Télécharger Présence Été 2013 - Mission Populaire Evangélique de

Transcription

Télécharger Présence Été 2013 - Mission Populaire Evangélique de
Présence
– Journal de la Mission Populaire évangélique de France et de Soleil & Santé – 2,50 € – n° 2 - Eté 2013 –
Sommaire
Nouvelles nationales
Colloque en Suisse; Les
mouvements dans la
MPEF; “Droit à la domiciliation”; Soleil & Santé
pp. 2-4
Nouvelles inter-nationales
Un envoyé EAPPI
en Palestine
p. 5
Grand angle
La rencontre;
Protestants en fête 2013
pp. 6-7
Dossier
Vers de nouvelles
Fraternités
pp. 8 à 11
Liturgie de poche
Je rêve
p. 12
Une belle
assemblée générale
par Francis Muller
I
l y a des jours que l'on ne la consistance à notre réflexion. Cela nous
regrette pas ! Les 1er et 2 juin a surtout permis d'aborder notre présent
2013 font partie de ceux-là.
et notre futur avec un regard décalé de nos
Malgré mon orteil fracturé la veille (je vous habitudes et ouvert à l'espérance.
rassure tout va bien aujourd'hui), j'ai vécu C'est de cette espérance que veut témoices deux journées comme un temps de gner ce numéro de Présence.
bénédiction, riche de partages, d'échanges Il nous emmène dans l'été et vers un évèet de débats.
nement du protestantisme au mois de
Même si nous n'étions pas très nombreux Septembre, le grand rassemblement qui
(le quorum était malgré tout atteint), nous aura lieu du 27 au 29 septembre dans
avons pu essayer ensemble de dessiner ce Paris et à Bercy en particulier.
que pourrait être une « nouProtestants en Fête, Paris
velle Fraternité » dans la Miss C'est de cette
d'espérance ! C'est le nom
Pop' puisque nous avons le espérance que
que porte ce rassembleprojet d'en créer plusieurs veut témoigner ment. Vous trouverez dans
ces prochaines années. Et si ce numéro de
ce numéro quelques renseile thème de l'AG 2013, « Vers Présence.
gnements à ce sujet. Si vous
de nouvelles Fraternités »
désirez
nous
rejoindre
concernait bien sûr l'avenir de la MPEF, la durant cette fête, n'hésitez pas à contacter
réflexion, les résultats de travail mené à la MPEF au siège pour vous inscrire.
cette occasion devraient influencer le plan Profitez de ce temps d'été pour aller sur le
d'action ébauché par le Comité National et site de la Mission Populaire, www.misdonc toute la vie de la MPEF.
sionpopulaire.org, y découvrir les difféAussi bien les intervenants, variés, prove- rentes nouvelles, la lettre de printemps, le
nant de milieux religieux et ecclésiaux résultat de la réflexion de la dernière
divers, témoins d'expériences de vie diffé- assemblée générale de la MPEF sur le
rentes et riches, que le culte mené par Eve thème : Vers de nouvelles Fraternités !
Lanchantin, la prédication de Stéphane C'est ce que la MPEF souhaite développer,
Lavignotte, les éléments formels (rapports de nouvelles fraternités, pas seulement de
d'activités et financiers), le rapport moral nouveaux lieux mais aussi de nouvelles
et le débat de conclusion avec Olivier Brès, manières de vivre et manifester l'Evangile
le président, tout cet ensemble a donné de en milieu populaire ●
Nouvelles
NATIONALES
Impressions sur le colloque en Suisse :
l’accueil entre impuissance
etcréativité. Genève et Lausanne, fin avril 2013
par Dominique Kergomard
Accueil et créativité
Un accueil chaleureux et créatif nous était
réservé dans le temple du Pâquis où nous
nous réunissions, pendant qu'une famille,
nous mitonnait de bons repas dans un
coin du temple.
Surprenant ce centre d'accueil de proximité, (dans un
quartier où règnent drogue, prostitution) où les cours de
français, l'accueil, l'hébergement d'une famille, une
permanence juridique, la cuisine se passent
simultanément au même endroit, à chaque groupe son
coin de temple.
Surprise de voir que
beaucoup de
migrants sont des
espagnols qui
subissent la crise de
plein fouet. Ils ont
un droit au travail et
le centre les aide
dans leurs
recherches.
Intervention de la
Cimade du pays de
Gex, intéressant de
voir comment ce qui
était au départ un
problème (les
étrangers doivent
déposer leurs
dossiers, non en
préfecture où quelqu'un contrôle bien le fait que les
dossiers sont complets, mais en mairie où personne ne
contrôle rien et où des dossiers incomplets sont à
l'origine de refus) a été retourné en avantage pour les
étrangers, la Cimade ayant obtenu que les mairies
dirigent les personnes vers elle avant de déposer leurs
dossiers. Intéressant de voir aussi comment la Cimade du
pays de Gex jongle avec les législations suisse et
française parfois au bénéfice des étrangers. Elle a établi
avec les politiques qui ne partagent pas leurs opinions
des relations de confiance qui leur permettent d'agir.
Présence - Mars 2011 - Page 2
Touchée par l'Intervention d'un musulman à l'origine
de la mosquée en 1973, maintenant évincé de la
mosquée, qui s'est installé au Pâquis, et a créé une
fondation dont le but est l'interconnaissance. Il anime au
centre du Pâquis un groupe de réflexion sur le civisme la
citoyenneté…avec 110 jeunes gens. Un jour où la
réunion se terminait à l'heure de la prière, ces jeunes
musulmans ont prié dans le temple : « nous voulons
honorer ce lieu car c'est un lieu de prière, nous voulons
rendre grâce à celui qui a fait de nous des êtres vivants »
Une méditation sur
“ l'impuissance lieu de créativité ? ”
Impuissance au centre
de la foi chrétienne, la
mort de Jésus nous
oblige à voir de façon
nouvelle la puissance
de Dieu. La puissance
de Dieu se manifeste
dans l'impuissance.
La créativité est dans
celui que nous
accueillons.
L'activité du mardi
autour d'un texte
biblique nous a
amené à réfléchir sur
notre propre façon
d'accueillir, chacun se
trouvant face à ce qu'il
pense être un accueil
réussi à travers une
situation particulière qu'il vient de se remémorer. Chacun
a sa propre réponse, résultat déconcertant au départ.
Après lecture réflexion discussion collective sur la façon
dont Jésus a accueilli la demande des fils de Zébédée,
nous avons repris individuellement notre cogitation sur
la situation « d'un accueil réussi » décrite au départ.
