Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en
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Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Recueil de textes préparés à l’intention de Santé Canada Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Recueil de textes préparés à l’intention de Santé Canada Notre mission est d’aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé. Santé Canada Pour obtenir des exemplaires additionnels, s’adresser à : Publications Santé Canada Pl 0900C2 Ottawa (Ontario) K1A 0K9 Tél : (613) 954-5995 Télécopieur : (613) 941-5366 Également disponible sur le site Web de Santé Canada à l’adresse suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/healthcare/cahc/index.html La reproduction de ces textes à des fins non-commerciales est autorisée si elle vise l’enseignement ou les études cliniques. Il est demandé de faire état de la provenance des textes reproduits. Les points de vue exprimés dans les textes de ce recueil sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de Santé Canada Also available in English under the title: Perspectives on Complementary and Alternative Health Care a collection of papers prepared for Health Canada © Sa Majesté la Reine, représentée par le Ministre des travaux publics et des services gouvernementaux Canada, 2001 No de cat. H39-572/2001F ISBN 0-662-85660-0 TABLE DES MATIÈRES ii Remerciements .............................. Introduction ................. I Définition des approches complémentaires et parallèles en santé : document de travail II. Rappor t d’étape : questions de politiques associées aux approches complémentair es et parallèles en santé III La nécessité des lignes directrices : questions d’éthique associées à l’utilisation d’approches complémentaires et parallèles en santé aujourd’hui au Canada IV Vers un système intégratif de santé : document de travail V. Jour née d’étude sur invitation - information et choix éclairé : rapport VI. La réglementation des praticiens utilisant des approches complémentaires et parallèles en santé : considérations pour l’élaboration de politiques VII Intégration de l’approche conventionnelle et des approches complémentair es et parallèles en santé : vision d’une démar che Notices Biographiques des Auteurs T ABLE D E S M AT I È R E S R EMERCIEMENTS Nous désirons remercier les auteurs dont les travaux constituent le présent recueil : Rona Achilles, James Casey, Theodore de Bruyn, Frances Picherack, Douglas Tataryn, Sally Thorne, et Marja Verhoef. Nous voudrions aussi souligner l’apport des membres externes du Groupe consultatif de Santé Canada sur les approches complémentaires et parallèles en santé en ce qui concerne les sections III et IV. Nous Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé remercions aussi nos collègues de division, en particulier Isabelle Caron, Lorraine Chiasson, Liette Gardner, Julie Gravel, et Ginette Renaud pour leur contribution à la préparation d’un recueil bilingue. Robert Shearer et Joan Simpson, Division des systèmes de santé, Santé Canada, 15 mai 2001 I NTRODUCTION Les Canadiens font aujourd’hui preuve d’intérêt pour tout un éventail d’approches en santé qui, jusqu’à tout récemment, étaient jugées comme ‘ne faisant pas partie’ des soins de santé conventionnels de l’Amérique du Nord. Des approches telles que la naturopathie, les remèdes à base de plantes, l’acupuncture et la chiropractie, pour n’en nommer que quelques-unes, qui sont maintenant très en demande. Le domaine des approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) s’accompagne d’enjeux et de questions complexes. Jusqu’à quel point les limites séparant la médecine complémentaire et parallèle de la médecine conventionnelle sont-elles fixes? N’est-il pas vrai que ces deux types de médecine partagent une vision holistique de la santé qui intègre la prévention et la promotion de la santé? Une approche est-elle encore ‘parallèle’ si elle est utilisée dans le cadre d’exercice des praticiens de santé réglementés? Pourquoi certaines ACPS sont-elles reconnues et réglementées dans certaines juridictions provinciales et territoriales et non dans d’autres? Quelles sont les questions d’éthique que pose le recours aux ACPS? Quelles sont les questions associées à la reconnaissance, au droit d’exercer et à la réglementation des praticiens des ACPS? Quels mécanismes pourrait-on utiliser pour coordonner l’intégration des ACPS et l’approche conventionnelle en santé? On peut considérer l’utilisation des ACPS comme une question en évolution qui a de sérieuses incidences sur la prestation des soins de santé au Canada. Il est clair que les ACPS ont une popularité croissante et que le public en désire davantage. Il est également évident que les Canadiens ont recours aux ACPS avec ou sans la participation des practiciens de soin de santé conventionnels ou même de tout autre practicien. Au milieu de l’année 1998, la Division des systèmes de santé (qui faisait alors partie de la Direction générale de la promotion et des programmes de santé I NTRODUCTION à Santé Canada) commença à explorer l’impact qu’avait et pourrait avoir l’utilisation des ACPS sur le système des soins de santé. Dans une perspective de santé de la population, la Division étudia le rôle potentiel des ACPS dans le contexte de la promotion de la santé, de la prévention des maladies et de la gestion de la santé et des conditions connexes à toutes les étapes de la vie. Les études subséquentes visèrent à approfondir notre compréhension des enjeux que soulèvent les ACPS dans le domaine des politiques, particulièrement les études et la formation, la réglementation, l’utilisation par les consommateurs, l’accessibilité, l’information et le choix éclairé. En 1999, le York University Centre for Health Studies entreprit un projet financé par le Fonds pour la santé de la population et par la Stratégie canadienne sur le VIH/SIDA. Ce projet mena à la préparation d’un rapport intitulé ‘Les approches complémentaires et parallèles en santé - un aperçu canadien’. Diffusé à l’automne 1999, ce rapport constitue pour le Canada un point de repère important sur le sujet. Le rapport est disponible sur le site Web de l’université à l’adresse : www.yorku.ca/research/ychs. C’est également en 1999 qu’a été formé le Groupe de consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé dans le but d’aider à cerner les principales questions que soulèvent, pour le système de santé les approches complémentaires et parallèles et aussi de suggérer pour l’avenir des domaines d’étude ayant une importance stratégique. Ce groupe continue à jouer ce rôle consultatif et se penche maintenant sur les questions de formation des praticiens en santé, aussi bien les praticiens des ACPS que les praticiens conventionnels, ainsi que sur les enjeux en matière de ressources humaines dans ce secteur. Parmi les activités entreprises par la Division des systèmes de santé entre janvier 2000 et mars 2001, il faut noter les documents de discussion qui ont été préparés sur toute une gamme d’aspects des approches complémentaires et parallèles afin de contribuer à une meilleure compréhension des enjeux. Ces documents prennent comme point de départ ‘L’Aperçu canadien’ et les résultats du Groupe consultatif. Les documents contenus dans le présent recueil proviennent des travaux effectués entre avril 2000 et mars 2001. En juillet 2000, la Division des systèmes de santé fut Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé intégrée à la Direction générale de la politique de la santé et des communications. Ce regroupement offre la possibilité de se concentrer davantage sur les questions de politiques en ce qui concerne l’impact présent et futur des approches complémentaires et parallèles en santé sur les systèmes de santé. Dans son rapport ‘Définition des approches complémentaires et parallèles en santé’, Rona Achilles passe en revue les questions touchant la définition des ACPS et délimite le domaine des ACPS et celui des approches conventionnelles. Le rapport comprend une revue et une analyse à jour des définitions, systèmes de classification et critères proposés pour les ACPS et couvre également les fonctions et la définition du système de santé. [complété en avril 2000] ‘Rapport d’étape : questions de politiques associées aux approches complémentaires et parallèles en santé’, préparé par Theodore de Bruyn, offre une synthèse basée sur toute une gamme d’informations tirées des principaux documents canadiens et internationaux sur les ACPS et fait ressortir les incidences en termes de politiques. Les domaines couverts comprennent les concepts et les catégories, l’utilisation chez les consommateurs, l’intégration, l’information, la réglementation, les études, la couverture d’assurance et la recherche. [complété en avril 2000] ‘Vers un système intégratif de santé’ est le fruit du travail du Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Il vise à étudier les incidences de l’utilisation croissante des thérapies et pratiques relevant des ACPS afin de préparer le terrain à un nouveau modèle intégrant les approches complémentaires et parallèles et les approches conventionnelles, nouveau modèle qui reste à décrire et à discuter. [complété en juillet 2000] Le Groupe consultatif a également préparé un document intitulé ‘De la nécessité des lignes directrices : questions d’éthique associées à l’utilisation d’approches complémentaires et parallèles en santé aujourd’hui au Canada’. Une version résumée de ce document figure dans le présent recueil grâce au travail de Sally Thorne, qui est membre du Groupe consultatif. [complété en janvier 2000] En novembre 2000, Santé canada organisa une Journée d’étude sur invitation portant sur l’information et le choix éclairé dans l’utilisation des approches I. D ÉFINITION DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ par Rona Achilles « Tout comme les moyens de transport et de communication modernes percent les frontières du temps et de l’espace qui divisaient autrefois les êtres humains en des territoires isolés, les frontières culturelles et philosophiques séparant l’Est de l’Ouest s’effacent, lentement mais sûrement, malgré l’opposition opiniâtre de traditionalistes intransigeants dans les deux camps. Nulle part ailleurs les murs ne tombent plus rapidement que dans le domaine de la santé : il devient de plus en plus évident que l’art de guérir traditionnel de l’Est et la technologie médicale moderne de l’Ouest sont des branches complémentaires du même arbre et qu’elles offrent ensemble un tableau beaucoup plus complet de la santé ainsi que des thérapies beaucoup plus efficaces que l’un ou l’autre camp ne pourrait réaliser à lui seul. La maladie et la dégénération ne connaissent pas de frontières, pas plus que les thérapies utilisées pour leur traitement. Ce qui importe en médecine est le caractère utilitaire pratique de celle-ci, non sa concordance théorique avec des concepts influencés par la culture. Face à la crise mondiale en matière de santé que nous connaissons aujourd’hui, tant les médecins que les patients peuvent faire appel à tout un éventail de moyens, qu’ils proviennent de la science ou de la théorie, des temps anciens ou des temps modernes, de la Chine ou de l’Amérique ». [traduction libre] (Tiré de The Complete Book of Chinese Health & Healing. par Daniel Reid., 1994. Réimprimé avec l’accord de Shambhala Publications, Inc., Boston, www.shambhala.com ) I.b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé I.21971 TABLE DES MATIÈRES I.d Sommair e........................... Introduction ...................... Définitions ......................... Systèmes de classement ... I.5 Fonctions ........................... Caractèristiques/critères ... I.8 Conclusion ........................ Répercussions ................... Ouvrage de référ ence ....... I.12 Appexe A Thérapies, pratiques et praticiens paraissant dans diverses enquêtes Appexe B Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins (www ...................................I.14 .fraserinstitute.ca) ......................I.15 Appexe C Les quatre paradigmes de T atar yn de la santé et de la maladie ..............................................I.16 D ÉFINITION DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S E T PA R A L L È L E S EN SANTÉ I. c SOMMAIRE Ce document est une révision des questions liées à la définition des approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) et à la délimitation de frontières entre celles-ci et la médecine traditionnelle. L’auteure examine et analyse les définitions actuelles, les systèmes de classement ainsi que les critères et les caractéristiques des ACPS. La plupart des études divisent les soins de santé en deux secteurs d’activité, à savoir les ACPS et la médecine traditionnelle, concédant à cette dernière un caractère normatif au sein du système de santé tout en présentant un modèle périmé de la médecine conventionnelle. Les principales initiatives stratégiques des dernières décennies comme la prévention, la promotion de la santé et les approches en santé de la population sont exclues de ce cadre. De plus, en s’inspirant de la sociologie et de l’anthropologie médicale, elle brosse un tableau de I.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé fonctions potentielles du système de santé. L’auteure conclut que le fait de définir les ACPS et de délimiter les frontières entre celles-ci et la médecine conventionnelle peut nécessiter une redéfinition des soins de santé incluant l’importance qu’il faut accorder à la façon d’aborder les problèmes de santé et la maladie, de promouvoir la santé ainsi que de prodiguer les soins aux individus souffrant d’une maladie, et favoriser la guérison ainsi que le rétablissement de la santé. Elle y suggère diverses répercussions en regard de la planification des politiques en matière de santé de même qu’en ce qui a trait à l’élaboration de programmes et à la prestation de services. Les points de vue exprimés dans ce rapport sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de la Division des systèmes de santé, Santé Canada I NTRODUCTION L’usage des approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) au Canada s’est intensifié au cours de la dernière décennie. Les expressions « thérapies parallèles » ou « soins complémentaires » font désormais partie de notre langage de tous les jours pour parler de ces pratiques et de ces thérapies. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils entendent par « parallèles », la plupart des gens feront allusion aux herbes, aux vitamines, à l’acupuncture et peut-être à d’autres pratiques telles l’aromathérapie et le massage. Ils peuvent également penser qu’ils ne peuvent se procurer ce genre de pratiques auprès de leur praticien médical. Si on y regarde de plus près cependant, le sens que nous donnons aux ACPS devient plus complexe. Doit-on considérer que les massages font partie des thérapies parallèles dans des provinces où la profession de masseur est autoréglementée? L’acupuncture est-elle une thérapie parallèle lorsqu’elle est exercée par un médecin ou un physiothérapeute? Si une thérapie parallèle s’avère efficace pour traiter certaines affections, parle-t-on toujours d’approche parallèle? D ÉFINITION L’élaboration de politiques et de programmes de recherches commence avec une définition de ce qui compose les ACPS. Ce document traite de divers outils conceptuels servant à définir les approches complémentaires et parallèles en santé et à délimiter les frontières qui existent entre les ACPS et la médecine conventionnelle. Les définitions et les frontières sont inextricablement liées. Une bonne définition comprendra des frontières nettes; des frontières nettes permettront de donner une bonne définition. Les frontières entre les ACPS et la médecine conventionnelle sont cependant floues, sans compter que les définitions actuelles reposent sur une perception périmée des soins de santé et de la médecine conventionnelle. Ce document n’a pas pour objet de fournir des réponses à ces questions difficiles et complexes. Il tend plutôt à préciser certaines difficultés inhérentes aux façons courantes de définir les ACPS et à apporter des suggestions visant un meilleur éclairage de ces questions. DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S ET PARALLÈLES EN SANTÉ I.1 D ÉFINITIONS Eisenberg et ses collègues croire, par exemple, que le fait « D’un point de vue sociologique, (1993) ont élaboré la première de manger dix bananes par jour une thérapie non conventionnelle se et la plus courante définition pendant dix jours constitue rappor te à des pr océdur es médicales des ACPS aux fins d’une étude une bonne diète pour perdre du qui ne sont pas conformes aux visant à déterminer l’étendue de poids). La reconnaissance des nor mes de la collectivité médicale. leur utilisation par les f rontières imprécises entre les Nous définissons, ici, les thérapies consommateurs. Il s’agit d’une ACPS et la médecine non conventionnelles comme étant définition « fonctionnelle » conventionnelle constitue un des interventions médicales qui ne (Eisenberg et coll., 1998). On y sont ni largement enseignées dans les aspect important de cette définit les « thérapies médicales définition. écoles de médecine ni couramment parallèles » comme des disponibles dans les hôpitaux des « interventions qui ne sont ni Tant la définition d’Eisenberg États-Unis. Mentionnons, à titre largement enseignées dans les que celle du NIH ne précisent d’exemples, l’acupuncture, la écoles de médecine ni cependant pas ce que sont chir opratie et la massothérapie ». couramment disponibles dans vraiment les ACPS. Leur (Eisenber g et coll.,1993) les hôpitaux des États-Unis ». définition respective repose L’utilisation des ACPS a connu une croissance plutôt sur des définitions qui nous disent ce que les accélérée au cours des années 90. Cette définition, ACPS ne sont pas. Fondamentalement, les deux élaborée au début de la décennie, est déjà périmée définitions nous indiquent que les ACPS du fait qu’on enseigne maintenant plusieurs regroupent tout ce qu’on ne retrouve pas en thérapies parallèles dans la plupart des écoles de médecine conventionnelle. Ces définitions médecine des États-Unis et du Canada (Wetzel et négatives ou résiduelles, quoiqu’ utiles comme point coll., 1998; Ruedy et coll., 1999). De plus, certaines de départ, sont trop larges. Ainsi, toute pratique, thérapies sont désormais tout comportement, toute « L’appr oche complémentaire et intégrées au régime hospitalier thérapie et tout praticien du parallèle (ACP) est un vaste univers partout en Amérique du Nord. domaine de la santé qui ne de ressour ces curatives incluant tous sont pas perçus comme les systèmes, toutes les modalités et Un comité du National Institute relevant de toutes les pratiques de santé avec of Health chargé de la définition la médecine conventionnelle leurs théories et cr oyances et de la description a donné, en sont mis dans le panier des 1997, une définition plus claire. respectives, autres que les r essources ACPS. La première difficulté qui sont intrinsèques au système de Cette définition (voir encart) que soulève cette situation santé à dominance politique d’une est plus significative. Elle inclut est le fait que la médecine c u ltur e ou d’une société par ticulièr e à conventionnelle est en phase les « systèmes, les modalités et un moment donné de l’histoir e. les pratiques » avec leurs de transition et qu’elle a L’ACP inclut toutes ces pratiques et « théories et leurs croyances ». récemment incorporé à ses idées que les utilisateurs définissent Cependant, l’inclusion de valeurs fondamentales des eux-mêmes comme étant des moyens « toutes ces pratiques et idées pratiques comme « les soins de prévention ou de traitement de la que les utilisateurs définissent axés sur le malade » et maladie ou de promotion de la santé eux-mêmes comme étant des « les soins holistiques ». En et du bien-être. Les fr ontièr es de moyens de prévention ou de deuxième lieu, ces définitions l’ACP de même que celles qu’il y a traitement de la maladie ou de divisent essentiellement les e n t r e le domaine de l’ACP et celui du promotion de la santé et du soins de santé en deux secteurs système dominant ne sont pas bien-être » est trop subjective d’activités, à savoir la toujours nettes ou fixées » (Comité et englobe virtuellement toute médecine conventionnelle et NIH chargé de la définition et de la activité qu’une personne croit les ACPS, ce qui constitue une description, 1997). être salubre. (Certains peuvent fausse représentation du I.2 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé système de santé à l’intérieur duquel des actions majeures concernant la promotion de la santé ont été prises au cours des trois dernières décennies. On peut trouver une autre source de définitions ponctuelles des ACPS dans des enquêtes portant sur l’utilisation des ACPS par les consommateurs. De nombreuses enquêtes utilisent une liste prédéterminée de thérapies et de praticiens; on demande alors aux participants s’ils ont déjà utilisé les ACPS. (Voir, par exemple, Eisenberg et coll., 1993, 1998; Ramsay, Walker et Alexander, 1999; Millar, 1997). On trouve à l’annexe A les pratiques, les thérapies et les praticiens paraissant dans des listes prédéterminées ayant servi aux diverses enquêtes. On retrouve dans ces listes plusieurs activités, pratiques, thérapies et praticiens qui ne font peut-être pas partie de ce que nous considérons comme de la médecine conventionnelle mais qui ne font manifestement pas partie de la « médecine parallèle ». Eisenberg et ses collègues (1993) incluent, par exemple, dans leur liste prédéterminée, des programmes commerciaux de perte de poids, des groupes d’entraide, des remèdes traditionnels, l’exercice et la prière. Un sondage Angus Reid (1997) inclut dans sa liste d’approches parallèles1 , l’hypnose, la physiothérapie, les aliments de santé et les produits naturels ainsi que le yoga. Millar (1997) inclut, dans sa liste tirée de l’enquête nationale sur la santé de la population, des groupes d’entraide comme les Alcooliques Anonymes ainsi que des groupes de soutien dans le traitement des cancers. Finalement, l’étude du Fraser Institute, calquée sur les enquêtes menées par Eisenberg et ses collègues aux États-Unis (1993; 1998), inclut des programmes de régime, des régimes liés au mode de vie, des groupes d’entraide, du feedback biologique, le yoga, la chélation et des programmes particuliers de régime, de même que le calcul des coûts qui comprend les manuels et les cours (Ramsay et coll., 1999). On peut se demander pourquoi un programme commercial de perte de poids peut être considéré comme étant une thérapie parallèle. C’est probablement en raison de programmes comme celui des Weight Watchers, celui de Jenny Craig et celui d’autres entreprises qui visent à faciliter la perte de poids par l’ingestion rigoureuse d’aliments spécifiques. Ces programmes peuvent également 1 inclure des produits commerciaux qui remplacent les repas par des breuvages contenant des vitamines et des protéines. Une enquête inclut trois éléments différents en rapport avec les « régimes parallèles » : les programmes de régime, les régimes liés au mode de vie et les programmes particuliers de régime. La plupart des régimes d’assurance provinciaux couvrent les frais d’hypnose et de physiothérapie. La prière, bien qu’elle puisse avoir des effets bénéfiques sur la santé, est une pratique courante dans la plupart des traditions à caractère religieux. L’exercice (on peut aussi inclure le yoga) de même que les groupes d’entraide comme les Alcooliques Anonymes et les groupes de soutien dans le traitement des cancers constituent des éléments décrits plus précisément comme des activités de promotion de la santé plutôt que comme des thérapies parallèles. Étant donné que les manuels et les cours sont également des éléments pouvant être décrits comme des formes d’entraide, on peut aussi se demander s’ils doivent être inclus dans les thérapies parallèles selon, bien sûr, leur contenu spécifique (l’enquête n’indique d’ailleurs pas clairement si elle a porté sur ces derniers points). Pour compliquer encore davantage la situation, étant donné cette division des services de santé en deux secteurs d’activités, à savoir la médecine conventionnelle et les ACPS, on aurait pu croire que des dispensateurs de thérapies parallèles se seraient appropriés le domaine des approches parallèles, mais tel n’est pas le cas. Ramsay et coll., (1999) a découvert qu’une partie importante des dispensateurs de ce que l’on décrit comme étant des thérapies parallèles sont des médecins. Ainsi, 100 % des personnes qui prennent des doses élevées de mégavitamines se sont vues prescrire cette thérapie par des médecins. De la même façon, parmi les personnes qui ont déclaré suivre des traitements de chiropratique (31%), des thérapies de détente (35%), des thérapies à base d’herbages (23%), des programmes particuliers de régime (33%), des traitements d’acupuncture (24%), appartenir à des groupes d’entraide (37%), suivre des régimes liés au mode de vie (89%), suivre des traitements d’homéopathie (17%) et des techniques d’imagerie (16%), plusieurs d’entre elles ont vu un médecin en rapport avec ces thérapies ou ces pratiques. L’annexe C donne la liste complète des thérapies et des dispensateurs de soins médicaux. Il est clair que Le rapport n’indique pas clairement s’il s’agit d’une liste pré-déterminée ou s’il s’agit de réponses données en toute liberté. Mais puisqu’on les retrouve dans le rapport, les auteurs les considèrent clairement comme des approches parallèles. D ÉFINITION DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S ET PARALLÈLES EN SANTÉ I.3 les frontières entre la médecine conventionnelle et les ACPS ne peuvent être délimitées en fonction de la formation ou de l’orientation des dispensateurs de soins. Dans ces enquêtes, bon nombre des thérapies et pratiques regroupées sous le chapeau des thérapies parallèles sont surtout considérées comme des activités de promotion de la santé. Depuis la publication du document intitulé Nouvelle perspective de la santé des Canadiens, en 1974, le système de santé canadien a amorcé un processus d’élargissement du « modèle médical » conventionnel en matière de santé et de soins de santé qui était exagérément centré sur les problèmes de santé et la maladie. Cette nouvelle « conception globale de la santé » a remis en question la notion antérieure voulant que la qualité des soins de santé soit uniquement déterminée par la qualité des services de santé et a redéfini la santé en tant que concept pouvant inclure tout ce qui touche la santé des individus et des collectivités. Ce premier document de promotion de la santé a déterminé quatre éléments différents composant cette conception globale de la santé : les organismes de soins de santé, l’environnement, le mode de vie et la biologie de l’être humain [c’est moi qui accentue] . Le mode de vie englobe des activités reliées à la promotion de la santé comme l’exercice, une bonne alimentation, la gestion du stress, etc. En 1986, la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé a défini la promotion de la santé comme étant « la démarche qui permet aux gens d’avoir un meilleur contrôle de leur santé et d’améliorer celle-ci ». Vue sous cet angle, la santé est moins considérée comme étant un facteur lié aux statistiques de morbidité et de mortalité; elle devient plutôt « une ressource pour la vie de tous les jours », est davantage centrée sur la qualité de cette vie et constitue un univers où les responsabilités sociales et personnelles sont partagées. Le concept de promotion de la santé a continué d’être perfectionné avec la parution du document « La Santé pour tous » (Epp, 1986) qui était un modèle pratique du plan d’ensemble pour la promotion de la santé. Ce qu’il y a de particulièrement pertinent dans ce débat est l’introduction de l’amélioration de la faculté d’adaptation et l’accroissement de la prévention comme défis en matière de santé ainsi que l’autosoin et l’entraide comme véhicules de promotion de la santé. D’autres facteurs touchant la santé se sont ajoutés récemment avec l’adoption d’une perspective sur la santé de la population qui détermine des facteurs déterminants de la santé comme le revenu et le statut social, les réseaux d’aide sociale, l’éducation, les conditions d’emploi et de travail, l’environnement physique, l’héritage physique et biologique, les approches personnelles en matière de santé et les habiletés d’adaptation, le développement des enfants en santé et la disponibilité de services de soins préventifs et de première ligne [c’est moi qui accentue] (Ministère des Approvisionnements et Services, 1994). De nombreuse thérapies et approches énumérées dans les enquêtes des ACPS auprès des consommateurs sont, en fait, clairement des approches de promotion de la santé. Les techniques de détente, les massages, les groupes d’entraide, l’exercice, les modifications de régime (pour n’en nommer que quelques-unes) ne servent qu’à accroître la faculté d’adaptation et peuvent facilement être vues comme pouvant améliorer la prévention (amélioration de la santé) ainsi que comme méthodes d’autosoin. Le parallèle entre les concepts de promotion de la santé et d’une grande partie de ce que l’on décrit comme des « thérapies parallèles » est frappant. Le document intitulé Saskatchewan Vision of Health (1992), par exemple, établit le « concept du mieux-être constituant le but visé par les services de santé » comme l’un de ses deux principes d’intervention [c’est moi qui accentue]. Le document intitulé Énoncé d’action pour la promotion de la santé (1996) de l’Association canadienne de santé publique précise que « la promotion de la santé contient une approche holistique à tous les égards d’un développement sain » et fait de cet énoncé l’un de ses principes stratégiques [c’est moi qui accentue]. Ce document ne prétend pas faire l’étude exhaustive de ces parallèles mais souligner qu’une grande partie de ce qu’on appelle « thérapies parallèles » provient du monopole permanent du modèle médicale que l’on retrouve dans les définitions des ACPS. I.4 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé SYSTÈMES DE CLASSEMENT On retrouve une autre source de définitions des ACPS dans les systèmes de classsement conçus pour structurer la gamme de thérapies et d’approches sous diverses catégories. Le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) aux É.-U., dont le site Web est le (http://nccam.nih.gov/nccam/what-isCAM/classify.shtml), a, par exemple, élaboré un système de classement permettant d’établir les priorités relatives à l’octroi de subventions de recherches. Ce système compte sept catégories principales (lesquelles comprennent des souscatégories dans certains cas); à l’intérieur de chacune des catégories et sous-catégories, les thérapies et approches sont à nouveau subdivisées en trois groupes : l’ACP, les approches comportementales et les pratiques se chevauchant. L’ACP (Approche complémentaire et parallèle) se définit comme une pratique médicale qui n’est généralement pas utilisée ni acceptée par la médecine conventionnelle ni disponible auprès de celle-ci [c’est moi qui accentue]. On définit les approches comportementales comme «... des pratiques qui entrent dans le cadre de la médecine conventionnelle ». Finalement, les pratiques se chevauchant sont définies comme des « [P]ratiques qui peuvent constituer une ACP ou une approche comportementale, selon leurs applications ». On trouve ci-après une liste des sept catégories en question (l’annexe B contient la liste complète)2 : • Approche corps-esprit • Systèmes médicaux parallèles • Prévention de la maladie et mode de vie • Thérapies à fondement biologique • Systèmes axés sur le corps et la manipulation • Domaine biologique • Bioélectromagnétisme Ici encore, la dominance du modèle médical dit « normatif » par rapport à tout genre d’activités dites « autres » (c’est-à-dire l’ACP et les ACPS) est apparente en dépit des tentatives de reconnaître les différents regroupements. Par exemple, la pratique de la « religion » est incluse dans la sous-catégorie « religion et spiritualité » de la catégorie «approche 2 Appr oche corps-esprit • Système corps-esprit • Méthodes corps-esprit • Religion et spiritualité • Domaines sociaux et contextuels Prévention de la maladie et mode de vie • Approches préventives cliniques • Thérapies liées au mode de vie • Promotion de la santé corps-esprit ». En dépit de cette assertion à l’effet que cette sous-catégorie (religion et spiritualité) « traite des aspects non-comportementaux de la religion et de la spiritualité liés aux rapports qui existent avec les fonctions biologiques ou les conditions cliniques », l’inclusion de l’ACP semble étrange. De la même façon, on retrouve dans la catégorie « prévention de la maladie et mode de vie » les trois sous-catégories suivantes : approches préventives cliniques, thérapies liées au mode vie et promotion de la santé. La promotion de la santé est définie comme étant « la recherche clinique et épidémiologique portant sur la guérison, le processus de guérison, les facteurs de promotion de la santé et les mécanismes d’auto-réglementation ». Peut-être faudrait-il établir un portrait plus large du domaine des soins de santé. Labonte (1993) énonce, par exemple, trois systèmes explicatifs différents se chevauchant en ce qui a trait à la santé : médical, comportemental et socio-environnemental. Étant donné que cette analyse traite de la définition de la médecine conventionnelle et des ACPS ainsi que de leurs frontières, on pourrait partager ce portrait Corps • régimes et suppléments – extraits et concentrés – produits chimiques/synthétiques • manipulation physique Corps/Esprit Corps/Énergie Corps/Spiritualité Le système de classement a été légèrement modifié depuis que le rapport YCHS a été intégré à ce cadre de travail en 1999. D ÉFINITION DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S E T PA R A L L È L E S EN SANTÉ I.5 entre la promotion de la santé, les soins parallèles et les approches biomédicales. Tataryn suggère une démarche de classement différente dans son document « Paradigmes de la santé et de la maladie : un cadre de classement et de compréhension des thérapies parallèles et complémentaires ». Plutôt que de diviser les thérapies et les approches en fonction de la médecine conventionnelle et des ACPS, Tataryn suggère quatre paradigmes de « santé et de maladie... lesquels classent les thérapies selon les hypothèses de base liées à la santé et à la maladie correspondant à chaque thérapie ». Les quatre paradigmes suggérés sont les suivants : Corps; Corps/Esprit; Corps/Énergie et Corps/Spiritualité. Le paradigme Corps est ensuite subdivisé ainsi : 1) régimes et suppléments (ceux-ci peuvent être de source « naturelle » ou synthétique) et 2) manipulation physique. L’annexe C comprend la liste complète des quatre paradigmes de Tataryn. Les thérapies et les approches que l’on retrouve dans le paradigme Corps sont celles qui agissent par l’intermédiaire de mécanismes biologiques et qui « ciblent les facteurs biologiques comme les déterminants primaires de la santé et de la maladie ». Le paradigme Corps/Esprit va jusqu’à inclure l’influence de l’esprit sur la santé et sur la maladie tout en faisant référence à des thérapies et à des approches comme : l’affirmation/suggestion, le counselling, l’hypnose et la méditation, etc. Le paradigme Corps/Énergie inclut des thérapies qui impliquent une « énergie subtile fondamentale en tant que condition intrinsèque et nécessaire à la 3 vie ». Ces énergies sont connues sous différentes appellations selon la tradition (par exemple, chi, prana, force vitale, élan vital). À titre d’exemples de thérapies du paradigme Corps/Énergie, on retrouve l’acupuncture, l’homéopathie, le Reiki, et le toucher thérapeutique. Le dernier paradigme, le paradigme Corps/Spiritualité implique « l’existence d’être(s) extérieur(s), non matériel(s) comme Dieu, Jéhovah, Tao, Bouddha, les anges ou le « soi suprême ». Tataryn suggère que les paradigmes sont hiérarchisés, chacun d’eux étant modulé en fonction du précédent. Ainsi, le paradigme Corps/Spiritualité considère le corps, l’esprit, l’énergie et la spiritualité comme des dimensions de la santé et de la maladie. Ce qu’il y a d’intéressant dans le système de classement de Tataryn, c’est que ce dernier ne prend pas comme point de départ ni la médecine conventionnelle, ni les thérapies parallèles. Les regroupements y sont plutôt conceptualisés en fonction de leur postulat concernant la nature de la santé et de la maladie ainsi qu’en fonction des thérapies ou des approches visées. Le paradigme Corps3 inclut donc les thérapies parallèles ou les thérapies conventionnelles qui agissent au niveau biologique. Selon Tataryn, la plupart des éléments de la médecine conventionnelle peuvent être compris dans le paradigme Corps. Le système de classement de Tataryn est un exemple de ce que Best et Hebert (1998) appellent modèle intégré des soins de santé. Pour ajouter à ce point, Tataryn commente ainsi « ...les interventions par les régimes et par les herbes, la massothérapie, les autres interventions liées au paradigme du corps s’estompent facilement dans la médecine conventionnelle. Il ne s’agit pas vraiment d’approches parallèles en soi (à savoir que ces éléments ne sont pas fondés sur un cadre de travail parallèle), mais plutôt des véhicules différents destinés aux interventions liées au paradigme du corps. Les herbes constituent simplement une façon plus naturelle d’effectuer une intervention fondée sur le corps. Les extraits/concentrés estompent les frontières encore davantage. Je pense que c’est une raison expliquant le « succès » rapide qu’ils ont connu, surtout en ce qui a trait au financement de la recherche. Ils ne nécessitent pas ni ne remettent en question toute hypothèse additionnelle liée au paradigme Corps ». (Communication personnelle, le 16 mars 2000). I.6 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé F ONCTIONS Nous pouvons également étudier la définition des ACPS et de la médecine conventionnelle ainsi que leurs frontières sous l’angle des distinctions possibles au plan de leurs fonctions. L’anthropologie médicale et la sociologie présentent certains concepts utiles à l’orientation de cette discussion. Kleinman (1980) a élaboré un cadre d’organisation des soins de santé inspiré d’études qu’il a effectuées dans les pays en voie de développement, lequel peut également s’appliquer aux pays plus développés. Les soins de santé sont répertoriés, à l’intérieur de ce cadre, en trois domaines (qui peuvent, dans certains cas, se chevaucher) : professionnel, populaire et traditionnel. Le domaine professionnel comporte une structure formelle accompagnée d’exigences standards et d’octroi de licence et requiert une formation officielle. Le domaine populaire comprend plusieurs éléments non-spécialisés comme l’autosoin, la famille, le système social ainsi que les croyances et les activités populaires. Le domaine traditionnel est plus spécialisé et comprend, par exemple, les shamans, les prophètes et les herboristes. Avant d’appliquer ce cadre aux fonctions éventuellement distinctes des ACPS et de la médecine conventionnelle, il faut regarder deux autres distinctions que suggère l’anthropologie médicale. Il existe, par exemple, une distinction importante entre «les problèmes de santé » et « la maladie ». Kleinman et ses collègues (1978) décrivent les problèmes de santé comme « les difficultés de vivre résultant d’une affection » et la maladie comme « dans le paradigme médical occidental, le dysfonctionnement ou le déséquilibre des mécanismes biologiques et psychophysiologiques chez un individu ». Il existe aussi une distinction importante entre « le rétablissement de la santé » et « la guérison » (Chez et Jonas, 1997:1157) : Le traitement pour rétablir la santé consiste en une intervention médicale externe qui supprime toute preuve de la maladie diagnostiquée. La guérison est le processus interne de rétablissement qui s’opère au plan physique, émotionnel, mental ou spirituel et qui 4 donne à une personne le sentiment d’être entière, en équilibre ou en harmonie avec ellemême et avec son environnement. Puisque ces deux actions peuvent ne pas se produire en même temps et qu’il n’est pas obligatoire qu’elles se produisent en même temps, il est possible qu’un patient se sente guéri même lorsqu’un traitement n’est plus concevable et qu’il soit traité sans être guéri. L’introduction de ces concepts soulève des questions complexes qui ne pourront être discutées en profondeur ni résolues ici. Cependant, en élargissant notre vision du domaine de la santé pour y inclure les guérisseurs, les soins de santé populaires et les professionnels de la santé, il est clair que le mandat premier de la médecine conventionnelle, à savoir de diagnostiquer et traiter la maladie, ne constitue qu’une partie du tableau de la santé. De nombreux éléments (pas tous)4 souvent considérés comme des ACPS entreraient dans la catégorie des guérisseurs et des soins populaires (qui incluraient à la fois des activités d’autosoin et d’entraide). De plus, il se peut que les fonctions de ces différents domaines soient assez différentes. Les attentes des personnes qui utilisent ces services ou ces pratiques peuvent donc être, elles aussi, assez différentes. Lorsque des praticiens conventionnels ne peuvent traiter une maladie, les patients peuvent demander à d’autres praticiens de les aider à vivre avec leur problèmes de santé (tenant compte de l’aspect « malaise »); certains d’entre eux peuvent même s’adresser à ces praticiens dans le but de guérir lorsqu’ils ne peuvent être traités. Étant donné qu’il ne s’agit pas de catégories réciproquement exclusives, les patients peuvent consulter différents praticiens pour faire appel à diverses fonctions en même temps. Les preuves empiriques présentement disponibles indiquent que les gens souffrant de maladies chroniques font appel à des praticiens et à des pratiques d’ACPS à un taux beaucoup plus élevé que la population en général et que la majorité des utilisateurs d’ACPS agissent ainsi pour ne pas souffrir de problèmes de santé ou pour améliorer leur santé (YCHS, 1999) Dans le présent cadre, les chiropraticiens, les naturopathes, et plusieurs autres praticiens de la médecine parallèle sont inclus dans le domaine professionnel. D ÉFINITION DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S ET PARALLÈLES EN SANTÉ I.7 CARACTÉRISTIQUES /CRITÈRES Le dernier outil d’analyse servant à définir les frontières entre les ACPS et la médecine conventionnelle est l’identification de caractéristiques ou de critères communs. Le rapport du York University Centre for Health Studies (YCHS, 1999) suggère la présente liste provisoire de caractéristiques clés, qui selon des allégations de certaines ACPS les distinguent de la médecine conventionnelle : • travail avec les mécanismes de régénération naturelle sur son propre corps; • l’ACP est holistique; • le patient est un participant actif/responsabilité personnelle; • atteinte du bien-être; • recherche des racines d’un problème de santé; • traitement des individus plutôt que des catégories de maladies; • validation d’expériences subjectives; • efficacité fondée sur des anecdotes personnelles. Chez et Jonas (1997) suggèrent également une liste de « théories et de thèmes servant à différencier les [ACPS] de la médecine conventionnelle » : • insistance sur la globalité; • les relations entre l’esprit, le corps et la spiritualité; • l’interaction d’une personne avec l’environnement; • l’identification des causes internes et externes plutôt que le traitement de symptômes; • renforcement de la faculté innée du corps à atteindre un mieux-être et à s’autoguérir (par l’équilibrage des champs énergétiques). Bien que les deux listes se ressemblent beaucoup, la démarche qu’on y retrouve rend difficile la définition des ACPS et la délimitation des frontières entre les ACPS et la médecine conventionnelle. Comme l’indique le rapport YCHS (1999), il peut y avoir une grande différence entre ce qui se passe réellement dans la pratique et les modèles suggérés, tant en ce qui a trait aux ACPS qu’à la médecine conventionnelle. De nombreux praticiens de la médecine conventionnelle ont adopté des approches « holistiques » dans leur pratique alors que de nombreux praticiens liés aux approches parallèles ne font que prescrire des suppléments « naturels ». Ici encore, il est difficile de travailler avec une définition résiduelle et négative des ACPS, définition fondée sur ce que la médecine conventionnelle n’est pas, parce que les frontières entre les deux domaines s’estompent constamment et parce que les ACPS deviennent un fourre-tout pour toute pratique ou approche liée à la santé qui ne se retrouve pas dans une définition (peut-être périmée) de la médecine conventionnelle. Eskinazi (1998) donne une certaine transparence à cette question en réduisant le champ de comparaison à des systèmes de santé traditionnels (c’est-à-dire parallèles). Il reconnaît que ce qu’on englobe généralement sous l’appellation « parallèle » a une signification plus large que les systèmes dont il parle et comprend également des éléments de ces systèmes pratiqués ou utilisés séparément (par exemple les herbes, l’acupuncture, les pratiques spirituelles, etc.), une grande variété de modalités difficiles à cataloguer et des pratiques comme l’hypnose et la chiropratique (que certains considèrent comme faisant davantage partie de la médecine conventionnelle que des approches parallèles). Il met cependant l’accent sur les différences qu’il y a entre les systèmes parallèles exhaustifs et les systèmes médicaux conventionnels. Suite à cette mise au point, il suggère la présente liste de caractéristiques que les systèmes de santé parallèles ont en commun : • la spiritualité fait partie intégrante de chacune des approches parallèles; • l’explication primaire des phénomènes biologiques repose sur l’existence d’un « élan vital » que l’on peut appeler Qi, Ki, prana et médecine énergétique; • la croyance en une unité sous-jacente à toute diversité ou holisme; • la santé dépend de la juste interaction avec l’environnement; • les moyens de communication avec l’environnement « invisible » (par exemple, la I.8 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé méditation ou la prière) constituent une partie importante de l’approche thérapeutique. Eskinazi (1998) va même plus loin en suggérant que ce sont précisément ces caractéristiques que les systèmes de santé parallèles ont en commun (spiritualité, élan vital et holisme) qui semblent les différencier de la médecine conventionnelle : • la biomédecine repose (en partie) sur des explications matérialistes (par opposition à « élan vital » ) (on définit le matérialisme comme étant la croyance que « les questions matérielles constituent la réalité unique ou fondamentale...»); • la biomédecine n’incorpore pas automatiquement la religion ou la spiritualité au diagnostic ou au traitement (bien qu’elle ne rejette pas non plus ces éléments automatiquement); • la biomédecine considère que les entités biologiques sont, plus ou moins, égales à la somme de leurs composantes anatomiques (par opposition à l’holisme). Bien qu’il ne suggère aucune solution pour définir ou structurer toute la gamme de pratiques et de modalités qui ne sont pas incluses dans les systèmes de santé parallèles, Eskinazi délimite, dans son cadre de travail, ce qu’il considère être des approches parallèles authentiques par rapport à la médecine conventionnelle en se fondant sur les pratiques et les thérapies qui peuvent être facilement intégrées au système médical conventionnel. Sa définition de la médecine parallèle est, en fait, fondée sur cette notion. « Je suggère que la médecine parallèle soit définie comme étant un vaste ensemble de pratiques de santé (déjà disponibles auprès du public) qui ne sont pas intégrées d’emblée au modèle de santé dominant parce qu’elles remettent en question diverses croyances et pratiques sociétales (sur le plan culturel, économique, scientifique, médical et pédagogique) ». Eskinazi semble cependant avoir une vision limitée sur cette question, selon ce qu’il entend par « intégrées d’emblée », étant donné que de nombreuses pratiques parallèles sont maintenant intégrées au système de santé dominant, qu’elles sont enseignées dans les écoles de médecine et qu’elles sont couvertes, dans certains cas, par les régimes d’assurance aux États-Unis (Malik, 1995). De plus, bon nombre de praticiens sont formés tant en médecine conventionnelle qu’en santé parallèle et prétendent pouvoir passer facilement d’un système à l’autre selon les besoins particuliers d’un patient. CONCLUSION Comment s’y retrouver dans ce labyrinthe de définitions, de systèmes de classement, de listes de caractéristiques et de critères pour définir ce que sont les ACPS ainsi que pour délimiter les frontières entre les ACPS et la médecine conventionnelle? On retrouve certains thèmes récurrents qui permettent de préciser les problèmes inhérents à un grand nombre des approches courantes en rapport avec ces questions. Tout d’abord, la plupart des définitions et des systèmes de classement divisent le domaine des soins de santé en deux secteurs d’activités : la médecine conventionnelle et les ACPS. Si l’on regarde attentivement bon nombre des pratiques et thérapies incluses dans les définitions officielles de D ÉFINITION même que dans les définitions ponctuelles provenant d’enquêtes sur l’utilisation des ACPS par les consommateurs, on peut constater qu’un grand nombre de ces activités sont davantage considérées comme des activités de promotion de la santé. La promotion de la santé au Canada a constitué, pendant au moins deux décennies, une action importante tant sur le plan fédéral que provincial et devrait être perçue, à ce moment-ci, comme un secteur légitime à part entière de la santé plutôt que comme une catégorie d’ACPS. Pour y arriver, il faut s’assurer que la vision élargie de la santé, inhérente à ce point de vue, soit incluse dans les discussions portant sur les ACPS et la médecine conventionnelle. DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S E T PA R A L L È L E S EN SANTÉ I.9 Deuxièmement, et ce n’est pas sans rapport avec le premier point, ce fractionnement de la santé en deux secteurs d’activités n’est pas une division d’égale valeur. La médecine conventionnelle se voit attribuée un statut normatif alors que les ACPS deviennent un fourre-tout pour tout ce qui est perçu comme ne faisant pas partie de la médecine conventionnelle. En d’autres mots, le « modèle médical » de la santé continue de dominer dans la plupart des tentatives de définir les ACPS. Comment pourrions-nous autrement inclure la notion de « confession » dans les ACPS ou considérer la « promotion de la santé » comme une sous-catégorie des ACPS? Un troisième point, brièvement soulevé mais tout de même important, est le fait que la médecine conventionnelle vit présentement sa propre transition. La plupart des définitions, des listes de critères destinés aux ACPS et des systèmes de classement laissent supposer une pratique rigide, peut-être périmée, de la médecine conventionnelle. Bien qu’on n’en connaisse pas l’envergure dans la pratique courante, une bonne partie de la médecine conventionnelle (par exemple la médecine familiale et les soins infirmiers) a adopté des styles de pratique qui sont plus « holistiques », davantage axés sur le patient, influencés par des principes de promotion de la santé comme l’importance de l’exercice, la nutrition et les techniques de contrôle du stress. En d’autres mots, les praticiens sont également des consommateurs de soins de santé et ont été influencés par les mêmes facteurs culturels et les mêmes tendances qui influencent leurs patients. On retrouve, parmi ces influences, les initiatives stratégiques du système de santé qui mettent l’accent sur l’importance de la prévention, de la promotion de la santé et des approches relatives à la santé de la population. La définition d’Eskinazi (1998) et le cadre de travail de Tataryn se rapportant au classement font office d’exceptions relativement à ces questions. Ainsi, Eskinazi restreint sa définition aux systèmes parallèles. Tataryn, quant à lui, élabore un système de classement qui intègre des thérapies ainsi que des approches conventionnelles et parallèles en un seul système et qui repose sur les hypothèses fondamentales liées à la santé et à la maladie pour ses quatre paradigmes. Finalement, des notions issues de l’anthropologie médicale et de la sociologie viennent élargir notre compréhension des fonctions des soins de santé et des besoins des patients. La médecine conventionnelle est peut-être la mieux placée pour rétablir la santé des individus souffrant d’une maladie, mais ce ne sont pas toutes les maladies qui peuvent être traitées et les patients ont aussi d’autres besoins. Comme le soulignent Chez et Jonas (1997) : Il est impératif de reconnaître et de confirmer le rôle primordial de la médecine conventionnelle en ce qui a trait à sa capacité de soigner avec compétence les maladies aiguës et les traumatismes, à ses innovations techniques au plan du diagnostic et du traitement ainsi qu’aux applications cliniques croissantes de ses découvertes scientifiques fondamentales. C’est cependant dans les domaines des soins de santé intégrés et de la gestion des conditions liées aux maladies chroniques que la démarche réductionniste, mécaniste et spécifique aux organes de la médecine conventionnelle est la plus déficiente. Le fait de définir les ACPS et de délimiter les frontières entre celles-ci et la médecine conventionnelle peut nécessiter une redéfinition des soins de santé devant inclure l’importance qu’il faut accorder à la façon d’aborder les problèmes de santé et la maladie, de promouvoir la santé ainsi que de prodiguer les soins aux individus souffrant d’une maladie, et favoriser la guérison ainsi que le rétablissement de la santé. Comme le suggèrent Chez et Jonas (1997), est-ce que la présente division entre les ACPS et la médecine conventionnelle « conduira finalement à une médecine »? Cette intégration est peut-être déjà en train de se produire dans les soins de santé des Canadiens. Cependant, l’intégration réelle de la médecine conventionnelle et des ACPS dans le système de santé ne pourra se faire que lorsque nous connaîtrons bien les forces et les faiblesses des diverses pratiques. Pour y arriver, la clarté conceptuelle de ce que nous entendons par ACPS nous est essentielle. I.10 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé R ÉPERCUSSIONS La clarté conceptuelle relative aux ACPS comporte des répercussions directes en regard de la coordination des politiques en matière de santé, de l’élaboration de programmes et de la prestation de services. L’impact direct sur la recherche apparaît dans l’analyse des enquêtes portant sur l’utilisation des ACPS par les consommateurs où de nombreuses pratiques davantage considérées comme des activités de promotion de la santé ou visant l’amélioration de la santé sont attribuées aux ACPS. L’apparition d’activités de promotion de la santé dans les enquêtes sur l’utilisation des ACPS par les consommateurs peut, en fait, expliquer le succès de ces initiatives au niveau de la masse. D’autre part, elle indique aussi que ces activités n’ont pas amélioré notre compréhension conceptuelle de ce qui constitue les soins de santé. Les thérapies et les pratiques liées aux ACPS sont généralement considérées comme parallèles ou accessoires aux interventions biomédicales. En d’autres mots, les cadres de travail conceptuels définissent les ACPS en corrélation avec les interventions biomédicales et laissent présumer que ces interventions biomédicales sont synonymes de l’ensemble du système de santé et qu’elles le représentent, ce qui n’est plus le cas désormais. La caractérisation des ACPS en termes de parallèles ou d’accessoires à la médecine conventionnelle peut constituer une description précise de quelques D ÉFINITION pratiques dans certains cas (par exemple lorsqu’on utilise l’acupuncture pour soulager des maux de dos au lieu d’analgésiques et de la physiothérapie habituelle). Mais l’acupuncture est également utilisée pour soulager les symptômes dont souffrent les gens atteints de maladies chroniques ou simplement pour améliorer la santé et le bien-être des gens ou leur « mieux-être ». Lorsque les pratiques d’ACPS atteignent ces objectifs (comment c’est souvent le cas), on les considère davantage comme des activités de prévention, de promotion de la santé ou comme des activités axées sur l’amélioration de la santé de la population. Au point de vue de la politique et de la planification, on peut considérer plusieurs pratiques et thérapies liées aux ACPS comme des approches de promotion de la santé, de prévention et comme approches axées sur l’amélioration de la santé de la population. L’élaboration de programmes et la prestation de services viendront ensuite s’insérer aux cadres conventionnels de promotion de la santé comme les lieux de travail, les écoles, les centres communautaires et autres milieux non médicaux. De plus, il peut être plus opportun d’évaluer ces pratiques par l’entremise de cadres liés à la qualité de vie plutôt que par l’intermédiaire des outils traditionnellement utilisés pour évaluer les interventions biomédicales. DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S ET P ARALLÈLES EN SANTÉ I. 11 OUVRAGES DE RÉFÉRENCE Énoncé d’action pour la promotion de la santé au Canada. Ottawa: Association canadienne de santé publique, juillet 1996. Kleinman, A. (1980). « Patients and Healers in the Context of Culture ». Berkeley: University of California Press. Angus Reid Group Inc. (1998b). Use and danger of alternative medicines and practice: Parts I and II. Sondage effectué auprès des consommateurs par CTV/Angus Reid Group en août 1997. Malik, T. (1995). « Healthcare insurers opening up to alternatives. Alternative Therapies and Health Medicine ». 