Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Voici

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Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Voici
DISCOURS DE MONSIEUR LAURENT LAFON, MAIRE DE VINCENNES
OUVERTURE DE 2007, ANNÉE DU CHÂTEAU
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Voici le grand moment enfin arrivé.
Je suis très heureux de vous voir si nombreux, ici, ce soir
pour célébrer le Château de Vincennes
et ouvrir officiellement « l’Année du Château ».
Ce que nous fêtons ensemble ce soir, c'est une renaissance.
Dans deux mois en effet,
après 12 années de fermeture et 5 ans de grands travaux,
le plus haut donjon d’Europe
sera de nouveau accessible à la visite.
Dans quelques mois ensuite,
la Sainte-Chapelle ouvrira ses portes closes depuis la tempête de 1999.
C’est ainsi qu'après une longue éclipse,
ce magnifique monument sortira de sa torpeur
pour enfin acquérir l’aura touristique et culturelle qu’il mérite.
J'ai conscience que ce n’est pas un évènement anodin
dans la vie de notre commune ;
c’est au contraire un moment fort,
un moment qui mêle fierté et émotion,
un moment aussi où l’Histoire éclaire notre Présent.
En réalité, ce que nous célébrons ce soir,
au-delà de la renaissance d’un patrimoine exceptionnel,
c’est une part de notre identité.
Le Château - ici à Vincennes –
nous parle en effet autant de l’Histoire de France
que de nous-mêmes.
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Il nous parle d’Histoire de France
parce qu'il porte en lui la vie
de tant de grands hommes, et de femmes,
qui ont - ici - marqué de leur génie, de leur tragédie,
de leur valeur, la destinée de notre pays.
Le Château de Vincennes,
ce sont 1000 ans d’Histoire de France gravés dans la pierre,
à quelques pas d’ici.
1000 ans d’Histoire de France, qui ont pris
tour à tour
le visage de rois, d’hommes d’armes, d’hommes de lettres,
de prisonniers ou de présidents
qui, tous, ont lié leur nom à celui de Vincennes.
Peu de monuments en France
ont cette densité historique exceptionnelle,
et aucun ne l’a depuis aussi longtemps.
Résidence royale et centre du gouvernement pendant 600 ans,
prison d’Etat pendant 200 ans,
forteresse et place forte défendant Paris depuis 150 ans,
siège des archives militaires depuis 1948
- avec aujourd’hui le service historique de la défense dirigé par
l’Amiral DUBESSAY DE CONTENSON,
Vincennes tisse un fil invisible,
et pourtant incroyablement solide,
qui relie tous les grands moments de notre histoire.
Voilà pourquoi, ces quelques hectares de terre et de pierre
incarnent, plus que tout autre, la continuité de l’Etat,
et à cause de cela, Vincennes c’est la France.
Vincennes c’est Saint-Louis
quand ce souverain décide d'y établir sa résidence royale
et d'y gouverner sous le signe de la Justice.
Vincennes c’est Charles V
quand ce roi bâtisseur décide la construction du donjon
d’où, travailleur acharné, il restaure l’Etat royal.
C’est en effet ce grand souverain qui, pour la première fois,
appelle autour de lui le meilleur des hommes de son temps
pour administrer un royaume encore bien fragile.
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Vincennes c’est aussi Mazarin qui y meurt,
c’est encore Louis XIII qui y vécu toute sa jeunesse,
c’est Louis XIV qui y résida plusieurs années.
Vincennes prend aussi le visage de prisonniers célèbres aux
destins parfois tragiques, comme
le cardinal de Retz, Fouquet, Diderot, le marquis de Sade,
Mirabeau, le duc d’Enghien, Raspail, Barbès, Mata Hari
et de tant d'anonymes, aussi, qui ont gravé
sur les murs de leurs cachots un signe de leur présence.
Vincennes, c'est la gloire du marquis de Lafayette
qui sauve le donjon de la destruction
et c’est l'héroïsme de Daumesnil
qui défend avec bravoure sa forteresse.
C’est bien-sûr Gamelin qui y installe,
avant la seconde guerre mondiale,
le poste de commandement de l’état major des armées.
