Editions Archives départementales de la Creuse, 2004. ISBN2

Transcription

Editions Archives départementales de la Creuse, 2004. ISBN2
ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA CREUSE
Véronique LEBEAU et Jean-Luc LEGER, professeurs chargés du Service Educatif.
Bénédicte DUBERN, chargée du Service Educatif.
A la découverte de la Creuse avec Alphonse de Nussac
(1858-1940)
photographe de Guéret
Guéret, 2004
Editions Archives départementales de la Creuse, 2004. I.S.B.N.2086-023-013-0
REMERCIEMENTS
Nos remerciements s’adressent tout d’abord à l’ensemble du
personnel des Archives départementales de la Creuse et en
particulier à
Madame Murielle Colombier pour sa disponibilité et son aide
précieuses,
Monsieur Denis Roche pour ses photographies, digne héritier
d’Alphonse de Nussac,
Monsieur Christian Ducoin, pour l’élaboration de tous les panneaux
de l’exposition,
ainsi qu’au service reprographie du Conseil général de la Creuse,
notamment Franck Grandet et Christophe Lenoire.
Cette exposition fut possible grâce à l’aide et à la collaboration de
Monsieur Guy Marchadier (prêt de documents relatifs à Alphonse
de Nussac) et Monsieur Jacques Agis (prêt d’une chambre
photographique présentée dans le hall d’exposition).
Enfin, nous exprimons notre gratitude au Ministère de la Culture et de
la Communication (DRAC du Limousin), partenaire financier de
l’opération.
PREFACE
En 2001, le Conseil Général de la Creuse a fait l’acquisition, auprès de Jacques Agis qui en
était le dépositaire, du fonds du célèbre photographe Alphonse de Nussac, né au Bourgd’Hem en 1858 et décédé à Guéret en 1940. Ce sont 2 213 clichés consacrés à notre
département, et plus particulièrement à Guéret, qui sont ainsi venus enrichir les collections
des Archives Départementales.
Ces cartes postales constituent un témoignage irremplaçable sur la Creuse et ses habitants au
début du siècle dernier. Rien d’essentiel n’a échappé à l’œil du photographe guérétois. Il a
fixé sur ses plaques aussi bien les scènes de la vie quotidienne, les activités économiques, les
monuments remarquables, héritages des siècles passés, que les grandes manifestations
sportives ou les portraits des notables. Nul mieux que lui n’a senti la spécificité d’un
département rural, à la croisée des traditions et de la modernité.
Aussi, l’assemblée départementale que je préside, ne peut que se réjouir de voir les Archives
départementales présenter une exposition et un catalogue élaborés à partir des pièces les plus
remarquables de ce fonds.
Je remercie donc les enseignants du service éducatif, Véronique Lebeau et Jean-Luc Léger, et
tout le personnel pour ces belles réalisations, qui rencontreront, j’en suis sûr, l’intérêt d’un
large public. Je profite enfin de l’occasion qui m’est offerte pour saluer l’arrivée à la tête des
Archives départementales d’un nouveau Conservateur, Nicolas Dorhmann, à qui je souhaite la
bienvenue dans notre département et une pleine réussite dans sa mission.
Jean-Jacques LOZACH
Président du Conseil Général
AVANT-PROPOS
Définition de la carte postale :
« La carte postale est un objet, généralement un bristol rectangulaire, d’édition officielle ou
privée qui assure une communication, grâce au service public des Postes »
(Gérard NEUDIN, « Argus international des Cartes postales », 1993).
La carte postale est née en Autriche dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Elle est
autorisée officiellement en France en 1872 et connaît dans les premières années du XXème
siècle un développement fulgurant : en 1905, la production mondiale a été de 450 millions
d’exemplaires. Le sujet le plus vendu au monde est la Tour Eiffel avec plus de 5 milliards
d’exemplaires depuis 1889...
Les collectionneurs considèrent que l’âge d’or de la carte postale s’est achevé avec la fin de la
Grande guerre, en 1918. Elle est alors un média à part entière donnant à découvrir le moindre
petit village de France. Elle permet aussi de rendre compte d’évènements, de montrer les gens
dans leur activité quotidienne...
Le développement des communications (téléphone), de la photographie dans les journaux, de
l’industrialisation de la fabrication des cartes ont peu à peu relégué la carte postale à ce
qu’elle est encore aujourd’hui, un moyen rapide et passe partout de donner des nouvelles.
Les spécialistes distinguent plusieurs périodes dans l’âge d’or : 9 Les précurseurs : De 1870
à 1889, cartes officielles et privées, en général non illustrées.
9 Les débuts de la carte illustrée : Les gravures de la Tour Eiffel de Libonis pour
l’exposition universelle de 1889 et les premières cartes photographiques de Dominique Piazza
à Marseille.
9 1897-1904 : les pionnières. Le dos est alors exclusivement réservé à l’adresse, la
correspondance doit se faire du côté de la vue.
9 1904-1908 : La correspondance est peu à peu autorisée dans tous les pays au dos de la carte,
en 1904 en France, 1907 pour les Etats-Unis.
ALPHONSE de NUSSAC : Photographe à Guéret.
Alphonse de Nussac (fils d’Eugène de Nussac et de Rose Peyroux) est né au Bourg d’Hem
(canton de Bonnat) le 4 décembre 1858.
1- 6 E 20 480 : Extrait du répertoire de Maître Gallerand, notaire à Guéret.
Il épousa Célestine Berthoux (née le 12 mai 1862 à Sardent), à Guéret, le 26 juillet 1886. Il
est décédé le 9 avril 1940 à Guéret.
Le fonds du photographe Alphonse de Nussac a été vendu au Conseil général de la Creuse en
2001.Il est composé de 2213 clichés consacrés à la Creuse en général, avec un éclairage
particulier sur Guéret.
Il existe environ 500 cartes postales de Guéret avant 1914, dont près de deux cents
d’Alphonse de Nussac.
Sur une publicité de 1906, nous pouvons lire :
« PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE A. De NUSSAC, Route de Limoges, près la Place
Bonnyaud, GUERET. Six fois médaillé dans différents concours.
Paris, 1903, exposition internationale de Photographie : Diplôme de Médaille d’Or.
Seul photographe de la région faisant lui-même dans ses ateliers des photographies de toutes
dimensions, depuis la carte de visite jusqu’à grandeur naturelle, par les différents procédés
inaltérables.
Poses ravissantes et réussite infaillible pour les petits enfants et les personnes posant
difficilement.
Reproductions et agrandissements de photographies d’après groupes ou photographies
anciennes, même les plus mauvaises. »
2 : Publicité pour Alphonse de Nussac dans La République de la Creuse, 1895. 3Photographie de mariés, une des spécialités d’Alphonse de Nussac.
4-Verso d’une photographie d’Alphonse de Nussac.
