Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en

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Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en
Perspectives sur
les approches
complémentaires
et parallèles en santé
Recueil de textes préparés à l’intention de
Santé Canada
Perspectives sur
les approches
complémentaires
et parallèles en santé
Recueil de textes préparés à l’intention de
Santé Canada
Notre mission est d’aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à
améliorer leur état de santé.
Santé Canada
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La reproduction de ces textes à des fins non-commerciales est autorisée si elle vise
l’enseignement ou les études cliniques. Il est demandé de faire état de la provenance
des textes reproduits.
Les points de vue exprimés dans les textes de ce recueil sont ceux des auteurs et ne
représentent pas nécessairement ceux de Santé Canada
Also available in English under the title:
Perspectives on Complementary and Alternative Health Care
a collection of papers prepared for Health Canada
© Sa Majesté la Reine, représentée par le Ministre des travaux publics et des
services gouvernementaux Canada, 2001
No de cat. H39-572/2001F
ISBN 0-662-85660-0
TABLE
DES MATIÈRES
ii
Remerciements ..............................
Introduction .................
I
Définition des approches complémentaires et parallèles en santé : document de travail
II.
Rappor t d’étape : questions de politiques associées aux approches
complémentair es et parallèles en santé
III
La nécessité des lignes directrices : questions d’éthique associées
à l’utilisation d’approches complémentaires et parallèles en santé aujourd’hui au Canada
IV
Vers un système intégratif de santé : document de travail
V.
Jour née d’étude sur invitation - information et choix éclairé : rapport
VI.
La réglementation des praticiens utilisant des approches complémentaires
et parallèles en santé : considérations pour l’élaboration de politiques
VII
Intégration de l’approche conventionnelle et des approches
complémentair es et parallèles en santé : vision d’une démar che
Notices Biographiques des Auteurs
T ABLE
D E S M AT I È R E S
R EMERCIEMENTS
Nous désirons remercier les auteurs dont les travaux
constituent le présent recueil : Rona Achilles, James
Casey, Theodore de Bruyn, Frances Picherack,
Douglas Tataryn, Sally Thorne, et Marja Verhoef.
Nous voudrions aussi souligner l’apport des membres
externes du Groupe consultatif de Santé Canada sur
les approches complémentaires et parallèles en santé
en ce qui concerne les sections III et IV. Nous
Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
remercions aussi nos collègues de division, en
particulier Isabelle Caron, Lorraine Chiasson, Liette
Gardner, Julie Gravel, et Ginette Renaud pour leur
contribution à la préparation d’un recueil bilingue.
Robert Shearer et Joan Simpson,
Division des systèmes de santé, Santé Canada,
15 mai 2001
I NTRODUCTION
Les Canadiens font aujourd’hui preuve d’intérêt pour
tout un éventail d’approches en santé qui, jusqu’à tout
récemment, étaient jugées comme ‘ne faisant pas
partie’ des soins de santé conventionnels de
l’Amérique du Nord. Des approches telles que la
naturopathie, les remèdes à base de plantes,
l’acupuncture et la chiropractie, pour n’en nommer
que quelques-unes, qui sont maintenant très en
demande.
Le domaine des approches complémentaires et
parallèles en santé (ACPS) s’accompagne d’enjeux et
de questions complexes. Jusqu’à quel point les limites
séparant la médecine complémentaire et parallèle de la
médecine conventionnelle sont-elles fixes? N’est-il pas
vrai que ces deux types de médecine partagent une
vision holistique de la santé qui intègre la prévention et
la promotion de la santé? Une approche est-elle encore
‘parallèle’ si elle est utilisée dans le cadre d’exercice des
praticiens de santé réglementés? Pourquoi certaines
ACPS sont-elles reconnues et réglementées dans
certaines juridictions provinciales et territoriales et non
dans d’autres? Quelles sont les questions d’éthique que
pose le recours aux ACPS? Quelles sont les questions
associées à la reconnaissance, au droit d’exercer et à la
réglementation des praticiens des ACPS? Quels
mécanismes pourrait-on utiliser pour coordonner
l’intégration des ACPS et l’approche conventionnelle
en santé?
On peut considérer l’utilisation des ACPS comme une
question en évolution qui a de sérieuses incidences sur
la prestation des soins de santé au Canada. Il est clair
que les ACPS ont une popularité croissante et que le
public en désire davantage. Il est également évident
que les Canadiens ont recours aux ACPS avec ou sans
la participation des practiciens de soin de santé
conventionnels ou même de tout autre practicien.
Au milieu de l’année 1998, la Division des systèmes
de santé (qui faisait alors partie de la Direction
générale de la promotion et des programmes de santé
I NTRODUCTION
à Santé Canada) commença à explorer l’impact
qu’avait et pourrait avoir l’utilisation des ACPS sur le
système des soins de santé. Dans une perspective de
santé de la population, la Division étudia le rôle
potentiel des ACPS dans le contexte de la promotion
de la santé, de la prévention des maladies et de la
gestion de la santé et des conditions connexes à toutes
les étapes de la vie. Les études subséquentes visèrent à
approfondir notre compréhension des enjeux que
soulèvent les ACPS dans le domaine des politiques,
particulièrement les études et la formation, la
réglementation, l’utilisation par les consommateurs,
l’accessibilité, l’information et le choix éclairé.
En 1999, le York University Centre for Health
Studies entreprit un projet financé par le Fonds pour
la santé de la population et par la Stratégie
canadienne sur le VIH/SIDA. Ce projet mena à la
préparation d’un rapport intitulé ‘Les approches
complémentaires et parallèles en santé - un aperçu
canadien’. Diffusé à l’automne 1999, ce rapport
constitue pour le Canada un point de repère
important sur le sujet. Le rapport est disponible sur le
site Web de l’université à l’adresse :
www.yorku.ca/research/ychs.
C’est également en 1999 qu’a été formé le
Groupe de consultatif sur les approches
complémentaires et parallèles en santé dans le
but d’aider à cerner les principales questions que
soulèvent, pour le système de santé les approches
complémentaires et parallèles et aussi de suggérer
pour l’avenir des domaines d’étude ayant une
importance stratégique. Ce groupe continue à jouer
ce rôle consultatif et se penche maintenant sur les
questions de formation des praticiens en santé,
aussi bien les praticiens des ACPS que les praticiens
conventionnels, ainsi que sur les enjeux en matière
de ressources humaines dans ce secteur.
Parmi les activités entreprises par la Division des
systèmes de santé entre janvier 2000 et mars 2001, il
faut noter les documents de discussion qui ont été
préparés sur toute une gamme d’aspects des approches
complémentaires et parallèles afin de contribuer à une
meilleure compréhension des enjeux. Ces documents
prennent comme point de départ ‘L’Aperçu canadien’
et les résultats du Groupe consultatif. Les documents
contenus dans le présent recueil proviennent des
travaux effectués entre avril 2000 et mars 2001.
En juillet 2000, la Division des systèmes de santé fut
Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
intégrée à la Direction générale de la politique de la
santé et des communications. Ce regroupement offre
la possibilité de se concentrer davantage sur les
questions de politiques en ce qui concerne l’impact
présent et futur des approches complémentaires et
parallèles en santé sur les systèmes de santé.
Dans son rapport ‘Définition des approches
complémentaires et parallèles en santé’, Rona
Achilles passe en revue les questions touchant la
définition des ACPS et délimite le domaine des
ACPS et celui des approches conventionnelles. Le
rapport comprend une revue et une analyse à jour des
définitions, systèmes de classification et critères
proposés pour les ACPS et couvre également les
fonctions et la définition du système de santé.
[complété en avril 2000]
‘Rapport d’étape : questions de politiques associées aux
approches complémentaires et parallèles en santé’,
préparé par Theodore de Bruyn, offre une synthèse
basée sur toute une gamme d’informations tirées des
principaux documents canadiens et internationaux sur
les ACPS et fait ressortir les incidences en termes de
politiques. Les domaines couverts comprennent les
concepts et les catégories, l’utilisation chez les
consommateurs, l’intégration, l’information, la
réglementation, les études, la couverture d’assurance et
la recherche. [complété en avril 2000]
‘Vers un système intégratif de santé’ est le fruit du
travail du Groupe consultatif sur les approches
complémentaires et parallèles en santé. Il vise à
étudier les incidences de l’utilisation croissante des
thérapies et pratiques relevant des ACPS afin de
préparer le terrain à un nouveau modèle intégrant les
approches complémentaires et parallèles et les
approches conventionnelles, nouveau modèle qui
reste à décrire et à discuter. [complété en juillet 2000]
Le Groupe consultatif a également préparé un
document intitulé ‘De la nécessité des lignes
directrices : questions d’éthique associées à l’utilisation
d’approches complémentaires et parallèles en santé
aujourd’hui au Canada’. Une version résumée de ce
document figure dans le présent recueil grâce au
travail de Sally Thorne, qui est membre du Groupe
consultatif. [complété en janvier 2000]
En novembre 2000, Santé canada organisa une Journée
d’étude sur invitation portant sur l’information et le
choix éclairé dans l’utilisation des approches
I. D ÉFINITION
DES APPROCHES
COMPLÉMENT AIRES ET PARALLÈLES
EN SANTÉ
par Rona Achilles
« Tout comme les moyens de transport et de communication modernes percent les frontières du temps et de l’espace
qui divisaient autrefois les êtres humains en des territoires isolés, les frontières culturelles et philosophiques séparant l’Est
de l’Ouest s’effacent, lentement mais sûrement, malgré l’opposition opiniâtre de traditionalistes intransigeants dans les
deux camps. Nulle part ailleurs les murs ne tombent plus rapidement que dans le domaine de la santé : il devient de
plus en plus évident que l’art de guérir traditionnel de l’Est et la technologie médicale moderne de l’Ouest sont des
branches complémentaires du même arbre et qu’elles offrent ensemble un tableau beaucoup plus complet de la santé
ainsi que des thérapies beaucoup plus efficaces que l’un ou l’autre camp ne pourrait réaliser à lui seul.
