Prévenir le suicide chez les hommes

Transcription

Prévenir le suicide chez les hommes
DOSSIER
Comprendre
la détresse des
hommes,
mieux
intervenir
EXPERTE INVITÉE
Dre Suzanne éveillée, psychologue
[email protected]
La Dre Léveillée est psychologue depuis 1987 et professeure à l’Université
du Québec à Trois-Rivières depuis 1994. Ses projets de recherche portent sur
les enjeux psychosociaux, la santé mentale et la violence intrafamiliale.
Elle donne des formations sur ce sujet et elle exerce en pratique privée
(psychothérapie et expertise psycholégale).
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o
5 | DOSSIER
La détresse vécue par les hommes est bien réelle. En traitant de ce sujet, plusieurs questions nous
viennent en tête. D’une part, la détresse vécue par les hommes diffère-t-elle de celle des femmes ?
D’autre part, comment cette détresse s’exprime-t-elle et quels en sont les déclencheurs ?
Enfin, qu’en est-il de la demande d’aide effectuée par les hommes ? En tant que psychologue,
il est important de bien évaluer ces enjeux spécifiques aux hommes pour intervenir
de manière plus efficace.
Les différences hommes-femmes
La comparaison entre les hommes et les femmes a fait l’objet
de plusieurs études en lien avec la séparation, l’autodestruction et la demande d’aide. Un des déclencheurs de détresse
intense chez les hommes (a ects dépressi s, comportements destructeurs ou violents contre soi ou autrui) est sans
aucun doute la séparation amoureuse. Selon plusieurs études,
les hommes prennent moins fréquemment l’initiative de la
rupture que les emmes en moyenne,
des emmes
prennent la décision de la rupture (Cyr-Villeneuve et Cyr, 2009).
Les conséquences de ce constat pourraient être un vif sentiment de trahison, le peu de préparation à la perte qui arrive
subitement pour les hommes. Ainsi, le processus de deuil
vis-à-vis des pertes (de la conjointe, des enfants) débute à
un moment di érent chez les hommes de chez les emmes
(Genest-Dufault, 2013). Les hommes entretiendraient plus
longtemps des fantaisies de réconciliation. Aussi, entretenir un
attachement envers une personne qui n’est pas attachée en
retour engendrerait de la honte et une baisse de l’estime de
soi. De plus, certains hommes se sentent trahis et réagissent
par des comportements violents lors de l’annonce de la séparation (Baum,
llis, Stuc less et Smith,
).
n e et, certains hommes présentent des comportements
violents envers leur conjointe pendant la période de la séparation, même s’ils n’en avaient jamais présenté avant. Le manque
de mots, le trop plein d’émotions, les di cultés à contenir ses
émotions lors d’un stress intense pourraient expliquer, sans les
ustifier, des comportements agressi s en contexte de séparation (Léveillée et Lefebvre, 2010). D’autres travaux indiquent un
lien entre la séparation et des épisodes de dépression majeure
(Baum, 2004), une augmentation de la consommation d’alcool
et des comportements autodestructeurs ( olves, Ide et e eo,
2010).
Demander de l’aide n’est pas aisé pour les hommes
Les hommes présentant des valeurs masculines traditionnelles plus ancrées en lien avec la performance, la force et
la restriction émotionnelle démontrent plus de di cultés à
demander de l’aide. Ces valeurs seraient aussi liées à des
di cultés à reconna tre leur vulnérabilité (Fletcher et
St-George, 2010). De plus, la honte masculine serait associée
aux valeurs masculines : plus ces valeurs sont ancrées, plus les
hommes éprouvent des di cultés à demander de l’aide, et plus
ils ressentent de la honte (Parcel, 2010).
La demande d’aide des hommes : quand paroles
et comportements s’entremêlent
Parfois, l’expression d’agressivité est la seule porte d’entrée
vers la verbalisation la détresse s’exprime souvent chez les
hommes par des comportements ou propos teintés d’agressivité. es propos auraient pour onction de masquer les a ects
dépressifs. Même dans ce contexte, il importe dans la mesure du possible de faire preuve d’empathie et de respect, de
démontrer notre intér t à mieux comprendre les di cultés
vécues et exprimées sans adopter un ton moralisateur ou
culpabilisant ( uilmette et coll., sous presse, mars
).
Il demeure essentiel de ne pas accepter une agressivité qui
dépasserait nos limites personnelles ou professionnelles.
Toutefois, nommer la détresse sous-jacente à l’irritabilité reste
un outil thérapeutique à retenir.
Quand les comportements remplacent les mots, un
espace de parole sécuritaire et sans jugement pourrait aider
les hommes en détresse à nommer le trop-plein d’émotions
et ainsi diminuer le risque de passage à l’acte violent. Par
exemple, dans le contexte d’une séparation con ictuelle o
l’homme a des comportements violents, Vasselier-Novelli et
Heim (2010) soulignent que des rencontres (individuelles ou
de groupe) permettent à l’homme de se sentir écouté, de voir
que l’on reconnaît sa détresse, malgré, par exemple, les accusations portées contre lui. Dans un tel contexte judiciaire, une
ou deux rencontres de soutien pourraient précéder un travail
thérapeutique ultérieur plus approfondi.
Le groupe, un outil de traitement fort
appréciable pour les hommes
n des défis de l’intervention aupr s des hommes est de les
aider à briser l’isolement, à élargir leur réseau de soutien et
à réinvestir leurs liens sociaux ( remblay et ’ eureux,
). es pratiques de groupe o rent aux hommes la possibilité de recevoir du soutien émotionnel et l’opportunité de
créer des liens significati s. e plus, une des orces de l’intervention de groupe est de stimuler le lien social permettant à la
personne de se sentir moins seule et isolée dans une période
di cile, et ce, à un moment précis de sa vie. es personnes en
détresse ont souvent l’impression que leurs di cultés pourraient durer toute leur vie.
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Quatre textes sur la détresse masculine
Les thèmes abordés dans cette brève mise en contexte sont
repris et élaborés plus à fond par les auteurs du présent
numéro thématique. Les auteurs nous font part de leur
expertise en arrimant les résultats de recherche à la pratique
clinique. Ainsi, partant de travaux récents, ils proposent des
pistes d’intervention pertinentes à prendre en compte quand
le psychologue recoit un homme en consultation.
La question du suicide est particulièrement sensible pour les
hommes et les psychologues doivent y porter attention. Les
auteures Janie Houle et Brigitte Lavoie ont écrit deux textes
en collaboration. es textes intitulés
révenir le suicide chez
les hommes et
ratiques à promouvoir pour mieux aider
les hommes traitent des travaux récents et proposent des
pistes d’intervention concr tes et spécifiques aux hommes.
La détresse vécue par les hommes lors d’une rupture conjugale est abordée par Richard Cloutier. Dans son texte intitulé
upture con ugale et détresse masculine , l’auteur nous
sensibilise à ce phénom ne et soul ve l’importance d’o rir
aux hommes un accompagnement sur les plans relationnel,
uridique et financier. et accompagnement pourrait assurer
un filet de sécurité sociale appréciable. nfin, le th me de la
détresse entourant le poids, l’image corporelle et l’insatisfaction corporelle a beaucoup été développé pour les femmes,
mais peu de travaux portent sur ce type de sou rance chez les
hommes. ans leur texte intitulé
’insatis action corporelle
chez les hommes : une détresse méconnue qui mérite notre attention , Patricia Groleau et Jodie Richardson présentent les
travaux e ectués sur cette thématique et abordent quelques
éléments d’évaluation et de traitement, ainsi que les directions
futures dans ce domaine de recherche et d’intervention encore
trop peu connu.
