifie grosse queue).
Le malheur pour la Roumanie dans cette affaire est
qu'Elena trouve toujours des scientifiques pour la soutenir
dans sa démarche. Ainsi le professeur devant qui elle soutient
sa thèse devient recteur de son université.
charge,
est-il dit.
De
là
datent les
fameux
orphelinats
roumains
qui tombePartie de campagne pour le couple.
ront dans Au centre, on reconnait
Ion Iliescu, déjà très souriant.
la misère
que l'on sait. Avec l'apparition du sida dans les années 80, sida
qu'elle veut ignorer totalement, Elena devient l'objet d'une
nouvelle risée en Roumanie. Elle sera Madame SIDA: Savant,
Ingénieur, Docteur, Académicien.
Madame SIDA: Savante...
Ingénieur...Docteur...Académicienne
S'habiller français et rouler allemand
Au total, c'est un portrait sans concession qui est fait
Le deuxième axe du développement personnel d'Elena
d'Elena Ceausescu par Diane Ducret. Hors du champs directeCeausescu aux côtés de son mari découle du voyage que le
ment politique, Elena s'est révélée être une femme cupide
couple fait en Chine en 1971. Là, elle rencontre Jiang Qing,
assoiffée des cadeaux les plus prestigieux: yacht, visons,
l'épouse de Mao, qui lui apprend comment mettre en avant son
limousine... Elle s'était dit qu'elle s'habillerait français et qu'elimage et comment mettre la main sur la propagande. Dès lors,
le roulerait allemand.
les Roumains découvrent cette femme qui n'apparaît plus dans
Elle fut aussi une femme jalouse qui ne pouvait accepter
l'ombre de son mari mais à ses côtés lors des grandes manifesde ne pas être la plus belle, elle que la nature n'avait pas spétations du régime. Sa carrière politique prend son envol dès ce
cialement soignée. Ainsi, Diane Ducret cite cette anecdote
moment-là.
selon laquelle le président turc
En 1973, elle entre au gouse serait trompé en prenant la
vernement. En 1975, elle devient
très belle épouse d'un ministre
Présidente du Conseil national
roumain (en l'occurrence
de la Culture socialiste et de l'ÉCorneliu Manescu) pour Elena
ducation. Et en 1980, elle
Ceausescu présente non loin de
devient vice-premier ministre et
là lors d'une réception. De
numéro 2 du régime. Vise-t-elle
retour en Roumanie, Manescu
pour autant le poste le plus haut
fut limogé...
à l'instar d'une Isabel Peron
Cupide, jalouse, Elena
devenue Présidente de son pays
Ceausescu fut aussi une femme
à la mort de son mari? Elena
paranoïaque qui employait le
Ceausescu ne se prépare assuréchef de la Securitate (Ion
ment pas à prendre le pouvoir
Pacepa) à surveiller jusqu'à sa
Rencontre entre “collègues” à Phnom-Penh avec Pol Pot.
pour elle-même car sa fidélité à
propre fille Zoé afin qu'elle
Nicolae ne peut être mise en doute. Sil est une succession qui
n'ait pas de mauvaises fréquentations. Son docteur prescrivit
se prépare, c'est plutôt celle du fils chéri Nicu. Les années 80
un jour la nécessité d'examens psychiatriques pour sa patiente.
verront donc la Roumanie être dirigée par les époux
Il fut retrouvé suicidé le lendemain chez lui.
Ceausescu.
La fin de la vie d' Elena Ceausescu sera tout aussi traDès 1979, l'anniversaire d'Elena devient l'objet d'un culte
gique. Exécutée par ceux qu'elle prenait pour ses propres
officiel. C'est qu'Elena n'a pas non plus négligé de donner une
enfants dans sa propre maison en présence de son mari luiimage de Femme et Mère modèles au peuple roumain. Elle
même exécuté: "Nicule, on nous assassine? Dans notre
sera donc la Femme nouvelle que le régime veut promouvoir.
Roumanie? "Puis s'adressant au peloton d'exécution: " N'ai-je
Pour cela, il faut modifier le comportement sexuel des femmes
pas été une mère pour vous? Si vous voulez nous tuer, tuer
roumaines. Désormais, celles-ci doivent enfanter au moins
nous ensemble! Nous serons toujours ensemble...".
quatre à cinq fois. Il ne peut donc être question de contracepBernard Camboulives
tion et d'avortement.
Femmes de dictateur, Diane Ducret, Editions Perrin,
Donnez des enfants à la Roumanie, l'État les prendra en
2011, 21 euros.
51
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Cinéma
Le réalisateur Andrei Ujica:
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TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
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M. CIUC
SIGHISOARA
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TÂRGOVISTE
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
Plus de vingt ans après la chute des Ceausescu, Andrei Ujica explore les archives du régime dans un docu-fresque et fleuve de trois heures sur sa dictature,
L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu, qui vient de sortir sur les écrans français
et dont nous nous étions fait largement l'écho en novembre dernier, lors de sa présentation au festival du film documentaire de Lussas.
l
"Les plus de 30 ans
ne veulent plus
entendre parler
de cette époque"
52
L'Autobiographie
Andrei Ujica est né en 1951 à
Timisoara, d'une mère d'origine allemande et d'un père roumain. Après
des études littéraires qui l'amènent à
fréquenter un cercle d'écrivains "gentiment protestataires", il décide à la
fin des années 70 de partir pour
l'Allemagne fédérale, vers un exil qu'il
croit définitif. Après la "Révolution" de
1989, il rentre en Roumanie, mais
garde des attaches en Allemagne,
notamment à Berlin.
En 1990, le cinéaste débute une
carrière de documentariste avec
Vidéogrammes d'une révolution coréalisé avec Harun Farocki, réalisateur
allemand d'origine tchèque, auteur de
plus de 90 films, la plupart documentaires, dont une belle réflexion sur les
caméras de surveillances.