La maladie et la dégénération ne connaissent pas de frontières, pas plus que les thérapies utilisées pour leur traitement.
Ce qui importe en médecine est le caractère utilitaire pratique de celle-ci, non sa concordance théorique avec des
concepts influencés par la culture. Face à la crise mondiale en matière de santé que nous connaissons aujourd’hui, tant
les médecins que les patients peuvent faire appel à tout un éventail de moyens, qu’ils proviennent de la science ou de la
théorie, des temps anciens ou des temps modernes, de la Chine ou de l’Amérique ».
[traduction libre]
(Tiré de The Complete Book of Chinese Health & Healing. par Daniel Reid., 1994. Réimprimé avec l’accord de
Shambhala Publications, Inc., Boston, www.shambhala.com )
I.b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
I.21971
TABLE
DES MATIÈRES
I.d
Sommair e...........................
Introduction ......................
Définitions .........................
Systèmes de classement ...
I.5
Fonctions ...........................
Caractèristiques/critères
...
I.8
Conclusion ........................
Répercussions ...................
Ouvrage de référ ence .......
I.12
Appexe A Thérapies, pratiques et praticiens paraissant dans diverses enquêtes
Appexe B Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins (www
...................................I.14
.fraserinstitute.ca) ......................I.15
Appexe C Les quatre paradigmes de T atar yn de la santé et de la maladie ..............................................I.16
D ÉFINITION
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
E T PA R A L L È L E S
EN SANTÉ
I. c
SOMMAIRE
Ce document est une révision des questions liées à la
définition des approches complémentaires et
parallèles en santé (ACPS) et à la délimitation de
frontières entre celles-ci et la médecine
traditionnelle. L’auteure examine et analyse les
définitions actuelles, les systèmes de classement ainsi
que les critères et les caractéristiques des ACPS. La
plupart des études divisent les soins de santé en deux
secteurs d’activité, à savoir les ACPS et la médecine
traditionnelle, concédant à cette dernière un
caractère normatif au sein du système de santé tout
en présentant un modèle périmé de la médecine
conventionnelle. Les principales initiatives
stratégiques des dernières décennies comme la
prévention, la promotion de la santé et les approches
en santé de la population sont exclues de ce cadre.
De plus, en s’inspirant de la sociologie et de
l’anthropologie médicale, elle brosse un tableau de
I.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
fonctions potentielles du système de santé. L’auteure
conclut que le fait de définir les ACPS et de
délimiter les frontières entre celles-ci et la médecine
conventionnelle peut nécessiter une redéfinition des
soins de santé incluant l’importance qu’il faut
accorder à la façon d’aborder les problèmes de santé
et la maladie, de promouvoir la santé ainsi que de
prodiguer les soins aux individus souffrant d’une
maladie, et favoriser la guérison ainsi que le
rétablissement de la santé. Elle y suggère diverses
répercussions en regard de la planification des
politiques en matière de santé de même qu’en ce qui
a trait à l’élaboration de programmes et à la
prestation de services.
Les points de vue exprimés dans ce rapport sont ceux
des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux
de la Division des systèmes de santé, Santé Canada
I NTRODUCTION
L’usage des approches complémentaires et parallèles
en santé (ACPS) au Canada s’est intensifié au cours
de la dernière décennie. Les expressions « thérapies
parallèles » ou « soins complémentaires » font
désormais partie de notre langage de tous les jours
pour parler de ces pratiques et de ces thérapies.
Lorsqu’on leur demande ce qu’ils entendent par «
parallèles », la plupart des gens feront allusion aux
herbes, aux vitamines, à l’acupuncture et peut-être à
d’autres pratiques telles l’aromathérapie et le
massage. Ils peuvent également penser qu’ils ne
peuvent se procurer ce genre de pratiques auprès de
leur praticien médical. Si on y regarde de plus près
cependant, le sens que nous donnons aux ACPS
devient plus complexe. Doit-on considérer que les
massages font partie des thérapies parallèles dans des
provinces où la profession de masseur est autoréglementée? L’acupuncture est-elle une thérapie
parallèle lorsqu’elle est exercée par un médecin ou
un physiothérapeute? Si une thérapie parallèle
s’avère efficace pour traiter certaines affections,
parle-t-on toujours d’approche parallèle?
D ÉFINITION
L’élaboration de politiques et de programmes de
recherches commence avec une définition de ce qui
compose les ACPS. Ce document traite de divers
outils conceptuels servant à définir les approches
complémentaires et parallèles en santé et à délimiter
les frontières qui existent entre les ACPS et la
médecine conventionnelle. Les définitions et les
frontières sont inextricablement liées. Une bonne
définition comprendra des frontières nettes; des
frontières nettes permettront de donner une bonne
définition. Les frontières entre les ACPS et la
médecine conventionnelle sont cependant floues,
sans compter que les définitions actuelles reposent
sur une perception périmée des soins de santé et de
la médecine conventionnelle. Ce document n’a pas
pour objet de fournir des réponses à ces questions
difficiles et complexes. Il tend plutôt à préciser
certaines difficultés inhérentes aux façons courantes
de définir les ACPS et à apporter des suggestions
visant un meilleur éclairage de ces questions.
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
ET PARALLÈLES
EN SANTÉ
I.1
D ÉFINITIONS
Eisenberg et ses collègues
croire, par exemple, que le fait
« D’un point de vue sociologique,
(1993) ont élaboré la première
de manger dix bananes par jour
une thérapie non conventionnelle se
et la plus courante définition
pendant dix jours constitue
rappor te à des pr océdur es médicales
des ACPS aux fins d’une étude
une bonne diète pour perdre du
qui ne sont pas conformes aux
visant à déterminer l’étendue de
poids). La reconnaissance des
nor mes de la collectivité médicale.
leur utilisation par les
f
rontières imprécises entre les
Nous définissons, ici, les thérapies
consommateurs. Il s’agit d’une
ACPS et la médecine
non conventionnelles comme étant
définition « fonctionnelle »
conventionnelle
constitue un
des interventions médicales qui ne
(Eisenberg et coll., 1998). On y sont ni largement enseignées dans les
aspect important de cette
définit les « thérapies médicales
définition.
écoles de médecine ni couramment
parallèles » comme des
disponibles dans les hôpitaux des
« interventions qui ne sont ni
Tant la définition d’Eisenberg
États-Unis. Mentionnons, à titre
largement enseignées dans les
que
celle du NIH ne précisent
d’exemples, l’acupuncture, la
écoles de médecine ni
cependant
pas ce que sont
chir opratie et la massothérapie ».
couramment disponibles dans
vraiment les ACPS. Leur
(Eisenber g et coll.,1993)
les hôpitaux des États-Unis ».
définition respective repose
L’utilisation des ACPS a connu une croissance
plutôt sur des définitions qui nous disent ce que les
accélérée au cours des années 90. Cette définition,
ACPS ne sont pas. Fondamentalement, les deux
élaborée au début de la décennie, est déjà périmée
définitions nous indiquent que les ACPS
du fait qu’on enseigne maintenant plusieurs
regroupent tout ce qu’on ne retrouve pas en
thérapies parallèles dans la plupart des écoles de
médecine conventionnelle. Ces définitions
médecine des États-Unis et du Canada (Wetzel et
négatives ou résiduelles, quoiqu’ utiles comme point
coll., 1998; Ruedy et coll., 1999). De plus, certaines de départ, sont trop larges. Ainsi, toute pratique,
thérapies sont désormais
tout comportement, toute
« L’appr oche complémentaire et
intégrées au régime hospitalier
thérapie et tout praticien du
parallèle (ACP) est un vaste univers
partout en Amérique du Nord.
domaine de la santé qui ne
de ressour ces curatives incluant tous
sont pas perçus comme
les systèmes, toutes les modalités et
Un comité du National Institute
relevant de
toutes les pratiques de santé avec
of Health chargé de la définition
la médecine conventionnelle
leurs théories et cr oyances
et de la description a donné, en
sont mis dans le panier des
1997, une définition plus claire. respectives, autres que les r essources
ACPS. La première difficulté
qui sont intrinsèques au système de
Cette définition (voir encart)
que soulève cette situation
santé à dominance politique d’une
est plus significative. Elle inclut
est le fait que la médecine
c
u
ltur e ou d’une société par ticulièr e à conventionnelle est en phase
les « systèmes, les modalités et
un moment donné de l’histoir e.
les pratiques » avec leurs
de transition et qu’elle a
L’ACP
inclut toutes ces pratiques et
« théories et leurs croyances ».
récemment incorporé à ses
idées que les utilisateurs définissent
Cependant, l’inclusion de
valeurs fondamentales des
eux-mêmes comme étant des moyens
« toutes ces pratiques et idées
pratiques comme « les soins
de
prévention
ou
de
traitement
de
la
que les utilisateurs définissent
axés sur le malade » et
maladie ou de promotion de la santé
eux-mêmes comme étant des
« les soins holistiques ». En
et du bien-être. Les fr ontièr es de
moyens de prévention ou de
deuxième lieu, ces définitions
l’ACP de même que celles qu’il y a
traitement de la maladie ou de
divisent essentiellement les
e
n
t
r
e
le
domaine
de
l’ACP
et
celui
du
promotion de la santé et du
soins de santé en deux secteurs
système dominant ne sont pas
bien-être » est trop subjective
d’activités, à savoir la
toujours nettes ou fixées » (Comité
et englobe virtuellement toute
médecine conventionnelle et
NIH
chargé de la définition et de la
activité qu’une personne croit
les ACPS, ce qui constitue une
description,
1997).