Puisse la lecture de ces textes être stimulante et motivante,
tout en avorisant la ré exion et une meilleure pratique aupr s
de la clientèle masculine.
Bibliographie
Baum, N. (2003). The male way of mourning divorce: When, What, and How.
Clinical social work journal, 31(1), 37-50.
Baum, N. (2004). On helping divorced men to mourn their losses.
American Journal of Psychotherapy, 58(2), 174-185.
Cyr-Villeneuve, C., et Cyr, F. (2009). En quoi et pourquoi les hommes et les femmes
sont-ils affectés différemment par la séparation conjugale? Psychologie française,
54, 3, 241-258.
Ellis, D., Stuckless, N., et Smith, C. (2015). Marital Separation and Lethal Domestic
Violence. London and New York : Routledge.
Fletcher, R. J., et St-George, J. M. (2010). Men’s Help-Seeking in the context of family
separation. Advance in Mental Health, 9, 1, 49-62.
Genest-Dufault, S. (2013). Les hommes nus d’amour, l’expérience masculine de la rupture
amoureuse : perspectives sur le deuil, le genre et le sens dans l’hypermodernité, (thèse de
doctorat), Université Laval, Québec.
Guilmette, D., Tremblay, G., Genest-Dufault, S., Audet, S., et Léveillée, S. (Sous presse,
à paraître en mars 2016). La rupture au masculin : comprendre et intervenir. Dans
Saint-Jacques, M. C., Lévesque, S., Robitaille, C., et St-Amand, A. (dir.) Séparation
familiale, recomposition familiale : enjeux contemporains, Presses de l’Université
du Québec.
Kolves, K., Ide, N., et De Leo, D. (2010). Suicidal ideation and behaviour in the
aftermath of marital separation: Gender differences. Journal of Affective Disorders,
120(1-3), 48-53.
Léveillée, S., et Lefebvre, J. (2010). Ces hommes qui tuent leur famille. Vers une meilleure
compréhension de l’homicide conjugal masculin et du familicide. Saint-Jérôme:
Éditions Ressources.
Parcel, R. (2010). Développement et validité initiale du questionnaire de la honte
de la vulnérabilité masculine. Thèse de doctorat, Université de Sherbrooke.
Tremblay, G., et L’Heureux, P. (2010). Des outils efficaces pour mieux intervenir auprès
des hommes plus traditionnels. Dans J. M. Deslauriers, G. Tremblay, S. Genest-Dufault, D. Blanchette et J.Y. Desgagnés (éd.). Regards sur les hommes et les masculinités :
Comprendre et intervenir, p. 125-151. Québec : Presses de l’Université Laval.
Tremblay, G., Roy, P., Morin, M.-A., Desbiens, V., et Bouchard, P. (2011). Conflits
de rôle de genre et dépression chez les hommes. Revue québécoise de psychologie,
32 (1), 181-200.
Vasselier-Novelli, C., et Heim, C. (2010). Représentations de couple et de la famille,
chez les auteurs de violence conjugale à partir d’expériences comparées de
groupes de paroles. Thérapie familiale, 4, vol. 31, 33-56.
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418 653-0193
Dossier
Pratiques à promouvoir pour
mieux aider les hommes
Brigitte Lavoie
Psychologue
Dre Janie Houle
Psychologue
Mme Lavoie est psychologue, superviseure et formatrice principale de
Lavoie Solutions. Elle offre plusieurs
formations reconnues en psychothérapie, dont l’une sur l’intervention
auprès de la clientèle masculine.
La Dre Houle est psychologue communautaire, professeure au Département de psychologie de l’Université
du Québec à Montréal et chercheure
à l’Institut universitaire en santé
mentale de Montréal.
Au Québec, les hommes se suicident de trois à quatre fois plus que les femmes1 et ont
une espérance de vie de quatre années inférieure2. Lorsqu’ils sont en détresse, les
hommes sont moins nombreux à consulter des ressources d’aide que les femmes3-4
et ceux qui le font obtiennent un moins bon suivi . Par exemple, une étude portant sur
Montréalais ayant re u un nouveau diagnostic de dépression montre que les
hommes sont moins susceptibles d’obtenir un suivi médical après leur diagnostic, de
bénéficier d’une continuité de soins et de recevoir un nombre optimal de rencontres5.
Dans la même veine, les hommes qui consultent dans une urgence pour des raisons
de santé mentale sont moins nombreux que les emmes à obtenir un suivi (
contre
) . n ce qui concerne les hommes hospitalisés pour des raisons de santé mentale,
ils sont plus souvent dirigés à leur domicile après leur congé que les femmes, alors
que celles-ci sont plus nombreuses à obtenir un suivi en CLSC .
nfin, une étude qualitative aupr s de
hommes utilisateurs
de services dans la région de Montréal a révélé que les hommes
en détresse rencontraient souvent de nombreux obstacles
dans l’accessibilité aux services, dont l’obligation fréquente
de faire de multiples demandes d’aide avant de trouver la
ressource qui pourra et acceptera de répondre à leurs besoins .
Le manque de formation des professionnels quant aux réalités
masculines a été mentionné par plusieurs participants comme
un élément nuisant à la qualité des soins qui leur sont o erts.
Accroître l’accessibilité à la psychothérapie
Il ne faut pas croire que tous les hommes soient réfractaires
à la psychothérapie, au contraire. Une étude récente auprès
de personnes vivant un premier épisode de dépression montre
que, chez les participants qui avaient une pré érence,
des
hommes préféraient la psychothérapie aux antidépresseurs
comme modalité de traitement8. Cependant, plusieurs n’y auront pas accès en raison des multiples barrières qui se dressent
sur leur route, telles qu’un manque d’accompagnement dans la
référence, des délais trop longs ou de nombreuses tentatives
infructueuses. Les psychologues peuvent améliorer l’accessibilité à leurs services en facilitant l’accès à la première rencontre.
Accepter qu’un proche prenne le premier rendez-vous
ans plusieurs amilles, les rendez vous (du coi eur au médecin) sont pris par la mère ou la conjointe. On pourrait souhaiter
qu’il en soit autrement, mais comme psychologue, il faut tenir
compte de cette réalité. xiger cet appel peut représenter une
barrière infranchissable. Les hommes sont plus ouverts à la
psychothérapie si on les accueille quand ils sont en crise, qu’ils
aient téléphoné ou non9. Les psychologues qui ont commencé
à agir de la sorte ne rapportent pas de di érence dans l’engagement du client, au contraire. Les clients apprécient souvent
l’ouverture du psychologue et sont enclins à aire confiance
à un clinicien qui a compris que cet appel était au-dessus de
leurs forces (sans qu’ils aient à le lui dire).
