DIU de Pédagogie Médicale - UPMC
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UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE – PARIS VI FACULTÉ DE MÉDECINE Mémoire pour le DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE DE PEDAGOGIE MEDICALE Les séries télévisées comme outil pédagogique Par Samuel Delerme Praticien hospitalier Service des urgences de l'hôpital Pitié – Salpêtrière Année Universitaire 2009-2010 Introduction L'enseignement médical comporte plusieurs volets : l'apprentissage théorique ; la formation pratique Ces enseignements ont pour but, entre autres, de former les étudiants à : prendre en charge médicalement leurs patients ; se former à la relation médecin-patient et aux diverses situations dans lesquelles ils se trouveront dans leur exercice futur. Pour atteindre le premier objectifs, divers modes d'enseignement sont disponibles : le cours magistral, l'atelier de raisonnement clinique, la discussion au lit du malade… Par contre, pour le second objectif, les méthodes d'enseignement efficaces sont plus limitées. En effet, il semble difficile d'assurer un enseignement qui intègre la part émotionnelle qui est un élément primordial de la relation médecin-malade et des relations avec les autres intervenants, en particulier hospitaliers, de la filière des soins. C'est pourquoi le jeu de rôle est une technique d'enseignement fréquemment utilisée dans ce domaine. Cependant, cette approche présente plusieurs limites : tous les étudiants n'ont pas de don inné pour jouer un rôle ; ils n'ont souvent pas l'expérience personnelle des situations qu'ils sont censés jouer car il s'agit le plus souvent de jeunes adultes ayant eu peu de rapports avec le personnel médical en tant que patients, ce qui fait perdre de sa pertinence à la mise en situation ; l'environnement des jeux de rôle (plusieurs personnes autour d'une table) n'a rien à voir avec, par exemple, celui d'un service d'urgences (beaucoup de bruit et d'activités et peu de temps à consacrer aux patients) ; l'implication émotionnelle peut être difficile lorsqu'on est au milieu d'étudiants que l'on connaît en dehors du milieu hospitalier. Pour pallier ces limites et introduire, durant le cours, la discussion sur certains problèmes relationnels de l'exercice médical, il est tentant de profiter d'un média dont la vocation est de répondre aux limites précédemment exposées : 1 utilisation d'acteurs professionnels et de décors généralement réalistes ; utilisation de consultants spécialisés dans les pathologies exposées ; utilisation de scénaristes professionnels dont le métier est de favoriser l'implication émotionnelle des téléspectateurs. C'est pourquoi nous avons décidé de nous intéresser à l'utilisation de séries médicales télévisées dans la formation médicale en général et la mise en situations relationnelles complexes en particulier, en partant du principe que : les étudiants sont d'autant plus attentifs à une histoire qu'elle correspond à une situation déjà vécue ou que l'on s'attend à vivre ; ils s'y impliquent d'autant plus qu'elle semble réaliste par rapport à leur vécu quotidien ; ils maintiennent d'autant plus leur attention que l'histoire est intéressante. Objectifs Objectif principal Déterminer quel type de série médicale intéresse le plus les étudiants par sa vraisemblance générale, le fait que les étudiants ont vécu ou s'attendent à vivre les situations présentées, et l'utilité perçue pour l'exercice futur. Objectif secondaire Evaluer dans quelles mesures les étudiants regardent des séries médicales et leur appréciation des diverses