Vincennes, enfin,
c’est le général de Gaulle qui voulut, un temps,
y installer la présidence de la République
– pour y relever, 600 ans après Charles V, un Etat défait.
Oui, c'est à Vincennes
qu'on peut le mieux parler de l’Histoire de France.
Vous le voyez,
le Château vient de loin mais il revient de loin aussi :
c'est que ce vaste édifice avait bien souffert au long des siècles.
L'outrage du temps, l’affectation militaire des lieux,
et plus encore l'occupation allemande
avec les lourdes destructions du 22 août 1944,
ont failli lui porter des coups fatals.
Il y a dix ans encore,
l’enceinte était en partie écroulée
et le donjon était dans un triste état.
A contempler aujourd’hui la blancheur de la pierre,
l’éclat du donjon et la magnifique restauration de ses salles,
nous mesurons le chemin parcouru.
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Je tiens pour cela à rendre hommage à l’exemplarité
de l’engagement de l’Etat en faveur de Vincennes.
Cet engagement,
vous allez nous en parler dans un instant Monsieur le Ministre (Jean-Philippe
LECAT), a su dépasser les alternances politiques ;
c’est assez rare pour être souligné.
Et nous voulons à présent,
à la suite de l'exemple donné par l’Etat,
aller encore plus loin.
Nous voulons,
aux côtés des ministères de la défense et de la culture,
mobiliser les entrepreneurs et les fondations d’entreprises
pour achever ce grand chantier de restauration.
Près de 35 millions d’euros ont été investis depuis 15 ans pour ce site,
il reste encore 90 millions d’euros de travaux à réaliser
pour lui redonner tout son éclat.
C’est l’un des objectifs de l’association
qu’avec François LEOTARD nous avons créée,
l’Association pour le Rayonnement du Château de Vincennes
et dont je tiens à saluer les membres présents ce soir.
Cette association milite au plus haut niveau
pour obtenir la création d’un établissement public
et pour donner au Château toute la notoriété médiatique qui
doit être la sienne.
Mesdames et Messieurs,
Le Château de Vincennes nous parle d’Histoire de France, je l’ai dit,
mais il nous parle aussi de nous-mêmes,
il nous parle de notre identité.
Pour beaucoup d’entre nous,
le Château de Vincennes évoque un souvenir d’enfance,
une promenade le long de son chemin de ronde,
une majestueuse silhouette
qui se dessine à l'entrée de l'esplanade Saint-Louis.
Mais, et les Vincennois le savent bien,
le Château de Vincennes nous est tellement familier
qu'on l'oublie parfois.
Il nous semble posé, de toute éternité,
entre ville et forêt, comme une évidence,
et peut-être à cause de cela,
on néglige de lui rendre visite.
Un peu comme un membre de notre famille,
un aïeul de toujours.
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Il fallait donc le sortir de l’ombre,
et lui redonner toute sa place au cœur de notre ville.
Voilà pourquoi, prenant appui sur la réouverture du donjon,
j’ai souhaité que la ville de Vincennes elle-même se mobilise
et honore « son Château ».
C’est ainsi que nous avons décidé de faire de 2007,
« l’Année du Château».
Une année durant,
Vincennes et les Vincennois vivront au rythme de « leur » château :
le programme que les services de la ville ont élaboré pour vous
est particulièrement riche,
et vous pourrez en retrouver le détail dans les brochures
distribuées au cours de cette soirée.
Je tiens toutefois à vous dévoiler d’ores et déjà
quelques unes des surprises qui marqueront cette année,
et au-delà de cette année, je l’espère, la mémoire de notre ville.
D’abord, vous avez pu le remarquer, depuis quelques jours,
la ville est pavoisée et décorée d’oriflammes, de drapeaux
et de banderoles présentant les grands personnages
qui ont fait l’histoire du Château et de notre ville.
Dans une dizaine de jours, le 20 mars exactement,
deux expositions publiques seront inaugurées,
l’une à ciel ouvert place Pierre-Sémard
sur « l’histoire d’une restauration »
organisée grâce à l’aide précieuse de Jean CHAPELOT,
directeur de recherches au CNRS,
et la seconde à Cœur de ville
sur le très riche fond des archives municipales.