1(1), 12-13. Best, A. & Herbert, C. (1998). « Two solitudes of complementary and conventional medicine ». Canadian Family Physician, 44, 953-954. Chez, A.R. & Jonas, W.B. (1997). « The challenge of complementary and alternative medicine ». American Journal of Obstetrics and Gynecology, 177, 1156-61. Eisenberg, D.M., Davis, R.B., Ettner, S.L., Appel, S., Wilkey, S., Van Rompay, M., et Kessler, R.C. (1998). « Trends in alternative medicine use in the United States, 1990-97: results of a follow-up national survey ». Journal of the American Medical Association, 280(18), 15691575. Eisenberg, D.M., Kessler, R.C., Foster, C., Norlock, F.E., Calkins, D.R., et Delbanco, T.L. (1993). « Unconventional medicine in the United States: Prevalence, costs and patterns of use ». New England Journal of Medicine, 328(4), 246252. Epp, J. (1986). La Santé pour tous : plan d’ensemble pour la promotion de la santé. Ottawa : Santé et Bien-être social Canada. Eskinazi, D.P. (1998). « Factors that shape alternative medicine ». Journal of the American Medical Association, 280(18), 1621-1623. Kleinman, A., Eisenberg, L., et Good, B. (1978). « Clinical lessons from anthropologic and crosscultural research », Annals of Internal Medicine, 88, 251-258. Millar, W.J. (1997). « Use of alternative health care practitioners by Canadians ». Journal canadien de la santé publique, 88(3), 154-158. Ministre des Approvisionnements et Services. (1994). Stratégies d’amélioration pour la santé de la population : investir dans la santé des Canadiens. Ottawa (Ontario) : Ministre des Approvisionnements et Services. N.I.H. Panel on Definition and Description (1997). « Defining and describing complementary and alternative medicine ». Alternative Therapies, 3(2), 49-57. Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé. (1986). Ottawa : Organisation mondiale de la santé, Santé et Bien-être social du Canada. Reid, D. (1994). The Complete Book of Chinese Health and Healing. « Guarding the Three Treasures ». Shambhala Publications, Boston. Ruedy, J., Kaufman, D.M., & MacLeod, H. (1999). « Alternative and complementary medicine in Canadian medical schools: A survey ». Journal de l’Association médicale canadienne, 160(6), 816-817 Ramsay, C., Walker, M. et Alexander, J. (1999). « Alternative medicine in Canada: Use and public attitudes ». Public Policy Sources, 21, Fraser Institute. Tataryn, D.J. (Unpublished manuscript). Paradigms of health and disease: A framework for classifying an understanding alternative and complementary therapies. I.12 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Wetzel M.S., Eisenberg D.M., Kaptchuk T. J. (1998). « Courses involving complementary and alternative medicine at US medical schools ». Journal of American Medical Association, 280, 784-787. D ÉFINITION York University Centre for Health Studies. (1999). Complementary and Alternative Health Practices and Therapies – A Canadian Overview. York University. DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S ET PARALLÈLES EN SANTÉ I. 13 ANNEXE A. Thérapies, pratiques et praticiens paraissant dans diverses enquêtes. Eisenberg et coll., 1993 Millar, 1997. Angus Reid, 1997. Fraser Institute, 1999. techniques de détente chiropratique massage imagerie guérison spirituelle programmes commerciaux de perte de poids régimes liés au mode de vie (p. ex. macrobiotique) plantes médicinales thérapeutique mégavitaminique groupes d’entraide guérison énergétique feedback biologique hypnose homéopathie acupuncture remèdes de bonne femme exercise prière praticiens seulement massothérapeute acupuncteur homéopathe naturopathe feldenkrais alexander détente feedback biologique rolfing herboriste réflexologue guérisseur spirituel chef religieux groupe d’entraide (AA cancérothérapie, etc.) chiropratique acupuncture homéopathie herbologie macrobiotique chiropractique massothérapie aromathérapie réflexologie naturopathie hypnose thérapeutique vitaminique physiothérapie ostéopathie aliment de santé, produits naturels guérison énergétique/champ énergétique/reiki yoga digitopuncture médecine autochtone américaine- méthodes de guérison aucun autre/ne sait pas acupuncture chiropractique homéopathie plantes médicinales mégavitamines guérison spirituelle (soi) guérison spirituelle (autres) programmes de régimes régime lié au mode de vie techniques de détente techniques d’imagerie massothérapie guérison énergétique remèdes de bonne femme groupes d’entraide feedback biologique hypnose naturopathie yoga ostéopathie chélation aromathérapie plantes et vitamines programmes de régimes spéciaux manuels, cours I.14 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé ANNEXE B. Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins (www.fraserinstitute.ca) Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins et pourcentage des utilisateurs d’approches complémentaires et parallèles ayant une confiance totale en leur fournisseur Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins Chiropratique Techniques de détente Massage Prière Plantes médicinales Programmes de régimes spéciaux Remèdes de bonne femme Acupuncture Yoga Groupe d’entraide Régime lié au mode de vie Homéopathie Techniques d’imagerie Guérison énergétique Naturopathie Aromathérapie Guérison spirituelle ou religieuse par un tiers Hypnose Mégavitamines à doses élevées Feedback biologique Ostéopathie Chélation D ÉFINITION Pourcentage des utilisateurs ayant une confiance totale en leur fournisseur 31 35 5 5 23 33 0 24 0 37 89 17 16 0 8 0 0 0 100 N/D 0 N/D DES APPROCHES C O M P L É M E N TA I R E S 69 34 45 67 25 26 31 50 37 35 9 31 71 19 14 18 62 N/D 12 N/D 34 N/D ET P ARALLÈLES EN SANTÉ I. 15 ANNEXE C. Les quatre paradigmes de Tataryn de la santé et de la maladie Quatre paradigmes de la santé et de la maladie : classement des approche complémentaires et parallèles les plus courantes Corps Corps/Esprit Corps/Énergie Corps/Spiritualité Régimes et suppléments Aromathérapie Régime de Gerson Plantes médicinales Régime macrobiotique Thérapies minérales et vitaminiques Affirmations/Suggestion Counselling Interprétation des rêves Art-thérapies Hypnose Imagerie /visualisation Méditation Psychothérapie Réduction du stress Groupe de soutien Digitopuncture Acupuncture Médecine ayurvédique Médecine chinoise Thérapie par les crystaux Homéopathie Thérapie magnétique Thérapie par polarité Qi Gong Réflexologie Reiki Toucher thérapeutique Tai Chi Yoga Danse derviche Exorcisme Guérison par la foi Traditions autochtones Imposition des mains Magie/Pratiques occultes Prière Diagnostic psychique Interventions psychiques Cérémonies et rites Sacrements/Rites Extraits et concentrés Antinéoplastons Thérapies cellulaires Laetrile Ozonothérapie Cartilage de requin Produits chimiques/synthétiques Chimiothérapie 714-X Chélation Manipulation physique Radiothérapie Chirurgie Chiropratique Irrigation du colon Lavements Thérapie hypo/hyperthermique Massage Physiothérapie I.16 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé II. R APPOR T D ’ ÉTAPE : QUESTIONS DE POLITIQUES ASSOCIÉES AUX APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ par Theodore de Bruyn R EMERCIEMENTS L’auteur souhaite remercier Joan Simpson, de la Division des systèmes de santé, Direction des stratégies et des systèmes pour la santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé, Santé Canada, pour avoir collaborer à l’élaboration des concepts contenus dans ce rapport ainsi que pour avoir fourni la documentation sur laquelle ce rapport est fondé. L’auteur souhaite aussi remercier les personnes suivantes d’avoir accepté de réviser des parties provisoires du rapport : James Casey, Joan Gilmour, Irene Klatt, Michael Smith et Marja Verhoef. Ce rapport exprime les points de vue des auteurs et ne présente pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de Santé Canada, ni celles des personnes ayant révisé le rapport provisoire. II. b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé TABLE DES MATIÈRES II.e Sommair e............................ Liste des abréviations ......... II.g 1. Intr oduction ................ II.17 1.1 Éventail des problèmes......................................................................................................................II.17 1.2 Examen de la documentation récente..............................................................................................II.17 1.3 Responsabilités de Santé Canada et de la Division des systèmes de santé ...................................II.17 1.4 Portée et orientation de cet examen ................................................................................................II.18 2. Concepts et catégories ..............................................................................................................................II.19 2.1 Définition selon les National Institutes of Health des États-Unis .................................................II.19 2.2 Limites de la langue...........................................................................................................................II.19 2.3 Classification des approches complémentaires et parallèles en santé ............................................II.20 2.4 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.20 3. Utilisation chez les consommateurs ........................................................................................................II.21 3.1 Types d’études ..... II.21 3.2 Conclusions des études récentes .......................................................................................................II.22 3.3 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.24 4. Intégration des approches complémentaires et parallèles en santé ......................................................II.25 4.1 Intégration aux soins de santé conventionnels ...............................................................................II.25 4.2 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.26 5. Information, sécurité et choix .................................................................................................................II.27 5.1 Sources et qualité de l’information...................................................................................................II.27 5.2 Interactions produit-pratique-praticien............................................................................................II.28 5.3 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.29 6. Reconnaissance et réglementation des pratiques et des praticiens ......................................................II.30 6.1 Reconnaissance des approches complémentaires et parallèles en santé par les praticiens conventionnels ......................................................................................II.30 6.2 Cadre actuel de réglementation des pratiques médicales et des praticiens ....................................II.31 6.3 Réglementation des pratiques et des praticiens de médecine parallèle..........................................II.32 6.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.33 7. Études et formation des praticiens ..........................................................................................................II.35 7.1 Programmes d’enseignement et exigences en matière de formation des praticiens d’approches complémentaires et parallèles ..............................................................II.35 7.2 Programmes d’enseignement et exigences en matière de formation des praticiens conventionnels ..........................................................................................................II.35 7.3 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.36 R APPOR T D ’ É TA P E II. c 8. Coûts et couver tur e d’assurance .............................................................................................................II.37 8.1 Sommes consacrées aux approches complémentaires et parallèles en santé ................................II.37 8.2 Couverture de l’assurance-maladie publique....................................................................................II.37 8.3 Couverture de l’assurance-maladie privée........................................................................................II.37 8.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.37 9. Développement de la r echerche ...............................................................................................................II.37 9.1 Besoin en recherche.. II.37 9.2 Méthodes de recherche.....................................................................................................................II.37 9.3 Capacité de recherche.......................................................................................................................II.37 9.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.37 II. d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé SOMMAIRE OBJECTIFS DU RAPPORT Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on remarque un intérêt grandissant pour les approches complémentaires et parallèles en santé ainsi que pour leur utilisation. En s’adaptant à cette réalité, les systèmes de santé ont à faire face à un large éventail de problèmes : • la classification des approches complémentaires et parallèles en santé, surtout en relation avec les soins de santé conventionnels; • les informations données aux consommateurs, en particulier celles concernant la sécurité et l’efficacité des produits et des méthodes; • l’intégration des approches complémentaires et parallèles en santé aux soins de santé conventionnels; • l’éducation et la formation des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle; • la réglementation des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle; • la réglementation des produits utilisés par les approches complémentaires et parallèles en santé; • la recherche sur le recours aux approches complémentaires et parallèles en santé ainsi que sur leur sécurité et leur efficacité; • les coûts des approches complémentaires et parallèles en santé et leur couverture soit par une assurance-maladie publique ou privée, ou encore par les consommateurs (dépenses assumées par eux-mêmes). Le rapport résume ces problèmes et examine les incidences sur les politiques soulevées par ces problèmes, en s’appuyant sur la documentation canadienne récente et sur celle d’autres pays. Étant donné l’interdépendance des questions que les approches complémentaires et parallèles en santé soulèvent, il est nécessaire d’examiner les questions qui surgissent dans les domaines ne relevant pas directement du gouvernement fédéral (comme la réglementation des praticiens) ou de la Division des systèmes de santé (comme la réglementation des produits de santé naturels). Néanmoins, ce rapport vise à aider la Division des systèmes de santé dans l’examen des tâches propres à son mandat au sein de Santé Canada. SITUA TION ACTUELLE En 1999, une majorité de Canadiens (70 %) ont indiqué avoir utilisé un ou plusieurs produits de santé naturels au cours des six derniers mois. Un plus petit nombre (24 %) ont mentionné qu’ils consultaient un ou plusieurs praticiens de médecine parallèle. Au Canada, en général, les consommateurs de médecine complémentaire et parallèle sont des jeunes, parmi lesquels on compte des femmes, des personnes ayant un degré de scolarité supérieur et un revenu élevé, et les habitants de l’Ouest. La tendance en matière d’utilisation sera à la hausse au cours des années à venir. Les régimes provinciaux d’assurance-maladie et les commissions d’indemnisation des travailleurs offrent une couverture d’assurance limitée pour les approches complémentaires et parallèles en santé (principalement la chiropratique). Les régimes privés d’assurance-maladie offrent une couverture d’assurance complète ou partielle pour certains services et produits. Les Canadiens mentionnent, dans une proportion significative, qu’ils ont dépensé 30 $ et plus au cours du dernier mois en services complémentaires et parallèles ou en produits de santé naturels. Même si de plus en plus d’utilisateurs d’approches complémentaires et parallèles en santé discutent de leur utilisation avec les praticiens conventionnels (comme les médecins ou les pharmaciens), un grand nombre consomment des produits de santé naturels sans consulter ni un praticien conventionnel ni un praticien de la médecine complémentaire et parallèle. Les connaissances des praticiens conventionnels en matière d’approches complémentaires et parallèles R APPOR T D ’ É TA P E II. e en santé et leur intérêt pour celles-ci varient selon la profession, le degré de pertinence de la médecine complémentaire et parallèle avec la profession et les particularités individuelles du praticien. Certaines pratiques sont relativement bien connues et acceptées, notamment la chiropratique, l’hypnose, l’acupuncture, les régimes, le toucher thérapeutique, tandis que d’autres ne le sont pas. Certains praticiens de la médecine complémentaire et parallèle sont régis par des lois dans certaines provinces, mais plusieurs ne le sont pas. La portée, l’étendue et la durée de la formation des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle varient en fonction du domaine de pratique. Les programmes d’enseignement sont offerts par des établissements privés, des universités et des collèges communautaires, mais il n’existe aucun système d’accréditation ni de validation des programmes. Les recherches sont insuffisantes en ce qui concerne tous les aspects des approches complémentaires et parallèles en santé. Bien que le domaine présente des difficultés sur le plan méthodologique, celles-si ne sont pas insurmontables. Toutefois, il est nécessaire de se doter de ressources en matière de recherche, en faisant intervenir des spécialistes en approches complémentaires et parallèles en santé ainsi que des spécialistes en recherche scientifique. INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES La situation actuelle soulève de nombreuses questions en matière de sécurité, d’efficacité, de rapport coût-efficacité, de choix éclairé et d’accès juste en ce qui concerne l’utilisation des approches complémentaires et parallèles. Nous pouvons mettre en évidence quelques-unes des questions importantes : • Quelles sont les exigences visant à garantir que les praticiens (conventionnels et complémentaires et parallèles) sont outillés pour offrir des produits et des services sécuritaires en matière d’approches complémentaires et parallèles? Un cursus de base pour tous les praticiens, des normes d’enseignement et de formation pour les approches spécialisées, en référence aux praticiens possédant des qualifications reconnues ou réglementées, et des cadres définis en matière de pratique de certains praticiens peuvent faire partie des exigences. • Quels praticiens de la médecine complémentaire et parallèle ou quelles approches dans ces domaines devraient être réglementés par des lois et quels praticiens de la médecine complémentaire et parallèle ou quelles approches dans ces domaines devraient être réglementés par un régime volontaire? Quels sont les éléments exigés par l’un ou l’autre des régimes dans le contexte actuel de réforme des règlements en matière de santé? • De quelle façon la couverture des assurances privées pour les approches complémentaires et parallèles influence-t-elle le recours aux praticiens de la médecine complémentaire et parallèle par les consommateurs; la reconnaissance des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle par les praticiens de médecine conventionnelle, les organismes professionnels de réglementation et Revenu Canada; la demande publique en ce qui concerne un régime d’assurance gouvernementale couvrant des approches complémentaires et parallèles déterminées? • Quelles sont les exigences requises pour mettre au point une capacité de recherche canadienne en vue d’examiner et de comprendre les attitudes des Canadiens envers les soins de santé conventionnels et les approches complémentaires et parallèles; les sources d’information à ce sujet et leur qualité; les contextes dans lesquels elles sont utilisées; l’efficacité, la sécurité, l’efficacité de la pratique et le rapport coût-efficacité de thérapies définies; et les options en matière d’études, de formation et de réglementation des praticiens? • Quelles sont les approches productives pour comprendre des systèmes de santé apparemment incompatibles ou incomparables avec la médecine scientifique occidentale, comme l’homéopathie, la médecine chinoise traditionnelle et la médecine ayurvédique. Des modèles ayant trait aux divers paradigmes de santé contribueraient à documenter la formation professionnelle, l’intégration culturelle et les décisions réglementaires. II. f Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé L ISTE DES ABRÉVIATIONS À propos de Santé Canada Santé Canada. À propos de Santé Canada. Disponible à l’adresse suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/francais/apropos.htm Berger Monitor The Berger Monitor Hay Health Care Consulting Group. The Berger Monitor, March 1999 Survey, Overview Report, Toronto, 1999. Plan d’activités Santé Canada. Health Canada Business Plan 1998/1999 - 2000/2001, à compter du 11 janvier 1999. Disponible à l’adresse suivante : http://www.hc-sc.gc.ca. Canada Health Monitor Earl Berger et Price Waterhouse. Canada Health Monitor, Survey #16, Overview Report, Toronto, 1997. Canadian Overview York University Centre for Health Studies. Complementary and Alternative Health Practices and Therapies: A Canadian Overview, Summary Package (Sommaire), Consumer Package (Les consommateurs), Conceptual Package (Base conceptuelle), Regulatory Package (Réglementation). Toronto: York University Centre for Health Studies, 1999. Casey Casey, James T. Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation professionnelle au Canada, préparé pour le comité consultatif fédéral, provincial et territorial sur les ressources humaines, Edmonton: Field Atkinson Perraton, 1999. Challenge and Change Kellner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. Complementary and Alternative Medicine: Challenge and Change. Forthcoming November 2000. Thérapies complémentair es « Les thérapies complémentaires - Trouver le juste équilibre ». L’infirmière canadienne, 1999, 6: 5-8. Design Er nst (1996) Integrative Medicine and Health Network. « Design for a Canadian Office for Complementary and Alternative Medicine: A White Paper for the Interim Governing Council of the Canadian Institutes of Health Research », 20 décembre1999. Ernst, Edzard. « The Ethics of Complementary Medicine », Journal of Medical Ethics, 1996, 22: 197-198. R APPOR T D ’ É TA P E II. g Er nst (1998) Ernst, Edzard. « How Can Traditional Health Systems Contribute to Better Health? », document préparé pour la réunion du Commonwealth des ministres de la Santé, tenue du 15 au 19 novembre1998. Four Health Systems Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine. Integrated Health Care in an International Context - An Overview of Complementary and Alternative Health Practices in Four Health Delivery Systems, Vancouver, Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine, 1999. (Contrat avec Santé Canada, rapport non- publié) Gilmour et Achilles Gilmour, Joan, et Achilles, Rona. Présentation portant sur des aspects sélectionnés des approches complémentaires et parallèles : réglementation. Integrated Health Care The Foundation for Integrated Medicine. Integrated Health Care: A Way Forward for the Next Five Years? A Discussion Document, Royaume-Uni, 1997. Consultations inter nes Division des systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé. Grandes lignes des consultations internes sur les approches complémentaires et parallèles, tenues le 21 juillet 1998 — questions portant sur le système de santé. Kelner Kelner, Merrijoy. « Report on Regulation and Coverage », présentation faite lors de la tenue du groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé, Division des systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé, 7 juin 1999. Kelner et Wellman (2000a) Kelner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. « The Ethics of Complementary and Alternative Medicine », présentation faite lors des Ethics Evenings, Office of Research Services and Faculty of Medicine Research Office, Université de Toronto, 3 février 2000. Kelner et Wellman (2000b) Kelner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. « Introduction » de Challenge and Change. Nouvelle vision Travaux publics et services gouvernementaux. Les produits de santé naturels : Une nouvelle vision, rapport du Comité permanent de la santé, Ottawa, 1998. Savas Savas, Daniel. « Information on Consumer Utilization: An Overview », présentation faite lors de la tenue du groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé, Division des systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé, les 5 et 6 décembre 1999. II. h Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Symposium « Why People Use Complementary and Alternative Medicine: Social Science Perspectives », rapport sommaire d’un symposium international, Université de Toronto, 16-18 avril 1998. Verhoef Verhoef, Marja. « Complementary Medicine: Impact on Physicians », présentation, 23 novembre1998. Groupe consultatif « Workshop Report » Health Promotion and Programs Branch, Health Canada. Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé, rencontre exploratoire, 25-26 janvier 1999, Division des systèmes de santé. (Contrat avec Santé Canada, rapport non-publié) R APPOR T D ’ É TA P E II. i 1. I NTRODUCTION 1.1 ÉVENT AIL DES PROBLÈMES Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on remarque un intérêt grandissant pour les approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) ainsi que pour leur utilisation. En s’adaptant à cette réalité, les systèmes de santé ont à faire face à un large éventail de problèmes : • En quoi consistent exactement les « approches complémentaires et parallèles en santé »? • Quel est — ou quel devrait être — le lien entre les approches complémentaires et parallèles en santé et les soins de santé « conventionnels » ou « occidentaux »? • Quelles sont les exigences requises pour permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés et sécuritaires en matière de services complémentaires et parallèles et de produits de santé naturels? • De quelle façon doit-on réglementer la production, l’étiquetage et la vente de produits de santé naturels? • Les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle devraient-ils être réglementés et, si oui, de quelle façon? • Quelles études et quelle formation devraient avoir les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle? • À quelles normes d’enseignement et de formation doivent répondre les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle — autant dans le cadre des soins de santé conventionnels qu’en dehors de ceux-ci? • Quels types d’approches complémentaires et parallèles l’assurance-maladie devrait-elle couvrir — ou le régime d’assurance publique ou le régime d’assurance privée? • Quels domaines de recherche en matière d’approches complémentaires et parallèles devrait-on encourager et comment devrait-on le faire? • De quelle façon les actions prises à l’égard de ces problèmes influencent-elles l’état des autres problèmes? 1.2 EXAMEN DE LA DOCUMENTATION RÉCENTE Ce rapport résume les questions de politiques associées aux approches complémentaires et parallèles en santé au Canada à l’heure actuelle. Le résumé se fonde sur la documentation récente de la Division des systèmes de santé, de la Direction générale de la promotion et des programmes de la santé de Santé Canada. On n’a examiné qu’un nombre défini de documents (voir la liste des abréviations à la page vi). Ils sont composés de rapports « repères » sur les consultations publiques (comme Nouvelle vision et Integrated Health Care); de vues d’ensemble de la situation actuelle, financées en tout ou en partie par Santé Canada (comme Canadian Overview, Casey et Symposium); de rapports portant sur les groupes de travail récents financés par Santé Canada (comme les consultations internes et les groupes de travail); et d’autres documents divers. Plusieurs documents donnent un point de vue international (Integrated Health Care, Four Health Systems, Ernst [1998]). 1.3 RESPONSABILITÉS DE SANTÉ CANADA ET DE LA DIVISION DES SYSTÈMES DE SANTÉ Au Canada, la santé relève à la fois des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont la responsabilité, notamment, de ce qui suit : • la prestation et la couverture d’assurance des services de santé; R APPOR T D ’ É TA P E II. 17 • la réglementation des praticiens; • le financement de la formation des praticiens. Le gouvernement fédéral contribue, entre autres : • à maintenir les principes du régime public d’assurance-maladie; • à assurer la santé des personnes, des groupes et de l’ensemble de la population; • à réduire les risques pour la santé en réglementant les aliments, les médicaments et les produits de santé naturels, notamment; • à offrir des services de santé sur les réserves aux Premières nations et aux Inuits; • à financer les organismes et les programmes nationaux de recherche sur la santé. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux travaillent de concert dans les domaines d’intérêt commun ou de responsabilité commune. Parmi ces domaines, figurent le renouvellement du système de santé, les études et la formation des praticiens et la prestation de renseignements en matière de santé à la population. Au sein de Santé Canada, le point de coordination pour les approches complémentaires et parallèles en santé appartient au Bureau des produits de santé naturels (BPSN), nouvellement créé et relevant de la Direction générale de la protection de la santé. Le Bureau peut compter sur la collaboration d’autres secteurs au sein du Ministère, dont la Division des systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des programmes de la santé. Le rôle du Bureau est de s’assurer que les produits de santé naturels sur le marché canadien sont sécuritaires, efficaces et de grande qualité, tout en respectant la liberté de choix et la diversité philosophique et culturelle des Canadiens. Le rôle de la Division des systèmes de santé est d’examiner les répercussions des approches complémentaires et parallèles en santé sur le système de santé et sur le renouvellement de ce dernier. Ouvrages à consulter : À propos de Santé Canada; Plan d’activités, 9-19; Groupe de travail, 1-3. 1.4 PORTÉE ET ORIENTATION DE CET EXAMEN Cet examen résume les questions de politiques reliées aux responsabilités de la Division des systèmes de santé. Étant donné que les questions soulevées par les approches complémentaires et parallèles en santé sont interdépendantes, il est souvent nécessaire d’examiner les questions soulevées dans les domaines ne relevant pas directement du gouvernement fédéral (comme la réglementation des praticiens) ni de la Division des systèmes de santé (comme la réglementation des produits de santé naturels). Cependant, ce rapport s’attache aux éléments susceptibles de faire partie des attributions ministérielles de la Division des systèmes de santé. II. 18 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé 2. C ONCEPTS 2.1 ET CATÉGORIES DÉFINITION SELON LES NA TIONAL INSTITUTES OF HEALTH DES ÉTATS-UNIS La définition des approches complémentaires et parallèles acceptée par l’Office of Alternative Medicine, des National Institutes of Health, aux États-Unis, est souvent citée et elle devrait servir de point de départ aux travaux en matière de politique : Les approches complémentaires et parallèles en santé (ACE) constituent un vaste domaine de ressources de guérison qui englobe tous les systèmes, toutes les modalités et toutes les pratiques de santé de même que les théories et les croyances qui les accompagnent, autres que celles qui sont intrinsèques au système de santé politiquement dominant d’une société ou d’une culture particulière dans une période historique donnée. Les approches complémentaires et parallèles comprennent toutes les pratiques et les idées que définissent leurs utilisateurs comme prévenant ou traitant la maladie ou favorisant la santé et le bien-être. Les limites des approches complémentaires et parallèles, ainsi que les limites entre le domaine des approches complémentaires et parallèles et celui du système dominant ne sont pas toujours précises ni fixes1. Étant donné que le terme « approches » a un sens plus large que le terme « médecine », ce rapport fait référence aux approches complémentaires et parallèles en santé plutôt qu’à la « médecine » complémentaire et parallèle. L’expression « approches complémentaires et parallèles en santé » évoque une corrélation avec la forme dominante de soins de santé. Dans ce rapport, nous considérons cette dernière comme équivalant aux soins de santé occidentaux. Certaines thérapies complémentaires et parallèles ont été intégrées aux 1 soins de santé occidentaux. Afin de rendre à la fois le statut dominant des soins de santé occidentaux et sa capacité d’intégrer les composantes des approches complémentaires et parallèles en santé, nous utilisons le terme « conventionnel » dans ce rapport pour faire référence aux pratiques et aux praticiens de la médecine occidentale. Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 23-25; Kelner et Wellman (2000b), p. 3-5. 2.2 LIMITES DE LA LANGUE En considération de la diversité des approches complémentaires et parallèles en santé, de leur évolution dans les pays industrialisés et de leur statut controversé ou changeant en relation avec les soins de santé conventionnels, les problèmes de langue sont presque inévitables. Du point de vue des politiques, il est important de savoir que certaines définitions ou descriptions d’approches complémentaires et parallèles sont incomplètes ou limitées. On peut se poser plusieurs questions au sujet des discussions entourant les approches complémentaires et parallèles pour analyser les limites de la langue utilisée : • Est-ce que la description des approches complémentaires et parallèles en santé reflète la diversité de ces approches par rapport aux systèmes de croyances et aux pratiques? • Est-ce que les approches complémentaires et parallèles en santé sont décrites en fonction de ce qu’elles ne sont pas ou en fonction de ce qu’elles sont? Dans les deux cas, les termes de la définition sont-ils justes et exacts? • Les approches complémentaires et parallèles en santé sont-elles examinées selon le point de vue des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle ou selon celui des personnes ne pratiquant pas ces approches? Comité des National Institutes of Health sur la définition et la description, E.U.(1997). Définition et description des médecines complémentaires et parallèles. Alternative Therapies, 3(2): 49-57. R APPOR T D ’ É TA P E II. 19 • Les approches complémentaires et parallèles en santé sont-elles décrites ou définies essentiellement en fonction des soins de santé conventionnels? • La description des approches complémentaires et parallèles en santé est-elle centrée sur un seul aspect ou sur quelques aspects? Par exemple, la description est-elle principalement fondée sur un type de pratique, telle la manipulation physique? ou sur une composante en particulier, tels les produits de santé naturels? ou encore sur un critère en particulier, comme la sécurité, l’efficacité, le choix éclairé ou l’autonomie du consommateur? • La description des approches complémentaires et parallèles en santé prend-elle en compte le contexte socioculturel dans lequel les approches complémentaires et parallèles en santé sont offertes ou adoptées? Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 23-28; Kelner et Wellman (2000b), p. 3-5; Consultations internes, p. 19-20. Les « Basic Questions about Health Systems », formulées par le comité du National Institute of Health (NIH) sur la description et la définition, est un guide complet visant à élaborer un compte rendu complet et précis du système de santé (voir Canadian Overview, p. 16-18). Complementary Medicine, 3e édition (voir Kelner et Wellman [2000b], p. 4-5), le National Centre for Complementary and Alternative Medicine du NIH (voir Canadian Overview, annexe A) et le York University Centre for Health Studies (voir Canadian Overview, p. 28-30); • Classification selon le contexte dans lequel les appr oches sont of fertes : formes cliniques (chiropratique, homéopathie, acupuncture et naturopathie); formes psychologiques et comportementales (yoga, dansothérapie et rétroaction biologique); et formes sociales et communautaires (fidéisme thérapeutique et remèdes populaires) (voir Kelner et Wellman [2000b], p. 5); • Classification selon l’étendue de la légitimité et l’acceptation par la population dans le contexte des soins de santé conventionnels : les approches les plus acceptées (ostéopathie, chiropratique et acupuncture); les approches moyennement acceptées (naturopathie et homéopathie); les approches les moins acceptées (renaissance et Reiki) (voir Kelner et Wellman [2000b], p. 5). Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 28-30; Kellner et Wellman (2000b), p. 4-5; Four Health Systems, annexe C. 2.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES 2.3 CLASSIFICA TION DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET P ARALLÈLES EN SANTÉ Compte tenu de la diversité des approches complémentaires et parallèles en santé, il est nécessaire de les classer selon des catégories différenciant les divers systèmes ou actions. En l’absence de ces catégories, il est impossible d’examiner ou d’élaborer des politiques appropriées à une forme particulière d’approches complémentaires et parallèles en santé. Plusieurs systèmes de classification ont été proposés : • Classification selon le type d’appr oche complémentair e et parallèle en santé , telle que celle qu’a proposée le Handbook of Alternative and Lorsque les champs de politique et de pratique sont controversés, les parties ayant des divergences d’opinions devront arriver à s’entendre sur un langage commun. S’entendre sur un langage peut en soi constituer une percée dans le processus d’élaboration des politiques. Le consensus peut jeter les bases d’un dialogue positif et d’une collaboration constructive. Néanmoins, l’élaboration de politiques et de pratiques exigera plus qu’un langage commun. Il devra aussi y avoir des modèles modifiés ou de nouveaux modèles de pratique médicale, et de réglementation, d’éducation et de recherche en matière de santé — modèles pouvant s’adapter aux aspects des approches complémentaires et parallèles en santé ou les appuyer, soit en les couplant ou en les intégrant aux soins de santé conventionnels. II. 20 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé L’importance de la légitimité et de l’acceptation accordée à une forme particulière d’approche complémentaire ou parallèle, ou encore l’importance souhaitée à l’intérieur du système de santé conventionnel est significative pour le processus d’élaboration des politiques. Les efforts déployés par les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle en vue de faire accepter leur médecine combinés à l’utilisation des consommateurs inciteront les gouvernements, les assureurs, les organismes de réglementation des professionnels de la médecine conventionnelle et les associations des professionnels de la santé conventionnels à modifier leur perception, leurs politiques et leurs pratiques. Les approches complémentaires et parallèles en santé les « plus acceptées » et les « moyennement acceptées » deviendront probablement le centre d’intérêt. Accepter les approches complémentaires et parallèles en santé signifie regarder d’un autre œil les soins de santé conventionnels. Par exemple, déterminer le rôle des approches complémentaires et parallèles dans les soins primaires et palliatifs exigera une analyse de ces derniers. Dans le même ordre d’idées, lorsque les gens croient (à tort ou à raison) que les approches complémentaires et 3. U TILISATION Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on constate de plus en plus une demande grandissante pour les approches complémentaires et parallèles en santé. Il serait utile de classer certaines des études le plus souvent citées : • Études de recherche : Elles comprennent l’étude pionnière des États-Unis réalisée par Eisenberg et 3 4 5 6 Il existe certaines valeurs, du moins du point de vue du gouvernement, qui ont préséance sur certaines divergences d’opinions concernant les approches complémentaires et parallèles en santé. Parmi ces valeurs, on compte la sécurité, l’efficacité, le rapport coût-efficacité, le choix éclairé et l’accès juste. Il y a certainement d’autres valeurs qui permettent d’aborder les approches complémentaires et parallèles en santé, mais celles que nous venons de mentionner sont essentielles aux gouvernements pour garantir l’accès du public à des informations concernant les approches complémentaires et parallèles en santé, l’accès aux approches complémentaires et parallèles en santé sans restrictions indues, la sécurité et l’efficacité des approches ainsi que l’allocation judicieuse des dépenses publiques dans les domaines où les besoins sont importants ou le justifient. Ouvrages à consulter : Ernst (1998), p. 3, paragr. 8; Kelner et Wellman (2000a); Nouvelle vision, p. 5-6. CHEZ LES CONSOMMATEURS 3.1 TYPES D’ÉTUDES 2 parallèles en santé offrent une méthode holistique leur permettant de contribuer au maintien de leur santé, ils se demandent comment la médecine conventionnelle devrait faire pour adopter une telle approche. ses collaborateurs (1993)2 , l’étude de cas d’Eisenberg et de ses collaborateurs (1998)3 , une étude canadienne de Ramsey et de ses collaborateurs (1999) menée pour le Fraser Institute4 et une étude australienne réalisée par MacLennan et ses collaborateurs (1996) 5. • Études fondées sur des données recueillies dans les enquêtes nationales sur la santé au Canada : Parmi celles-ci, on retrouve les études de Miller (1997)6 Eisenberg, D.M., Kessler, R.C., Foster, C., et coll. (1993). « Unconventional medicine in the United States: Prevalence, costs and patterns of use », New England Journal of Medicine, 328(4): 246-252. Eisenberg, D.M., Davis, R.B., Ettner, S.L., et coll. (1998). « Trends in alternative medicine use in the United States, 1990-97: results of a follow-up national survey », Journal of the American Medical Association, 280(18): 1569-1575. Ramsay, C., Walker, M., et Alexander, J. (1999). « Alternative medicine in Canada: Use and public attitudes », Public Policy Sources 21, Fraser Institute. MacLennan, A.H., Wilson, D.H., et Taylor, A.W. (1996). « Prevalence and cost of alternative medicine in Australia », The Lancet, 37: 569-573. Miller, W.J. (1997). « Use of alternative health care practitioners by Canadians », Revue canadienne de santé publique, 88(3): 154-158. R APPOR T D ’ É TA P E II. 21 et de So (1997)7 fondées sur les données de l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) et l’étude de Blais et de ses collaborateurs (1997)8 utilisant des données de l’enquête sur la santé au Québec et de la Régie de l’assurance-maladie du Québec. • Sondages d’opinion : Ceux-ci comprennent un sondage de 1997 mené par le Groupe Angus Reid (1998)9 , un sondage de 1997 mené par le Canada Health Monitor (Canada Health Monitor) et un sondage de 1999 réalisé par le Berger Monitor (Berger Monitor). • Groupes de discussion : Le Bureau des produits de santé naturels, Direction générale de la protection de la santé, a commandé quatre groupes de discussion au Groupe Angus Reid. Ouvrage à consulter : Canadian Overview, 254-266. 3.2 CONCLUSIONS DES ÉTUDES RÉCENTES Les conclusions de ces études sont résumées en ce qui concerne plusieurs sujets de préoccupation en matière de politique : prévalence de l’utilisation, profil des consommateurs, raisons d’utilisation, types de thérapies utilisées, consultation avec des praticiens, produits de santé naturels substituants, sources des produits de santé naturels et coûts des approches complémentaires et parallèles en santé. • Prévalence de l’utilisation : Une proportion importante de Canadiens a recours à des approches complémentaires et parallèles en santé. On rapporte que la prévalence du recours aux approches complémentaires et parallèles dans la population canadienne — qui se situe entre 40 % et 50 % (Canadian Overview, p. 255-256) — est plus élevée que la prévalence du recours 7 8 9 aux praticiens de la médecine complémentaire et parallèle dans la population canadienne, qui est d’environ 25 % (Berger Monitor, p. 55). • Utilisation en hausse : La proportion de la population canadienne qui a recours aux approches complémentaires et parallèles en santé est à la hausse (Berger Monitor, p. 55, 61, 63; Canadian Overview, p. 257; Symposium, p. 1819). Le sondage du Berger Monitor de 1999 révèle des augmentations appréciables entre 1993 et 1999, sur une période donnée de six mois. Le recours aux chiropraticiens est passé de 9 % à 12 %, aux masseurs, de 4 % à 10 %, aux herboristes, de 1 % à 3 %, aux acupuncteurs, de 1 % à 2 %, aux homéopathes, de 1 % à 2 %, et aux réflexologistes, de 1 % à 2 % (Berger Monitor, p. 55). • Profil des consommateurs : Au Canada, en général, les consommateurs d’approches complémentaires et parallèles en santé sont des jeunes, parmi ceux-ci, on compte des femmes, des personnes ayant un degré de scolarité supérieur et un revenu élevé, et les habitants de l’Ouest (Canadian Overview, p. 255-260; Berger Monitor, p. 56, 61, 63). • Raisons d’utilisation : Les Canadiens font appel aux approches complémentaires et parallèles en santé pour prévenir des maladies ou maintenir leur bien-être. Les raisons particulières varient. Les gens croient que les approches complémentaires et parallèles en santé sont sans danger et qu’elles peuvent être utiles. Les approches complémentaires et parallèles ont réussi à soulager leur état alors que la médecine conventionnelle n’a pas réussi (problèmes de dos, douleur chronique, fatigue et autres symptômes de maladies chroniques). Ils endossent le point de vue holistique de la santé ou du bien-être et trouvent que les approches complémentaires et So, J. (1997). « Utilization of alternative therapies by the Canadian population: A preliminary study », in Muldoon, J. (éd.). Taking Charge of Health: Exploring Alternative Health Care, comptes rendus financés par la Trent University, le Sir Sanford Fleming College et le Haliburton, Kawartha et Pine Ridge District Health Council. Blais, R., Maiga, A., et Aboubacar, A. (1997). « How different are users and non-users of alternative medicine? », Revue canadienne de santé publique, (38)3: 159-162. GroupeAngus Reid (1998). Use and danger of alternative medicines and practices: Parts I and II, sondage mené auprès des consommateurs par CTV/Angus Reid Group Poll en août 1997. II. 22 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé parallèles leur permettent de mieux évaluer leur santé ou leur bien-être (Canadian Overview, p. 260-261, 262-263; Symposium, p. 17-18) • Types de thérapies utilisées : Certains types d’approches complémentaires et parallèles sont davantage utilisés que d’autres au Canada. L’étude du Fraser Institute indique que le pourcentage de Canadiens ayant eu recours à une thérapie particulière est le suivant : chiropratique (36 %), techniques de relaxation (23 %), massage (23 %), prière (21 %), herbologie (17 %), régime spécial (12 %), remèdes populaires (12 %), acupuncture (12 %), yoga (10 %), groupes d’entraide (8 %), régime de mode de vie (8 %) et homéopathie (8 %) (Canadian Overview, 63-64; pour une répartition par praticiens et par produits dans le sondage de 1999 du Berger Monitor, voir Berger Monitor, p. 55 et 53; pour des comparaisons internationales, voir Ernst [1998], tableau 1). • Consultation avec des praticiens conventionnels : De plus en plus de consommateurs de la médecine complémentaire et parallèle discutent des approches complémentaires et parallèles avec leur médecin conventionnel (Berger Monitor, p. 58). Parmi ceux qui ne consultent pas de médecin, environ un tiers agissent de la sorte parce qu’ils croient que leur médecin les critiquerait ou qu’il ne s’y connaîtrait pas et environ un tiers font davantage confiance à d’autres personnes qu’à leur médecin dans ce domaine (Berger Monitor, p. 59). Les grands consommateurs d’approches complémentaires et parallèles et de produits de santé naturels sont davantage susceptibles de se montrer critiques à l’égard de leur médecin (Berger Monitor, p. 59). (Pour des discussions à ce sujet, voir Canadian Overview, p. 261-262.) • Consultation avec des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle : Le pourcentage de personnes ayant consulté un praticien de la médecine complémentaire et parallèle est généralement moins élevé que le pourcentage de personnes ayant consommé un produit de santé naturel (voir Ernst [1998], tableau 1; Canadian Overview, p. 258- 259). Le Berger Monitor de 1999 révèle que 24 % des répondants avaient consulté un ou plusieurs praticiens de la médecine complémentaire et parallèle, tandis que 70 % des répondants avaient utilisé un ou plusieurs produits de santé naturels (Berger Monitor, p. 56, 63). Bien que les personnes ayant recours aux praticiens de la médecine complémentaire et parallèle aient tendance à avoir des revenus plus élevés (Berger Monitor, p. 61), ce n’est pas le cas des consommateurs de produits de santé naturels (Berger Monitor, p. 63). • Produits de santé naturels de substitution : Une proportion significative et de plus en plus grande de la population utilise des produits de santé naturels au lieu des médicaments obtenus sur ordonnance (7 % en 1999 contre 4 % en 1998), ou des produits de santé naturels au lieu de se rendre chez le médecin (16 % en 1999 contre 10 % en 1998). Cette dernière pratique est plus répandue chez les femmes et elle est trois fois plus répandue chez les personnes âgées entre 15 et 34 ans que chez celles qui sont âgées de 65 ans et plus (Berger Monitor, p. 67). Six personnes sur dix remplaçant leur médicament sur ordonnance par un produit de santé naturel indiquent qu’elles consultent un médecin ou un pharmacien (Berger Monitor, p. 68). Une majorité de médecins et de pharmaciens appuient la décision des répondants de remplacer leur médicament par un produit de santé naturel (Berger Monitor, p. 69; selon un petit échantillon). • Fournisseurs de produits de santé naturels : Récemment, au Canada, on a remarqué un changement dans les préférences des consommateurs en ce qui a trait aux détaillants de produits de santé naturels (Berger Monitor, p. 64). Les pharmacies occupent toujours le premier rang (58 % des consommateurs), mais Internet occupe maintenant le troisième rang (11 % des consommateurs) et les magasins d’aliments naturels, même s’ils occupent encore le deuxième rang, ont perdu du terrain (16 % des consommateurs). • Coûts des approches complémentaires et parallèles en santé : On estime qu’en 1996-1997 on a dépensé un total de 3,8 millions de dollars pour les R APPOR T D ’ É TA P E II. 23 approches complémentaires et parallèles en santé au Canada. De ce montant, 1,8 million de dollars a été consacré aux pratiques et thérapies complémentaires et parallèles, 937 millions, aux herbes et aux vitamines, 104 millions, aux programmes de régime spécial et plus de 998 millions, aux livres, aux cours et à l’équipement. Les opinions des Canadiens varient en ce qui concerne la couverture d’assurance de ces produits par des régimes d’assurance-maladie provinciaux selon des études (voir Canadian Overview, p. 263-264). Les études mentionnées plus haut parlent très peu du contexte socioculturel des approches complémentaires et parallèles en santé. Il est nécessaire d’effectuer d’autres recherches pour analyser les attitudes des personnes ayant recours aux approches complémentaires et parallèles en santé, les circonstances dans lesquelles elles en ont entendu parler et les réseaux et systèmes de communication par lesquels des informations dignes de foi concernant les approches complémentaires et parallèles en santé sont véhiculés (voir Symposium, 17-21). Ouvrages à consulter : Berger Monitor, p. 53-70; Canadian Overview, p. 255-266; Ernst (1998), tableau 1; Symposium, p. 17-21 (cf. Challenge and Change, p. 10-12). 3.