séries. Méthodologie Lieu Notre étude se déroule dans le service des urgences du C.H.U. Pitié Salpêtrière, Paris 13eme 2 Population Les étudiants en stages dans ce service de février à septembre 2010. Il s’agit de : trois étudiants de PCEM2 en stage de sémiologie ; 24 étudiants de DCEM2, 1 étudiant de DCEM3 et 8 étudiants de DCEM4 durant deux stages de formation de 3 et 5 mois. Déroulement de l’étude Durant le premier mois de chaque stage (février 2010 et mai 2010), les étudiants sont conviés à assister, sur trois journées, à 3 projections sur vidéoprojecteur de 3 séries que nous avons sélectionnées pour leur intérêt médical et les problèmes de relation médecin-malade présentés. La participation à la projection est basée sur le volontariat et a lieu pendant les heures de cours organisés dans le service. Les trois séries sont présentées dans un ordre différent lors de chaque stage, afin de limiter un effet lié à l’ordre de passage. Avant la première projection, ils sont invités à remplir nominativement un questionnaire sur leurs habitudes télévisuelles concernant les séries médicales (formulaire 1). Puis, après chaque projection, ils remplissent, toujours nominativement, un questionnaire sur l’épisode qu’ils viennent de voir (formulaire 2). Le questionnaire initial concerne principalement le nombre, le nom et l’appréciation des séries spontanément regardées, l’étudiant notant, pour chacune, entre 0 et 10 les éléments suivants : vraisemblance médicale de la série ; vraisemblance des situations hospitalières ; avez-vous fréquemment rencontré les situations médicales ; pensez-vous rencontrer souvent les situations médicales ; avez-vous fréquemment rencontré les situations hospitalières ; pensez-vous rencontrer souvent les situations hospitalières ; intérêt de la série pour l’exercice futur ; intérêt général de la série. Par le terme "situation hospitalière", nous expliquions aux étudiants que nous nous intéressions à la description de la vie à l’hôpital, en dehors du côté purement médical (les relations entre médecins et infirmières, entre internes et seniors, l'ambiance générale…) 3 Pour chaque épisode vu, l'étudiant répond (avec une note entre 0 et 10) aux questions suivantes : Avez-vous déjà rencontré des situations semblables ? Pensez-vous rencontrer durant le futur des situations semblables ? Vraisemblance médicale des situations. Vraisemblance générale des situations. Utilité de l’épisode pour votre exercice futur. Intérêt général de l’épisode. Episodes projetés Dr House, saison 1, épisode 21 "Cours magistral" (Three stories), avec Carmen Electra, Emmy award du meilleur scénario 2005 Le Dr House doit donner un cours d’amphithéâtre, qu’il fait sous la forme de 3 cas cliniques, dont l’un a de fortes analogies avec sa propre histoire, une fasciite nécrosante pour laquelle, en tant que patient, il avait préféré un traitement médical alors que les médecins considéraient qu’un traitement chirurgical était indispensable. Type de la série : comique et tragique Sujet de discussion : le médecin doit-il respecter le choix du patient, même s’il risque d’entraîner sa mort ? Que doit-on faire lorsque l’on est amené à faire des choix médicaux dans des situations où on n’a pas de conduite à tenir claire et où son choix, s’il est mauvais, peut tuer le patient ? Urgences, saison 13, épisode 5 "Ames contre Kovac" (Ames v. Kovak), avec Forest Whitaker Le Dr Kovak, médecin urgentiste, doit assister au procès où il est accusé de faute professionnelle. Il a hospitalisé un patient pour une pneumonie, le patient a fait une hémiplégie après 3 jours passés sur un brancard aux urgences, a refusé la thrombolyse, car il n’avait plus confiance en ce médecin, et est resté hémiparétique, a perdu son travail, son épouse l’a quitté… Type de la série : tragique Sujet de discussion : le vécu du patient aux urgences par rapport à celui du médecin, les difficultés de communication liées aux conditions d’exercice dans un tel service. 