Vidéogrammes d'une révolution
instruit les rapports entre le pouvoir
politique et les médias à la fin de la
guerre froide.
En 1995, Ujica signe Out of the
Present, qui en images d'archives et
sans commentaire, narre l'aventure
du cosmonaute Sergueï Krikaliov,
satellisé dans la station Mir, tandis
que sur terre l'Union Soviétique s'effondre. Conclusion de cette trilogie
consacrée à la fin du communisme,
l'Autobiographie de Nicolae
Ceausescu est déjà sorti en
Roumanie, où le film a remporté un
important succès. "Mais auprès des
jeunes, précise Ujica. Les plus de 30
ans ne veulent plus entendre parler
de cette époque".
L
e film de la vie politique de Ceausescu commence par sa fin avec le procès
expéditif (moins d'une heure) du dictateur et de son épouse, Elena Petrescu,
jugés dans une école de Targoviste (50 km de Bucarest) par un tribunal militaire autoproclamé. Une masacarde où il se contentera de dire: "je n'ai rien à déclarer
à des fantoches".
A revoir quelques minutes de ce document, ce qui frappe, c'est l'incertitude du
cadre et du plan, les coups de zoom intempestifs. On se demande qui filmait ? Andrei
Ujica pense qu'il s'agit "d'un troufion amateur, réquisitionné en hâte". Pourquoi filmaiton? "Malgré le caractère arbitraire du procès, il fallait garder une preuve plus ou moins
légale que les Ceausescu avaient été jugés en bonne et due forme et surtout qu'ils étaient
morts. La célérité et le bricolage du filmage ne sont que le reflet de la précipitation du
procès. D'acteurs principaux de la dictature, les Ceausescu étaient devenus
ses témoins majeurs, plus que
gênants. Il fallait s'en débarrasser au
plus vite.
On peut supposer qu'il y eut une
sainte alliance tactique entre les
Russes, les Occidentaux et les nouvelles autorités roumaines qui se mettaient en place à Bucarest, largement
issues de l'ancien régime. Si un procès
international avait eu lieu, vous imaginez le déballage! On voit sur cette
Andrei Ujica a visionné vidéo du procès que ni Nicolae ni
plus de mille heures de documents.
Elena n'avaient perdu de leur énergie.
Leur façon de se taire est éloquente, gorgée d'une colère sous pression prête à exploser.
Sur le fond, une démocratie qui débute par un tel crime commence très mal".
Ce qui trouble aussi dans ce filmage du procès, c'est son point de vue subjectif
comme matérialisé: d'où vient le bougé de l'image? De ce mélange de stupeur et de
tremblement du "cinéaste" de l'instant qui ne devait pas en croire son objectif : à bout
pourtant, il vise à la fois l'incarnation de la dictature et sa mort annoncée. Ni caméra de
surveillance ni caméra cachée, plutôt un point de vue alternatif, une perspective seconde. Ce regard de biais est le principe de ce film qui fictionne le documentaire jusqu'à la
belle audace de s'intituler "autobiographie". Ceausescu par lui-même, c'est-à-dire tel
qu'en lui-même dans le miroir des images qu'il avait autorisées.
Un méchant dictateur face à un gentil peuple aliéné ?
Plus généralement, ce film pose la question du "bonheur" communiste et celui afférant de la servitude volontaire. On peut présumer que les foules que l'on voit ovationner leur Conducator n'avaient pas systématiquement une kalachnikov dans le dos. Et la
cohorte des prolétaires endeuillés qui en mars 1965 défilent devant la dépouille de
Gheorghe Gheorghiu-Dej, protecteur et prédécesseur de Ceausescu à la tête du Parti des
travailleurs roumains, ont l'air sincèrement tristes.
Autant dire qu'il ne faut pas compter sur Ujica pour aggraver le conte de fées d'un
méchant dictateur face à un gentil peuple aliéné: "J'affirme que je fus heureux adolescent dans la Roumanie des années 60, certes par évitement du réel mais aussi parce qu'il
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
de Nicolae Ceausescu sur les écrans
"Derrière tout dictateur, il y a un Charlot"
y faisait très bon vivre quand on avait 16 ans. J'habitais alors à
Timisoara dans l'ouest du pays, une région culturellement et linguistiquement mixte puisqu'on y parle le roumain et l'allemand.
Le régime d'alors ne favorisait pas ce mélange mais ne le réprimait pas non plus. Les folies majeures de Ceausescu, son natalisme forcené, sa mégalomanie architecturale, n'avaient pas encore
commencé. Il était comme l'objet abstrait d'une haine opaque.
C'est à la fin des années 70 que la situation économique se
dégrada pour les Roumains. C'est à cette époque que j'ai quitté la
Roumanie pour vivre en Allemagne. Je gravitais alors dans des
milieux littéraires, par essence suspects. On me donna un visa
touristique en priant pour que je ne revienne pas au pays jouer les
Les Ceausescu ont toujours veillé à ce que leur “sanie”, traineau tiré
par deux chevaux... ne se transforme pas en “troïka” à la russe.
emmerdeurs. Quand je suis rentré en Roumanie après 1989, j'ai
trouvé un pays en ruines, économiquement, politiquement et moralement".
Trois heures avec Ceausescu en apprennent beaucoup sur la nature humaine, trop humaine, d'un dictateur. Alfred Jarry aurait
adoré le Père et la Mère Ubu en roi et reine de Roumanie. Andrei Ujica en arrive finalement à illustrer à sa façon la belle leçon de
cinéma de Chaplin: derrière tout dictateur, il y a un Charlot.
Gérard Lefort (Libération)
L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu. Documentaire de Andrei Ujica. 3 h 00.