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES De plus en plus de Canadiens utilisent des produits de santé naturels et ont recours à des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle, et les données démographiques semblent indiquer que cette tendance sera à la hausse dans les années à venir. Bien qu’un nombre accru de consommateurs parlent de l’utilisation qu’ils font des approches complémentaires et parallèles avec leur médecin conventionnel, un grand nombre ne le font pas. Certains consommateurs utilisent des produits de santé naturels au lieu des médicaments obtenus sur ordonnance ou de consulter un médecin. La plupart des consommateurs de produits de santé naturels ne consultent pas de praticien de la médecine complémentaire et parallèle. La situation actuelle souligne l’importance : • de comprendre les raisons (personnelles et sociologiques) qui motivent les consommateurs à recourir aux approches complémentaires et parallèles en santé; • de fournir des informations complètes et précises sur les produits et les pratiques complémentaires et parallèles aux consommateurs et aux praticiens; • d’avoir de bonnes pratiques de fabrication et un étiquetage adéquat de tous les produits; • d’avoir des discussions neutres et éclairées sur les approches complémentaires et parallèles en santé entre les professionnels de la santé conventionnels et leurs patients; • d’établir des normes d’enseignement et de formation pour les praticiens (conventionnels ou complémentaires et parallèles) offrant des approches complémentaires et parallèles; • de mener des recherches sur la sécurité et l’efficacité des produits de santé naturels ainsi que sur les meilleures pratiques d’utilisation et de vente. Même si les études et les sondages mentionnés plus haut fournissent des informations de base sur le comportement des consommateurs, ils ne tracent pas un portrait complet des formes et des contextes variés et particuliers des approches complémentaires et parallèles en santé. Il est nécessaire d’obtenir plus d’information sur les points suivants : • les variétés particulières d’approches complémentaires et parallèles en santé (produits et pratiques), y compris la prévalence de l’utilisation, l’incidence de l’utilisation, les indicateurs de l’utilisation (comme le genre, l’âge, l’origine ethnique, le revenu, l’éducation, l’état de santé, etc.), les raisons de l’utilisation, le contexte de l’utilisation, les résultats produits par l’utilisation et les coûts d’utilisation; • la façon dont les Canadiens se renseignent sur les approches complémentaires et parallèles en santé (produits, pratiques ou praticiens), les évaluent et prennent des décisions à leur égard; II. 24 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé • les endroits où les Canadiens peuvent obtenir des produits et des thérapies complémentaires et parallèles; • les liens entre le recours aux approches complémentaires et parallèles en santé et le recours aux soins de santé conventionnels en fonction du type de soin, du genre, de l’âge, de l’origine ethnique, du revenu, de l’éducation et de l’état de santé; • les attitudes des Canadiens envers les questions de politique que soulèvent les approches complémentaires et parallèles en santé, telles que la réglementation des produits et des praticiens, la 4. I NTÉGRATION couverture d’assurance des produits et des services et l’intégration aux soins de santé conventionnels; • les attitudes, les connaissances et les pratiques des praticiens conventionnels (médecins, infirmières, physiothérapeutes, ergothérapeutes, etc.) à l’égard des produits, des pratiques et des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle. Ouvrages à consulter : Savas; Kelner, M., et Wellman, B. (1997). « Health Care and Consumer Choice: Medical and Alternative Therapies », Social Science and Medicine 45(2): 203-212. DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES PARALLÈLES EN SANTÉ 4.1 INTÉGRA TION AUX SOINS DE SANTÉ CONVENTIONNELS Au Canada et dans les autres pays industrialisés, le mouvement vers l’intégration des approches complémentaires et parallèles en santé aux soins de santé conventionnels est stimulé par l’utilisation croissante que font les consommateurs des approches complémentaires et parallèles en santé. Le processus d’intégration est, en majeure partie, graduel et inégal. On peut dire qu’il se produit à trois niveaux : au niveau personnel, au niveau clinique et au niveau du système de soins de santé (voir Four Health Systems, p. 6-7, 13-14): • Intégration au niveau personnel — Les personnes combinent de leur propre chef les approches complémentaires et parallèles en santé aux soins de santé conventionnels. C’est la forme la plus répandue. • Intégration au niveau clinique — Elle se produit dans certaines pratiques. Les praticiens peuvent avoir une double formation, une en soins de santé conventionnels et une dans une autre forme de soins de santé, comme l’homéopathie ou la médecine chinoise traditionnelle. Ou une pratique peut comprendre des praticiens conventionnels et des praticiens de la médecine complémentaire et ET parallèle (p. ex., l’équipe clinique du Tzu Chi Institute est constituée de médecins en titre, de naturopathes, de chiropraticiens, de kinésithérapeutes, d’acupuncteurs et d’infirmières autorisées). • Intégration au niveau du système de soins de santé — Elle commence à se produire. Par exemple, un nombre grandissant de régimes privés d’assurance au Canada ainsi que les organisations des soins de santé intégrés aux États-Unis remboursent certaines formes d’approches complémentaires et parallèles en santé. Une étude sur la situation au Royaume-Uni, menée sous l’égide du Steering Committee for The Prince of Wales’ Initiative on Integrated Medicine, révèle que, dans le domaine des soins de santé intégrés, on devrait entreprendre des actions en ce qui concerne les besoins des consommateurs, l’information en matière de santé, les études des praticiens, la réglementation professionnelle et la recherche (Integrated Health Care, p. 6). L’enquête a permis de faire une analyse des facteurs structurels ainsi que des facteurs liés au processus et aux résultats qui favoriseraient davantage des soins de santé intégrés et d’élaborer un modèle d’évaluation de la qualité des services intégrés (voir Integrated Health Care, p. 63-65 et 39). L’enquête a relevé plusieurs points essentiels au R APPOR T D ’ É TA P E II. 25 succès de l’intégration (Integrated Health Care, p. 4041) : les attitudes des praticiens, des démonstrations de sécurité et d’efficacité, la formation adéquate des praticiens et la couverture d’assurance des soins. Ouvrages à consulter : Integrated Health Care, 3-7, 3545, 63-65; Four Health Systems, 1-33, et tableau 1. 4.2 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES Une comparaison de l’intégration au sein de quatre pays : Australie, Chine, Royaume-Uni et États-Unis, a permis de définir un ensemble de difficultés à surmonter si l’on veut intégrer les approches complémentaires et parallèles en santé aux soins de santé conventionnels (Four Health Systems, p. 29) : • manque de recherche de grande qualité sur la sécurité, l’efficacité et le rapport coût- efficacité des thérapies et des traitements complémentaires et parallèles en santé, ainsi que sur leurs mécanismes sous-jacents; • manque de financement pour la recherche sur les approches complémentaires et parallèles en santé; • incertitude au sujet des modes les plus efficaces de prestation des soins; • réglementation des praticiens ou des pratiques de la médecine complémentaire et parallèle; • normes d’enseignement pour les pratiques et les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle; • manque de familiarité de la collectivité médicale conventionnelle avec les approches complémentaires et parallèles en santé; • absence de structures de réglementation entièrement définies pour assurer la sécurité et l’efficacité des produits de santé naturels.. La politique joue un rôle essentiel dans ces domaines. Les gouvernements, de concert avec les organisations professionnelles, les établissements d’enseignement et de formation, les organismes de recherche et les tiers payeurs des services de santé, peuvent prendre des mesures pour régler ces problèmes. Certaines des incidences précises sur les politiques sont abordées plus loin dans le rapport. Toutefois, nous devons nous poser plusieurs questions importantes au fur et à mesure que nous progressons : • Quels sont les motifs décisifs qui permettent d’intégrer (ou de ne pas intégrer) une forme d’approche complémentaire et parallèle aux soins de santé conventionnels? • Quelles sont les modalités selon lesquelles une forme d’approche complémentaire et parallèle pourrait être ou devrait être efficacement intégrée aux soins de santé conventionnels? Ces deux questions devront nécessairement faire l’objet d’une discussion à laquelle participeront des praticiens de tous les types (conventionnels ou complémentaires et parallèles), des administrateurs de système de santé, des tiers payeurs et des consommateurs. II. 26 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé 5. I NFORMATION , SÉCURITÉ ET CHOIX 5.1 SOURCES ET QUALITÉ DE L’INFORMATION Où les Canadiens cherchent-ils ou obtiennent-ils des informations sur les approches complémentaires et parallèles en santé? Il n’y a pas de réponse précise à cette question. Des études de groupes précis et des sondages d’opinion semblent indiquer que les gens s’informent auprès de leur famille et de leurs amis, dans Internet, auprès des organismes de santé bénévoles, des professionnels de la santé conventionnels et du personnel des points de vente des produits de santé naturels. Les consommateurs ont indiqué qu’il est difficile de trouver de l’information et de l’évaluer, de même que d’obtenir des conseils (Canadian Overview, p. 269-270, 275-281). Les réseaux jouent un rôle important dans la façon dont les gens s’initient aux approches complémentaires et parallèles en santé et y ont recours (voir Symposium, p. 20-21). Les adeptes précoces des approches complémentaires et parallèles en santé ont établi des réseaux qui facilitent l’accès à ces dernières. La plupart des adeptes sont susceptibles de rechercher et d’échanger des informations plus longtemps. Plus le réseau est diversifié et étendu, plus les gens sont susceptibles de faire appel à des approches complémentaires et parallèles et moins ils auront besoin de temps pour prendre des décisions à leur égard. Une étude démontre qu’un réseau classique était composé de deux membres d’une famille, d’un ou de deux amis et d’un praticien (conventionnel ou complémentaire et parallèle). De plus en plus, Internet devient une source d’information sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Par exemple, le Réseau canadien de la santé (http://www.reseau-canadien-sante.ca/) présente 61 documents sur les approches complémentaires et parallèles. Parmi ceux-ci, figurent des documents de la Société d’Arthrite, de l’Association chiropratique canadienne, du Canadian College of Naturopathic Medicine, de l’Association canadienne du diabète, de l’Association pulmonaire du Canada, de l’Association médicale du Canada, de la Société canadienne de pédiatrie, de l’Ordre des massothérapeutes de l’Ontario, du Réseau communautaire d’info-traitement SIDA, de Santé Canada, du Homeopathic College of Canada, de l’Association de la migraine du Canada, du Neichi Training, du Research and Health Promotion Institute, du Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine et de plusieurs organismes provinciaux, ainsi que des liens vers ces associations et organismes. Toutefois, cette énumération ne constitue qu’une partie de l’information disponible dans Internet, qui offre des liens infinis vers des sources d’information partout dans le monde. Dans le monde virtuel de l’information, la liste du Réseau canadien de la santé vise un objectif principal : présenter des groupes de défense des consommateurs, des organismes de santé bénévoles, des associations professionnelles et des organismes gouvernementaux en tant que sources d’information fiables en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé. Une enquête portant sur des groupes de défense des consommateurs et des organismes de santé bénévoles révèle que la plupart d’entre eux manifestent un vif intérêt pour les approches complémentaires et parallèles et que certains d’entre eux présentent des informations sur ces dernières (voir Canadian Overview, p. 285-289). Certains organismes ont établi des procédures (comme un conseil médical consultatif) ou des critères (comme des informations provenant des recherches) pour décider quelles informations ils fourniront. Il est toutefois important de faire une distinction entre la prestation d’information — par exemple les informations que donnent la Société R APPOR T D ’ É TA P E II. 27 d’Arthrite10 , le Réseau communautaire d’infotraitement SIDA11 ou l’Ontario Breast Cancer Information Exchange Project12 — et l’évaluation scientifique ou clinique de thérapies déterminées — comme l’évaluation qu’a réalisée l’Initiative canadienne pour la recherche sur le cancer du sein13. Finalement, il faut mentionner que les praticiens ont également besoin d’informations dignes de foi sur les approches complémentaires et parallèles. Le sondage du Berger Monitor de 1999 révèle qu’un nombre croissant de Canadiens discutent avec leur médecin conventionnel de leur utilisation des approches complémentaires et parallèles (Berger Monitor, p. 58, 61). Le sondage indique aussi qu’au moment de remplacer un médicament d’ordonnance par un produit de santé naturel six personnes sur dix consultent un médecin ou un pharmacien, tandis que deux sur dix consultent un praticien de la médecine complémentaire et parallèle. Dans ce contexte, il est important que les praticiens (conventionnels ou complémentaires et parallèles) aient un accès rapide à des informations fiables sur les pratiques et les produits. Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 253313; Savas. 5.2 INTERACTIONS PRODU IT-PRATIQUEPRATICIEN Dans son rapport sur les produits de santé naturels, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes (Parlement du Canada) a adopté un certain nombre de principes (voir Nouvelle vision, p. 5-6) : • la sécurité est une préoccupation de premier ordre; • les produits de santé naturels doivent respecter des normes de qualité clairement définies et établies; • les règlements ne doivent pas restreindre indûment l’accès des consommateurs; • les consommateurs doivent avoir à leur disposition des informations pertinentes; 10 11 12 13 • les règlements doivent respecter diverses traditions culturelles. Le Comité permanent a recommandé des changements à apporter au cadre réglementaire des produits de santé naturels, en fonction de ces principes (voir New Vision, p. 18-44, 59-61). Ces changements comprenaient : • la création d’une nouvelle autorité réglementaire pour les produits de santé naturels (Bureau des produits de santé naturels); • l’élaboration de protocoles généraux sur l’innocuité fondés sur des preuves raisonnables fournies par un comité consultatif d’experts; • l’établissement de directives en matière de bonnes pratiques de fabrication reflétant les natures diverses des produits de santé naturels; • la possibilité de pouvoir faire des réclamations au sujet des produits de santé naturels, y compris des revendications concernant leur structure et leur fonction, la réduction des risques et les traitements; • l’évaluation des revendications fondée sur des preuves raisonnables qui ne sont pas limitées à des essais cliniques à double insu, mais qui comprennent d’autres types de preuves, selon le type de réclamation faite; • l’élaboration d’un cadre d’homologation du produit fondé sur une approche de gestion des risques soulignant la marge d’innocuité associée à un produit précis; • la normalisation de l’étiquetage des produits de santé naturels afin de garantir l’affichage d’informations claires et cohérentes sur les produits, y compris des preuves nécessaires dans le cas de revendication; • l’accès des consommateurs à des informations pertinentes, au moyen de l’étiquetage, afin qu’ils puissent faire des choix éclairés; Tips for Living Well: Complementary Therapies; see http://www.arthritis.ca/living/complementary. A Practical Guide to Complementary Therapies for People Living with HIV (1999). Toronto: Community AIDS Treatment Information Exchange; see http://www.catie.ca/practical.nsf. A Guide to Unconventional Cancer Therapies (1994). Toronto: Ontario Breast Cancer Information Exchange Project. Kaegi E. Unconventional therapies for cancer: 1. Essiac (1998). Canadian Medical Association Journal 158(7): 897-902; Kaei E. Unconventional therapies for cancer: 2. Green tea (1998). Canadian Medical Association Journal 158(8): 1033-1035; Kaegi E. Unconventional therapies for cancer: 3. Iscador (1998). Canadian Medical Association Journal 158(9): 1157-1159. II. 28 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé • la consultation régulière des consommateurs, de gens du milieu et des groupes de praticiens au sujet de leurs besoins en information; • la promotion de la recherche sur les produits de santé naturels. Cependant, les produits de santé naturels ne sont pas utilisés seuls. Comme pour les pratiques et thérapies complémentaires et parallèles, les consommateurs de produits de santé naturels s’informent auprès d’autres personnes, consultent les informations à leur disposition, demandent l’aide du personnel des magasins ou des établissements offrant des produits de santé naturels et des services, et ainsi de suite. Cela soulève un certain nombre de questions reliées aux liens entre les produits, les pratiques et les praticiens. Par exemple : • Sur quel critère se fondent les consommateurs pour trouver des informations sur les produits, les pratiques et les praticiens ou pour y avoir accès? • Sur les étiquettes des produits, est-il indiqué de consulter un professionnel de la santé, si besoin est? • Les produits vendus dans Internet devraient-ils contenir plus d’information comparativement aux produits vendus dans les magasins, où le personnel doit pouvoir donner des conseils? • Quelles qualifications doivent posséder les personnes qui offrent des conseils sur l’utilisation des produits de santé naturels (les naturopathes et les homéopathes ont une formation approfondie, tandis que le personnel des magasins de produits naturels peut n’en avoir que peu)? • Les personnes offrant des conseils sur l’utilisation des produits de santé naturels renvoient-elles les consommateurs à des professionnels de la santé conventionnels s’il y a des raisons de croire que cela peut être nécessaire (présence de symptômes, interactions entre le produit et le médicament, etc.)? • Les personnes offrant des conseils sur l’utilisation des produits de santé naturels exagèrent-elles l’effet de ces produits ou leurs explications sont-elles justes? 5.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES Faire un choix éclairé concernant l’utilisation de produits de santé naturels constitue plus qu’une question d’information; cela touche tout le système de santé. S’il manque des informations ou si les informations sont inexactes — si les produits contiennent des ingrédients non divulgués, si les étiquettes sont dans une langue étrangère, si l’on ne donne pas de conseils sur une utilisation sans risque, si l’on ne renvoie pas un client à un médecin lorsqu’il est indiqué de le faire, si l’on demande conseil à des gens non qualifiés, si les normes d’enseignement et de formation varient grandement, si les praticiens conventionnels sont peu informés, si les études de recherche sont mal conçues, si la capacité de recherche n’est pas exploitée, si les recherches sont douteuses — alors les consommateurs peuvent être induits en erreur ou mal informés au moment de choisir. Bref, si l’on veut que les consommateurs aient recours à des produits et à des pratiques sécuritaires tout en connaissant les effets, il faut non seulement s’occuper de la réglementation des produits, mais aussi de la réglementation professionnelle, des études et de la formation des praticiens ainsi que de la recherche (comme nous en parlerons dans les prochaines sections de ce rapport). Prendre des mesures dans ces domaines connexes nécessitera la collaboration des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi qu’entre les gouvernements, les associations professionnelles et les organismes de santé bénévoles. Ouvrages à consulter : Kelner et Wellman (2000a); Savas. R APPOR T D ’ É TA P E II. 29 6. R ECONNAISSANCE ET RÉGLEMENT ATION DES PRATIQUES ET DES PRATICIENS dans les informations qualitatives qu’ont fournies ces associations professionnelles. Le niveau de sensibilisation et de reconnaissance est plus élevé chez les infirmiers et infirmières, les pharmaciens et pharmaciennes et les physiothérapeutes. 6.1 RECONNAISSANCE DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET P ARALLÈLES EN SANTÉ PAR LES PRA TICIENS CONVENTIONNELS Au Canada, il n’y pas d’information complète sur la reconnaissance des approches complémentaires et parallèles en santé par les professionnels de la santé conventionnels, ni par les associations professionnelles ni par les organismes de réglementation. Le York University Centre for Health Studies a passé en revue la documentation disponible (voir Canadian Overview, p. 194-200) et sondé les principales associations professionnelles canadiennes, dont les associations de dentisterie, de médecine, de sages-femmes, de soins infirmiers, d’ergothérapie, de pharmacie et de physiothérapie (voir Canadian Overview, p. 200-229). Les associations professionnelles de santé au palier provincial (dont la responsabilité première est de s’occuper de la formation professionnelle continue) ont pu fournir davantage d’information que les associations professionnelles de santé nationales au sujet de la sensibilisation de leur profession aux approches complémentaires et parallèles en santé et de leur recours à ces approches. On peut faire les observations suivantes : • Diverses associations professionnelles ont manifesté différents degrés d’intérêt pour les approches complémentaires et parallèles en santé. Le taux de réponse des associations provinciales avec qui nous avons communiqué est le suivant : dentisterie 36 %, médecine 56 %, soins infirmiers 85 %, ergothérapie 62 %, pharmacie 75 % et physiothérapie 100 %. Ces pourcentages correspondent à peu près aux pourcentages des professionnels ayant une double formation qui composent le personnel de ces associations professionnelles : dentisterie N/D, médecine 6,5 %, soins infirmiers 13,8 %, ergothérapie 14,6 %, pharmacie 16,6 % et physiothérapie 33,0 %. Ils correspondent aussi au degré d’intérêt indiqué • Les types d’approches complémentaires et parallèles en santé importants pour les praticiens conventionnels, selon le nombre de programmes d’enseignement offerts dans une catégorie donnée, varient et correspondent aux soins ou aux services que ces professions offrent. Les programmes d’enseignement les plus nombreux, par profession, sont les suivants : médecine (thérapies nutritionnelles); soins infirmiers (thérapies physiques et thérapies par le mouvement, thérapies de l’énergie et du vitalisme et thérapies nutritionnelles); ergothérapie (thérapies physiques et thérapies par le mouvement); pharmacie (naturopathie, thérapies par les plantes et thérapies nutritionnelles); physiothérapie (thérapies physiques et thérapies par le mouvement, thérapies de l’énergie et du vitalisme et thérapies psychologiques). (Voir Canadian Overview, p. 202, pour une liste des thérapies faisant partie de ces catégories.) • Chaque catégorie d’approches complémentaires et parallèles en santé dont se sert le York University Centre for Health Studies comprend des pratiques et thérapies généralement acceptées par les praticiens conventionnels (comme les régimes, les vitamines, les mouvements et les exercices, l’acupuncture et l’hypnose), ainsi que les pratiques et thérapies les moins couramment acceptées (comme l’oxythérapie, le traitement par chélation, le Reiki et la thérapie par la couleur). Le degré d’acceptation a des répercussions sur la pratique. Par exemple, une enquête menée auprès des médecins de l’Ontario et de l’Alberta révèle que leurs pratiques en matière d’aiguillage et leur désir de formation correspondent, en grande partie, à leurs croyances au sujet de l’utilité du type de thérapies. Les médecins considèrent que la chiropratique, l’hypnose et l’acupuncture sont II. 30 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé les plus efficaces et que la naturopathie, la réflexologie et l’homéopathie sont les moins efficaces. Les répondants ont été précis dans leur évaluation de l’utilité d’un type particulier de thérapie. Ils considèrent la chiropratique utile pour les problèmes chroniques de cou et de dos, les douleurs de dos aiguës, les autres problèmes articulaires et musculaires, les blessures des tissus mous et les céphalées par tension psychique. L’hypnose est considérée comme utile pour la désaccoutumance au tabac, la thérapie de relaxation, le soulagement de l’anxiété, l’insomnie, les problèmes psychologiques, les troubles de l’alimentation et le contrôle du stress14. • La plupart des praticiens conventionnels s’entendraient probablement pour dire qu’ils devraient bien connaître les approches complémentaires et parallèles en santé, tandis qu’un plus petit nombre seraient d’accord pour aiguiller les patients ou seraient intéressés à suivre une formation particulière. L’enquête sur les médecins ontariens et albertains révèle, par exemple, que les trois quarts des répondants conviennent qu’un médecin généraliste devrait avoir des connaissances de pratiques et thérapies complémentaires et parallèles les plus importantes, tandis que seulement la moitié s’entendent pour dire qu’ils doivent pouvoir conseiller leurs patients au sujet des approches complémentaires et parallèles et environ un quart, pour dire qu’ils doivent connaître les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle de leur région15. 6.2 CADRE ACTUEL DE RÉGLEMENT ATION DES PRA TIQUES MÉDICALES ET DES PRATICIENS La réglementation des services de santé est de compétence provinciale. Trois mécanismes prévalent actuellement au Canada (Casey, p. 2-3) : • « cadre des fonctions exclusives » ou « autorisation d’exercer » : Les membres d’une profession ont le droit exclusif de dispenser un service précis au public. (Il y a souvent des exceptions dans la loi 14 15 permettant à d’autres professions d’offrir certains services qui feraient partie du cadre des fonctions.) • « droit au titre » ou « accréditation » : Tant les membres de la profession que les non- membres peuvent offrir des services au public, mais seuls les membres peuvent utiliser un titre protégé ou se targuer d’être accrédités. • « actes contrôlés » ou « activités réglementées » ou « actes réservés » : Au lieu de réglementer un champ complet de pratique, la loi stipule que certaines activités peuvent être pratiquées uniquement par des personnes exerçant des professions de la santé. Jusqu’à récemment, le modèle de réglementation dominant des professionnels de la santé combinait un cadre régissant l’autorisation d’exercer de certains praticiens (p. ex., les médecins, les dentistes et les pharmaciens) et un droit au titre pour les autres praticiens (p. ex., les physiothérapeutes). De plus en plus, un modèle de réglementation de rechange, fondé sur un régime d’actes contrôlés, est proposé ou adopté. L’Ontario a été la première province à adopter un régime de la sorte avec la promulgation de la Loi de 1991 sur les professions de la santé réglementées. Cette loi applique le même modèle de réglementation aux vingt-quatre professions de la santé réglementées. En outre, chacune des professions réglementées a un statut séparé. Le régime définit, pour chaque profession, un cadre de fonctions descriptif non exclusif, une liste restrictive d’actes contrôlés et une clause de dommages pour empêcher les professionnels ne faisant pas partie du domaine de la santé et les professionnels de la santé agissant en dehors du cadre de leurs fonctions de traiter des patients ou de leur donner des conseils au sujet de leur santé lorsque cela comporte des risques sérieux. Le régime réglemente aussi les titres qu’utilisent les membres des diverses professions (voir Canadian Overview, p. 95-98; cf. Casey, p. 1112, 17-19). En vertu des deux modèles de réglementation, les professionnels de la santé sont autoréglementés. Verhoef, M.J., et Sutherland, R. (1995). « General practitioners’ assessment of and interest in alternative medicine in Canada », Social Science and Medicine, 41(4): 511-515. Voir Verhoef et Sutherland (1995), au no 14. R APPOR T D ’ É TA P E II. 31 L’État délègue aux organismes professionnels de réglementation le pouvoir d’établir des politiques et des normes en matière de pratique et d’imposer des sanctions disciplinaires aux membres ayant enfreint ces politiques et ces normes. Dans certaines juridictions, cette fonction est exercée par des associations de santé professionnelles, alors que dans d’autres, elle est exercée par des organismes de réglementation séparés (tels les collèges). laquelle les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle peuvent empiéter sur les champs de compétence des médecins conventionnels. Depuis 1999, les organismes de réglementation médicale de six des dix provinces et d’un territoire ont des énoncés officiels concernant la pratique des médecins en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé : la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et le Yukon. Ces énoncés mettent l’accent, avec quelques variations, sur les critères des méthodes scientifiques et l’efficacité prouvée de la pratique médicale (voir Canadian Overview, p. 101-114). 6.3 RÉGLEMENT ATION DES PRA TIQUES ET PRATICIENS DE LA MÉDECINE COMPLÉMENT AIRE ET P ARALLÈLE Dans certaines juridictions canadiennes, les acupuncteurs, les chiropraticiens, les massothérapeutes, les sages-femmes, les médecins naturopathes et les médecins ostéopathes sont réglementés (voir Canadian Overview, p. 114-116, 133-143, pour obtenir un résumé effectué en août 1999; et Casey, annexe B, pour obtenir un résumé effectué en mars 1999. Les informations de 1999 sont ou seront bientôt dépassées; voir Casey, p. 1314). Le nombre de professionnels exerçant dans ces domaines varie. Il y a, par exemple, près de 5 000 chiropraticiens au Canada comparativement à environ 500 médecins naturopathes. Un grand nombre de pratiques et de praticiens de la médecine complémentaire et parallèle ne sont pas réglementés par des lois précises au Canada. Ils ne sont assujettis qu’à des lois d’application générale, comme le Code criminel, la Loi sur la protection du consommateur et des lois régissant des questions civiles (voir Canadian Overview, p. 143-144). Les organismes professionnels de réglementation ou les associations professionnelles conventionnels peuvent avoir des politiques ou des règlements concernant la pratique des approches complémentaires et parallèles par leurs membres. Leur portée en vue de limiter ou d’autoriser les pratiques parallèles varie : • La profession médicale a une conception relativement restrictive des approches complémentaires et parallèles en santé, limitant la latitude des médecins conventionnels en ce qui concerne le recours aux pratiques et thérapies complémentaires et parallèles et la mesure dans • La profession d’infirmière a abordé les approches complémentaires et parallèles en santé en ce qui a trait aux formes particulières de traitement que peut faire une infirmière ou qui font partie du cadre de ses fonctions et relativement au processus de prise de décision dans lequel l’infirmière s’engage quand elle considère si elle va offrir ou non des approches complémentaires et parallèles (voir Canadian Overview, p. 117-123). • Les pharmaciens font face à des nouvelles demandes en raison de la popularité des produits de santé naturels et de leur nouveau cadre de réglementation. Plusieurs organismes de réglementation provinciaux ont élaboré des politiques. Celles-ci obligent les pharmaciens à connaître les produits qu’ils vendent, à s’assurer de leur innocuité et à être au courant des interactions possibles avec les autres médicaments. Toutefois, elles n’obligent pas les pharmaciens à être formés aux principes des approches complémentaires et parallèles (voir Canadian Overview, p. 123-126). • La plupart des organismes de réglementation des physiothérapeutes ont énoncé des exposés de fonctions concernant la pratique de thérapies complémentaires et parallèles précises ou ont des cadres de fonctions qui incorporent de telles thérapies. Les exposés de fonctions ont des thèmes en commun : la préoccupation à l’effet que les cadres de fonctions aient une portée suffisamment grande pour englober ce qu’on considère comme des modalités de traitement II. 32 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé appropriées pour les physiothérapeutes, tout en veillant à ce que les membres possèdent les qualifications nécessaires et ne dépassent pas le cadre de leurs fonctions. La plupart des organismes de réglementation des physiothérapeutes élaborent des dispositions précises pour l’acupuncture, dont des exigences en matière d’enseignement et de formation (voir Canadian Overview, p. 126-132). Ouvrage à consulter : Canadian Overview, p. 100-144. 6.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES Les approches complémentaires et parallèles en santé soulèvent de nombreuses questions en matière de politique en ce qui concerne la reconnaissance et de la réglementation des pratiques et des praticiens (Kelner et Wellman [2000a]). Il peut s’avérer utile de faire ressortir plusieurs points essentiels : Pratique sécuritaire et déontologique La question la plus importante en matière de politique est de déterminer à quel moment le taux de consommation et le risque associé à l’utilisation exigent la reconnaissance et la réglementation. Autrement dit, à quel moment l’intérêt du public justifie-t-il que les praticiens conventionnels se renseignent au sujet des approches complémentaires et parallèles en santé et que les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle respectent des pratiques sécuritaires et déontologiques? Conception du système Le système est constitué de nombreux éléments pour garantir des pratiques sécuritaires et déontologiques : la législation, les organismes professionnels de réglementation, les centres d’enseignement et de formation agréés, les procédures d’accréditation, l’éducation continue, les directives en matière de pratiques professionnelles et les procédures de mesure pour assurer de bonnes pratiques (Verhoef). Bien que certains praticiens de la médecine complémentaire et parallèle (p. ex., les chiropraticiens) aient mis au point de tels systèmes, ce n’est pas le cas de la majorité d’entre eux. Les praticiens conventionnels n’ont pas tous abordé les approches complémentaires et parallèles en santé dans tous les volets de leur système d’éducation et de leurs régimes d’autorisation et de réglementation. Absence de consensus au sujet des régimes de réglementation À l’heure actuelle, au Canada, on ne s’entend pas sur les professions qui devraient avoir le droit de s’autoréglementer et sur les professions précises qui devraient être réglementées en vertu de cadres de fonctions exclusives, d’un droit au titre ou d’un système d’actes contrôlés. Le système d’actes contrôlés est intéressant, puisqu’il offre le plus de flexibilité; par contre, il exige une analyse rigoureuse de la corrélation entre les « outils » (l’éducation, la formation, l’expérience et autres qualités) et les « résultats » (la prestation sécuritaire et efficace du service). Il est aussi fondé sur une évaluation précise des actes nécessitant une réglementation et sur le degré de risque que comportent ces actes (voir Casey, p. 17-21, 26-27). Réglementation statutaire ou volontaire Bien que l’autoréglementation prescrite par la loi ait ses avantages (comme la protection du titre, un registre des praticiens établi par la loi et des bases légales de procédures et de sanctions disciplinaires), l’autoréglementation volontaire peut contribuer à aider les consommateurs à faire des choix éclairés et à les protéger (Integrated Health Care, p. 30-31). L’étude du Steering Committee for The Prince of Wales’ Initiative on Integrated Medicine conclut que l’on doit établir des organismes d’autoréglementation pour les professions dont la pratique peut comporter des risques pour les clients, risques provenant de praticiens mal formés (comme l’acupuncture et la phytothérapie), tandis que l’on devrait créer un seul organisme d’autoréglementation volontaire pour les autres professions et thérapies complémentaires et parallèles (Integrated Health Care, p. 32-34; voir aussi p. 33-34 pour prendre connaissance d’une liste des principales caractéristiques d’un organisme d’autoréglementation volontaire). L’autoréglementation n’est pas toujours faisable, surtout pour les petits groupes de praticiens. Par ailleurs, il est possible que certaines formes R APPOR T D ’ É TA P E II. 33 d’approches complémentaires et parallèles en santé n’aient jamais besoin de reconnaissance ni de réglementation. Réglementation implique changement L’histoire de l’ostéopathie et de la chiropratique révèle que le processus de reconnaissance et de réglementation d’une approche complémentaire et parallèle peut avoir de nombreuses répercussions sur le plan des politiques. Le processus entraîne des changements dans les approches complémentaires et parallèles. Les professions qui ont obtenu reconnaissance et qui sont réglementées ont laissé tomber des revendications et des interventions jugées excessives ou injustifiées par la médecine conventionnelle. Elles ont aussi négocié une certaine forme de coexistence avec les praticiens conventionnels après en avoir débattu longuement. Cela peut impliquer, comme c’est le cas pour l’ostéopathie aux États-Unis, l’adoption de normes d’éducation presque identiques à celles de la médecine conventionnelle, ou encore, comme pour la chiropratique, la négociation de modalités limitées en matière de diagnostic et de traitement. Mobilité des praticiens de la médecine complémentair e et parallèle Le chapitre 7 de l’Accord sur le commerce intérieur, signé par les premiers ministres du Canada en 1994, vise à permettre aux travailleurs qualifiés dans un domaine et travaillant dans une région du Canada d’avoir accès à des possibilités d’emplois dans les autres provinces ou territoires canadiens. En vertu du Social Union Framework Agreement, adopté en février 1999, les professions ont jusqu’au 1er juillet 2001 pour se conformer au chapitre 7. Le comité consultatif fédéral-provincial-territorial sur les ressources humaines en santé a constitué un groupe de travail sur l’Accord sur le commerce intérieur pour suivre les progrès. Domaines de collaboration éventuels entre les gouver nements fédéral, provinciaux et ter ritoriaux Au Canada, la réglementation des professionnels de la santé et des services de santé est de compétence provinciale. Néanmoins, il y a des domaines qui bénéficieraient d’une collaboration fédéraleprovinciale-territoriale : • Évaluation des réformes réglementaires en santé : En évaluant les réformes de réglementation éventuelles des approches complémentaires et parallèles en santé, il serait utile d’analyser les diverses formes de réglementation des provinces et des territoires pour déterminer quels systèmes conviennent le mieux à une profession ou à une pratique et quelles conditions environnementales contribuent le plus au succès de ces systèmes (voir Casey, p. 21). • Interactions produit-pratique : Il sera important de prévoir de quelle façon les changements apportés au cadre de réglementation fédérale des produits de santé naturels devront être appuyés par des changements à la réglementation des professionnels de la santé ou des soins de santé, à l’éducation et à la formation des praticiens et à l’accréditation des programmes d’éducation et de formation, et ainsi de suite (voir Nouvelle vision, p. 62-64). • Recherche : Comme il est mentionné plus loin, à la section 9, il est essentiel d’encourager des recherches qui peuvent de façon raisonnable et convaincante trancher des questions portant sur des aspects incertains ou contestés des approches complémentaires et parallèles en santé. De telles recherches bénéficieraient d’une collaboration fédérale-provinciale-territoriale en ce qui concerne, par exemple, le financement des recherches et l’identification des domaines de recherche. La réglementation (volontaire ou statutaire) des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle et les aspects réglementaires de l’intégration des approches complémentaires et parallèles aux soins de santé conventionnels pourraient constituer des domaines de recherche (voir Canadian Overview, p. 250). Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 89-194; Casey, p. 22-41; Integrated Health Care, p. 27-34; Kelner et Wellman (2000a); New Vision, p. 62-64. Pour obtenir une liste des associations de praticiens de la médecine complémentaire et parallèle au Canada, reportez-vous à la question 10 de la Foire aux questions du Réseau canadien de la santé à l’adresse électronique suivante : http://www.canadian-healthnetwork.ca/faq-faq/. II. 34 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé 7. É TUDES ET FORMATION DES PRATICIENS 7.1 PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT ET EXIGENCES EN MATIÈRE DE FORMA TION DES PRATICIENS DE LA MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET PARALLÈLE Le champ d’application, l’étendue et la durée des programmes d’enseignement et de formation des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle varient. Ils peuvent être longs et complets, comme dans le cas de la formation en naturopathie, qui comprend quatre ans d’enseignement spécialisé après trois ans d’enseignement universitaire. Ils peuvent aussi consister en des cours élémentaires dans une thérapie précise. Connaître les fondements de la médecine conventionnelle ou des approches complémentaires et parallèles peut être nécessaire ou peut ne pas l’être. Certaines personnes, comme les employés des magasins d’aliments naturels, peuvent n’avoir qu’un minimum de formation. Les programmes d’enseignement sont offerts par des établissements privés, des universités et des collèges communautaires. Il n’existe pas de répertoire complet des programmes d’enseignement en pratiques complémentaires et parallèles au Canada. Un échantillonnage des cours offerts dans les collèges communautaires révèle qu’ils offrent des cours d’introduction à un large éventail d’approches complémentaires et parallèles et de systèmes de santé, ainsi que des formations menant à des accréditations dans certaines pratiques (comme l’acupuncture) (voir Canadian Overview, p. 235-242). Ouvrage à consulter : Integrated Health Care, p. 25-26, Pour obtenir une liste des associations de praticiens de la médecine complémentaire et parallèle au Canada, reportez-vous à la question 10 de la Foire aux questions du Réseau canadien de la santé à l’adresse électronique suivante : http://www.canadian-health-network.ca/faq-faq/. 16 7.2 PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT ET EXIGENCES EN MATIÈRE DE FORMA TION DES PRA TICIENS CONVENTIONNELS L’intérêt des praticiens conventionnels pour les approches complémentaires et parallèles en santé crée une demande en éducation et en formation16 . Les cours sont offerts par les facultés de soins de santé des universités canadiennes et par les associations professionnelles conventionnelles. Une enquête sur les écoles canadiennes de médecine et de soins infirmiers a permis de recueillir des informations sur neuf des douze écoles de médecine et sur trente et une des trente-neuf écoles de soins infirmiers. Parmi ces écoles, huit écoles de médecine et vingt-huit écoles de soins infirmiers interrogées offraient des cours portant sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Seulement une école de médecine et sept écoles de soins infirmiers offraient des cours complets sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Trois écoles de médecine et neuf écoles de soins infirmiers indiquaient être rattachées à des programmes d’approches complémentaires et parallèles en santé. Le degré d’intérêt pour des pratiques et thérapies précises varie. L’intérêt est le plus bas pour les systèmes parallèles tels que la médecine chinoise traditionnelle et la médecine ayurvédique. Cela s’explique, en grande partie, par le fait que ces systèmes sont difficiles à concilier avec ceux de la médecine occidentale (voir Canadian Overview, p. 229-235, et les tableaux 17 et 18). Les associations professionnelles répondent aussi à l’intérêt de leurs membres en créant des divisions spéciales et en offrant des programmes d’enseignement en approches complémentaires et parallèles. Une enquête menée auprès des associations professionnelles provinciales révèle que des divisions spéciales ont été créées ou que des associations individuelles envisageaient d’en créer Pour connaître le niveau d’intérêt des médecins suivant une formation en thérapie parallèle, voir Verhoef, M.J., et Sutherland, L.R. (1995) au no 14. Goldszmidt, M., Levitt, C., Durante-Franco, E., et coll. « Alternative medicine and general practitioners », Canadian Family Physician, 41: 1005-1011 at 1008; (1995). « Complementary health care services: A survey of general practitioners’ views », Canadian Medical Association Journal, 153(1): 29-35 à 34. R APPOR T D ’ É TA P E II. 35 comme suit (créées/envisagées) : dentisterie 1/0; médecine 3/2; soins infirmiers 1/4; ergothérapie 0/1; pharmacie 2/4; et physiothérapie 0/4 (Canadian Overview, p. 207-208). Le nombre d’associations professionnelles provinciales au courant de l’existence de programmes d’enseignement offrant des cours en approches complémentaires et parallèles en santé est le suivant : dentisterie 2; médecine 4; soins infirmiers 7; ergothérapie 4; pharmacie 6; et physiothérapie 8 (Canadian Overview, p. 208-210). Ouvrage à consulter : Canadian Overview, p. 213-229 (pour obtenir des descriptions d’éducation continue et des divisions spéciales dans plusieurs professions). 7.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES La consommation et la réforme réglementaire auront nécessairement des conséquences sur l’éducation et la formation des professionnels de la santé, autant les praticiens conventionnels que les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle. Une question importante concerne la formation de chaque type de professionnel de la santé si l’on tient compte des autres types de soins de santé. Une option mentionnée dans l’étude menée sous l’égide du Steering Committee for The Prince of Wale’s Initiative on Integrated Medicine, et destinée au Royaume-Uni, mérite d’être examinée (Integrated Healthcare, p. 19-26). Il s’agit d’une structure d’enseignement et de formation comprenant : • un programme d’études universitaires offrant une base commune pour toutes les formations en soins de santé, aussi bien les soins conventionnels que complémentaires et parallèles; • une formation spécialisée en approches complémentaires et parallèles; • une formation professionnelle continue pour tous les professionnels de la santé; • de meilleures informations, destinées aux praticiens, sur le rôle thérapeutique de chaque discipline complémentaire et parallèle, les qualifications des praticiens et les niveaux de compétence qu’ils ont dû atteindre pour pratiquer. Il vaudrait la peine de comparer cette structure et d’autres options avec des programmes d’enseignement existants dans des pays tels que l’Allemagne et les Pays-Bas, où il existe une longue tradition de formation combinée (p. ex., l’homéopathie et la médecine occidentale). L’étude de ces options soulève un certain nombre de questions fondamentales au sujet des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle et des praticiens conventionnels : Praticiens de la médecine complémentaire et parallèle Quel est l’état actuel de l’enseignement et de la formation? Il serait utile d’avoir un examen détaillé des programmes d’enseignement et des exigences en matière de formation des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle au Canada. Cela exigerait la collaboration des associations professionnelles complémentaires et parallèles. Un tel examen devrait faire ressortir les établissements offrant des cours ou des programmes en approches complémentaires et parallèles en santé, les types d’approches complémentaires et parallèles en santé pour lesquelles des cours sont offerts, s’il existe des préalables pour être admis dans un programme, si le programme permet d’avoir une accréditation dans une thérapie complémentaire et parallèle, si l’accréditation est validée par une association professionnelle et le nom de cette association, et enfin si l’établissement est relié officiellement à d’autres établissements offrant des programmes en approches complémentaires et parallèles ou en soins de santé conventionnels. Sur quoi se fonde-t-on pour exiger des normes minimales d’éducation et de formation d’un praticien d’une forme particulière de médecine complémentaire et parallèle et quels sont les critères pour déterminer en quoi devraient consister ces normes minimales? La réponse à ces questions a des conséquences sur la réglementation des praticiens, l’aiguillage par d’autres professionnels de la santé, la portée de la pratique des non-professionnels, la couverture d’assurance des produits et services, le choix éclairé des consommateurs et l’utilisation sécuritaire des produits et des services. Dans quels cas les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle devraient-ils conseiller à leurs clients de consulter un autre praticien et quelles études et formation devraient être requises II. 36 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé pour permettre aux praticiens de donner des conseils de la sorte ou de les autoriser à le faire? Praticiens conventionnels Les connaissances des praticiens conventionnels en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé et leur intérêt pour ces approches varient d’un praticien à l’autre17 . Quelles connaissances et formation minimales devraient-ils avoir, compte tenu de l’utilisation des consommateurs, et quels programmes d’enseignement devraient-ils suivre pour garantir l’obtention de ces connaissances et de cette formation minimales? Les pratiques complémentaires et parallèles peuvent être fondées sur des prémisses différentes de celles de la médecine conventionnelle. Les informations relatives à de telles pratiques peuvent-elles être 8. C OÛTS ET COUVERTURE Certains praticiens conventionnels offrent des thérapies complémentaires et parallèles sélectionnées. Dans certains cas, peut-être dans plusieurs, les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle sont mieux formés et plus compétents pour pratiquer ces thérapies. Qu’est-ce qui constitue des études et une formation suffisantes en vue d’offrir un service précis et qu’estce qui constitue une norme d’accréditation commune aux deux types de praticiens? D ’ ASSURANCE 8.1 SOMMES CONSACRÉES A UX APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ En 1996-1997, on estime qu’on a dépensé un total de 3,8 millions de dollars pour les approches complémentaires et parallèles au Canada. De ce montant, 1,8 million ont été dépensés pour les thérapies complémentaires et parallèles, 937 millions, pour les herbes et les vitamines, 104 millions, pour les régimes spéciaux, et plus de 998 millions, pour les livres, les cours et l’équipement (Canadian Overview, p. 263). Les couvertures d’assurance pour les approches complémentaires et parallèles en santé varient. Les consommateurs doivent payer de leur poche une proportion significative des coûts (dépenses assumées par eux-mêmes). Voici des données récentes (Berger Monitor, p. 60, 65-66) : 17 intégrées à des programmes d’enseignement fondés sur le paradigme de la médecine conventionnelle et, si elles le peuvent, de quelle façon? Quels sont les modèles d’enseignement requis pour faire face à des paradigmes de santé et de soins de santé impossibles à comparer, à rapprocher ou à intégrer? • 69 % des consommateurs indiquent qu’ils ont une couverture d’assurance complémentaire complète pour les soins chiropratiques, 57 % pour la massothérapie et 34 % pour les autres thérapies; • 52 % des consommateurs indiquent qu’ils ont une couverture d’assurance complémentaire partielle (plus de la moitié) pour les soins chiropratiques, 50 % pour la massothérapie et 54 % pour les autres thérapies; • 31 % des consommateurs ont dépensé plus de 30 $ au cours du dernier mois pour les services d’un chiropraticien, 49 % pour les services d’un massothérapeute et 38 % pour les autres thérapeutes; • la couverture d’assurance-maladie complémentaire pour les produits de santé naturels couvrait tous les coûts de 24 % des Voir, par exemple, les études indiquées aux notes 10 et 11. R APPOR T D ’ É TA P E II. 37 consommateurs, environ la moitié des coûts de 19 % des consommateurs et environ le quart des coûts de 11 % des consommateurs; • la proportion des consommateurs de produits de santé naturels ayant dépensé 30 $ ou plus au cours du dernier mois a augmenté, passant de 12 % en 1997 à 19 % en 1999, une hausse de près de 50 % en deux ans; • les dépenses pour les produits de santé naturels ne sont pas associées au revenu; • les dépenses pour les produits de santé naturels n’augmentent pas avec la couverture d’assurancemaladie complémentaire : 23 % des répondants n’ayant pas de couverture d’assurance ont dépensé 30 $ ou plus pour des produits de santé naturels, tandis que 17 % des répondants ayant une couverture d’assurance ont dépensé 30 $ ou plus. 8.2 COUVERTURE DE L ’ASSURANCEMALADIE PUBLIQUE La couverture d’assurance des thérapies complémentaires et parallèles par les régimes d’assurance-maladie provinciaux et les commissions d’indemnisation des travailleurs est variable et minime (Canadian Overview, p. 51-56, en date d’août 1999). Certains régimes d’assurance-maladie provinciaux couvrent la chiropratique (ColombieBritannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Nouveau-Brunswick uniquement pour les personnes âgées ayant acheté des assurances complémentaires) et un régime couvre la naturopathie (Colombie-Britannique). Les commissions d’indemnisation des travailleurs couvrent les soins chiropratiques dans toutes les provinces et tous les territoires (il n’y a pas d’informations disponibles sur les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut). Certaines commissions d’indemnisation des travailleurs couvrent l’acupuncture d’après chaque cas ou sur ordonnance d’un médecin conventionnel (ColombieBritannique, Ontario, Québec, Terre-Neuve, Île-duPrince-Édouard et Yukon). Seule la ColombieBritannique couvre la naturopathie. 