5-Caricature du photographe Alphonse de Nussac.
« Le sergent recruteur : son petit est Bâtisse, çà rime avec jaunisse ;
sa dernière recrue vous casse la gu...en auto mais vous la refait en photo »
Les 2213 clichés de la Creuse d’Alphonse de Nussac permettent ainsi de mieux connaître le
département du début du siècle dernier.
Un département rural et agricole... entre tradition et modernité.
La population
Au cours du XIXème siècle, la population de la Creuse a augmenté, mais à partir de 1886, elle
diminue régulièrement (284 942 habitants en 1886, 266 235 en 1911, 207 882 en 1931, 146
214 en 1975). Ce fléchissement est dû à la dénatalité qui a engendré un excédent des décès sur
les naissances et au vieillissement de la population.
6-48 Fi 702 : La vie à la ferme.
Quant à l’exode rural, il vide progressivement le département d’une partie de sa population
depuis le passage des migrations temporaires aux migrations définitives à la veille de la
Première Guerre mondiale. Simultanément, la natalité reste faible, plus faible que la moyenne
nationale.
L’émigration saisonnière
Elle a été très importante au XIXème siècle (13 000 départs en 1808). Après la mise en
exploitation des voies de chemin de fer, maçons, paveurs et tailleurs de pierre continuaient à
partir en mars - avril des gares de La Souterraine, Auzances, Guéret, Aubusson et Bourganeuf
pour revenir en octobre - novembre. Cette émigration temporaire, source de progrès agricole,
d’enrichissement, et de propagation des idées démocratiques, a commencé à diminuer dès le
début du XXème siècle. Assurés de trouver du travail pendant l’hiver, les ouvriers partent et ne
reviennent plus. Beaucoup de jeunes délaissent le travail de la terre qu’ils jugent trop pénible
pour aller à la ville exercer un métier qu’ils croient plus facile pour une existence leur
semblant plus agréable.
Un département profondément rural
En 1911, durant la Belle Epoque, les ruraux représentent plus de 85% de la population. Les
familles des petits paysans propriétaires dominent en nombre cette société rurale, (1000
exploitations mesurent moins de 5 hectares).
Le propriétaire travaille lui-même sur l’exploitation. Mais le paysan, qu’il soit propriétaire ou
métayer, peine à vivre. Ainsi, la famille doit le plus souvent son salut aux économies du
migrant.
7-48 Fi 77 : Les fagots de bois mort.
La femme, secondée par les enfants et parfois les grands-parents, doit supporter le poids de la
ferme, assurer le travail des champs. Clé de la société rurale, mère de famille, épouse,
ménagère, elle doit s’occuper de la basse-cour, des animaux, assumer les gros travaux comme
la fenaison et la moisson. Elle doit fabriquer des fagots de branches avec du bois mort pour
allumer le feu, pour chauffer le four.
8-48 Fi 78 : La porteuse d’eau.
Elle assure également la corvée de l’eau puisée au puits et lave le linge de la famille en
utilisant de la cendre de bois comme lessive. Ainsi, deux fois par an, elle fait « la bugeade »
(grosse lessive surtout les draps), durant laquelle les femmes se retrouvent au bord de la
rivière ou au lavoir.
9-48 Fi 720 : Le lavoir.
Les cultures et l’élevage
Les sols pauvres et l’enclavement ont longtemps obligé les paysans à pratiquer la polyculture
aux rendements faibles : céréales, pomme de terre, châtaigne, élevage ovin puis
bovin...néanmoins dès la Belle Epoque, s’esquisse la spécialisation vers l’élevage, surtout le
mouton. Il ne faut pas oublier les cochons, les chevaux, les chèvres et les abeilles.
10-48 Fi 44 : Une bergère.
11-48 Fi 435 : Le rucher.
Quelques progrès.
Toutefois, cette agriculture a connu des progrès depuis la fin du XIXème siècle. La
construction des voies ferrées a ainsi permis l’acheminement d’engrais. La vente des
communaux augmente la surface des terres mises en culture.
12-48 Fi 243 : La moisson.
13-48 Fi 1511: Le moulin de Laplanche, près de Sainte Feyre.
En revanche, la mécanisation reste limitée. Les outils demeurent rudimentaires. (Il faut tout de
même noter que la faux remplace la faucille et la batteuse, le fléau). L’agriculture exige
toujours de nombreux bras pour les fenaisons, les moissons, les mises en culture. L’entraide
lors des moissons illustre l’existence d’une véritable solidarité villageoise.
Le début du XXème siècle se situe donc à la charnière entre tradition et modernité. Des
pratiques agraires ancestrales demeurent mais les campagnes ne sont pas un monde fermé à
toute modernité. L’ampleur des migrations temporaires a aussi contribué à la chute de
l’analphabétisme. Les foires, les comices agricoles, les actions de la Chambre d’agriculture,
l’ouverture de l’école d’agriculture à Ahun en 1925 sont autant d’éléments participant à la
modernisation de ce secteur d’activité.
L’école d’Ahun fut voulue par Alphonse Defumade-1844-1923-. La plaquette approuvée par
le préfet de la Creuse, le 11 juin 1926, indiquait : « L’école d’agriculture Defumade est une
école d’agriculture pratique dont l’enseignement s’adresse particulièrement aux fils de
cultivateurs, riches ou pauvres, qui veulent devenir des cultivateurs instruits, connaissant tous
les détails de la pratique agricole et au courant des applications les plus récentes de la
science de l’agriculture. Les jeunes gens des villes qui retournent à la terre comme
propriétaires, fermiers, métayers, régisseurs, chefs de culture, seront à même d’acquérir, à
l’établissement, une solide instruction professionnelle, théorique et pratique. »
14-48 Fi 258 : L’école
d’agriculture d’Ahun.
Les bourgs
Le bourg des campagnes du début du siècle dernier possède toutes les activités permettant à la
communauté villageoise de vivre dans une relative autarcie.
Les bâtisses sont sobres, sans confort. Le chaume disparaît progressivement au profit de
l’ardoise ou de la tuile. Les routes sont progressivement bitumées.
L’administration
Dans ce bourg, la campagne est encore présente en raison de l’activité d’agriculteurs au cœur
du village.
15-48 Fi 1510: Place de la Mairie et Avenue de la gare, à Sainte Feyre.
En revanche, l’église et la mairie-école témoignent des fonctions religieuse, culturelle et
politique que ne possèdent pas les hameaux (même si nombreux sont ceux où sont dispensés
un enseignement dans les petites écoles de villages). La mairie-école, souvent bâtie entre 1870
et 1890, est un bâtiment sobre et solennel. Depuis la loi de 1884, sa présence est obligatoire
dans chaque commune. Le maire, désormais élu par le Conseil municipal gère un maigre
budget. Il tient le registre d’état-civil et consulte le cadastre sous le regard de Marianne.