4 Scrubs, saison 2, épisode 2 "Ma nuit de garde" (My nightingale) J.D. vient d’être nommé interne. Sa première journée, ainsi que celle de son ami interne en chirurgie, ne correspond pas à ce qu’il imaginait, son degré de responsabilité n’étant guère plus élevé que lorsqu’il était externe. A l’inverse, lors de sa première nuit de garde, il se trouve seul à prendre des décisions complexes. Type de la série : comédie Sujet de discussion : les premières journées d’interne, comment réagir lorsqu’on est seul face à un problème trop complexe pour son niveau de compétence, et pour lequel il n’y a pas de solution évidente, comment interagir avec les infirmières. Analyse statistique Les résultats de l’étude sont décrits en moyenne ± écart type. Les comparaisons entre groupes ont été faits à l’aide de tests t de Student pour les comparaisons de moyennes, de tests exacts de Fisher pour les comparaisons de pourcentages. Un p < 0,05 était considéré comme significatif. Résultats Au total, 32 étudiants d'âge moyen 23 ± 3 ans, 11 hommes et 21 femmes, ont participé à l'étude. Il y avait 3 étudiants de PCEM 2, 20 étudiants de DCEM2, 1 étudiant de DCEM 3, 8 étudiants de DCEM 4 (tableau 1). Appréciation générale des séries Tous les étudiants regardaient au moins une série médicale télévisée, et, en moyenne, ils en regardaient 3,2 ± 0,8 (tableau 2). La série la plus regardée était "Dr House" (100%), puis "Gray's anatomy" (83%), "Urgences" (78%), "Scrub" (39%) et "Nip/Tuck" (13%) La série la plus vraisemblable sur le plan médical est "Urgences" (5,9 ± 2), la moins vraisemblable "Gray's Anatomy" (3,9 ± 2,4) (tableau 3) 5 En ce qui concerne la vraisemblance des situations en termes de réalisme du milieu hospitalier, "Urgences" reste la série la plus vraisemblable (5,2 ± 2,2), la moins vraisemblable "Dr House" (3,2 ± 2,3) En comparant les pourcentages d’avis nettement défavorables (note ≤ 3), on remarque que la série "Urgences" est celle qui est considérée comme la moins invraisemblable des quatre. Cependant, le même pourcentage considère les séries "Urgences" et "Dr House" comme vraisemblables (évaluation ≥ 7) sur le plan médical. Les étudiants ont rencontré des situations médicales semblables surtout à celles d'"Urgences" (3,7 ± 1,9) et "Scrubs" (3,7 ± 2,4), et beaucoup moins à celles de "Dr House" (1,7 ± 1,7). Pour le côté "vie hospitalière", les étudiants ont rencontré des situations semblables surtout à "Urgences" (4,0 ± 1,6) et "Scrubs" (4,0 ± 3,4), et peu à celles de "Dr House" (2,6 ± 2,1). On remarque cependant que le score moyen des séries pour le paramètre "situation médicale ou de la vie hospitalière vécues" est bas, 4,0 au maximum et que plus de la moitié des étudiants donne une note ≤ 3 à toutes les séries, sauf "Urgences". Ils pensent dans le futur rencontrer des situations médicales semblables surtout à celles de "Scrubs" (4,4 ± 1,9), et beaucoup moins à celles de "Gray's Anatomy" (2,8 ± 1,9). En ce qui concerne les situations hospitalières, ils pensent rencontrer des situations semblables à celles principalement de "Urgences" (4,0 ± 1,5) et ne pensent pas rencontrer celles présentées par "Dr House" (2,6 ± 2,1). Donc, dans l’ensemble, les séries correspondent peu à ce