Montre bien là où nous en sommes dans notre façon
d'accueillir, là où la créativité doit se mettre à l'œuvre.
Intéressée à Lausanne par un accueil collectif d'étrangers,
qui permet de mieux orienter et plus rapidement les
personnes, les accueillis apportent souvent aux autres des
informations qu'on ne connaît pas ●
Soleil et santé
Sans vous, rien n’est possible
Chers amis,
Grâce à vous, grâce à vos dons, nous poursuivons l'aménagement du centre du
Val des moulins. Il a permis l'accueil de plusieurs groupes des Fraternités de la
Mission Populaire et d'autres clubs de prévention de la région parisienne et du
Nord. Il est donc opérationnel mais un certain nombre de matériels a pris de l'âge.
Nous envisageons de changer la literie, la grande cuisinière, le sèche-linge (pour les
draps, couettes, …).
Quelques ardoises de la toiture de la bergerie ont pris le large par grand vent…!
Si nous ne voulons pas voir un envol groupé, il convient d'intervenir rapidement.
Pour pouvoir accueillir des réunions de familles, des groupes plus petits (au
minimum dix personnes), aménager une petite cuisine dans la bergerie serait la
solution idéale. Ceci nous permettrait d'utiliser les deux bâtiments pour deux groupes différents.
15 000 sont nécessaires pour ces améliorations !
Sans vous nous rien n'est possible, avec vous nous pouvons continuer à
avancer et développer nos projets.
Nous croyons que vous nous aiderez car comme nous, vous aimez ce qui
s'y vit ! ●
L'association Soleil et Santé est une association de loi 1901. Elle est habilitée à
recevoir des dons et des legs. Les dons donnent lieu à une réduction d'impôt égale
à 66% de leur montant, dans la limite de 20% du revenu imposable.
Les mouvements dans la MPEF
par Francis Muller
M
atthieu Cavalié : du
nouveau sur Nantes
La Fraternité de Nantes se réjouit de
l’arrivée de son nouveau pasteu en la
personne de Matthieu Cavalié que le
Comité national a nommé sur ce
poste au 1er juillet. L’équipe sur place
se démène pour l’accueillir dans un
appartement remis à neuf. Elle a aussi
travaillé le cahier des charges de la
mission de Matthieu à la Frat de
Nantes.
M
uriel Menanteau :
bientôt du nouveau à
la Maison Verte
La Maison Verte, après le départ du
pasteur Stéphane Lavignotte début juillet, patientera avant l’arrivée de sa nouvelle responsable de poste en la personne de Muriel Menanteau, venant de
la Fédération protestante de France. Elle
a été nommée par le Comité National
au 1er novembre pour lui permettre
d’achever son engagement dans
Protestants en Fête en particulier.
S
téphane Lavignotte : du
nouveau dans la MPEF
Le pasteur Stéphane Lavignotte ne
quitte pas la MPEF, au contraire, le
Comité National lui a confié le projet
“Nouvelle Fraternité” qui vise l’implantation d’un nouveau lieu de la MPEF
en banlieu parisenne. Un groupe de
travail et de réflexion et un groupe de
pilotage du projet ont été mis en
place pour accompagner Stéphane
dans cette mission ●
Renforcement de l’équipe du journal et recherche d’un-e rédacteur-trice en chef
Présence est toujours à la recherche d’un ou d’une rédactrice ou rédacteur en chef bénévole, qui puisse :
animer les comités de rédaction (67- par an); mettre en place le “chemin de fer”; faire que tous les textes rentrent bien
dans l’espace prévu (quitte à faire des coupes !), tout cela en lien avec la maquettiste ●
Présence - Eté 2013 - Page 3
Défendre l’accès aux droits des personnes sans domicile stable
L’action du collectif “Droit à la
domiciliation”
par David Hedrich, permanent de Dom’Asile
I
l est sans doute
impensable que des
gens soient sans la
possibilité d'avoir une
adresse pour recevoir
leur courrier et les pouvoirs
publics ont ainsi un peu
délaissé les dispositifs de
domiciliation, seul moyen
pour ces personnes d'avoir
accès à leurs droits (RSA,
AME, AAH, droit au
séjour...). Le Comede,
Dom'Asile, la Fédération de
l'Entraide Protestante et le Secours Catholique s'inquiètent
depuis plusieurs années de la situation et ont crée le
collectif « Droit à la Domiciliation ».
Ce groupe est à l'initiative de rassemblement d'associations
dans plusieurs départements d'Ile-de-France. A Paris, la
réunion animée par la Maison Verte fut l'occasion de
mettre au grand jour les failles du dispositif de
domiciliation dans la capitale. Cette activité est sous
financée, portée principalement par des associations en
état de forte saturation et les personnes sans domicile
errent des jours et des mois pour trouver une adresse. Ce
constat partagé a permis une interpellation commune du
Préfet et de la Mairie de Paris, responsables de l'accès aux
droits des personnes sans domicile stable. Lors de la
rencontre accordée au printemps 2013 par ces deux
autorités, peu de pistes d'évolution se sont dessinées. La
campagne municipale pourrait être l'occasion de mettre
cette problématique sur le devant de la scène.
L'envie de faire bouger les lignes à l'échelle nationale porte
également les associations. La loi qui précise le droit à la
domiciliation met sciemment de côté certains public (les
demandeurs d'asile, les sans papiers, les Gens du Voyage)
en les maintenant dans des dispositifs spécifiques
discriminant. Le plaidoyer du collectif a retenu l'attention
du cabinet de Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge de
la lutte contre l'exclusion. Grâce à cet appui, notre
nouvelle vision de la domiciliation a été partiellement
intégrée dans le projet de loi Dufflot 2 qui sera débattu
cet automne. Il faut rester mobilisé cependant pour
atteindre notre but : un accès aux droits réellement facilité
pour l'ensemble des personnes sans domicile stable ●
Eglise protestante unie de France (EPUdF)
Choisir la confiance
par Christian Bouzy
V
oilà plusieurs décennies que
la réunion des deux églises
issues de la réforme, l'Église
réformée de France et l'Église
évangélique luthérienne de
France, est en germination. La concorde
de Leuenberg signée en 1973 entre
luthériens et réformés en est le fondement. Et depuis, les liens de communion n'ont cessé de s'intensifier. En
2007 à Sochaux, lors de leur synode
respectif, les deux églises ont décidé la
création d'une église unie, et au terme
d'un processus institutionnel de plusieurs années, elles ont pu célébrer leur
union, à Lyon en ce samedi 11 mai
2013 qui restera une date importante
dans l'histoire de l'œcuménisme. Le service d'inauguration a réuni plus de mille
personnes en présence du ministre de
l'Intérieur, du secrétaire général du
Conseil œcuménique des Eglises, du
Présence - Eté 2013 - Page 4
cardinal archevêque de Lyon et de bien
d'autres représentants religieux de
France .