Quant à l’école primaire, elle accueille, depuis les lois Ferry, tous les enfants jusqu’au
certificat d’étude. Le lycée, en revanche, reste réservé à une élite.
Les foires et les marchés
16-48 Fi 90: La foire de Roches.
Foires et fêtes foraines ou patronales constituent deux évènements marquants pour la cohésion
de la population. Les paysans, les forains, les citadins s’y rencontrent et effectuent leurs
affaires. Certaines foires sont spécialisées : foire aux cochons, foire aux chèvres, marchands
de sabots, foire aux chevaux à Chénérailles.
17-48 Fi 2140: Marchand de cochons à Guéret.
Les commerces
Quelques commerçants et artisans jouent alors un rôle clef dans l’économie locale : maréchal
ferrant, forgeron, sabotier, marchand de tabac, épicier, marchand de vin, bourrelier,
quincaillier...
18-48 Fi 2144 : La boucherie Aubreton, Place Picquerelle à Guéret.
19-48 Fi 16 : Les sabotiers.
Le petit commerce s’impose. Les villes ont leurs petits notables, leurs notaires, leurs
médecins, mais aussi les artisans, les bistrots...
20-48 Fi 817 : Marchand de vin à Aubusson.
21-48 Fi 2128: Grande Rue et Nouvelles Galeries à Guéret.
Les anciennes boutiques, épiceries, chapelleries, boulangeries, bazars, merceries voisinent
avec de nouveaux commerces : marchands de cycles, garages pour automobiles.
Pour les plus grands bourgs, la halle abrite le marché comme à Auzances, Guéret...
22-48 Fi 1492 : La Halle de Guéret.
La halle fut édifiée en 1894-1895. Sous son couvert, les commerçants locaux avaient leur étal
selon un plan précis. Les murs étaient recouverts d’affiches. (Elle a été détruite en 1976 pour
être remplacée par un parking).
L’aménagement urbain
Les villes prennent conscience du manque d’eau qui engendrait le développement des
épidémies. Ainsi, l’eau des sources est captée, des canalisations souterraines en grès sont
construites.
23-48 Fi 1407 : Place Bonnyaud, à Guéret
24-48 Fi 1495: Rue de l’étang à Guéret.
Les municipalités accordent plus d’attention aux rues, en améliorant le pavage, aménageant
les trottoirs et élargissant les voies.
25-48 Fi 992 : Ecole Normale d’Institutrices à Guéret.
26-48 Fi 994 : Lycée de jeunes filles, à Guéret.
Ainsi, Guéret se dote d’égouts en centre ville, d’un hôpital à Grancher, de lycées pour les
garçons (qui remplace en 1880 le collège des Barnabites) et pour les filles (crée en 1887),
d’écoles normales d’instituteurs et d’institutrices (1888) et d’écoles primaires (dans le cadre
des lois de Jules Ferry).
27-48 Fi 13: L’école d’agriculture d’Ahun.
28-48 Fi 22: L’école d’agriculture d’Ahun.
Le département se soucie de plus en plus de l’enseignement professionnel à l’image de
l’Ecole Nationale d’Art Décoratif pour les tapissiers, créée en 1884 ; des écoles d’agriculture
(Ahun en 1925 et Genouillac), et de l’Ecole des Métiers du Bâtiment de Felletin (1911).
29-48 Fi 367 : La Caisse d’épargne de Guéret.
30-48 Fi 642 : La Banque de France de Guéret.
A Guéret, l’église Saint Pierre-Saint Paul est reconstruite de 1878 à 1885, la Caisse d’Epargne
est érigée en 1895, la Banque de France en 1899. En 1905, l’hôtel de la Sénatorerie se
transforme en musée municipal.
31-48 Fi 304 : La radiographie au Sanatorium de Sainte Feyre.
32-48 Fi 2056: Le sanatorium de Sainte Feyre.
A quelques kilomètres de Guéret, sur les flancs du Puy de Gaudy, le sanatorium ouvre ses
portes en 1906. Il est réservé exclusivement aux enseignants.
Les progrès techniques
L’épopée du rail
33-48 Fi 676 : Construction des voies ferrées.
A partir de 1851, huit voies ferrées avaient été livrées à l’exploitation. Les trois plus
importantes sont :
-de Châteauroux à Saint Sulpice Laurière ; section de la ligne Paris-Limoges (1851 ; 30 km
en Creuse),
-de Montluçon à Eygurande, section de la ligne Paris-Aurillac (1885-1887 ; 50 km),
-Saint Sulpice Laurière à Montluçon, section de la ligne Bordeaux-Lyon (1866, 86 km).
Tout au long de ces voies, les gares se multiplient selon un modèle maintes fois copié : un
bâtiment à un étage entouré d’hôtels, de bistrots...
34-48 Fi 1614 : La gare de Sainte Feyre. 35-48 Fi 907 : La gare de Guéret.
36-48 Fi 1939 : Le viaduc de Busseau sur Creuse
Quant au viaduc de Busseau sur Creuse, il forme le plus bel ouvrage d’art. Il a symbolisé une
véritable innovation dans toute la France. En effet, pour la première fois, pour des raisons de
rentabilité, les piles en maçonnerie sont remplacées par du métal. Voici ses dimensions : 337
mètres de longueur, 57 mètres de hauteur, pour une masse de 2 000 tonnes. Il fut inauguré le
vendredi 26 décembre 1864.
En 1909, la voie de Guéret-la Châtre est en construction et nécessite l’édification des viaducs
de Glénic et de Genouillac). Le tronçon Felletin-Ussel est inauguré en 1909.
Néanmoins, l’ensemble du tracé ferroviaire n’a pas réellement participé au désenclavement du
département.
Les machines agricoles, les premières automobiles et les débuts de l’aviation grâce auxquels
se distingue Védrines...constituent autant de progrès. (A Bellegarde, l’ingénieur Denhaut
expose en 1912 son hydravion).
Autre signe de la volonté d’aller de l’avant : la multiplication des concours agricoles.
L’électrification
Depuis l’utilisation de la cascade des Jarreaux( 1888-1889) par l’ingénieur Desprez qui fit de
Bourganeuf la première ville de France éclairée par la transmission de la force électrique à
distance (1886), l’énergie électrique s’est beaucoup développée dans le département grâce à la
construction de nombreux barrages : Confolens, Bonnavaud, Châtelus le Marcheix, Eguzon
sur Creuse...
37-48 Fi 1976 : Barrage d’Eguzon sur Creuse.
38-48 Fi 1864 : Barrage de Châtelus le Marcheix.
Une faible industrialisation
Etant un département essentiellement agricole et en raison notamment de l’absence de
grandes villes, la Creuse est peu industrialisée. Elle n’en possède pas moins quelques
industries importantes. La tapisserie, l’extraction de la houille, de minerais et de matériaux
divers forment les secteurs qui emploient les plus gros effectifs.
