Assurance professionnelle : garantie par le bureau
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Assurance professionnelle : garantie par le bureau
ENVIRONNEMENT Assurance professionnelle : garantie par le bureau des patients, a obligé les laboratoires, les fabricants de dispositifs médicaux, les praticiens et les établissements de santé à souscrire une garantie d’assurance responsabilité civile (RC) médicale. Étant donné le manque d’offre de la part des assureurs, cette loi a également institué le Bureau central de tarification médical pour aider les entreprises ne trouvant pas de compagnie à s’assurer. S. I. : Comment procède une entreprise qui veut faire appel au Bureau central de tarification médical ? © DR F. N.: Après deux refus (une non-réponse, passé un délai de Frédéric Nouaille Entretien avec Frédéric Nouaille, cofondateur et président d’Audit et Risk Solutions. SNITEM INFO : Pour quelles raisons les industriels des technologies médicales s’adressent au bureau central de tarification médical (BCTM) ? FRÉDÉRIC NOUAILLE: Au début des années 2000, dans un contexte de judiciarisation de la société et des relations avec les patients, les compagnies d’assurance ont dû faire face au règlement croissant d’indemnités – elles-mêmes de plus en plus élevées – accordées par les juges. Face à cette dérive, certaines compagnies d’assurances se sont purement et simplement retirées de ce marché. D’autres ont choisi de majorer considérablement leurs primes. Les industriels ont alors été confrontés à la difficulté de s’assurer, certains n’étant plus couverts par une police responsabilité civile. De plus, la loi du 4 mars 2002, pour améliorer la protection 18 45 jours, étant aussi considérée comme un refus), un industriel est juridiquement fondé à solliciter le BCTM. Celui-ci étudie, sur dossier, les caractéristiques de l’entreprise, son système de qualité ou encore de matériovigilance. L’industriel désigne lui-même la compagnie auprès de laquelle il souhaite souscrire sa police. Cela peut très bien être celle qui a émis un refus. Une commission du BCTM réunissant des représentants des laboratoires pharmaceutiques, de l’industrie des technologies médicales (dont un membre du SNITEM) et des assureurs statue – sous le contrôle d’un commissaire du gouvernement – sur les demandes. BUREAU CENTRAL DE TARIFICATION MÉDICAL EN PRATIQUE Selon l’article L252-1 du code des assurances, « toute personne assujettie à l'obligation d'assurance prévue à l'article L.1142-2 du code de la santé publique qui, ayant sollicité la souscription d'un contrat auprès d'une entreprise d'assurance couvrant en France les risques de responsabilité civile mentionnée au même article, se voit opposer deux refus, peut saisir un bureau central de tarification dont les conditions de constitution et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'État. » La procédure, gratuite, doit respecter scrupuleusement les préconisations du BCTM. En savoir plus: www.bureaucentraldetarification.com.fr Snitem Info n° 183 - Printemps 2011 ENVIRONNEMENT intérêts et limites de la couverture central de tarification médical Après discussions, la commission fixe un prix d’assurance qui devra être respecté par la compagnie souhaitée par l’industriel. En pratique, cet assureur qui a pu émettre un refus initialement ne prend alors en charge qu’une partie du risque, le reste étant assumé par un pool de réassurance. Ceci permet de diluer le risque pour les assureurs et de garantir aux entreprises d’avoir une garantie RC en conformité avec la loi. S. I. : Ce système a-t-il des limites ? F. N.: Tout d’abord, la mise en place du BCTM a eu l’énorme avantage de permettre aux industriels français de poursuivre leurs activités commerciales en conformité avec la loi de 2002. Ensuite, en effet, ce principe de garantie de couverture assurantielle doit être relativisé. Il présente aujourd’hui trois inconvénients majeurs pour les industriels. D’une part, les entreprises doivent bien avoir conscience que la plupart des contrats initialement négociés via le BCTM n’ont pas de tacite reconduction. Ils sont « à durée ferme » (durée d’un an). Les industriels doivent donc, chaque année, avant l’échéance, fournir les données permettant de renouveler la police. Cela demande un travail administratif lourd pour certaines entreprises. Sans compter qu’elles peuvent tout simplement oublier de faire cet exercice, avec le risque de ne plus être couvertes, et donc d’être hors la loi. D’autre part, le BCTM couvre uniquement le risque en responsabilité civile, pour les ventes réalisées en France. Le marché à l’export n’est pas pris en charge. Ce qui fait que des entreprises bénéficiant via le BCT d’une police en RC sur le territoire ne sont pas couvertes pour leurs ventes de produits à l’étranger. Celles qui exportent vers l’Amérique du Nord, au fort contexte de judiciarisation des relations entre industriels et patients, se retrouvent dans une situation délicate. Car si elles n’ont pas obligation pour ces pays d’avoir une assurance en RC, en cas de sinistre avec des patients ou des établissements, elles en sont réduites à prendre elles-mêmes en charge le paiement d’indemnités lourdes. Cela peut tout simplement mettre en péril leur activité. Enfin, la majorité des polices émises via le BCTM ne couvre pas les frais engagés lors d’éventuels rappels de lots à la demande de l’Afssaps par exemple dans le cadre de la matériovigilance. Or, ces opérations peuvent s’avérer très onéreuses pour les entreprises. S. I. : Le marché de l’assurance a-t-il évolué depuis la création du Bureau central de tarification ? F. N.: Oui. On assiste à l’arrivée de compagnies d’assurance qui se sont spécialisées dans la couverture des risques médicaux, avec une véritable expertise en analyse de risque et en règlement des sinistres. Il existe donc aujourd’hui une solution classique pour les entreprises, avec la possibilité de contracter des polices couvrant non seulement la responsabilité civile obligatoire selon la loi de 2002, mais également les ventes à l’export et les frais engagés lors d’éventuels rappels de lots. QUI SIÈGE AU BUREAU CENTRAL DE TARIFICATION MÉDICAL ? Membres représentants les assureurs • Mme LAMBLOT Catherine (MACSF) • M. GOMBAULT Nicolas (LE SOU MEDICAL) • M. DUMONT Michel (LA MEDICALE DE FRANCE) • M. FONTANA Gilbert (SHAM) • M. GOMBAULT Emmanuel (ALLIANZ) • M. LAFFARGUE Pierre-Yves (AXA France) Membres représentants les professionnels de santé exerçant à titre libéral • M. MEURETTE Jacques • M. WANNEPAIN Hubert Membres représentants les établissements de santé • M. SECHER Jérémie • M. DE KERGUENEC Yann Membres représentants les producteurs, exploitants et fournisseurs de produits de santé • Mme FAURAN Blandine • Mme CHEMINAIS Christelle Snitem Info n° 183 - Printemps 2011 19