être salubre. (Certains peuvent
fausse représentation du
I.2 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
système de santé à l’intérieur duquel des actions
majeures concernant la promotion de la santé ont
été prises au cours des trois dernières décennies.
On peut trouver une autre source de définitions
ponctuelles des ACPS dans des enquêtes portant
sur l’utilisation des ACPS par les consommateurs.
De nombreuses enquêtes utilisent une liste
prédéterminée de thérapies et de praticiens; on
demande alors aux participants s’ils ont déjà utilisé
les ACPS. (Voir, par exemple, Eisenberg et coll.,
1993, 1998; Ramsay, Walker et Alexander, 1999;
Millar, 1997). On trouve à l’annexe A les pratiques,
les thérapies et les praticiens paraissant dans des
listes prédéterminées ayant servi aux diverses
enquêtes. On retrouve dans ces listes plusieurs
activités, pratiques, thérapies et praticiens qui ne
font peut-être pas partie de ce que nous considérons
comme de la médecine conventionnelle mais qui
ne font manifestement pas partie de la « médecine
parallèle ». Eisenberg et ses collègues (1993)
incluent, par exemple, dans leur liste
prédéterminée, des programmes commerciaux de
perte de poids, des groupes d’entraide, des remèdes
traditionnels, l’exercice et la prière. Un sondage
Angus Reid (1997) inclut dans sa liste d’approches
parallèles1 , l’hypnose, la physiothérapie, les
aliments de santé et les produits naturels ainsi que
le yoga. Millar (1997) inclut, dans sa liste tirée de
l’enquête nationale sur la santé de la population,
des groupes d’entraide comme les Alcooliques
Anonymes ainsi que des groupes de soutien dans le
traitement des cancers. Finalement, l’étude du
Fraser Institute, calquée sur les enquêtes menées par
Eisenberg et ses collègues aux États-Unis (1993;
1998), inclut des programmes de régime, des
régimes liés au mode de vie, des groupes d’entraide,
du feedback biologique, le yoga, la chélation et des
programmes particuliers de régime, de même que le
calcul des coûts qui comprend les manuels et les
cours (Ramsay et coll., 1999).
On peut se demander pourquoi un programme
commercial de perte de poids peut être considéré
comme étant une thérapie parallèle. C’est
probablement en raison de programmes comme
celui des Weight Watchers, celui de Jenny Craig et
celui d’autres entreprises qui visent à faciliter la
perte de poids par l’ingestion rigoureuse d’aliments
spécifiques. Ces programmes peuvent également
1
inclure des produits commerciaux qui remplacent
les repas par des breuvages contenant des vitamines
et des protéines. Une enquête inclut trois éléments
différents en rapport avec les « régimes parallèles » :
les programmes de régime, les régimes liés au mode
de vie et les programmes particuliers de régime. La
plupart des régimes d’assurance provinciaux
couvrent les frais d’hypnose et de physiothérapie. La
prière, bien qu’elle puisse avoir des effets bénéfiques
sur la santé, est une pratique courante dans la
plupart des traditions à caractère religieux.
L’exercice (on peut aussi inclure le yoga) de même
que les groupes d’entraide comme les Alcooliques
Anonymes et les groupes de soutien dans le
traitement des cancers constituent des éléments
décrits plus précisément comme des activités de
promotion de la santé plutôt que comme des
thérapies parallèles. Étant donné que les manuels et
les cours sont également des éléments pouvant être
décrits comme des formes d’entraide, on peut aussi
se demander s’ils doivent être inclus dans les
thérapies parallèles selon, bien sûr, leur contenu
spécifique (l’enquête n’indique d’ailleurs pas
clairement si elle a porté sur ces derniers points).
Pour compliquer encore davantage la situation,
étant donné cette division des services de santé en
deux secteurs d’activités, à savoir la médecine
conventionnelle et les ACPS, on aurait pu croire
que des dispensateurs de thérapies parallèles se
seraient appropriés le domaine des approches
parallèles, mais tel n’est pas le cas. Ramsay et coll.,
(1999) a découvert qu’une partie importante des
dispensateurs de ce que l’on décrit comme étant des
thérapies parallèles sont des médecins. Ainsi, 100 %
des personnes qui prennent des doses élevées de
mégavitamines se sont vues prescrire cette thérapie
par des médecins. De la même façon, parmi les
personnes qui ont déclaré suivre des traitements de
chiropratique (31%), des thérapies de détente
(35%), des thérapies à base d’herbages (23%), des
programmes particuliers de régime (33%), des
traitements d’acupuncture (24%), appartenir à des
groupes d’entraide (37%), suivre des régimes liés au
mode de vie (89%), suivre des traitements
d’homéopathie (17%) et des techniques d’imagerie
(16%), plusieurs d’entre elles ont vu un médecin en
rapport avec ces thérapies ou ces pratiques.
L’annexe C donne la liste complète des thérapies et
des dispensateurs de soins médicaux. Il est clair que
Le rapport n’indique pas clairement s’il s’agit d’une liste pré-déterminée ou s’il s’agit de réponses données en toute liberté. Mais puisqu’on les
retrouve dans le rapport, les auteurs les considèrent clairement comme des approches parallèles.
D ÉFINITION
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
ET PARALLÈLES
EN SANTÉ
I.3
les frontières entre la médecine conventionnelle et
les ACPS ne peuvent être délimitées en fonction de
la formation ou de l’orientation des dispensateurs
de soins.
Dans ces enquêtes, bon nombre des thérapies et
pratiques regroupées sous le chapeau des thérapies
parallèles sont surtout considérées comme des
activités de promotion de la santé. Depuis la
publication du document intitulé Nouvelle perspective
de la santé des Canadiens, en 1974, le système de santé
canadien a amorcé un processus d’élargissement du «
modèle médical » conventionnel en matière de santé
et de soins de santé qui était exagérément centré sur
les problèmes de santé et la maladie. Cette nouvelle «
conception globale de la santé » a remis en question
la notion antérieure voulant que la qualité des soins
de santé soit uniquement déterminée par la qualité
des services de santé et a redéfini la santé en tant que
concept pouvant inclure tout ce qui touche la santé
des individus et des collectivités. Ce premier
document de promotion de la santé a déterminé
quatre éléments différents composant cette
conception globale de la santé : les organismes de
soins de santé, l’environnement, le mode de vie et la
biologie de l’être humain [c’est moi qui accentue] . Le
mode de vie englobe des activités reliées à la
promotion de la santé comme l’exercice, une bonne
alimentation, la gestion du stress, etc. En 1986, la
Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé a défini la
promotion de la santé comme étant « la démarche
qui permet aux gens d’avoir un meilleur contrôle de
leur santé et d’améliorer celle-ci ». Vue sous cet angle,
la santé est moins considérée comme étant un facteur
lié aux statistiques de morbidité et de mortalité; elle
devient plutôt « une ressource pour la vie de tous les
jours », est davantage centrée sur la qualité de cette
vie et constitue un univers où les responsabilités
sociales et personnelles sont partagées. Le concept de
promotion de la santé a continué d’être perfectionné
avec la parution du document « La Santé pour tous »
(Epp, 1986) qui était un modèle pratique du plan
d’ensemble pour la promotion de la santé. Ce qu’il
y a de particulièrement pertinent dans ce débat
est l’introduction de l’amélioration de la faculté
d’adaptation et l’accroissement de la prévention comme
défis en matière de santé ainsi que l’autosoin et
l’entraide comme véhicules de promotion de la santé.
D’autres facteurs touchant la santé se sont ajoutés
récemment avec l’adoption d’une perspective sur la
santé de la population qui détermine des facteurs
déterminants de la santé comme le revenu et le statut
social, les réseaux d’aide sociale, l’éducation, les
conditions d’emploi et de travail, l’environnement
physique, l’héritage physique et biologique, les
approches personnelles en matière de santé et les habiletés
d’adaptation, le développement des enfants en santé et
la disponibilité de services de soins préventifs et de
première ligne [c’est moi qui accentue] (Ministère des
Approvisionnements et Services, 1994).
De nombreuse thérapies et approches énumérées dans
les enquêtes des ACPS auprès des consommateurs
sont, en fait, clairement des approches de promotion
de la santé. Les techniques de détente, les massages,
les groupes d’entraide, l’exercice, les modifications de
régime (pour n’en nommer que quelques-unes) ne
servent qu’à accroître la faculté d’adaptation et
peuvent facilement être vues comme pouvant
améliorer la prévention (amélioration de la santé)
ainsi que comme méthodes d’autosoin. Le parallèle
entre les concepts de promotion de la santé et d’une
grande partie de ce que l’on décrit comme des
« thérapies parallèles » est frappant. Le document
intitulé Saskatchewan Vision of Health (1992), par
exemple, établit le « concept du mieux-être
constituant le but visé par les services de santé »
comme l’un de ses deux principes d’intervention [c’est
moi qui accentue]. Le document intitulé Énoncé
d’action pour la promotion de la santé (1996) de
l’Association canadienne de santé publique précise
que « la promotion de la santé contient une approche
holistique à tous les égards d’un développement sain »
et fait de cet énoncé l’un de ses principes stratégiques
[c’est moi qui accentue]. Ce document ne prétend pas
faire l’étude exhaustive de ces parallèles mais
souligner qu’une grande partie de ce qu’on appelle
« thérapies parallèles » provient du monopole
permanent du modèle médicale que l’on retrouve
dans les définitions des ACPS.