Accepter qu’il soit accompagné à la première rencontre
Certains hommes ressentent le même malaise dans un bureau
de psychologue que certaines femmes dans un garage. Pour
s’assurer qu’elles peuvent aire confiance aux propos du garagiste, il n’est pas rare que certaines femmes demandent à un
homme de les accompagner. Peu importe le genre du psychologue, il est important de se rappeler que la psychothérapie
se joue sur un territoire plus féminin. La couleur des murs, les
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revues dans la salle d’attente, les mots et même le ton utilisés
peuvent susciter de l’inconfort. Certains hommes souhaitent
eux aussi tre accompagnés et l’expriment ainsi : Je ne sais
pas si je vais me faire avoir, c’est quand même quelqu’un qui va
me jouer dans la tête… Puisqu’ils ne sont pas à l’aise dans cet
environnement, leur nervosité s’apaisera plus facilement s’ils
peuvent compter sur l’avis d’une personne qui connaît cet univers. n assouplissant cette premi re rencontre, le clinicien
obtiendra sans doute plus rapidement certaines informations
que le client aurait pu oublier considérant la gravité de ses
symptômes.
Choisir des interventions qui tiennent compte
des exigences de la masculinité
Certaines recherches ont démontré que les hommes qui
adhèrent aux exigences de la masculinité traditionnelle
auront plus de di cultés à répondre aux exigences de la thérapie10. C’est pour ces hommes en particulier qu’il est nécessaire
d’adapter nos interventions. Quand on sait qu’il peut être difficile pour certains de montrer leurs aiblesses, d’ tre vulnérables, de reconnaître leurs échecs, d’exprimer leurs émotions
et d’admettre leur ignorance9, on peut facilement imaginer
qu’ils auront de la di culté à bien répondre à un traitement
où ces conditions sont réunies. Les bonnes pratiques invitent
les psychologues à adapter leurs interventions en fonction des
traitements démontrés e caces et à tenir compte des pré érences et du contexte du client. L’approche orientée vers les
solutions a été démontrée aussi e cace et dans certains cas
plus rapide10 que d’autres traitements basés sur les données
probantes. lle o re une possibilité qui tient compte des
exigences de la masculinité. Sans pour autant adopter cette
approche de a on exclusive, nous o rirons ici quelques pratiques qui sont issues de cette approche11 et qui pourraient
favoriser l’adhésion de cette clientèle et la réussite d’une intervention auprès de celle-ci.
S’intéresser à ses histoires de compétences
et souligner ses forces
Puisque l’homme se sent souvent honteux d’avoir à demander
de l’aide, il sera particulièrement important de lui donner la
possibilité de montrer qu’il est compétent (ou qu’il l’a déjà été).
Avec un homme à la retraite qui se sent démuni, il peut être
pertinent de lui poser des questions sur sa plus grande réalisation au travail. S’il a des di cultés au travail, mais qu’il semble
avoir une bonne relation avec ses enfants, il serait fort utile
de lui demander de raconter un moment où il a été particulièrement fier. our surmonter les di cultés d’introspection de
certains, on leur demande de raconter des événements avec
le plus de détails possible. C’est le psychologue qui pourra lui
re éter ses orces, mettre en évidence ses valeurs et le complimenter sur ses habiletés ou ses intentions : Dans ce que vous me
racontez, il est clair que vous avez toujours eu à cœur de préserver
la dignité de vos employés ; on voit que vous êtes un citoyen engagé ; un père qui veut être près de ses enfants.
n lui donnant la possibilité de parler de ses réussites, on lui
donne l’occasion de se présenter au meilleur de lui-même, de
nous révéler qui il est. Il est plus grand que ses problèmes. Il est
important qu’il sente que nous le voyons ainsi.
Proposer une tâche qu’il est presque certain de réussir
Faire ace aux échecs est extr mement di cile pour certains
hommes. Certains pourraient ne pas commencer s’ils ne sont
pas s rs de réussir. es hommes vont apprécier avoir une t che
à accomplir à l’extérieur des rencontres. Il sera cependant
extrêmement important de choisir une action qui leur permettra de vivre un succès. Le psychologue augmente cette
probabilité s’il demande au client de répéter une action qui a
déjà marché (pour lui) ou de reprendre des pensées qui l’ont
déjà aidé à rebondir dans le passé. Quand le client a très peu
d’énergie, une t che d’observation sera aussi plus accessible (par exemple : remarquer les moments o a va un peu
mieux). Le psychologue peut aussi suggérer d’enlever des
t ches avant d’en a outer. Il sera par ois nécessaire d’encadrer
certaines recommandations pour qu’il accepte de les considérer.
Par exemple, le mot permission peut être emprunté au monde
militaire pour suggérer une action. n e et, quand les soldats
ont une permission, ils ont la possibilité de laisser leurs obligations et d’aller voir leur famille, de s’amuser. Certains hommes
ont parfois l’impression qu’ils doivent lutter tant qu’ils n’ont pas
triomphé de leurs symptômes. Cette attitude peut contribuer
à ce qu’ils s’empêchent de faire des activités qui pourraient les
aider à aller mieux (par exemple : aller à la p che avec des amis
pendant qu’ils sont en congé de maladie).
Préserver sa dignité s’il a échoué
Si le client n’a pas réussi ce qu’il devait faire entre les rencontres,
il sera important de lui permettre de sauver la ace. a a on recommandée est de prendre la responsabilité et de reconna tre
des acteurs externes : Je suis désolé, j’ai sous-estimé le niveau
de difficulté. Vous avancez avec face au vent, on ne peut pas aller
aussi vite dans ce temps-là. Regardons ensemble ce qui serait plus
réaliste. Il ne s’agit pas ici de se confondre en excuses, mais de
présupposer qu’il n’a pas échoué par manque de volonté. C’est
probablement héroïque pour certains d’avouer qu’ils n’ont pas
été capables de remplir leur engagement. Notre réaction peut
favoriser l’adhésion aux rencontres ou au contraire, briser la
relation de confiance et aire en sorte que ce soit la derni re.
Accueillir l’expression des émotions (au masculin)
Plusieurs psychologues qui travaillent exclusivement avec une
client le masculine ont cessé d’utiliser la phrase : Comment
te sens-tu ? a ne veut pas dire pour autant que l’expression
des émotions est évacuée des rencontres, au contraire. Il est
possible d’avoir accès à ce qu’ils ont ressenti en posant des
questions di érentes : Comment as-tu réagi quand il t’a dit ça ?
Quel a été l’effet sur toi ? Leurs réponses pourraient être très
éloquentes comme celle ci : Je me suis senti comme une boîte
de courriel qu’on ouvre après avoir été sur le mode avion pendant 10 jours. Tu sais… quand ça n’arrête pas de sonner. Quand
on pense que c’est fini, il y en a encore d’autres. Un autre client
a déclaré devant ses collègues, après avoir échappé de justesse à la mort : Moi je vous le dis, les gars, c’est ce soir que je la
demande en mariage ! st il nécessaire que le premier admette
qu’il se sent complètement dépassé et que le second avoue
qu’il a eu peur de mourir Ils n’ont peut tre pas utilisé les mots
consacrés, ils n’expriment pas moins ce qu’ils ressentent. Il est
possible de comprendre sans leur demander de traduire.
Programme
de formation
continue*
Conclusion
Nous espérons que ces pratiques (sans être exhaustives) vous
o riront des pistes pour mieux aider les hommes. ous avons
choisi celles qui pouvaient se réaliser dans les prochains jours.
Ces petits changements pourraient avoir des impacts importants sur l’accessibilité, l’adhésion et la réussite du traitement
(plus particulièrement auprès des hommes qui adhèrent aux
règles de la masculinité). Au Québec, certains groupes militent
pour que les hommes se libèrent de ce cadre rigide qui peut
leur aire vivre de la sou rance. out en reconnaissant les
e orts qui sont aits à cet égard, nous ne pouvons pas attendre
que les hommes changent pour que nous puissions mieux les
aider. Il est possible de le faire dès maintenant en les accueillant tels qu’ils sont.