qu’ils s’attendent à rencontrer sur le plan médical ou de la "vie hospitalière". En moyenne, ces paramètres sont ceux qui ont le plus fort taux de notes ≤ 3, 67% pour le vécu médical, 52% pour le futur médical, 55% pour le vécu hospitalier, 49% pour le futur hospitalier, et le plus faible taux de notes ≥ 7, 3% pour le vécu médical, 3% pour le futur médical, 7% pour le vécu hospitalier, 6% pour le futur hospitalier La série télévisée qui semble avoir le plus d'intérêt médical pour l'exercice futur est "Dr House" (4,2 ± 2,2) et le moins d'intérêt dans ce domaine "Gray's Anatomy" (2,5 ± 2,0). Cependant, même la série la plus intéressante dans ce domaine n'a qu'un score de 4,2. Dans l’ensemble, les étudiants ne regardent probablement pas ces séries pour leur intérêt médical (51% donnent une note ≤ 3 et 12% une note ≥ 7). En ce qui concerne l'intérêt général, les séries les plus distrayantes sont "Dr House" (5,6 ± 2,6) et "Scrubs" (5,6 ± 3,2), la moins intéressante "Gray's Anatomy" (3,2 ± 2,1). On 6 remarque quand même qu’au total, 39% trouve un intérêt général médiocre (≤ 3) alors que 29% trouve un intérêt certain (≥ 7) à ces séries, ce qui amène à s’interroger sur le fait qu’ils en regardent tous, et le plus souvent régulièrement. Evaluation des épisodes visualisés Quelque soit le paramètre évalué, l’épisode d’ "Urgences" est celui qui obtient la meilleure note moyenne, le moins de mauvaises appréciations (note ≤ 3), le plus de bonnes appréciations (note ≥ 7) (tableau 4). Concernant les questions "avez-vous déjà rencontré des situations semblables" et "pensezvous en rencontrer dans le futur", les plus mauvais scores ont été pour l’épisode de "Dr House" (3,0 ± 2,4 pour la première question alors que "Urgences" a 4,8 ± 3,1 et 5,5 ± 2,5 pour la seconde, 7,0 ± 1,9 pour "Urgences"). Concernant la vraisemblance médicale des situations, c’est la série "Scrubs" qui obtient les plus mauvais scores (4,3 ± 2,8, 6,3 ± 1,7 pour "Urgences") alors qu’elle est pratiquement à égalité avec "Dr House" en ce qui concerne la vraisemblance générale (4,6 ± 2,5 et 4,5 ± 2,2, 6,3 ± 1,4 pour "Urgences"). En ce qui concerne l’utilité pour l’exercice futur, "Urgences" reste en tête (5,9 ± 1,7), le plus mauvais score étant pour la série "Scrubs" (3,2 ± 2,9), avec, surtout, 58% de mauvaises notes ≤ 3 (alors que l’épisode raconte le premier jour d’un nouvel interne et sa première nuit de garde). Enfin, pour l’intérêt général, l’épisode de "Scrubs" est jugé le moins intéressant (4,7 ± 2,1) alors que l’épisode d’ "Urgences" (6,6 ± 1,9) et de "Dr House" (6,2 ± 2,3) obtiennent de meilleurs scores moyens, trois fois moins de mauvais scores et deux fois plus de bons scores que "Scrubs". Dans l’ensemble, les notes des épisodes visionnés sont meilleures que les appréciations générales sur les séries "Urgences", "Dr House", "Scrubs", sauf, en ce qui concerne certaines questions, pour la série "Scrubs". 7 Discussion Les séries médicales font partie de l’environnement télévisuel de la société actuelle. Plusieurs articles médicaux se sont interrogés sur l’effet que peut avoir la représentation de la médecine dans ces séries sur les décisions prises par les patients, principalement aux Etats-Unis, où le choix du patient dans la décision médicale est beaucoup plus important qu’en France. Les étudiants en Médecine regardent également ces séries, plus de la moitié a vu plus d’une saison de série médicale. L’attirance pour ces séries est donc plus fort qu'un éventuel sentiment de saturation du milieu médical après y avoir passé une partie de sa journée, et ce malgré les