Le premier président de la toute nouvelle Eglise protestante unie de France
est le pasteur Laurent Schlumberger.
Dans son message d'introduction, il s'est
employé à souligner qu'il s'agissait fondamentalement d'un acte de confiance.
Confiance en Dieu, mais surtout
confiance que Dieu donne et renouvelle
aux humains de génération en génération. Davantage qu'un montage institutionnel, cette création répond à la mission de témoigner de cette confiance
qui nous est donnée. « Il s'agit pour
notre protestantisme (...) de passer de la
connivence au partage, de l'entre-soi à
la rencontre, d'une Église qui se serre les
coudes à une Église qui ouvre les bras»
Laurent Schlumberger s'est élevé contre
«les postures identitaires», notamment
« sociales ». « Elles procèdent de la peur
et de l'illusion, la peur de l'autre et l'illusion que l'on pourrait exister sans lui,
voire contre lui.../...On peut bien sûr
comprendre les racines de ces peurs et
de ces illusions, des racines parfois bien
réelles, et si souvent entretenues et instrumentalisées. Mais on ne saurait se
résigner ni à les laisser se répandre, ni à
simplement se désoler de leurs effets
néfastes../.. « Nous avons besoin les uns
des autres. Notre société, rongée par la
défiance, a besoin de cette hospitalité
fondamentale » sans laquelle, il n'y a
plus d'humanité possible.
Tous les participants ont reçu des graines
de fleurs et une bougie, qu'ils étaient
invités à allumer dans le Grand Temple
de Lyon, en signe de communion, et
aussi en signe de cette confiance qui est
donnée dans la foi et qui fait vivre et
engage ceux qui la reçoivent ●
S
Nouvelles inter-nationales : un envoyé EAPPI en Palestine
Home, sweet home...
S
par Denis Costil, mai 2013
Sweet home, sweet home ! S'il est une première chose que recherche chacun, à tout âge,
c'est bien un logement, et, en France, on le sait bien !
C'est la raison pour laquelle je décris dans cette lettre l'un des principaux problèmes à
Jérusalem pour les Palestiniens : se loger et garder son logement.
Quelques données
En 2010, la population de Jérusalem
est de 788000 habitants, dont 504000
Israéliens (64 %) et 284000 Palestiniens
(36 %). Mais la proportion sur la seule
partie annexée est de 39 % d'Israéliens
pour 61 % de Palestiniens. Un tel déséquilibre de population semble insupportable aux Israéliens qui font tout
pour le redresser :
Ainsi, environ 35 % de la surface de
Jérusalem-Est ont été expropriés et
constituent des enclaves de colonies
juives : 200000 settlers (ou colons,
nom donné à ces Israéliens qui viennent habiter en Palestine), habitent
ainsi en terres conquises en 1967.
Environ 2000 settlers habitent au
cœur des quartiers palestiniens de
Jérusalem, après réquisition des habitations par divers moyens. Après
diverses décisions des autorités, il ne
reste plus que 13 % de la surface disponible pour les palestiniens.
Aujourd'hui, il est quasi impossible à
un Palestinien de construire «légalement» : il est extrêmement difficile et
coûteux d'obtenir un permis : 94 %
des permis déposés sont refusés ; en
moyenne, environ 150 permis de
construire sont délivrés chaque
année. En conséquence, pour loger
une famille qui s'agrandit, beaucoup
de Palestiniens construisent ou agrandissent leur maison illégalement. On
estime à 22000 le nombre de telles
habitations soit autour de 40 % des
habitations existantes. Logements illégaux, donc susceptibles de démolition
ou d'éviction.
Comment en est-on arrivé là ?
Après la 2ème guerre mondiale, en
1948, l'État d'Israël est proclamé,
environ 700000 Palestiniens quittent ou sont obligés de quitter- leur logement et partent, certains à Jérusalem.
La ville est partagée en deux parties :
israélienne (à l'ouest) et jordanienne à
l'est (dont toute la « vieille ville »
cœur de la ville, entourée par les
murailles).
En 1967, à la suite de la guerre des
Six Jours, Israël prend le contrôle de
Histoire d’une famille à Jérusalem
Un exemple de
situation difficile
Nous recevons un appel : Une nouvelle
démolition…
Après leur mariage, les époux S. s'installent
dans un studio, dans un immeuble.
Arrivent les enfants, et il faut plus de place
: ils construisent -évidemment sans permis,
voir ci-dessus- une maison sur le toit plat
dudit immeuble. Depuis plusieurs années
(17 ans !), leur avocat avait réussi à
repousser la décision ; cette fois-ci, non :
la famille a reçu l'ordre de démolition avec
une date limite au 18 mai. M. Nader S. a
pris sa masse et a détruit les murs luimême… Par crainte d'aller en prison,
comme la police l'en a menacé, pour ne
pas payer le coût de la démolition (eh oui
! il faut payer cela !), ou par dépit…La
famille utilise une pièce qui n'a pas été
détruite, et a monté une sorte de tente à
côté sur le toit…
Depuis, nous avons soutenu cette famille
en la mettant en liaison avec les institutions qui peuvent l'aider, mais surtout,
deux jours plus tard, j'ai moi-même passé
près d'une heure et demi à écouter la
mère de famille (6 enfants, de 25 à 11
ans), qui avait besoin de parler de sa vie,
de sa ville -elle est partie étudier aux USA,
a exercé le métier de journaliste, et se
retrouve ainsi, sans rien… « Pour moi, cela
n'a pas d'importance, mais quel avenir ont
mes enfants dans mon pays où je me sens
l'ensemble de Jérusalem. La municipalité est largement agrandie (de 5,5 à
71 km2, le maximum de surface pour
minimiser la proportion de
Palestiniens) par annexion de nombreux villages autour de Jérusalem.
Cette annexion est jugée illégale par
la communauté internationale des
Nations Unies. La construction de
nombreuses colonies israéliennes,
elles aussi illégales, est autorisée (15
colonies depuis 1967), tout cela par
volonté politique affichée de maintenir une proportion de l'ordre de 30 %
de Palestiniens.
