L`Italie fasciste, 1922-1939
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L`Italie fasciste, 1922-1939
Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°19 – page 1/3 L’Italie fasciste, 1922-1939 Introduction : En 1918, en Italie, on parle d’une victoire « mutilée ». La position stratégique originale du pays pendant la Grande Guerre, successivement alliée à la Triple alliance puis à la Triple entente, ne donne pas un rôle prépondérant à Orlando, le premier ministre italien présent lors des traités de paix en France. Mussolini saura plus tard exploiter cette frustration nationale. Mais d’autres facteurs expliquent également l’avènement du fascisme en Italie, comme l’absence d’une réelle tradition démocratique. Mussolini met en place le premier régime totalitaire du XXe siècle. 1 L’accession du fascisme au pouvoir 1.1 La crise sociale et politique de l’après-guerre (1919-1921) C’est d’abord une crise sociale liée au désarroi des classes moyennes ruinées par l’inflation et l’augmentation des impôts et au mécontentement des paysans sans terre qui occupent les latifundia, grandes propriétés mal cultivées. De plus, des grèves avec occupation d’usines témoignent de la misère des ouvriers frappés par le chômage. La monarchie constitutionnelle, régime récent et fragile, n’a pas de programme susceptible de répondre à la crise. Elle doit, en outre, faire face aux revendications des nationalistes qui considèrent que les Italiens, vainqueurs de la guerre, n’ont pas recueilli tous les fruits de la victoire, en particulier Fiume et la Dalmatie. Leur victoire est « mutilée ». 1.2 Mussolini (1883-1945) et les « faisceaux de combat » Jeune instituteur, il a été d’abord militant du parti socialiste dont il doit démissionner car il est pour l’entrée en guerre de l’Italie. Il fonde alors les faisceaux (fasci) d’action révolutionnaire pour soutenir son interventionnisme. Après la guerre, avec des anciens combattants, il fonde les « faisceaux italiens de combat », rassemblement de mécontents, nationalistes et contestataires de l’ordre établi, qui portent des chemises noires. Ils reçoivent l’appui d’une partie des grands propriétaires terriens et des organisations patronales car ils sont utilisés comme briseurs de grèves et s’attaquent aux sièges et journaux des partis et syndicats de gauche (incendies, bastonnades, voire assassinats). Le fascisme des origines est marqué par la violence répressive. 1.3 À l’assaut du pouvoir Mussolini crée le parti national fasciste en 1921, violemment nationaliste, qui atteint 700 000 membres en 1922. Mais les élections de 1921 sont un échec pour les fascistes. Mussolini organise alors une « marche sur Rome », défilé de ses partisans, pour faire pression sur le roi. Celui-ci, refusant l’épreuve de force, appelle Mussolini pour qu’il forme un gouvernement (novembre 1922). Mussolini arrive donc au pouvoir « légalement ». ©Cned 2004 Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°19 – page 2/3 2 L’établissement de la dictature 2.1 L’installation du régime Mussolini cherche d’abord à rassurer en ne nommant que 4 ministres fascistes dans son gouvernement, mais il interdit la grève, supprime la fête du 1er mai et se fait voter les pleins pouvoirs par le Parlement. Les élections de 1924 qui sont l’objet d’une fraude généralisée donnent la victoire aux fascistes. Mais la fraude est dénoncée par le député socialiste Matteotti qui est assassiné. Pour faire face à l’opposition parlementaire, Mussolini revendique la responsabilité de l’événement et annonce le début de la dictature. C’est un tournant du régime. 2.2 Les lois « fascistissimes » La répression policière et les « squadristes » (milice fasciste) écrasent les opposants. Les lois « fascistissimes » votées en 1926 mettent en place la dictature fasciste. Les pouvoirs de Mussolini sont étendus : il n’est plus responsable que devant le roi et peut légiférer. Les partis et les syndicats sont supprimés, le PNF (Parti national fasciste) devient donc un parti unique. L’administration est épurée. Les conseils municipaux sont supprimés et les pouvoirs des préfets élargis. En fait, toutes les libertés publiques sont supprimées. Le gouvernement peut exiler, sans jugement, n’importe, aux îles Lipari. Les pouvoirs sont donc concentrés dans les mains de Mussolini, le « Duce » (le guide). 