appréciations peu flatteuses concernant l’intérêt médical comme général de ces séries (seule la série "Dr House" a plus d’étudiants qui en ont une opinion favorable que défavorable). Ceci est probablement à mettre sur le compte de l’industrie télévisuelle américaine qui arrive à faire regarder même des productions que l’on estime objectivement médiocres. Les appréciations des épisodes regardés dans le cadre de l’étude sont globalement meilleures que les appréciations globales des séries correspondantes, probablement parce que, concernant les série "Urgences" et "Dr House", les épisodes sélectionnés l’avaient été pour leur qualité à tous points de vue, alors que l’épisode de "Scrubs" l’avait été plus pour son thème (le passage du stade d’externe à celui d’interne) que pour sa qualité générale. En particulier, l’épisode d’ "Urgences", remarquable par le réalisme de la représentation des urgences, jusque dans les détails les plus triviaux, la complexité des personnages et des situations, sans simplification en "tout blanc" ou "tout noir", la qualité des acteurs, dont Forest Whitaker, qui avait reçu un oscar pour "Le dernier roi d’Ecosse" l’année où il tourna cet épisode d’ "Urgences", et la force émotionnelle de cet épisode. Ce côté "tragique" de l’épisode est probablement un des éléments qui jouent dans l’appréciation des étudiants. En effet, le spectateur a probablement tendance à trouver plus sérieux, et donc utile pour le futur, un problème présenté sous l’angle de la tragédie que celui de la comédie, où il retient surtout qu'il a ri, bien plus que le fond de ce dont il a ri. C’est probablement pourquoi les notes de l’épisode de la série "Scrubs" ont été aussi basses concernant l’utilité pour l’exercice futur. 8 D'ailleurs, l’épisode de la série "Dr House", même s’il joue principalement du ressort comique durant la première moitié, a un caractère tragique durant la seconde moitié, et c’est probablement pourquoi il occupe une situation intermédiaire en termes d’appréciation entre "Scrubs" et "Urgences". C’est pourquoi, dans notre service d’accueil des urgences, nous utilisons préférentiellement l’épisode de la série "Urgences" pour amener la discussion sur le vécu des patients dans notre service, les rapports que l’on peut et doit avoir avec eux, et ce qui fait que ces rapports seront mauvais ou moins mauvais. Nous estimons que le côté émotionnel et le facteur joué par l’environnement bruyant et agressif, qui a une part prépondérante dans ces rapports, est mieux rendu par cet épisode que par un jeu de rôle entre plusieurs externes de DCEM2 autour d’une table dans une salle du service. Bien entendu, cette appréciation sera probablement différente dans d’autres services, même si la grande majorité des externes se retrouvera un jour de garde aux urgences. Notre étude a plusieurs limitations. Avant tout, un des trois épisodes représente particulièrement bien un service d’urgences, et les externes ayant participé à l'étude étaient dans un stage aux urgences. Ceci peut avoir biaisé leur identification aux personnages des séries en faveur de la série "Urgences". Par ailleurs, nous n’avons pas demandé aux étudiants d’évaluer les diverses caractéristiques des épisodes regardés ("tragique", "comique", "violent", "triste"…), ce qui aurait permis de mieux caractériser chaque épisode regardé plutôt que de se baser sur l’avis subjectif de l’auteur de l'étude. Nous avons également jugé subjectivement des limites en-dessous desquelles une appréciation d’une série ou d’un épisode était défavorable (≤ 3) ou favorable (≥ 7). Comme toute limite, celle-ci