Vingt fois sur le métier remettre l`ouvrage
Transcription
Vingt fois sur le métier remettre l`ouvrage
Vingt fois sur le métier remettre l’ouvrage... La citation est connue. Pas toujours comprise surtout quand on la cite à l’envers. La formule est belle et sage aussi. Elle dit la patience et l’humilité du travail bien fait. Elle dit l’effort en même temps. Un cheminement qui, pas à pas, conduit à une sorte de perfection malgré les obstacles et la tentation des chemins de traverse. Elle s’applique généralement à nos activités professionnelles et à tout ce que nous entreprenons. Elle convient tout à fait à notre philosophie rotarienne. A croire qu’elle a été écrite pour nous. Nous la devons à Nicolas Boileau, poète et écrivain du XVIIe siècle dont nous avons un vague souvenir scolaire. « Il fut tendre en prose et cruel en vers » selon la marquise de Sévigné qui s’y entendait. Il est l’auteur de cette phrase admirable qu’on devrait placer en exergue de tous les écrits, commentaires et éditoriaux : « Avant donc que d’écrire, apprenez à penser » ! Mais revenons à notre sujet et au texte originel qui est le suivant : « Hâtez vous lentement, et sans perdre courage / vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage / Polissez-le sans cesse et le repolissez / Ajoutez quelquefois et souvent effacez. » C’est ainsi qu’au Rotary nous entendons l’action professionnelle. Il faut toujours revenir aux textes qui fondent nos doctrines. Les rappeler, les marteler même, pour qu’ils s’inscrivent dans notre mémoire récalcitrante. Relire, parmi les quatre buts du Rotary, le second qui s’énonce ainsi « Observer des règles de haute probité dans l’exercice de toute profession, reconnaitre la dignité de toute occupation utile, considérer la profession comme un vecteur d’action au service de la société.» On ne saurait être plus clair et « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.» observait déjà l’incontournable Boileau. Sajuki Tanaka, qui présida à nos destinées de 2012 à 2013, avait fait de l’action professionnelle son Instant Rotarien. Il avait été un rotarien passif pendant deux ans avant qu’une conférence sur l’action professionnelle ne déclenchât l’heureux déclic. Obnubilé jusque là par sa carrière et son boulot, il ne pouvait imaginer que la réussite professionnelle pouvait contribuer également à améliorer les collectivités et les conditions de vie de ses habitants. Ce fut une révélation, semblable à celle qu’eut Paul Claudel devant l’un des piliers de la nef de Notre Dame de Paris. Spontanément c’est l’illumination de Saul, futur Paul, sur le chemin de Damas qui me vint à l’esprit. Mais par les temps qui courent, la métaphore est incertaine, la route en question est devenue bien dangereuse. Il n’y a rien à ajouter au texte rotarien. Rien à effacer non plus au sens où l’entendait Nicolas Boileau. Se convaincre tout au plus de l’atout que constitue l’éthique de l’action professionnelle dans notre quotidien rotarien. Pour nous faire connaitre et pour attirer de nouveaux membres. En continuant aussi à soutenir la formation des jeunes et des adultes, sous les formes les plus diverses, comme nous le recommande la Fondation : Bourses, VTT, Ryla et Student Exchange. A chacun son Instant Rotary. De conversion récente, ma grande surprise fut de découvrir derrière un organisme que j’assimilais volontiers à une secte, une diversité de compétences et de savoir faire sans égale. Cette richesse-là est unique. Quels talents professionnels réunis en si peu de monde, dans ces quelques dizaines de membres qui constituent la plupart nos effectifs. C’est sur la préservation de cette abondance-là qu’il faut coûte que coûte veiller dans nos campagnes de recrutement. Pas d’élitisme mais de solides et variés talents qu’il convient de faire fructifier. « Soyez plutôt maçon, si c’est votre talent » avait écrit... Nicolas Boileau, dans le Chant IV de son Art poétique en 1674. Gabriel Braeuner R.C. Sélestat