Musique
Le jeune ténor Teodor Ilincai étonne
la scène musicale internationale
A seulement 27 ans, le ténor roumain Teodor Ilincai suscite admiration et
étonnement, pour la beauté de sa voix, la pureté de son style tant dans l'opéra italien que dans le répertoire français et grâce à une présence scénique irradiante.
évélé par la reprise de La
Bohème à Londres et depuis
familier du Capitole de
Toulouse, de l'Opéra de Hambourg et du
Staatsoper de Vienne, le jeune chanteur
interprète aussi le rôle principal de
Roméo et Juliette à Lausanne.
Teodor Ilincai est né en Moldavie
roumaine pas très loin de Suceava et des
monastères de Bucovine avec la musique
dans les oreilles. Son père et tous ses frères chantaient. Mais il a vraiment découvert la musique classique au conservatoire où il étudiait la musique byzantine et la
pédagogie. Comme il avait besoin d'argent, il a intégré le chœur de l'Opéra de
Bucarest pour un contrat de un an et a
R
réalisé rapidement qu'il pouvais progresser et être soliste, choisissant alors un
grand professeur de chant, un ténor célèbre, le meilleur de Bucarest.
En 2009, le jeune chanteur a remplacé Piotr Beczala, souffrant, dans la
fameuse Bohème de Covent Garden mise
en scène par John Copley et dirigée par
Andris Nelsons, débutant sa carrière
internationale après avoir déjà chanté sur
les scènes de Hambourg, Séville et en
Italie.
Splendides voix roumaines
Teodor Ilincai accorde une grande
attention au style, très raffiné du répertoire italien et français. Il confie que la
musique française l'a aidé à progresser
dans cette voie.
"Le phrasé est très différent de la
musique italienne. J'ai interprété le rôle
de Faust au festival de Macerata. Quant
à la prononciation, mon professeur roumain m'a toujours dit qu'elle devait être
parfaite pour que le public puisse tout
comprendre. Lorsque j'ai chanté Lenski à
Monte-Carlo, j'étais le seul à ne pas par-
ler russe mais il fallait que ma prononciation soit idéale".
Ménageant sa voix, le jeune interprète choisit pour l'instant ses rôles avec prudence mais entend diversifier son répertoire dans quatre ou cinq ans. "Ma voix
n'est pas si lyrique que cela et je dois me
battre en permanence. Notamment pour
chanter Roméo, le rôle le plus difficile
que j'ai abordé pour l'instant et qui va me
suivre pendant longtemps je pense" constate-t-il avec lucidité, se projetant cependant dans l'avenir
"Bientôt je pourrai chanter le Duc
dans Rigoletto mais on ne me l'a pas
encore proposé. J'adorerai interpréter
Luisa Miller, Hernani, Don Carlo et
après 40 ans Aida. J'ai beaucoup de plaisir à chanter Lenski dans Eugène
Oneguine et j'espère pouvoir un jour être
Hermann dans La Dame de pique".
Avec Teodor Ilincai Le chant roumain compte un illustre représentant en
plus, aux côtés de Virginia Zeani ou
Ileana Cotrubas, Angela Gheorghiu et
Nelly Miriciou qui en sont les porte-drapeaux, sans oublier l'émouvante Roxana
Briban qui s'est suicidée récemment.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tourisme
Mises en garde
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Mihaileanu
en course pour
la Palme d'or à Cannes
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des ministères des Affaires étrangères occidentaux à leurs touristes en Roumanie
et clichés : “Bienvenue aux pays des pestiférés !”
CHISINAU
BACAU
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Les "bons conseils" des sites internet
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La Roumanie sera encore en lice
cette année au prochain festival de
Cannes par l'intermédiaire d'un de ses
réalisateurs… devenus français
depuis. Radu Mihaileanu (Le concert,
Vas, Vis, Deviens, Le train de vie)
fait partie en effet de la sélection des
19 longs métrages retenus pour
concourir avec le film qu'il vient de terminer de tourner, La Source des femmes. Le cinéaste y raconte le combat
de femmes marocaines dans un village pour ne plus subir la corvée d'eau.
Leur arme: la grève de l'amour. Un
regard à la fois tendre et admiratif sur
la force de ces femmes.
Trois autres réalisateurs français
ont été sélectionnés: Bertrand Bonello,
L'Apollonide - Souvenirs de la maison close, Alain Cavalier, Pater,
Maïwenn Le Besco, Polisse, ainsi que
les frères belges Jean-Pierre et Luc
Dardenne pour Le Gamin au vélo.
Un autre Roumain a été sélectionné dans la section "Un certain regard",
Catalin Mitulescu pour Loverboy. Il
s'agit du 2ème film de ce jeune metteur en scène, après Comment j'ai
fêté la fin du monde (2006), marqué
par l'influence de Pier Paolo Pasolini.
Son long métrage raconte la vie d'un
jeune délinquant qui séduit des adolescentes avant de les forcer à vendre
leur corps pour un réseau de prostitution basé à Constanta. Sa rencontre
avec une fille dont il tombe amoureux
trouble ses plans.
En tout, la Sélection officielle proposera 49 films représentant 33 pays différents pour ces différents prix. Et ce
sur plus de 1 700 longs métrages présentés aux organisateurs du Festival
cette année.
De Paris à Berne, les ministères des Affaires étrangères de tous les pays européens, ainsi que des Etats-Unis et du Canada, ont à cœur d'informer leurs concitoyens des dangers qui les guettent au pays de Dracula. Pickpockets, fraudeurs,
chiens errants, nids de poule, voilà l'image de la Roumanie que véhiculent leurs
sites de conseils aux voyageurs désireux de s'y rendre. Tour d'horizon de ces idées
reçues - mais parfois vraies -, par le quotidien Adevarul. En notant qu'elles sont
aussi un miroir des peurs, préoccupations, comportements nationaux.