Bibliographie
1. Légaré, G., Gagné, M., St-Laurent, D., et Perron, P.-A. (2015). La mortalité par suicide
au Québec : 1981 à 2011. Mise à jour 2014. Institut national de santé publique du Québec.
Gouvernement du Québec.
2. Payeur, F. F. (2015). « La mortalité et l’espérance de vie au Québec en 2014 ». Institut
de la statistique du Québec, Coup d’œil sociodémographique, nº 40.
3. Houle, J., et Guillou-Ouellette, C. (2014). Analysis of coroners’ records on suicide mortality
in Montreal: Limitations and prevention implications. Chronic Diseases and Injuries in
Canada, 34(1), 23-29.
4. Vassiliadis, H. M., Tempier, R., Lesage, A., et Kates, N. (2009). General practice and mental
health care: determinants of outpatient service use. Canadian Journal of Psychiatry, 54(7),
468-476.
5. Houle, J., Beaulieu, M. D., Lespérance, F., et coll. (2010) Inequities in medical follow-up for
depression: a population-based study in Montreal. Psychiatric Services, 61(3), 258-263.
6. Filion, G. (2012). Portrait des usagers en santé mentale, selon le sexe, le territoire du CSS
SAM-N et autres territoires de CSSS de la région de Montréal. Période 2009-2010. Centre
de santé et de services sociaux d’Ahuntsic et Montréal-Nord.
7. Lajeunesse, S. L., Houle, J., Rondeau, G., Bilodeau, S., Villeneuve, R., et Camus, F. (2013).
Les hommes de la région de Montréal : Analyse de l’adéquation entre leurs besoins psychoso
ciaux et les services qui leur sont offerts. Montréal: ROHIM.
8. Houle, J., Villaggi, B., Beaulieu, M.D., Lespérance, F., Rondeau, G., et Lambert J. (2013).
« Treatment preferences in patients with first episode depression ». Journal of Affective
Disorders, 147, 94-100.
9. Dulac, G. (1999) Intervenir auprès des clientèles masculines. Théories et pratiques
québécoises. Montréal. A.I.D.R.A.H.
10. Franklin, C., Trepper, T., Gingerich, W.J., et McCollum, E.E. (2012). Solution-focused
brief therapy: A handbook of evidence-based practice. NY: Oxford University Press.
11. Bavelas, J., De Jong, P., Franklin, C. et coll. (2013). Solution Focused Brief Therapy Treatment
Manual for Working with Individuals. Solution Focused Brief Therapy Association.
Mieux comprendre pour mieux intervenir:
L’Institut de Psychologie Projective
« Évaluation structurale de
la personnalité
(Rorschach,TAT) »
Odile Husain, Ph.D.,
en partenariat avec le Centre de Psychologie Gouin,
assure le Niveau I (40h) qui débutera le 13 janvier 2016.
Inscription avant le 30 novembre 2015
*formation reconnue par l’OPQ
www.psychologieprojective.org
[email protected]
Dossier
Rupture conjugale et détresse masculine
Dr Richard Cloutier
Psychologue
Le Dr Cloutier est professeur émérite associé à l’École de psychologie
et au Centre de recherche sur les jeunes et les familles à risque (JEFAR)
de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval.
L’évolution rapide du portrait de la famille constitue l’un des changements marquants
de l’histoire sociale récente au uébec. Si personnes sur
vivent tou ours dans une
1
cellule familiale , la base conjugale de la famille s’est radicalement transformée. Plus de
la moitié des couples de
ans et moins vivent en union libre,
des en ants naissent
hors mariage et plus d’un enfant sur trois ne vit pas avec ses deux parents biologiques2.
La séparation conjugale est devenue un phénomène courant, mais ses conséquences
psychosociales demeurent di ciles à anticiper.
Plusieurs facteurs interagissent pour moduler l’impact de la
séparation con ugale : initiateur ou quitté niveau de con it
dans le couple présence d’en ant statut con ugal (mariage ou
union libre) durée de l’union infidélité présence de violence
physique ou psychologique irritants financiers et ressources
matérielles disponibles santé physique et mentale niveau
d’éducation étape de vie ( eune, senior, a né) unions antérieures culture religion qualité du réseau de soutien social etc. Il existe certainement des cas où la séparation conjugale
est anticipée, opérée en douceur et bien gérée dans toutes ses
facettes. Mais le plus souvent, la rupture donne lieu à une crise
dans la vie des acteurs. Si la majorité des individus réussissent à
surmonter les défis que pose cette transition3, une trop grande
proportion n’y arrivent pas et, parmi ceux-là, les hommes quittés sont à risque d’aller plus loin dans l’enlisement relié à la
crise de la séparation ils sont au c ur de la ré exion qui suit.
Facteurs de risque masculins
Chaque mois, sinon chaque semaine, les médias rapportent
une agression fatale commise par un individu de sexe masculin en rupture conjugale où, a posteriori malheureusement, on
prend connaissance d’éléments de détresse, de rejets ou de
pertes annonciateurs d’un risque de dérive. La déstabilisation
de la rupture frappe aussi les femmes, sans contredit4. Mais
sans prétendre à l’exclusivité de genre, que peut on identifier
comme plus spécifique aux hommes quittés dans la dynamique de leur détresse et de leur plus grand risque de dérive Plusieurs facteurs de risque sont typiquement associés aux
hommes dans leur rapport à leur santé et aux services : ils
ont tendance à sous-estimer et à négliger leurs problèmes
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o
5 | DOSSIER
de santé physique et mentale, ils tardent à demander de l’aide,
ils consultent moins les services existants, etc. 5. Voici quelques
déterminants associés à la détresse masculine en lien avec la
rupture conjugale.
Un déficit de lecture émotionnelle. La socialisation masculine
traditionnelle repose sur la valorisation de la force, de l’indépendance, de la persévérance et sur la restriction de l’expression des vulnérabilités. ypiquement, les gar ons sont entra nés à restreindre l’expression de leurs sentiments intimes,
de leurs craintes et de leurs besoins d’aide, parce qu’en faire
part, c’est traduire sa faiblesse . n psychologie du développement, les ancrages instrumentaux de l’identité masculine et
les assises relationnelles de l’identité féminine sont reconnus
comme vecteurs d’orientation de la conformité aux rôles de
genre . La prégnance des valeurs de socialisation masculine
traditionnelle (force, autonomie, courage, initiative, détermination, etc.) détournerait les gar ons de l’univers de la ré exivité
émotionnelle et relationnelle un écart de genre en résulterait
qui les placerait en déficit relati en mati re d’habiletés à mentaliser leur vie intérieure et leurs relations intimes, et à décoder
leurs sentiments, ce qui les handicaperait dans la gestion de
leurs émotions. C’est à cela que renvoie la notion d’alexithymie, c’est-à-dire une sorte d’analphabétisme émotionnel8. Ce
déficit de lecture handicape le repérage de solutions adaptées
en contexte de séparation conjugale.
Moins de travail émotionnel dans le couple. Le degré d’anticipation de la rupture représente un facteur d’impact et d’ajustement important à la transition de séparation. L’initiateur de
la séparation peut voir le changement venir, sinon le contrôler,
alors que la personne quittée peut être prise par surprise et
vivre une déstabilisation plus grande. La tendance voulant que
dans un couple, la conjointe traduise un niveau de satisfaction
moindre que son conjoint est encore bien répandue, même si
son ampleur empiriquement démontrée est plutôt modeste9.