Le 20 mars toujours,
à l’occasion de la visite à Vincennes du Ministre de la culture,
vous êtes tous conviés à vous rendre, à partir de 20 heures 30,
dans l’enceinte du Château pour assister
à une mise en lumière et en musique du donjon,
de la Sainte-Chapelle et de la tour du village.
Ce grand spectacle « son et lumière »
mettra magnifiquement en valeur le site
et lui donnera un relief inédit.
Parallèlement, tout au long de l’année,
nous organiserons des ateliers d’écriture,
des concours de dessin pour les plus jeunes,
des séjours de vacances à la découverte du moyen-âge,
des concerts et des conférences
avec les meilleurs spécialistes de cette époque.
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A partir du mois d’avril,
nos espaces verts seront habillés aux couleurs du moyen-âge,
avec des fleurs de lys, des iris et des plantes parfumées
au milieu desquelles des scènes de la vie
au temps des Capétiens seront reconstituées.
Le 17 mai,
le donjon et son espace muséal seront officiellement ouverts
et, à cette occasion,
des tarifs préférentiels seront réservés aux Vincennois
- je tiens à remercier le centre des monuments historiques
avec qui nous organisons cette opération.
Le 21 juin,
dans le cadre de la Fête de la Musique,
une programmation exceptionnelle vous sera proposée,
et nous aurons notamment la joie d’accueillir
le Bagad de Lann Bihoué qui défilera en ville.
Le 1er juillet, des projections de cinéma en plein-air
auront lieu à la belle étoile dans la Cour du Château.
En septembre prochain,
les Journées du Patrimoine marqueront, en quelque sorte,
le point d’orgue de ces festivités,
avec des défilés, du théâtre de rue, de la danse aérienne,
de la voltige, des spectacles de fauconnerie
et aussi des vols de montgolfière au-dessus du site.
Et ce ne sont là que quelques uns des moments forts de
cette année qui se veut, au sens propre, exceptionnelle.
Chers amis,
Je voudrais conclure en vous livrant ma conviction.
Grâce à la réouverture du site,
grâce à l’action de la Municipalité,
notre cité, si longtemps ville royale,
va renouer avec une partie de son âme
- non pas de manière passéiste et désuète comme le ferait
une ville-musée, une ville figée mais, bien au contraire,
avec le dynamisme, avec la jeunesse, avec l’élan
qu’elle a acquis récemment et que tout le monde lui reconnaît.
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C’est qu’au-delà du Château,
notre ambition est d’affirmer la vocation culturelle de Vincennes.
Notre Ville est en effet le cœur vivant d’un territoire
à la densité touristique unique en France,
avec la proximité immédiate de Paris,
avec le parc floral qui attire chaque année 900 000 visiteurs,
avec l’hippodrome qui porte le nom de notre ville dans le monde entier,
avec le Bois qui séduit tant les Franciliens,
avec le zoo de Vincennes qui va bénéficier d’une rénovation de grande ampleur
et, enfin à présent, le Château
qui passera de moins de 40 000 visiteurs par an
à 200 000 dans les tous prochains mois.
Naturellement, la Municipalité mettra tout en œuvre
pour que cette fréquentation touristique accrue
bénéficie pleinement au tissu commercial de notre commune
et c’est d’ailleurs l’un des objectifs
du programme de rénovation et d’embellissement
du centre-ville que nous venons de lancer.
Maintenant que Vincennes attire
pour et par elle-même des milliers de visiteurs
venus fréquenter ses festivals de cinéma,
de littérature américaine, de théâtre contemporain,
ses concerts aux interprètes prestigieux
ou tout simplement désireux de flâner dans nos rues animées,
nous pouvons participer pleinement
à ce pôle de dynamisme culturel et touristique.
C’est ainsi que se dévoile l’identité de Vincennes,
celle d’une ville qui concilie passé et avenir,
héritage et projet, patrimoine et audace !
Pour toutes ces raisons,
et parce qu’on sait où on va
uniquement quand on sait d’où on vient,
il nous fallait un signe, un symbole,
il nous fallait un drapeau.
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Je suis heureux et fier de dévoiler devant vous
notre drapeau
et, par là même, d’ouvrir avec vous officiellement
« l’Année du Château » !
Je vous remercie.
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