I.4 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
SYSTÈMES
DE CLASSEMENT
On retrouve une autre source de définitions des
ACPS dans les systèmes de classsement conçus pour
structurer la gamme de thérapies et d’approches sous
diverses catégories. Le National Center for
Complementary and Alternative Medicine
(NCCAM) aux É.-U., dont le site Web est le
(http://nccam.nih.gov/nccam/what-isCAM/classify.shtml), a, par exemple, élaboré un
système de classement permettant d’établir les
priorités relatives à l’octroi de subventions de
recherches. Ce système compte sept catégories
principales (lesquelles comprennent des souscatégories dans certains cas); à l’intérieur de chacune
des catégories et sous-catégories, les thérapies et
approches sont à nouveau subdivisées en trois
groupes : l’ACP, les approches comportementales et
les pratiques se chevauchant. L’ACP (Approche
complémentaire et parallèle) se définit comme une
pratique médicale qui n’est généralement pas utilisée
ni acceptée par la médecine conventionnelle ni
disponible auprès de celle-ci [c’est moi qui
accentue]. On définit les approches
comportementales comme «... des pratiques qui
entrent dans le cadre de la médecine
conventionnelle ». Finalement, les pratiques se
chevauchant sont définies comme des « [P]ratiques
qui peuvent constituer une ACP ou une approche
comportementale, selon leurs applications ». On
trouve ci-après une liste des sept catégories en
question (l’annexe B contient la liste complète)2 :
• Approche corps-esprit
• Systèmes médicaux parallèles
• Prévention de la maladie et mode de vie
• Thérapies à fondement biologique
• Systèmes axés sur le corps et la manipulation
• Domaine biologique
• Bioélectromagnétisme
Ici encore, la dominance du modèle médical dit
« normatif » par rapport à tout genre d’activités
dites « autres » (c’est-à-dire l’ACP et les ACPS) est
apparente en dépit des tentatives de reconnaître les
différents regroupements. Par exemple, la pratique
de la « religion » est incluse dans la sous-catégorie
« religion et spiritualité » de la catégorie «approche
2
Appr oche corps-esprit
• Système corps-esprit
• Méthodes corps-esprit
• Religion et spiritualité
• Domaines sociaux et contextuels
Prévention de la maladie et mode de vie
• Approches préventives cliniques
• Thérapies liées au mode de vie
• Promotion de la santé
corps-esprit ». En dépit de cette assertion à l’effet
que cette sous-catégorie (religion et spiritualité)
« traite des aspects non-comportementaux de la
religion et de la spiritualité liés aux rapports qui
existent avec les fonctions biologiques ou les
conditions cliniques », l’inclusion de l’ACP semble
étrange. De la même façon, on retrouve dans la
catégorie « prévention de la maladie et mode de
vie » les trois sous-catégories suivantes : approches
préventives cliniques, thérapies liées au mode vie et
promotion de la santé. La promotion de la santé est
définie comme étant « la recherche clinique et
épidémiologique portant sur la guérison, le
processus de guérison, les facteurs de promotion de
la santé et les mécanismes d’auto-réglementation ».
Peut-être faudrait-il établir un portrait plus large du
domaine des soins de santé. Labonte (1993) énonce,
par exemple, trois systèmes explicatifs différents se
chevauchant en ce qui a trait à la santé : médical,
comportemental et socio-environnemental. Étant
donné que cette analyse traite de la définition de la
médecine conventionnelle et des ACPS ainsi que
de leurs frontières, on pourrait partager ce portrait
Corps
• régimes et suppléments
– extraits et concentrés
– produits chimiques/synthétiques
• manipulation physique
Corps/Esprit
Corps/Énergie
Corps/Spiritualité
Le système de classement a été légèrement modifié depuis que le rapport YCHS a été intégré à ce cadre de travail en 1999.
D ÉFINITION
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
E T PA R A L L È L E S
EN SANTÉ
I.5
entre la promotion de la santé, les soins parallèles et
les approches biomédicales. Tataryn suggère une
démarche de classement différente dans son
document « Paradigmes de la santé et de la maladie
: un cadre de classement et de compréhension des
thérapies parallèles et complémentaires ». Plutôt
que de diviser les thérapies et les approches en
fonction de la médecine conventionnelle et des
ACPS, Tataryn suggère quatre paradigmes de
« santé et de maladie... lesquels classent les
thérapies selon les hypothèses de base liées à la
santé et à la maladie correspondant à chaque
thérapie ». Les quatre paradigmes suggérés sont les
suivants : Corps; Corps/Esprit; Corps/Énergie et
Corps/Spiritualité. Le paradigme Corps est ensuite
subdivisé ainsi : 1) régimes et suppléments (ceux-ci
peuvent être de source « naturelle » ou synthétique)
et 2) manipulation physique. L’annexe C comprend
la liste complète des quatre paradigmes de Tataryn.
Les thérapies et les approches que l’on retrouve
dans le paradigme Corps sont celles qui agissent
par l’intermédiaire de mécanismes biologiques et
qui « ciblent les facteurs biologiques comme les
déterminants primaires de la santé et de la maladie ».
Le paradigme Corps/Esprit va jusqu’à inclure
l’influence de l’esprit sur la santé et sur la maladie
tout en faisant référence à des thérapies et à des
approches comme : l’affirmation/suggestion, le
counselling, l’hypnose et la méditation, etc. Le
paradigme Corps/Énergie inclut des thérapies qui
impliquent une « énergie subtile fondamentale en
tant que condition intrinsèque et nécessaire à la
3
vie ». Ces énergies sont connues sous différentes
appellations selon la tradition (par exemple, chi,
prana, force vitale, élan vital). À titre d’exemples
de thérapies du paradigme Corps/Énergie, on
retrouve l’acupuncture, l’homéopathie, le Reiki,
et le toucher thérapeutique. Le dernier paradigme,
le paradigme Corps/Spiritualité implique
« l’existence d’être(s) extérieur(s), non matériel(s)
comme Dieu, Jéhovah, Tao, Bouddha, les anges
ou le « soi suprême ». Tataryn suggère que les
paradigmes sont hiérarchisés, chacun d’eux étant
modulé en fonction du précédent. Ainsi, le
paradigme Corps/Spiritualité considère le corps,
l’esprit, l’énergie et la spiritualité comme des
dimensions de la santé et de la maladie.
Ce qu’il y a d’intéressant dans le système de
classement de Tataryn, c’est que ce dernier ne
prend pas comme point de départ ni la médecine
conventionnelle, ni les thérapies parallèles. Les
regroupements y sont plutôt conceptualisés en
fonction de leur postulat concernant la nature de
la santé et de la maladie ainsi qu’en fonction des
thérapies ou des approches visées. Le paradigme
Corps3 inclut donc les thérapies parallèles ou les
thérapies conventionnelles qui agissent au niveau
biologique. Selon Tataryn, la plupart des éléments
de la médecine conventionnelle peuvent être
compris dans le paradigme Corps. Le système de
classement de Tataryn est un exemple de ce que
Best et Hebert (1998) appellent modèle intégré
des soins de santé.
Pour ajouter à ce point, Tataryn commente ainsi « ...les interventions par les régimes et par les herbes, la massothérapie, les autres
interventions liées au paradigme du corps s’estompent facilement dans la médecine conventionnelle. Il ne s’agit pas vraiment d’approches
parallèles en soi (à savoir que ces éléments ne sont pas fondés sur un cadre de travail parallèle), mais plutôt des véhicules différents destinés
aux interventions liées au paradigme du corps. Les herbes constituent simplement une façon plus naturelle d’effectuer une intervention
fondée sur le corps. Les extraits/concentrés estompent les frontières encore davantage. Je pense que c’est une raison expliquant le « succès »
rapide qu’ils ont connu, surtout en ce qui a trait au financement de la recherche. Ils ne nécessitent pas ni ne remettent en question toute
hypothèse additionnelle liée au paradigme Corps ». (Communication personnelle, le 16 mars 2000).
I.6 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
F ONCTIONS
Nous pouvons également étudier la définition des
ACPS et de la médecine conventionnelle ainsi que
leurs frontières sous l’angle des distinctions possibles
au plan de leurs fonctions. L’anthropologie médicale
et la sociologie présentent certains concepts utiles à
l’orientation de cette discussion. Kleinman (1980) a
élaboré un cadre d’organisation des soins de santé
inspiré d’études qu’il a effectuées dans les pays en
voie de développement, lequel peut également
s’appliquer aux pays plus développés. Les soins de
santé sont répertoriés, à l’intérieur de ce cadre, en
trois domaines (qui peuvent, dans certains cas, se
chevaucher) : professionnel, populaire et
traditionnel. Le domaine professionnel comporte
une structure formelle accompagnée d’exigences
standards et d’octroi de licence et requiert une
formation officielle. Le domaine populaire comprend
plusieurs éléments non-spécialisés comme l’autosoin,
la famille, le système social ainsi que les croyances et
les activités populaires. Le domaine traditionnel est
plus spécialisé et comprend, par exemple, les
shamans, les prophètes et les herboristes. Avant
d’appliquer ce cadre aux fonctions éventuellement
distinctes des ACPS et de la médecine
conventionnelle, il faut regarder deux autres
distinctions que suggère l’anthropologie médicale.
Il existe, par exemple, une distinction importante
entre «les problèmes de santé » et « la maladie ».
Kleinman et ses collègues (1978) décrivent les
problèmes de santé comme « les difficultés de vivre
résultant d’une affection » et la maladie comme
« dans le paradigme médical occidental, le
dysfonctionnement ou le déséquilibre des
mécanismes biologiques et psychophysiologiques
chez un individu ». Il existe aussi une distinction
importante entre « le rétablissement de la santé »
et « la guérison » (Chez et Jonas, 1997:1157) :
Le traitement pour rétablir la santé consiste
en une intervention médicale externe qui
supprime toute preuve de la maladie
diagnostiquée. La guérison est le processus
interne de rétablissement qui s’opère au plan
physique, émotionnel, mental ou spirituel et qui
4
donne à une personne le sentiment d’être
entière, en équilibre ou en harmonie avec ellemême et avec son environnement. Puisque ces
deux actions peuvent ne pas se produire en
même temps et qu’il n’est pas obligatoire
qu’elles se produisent en même temps, il est
possible qu’un patient se sente guéri même
lorsqu’un traitement n’est plus concevable et
qu’il soit traité sans être guéri.