Cette volonté politique de «judaïser»
Jérusalem est approuvée par le gouvernement en 2010 (« capitale juive
unie »), décision encore une fois qualifiée d'illégale par les Nations Unies.
Dès lors, parmi les mesures prises,
figurent les expulsions et démolitions
de logements.
Depuis que nous sommes en place à
Jérusalem, (un peu plus de 3 semaines), nous avons rédigé 7 rapports
d'incidents concernant des démolitions de maison, ou de parties de
maison, sur les 12 rapports d'incidents envoyés…/…
plus étrangère que je ne serais étrangère
dans un autre pays ? » Ainsi elle songe
vraiment à émigrer… à l'étranger, car partir en Palestine revient, avec les lois israéliennes actuelles, à perdre sa carte d'identité jérusalémite, et donc, entre autres, ne
plus pouvoir se déplacer librement pour
revenir dans sa ville…
« J'accepte les lois israéliennes si elles sont
justes. Nous sommes des humains, non ?
Je vais lutter, sans violence mais jusqu'au
bout !» Lorsque je lui demande comment
vont ses enfants, elle répond : « c'est difficile pour celui qui passe l'examen de der
« j'ai dit à mes enfants : ce n'est pas la fin
du monde ! Voyez, nous sommes en vie,
nous sommes en bonne santé, et nous
croyons en Dieu, c'est cela l'essentiel ».
Qu'écrire de plus ? A plusieurs reprises, on
m'a dit «c'est ça, la vie à Jérusalem»…
quelle vie ? ●
Présence - Eté 2013 - Page 5
GRAND ANGLE
La rencontre
“Les Gens”
C
par Eliane Stricker
Comment appeler ceux qui viennent dans nos Frats ? (Fraternité,
c'est le joli nom que portent les lieux) y compris les deux centres
sociaux que sont Le Picoulet et le foyer de Grenelle, qui furent
autrefois de « simples » Frats ; mais pour le Picoulet, nous avons
perdu (pour la majorité des personnes) cette habitude.
Pour la CAF, on utilise souvent le terme d'usagers (qui font usage
de…)
Mais cela reste impropre, « usagers » étant souvent réservé aux
usagers de la route ou de la SNCF, et ce n'est pas un terme qui
plaît (surtout s'il est orthographié « usagés » comme je l'ai vu plusieurs fois).
C'est une réalité que ceux qui viennent dans nos lieux cherchent
le plus souvent quelque chose de concret, une aide, un cours,
mais l'ambition de la Mission Populaire va beaucoup plus loin ; le
rêve, l'utopie est « de mettre en œuvre le projet qui est d'ouvrir
des lieux d'écoute et d'accueil permettant à chacun de se ressourcer spirituellement et humainement en vue de développer des
formes fraternelles de vie collective. » Vaste programme pas toujours évident à mettre en musique, surtout en ce qui
concerne le spirituel dans un centre social laïc.
Quant aux centres sociaux, le terme le plus utilisé est « les habitants » à qui les centres sociaux veulent donner le POUVOIR d'AGIR, de la démocratie citoyenne à la participation, à l'organisation en passant par la capacité de s'exprimer..
Lors de l'AG de la mission Populaire, j'ai obtenu des réponses originales :
Frateux : on peut y sentir une légère connotation populaire (mais ce n'est vraiment pas anormal à la mission
populaire) rime avec bouseux
Invités : les frateux invités aux divers repas ?
Les Picoulettes : titre d'un numéro de l'Echo du Picoulet,
mettant l'accent sur la majorité de femmes qui y travaillent, salariées ou bénévoles.
Misspopien : de la grande famille de la miss pop ?
Fraternisant : ça fait un peu collabo non ?
Bénéficiaires : alors là ça ne plait pas, ça fait vraiment
« pauvre gars », spécial restau du cœur ?
Accueillis : même connotation que bénéficiaires.
Utilisateurs : ce sont un peu comme les usagers
Consommateurs, Clients : non bien sûr, mais comment
nommer ceux qui viennent aux braderies ?
Voisins : toujours ? Rien n'est moins sûr, ils viennent
parfois de loin.
Amis : cercle beaucoup plus restreint, légèrement hypocrite à mon sens
Communauté : souvent pensée comme protestante.
Frères, sœurs : avec communauté ?
Apprenants : stagiaires : spécial cours d'alphabétisation ?
Pauvres : Ca existe encore ? Ne doit-on pas dire exclu ?
Précaires : s'associe très bien avec pauvres.
Domiciliés : pour la boite aux lettres, vitale pour de
nombreux SDF ou autres demandeurs d'asile, la restriction des domiciliations est un vrai problème.
Public : employé quand on a du mal à trouver autre
chose : « les publics »
Gens : a le mérite d'englober tout le monde.
Comme vous le voyez, le vocabulaire transmet des valeurs, des connotations, il doit s'adapter aux différents langages
utilisés, en passant aussi par la langue de bois ; il peut blesser, il peut revigorer ou amuser. Il est toujours à manier
avec délicatesse. N'oublions pas que rien ne fait plus plaisir à un SDF que de se faire appeler Monsieur, ça lui redonne
une existence, il n'est plus l'homme invisible. ●
Présence - Eté 2013- Page 6
Programme MPEF pour
Cette date tombant au moment de nos journées de rentrée annuelles,
le Comité National a décidé de faire de ce moment festif l'occasion d'un
rassemblement du peuple des Fraternités à
PARIS VENDREDI, SAMEDI ET DIMANCHE 27-29 SEPTEMBRE 2013
Le vendredi 27 septembre sera pour la MPEF l'occasion
d'une demi-journée et d'une soirée de rassemblement festif
au Foyer de Grenelle à Paris.
Le samedi et le dimanche offriront à chacun la possibilité
de participer, d'assister aux nombreuses manifestations
(plus de 120 !), conférences, débats, moments musicaux et
artistiques, présentations d'activités, stands… issus du
monde protestant dans les différents lieux de la capitale,
en particulier ceux organisés par la MPEF et ses partenaires
(pour exemple, les 120 ans de la Maison Verte, les animations au Foyer de Grenelle : café-accueil, contes bibliques,
développement durable, inclusivité, l'animation de MIRPGrenelle sur le monde du travail au Village des Solidarités !)