L’extraction minière
39-48 Fi 983 : Fourneaux les Mines.
Les gisements de Lavaveix les Mines, Fourneaux et Courbarioux sont exploités depuis 1855
par la Compagnie des Houillères d’Ahun.
40-48 Fi 1005 : Vue générale des houillères de Lavaveix les Mines.
41-48 Fi 1847 : L’usine à Lavaveix les Mines.
En 1880, Lavaveix fournissait 120 000 tonnes de houille et occupait 1 120 ouvriers. En 1938,
on extrayait 13 200 tonnes et employait 94 ouvriers. Depuis la Seconde Guerre mondiale et
devant l’importation de charbons de qualité supérieure, l’exploitation est en nette régression
(7 500 tonnes en 1966). Elle a cessé son activité en février 1969.
42-48 Fi 238 : Les modistes de Lavaveix-les-Mines.
Bosmoreau, connu au moins dès 1765 et dont la première concession date de 1784, avait de
1908 à 1920, une production annuelle oscillant entre 24 000 et 32 000 tonnes. Complètement
abandonnée en 1922, l’extraction reprit en 1940. Un nouveau et riche gisement, découvert en
1942, exploité avec des moyens modernes et puissants, permit d’élever la production à 60 000
tonnes en 1948. Mais, il fut vite épuisé et, en 1958, la mine fut définitivement fermée.
Au Chatelet, près d’Evaux les Bains, une société obtint en 1907, une concession pour
exploiter le minerai d’or découvert en 1898. En 1938, avec 58 ouvriers, la production était de
4 072 tonnes de minerai contenant 69 kg d’or. En 1947, 94 ouvriers avaient traité 7 221
tonnes de minerai et extrait 84 kg de métal fin. La richesse du gisement s’épuisait et la mine
fut abandonnée en 1955. On extrayait encore du quartz aurifère en 1955 à La Petite Faye,
hameau de Chamborand (80 kg d’or en 1959, 14 en 1962), mais l’exploitation en a été
interrompue en 1964. Les mines d’or de Forgeat, commune de Saint Dizier Leyrenne, ont
cessé leur activité en 1914.
Ici, le travail est particulièrement pénible et dangereux. L’inhalation de poussière arsenicale
provoque même la mort. La pollution ravageait également faune et flore. Deux cents
cinquante personnes travaillent au Châtelet à la veille de la guerre de 1914-1918. Au début du
XXème siècle, l’exploitation a déjà entamé son déclin. Jusqu’au début du siècle, les enfants, les
femmes travaillent (notamment les modistes ou trieuses) dans ces bassins miniers. Quant aux
hommes, ils rejoignent parfois un syndicat, mais la Creuse n’est pas une terre ouvrière.
Cependant, une Bourse du travail est créee en 1909.
De 1868 jusqu’en juillet 1914, les mines d’étain de Montebras, commune de Soumans,
connues des Celtes et des Romains, ont fourni 300 tonnes d’étain. La production de ce métal,
suspendue en août 1914 du fait de la guerre, ne fut pas reprise en 1919.
Sont extraites de Montebras des turquoises et des matières premières qui entrent dans la
composition des poteries, des faïences, grès et céramiques industrielles. Certains de ces
produits sont également employés en verrerie, dans les usines de produits chimiques, et dans
la fabrication des engrais azotés.
Les carrières
Terre granitique, la Creuse permet l’exploitation de nombreuses carrières de pierre, surtout au
Compeix et à Soubrebost, pour les constructions, les caveaux, les monuments
commémoratifs...
De 1920 à 1958, une société débita le granit du Maupuy en pavés, moellons et gravillons.
43-48 Fi 755 : Carrières du Maupuy.
44-48 Fi 1975 : Des ouvriers dans la carrière.
La tapisserie
La tapisserie est la seule industrie creusoise de renommée mondiale. Paralysée complètement
sous la Révolution, elle reprend son activité sous le Consulat et se relève lentement. En 1884,
l’Etat crée à Aubusson une Ecole Nationale d’Art Décoratif.
45-48 Fi 261 : Maison Danton, l’atelier.
A la fin du XIXème siècle, les fabriques d’Aubusson occupent 3 000 ouvriers. Aubusson
compte seize tapissiers en 1913 dont Braquenié, Brunschwig et Weil, Tabard et Pruneau,
Danton... Filature et teinturerie sont nécessaires pour la réalisation de l’œuvre.
Le chanvre
La culture du chanvre a marqué la vie des campagnes avant de disparaître dans l’entredeuxguerres. L’agriculteur utilise le chanvre pour ses propres besoins. Il le vend aussi à de petites
industries locales, fabriquant des draps, des nappes, des serviettes, des torchons, des chemises.
L’industrie du chanvre commence par le rouissage (séparation de la filasse -tige mâle- de la
tige), se poursuit avec l’ourdissage (première opération de la fabrication de la toile) puis par le
tissage. C’est pourquoi, chaque village possède son métier à tisser.
Autres
Les pelleteries, le travail de la fourrure à Crocq (établissements fondé à Paris en 1877 par les
familles Cougny et Chapal et groupant une dizaine d’usines dont plusieurs aux Etats-Unis), la
porcelaine à Bourganeuf (rattachée à celle de Limoges, elle exista de 1819 à 1956. un atelier
de décoration par impression à la main fut crée en 1891. elle employait entre 70 et 110
ouvriers), la construction d’outillage à La Souterraine, la bijouterie à Guéret, la diamanterie
de Felletin...sont autant de petites unités industrielles présentes aux « quatre coins » "du
département. Elles témoignent de l’existence d’industries diversifiées mais fragiles.
Le mouvement coopératif
La coopération dans le département de la Creuse s’est propagée très tôt dès le XIXème siècle,
dans le Massif Central.
La création :
La première Société Creusoise dont nous trouvons trace dans les almanachs de la Coopération
a été fondée à Bourganeuf en 1868.
La deuxième Société est celle des ouvriers mineurs de Lavaveix-les-Mines, fondée le 15 août
1873. Cette Société avait pour but « l’achat aux meilleures conditions de prix et de qualité des
substances, denrées ou marchandises de consommation, pour les revendre ensuite aux
membres de la Société, aux autres ouvriers des Houillères et à leurs familles considérées
comme membres coopérateurs, de façon à faire participer les actionnaires et les
consommateurs au bénéfice pouvant résulter de l’achat en gros de ces objets ».
La coopération n’apparaît que tardivement à Guéret, car la population industrielle est à peu
près inexistante. Cependant, il faut noter l’existence de « La Guérétoise », fondée le 27
janvier 1907, qui fut le berceau de « L’Union des Coopérateurs de la Creuse » en mai 1918,
transformé ensuite en « Union des Coopérateurs du Centre ».
Au début, le fonctionnement de « La Guérétoise » allait sans difficulté.