L'Autriche, à cheval sur tout ce qui touche à la propreté et
à la santé, se montre, quant à elle, particulièrement préoccupée par le système de soins en Roumanie. "En raison des
conditions d'hygiène, des équipements obsolètes et de la pénurie de médicaments, le niveau des soins médicaux ne correspond pas aux normes de l'Europe occidentale", indiquent
les autorités.
fréquence des grèves et des manifestations en Roumanie, en
particulier à Bucarest". Il n'y a rien à faire: même en mettant
un océan entre eux et leur pays, les touristes américains seront
toujours poursuivis par Wall Street! L'institution conseille
d'ailleurs d'éviter les manifs, tout comme, d'ailleurs, la Gay
Pride de Bucarest, qui suscite de violentes protestations.
Washington: "les crimes racistes sont rares"
U
ne charrette dotée d'une plaque d'immatriculation roulant sur l'asphalte de
Bucarest est devenue l'un des symboles de la Roumanie urbaine. Et, vu de
l'étranger, le pays déborde de pickpockets à peine moins dangereux que
les chiens errants ou que les horribles crevasses des chaussées locales. Les Belges se
voient également conseiller de n'avoir sur eux que des photocopies de leurs papiers
d'identité et de faire attention lorsqu'ils sont arrêtés par la police : "Les voyageurs sont
parfois interpellés par de faux policiers", argumente le texte officiel. Les voies cyclables, l'éclairage public et les panneaux de signalisation pour cyclistes y sont quasi
inexistants, poursuit Bruxelles, qui met aussi en garde contre le fait que "le pays
connaît environ tous les trente ans un grand séisme", citant le tremblement de terre
dévastateur de 1977 (11 000 victimes, dont 2 000 morts).
Londres: "les terroristes peuvent frapper sans discrimination"
A Londres, le Foreign Office prévient les sujets de Sa Majesté que la Roumanie
présente un risque terroriste latent: "Les attaques peuvent frapper sans discrimination"… peut-être comme dans le métro de Londres en 2005? A l'image de la plupart
des pays de l'UE, le
Royaume-Uni souligne le
risque de croiser des voleurs
aux alentours des bureaux de
change, des hôtels et dans
les transports en commun,
spécialement dans les environs de l'aéroport. La méthode souvent utilisée, apprendon, consiste à distraire l'attention de la victime pendant
que des complices essaient
de voler montres et bijoux.
Ce procédé serait l'apanage
de bandes d'enfants.
Crimes pour les Bulgares, corruption pour les Roumains...
Berlin, de son côté, via
l’UE ferme sa porte: “Entrée interdite aux chiens”.
le site de son ministère des
Affaires étrangères, fait remarquer que la Roumanie ne compte que 320 kilomètres
d'autoroutes et qu'elle se range parmi les pays de l'UE où il y a le plus grand nombre
d'accidents mortels de la circulation : "Attention aux nids de poules et à la conduite
dangereuse des bus et des camions", précise le texte. Il est vrai que "la bagnole", c'est
sacré pour un Allemand ! Un autre danger guette les téméraires qui souhaiteraient
camper: "Ne conservez pas vos aliments à l'intérieur de la tente, car des attaques d'animaux sauvages se sont déjà produites, en particulier d'ours en quête de nourriture".
En France, un avertissement similaire est lancé sur le site du Quai d'Orsay. En cas
de (mauvaise) rencontre avec un ours, est-il précisé, il faut éviter de crier et de faire
des mouvements brusques. Il ne faut pas non plus nourrir la bête. Connaissant les propensions naturelles de ses nationaux, le site rappelle à deux reprises que le taux d'alcoolémie toléré au volant est de 0 gramme.
Les Italiens doivent
se méfier des belles inconnues
A Rome, le ministère des Affaires étrangères ne fait pas
preuve de plus de bienveillance. Une grande prudence est
recommandée dans certains quartiers de Bucarest. La vie nocturne en Roumanie est considérée comme un danger potentiel.
Rome va jusqu'à recommander aux touristes italiens de ne pas
accepter les invitations faites par des belles inconnues dans les
clubs et les discothèques, endroits, où il est vrai, ils constituent
la majorité de la clientèle étrangère "partie en chasse".
Vu de l'autre côté de l'Atlantique, la vision est aussi sombre. Les conseils aux voyageurs américains à destination de la
Roumanie délivrés par le département d'Etat (équivalent du
ministère des Affaires étrangères) expliquent que "la crise
financière et les mesures d'austérité adoptées ont augmenté la
Un bon point toutefois, accorde Washington: bien qu'il
existe (aussi) des préjugés raciaux en Roumanie, "en particulier envers les Tsiganes, les crimes racistes sont rares". Donc
pas d'émeutes du styles Los Angeles, Detroit ou Chicago à
craindre! Non, vraiment, la Roumanie est d'abord le paradis de
la fraude à la carte de crédit et sur Internet, estime le gouvernement américain. Par conséquent, il est vivement conseillé de
ne pas prêter d'argent à des gens qui prétendent avoir un enfant
malade ou avoir perdu leur emploi.
Avant de se scandaliser sur ces remarques, souvent vraies,
qui dessinent l'image de la Roumanie à l'étranger, il faudrait
reconnaître combien cette image se détériore constamment
rappelle Adevarul. Et à quel point le gouvernement roumain
manque de la volonté de changer quoi que ce soit à cet égard.
Magda Crisan (Adevarul)
Touristes : l'UE rabat-joie
M
i-février, la ministre du tourisme, Elena Udrea, annonçait triomphalement
que la Roumanie avait accueilli 7 498 300 touristes en 2010, chiffre certes
en baisse de 1% sur l'année précédente à cause de la crise, comme dans les
autres pays, mais très encourageant. Les données d'Eurostat, organisme statistique de la
Commission européenne, publiées trois semaines plus tard appellent la ministre à un peu
plus de modestie. Le pays a reçu 2 700 000 visiteurs l'an dernier ayant passé au moins une
nuit dans le pays, soit 5 millions de moins, ce qui le classe au 23ème rang des 25 pays de l'UE référencés (le Luxembourg et
l'Irlande n'ont pas fait parvenir leurs chiffres), juste devant la Lettonie et la Lituanie.