Le samedi soir aura lieu un grand spectacle au Palais
Omnisport de Paris-Bercy, qui s'adressera à tous, jeunes et
vieux, le dimanche un culte rassemblera les 15000 personnes prévues pour terminer cette belle rencontre. Une
équipe de préparation spéciale MPEF a été mise en place,
elle propose que :
chaque Fraternité ou Foyer prépare un moment
d'animation pour la soirée du Vendredi au
Foyer de Grenelle, théâtre, chants, sketchs,
témoignages d'espérance…
chaque Fraternité ou Foyer constitue une petite
équipe de bénévoles pour préparer la venue à
Paris des personnes intéressées ;
chaque Fraternité ou Foyer trouve un/e ou deux
bénévoles pour être présent un moment sur le
weekend sur le stand de la MPEF à l'entrée du
parc de Paris-Bercy
L'équipe est en train de réfléchir à la meilleure manière
d'accueillir, de loger, de nourrir, de transporter et surtout
de faire découvrir la MPEF et ses différents lieux à tous
ceux et celles qui viendront.
Le Comité National a alloué un budget à cette manifestation, ainsi l'ensemble des frais de déplacements, de nourriture, de transport dans Paris, d'inscription à Protestants en
Fête sera pris en charge pour les personnes inscrites par la
MPEF. Bien entendu, les dons pour soutenir ce rassemblement seront les bienvenus et acceptés avec joie et reconnaissance !
Les quatre frats parisiennes seront plus spécialement mises
à contribution pour :
Prévoir un ravitaillement le vendredi soir à Grenelle, le
samedi midi au Picoulet, et le samedi en fin d'après
midi à la Maison Verte.
Arriver à héberger les membres des frats de province,
les petits déjeuners étant à la charge des accueillants.
Prévoir une animation, pour un des stands du jeu rallye du vendredi après midi.
Nous envisageons donc d'accueillir environ 120 personnes
de la MPEF en provenance des Fraternités et Foyers, voilà
une belle occasion de découvrir la MPEF, les protestants et
Paris !
Quelques idées au sujet du programme du vendredi :
au foyer de Grenelle accueil entre 14h et 14h30, aprèsmidi « rallye » au sein du Foyer pour découvrir la MPEF,
Paris et les protestants, et recevoir au cours du rallye les
différents éléments encadrant le weekend (documents,
plans, hébergement, tickets d'entrée, petite surprise…) ●
A très bientôt, dans l'Espérance, l'équipe :
Sylvie Eckès, Mireille Meisser, Madeleine Sfoggia,
Marie-Laure Simon, Khémissi Djélaïbia et Francis Muller
Présence - Eté 2013 - Page 7
Vers de
dossier Vers de nouvelles Fra
Projet de Fraternité Miss Pop :
des trucs pour réussir ?
Pour moi, la naissance de la MPE de Trappes en 1979-81, est un souvenir plutôt
mitigé : d'un côté superbe espoir, superbe projet qui commence à devenir réel. De l'autre
côté… mon débarquage brutal, pour divergences avec l'équipe d'accompagnement de
Versailles. D'où quelques réflexions possibles sur les conditions de réussite d'un projet de
nouvelle Frat 'Mission populaire Evangélique'. Suggérons quatre phases.
1re - Etude de terrain
Première erreur de Trappes 80 : une étude de terrain
conduite par les protestants de Versailles (dont deux habitaient sur place), et non par un 'professionnel' de la Miss Pop.
Découvrir, rencontrer, observer, consulter (autorités civiles,
religieuses, associations, écoles… et voisinage). Voir les chiffres, la sociologie, les partenaires, ce qui existe déjà. Ce qui
manque plutôt que ce qu'on envie d'apporter.
Elaborer un projet qui corresponde aux besoins réels du terrain.
Evaluer la faisabilité d'un projet qui corresponde aux
besoins réels du terrain : implantation, activités, partenariats locaux et financiers, relais, équipes (de soutien et de
terrain, distinctes).
2e - Consensus sur le projet
Deuxième erreur de Trappes 80 : l'équipe de soutien,
composée de protestants de Versailles, malgré la présence
d'un ancien secrétaire général de la MPE, souhaitait une
action caritative auprès de la population de Trappes ; la
MPE venait avec un projet de transformation sociale
incluant la prise de responsabilité d'habitants locaux.
Nécessité d'un consensus sur l'essentiel : places respectives
du social et du spirituel dans le projet, rôles respectifs de
l'équipe initiale de soutien et de l'équipe locale à constituer.
Nécessité que le premier permanent soit pasteur ou évangéliste, en tout cas porteur de dimension chrétienne explicite.
Accord sur le fait que le porteur du projet est le permanent représentant la MPE.
Souvenir étonné du pasteur que j'étais d'être considéré
comme un employé subalterne (« Jean-Paul, vous nous
trouvez une voiture avec haut-parleur pour la braderie de
demain… »), par des paroissiennes par ailleurs pleines de
respect pour leur pasteur ...
3e - Démarrage du projet
Troisième erreur de Trappes 80 : avoir commencé les activités par des braderies « pour aider les enfants à partir en
vacances ». La nouvelle implantation s'affichait d'emblée
comme caritative et non comme participative.
Présence - Eté 2013 - Page 8
Choix crucial des premières activités :
- organiser immédiatement du social répondant à un
besoin reconnu, pour créer une légitimité ;
- organiser immédiatement du spirituel répondant à un
besoin latent, pour créer une identité ;
les organiser parallèlement pour éviter un étiquetage
définitif, soit 'centre social', soit 'secte évangélique' ;
- Bien choisir l'activité sociale : soutien scolaire ou cours
d'informatique délivre le message « on est là pour vous
aider à vous en sortir » ; des distributions de vêtements ou
de jouets délivre le message « on est là pour faire nos
œuvres de charité » ;
- Bien choisir l'activité spirituelle : multiples pièges à éviter : image sectaire, ou intellectuelle, groupe fermé socialement exogène… Quatrième erreur de Trappes 80 : se
réserver une aumônerie de l'équipe de soutien, excluant
toute participation locale. Peuvent se proposer des fêtes
avec enfants, musique, récits-contes bibliques, message et
prière simples…
4e - Installer le projet
- Maintenir équilibre et interpénétration entre social et
spirituel. Cela implique d'engager rapidement des personnes
locales, non seulement dans le social mais dans le spirituel.