Au-delà des questions importantes relatives aux déséquilibres
dans le ardeau assumé pour les soins aux en ants, les t ches
domestiques ou dans le partage du pouvoir décisionnel, la notion de travail émotionnel (emotional work10) semble distinguer
l’engagement psychologique des membres du couple selon le
genre : la emme travaillerait plus ort que l’homme à monitorer et à gérer la relation con ugale elle serait plus attentive au
climat relationnel dans le couple et au soutien du conjoint, ce
qui expliquerait, au moins en partie, le fait que les conjointes
nomment plus souvent les problèmes conjugaux, sont plus
souvent à l’origine des consultations et amorcent plus souvent
le processus de séparation11. Bref, le moindre engagement
masculin dans le suivi et la gestion de la relation contribuerait
à la moins bonne anticipation de la séparation. Pour le conjoint
qui ne l’a pas vu venir , la surprise amplifie la déstabilisation.
Dégradation fonctionnelle potentiellement forte. Sans tomber
dans le cliché de l’homme qui ne savait pas se aire cuire un
u , orce est de constater que la séparation provoque des
changements concrets de régime de vie pour lesquels un bon
nombre d’hommes sont mal préparés. Par exemple, pour les
hommes, encore nombreux, dont la sphère domestique n’était
pas trop de leur ressort dans le couple, un déménagement
a ectera négativement les habitudes de vie (l’alimentation,
l’hygiène personnelle, le sommeil, etc.) et pourra contribuer de
manière importante à la détresse associée à la transition.
Échec de rôle. Pour une femme comme pour un homme, le
fait d’être quitté provoque généralement un fort sentiment
d’avoir échoué dans son rôle conjugal. Cependant, même
s’ils amorcent moins souvent le processus de séparation, les
hommes sont plus souvent mis en cause dans l’échec. Compte
tenu de l’importance de la relation qui se termine, le constat
de cet échec peut ébranler certains piliers identitaires comme
l’estime de soi et le sentiment d’e cacité personnelle. renons
l’exemple du r le de pourvoyeur : malgré la valorisation souvent mitigée qu’on lui réserve, ce rôle destiné à assurer une
bonne réponse aux besoins matériels des proches est très important pour la famille et, au-delà des changements rapides
dans le couple moderne sur ce plan, il demeure un constituant
majeur du rôle conjugal de l’homme. Or une proportion importante de con oints ont du mal à tre à la hauteur des attentes les irritants financiers sont réquents dans les couples ragiles,
ils exacerbent les con its à l’origine de la rupture tout en persistant parfois longtemps après la séparation, notamment autour des arrangements relatifs à la pension et à la garde des
enfants. L’échec dans cet aspect du rôle de conjoint et de père
contribue à la détresse12.
Isolement social. Dans la vie de couple, les contacts avec le réseau social sont souvent animés par la conjointe et l’homme
a moins d’expérience, sinon d’habiletés, dans l’entretien des
liens sociaux. ncore ici, sau exception, l’homme séparé est
susceptible de vivre un isolement social plus marqué, lui qui
n’est pas enclin à divulguer ses besoins d’aide et n’a généralement pas beaucoup d’amis intimes à qui se confier13.
Pour mieux contrer les risques
L’apparition de symptômes dépressifs, la dégradation des habitudes de vie, l’augmentation de la consommation d’alcool et
de drogue, l’apparition de problèmes en emploi, font partie
des séquelles couramment observées chez les hommes vivant
une séparation mal contrôlée14. n a outant à cela la tendance
masculine à l’extériorisation comportementale (contrairement
à la tendance féminine à l’intériorisation), on débouche sur un
risque plus élevé, chez certains hommes, de conversion de
leurs sou rances en uite vers l’avant et en réponses agressives qui augmentent l’enlisement.
Si les cas extrêmes de dérive agressive qui vont jusqu’à l’homicide ou au suicide sont très fortement médiatisés, ils demeurent exceptionnels, heureusement. Cependant, l’extrême
surreprésentation des hommes, en tant qu’agresseurs, dans
ces drames familiaux demeure frappante15. Dans ce domaine,
la liste des facteurs de risque invoqués est considérable, mais
elle contraste avec la capacité décevante de prévenir ces catastrophes .
Pour l’ensemble de la population, la problématique des ruptures con ugales entra ne des co ts humains et financiers ustifiant clairement une réponse sociale beaucoup mieux adaptée
aux besoins. Dans tous les cas, la séparation exige une série
de choix déterminants. Or c’est souvent à l’improviste et en
contexte de crise que des décisions sont prises. a ré exion, la
validation et l’accompagnement professionnel compétent sont
nécessaires, mais font très souvent défaut au moment de ces
choix aux conséquences durables. De plus en plus de couples
et de familles échappent au traitement juridique de la séparation ( on ne divorce pas lorsqu’on n’est pas mariés ) et une minorité seulement accèdent aux services de médiation familiale,
tr s pertinents par ailleurs. a plupart des décisions d’ordre financier ne sont ni validées ni l’objet de conseils professionnels
compétents. Dans les cas à plus haut risque de violence, les
conjointes et les proches ne sont souvent pas sensibilisés aux
dangers de dérive de leur ex-conjoint ni à la nécessité d’une
protection active.
Les décideurs comme le public doivent prendre conscience
du fait que la séparation conjugale est plus qu’un changement
d’adresse et que la compétence des choix de réorganisation
et l’évitement des écueils (portés par les con its, notamment) pourraient aire toute la di érence. ’ensemble des personnes qui se séparent ont besoin d’un accompagnement et
DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 33
de conseils compétents en matières relationnelle, juridique et
financi re . Un tel accompagnement, accessible gratuitement
aux individus comme aux couples, briserait l’isolement des
situations en y assurant un regard externe impartial pouvant
aussi servir de sentinelle dans le dépistage des risques plus
sensibles de dérive et dans l’orientation des acteurs vers les
ressources adaptées, y compris des services de protection en
cas de besoin.
Si l’on prend en compte les coûts directs et indirects des
ruptures mal gérées18, un tel filet de sécurité, accessible à tous
gratuitement, serait acilement couvert, au grand bénéfice de
toutes les personnes concernées.
Bibliographie
1. La notion de famille, définie par Statistique Canada pour le recensement de 2006,
renvoie à l’ensemble des ménages privés où des conjoints vivent avec ou sans enfants
de tous âges. Voir MFA (2011). Un portrait statistique des familles au Québec, Québec,
gouvernement du Québec, ministère de la Famille et des Aînés, [www.mfa.gouv.qc.ca/
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monoparentalité et recomposition familiale. Québec, Presses de l’Université Laval.
4. Dans la réflexion qui nous occupe ici, il est impossible de parler des hommes ou des
femmes comme s’il s’agissait d’ensembles homogènes. Presque toutes les tendances
rapportées devraient être accompagnées d’une mise en garde à l’effet que seule une
partie, parfois très petite, de la population est concernée par le risque discuté. La notion
de risque est essentiellement probabiliste et doit constamment être ramenée à l’échelle
statistique à laquelle elle renvoie.
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Economic Costs and Policy Implications Associated With Divorce: Texas as a Case Study,
Journal of Divorce & Remarriage, 54, 1-24.