8.3 COUVERTURE DE L ’ASSURANCEMALADIE PRIVÉE Au Canada, les employeurs et les particuliers peuvent acheter des régimes privés d’assurancemaladie pour compléter la couverture des régimes d’assurance-maladie provinciaux. Au Canada, environ 96 % des régimes d’assurance-maladie privés sont des assurances collectives achetées essentiellement par des employeurs. Les employeurs tiennent compte des éléments suivants au moment de choisir un régime : comment attirer et conserver des employés compétents; la vitalité et les conditions économiques du secteur; les tendances régionales et du milieu en relations de travail et en négociation de contrats; la couverture d’assurance uniforme d’une province ou d’un territoire à l’autre (pour les employeurs nationaux); la philosophie des employeurs en ce qui concerne l’amélioration de la santé et de la productivité des employés; et la valeur et les coûts des services assurés. Les régimes d’assurance-maladie privées peuvent couvrir les approches complémentaires et parallèles en santé de deux façons : compte de dépenses en soins de santé et couverture d’assurance-maladie complémentaire. • Les comptes de dépenses en soins de santé sont des comptes d’employés individuels dans lesquels l’employé peut puiser pour payer des frais médicaux et dentaires admissibles en vertu du régime. L’employeur verse des contributions qui peuvent être reportées sur deux ans, mais ces contributions ne peuvent servir qu’à couvrir des dépenses admissibles en vertu du régime. • La couverture d’assurance-maladie complémentaire s’applique aux séjours à l’hôpital (chambres à deux lits et individuelles), aux ordonnances, aux séjours à l’étranger, aux praticiens paramédicaux (y compris certains praticiens de la médecine complémentaire et parallèle), aux appareils et aux autres services (services ambulanciers, services de soinsinfirmiers, services de soins à domicile). On estime que les services paramédicaux représentent entre 7 % et II. 38 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé 8 % des paiements d’assurance-maladie complémentaires. Au cours des dernières années, il y a eu une augmentation importante de la couverture des régimes d’assurance-maladie complémentaires. Les paiements totaux dans cette catégorie sont passés de 984 millions de dollars en 1987 à 3 298 millions de dollars en 1997, et le nombre de contrats dans cette catégorie est passé de 16 228 en 1987 à 21 294 en 1997. Depuis 1999, on estime que 80 % des employés au Canada possèdent une couverture d’assurance complémentaire (Canadian Overview, p. 61-62). Pour être considéré comme des bénéfices non imposables, la couverture d’assurance-maladie privée doit répondre aux critères définis par Revenu Canada dans la Loi de l’impôt sur le revenu et les bulletins supplémentaires :18 • le bénéfice doit être un régime d’assurance (c.-à-d. qu’il doit y avoir un élément de risque raisonnable); • la couverture d’assurance doit s’appliquer à des frais médicaux, dentaires ou autres dépenses constituant des frais médicaux en vertu de l’article 118 de la Loi de l’impôt sur le revenu; • la couverture d’assurance vise seulement les praticiens qualifiés autorisés à pratiquer conformément aux lois de la province ou inscrits sur la liste de praticiens qualifiés de Revenu Canada (cette liste comprend les chiropraticiens, les ostéopathes, les naturopathes, les thérapeutes, les acupuncteurs et les diététistes); • la couverture d’assurance vise seulement les frais médicaux admissibles, dont les services de laboratoire, les services de radiologie ou les autres méthodes de diagnostic ou services afin d’assurer le bien-être, de prévenir les maladies ou de poser un diagnostic ou de traiter des blessures, des maladies ou des handicaps comme le prescrit un médecin; • les médicaments et autres préparations et substances constituant des dépenses médicales 18 sont couverts dans les deux cas suivants : lorsqu’une ordonnance est requise, mais que l’article peut être vendu sans ordonnance (p. ex., l’insuline) ou lorsqu’une ordonnance est requise et que le pharmacien doit conserver un dossier. Couvrir des services ne répondant pas à ces critères risquerait d’entacher tout le régime d’assurance, menaçant son statut de bénéfice non imposable. 8.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES La situation actuelle en ce qui concerne les dépenses et la couverture d’assurance soulève un certain nombre de questions de nature politique : • De quelle façon la consommation, la couverture d’assurance, la réglementation professionnelle et l’enseignement interagiront-ils, compte tenu de la tendance à la hausse à recourir à des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle (voir Berger Monitor, p. 61)? • Quels sont les motifs déterminant qu’un service ou un produit complémentaire et parallèle ne devrait pas être remboursé, devrait l’être en vertu d’un régime d’assurance privé ou devrait l’être en vertu d’un régime d’assurance provincial? • Quel régime réglementaire, quelles normes d’enseignement et de formation et quelle preuve d’efficacité devrait-on exiger pour que les services et produits complémentaires et parallèles soient considérés comme des bénéfices non imposables par Revenu Canada? • Y a-t-il des approches complémentaires et parallèles en santé ne satisfaisant pas bien au cadre actuel de couverture d’assurance, et si oui, quelles modifications devraient être apportées à ce cadre? • Que pensent les Canadiens des couvertures d’assurance (publiques ou privées) des approches complémentaires et parallèles en santé (services et produits précis), et de quelle façon leur opinion influencera-t-elle les secteurs public, professionnel et privé? Conversation avec Irene Klatt, directrice, Politique concernant l’assurance-maladie, Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes. R APPOR T D ’ É TA P E II. 39 9. D ÉVELOPPEMENT DE LA RECHERCHE 9.1 BESOIN EN RECHERCHE La nécessité de faire des recherches sur les approches complémentaires et parallèles est un thème qui se répète dans ce rapport. La recherche sera déterminante pour promouvoir tous les aspects des politiques gouvernementales reliées aux approches complémentaires et parallèles en santé. Il est essentiel : • de définir les tendances en utilisation, en formation et en pratique des approches complémentaires et parallèles en santé; • de comprendre les contextes et les cultures des approches complémentaires et parallèles en santé; • de donner des informations complètes et exactes aux consommateurs; • de déterminer la sécurité, l’efficacité, l’efficacité de la pratique et le rapport coût- efficacité des thérapies particulières; • de définir une base de connaissance en approches complémentaires et parallèles ainsi qu’une formation dans ces approches chez les praticiens; • d’identifier des domaines de recherche, d’enseignement et de pratique communs aux approches complémentaires et parallèles en santé et aux soins de santé conventionnels; • de prendre des décisions au sujet de la couverture d’assurance (publique et privée) des approches complémentaires et parallèles en santé; • de décider de la façon d’intégrer les approches complémentaires et parallèles en santé aux soins de santé conventionnels. Voici des exemples de questions auxquelles il faut trouver réponse (Integrated Health Care, p. 11; Kelner et Wellman [2000b], p. 5-10) : • Démontrer qu’il s’agit d’une thérapie : Est-elle sécuritaire? Les avantages l’emportent- ils sur les risques? Procure-t-elle des effets bénéfiques particuliers? Est-elle efficace dans la pratique? Le client en a-t-il pour son argent? • Améliorer les soins de santé : Puis-je améliorer mes résultats en changeant le traitement? Est-ce un test de diagnostic utile? Comment pouvons-nous améliorer l’organisation de nos services en approches complémentaires et parallèles? Comment rendre plus efficace le système d’aiguillage entre les praticiens conventionnels et les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle? Comment faire pour mieux comprendre et développer la relation avec mon client? • Comprendre l’utilisation et le contexte : Qui utilise les thérapies, quelles thérapies utilise-t-on et pourquoi les utilise-t-on? La façon de les utiliser a-t-elle changé? Si oui, comment? Quel est le contexte socioculturel des utilisateurs d’approches complémentaires et parallèles? Comment les consommateurs combinent-ils les approches complémentaires et parallèles aux soins de santé conventionnels? • Comprendre la thérapie : Comment agit la thérapie (processus et mécanismes d’action sous-jacents)? Peut-on comprendre qu’il y ait différents « systèmes de médecine » à l’intérieur d’un même cadre? • Élaborer des outils et une capacité de recherche : Quelles méthodologies permettent de répondre aux questions touchant une thérapie précise ou un contexte particulier? Quels modèles de recherche ont connu le plus de succès? Comment adapter la recherche à la diversité culturelle? Quelles formes de collaboration doit exister entre les chercheurs, les professeurs, les praticiens, les consommateurs et leur collectivité? Ouvrages à consulter : Voir Design, annexe 4, Kelner et Wellman (2000a), et Savas pour obtenir des listes de questions de recherche particulières. Pour obtenir des résumés des conclusions de recherche sur l’efficacité des thérapies complémentaires et II. 40 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé parallèles, voir Ernst (1998), tableau 3, et Integrated Health Care, p. 44. Design, annexe 4, pour obtenir une liste des questions méthodologiques soumises par le réseau canadien de médecine intégrative et de santé. 9.2 MÉTHODES DE RECHERCHE 9.3 CAPACITÉ DE RECHERCHE On a beaucoup parlé des questions méthodologiques soulevées par la recherche sur les approches complémentaires et parallèles en santé. À l’heure actuelle, on s’entend pour dire que les défis méthodologiques, bien que réels, ne sont pas insurmontables. Le Qualitative Methods Working Group, convoqué aux États-Unis, en 1995, par les National Institutes of Health, a découvert qu’il existait des méthodologies et des procédures d’analyse de données pouvant répondre à la plupart des questions à l’étude reliées à l’évaluation des approches complémentaires et parallèles en santé 19 . L’étude menée sous l’égide du Steering Committee for The Prince of Wales’ Initiative on Integrated Medicine a tiré les mêmes conclusions (Integrated Health Care, p. 10, et annexe B), tout comme le symposium international sur les approches complémentaires et parallèles en santé (Kelner et Wellman [2000b], p. 9). La mise en place, l’application et la dissémination fructueuses de la recherche en approches complémentaires et parallèles en santé, comme en médecine conventionnelle, exige un effort de collaboration. Cela demande la participation des spécialistes en différents domaines de recherche, des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle ou conventionnels et des associations professionnelles de divers domaines de pratique, des établissements de recherche en santé, des professeurs en approches complémentaires et parallèles et en soins de santé conventionnels, des consommateurs et des collectivités. Il ne s’agit pas uniquement de réunir des personnes en équipes de recherche. Il est toutefois essentiel que la méthodologie de recherche soit adaptée à la question posée plutôt que de déterminer la question à poser. Voici des types de recherche possibles (mais ce ne sont pas les seuls) : • recherche en laboratoire; • études épidémiologiques; • études sur échantillons aléatoires et contrôlés; • études cas-témoin; • études d’impact; • études des cohortes; • études de cas cliniques; • études de cas qualitatives; • pratique réflexive; • vérifications; • groupes de discussion et entrevues; • enquêtes démographiques; • recherche transculturelle; • anthropologie et ethnographie médicales; • analyses des réseaux; • analyses du discours.Ouvrage à consulter : Voir 18 Il faut aussi élaborer les structures et les liens nécessaires dans les établissements et les systèmes. L’étude menée sous l’égide du Steering Committee for The Prince of Wale’s Initiative on Integrated Medicine souligne l’importance d’élargir les centres actuels de recherche en approches complémentaires et parallèles en santé, en faisant appel au réseau de praticiens de la médecine complémentaire et parallèle et en tirant profit des recherches et des ressources des universités (Integrated Health Care, p. 13). Le potentiel de développement d’une capacité de recherche en approches complémentaires et parallèles fondée sur la collaboration connaît une vive montée au Canada. On compte des chercheurs dans différents domaines de la santé et des sciences sociales dans les universités et les établissements canadiens d’approches complémentaires et parallèles en santé. Il existe aussi un grand nombre de centres de recherche centrés particulièrement sur les approches complémentaires et parallèles en santé, tels que le Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine à Vancouver et le Calgary Research Centre for Alternative Medicine (voir Canadian Overview, p. Levin, J.S., Glass, T.A., Kushi, L.H., et coll. (1997). « Quantitative Methods in Research on Complementary and Alternative Care: A Methodological Manifesto », Medical Care 35(11) : 1079-1094. R APPOR T D ’ É TA P E II. 41 243-245). En outre, on a récemment créé le réseau canadien de médecine intégrative et de santé, réseau composé de scientifiques, de médecins, d’infirmières, de praticiens de la médecine complémentaire et parallèle, de chercheurs, de professeurs, d’administrateurs et d’autres travailleurs de la santé intéressés à promouvoir des recherches et des pratiques fondées sur l’expérience clinique. Au sein de Santé Canada, le Bureau des produits de santé naturels est le centre nerveux en ce qui concerne la recherche ministérielle en approches complémentaires et parallèles en santé. Même si le Bureau a un budget de recherche limité — trois millions de dollars sur trois ans —, il pourrait valider la définition des questions de recherche et encourager des travaux de recherche collective. Parmi les organismes de financement de la recherche, les Instituts canadiens de recherche en santé (ICRS), encore en phase de démarrage, ne feront pas que financer la recherche en santé au Canada. Ils vont aussi élargir et intégrer la recherche en santé de façon à tenir compte de la recherche en approches complémentaires et parallèles en santé. Le réseau canadien de médecine intégrative et de santé a suggéré la création d’un bureau canadien des approches complémentaires et parallèles en santé sous l’égide des ICRS (voir Design). Ce bureau servirait d’organisme cadre pour superviser une politique de recherche cohérente en approches complémentaires et parallèles en santé; il relierait les chercheurs de tout le Canada afin qu’ils développent leur expertise interdisciplinaire; il servirait de ressource et de collaborateur aux autres groupes de recherche et établissements des ICRS; et il aurait la responsabilité d’élaborer des politiques. Le bureau s’occuperait de ce qui suit : • des subventions de recherche pour dépenses courantes par l’intermédiaire des instituts; • de la promotion et de la formation du personnel par l’entremise du bureau; • de l’examen coordonné des propositions faites aux ICRS en matière d’approches complémentaires et parallèles de tous les établissements; 19 • du développement et de la gestion des bases de données de recherche en approches complémentaires et parallèles; • des questions d’éthique en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé; • de l’élaboration de la méthodologie de développement et de l’analyse statistique des approches complémentaires et parallèles en santé; • du programme d’approche pour former les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle en recherche clinique; • d’un bulletin d’information diffusant des renseignements sur les activités du bureau, et éventuellement d’un journal; • d’un symposium national sur les approches complémentaires et parallèles en santé; • du site Web sur les approches complémentaires et parallèles en santé; • du soutien des services d’entraide offerts dans les pharmacies, les magasins d’aliments naturels et les bibliothèques; • de l’identification, de l’élaboration et de l’évaluation des modèles de soins intégrés; • des études et des recherches sur les politiques en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé. 9.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES On ne soulignera jamais assez l’importance de la recherche pour l’élaboration des politiques, des pratiques et des systèmes en matière d’approches complémentaires et parallèles en santé pour les raisons déjà mentionnées à la section 9.1. La recherche jouera un rôle essentiel dans la résolution des questions scientifiques, de pratique et de politique entourant les approches complémentaires et parallèles en santé. Levin JS, Glass TA, Kushi LH, et al. (1997). Quantitative methods in research on complementary and alternative care: a methodological manifesto. Medical Care 35(11): 1079-1094. II. 42 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Toutefois, la façon dont la capacité de recherche est élaborée et dont les projets de recherche sont conçus est aussi très importante. La collaboration des praticiens de la médecine complémentaire et parallèle s’avère essentielle. Elle permettra de garantir que les méthodologies de recherche et l’expertise correspondent aux genres de questions posées et aux types de services ou produits examinés. Elle favorisera aussi la création de liens durables avec les diverses parties visées par le débat entourant les approches complémentaires et parallèles en santé et les soins de santé conventionnels ainsi qu’une meilleure compréhension de ces parties. Les organismes gouvernementaux peuvent jouer un rôle central à cet égard. Ils peuvent créer un environnement coopératif en définissant les modalités du financement de la recherche; en établissant des structures intégratives de recherche; en réunissant les divers chercheurs afin de définir des domaines de recherche ou des questions reliées à la recherche, et ainsi de suite. La création des Instituts canadiens de recherche en santé offre des possibilités de formation à cet égard. Toutefois, d’autres organismes de financement de la recherche, tels que la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé et le Conseil de recherches en sciences humaines, pourraient aussi jouer un rôle. R APPOR T D ’ É TA P E II. 43 III. L A NÉCESSITÉ DES LIGNES DIRECTRICES : QUESTIONS D ’ ÉTHIQUE ASSOCIÉES À L’ UTILISA TION D ’ APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ AUJOURD ’ HU I AU CANADA Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé Division des systèmes de santé Santé Canada LA NÉCESSITÉ DES LIGNES DIRECTRICES : QUESTIONS D ’ ÉTHIQUE ASSOCIÉES À L’ UTILISATION D ’ APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ AUJOURD ’ HU I AU CANADA Ce rapport exprime les points de vue des auteurs et ne présente pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de Santé Canada, ni celles des personnes ayant révisé le rapport provisoire. Les approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) couvrent une large gamme de modalités de santé et de guérison fondées sur des systèmes de preuves et de science qui diffèrent significativement des pratiques de la science biomédicale occidentale. Il s’ensuit que les praticiens canadiens de la santé se trouvent fréquemment confrontés à des défis d’ordre éthique. Le débat actuel sur l’utilisation des approches complémentaires et parallèles en santé soulève d’importantes questions d’éthique concernant la façon dont nous savons ce que nous savons et la base sur laquelle notre société, et les professionnels de la santé, peuvent prendre des décisions au nom de ceux qui sont malades ou ont besoin de soins. Le contexte social et scientifique La popularité croissante des approches complémentaires et parallèles en santé résulte d’un certain nombre de forces sociales. Il est certainement vrai que les pratiques parallèles ont toujours existé sous une forme ou une autre, y compris les pratiques «populaires » ou traditionnnelles telles que l’usage de médicaments à base de plantes ou l’approche de la médecine ayurvédique. De plus en plus, ces pratiques sont offertes à la société canadienne dans un contexte plus formel. Elles peuvent s’appuyer sur des formes de preuves autres la science biomédicale conventionnelle, mais en même temps, reposer sur une vaste tradition de théories structurées et de pratiques. La chiropractie, la massothérapie et l’homéopathie en sont des exemples. Du fait que les pratiques de la médecine occidentale sont considérées comme vraies et exactes, les praticiens de la médecine occidentale recoivent autorité de la société dans les domaines de la politique sociale et de la santé. L’utilisation accrue des approches complémentaires et parallèles en santé, cependant, a pour résultat de porter atteinte à cette autorité, les consommateurs s’écartant de l’approche « axée sur la maladie » retenue en biomédecine et prenant note de l’effet qu’ont eu sur « l’industrie » de la santé les intérêts des multinationales de la santé et des produits pharmaceutiques. Les Canadiens s’intéressent de plus en plus l’utilisation des services, des pratiques et des remèdes de santé qui n’ont pas été reconnus comme faisant partie du système de soins de santé financé par les ressources publiques. Le domaine de l’éthique biomédicale se fonde sur plusieurs des mêmes principes que la médecine occidentale. Il est difficile de résoudre les problèmes d’éthique reliés aux défis sociaux complexes que posent les approches complémentaires et parallèles en santé. Si nous acceptons et comprenons que les praticiens des ACPS font appel à un fondement philosophique qui diffère du fondement de la médécine conventionelle en ce qui concerne la façon dont on évalue la connaissance, alors nous serons en mesure d’analyser et résoudre les dilemmes d’éthique qui se présentent. Le fait demeure que l’ensemble actuel des « preuves » scientifiques que nous utilisons pour prendre des décisions sur ce qui est approprié est lui- même une construction sociale, dans le sens où les questions qui ont été posées et les changements qui ont été apportés ont subi l’influence de divers intéressés au lieu d’être le résultat d’une progression objective et neutre d’une démarche d’exploration, d’expérience et de connaissance. LA NÉCESSITÉ DES LIGNES DIRECTRICES III. 45 Questions d’éthique dans la pratique des appr oches complémentaires et parallèles en santé Les professions de la santé au Canada sont largement autonomes et les membres adhèrent à de rigoureux codes de déontologie et normes de pratiques professionnelles. Il se pose aujourd’hui un problème lorsque les praticiens de la médecine conventionnelle essaient d’intégrer les approches complémentaires et parallèles en santé à leurs pratiques et que certains aspects des ACPS semblent aller à l’encontre de leur compréhension des principes acceptés dans ces codes. Par exemple, les médecins doivent s’assurer que les patients « donnent leur accord en connaissance de cause »; toutefois, lorsque bon nombre des pratiques des approches complémentaires et parallèles en santé ne s’appuient que sur peu de recherches scientifiques rigoureuses, comment le médecin peut-il respecter l’exigence d’accord en connaissance de cause quand il a recours à des ACPS dans la pratique conventionnelle en santé? Le contexte social et scientifique de la pratique de la médecine conventionnelle a créé un ensemble d’hypothèses et de conceptions qui correspondent aux attentes de la médécine conventionelle mais qui ne cadrent pas avec les conditions de la pratique des approches complémentaires et parallèles en santé. De façon semblable, il existe un problème si un praticien conventionnel réfère un patient à un praticien des approches complémentaires et parallèles en santé. De nombreux praticiens des ACPS ne sont pas réglementés, ce qui représente un autre défi d’ordre éthique. L’élaboration d’un code de déontologie qui s’appliquerait à tous les praticiens des ACPS constituerait un premier pas utile. Le code comprendrait des valeurs déjà présentes dans les codes existants des professionnels de la santé et traiterait également d’un certain nombre de questions complexes, y compris celle des normes de pratique. Les Canadiens s’attendent à ce que les praticiens des ACPS fonctionnent de manière éthique; il existe un besoin d’élaborer des normes et des interprétations pour cette collectivité afin de protéger à la fois le public et les praticiens. Questions d’éthique en r echer che dans le domaine des approches complémentaires et parallèles en santé Dans une large majorité, la recherche médicale utilise les essais randomisés à double insu contrôlés contre placebo comme méthode standard; on considère que les résultats obtenus par cette méthode constituent des preuves de la plus haute qualité pour la pratique des soins cliniques. Cette méthode a cependant une utilité limitée dans l’évaluation de l’efficacité de la plupart des pratiques des approches complémentaires et parallèles en santé. Par exemple, il est presque toujours impossible de ne pas révéler au patient et au praticien la thérapie utilisée, étant donné la nature des processus de diagnostic, les discussions entre le patient et le praticien au sujet des options de traitement et le rôle actif que joue le patient dans la pratique des approches complémentaires et parallèles en santé. Cette méthode s’applique donc mal à de nombreuses pratiques des ACPS et les résultats de tels essais, si l’on en faisait, pourraient ne rien vouloir dire. Un autre défi provient de la façon de mesurer les améliorations d’un état de santé. En médécine conventionnelle, l’efficacité d’une thérapie se mesure en termes d’amélioration ou de disparition des symptômes et d’autres variables associées à la maladie. Aujourd’hui, les consommateurs exigent que l’efficacité se mesure aussi plus globalement en termes de santé et de bien-être. Outre la nécessité évidente de s’assurer que les patients des praticiens des approches complémentaires et parallèles en santésoient traités de façon éthique et respectueuse, que leur sécurité ne soit pas mise en danger et qu’ils disposent d’assez d’information pour prendre des décisions en connaissance de cause, les ACPS soulèvent des questions d’ordre éthique remettant en cause les normes mêmes que nous utilisons pour établir des preuves pour la pratique clinique. III. 46 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé L’éthique et les politiques en santé Aujourd’hui, au Canada, la science médicale et les médecins ne sont plus les seuls arbitres de ce qui constitue la santé et la maladie, ni de ce qu’il faut faire pour traiter la maladie et promouvoir la bonne santé. Il est aujourd’hui entendu que les politiques en santé devraient refléter une juste répartition des ressources disponibles et ne créer ni barrières socioéconomiques ni préjugés à l’encontre de formes particulières de soins de santé. La Loi canadienne sur la santé stipule que le système de santé sera universel, transférable, intégral, accessible et de gestion publique. Étant donné que les ressources sont limitées, les prises de décisions éthiques sur les politiques concernant les pratiques dans le domaine de la santé devraient clairement inclure des critères tels que l’efficacité perçue, l’absence relative d’effets secondaires négatifs, la congruence avec les normes de santé de la population et des mesures objectives de coûtsefficacité. On devrait établir des politiques de réglementation et de responsabilisation pour un bon nombre des modalités des approches complémentaires et parallèles en santé. Si nous acceptons que les buts de guérison pour chaque type de soins peuvent s’évaluer d’une façon et selon des normes appropriées à ce type de soins, il peut alors être possible d’émettre des permis d’exercer aux professions des ACPS. Cependant, il n’est pas possible d’organiser toutes les pratiques ou tous les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé d’une manière qui rende possibles la réglementation ou l’enseignement et la formation dans un cadre structuré et formel; cela constituera un défi important pour l’intégration des soins de santé au sein d’une politique publique. En règle générale, nous pourrions prendre comme hypothèse que les praticiens ont le droit de pratiquer leurs spécialités tant qu’il y aura des personnes recherchant leurs services et qu’il n’y aura pas de preuves qu’ils causent du mal. Il serait peut-être aussi raisonnable de soutenir que les fonds publics ne devraient financer que les services pour lesquels existe un mécanisme de reddition des comptes. Le défi d’ordre éthique qui se présente à nous est donc de voir comment la société canadienne peut créer un mécanisme permettant de décider quelles pratiques devraient être réglementées et formellement structurées et quelles pratiques conviendraient mieux au secteur privé. Conclusion Alors que notre définition de soins de santé s’élargit et que les Canadiens exigent un plus large éventail de pratiques de santé, il est important que la responsabilité de soutenir et de suivre l’évolution du système de santé soit prise en charge par un organisme ou un système social reconnu. Il faudra étudier des questions telles que les priorités de recherche, le développement et la commercialisation de produits, l’émission de permis d’exercice, le remboursement et le contrôle de la qualité. Des discussions publiques sérieuses faisant intervenir le public, le gouvernement et toutes les professions du domaine de la santé permettront de mettre à jour les questions d’éthique et peut-être de les résoudre. Un élément clé à ne pas oublier est de donner au public un accès à l’information la plus utile et significative possible. Les approches complémentaires et parallèles en santé soulèvent des questions d’éthique d’une importance vitale qui doivent être étudiées et résolues. L’étude de ces questions nous pousse à repenser la façon dont nous envisageons le contexte éthique de toutes les pratiques en santé et à nous orienter vers l’élaboration d’un code de déontologie intégré qui puisse aider les praticiens de toutes les disciplines à fournir des services de santé fondés sur des pratiques sécuritaires et efficaces. LA NÉCESSITÉ DES LIGNES DIRECTRICES III. 47 B IBLIOGRAPHIE LaValley JW, Verhoef MJ. Integrating complementary medicine and health care services into practice. Journal de l’Association médicale canadienne 1995; 153 (1): 45-49. Sugarman J. Physicians= ethical obligations regarding alternative medicine. Journal of the American medical Association 1998; 280 (18): 1623-1625. Best A, Herbert C. The two solitudes of complementary and conventional medicine: Where are we going? Le Médecin de famille canadien 1998;44: 953-955. Association médicale canadienne. Code de déontologie de l’Association médicale canadienne. In: Association médicale canadienne; 1996. Mike V. Outcomes research and the quality of health care: the beacon of an ethics of evidence. Eval Health Prof 1999; 22(1):3-32. Truant T, McKenzie M. Discussing complementary therapies: There=s more than efficacy to consider. Journal de l’Association médicale canadienne 1999; 160(9):351-352. Kelner M, Wellman B. Health care and consumer choice: Medical and alternative therapies. Social Science & Medicine 1997;45(2):203-212. Eisenberg DM, Davis RB, Ettner SL, Appel S, Wilkey S, Van Rompay M, et al. Trends in alternative medicine use in the United States 1990-1997. Journal of the American Medical Association 1998; 280(18):1569-1575. Hilsdon RJ, Verhoef, MJ. Complementary therapies: Evaluating their effectiveness in cancer. Patient Education and Counseling 1999;38:101- 108. III. 48 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé IV. V ERS UN SYSTÈME INTÉGRA TIF DE SANTÉ Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé Division des systèmes de santé Santé Canada IV.d5463492 TABLE DES MATIÈRES IV.d Objectif ............................. Contexte ........................... Langue ............................... Résultats attendus d’un système intégratif de santé ...................................................................................IV.50 Résultats attendus pour chacun des groupes clés .......................................................................................IV.50 Valeurs fondamentales d’un système intégré de santé ...............................................................................IV.50 Concepts de base d’un système intégré de santé .........................................................................................IV.51 Défis ................................. Stratégies ........................... Références ........................ Annexe .............................. V ERS UN SYSTÈME I N T É G R AT I F DE SANTÉ IV.c OBJECTIF Le but du présent document est d’examiner les conséquences de l’utilisation croissante des approches complémentaires et parallèles pour le système canadien de la santé, et de décrire et amorcer une discussion sur un nouveau modèle qui intégrerait les diverses approches efficaces « conventionnelles » et « complémentaires et parallèles ». Le document présente les résultats prévus d’un système d’intégration, ses valeurs fondamentales et les concepts de base de ce système, les défis à relever et un certain nombre de stratégies pour y arriver et aller de l’avant. Les points de vue exprimés dans ce rapport sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de Santé Canada. CONTEXTE Ce document de discussion est le fruit du travail du Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé convoqué par la Division des systèmes de santé1 de la Direction générale de la promotion et des programmes de santé, en janvier 1999. Un groupe de dix praticiens, éducateurs et chercheurs représentant toutes les régions du Canada ont été invités à déterminer les principaux problèmes du système de santé en ce qui a trait aux approches complémentaires et parallèles en santé et à suggérer des secteurs stratégiques en vue d’une action future. Une de nos principales activités depuis que le groupe s’est réuni en janvier 1999 a été d’entreprendre la description et une élaboration plus approfondie d’un « modèle conceptuel d’un futur système intégratif de santé » susceptible d’aider la Direction générale, de même que d’autres groupes, dans leurs travaux de planification sur la médecine complémentaire et parallèle. La croissance continue d’approches complémentaires et parallèles au Canada offre de 1 bonnes possibilités de modifier la nature de notre système de soins de santé et d’avoir des répercussions sur la santé de la population. Plutôt que d’assister au développement d’un « système parallèle de santé » qui viendrait concurrencer le système conventionnel, les membres de notre groupe consultatif, comme de nombreux autres intervenants du système de santé, s’intéressent davantage à la naissance et à l’évolution d’un nouveau modèle de santé : un système basé sur une meilleure compréhension de la santé qui intégrerait les diverses approches efficaces de la médecine « conventionnelle » et de la médecine « complémentaire et parallèle ». Pour en arriver à une combinaison de stratégies favorables à la création d’un nouveau système de santé, il faudra la collaboration et le sens d’innovation de tous les groupes d’intervenants. Nous espérons que les suggestions avancées dans le présent document susciteront une discussion utile et stimuleront une action concertée. Suite au remaniement du 1er juillet 2000 de Santé Canada, la Division des systèmes de santé fait maintenant partie de la Direction générale de la politique de la santé et des communications. IV.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé L ANGUE Nous utilisons dans ce document un certain nombre de termes qui jouissent de la faveur populaire dans le secteur de la santé, mais qui peuvent avoir des connotations légèrement différentes pour certaines personnes ou certains groupes. Les sections suivantes soulignent notre définition des termes utilisés dans le contexte de notre document de discussion. Approches complémentaires et parallèles en santé Les termes « médecine complémentaire et parallèle » ou « approches complémentaires et parallèles en santé » sont tous deux utilisés pour des pratiques et des thérapies qui ne sont pas couramment enseignées dans les écoles de médecine conventionnelles ni pratiquées par la majorité des médecins autorisés (Eisenberg et al, 1993, 1998)2 . Les expressions médecine complémentaire et parallèle, soins de santé complémentaires et parallèles, et approches complémentaires et parallèles en santé sont employées dans des sens équivalents. Le terme « intégratif » a récemment été utilisé pour illustrer les divers types de collaboration qui transcendent les frontières scientifiques, institutionnelles et géographiques. Pour plusieurs, il est en train de devenir le terme préféré au Canada et aux États-Unis pour définir les soins appropriés et basés sur l’expérience clinique qui empruntent les traditions thérapeutiques (voir Chapman-Smith, 1999; Jonas, 1998). C’est dans ce sens que nous utilisons le terme « intégratif » dans le présent 2 document. Nous lui avons ajouté « médecine » et « santé », c.-à-d. "médecine et santé intégrative", pour souligner l’importance de la prévention et des interventions qui ne relèvent pas des canaux cliniques (médicaux). Santé de la population Une approche de santé de la population à la planification de la santé tient compte des déterminants de la santé et de leurs rapports mutuels : le revenu et le statut social, l’éducation, l’emploi et les conditions de travail, les réseaux de soutien social, les services de santé, l’environnement physique, le milieu social, la biologie et la supériorité génétique, les habitudes d’hygiène personnelle et les habiletés d’adaptation, le développement des enfants en santé, le sexe et la culture (Comité consultatif fédéral-provincialterritorial de Santé Canada sur la santé de la population, 1994). En travaillant en vue d’un système intégratif de santé, nous avons la possibilité de promouvoir une meilleure compréhension du rôle potentiel des approches complémentaires et parallèles en santé dans le contexte de la promotion de la santé, de la prévention de la maladie et de la gestion de la santé et des conditions de la santé à toutes les étapes de la vie. De façon ultime, la discussion dont il est fait mention dans ce document veut embrasser tous les aspects d’une approche de la santé de la population, mais pour l’instant, nous n’abordons que l’interface complémentaire/conventionnelle. Une définition plus complète a été élaborée par le Groupe de travail du NIH sur la définition et la description: "La médecine complémentaire et parallèle est un vaste domaine des ressources de guérison qui englobe tous les systèmes de santé, leurs modalités et leurs pratiques, de même que les théories et croyances qui les accompagnent, autres que celles qui sont intrinsèques au système de santé politiquement dominant d’une société d’une culture donnée au cours d’une période historique donnée". V ERS UN SYSTÈME I N T É G R AT I F DE SANTÉ IV.49 R ÉSUL TATS ATTENDUS D ’ UN SYSTÈME INTÉGRATIF Avant d’examiner les concepts d’un système intégratif de santé et des stratégies requises pour y arriver, nous avons déterminé ce que devraient être les résultats, ou les avantages, d’un tel système. Nous avons d’abord tenté de définir ces résultats du point de vue de trois groupes clés que nous avons identifiés comme possédant une responsabilité fondamentale de prise de décision en matière de santé à divers niveaux, soit les utilisateurs des services DE SANTÉ de santé, les praticiens et dispensateurs de soins, et les décideurs ou responsables des politiques. Il faudra étudier plus à fond, dans d’autres discussions, les résultats prévus pour d’autres groupes comme les éducateurs, les chercheurs, et les fournisseurs ou l’industrie. Le tableau qui suit ne prétend pas être complet, mais il veut plutôt servir de point de départ à d’autres discussions. Résultats attendus pour chacun des groupes clés UTILISATEURS PRATICIENS DÉCIDEURS • Satisfaction • Choix • Responsabilité personnelle • Qualité de vie • Accès à des programmes, des ressources et de l’information non partisane facile à consulter • Collaboration et respect multidisciplinaire optimal • Professionnalisme • Statut juridique égal pour tous les praticiens de la santé • Pratique basée sur la preuve • Accès aux ressources de recherhe • Accès aux institutions de soins de santé • Attribution équilibrée et efficace des ressources • Responsabilité (sécurité de la personne, prise de décision basée sur des preuves, utilisation efficiente du trésor public) • Universalité et accessibilité des services essentiels de santé • Accès à une information fiable, de qualité VALEURS FONDAMENTALES D ’ UN SYSTÈME INTÉGRÉ DE SANTÉ Le développement d’un système intégratif de santé doit reposer sur des valeurs ou des principes fondamentaux. Les valeurs dont l’énumération suit correspondent étroitement aux pierres angulaires traditionnelles de notre système de soins de santé au Canada et aux priorités établies récemment pour la réforme de la santé, et elles pourraient constituer le fondement même d’un système intégratif de santé. Ces valeurs sont étroitement liées aux travaux du Forum national sur la santé tenu au Canada en 1997. Sa mission était de faire un examen approfondi et visionnaire du système de soins de santé financé par l’État. Sa conclusion a été que même si les valeurs fondamentales et les bases de notre régime national d’assurance restent essentiellement les mêmes, on a besoin de prises de décisions davantage axées sur les preuves, d’une meilleure continuité de soins, de soins vraiment orientés vers le patient, d’une insistance accrue sur la prévention et d’une forme véritablement intégrative des soins de santé. Les valeurs qui suivent sont données dans leur ordre alphabétique, accompagnées d’une brève définition ou d’une courte explication. IV.50 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Accessibilité : tous les Canadiens et Canadiennes ont un accès égal aux services essentiels de santé quelque soit leur lieu de résidence ou leurs moyens financiers. (Définition des services essentiels de santé sous la mention « défis ». Choix : la capacité et les ressources pour exercer des choix personnels de mode de vie et de soins de santé qui maximisent la possibilité d’une bonne santé individuelle et collective. Imputabilité : chaque partie doit répondre de sa responsabilité pour ce qui est des soins et de l’utilisation des ressources. Respect mutuel : compréhension et respect multidisciplinaires des traditions et cultures diverses qui reflètent à la fois la culture du consommateur et celle du praticien. Efficience : utilisation efficiente des rares ressources disponibles. Responsabilité : une participation active et une responsabilité commune en matière de soins de santé constituent le point central du rôle assigné aux utilisateurs, aux praticiens et aux décideurs. Équilibre : les ressources sont attribuées de façon appropriée pour la promotion du bien-être, les soins préventifs et les soins aux individus souffrant d’une maladie, et l’autosoin. Résultat global : la prise de décisions basées sur les preuves cliniques se fait à la suite de l’évaluation et de l’analyse de toute une gamme de résultats, y compris la qualité de vie et la satisfaction. État complet de bien-être : la promotion de la santé et les approches préventives revêtent une valeur égale à celle des soins aux individus souffrant d’une maladie. Universalité : les Canadiens et Canadiennes de toutes les provinces et des territoires ont un accès égal et le choix en ce qui a trait aux services intégratifs. CONCEPTS DE BASE D ’ UN SYSTÈME INTÉGRÉ DE SANTÉ Outre ces valeurs fondamentales, il faut s’entendre sur un certain nombre de concepts – également essentiels pour en arriver à un système intégratif de santé. À la suite des concepts énumérés plus bas, se trouvent un certain nombre de défis à relever pour les atteindre. • Les mesures prévues doivent être basées sur une approche de la santé de la population, en tenant compte des critères qui varient d’un individu à l’autre. Les ressources doivent être attribuées en fonction de cette approche, ne soutenant pas que les soins cliniques, mais également la promotion du mieux-être, la prévention et le traitement de la maladie et l’autosoin. • Les questions de produits et de pratiques doivent être soigneusement équilibrées. • La population, les praticiens et les décideurs doivent avoir accès à une information fiable et équilibrée basée sur une preuve de sécurité et d’efficacité sur laquelle ils peuvent fonder leurs décisions. • Il faut accorder des fonds pour développer et accroître la capacité d’une recherche de qualité sur les approches complémentaires et parallèles. • La définition des services essentiels de santé et des choix de paiement doit être réexaminée à la lumière de la demande publique pour des approches complémentaires et parallèles. • L’éducation des praticiens doit être étendue de manière à inclure une plus grande diversité d’information, de rôles, d’aptitudes et de structure en matière de santé. V ERS UN SYSTÈME I N T É G R AT I F DE SANTÉ IV.51 D ÉFIS Il faudra relever un bon nombre de défis avant de pouvoir concrétiser ces concepts : Produit contre pratique et choix éclairé du patient Comme l’ont reconnu les auteurs du rapport établi en 1998 par le Comité permanent de la santé, intitulé « Les produits de santé naturels - une nouvelle vision », il existe une interdépendance complexe entre les règlements portant sur les produits, certains étant de compétence fédérale, et la portée de la pratique, de l’éducation et de la formation des professionnels de la santé et des règlements en matière de disciplines en santé, qui sont essentiellement de compétence provinciale et territoriale. Il arrive souvent, mais pas toujours, que les produits de santé naturels soient considérés comme d’importants éléments du traitement. Présentement, plusieurs de ces produits et instruments ne sont pas correctement réglementés. On est à prendre des mesures pour corriger la situation. En 1999, Santé Canada a créé le Bureau des produits de santé naturels qui fait partie de sa Direction générale de la protection de la santé5 qui a pour mission de faire en sorte que tous les Canadiens et Canadiennes aient rapidement et facilement accès à des produits de santé naturels qui soient sûrs, efficaces et de haute qualité, tout en respectant la liberté de choix ainsi que la diversité philosophique et culturelle. Les mécanismes fédéraux-provinciaux-territoriaux existants de Santé Canada reçoivent également de l’information sur ces sujets. Le dialogue est amorcé avec les associations professionnelles, les organisations bénévoles et les organismes d’éducation en vue d’examiner les points relatifs aux ressources en santé humaine (p. ex. les approches de réglementation, d’éducation et de formation). 5 Preuve fiable de sécurité et d’efficacité On s’oppose, dans certains milieux, aux approches complémentaires et parallèles en santé sous prétexte qu’elles ne sont pas basées sur une preuve clinique et que par conséquent, elles ne sont ni sûres ni efficaces. En raison même de leur nature et des relations des praticiens et des consommateurs avec les pratiques et les thérapies elles-mêmes, de nombreux volets des soins de santé complémentaires et parallèles ne peuvent être mis à l’essai au moyen des stratégies traditionnelles des essais randomisés à double insu contrôlés contre placebo. Cette observation vaut également pour plusieurs pratiques couramment sanctionnées dans la médecine et les soins de santé conventionnels. Ainsi, il est essentiel que des moyens appropriés, rigoureux et pertinents soient élaborés afin de recueillir et distribuer systématiquement les renseignements nécessaires pour protéger la sécurité publique, d’évaluer l’efficacité et de contribuer à une meilleure compréhension du rôle d’une gamme d’activités entreprises pour promouvoir et protéger la santé des Canadiens et Canadiennes. Accroître la capacité d’une recherche de qualité Comme nous le notons dans le défi précédent, il reste beaucoup de recherche à faire sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Pour relever ce défi, nous devrons investir des sommes importantes et nous engager à respecter un programme national de recherche sur la médecine intégrative et la médecine complémentaire et parallèle, qui constituent en elles deux défis particuliers. Définition des services essentiels de santé C’est une question qu’il faudra aborder dans de futures éditions de ce document. On s’entend pour reconnaître que la distinction entre les services Suite au remaniement du 1er juillet 2000 de Santé Canada, la Direction générale de la protection de la santé fait maintenent partie de la Direction générale des produits de santé et des aliments IV.52 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé « essentiels » et les services moins « essentiels » constitue une question complexe qui devra faire l’objet de plus de discussions entre divers intervenants du système de santé. Éducation des praticiens Les praticiens de santé complémentaire et parallèle peuvent exercer diverses approches, dont certains exigent présentement de la formation biomédicale approfondie (p. ex. la chiropraxie, la naturopathie). De nombreux praticiens de santé complémentaire et parallèle ne possèdent des titres uniformes. Les différences inhérentes aux diverses pratiques rendent souvent difficiles la reconnaissance, l’autorisation d’exercer et la réglementation. Les tenants de la médecine conventionnelle et les praticiens de la médecine complémentaire et parallèle estiment qu’une plus grande intégration est nécessaire et souhaitable. Par exemple, 38 % des écoles de médecine au Canada (Ruedy et al, 1999) et 67 % des écoles de médecine aux États-Unis (Wetzel et al, 1998) offrent maintenant des cours autonomes en médecine complémentaire. Toutefois, même les partisans les plus actifs de l’intégration à l’intérieur de la médecine traditionnelle sont d’accord qu’il existe encore peu de preuves systématiques à l’appui de leur enseignement et peu aussi pour ce qui est des lignes directrices en matière d’exercice qui assure la promotion d’une pratique appropriée, orientée vers le patient et intégrée. De plus, il y a présentement peu d’individus dans les institutions conventionnelles qui possèdent les aptitudes ou l’apprentissage de base leurs permettant d’enseigner correctement ou d’ajouter les approches complémentaires et parallèles à la formation médicale conventionnelle. Du même souffle, nous estimons que l’éducation de plusieurs praticiens en santé complémentaire et parallèle n’inclut pas suffisamment de base en approches et en pratiques conventionnelles pour permettre une intégration efficace des soins, même s’il n’existe pratiquement pas de données systématiques au Canada pour documenter ces besoins et ces lacunes en formation. Ceci s’applique également aux praticiens de médecine conventionnelle. Tous les praticiens devraient connaître les limites et les apports des diverses disciplines autant en approches conventionnelles qu’en approches complémentaires et parallèles. Il y a peu de consensus, ni en médecine conventionnelle ni en médecine complémentaire et parallèle, sur ce que les « soins intégratifs » pourraient ou devraient être et de nombreux praticiens dans les deux camps semblent craintifs et hésitants quand il est question de changement. Présentement il n’existe pas de ressources ni d’incitation à investir dans le développement de nouveaux modèles de soins. Il y a un risque réel que la médecine conventionnelle subsume les méthodes complémentaires et parallèles quand elles se révéleront efficaces. Ceci inquiète énormément les praticiens de santé complémentaire et parallèle. Existe aussi le danger que des procédures particulières soient tirées du contexte de leur système thérapeutique élargi et réduites à de simples « techniques » dans un cadre de pratique médicale STRATÉGIES Pour relever certains de ces défis et œuvrer en vue d’un système pleinement intégratif, nous proposons les neuf stratégies suivantes : • Promouvoir un esprit de véritable collaboration entre les principaux groupes du gouvernement fédéral, au niveau fédéral-provincial-territorial et, en dernier ressort entre les groupes provinciaux et territoriaux et les autorités régionales de la santé, de même qu’au sein d’un vaste éventail d’intervenants, y compris le grand public, les consommateurs, les fabricants, les responsables de la réglementation, le secteur bénévole, les détaillants, les praticiens, les administrateurs des organismes de prestation, les chercheurs, les éducateurs et les assureurs. • Développer et évaluer divers modèles de prestation de soins intégrés où une collaboration V ERS UN SYSTÈME I N T É G R AT I F DE SANTÉ IV.53 basée sur le respect et le professionnalisme entre praticiens et dispensateurs de services capitalisent sur les stratégies les plus efficaces, les plus efficientes et les plus appropriées pour assurer des soins de santé de haut niveau aux particuliers, aux groupes et aux collectivités. • Élaborer un programme de recherche qui se penche sur la sécurité et l’efficacité des approches complémentaires et parallèles en santé, et inclue le développement de modèles de pratiques exemplaires pour l’intégration des soins et la diffusion de modèles éprouvés. • Offrir aux utilisateurs du système de santé, aux professionnels de la santé et aux décideurs l’accès à une information fiable et opportune, la formation et les services qui leur permettront d’utiliser cette information à titre d’appui dans leur prise de décision (p. ex. une évaluation critique des preuves cliniques). • Établir des liens et favoriser la collaboration entre les groupes chargés de la création de normes et de règlements pour les produits, les instruments et les services. • Déterminer ou élaborer des modèles exemplaires d’attribution de permis et de titres. • Revoir le financement public des services et produits définis comme essentiels. • Développer des incitatifs appropriés pour assurer l’intégration efficace et optimale des services conventionnels et des services complémentaires et parallèles. • Aborder les questions sur l’accès à ces services intégrés. • Atteindre le consensus sur la définition et les paramètres des « soins intégratifs orientés vers le patient et les résultats attendus ». R ÉFÉRENCES Chapman-Smith D. Complementary and alternative medicine: its definition, use and significance to the chiropractic profession. Chiropractic Report 1999; 13(2): 1-8 Comité permanent sur la santé, Chambre des communes du Canada. Les produits de santé naturels : Une vision nouvelle. Ottawa : Tavaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1998. Eisenberg DM, Kessler RC, Foster C, et al. Unconventional medicine in the United States: prevalence, costs and patterns of use. New England Journal of Medicine1993;328:24652. Eisenberg DM, Davis RB, Ettler S.L et al. Trends in alternative medicine use in the United States, 1990-1997: results of a follow-up national survey. Journal of the American Medical Association 1998; 280: 1569-1575. Jonas, WB. Alternative Medicine - learning from the past, examining the present, advancing to the future. Journal of the American Medical Association, 1998; 280 (18), 1616-1617. Forum national de la santé (1997). La santé au Canada : Un héritage à faire fructifier. Rapport final– Volume I. Ottawa : Santé Canada. Ruedy J, Kaufman, DM, MacLeod H. Alternative and complementary medicine in Canadian medical schools: a survey. CMAJ 1999; 160: 816-817. IV.54 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Santé Canada. Comité fédéral-provincial-territorial sur la santé de la population - Stratégies pour la santé de la population : Investir dans la santé des Canadiens. Santé Canada, 1994; 1-4. Wetzel MS, Eisenberg DM, Kaptchuk TJ. Courses involving complementary and alternative medicine at US Medical Schools. JAMA 1998; 280(9):784-787. V ERS UN SYSTÈME I N T É G R AT I F DE SANTÉ IV.55 ANNEXE GROUPE CONSULTATIF DES APPROCHES COMPLÉMENT ET PARALLÈLES EN SANTÉ AIRES DIVISION DES SYSTÈMES DE SANTÉ DIRECTION GÉNÉRALE DE LA POLITIQUE ET DES COMMUNICATIONS SANTÉ CANADA Jeffrey W. Balon, DC, MD, CCFP Ottawa, Ontario Sally Thorne, RN, Ph. D. Vancouver, Colombie-Britannique Allan Best, Ph.D., R. Psych. Vancouver, Colombie-Britannique Rudolf Verspoor, Homéopathe Gloucester, Ontario Merrijoy Kelner, Ph. D. Toronto, Ontario J. William La Valley, MD Chester, Nouvelle-Écosse Badri (Bud) Rickhi, M.B., B.S., FRCP(C) Calgary, Alberta Daniel Savas, Ph. D. Vancouver, Colombie Britannique Division des systèmes de santé Santé Canada: Robert Shearer Ottawa, Ontario Joan E. Simpson Ottawa, Ontario Fernande Soucy-Hirtle, MD Sillery, Québec IV.56 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé V. J OURNÉE D ’ ÉTUDE SUR INVIT ATION : I NFORMA TION ET CHOIX ÉCLAIRÉ DANS L’ UTILISA TION DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ EN CE QUI CONCERNE LES PRATICIENS LES UTILISA TEURS ET LE SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ Rapport sur la journée d’étude Theodore de Bruyn , R EMERCIEMENTS L’auteur désire remercier de leur collaboration Joan Simpson, de la Division des soins de santé, Direction générale de la politique de la santé et des communications, Santé Canada, pour la conception de la journée d’étude, et Brian Bell, du Alder Group, qui a animé les discussions de la journée d’étude et revu une ébauche du présent rapport. V.b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé V.6527 TABLE DES MATIÈRES Résumé à l’intention des cadr es .....................................................................................................................V.d Introduction ....................... Ce que les utilisateurs veulent savoir ............................................................................................................V.58 Terminologie et langue ..... V.59 Sour ces et types d’infor mation .......................................................................................................................V.60 Preuves ............................... Compétence professionnelle ...........................................................................................................................V.63 Rappor ts avec le système des soins de santé et au sein de ce der nier .......................................................V.65 R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.c R ÉSUMÉ À L’ INTENTION DES CADRES Le 20 novembre 2000, la Division des systèmes de santé, Santé Canada, organisait une journée d’étude sur invitation pour traiter de l’information et du choix éclairé s’appliquant à l’utilisation des approches complémentaires et parallèles en santé. La journée d’étude réunissait des représentants d’organisations sélectionnées pour représenter les groupes suivants : associations professionnelles nationales d’approches complémentaire et parallèle, associations professionnelles nationales représentant la médécine conventionelle, organisations nationales bénévoles pouvant fournir de l’information sur les approches complémentaires ou parallèles en santé touchant des conditions ou des maladies précises, organisations pouvant fournir de l’information sur les approches complémentaires ou parallèles au public intéressé. Des membres du personnel de la Division des systèmes de santé participaient également à la journée d’étude. Les participants ont fait remarquer que les utilisateurs des approches complémentaires et parallèles posent régulièrement plusieurs questions fondamentales sur les thérapies ou les produits: • Qu’est-ce que c’est? • Cela va-t-il marcher? • Où puis-je l’acheter? • Combien cela va-t-il coûter? • Qui va payer? Il est plus difficile de répondre à ces questions que de les poser. L’information peut ne pas être disponible. Différentes sources d’information peuvent présenter des points de vue différents ou contradictoires. Le niveau de langue peut être difficile à comprendre. Il peut ne pas exister de consensus quant au fondement des affirmations. Les utilisateurs peuvent ne pas bien connaître les systèmes destinés à assurer la compétence professionnelle et ces systèmes peuvent ne pas être uniformes d’une juridiction à une autre. Les moyens traditionnels d’obtenir de l’information et de prendre des décisions, comme par exemple de consulter un dispensateur primaire de soins de santé et d’être référé au spécialiste voulu, n’existent pas ou ne sont pas acceptés en ce qui concerne les approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS). Les participants à la journée d’étude ont apporté une grande contribution en termes d’observations et de suggestions sur les thèmes suivants: terminologie et langue; sources d’information; modes de communication; preuves; compétence professionnelle; et rapports avec le système des soins de santé et au sein de ce dernier. Les participants ne sont pas arrivés – et ce n’était pas là le but non plus – à un consensus sur ces sujets, mais ils ont fait ressortir quelques- unes des questions principales et ont déterminé des mesures spécifiques qui pourraient être prises pour traiter ces questions. La journée d’étude a souligné une idée déjà reconnue: à savoir que pour fournir de l’information aux utilisateurs et les mettre en mesure de faire des choix éclairés, il faut adopter une approche systémique, tout en continuant le travail et les activités dans un certain nombre de secteurs tels que les systèmes d’information, la réglementation professionnelle, la recherche, l’élaboration de politiques et la consultation. V.