- Constituer rapidement une équipe locale, distincte
de l'équipe de soutien, en précisant le rôle de chacune et
en ménageant leurs rencontres. C'est de l'avoir essayé,
avec mon misérable sens politique de l'époque, qui m'a
valu mon débarquement du projet…
- Chercher le soutien et la collaboration des paroisses
voisines, quelle que soit leur confession.
J'ai cité ce qui me semble les erreurs de l'époque…
Alors que la Fraternité de Trappes existe et vit bien
aujourd'hui, réalisant depuis 30 ans un excellent travail
de prévention et de soutien scolaire. Absolument !
Mais elle est restée une sorte de centre social, le
'secours Protestant', sans, si j'ai bien compris, jamais
réussir à trouver ou retrouver une activité spirituelle
ouverte que s'approprient les habitants ●
Jean-Paul Morley, pasteur, permanent Miss Pop
à Trappes de 1979 à 1982, habitant Trappes de 1979 à 1988
nouvelles
fraternités
raternités
Réfexions collectives pour imaginer demain
Prenant appui sur le colloque de Dourdan, étape importante de la vie de la MPEF au cours de laquelle la mission de la
MPEF a été précisée et énoncée au travers de cinq chantiers, le comité national a commencé à élaborer un « plan d'action »
pour les années à venir avec un certain nombre d'objectifs.
Le premier objectif est le développement de la MPEF avec la création de nouvelles Fraternités. Dans ce contexte, il allait de soi que le
thème de l'AG 2013 concernerait l'avenir de la MPEF, la réflexion sur les nouvelles fraternités, les résultats de travail mené à cette
occasion devant influencer le plan d'action et donc la vie de la MPEF.
Un temps de travail en commun a permis de recueillir la parole des participants sur cet objectif. Le thème proposé était le suivant :
« Dans un contexte de création et de développement, comment faire vivre notre charte : Ses membres s'organisent localement dans des communautés appelées le plus souvent Fraternités, où se retrouvent des hommes et des femmes de tous
horizons, croyants et non-croyants ; elles développent des formes fraternelles de vie collective et des activités liées au
contexte des quartiers populaires où elles agissent »
Ce fut articulé autour de trois questions :
Quelles communautés ? Pour quel projet spirituel et social ? Face à quels défis de notre société ?
Concrètement le samedi, cinq groupes ont été constitués, disposant d'une heure et demie pour échanger sur les trois points, avec
comme consigne de remettre à la fin de leur échanges une synthèse relativement brève. Ces retours ont été retravaillés dans la soirée par deux membres du comité national et le dimanche une synthèse était proposée aux groupes qui ont retravaillé en 6/6 pour
affiner et améliorer les propositions.
Quelles communautés ?
Les groupes sont partis de cette de l'affirmation suivante : « A
la Miss'Pop, la communauté est constituée de personnes
qui partagent des valeurs spirituelles ou un projet militant.
» Ils en ont proposé des versions amendées : « A la Miss'Pop,
la communauté est constituée de personnes qui partagent des
valeurs spirituelles et un projet militant » ; «...est constituée de
personnes qui vivent des valeurs spirituelles et un engagement
pour la justice sociale. », « ...est ouverte, elle réunit des personnes autour d'une écoute réciproque qui conduit à un partage spirituel de valeurs et d'un projet militant. » ; « … est
constituée de personnes qui partagent des valeurs spirituelles,
un engagement militant, des questionnements et un désir de
vivre ensemble. » ; « ... est le lieu où l'on rend possible les
échanges spirituels et un engagement militant. »
Pour quel projet spirituel et social ?
Sur le projet, les groupes ont retravaillé l'affirmation : « Le projet est d'ouvrir des lieux d'écoute et d'accueil permettant à
chacun de se ressourcer spirituellement et humainement
en vue de développer des formes fraternelles de vie collective. ». Cela a donné les versions suivantes : « Le projet est
d'ouvrir des lieux d'écoute et d'accueil permettant à chacun de
se ressourcer dans toutes les dimensions de la vie et faire l'apprentissage d'une forme fraternelle de vie collective en vue de
témoigner d'une espérance dans la société » ; « ….permettant
à chacun de se ressourcer spirituellement et de progresser
humainement en vue d'une entraide mutuelle et d'actions de
solidarité pour un monde plus juste et plus fraternel. » ;
« …permettant à chacun de progresser spirituellement et
humainement en vue d'une vie collective plus fraternelle. » ;
« permettant à chacun de se ressourcer spirituellement et
humainement en vue de développer des formes fraternelles
de vie collective répondant aux besoins exprimés. » ; « …permettant à chacun de se ressourcer spirituellement et humainement en vue de développer ou essaimer des formes fraternelles de vie collective dans la Frat' et ailleurs. »
Face à quels défis de notre société ?
Enfin, dernier exercice, travailler l'affirmation : « Le défi principal de notre société est le danger de déshumanisation spirituelle et social ». Cela a donné les affirmations suivantes :
« Le défi principal est : de prendre conscience que les logiques
du monde actuel nous conduisent dans l'impasse ; retrouver
une utopie pour réinventer un autre monde » ; « Dans une
société en danger de déshumanisation spirituelle et sociale
(mondialisation, mutations technologique,…) nos défis sont :
la réponse déjà donné sur la communauté et celle sur les projets » ; « Le défi principal de notre société est de se recentrer
sur l'humanité et la solidarité » ; « Les défis principaux de
notre société tournent autour de : retrouver de l'humanité
dans tous les domaines et de rendre à l'homme sa dignité
dans son environnement proche et réel » ; « Le défi principal
de notre société est le danger de déshumanisation spirituelle
et sociale : dureté, inhumanité, égocentrisme… ».
Le souhait, maintenant c'est que chaque fraternité puisse à
son tour s'emparer de cette ébauche de réflexion et utilise tous
les moyens dont elle dispose pour imaginer de nouvelles formes de service ●
Catherine Westphal,
membre du Comité national
Présence - Eté 2013 - Page 9
dossier
Vers de nouvelles
s
é
t
i
n
r
e
t
Fra
Faut-il créer de nouvelles
Fraternités de Mission Populaire ?
Faut-il créer de nouvelles Fraternités ? Oui ! N'y a-t-il pas lieu
de commencer par essayer de sauver celles qui existent ? Non.