est discutable et ne repose pas sur une littérature bien établie. Enfin, nous n’avons évalué l’intérêt ressenti pour des épisodes visionnés, mais pas l’intérêt pour la partie "discussion" qui doit survenir après le vécu de la situation lors d’un jeu de rôle. On peut cependant considérer que plus un épisode présentera une situation réaliste, plus il aura correspondu à un vécu personnel, ou à ce qu’on s’imagine vivre dans le futur, plus il est intéressant dans son ensemble, plus les étudiants le suivront avec attention et auront envie d’en discuter par la suite. 9 Conclusion Les étudiants en médecine regardent plusieurs séries médicales, dont ils trouvent la qualité médicale généralement médiocre. Lorsqu’on leur présente trois séries médicales sur des sujets qui doivent les toucher à court ou moyen terme, la série "Urgences" avec un épisode particulièrement dramatique et réaliste, correspondant à des situations auxquelles ils ont déjà été confrontés, aux urgences ou ailleurs, leur semble plus intéressante et plus utile pour leur futur exercice qu’un épisode de la série comique "Scrubs" ou un épisode de la série "Dr House", même si cet épisode a reçu une distinction pour la qualité de son scénario. 10 Résumé Introduction : Pour l’enseignement des interactions entre personnel médical, paramédical et les patients, les jeux de rôles sont généralement utilisés. Cependant, ils ont leurs limites pour représenter, entre autres, des situations stressantes dans des environnements stressants, difficiles à modéliser. La vision d’épisodes de séries médicales pourrait introduire, à la place ou en complément des jeux de rôle, des discussions sur les interactions individuelles. Objectif : Déterminer quel type de série médicale intéresse le plus les étudiants par sa vraisemblance générale, le fait que les étudiants ont vécu ou s'attendent à vivre les situations présentées, et l'utilité perçue pour l'exercice futur. Méthodologie : recueil des habitudes télévisuelles concernant les séries médicales des étudiants et présentation d’épisodes de trois séries : "Urgences", "Dr House" et "Scrubs". Après visionnage de chaque épisode, un formulaire recueillait, à l’aide d’une échelle numérique entre 0 et 10, l’appréciation sur la vraisemblance médicale et générale des situations, l’intérêt général et l’utilité pour l’exercice futur. Résultats : Les 32 étudiants, majoritairement en 4eme année de médecine et âgés de 23 ± 3 ans, regardent en moyenne 3,2 ± 0,8 séries. La série jugée la plus vraisemblable est "Urgences", c’est, avec "Dr House", celle qui semble avoir le plus d’intérêt pour l’exercice futur. Des trois épisodes projetés, l’épisode d’ "Urgences", de thématique dramatique et particulièrement réaliste, est celui qui a semblé le plus vraisemblable, le plus utile pour l’exercice futur et le plus intéressant dans son ensemble. Conclusion : si l’on décide d’utiliser un épisode d’une série médicale dans le cadre de l’enseignement des interactions entre personnes dans le cadre de l’exercice médical, une série réaliste et plutôt tragique, intéressera probablement plus qu’une série comique, et pourrait donc mieux permettre d’introduire une discussion sur ces interactions. 