46-48 Fi 2182 : Union des Coopérateurs, le matériel roulant.
Un petit hangar loué dans le centre ville suffisait à entre poser les marchandises et il ne fallait
pas plus deux chevaux et une voiture pour prendre les livraisons à la gare et répartir les
marchandises dans les trois magasins. En 1919, l’entrepôt de « La Guérétoise » se révélait
chaque jour trop petit et trop éloigné de la gare. Cette même année, les administrateurs
décidèrent d’édifier un entrepôt près de la gare et en 1924, était inauguré l’entrepôt de
l’Avenue Pierre Leroux, relié directement à la gare par un embranchement de chemin de fer
particulier. Cette disposition entre le rail et la route réduisait le nombre de manutentions.
47-48 Fi 1623 : L’entrepôt des Coopérateurs.
En 1929 et 1931, cet entrepôt fut agrandi et modernisé. Il occupait les deux côtés de la rue et
sont réunis par un passage aérien et deux passages souterrains. Les agencements intérieurs les
plus modernes pour le stockage du vin et des denrées périssables furent installés.
En 1931, L’Union des Coopérateurs de la Creuse possédait 126 succursales dans le
département de la Creuse grâce à une excellente situation financière qui lui permettait
d’envisager tranquillement l’avenir.
En 1932, la Société se transforme en « Union des Coopérateurs du Centre » et les limites
géographiques ne furent plus déterminées dans les statuts et s’orienta vers les cantons du Cher
et de l’Allier.
Le vingt-cinquième anniversaire :
Le 12 juin 1932, l’Union des Coopérateurs du Centre fête son 25ème anniversaire sur la Place
Bonnyaud, à Guéret. L’assemblée générale, réunie dès le matin, est présidée par Ernest
Poisson, Secrétaire Général de la Fédération des Coopératives de Production qui inaugure en
cette occasion les derniers bâtiments nouvellement construits. Un grand banquet en cette
occasion est offert dans plusieurs lieux de la ville, puis vers 15 heures, la foule se rend place
Bonnyaud pour assister à la représentation de l’Arlésienne d’Alphonse Daudet, interprétée par
des artistes venus des grands théâtres Parisiens.
48-48 Fi 1151 : Fête des Coopérateurs.
Ainsi, pendant près de quarante ans, le mouvement de coopération s’est largement développé
dans le département de la Creuse. En 1918, on ne comptait que 12 magasins coopératifs et un
coopérateur (adhérent à la coopérative) pour 125 habitants et dès 1950, il y avait 148
magasins et un coopérateur pour cinq habitants. Durant l’entre-deux-guerres, l’Union des
Coopérateurs du Centre se préoccupa de diffuser le cinéma, d’organiser des consultations
médicales...
Quelques sites
La Creuse du début du siècle n’a pas encore une vocation touristique. Aussi, certains sites ne
bénéficient-ils pas d’une mise en valeur.
Parmi les sites photographiés par Alphonse de Nussac :
Le
château
de Saint
Germai
n
Beaupré
49-48 Fi
1019 :
Château
de Saint
Germain
Beaupré.
Ce
château
des XVIXVIIèmes
siècles appartint à la famille des Foucauld, gouverneurs de la Marche. En octobre 1605, Henri
IV revenant de Limoges s’arrêta au château et en 1666, la Grande Mademoiselle de
Montpensier y fit un séjour. Elle le jugea « très beau, très magnifique et sentant bien son air
de grand seigneur ». Trois des cinq tours initiales, appelées la Chapelle, Montpensier et du
Midi, subsistent actuellement.
Le château des Moneyroux.
50-48 Fi 80 : Château des Moneyroux.
Il est improprement appelé Château des Comtes de la Marche, car en réalité l’édifice
appartenait à Antoine Alard, seigneur des Moneyroux, trésorier des Comtes de la Marche. Il
fit construire une partie du château à la fin du XVème siècle. La seconde partie date du XVIème
siècle. Auguste Bosvieux, ancien archiviste de la Creuse donne une description de ce château
: « l’Hôtel (tel qu’il subsiste aujourd’hui) est formé de deux parties bien distinctes : un long
corps de logis tourné au Nord et parallèle à la rue et une aile au couchant formant angle droit
avec la façade principale. Voilà pour le plan général. L’aile occidentale, la seule vraiment
monumentale, se compose de deux étages élevés au-dessus d’une galerie ouverte et recouverts
d’une haute toiture en forme de pavillon. Chaque étage est éclairé par trois fenêtres
rectangulaires qu’encadre un double cordon dont l’arête aiguë se profile vigoureusement sur
les assises régulières et polies de la paroi pour se terminer à son sommet en grappe de
crochets. La galerie qui tient lieu de rez-de-chaussée s’ouvre sur la cour par trois arceaux
presque cintrés ; elle sert de base à la cage de l’escalier qui occupe toute la partie antérieure
du bâtiment et qui donne accès aux chambres établies toutes sur le côté opposé. L’œil est
attiré par cette espèce de tourelle qui masque si heureusement l’angle des deux ailes et le
commencement de la façade dont la fenêtre se détache coquettement avec son pignon aigu et
ses gerbes de crochets sur la masse de la toiture ».
Actuellement, ce château est le siège du Conseil général de la Creuse, la salle des
délibérations contient des tapisseries d’Aubusson.
Le château de Boussac.
51-48 Fi 1270 : Château de Boussac.
Il a été la propriété successivement des Sires de Déols puis des de Brosse dont un membre de
la famille, Jean Ier de Brosse, maréchal de Boussac, s’illustre aux côtés de Jeanne d’Arc. Ce
château fut restauré au XVème siècle à la suite du démantèlement au XIVème siècle par les
Anglais de l’édifice du XIème siècle.
George Sand en 1870, fuyant l’invasion, se réfugia à Boussac.
Le château de Villemonteix. (Commune de Saint Pardoux les Cards)
52-48 Fi 227 : Château de Villemonteix. Il date de la période charnière entre le XVème et
XVIème siècles. Il est formé d’un corps central portant à l’Est deux tourelles ainsi qu’une tour
carrée et
à l’ouest deux tours rondes. Les deux côtés portent un chemin de ronde.
Le château de Jouillat.
53-48 Fi 2188 : Château de Jouillat.
Il a appartenu, sous l’Ancien Régime, à de grandes familles de la Haute-Marche, dont les
Chamborand, de Bouéry, de Seiglière et de Madot. Ce château se présente sous la forme d’un
massif carré flanqué de quatre tours, une à chaque angle. A l’entrée du château, de chaque
côté du portail, se trouve une statue d’un lion en granit terrassant un homme.
Sans attirer les touristes véritablement, certains sites naturels semblent déjà au début du siècle
capter l’intérêt comme la Rigole du Diable.