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• Traitements spécialisés des troubles anxieux
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Fondé et dirigé par Dre Pascale Brillon, psychologue, l’Institut est spécialisé
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2015-07-13
Dossier
Prévenir le suicide chez les hommes
Dre Janie Houle
Psychologue
Brigitte Lavoie
Psychologue
La Dre Houle est psychologue communautaire, professeure au Département de psychologie de l’Université
du Québec à Montréal et chercheure
à l’Institut universitaire en santé
mentale de Montréal.
Mme Lavoie est psychologue, superviseure et formatrice principale de
Lavoie Solutions. Elle offre plusieurs
formations reconnues en psychothérapie, dont l’une sur l’intervention
auprès de la clientèle masculine.
Au Québec, comme partout en ccident, de
à des suicides sont commis par
des hommes. haque année, plus de
hommes s’enl vent la vie par suicide dans
la province, ce qui correspond à plus de deux décès par jour1. Les suicides sont
des morts évitables et les psychologues ont un rôle à jouer dans leur prévention.
Reconnaître et soulager une détresse
exprimée différemment
es recherches estiment qu’environ
des personnes qui
s’enl vent la vie sou rent de troubles mentaux au moment
de leur déc s : la dépression et les troubles d’abus ou de
dépendance à l’alcool ou aux drogues sont les plus prévalents2.
Plusieurs symptômes de dépression entrent en contradiction
avec les normes de la masculinité, qui mettent l’accent sur le
stoïcisme, l’invulnérabilité et l’autonomie3,4. Conséquemment,
les hommes tendent à manifester des symptômes de dépression qui sont plus socialement acceptables pour eux, mais qui
s’éloignent de la configuration plus classique de sympt mes
observée chez les femmes (incluant la tristesse, les pleurs, la
perte d’énergie) , . Par exemple, ils seront plus enclins à présenter de l’irritabilité, des attaques de colère, des comportements agressifs et des comportements de prise de risque,
incluant l’abus d’alcool ou de drogues. Ainsi, la dépression
serait sous-diagnostiquée chez la population masculine. Une
enquête américaine tend à appuyer cette hypothèse . lle
indique que l’utilisation d’une mesure de la dépression incluant
à la fois les symptômes traditionnels et les symptômes alternati s masculins ait dispara tre la di érence de genre dans
la prévalence de la dépression, alors que celle-ci est deux fois
plus élevée chez les femmes que chez les hommes lorsqu’elle
est mesurée à l’aide des instruments habituels.
hez pr s de la moitié (
) des hommes qui s’enl vent la
vie, il y a comorbidité entre la dépression et un trouble de toxicomanie8. La consommation d’alcool ou de drogue est utilisée
par plusieurs hommes pour soulager leur sou rance psychologique, cette forme d’automédication étant moins stigmatisante
à leurs yeux que de devoir consulter un professionnel ou de
prendre des antidépresseurs9,10. r ces abus sont per us par
les proches11, tout comme par plusieurs intervenants12, comme
des problèmes de comportement qui traduisent un manque
de volonté, plut t que comme les sympt mes d’une sou rance
36 | Psychologie Québec, vol. 32, n
o
5 | DOSSIER
qu’il importe de soulager. Ces perceptions négatives s’accompagnent de désapprobation, d’un manque d’empathie et d’un
soutien de moins grande qualité.
Pour prévenir les décès par suicide chez les hommes, il faut
d’abord reconnaître leur détresse, même lorsqu’elle s’exprime
avec de la colère ou de la toxicomanie. Il est particulièrement
important de faire la distinction entre violence et colère. Il ne
s’agit pas ici d’accepter la violence, mais d’accueillir la colère
comme l’expression tout aussi légitime d’une émotion. Certaines techniques d’intervention non violente peuvent être
utiles. ar exemple : Votre réaction est légitime ! Vous ne réagiriez
pas autant si ce n’était pas important ! C’est normal d’être indigné dans de telles circonstances ! Il y a sûrement de bonnes raisons
pour que ça vous enrage autant! our tre e caces, ces mots
doivent être prononcés sur le même ton. L’empathie vis-à-vis
de la colère ne s’exprime pas avec une voix douce. Le ton de
voix de l’homme va souvent s’adoucir s’il sent que nous comprenons le sérieux de la situation (avec nos mots et notre volume), que nous reconnaissons ses intentions positives (protéger sa famille ou défendre son honneur) ou la valeur qui a été
blessée (l’intégrité, la loyauté, le devoir).
n ce qui concerne la consommation, il peut tre utile de
l’aborder en permettant à l’homme de préserver sa dignité :
Certains hommes qui ont perdu leur emploi se mettent à boire
davantage, c’est comme une façon de s’engourdir. Est-ce que
c’est le cas pour vous ? Il est important de vérifier l’e et de la
consommation sur le passage à l’acte en étant direct : Est-ce que
vous aviez consommé lors de votre dernière tentative de suicide? Présentement, vous me dites que vous ne voulez pas mourir, je vous
crois. Je me préoccupe du moment où vous aurez pris 12 bières et
que vous serez seul. Est-ce que ce qui vous garde en vie sera assez
fort ? Ce n’est pas que je ne vous fasse pas confiance, c’est que j’ai
peur que dans ces moments-là ce soit plus dur. J’aimerais qu’on les
planifie mieux ensemble.
Être vigilant après une perte de nature humiliante
Chez les hommes, la séparation amoureuse, particulièrement
lorsqu’elle revêt un caractère humiliant, est souvent le principal facteur précipitant le suicide13. n cas de figure réquent
est la rupture décidée par la conjointe en raison d’une longue
accumulation de comportements inadéquats ou délictueux de
l’homme, découlant souvent de ses problèmes d’abus ou de
dépendance14. n plus de la séparation amoureuse, les pertes
d’emploi, de m me que les probl mes financiers et udiciaires
sont plus souvent observés chez les hommes décédés par
suicide que chez les femmes13,15. Les dettes de jeu ou de drogue,
les arrestations, les menaces d’agence de recouvrement
caractérisent les derniers mois d’une proportion importante
d’hommes qui s’enlèvent la vie14.
n présence d’un homme qui vient de subir une ou plusieurs
pertes de cette nature, il est recommandé de ne pas attendre
d’autres signes précurseurs pour vérifier si le client pense au
suicide, et ce, dès la première rencontre. S’il ne pense pas au
suicide, il serait aussi important de consigner au dossier ce qui
pourrait le faire basculer. Le psychologue pourra être proactif
s’il connaît et anticipe ces moments critiques.
tre systématiquement vérifiée par le psychologue, elle n’est
toute ois pas su sante pour statuer sur la dangerosité de la
situation. a présence d’un plan défini est associée à un risque
accru de passage à l’acte, mais son absence ne doit pas être
interprétée comme un indicateur d’une faible dangerosité. La
planification d’un geste suicidaire peut s’e ectuer en quelques
minutes seulement et la majorité des gestes sont posés sans
planification préalable20,21. Le où se limite bien souvent au
domicile de la personne et le quand survient lorsque la souffrance devient intolérable ou que la personne est intoxiquée
à l’alcool (de
à
des personnes qui se suicident ont de
l’alcool dans le sang au moment du décès)22.
Les psychologues qui interviennent auprès d’un homme
suicidaire doivent estimer la dangerosité de la situation et retirer l’accès aux moyens. L’estimation de la dangerosité est une
procédure complexe qui est bien balisée. lle est recommandée par le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide23
et fait l’objet d’une formation reconnue par l’Ordre des psychologues du Québec, intitulée Intervenir auprès de la personne
suicidaire à l’aide de bonnes pratiques et o erte partout au
Québec.