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé J OURNÉE D’ ÉTUDE SUR INVIT ATION : I NFORMATION ET CHOIX ÉCLAIRÉ DANS L’ UTILISATION DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ EN CE QUI CONCERNE LES PRATICIENS , LES UTILISATEURS ET LE SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ INTRODUCTION Le 20 novembre 2000, la Division des systèmes de santé, Santé Canada, organisait une journée d’étude sur invitation pour traiter de l’information et du choix éclairé en ce qui concerne à l’utilisation des approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS). PARTICIP ANTS INVITÉS ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES Institut de la fondation d’acupuncture du Canada Ayurvedic Medical Association Association chiropractique canadienne Alliance canadienne de massothérapie Association canadienne de naturopathie Association des infirmières et infirmiers du Canada Association canadienne des pharmaciens Association canadienne de physiothérapie Association canadienne de santé publique College des médecins de famille du Canada National United Professional Association of Trained Homeopaths ORGANISATIONS BÉNÉVOLES DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ La Société d’Arthrite La Société canadienne du cancer ORGANISATIONS DIFFUSANT DE L’INFORMATION CAMline Consumer Health Information Service La journée d’étude réunissait des représentants d’organisations sélectionnées pour représenter les groupes suivants : associations professionnelles nationales de médecine complémentaire et parallèle, associations professionnelles nationales représentant la médécine conventionnelle, organisations nationales bénévoles pouvant fournir de l’information sur les approches complémentaires ou parallèles touchant des conditions ou des maladies précises, organisations pouvant fournir de l’information sur les ACPS au public intéressé. Des membres du personnel de la Division des systèmes de santé participaient également à la journée d’étude. La journée d’étude visait les objectifs suivants : • Prendre note des points de vue des associations professionnelles et des organisations bénévoles nationales quant à l’information et au choix éclairé dans l’utilisation des ACPS; • Apporter des renseignements utiles aux activités prévues par Santé Canada en ce concerne les questions que soulève l’utilisation des ACPS; et • Amorcer un dialogue entre les associations représentant la médécine conventionnelle et les praticiens des ACPS. La journée d’étude était divisée en deux parties. Pour commencer, une table ronde au cours de laquelle les participants étaient invités à décrire leur organisation ou profession et à faire part de quelques sujets de préoccupation concernant l’information et le choix éclairé; ensuite, des petits groupes de discussion permettant aux participants de traiter des questions principales par thèmes et de déterminer un ou deux défis clés relatifs à ces questions. R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.57 CE QUE LES UTILISATEURS VEULENT SAVOIR Remar que sur la langue La journée d’étude traitait des questions d’information et de choix éclairé dans le contexte du système des soins de santé au Canada. Le présent rapport utilise l’expression « approches complémentaires et parallèles en santé ». Les participants ont également utilisé « médecine complémentaire et parallèle », « thérapies complémentaires ou parallèles » et « produits de santé naturels ». L’expression « approches complémentaires et parallèles en santé » implique un rapport avec une forme dominante ou répandue de soins de santé, qui au Canada se trouve à être la médecine occidentale. Afin de bien saisir le statut dominant du système de soins de santé occidental et sa capacité d’intégrer les composantes des approches complémentaires et parallèles en santé, nous utilisons le terme « conventionnel » lorsque nous faisons référence aux pratiques et aux praticiens de la médecine occidentale. Comme point de départ aux discussions, la question suivante était lancée : Que veulent savoir les utilisateurs au sujet des ACPS? Les utilisateurs posent plusieurs questions fondamentales typiques au sujet des thérapies et des produits : • Qu’est-ce que c’est? • Cela va-t-il marcher? • Où puis-je l’acheter? • Combien cela va-t-il coûter? • Qui va payer? Les participants à la journée d’étude se sont questionnés à savoir ce qui serait nécessaire pour pouvoir répondre à ces questions facilement, clairement et systématiquement. La discussion s’est organisée en fonction d’un certain nombre de sujets ou thèmes, qui servent à articuler le présent rapport : ter minologie et langue; sources d’infor mation; modes de communication; preuves; compétence professionnelle; et rapports avec le système des soins de santé et au sein de ce der nier. On peut considérer ces sujets comme des « éléments constituants » qui serviront à fournir de l’information aux utilisateurs et leur permettront de faire des choix éclairés sur la base de cette information. La journée d’étude portait sur la façon dont ces « éléments constituants » contribueraient à l’information et au choix éclairé, toutefois la discussion a fait à nouveau ressortir que la disponibilité croissante des ACPS ainsi que leur utilisation ont un impact sur toutes les dimensions du système des soins de santé (voir figure 1). Le présent rapport présente un résumé de la discussion sur les « éléments constituants ». Ce résumé ne vise pas à refléter un consensus, puisque ce n’était pas le but de la journée d’étude. Il regroupe plutôt les commentaires exprimés durant la journée d’étude sur le sujet des « éléments constituants » et les regroupe sous quatre rubriques: problématique, observations, suggestions pratiques et défis. V.58 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé T ERMINOLOGIE ET LANGUE Problématique Ceux qui fournissent de l’information sur les ACPS trouvent que le manque d’uniformité dans la terminologie et de clarté dans la langue constituent un obstacle pour les praticiens, les dispensateurs d’information et les utilisateurs. Observations Un grand nombre de participants ont fait remarquer qu’il serait utile de disposer d’une terminologie, de définitions et de descriptions de pratiques et de produits qui soient largement acceptés. Toutefois pour arriver à cet état de choses, il faut un processus qui permette aux praticiens de s’entendre non seulement au sein d’une profession mais aussi entre les professions. Plusieurs participants ont indiqué que leurs associations professionnelles avaient déjà mis au point ou étaient en train de le faire, une définition uniforme de la pratique au Canada. La terminologie et la langue visent à rendre l’information claire et facile à comprendre. Mais elles ont des répercussions qui dépassent ces buts : la définition ou la description de la pratique peut avoir des conséquences sur l’utilisation ou sur ce qui est assuré. Par exemple, les utilisateurs peuvent se sentir plus portés à recourir à une pratique classée comme « conventionnelle » qu’à une autre classée comme « parallèle ». De même, les assureurs peuvent se trouver plus enclins à assurer une pratique classée comme « manipulation physique » qu’une pratique classée comme « esprit-corpssprititualité ». Suggestions pratiques Les participants ont avancé plusieurs idées sur la façon d’améliorer l’uniformité et la clarté de la terminologie et de la langue : • Élaborer un système de classification normalisé pour les ACPS; R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.59 • Mettre au point une définition et une description de chaque pratique et produit; • Élaborer un glossaire de termes; • Créer des ressources « en style clair » et dans les deux langues officielles du Canada et dans d’autres langues, en fonction des caractéristiques des utilisateurs. Défis L’un des défis que soulève le développement des outils nommés ci-dessus consiste à arriver à une entente sur les définitions et descriptions des SOURCES pratiques et des produits. Cela se fait souvent par un processus itératif. Il peut être nécessaire de s’entendre sur ce qui est unique à une thérapie donnée, sur les différences de sens dans le langage utilisé pour définir ou décrire la thérapie et sur ce qui est commun aux divers praticiens en ce qui concerne la thérapie. Les divers niveaux de gouvernements peuvent contribuer à ce but en organisant de larges rencontres de praticiens pour élaborer une terminologie, des définitions et des descriptions communes. ET TYPES D ’ INFORMATION Problématique Les utilisateurs des ACPS ont besoin d’avoir facilement accès à de l’information qu’ils comprennent et provenant de sources auxquelles ils peuvent se fier. En pratique, les utilisateurs, les praticiens et dispensateurs d’information font face à une multiplicité de sources de renseignements, dont certains sont déroutants et contradictoires, et n’ont pas de moyens évidents d’avoir accès à leur source. Observations Si les connaissances concernant les ACPS ne sont pas largement répandues et ne font pas l’objet d’un consensus large, comment les utilisateurs peuventils évaluer les sources d'information dans ce domaine? Les participants ont noté que la situation s’améliore si la source bénéficie du ‘sceau d’approbation » émis par une autorité reconnue, telle qu’une association professionnelle ou une agence gouvernementale. Toutefois, un « sceau d’approbation » fait inévitablement intervenir des critères ou « filtres » qui servent à évaluer la source et l’information qu’elle fournit. En soi, cela peut se révéler problématique lorsque le type de soins n’est pas largement reconnu ou compris. Internet, qui fournit une quantité croissante de renseignements et dont on se sert de plus en plus pour obtenir de l’information, est à la fois une bénédiction et une malédiction. D’une part, les utilisateurs ont facilement accès à beaucoup d’information qu’ils ne pourraient trouver dans les publications. D’autre part, les utilisateurs ont besoin d’une façon de trier et d’évaluer toute cette information. Il y a une certaine inquiétude au sujet des risques à fournir de l’information sans le bénéfice des conseils d’un professionnel ou en l’absence d’un large consensus entre professionnels. Les fournisseurs d’information incluent souvent des décharges de responsabilité quant à l’information qu’ils donnent. Cependant, une décharge est une chose et en tenir compte en est une autre. Les utilisateurs peuvent ignorer ces décharges ou les prendre à la légère, surtout si leur condition ou leur maladie est grave. Suggestions pratiques Les participants ont avancé un certain nombre de suggestions sur la façon d’aider les utilisateurs à évaluer les sources d’information : • Il existe des critères standards pour évaluer une source d’information, par exemple le degré V.60 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé d’actualité, l’autorité, la transparence, la crédibilité de la source, etc.; • Il y a des outils interactifs pour aider les utilisateurs à juger de la qualité de l’information contenue dans les sites Internet sur la santé (par ex. , DISCERN, à http://www.discern.org.uk; le code de déontologie et la liste de contrôle de Health on the Net à http://www.hon.chi/HONcode/HONcode_check. html; l’instrument d’évaluation du QI du Health Summit Working Group à http://hitiweb.mitritek.org/iq/about/iq.asp; QUICK, la liste de contrôle du Centre for Health Information Quality à http://www.quick.org.uk). • La confiance des utilisateurs se fonde sur toute une série de sources, qui collectivement contribuent à rendre l’information recherchée complète, exacte et fiable; • On pourrait établir un poste d’ombudsman ou une agence jouant un rôle semblable pour y déposer des plaintes en cas d’expériences négatives; • Les associations professionnelles des praticiens des ACPS se doivent de corriger toute information inexacte concernant les produits et les pratiques. Quelle que soit la source d’information, l’information elle-même devrait être disponible sous divers modes afin d’être accessible à toute une gamme d’utilisateurs. Ces modes incluent les pamphlets dans les bureaux, les documents de référence dans les bibliothèques, les renseignements verbaux à des numéros 1-800, des pages sur Internet et des renvois à des professionnels. Dans chaque mode, l’information devrait être en langage clair, dans les deux langues officielles et comporter divers niveaux de détails. Défis Les utilisateurs font généralement appel à deux réseaux pour obtenir de l’information sur les questions de santé et de soins: le réseau informel constitué par la famille et les amis, et le réseau formel des professionnels. On note deux défis dans ce domaine : • Comment permettre au réseau informel d’avoir accès à de l’information crédible sur les ACPS? • Comment améliorer la communication entre les praticiens de la médecine conventionnelle et ceux de la médecine parallèle de façon à permettre au réseau des professionnels conventionnels de mieux renseigner les utilisateurs sur les ACPS et de mieux les référer? Puisque les utilisateurs obtiennent de l’information sans nécessairement consulter un praticien compétent ou sans faire trop attention aux décharges de responsabilité et notes d’avertissement, il est peut-être nécessaire de mettre au point un système pour évaluer l’information en fonction du risque que présente la non-observation des conseils. Par exemple, on pourrait fournir l’information avec indication (par ex. sur une échelle de 1 à 5) du niveau de risque, de qualité des preuves et des normes de pratique. R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.61 P REUVES Problématique Les discussions sur l’information concernant les ACPS mènent presque immanquablement à des discussions sur les preuves qui sous-tendent l’information et soulèvent des questions telles que les suivantes : • Quelles preuves a-t-on de l’efficacité du produit ou de la pratique? • Que considère-t-on comme preuve? • Quelle preuve est plus probante qu’une autre? C’est le fait que nous soyons dans un contexte de transition qui rend ces questions difficiles. La présence et l’utilisation croissantes des ACPS, ainsi que d’autres tendances, ont un effet sur le paradigme dominant du domaine de la santé, de la maladie et des soins de santé. Au changement de ce paradigme correspond un changement dans le paradigme touchant le recueil, l’interprétation et l’évaluation des preuves. Observations Les participants ont fait plusieurs observations à propos des preuves nécessaires : • Preuve de sécurité et d’efficacité; • Preuve des bienfaits et effets négatifs; • Preuve de résultats; • Preuve concernant la promotion de la santé (bien-être) et aussi la prévention de la maladie et le traitement. Les participants ont aussi fait des observations sur la façon dont il faudrait définir la preuve . Certains ont suggéré que les catégories de preuves devraient être plus souples. Elles devraient comprendre, par exemple, la preuve par l’expérience et la preuve scientifique; la preuve tirée de différentes cultures ou paradigmes de santé (par ex. preuves recueillies en Chine sur la médecine chinoise traditionnelle ou en Inde sur la médecine ayurvédique); et les preuves basées sur des anecdotes et des preuves non traditionnelles. Les participants ont indiqué qu’il est important de reconnaître qu’il existe une gamme de preuves qui s’appliquent à la médecine conventionnelle et également à la médecine complémentaire et parallèle. En reconnaissant plus clairement les niveaux de preuves dans tous les domaines de la santé et en les cernant mieux, on contribuerait ainsi à la création d’une plus grande « égalité » pour tous les types de médecine. On a par ailleurs suggéré que l’établissement d’une base de preuves adéquate est à envisager comme un processus évolutif (et non comme une dichotomie du type soit/soit) et qu’il est possible et utile de faire la distinction entre des niveaux de preuves au sein de ce processus ou continuum. Ainsi par exemple, CAMline (www.camline.org) a créé un processus pour distinguer quatre niveaux de preuves pour l’utilisation d’un produit: probablement efficace, peut-être efficace; exige plus de recherches; et probablement inefficace. Suggestions pratiques Les participants ont suggéré qu’il serait utile que les gouvernements, les chercheurs, les décideurs, les professionnels et les consommateurs s’entendent sur les principes de définition d’une preuve acceptable valable pour toutes les disciplines et qu’ils établissent des critères de niveaux de preuves quant à une pratique ou un produit. Ce n’est qu’une fois après entente sur ce qui est recevable comme preuve et ce qui constitue les critères de classement des preuves qu’il serait approprié et possible d’évaluer la qualité des preuves disponibles à chaque niveau. Comme éléments d’un processus pour arriver à une entente sur les principes pour ce qui est acceptable comme preuve et comme critères pour les niveaux de preuve, on a suggéré : • Un document de discussion avec toile de fond du domaine; • Une rencontre regroupant un large éventail de professionnels et de chercheurs du domaine de la santé; • Un processus de facilitation du consensus; V.62 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé • L’éducation du public en ce qui concerne la notion de preuve (types de preuves, niveaux de preuves, qualité des preuves). dans ce domaine, d’une part pour élargir la base de la recherche et inclure les ACPS et d’autre part pour admettre un plus large éventail de preuves applicables aux questions de santé en général. Défis Les participants ont reconnu que le processus consistant à s’entendre sur les principes de définition d’une preuve acceptable valable pour toutes les disciplines, à établir des critères de niveaux de preuves et à évaluer la qualité des preuves à chaque niveau constituerait un défi en soi. Par la même occasion, on a noté que les paradigmes qui caractérisent certaines formes d’ACPS ne se comparent pas au paradigme de la médecine scientifique occidentale ou sont incompatibles avec cette dernière. Cela complique la tâche de définition, d’obtention, d’évaluation et de validation des preuves pour ces types d’approches. Les participants ont également souligné le besoin d’élargir les bases de la recherche. Le Canadian Institutes of Health Research a un rôle clé à jouer COMPÉTENCE PROFESSIONNELLE Problématique Les utilisateurs veulent savoir que les praticiens en santé sont qualifiés et ont les compétences voulues pour fournir de l’information, des conseils et des soins . Il leur est difficile de s’en assurer en ce qui touche les ACPS (ou certaines d’entre elles), et cela pour diverses raisons: • Manque d’information sur les qualifications professionnelles; • Manque d’information sur les associations professionnelles; • Manque de reconnaissance au sein du système de santé des qualifications professionnelles et des normes de pratique des praticiens des ACPS; • Variations et manque d’uniformité dans les lois sur la réglementation d’une province ou d’un territoire à l’autre; • Confusion quant à la différence entre normes de pratique et réglementation légiférée. Observations Pour permettre aux utilisateurs de mieux connaître les praticiens et d’avoir plus confiance en eux, plusieurs participants étaient partisans d’un modèle de compétence comprenant les éléments suivants : • Même norme de formation, de certification et de pratique pour tous les praticiens (conventionnels ou non) d’une thérapie donnée; • Reconnaissance des qualifications professionnelles et des normes de pratique pour une thérapie donnée dans l’ensemble du système de santé; • Réglementation légiférée d’une pratique seulement si le risque potentiel de danger rend la réglementation nécessaire; • Éducation du public en ce qui concerne la différence à faire entre normes de pratique et réglementation légiférée. Qui est responsable de l’élaboration et de la mise en application de normes de pratique? Plusieurs participants ont déclaré que la responsabilité première incombe aux praticiens eux- mêmes. Cela exige d’importantes ressources humaines et financières, que certaines associations de praticiens des ACPS peuvent ne pas posséder. Néanmoins, il est considérablement moins coûteux d’adopter une réglementation volontaire par le biais de normes de pratique que de légiférer. R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.63 Il est utile aux utilisateurs et aux praticiens d’avoir des qualifications professionnelles et des normes de pratiques qui soient uniformisées au niveau des juridictions canadiennes et internationales. En l’absence d’uniformité, les utilisateurs sont déconcertés par la notion de compétence. Malheureusement, dans la situation actuelle, les lois sur la réglementation de presque toutes les ACPS manquent d’uniformité et varient d’une province et d’un territoire à l’autre. Plusieurs participants ont avancé des arguments en faveur d’une réfor me de la réglementation et de l’éducation du public afin de mettre sur pied un régime plus cohérent et uniforme qui établisse une différence appropriée entre les normes de pratique et la réglementation par législation (cette dernière étant seulement nécessaire en cas de risque potentiel de danger). • Où peut obtenir des renseignements supplémentaires? Les gouvernements à divers niveaux peuvent contribuer ou faire preuve de leadership de plusieurs façons en: • Organisant des rencontres nationales sur les normes de pratique qui soient inclusives et empreintes de respect; • Préparant un profil de compétence pour une profession ou une pratique donnée; • Préparant un profil occupationnel ou un profil du marché du travail pour une profession; Suggestions pratiques • Négociant les conditions s’appliquant à la mobilité des travailleurs d’une juridiction à l’autre; En l’absence de qualifications professionnelles et de normes de pratique uniformes et reconnues, les utilisateurs pourraient disposer d’une liste de contrôle des points à vérifier en cas de pratique nouvelle ou peu connue : • Renseignant le public sur la compétence (qualifications professionnelles, normes de pratique, réglementation légiférée, etc.). Défis • Existe-t-il une certification normalisée pour la pratique et, dans l’affirmative, quelle est- elle? • Que faut-il pour obtenir la certification professionnelle? • Existe-t-il une association professionnelle? • Existe-t-il une association chargée de la réglementation? • La réglementation de la profession est-elle volontaire ou requise par la loi? • Quels sont les champs d’exercice et les normes de pratique pour la profession? • Peut-on prévenir ou interroger quelqu’un quant aux expériences négatives? Les participants ont fait remarquer que le succès d’un modèle de compétence basé sur des normes de pratique dépend de l’envergure de la légitimité reconnue à la pratique. Il est essentiel que les discussions portant sur une pratique soient inclusives et empreintes de respect. S’ils ne sont pas reconnus, les praticiens des ACPS cherchent à obtenir une réglementation légiférée afin d’arriver à une légitimité professionnelle. Souvent le processus menant à la réglementation légiférée est plein de jeux de concurrence et de désaccords au sein de la profession et entre les professions. Ce processus est également coûteux en termes de ressources humaines et financières. Bien que les déficiences du régime réglementaire actuel soient claires aux yeux des participants, ils ont aussi reconnu que la réforme de la réglementation est un processus à long terme qui V.64 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé présente des défis. Il exigera une discussion soutenue au sein des structures fédérales / provinciales / territoriales. Il existe des modèles, tel que le régime de réglementation adopté par l’Ontario, qui peuvent servir à établir un système plus cohérent et uniforme au Canada pour les ACPS. Toutefois la division des responsabilités R APPORTS entre le gouvernement fédéral, qui est chargé de la réglementation des produits, et les gouvernements provinciaux/territoriaux, qui réglementent les pratiques et les praticiens, rend nécessaire une communication et une collaboration continues entre les niveaux de gouvernements sur la question de la réglementation. AVEC LE SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ ET AU SEIN DE CE DERNIER Problématique Les rapports entre les praticiens des ACPS avec le système des soins de santé conventionnels sont en état de transition. Certains praticiens ont obtenu une certaine reconnaissance au sein du système conventionnel et ont établi des rapports avec des praticiens conventionnels. D’autres n’en sont pas là. Certains essaient d’arriver à mieux se faire reconnaître et à améliorer leurs rapports. D’autres pas. Le système de santé conventionnel, lui-même complexe et divers, est plus ou moins réceptif à l’idée de nouveaux rapports avec les praticiens des ACPS. Dans cette situation de transition, il n’est pas possible de déterminer à l’avance la relation idéale entre la médecine complémentaire et parallèle et la médecine conventionnelle. Si l’intégration de certaines formes d’ACPS au sein de la médecine conventionnelle peut s’avérer désirable et appropriée, ce n’est pas le cas pour toutes. Néanmoins, les utilisateurs se fient aux praticiens, conventionnels ou non, pour obtenir de l’information et pour se faire référer aux spécialistes qualifiés, selon les besoins . Lorsque la médecine conventionnelle ne reconnaît pas l’existence d’une médecine complémentaire ou parallèle et qu’il n’existe pas de rapports établis entre les praticiens, les utilisateurs peuvent ne pas rechercher ou ne pas trouver l’information qu’il leur faut auprès des praticiens. Observations Les participants ont noté qu’actuellement il existe un interface dans quelques domaines de santé entre les praticiens conventionnels et ceux des ACPS. Cette interface peut prendre la forme de praticiens qui partagent l’information, se réfèrent des patients et combinent des thérapies. Les participants à la journée d’étude ont relevé plusieurs difficultés à propos de cette interface. Tout d’abord, l’initiative a tendance à être à sens unique, lancée plus souvent par les practiciens des approches complémentaires et parallèles, (ex: naturopathes, chiropracticiens) plutôt que par les practiciens conventionnels. En outre, les discussions entre les praticiens conventionnels et ceux des ACPS peuvent s’envenimer et révéler un manque de respect pour les pratiques qui ne correspondent pas au paradigme de la santé scientifique occidentale. Deuxièmement, un modèle de prestation de services professionnels axé sur le secteur privé ne facilite pas l’intégration, puisque les divers praticiens peuvent se faire concurrence pour fournir les mêmes services. Les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé s’inquiètent du fait que les praticiens conventionnels fournissent des services que les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé sont plus à même de fournir mais pour lesquels ils sont moins reconnus (en langage courant, il s’agit de « raids »). Les praticiens conventionnels s’inquiètent de l’allocation des ressources publiques et du besoin d’effectuer une analyse coûts-bénéfices avant d’allonger la liste des services à la charge des fonds publics. Troisièmement, les régimes d’assurance, en plus des remboursements aux utilisateurs pour les thérapies suivies, donnent un ‘signal’ quant à la reconnaissance d’une pratique. Comme plusieurs participants l’ont mentionné, la couverture R APPOR T SUR LA JOURNÉE D ’ ÉTUDE V.65 d’assurance a une influence sur la reconnaissance et l’utilisation, et vice versa. Cependant l’interface variable existant entre la médecine complémentaire et parallèle et la médecine conventionnelle se reflète dans les couvertures d’assurance (assurance publique, assurance privée, assurance pour la réadaptation). Certaines pratiques et produits complémentaires et parallèles sont couverts, tandis que d’autres ne le sont pas. Une thérapie peut être couverte par une assurance selon l’endroit où elle est employée (par ex. elle peut être couverte si elle est employée dans un hôpital, une clinique ou un bureau de médecin mais non couverte s’il s’agit d’un service indépendant) et la personne qui fournit le service ou réfère le patient. des approches parallèles en santé, les dispensateurs d’information, les utilisateurs des ACPS et les praticiens conventionnels. Cela exigera des mesures pro-actives de la part des gouvernements et des instituts de recherche afin d’améliorer les communications, d’encourager la participation, de promouvoir les connaissances et la compréhension (sinon l’entente) entre les participants à la discussion, etc.; • Inclure des questions spécifiques sur les ACPS à l’ordre du jour des discussions des organisations fédérales/provinciales/territoriales, en consultation ave les praticiens des ACPS, les praticiens conventionnels, les dispensateurs d’information, et les utilisateurs des ACPS; Suggestions pratiques Les participants ont fait remarquer que la reconnaissance des ACPS augmentera de concert avec le développement de sources d’information approuvées, de critères de preuve, de normes de pratique et de réglementation. Ils ont fait plusieurs suggestions sur la façon dont les divers paliers de gouvernement pourraient faciliter le processus : • Élaborer une vision de système intégratif de santé comprenant des principes directeurs tels que l’approche holistique en santé, la liberté d’accès, les normes universelles de pratique, la réglementation des dangers potentiels et l’allocation efficace et rentable des ressources publiques. Une telle vision devra peut-être faire une place à des types de soins qui ne peuvent pas être intégrés ou dont les praticiens désirent qu’ils ne le soient pas. En dépit des difficultés, il est important d’adopter une perspective intégrée des rapports entre les ACPS et le système des soins de santé; • Assurer « l’égalité » entre les joueurs’ en faisant participer aux discussions de politiques (comme celles d’aujourd’hui par exemple) les praticiens 1 2 • Inclure les praticiens des ACPS dans les discussions nationales sur la réforme du système de santé ou l’établissement d’un régime d’assurance-médicaments. Défis Les participants ont reconnu qu’il sera difficile d’élaborer une vision de système intégratif de santé et de réaliser cette vision étant donnée la complexité du système, les diverses approches existant en santé et la diversité des points de vue sur le bien-fondé ou la faisabilité d’une intégration. Les progrès seront peut-être plus faciles et plus rapides dans d’autres domaines que celui-ci. Néanmoins, on devrait poursuivre le travail sur un système intégratif de santé en parallèle avec le travail sur d’autres fronts. Cela demeure un « élément constituant » important en ce qu’il favorise une approche intégrée dans les rapports avec le système de santé et au sein de ce dernier. En fait, la Division des soins de santé a déjà commencé à explorer les questions concernant un système de santé plus intégré par le biais de documents de discussion1, 2 . Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé – Vers un système intégratif de santé: Document de travail du Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Division des systèmes de santé, Santé Canada, février 2000 James T. Casey et Frances Picherack – La réglementation des praticiens utilisant des approches complémentaires et parallèles en santé: Considérations pour l’élaboration de politiques. Division des systèmes de santé, Santé Canada, mars 2001 V.66 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé VI. L A RÉGLEMENT ATION DES PRATICIENS UTILISANT DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ : CONSIDÉRA TIONS POUR L’ ÉLABORA TION DE POLITIQUES par James Casey, Frances Picherack VI.983561 TABLE DES MATIÈRES I. Intr oduction ................ VI.67 II. Méthodologie ............. VI.68 III. La réglementation des professionnels de la santé au Canada ...........................................................VI.69 IV. Environnement touchant la réglementation des ACPS .....................................................................VI.71 V. Objectifs d'une politique concernant une éventuelle réglementation des praticiens des ACPS VI. Options de politiques pour une éventuelle réglementation des praticiens des ACPS VII. Analyse des actes réglementés dans le domaine des ACPS ...................VI.76 .................................VI.78 ............................................................VI.81 VIII. Réflexions sur les rôles des gouvernements fédéral, provinciaux et ter ritoriaux .......................VI.83 IX. Domaines d'analyse, d'élaboration de politiques et de r echer ches pour l'avenir ...........................VI.84 Références ...................... Annexe A ....................... Annexe B ........................ Annexe C........................ LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. c I. I NTRODUCTION Le présent rapport s’inscrit dans un recueil d’études de base rassemblées par Santé Canada pour aider les utilisateurs, les praticiens et les décideurs à comprendre et à explorer les questions que fait naître l’apparition au Canada d’approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS). Bien que ce rapport puisse toucher certains des autres aspects du développement des ACPS étudiés dans d’autres documents de Santé Canada, il porte avant tout sur la réglementation des praticiens des ACPS. En un sens, il s’agit d’une première introduction, quasiment un document de réflexion, conçue pour aider les principaux intervenants à commencer à cerner les questions et les défis qui se posent dans l’examen d’un tel sujet. Étant donné la nature préliminaire de ce rapport, il faut le considérer comme un catalyseur menant à une analyse plus poussée des nombreuses questions importantes de politiques que soulève ce domaine. provinces et les territoires, les organismes professionnels, les praticiens des ACPS, les groupes de consommateurs et d’autres intervenants encore puissent utiliser comme référence lors de l’examen des incidences sur les politiques touchant la réglementation des praticiens des ACPS. La question de définir ce que sont ou ne sont pas les ACPS dépasse le cadre du présent rapport et ferait double emploi avec d’autres études entreprises par Santé Canada.1 Pour les besoins du présent document, nous adopterons la définition acceptée par le United States Office of Alternative Medicine. « L’approche complémentaire et parallèle (ACP) est un vaste univers de ressources curatives incluant tous les systèmes, toutes les modalités et toutes les pratiques de santé avec leurs théories et croyances respectives, autres que les ressources qui sont intrinsèques au système de santé à dominance politique d’une culture ou d’une société particulière à un moment donné de l’histoire. L’ACP inclut toutes ces pratiques et idées que les utilisateurs définissent eux-mêmes comme étant des moyens de prévention ou de traitement de la maladie ou de promotion de la santé et du bienêtre. Les frontières de l’ACP de même que celles qu’il y a entre le domaine de l’ACP et celui du système dominant ne sont pas toujours nettes ou fixées » (cité par Achilles, 2000). Constitutionnellement, la réglementation des professionnels de la santé, y compris les praticiens des ACPS, relève de la compétence des provinces et des territoires. Bien que Santé Canada n’ait pas de rôle direct dans la réglementation des professionnels de la santé, le grand impact des ACPS sur le système de santé a rendu nécessaire une analyse de politiques sur le sujet. Ainsi que le notait déjà de Bruyn: « Le rôle de la Division des systèmes de santé est d’examiner les répercussions des approches complémentaires et parallèles en santé sur le système de santé et sur le renouvellement de ce dernier. » (de Bruyn, p. 2) Dans le présent rapport, le terme « praticiens des ACPS » désigne les personnes qui adoptent des approches complémentaires et/ou parallèles en santé, au sens de la définition ci-dessus. Santé Canada désire, par le biais du présent rapport, élaborer un début de cadre conceptuel que les LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 67 II. M ÉTHODOLOGIE Le présent rapport se fonde sur les travaux déjà effectués par Santé Canada, qui comprennent, sans s’y limiter, les ouvrages suivants: 1. Les approches complémentaires et parallèles en santé – un aperçu canadien, York University Centre for Health Studies (août 1999). Ce rapport détaillé avait pour but de fournir une vue d’ensemble des connaissances, des opinions et des pratiques touchant les ACPS au Canada et d’établir une base utile pour des recherches futures. (Il y sera fait référence plus bas par "YCHS, 1999") 2. Définition des approches complémentaires et parallèles en santé, Rona Achilles (avril 2000). Ce rapport avait pour but de passer en revue les questions touchant la définition des approches complémentaires et parallèles en santé. 3. Rapport d’étape: questions de politiques associées aux approches complémentaires et parallèles en santé, Theodore de Bruyn (mars 2000). Ce rapport avait pour but de faire la synthèse d’une vaste gamme d’informations sur les ACPS et de cerner les grandes questions de politiques. 4. Vers un système intégratif de santé (juillet 2000). Document de travail du Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Le rapport avait pour but d’examiner les conséquences de l’utilisation croissante des approches complémentaires et parallèles pour le système canadien de la santé et d’amorcer une discussion sur un modèle qui intégrerait les approches « conventionnelles » et « complémentaires et parallèles ». 5. Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation professionnelle au Canada, James T. Casey (mars 1999) préparé pour le Comité consultatif fédéral-provincial-territorial des ressources humaines en santé. Ce rapport avait pour but de faire un recensement des développements en matière de réglementation au Canada et de repérer les structures de réglementation qui peuvent ralentir ou accélérer la réforme des soins de santé. Le rapport ne porte pas spécifiquement sur les praticiens des ACPS, mais il offre une vue d’ensemble des divers mécanismes généralement utilisés au Canada pour réglementer les professionnels de la santé. Trois objectifs ont déterminé l’approche à retenir pour la cueillette des données et des renseignements pour le présent rapport : 1. Déterminer les objectifs en matière de politiques et le contexte menant aux décisions de réglementer ou non les praticiens des ACPS; 2. Déterminer les diverses approches utilisées pour réglementer les praticiens de la santé au Canada; et, 3. Discuter de la valeur d’une méthodologie basée sur les ‘actes réglementés’ pour évaluer si certains praticiens des ACPS devraient ou non être réglementés. Deux méthodes principales ont été utilisées pour recueillir de l’information: une recherche ciblée dans les ouvrages du domaine et dans Internet2 d’une part, et un examen détaillé des documents de politiques pertinents et autres publications d’autre part. En plus des ouvrages imprimés ou publiés qui ont été recueillis et analysés, des entrevues ont été menées auprès de 19 informateurs principaux. L’annexe A fournit les noms des participants aux entrevues, qui représentaient des praticiens, des décideurs, des chargés de réglementation, aux niveaux national et provincial au Canada, ainsi que deux intervenants venus des États-Unis. L’annexe B donne un aperçu de la grille de questions utilisée pour recueillir les commentaires spontanés des participants au sujet de la réglementation des VI. 68 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé praticiens des ACPS. Les entrevues ont porté sur l’environnement général actuel en matière de réglementation des praticiens des ACPS et sur les questions, les inquiétudes et les options de politiques pour ce qui est de la réglementation des praticiens des ACPS. III. L A RÉGLEMENT AU CANADA Enfin, les auteurs ont fait appel à leur propre expertise professionnelle et à leur expérience pour offrir une analyse et une discussion du contexte et des options concernant la réglementation des praticiens des ACPS au Canada (Voir à l’annexe C les antécédents et l’expérience des auteurs du présent rapport). ATION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ Si l’on désire analyser les questions de politiques touchant l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS, il faut déterminer si les structures de réglementation actuellement utilisées au Canada pour les praticiens conventionnels sont appropriées ou non à un groupe particulier de praticiens des ACPS. Pour cela, il faut comprendre les structures de réglementation des professionnels de la santé utilisées actuellement. Une description détaillée de cette question dépasse le cadre du présent rapport; les lecteurs désirant s’informer davantage pourront se tourner vers le Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation professionnelle au Canada ou l’un des ouvrages courants tels que A Complete Guide to the Regulated Health Professions Act de Richard Steinecke (1995), The Regulation of Professions in Canada de James T. Casey (1994) ou encore Health Care Practitioners: An Ontario Case Study in Policy Making, de Patricia O’Reilly, 2000. Toutefois, nous présentons ci-dessous un bref résumé des caractéristiques principales des structures de réglementation afin de fournir un contexte à notre analyse. Certaines de ces organisations autonomes pour médecins et dentistes remontent au temps de la Confédération ou encore plus loin. Le nombre de ces professions autonomes a graduellement augmenté, de pair avec le développement des soins de santé. Les années 60 et 70 connurent une croissance explosive du nombre de professions de la santé par suite de l’apparition de différentes sous-spécialités. Un nombre grandissant de groupes non structurés de professionnels cherchèrent à se faire accorder par le législateur le pouvoir d’autoréglementation. Il existe aujourd’hui au Canada plus de 35 professions de la santé qui sont réglementées. Il y a un groupe central de professions (médecins, dentistes, infirmières et infirmiers, optométristes et pharmaciens) qui sont réglementés dans toutes les juridictions canadiennes; pour le reste des professions cependant, il y a de grandes divergences d’une juridiction à l’autre pour ce qui est de la réglementation officielle d’une profession donnée. Par exemple, la massothérapie se pratique partout au Canada mais n’est formellement réglementée qu’en Colombie-Britannique et en Ontario. La Constitution donne aux provinces et territoires compétence pour réglementer les professions. Dans le cas de nombreuses professions, les provinces et les territoires ont adopté des lois qui délèguent le pouvoir de réglementation d’une profession donnée à une organisation composée de membres de ladite profession. Ces organisations professionnelles sont largement autonomes, dans les limites du pouvoir statutaire qui leur a été accordé et ont reçu le privilège de l’autoréglementation dans le but de protéger et de promouvoir l’intérêt public. L’autonomie constitue le mode dominant de réglementation des professions de la santé au Canada. Historiquement, cela s’est produit par législation après une certaine acceptation ou reconnaissance de la part des intervenants politiques et économiques et des institutions du secteur de la santé. Les moyens de réglementation précédant l’autoréglementation comprennent la réglementation gouvernementale directe par l’intermédiaire de mécanismes tels que le Acupuncture Committee en Alberta. LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 69 Au Canada, la législation a établi trois structures primaires de réglementation pour l’autorégie des professions de la santé. Nous avons adopté les définitions des trois systèmes que présente le Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation professionnelle au Canada (page 2). 1. Champs d’exercice exclusif : Octroi aux membres d'une profession du droit exclusif de dispenser un service particulier au public. (Il faut noter qu’il y a souvent des exceptions dans la loi permettant à d’autres professions d’offrir certains services qui feraient partie du cadre des fonctions). 2. Titre réservé : Les membres d'un cadre professionnel ainsi que ceux qui n’en sont pas membres peuvent dispenser des services au public, mais uniquement les membres de l'ordre professionnel ont le droit d'utiliser un titre réservé ou de se présenter comme des membres agréés. 3. Actes réglementés : Modèle selon lequel des tâches ou des activités professionnelles données sont réglementées. Plutôt que de réglementer la totalité du champ d'activités, la loi stipule que certaines activités professionnelles ne peuvent être exercées que par certains groupes professionnels du secteur de la santé. Par exemple, un modèle fondé sur les champs d’exercice exclusif peut prévoir que seul un médecin peut pratiquer la médecine, tandis qu'un modèle fondé sur l'acte réglementé peut stipuler que la réduction d'une fracture ne peut être effectuée que par un membre d'une ou de plusieurs professions du secteur de la santé. La terminologie utilisée au Canada pour décrire ces trois systèmes manque d’uniformité. Par exemple, on parle parfois de « régime d’autorisation » pour désigner le « champ exclusif » « régime d’accréditation « pour « titre réservé »; « activités restreintes » ou « actes réservés » pour « actes réglementés ». Il faut également se rendre compte que certaines structures législatives ne cadrent pas parfaitement avec la catégorisation effectuée par les trois systèmes et que dans certains cas on utilise une combinaison de systèmes. Par exemple, un système comprenant des actes réglementés pourrait aussi utiliser une structure de titre réservé. Le Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation professionnelle au Canada conclut (page 18) que la réglementation professionnelle par champ d’exercice exclusif demeure la forme dominante mais qu’il y a une très forte tendance à adopter des systèmes d’actes réglementés. Les professions autonomes fonctionnent généralement dans le cadre de l’un des trois systèmes décrits plus haut et remplissent quatre autres fonctions de réglementation extrêmement importantes : 1. Elles jouent le rôle de ‘gardiens’ de la profession en établissant des normes d’admission dans la profession et en les faisant respecter; 2. Elles établissent des normes de pratique pour la profession et guident les membres de la profession en ce qui concerne l’exercice de leurs devoirs; 3. Elles organisent une formation permanente ou établissent des exigences de maintien des compétences auxquelles les membres doivent s’astreindre pour conserver leurs compétences au cours de leur carrière; 4. Elles administrent le processus disciplinaire de la profession conçu pour protéger le public contre les professionnels manquant de compétence ou d’éthique. Les membres reconnus coupables de manquement aux devoirs de la profession ou de pratique incompétente peuvent recevoir des sanctions allant de la formation obligatoire à l’expulsion de la profession dans les cas extrêmement graves. Certains praticiens des ACPS utilisent les modèles professionnels de réglementation traditionnelle pour s’autoréglementer au Canada. Le présent rapport traite plus bas de diverses options de modèles de réglementation. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des statistiques, nous jugeons que la vaste majorité des praticiens des ACPS n’utilisent pas les trois modèles traditionnels de réglementation décrits plus haut pour s’autoréglementer. La revue documentaire, les entrevues avec les informateurs principaux et notre propre analyse confirment que la question de savoir si les praticiens des ACPS devraient être réglementés constitue un défi central en matière de politiques dont dépendra VI. 70 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé le développement futur des ACPS au Canada. Nous sommes toutefois bien conscients que l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS ne peut pas s’inscrire seulement dans le cadre de la réglementation des praticiens de la médecine conventionnelle. Il faut étudier la question de la réglementation des praticiens des ACPS dans un contexte de réglementation plus large qui tienne compte d’un certain nombre de facteurs dont les suivants : 1. Les raisons de l’utilisation accrue des ACPS; 3. Les rapports entre les ACPS et la science moderne; 4. Le besoin d’utiliser une "approche de système" pour évaluer le contexte d’assurance de la qualité des ACPS; et 5. Les défis que pose la réglementation des praticiens des ACPS. Chaque facteur fera ci-dessous l’objet d’une analyse dans le contexte de son incidence sur l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS. 2. La demande de la part des consommateurs pour des ACPS; IV. E NVIRONNEMENT TOUCHANT LA RÉGLEMENT ATION DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ A. Raisons de l’utilisation accrue des ACPS Les ouvrages existants (Boozang, 1998; Eskinazi, 1998; Shenfield, 1998) et les informateurs consultés fournissent des raisons pour expliquer le recours accru aux ACPS. Il est intéressant de noter que les consommateurs n’accordent pas beaucoup d’attention à la réglementation des professionnels et ne s’en inquiètent pas beaucoup non plus. Voici les raisons les plus fréquemment citées de cette augmentation : • Mécontentement devant les défauts du système de soins de santé conventionnels. Plusieurs des informateurs principaux n’ont pas manqué d’ajouter que la restructuration des soins de santé au cours des années 80 et 90 n’entrait pas en ligne de compte. L’accent était plutôt mis sur les limites du modèle biomédical dans les domaines de la douleur, des maladies chroniques, de la promotion de la santé et de la guérison, accompagnée ou non d’un traitement; ce qui est de plus en plus difficile à atteindre, étant donné la prédominance des maladies chroniques (CBC, 2000); • Aversion envers les traitements hautement agressifs (par ex. la chirurgie) ou à grands risques (par ex. des médicaments avec des effets secondaires graves) sur lesquels repose la médecine conventionnelle; • Satisfaction éprouvée particulièrement à l’égard de l’approche plus holistique, ouverte et basée sur la collaboration qu’utilisent les practiciens des ACPS; selon un bon nombre de ces derniers, il s’agit d’une perspective axée sur le consommateur et qui traite ce dernier avec prévenance et respect (Gouvernement du Canada, 1998; Eskinazi, 1998); • L’accès à l’information rendu possible par ‘l’autoroute de l’information’ et tout ce qui appuie la liberté d’information, particulièrement dans le système de santé publique; • La mondialisation, et notamment le contact avec de grandes cultures établies dans lesquelles le système de soins de santé dominant est basé sur les traditions et/ou sur la médecine populaire (Drew et Myers, 1997). Un nombre important de personnes interrogées ont indiqué que, du point démographique, cette tendance au recours aux ACPS était une autre manifestation de la personnalité des enfants du baby-boom: ces derniers insistent sur la possibilité d’avoir le choix; ils ont les moyens financiers voulus et sont prêts à explorer toutes les options offertes dans tous les domaines de services. Comme l’a clairement fait remarquer l’un des informateurs LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 71 principaux, qui articulait le point de vue de bien d’autres, « cela ressemble à un mouvement intellectuel qui se détourne de la rigueur de la science au profit du monde de l’intuition, de l’inspiration et même de la spiritualité ». D’autres ont fait valoir que la publicité, les médias et les recommandations personnelles avaient aussi contribué à l’augmentation exponentielle du recours aux services de praticiens des ACPS au cours des années 1990. On avance des raisons différentes, mais non contradictoires, pour expliquer l’augmentation de l’apprentissage, de la formation et de la prestation de services de la part des praticiens des ACPS : • Les patients/consommateurs demandent des alternatives; • Une insatisfaction que partagent praticiens et consommateurs devant le modèle biomédical et le système de soins de santé conventionnels, particulièrement l’accent mis sur la chirurgie et les médicaments, le manque d’appui aux services qui traitent le patient comme une personne plutôt que comme une maladie. Les praticiens ressentent une grande satisfaction lorsqu’ils peuvent jouer un rôle de facilitateur auprès du consommateur, signaler avec respect les limites du modèle biomédical et des thérapies parallèles dans les domaines de la maladie chronique, de la gestion de la douleur et de la promotion de la santé et traiter le rapport patient/praticien comme un partenariat; • Les praticiens espèrent que d’autres modes de traitement peuvent être utiles lorsque la santé des patients ne s’améliore pas à la suite de traitements conventionnels; • La curiosité des praticiens envers ce secteur qui prend de l’importance dans le système des soins de santé; • Les possibilités économiques –c’est un domaine en croissance et il existe « un marché lucratif à exploiter » - particulièrement pour le marchand et le dispensateur de services; • La formation continue et l’enseignement sont de plus en plus accessibles aux dispensateurs classiques ou conventionnels qui désirent ajouter des compétences et des services matière d’ACPS aux modalités de traitement qu’ils offrent déjà; de plus, il existe de plus en plus de nouveaux programmes de base à l’intention de ceux qui désirent se lancer exclusivement dans la pratique des ACPS (Ruedy et Kaufman, 1999). La plupart des informateurs principaux ne voyaient pas la nécessité d’établir une différence entre les approches complémentaires et les approches parallèles en santé à ce stade ci, et certains le déconseillaient. Beaucoup ont fait remarquer que l’absence de frontières entre les ACPS et les thérapies conventionnelles ou entre les services complémentaires et parallèles ne posent pas de problèmes aux consommateurs. En se fondant sur l’expérience professionnelle ou personnelle, on estime que les thérapies parallèles sont en dehors du système conventionnel et sont à utiliser à la place des services conventionnels ou courants; qu’elles ne découlent pas du cadre de science moderne embrassé par la médecine conventionnelle ni ne l’appuient et qu’en particulier elles sont holistiques par nature (par ex. la thérapie par chélation, le toucher thérapeutique, la prière). Les services complémentaires, typiquement, augmentent les résultats bénéfiques des services conventionnels ou courants et y ajoutent quelque chose, car on les utilise en plus de ces derniers soit pour en accroître les bienfaits soit pour réduire les effets des interventions conventionnelles (par ex. l’acupuncture pour réduire les effets secondaires néfastes de la radiothérapie dans le cas des victimes du cancer, le recours à la musique avant les opérations cardiaques). On considère les services complémentaires comme plus proches du modèle épousé par la médecine conventionnelle et basé sur la science moderne et plus compatible avec ce modèle. On s’entend sur l’idée que les patients devraient avoir accès aux bienfaits des ACPS et des services conventionnels et d’en tirer avantage. Les opinions sont fortement divisées quant à savoir si ce but serait plus facilement atteint en établissant une démarcation entre les services complémentaires et les services parallèles (Bonn, 1999; CBC, 2000; Druss et Rosenheck, 1999). Certains informateurs principaux ont fait valoir qu’il serait hautement inapproprié de soutenir les services complémentaires plutôt que les services parallèles dans le but de conserver à la médecine conventionnelle son rôle dominant. Comme le souligne O’Reilly dans sa description de ce qui s’est passé en Ontario dans la réglementation des professions de la santé, [trad.] « On a un tout petit VI. 72 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé peu entrouvert la porte à la possibilité d’une définition moins étroite de l’expertise en soins de santé. Il est probable cependant que l’interprétation qui prévaudrait serait scientifique. » (O’Reilly, 2000, p.1380). C’est pourquoi on a exprimé l’inquiétude qu’une intégration des services des ACPS aux services conventionnels pourrait ‘battre en brèche’ un système vraiment intégré au sein duquel les patients peuvent tirer avantage du modèle médical et d’une approche plus holistique envers la santé et la guérison. B. La demande de la part des consommateurs pour les approches complémentaires et parallèles en santé La revue documentaire et les entrevues avec les informateurs principaux ont mené à un consensus spontané à savoir que le recours accru aux ACPS est un phénomène voulu par les consommateurs et une réalité, et que ce recours continuerait vraisemblablement à augmenter de façon exponentielle. (The Berger Monitor, 1999; Boozang, 1998; Eisenberg, 1998; Fisher et Ward, 1994). Il y a également consensus (accompagné de toute une gamme d’inquiétudes) sur le fait que la tendance à utiliser des ACPS s’appuie sur la demande des consommateurs plutôt que sur des résultats probants (Zollman et Vickers, 1999). La perception (ou le fait) que les consommateurs ont eu recours aux ACPS sans que soient en place les mécanismes habituels de protection établis par une réglementation professionnelle ou par les consommateurs eux-mêmes ressort comme un grand sujet d’inquiétude, particulièrement pour les professionnels. Pour ceux qui sont chargés de la réglementation et pour les décideurs, il conviendrait peut-être de tenir compte de cette curiosité irrésistible lorsqu’ils étudieront les options de réglementation pouvant s’appliquer aux praticiens des ACPS (Fisher et Ward, 1994, Geddes et Henry, 1997). C. Rappor ts entre les approches complémentair es et parallèles en santé et la science moder ne On reconnaît de plus en plus que les ACPS répondent aux demandes des consommateurs, mais on reconnaît tout aussi fréquemment et encore plus largement que les ACPS ne sont pas basées sur des preuves. L’assertion est que la valeur de toutes les modalités peut ne pas avoir été prouvée à l’aide de méthodes scientifiques modernes. On peut prévoir que le statut scientifique douteux des ACPS réduise encore ses chances de se faire accepter ou reconnaître, non seulement dans les processus politiques et économiques mais aussi juridiques de notre époque. (Cohen, 1998; O’Reilly, 2000). Historiquement, [trad.] « les praticiens de la médecine ont été les premiers à faire valoir avec succès leur expertise scientifique, et ils ont été suivis par d’autres praticiens, dans le but de pousser l’État à jouer un rôle plus protectionniste [à l’égard des professions] qu’il ne détient communément dans la société occidentale. » Comme le souligne encore O’Reilly, pour que les professions de la santé puissent faire des progrès au Canada, c’est-à-dire pour qu’elles soient reconnues par les pouvoirs politique, économique et judiciaire, elles doivent faire preuve d’engagement envers le bien public et être associées à la science ou soutenue par cette dernière. (O’Reilly, p. 17) Certains organismes de professionnels de la santé conventionnelle et certains commentateurs soutiennent que les praticiens des ACPS ne devraient pas recevoir d’approbation de la part de l’État sous forme de droit à l’autonomie tant qu’ils n’auront pas fait la preuve que leur modalité particulière s’appuie sur des preuves. (Voir les discussions générales sur cette question dans Boozang, 1998; CBC 2000; Lewith et al, 2000; O’Reilly, 2000; Stone, 1996). La « question » des preuves se retrouve principalement comme argument dans les discussions sur les ACPS menées par des praticiens. Cet argument, ainsi que les discussions de l’effet placebo, sont bien là pour jeter le discrédit sur les ACPS (CBC 2000; Hodgkin, 1996; King 1998) et constituent l’obstacle fondamental à la reconnaissance et à l’acceptation des ACPS par les praticiens conventionnels et les organismes qui les régissent (Zollman et Vickers, 1999). À la faiblesse ou invisibilité du lien qui unit les ACPS et la science moderne s’ajoute le manque d’une organisation bureaucratique reconnue, un point qui n’augmente pas la crédibilité des ACPS auprès des pouvoirs en place. Ironiquement, les inquiétudes relatives à la base scientifique des ACPS ne se retrouvent nullement dans le grand public, qui a généralement accepté les ACPS; cette LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 73 acceptation des ACPS constitue probablement jusqu’à présent la plus grande ‘reconnaissance’ des ACPS (Cooper et Stofflet, 1996). Une discussion détaillée de la ‘question des preuves’ dépasse le cadre du présent rapport. Cependant, nous notons que les ouvrages existants et les informateurs principaux sont préoccupés par la possibilité que l’on cherche à appliquer en matière de réglementation des critères différents aux professions des ACPS de ceux qui s’appliquent aux professions conventionnelles de la santé. On reconnaît généralement que l’on n’a pas auparavant exigé de la part des professions conventionnelles de la santé qu’elles soient basées sur des preuves avant de les reconnaître en les réglementant. Il faut s’inquiéter de savoir si, en demandant aux praticiens des ACPS de prouver rigoureusement leur cas par des preuves avant de les réglementer, on n’établit pas une norme de passage que les professions de la santé conventionnelles n’ont pas eu à respecter et qu’aujourd’hui elles ne respectent peut-être qu’en partie, si même elles les respectent. Bien que les décisions basées sur des preuves ne soient pas encore généralement devenues « l’école de la norme », (Studdert et al, 1998, p.1614), les organismes de réglementation commencent à utiliser des niveaux de validation qui s’inspirent des attentes exprimées dans les documents de politiques que l’on utilise comme guides d’exercice lors de la réglementation des ACPS (Kentucky Board of Medical Licensure, 1999). Certains organismes de réglementation au Canada commencent juste à essayer d’utiliser une approche plus complète et basée sur des preuves afin d’établir des normes de pratique. D’autres organismes de réglementation au Canada n’ont fait aucun effort sérieux pour établir des normes de pratique basées sur des preuves. Clairement il faut tenir compte de la question des preuves lorsqu’on débat de la possibilité et de la façon de réglementer les praticiens des ACPS. Vu le contexte historique de la question, nous arrivons à la conclusion que l’absence d’une approche stricte basée sur des preuves pour certaines modalités des ACPS ne devrait pas en soi constituer un obstacle à la réglementation des praticiens des ACPS si cette réglementation apporte une valeur sociale suffisante. Nous faisons valoir en outre que la base scientifique moderne des ACPS serait mieux comprise en termes de difficulté de reconnaissance plutôt que comme une question de réglementation. D. Une « approche de système » pour évaluer le contexte d’assurance de la qualité des appr oches complémentaires et parallèles en santé L’environnement relatif à la réglementation des intervenants dans le domaine des ACPS est plus large et plus complexe que n’importe quelle structure que l’on pourrait mettre en place pour réglementer les praticiens des ACPS. Toutes les analyses des avantages et inconvénients de la réglementation des professionnels ont tendance à se concentrer uniquement sur l’incidence qu’aurait sur le contrôle de la qualité la présence ou l’absence d’une structure autonome. Cependant, une préoccupation aussi exclusive est trompeuse; il y a de nombreux facteurs dans le système de soins de santé qui affectent la qualité des services, y compris les programmes de formation, la surveillance exercée par l’employeur, les pratiques et politiques de l’employeur, la certification des installations de soins, le droit civil, les mécanismes de règlement des différends, les assurances de responsabilité civile, les exigences des consommateurs, les lois sur la protection des consommateurs, les règlements sur l’étiquetage des aliments et des médicaments et l’accès à l’information. On ne peut pas considérer la réglementation des praticiens des ACPS sans tenir compte du contexte. Il faut faire intervenir tous les facteurs ayant une influence sur la qualité du service fourni lorsqu’on étudie si la réglementation des praticiens des ACPS est nécessaire ou désirable. Par exemple, imaginez qu’une juridiction étudie la question de réglementer les praticiens qui vendent des produits de santé naturels ailleurs que dans les pharmacies. On a exprimé l’inquiétude que les praticiens non réglementés dans ce domaine puissent constituer un risque pour le public étant donné qu’ils pourraient ne pas suffisamment bien connaître les interactions néfastes entre certains produits de santé naturels et les médicaments. On envisage la réglementation des praticiens parce qu’un organisme de réglementation pourrait fixer des exigences en termes de formation pour accéder à la profession et des normes d’exercice. Dans cet exemple hypothétique, la réglementation des praticiens des ACPS pourrait jouer en faveur de VI. 74 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé l’assurance de qualité, mais ce serait une erreur que de considérer cette option hors du contexte des autres facteurs qui pourraient affecter la qualité du produit et du service. Par exemple, les règlements adoptés par le gouvernement fédéral en matière d’étiquetage pourraient servir à fournir aux consommateurs toute l’information voulue. En outre, les réglementations fédérale et provinciales touchant les médicaments et les ordonnances imposent déjà des restrictions sur les types de produits que peuvent vendre les praticiens. Les praticiens peuvent volontairement faire partie d’une organisation active mais non statutaire qui parraine des programmes de formation continue et les consommateurs peuvent choisir de privilégier uniquement les établissements dont les praticiens connaissent bien les produits qu’ils vendent. Nous ne donnons pas cet exemple simplifié pour appuyer l’idée que la réglementation des praticiens dans ce contexte est appropriée. Nous utilisons cet exemple pour souligner qu’il faut considérer tous les mécanismes d’assurance de la qualité dans un environnement donné, sans quoi on risque de prendre des décisions inopportunes en matière de réglementation des praticiens des ACPS et même d’aboutir à une sur-réglementation, surtout à une époque où les consommateurs sont bien informés et actifs. E. Défis posés par la réglementation des praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé Devant la nature hétérogène des ACPS (Zollman et Vickers, 1998) et le besoin d’une approche pluraliste pour l’élaboration d’un régime de réglementation (Fisher et Ward, 1994; Geddes et Henry 1997) les ouvrages existants aussi bien que les informateurs principaux ont fait valoir que la réglementation des praticiens des ACPS au Canada ferait face aux défis suivants : • Les professions de la santé conventionnelles peuvent se montrer hostiles envers les praticiens des ACPS qui assurent des services à des individus qui seraient peut-être autrement venus obtenir les services auprès des professions conventionnelles; • Il peut y avoir des conflits entre les divers groupes de praticiens des ACPS quant à savoir quel groupe serait le plus approprié pour assurer quel service; • Les praticiens ne sont pas organisés, et lorsqu’ils le sont, les groupes sont souvent petits et sans grandes ressources financières; • Les praticiens des ACPS constituent un groupe très hétérogène pour lequel il est difficile d’uniformiser les exigences en matière d’admission dans la profession et de maintien des compétences; • Les organismes professionnels des praticiens conventionnels font pression pour décourager l’autoréglementation pour ces groupes, surtout en invoquant la nécessité d’utiliser une pratique basée sur des preuves, afin d’imposer une barrière qui « préserve les chasses gardées »; • Il faut corriger le semblant de manque d’égalité entre les praticiens des ACPS et les médecins, par exemple dans le domaine de la formation, que les provinces subventionnent fortement pour les médecins. Une même apparence d’injustice caractérise l’allocation des fonds de recherche qui sont dispensés par le gouvernement et les organismes de subventions pour la recherche clinique conventionnelle plutôt que dans le domaine des ACPS; • Un besoin de comprendre les responsabilités et les droits des consommateurs en ce qui touche les ACPS; • Il semble que certaines compagnies d’assurance de responsabilité civile soient réticentes à inclure dans les régimes d’assurance les services offerts par les praticiens des ACPS à moins que ces derniers ne soient reconnus par un processus de réglementation semblable à celui qui s’applique aux praticiens des soins de santé conventionnels. Certaines des personnes interrogées ont fait observer que le financement privé ne devrait pas avoir d’influence sur la réglementation, et que la réglementation ne devrait pas être une condition pour le financement privé ou l’obtention LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 75 d’assurance au tiers. Un certain nombre des personnes interrogées ont également prédit que l’assurance au tiers augmenterait indépendamment du statut relatif à la réglementation, en particulier si l’assurance vise certains problèmes qui sont notoirement traités de façon plus efficace par les ACPS que par la médecine conventionnelle (par ex. le traitement de la douleur chronique). V. O BJECTIFS D ’ UNE POLITIQUE CONCERNANT UNE ÉVENTUELLE RÉGLEMENT ATION DES PRATICIENS DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ Les ouvrages consultés et les informateurs interrogés s’entendent sur le but principal de toute réglementation éventuelle des praticiens des ACPS, à savoir protéger le public contre toute pratique qui serait dangereuse ou manquerait à l’éthique et réduire les niveaux de risque inacceptables. Le grand défi consiste à déterminer exactement le risque, à évaluer son niveau et à choisir les mécanismes de réglementation qui le réduisent. Comme le notait la Commission de réforme du droit du Manitoba, si l’on veut retirer un avantage [trad.] « le régime de réglementation doit être fortement en rapport avec les causes de la mauvaise exécution du service. » (p. 33) Les mécanismes de réglementation professionnelle que l’on envisage généralement pour réduire les risques sont les exigences uniformes en matière de formation pour être admis dans la profession, l’inscription obligatoire, les normes d’exercice, les codes de déontologie, le maintien obligatoire des compétences, et les exigences en matière de divulgation au public, y compris tout conflit d’intérêts potentiel de la part du praticien. Cependant on ne doit pas automatiquement prendre comme hypothèse qu’il y a un degré suffisamment élevé de risque qui exigerait pour les praticiens des ACPS une réglementation professionnelle du type requis pour les praticiens conventionnels. Certains des informateurs principaux ont fait observer qu’il y a couramment un grand manque de preuves quant au mal que causeraient les praticiens des ACPS et ils craignaient qu’il ne soit donc prématuré d’envisager la réglementation. D’autres informateurs principaux ont souligné qu’avec des consommateurs informés et responsabilisés le besoin de réglementation se trouvait peut-être diminué. Ainsi que le notait la Commission de réforme du droit du Manitoba, [trad.] « tant que les consommateurs sont suffisamment bien informés pour exercer un jugement fondé quant au besoin qu’ils ont du service, quant au type de service requis et quant à la compétence et l’éthique du praticien, ils sont en mesure de se protéger tout seuls contre l’incompétence et les pratiques contraires à l’éthique. » (p. 13) Historiquement, du point de vue des politiques, la réglementation professionnelle visait à réduire les services incompétents ou contraires à l’éthique. Cependant, on doit se rendre compte que la réglementation professionnelle a une fonction sociologique plus large dans la société, fonction reliée à la reconnaissance de la profession par les forces politiques dominantes de la société. Le fait qu’une modalité donnée soit réglementée sert à « légitimer » la profession de santé en question auprès de nombreux consommateurs, gouvernements, organismes, assureurs de responsabilité civile et autres professionnels des soins de santé. Le fait d’obtenir l’autonomie peut aider une profession à communiquer la valeur de ses services et à s’intégrer dans le ‘courant dominant’ des soins de santé. La controverse demeure quant au bien-fondé d’intégrer les ACPS aux soins de santé conventionnels, mais les décideurs doivent savoir qu’une bonne réglementation peut servir non seulement à réduire les risques mais aussi à promouvoir une modalité donnée des ACPS. VI. 76 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé Ayant fait la synthèse des ouvrages existants et des commentaires des informateurs principaux, nous aimerions mettre de l’avant les objectifs d’orientation ci-dessous pour qu’il en soit tenu compte dans les décisions touchant l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS : services à la population. L’accès peut aussi être restreint si un régime à champs d’exercice exclusif entraîne une augmentation des prix telle qu’ils sont hors de portée d’une certaine tranche de consommateurs. Les champs d’exercice exclusif ont aussi un effet négatif spectaculaire sur le choix donné au consommateur. Dans un régime à champs d’exercice exclusif, les consommateurs, même s’ils s’y connaissent et sont bien informés, ne sont pas autorisés à obtenir des services de qui que ce soit à part un membre autorisé de la profession. Les systèmes à titre réservé et actes réglementés diminuent beaucoup moins l’accès. Il serait problématique d’adopter des régimes de réglementation qui limitent de façon importante la liberté de choix et d’accès du consommateur pour ce qui est des ACPS, étant donné que la croissance des ACPS est un phénomène dû aux consommateurs qui semblent ne pas se soucier du manque actuel de structures de réglementation des praticiens des ACPS. 1. La réglementation des praticiens des ACPS ne devrait généralement être envisagée que là où existe un niveau inacceptable de risque et devrait être conçue pour réduire ce risque de façon importante. Il y aurait exception dans les cas où le risque ne serait pas inacceptable mais où une juridiction déciderait de « promouvoir » ou d’intégrer les ACPS en accordant à certains praticiens des ACPS la reconnaissance qu’apporte la réglementation par l’État; 2. On doit soigneusement évaluer le coût-efficacité d’un mécanisme de réglementation en sachant que toute réglementation de professionnels s’accompagne d’avantages et de coûts pour la société. L’un des avantages potentiels de l’autoréglementation est de réduire le risque de danger pour les consommateurs par l’intermédiaire de mécanismes d’assurance de la qualité tels que les normes d’admission, les normes d’exercice, les codes de déontologie et les exigences de maintien des compétences. Les coûts de la réglementation comprennent non seulement les coûts directs d’administration du régime de réglementation mais aussi les coûts sociaux possibles dus à la diminution de la concurrence et l’augmentation des prix qui peut se produire lorsqu’on restreint l’accès à une profession et que le coût d’obtenir un permis d’exercer est important. (Commission de réforme du droit du Manitoba, 1994, chapitre 2) 3. Les structures de réglementation devraient favoriser au maximum les décisions de choix et d’accès prises en connaissance de cause par le consommateur. Les régimes à champs d’exercice exclusif, en particulier, réduisent l’accès et le choix. L’accès peut être affecté parce que les champs d’exercice exclusif ont tendance à réduire le nombre de praticiens travaillant dans un endroit puisque seuls ceux qui répondent aux normes d’admission et d’exercice de la profession sont légalement autorisés à offrir des 4. Les structures de réglementation ne devraient pas étouffer le développement des ACPS à condition que la sécurité du public ne soit pas mise en danger. Même dans les professions de la santé conventionnelles, il existe toujours une tension entre les normes d’exercice conventionnelles et les méthodes de traitement innovatrices mais qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Historiquement, les professions de la santé conventionnelles ont trouvé qu’il était approprié d’utiliser des normes d’exercice et le processus disciplinaire pour empêcher leurs membres d’offrir aux patients des traitements « non scientifiques » ou sans résultats probants. Cependant, on peut miner le développement de nouveaux traitements en appliquant de façon trop rigoureuse les normes d’exercice et le processus disciplinaire. Il existe de nombreux traitements aujourd’hui largement reconnus que certains organismes de professionnels de la santé conventionnels ont vigoureusement combattus à l’époque où ils ont commencé à être utilisés. Étant donné que dans leur ensemble les ACPS ne sont pas basées sur des preuves, on doit prendre soin de s’assurer que toute intégration des ACPS aux soins de santé conventionnels n’étouffe pas le développement des ACPS. LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 77 VI. OPTIONS DE POLITIQUES POUR UNE ÉVENTUELLE RÉGLEMENT ATION DES PRATICIENS DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ La présente section du rapport ne vise pas à donner une vue d’ensemble des étapes déjà franchies au Canada pour réglementer certains groupes de praticiens des ACPS (Pour un survol, voir de Bruyn, 2000, p.15-20; YCHS, 1999, Partie III; et Casey, 1999, Annexe B). Elle précise plutôt quelques-unes des options de base qui s’offrent aux décideurs pour la réglementation des praticiens des ACPS. professionnelle dans le domaine des approches parallèles et de ne pas étendre les mécanismes prévus par leur Code à la pratique du massage, de la naturopathie, phytothérapie et des thérapies énergétiques (YCHS, 1999, page 94). 1. Absence de réglementation Beaucoup de praticiens des ACPS appartiennent à des organisations sans régime légal et à adhésion volontaire dont les membres pratiquent dans le même domaine même si la ‘profession’ n’est pas reconnue par la législation. Le développement de puissantes organisations professionnelles à adhésion volontaire peut s’envisager comme faisant partie de l’évolution naturelle des professions des ACPS. Les organisations professionnelles en soins de santé conventionnels sont issues, de façon caractéristique, d’organisations professionnelles à adhésion volontaire qui cherchaient à se faire accorder l’autonomie par la Loi et qui étaient devenues suffisamment bien organisées, financièrement solides et politiquement influentes. En d’autres termes, ce changement s’est produit lorsque les structures dominantes de politiques dans le secteur de la santé ont reconnu ces organisations. Les organisations professionnelles à adhésion volontaire entreprennent un bon nombre des activités que les organisations professionnelles établies par législation entreprennent elles-mêmes. Par exemple, elles : • établissent des normes de formation que l’on doit atteindre avant de devenir membre de l’organisation; • encouragent leurs membres à entreprendre des activités de maintien de leurs compétences; • adoptent un code de déontologie; • soumettent à un processus disciplinaire les membres qui font preuve d’incompétence ou de comportement contraire à l’éthique. La réglementation des professionnels a constitué l’une des forces organisationnelles qui ont dominé les soins de santé au cours du siècle dernier, mais on ne doit pas automatiquement prendre comme hypothèse que les praticiens des ACPS devraient être réglementés. On ne devrait pas non plus automatiquement croire que les formules organisationnelles qui ont raisonnablement bien fonctionné pour les professions des soins de santé conventionnels soient nécessairement la meilleure structure pour les praticiens des ACPS. On reconnaît maintenant que la réglementation des professionnels présente des avantages et des coûts pour la société (Voir l’analyse présentée dans le rapport de la Commission de réforme du droit du Manitoba, 1994, chapitre 2). On ne devrait pas entreprendre de réglementer un groupe donné de praticiens des ACPS à moins que les avantages pour la société l’emportent sur les coûts au sens large. Nous estimons que la plupart des praticiens des ACPS ne sont pas actuellement réglementés. Par exemple, les praticiens de la médecine chinoise traditionnelle ne sont réglementés nulle part au Canada bien que la province de ColombieBritannique ait annoncé son intention d’établir un College of Traditional Chinese Medicine and Acupuncture. Dans certains cas on peut avoir expressément fait un choix de politiques et ne pas avoir étendu les structures conventionnelles de réglementation aux praticiens des ACPS. Par exemple, en 1993, l’Office des professions du Québec recommanda de ne pas créer de corporation 2. Associations professionnelles à adhésion volontair e Étant donné que la Loi ne reconnaît pas ces groupes, ils sont dans l’impossibilité d’établir des champs d’exercice exclusif, des actes réglementés ou VI. 78 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé des titres réservés. Les décideurs devraient se demander si l’on pourrait encourager et aider ces organisations sans régime légal de praticiens des ACPS dans le but d’atteindre certains des buts de société d’une éventuelle réglementation. Il existe de nombreuses organisations sans régime légal de dispensateurs de soins de santé. Par exemple, l’Association of Massage Therapists and Wholistic Practitioners (AMTWP) a beaucoup de membres dans de nombreuses juridictions au Canada et joue un rôle semblable à celui des organisations professionnelles conventionnelles, bien que l’inscription comme membre de la AMTWP soit volontaire et que l’organisation ne soit ni reconnue ni créée par la Loi. 3. Encourager le développement de pr ogrammes de for mation Les normes d’admission constituent l’un des principaux moyens dont les professions autonomes se servent pour encourager la compétence dans la pratique. Personne n’est admis dans la profession à moins d’être diplômé d’un programme académique reconnu et peut-être aussi d’avoir achevé une période de formation ou d’internat. Les normes d’admission servent à promouvoir la compétence lorsque le programme académique enseigne les connaissances techniques et les qualités nécessaires pour livrer avec succès des services professionnels. Toutefois, des normes excessives ou mal conçues peuvent aussi contribuer à restreindre indûment l’accès à la profession. L’enseignement des ACPS se développe grâce à une large gamme d’initiatives tant officielles que non officielles (Voir YCHS, 1999, pp. 229- 242.). Par exemple, Douglas College à New Westminister, en Colombie-Britannique, offre toute une variété de programmes et de certificats en santé naturelle et techniques parallèles de guérison; le Michener Institute for Applied Health Sciences à Toronto dispense une large gamme de programmes axés sur les ACPS au niveau du premier et du deuxième cycles universitaires (YCHS 1999, pp. 235 et 238). On peut bénéficier des avantages des normes légales d’admission même dans les cas où il n’y a pas de règlement officiel si les praticiens des ACPS suivent de leur propre gré les programmes d’enseignement appropriés. Les décideurs, donc, voudront peut-être se demander s’ils devraient activement encourager le développement, par des institutions d’enseignement, de programmes appropriés de cours et de formation pour les praticiens des ACPS. 4. Établir des champs d’exercice exclusif pour les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé Il existe un « champ d’exercice exclusif » dans les cas où seuls ceux qui sont membres d’une organisation professionnelle reconnue par la Loi ont le droit de pratiquer une profession donnée. « L’exercice » d’une profession est souvent décrit dans les lois de façon large et quelque peu vague. Historiquement, le champ d’exercice exclusif a constitué la forme prédominante de réglementation professionnelle dans le secteur des soins de santé au Canada. (Casey, 1999, p.19). Une analyse détaillée des forces et faiblesses relatives de ce modèle dépasse le cadre de ce rapport. Cependant, on devrait noter qu’au cours de la dernière décennie on s’est fortement détourné du modèle à champs d’exercice exclusif en faveur de modèles à ‘titre réservé’ ou à « actes réglementés » dans les professions de soins de santé conventionnels. Dans le domaine des ACPS (et de plus en plus fréquemment pour de nombreuses professions de la santé) on a exprimé la crainte que les modèles à champs d’exercice exclusif ne soient pas les meilleurs car le modèle n’est pas assez sensible au risque, restreint le nombre de praticiens des ACPS et limite le choix et la liberté du consommateur. Les champs d’exercice exclusif sont également statiques et politiquement difficiles à modifier une fois accordés. À notre avis, il est rare que les juridictions accordent des champs d’exercice exclusif à des praticiens des ACPS. Cependant on trouve des médecins naturopathes en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. (Casey, 1999, Annexe B) 5. Établir des modèles à titre réservé pour les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé Dans un modèle à « titre réservé », ceux qui sont membres de la profession et ceux qui ne le sont pas LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 79 peuvent dispenser des services au public. Cependant, seuls les membres d’une organisation professionnelle reconnue par la législation peuvent utiliser les titres prévus par la loi ou se dire membres inscrits. L’utilisation du titre réservé a pour effet de servir de « label de qualité » à l’intention des consommateurs qui savent alors que la personne a atteint un certain niveau d’études et de formation et est soumise au contrôle réglementaire imposé par son organisation professionnelle. Le modèle à titre réservé donne au consommateur une plus grande latitude de choix puisqu’il peut en principe faire un choix éclairé et choisir une personne appartenant à une organisation professionnelle ou n’y appartenant pas. Un désavantage du modèle à titre réservé est qu’il peut ne pas protéger les consommateurs comme il le faut dans les cas où il y a de sérieux risques de danger si le service n’est pas adéquatement dispensé. (Voir l’analyse dans Casey, 1999, pp. 2526.). Les sages-femmes en Alberta constituent un exemple de régime à titre réservé; elles sont régies par le Health Disciplines Act. 6. Établir un modèle à actes réglementés pour les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé Dans le modèle à actes réglementés, seules certaines tâches ou activités sont réglementées. La loi établit que certaines tâches discrètes, clairement définies ne peuvent être accomplies que par des membres de professions de la santé spécifiques et réglementées. Dans le modèle à actes réglementés on cherche à déterminer les activités qui posent le plus grand risque au public en cas d’exécution incompétente et par la suite on s’assure que ces activités sont réservées aux professionnels de la santé qui ont le niveau d’études et de formation voulu pour accomplir l’activité de façon sécuritaire. Le modèle à actes réglementés diffère du modèle à champs d’exercice exclusif dans le sens où ce dernier réglemente un domaine entier de pratique, tandis que le premier réglemente seulement des activités précises. Par exemple, un modèle à champs d’exercice exclusif pourrait exiger que seul un médecin puisse pratiquer la médecine. Si une tâche particulière ne figure pas sur la liste des « actes réglementés », tous les professionnels de la santé ou un membre du public peuvent l’exécuter. Le modèle à actes réglementés se combine souvent à un régime à titre réservé. Un certain nombre de juridictions au Canada se sont détournées des champs d’exercice exclusif et envisagent d’adopter –ou l’ont déjà fait – le modèle à actes réglementés pour une partie ou la totalité de leurs professions de soins de santé conventionnels (Voir le sondage dans Casey, 1999, pp. 11-12). La partie VII du présent rapport traite plus en détail de la valeur potentielle d’une analyse des activités restreintes. La massothérapie en Ontario et en ColombieBritannique et les sages-femmes en Ontario constituent des exemples de structures à actes réglementés. Après la proclamation du Health Professions Act en Alberta les professions suivantes des ACPS seront réglementées sous un régime à actes réglementés associé à un titre réservé: sagesfemmes, naturopathes, chiropracteurs et acupuncteurs. 7. Réglementation des appr oches complémentair es et parallèles en santé par des professions autonomes existantes La pratique des ACPS par les membres des professions de soins de santé conventionnels a connu une croissance importante (YCHS, 1999, pp. 199-229). Cela a provoqué une diversité de réponses de la part des organisations professionnelles de soins de santé conventionnels allant de l’hostilité ouverte à la neutralité et à l’encouragement. Certaines organisations professionnelles ont élaboré des normes d’enseignement et de formation pour ceux de leurs membres qui veulent aussi pratiquer les ACPS. D’autres organisations ont fait des démarches pour intégrer des éléments des ACPS dans certaines parties de la pratique courante de la profession. Certaines organisations ont adopté des protocoles de traitement pour les ACPS qui visent à maximiser le choix offert au consommateur tout en veillant à la sécurité. Par exemple, l’Alberta Association of Registered Nurses a approuvé des normes pour les infirmières et infirmiers diplômés dans les domaines de la thérapie complémentaire et parallèle dans la pratique des soins infirmiers; le College of Physical Therapists of Alberta a adopté des normes d’exercice pour les physiothérapeutes qui désirent intégrer l’acupuncture à leur pratique. Dans certains cas des lois ont été adoptées pour s’assurer que les organisations professionnelles de VI. 80 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé soins de santé n’interdisent pas entièrement à leurs membres de pratiquer les ACPS. Ainsi par exemple, en Alberta, le Medical Profession Act a été amendé de sorte qu’un médecin ne peut pas être jugé coupable de conduite inappropriée ou inapte à la pratique de la médecine simplement parce qu’il a utilisé une thérapie qui n’est pas conventionnelle ou qui s’écarte des pratiques médicales courantes, à moins que l’on prouve que la thérapie utilisée comporte pour le patient des risques démesurément plus grands que le traitement habituel. Un certain nombre d’états aux États-Unis ont adopté des lois controversées, les « Medical Freedom Acts », pour protéger les professionnels de la santé qui désirent pratiquer les ACPS et pour empêcher les organismes professionnels de réglementation d’utiliser leurs processus disciplinaires contre les professionnels qui ont choisi d’avoir recours à des approches complémentaires et parallèles en santé. (Cohen, 1998, pp. 92-95) complementary therapies. (Cohen, 1998, pp.92-95) Conclusion sur les options Lorsqu’on évalue les différentes options de réglementation pour les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé il faut bien voir qu’il n’existe pas un seul modèle qui soit « le bon ». Le modèle le plus approprié, ou la combinaison de modèles, dépend du type des approches complémentaires et parallèles en santé à l’étude, de l’environnement particulier à la juridiction, et surtout, du degré de risque que présente une modalité donnée d’ACPS. La section suivante traite d’un cadre conceptuel pour évaluer le degré de risque. VII. ANALYSE DES ACTES RÉGLEMENTÉS DANS LE DOMAINE DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ Les ouvrages existants, les réponses des informateurs principaux lors des entrevues et notre propre analyse arrivent tous à la conclusion que l’évaluation du risque relié à une activité ou modalité d’ACPS constitue l’élément central de toute décision concernant l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS. Comme nous l’indiquons plus haut, l’un des défis principaux est de déterminer les risques et d’y faire correspondre un régime de réglementation pour les réduire de façon significative à condition que les avantages de cette réduction soient supérieurs aux coûts globaux de la réglementation. Il y a presque unanimité sur l’idée que l’évaluation du risque est l’élément central de toute décision sur la réglementation des praticiens des ACPS, mais aucun cadre analytique intégré n’a été mis de l’avant pour faciliter l’analyse des risques par les décideurs. Nous avançons que le cadre analytique utilisé pour les actes réglementés pourrait se révéler utile pour évaluer les risques dans le domaine des ACPS. L’utilisation du cadre analytique des actes réglementés présente un certain nombre d’avantages possibles : 1. Le cadre utilisé pour les actes réglementés est conçu pour déterminer le risque et évaluer le degré de risque que représente pour le public la mauvaise exécution du service; 2. Un nombre important de juridictions canadiennes savent utiliser le cadre d’analyse des actes contrôlés étant donné la tendance législative à s’éloigner des champs d’exercice exclusif au profit du modèle à actes réglementés pour les professions de soins de santé conventionnels; 3. Un système basé sur les actes réglementés exige une analyse rigoureuse de la corrélation entre les « intrants » (enseignement, formation, expérience et autres qualités) et les « extrants » recherchés, la prestation efficace et sécuritaire du service. (Casey, 1999, p. 26) LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 81 Il y a aussi un certain nombre d’inconvénients possibles aux systèmes à actes réglementés. Il est difficile de cerner et de préciser les attributs exacts qui sont nécessaires pour exécuter une tâche sans danger. Le système à actes réglementés est également quelque peu artificiel en ce sens qu’il désagrège un processus complexe de prestation de service de soins en une série de tâches discrètes et compartimentées. Finalement, le système à actes réglementés est assez nouveau au Canada – il est arrivé en Ontario en 1993 – si bien qu’il n’y a pas beaucoup de recherches sur son efficacité. Cependant, en fin de compte, nous sommes d’avis que la structure analytique des actes contrôlés est un instrument très utile pour les décideurs qui envisagent l’éventuelle réglementation des praticiens des ACPS. Lorsqu’on effectue une analyse des actes réglementés, on doit répondre à un certain nombre de questions fondamentales : 1. Quelles sont les modalités des approches complémentaires et parallèles en santé utilisées dans une juridiction donnée? 2. Quelles sont les tâches comprises dans chaque modalité d’ACPS utilisée dans la juridiction? 3. Pour chaque tâche, y-a-t-il un risque de danger pour le public en cas de mauvaise prestation de service? 4. Peut-on gérer ou réduire ces risques par d’autres méthodes que la réglementation des praticiens des ACPS qui accomplissent ces tâches? Existet-il dans le système d’autres mécanismes d’assurance de la qualité qui ramènent le risque à un niveau acceptable? 6. Si on détermine qu’une certaine tâche accomplie en ayant recours aux ACPS entraîne un degré de risque important, quels sont les attributs (enseignement, formation, expérience, autres qualités et facteurs environnementaux) qui ramèneront ce risque à un niveau acceptable? 7. Quels types de praticiens des ACPS possèdent les caractéristiques nécessaires pour exécuter en toute sécurité les tâches reconnues comme présentant un degré de risque important? Il convient de noter que tout en constatant l’apport d’un cadre analytique d’activités réglementées à l’examen de la question de réglementation éventuelle des praticiens des ACPS, nous ne prenons pas comme hypothèse qu’il sera nécessairement approprié d’adopter dans la législation un modèle à activités réglementées pour les praticiens des ACPS. Le cadre d’activités réglementées sert à cerner le risque et à en évaluer le degré. Toutefois l’analyse peut révéler que le risque est si faible pour une activité donnée dans le domaine des ACPS que la réglementation est inutile. Pour d’autres activités dans le domaine des ACPS, un modèle à titre réservé pourrait être approprié ou un modèle à titre réservé associé à un modèle à activités réglementées pourrait être la meilleure solution. Nous proposons d’utiliser le cadre analytique des activités réglementées non pas parce que c’est la « bonne » solution mais plutôt parce que sa méthodologie pose les bonnes questions. Pour une discussion approfondie du modèle à actes réglementés, voir Gouvernement de l'Ontario (1989), Government of Alberta (1997), et Government of British Columbia (1998). 5. Quel est l’avantage pour le public à avoir un praticien des ACPS réglementé plutôt que nonréglementé pour accomplir une tâche? VI. 82 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé VIII. R ÉFLEXIONS SUR LES RÔLES DES GOUVERNEMENTS FÉDÉRAL , PROVINCIAUX ET TERRITORIAUX Les approches complémentaires et parallèles en santé se sont développées au Canada largement sans recevoir officiellement d’appui ou de sanction de la part du gouvernement. Cela nous amène à considérer le rôle que les gouvernements devraient jouer maintenant que les ACPS sont devenues une partie importante des soins de santé au Canada. Sur la base des entrevues avec les informateurs principaux et notre propre évaluation des ouvrages existants, nous aimerions proposer les rôles suivants comme étant appropriés pour les gouvernements : • Jouer un rôle de leadership et de direction d’ensemble, qui se traduirait par des processus et des initiatives permettant d’explorer avec respect, de découvrir et de promouvoir l’inclusion de tous les intervenants dans le domaine des approches complémentaires et parallèles en santé; • Continuer à faciliter la compréhension des ACPS, de leurs liens généraux avec le reste du système des soins de santé (par ex. les recoupements importants avec la promotion de la santé) et des raisons de principes sous-tendant l’intérêt porté aux questions de protection des consommateurs; • Explorer le contexte et la toile de fond existants au moment où les praticiens des ACPS seraient réglementés dans les provinces et territoires. En particulier, les gouvernements devraient mettre l’accent sur les mécanismes de protection du consommateur bien informé et souligner que tout règlement doit être « approprié, rigoureux et pertinent ». (Ces mots sont tirés du rapport du Document de travail du Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé, 2000, p. 6.); • Financer les initiatives d’information sur les ACPS à l’intention des consommateurs; • Se faire le champion de la notion que la réglementation moderne exigera des systèmes ouverts et basés sur l’information ayant pour but de faciliter et de protéger le consommateur informé et responsabilisé ainsi que le patient vulnérable et également de traiter le praticien avec justice; • Étant donné l’implication juridictionnelle du gouvernement fédéral dans le domaine des produits complémentaires et parallèles de santé, indiquer aux professionnels de la santé qui vendent ou distribuent lesdits produits que l’on s’attend à ce qu’ils répondent aux exigences réglementaires concernant la sécurité, qu’ils offrent ou non des services dans le domaine des ACPS; • Étant donné que les services d’ACPS sont largement financés par le secteur privé, encourager l’égalité entre les praticiens conventionnels et les praticiens des ACPS afin qu’il y ait équité entre eux sur le marché. Il ressort de notre travail sur ce rapport quatre messages principaux à l’intention des gouvernements : 1. Il est important que les gouvernements, lorsqu’ils exploreront divers mécanismes possibles de réglementation, se souviennent que la demande pour les approches complémentaires et parallèles en santé provient des consommateurs. Il est possible que les approches ne soient pas basées sur des preuves cliniques, mais cela ne devrait pas nécessairement faire obstacle à la réglementation; 2. L’étude des mécanismes de réglementation possibles devrait se porter principalement sur la détermination des risques et de leur réduction significative; 3. Évaluer soigneusement les conséquences qui résulteraient de promouvoir les approches complémentaires et non les approches parallèles ou encore de trop mettre l’accent sur l’idée d’intégrer les ACPS aux soins de santé LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 83 conventionnels. Beaucoup de praticiens des ACPS redoutent que l’intégration complète des ACPS aux soins de santé conventionnels ne mène à nuire à la nature holistique des ACPS qui a tant de valeur aux yeux des consommateurs; par le niveau actuel de réglementation professionnelle. Le gouvernement devrait se faire l’avocat d’une réglementation appropriée plutôt qu’une sur- ou sous-réglementation. Dans certains cas, il peut être approprié de ne pas réglementer les praticiens de certaines modalités d’ACPS. Dans les cas où il est nécessaire d’avoir une forme de réglementation, on ne peut pas prendre comme point de départ que toutes les modalités d’ACPS exigent le même type de réglementation. 4. Se pencher sur la rapidité et l’étendue qui caractérisent la réflexion des gouvernements sur la réglementation des praticiens des ACPS, vu le manque de preuves sur le mal causé au public IX. D OMAINES POUR L’ ANALYSE , L’ ÉLABORATION DE POLITIQUES ET LA RECHERCHE FUTURES Il semble se dégager un objectif de politiques, à savoir l’élaboration d’un régime de réglementation qui se concentre sur le risque, considère le consommateur comme une personne informée et responsabilisée et soit pratique pour tous les intervenants principaux. Quatre priorités ont été retenues pour analyse, élaboration de politiques et recherche futures : 1. Il faut porter attention aux besoins et aux droits des consommateurs si l’on désire les respecter comme suffisamment informés et responsabilisés pour juger de la sécurité et de l’éthique des approches complémentaires et parallèles en santé; 2. Déterminer la nature, la fréquence et la répartition du mal causé par les ACPS et qui pourrait être réduit en réglementant les praticiens des ACPS; 3. Pousser plus avant l’élaboration des éléments clés et des mécanismes de réglementation d’un cadre conceptuel que les chargés de réglementation pourraient envisager pour établir à l’intention des praticiens des ACPS au Canada des règlements tenant compte des risques et respectant les consommateurs. En particulier, il faut faire plus de recherches sur les avantages et inconvénients des différents modèles de réglementation dans le contexte des ACPS; 4. L’impact des structures actuelles de réglementation pour les professions de soins de santé conventionnels sur le développement des ACPS au Canada. Conclusion Le Canada, tout comme de nombreux autres pays, est aux prises avec les questions de politiques touchant la sécurité, l’efficacité, le rapport coûtefficacité, le choix éclairé et l’accès juste pour ce qui est des services dans le domaine des ACPS (de Bruyn, p. 9). Les choix de politiques concernant la reconnaissance et la réglementation des praticiens des ACPS auront un impact majeur sur la poursuite du développement des ACPS au Canada. Nous espérons que le présent rapport servira de catalyseur et encouragera la poursuite de la recherche sur ce sujet important. VI. 84 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé N OTES 1. 2. DE BAS DE PAGE Pour une revue plus détaillée et une discussion de la définition des ACPS, se référer à Achilles (2000) et Zollman et Vickers (1999). Il existe encore de nombreuses variations sur le thème de la définition des ACPS (Achilles 2000). Certaines portent sur la nature même du cadre de pratique (Eskinazi, 1998); d’autres (en particulier celles qui visent les politiques publiques) se concentrent sur les rapports entre les ACPS et les principales caractéristiques politiques et économiques de la culture à un point donné dans le temps. Les auteurs reconnaissent la définition apportée par la Cochrane Collaboration (Zollman et Vickers, 1999, p. 2) Les moteurs de recherche Netscape et Lycos ont servi à faire les recherches sur Internet sur les termes principalement reliés aux approches complémentaires et parallèles. La recherche documentaire a été effectuée à l’aide de HealthSTAR (de 1975 à aujourd’hui) et de ERIC (Educational Research Information Clearinghouse) (de 1985 à aujourd’hui), dans les installations réservées aux bases de données en direct à l’université de l’Alberta. Plusieurs combinaisons booléennes (opérateur « AND »[« ET»]) de mots clés ont permis de combiner les concepts et les sujets afin d’affiner la recherche. Nous avons également utilisé les archives en ligne du British Medical Journal (www.bmj.com), du Journal de l’Association médicale canadienne (www.cma.ca), du Journal of the American Medical Association (www.jama.com) et du Medical Journal of Australia (www.mja.com.au). Les mots clés ayant fait l’objet de recherche comprenaient: • complementary medicine [médecine complémentaire] • alternative medicine [médecine parallèle] • complementary and alternative medicine [médecine complémentaire et parallèle] • complementary and alternative health care [soins de santé complémentaires et parallèles] Les résultats fournis par les recherches sur les termes ci-dessus ont été combinés avec les termes ci-dessous en utilisant l’opérateur booléen « and » [« et »] : • regulation [réglementation] • regulatory [réglementaire] • legislation [législation] • government [gouvernement] • policy [politique] • licensing [permis] • licensing body [organisme de réglementation] • professional association [association professionnelle] • college [collège] LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 85 R ÉFÉRENCES Achilles, R. 2000. Définition des approches complémentaires et parallèles en santé. 