Médias
Lancement de yahoo.ro
Yahoo, la compagnie Internet américaine a lancé la version roumaine de son
portail. Les internautes roumains ont désormais la possibilité de se procurer des
comptes e-mail avec la terminaison
yahoo.ro. Le contenu du site est toutefois
"allégé" par rapport aux versions des
pays comme la France. La création du
portail Internet roumain de Yahoo ! avait
été annoncée pour la première fois en
2008, mais la crise financière avait
repoussé son lancement. On compte
actuellement près de 8 millions de comptes e-mail Yahoo ! en Roumanie et
A savoir
quelque 6 millions d'utilisateurs de la
messagerie Yahoo Messenger.
Les origines roumaines
de l'actrice Michèle Laroque
La comédienne française de théâtre,
de télévision et de
cinéma,
également
scénariste, productrice,
chanteuse et humoriste, Michèle Laroque,
est née le 15 juin 1960
à Nice, d'une mère d'origine roumaine, Doïna Tranbadur, danseuse et violoniste, et d'un père français,
le docteur Claude Laroque, considéré
comme le fondateur de la sécurité sociale
en France, ancien compagnon du général
de Gaulle. Divorcée du metteur en scène
et adaptateur Dominique Deschamps,
Michèle Laroque a une fille prénommée
Oriane, née en1995. Depuis 2009, elle vit
en couple avec le ministre du budget et porteparole du gouvernement
François Baroin. Proche
de Claude Chirac, fille
de l'ancien chef de l'Etat,
la comédienne connaît
tout - ou presque - des usages en vigueur
sous les ors des palais républicains.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Francophonie
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A Agen, la "ruche
européenne"
en action
56
La Moldavie fer de lance
de la francophonie à l'Est…
mais aussi dans le monde
Fin mars, l'Europe était en marche
au lycée Bernard Palissy d'Agen où
les délégations roumaines, italiennes,
espagnoles, grecques et les professeurs et lycéens agenais, 80 personnes travaillaient d'arrache-pied derrière les ordinateurs; une ruche de jeunes chercheurs impliqués dans la
rédaction du premier livre écrit par
des élèves de cinq nationalités sur
l'histoire de l'Europe. L'ouvrage de
140 pages a pour titre provisoire
"Notre histoire commune".
Des
origines
chrétiennes
jusqu'à
la guerre froide, en
passant
aussi
par le
siècle
des
Lumières, la colonisation et la décolonisation "c'est une idée de l'Europe
plurielle et de ses diversités, une
mémoire partagée, une connaissance
approfondie des uns et des autres
que nous cultivons", a résumé Aldo
Duri, à la tête de plusieurs établissements à Cervignano del Frioli en
Italie. Pendant deux jours, le lycée
Bernard Palissy a été la plaque tournante du projet Comenius. Démarré
en 2010, il court jusqu'en 2012. "Ce
n'est seulement un travail scolaire,
c'est un parcours d'humanité dans
lequel les familles sont tout autant
impliquées", a commenté le pédagogue italien.
(Lire la suite page 58)
P
résentée par le responsable de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) dans la région, David Bongard, comme l'un des deux pays "fers
de lance de la francophonie en Europe de l'Est" avec la Roumanie, la
Moldavie n'a pas dérogé cette année encore à sa réputation. Plus de 320 évènements
et manifestations ont été organisés durant tout le mois de mars dans le cadre des
Journées de la Francophonie.
Le français est toujours la première langue étrangère enseignée dans les écoles,
collèges et lycées de Moldavie. La communauté des professeurs de français y est forte
de plus de 2000 professeurs. Plus de 20% de la population pratique le français.
L'Alliance française de Moldavie accueille plus de 5 500 inscrits à ses cours rien qu'à
Chisinau. Elle est aussi présente en province avec deux annexes et cinq centres de ressources et d'information sur la France contemporaine. L'antenne de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) de la capitale soutient six filières universitaires francophones et un réseau de 141 classes bilingues dans 9 lycées et 7 villes...
En 2010, la Moldavie avait été le pays au monde qui avait recensé le plus de
manifestations sur le site dédié de l'OIF.
Un site Internet francophone pédagogique
L
e site Internet VizaFLE a été
lancé, mi-mars, dans le cadre
du mois de la Francophonie.
Cet outil, entièrement dédié aux professeurs de français de Roumanie, va permettre aux enseignants d'accéder à de
vastes ressources pédagogiques correspondant aux différents niveaux du
CECRL (Cadre européen commun de
référence pour les langues), et comprenant éléments multimédia (vidéos, enregistrements audio, images), fiches pédagogiques et méthodologiques.
VizaFLE va également faciliter le
renforcement des liens et des échanges au
sein de la communauté des professeurs
ainsi que la communication entre les partenaires locaux, éditeurs français et
enseignants notamment.
Le financement de ce projet a été
intégralement assuré par le ministère
français des Affaires étrangères et européennes (MAEE).
Le lancement de VizaFLE a eu lieu
à la Bibliothèque universitaire de
Bucarest, en présence du ministre de
l'Education roumain, Daniel Funeriu, et
de l'ambassadeur de France à Bucarest,
Henri Paul. Son adresse Internet est
www.vizafle.com.
Le câble sommé de réintroduire
TV5 Monde dans ses programmes
L
e principal opérateur de câble de Roumanie, RCS&RDS, a enlevé de ses
programmes la chaîne francophone le 11 février dernier. Après quelques
jours de silence radio, les principales ambassades francophones de
Bucarest ont informé le ministère roumain des Affaires étrangères de cet incident.