La vie spirituelle
La Creuse n’est pas un département fort pratiquant, en particulier dans sa partie occidentale.
Elle n’en compte pas moins des édifices religieux remarquables.
En Creuse, tout comme en Corrèze et en Haute-Vienne, les églises sont marquées de certains
éléments communs et de caractères originaux et variés. L’unité de l’art limousin provient
avant tout de ce dur granit qui lui confère une noblesse et une simplicité de forme un peu
austère.
Auzances :
54-48 Fi 2086 : Chœur de l’église d’Auzances, pour la fête de Jeanne d’Arc, Le 20/02/1910.
Consacrée à saint Jacques le Majeur, l’église d’Auzances du début du XIIIème siècle a reçu de
nombreuses et importantes modifications. Dans son état actuel, elle comprend une nef
terminée par une abside demi-circulaire remaniée, des bas-côtés, deux chapelles modernes
greffées sur le bas-côté et un clocher à l’extrémité ouest.
Bénévent l’Abbaye :
55-48 Fi 1491 : Eglise et bâtiments de l’ancienne abbaye de Bénévent.
Le 8 novembre 1080 est la date de fondation du monastère de Bénévent. Un acte dressé ce
jour-là indique la donation par le chapitre cathédral de Saint-Etienne de Limoges, à Raimond,
Boson et leurs compagnons, de manses et d’un emplacement dans la ville de Segonzolas,
dépendant de la paroisse de Salagnac, pour construire une église.
L’essor du monastère fut très rapide ; il le dut à la possession de reliques de l’apôtre saint
Barthélemy qui lui furent apportées de la ville de Bénévent en Italie. Il prit le nom de cette
ville ; la transformation du nom était faite en 1105.
L’église bâtie en exécution de cette donation a disparu. Disposant de ressources
considérables, le monastère put édifier, vers 1150, une vaste église dont l’homogénéité prouve
la rapide construction.
Chénerailles :
56-48 Fi 2073 : La chapelle de Notre Dame de la Forêt.
La chapelle de Notre Dame de la Forêt (chapelle rectangulaire avec péristyle à colonnes et
fronton) fut construite vers 1868, en bordure de la forêt de Chénerailles, par les soins de
l’abbé Vialette, curé de cette ville.
Cressat :
57-48 Fi 1442 : L’église de Cressat.
L’église de Cressat a pour vocable Sainte Marguerite. Cette église est composée d’une nef du
XIIème siècle, de quatre travées, la dernière formant le chœur. Le clocher, carré, surmonté
d’une flèche en charpente, a été élevé au XIVème siècle.
Fresselines :
58-48 Fi 2090 : Rassemblement auprès de l’église de Fresselines.
Saint Julien de Brioude est le saint patron de cette église. La nef est à chevet droit, et
comprend une chapelle au Nord garnie de boiseries du XVIIIème siècle, et deux au Sud,
voûtées en berceau brisé.
La Nouaille :
59-48 Fi 1504 : L’église de La Nouaille. L’église de La Nouaille est sous le vocable de saint
Pierre et saint Paul. Le patronage appartenait au chapitre de la cathédrale de Limoges.
Sa construction s’échelonne du XIIème au XVIIIème siècles. Cette église, partie du XIIème siècle,
partie du début du XVèmesiècle, se compose d’une nef à chevet droit, et d’une chapelle nord.
Le clocher, rectangulaire, à un étage éclairé de baies en anse de panier, est séparé de l’église.
Saint Dizier-Leyrenne :
60-48 Fi 1469 : Place de l’église de Saint Dizier-Leyrenne. Fêtes religieuses, lieux de
prières, de procession, de pèlerinage :
61-48 Fi 167 : Baptême creusois. Le
baptême, premier des sept sacrements, est
généralement reçu dans les quarante huit
heures suivant la naissance de l’enfant.
Le mariage est également une grande fête
familiale. La majorité des unions a lieu en
février, avant le départ des migrants (fin
mars). Plus d’une centaine de convives
assistent aux deux repas, dont les menus
contrastent avec le quotidien des paysans et des ouvriers.
Pour préparer le sacrement de l’ordre, l’existence d’un séminaire est indispensable, comme
par exemple à Ajain.
62-48 Fi 1540 : le séminaire d’Ajain.
63-48 Fi 1545: La grotte de Chateauvieux, près de Jarnages, dédiée à la Vierge Marie.
64-48 Fi 2079 : Notre Dame d’Espérance, près de Roches. Cette petite chapelle de style
roman fut construite, près de Roches vers 1887, au pied du banc de rochers que surmonte une
statue de Notre Dame d’Espérance, érigée en 1877.
65-48 Fi 2089: La statue de Saint Goussaud.
Cette statue en bois du XVIIème siècle, représente le Saint ayant un bœuf à ses pieds. Ce saint
est invoqué pour la protection du bétail. L’usage populaire est de piquer des épingles dans
cette statue.
Les affaires militaires
La Creuse paie un lourd tribut à la Grande guerre, véritable saignée démographique puisque le
département perd plus de 10 000 hommes (10 941), sans compter les blessés, veuves, «
gueules cassées » dont Albert Rivière, futur ministre du Front Populaire.
Avant cette guerre, le département regroupe deux lieux de concentrations militaires :
66-48 Fi 21 : Le camp de la Courtine.
A la Courtine, le camp militaire inauguré en 1904 est le plus grand de France. En juin 1917,
le camp reçoit les régimes russes révoltés à la suite de la première Révolution russe et des
hécatombes subis sur le front français en Champagne soit plus de 16 000 hommes. La révolte
se poursuivant à La Courtine, des soldats russes sont employés pour l’écraser en septembre
1917. Certains mutins sont intégrés à la Légion Etrangère, d’autres sont emprisonnés.
A Guéret,
œ La caserne des Augustines est occupée par un bataillon du 78ème Régiment
d’Infanterie, présent également à Limoges.
67-48 Fi 1524 : Caserne du 78ème Régiment d’Infanterie, vue extérieure.
68-Portrait d’un militaire.
69-48 Fi 233 : Des militaires
œ Le dépôt de remonte occupe en partie l’emplacement de l’actuelle mairie. Les chevaux
destinés à l’armée y sont dressés. Voici un exemple des mouvements effectués dans ce dépôt :
« Le comité du dépôt de remonte de Guéret procédera, pendant le mois de février, aux achats
de chevaux de 4 à 8 ans, de ligne, de légère, de tête, de troupe et d’artillerie ; les chevaux
d’attelage devront être des animaux puissants, étoffés et légers dans leurs alhacs, et les
chevaux de pur sang de 3 ans, ayant figuré au certificat authentique d’entraînement dans les
localités ci-après : dans la Creuse à : Dun le Palleteau, Guéret, Ahun, dans la Haute-Vienne à
Saint Sulpice Laurière, Le Dorat, Limoges ; dans l’Indre à Issoudun, Clion, Le Blanc. » (Le
Mémorial de la Creuse, du 25 janvier 1903)
70-48 Fi 573 : Le dépôt de remonte de Guéret.