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LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 89 Zollman, C., et A. Vickers. 1999. ABC of complementary medicine: Complementary medicine in conventional practice. BMJ. 319:9014. Disponible à l’adresse: http://www.bmj.com/cgi/content/full/319/7214/901. Zollman, C., et A. Vickers. 1999. ABC of complementary medicine: What is complementary medicine? BMJ, 319,7211:693-6. Disponible à l’adresse: http://www.bmj.com/cgi/content/full/319/7211/69 3?ijkey=T06ScgFDfHIVs. VI. 90 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé ANNEXE A Liste des informateurs principaux Wendy Armstrong, Advisor L’Association des consommateurs du Canada Ottawa, Ontario Dr. Bryan Frank, President American Academy of Medical Acupuncture Richardson, Texas Kim Bowie, President Fondation d’acupuncture du Canada Calgary, Alberta Susan Glover-Takahashi Executive Director Canadian Alliance of Physiotherapy Regulators Toronto, Ontario Jack Davis, President & CEO Calgary Regional Health Authority Calgary, Alberta Michael Decter, Managing Director Michael Decter and Associates Toronto, Ontario Catherine Dower, Associate Director, Health Law and Policy,Centre for Health Professions (formerly Pew Commission) San Francisco, CA, USA Marilyn Evans-Borne, Senior Advisor, Legislation Development Ministère de la Santé et du Mieux-être Gouvernement du Nouveau Brunswick St. John, Nouveau Brunswick Mary Falconer Manager, Professional Regulation Ministry of Health Government of British Columbia Victoria, British Columbia Angelica Fargas Babiak, MD Professor Department of Anesthesia McMaster University Hamilton, Ontario Brian Henderson Associate Executive Director Canadian Dental Association Ottawa, Ontario Mary Ellen Jeans, PhD, RN Executive Director Association des infirmières et infirmiers du Canada Ottawa, Ontario Drew Johnston Health Professions Consultant Health Workforce Saskatchewan Health Regina, Saskatchewan Nancy Kelly, Senior Policy Analyst Program Policy Branch Ministry of Health, Ontario Toronto, Ontario Doreen Reid, Director, Health Disciplines Alberta Health & Wellness Edmonton, Alberta Hugh Scully, MD, FRCS Immediate Past President Association médicale canadienne Toronto, Ontario Judith Shamian, PhD, RN Directrice exécutive Bureau des politiques Santé Canada Ottawa, Ontario LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 91 Ernie Skakun, PhD Director, Psychometrics Studies in Medical Education Faculty of Medicine and Dentistry University of Alberta Edmonton, Alberta John Tegenfeldt, PhD Executive Director Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine Vancouver Hospital and Health Sciences Centre Vancouver, British Columbia Marilyn Wang Manager, Direct Payment and Regulatory Programs Program Policy Branch Ministry of Health, Ontario Barbara Wells Executive Director Association nationale des organismes de réglementation de la pharmacie Ottawa, Ontario VI. 92 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé ANNEXE B APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ (ACPS) AU CANADA GRILLE D’ENTREVUE Toile de fond ACPS au Canada 1. À votre avis, quelle est la cause de la croissance rapide de l’utilisation des ACPS par les consommateurs canadiens? 9. Les praticiens des ACPS devraient-ils être réglementés? 10. Quels buts / objectifs de politiques la réglementation devrait-elle viser? 2. À votre avis, qu’est-ce qui provoque la croissance de nouvelles modalités dans le domaine des ACPS et l’utilisation accrue de ces modalités par des professionnels indépendants et conventionnels? 3. Comment envisagez-vous le rôle du gouvernement dans le domaine des ACPS à ce point-ci? 4. Est-il important de faire une distinction entre ‘approches complémentaires’ et ‘approches parallèles’ en santé? Dans l’affirmative, comment la faire? 11. Les praticiens des ACPS devraient-ils être réglementés de la même façon que les praticiens conventionnels? 12. La réglementation des praticiens des ACPS devrait-elle être intégrée à celle des praticiens conventionnels ou se faire en parallèle? 13. Des trois structures de réglementation des praticiens conventionnels, à votre avis, quelle est celle qui conviendrait le mieux pour la réglementation des praticiens des ACPS? Envir onnement actuel pour la réglementation des ACPS au Canada a. Champs d’exercice exclusif ou autorisation d’exercer: octroi aux membres d’une profession du droit exclusif de dispenser un service particulier au public (possibilité d’exceptions avec la permission de la profession détenant le champ d’exercice exclusif). 5. Qui sont les intervenants principaux? 6. Quelles sont les tendances ou orientations principales? 7. Quelle est la problématique (en termes de questions et de défis)? b. Titre réservé ou régime d’accréditation: les membres d’un cadre professionnel ainsi que ceux qui n’en sont pas membres peuvent dispenser des services au public, mais uniquement les membres de l’ordre professionnel ont le droit d’utiliser un titre réservé ou de se présenter comme des membres agréés. 8. Comment l’éducation, l’organisation, le financement et l’existence d’assurances privées pour les services de santé influencent-ils la réglementation des ACPS et vice versa? Options de réglementation des praticiens des LA R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S DES A C P S VI. 93 c. Actes réglementés (aussi appelés actes réservés ou activités restreintes). Plutôt que de réglementer la totalité du champ d’activités, la loi stipule que certaines activités professionnelles ne peuvent être exercées que par certains groupes professionnels réglementés du secteur de la santé, réglementant ainsi des actes précis que beaucoup peuvent exercer à condition d’appartenir à des professions homologuées. Commentair es supplémentair es VI. 94 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé VII. I NTÉGRA TION DE L’ APPROCHE CONVENTIONNELLE ET DES APPROCHES COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ : VISION D ’ UNE DÉMARCHE Douglas J. Tataryn et Marja J. Verhoef TABLE DES MATIÈRES Remerciements 1. Intr oduction ............ VII.95 2. Cadre de conceptualisation des pratiques de soins de santé ............................................................VII.97 A. Paradigmes de la santé et de la maladie ......................................................................................VII.97 B. Deux types de pratiques parallèles en santé................................................................................VII.98 C. Similitudes et différences dans les systèmes de soins de santé...................................................VII.98 3. Santé, bien-être, guérison et cure dans la perspective holistique ....................................................VII.99 4. Démographie et motivation dans l’utilisation des soins de santé ....................................................VII.101 5. Tendances au sein des soins de santé conventionnels ......................................................................VII.102 A. Recherches sur la santé de la population et sur les services de santé........................................VII.102 B. Soins axés sur le patient...............................................................................................................VII.103 C. Pratique basée sur des preuves.....................................................................................................VII.104 6. Intégration aux dif fér ents niveaux des soins de santé ......................................................................VII.105 A. Intégration au niveau du consommateur ....................................................................................VII.106 B. Intégration au niveau du praticien des soins de santé................................................................VII.106 C. Intégration au niveau clinique.....................................................................................................VII.107 D. Intégration au niveau institutionnel ...........................................................................................VII.107 E. Intégration au niveau de la réglementation professionnelle......................................................VII.108 F. Intégration au niveau du système et de la politique de santé ....................................................VII.108 7. Vision d’un système de santé intégratif ..............................................................................................VII.109 A. Critères d’inclusion des approches complémentaires et parallèles ............................................VII.109 B. Modèles d’intégration...................................................................................................................VII.110 a. Cooptation................................................................................................................................VII.110 b. Coexistence ..............................................................................................................................VII.111 c. Intégration systémique .............................................................................................................VII.111 8. Vers une intégration systémique .........................................................................................................VII.111 A. Vers une intégration des soins de santé au niveau du consommateur ......................................VII.111 B. Vers une intégration au niveau des praticiens des soins de santé..............................................VII.112 C. Vers une intégration au niveau des cliniques de soins de santé ................................................VII.113 D. Vers une intégration au niveau des institutions de soins de santé ............................................VII.114 E. Vers une intégration au niveau des organismes professionnels de soins de santé.....................VII.114 F. Vers une intégration au niveau des politiques et des systèmes de santé....................................VII.115 9. Déclaration de clôture ..........................................................................................................................VII.116 Tableau 1 :Les quatre paradigmes de T atar yn : classement des thérapies courantes ........................VII.97 Figur e 1 : Modèle intégré de la santé, du bien-être, de la maladie et de la guérison .........................VII.100 Figur e 2 : « Pyramide d’intégration »’ : Degré d’interaction entre l’approche conventionnelle et les approches complémentaires et parallèles en fonction du niveau dans le système de soins de santé ............................................................................................................VII.106 10. Références ........... VII.117 V ISION D’ UNE DÉMARCHE VII. c R EMERCIEMENTS Les auteurs désirent remercier Joan Simpson et Susan Hicks, Division des systèmes de santé, Direction générale de la politique et des communications, Santé Canada, qui ont contribué à l’élaboration du thème global du présent rapport. Nous sommes également particulièrement reconnaissants envers Allan Best, Ph.D., Heather Boon, Ph.D., Charles Bernstein, M.D., et Michael J. VI. d Perspectives on Complementary and Alternative Health Care Smith, M Pharm, N.D, pour leurs remarques sur les versions préliminaires de ce document. Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles des auteurs ou des auteurs des documents cités et ne représentent pas nécessairement les vues ou politiques officielles de Santé Canada ni celles des personnes qui ont revu les ébauches du rapport. I. I NTRODUCTION Il est bien établi qu’il y a eu partout au monde une explosion d’intérêt pour les approches complémentaires et parallèles en santé. Le recours à ce type d’approches (aussi appelées médecine ou thérapie complémentaire et parallèle, nonconventionnelle, expérimentale ou encore peu orthodoxe) connaît également une énorme popularité et vient parfois remplacer la médecine traditionnelle mais plus souvent vient s’y ajouter. Les données longitudinales montrent que la prévalence de l’utilisation d’approches complémentaires et parallèles en santé augmente rapidement1. La popularité accrue des approches complémentaires et parallèles en santé peut s’expliquer par des facteurs tels l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques, l’accès accru du public à des informations sur la santé venant du monde entier, une tolérance moindre pour le paternalisme, un sens plus aigu du droit à une qualité de vie, un déclin dans la foi portée aux découvertes scientifiques et à leur utilité pour la gestion personnelle de la maladie, un sens plus marqué des responsabilités en ce qui concerne la santé et les soins de santé, une inquiétude quant aux effets secondaires de médicaments toujours plus puissants et un intérêt accru pour le bien-être et la spiritualité personnelle. Lors de la conférence sur la méthodologie de recherche organisée par l’Office of Alternative Medicine en 1995, les approches complémentaires et parallèles en santé ont été définies comme : …[Trad.] un vaste domaine de ressources curatives qui comprend tous les systèmes, modalités et pratiques de santé, ainsi que les théories et croyances qui les entourent, autres que ceux qui sont intrinsèques au système de santé politiquement dominant dans une société ou une culture donnée à un moment donné de l’histoire (p..50)2. Certaines approches complémentaires et parallèles constituent des systèmes complets, tandis que d’autres sont des interventions ne comprenant qu’une modalité et sont proposées comme des substituts ou des compléments au traitement conventionnel. Certaines approches ont des structures de réglementation bien développées (la massothérapie par exemple), d’autres comprennent des professions éparses sans beaucoup d’ententes interdisciplinaires concernant la réglementation (l’acupuncture par exemple)3 et d’autres encore sont peu susceptibles de jamais être réglementées (les remèdes populaires par exemple). Les soins de santé conventionnels dépassent le cadre de la médecine conventionnelle, cette dernière se définissant comme une démarche thérapeutique exercée directement par un médecin formé de façon conventionnelle ou sous la supervision directe d’un tel médecin4. Nous utilisons donc le terme « soins de santé » pour englober tous les services, produits et activités permettant de promouvoir, entretenir, surveiller ou rétablir la santé. On a caractérisé les soins de santé conventionnels et non conventionnels comme deux solitudes5. Cependant la ligne qui les sépare est floue, changeante et évolue dans le temps. Les soins de santé conventionnels se limitaient à un moment donné aux soins prodigués par les médecins et les infirmiers et infirmières. Aujourd’hui, ils comprennent les services fournis par d’autres professions, comme la physiothérapie, l’ergothérapie, et dans une certaine mesure, la psychologie, l’assistance sociale et le service de pastorale. Même la chiropractie, qui fait traditionnellement partie des professions parallèles, est de plus en plus considérée comme faisant partie du domaine des soins de santé conventionnels. Les tendances observées dans la santé de la population, dans la pratique clinique et dans la recherche médicale montrent bien que les distinctions entre les soins de santé complémentaires et parallèles et les soins de santé conventionnels s’estompent. Par exemple, la médecine familiale et les soins infirmiers adoptent des styles de pratique qui sont plus holistiques et axés sur le patient et qui mettent l’accent sur l’exercice, la bonne alimentation, la gestion du stress et un style de vie équilibré afin d’atteindre et de maintenir un niveau de santé et de bien-être6. La philosophie sur laquelle VISION D ’ UNE DÉMARCHE VII. 95 reposent ces recommandations fait partie intrinsèque de nombreuses pratiques de santé complémentaires et parallèles. De nombreux fournisseurs en approches complémentaires et parallèles en santé se spécialisent dans ces services et représentent ainsi des ressources potentielles pour l’approche conventionnelle. En conséquence, nous estimons qu’un système de soins de santé intégratif rudimentaire existe déjà au niveau des consommateurs, que le sytème évolue et que l’intégration à divers niveaux des soins de santé de ce qui est aujourd’hui des professions parallèles se poursuivra comme le déroulement naturel du jeu des forces en présence dans le système actuel. Cette évolution sera facilitée par une vision systémique. Dans notre vision de l’avenir, les praticiens conventionnels et ceux des approches complémentaires et parallèles œuvrent ensemble au sein d’un modèle de santé systématiquement coordonné, interdisciplinaire, holistique et axé sur le client, dans un système de soins de santé qui offre un éventail plus large de traitements validés de façon empirique et qui non seulement traite la maladie mais également fait activement la promotion de la santé et du bien-être des individus et de la société. Dans ce rapport nous comptons : 1) Présenter un cadre conceptuel qui illustre les similitudes et les différences entre les diverses modalités (complémentaires, parallèles et conventionnelle) et aide à définir des concepts tels que soins de santé holistiques et axés sur le bien-être. 2) Traiter des changements démographiques au sein de la société canadienne et de leurs répercussions sur le système de santé. 3) Démontrer qu’au sein même du système de soins de santé conventionnels apparaissent des forces et des thèmes qui appuient les principes inhérents aux approches complémentaires et parallèles en santé et vice versa: a) Les chercheurs dans le domaine de la santé de la population mettent de l’avant l’idée d’allouer une plus grande proportion des ressources disponibles pour la santé à la prévention de la maladie et aux déterminants non biologiques de la santé. b) Les soins axés sur le patient donnent au client le rôle décisionnel central en ce qui touche les soins de santé qui le concernent. c) Les soins de santé basés sur des preuves fournissent une norme méthodologique et scientifique pour accepter ou rejeter les nouvelles pratiques en matière de soins de santé. Traiter du degré d’intégration aux différents niveaux du système de santé, des différents modèles d’intégration et des moyens et des principes facilitant l’intégration à chaque niveau. VII. 96 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé II. C ADRE DE CONCEPTUALISATION DE SOINS DE SANTÉ Dans cette section, nous clarifions les similitudes et les différences existant entre les hypothèses sousjacentes aux notions de déterminants de la santé, maladie, diagnostic et traitement de santé selon l’approche conventionnelle et les approches complémentaires et parallèles en santé. En règle générale, l’approche conventionnelle se concentre sur les déterminants biologiques de la santé, diagnostique la maladie et la traite. Les approches complémentaires et parallèles en santé se concentrent sur un éventail de déterminants plus large, sur l’évaluation de déséquilibres (physique, affectif, structurel, énergétique, etc.) et sur le rétablissement de ces équilibres afin d’améliorer la santé et le bien-être. Nous allons cependant démontrer qu’il existe au sein de chacun des systèmes de santé (conventionnel et complémentaire et parallèle) toute une gamme de DES PRATIQUES philosophies et de pratiques. À l’examen, bon nombre des pratiques des approches complémentaires et parallèles se révèlent plus proches des pratiques des soins de santé conventionnels qu’elles ne le sont entre elles, et vice versa. Les approches complémentaires et parallèles font également ressortir la tendance des soins de santé conventionnels à négliger les aspects non physiques de la santé et de la maladie. A. Paradigmes de la santé et de la maladie Tataryn7 a proposé un cadre de classification des soins de santé conventionnels, complémentaires et parallèles en fonction des postulats adoptés quant à la nature de la santé et de la maladie. Il retient quatre paradigmes fondamentaux : corps, corps-esprit, corpsénergie et corps-spiritualité (voir tableau 1). Tableau 1: Les quatre paradigmes de T atar yn : classement des thérapies courantes Corps Corps-Esprit Corps-Énergie Corps-Spiritualité Substances Régimes et suppléments naturels Aromathérapie Régime de Gerson Plantes médicinales Régime macrobiotique Cartilage de requin Affirmations/Suggestion Counselling Digitopuncture Acupuncture Danse derviche Exorcisme Interprétation des rêves Thérapies par l’art Hypnose Imagerie/Visualisation Méditation Psychothérapie Médecine ayurvédique Médecine chinoise Thérapie par les crystaux Homéopathie Thérapie magnétique Thérapie par polarité Guérison par la foi Traditions autochtones Imposition des mains Magie/Pratiques occultes Prière Diagnostic psychique Réduction du stress Groupes de soutien Thérapie par la musique Formation en relaxation Qi Gong Réflexologie Reiki Toucher thérapeutique Tai Chi Yoga Interventions psychiques Cérémonies et rites Sacrements/Rites Extraits/ Concentrés Thérapies minérales et vitaminiques Antinéoplastons Thérapies cellulaires Laetrile Ozonothérapie Produits Synthétiques Chimiothérapie 714-X Thérapie par chélation Manipulation physique Exercice Massage Physiothérapie Chiropractie Thérapie hypo/hyperthermique Radiothérapie Chirurgie VISION D ’ UNE DÉMARCHE VII. 97 • Les thérapies que l’on retrouve dans le paradigme « corps », qu’elles soient conventionnelles ou non, sont basées sur le postulat que les mécanismes biologiques constituent les déterminants primaires de la santé et de la maladie. • Le paradigme « corps-esprit » étend le paradigme « corps » pour y inclure des facteurs tels que le stress, le style psychologique adopté et le soutien social comme éléments influençant le niveau de santé ou de maladie. • Le paradigme « corps-énergie » prend pour hypothèse que la santé et la maladie dépendent d’énergies fondamentales, de leur transmission et de leur équilibre, qui sous-tendent des interventions comme l’acupuncture et le toucher thérapeutique. • Le paradigme « corps-spiritualité » implique l’existence d’un ou de plusieurs êtres extérieurs existant au-delà des limites du monde matériel et ayant une influence sur la santé et la maladie, d’où la guérison par la foi. Les thérapies correspondant au paradigme « corps » et aux hypothèses de base qui y sont associées se divisent à leur tour en deux catégories principales : 1) les substances (c’est-à-dire les régimes et suppléments, les extraits et concentrés et les produits synthétiques), et 2) la manipulation physique. Les sous-catégories des « substances » représentent un continuum allant des produits naturels aux produits synthétiques, tandis que les pratiques sous la « manipulation physique » suivent un ordre allant de « naturelles » à « agressives ». B. Deux types de pratiques parallèles en santé Ce cadre illustre bien qu’il existe deux types différents de thérapies complémentaires et parallèles. • Le premier type de thérapies repose sur les mêmes hypothèses de base que les traitements conventionnels en ce qui concerne l’importance accordée au déterminisme biologique dans la santé du corps. Ces types de thérapies complémentaires et parallèles sont simplement des modalités parallèles utilisées pour administrer un traitement axé sur le corps. Comme on peut le voir au tableau 1, les pratiques complémentaires et parallèles figurant sous « substances » et « manipulation physique » diffèrent des thérapies conventionnelles principalement par le mécanisme physique qui permet d’atteindre l’effet biologique recherché. • Les thérapies classées sous les paradigmes autres que « corps » seulement – « corps-esprit », « corpsénergie » et « corps-sprititualité » – représentent des thérapies plus véritablement parallèles que le premier type de thérapies : elles sont en effet basées sur des postulats différents en ce qui concerne les déterminants de la santé et de la maladie. Les thérapies complémentaires et parallèles qui relèvent du paradigme « corps » tendent à être plus « naturelles » que les thérapies conventionnelles de ce même paradigme. Pour la plupart des praticiens conventionnels, l’écart de modalité ou « la transition vers le naturel » est bien moins difficile que le saut conceptuel qui est nécessaire pour passer « horizontalement » d’un paradigme à l’autre. Les thérapies et interventions figurant dans la première colonne du tableau 1, qu’elles soient conventionnelles ou complémentaires ou parallèles, font tellement appel à la même base philosophique que l’on comprend pourquoi les instituts et chercheurs dépendant de financement conventionnel acceptent relativement facilement de les étudier. Par contre, de nombreux consommateurs et praticiens qui croient à la supériorité d’interventions naturelles ont tendance à juger comme « non naturelles » les interventions utilisant des produits chimiques ou synthétiques. Puisque « ce qui est naturel est bon », pour certains, par déduction, « ce qui ne l’est pas est mauvais » et ainsi, de nombreuses thérapies du premier type sont utilisées comme alternatives aux soins conventionnels. Par contraste, les thérapies basées sur des postulats parallèles reconnaissent les déterminants biologiques mais ne s’y limitent pas. Comme intrinsèquement il n’y a pas de désaccord philosophique, on utilise souvent ces thérapies de façon complémentaire, pour venir appuyer un traitement basé sur le corps. C. Similitudes et dif fér ences dans les systèmes de soins de santé Ce cadre de classement a l’avantage de faire ressortir les points communs et les différences existant non seulement entre les thérapies conventionnelles et celles qui ne le sont pas, mais aussi au sein même de la catégorie « conventionnelle » et de la catégorie « VII. 98 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé non conventionnelle ». Le tableau 1 montre clairement que les différentes modalités complémentaires et parallèles sont aussi différentes les unes des autres que des thérapies de la médecine conventionnelle. Par exemple, les herboristes formés en Occident, les naturopathes, les praticiens de la médecine chinoise traditionnelle, les thérapeutes expressifs (thérapie par la musique, par le mouvement, par les arts, etc.) les maîtres du Reiki, les guérisseurs par la foi font appel à des philosophies qui recoupent tous les paradigmes et diffèrent donc considérablement les uns des autres pour ce qui est de la conceptualisation et de la gestion de la maladie. Une diversité semblable se retrouve dans les soins de santé conventionnels. Ces différences touchent principalement les traitements figurant dans la première colonne du tableau 1. Du point de vue des spécialités biomédicales que sont la chirurgie, l’oncologie et la radiothérapie, la santé et la maladie sont seulement fonctions de facteurs biologiques : la maladie se traite donc au moyen de manipulations physiques et chimiques du corps. Les spécialistes de la médecine orthomoléculaire (une petite branche en pleine expansion au sein de la médecine conventionnelle) croient aux « régimes et suppléments » du paradigme « corps », tandis que les chiropracticiens, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes se limitent à la sous-catégorie « manipulation physique ». Les professions touchant les soins infirmiers, la psychologie et l’assistance sociale reconnaissent l’importance de facteurs psychologiques tels que le stress, le mode de vie équilibré, l’influence des facteurs socio-économiques sur la santé et par là adoptent les postulats philosophiques du paradigme « corps-esprit ». Les travaux des chercheurs dans le domaine de la santé de la population appuient la validité de ces postulats. Dans le paradigme « corpsénergie », la formation d’un nombre croissant de médecins inclut le traitement de la maladie et le contrôle de la douleur au moyen de l’acupuncture; il en est de même pour les infirmiers et infirmières qui ont maintenant la formation et l’autorisation voulues pour utiliser le toucher thérapeutique dans les salles d’hôpitaux. Enfin, le service de pastorale s’inscrit dans le paradigme « corps-spiritualité » (l’accent toutefois étant largement mis sur la guérison de l’esprit et non du corps). Le cadre des paradigmes présente certes des limites, comme par exemple la place exacte de chaque thérapie, les débats entre les factions au sein d’une discipline –c’est par exemple le cas des « panachés » et des « purs » au sein du groupe des chiropracticiens – ou encore le classement de thérapies très rares ou mal comprises, mais ces limites sont inhérentes à tout système de classement. Pour le moment, nous trouvons utile le cadre des paradigmes parce qu’il nous guide et nous permet de mieux préciser notre vision d’un système de soins de santé intégré III. SANTÉ , BIEN -ÊTRE , GUÉRISON ET CURE DANS LA PERSPECTIVE HOLISTIQUE Lorsqu’on utilise des thérapies et des pratiques des quatre paradigmes à la fois pour traiter une maladie, on fournit une définition fonctionnelle des soins de santé holistiques. En l’absence de maladie, on peut utiliser un bon nombre de ces pratiques pour promouvoir le bien-être. Un élément puissant et visible des approches complémentaires et parallèles en santé consiste à mettre l’accent sur le bien-être holistique et la qualité de vie : un massage fait du bien et a un effet sur la qualité de vie indépendamment de l’effet qu’il peut avoir sur le corps; il en est de même pour la thérapie par relaxation, l’aromathérapie, le toucher thérapeutique et de nombreuses interventions spirituelles. Pour ceux qui sont atteints de maladies en phase terminale ou de maladies chroniques offrant peu ou pas d’espoir de cure, les pratiques axées sur l’esprit, l’énergie et le spirituel ciblent des dimensions du bien-être qui peuvent leur rendre un certain sens de contrôle. Dans cette perspective holistique, une amélioration du bien-être peut améliorer la santé physique et le bien-être. Ces concepts se retrouvent à la figure 1, qui représente les quatre éléments d’une guérison intégrée ou holistique. Lorsque se produit un dysfonctionnement ou une maladie au niveau mental (sentiment de grande culpabilité, colère réprimée, dépression, etc.), au niveau énergétique (faible énergie vitale, méridien d’énergie bloqué, etc.), au niveau spirituel (rapports avec un Dieu ou son moi profond, recherche d’un VISION D ’ UNEDÉMARCHE VII. 99 sens à donner à un événement, etc.), le déséquilibre peut affecter le corps. Si le déséquilibre mental, énergétique ou spirituel est suffisamment grand ou persiste suffisamment longtemps chez la personne, il finira par affecter l’équilibre interne du corps et se manifestera comme problème physique ou maladie (8). Ainsi, dans la perspective holistique des approches complémentaires et parallèles en santé, c’est en guérissant le dysfonctionnement qui s’est produit au niveau de l’esprit, de l’énergie ou du spirituel que l’on enlèvera une barrière et permettra au pouvoir naturel de guérison du corps d’agir (c’est-àdire de rétablir l’équilibre) et facilitera peut-être ainsi la guérison du corps. Inversement, une maladie du corps (par exemple les maladies chroniques) se répercutera sur le bien-être mental, énergétique et spirituel. Dans ce cas, la guérison des aspects touchant l’esprit, l’énergie ou le spirituel peut contribuer à augmenter le bien-être de la personne en dépit de la maladie physique. Même si elles utilisent parfois un modèle moins multidimensionnel, la plupart des interventions des approches complémentaires et parallèles en santé axées sur le corps sont de nature semblable et cherchent d’abord à faciliter les processus de guérison naturelle du corps – en aidant le corps plutôt qu’en « guérissant » la maladie. Par opposition aux approches parallèles et complémentaires en santé, la médecine conventionnelle cherche à trouver une cure pour le corps et ne fait pas grand’chose pour ce qui est d’une guérison globale de la personne. Le modèle biomédical qui prévaut dans les facultés de médecine est plutôt réductionniste et considère que les symptômes de l’esprit, de l’énergie et du spirituel sont tous causés par le corps. Ils n’existent pas indépendamment du corps et/ou du cerveau et n’ont pas d’influence sur le corps. Les symptômes de la maladie proviennent de dérangements chimiques ou biologiques et doivent être corrigés par des interventions chimiques ou biologiques appropriées. Figur e 1: Modèle intégré de la santé, du bien-être, de la maladie et de la guérison Symptômes de déséquilibr e – esprit, éner gie, spirituel Aspects de la personne dépr ession, retrait, anxiété, ir ritabilité, obsession crise existentielle, aliénation, perte du sens de la vie énergie vitale faible, blocages d’énergie, excédent d’éner gie, déséquilibr e d’éner gie Symptômes physiques Esprit Corps Spirituel maladie, douleur, fatigue, maux de tête, systèmes immunitair es compromis Énergie La santé et le bien-être correspondent à un équilibre et une communication entre les différents niveaux. VII. 100 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé IV. D ÉMOGRAPHIE ET MOTIV ATION DANS L’ UTILISATION DES SOINS DE SANTÉ La perspective holistique envers la santé et les soins de santé constitue un facteur marquant et important dans l’utilisation croissante des approches complémentaires et parallèles en santé, mais il y a de nombreuses motivations à cette utilisation. Tout comme les approches complémentaires et parallèles connaissent une diversité de fournisseurs, d’approches et de produits –à l’image d’ailleurs de ce qui existe dans les soins de santé conventionnels- il y a beaucoup de groupes différents de consommateurs. Chaque groupe – ceux qui se portent bien mais ont des inquiétudes, ceux qui souffrent des conséquences du stress, de maladie mentale, de maladie infectieuse, de maladie grave ou de blessure, d’invalidité de longue durée ou d’un handicap ou encore de maladie chronique et ceux qui sont en phase terminale – est unique quant à ses besoins et aux motivations qui le pousse à recourir aux approches complémentaires et parallèles en santé. Les raisons couvrent toute une gamme allant du maintien de la santé à la palliation des symptômes en passant par l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être, la prévention de la maladie la réduction du stress et le traitement curatif. Eisenberg et al 1 rapportent que 42% des traitements par des approches complémentaires et parallèles en santé avaient pour but de traiter des maladies en cours et que 58% des traitements visaient, au moins en partie, à prévenir les maladies possibles ou à maintenir la santé et la vitalité. Canadiens souffrent d’un ou de plusieurs problèmes de santé chroniques 9. Les changements démographiques permettent de prévoir que la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans augmentera de façon radicale au cours des années à venir. Ce groupe d’âge présente le plus haut risque de maladie chronique et cependant s’attend de plus en plus à rester en bonne santé et actif au fil des ans. Alors que la médecine conventionnelle ne s’est pas penchée sur la promotion d’une vieillesse en bonne santé et n’a pas fait une très bonne promotion du concept, les approches complémentaires et parallèles en santé ont beaucoup à offrir. Cela comprend le counselling au sujet des régimes alimentaires, de l’alimentation et des nutraceutiques, la formation sur l’exercice, la gestion du stress, la promotion de l’intégrité structurelle (physique), l’information sur les influences de l’environnement sur la santé, le counselling sur les buts de la vie et la normalisation de la communication intercellulaire 10. Il s’ensuit que la cohorte des Canadiens qui passeront bientôt le cap des 65 ans a deux fois plus de chances de se tourner vers les approches complémentaires et parallèles en santé : soit pour éviter la maladie et promouvoir un bon état de santé, soit pour traiter leur maladie et améliorer leur qualité de vie s’ils venaient à attraper une maladie chronique. Le sondage sur la santé de la population effectué en 1996 par Statistique Canada indique que 55% des VISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 101 V. T ENDANCES AU SEIN DES SOINS DE SANTÉ CONVENTIONNELS Les changements affectant la démographie et les motivations des consommateurs de soins de santé ne sont pas les seuls facteurs à jouer un rôle dans la croissance des approches complémentaires et parallèles en santé. Dans la présente section, nous traitons de trois thèmes qui prennent forme actuellement au sein de la recherche et des pratiques des soins de santé conventionnels et qui viennent appuyer les préceptes fondamentaux des approches complémentaires et parallèles en santé. Les soins de santé conventionnels, en adoptant plus complètement les tendances et les recherches effectuées par leurs propres disciplines, reconnaissent et adoptent plus largement les forces et la vigueur des approches complémentaires et parallèles en santé. A. Recher ches sur la santé de la population et sur les services de santé On considère souvent la publication du Rapport Lalonde en 197511 par le gouvernement du Canada comme le moment critique où l’on a reconnu que la santé d’une population donnée n’est pas uniquement fonction des services de santé à sa disposition. Les preuves qu’accumulent les chercheurs en santé de la population montrent peu à peu que des facteurs non biologiques (par exemple, les facteurs socio-démographiques que sont le statut socio-économique, les facteurs psychologiques comme le stress, etc.) jouent un rôle critique dans la détermination du niveau de santé d’une population. Lorsqu’ils agissent de concert, ces facteurs semblent affecter la santé directement par le biais de mécanismes généralement mal compris et indirectement par le biais de leur influence sur les facteurs de style de vie (par exemple, le fait de fumer, de faire de l’exercice, de suivre un régime, etc.) et sur l’utilisation des services de santé. Les sondages de santé de la population effectués à grande échelle révèlent aussi, particulièrement lorsqu’on les met en corrélation avec des bases de données médicales, des déterminants non biologiques de la santé. Les études montrent que le sens de contrôle sur son travail que possède un individu combiné au degré de responsabilité du poste qu’il occupe expliquent davantage les variations de présence de maladie coronarienne et de problèmes associés que ne peuvent le faire les marqueurs biologiques et physiologiques traditionnellement utilisés pour prédire la maladie12. Ce type de recherches force à se concentrer sur les facteurs psychologiques, sociaux et économiques qui ont une influence sur la santé. Un deuxième facteur d’importance qui fait son apparition dans les recherches sur la santé de la population est l’importance de la prévention pour rester en bonne santé à long terme. Ces recherches non seulement apportent des preuves que les programmes de dépistage (tels que la mammographie) et d’immunisation ont un fort impact positif mais indiquent également que de tels programmes permettent de réaliser de fortes économies. Les chercheurs dans le domaine de la santé de la population continuent à demander qu’on investisse davantage d’argent et de ressources dans le domaine de la prévention au lieu de continuer dans la voie actuelle, financièrement inefficiente13, qui consiste à traiter les gens seulement une fois qu’ils sont tombés malades. Comme nous l’avons déjà mentionné, et cela correspond bien au message, bon nombre de la plupart des approches complémentaires et parallèles en santé sont utilisées à des fins de prévention pour maintenir un niveau de santé optimal et repousser le processus de la maladie avant qu’il n’apparaisse 13. Les « régimes et suppléments naturels », l’exercice et le massage que l’on retrouve sous la « manipulation physique » du paradigme « corps », la réduction du stress et les techniques de relaxation du paradigme « corps-esprit », de même que bien des pratiques du paradigme « corps-énergie », apportent le plus quand on les utilise de manière préventive pour promouvoir la santé et éviter la maladie. Bien que certaines des pratiques figurant dans les autres catégories du paradigme « corps » puissent également s’utiliser pour ces raisons, on y recourt généralement lors d’un traitement actif, une fois la maladie déclarée. Les approches complémentaires et parallèles en santé et l’approche conventionnelle reconnaissent le besoin de traiter les questions de santé de la population. Elles les abordent de façon limitée. Les VII. 102 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé soins de santé conventionnels n’en ont pas encore fait un domaine de financement prioritaire et les approches complémentaires et parallèles, peut-être par suite de leur rôle aujourd’hui un peu marginal dans le système des soins de santé, se concentrent surtout sur les mêmes principes mais au niveau individuel. Vu la viabilité financière limitée du système actuel de santé, il importe d’utiliser tout ce que les professionnels des approches conventionnelle et complémentaires et parallèles peuvent apporter en termes de compréhension, d’expérience et d’expertise pour améliorer la santé de la population et réduire le fardeau de la maladie. B. Soins axés sur le patient Un modèle clinique axé sur le patient reconnaît le rôle primordial que joue le patient dans sa santé et devient de plus en plus la norme dans les soins de santé conventionnels, particulièrement dans les soins infirmiers et la psychologie, mais aussi en médecine familiale. Une bonne partie du mouvement d’adoption de ce modèle de soins vient des patients eux-mêmes, qui ont exprimé le besoin d’avoir une meilleure communication avec les praticiens, d’avoir un plus grand contrôle sur la prise de décision et d’y participer plus largement, et enfin de voir que l’on porte davantage attention aux soins holistiques des patients. Les patients veulent des médecins qui sont sensibles aux interactions entre l’esprit et le corps et qui sont à même de dépasser l’enveloppe physique pour reconnaître en eux des êtres doués de capacités mentales, affectives et spirituelles et appartenant à des collectivités familiales et sociales. Le rôle central du patient quant à son propre diagnostic, qui à l’origine tenait une place centrale dans la pratique et les soins médicaux, a graduellement évolué de pair avec l’introduction de la technologie médicale14. Dans ce contexte, le patient n’était plus le mieux placé pour décrire son propre état de santé et n’en avait plus la responsabilité. Le médecin, à l’aide de la technologie (les tests sanguins, les électrocardiogrammes, la représentation visuelle par résonance magnétique, par exemple) était en mesure de déterminer objectivement l’état du corps du patient avec beaucoup plus de précision et de nuances que le patient lui-même. Il n’est pas surprenant que ce soit la discipline médicale qui a le moins à faire avec la technologie qui soit à l’origine du rejet de ce modèle implicitement « axé sur la technologie ». Au Canada, la médecine familiale a officiellement adopté un modèle de pratique basé sur des soins axés sur le patient. Ce modèle repose sur six principes directeurs : 1) explorer la maladie et l’expérience de la maladie; 2) comprendre la personne dans sa totalité; 3) trouver un terrain d’entente en ce qui concerne le traitement/la gestion de la maladie, 4) incorporer la prévention et la promotion de la santé; 5) rehausser les rapports médecin-patient; et 6) faire preuve de réalisme15. Outre l’absence de réponse aux traitements conventionnels, ce sont couramment les demandes ou les préférences des patients qui poussent les médecins à s’intéresser aux approches complémentaires et parallèles en santé, à référer leurs patients à des praticiens des approches complémentaires et parallèles ou même à adopter eux-mêmes des approches complémentaires et parallèles16. Cela démontre que le bien du patient transcende, au moins pour certains médecins, les limites entre les soins conventionnels et les approches complémentaires et parallèles. Il y a également eu quelques rapports initiaux qui indiquent que les spécialistes médicaux17 reconnaissent le besoin d’une approche axée sur le patient. On reconnaît communément aux approches complémentaires et parallèles en santé la grande importance qu’elles accordent au bien-être plutôt qu’à la maladie. Cette approche dépasse le simple objectif de maintien de la santé et de prévention de la maladie pour [trad.] « mettre à contribution les sources internes de chaque individu et le faire participer de façon active et consciente au maintien de sa propre santé » 18. Les concepts de « holisme » et de « rapport esprit-corps » occupent une place centrale dans de nombreuses modalités des approches complémentaires et parallèles et correspondent bien aux principes du modèle de soins axés sur le patient, que la médecine conventionnelle est en train de réincorporer. La chiropractie est l’une des professions des approches complémentaires qui a explicitement établi un « paradigme de soins axés sur le patient »19. La promotion explicite d’une approche axée sur le patient dans la prestation de soins de santé provient principalement de spécialités (conventionnelles ainsi que complémentaire et parallèles) dont les pratiques reposent sur les principes du paradigme « corps ». Pour les autres paradigmes, il est moins nécessaire d’expliciter ces principes car les soins VISION D ’ UNEDÉMARCHE VII. 103 axés sur le patient sont au cœur de leurs pratiques. Il est clair, dans tous les paradigmes et tous les types de pratiques, que l’on reconnaît de plus en plus que les soins axés sur le patient constituent un fondement important des soins de santé. C. Pratique basée sur des pr euves Au cours des dix dernières années, la profession médicale, en Amérique du Nord comme en Europe, a rapidement reconnu la valeur de la pratique basée sur des preuves. Cette dernière se définit comme l’emploi consciencieux, explicite et judicieux des meilleures preuves disponibles pour arriver à une décision sur les soins à donner à un patient 20. On a souvent utilisé la pratique basée sur des preuves comme moyen de séparer les approches complémentaires et parallèles en santé des soins de santé conventionnels; selon leurs praticiens, ces derniers sont basés sur des preuves (ce qui se traduit par l’emploi de tests randomisés avec contrôles et la dépendance envers ces tests) tandis que les approches complémentaires et parallèles en santé ne le sont pas (c’est-à-dire qu’elles sont basées sur des anecdotes et des contes populaires). Cette division toutefois est grandement illusoire car il y a encore de nombreux traitements conventionnels qui ne s’appuient pas sur des preuves adéquates. Les rapports sur ce sujet donnent à penser que moins d’environ 30% des pratiques de la médecine conventionnelle sont effectivement basées sur des essais randomisés et contrôlés 21. De plus, au niveau du praticien, l’acceptation de pratiques basées sur des preuves en médecine conventionnelle n’est peutêtre pas aussi courante qu’on le croit souvent. Par exemple, la revue par Astin de la pratique des approches complémentaires et parallèles par les médecins estime que les médecins, lorsqu’ils décident de l’utilité de diverses approches complémentaires et parallèles, ne se basent pas sur des preuves d’efficacité mais sur des considérations économiques régionales et des normes culturelles 16. Il faut noter également que les médecins pratiquants s’opposent souvent à l’adoption de lignes directrices concernant les pratiques basées sur des preuves et des recherches publiées sur les politiques. Certaines professions des approches complémentaires et parallèles en santé ne tiennent pas compte des pratiques basées sur des preuves ou s’y opposent; toutefois, en général, l’importance des pratiques basées sur des preuves augmente dans le domaine des approches complémentaires et parallèles. Un grand nombre d’essais randomisés et contrôlés ont déjà été effectués et sont en cours pour évaluer les thérapies complémentaires et parallèles, notoirement en chiropractie, homéopathie, phytothérapie, acupuncture et massothérapie. Cependant les modalités des approches complémentaires et parallèles en santé font face à des obstacles majeurs en ce qui touche les recherches de haute qualité, y compris : le manque de capacité de recherche, de formation, de financement, de sensibilisation à l’importance de la recherche et d’infrastructure de soutien3, ainsi que des attitudes négatives envers la pertinence de pratiques basées sur des preuves. Les chercheurs, en médecine conventionnelle comme en médecine complémentaire, reconnaissent les difficultés et les limites intrinsèques des méthodes traditionnelles de recherche dans l’évaluation de l’efficacité et de la sécurité de bien des approches complémentaires et parallèles. Les défis que pose l’évaluation de la sécurité et de l’efficacité des approches complémentaires et parallèles se trouvent amplifiés par le manque de normalisation des soins, qui sont individualisés, et par suite, par la difficulté de généraliser. Un nombre croissant d’articles traite de la mise au point d’approches méthodologiques pour étudier l’efficacité des traitements complexes tels que ceux qui sont mentionnés ci-dessus 22,23,24. Il est également important de reconnaître que plusieurs types d’interventions conventionnelles, telles que la chirurgie, la psychothérapie, la physiothérapie et les soins infirmiers, partagent avec les approches complémentaires et parallèles en santé ces questions et ces besoins en matière de méthodologie. Ainsi, lors d’essais randomisés et contrôlés effectués pour déterminer la sécurité et l’efficacité, il est souvent impossible d’avoir recours aux traitements normalisés et au contrôle par double insu contre placebo. Il s’impose de clarifier encore plus non seulement les avantages, mais aussi les limites des pratiques basées sur des preuves dans l’état actuel de la pratique. La conception courante de la pratique basée sur des preuves tend à dévaloriser l’individualité des patients; le centre d’attention de la pratique clinique se déplace subtilement vers le traitement de populations et non plus de patients individuels et l’on n’apprécie pas totalement la VII. 104 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé nature complexe du bon jugement clinique 25, 26. Ce point reflète la tension qui existe entre les soins axés sur le patient et la pratique basée sur des preuves et montre bien pourquoi il est difficile de les combiner. Cette même tension se retrouve entre les approches complémentaires et parallèles en santé et l’approche conventionnelle, l’une – la médecine conventionnelle- mettant beaucoup plus l’accent sur la pratique basée sur des preuves et l’autre – la médecine complémentaire et parallèlesur les soins axés sur le patient. En théorie cependant, pratiquer une médecine basée sur des preuves veut dire intégrer à l’expertise clinique individuelle 20 les meilleures preuves fournies par la recherche systématique. En d’autres termes, l’un ne va pas sans l’autre : sans expertise clinique, la pratique risque de tomber sous le joug de la preuve et d’imposer des traitements qui peuvent être inapplicables ou inappropriés pour un patient particulier. Inversement, sans preuve empirique, les cliniciens courent le risque de traiter les patients selon des méthodes qui sont dépassées ou au moyen de traitements dont on a prouvé l’inefficacité. La pratique basée sur des preuves détient le potentiel d’unification des approches conventionnelle et complémentaires et parallèles en santé : [trad.] « il n’existe pas de médecine parallèle. Il n’y a qu’une médecine scientifiquement prouvée, basée sur des preuves et appuyée par de bonnes données. » (p. 1618) 27 VI. I NTÉGRATION AUX DIFFÉRENTS SANTÉ À L’ HEURE ACTUELLE Le concept d’intégration n’a pas bien été défini jusqu’à présent dans les ouvrages spécialisés. Dans les publications traitant d’intégration, on retrouve les éléments les plus courants tels que la prestation des soins de santé, la gamme de services de soins de santé disponibles, le besoin de se fonder sur des preuves. On trouve par exemple [trad.] « des équipes multidisciplinaires pour fournir un éventail plus large de traitements sûrs et efficaces qui portent sur la totalité de la personne », « mettre une compréhension nouvelle et des outils nouveaux au service de la santé humaine grâce à des fournisseurs de soins de santé pleins d’expérience et au courant des multiples traditions et disciplines qui contribuent à l’art de la guérison » (p. 17)28, ou encore « avoir accès à une plus grande gamme de types de traitements efficaces et sécuritaires » (p. 210) 29. Le Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé décrit l’intégration comme [trad.] « des soins basés sur des preuves et regroupant les traditions thérapeutiques » 30 . Dans les documents, la description la plus courante de l’intégration des approches conventionnelle et complémentaires et parallèles en santé se fait en termes de besoins (besoin de recherche, de formation, de réglementation, de NIVEAUX DES SOINS DE diffusion et d’information) mais jusqu’à présent on s’est peu penché sur les besoins et les questions spécifiques de l’intégration aux différents niveaux de soins de santé. Actuellement, ce qui pousse principalement l’intégration, c’est la demande et l’utilisation accrues de la part de divers groupes de consommateurs (par exemple les groupes d’action pour la lutte contre le cancer du sein et le VIH/SIDA). On reconnaît généralement que cette tendance est celle qui a le plus d’influence pour faciliter l’intégration des approches complémentaires et parallèles en santé et des soins de santé conventionnels 31, et qu’elle a un impact majeur sur d’autres niveaux du système de santé. La figure 2 montre les différents niveaux de soins de santé 32, 33 qu’il faut reconnaître et coordonner pour arriver à un système intégré de soins de santé. La représentation de la figure 2 donne à penser que l’utilisation et la demande accrues de la part des consommateurs ont eu des effets sur d’autres niveaux de soins de santé, en particulier sur les praticiens et que leur groupe combiné a lui-même eu un impact sur les initiatives cliniques et institutionnelles, etc. Nous appelons cela « la VISION D’ UNEDÉMARCHE VII. 105 pression ascendante » pour l’intégration. Dans la présente section, nous décrivons la situation de l’intégration à chacun des six niveaux présentés dans la figure 2 et cernons pour chaque niveau quelques-uns des obstacles à l’intégration. A. Intégration au niveau du consommateur Les consommateurs de soins de santé sont très avancés dans leur intégration des approches complémentaires et parallèles en santé et de l’approche conventionnelle : ils choisissent des praticiens et des produits appartenant à toutes les catégories de services de soins de santé pour créer un ensemble de soins de santé qui répond à leurs besoins personnels et à leurs croyances. L’intégration à ce niveau est limitée par divers facteurs : les ressources personnelles, financières et éducatives; la connaissance des approches complémentaires et parallèles en santé; et les préjugés en ce qui touche l’à propos de différentes modalités complémentaires et parallèles. En tenant compte des facteurs sous-tendant la popularité croissante des approches complémentaires et parallèles en santé (voir la section 1), on peut prévoir que les consommateurs continueront leur recherche d’autres pratiques et services de santé (34). L’intégration fonctionnelle des différentes approches à ce niveau a provoqué une forte pression ascendante pour l’intégration