Faire grandir les raisons de vivre
n prévention du suicide, l’une des t ches primordiales du
psychologue est de faire grandir chez la personne ses raisons
de vivre, un facteur de protection déterminant . Les hommes
ne réalisent pas toujours l’impact profond et durable que leur
suicide aura sur leur entourage . Le rôle de protecteur, central
à l’identité masculine, peut ainsi servir de frein puissant au suicide et raccrocher un homme à la vie9. Par ailleurs, ce n’est pas
toujours le bonheur qui aide les hommes à rester en vie, mais
parfois simplement quelque chose qui a assez de sens. Lorsqu’un compagnon de cellule disait à Viktor Frankl18 que la vie ne
pouvait plus rien lui apporter, il lui répondait tr s doucement :
Et si tu te demandais ce que tu pourrais apporter à la vie ? Dans
cette perspective, on peut demander : Qui a besoin que tu restes
en vie ? Quel combat vaut encore la peine de continuer ? Parle-moi
d’un moment où tu savais qu’on avait besoin de toi. Donne-moi
un exemple dans ta vie où la partie qui veut vivre prend le dessus,
où elle gagne. C’est comme s’il y avait un combat à l’intérieur de
toi. D’un côté, la partie qui se bat pour vivre, de l’autre côté, celle
qui en a assez de souffrir. Que fais-tu dans les moments où c’est
la première qui gagne ?
Il ne faut pas sous-estimer l’importance de petits projets qui
peuvent sembler à première vue anodins, mais qui peuvent
tre su samment importants pour que la personne décide de
remettre son geste à plus tard. On peut gagner du temps en
mettant de l’avant ces projets et ces valeurs.
Accompagner dans la référence
n raison du tableau clinique complexe que l’on trouve généralement chez les hommes à haut risque de suicide, il s’avère
souvent nécessaire de les diriger vers d’autres professionnels
et ressources pour compléter l’aide o erte par le psychologue.
Notamment, une aide spécialisée en traitement des dépendances est souvent requise. Or il est crucial d’accompagner
dans la référence et d’éviter de remettre entre les mains de
l’homme le fardeau de se trouver un rendez-vous de suivi chez
une nouvelle ressource. Il peut être possible d’appeler pour
vérifier la procédure, de prendre un rendez vous avec lui (dans
le bureau), de vérifier si un proche peut l’accompagner. Il est
parfois idéal d’avoir le prénom d’une personne qui l’attend au
service. Il peut être utile que le psychologue reste en contact
jusqu’à ce qu’un lien soit créé avec la nouvelle ressource pour
éviter une rupture de services. Il existe un fort mouvement
pour favoriser l’autonomie des personnes. Même si nous
sommes tout à ait avorables à ces e orts, il reste que dans
certaines circonstances cet appel téléphonique est un pas
insurmontable.
n conclusion, pour mieux prévenir le suicide chez les
hommes, il nous apparaît primordial d’adapter nos pratiques à
leur réalité particulière. De petits changements en ce sens
peuvent aire toute la di érence.
Retirer l’accès aux moyens létaux et estimer
correctement la dangerosité
Les hommes utilisent des moyens plus létaux que les femmes
lorsqu’ils posent un geste suicidaire, de sorte qu’ils en meurent
davantage19. Bien que la planification du geste suicidaire doive
DOSSIER | Psychologie Québec, vol. 32, no 5 | 37
Bibliographie
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pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de services
sociaux. Québec : Direction des communications, ministère de la Santé et des Services
sociaux.
ENSEIGNER LA MÉDITATION PLEINE CONSCIENCE:
OUTILS PRATIQUES ET COMPRÉHENSION DE L’INTERFACE PSYCHOLOGIE/SPIRITUALITÉ
FORMATEUR
Roger Marcaurelle, Ph.D., est
psychologue clinicien et professeur
associé de psychologie à l’UQAM.
Sanskritiste et docteur en sciences
des religions, il a été chargé de
cours au département de sciences
des religions de l’UQAM. Il enseigne
la méditation depuis plus de 40 ans.
OBJECTIFS
Au terme de l’activité, le participant sera en mesure de:
1- Décrire et différencier les diverses formes de
méditation pleine conscience (MPC);
2- Pratiquer la MPC dans sa vie personnelle;
3- Enseigner les principales formes de MPC de manière
efficace et assurer un suivi adéquat des expériences
des clients concernant la pratique de la MPC;
4- Appliquer la MPC à la lumière des données
probantes, de l’étude comparée des diverses formes
de méditation et de l’interface psychologie/spiritualité.
FORMATIONS COMPLÈTES
À MONTRÉAL ET À QUÉBEC
Volets 1 à 3: ateliers
Dates : samedi au dimanche
Montréal
Québec
Volet 1 : 26-27 sept. 2015
Volet 2 : 7-8 nov. 2015
Volet 3 : 16-17 janv.
3-4 oct. 2015
21-22 nov.2015
23-24 janv. 2016
Frais: 448.40 $ par volet (tx incl.)
Volet 4 : retraite de méditation
Dates : Jeudi (soir) au dimanche
Montréal
Québec
5-8 mai 2016
21-24 avril 2016
Frais (incluant hébergement pour 3 nuits et repas):
INFORMATIONS ET INSCRIPTION
PleniSources.com/Enseigner
43h reconnues (OPQ). Aucun pré-requis.
Dossier
L’insatisfaction corporelle chez
les hommes : une détresse méconnue
qui mérite notre attention
Dre Patricia Groleau
Psychologue
Dre Jodie Richardson
Psychologue
La Dre Groleau est psychologue à
l’Institut Alpha, elle se spécialise dans
les troubles des conduites alimentaires et les autres problématiques
reliées à l’image corporelle, de même
que dans les troubles anxieux.
La Dre Richardson est fondatrice de
Connecte, Groupe de psychologie
de Montréal et se spécialise dans les
troubles de l’alimentation, l’image
corporelle et les problèmes reliés
au poids.
Définition et épidémiologie / ’insatis action corporelle se définit comme le décalage
per u entre l’idéal corporel d’une personne et son corps actuel ( hompson,
).
Ce phénomène qui a typiquement été associé à la gent féminine est de plus en plus
reconnu chez les hommes. n e et, quoique cette problématique ait commencé à tre
étudiée il y a plus de
ans à la suite de l’identification de cas d’anorexie inversée
(aussi appelée bigorexie à cette époque ope, atz et udson,
), ce n’est que
dans les dernières années qu’une attention accrue s’est portée sur le sujet, tant dans
la communauté scientifique que dans les médias populaires.
Au-delà du poids, les diktats de beauté actuels et les stéréotypes associés à l’identité masculine génèrent chez les hommes
des préoccupations qui concernent également, et principalement, la définition du corps et la musculature (Burle et Shurts,
2013). Les résultats d’études suggèrent que ces préoccupations
sont en hausse, avec
des hommes en
, et
en
, se disant insatis aits et préoccupés par leur tonus musculaire ( hompson, einberg, ltabe et antle
unn,
).
