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É D I T O R I A L Chirurgie vulvaire : mode californienne ou chirurgie de nécessité ? Vulvar surgery: californian fashion or necessary surgery? ● S. Fayad*, A. Bongain*° L’ essor de la chirurgie esthétique depuis les années 1980 a tout emporté sur son passage : au diable les soutiens-gorge 80 bonnet A, les culottes de cheval, les rides de la cinquantaine et les lèvres flasques. Les prothèses mammaires, la liposuccion, le lifting et le STT (silicone tout terrain) sont passés par là… jusqu’à faire bomber les fesses des Brésiliennes sur les plages torrides de Copacabana… Le beau est donc très recherché dans notre société actuelle, dans une perpétuelle recherche de narcissisme invétéré qui rassure l’humain… et flatte son conjoint ! Tout organe correspondant ou s’approchant d’une perfection esthétique est ainsi sensuellement exposé : le décolleté fit son apparition, le maillot deux pièces a renvoyé celui de une pièce aux oubliettes, avant que le string ne fasse semblant de cacher ce postérieur galbé tant recherché… Seulement voilà : le string expose aussi les sexes féminins trop proéminents… et voici que “ces femmes qui se font lifter le sexe” (1) font la une des magazines féminins les plus populaires… On est alors en droit de se poser une question : où s’arrêtera la recherche effrénée de la plastique parfaite chez la femme ? Au vu de la chute des barrières pudiques et la libéralisation tout azimut des mœurs, l’aspect du sexe féminin est devenu une préoccupation naturelle et la qualité de sa stimulation a revigoré la sexologie. La chirurgie vulvaire n’est-elle donc qu’une mode californienne ? Ne consiste-t-elle qu’à modeler des vulves disgracieuses de certains mannequins de Beverly Hills à l’aide du gold standard de la frime chirurgicale, à savoir le laser (1) ? Se Service de gynécologie obstétrique, reproduction et médecine fœtale, hôpital de l’Archet II, 151, route de Saint-Antoine-de-Ginestière, BP 3079, 06202 Nice Cedex 03. limite-t-elle à alimenter le mythe ou la réalité du point G par le biais d’injections “amplifiantes en or” d’acide hyaluronique (2) ? Eh bien non ! La chirurgie vulvaire constitue une part méconnue très technique, longtemps dénigrée de la chirurgie gynécologique “par voie basse”… Hautement valeureuses sont en effet ses intentions : fonctionnelles (béance vulvaire, dyspareunie orificielle secondaire à une hypertrophie des petites lèvres, une sténose organique de l’introït, une naviculite fissuraire ou des anomalies de l’hymen), sociales (la très collectivement controversée réfection de l’hymen, néanmoins souvent individuellement salvatrice…), curatives (fusion urétro-hyménéale, kyste ou abcès des glandes de Skene ou de Bartholin, dysplasies vulvaires, cancer de la vulve). Le bénéfice esthétique (album photos de vulves à l’appui façon coupes de cheveux chez le coiffeur !) de cette science chirurgicale n’est donc que secondaire... Si le culte de l’esthétique à tout prix (c’est le cas de le dire) a vulgarisé la chirurgie vulvaire ainsi soudainement médiatisée, il a eu, en revanche, le mérite de rappeler l’éventail des indications thérapeutiques et des multiples techniques chirurgicales de cette sous-spécialité gynécologique aux confins de la chirurgie gynécologique et de la chirurgie reconstructrice et esthétique, dont l’apprentissage gagne sans aucun doute à être plus développé… ■ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Alexandre E. Ces femmes qui se font lifter le sexe. Marie Claire 2003;606: 87-92. 2. Benattar MC. L’amplification du point G dans les baisses de désir et plaisir féminins. Genesis 2005;102:21-5. Les articles publiés dans “La Lettre du Gynécologue” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. EDIMARK SAS © janvier 1984 Imprimé en France - Differdange S.A. - 95110 Sannois - Dépôt légal à parution. La Lettre du Gynécologue - n° 305 - octobre 2005 3