11 Annexes Tableau 1 : Caractéristiques des étudiants Résultats Nombre d'étudiants 32 Age moyen 23 ± 3 ans Sexe 11 hommes (34%) Année PCEM2 3 (9%) DCEM2 20 (63%) DCEM3 1 (3%) DCEM4 8 (25%) 12 Tableau 2 : Séries regardées par les étudiants Résultats : nb (%) Nombre de réponses Nombre moyen de séries 0 séries 1 série 2 séries 3 séries 4 séries 5 séries 23 3,2 ± 0,8 0 1 (4%) 2 (9%) 13 (57%) 6 (26%) 1 (4%) Urgences < 5 épisodes de 5 épisodes à 1 saison > 1 saison 18 (78%) 4 (22%) 4 (22%) 10 (56%) Dr House < 5 épisodes de 5 épisodes à 1 saison > 1 saison Scrubs 23 (100%) 7 (30%) 4 (17%) 12 (52%) Scrubs < 5 épisodes de 5 épisodes à 1 saison > 1 saison 9 (39%) 1 (11%) 3 (33%) 5 (56%) Gray's Anatomy < 5 épisodes de 5 épisodes à 1 saison > 1 saison 19 (83%) 7 (37%) 5 (26%) 7 (37%) Nip/Tuck < 5 épisodes de 5 épisodes à 1 saison > 1 saison 3 (13%) 1 (33%) 1 (33%) 1 (33%) 13 Tableau 3 : Appréciation générale des séries Ugences (18 avis) Dr House (23 avis) Scrubs (9 avis) Gray's Anatomy (19 avis) Vraisemblance médicale 0 ≤3 ≥7 5,9 ± 2,0* 1 (6%) 1 (6%) 6 (33%) 5,3 ± 2,8 3 (13%) 5 (22%) 9 (39%) 4,3 ± 2,3 0 (0%) 4 (44%) 1 (11%) 3,9 ± 2,4* 1 (5%) 10 (53%) 2 (11%) Vraisemblance des situations hospitalières 0 ≤3 ≥7 5,2 ± 2,2# 0 (0%) 4 (22%) 3 (17%) 3,2 ± 2,3# 5 (22%) 12 (52%) 1 (4%) 4,3 ± 2,3 0 (0%) 4 (44%) 2 (22%) 3,6 ± 3,4# 1 (5%) 9 (47%) 2 (11%) A souvent rencontré ces situations médicales ? 0 ≤3 ≥7 3,7 ± 1,9@ 0 (0%) 8 (44%) 0 (0%) 1,7 ± 1,7@£ 6 (26%) 20 (87%) 0 (0%) 3,7 ± 2,4£ 1 (11%) 5 (56%) 1 (11%) 2,5 ± 2,3 3 (16%) 13 (68%) 1 (5%) 4,0 ± 1,9 0 (0%) 7 (39%) 1 (6%) 2,9 ± 1,8$ 2 (9%) 15 (65%) 0 (0%) 4,4 ± 1,9$ 0 (0%) 2 (22%) 1 (11%) 2,8 ± 1,9$ 1 (5%) 12 (63%) 0 (0%) A souvent rencontré ces situations hospitalières 0 ≤3 ≥7 4,0 ± 1,6@ 0 (0%) 6 (33%) 0 (0%) 2,3 ± 2,1@ 7 (30%) 17 (74%) 1 (4%) 4,0 ± 3,4 2 (22%) 4 (44%) 2 (22%) 2,9 ± 2,1 3 (16%) 11 (58%) 1 (5%) Pense rencontrer ces situations hospitalières ? 0 ≤3 ≥7 4,2 ± 1,5@ 0 (0%) 4 (22%) 0 (0%) 2,6 ± 2,1@ 6 (26%) 15 (65%) 1 (4%) 3,9 ±3,1 1 (11%) 4 (44%) 2 (22%) 3,2 ± 2,3 3 (16%) 11 (58%) 1 (5%) Intérêt médical pour l'exercice futur 0 ≤3 ≥7 4,0 ± 2,2§ 1 (6%) 8 (44%) 3 (17%) 4,2 ± 2,2¤ 2 (9%) 8 (35%) 4 (17%) 3,6 ± 2,3 0 (0%) 6 (67%) 1 (11%) 2,5 ± 2,0§¤ 4 (21%) 13 (68%) 0 (0%) Intérêt général 0 ≤3 ≥7 4,7 ± 2,1µ 1 (6%) 5 (28%) 5 (28%) 5,6 ± 2,6µ 1 (4%) 6 (26%) 11 (48%) 5,6 ± 3,2µ 0 (0%) 5 (56%) 3 (33%) 3,2 ± 2,1µ 1 (5%) 11 (58%) 1 (5%) Pense rencontrer ces situations médicales ? 0 ≤3 ≥7 * p< 0,01 entre Urgences et Gray's Anatomy # p < 0,01 entre Urgences et Dr House, Gray's Anatomy @ p < 0,01 entre Urgences et Dr House £ p = 0,01 entre Scrubs et Dr House $ p = 0,04 entre Scrubs et Dr House, Gray's Anatomy § p = 0,04 entre Urgences et Gray's Anatomy ¤ p = 0,01 e,tre Dr House et Gray's Anatomy µ p = 0,1 entre Gray's Anatomy et Urgences, Dr House, Scrubs 14 Tableau 4 : Evaluation des séries visualisées Ugences (24 avis) Dr House (24 avis) Scrubs (19 avis) Déjà rencontré des situations semblables ? 0 ≤3 ≥7 4,8 ± 3,1# 4 (17%) 7 (29%) 9 (38%) 3,0 ± 2,4# 4 (17%) 16 (67%) 2 (8%) 4,2 ± 2,5 4 (21%) 6 (32%) 4 (21%) Pense en rencontrer dans le futur ? 0 ≤3 ≥7 7,0 ± 1,9@ 0 (0%) 1 (4%) 16 (67%) 5,5 ± 2,5@ 0 (0%) 6 (25%) 9 (38%) 6,1 ± 2,6 0 (0%) 3 (16%) 9 (47%) Vraisemblance médicale des situations 0 ≤3 ≥7 6,3 ± 1,7* 0 (0%) 1 (4%) 13 (54%) 5,3 ± 2,0 1 (4%) 6 (25%) 6 (25%) 4,3 ± 2,8* 3 (16%) 8 (42%) 6 (32%) Vraisemblance générale des situations 0 ≤3 ≥7 6,3 ± 1,4* 0 (0%) 0 (0%) 12 (50%) 4,5 ± 2,2* 1 (4%) 9 (38%) 6 (25%) 4,6 ± 2,5* 3 (16%) 6 (32%) 5 (26%) Utilité pour l'exercice futur 0 ≤3 ≥7 5,9 ± 1,7* 0 (0%) 2 (8%) 9 (38%) 4,9 ± 2,2# 1 (4%) 6 (25%) 6 (25%) 3,2 ± 2,9*# 3 (16%) 11 (58%) 3 (16%) Intérêt général 0 ≤3 ≥7 6,6 ± 1,9*$ 0 (0%) 2 (8%) 14 (58%) 6,2 ± 2,3$ 0 (0%) 2 (8%) 10 (42%) 4,7 ± 2,1* 0 (0%) 6 (32%) 4 (21%) $ p = 0,04 # p = 0,03 @ p = 0,02 * p < 0,01 15 Formulaire 1 : Intérêt général pour les séries médicales 16 Formulaire 2 : Questionnaire spécifique d'une des séries visionnées 17