L’introduction de ces concepts soulève des questions
complexes qui ne pourront être discutées en
profondeur ni résolues ici. Cependant, en
élargissant notre vision du domaine de la santé pour
y inclure les guérisseurs, les soins de santé populaires
et les professionnels de la santé, il est clair que le
mandat premier de la médecine conventionnelle, à
savoir de diagnostiquer et traiter la maladie, ne
constitue qu’une partie du tableau de la santé. De
nombreux éléments (pas tous)4 souvent considérés
comme des ACPS entreraient dans la catégorie des
guérisseurs et des soins populaires (qui incluraient à
la fois des activités d’autosoin et d’entraide). De
plus, il se peut que les fonctions de ces différents
domaines soient assez différentes. Les attentes des
personnes qui utilisent ces services ou ces pratiques
peuvent donc être, elles aussi, assez différentes.
Lorsque des praticiens conventionnels ne peuvent
traiter une maladie, les patients peuvent demander
à d’autres praticiens de les aider à vivre avec leur
problèmes de santé (tenant compte de l’aspect «
malaise »); certains d’entre eux peuvent même
s’adresser à ces praticiens dans le but de guérir
lorsqu’ils ne peuvent être traités. Étant donné qu’il
ne s’agit pas de catégories réciproquement
exclusives, les patients peuvent consulter différents
praticiens pour faire appel à diverses fonctions en
même temps. Les preuves empiriques présentement
disponibles indiquent que les gens souffrant de
maladies chroniques font appel à des praticiens et à
des pratiques d’ACPS à un taux beaucoup plus
élevé que la population en général et que la
majorité des utilisateurs d’ACPS agissent ainsi pour
ne pas souffrir de problèmes de santé ou pour
améliorer leur santé (YCHS, 1999)
Dans le présent cadre, les chiropraticiens, les naturopathes, et plusieurs autres praticiens de la médecine parallèle sont inclus dans le
domaine professionnel.
D ÉFINITION
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
ET PARALLÈLES
EN SANTÉ
I.7
CARACTÉRISTIQUES /CRITÈRES
Le dernier outil d’analyse servant à définir les
frontières entre les ACPS et la médecine
conventionnelle est l’identification de
caractéristiques ou de critères communs. Le rapport
du York University Centre for Health Studies
(YCHS, 1999) suggère la présente liste provisoire
de caractéristiques clés, qui selon des allégations de
certaines ACPS les distinguent de la médecine
conventionnelle :
• travail avec les mécanismes de régénération
naturelle sur son propre corps;
• l’ACP est holistique;
• le patient est un participant actif/responsabilité
personnelle;
• atteinte du bien-être;
• recherche des racines d’un problème de santé;
• traitement des individus plutôt que des catégories
de maladies;
• validation d’expériences subjectives;
• efficacité fondée sur des anecdotes personnelles.
Chez et Jonas (1997) suggèrent également une liste
de « théories et de thèmes servant à différencier les
[ACPS] de la médecine conventionnelle » :
• insistance sur la globalité;
• les relations entre l’esprit, le corps et la
spiritualité;
• l’interaction d’une personne avec
l’environnement;
• l’identification des causes internes et externes
plutôt que le traitement de symptômes;
• renforcement de la faculté innée du corps à
atteindre un mieux-être et à s’autoguérir (par
l’équilibrage des champs énergétiques).
Bien que les deux listes se ressemblent beaucoup, la
démarche qu’on y retrouve rend difficile la
définition des ACPS et la délimitation des
frontières entre les ACPS et la médecine
conventionnelle. Comme l’indique le rapport
YCHS (1999), il peut y avoir une grande différence
entre ce qui se passe réellement dans la pratique et
les modèles suggérés, tant en ce qui a trait aux
ACPS qu’à la médecine conventionnelle. De
nombreux praticiens de la médecine
conventionnelle ont adopté des approches
« holistiques » dans leur pratique alors que de
nombreux praticiens liés aux approches parallèles
ne font que prescrire des suppléments « naturels ».
Ici encore, il est difficile de travailler avec une
définition résiduelle et négative des ACPS,
définition fondée sur ce que la médecine
conventionnelle n’est pas, parce que les frontières
entre les deux domaines s’estompent constamment
et parce que les ACPS deviennent un fourre-tout
pour toute pratique ou approche liée à la santé qui
ne se retrouve pas dans une définition (peut-être
périmée) de la médecine conventionnelle.
Eskinazi (1998) donne une certaine transparence à
cette question en réduisant le champ de comparaison
à des systèmes de santé traditionnels (c’est-à-dire
parallèles). Il reconnaît que ce qu’on englobe
généralement sous l’appellation « parallèle » a une
signification plus large que les systèmes dont il parle
et comprend également des éléments de ces systèmes
pratiqués ou utilisés séparément (par exemple les
herbes, l’acupuncture, les pratiques spirituelles, etc.),
une grande variété de modalités difficiles à cataloguer
et des pratiques comme l’hypnose et la chiropratique
(que certains considèrent comme faisant davantage
partie de la médecine conventionnelle que des
approches parallèles). Il met cependant l’accent
sur les différences qu’il y a entre les systèmes
parallèles exhaustifs et les systèmes médicaux
conventionnels. Suite à cette mise au point, il
suggère la présente liste de caractéristiques que les
systèmes de santé parallèles ont en commun :
• la spiritualité fait partie intégrante de chacune des
approches parallèles;
• l’explication primaire des phénomènes biologiques
repose sur l’existence d’un « élan vital » que l’on
peut appeler Qi, Ki, prana et médecine énergétique;
• la croyance en une unité sous-jacente à toute
diversité ou holisme;
• la santé dépend de la juste interaction avec
l’environnement;
• les moyens de communication avec
l’environnement « invisible » (par exemple, la
I.8 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
méditation ou la prière) constituent une partie
importante de l’approche thérapeutique.
Eskinazi (1998) va même plus loin en suggérant que
ce sont précisément ces caractéristiques que les
systèmes de santé parallèles ont en commun
(spiritualité, élan vital et holisme) qui semblent les
différencier de la médecine conventionnelle :
• la biomédecine repose (en partie) sur des
explications matérialistes (par opposition à « élan
vital » ) (on définit le matérialisme comme étant
la croyance que « les questions matérielles
constituent la réalité unique ou
fondamentale...»);
• la biomédecine n’incorpore pas automatiquement
la religion ou la spiritualité au diagnostic ou au
traitement (bien qu’elle ne rejette pas non plus
ces éléments automatiquement);
• la biomédecine considère que les entités
biologiques sont, plus ou moins, égales à la
somme de leurs composantes anatomiques (par
opposition à l’holisme).
Bien qu’il ne suggère aucune solution pour définir
ou structurer toute la gamme de pratiques et de
modalités qui ne sont pas incluses dans les systèmes
de santé parallèles, Eskinazi délimite, dans son cadre
de travail, ce qu’il considère être des approches
parallèles authentiques par rapport à la médecine
conventionnelle en se fondant sur les pratiques et
les thérapies qui peuvent être facilement intégrées
au système médical conventionnel. Sa définition de
la médecine parallèle est, en fait, fondée sur cette
notion. « Je suggère que la médecine parallèle soit
définie comme étant un vaste ensemble de
pratiques de santé (déjà disponibles auprès du
public) qui ne sont pas intégrées d’emblée au
modèle de santé dominant parce qu’elles remettent
en question diverses croyances et pratiques
sociétales (sur le plan culturel, économique,
scientifique, médical et pédagogique) ».
Eskinazi semble cependant avoir une vision
limitée sur cette question, selon ce qu’il entend
par « intégrées d’emblée », étant donné que de
nombreuses pratiques parallèles sont maintenant
intégrées au système de santé dominant, qu’elles sont
enseignées dans les écoles de médecine et qu’elles
sont couvertes, dans certains cas, par les régimes
d’assurance aux États-Unis (Malik, 1995). De plus,
bon nombre de praticiens sont formés tant en
médecine conventionnelle qu’en santé parallèle et
prétendent pouvoir passer facilement d’un système à
l’autre selon les besoins particuliers d’un patient.
CONCLUSION
Comment s’y retrouver dans ce labyrinthe de
définitions, de systèmes de classement, de listes de
caractéristiques et de critères pour définir ce que
sont les ACPS ainsi que pour délimiter les
frontières entre les ACPS et la médecine
conventionnelle? On retrouve certains thèmes
récurrents qui permettent de préciser les problèmes
inhérents à un grand nombre des approches
courantes en rapport avec ces questions. Tout
d’abord, la plupart des définitions et des systèmes de
classement divisent le domaine des soins de santé
en deux secteurs d’activités : la médecine
conventionnelle et les ACPS. Si l’on regarde
attentivement bon nombre des pratiques et
thérapies incluses dans les définitions officielles de
D ÉFINITION
même que dans les définitions ponctuelles
provenant d’enquêtes sur l’utilisation des ACPS
par les consommateurs, on peut constater qu’un
grand nombre de ces activités sont davantage
considérées comme des activités de promotion de
la santé. La promotion de la santé au Canada a
constitué, pendant au moins deux décennies, une
action importante tant sur le plan fédéral que
provincial et devrait être perçue, à ce moment-ci,
comme un secteur légitime à part entière de la
santé plutôt que comme une catégorie d’ACPS.
Pour y arriver, il faut s’assurer que la vision élargie
de la santé, inhérente à ce point de vue, soit
incluse dans les discussions portant sur les ACPS
et la médecine conventionnelle.