Considérée comme une chaîne "must carry" (qui doit être protégée) depuis 2007, la
loi oblige tous les opérateurs de câble du pays à diffuser TV5 Monde.
Le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) roumain a convoqué la compagnie,
qui a justifié cette interruption par des travaux de modernisation de ses fréquences. Le
CNA lui a cependant infligé une amende de 10 000 lei (2300 €) et lui a ordonné de
réintroduire le signal dans les sept jours. Voici quelques années, TV5 Monde avait
connu la même mésaventure… remplacée sans crier gare par une chaine porno!
La Roumanie est le premier bassin d'audience d'Europe pour le canal francophone. Il est à noter que Arte a disparu depuis belle lurette des petits écrans roumains, tout
comme les chaînes allemandes et anglaises de qualité.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Echanges
Connaissance et découverte
300 Roumains de l'Isère ont inventé une nouvelle convivialité
Grenoble 123 : un groupe pas comme les autres
Grenoble Isère Roumanie fête ses 20 ans. Au cours de ses deux décennies, GIR, qui regroupe 5 associations et 90 membres individuels s'est notamment efforcé de donner une image vraie de la Roumanie et d'aider au mieux à son intégration
dans la Communauté Européenne. GIR s'est fixé aussi comme objectif de répondre aux besoins des Roumains vivant en
Isère: accueil ponctuel des étudiants et des professionnels Roumains, participation à la Fête Nationale Roumaine etc…
L
a capitale du Dauphiné compte différentes associacutions ne risque t-il pas d'enfermer les Roumains dans "une
tions roumano-roumaines comme: la Paroisse
vie sociale" exclusivement roumaine? Pour éviter ce piège les
"Tous Saints", la Maison de la Roumanie et son
Grenoblois 123 de fraîche date sont en permanence encouragroupe de danses traditionnelles roumaines (Les Latins des
gés à ne pas limiter leurs activités à celles organisées par le
Carpates) et aussi, le groupe de discussions sur internet
groupe.
"Grenoble 123" qui vient de fêter 8 ans d'activités. Valentina
Bres, une de ses animatrices en tire un bilan, susceptible de
De la soirée foot sur écran géant
donner des idées à d'autres associations de Roumains établis
à la paperasserie française
en France.
Le groupe a vu le jour le 8 octobre 2002 à l'initiative de
Au fil des années et des mails quelques personnalités plus
Sorin Popa et de quelques uns des ses amis roumains de
fortes ont émergé. Nous avons maintenant : l'organisateur de
Grenoble, dans le but d'éviter aux nouveaux arrivants l'isolesoirées foot devant écran géant, l'expert en législation françaiment et les difficultés d'intégration qu'ils avaient ressentis eux
se qui donne des conseils éclairées, le guide montagne aguerri
mêmes. Ce groupe de discussion est décrit par ses cofondaqui nous sort du lit à 6h du matin les samedis pour attraper le
teurs comme voué aux "discussions sur tout sujet, sans fausse
car en direction d'Autrans (Vercors), les experts en informapudeur... et sans SPAM...".
tique qui s'arrachent les
Je trouve assez reprécheveux en lisant nos
sentatives de la diversité
questions de novices, le
abordée, les trois premiècoordonateur
des
res discutions lancées en
concours photos de mon2002: invitation pour un
tagne, le râleur de service
match de rugby suivi de
qui s'occupe plus de nos
grillades,
envoi
du
fautes d'orthographe que
Catalogue Aubade 2003
du fond du texte, le modéen diaporama et invitation
rateur pacifique qui apaià La Maison de la
se les discussions trop
Roumanie pour la reprééchauffées (politiques ou
sentation de la pièce "Le
foot), l'envoyeur des gags
communisme raconté aux
et blagues en tous genres
fous"...
surtout quand il fait gris
Durant ses 8 ans
dehors ... Et puis... moins
d'existence le groupe a
haut en couleur, mais qui
évolué avec l'arrivée de
donnent tout son sens au
Grenoble 123 fait partager un moment groupe, l'étudiant nouvelnouveaux
membres
de Roumanie aux habitants de la cité dauphinoise.
venant d'horizons divers
lement arrivé qui ne s'en
et avec des attentes différentes. Il est devenu une réelle aide à
sort plus avec la paperasserie française, le demandeur d'un
"l'intégration" (aide administrative, logement d'appoint, soufrigo (voir télé, vélo ou autre) pour trois mois, etc...
tien moral, mais aussi sorties entre amis, lieu de rencontre,...).
Aujourd'hui le groupe ne compte pas moins de 303 memPour écrire cet article, j'ai demandé aux membres ce que
bres qui se sont déjà envoyés quelques 12 000 messages.
Grenoble 123 leur a apporté et cela a déclenché une vague desPendant longtemps, une fête était organisée au mois de novemmails.
bre pour rencontrer les nouveaux membres (et surtout les jolies
Pour beaucoup, c'est l'accueil, la convivialité, le fait de ne
stagiaires nouvellement arrivées). Petit à petit la place de ces
pas se sentir seul, mais la réponse la plus touchante que j'ai
soirées d'intégration a été remplacée par des séances de paintreçu est celle d'un étudiant qui est arrivé une nuit en car à
ball, aussi prisées, mais sûrement beaucoup plus sportives.
Grenoble et a été attendu par un membre de Grenoble 123,
Avec leurs contradictions et leurs coups de gueule les membqu'il connaissait seulement virtuellement depuis la veille,
res restent toutefois unis pour bien démentir l'idée reçue que
grâce au réseau du groupe, et qui l'a logé et nourrit pendant
les roumains regardent à coté quand ils entendent parler leur
deux semaines. Grenoble 123 est tout cela et bien plus encore.
langue à l'étranger.