Les sauver, les faire vivre il le faut mais pas en préalable
Le raté des années 60-70
le
endre
Globalement la miss pop est prisonnière de ses
compr
it
ployés,
o
m
d
e
E
t
P
e
locaux et de ses contrats officiels. Cette situas
M
r
ie
la
le ouvelles Frats, populaire, ouvr n France, pré- e
tion ne date pas d'aujourd'hui : dès les années
La cib
e
d
n
monde des salariés
niveau
u sans
60-70 la mission a manqué de mobilité. À cette
Si son
Avec o 'elle cible. Le
ié
it
r.
e
o
la
n
m
d
g
n
li
u
la
a
u
q
époque, où se produisent simultanément le
ans (qu popuits à so
plus de
public
ésente i quelques tra é qu'il y a 60
de
r
n
p
e
o
r
m
i
départ des usines et des ateliers hors des cenqu
e) le
t
rd'hu
s élev
n
u
lu
a
jo
p
salaire,
in
u
n
a
tres-villes et celui des familles ouvrières qui vont
t bie
t dom aditionnels : out de
s
n
sente
e
e
s
m
e
e
c
t
t
san
net
roits tr
ant sur
retrouver en banlieue logement et boulot, elle ne
connais vrière y était
er ses d git mainten ire a mis en
u
iq
u
d
o
n
e
'a
e
suivra pas son peuple. Quelquefois les églises
u'il s
class
opula
à rev
ps
onde p
larité, q
ntinue
es tem luthérienne et réformée tentent de le faire, sans
s
laire co , retraite, sco ucation du m , surtout en c
e régre
nt
'éd
rendre
er à un
lien avec la Mission Populaire malheureusement.
p
s
logeme . Le niveau d
n
m
e
o
c
p
e
re
it de
vantag
Ainsi s'érigent la Maison du rêve à Villepinte, le
défend nouveau dro
de
fait da
»
s
le mon
e
n
u
m
Centre protestant de Colmar, celui de La Chiffogne
éresse
réfor
relief
t
«
n
'i
e
s
d
ls
ot
ue
.
à Montbéliard ou du Haut-du-Lièvre à Nancy…
où le m une avancée terrains auxq
x
'à
u
u
e
q
d
Seules exceptions remarquables à cette absence de
sion
ner
e
t soulig
pitalism
concertation, la maison des Pralets, à Valentigney, la
On peu :
s du ca
e
m
r
e
o
ir
f
velles
popula
es.
Fraternité de Lyon-La Duchère et la Fraternité de
les nou ités religieus
s
io
Trappes. Dans les autres cas les églises accompagnent
les cur
le milieu populaire dans son exode vers les tours et les
« blocs », puis le perdent une génération plus tard,
quand les enfants des ouvriers retournent au village
habiter dans des lotissements pavillonnaires et laissent les HLM aux familles issues de l'immigration. Vient alors le temps
où les églises paroissiales, ne sachant plus quoi faire de leurs locaux, font quelquefois appel à la Mission Populaire
pour qu'elle en reprenne l'animation. Tardives et confuses les tentatives de collaboration engagées ainsi ont périclité.
Sortir
Aujourd'hui il n'est pas question pour la Mission
Populaire d'abandonner les implantations anciennes,
puisqu'on y fait du bon travail, et peut-être pas non
plus d'en posséder de nouvelles. Car il est urgent de
distinguer mission et maison : maison veut dire
porte ouverte, mission signifie: pas de murs. Maison
veut dire ouverture pour un accueil sans faiblesse
qui permet à l'égaré de se dire : quelque part
quelqu'un m'attend, mission veut dire sortie et
aventure.
Une Miss Pop de plein vent (j'ai pas inventé l'expression mais je ne sais pas à qui je la pique) utilisera des modes d'action presque à l'opposé de la
Miss Pop de quartier. J'en prends pour exemple la
façon dont est née la Mission dans l'Industrie :
Présence - Eté 2013 - Page 10
Les habits n
eufs de la lu
En Novembre
tte des class
2006, le millia
es
rdaire Warren
« Il y a une lu
Buffett déclar
tte des classe
ait :
s aux USA év
ma classe, la
idemment, m
classe des rich
ais c'est
es qui a men
sommes en tr
é la lutte, et
ain de gagner
nous
»
Or, on prévoi
t que le nom
bre des supe
va augmente
r riches dans
r de 50% en
le monde
dix ans, et on
temps que si
observe en m
la pauvreté, en
ême
général, dimin
creusent. Tout
ue , les inégal
est dit : nous
ités se
so
neufs de la lu
mmes en prés
tte des classe
ence des habi
s. Ce qui pour
ts
que a singuliè
certains, étai
rement repris
t archaïdes couleurs
terrains de m
; et offre de no
obilisation là
uveaux
où le monde
lièrement conc
populaire est
erné.
particu-
de
dans les années 60 l'église luthérienne du Pays de Montbéliard, implantée en pein bassin industriel, possède une équipe
dite de Mission Intérieure qui se préoccupe de l'absence des nouveaux citadins dans la vie des paroisses. Convaincue que
l'offre ecclésiale classique tombe à côté des attentes populaires modernes elle décide de faire appel à la Mission
Populaire pour trouver un homme capable de prendre le problème à bras le corps. Cet homme
sera Guy Bottinelli.
Dragueur de banlieues
Guy Bottinelli se fait à la fois voyageur de commerce d'une idée (renouer des liens entre un protestantisme de liberté et
le milieu ouvrier) et auditeur de ses clients. Il drague banlieues et villages et entre chez les habitants avec la ténacité
d'un missionnaire mormon et le respect d'un invité poli (jamais de visites impromptues : on prend rendez-vous, on ne
met pas le pied dans la porte). Résultat : les Équipes Ouvrières Protestantes (EOP), un réseau d'amis dans les HLM de
toute la région et des équipes vivantes de personnes se réunissant pour aborder ensemble les questions liées à leur
condition sociale et professionnelle, vivre des vacances sans bronzer idiots, participer à des rencontres internationales et
à des stages de formation. Le tout sans posséder de bâtiments. Action qui 50 ans plus tard s'essouffle ? Mais c'est bien la
règle de l'évangile nomade : circuler, changer de forme et de véhicule, ne pas s'incruster dans des lieux mais dans des
cœurs.
La réussite des EOP n'aurait pas été possible si une institution - l'Église Évangélique Luthérienne de France - n'était pas
sortie de ses limites et de son particularisme institutionnel pour s'en remettre aux ressources d'une autre boutique, au
savoir-faire d'un homme venu d'ailleurs, et inventer dans la collaboration qui s'en est suivie une réalisation fort différente
de ce qu'elle avait d'abord prévu.