71-48 Fi 56 : Le dépôt de remonte de Guéret.
œ Le 91ème
Régiment
d’Infanterie
Territoriale est
également stationné
à Guéret.
72-48 Fi 2129: La Place Bonnyaud, un jour de revue du colonel.
Des loisirs
73-48 Fi 187: Des musiciens.
Les occasions d’organiser et de participer à une fête sont
nombreuses : bals, jeux de quilles, fêtes patronales,
meetings aériens, concours agricoles, représentations
théâtrales, concerts, lâchers de montgolfières....
74-48 Fi 454 : Lâcher de ballon, 1904.
La fête patronale
75-48 Fi 456: Place Bonnyaud, un jour de fête.
C’est un évènement tant pour les enfants que pour les parents. Des
chars fleuris sont confectionnés. Des manèges apparaissent sur les
places des bourgs.
Les fêtes de la Trinité.
Elles sont considérées comme un évènement à part entière par les
Guérétois. Ces fêtes ont lieu le dimanche suivant la Pentecôte
(cinquante jours après Pâques).
Les courses de vélos.
76-48 Fi 248 : Un cycliste.
77-48 Fi 633 : Grand Prix Peugeot (26 août 1911).
Dès les années 1880, le vélo a séduit les Creusois. Ainsi sont organisées des courses locales et
départementales. Pour favoriser les meilleures conditions de sécurité, le maire de Guéret
interdit aux vélocipédistes de stationner sur les Place Bonnyaud, de la Préfecture, du théâtre et
celle du Marché. Leur vitesse ne devait pas dépasser celle d’un cheval au trot. Les cyclistes
durent se munir d’une lanterne après le coucher du soleil.
Les meetings aériens.
78-48 Fi 40 : Un exemple d’avion « publicitaire ».
Très populaires dans les années 1910, les meetings sont animés par les pionniers de l’aviation,
faisant preuve d’une incroyable audace, ce qui enthousiasmait le public.
79-48 Fi 2200 : Souvenir des fêtes du 11 et 12 mai.
Le deuxième meeting aérien, ayant lieu à Charsat, déplaça une foule importante. Jules
Védrines avait des attaches avec le département, par son mariage avec une femme de
Bussière-Dunoise.
Les 11 et 12 mai 1913, le journal « le Messager de la Creuse » réunit Védrines, Landry,
Legagneux et Madame Pallier à Guéret.
La fête du cinquantenaire des écoles laïques :
80-48 Fi 1109 : Cinquantenaire des Ecoles Laïques.
La fête eut lieu le dimanche 31 mai 1931, afin de commémorer le cinquantenaire des lois de
Jules Ferry sur l’école laïque et obligatoire. Le défilé, composé des délégations des 25 cantons
(3 000 enfants) et d’une foule d’adultes, parcourt les rues de la ville. Sur la place Varillas, a
lieu un départ en ballon.
Les visites officielles :
81-48 Fi 2130 : Souvenir du concours 1904 : Arrivée du ministre Pelletan.
En 1904, lors du concours agricole et hippique, la ville de Guéret reçut la visite du ministre de
la Marine, Camille Pelletan. La foule l’accueillit à la gare, puis le ministre fit une courte
apparition au concours de l’agriculture et fut reçu à la mairie.
82-48 Fi 1520: Fête du 15 juillet 1906 : Arc de Triomphe de l’Avenue de la Gare. 83-48 Fi
2136 : Passage du ministre Barthou sur la Place Bonnyaud, 1906.
84-48 Fi 2126 : Inauguration par le ministre Barthou de l’Ecole de Filles, 1906.
Le 15 juillet 1906, le ministre des Travaux Publics, Barthou, vint à Guéret. Accueilli à la gare,
il prit place dans une voiture pour rejoindre la Préfecture par l’avenue Gambetta, le faubourg
de l’étang et la Place Bonnyaud. Il inaugura l’Ecole de Filles de la Place Varillas et la ligne de
chemin de fer entre Guéret et la Châtre.
CONCLUSION
Le riche fonds iconographique du photographe Alphonse de Nussac, coté 48 Fi, constitue une
source inestimable pour mieux connaître la Creuse du début du siècle dernier. A travers ses
centaines de photographies, il permet de mieux appréhender la réalité d’un département
profondément rural mais ouvert à plusieurs formes de modernité.
Travail à la ferme ou dans les mines, fêtes populaires ou votives, progrès techniques ou vie
immuable des bourgs...rien ne semble avoir échappé au regard du photographe de Guéret.
Quant au cadre politique, il n’est pas absent puisque Alphonse de Nussac a réalisé des prises
de vue des mairies, des visites de ministres....
Si les clichés sur les sites ou la vie rurale peuvent donner une impression d’immobilité du
temps; en revanche, la construction de gares, ou l’électrification montrent l’arrivée des
progrès techniques liée à la première Révolution Industrielle.
Ainsi, quand il meurt en 1940, Alphonse de Nussac aura pu assister aux nombreuses
mutations sociales et économiques qu’a connues la Creuse : l’épopée du rail, la dépopulation
des campagnes, la fin de l’émigration saisonnière...
85-Signature d’Alphonse de Nussac, au bas de chaque photographie.
BIBLIOGRAPHIE
AVIZOU (Guy).- Le département de la Creuse à la Belle Epoque.- brochure du service
éducatif des archives départementales de la Creuse.-1983, 29 p. avec documents en annexes,
ill., 21 x 29,7 cm.
BLONDONNET (Michel).-La Creuse oubliée, Cartes postales.- Limoges, 1993, 244 p. ill., 21
x 29, 5 cm.
BLONDONNET (Michel).-La Creuse oubliée, Tome II.- Limoges, 1995, 254
p. :ill., 21 x 29,5 cm.
BLONDONNET (Michel).- la Creuse oubliée, Tome III : Grands chantiers et petits travaux
aux XVIIIème et XIXème siècles.- Limoges, 1997, 271 p. :ill., 21 x 29,5 cm.
CHAMBRAUD (Paul).-Le mouvement coopératif de consommation dans le département de
la Creuse.- les Presses du Massif Central - Guéret-1957, 133 p. ill., 14,5 x 23,5 cm.
CHATREIX (René).- Histoire de la Creuse.- Les Presses du Massif Central, Guéret - 1976,
ill., 21 x 27 cm.
GUINOT (Robert).- La Creuse autrefois.- Editions Horvath, Saint Etienne 1995, ill. 159 p.,
16,5 x 24 cm.