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
E T PA R A L L È L E S
EN SANTÉ
I.9
Deuxièmement, et ce n’est pas sans rapport avec le
premier point, ce fractionnement de la santé en
deux secteurs d’activités n’est pas une division
d’égale valeur. La médecine conventionnelle se voit
attribuée un statut normatif alors que les ACPS
deviennent un fourre-tout pour tout ce qui est perçu
comme ne faisant pas partie de la médecine
conventionnelle. En d’autres mots, le « modèle
médical » de la santé continue de dominer dans la
plupart des tentatives de définir les ACPS.
Comment pourrions-nous autrement inclure la
notion de « confession » dans les ACPS ou
considérer la « promotion de la santé » comme une
sous-catégorie des ACPS?
Un troisième point, brièvement soulevé mais tout
de même important, est le fait que la médecine
conventionnelle vit présentement sa propre
transition. La plupart des définitions, des listes de
critères destinés aux ACPS et des systèmes de
classement laissent supposer une pratique rigide,
peut-être périmée, de la médecine conventionnelle.
Bien qu’on n’en connaisse pas l’envergure dans la
pratique courante, une bonne partie de la médecine
conventionnelle (par exemple la médecine familiale
et les soins infirmiers) a adopté des styles de
pratique qui sont plus « holistiques », davantage
axés sur le patient, influencés par des principes de
promotion de la santé comme l’importance de
l’exercice, la nutrition et les techniques de contrôle
du stress. En d’autres mots, les praticiens sont
également des consommateurs de soins de santé et
ont été influencés par les mêmes facteurs culturels
et les mêmes tendances qui influencent leurs
patients. On retrouve, parmi ces influences, les
initiatives stratégiques du système de santé qui
mettent l’accent sur l’importance de la prévention,
de la promotion de la santé et des approches
relatives à la santé de la population.
La définition d’Eskinazi (1998) et le cadre de
travail de Tataryn se rapportant au classement font
office d’exceptions relativement à ces questions.
Ainsi, Eskinazi restreint sa définition aux systèmes
parallèles. Tataryn, quant à lui, élabore un système
de classement qui intègre des thérapies ainsi que
des approches conventionnelles et parallèles en un
seul système et qui repose sur les hypothèses
fondamentales liées à la santé et à la maladie pour
ses quatre paradigmes.
Finalement, des notions issues de l’anthropologie
médicale et de la sociologie viennent élargir notre
compréhension des fonctions des soins de santé et
des besoins des patients. La médecine
conventionnelle est peut-être la mieux placée pour
rétablir la santé des individus souffrant d’une
maladie, mais ce ne sont pas toutes les maladies qui
peuvent être traitées et les patients ont aussi
d’autres besoins. Comme le soulignent Chez et
Jonas (1997) :
Il est impératif de reconnaître et de confirmer le
rôle primordial de la médecine conventionnelle
en ce qui a trait à sa capacité de soigner avec
compétence les maladies aiguës et les
traumatismes, à ses innovations techniques au
plan du diagnostic et du traitement ainsi qu’aux
applications cliniques croissantes de ses
découvertes scientifiques fondamentales. C’est
cependant dans les domaines des soins de santé
intégrés et de la gestion des conditions liées aux
maladies chroniques que la démarche
réductionniste, mécaniste et spécifique aux
organes de la médecine conventionnelle est la
plus déficiente.
Le fait de définir les ACPS et de délimiter les
frontières entre celles-ci et la médecine
conventionnelle peut nécessiter une redéfinition
des soins de santé devant inclure l’importance qu’il
faut accorder à la façon d’aborder les problèmes de
santé et la maladie, de promouvoir la santé ainsi
que de prodiguer les soins aux individus souffrant
d’une maladie, et favoriser la guérison ainsi que le
rétablissement de la santé.
Comme le suggèrent Chez et Jonas (1997), est-ce
que la présente division entre les ACPS et la
médecine conventionnelle « conduira finalement à
une médecine »? Cette intégration est peut-être
déjà en train de se produire dans les soins de santé
des Canadiens. Cependant, l’intégration réelle de la
médecine conventionnelle et des ACPS dans le
système de santé ne pourra se faire que lorsque nous
connaîtrons bien les forces et les faiblesses des
diverses pratiques. Pour y arriver, la clarté
conceptuelle de ce que nous entendons par ACPS
nous est essentielle.
I.10 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
R ÉPERCUSSIONS
La clarté conceptuelle relative aux ACPS comporte
des répercussions directes en regard de la
coordination des politiques en matière de santé, de
l’élaboration de programmes et de la prestation de
services. L’impact direct sur la recherche apparaît
dans l’analyse des enquêtes portant sur l’utilisation
des ACPS par les consommateurs où de nombreuses
pratiques davantage considérées comme des
activités de promotion de la santé ou visant
l’amélioration de la santé sont attribuées aux
ACPS. L’apparition d’activités de promotion de la
santé dans les enquêtes sur l’utilisation des ACPS
par les consommateurs peut, en fait, expliquer le
succès de ces initiatives au niveau de la masse.
D’autre part, elle indique aussi que ces activités
n’ont pas amélioré notre compréhension
conceptuelle de ce qui constitue les soins de santé.
Les thérapies et les pratiques liées aux ACPS sont
généralement considérées comme parallèles ou
accessoires aux interventions biomédicales. En
d’autres mots, les cadres de travail conceptuels
définissent les ACPS en corrélation avec les
interventions biomédicales et laissent présumer que
ces interventions biomédicales sont synonymes de
l’ensemble du système de santé et qu’elles le
représentent, ce qui n’est plus le cas désormais. La
caractérisation des ACPS en termes de parallèles ou
d’accessoires à la médecine conventionnelle peut
constituer une description précise de quelques
D ÉFINITION
pratiques dans certains cas (par exemple lorsqu’on
utilise l’acupuncture pour soulager des maux de dos
au lieu d’analgésiques et de la physiothérapie
habituelle). Mais l’acupuncture est également
utilisée pour soulager les symptômes dont souffrent
les gens atteints de maladies chroniques ou
simplement pour améliorer la santé et le bien-être
des gens ou leur « mieux-être ». Lorsque les
pratiques d’ACPS atteignent ces objectifs
(comment c’est souvent le cas), on les considère
davantage comme des activités de prévention, de
promotion de la santé ou comme des activités axées
sur l’amélioration de la santé de la population.
Au point de vue de la politique et de la
planification, on peut considérer plusieurs pratiques
et thérapies liées aux ACPS comme des approches
de promotion de la santé, de prévention et comme
approches axées sur l’amélioration de la santé de la
population. L’élaboration de programmes et la
prestation de services viendront ensuite s’insérer
aux cadres conventionnels de promotion de la santé
comme les lieux de travail, les écoles, les centres
communautaires et autres milieux non médicaux.
De plus, il peut être plus opportun d’évaluer ces
pratiques par l’entremise de cadres liés à la qualité
de vie plutôt que par l’intermédiaire des outils
traditionnellement utilisés pour évaluer les
interventions biomédicales.
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
ET P ARALLÈLES
EN SANTÉ
I. 11
OUVRAGES
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« Alternative and complementary medicine in
Canadian medical schools: A survey ». Journal
de l’Association médicale canadienne, 160(6),
816-817
Ramsay, C., Walker, M. et Alexander, J. (1999).
« Alternative medicine in Canada: Use and
public attitudes ». Public Policy Sources, 21,
Fraser Institute.
Tataryn, D.J. (Unpublished manuscript). Paradigms
of health and disease: A framework for
classifying an understanding alternative and
complementary therapies.
I.12 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Wetzel M.S., Eisenberg D.M., Kaptchuk T. J.
(1998). « Courses involving complementary
and alternative medicine at US medical
schools ». Journal of American Medical
Association, 280, 784-787.
D ÉFINITION
York University Centre for Health Studies. (1999).
Complementary and Alternative Health
Practices and Therapies – A Canadian
Overview. York University.
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
ET PARALLÈLES
EN SANTÉ
I. 13
ANNEXE A.
Thérapies, pratiques et praticiens paraissant dans diverses enquêtes.
Eisenberg et coll.,
1993
Millar, 1997.
Angus Reid, 1997.
Fraser Institute,
1999.
techniques de détente
chiropratique
massage
imagerie
guérison spirituelle
programmes
commerciaux de perte
de poids
régimes liés au mode de
vie (p. ex.
macrobiotique)
plantes médicinales
thérapeutique
mégavitaminique
groupes d’entraide
guérison énergétique
feedback biologique
hypnose
homéopathie
acupuncture
remèdes de bonne
femme
exercise
prière
praticiens seulement
massothérapeute
acupuncteur
homéopathe
naturopathe
feldenkrais
alexander
détente
feedback biologique
rolfing
herboriste
réflexologue
guérisseur spirituel
chef religieux
groupe d’entraide (AA
cancérothérapie, etc.)
chiropratique
acupuncture
homéopathie
herbologie
macrobiotique
chiropractique
massothérapie
aromathérapie
réflexologie
naturopathie
hypnose
thérapeutique
vitaminique
physiothérapie
ostéopathie
aliment de santé,
produits naturels
guérison
énergétique/champ
énergétique/reiki
yoga
digitopuncture
médecine autochtone
américaine- méthodes
de guérison
aucun
autre/ne sait pas
acupuncture
chiropractique
homéopathie
plantes médicinales
mégavitamines
guérison spirituelle (soi)
guérison spirituelle
(autres)
programmes de régimes
régime lié au mode de
vie
techniques de détente
techniques d’imagerie
massothérapie
guérison énergétique
remèdes de bonne
femme
groupes d’entraide
feedback biologique
hypnose
naturopathie
yoga
ostéopathie
chélation
aromathérapie
plantes et vitamines
programmes de régimes
spéciaux
manuels, cours
I.14 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
ANNEXE B.
Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins (www.fraserinstitute.ca)
Pourcentage des fournisseurs qui étaient médecins et pourcentage des utilisateurs
d’approches complémentaires et parallèles ayant une confiance totale en leur fournisseur
Pourcentage
des fournisseurs
qui étaient
médecins
Chiropratique
Techniques de détente
Massage
Prière
Plantes médicinales
Programmes de régimes spéciaux
Remèdes de bonne femme
Acupuncture
Yoga
Groupe d’entraide
Régime lié au mode de vie
Homéopathie
Techniques d’imagerie
Guérison énergétique
Naturopathie
Aromathérapie
Guérison spirituelle ou religieuse par un tiers
Hypnose
Mégavitamines à doses élevées
Feedback biologique
Ostéopathie
Chélation
D ÉFINITION
Pourcentage des
utilisateurs ayant
une confiance totale
en leur fournisseur
31
35
5
5
23
33
0
24
0
37
89
17
16
0
8
0
0
0
100
N/D
0
N/D
DES APPROCHES
C O M P L É M E N TA I R E S
69
34
45
67
25
26
31
50
37
35
9
31
71
19
14
18
62
N/D
12
N/D
34
N/D
ET P ARALLÈLES
EN SANTÉ
I. 15
ANNEXE C.
Les quatre paradigmes de Tataryn de la santé et de la maladie
Quatre paradigmes de la santé et de la maladie :
classement des approche complémentaires et parallèles les plus courantes
Corps
Corps/Esprit
Corps/Énergie
Corps/Spiritualité
Régimes et
suppléments
Aromathérapie
Régime de Gerson
Plantes médicinales
Régime macrobiotique
Thérapies minérales et
vitaminiques
Affirmations/Suggestion
Counselling
Interprétation des rêves
Art-thérapies
Hypnose
Imagerie /visualisation
Méditation
Psychothérapie
Réduction du stress
Groupe de soutien
Digitopuncture
Acupuncture
Médecine ayurvédique
Médecine chinoise
Thérapie par les
crystaux
Homéopathie
Thérapie magnétique
Thérapie par polarité
Qi Gong
Réflexologie
Reiki
Toucher thérapeutique
Tai Chi
Yoga
Danse derviche
Exorcisme
Guérison par la foi
Traditions autochtones
Imposition des mains
Magie/Pratiques
occultes
Prière
Diagnostic psychique
Interventions
psychiques
Cérémonies et rites
Sacrements/Rites
Extraits et concentrés
Antinéoplastons
Thérapies cellulaires
Laetrile
Ozonothérapie
Cartilage de requin
Produits
chimiques/synthétiques
Chimiothérapie
714-X
Chélation
Manipulation physique
Radiothérapie
Chirurgie
Chiropratique
Irrigation du colon
Lavements
Thérapie
hypo/hyperthermique
Massage
Physiothérapie
I.16 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
II. R APPOR T D ’ ÉTAPE :
QUESTIONS
DE POLITIQUES ASSOCIÉES AUX
APPROCHES COMPLÉMENT AIRES
ET PARALLÈLES EN SANTÉ
par Theodore de Bruyn
R EMERCIEMENTS
L’auteur souhaite remercier Joan Simpson, de la
Division des systèmes de santé, Direction des
stratégies et des systèmes pour la santé, Direction
générale de la promotion et des programmes de la
santé, Santé Canada, pour avoir collaborer à
l’élaboration des concepts contenus dans ce rapport
ainsi que pour avoir fourni la documentation sur
laquelle ce rapport est fondé. L’auteur souhaite aussi
remercier les personnes suivantes d’avoir accepté de
réviser des parties provisoires du rapport : James
Casey, Joan Gilmour, Irene Klatt, Michael Smith et
Marja Verhoef.
Ce rapport exprime les points de vue des auteurs et
ne présente pas nécessairement les opinions ni les
politiques officielles de Santé Canada, ni celles des
personnes ayant révisé le rapport provisoire.
II. b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
TABLE
DES MATIÈRES
II.e
Sommair e............................
Liste des abréviations .........
II.g
1. Intr oduction ................
II.17
1.1 Éventail des problèmes......................................................................................................................II.17
1.2 Examen de la documentation récente..............................................................................................II.17
1.3 Responsabilités de Santé Canada et de la Division des systèmes de santé ...................................II.17
1.4 Portée et orientation de cet examen ................................................................................................II.18
2. Concepts et catégories ..............................................................................................................................II.19
2.1 Définition selon les National Institutes of Health des États-Unis .................................................II.19
2.2 Limites de la langue...........................................................................................................................II.19
2.3 Classification des approches complémentaires et parallèles en santé ............................................II.20
2.4 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.20
3. Utilisation chez les consommateurs ........................................................................................................II.21
3.1 Types d’études .....
II.21
3.2 Conclusions des études récentes .......................................................................................................II.22
3.3 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.24
4. Intégration des approches complémentaires et parallèles en santé ......................................................II.25
4.1 Intégration aux soins de santé conventionnels ...............................................................................II.25
4.2 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.26
5. Information, sécurité et choix .................................................................................................................II.27
5.1 Sources et qualité de l’information...................................................................................................II.27
5.2 Interactions produit-pratique-praticien............................................................................................II.28
5.3 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.29
6. Reconnaissance et réglementation des pratiques et des praticiens ......................................................II.30
6.1 Reconnaissance des approches complémentaires et parallèles
en santé par les praticiens conventionnels ......................................................................................II.30
6.2 Cadre actuel de réglementation des pratiques médicales et des praticiens ....................................II.31
6.3 Réglementation des pratiques et des praticiens de médecine parallèle..........................................II.32
6.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.33
7. Études et formation des praticiens ..........................................................................................................II.35
7.1 Programmes d’enseignement et exigences en matière de formation
des praticiens d’approches complémentaires et parallèles ..............................................................II.35
7.2 Programmes d’enseignement et exigences en matière de formation
des praticiens conventionnels ..........................................................................................................II.35
7.3 Incidences sur les politiques..............................................................................................................II.36
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. c
8. Coûts et couver tur e d’assurance .............................................................................................................II.37
8.1 Sommes consacrées aux approches complémentaires et parallèles en santé ................................II.37
8.2 Couverture de l’assurance-maladie publique....................................................................................II.37
8.3 Couverture de l’assurance-maladie privée........................................................................................II.37
8.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.37
9. Développement de la r echerche ...............................................................................................................II.37
9.1 Besoin en recherche..
II.37
9.2 Méthodes de recherche.....................................................................................................................II.37
9.3 Capacité de recherche.......................................................................................................................II.37
9.4 Incidences sur les politiques ..............................................................................................................II.37
II. d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
SOMMAIRE
OBJECTIFS DU RAPPORT
Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on
remarque un intérêt grandissant pour les approches
complémentaires et parallèles en santé ainsi que
pour leur utilisation. En s’adaptant à cette réalité, les
systèmes de santé ont à faire face à un large éventail
de problèmes :
• la classification des approches complémentaires et
parallèles en santé, surtout en relation avec les
soins de santé conventionnels;
• les informations données aux consommateurs, en
particulier celles concernant la sécurité et
l’efficacité des produits et des méthodes;
• l’intégration des approches complémentaires et
parallèles en santé aux soins de santé
conventionnels;
• l’éducation et la formation des praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle;
• la réglementation des praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle;
• la réglementation des produits utilisés par les
approches complémentaires et parallèles en santé;
• la recherche sur le recours aux approches
complémentaires et parallèles en santé ainsi que
sur leur sécurité et leur efficacité;
• les coûts des approches complémentaires et
parallèles en santé et leur couverture soit par une
assurance-maladie publique ou privée, ou encore
par les consommateurs (dépenses assumées par
eux-mêmes).
Le rapport résume ces problèmes et examine les
incidences sur les politiques soulevées par ces
problèmes, en s’appuyant sur la documentation
canadienne récente et sur celle d’autres pays. Étant
donné l’interdépendance des questions que les
approches complémentaires et parallèles en santé
soulèvent, il est nécessaire d’examiner les questions
qui surgissent dans les domaines ne relevant pas
directement du gouvernement fédéral (comme la
réglementation des praticiens) ou de la Division des
systèmes de santé (comme la réglementation des
produits de santé naturels). Néanmoins, ce rapport
vise à aider la Division des systèmes de santé dans
l’examen des tâches propres à son mandat au sein de
Santé Canada.
SITUA TION ACTUELLE
En 1999, une majorité de Canadiens (70 %) ont
indiqué avoir utilisé un ou plusieurs produits de
santé naturels au cours des six derniers mois. Un
plus petit nombre (24 %) ont mentionné qu’ils
consultaient un ou plusieurs praticiens de médecine
parallèle. Au Canada, en général, les consommateurs
de médecine complémentaire et parallèle sont des
jeunes, parmi lesquels on compte des femmes, des
personnes ayant un degré de scolarité supérieur et un
revenu élevé, et les habitants de l’Ouest. La tendance
en matière d’utilisation sera à la hausse au cours des
années à venir.
Les régimes provinciaux d’assurance-maladie et les
commissions d’indemnisation des travailleurs offrent
une couverture d’assurance limitée pour les
approches complémentaires et parallèles en santé
(principalement la chiropratique). Les régimes privés
d’assurance-maladie offrent une couverture
d’assurance complète ou partielle pour certains
services et produits. Les Canadiens mentionnent,
dans une proportion significative, qu’ils ont dépensé
30 $ et plus au cours du dernier mois en services
complémentaires et parallèles ou en produits de
santé naturels.
Même si de plus en plus d’utilisateurs d’approches
complémentaires et parallèles en santé discutent de
leur utilisation avec les praticiens conventionnels
(comme les médecins ou les pharmaciens), un grand
nombre consomment des produits de santé naturels
sans consulter ni un praticien conventionnel ni un
praticien de la médecine complémentaire et parallèle.