Selon les données actuelles, une augmentation de l’insatisfaction se produirait à la puberté, et pr s de
des adolescents
de sexe masculin se sentiraient très sérieusement préoccupés
par leur musculature (Field et coll., 2014). Chez les hommes
adultes, la tendance montre qu’au fil des ans de plus en plus
d’hommes émettent le désir de perdre du poids (McCabe et
Ricciardelli, 2004). Finalement, des études se sont penchées
sur les di érences de préoccupations en onction de l’orientation sexuelle, démontrant que les hommes homosexuels sont
plus à risque que les hétérosexuels de développer des troubles
des conduites alimentaires et d’être plus préoccupés par une
recherche de minceur excessive (Mc reary et coll.,
).
de soi, des symptômes dépressifs, des risques accrus d’abus
d’alcool et d’utilisation de substances destinées à améliorer
l’apparence et la per ormance (S
), telles que les stéroïdes anabolisants, l’éphédrine et des pro-hormones (Walker,
nderson et ildebrandt,
Field et coll.,
). ertains
troubles de santé mentale peuvent émerger des di cultés
d’image corporelle sévères, tels que les troubles des conduites
alimentaires et la dysmorphie musculaire. Une étude longitudinale menée aupr s de plus de
adolescents de sexe
masculin a révélé que usqu’à
rapportaient avoir eu des
épisodes sporadiques d’orgies alimentaires, d’hyperphagie sans perte de contrôle ou des comportements purgatifs,
et pr s de
satis aisaient aux crit res diagnostiques de
l’hyperphagie boulimique (Field et coll., 2014). La dysmorphie musculaire, qui a o ciellement ait son entrée dans le
SM
comme spécificateur d’un trouble de dysmorphie
corporelle (APA, 2013), a quant à elle été associée à la pratique
de musculation excessive, à une alimentation centrée sur la
prise de masse ou la perte de gras corporel et à des idées suicidaires ( livardia, ope et udson,
ope et coll.,
).
Conséquences sur la santé
Chez plusieurs, les préoccupations à l’égard de la minceur et de
la musculature mènent à des conséquences sur la santé physique et mentale. Des études indiquent des associations significatives entre l’insatis action corporelle et une aible estime
Facteurs psychologiques
Plusieurs facteurs psychologiques ont été associés au développement ou au maintien d’une image corporelle négative. Par
exemple, des expériences de victimisation et d’intimidation
( ol e et Sapouna,
idie et coll.,
), des railleries
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o
5 | DOSSIER
à propos du poids ( axton, isenberg et eumar Sztainer,
), le ait d’avoir été en surpoids ou en sous poids par le
passé ( isenberg et coll.,
), la pratique de certains sports,
particulièrement ceux où la régulation du poids est une partie
intégrante de la discipline (Galli et coll., 2011), les comportements de vérification corporelle ( al er, nderson et ildebrandt, 2009), le niveau d’intériorisation des idéaux de beauté
et de forme physique véhiculés par les médias et le perfectionnisme (Grammas et Schwartz, 2009) sont tous des facteurs qui
ont été reliés à l’insatisfaction corporelle chez les hommes.
Facteurs sociaux
Les stimuli sociaux ont beaucoup changé dans les dernières
décennies. Par exemple, des études ont démontré une augmentation de la musculature des figurines d’action et des
personnages de dessins animés destinés aux enfants dans les
derni res années ( ope et coll.,
). u c té des adultes,
le contenu des magazines destinés aux hommes, précédemment orienté vers des activités de loisir (p. ex. la chasse et la
pêche), est maintenant centré sur la performance, la forme
physique et la nutrition ( lexander,
). Finalement, des
études révèlent que le corps masculin est de plus en plus dévoilé et les modèles présentés sont de plus en plus musclés et
soignés ( atoum et Belle,
eit, ope et ray,
). es
messages entraînent chez plusieurs l’intériorisation d’idéaux
irréalistes les amenant à autoévaluer leur apparence très négativement ( gliata et antle
unn,
).
Phénomène méconnu et peu détecté
L’insatisfaction corporelle chez les hommes et les problématiques associées sont souvent peu détectées par les cliniciens
et autres travailleurs de la santé. Plusieurs raisons peuvent
expliquer ce phénomène. Premièrement, les hommes ont
tendance à nier ou à minimiser leurs préoccupations d’image
corporelle, puisqu’ils consid rent que ce type de di cultés est
typiquement éminin. ’inverse est aussi vrai les pro essionnels tendent à ne pas évaluer ces problèmes chez les hommes
(Grieve, Truba et Bowersox, 2009). De plus, la valorisation de la
musculature et de la mise en forme dans la culture populaire
augmente les risques que des attitudes et des comportements
malsains soient erronément pris pour des pratiques orientées
vers le bien tre et la santé ( eumar Sztainer et isenberg,
2014). Finalement, les critères diagnostiques des troubles des
conduites alimentaires n’incluent pas des préoccupations et
comportements plus fréquemment présentés par les hommes,
ce qui diminue la détection de ces symptômes (Field et coll.,
2014).
Évaluation
uisque les di cultés d’image corporelle sont rarement le
motif de consultation des hommes, nous recommandons aux
professionnels de la santé de poser des questions ouvertes
qui pourraient entamer une discussion à propos de l’image
corporelle. Voici quelques exemples : À quelle fréquence vous
préoccupez-vous de l’apparence de votre corps ? À quelle fréquence scrutez-vous votre corps dans le miroir ? Si les réponses
à ces questions indiquent qu’une évaluation plus poussée
mérite d’ tre e ectuée, plusieurs éléments devraient figurer
sur la liste des choses à évaluer : l’insatis action corporelle, la
recherche excessive de musculature, la dysmorphie musculaire, les troubles des conduites alimentaires et l’utilisation de
SDAAP. Quelques questionnaires peuvent vous assister dans
votre évaluation : le Drive for Muscularity Scale (McCreary et
Sasse, 2000), et le Eating Attitudes Test ( arner et coll.,
version ran aise : eichner et coll.,
).
Traitement
La psychoéducation s’impose comme première étape pour discuter des th mes suivants : variations naturelles de silhouette
et du poids, ine cacité et dangerosité de certains comportements pour altérer l’apparence physique (p. ex. l’exercice physique excessif et l’utilisation de SDAAP), facteurs reliés à l’insatisfaction corporelle chez les hommes et exemples d’options
saines et équilibrées pour atteindre des objectifs de gestion
de poids et de orme physique ( eumar Sztainer et isenberg, 2014). L’approche psychothérapeutique la plus communément utilisée est la thérapie cognitive comportementale. Le
programme empiriquement validé de Thomas Cash propose
des techniques telles que la restructuration cognitive, la pleine
conscience et l’exposition via le miroir (Cash, 2008).
Directions futures
es e orts de conscientisation devraient mettre en lumi re les
e ets né astes de la promotion d’idéaux de musculature chez
les hommes, travailler à défaire le mythe selon lequel l’insatisaction corporelle est un probl me de emmes et prioriser
la promotion d’une image corporelle positive, incluant l’appréciation, la protection et la connexion au corps (Gillen, 2015).
Des interventions pourraient être particulièrement pertinentes dans les écoles, où nous pourrions cibler les jeunes qui
sont dans le processus de générer et de consolider leur image
corporelle et leur estime de soi.
n résumé, l’insatis action corporelle chez les hommes est
un phénomène en croissance, associé à des conséquences
négatives sérieuses sur la santé et le bien-être de plusieurs qui
en sont a ectés. Il est primordial de continuer à améliorer nos
connaissances afin de mieux prévenir, détecter et traiter ces
problématiques.
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