HEMMER (Henri).-Châteaux de la Creuse.- Paris, 31 p. ill., 14 x 19 cm
LACROCQ Louis.-Les églises de France- Creuse-.- Paris, 1934, 207 p. ill., 20 x 25,5 cm
MARCHADIER (Guy).-Des armes et des larmes, Mémoire creusoise de la Grande GuerreEdition Alan Suuton, 2003, 160 p., ill., 17,5 x 25 cm.
PENICAUT (Michel).- Eglises de la Creuse.- Paris, 31 p. ill., 14 x 19 cm
TABLE DES ILLUSTRATONS
Extrait du répertoire de maître Galland, notaire de Guéret.
Publicité dans la République de la Creuse, 1895.
Photographie de mariés.
Verso d’une photographie d’Alphonse de Nussac.
Caricature d’Alphonse de Nussac.
La vie à la ferme.
Les fagots de bois mort.
La porteuse d’eau.
Le lavoir.
La bergère.
Le rucher.
La moisson.
Le moulin de Laplanche, près de Sainte Feyre.
L’école d’agriculture d’Ahun.
Place de la mairie, avenue de la gare à Sainte Feyre.
La foire de Roches.
Marchands de cochons.
La boucherie Aubreton, à Guéret.
Les sabotiers.
Marchand de vin à Aubusson.
Grande Rue et Nouvelle Galeries à Guéret.
La Halle de Guéret.
Place Bonnyaud à Guéret.
Rue de l’étang à Guéret.
Ecole Normale d’Institutrices à Guéret.
Lycée de jeunes filles à Guéret.
L’école d’agriculture d’Ahun.
L’école d’agriculture d’Ahun.
6 E 20480 P 6 Prêt de Guy Marchadier P 7 Prêt de Guy Marchadier P 8 Prêt de Guy
Marchadier P 8 Prêt de Guy Marchadier P 9 48 Fi 702 P 10 48 Fi 77 P 11 48 Fi 78 P 12
48 Fi 720 P 12 48 Fi 44 P 13 48 Fi 435 P 13 48 Fi 243 P 14 48 Fi 1511 P 14 48 Fi 258 P 15
48 Fi 1510 P 16 48 Fi 90 P 17 48 Fi 2140 P 17 48 Fi 2144 P 18 48 Fi 16 P 18 48 Fi 817 P 19
48 Fi 2128 P 19 48 Fi 1492 P 20 48 Fi 1407 P 20 48 Fi 1495 P 21 48 Fi 992 P 21 48 Fi 994 P
22 48 Fi 13 P 22 48 Fi 22 P 22
29 La Caisse d’Epargne à Guéret. 30 La Banque de France à Guéret. 31 La radiographie au
Sanatorium de Sainte Feyre. 32 Le sanatorium de Sainte Feyre. 33 Construction de voies
ferrées. 34 La gare de Sainte Feyre. 35 La gare de Guéret. 36 Le viaduc de Busseau sur
Creuse. 37 Barrage d’Eguzon sur Creuse 38 Barrage de Châtelus le Marcheix. 39 Fourneaux
les Mines. 40 Vue générale des houillères de Lavaveix les Mines. 41 L’usine de Lavaveix les
Mines. 42 Les modistes de Lavaveix les Mines. 43 Les carrières du Maupuy. 44 Des ouvriers
dans la carrière. 45 Maison Danton, l’atelier. 46 Union des Coopérateur, matériel roulant. 47
L’entrepôt des Coopérateurs. 48 Fête des Coopérateurs. 49 Château de Saint Germain
Beaupré. 50 Château des Moneyroux. 51 Château de Boussac. 52 Château de Villemonteix.
53 Château de Jouillat. 54 Chœur de l’église d’Auzances. 55 Eglise et bâtiments de l’ancienne
abbaye de Bénévent. 56 La Chapelle de Notre Dame de la Forêt, Chénérailles. 57 L’église de
Cressat. 58 Rassemblement près de l’église de Fresselines. 59 L’église de La Nouaille. 60
Place de l’église de Saint Dizier Leyrenne. 61 Baptême creusois. 62 Le séminaire d’Ajain.
48 Fi 367 P 23 48 Fi 642 P 23 48 Fi 304 P 24 48 Fi 2056 P 24 48 Fi 676 P 25 48 Fi 1614 P
25 48 Fi 907 P 26 48 Fi 1939 P 26 48 Fi 1976 P 27 48 Fi 1864 P 27 48 Fi 983 P 28 48 Fi
1005 P 28 48 Fi 1847 P 29 48 Fi 238 P 29 48 Fi 755 P 31 48 Fi 1975 P 31 48 Fi 261 P 32 48
Fi 2182 P 33 48 Fi 1623 P 34 48 Fi 1151 P 35 48 Fi 1019 P 36 48 Fi 80 P 37 48 Fi 1270 P 38
48 Fi 227 P 39 48 Fi 2188 P 40 48 Fi 2086 P 41 48 Fi 1491 P 42 48 Fi 2073 P 43 48 Fi 1442
P 43 48 Fi 2090 P 44 48 Fi 1504 P 44 48 Fi 1469 P 45 48 Fi 168 P 45 48 Fi 1540 P 46
63 La grotte de Châteauvieux, près de Jarnages. 48 Fi 1545 P 46 64 Notre Dame d’Espérance,
près de Roches. 48 Fi 2079 P 47 65 La statue de saint Goussaud. 48 Fi 2089 P 47 66 Le camp
de La Courtine. 48 Fi 21 P 48 67 Caserne du 78ème Régiment d’Infanterie 48 Fi 1524 P 49 68
Portrait d’un militaire. Prêt de Guy Marchadier P 49 69 Des militaires 48 Fi 233 P 50 70 Le
dépôt de remonte de Guéret. 48 Fi 573 P 51 71 Le dépôt de remonte de Guéret. 48 Fi 56 P 51
72 La Place Bonnyaud, un jour de revue du colonel. 48 Fi 2129 P 52 73 Des musiciens. 48 Fi
187 P 53 74 Lâcher de ballon, 1904. 48 Fi 454 P 53 75 Place Bonnyaud, un jour de fête. 48 Fi
456 P 54 76 Un cycliste. 48 Fi 248 P 54 77 Grand prix Peugeot (29 août 1911). 48 Fi 633 P
55 78 Un exemple d’avion publicitaire 48 Fi 40 P 55 79 Souvenir des fêtes des 11/12 mai
1913. 48 Fi 2200 P 56 80 Cinquantenaire des écoles laïques. 48 Fi 1109 P 56 81 Souvenir du
concours 1904, arrivée du ministre Pelletan. 48 Fi 2130 P 57 82 Fête du 15 juillet 1906. 48 Fi
1520 P 57 83 Passage du ministre Barthou sur la Place Bonnyaud, 1906. 48 Fi 2136 P 58 84
Inauguration de l’Ecole de Filles, 1906. 48 Fi 2126 P 58 85 Signature d’Alphonse de Nussac,
au bas d’une photographie. P 59