Pourtant, les responsables s'interrogent: le groupe de disValentina Bres
57
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Humour
(Suite de la page 56)
Marion et Mariana
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À les écouter, les hôtes étrangers, qui séjournent deux semaines
sur place apprécient ces échanges
au point d'appeler "papa" ou
"maman" leurs parents d'adoption.
Marion, 17 ans, élève en 1ère
ES1 dans l'établissement agenais,
a passé trois mois en Italie dans le
cadre du programme mobilité qui
complète le programme Comenius.
A Agen, elle a fait connaissance
avec Mariana, une lycéenne roumaine de son âge, venue avec la
délégation de Bârlad (judet de
Vaslui), en Moldavie.
Au bout d'une demi-heure, elles
ont découvert que toutes les deux
parlaient italien. "Nulle" dans cette
langue, Marion fait mieux maintenant que se débrouiller. En mai,
durant une semaine, elle séjournera chez sa nouvelle amie en
Roumanie pour la suite de l'écriture
de l'ouvrage européen.
Comenius gomme les frontières,
élimine les incompréhensions.
C'est leur Europe que les participants bâtissent avec l'aide des
administrations et des équipes
enseignantes en visitant les principaux lieux de mémoire de l'Europe.
Dans quelques mois, les élèves
des clubs Comenius mobilisés
dans chacun des pays apposeront
leurs signatures d'un ouvrage qui
pose des jalons, ceux de leurs
vies.
Les quatre établissements européens jumelés avec le lycée
Palissy d'Agen sont le Liceul
Pedagogic de Bârlad en Roumanie
(643 lycéens, 70 enseignants), IES
Rio Trubia, capitale des Asturies,
en Espagne (180 élèves, 35 professeurs), Instituto Statale di
Istruzione "Malignani" à Cervignano
del Friuli, en Italie (1295 élèves,
157 professeurs) et Geniko Lykeio
Galatsi à Athènes (225 élèves, 27
professeurs). Le lycée Bernard
Palissy est le plus grand établissement de la région avec 1358 élèves et 200 professeurs.
Blagues à la roumaine
On peut… mais
on ne veut pas
Le conducteur d'une rame de métro
sifflote tranquillement dans sa cabine,
lorsqu'à un arrêt un passager surgit dans sa
cabine, tout excité, un pistolet à la main, et
lui commande sur un ton sans réplique :
-A Beyrouth !
L'infortuné conducteur tente bien de
lui expliquer qu'un métro n'est pas un
avion… sans succès.
-A Beyrouth, j'ai dit !
Il fait alors son annonce habituelle,
avant de redémarrer :
-Attention à la fermeture des portes.
Prochaine station : Beyrouth. Descente sur
le quai de droite.
Dans un large sourire, le terroriste lui
confie :
-Tu vois, Ceausescu avait bien raison
quand il disait que le problème en
Roumanie, c'est qu'on peut… mais qu'on
ne veut pas !
Suspect
1965 : - Allo, la milice économique ?
Mon voisin mange !
-Et alors ?
Mais c'est qu'il mange du caviar !
-On arrive !
1975: - Allo, la milice économique ?
Mon voisin mange !
-Et alors ?
-Mais c'est qu'il mange de l'agneau !
-On arrive !
1985: - Allo, la milice économique ?
Mon voisin mange !
-On arrive !
De quoi se plaint-on !
-Pourquoi on ne vend plus de café ?
Pour qu'on ne puisse pas lire l'avenir !
-Qu'est ce qui est petit, noir et frappe à
la porte ? L'avenir !
-Que sont les Russes pour les
Roumains ? Des amis ou des frères ?
-Des frères… parce que les amis, tu
les choisis !
-Quelle différence il y a entre, il fait
froid à la maison et il fait froid dehors ?
-Combien y-a-t-il de sortes de
Roumains ? Deux… les satisfaits, que la
milice économique recherche… et les
mécontents que la Securitate recherche.
-Quelle est la composition religieuse
des Roumains ? Deux baftisti (veinards) et
22 millions de protestants.
(en nouveaux lei, RON**)
Euro
= 4,09 RON
(1 RON = 0,23 €)
Franc suisse
= 3,17 RON
Forint hongrois
264 forints = 1 €
Leu moldave (MDL):
16,8 lei =1 €
(1 RON= 4,11 MDL)
*Au 22 avril 2011 ** 1 RON = 10 000 anciens lei
Les NOUVELLES
de ROUMANIE
Numéro 65, mai-juin 2011
-Quelle est la meilleure blague politique : Pofta buna ! (Bon appétit !)
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
-Nouvelle réforme… On vient d'installer des guichets dans les alimentations :
Ici on trouvait de la viande, ici on trouvait
du fromage !
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Prédiction
Ceausescu se rend chez sa voyante et
l'interroge sur son avenir :
-Je vous vois dans une voiture décapotable…
-Et puis ?
-La foule vous suit en chantant…
-Et alors ?
-Elle est joyeuse, elle applaudit…
-Je ne peux pas vous dire… Le couvercle du cercueil est refermé.
En arrière !
-Pendant la seconde guerre mondiale,
pourquoi les chars de l'Armée française
avaient-ils des rétroviseurs ?
-Pour voir le front (blague parue dans
un journal roumain).
Resquilleur
Plus de 300 personnes font la queue
depuis des heures devant l'alimentation.
Au petit matin arrive un gars qui joue des
coudes pour arriver à la porte. Il est
repoussé sans ménagement. A sa deuxième
tentative, il se fait copieusement insulter.
Enervé, il lance :
-Ecoutez… si vous voulez que j'ouvre
le magasin, il faudrait peut-être me laisser
passer !
ABONNEMENT
CHANGE*
Dehors, c'est gratuit !
-Qu'est-ce que c'est une queue ?
L'alignement du peuple sur la ligne du
Parti.