2.3 La recherche du consensus : les accords du Latran (1929) Pour obtenir le ralliement des catholiques, Mussolini signe un concordat avec le pape, les accords du Latran. La souveraineté du pape sur le Vatican est reconnue, ce qui met un terme au conflit avec le pape né de l’unité italienne (voir leçon 8). Les accords affirment que le catholicisme est « la seule religion de l’État italien ». 3 Le totalitarisme fasciste 3.1 L’idéologie Le fascisme est d’abord un phénomène conjoncturel né dans la crise italienne de l’après- guerre. Il n’est pas une doctrine constituée. Ce n’est que progressivement que Mussolini formule ses idées avec en premier lieu l’exaltation de l’État autoritaire auquel les individus sont soumis. Cet État, antidémocratique, antilibéral et anticommuniste, a pour vocation d’encadrer les Italiens mais aussi de les transformer en un peuple viril et conquérant, dignes héritiers de la grandeur de l’empire romain. C’est pourquoi tous les moyens sont mis en œuvre pour contrôler les pensées. Dans l’Italie fasciste, les associations de loisirs sont regroupées dans une organisation nationale : le Dopolavoro (OND) qui passe en 1927 sous le contrôle du parti fasciste. L’OND est une courroie de transmission entre la population et le parti. Avec 1 744 000 adhérents en 1931 et 4 600 000 en 1939, c’est vraiment une organisation de masse qui avec 100 000 volontaires exerce une fonction sociale avec des programmes d’assistance (distributions de pain et de combustible) ©Cned 2004 Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°19 – page 3/3 et l’organisation de loisirs. L’adhésion est volontaire, mais son contrôle par le parti en fait un véritable outil d’encadrement des masses. L’OND a servi de modèle à une organisation nazie équivalente : la Force par la joie. 3.2 L’encadrement de l’économie et de la société - Le culte du chef est omniprésent, mis en scène par le ministère de la Presse et de la Propagande : fêtes, défilés, affiches, radio. En outre, Mussolini établit systématiquement une filiation entre l’Antiquité romaine et l’Italie fasciste et encourage les artistes à la célébrer. Ainsi, l’embellissement de Rome joue un rôle central avec le dégagement des forums impériaux et la réalisation d’un immense complexe sportif dont le style s’inspire de l’Antiquité. - Les enfants sont enrôlés dans des organisations de jeunesse, garçons à partir de 4 ans et des filles à partir de 14 ans. - Les salariés sont encouragés à rejoindre les syndicats fascistes et le « Dopolavoro », organisme prenant en charge les loisirs, ce qui permet de contrôler le temps libre, donc la vie privée. - La propagande vante les mérites du chef et les réalisations du régime. Elle utilise la radio transformée en monopole d’État en 1927 et le cinéma. - La police politique, l’OVRA, traque les opposants, condamnés à de lourdes peines de prison par un tribunal spécial ou assignés à résidence dans des régions déshéritées. - L’économie transformée par une volonté de limiter la dépendance économique du pays dans la perspective de préparer l’Italie à la guerre : contrôle des changes, augmentation de la production de blé par extension des terres cultivables, grands travaux en particulier autoroutes et bâtiments publics, contrôle par l’État du secteur industriel par l’intermédiaire de l’IRI, l’Institut national pour la reconversion. 3.3 Le durcissement à partir de 1936 - L’Italie en se lançant à la conquête de l’Éthiopie s’isole diplomatiquement et se rapproche de l’Allemagne avec qui est conclu l’Axe Rome -Berlin en 1936 puis le pacte d’Acier (1939). - Une législation antisémite est votée en 1938, pour imiter l’allié allemand. Elle ne sera appliquée véritablement que pendant la guerre. - Un durcissement de l’autarcie pèse sur le pouvoir d’achat de la majorité des Italiens. - L’Église manifeste son opposition à la place grandissante que l’État fasciste a prise dans l’éducation des jeunes et menace Mussolini d’excommunication. - Le roi Victor-Emmanuel III, toujours présent, ne règle pas le problème de sa succession en faveur de Mussolini. Toujours en tête dans le protocole, il peut être un recours pour les milieux conservateurs. Conclusion : L’Italie fasciste a été qualifiée de totalitarisme inachevé parce que le régime ne parvient pas à s’assurer le contrôle de la totalité de l’État, une partie des cadres traditionnels de l’administration et de l’armée restant en place. Le roi et l’Église incarnent des pouvoirs concurrents. En outre, une grande partie des Italiens se détournent du fascisme par hostilité au durcissement du régime et à la guerre qui se prépare. ©Cned 2004