d’autres niveaux de soins de santé. Par exemple, la demande de la part des consommateurs pour des services complémentaires dont l’efficacité est confirmée par des preuves empiriques a joué un grand rôle dans l’intégration de la physiothérapie, de la chiropractie et de l’acupuncture (pour la douleur chronique) et tout récemment de la phytothérapie au sein du système de soins de santé conventionnels. B. Intégration au niveau du praticien des soins de santé La demande de services relevant des approches complémentaires et parallèles en santé a incité quelques praticiens du système de santé à référer des patients à des praticiens des approches complémentaires et parallèles, à fournir eux-mêmes certains de ces services et à s’informer de la sécurité et de l’efficacité des approches complémentaires et parallèles et des postulats sous-tendant ces approches. Les thèmes décrits ci-dessus font penser que les approches conventionnelles et complémentaires et parallèles convergent vers des modèles communs de santé et de traitement. Par Figur e 2: « Pyramide d’intégration » : Degré d’intégration entre l’approche conventionnelle et les appr oches complémentaires et parallèles en fonction du niveau dans le système de soins de santé Niveau dans le système de soins de santé Appr oche conventionnelle en santé Appr oches complémentaires et parallèles en santé Politique de santé Profession/Or ganisme de réglementation Institution Clinique Praticien Consommateur Soins de santé intégrés VII. 106 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé exemple, les disciplines de la médecine familiale et des soins infirmiers partagent avec les modalités complémentaires et parallèles des postulats touchant l’aspect holistique de la santé et les soins axés sur le patient. Les praticiens des soins de santé conventionnels reconnaissent de plus en plus l’importance de prévenir la maladie et de promouvoir la santé; de leur côté, les professions des approches complémentaires et parallèles en santé sanctionnent, en nombre croissant, l’importance de la pratique basée sur des preuves. Ces tendances ont le potentiel voulu pour transformer en alliés les praticiens des soins de santé conventionnels et ceux des approches complémentaires et parallèles en santé 23. À ce niveau l’intégration est limitée par : les ressources personnelles du patient qui doit payer bien des services et produits des approches complémentaires et parallèles en santé, le manque de preuves empiriques, les questions de sécurité et de responsabilité 3. En outre, l’intégration est freinée par les restrictions imposées par les groupes responsables de la réglementation et l’influence subtile mais cependant puissante des attitudes et préjugés des collègues. C. Intégration au niveau clinique Grâce en partie à l’intervention des consommateurs et des praticiens dans le domaine des soins intégrés, il se déroule au Canada et aux États-Unis un nombre grandissant de nouvelles initiatives visant à fournir des soins de santé intégrés au moyen de nouveaux modèles innovateurs de prestation de services. Le Tzu Chi Institute of Complementary and Alternative Medicine à Vancouver constitue un bon exemple d’une institution qui vise à développer et à fournir des soins de santé intégrés afin de soutenir ceux qui veulent adopter de meilleures habitudes de santé, et qui vise également à faire progresser les connaissances touchant les soins de santé et la guérison par la recherche et l’évaluation, la formation et l’apport d’information. Il y a de nombreux défis à relever pour établir de tels modèles, y compris le travail dans de multiples paradigmes de santé qui sont parfois contradictoires et l’évaluation complète et opportune de programmes qui sont continuellement en évolution. Les obstacles les plus notoires sont la difficulté d’obtenir du financement, le manque de preuves « conventionnelles » pour appuyer les pratiques des approches complémentaires et parallèles en santé et les préjugés de la part des tenants du système de soins de santé conventionnels. D. Intégration au niveau institutionnel Il est rare de trouver une intégration claire dans les institutions d’enseignement et de soins de santé. Quelques-unes des institutions les plus progressistes dans le domaine des soins de santé ont des recommandations officielles, des lignes directrices pour la pratique et des cours traitant des approches complémentaires et parallèles en santé 35,36, mais peu de choses quand il s’agit d’intégrer activement les modalités complémentaires et parallèles dans l’ensemble des soins de santé. Cela s’explique par des facteurs uniques à ce niveau d’intégration, tels la philosophie des soins et de la formation qui soulève la question du mandat exact de l’organisation et l’inertie institutionnelle qui favorise l’immobilisme. Le Seven Oaks Wellness Centre, qui est associé à l’hôpital général de Winnipeg, au Manitoba, est la première institution de son genre au Canada, par sa taille et son orientation vers le bien-être. Elle a pour mission de [trad.] « fournir à la collectivité des services qui font la promotion de la santé, prévenir la maladie et l’invalidité et rétablissent le corps, l’esprit et la spiritualité ». Ce centre est en cours d’évaluation empirique, tout comme les programmes de soins intégrés de l’Institut Tzu Chi en ColombieBritannique. La probabilité que l’on répète ce modèle ailleurs dépend de l’impact qu’il aura eu sur des points critiques tels que la réduction de la morbidité et de la mortalité due à la maladie, la diminution du recours aux services conventionnels ou encore l’augmentation de la qualité de vie, de la fonctionnalité, de la longévité, etc. À ce niveau, les obstacles comprennent la situation du système de soins de santé, la période de réduction des dépenses et l’état de surmenage des employés. On a le sentiment de ne déjà pas avoir les ressources humaines et financières suffisantes pour s’acquitter des responsabilités et fournir les soins conventionnels de façon entière et responsable; dans ces conditions, il est difficile d’envisager la possibilité d’ajouter des services ou de la formation. VISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 107 E. Intégration au niveau de la réglementation professionnelle Les professions des approches complémentaires et parallèles en santé qui ont des groupes chargés de la réglementation ont activement poursuivi les questions d’intégration au niveau des organismes de réglementation professionnelle, mais cela demeure très récent et en voie de développement du côté des organismes de réglementation des soins de santé conventionnels. Par exemple, l’orientation d’un patient vers des services de physiothérapie, de massage ou de psychologie se fait depuis des années; toutefois, ce n’est que récemment, et après le règlement d’un long procès intenté par les chiropracticiens 37, que l’Association médicale canadienne a autorisé l’orientation et les échanges professionnels entre ses membres et la profession des chiropracticiens. Le niveau d’intérêt et d’intégration de la part de médecins connus et la demande pour ce genre de services de la part des consommateurs ont fait des approches complémentaires et parallèles en santé le sujet de nombreux ateliers et conférences de formation continue. Certains des obstacles à ce niveau sont semblables à ceux auxquels font face les praticiens à titre individuel mais il en existe d’autres tels que le manque de réglementation de nombreuses modalités des approches complémentaires et parallèles, les inquiétudes touchant la perte d’identité professionnelle et l’impact professionnel et financier possible résultant du partage avec d’autres professions du marché que représente le consommateur de soins de santé. F. Intégration au niveau du système et de la politique de santé L’intégration à ce niveau n’existe presque pas. Cependant, très récemment, sous l’influence de l’aspect économique et des perceptions de leurs consommateurs, les compagnies privées d’assurance au tiers se sont montrées progressistes et ont joué un rôle clé en intégrant de nombreuses pratiques des approches complémentaires et parallèles en santé à celles des soins conventionnels et en y donnant accès à leurs assurés 38. Par exemple, dans la région de la Côte Ouest, au milieu des années 1990, la Croix Bleue a lancé un programme pilote couvrant la naturopathie, l’homéopathie et d’autres approches complémentaires et parallèles en santé. Les gouvernements du Canada et des États-Unis étudient à l’heure actuelle le mouvement des approches complémentaires et parallèles en santé. La Division des systèmes de santé de Santé Canada a reçu le mandat d’examiner l’impact des approches complémentaires et parallèles en santé sur le système de santé et d’envisager les incidences de cet impact sur le renouvellement du système de santé. Trois des instituts canadiens de recherche sur la santé qui ont été récemment établis incluent les approches complémentaires et parallèles comme un thème horizontal important. Sans financement officiel à l’heure actuelle, des universitaires et des cliniciens du Canada entier ont formé un Réseau intégratif de la santé et de la médecine pour se pencher sur les questions systémiques que posent l’évaluation et l’étude empiriques des approches complémentaires et parallèles en santé. À ce niveau, l’un des obstacles principaux est la crainte de voir un élargissement des options de service se traduire par une escalade des coûts de remboursement et de fonctionnement. D’autres obstacles comprennent le manque de connaissances, de formation, de réglementation, de normes, de preuves et de financement. On retrouve parmi les nombreux facteurs à éliminer les influences politiques, la résistance au changement, le parti pris et les préjugés et les questions éthiques et légales. Ainsi que le font ressortir les analyses à ce niveau, plus on s’élève dans l’échelle des soins de santé (voir figure 2), plus il existe de barrières et d’obstacles à l’intégration. Franchir ces obstacles représente une tâche intimidante. Dans la section suivante, nous présentons notre vision de l’intégration et mettons en lumière des façons de faciliter l’intégration à chaque niveau. VII. 108 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé VII. V ISION D ’ UN SYSTÈME DE SANTÉ INTÉGRATIF [Trad.] Le système de santé de demain sera basé sur des preuves et sur le bien-être; il sera axé sur le client, intégré, accessible, abordable et approprié. (M. Spence, février 2001) (39) L’intégration des approches conventionnelles et des approches complémentaires et parallèles permettra [trad.] « de réunir les forces et de faire contrepoids aux faiblesses inhérentes aux différents systèmes de soins de santé, au sein d’une alliance du cœur, de la tête et de la main » (p. 156) 40 La création d’un système intégratif de santé représente une démarche profonde (mais, semble-t-il, nécessaire). Un tel système aurait des résultats positifs pour les utilisateurs des services de santé, pour les praticiens et dispensateurs de soins et pour les décideurs. Il serait fondé sur les valeurs centrales et les principes précisés dans la Loi canadienne sur la santé, auxquels viendraient s’ajouter les notions de choix, de bien-être et de respect mutuel 30. Il obligerait à choisir et à coordonner un grand nombre de groupes de praticiens en santé qui connaissent peu les activités et les bases de données des uns et des autres et partent d’hypothèses de base fondamentalement différentes quant à la nature de la santé et de la maladie. En soutenant un système intégratif à tous les niveaux du système de santé, on contribuerait à établir des services homogènes et transparents et à réduire de beaucoup la nature fragmentée et peu méthodique du système actuel. Il serait de grande importance d’instaurer la collaboration et de créer des partenariats entre les praticiens de l’approche conventionnelle et ceux des approches complémentaires et parallèles. Le gouvernement, les associations professionnelles et les associations de consommateurs devraient soutenir –par des dons financiers et en nature – les efforts déployés pour mettre en œuvre cette collaboration et son but de développement d’un système intégré de soins de santé. Dans cette section, nous traiterons d’abord de la nécessité d’utiliser des critères pour choisir les approches complémentaires et parallèles se prêtant à l’intégration; ensuite nous examinerons les modèles d’intégration possibles. En dernier lieu, pour chacun des six niveaux de soins de santé, nous discuterons des facteurs ayant le potentiel voulu pour faciliter l’intégration. Citons un facteur primordial qui s’applique à chaque niveau : le besoin d’effectuer des recherches pour évaluer la sécurité, l’efficacité et la rentabilité des modalités des approches complémentaires et parallèles. A. Critèr es d’inclusion des approches complémentair es et parallèles On comprend pourquoi l’intégration se fait mieux au niveau individuel qu’aux niveaux professionnel, institutionnel et systémique. Les consommateurs peuvent réagir rapidement et même un peu au hasard, sans avoir à se soucier des incidences de leurs décisions sur d’autres qu’eux-mêmes. Les critères qui guident de telles décisions sont idiosyncrasiques, certains consommateurs faisant de longues recherches avant d’adopter une nouvelle pratique complémentaire ou parallèle, d’autres adoptant peut-être la même pratique parce qu’un ami l’a recommandée ou parce qu’elle correspond à leur vision de la santé, et cela sans se soucier de l’efficacité. Cependant, aux niveaux systémique, professionnel, institutionnel et clinique et au niveau des praticiens, il convient de soigneusement mettre au point des critères pour décider des approches complémentaires et parallèles à inclure et de se baser sur un examen complet des pratiques. Voici trois critères d’importance pour une modalité de traitement : 1) preuve qu’elle est sécuritaire et efficace; 2) preuve qu’elle améliore la qualité de vie; et 3) preuve qu’elle a le potentiel pour prévenir le mal et la maladie. Premièrement, le critère de preuve. Par opposition aux pressions philosophiques, populaires, politiques ou de la base, c’est probablement à long terme le critère le plus défendable et le plus rentable. Toute pratique ou intervention complémentaire ou parallèle qui répond au critère d’efficacité dans des tests cliniques randomisés à double insu devrait faire partie d’un système intégratif en santé. Si elles ont fait leurs preuves, on peut également envisager d’autres méthodes d’évaluation des preuves et inclure des études d’observations si elles ont été correctement effectuées et vérifiées. Par exemple, de VISION D ’ UNEDÉMARCHE VII. 109 nombreuses traditions médicales parallèles ont accumulé de riches connaissances sur l’utilisation médicale des plantes et d’autres pratiques qui ont passé le test du temps. Deuxièmement, la croissance des approches complémentaires et parallèles en santé semble être motivée, au moins en partie, par le désir de rehausser le bien-être et correspond au besoin d’une perspective holistique appliquée à des soins axés sur le patient. Étant donné le vieillissement de la population et le pourcentage croissant de personnes affectées par des maladies chroniques, les questions de qualité de vie prennent beaucoup plus de relief à tous les niveaux de soins de santé. Il s’ensuit que les pratiques en soins de santé qui ont des effets positifs et prouvés sur la qualité de vie et qui, idéalement, ont aussi le potentiel de prolonger la vie constituent des candidats viables pour s’inscrire dans un système intégré en santé. Donnons pour exemple les interventions psychologiques dans le cas de maladies dégénératives comme les maladies cardiaques et le cancer. Des essais randomisés et contrôlés ont montré que ceux qui participent à des groupes de psychothérapie augmentent grandement leur qualité de vie et voient diminuer leur niveau de dépression, d’inquiétude et de fatigue ainsi que leurs symptômes physiques 41. Il y a aussi des preuves que de telles interventions peuvent améliorer la condition de survie, soit directement par des interactions « corps-esprit » 42,43, soit indirectement en améliorant le respect des protocoles de traitement conventionnels. On peut donner comme autre exemple l’utilisation potentielle de l’acupuncture et des nutraceutiques pour atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie et aussi accroître le respect des protocoles de traitement. Troisièmement, les pratiques et interventions en santé qui ont fait leurs preuves empiriquement, d’une façon semblable à ce qui est décrit ci-dessus, et préviennent le mal et la maladie devraient venir s’inscrire dans la médecine intégrative. Les professions des approches conventionnelle et complémentaires et parallèles ont accepté le besoin de prévention, mais la gamme d’interventions est beaucoup plus large dans les approches complémentaires et parallèles que dans l’approche conventionnelle. Le principe de rétablissement de l’équilibre au niveau du corps, de l’esprit et de la spiritualité est à la base de nombreuses interventions complémentaires et parallèles en santé. Les praticiens des approches complémentaires et parallèles qui doivent être intégrés devraient avoir des organismes de réglementation et des normes nationales d’enseignement et de pratique. Les autres facteurs à considérer comprennent l’ampleur de l’utilisation et de la demande actuelles pour les pratiques complémentaires et parallèles, le coût et la facilité d’intégration et les rapports risque/avantage. B. Modèles d’intégration Il convient de se pencher sur des questions éthiques, morales, conceptuelles et pragmatiques lorsqu’on envisage d’intégrer au niveau du système entier des modalités complémentaires et parallèles en santé. La méthode d’intégration constitue un facteur principal à considérer. a. Cooptation Aujourd’hui, par défaut, et généralement une fois que l’on a obtenu des preuves empiriques appuyant l’intervention, l’intégration se fait par cooptation : c’est un praticien de soins de santé conventionnels qui tout simplement fournit les pratiques complémentaires et parallèles en santé. Par exemple, les médecins sont remboursés lorsqu’ils traitent la douleur par l’acupuncture; les praticiens de la médecine chinoise traditionnelle, qui ont mis au point les techniques et la philosophie de l’acupuncture, ne le sont pas. Les physiothérapeutes sont couverts lorsqu’ils prodiguent des massages, mais les massothérapeutes ne le sont pas. Les médecins, qui ont peu ou pas de formation en psychothérapie, gestion du stress, counselling en mariage, etc., sont souvent remboursés lorsqu’ils fournissent des services nés de la psychologie, mais en même temps, la psychologie n’est pas remboursée par le système de soins de santé actuel. Même si la cooptation est l’option appliquée facilement et par défaut, elle est difficile à défendre sur les plans de la morale et de l’éthique. Du côté conceptuel et pragmatique, elle peut aussi se révéler dangereuse, parce que chaque système s’accompagne d’une philosophie et de connaissances diversifiées et souvent compliquées au sujet de la santé et de la maladie, qui situent la technique ou le produit de l’intervention dans un contexte très différent. Par exemple, une cérémonie VII. 110 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé autochtone se déroulant dans une suerie (cabane à suer) est beaucoup plus qu’une séance de sauna, tout comme on ne prescrit pas une préparation homéopathique en vérifiant tout simplement un tableau de correspondance. Les dimensions multiples des interventions, y compris les aspects spirituels, sociaux, affectifs et psychologiques, ont tous un impact mesurable de façon empirique, même s’il est peu compris, sur la qualité et la durée de vie. La cooptation d’une approche ou d’une intervention, si elle ne s’accompagne pas de son contexte naturel, peut réduire de façon dramatique l’effet escompté. La cooptation pourrait aussi étouffer l’évolution et l’acquisition de connaissances d’un système parallèle en santé qui pourrait en fin de compte se révéler plus solide et plus efficace que le système médical conventionnel actuel qui se limite à une philosophie de réductionnisme biologique. b. Coexistence Lorsque la co-optation n’est pas possible, en particulier quand il s’agit de systèmes complets de professions complémentaires réglementées, telles que la naturopathie ou la chiropractie, on est passé par défaut à une coexistence difficile. Dans cette option, on maintient la distinction entre approche conventionnelle et approches complémentaires et parallèles et on met l’emphase à savoir s’il faut maintenir la communication et la collaboration entre les praticiens des deux grands courants, et si oui, de quelle façon (par exemple, réorientation, communication interprofessionnelle, etc.). L’isolement et la méfiance interprofessionnels, l’étouffement des échanges d’informations et la tension que cela occasionne entre le praticien et le VIII. V ERS UNE INTÉGRATION consommateur qui utilise les deux systèmes font également de la coexistence une méthode d’intégration peu désirable. c. Intégration systémique L’intégration systémique concerne l’intégration à l’échelle de tout le système. L’intégration systémique reconnaît les différents niveaux du système de soins de santé, depuis le consommateur jusqu’aux décideurs, et cherche activement à faciliter l’intégration au sein de ces niveaux et entre eux en fonction de processus explicites et rationnels. Il s’agit d’une réponse coordonnée et visionnaire venue du haut à l’égard des pressions venues du bas que subit le système de soins de santé. L’intégration systémique fait la synthèse des preuves empiriques, de la compréhension clinique et du savoir théorique pour arriver à un système de soins de santé intégré qui met en rapport les besoins des consommateurs et des praticiens avec la responsabilité à long terme qui existe envers la société dans son ensemble. Elle reconnaît l’efficience financière et l’avantage humanitaire inhérents à la promotion de la santé et à la prévention de la maladie et étend le domaine des soins de santé qui dépassent les soins apportés à un corps malade pour inclure la promotion et le maintien du bien-être ainsi que la guérison du corps, de l’esprit, du cœur et de l’âme. L’intégration systémique reconnaît l’interdépendance des éléments du système de santé, le rôle et la contribution uniques de chaque niveau en interaction avec les niveaux adjacents en vue de l’intégration des soins de santé. SYSTÉMIQUE Il existe clairement un besoin d’arriver à une intégration systémique du système de soins de santé au lieu de s’en tenir à la cooptation ou la coexistence. Cette intégration doit se baser sur la logique et la vision plutôt que sur l’évolution quelque peu chaotique actuelle. Dans cette section, nous offrons quelques pistes pour l’intégration à chacun des différents niveaux de soins de santé. Il n’est pas possible dans le cadre du présent document ou même d’un seul document, d’offrir un aperçu complet; voici simplement des suggestions et des axes préliminaires. A. Vers une intégration des soins de santé au niveau du consommateur Le manque de connaissances, le manque de formation sur les approches complémentaires et parallèles en santé et les partis pris au sein de la société soulignent bien la nécessité de disposer de V ISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 111 meilleurs renseignements sur les approches complémentaires et parallèles. Il existe actuellement une quantité renversante de renseignements fournis par de nombreuses sources d’information. Malgré cela, les renseignements probants sur l’efficacité et la sécurité sont limités et ce qui existe est souvent contradictoire, inégal et désorganisé. En plus de fournir des renseignements de meilleure qualité aux consommateurs, il est important de coordonner les initiatives et de rendre les renseignements facilement accessibles. Les patients pourront aussi bénéficier d’une formation accrue donnée aux praticiens. Les praticiens de l’approche conventionnelle tout comme les praticiens des approches complémentaires et parallèles en santé devraient être ouverts à l’idée de discuter avec leurs patients de toute la gamme de modalités de traitement et être prêts à le faire, de façon à ce que les patients se sentent libres de parler de leurs besoins et de leurs préférences. Une discussion ouverte augmentera la satisfaction des patients et réduira le risque d’interactions potentiellement néfastes entre les médicaments et les produits naturels. L’accès aux approches complémentaires et parallèles est encore réduit par de forts obstacles financiers. Les plans de soins de santé provinciaux et territoriaux devraient rembourser les patients qui font appel aux services des approches complémentaires et parallèles en santé approuvées et qui ont recours à des produits de santé naturels autorisés (au fur et à mesure qu’ils deviennent réglementés et standardisés). Cela constituerait une étape importante vers l’intégration systémique et donnerait suite à plusieurs des cinq principes de la Loi canadienne sur la santé. B. Vers une intégration au niveau des praticiens des soins de santé La réglementation des professions des approches complémentaires et parallèles en santé et des produits contribuera à donner une légitimité aux approches complémentaires et parallèles et à les rendre transparentes. La réglementation des praticiens, qui relève des gouvernements provinciaux et territoriaux, varie d’une province et d’un territoire à l’autre. Actuellement, plusieurs des professions des approches complémentaires et parallèles sont réglementées ou, dans certaines juridictions, sont lancées dans un processus de réglementation complète (par exemple, la chiropractie, la naturopathie, la massothérapie) tandis que d’autres (par exemple les phytothérapeutes, les homéopathes, les praticiens du Reiki) ne sont pas du tout réglementées par le gouvernement. L’établissement de normes interprovinciales contribuerait au développement d’un système de soins de santé intégrés. Les praticiens de l’approche conventionnelle et ceux des approches complémentaires et parallèles doivent être au courant de leurs champs d’exercice respectifs. Les praticiens des deux groupes qui gardent à l’esprit les capacités de l’autre groupe d’aider les patients et qui rassurent leurs propres patients quant à l’utilisation de différentes options de soins de santé jouent un rôle important en concrétisant la prestation d’un service de soins de santé intégrés. Pour que ce genre de professionnels devienne plus fréquent, il faut adopter une approche différente de l’approche actuelle au niveau de l’enseignement et de la formation des praticiens. Jusqu’à présent, les étudiants en soins infirmiers, en psychologie et en médecine, les médecins en stage et les internes sont presque totalement laissés à eux-mêmes s’ils désirent se familiariser avec les professions ou les produits des approches complémentaires et parallèles en santé. Les philosphies et les pratiques des approches complémentaires et parallèles en santé devraient faire partie des cours structurés des étudiants et leur être présentées. Weil a souligné qu’il n’était pas suffisant de donner aux médecins de nouveaux outils, tels des plantes médicinales en plus de produits pharmaceutiques ou à leur place 44. On devrait plutôt [trad.] « faire prendre un virage à certaines orientations de base de la médecine et se diriger vers la guérison plutôt que vers le traitement des symptômes, vers un lien plus étroit avec la nature, vers un renforcement du rapport médecinpatient et vers une plus grande emphase sur l’esprit et le côté spirituel sans délaisser le corps. » (p. 142) 44. Inversement, de nombreux programmes de formation en approches complémentaires et parallèles gagneraient peut-être à être exposés au paradigme scientifique et au besoin d’évaluer rigoureusement les régimes de traitements. Grâce à Santé Canada et à l’Association des facultés de médecine du Canada, des projets sont en cours actuellement pour promouvoir les approches VII. 112 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé complémentaires et parallèles dans les écoles de médecine. Une plus grande réglementation des professions complémentaires et parallèles de la part des gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que l’adoption prochaine d’un cadre fédéral de réglementation des produits de santé naturels, faciliteraient de tels projets, et particulièrement l’adoption de pratiques basées sur des preuves dans les programmes de formation. Les praticiens des deux types d’approches, conventionnelle et complémentaires et parallèles, dispensent des soins primaires (par exemple, la pratique familiale et la naturopathie). À l’heure actuelle, la réorientation vers des spécialistes se limite aux « spécialistes tech » de l’approche conventionnelle (par exemple, chirurgiens, techniciens de la radiothérapie, etc.). D’autres spécialistes, vers lesquels les fournisseurs de soins primaires devraient pouvoir réorienter des patients, incluent des praticiens accrédités dans le paradigme « corps » (par exemple la phytothérapie, la chiropractie « pure », etc.), dans le paradigme « corps-esprit » (par exemple les psychologues, les thérapeutes utilisant la relaxation, etc.), du paradigme « corps-énergie » (par exemple l’acupuncture, le toucher thérapeutique, etc.) et du paradigme « corps-spirituel » (par exemple le service de pastorale, les traditions autochtones, les guérisseurs par la foi, etc.). C. Vers une intégration au niveau des cliniques de soins de santé Le financement d’une démonstration pratique ou des projets pilotes constituent une façon très utile d’obtenir de l’information sur l’efficacité de l’intégration. On devrait effectuer une évaluation d’initiatives telles que les cliniques de soins de santé intégrés (y compris les cliniques de santé communautaires) et diffuser les résultats de cette évaluation auprès de tous les intéressés. La collaboration dans la recherche et la coordination entre les initiatives de soins de santé intégrés représentent une partie importante de ce développement. Cela pourrait mener à recueillir des données similaires dans une base de données partagée, ce qui permettrait de comparer des populations de patients, des modalités et des résultats de traitement (y compris des évaluations de coûts-bénéfices); cela permettrait aussi de pousser l’évaluation des modèles et de leurs facteurs de succès. Idéalement, on pourrait comparer les résultats avec ceux de patients n’ayant pas recours à des soins intégratifs. C’est ce qui se fait actuellement à l’hôpital Seven Oaks du Manitoba, qui, de concert avec les chercheurs du Manitoba Centre on Ageing, évalue les résultats de l’ajout récent d’un centre de bien-être d’approche holistique. Au fur et à mesure qu’on évalue différents modèles de soins et d’interventions, on pourrait retenir pour expansion supplémentaire ceux qui font preuve d’efficacité, qui apportent un haut niveau de satisfaction aux consommateurs et aux praticiens, et qui, idéalement, ont de faibles coûts de prestation de services. Une telle expansion ne réussirait que si les plans d’assurance provinciaux appuyaient ces initiatives. On rencontre de plus en plus de problèmes chroniques de santé et d’individus que l’on place dans des catégories de diagnostic ‘fourre-tout’ comme, par exemple, la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique et les désordres d’autoimmunisation. On pourrait monter dans plusieurs provinces des projets pilotes de cliniques de diagnostic où les patients souffrant de maladies rares ou difficiles à diagnostiquer et à traiter seraient évalués par des spécialistes du diagnostic bien formés dans le domaine des quatre paradigmes de maladies. Ce type de centre unique pourrait grandement réduire la souffrance humaine en permettant un diagnostic et une orientation appropriés (par exemple, vers les acupuncteurs et les spécialistes de l’équilibre de l’énergie pour le contrôle de la douleur). Il pourrait également réduire les coûts de soins de santé en éliminant « la balade du diagnostic » que fait aujourd’hui le patient et l’utilisation inappropriée de soins de santé relatifs à plusieurs niveaux (par exemple, le traitement par des moyens biomédicaux d’un déséquilibre psychologique, énergétique ou spirituel). Il se fait énormément de recherches sur les phénomènes de « compensation » : qui indiquent que l’ajout que l’ajout de services appropriés à la couverture d’assurance médicale (par exemple de chiropractie 45, de psychothérapie 46,47 etc.) serait rentabilisé par la réduction d’utilisation des services biomédicaux conventionnels. VISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 113 D. Vers une intégration au niveau des institutions de soins de santé Les institutions de soins de santé telles que les hôpitaux communautaires et centres hospitaliers universitaires coordonnent les activités d’un grand nombre de professionnels des soins de santé. Un bon nombre des programmes et services spécialisés qu’on y trouve, tels la chirurgie, les soins à long terme, l’obstétrique, la médecine d’urgence et les soins palliatifs ont une incidence qui peut être très grande sur les aspects physiques et non physiques de la qualité de vie. Il s’ensuit que des services complémentaires et parallèles en santé établis à l’interne et de façon appropriée pourraient constituer des ajouts utiles aux services conventionnels, en fonction de la spécialisation de l’institution, des besoins locaux et des ressources disponibles. Les services pourraient inclure des conseillers d’aide d’urgence pour les salles d’urgence, du counselling et du soutien spirituel dans les pavillons de soins à long terme et de soins palliatifs, des conseillers en phytothérapie et en nutraceutiques pour les patients en chimiothérapie qui désirent tirer le maximum de leurs moyens naturels de guérison, des programmes d’alimentation pour les femmes enceintes et des interventions destinées à contrôler les symptômes telles que l’acupuncture, le toucher thérapeutique, le massage et l’enseignement de la relaxation. Du fait que les opinions et les connaissances sur les services complémentaires et parallèles en santé varient considérablement d’une personne et d’une profession à l’autre, on devrait mettre au point des politiques et des procédures institutionnelles sur les services complémentaires et parallèles et faire passer des praticiens aux consommateurs des messages clairs et cohérents. Grâce à de telles politiques, les communications entre les consommateurs et les professionnels ont tendance à être ouvertes et aisées, et les patients se trouvent encouragés à parler de leur recours aux services complémentaires et parallèles en santé. Ces discussions sont particulièrement importantes vu le potentiel qu’elles ont d’avoir des répercussions sur les régimes de traitement conventionnels. En reconnaissant explicitement l’existence de paradigmes et de méthodes parallèles pour aborder les questions de santé et de guérison, on admet l’incidence de la maladie sur d’autres aspects de la vie (par exemple les côtés psychologique, affectif et spirituel) et également on établit un environnement de guérison sécuritaire, de nature plus holistique et plus axée sur le client. Dans un tel environnement, il est important de fournir, et aux patients et aux praticiens des soins de santé des ressources pédagogiques claires, valables et d’accès facile, comprenant l’accès à Internet, des revues sur les approches complémentaires et parallèles dont les articles sont évalués par des pairs et enfin des listes de praticiens locaux de bonne réputation et dont les services en soins complémentaires et parallèles ne sont pas encore disponibles à l’institution. E. Vers une intégration au niveau des organismes professionnels de soins de santé Les organismes de réglementation professionnelle établissent le cadre philosophique général et les normes de conduite explicites touchant l’exercice professionnel. Lorsqu’ils autorisent leurs membres à réorienter des patients vers d’autres professionnels ou à communiquer officiellement avec ces derniers, les organismes de réglementation contribuent grandement à l’intégration des deux domaines de soins de santé et à l’ouverture de l’interaction entre le patient et le praticien dans le cas de ceux qui utilisent les deux modalités de thérapie (par exemple l’AMC qui autorise les médecins à référer des patients à des chiropracticiens). Il faut engager des discussions officielles et établir des règlements concernant la réorientation vers d’autres types de praticiens de soins de santé. Ces décisions devraient se fonder sur des preuves empiriques et dépendre des décideurs qui ont reçu le mandat et les ressources pour fixer les normes nationales de soins. Les communications interprofessionnelles par le biais d’initiatives de recherches faites en collaboration ou de programmes pédagogiques et d’ateliers seraient avantageuses et aideraient à balayer les fausses idées et à rehausser le niveau d’information des praticiens. D’autres programmes plus novateurs, tels que les bourses universitaires et les stages interprofessionnels, permettraient aux jeunes diplômés ou aux praticiens d’expérience de recevoir une formation directe et d’acquérir de l’expertise dans d’autres systèmes de soins de santé. Ces personnes pourraient alors jouer le rôle d’ambassadeurs et faire le pont entre leurs mondes respectifs. Cela ressemble à des initiatives antérieures grâce auxquelles des médecins ont pu VII. 114 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé recevoir leur certificat en médecine chinoise traditionnelle et des infirmiers et infirmières ont pu être diplômés en toucher thérapeutique et en devenir les ambassadeurs. Ce modèle a été utilisé avec succès dans plusieurs provinces pour la formation des médecins dans le domaine de la recherche sur la santé de la population et l’épidémiologie (se référer au Manitoba Centre for Health Policy et au programme de bourse en évaluation à l’intention des médecins). F. Vers une intégration au niveau des politiques et des systèmes de santé Jusqu’à présent, l’intégration du système de santé s’est effectuée sous la poussée des consommateurs, de leurs demandes et de leurs préférences. Ce qui est maintenant nécessaire pour poursuivre le développement systémique vers une médecine intégrative, ce sont l’appui et l’infrastructure fédérales. La progression des organisations et des professions de soins de santé vers un système intégratif de santé doit être guidée et facilitée : le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans ce processus 48. Une partie de cette responsabilité consiste à donner la vision d’ensemble de ce que serait un système intégratif et également de clarifier les responsabilités logistiques et financières au sein du nouveau système. Même si les provinces et les territoires peuvent jouir d’une marge de manœuvre considérable dans le développement de leurs systèmes de santé, en fin de compte tout système intégratif devra respecter les cinq principes de la Loi canadienne sur la santé : gestion publique, accessibilité, intégralité, universalité et transférabilité. Il est utile et nécessaire de passer par des étapes d’expérimentation et d’évaluation de différents modèles d’intégration (voir discussion cidessus). L’intégration des pratiques et des produits des approches complémentaires et parallèles continuera à mettre à l’épreuve la coordination des responsabilités fédérales, provinciales et territoriales en matière de santé. Alors que les gouvernements provinciaux et territoriaux sont chargés de la prestation des services de santé, des paiements et des remboursements des soins et de la réglementation des praticiens, le gouvernement fédéral est responsable des normes et de la gouvernance des produits de santé (par exemple les plantes médicinales, les produits de santé naturels et les nutraceutiques). L’industrie pharmaceutique exerce une influence majeure sur tous les niveaux du système de soins de santé : il faut s’y intéresser, la suivre, et peut-être la réglementer au niveau des politiques et des systèmes de soins de santé. Du fait qu’elles ont un intérêt direct dans le modèle biologique de la santé et des soins de santé, les compagnies pharmaceutiques représentent à la fois une bénédiction et une malédiction pour les soins de santé conventionnels. Ces compagnies privées, à but lucratif, sont à l’origine du développement et de la diffusion des agents biologiques les plus puissants et efficaces mis à la disposition du système de soins de santé. Cependant, les consommateurs sont renseignés sur le modèle biologique et les options de traitement possibles; ils sont poussés à les adopter et ne consacrent pas beaucoup d’attention aux options et aux produits que leur offrent les approches complémentaires et parallèles, et dont pourtant beaucoup sont, de façon claire, plus rentables et plus efficaces à long terme 43. Cela crée des conflits d’intérêts et des dilemmes d’éthique que les décideurs doivent examiner dans le cadre d’un système intégratif de soins de santé, particulièrement étant donné l’expansion croissante de l’industrie pharmaceutique dans le domaine des produits de santé naturels. VISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 115 IX. D ÉCLARATION DE CLÔTURE La société a immensément bénéficié du modèle biomédical des soins de santé et des progrès biologiques et technologiques qu’il a rendus possibles dans le diagnostic et le traitement. Au cours des décennies écoulées, les soins de santé conventionnels ont incorporé les techniques et les perspectives d’autres professions, ajoutant à nos options la physiothérapie et l’ergothérapie, les services psychologiques et le counselling, et tout récemment la chiropractie. En même temps, les approches complémentaires et parallèles en santé se sont rapidement développées et ont eu une grande incidence sur le système de soins de santé actuel. Cela a créé de nombreuses occasions nouvelles de traitement plus holistique, mais a aussi provoqué entre les professions des approches complémentaires et parallèles et celles de l’approche conventionnelle des tensions qu’il faut reconnaître et éliminer. L’intégration des soins de santé par les consommateurs (et à un degré moindre, les praticiens) crée une pression vers le haut en faveur d’une intégration systémique des services à tous les autres niveaux du système. On s’attend à ce que cette tendance se poursuive. Ce processus d’intégration se trouve aidé par les tendances actuelles en soins de santé conventionnels, y compris l’attention accrue portée aux soins axés sur le patient et aux preuves validant les traitements, la reconnaissance accrue accordée à l’importance de la promotion de la santé et la prévention de la maladie, et l’appréciation plus vaste des déterminants psychologiques et sociaux de la santé. L’expansion continue des soins de santé conventionnels qui mène à l’inclusion des approches complémentaires et parallèles en santé, avec leurs croyances différentes et leurs connaissances expertes des déterminants non biologiques de la santé et du bien-être, poursuit simplement cette tendance vers l’intégration et l’amplifie. Les soins de santé conventionnels sont sur le point de devenir ce qu’ils ont toujours voulu être : un système de santé réellement efficace, explicitement compatissant, intégré, qui, dans le contexte étendu de la famille et de la société, soigne le corps, l’esprit, le cœur et l’âme des gens avant qu’ils tombent malades et aussi après. VII. 116 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé X. R ÉFÉRENCES 1 2 3 4 5 Eisenberg, D.M., R.B. Davis, S.L. Ettner, S. Appel, S. Wilkey, et al. 1998 Trends in alternative medicine use in the United States, 1990-1997. JAMA. 280 (18): 1569-1575. Panel on Definition and Description. 1997. 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Ottawa: Division des systèmes de santé, Direction générale de la politique et des communications, Santé Canada. 31 Pelletier, K.R., Astin, J.A., and Haskell, W.L., Current trends in the Integration and Reimbursement of Complementary and Alternative Medicine by Managed Care Organizations (MCOs) and Insurance Providers: 1998 Update and Cohort Analysis. American Journal of Health Promotion 1999; 14(2):125133. 32 Findlay, B. 1998, 1999. Verbal communication of levels of integration in health care including individual, clinical and health system integration. 33 Best, A. B., and D.C. Glik. 2000. Research as a tool for integrative health services reform. In: Complementary therapies. Kellner and Wellman Eds. 34 Healthcast 2010. 1999. Smaller world, bigger expectations. Pricewaterhouse Coopers. 35 Wetzel, M.S. 1998. Courses involving complementary and alternative medicine at US medical schools. JAMA. 280: 784-787. 36 Ruedy, J., D.M. Kaufman, and H. MacLeod. 1999. 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Effect of psychosocial treatment on survival of patients with metastatic breast cancer. Lancet. 888-891. 43 Ornish, D., S.E. Brown, L.W. Scherwitz, et al. 1990. Can lifestyle changes reverse coronary heart disease? Lancet. 226: 129-133. 44 Weil, A. 2000. The significance of integrative medicine for the future of medical education. The American Journal of Medicine. 108(5): 441-43. 45 Manga, P., D. Angus, C. Papadopoulos, and W. Swan. 1993. The effectiveness and cost-effectiveness of chiropractic management of low back pain. Richmond Hill: Kenilworth Publishing,1-104. 46 Bower, P., Byford, S., Sibbald, B., Ward, E., King, M., Lloyd, M., and Gabbay, M. 2000. Randomised controlled trial of non-directive counselling, cognitive-behaviour therapy, and usual general practitioner care for patients with depression. II: Cost effectiveness. BMJ. 321(7273): 1389-92. 47 Guthrie, E., Moorey, J., Margison, F., Barker, H., Palmer, S., McGrath, G., Tomenson, B., and Creed, F. 1999. Cost-effectiveness of brief psychodynamic-interpersonal therapy in high utilizers of psychiatric services. Arch Gen Psychiatry. 56(6): 519-26. 48 Niessen, L.W., Grijseels, E.W., and Rutten, F.F. 2000. The evidence-based approach in health policy and health care delivery. Soc Sci Med. 51(6): 859-69. V ISION D’ UNE DÉMARCHE VII. 119 N OTICES B IOGRAPHIQUES AUTEURS Rona Achilles Rona Achilles, Ph.D. est professeure adjointe au Département des sciences de la santé publique, à l’Université de Toronto. Elle est aussi consultante indépendante en matière de politique de la santé. Elle était auparavant coordonnatrice de la recherche sur la santé sexuelle au Département de la santé publique de la Ville de Toronto. Elle a aussi travaillé à titre de consultante auprès de la Commission royale sur les nouvelles technologies de reproduction et a publié de nombreux ouvrages sur leurs aspects psychosociaux. Plus récemment, elle a été chercheure principale du projet financé par le Fonds de Santé Canada pour la santé de la population, Les approches complémentaires et parallèles en santé - un aperçu canadien, mené par le Centre des études sur la santé de l’Université York. Le groupe consultatif sur les soins de santé complémentair es et parallèles Ce groupe de consultation externe de Santé Canada a été convoqué pour la première fois en janvier 1999 pour conseiller la Division des systèmes de santé en ce qui a trait aux effets sur le système de santé des approches complémentaires et parallèles. Les secteurs d’intérêt comprenaient : le développement d’un modèle de soins de santé intégrés, les approches éducatives, l’information et le choix éclairé, l’interface praticiens-produits et les problèmes des ressources humaines des services de santé. James T. Casey James T. Casey est un associé principal de la firme d’avocats Field Atkinson Perraton, d’Edmonton.Me Casey a été conseiller juridique auprès de plusieurs organisations professionnelles, dans tous les secteurs de la réglementation des professions, comprenant la législation, la discipline, l’étendue de la pratique et les relations avec le gouvernement. Il a conseillé DES des organismes gouvernementaux en la matière, aux niveaux fédéral et provincial. Le gouvernement provincial de l’Alberta a retenu ses services pour l’élaboration de sa nouvelle Loi des professions de la santé. Me Casey a publié plusieurs ouvrages, notamment un classique, intitulé The Regulation of Professions in Canada, qui traite du sujet sous tous ses aspects. Le livre sert de référence partout au Canada aux personnes concernées par le sujet et il a fait l’objet de citations dans de nombreuses causes devant les tribunaux du pays. En 1999,Me Casey a fait, pour un comité fédéral-provincial-territorial, une revue et une analyse de toutes les lois touchant les professions au pays. Il a aussi été conseiller juridique auprès de plusieurs équipes de travail qui se sont penchées sur les problèmes de réglementation des professions. Il prend souvent la parole devant des organismes professionnels, d’affaires ou communautaires et il a co-présidé des colloques sur le sujet à Toronto, Vancouver et Halifax. Il donne aussi des cours trimestriels à la faculté de droit de l’Université de l’Alberta. Theodor e de Br uyn Theodore de Bruyn est consultant en politique de la santé. De 1994 à 1996, il a été conseiller principal en matière de politique auprès du Secrétariat national sur le SIDA, à Santé Canada. À titre de consultant, Theodore de Bruyn a travaillé dans les secteurs suivants : le VIH et le SIDA, la santé mentale, les thérapies complémentaires et parallèles, et la santé de la population. Il a écrit sur les questions juridiques et éthiques reliées au VIH et au SIDA, et il préside le comité national de révision des normes éthiques du Réseau canadien d’essais sur le VIH et le SIDA (Canadian HIV/AIDS Trials Network). Theodore de Bruyn détient un Ph.D. en théologie et poursuit un programme de recherche sur l’histoire des religions. Il participe à la révision des publications de la Corporation canadienne des sciences religieuses. NOTICES BIOGRAPHIQUESDES AUTEURS 121 Frances Picherack Frances Picherack, BScN, M.Ed, RN, R.Ac, est présidente des sociétés de consultants F. Picherack & Associates et Petrine Consulting Inc. Analyste de politiques, elle est consultante en planification et en gestion et se spécialise dans l’organisation, le financement et la réglementation des questions affectant le résultat, la reddition des comptes et la confiance publique dans le système de santé. Elle a participé à la réforme des soins et de la réglementation en matière de santé avec les associations provinciales et nationales, les organismes de réglementation et les gouvernements de l’Ontario, de l’Alberta et de la ColombieBritannique. Outre la conception de systèmes dans ce secteur, Mme Picherack a fourni des services de gouvernance, d’élaboration de politiques, de planification de programmes et de gestion pour le compte des parties intéressées, notamment : les organismes de réglementation, les stratèges politiques, les associations provinciales et nationales, les employeurs, les syndicats, les assureurs, les bureaux des protecteurs du citoyen, les professionnels de la santé et le public, en ce qui a trait aux mécanismes spécifiques de réglementation et aux problèmes afférents. Mme Picherack s’est occupée abondamment de conception, de mise en œuvre et de gestion du changement dans les secteurs suivants : éléments essentiels ou mécanismes de la réglementation courante des professions de la santé, étendue de la pratique, protection des titres, conditions d’entrée dans la pratique, normes de pratique, programmes de maintien de la compétence, codes de déontologie, contrôle, restriction et réservation des actes, plaintes et procédures disciplinaires, résolution parallèle des conflits à la suite de plaintes concernant les membres inscrits ou les modalités de fonctionnement des collèges ou associations.Mme Picherack est professeure adjointe à la faculté de nursing de l’Université de l’Alberta. Douglas T ataryn Le Dr Douglas Tataryn est professeur adjoint en sciences de la santé et en médecine familiale à la faculté de médecine de l’Université du Manitoba. Avant de quitter l’enseignement pour la pratique 122 Perspectives on Complementary and Alternative Health Care privée en psychologie clinique, le Dr Tataryn a été à la fois professeur adjoint à la faculté de nursing et psychologue à la clinique de recherche de Cancer Care Manitoba (CCM; auparavant Manitoba Cancer Treatment and Research Foundation). Le Dr Tataryn avait aussi occupé pendant cinq ans un poste post-doctoral au Centre manitobain d’élaboration et d’évaluation des politiques, qui l’a mené à la rédaction de plusieurs rapports exemplaires sur la santé mentale et l’exploitation médicale de la population du Manitoba, et à la réception d’un fellowship post-doctoral de l’Institut national du cancer du Canada pour étudier les déterminants psychosociaux de la santé et du bienêtre chez les patients cancéreux. L’intérêt premier du Dr Tataryn en matière de recherche porte sur la médecine psychosomatique, notamment sur la compréhension du rôle du stress et des facteurs psychologiques dans l’étiologie et la progression des maladies chroniques et sur les aspects théoriques de la médecine parallèle et complémentaire. Le Dr Tataryn a aussi aidé à mettre au point le programme du CMM sur les « approches psychosomatiques de relaxation » pour les personnes qui ont un cancer ou une autre maladie chronique. Il siège à plusieurs comités consultatifs, nationaux et locaux, en matière de santé et a donné plusieurs conférences sur les questions courantes en matière de médecine parallèle et complémentaire au Canada et à l’étranger. Sally Thor ne La Dre Sally Thorne est professeure à l’école de nursing de l’Université de la Colombie-Britannique et professeure adjointe à l’Institut de recherche sur la promotion de la santé. Elle est l’auteure de Negotiating Health Care: The Social Context of Chronic Illness (Sage, 1993) et co-rédactrice de Nursing Praxis: Knowledge and Action (Sage, 1997). Par ailleurs, elle a rédigé de nombreux articles et chapitres traitant de la portée de la prestation des services de santé sur les maladies chroniques et l’expérience du cancer. La Dre Thorne fait partie du conseil des fiduciaires de la British Columbia Cancer Agency, du comité permanent des fiduciaires de l’Association canadienne des organismes provinciaux de lutte au cancer ainsi que du groupe consultatif de Santé Canada sur les soins de santé complémentaires et parallèles. Marja Verhoef La Dre Marja Verhoef est professeure adjointe au département des sciences de la santé communautaire et de médecine à l’Université de Calgary. Elle a une maîtrise en sociologie et un doctorat en épidémiologie. La Dre Verhoef est aussi directrice de l’Alberta Consultative Health Research Network, financé par l’Alberta Heritage Foundation pour la recherche médicale. Ce réseau a pour objet d’établir la capacité de recherche de la province en matière de santé. Les recherches du Dre Verhoef portent, entre autres sujets, sur le recours aux thérapies complémentaires chez diverses populations (modèles, déterminants, raisons et croyances), sur la communication patient-médecin au sujet des thérapies complémentaires, sur les opinions et les comportements des médecins (formation, consultation et pratique) et sur les perspectives des praticiens des thérapies complémentaires concernant le soin des patients. Dre Verhoef enseigne les méthodes de recherche aux étudiants des grades supérieurs. Elle s’intéresse vivement à la combinaison des aspects quantitatifs et qualitatifs de la recherche. NOTICES B IOGRAPHIQUES DES AUTEURS 123