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Laurent Courderc, Jonas Mercier,
Marion Guyonvarch, Mirel Bran,
Bernard Camboulives, Dodo Nita,
Mihaela Iordache, Mandi Gueguen,
Natalia Porubin, Louise Barseghian,
J.Danero Iglesias, Vincent Verier,
Manuela Golea, Gabriela Preda,
Guillaume Fraissard, M. Imre Csibi,
Alain Beuve-Méry, Magda Crisan,
Chantal Guy, Margareta Kelemen,
Myr. Chaplain-Riou, Gérard Lefort,
Dominique Thierry, Pat. Grainville,
Indira Crasnea, Valentina Bres.
Autres sources: agences de presse
et presse roumaines, françaises,
lepetitjournal.com, télévisions
roumaines, Roumanie.com, Le
Courrier des Balkans, sites internet.
Impression: Helio Graphic
2 rue Gutenberg
44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex
Numéro de Commission paritaire:
1112 G 80172; ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: juillet 2011
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le bonheur est dans le pré
I
ci on rit du matin au soir… C'est unique" s'exclame Jean sous le regard approbateur de Margareta. Ce n'est pas difficile de rencontrer un homme et une femme
heureux. Il suffit de prendre sa voiture, faire un peu plus de 2000 kilomètres jusqu'au village d'Eremieni, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Târgu Mures, en
plein pays magyar, et de demander Jean Pollart. Vous aurez de fortes chances de le trouver se promenant main dans la main sur les chemins de campagne avec sa femme… à moins qu'il
ne lui fasse la lecture le soir, au coin du feu de bois. Sûr qu'un éclat de rire traversera à un moment
ou à un autre la pièce, comme il a dû effaroucher les oiseaux croisés un peu plus tôt. Ici, tout est
prétexte à la bonne humeur. La gouaille du Belge, gai comme un pinson, n'a rien à envier aux "titis"
de Montmartre, et ses blagues ne pouvaient rêver trouver meilleur public que cette rieuse professeur hongroise de français, à la retraite depuis peu. Le couple s'est connu en août 2009 et s'est marié
en février de cette année. Depuis, Jean, 74 ans, n'appelle plus "Mani", 62 ans, que "Petit cœur".
"Ne me secouez pas trop, je suis un arbre plein de larmes"
60
Jean a découvert la Roumanie en 1993, à 58 ans. Il accompagnait un groupe de scouts de sa
commune, Moucron, en Belgique, venus donner un coup de main pour repeindre le foyer culturel
de son village roumain, Laureni. Deux semaines seulement sur place mais qui se prolongèrent par
des visites régulières, et ces fois-ci solitaires, les étés suivants. Le Belge, divorcé, trois enfants,
attendait la retraite pour effectuer des séjours prolongés.
La rencontre avec Margitka, une Hongroise d'Adriana Mare, commune distante de 15 km d'Eremieni, le décida à franchir le
pas. L'année suivante, il s'installait chez elle et le couple se mariait en 2000. En dehors de "oui" et de "non", Margitka ne parlait
pas un traître mot de français. Retranscrivant phonétiquement sur le papier les paroles de son mari, elle comprenait presque tout
au bout de six mois. Jean "épousa" aussi son nouveau village, ramenant de ses voyages en Belgique tout ce qu'on lui demandait
ou pouvait servir, motoculteur, outillage, portes coulissantes, récupérant ce qu'il trouvait dans les brocantes, transportant son "bric
à brac" incroyable dans sa camionnette. Le Belge fut vite connu et populaire dans la région.
Malheureusement, une maladie dégénérescente frappa Margitka, l'empêchant de se déplacer. Ce coup du sort ne fit que grandir l'amour que Jean lui portait et ses voisins étaient émus de
le voir transporter à tout bout de champ sa femme dans ses
bras pour qu'elle continue à voir le monde. Son chagrin fut
immense à sa disparition. Seul dans sa maison qu'il lui avait
amoureusement aménagée, isolé dans son village magyar où
on ne parlait que hongrois, ce monde sans amour ne lui
paraissait pas supportable. "Ne me secouez pas trop, je suis un
arbre plein de larmes" avait-il noté dans le recueil de
réflexions qu'il remplit soigneusement chaque soir. "J'ai
besoin de donner ma tendresse, de penser à quelqu'un, de le
soigner… mais aussi de recevoir ses petits gestes", confiait-il,
inconsolable, aux amis de passage. L'idée de se remarier
germa alors. On lui parla d'une Roumaine de Bucovine, propriétaire d'un restaurant, parlant français. "Je ne me voyais
pas finissant ma vie en faisant la corvée de pluche de pommes
de terre" soupire-t-il aujourd'hui.
"On s'est assis sur un banc et la foudre nous est tombée dessus"
La chance voulut alors qu'on lui signala la présence à seulement quelques kilomètres d'une professeur magyare, veuve depuis
peu, parlant le français et qui avait une voiture. "C'est juste ce qu'il me faut" s'exclama Jean en passe de retrouver son entrain et
qui décida d'aller la voir. L'affaire n'était pas simple. Il avait donné sa voiture à son gendre roumain qui n'était pas riche et, en
échange, avait reçu sa vieille Dacia. Un poème! Elle calait sans arrêt, l'essence n'arrivant pas. Il lui fallait alors sauter du véhicule, soulever le capot, brancher une pompe sur le distributeur, pomper, et pomper… jusqu'à ce qu'un gargouillis indique que le précieux liquide était revenu, vite reprendre le volant, redémarrer… Et çà tenait 6 à 10 km… jusqu'à la panne suivante.
C'est dans cet équipage que Jean se présenta devant Margareta. "La foudre nous est tombée dessus" se souvient-il avec émotion. "Elle m'a pris la main, m'a entraîné visiter sa maison, son jardin plein de fleurs, le musée qu'elle a fait toute seule, réunissant le patrimoine du village. On s'est assis sur un banc et on avait l'impression de se connaître depuis toujours".
(Lire également en page 38)

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