Innover
Aujourd'hui il n'est pas question de recopier cette démarche comme si la société n'avait pas changé. Mais d'en suivre la
vocation, d'en garder l'état d'esprit et d'en réinventer les outils.
La vocation : rendre l'évangile du Dieu fraternel accessible au peuple; l'état d'esprit : servir les idées
que l'on proclame avec quiconque les défend, au lieu de les privatiser.
Quant aux outils il faudra sans doute organiser des formations au démarchage sous la
es
direction de spécialistes du porte à porte,
installé dans
s religieuapspa
é
it
s
o
ri
u
remment bien
c
s
représentants de commerce, témoins de
e
L
ire
la
té par
pu
po
monde
isme, est habi
Jéhovah, missionnaires en terrain sécularisé,
Par ailleurs, ce
e et l'agnostic
m
is
s.
ér
ur
um
pe
ns
des
le co
s souvent par
habitués des réseaux sociaux (vos enfants par
e
le technicisme,
uses exprimée
ie
nt mais comm
re
lig
re
ur
s
nc
té
co
si
un
e
m
exemple, qui seraient bien capables de créer sur
m
des curio
en
co
i
» qu
t moins perçu
us les « ismes
internet une Frat électronique si l'enjeu les séduiL'immigrant es
uérant, avec to
nq
co
m
la
is
sait) … Et puis sur des thèmes ou des objectifs
le porteur d'un
qui interpelle
ène religieux
om
délimités réunir des gens dans des cuisines de
én
é
découlent. !
ph
du
e
l'avoir renvoy
l'ensembl
up croyaient
particuliers ou des salles empruntées, en
co
Du coup c'est
au
be
où
là
pulaire
sachant que quelques locations coûtent moins
un monde po
nes.
des vieilles lu
ée
us
m
cher que la charge de bâtiments. Ou encore pridans le
ntres
êtes, de renco tuiu
q
n
'e
d
vilégier des « coups » limités dans le temps dont
l,
ai
MPE aux in
ains de trav
on mesure les retombées après : voyages, renCes deux terr nvoient sans surprise la
tre des
re
em
ance : R et
ss
contres internationales, stages à Agape,
ai
et de services
n
sa
à
é
ynamisme
t présid
t, grâce au d
u
o
Pierrefontaine, Trappes, l'Épervière… et trouver
tions qui on
eb
d
es
m
es fem
les moyens de garder le contact pour, éventuellehommes et d
li, juin 2013
.
ile
g
Guy Bottinel
n
ment, déboucher sur des actions plus permanende l'Eva
tes (une université populaire intermittente par
exemple). Car les nouvelles Frats devront parfois
être plus floues, moins instituées que les actuelles. Mais
si la Mission Populaire veut vivre et si son message mérite d'être partagé elle doit sortir de ses limites, entrer en partenariats (*) et animer un projet novateur servi par une communication audible ●
(*) même avec les églises pour peu qu'elles s'aperçoivent de notre existence au lieu de réinventer notre eau chaude.
PRESENCE MPE - Journal trimestriel de la Mission Populaire évangélique de France et de Soleil & Santé - MPEF 47, rue de Clichy, 75009 Paris - Tél : 01 48 74 98 58 - Fax :
01 48 78 52 37 - E-mail : [email protected] - S&S 47, rue de Clichy, 75009 Paris - Tél : 01 48 74 98 58 - Fax : 01 48 78 52 37 - Directeur de la publication et Rédacteur en chef :
Francis Muller - Comité de rédaction : Doriane Bier, Sylvie Eckès, Stéphane Lavignotte, Jean-Pierre Molina, Eliane Stricker - Mise en page ; Françoise Zenouda- Abonnements Ordinaire en France : 10 euros - Abonnement de soutien : 16 euros - CCP Mission Populaire : Paris 56 06 Z - CCP Soleil & Santé : Paris 2047 13 V - En Suisse : Jean-Pierre Thévenaz,
rue Vers-la-Cour 8, CH-1853-Yvorne - Compte : 12-5835-7, Mission Populaire, Comité suisse, Yvorne - En Grande-Bretagne : Comité britannique, Revd. Geoff Miller, 80 Moorside
North Fenham, Newcastle-Upon-Tyne, Ne4 9DU UK - Groupe Jouvelle/Imprimerie nouvelle, 93 avenue Denis Papin 45800 St Jean-de-Braye - Commission paritaire n° 0615 G 86689.
Présence - Eté 2013 - Page 11
Vers une nouvelle Fraternité !
Liturgie de poche
par Francis Muller
Je rêve
J
Je rêve d'une Fraternité en marche vers son Maître.
Je rêve d'une Frat qui perd son toit et n'a plus, à la place, que le ciel, les nuages, du soleil et la douce clarté
des étoiles dans la nuit.
Je rêve d'une Fraternité qui n'a ni porte, ni serrure, dans laquelle on peut entrer librement, parce que le
dedans et le dehors ne forment qu'un.
Je rêve d'une Fraternité qui ne laisse personne à la porte, qui ne cherche pas sa sécurité et qui ne possède
pas de clé.
Je rêve d'une Fraternité dont les murs se dissolvent et se perdent, de sorte que la lumière pénètre de tous
les côtés, d'une Fraternité dans la liberté qui n'attache pas d'importance à ce qu'elle est, ni à ses limites, ni
à ses frontières ; une Fraternité qui apporte en sacrifice à Dieu ses murs et ses salles dans la clarté lumineuse des cieux.
Je rêve d'une Frat transparente comme le verre ou même plus, une Frat qui soit libre et ouverte autant que
le monde entier, dans laquelle chacun va son chemin, joyeux et plein de confiance, en marche vers le
monde ●
Inspiré d’un texte anonyme de la “liturgie engagée pour le temps présent” du cahier liturgique de la Mission populaire
Evangélique
BULLETIN D’ABONNEMENT
Je m’abonne à
Présence
❑ M. ❑ Mme Prénom :
Nom :
_____________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________________________________
Adresse :
__________________________________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________________________________________
Abonnement pour 4 numéros : tarif normal : 10 euros ; tarif de soutien : 16 euros.
Chèque à l’ordre de la Mission Populaire
Envoyez ce bulletin (photocopie acceptée) avec vos coordonnées à la Mission Populaire, 47, rue de Clichy, 75009 Paris
Pour la Suisse, envoyez-le au pasteur Jean-Pierre Thevenaz, Vers-la-Cour, 1853 Yvorne
Présence - Mois 20XX - Page 12