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Histoire des arts / les Arts du Visuel
Niveau 3ème – Thématique "Arts, Etats et pouvoir"
Piste d’étude "L’œuvre d’art et la mémoire"
Les témoignages de la mémoire des évènements : le monument (forme et fonction)
Artiste étudié : Jochen Gerz (né à Berlin en 1940).
Jochen Gerz, Le Monument vivant de Biron, 1995-1996, Biron, Périgord, France
Commande publique: remplacer le monument aux morts (14-18) du
village de Biron, un traditionnel obélisque avec les noms des morts
gravés.
Nouveau dispositif : Gerz place des plaques émaillées sur l'obélisque
rénové portant les réponses des habitants majeurs à des questions
secrètes comme par exemple : « qu'est-ce qui est assez important pour accepter de mourir? »
« Je veux faire de ce monument aux morts un monument vivant, sans cesse réactualisé, faire en sorte qu'il soit
constamment en mouvement. Il faudra l'entretenir. Comme un agriculteur, on sera obligé d'y retourner pour le
cultiver, le réactualiser. » Jochen Gerz
Jochen Gerz et Esther Shalev-Gerz, Monument contre le fascisme, 1986-1993, Hambourg, Allemagne
Colonne d'acier construite dans le quartier Harburg de Hambourg, recouverte de plomb, de 12m de haut.
À côté de cette colonne quatre stylets
et une inscription, dans sept langues à
propos de ce monument contre le
fascisme, invitant les passants à signer.
Aussitôt que la surface disponible était
totalement écrite, la colonne devait
être abaissée pour cacher ce morceau.
Toutefois, assez rapidement, est apparu
d'autres "témoignages" : la colonne a
été couverte par des graffitis et des
slogans ("x aime y" ou "les étrangers
dehors!") et des croix gammée y ont
aussi été gravées. La colonne s'enfonça
en 8 étapes du 10/10/86 au 10/11/93.
Elle est désormais visible par fragment
à travers des fenêtres-meurtrières où
les inscriptions apparaissent comme
semblables aux longues listes de noms faisant référence à l'holocauste, avec la différence cruciale qu'ici, les hommes
sont vivants contrairement aux listes des noms des victimes.
« Nous invitons les citoyens de Harburg et les visiteurs de cette ville à ajouter ici leurs noms aux nôtres. Cela doit
nous inciter à être et demeurer vigilants. Au fur et à mesure que les noms couvriront cette colonne de 12m, elle
s'enfoncera progressivement dans le sol. Un jour elle aura complètement disparu et la place du Monument de
Harburg contre le fascisme sera vide. Car rien ne peut au long cours s'ériger à notre place contre l'injustice. »
Jochen Gerz et Esther Shalev-Gerz
Jochen Gerz, Le Monument contre le racisme,(1993) 2146 pavés gravés, retournés, Sarrebrück, Allemagne
L’inscription du nom d'un cimetière juif est retournée à l’intérieur du pavé de 13 x 12,2 cm.
En 1990, Jochen Gerz entreprend clandestinement, avec l’aide de ses
étudiants de l’école des Beaux-Arts, de desceller progressivement les
pavés de la place devant le château de Sarrebrück, ancien quartier général
de la Gestapo. Sur chaque pavé, il inscrit le nom d’un cimetière juif
d’Allemagne et le remet en place, symboliquement face contre terre. Ce
monument mémorial est donc invisible.
En avril 1990, l'ensemble des 66 communautés juives d'Allemagne (et de
la RDA de l'époque) ont été invitées à mettre à disposition les noms de
leurs cimetières. Le nombre des cimetières donnés par les communautés juives s'élevait à l'automne 1992 à 2146.
Cela a donné le nom au mémorial : 2146 pavés - monument contre le racisme, Sarrebruck. Cette œuvre n'est pas le
fruit d'une commande (il s'agissait au contraire d'une initiative de l'artiste), mais elle a par la suite été officialisée,
puisque la Schlossplatz s'appelle aujourd'hui Platz des Unsichtbaren Mahnmals (place du mémorial invisible).