Martí Anson Martí Anson
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Martí Anson Martí Anson
Martí Anson Mise en échec Commissaire: Natasha Hébert Martí Anson Mataró, Espagne, 1967 Vit et travaille à Mataró et à Barcelone. Expositions solos Expositions collectives 2004 Mediterraneo –Arte Contemporanea, MACRO, Rome, Italie 2004 Art portuguès i espanyol dels anys 90, Caixafòrum, Barcelone, Espagne 2004 Looking Further, Thinking Through, Listasafni Reykjavíkur Art Museum, Reykjavik, Islande 2003 Falsa Inocència (Fausse innocence), Fundació Miró, barcelone, Espagne 2002 Hiroshima Art Document 2002, Hiroshima, Japon 2001 Arte Emergente, Exposition des prix de la Fundación Nuevo Milenio, A Coruña, Espagne L’artiste tient à remercier le département de la culture de la Generalitat de Catalunya, la Galerie Toni Tàpies de Barcelone, Innventia, La Garlopa, Rafaël Bianchi, David G. Torrès, Joan Fernàndez, Oscar Fernàndez, Francisco Lòpez, Glòria Pou, Lourdes Mora. Natasha Hébert Jonquière (QC), Canada, 1970 Vit entre Barcelone et Montréal. Critique d’art, écrivaine et commissaire d’exposition depuis 1999. Centre d’exposition Circa 372, rue Ste-Catherine Ouest - #444 Montréal (Québec) H3B 1A2 Ouvert du mercredi au samedi de 12h00 à 17h30 : 514. 393. 8248 télécopieur : 514. 393. 3803 Martí Anson Mise en échec Commissaire: Natasha Hébert 2004 Fitzcarraldo. 55 dies treballant en la construcció d’un veler Stela 34 al CASM (55 jours de travail sur la construction d’un voilier Stela 34 au CASM), Centre d’Art de Santa Monica, Barcelone, Espagne 2002 L’apartament (L’appartement), Galeria Toni Tàpies, Barcelone, Espagne 2001 L’angoisse du gardien de but au moment du penalty, Iconoscope, Montpellier, France 2000 Invitación a esparar – Invitación a passear (Invitation à passer – Invitation à attendre), Sala Alternativa Siglo 21, Malaga, Espagne téléphone du 27 d’exposition avril au 27 mai 2006 date [email protected]. http://www.circa-art.com GALERIE X GALERIE l & II Mise en échec Pour obtenir une réussite, il faut préalablement s’être fixé des objectifs. La réussite est le croisement entre les objectifs fixés au départ de l’action et l’atteinte de ces objectifs sur le point d’arrivée. L’échec est le rendez-vous manqué entre ces deux points. Nous vivons dans un monde dominé par le concept d’objectif : il faut avoir des objectifs, savoir se fixer des objectifs, consulter ses objectifs, atteindre ses objectifs, rencontrer ses objectifs. L’objectif est le roi du domaine de la réussite et la réussite, eh bien, est devenue le paradigme total, incontournable et indiscutable. L’échec, n’en parlons pas, il vit loin dans la banlieue de notre royaume, reclus et honteux. L’art n’est-il pas la grande preuve, le déploiement concret et matériel de la réussite ? Et pourtant, combien de ratages, de dérapages, de barbouillages, de détournements, d’actes inconscients, d’aléatoires, de risques, de chutes, d’errances, d’échecs et encore d’échecs, dominent le monde de la création... Mise en échec est une exposition sans prétention qui présente deux artistes, qui ont simplement éliminé l’objectif – et donc les chances de réussite -, pour se concentrer sur la construction laborieuse d’une œuvre consacrée à l’échec. De prime abord futiles et incertaines, ces œuvres ouvrent la réflexion sur tous ces objectifs, ces attentes, ces réussites et ces échecs qui encombrent nos vies. Martí Anson En décembre 2004, et pour 55 jours de travail ouvrables, Martí Anson s’est acharné à construire, dans un centre d’exposition de Barcelone, un voilier de plaisance, grandeur nature. Seul, sans aucune expérience concrète dans ce type de construction, avec quelques plans du fabricant glanés sur internet, dans un espace sans issue pour l’en extraire, avec un délai trop court pour le terminer, l’artiste a mis en scène ses propres rêves de grandeurs, ses frustrations personnelles et ses attentes. L’échec était officiellement annoncé, le public ne devait s’attendre à aucune surprise signifiante. Le Fitzcarraldo a été détruit, et a emporté avec lui des heures de labeur inutile. Martí Anson travaille sur les attentes, les frustrations et les échecs, sur le labeur en soi, sans finalité, sans issue, sur les pertes d’énergie et les fausses résolutions de problème. Par ses constructions architecturales, ses photographies et ses vidéos, il travaille - tel Gabriel Garcia Marquès et ses Chroniques d’une mort annoncée -, avec cynisme et humour à l’élaboration d’attentes, inévitablement déçues. Véritables chiens de Pavlov dans un monde d’action hollywoodien, nous sommes affamés de provocations, de surprises, de confrontations, de nouveautés, de déséquilibres. Et cette faim est le terrain de jeu de l’artiste, qui ne vous donne rien d’autre à manger que votre propre main. Pour le projet présenté chez Circa, Anson s’est appliqué à travailler sur un absurde vol de tableau qui n’aura jamais lieu. Influencé par les films de vol américain du type Ocean Twelve ou the Killing, (confondant le Québec avec les États-Unis), des films de vol brillants, coûteux et technologiques, il a tenté faire de même à ‘l’espagnole’ (un autre cliché, étant lui-même Catalan), soit avec très peu de moyens, sans précaution, sans discrétion et sans finesse. Pourquoi un vol ? Parce que le vol d’œuvre d’art serait un des grands marchés secondaires de ce siècle. Pour attirer l’attention. Parce que comme le dit Woody Allen, dans le film Prends l’oseille et tire-toi : « Ça vaut la peine. L’horaire est bon, tu es ton propre patron et tu rencontres des gens intéressants. En général, c’est un bon emploi. ». Parce qu’un vol est une œuvre d’art... L’oeuvre à voler était au choix de la commissaire. Le Ken Dryden de Serge Lemoyne du Musée des Beaux-Arts de Montréal a été choisi parce qu’il est plus facile à copier qu’un Riopelle, plus complexe qu’un Borduas. Elle n’a que trois couleurs simples de base, ce qui simplifie l’exécution. Sa valeur de revente est inférieure aux Basquiat, Beuys, Richter qui l’avoisinent, mais elle est imprégnée d’un symbolisme culturel auquel nous sommes sensibles. Donc, ni l’artiste ni son équipe de travail ne connaissaient le musée, l’oeuvre, l’artiste, la toile, le hockey, le masque du gardien de but ou les couleurs de l’équipe. C’est à partir de quelques images, du plan remis aux visiteurs à l’entrée et d’une carte postale de la toile achetée à la boutique, qu’ils ont reproduit à Mataró le vol du Ken Dryden de Serge Lemoyne au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Fiction et réalité s’entremêlent. Un objet lourd de sens ici, devient des taches de couleurs à reproduire là-bas. Nous rejouons l’échec fondateur des premiers contacts entre l’Europe et l’Amérique. Nous espérions que notre invité soit ému et inspiré par nous, qu’il en soit transformé. Hélas, le monde contemporain lui a appris à construire une parodie de nous, chez lui, sans nous. Natasha Hébert