Les connaissances des praticiens conventionnels en
matière d’approches complémentaires et parallèles
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. e
en santé et leur intérêt pour celles-ci varient selon la
profession, le degré de pertinence de la médecine
complémentaire et parallèle avec la profession et les
particularités individuelles du praticien. Certaines
pratiques sont relativement bien connues et
acceptées, notamment la chiropratique, l’hypnose,
l’acupuncture, les régimes, le toucher thérapeutique,
tandis que d’autres ne le sont pas.
Certains praticiens de la médecine complémentaire
et parallèle sont régis par des lois dans certaines
provinces, mais plusieurs ne le sont pas. La portée,
l’étendue et la durée de la formation des praticiens
de la médecine complémentaire et parallèle varient
en fonction du domaine de pratique. Les
programmes d’enseignement sont offerts par des
établissements privés, des universités et des collèges
communautaires, mais il n’existe aucun système
d’accréditation ni de validation des programmes.
Les recherches sont insuffisantes en ce qui concerne
tous les aspects des approches complémentaires et
parallèles en santé. Bien que le domaine présente
des difficultés sur le plan méthodologique, celles-si
ne sont pas insurmontables. Toutefois, il est
nécessaire de se doter de ressources en matière de
recherche, en faisant intervenir des spécialistes en
approches complémentaires et parallèles en santé
ainsi que des spécialistes en recherche scientifique.
INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES
La situation actuelle soulève de nombreuses
questions en matière de sécurité, d’efficacité, de
rapport coût-efficacité, de choix éclairé et d’accès
juste en ce qui concerne l’utilisation des approches
complémentaires et parallèles. Nous pouvons mettre
en évidence quelques-unes des questions
importantes :
• Quelles sont les exigences visant à garantir que
les praticiens (conventionnels et
complémentaires et parallèles) sont outillés pour
offrir des produits et des services sécuritaires en
matière d’approches complémentaires et
parallèles? Un cursus de base pour tous les
praticiens, des normes d’enseignement et de
formation pour les approches spécialisées, en
référence aux praticiens possédant des
qualifications reconnues ou réglementées, et des
cadres définis en matière de pratique de certains
praticiens peuvent faire partie des exigences.
• Quels praticiens de la médecine complémentaire
et parallèle ou quelles approches dans ces
domaines devraient être réglementés par des lois
et quels praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle ou quelles approches
dans ces domaines devraient être réglementés par
un régime volontaire? Quels sont les éléments
exigés par l’un ou l’autre des régimes dans le
contexte actuel de réforme des règlements en
matière de santé?
• De quelle façon la couverture des assurances
privées pour les approches complémentaires et
parallèles influence-t-elle le recours aux praticiens
de la médecine complémentaire et parallèle par
les consommateurs; la reconnaissance des
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle par les praticiens de médecine
conventionnelle, les organismes professionnels de
réglementation et Revenu Canada; la demande
publique en ce qui concerne un régime
d’assurance gouvernementale couvrant des
approches complémentaires et parallèles
déterminées?
• Quelles sont les exigences requises pour mettre au
point une capacité de recherche canadienne en
vue d’examiner et de comprendre les attitudes des
Canadiens envers les soins de santé
conventionnels et les approches complémentaires
et parallèles; les sources d’information à ce sujet
et leur qualité; les contextes dans lesquels elles
sont utilisées; l’efficacité, la sécurité, l’efficacité de
la pratique et le rapport coût-efficacité de
thérapies définies; et les options en matière
d’études, de formation et de réglementation des
praticiens?
• Quelles sont les approches productives pour
comprendre des systèmes de santé apparemment
incompatibles ou incomparables avec la médecine
scientifique occidentale, comme l’homéopathie,
la médecine chinoise traditionnelle et la
médecine ayurvédique. Des modèles ayant trait
aux divers paradigmes de santé contribueraient à
documenter la formation professionnelle,
l’intégration culturelle et les décisions
réglementaires.
II. f Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
L ISTE
DES ABRÉVIATIONS
À propos de Santé Canada
Santé Canada. À propos de Santé Canada. Disponible à l’adresse
suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/francais/apropos.htm
Berger Monitor
The Berger Monitor Hay Health Care Consulting Group. The Berger
Monitor, March 1999 Survey, Overview Report, Toronto, 1999.
Plan d’activités
Santé Canada. Health Canada Business Plan 1998/1999 - 2000/2001, à
compter du 11 janvier 1999. Disponible à l’adresse suivante :
http://www.hc-sc.gc.ca.
Canada Health Monitor
Earl Berger et Price Waterhouse. Canada Health Monitor, Survey #16,
Overview Report, Toronto, 1997.
Canadian Overview
York University Centre for Health Studies. Complementary and
Alternative Health Practices and Therapies: A Canadian Overview,
Summary Package (Sommaire), Consumer Package (Les
consommateurs), Conceptual Package (Base conceptuelle),
Regulatory Package (Réglementation). Toronto: York University
Centre for Health Studies, 1999.
Casey
Casey, James T. Rapport d’étape et analyse concernant la réglementation
professionnelle au Canada, préparé pour le comité consultatif fédéral,
provincial et territorial sur les ressources humaines, Edmonton: Field
Atkinson Perraton, 1999.
Challenge and Change
Kellner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. Complementary and Alternative
Medicine: Challenge and Change. Forthcoming November 2000.
Thérapies complémentair es
« Les thérapies complémentaires - Trouver le juste équilibre ».
L’infirmière canadienne, 1999, 6: 5-8.
Design
Er nst (1996)
Integrative Medicine and Health Network. « Design for a Canadian
Office for Complementary and Alternative Medicine: A White Paper
for the Interim Governing Council of the Canadian Institutes of
Health Research », 20 décembre1999.
Ernst, Edzard. « The Ethics of Complementary Medicine », Journal of
Medical Ethics, 1996, 22: 197-198.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. g
Er nst (1998)
Ernst, Edzard. « How Can Traditional Health Systems Contribute to
Better Health? », document préparé pour la réunion du
Commonwealth des ministres de la Santé, tenue du 15 au 19
novembre1998.
Four Health Systems
Tzu Chi Institute for Complementary and Alternative Medicine.
Integrated Health Care in an International Context - An Overview of
Complementary and Alternative Health Practices in Four Health Delivery
Systems, Vancouver, Tzu Chi Institute for Complementary and
Alternative Medicine, 1999. (Contrat avec Santé Canada, rapport
non- publié)
Gilmour et Achilles
Gilmour, Joan, et Achilles, Rona. Présentation portant sur des aspects
sélectionnés des approches complémentaires et parallèles :
réglementation.
Integrated Health Care
The Foundation for Integrated Medicine. Integrated Health Care: A
Way Forward for the Next Five Years? A Discussion Document,
Royaume-Uni, 1997.
Consultations inter nes
Division des systèmes de santé, Direction générale de la promotion et
des programmes de la santé. Grandes lignes des consultations internes
sur les approches complémentaires et parallèles, tenues le 21 juillet
1998 — questions portant sur le système de santé.
Kelner
Kelner, Merrijoy. « Report on Regulation and Coverage »,
présentation faite lors de la tenue du groupe consultatif sur les
approches complémentaires et parallèles en santé, Division des
systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des
programmes de la santé, 7 juin 1999.
Kelner et Wellman (2000a)
Kelner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. « The Ethics of
Complementary and Alternative Medicine », présentation faite lors
des Ethics Evenings, Office of Research Services and Faculty of
Medicine Research Office, Université de Toronto, 3 février 2000.
Kelner et Wellman (2000b)
Kelner, Merrijoy, et Wellman, Beverly. « Introduction » de Challenge
and Change.
Nouvelle vision
Travaux publics et services gouvernementaux. Les produits de santé
naturels : Une nouvelle vision, rapport du Comité permanent de la
santé, Ottawa, 1998.
Savas
Savas, Daniel. « Information on Consumer Utilization: An Overview »,
présentation faite lors de la tenue du groupe consultatif sur les
approches complémentaires et parallèles en santé, Division des
systèmes de santé, Direction générale de la promotion et des
programmes de la santé, les 5 et 6 décembre 1999.
II. h Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Symposium
« Why People Use Complementary and Alternative Medicine: Social
Science Perspectives », rapport sommaire d’un symposium
international, Université de Toronto, 16-18 avril 1998.
Verhoef
Verhoef, Marja. « Complementary Medicine: Impact on Physicians »,
présentation, 23 novembre1998.
Groupe consultatif
« Workshop Report » Health Promotion and Programs Branch,
Health Canada. Groupe consultatif sur les approches complémentaires
et parallèles en santé, Direction générale de la promotion et des
programmes de la santé, rencontre exploratoire, 25-26 janvier 1999,
Division des systèmes de santé. (Contrat avec Santé Canada, rapport
non-publié)
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. i
1. I NTRODUCTION
1.1 ÉVENT AIL DES PROBLÈMES
Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on
remarque un intérêt grandissant pour les approches
complémentaires et parallèles en santé (ACPS)
ainsi que pour leur utilisation. En s’adaptant à cette
réalité, les systèmes de santé ont à faire face à un
large éventail de problèmes :
• En quoi consistent exactement les « approches
complémentaires et parallèles en santé »?
• Quel est — ou quel devrait être — le lien entre
les approches complémentaires et parallèles en
santé et les soins de santé « conventionnels » ou
« occidentaux »?
• Quelles sont les exigences requises pour permettre
aux consommateurs de faire des choix éclairés et
sécuritaires en matière de services
complémentaires et parallèles et de produits de
santé naturels?
• De quelle façon doit-on réglementer la
production, l’étiquetage et la vente de produits de
santé naturels?
• Les praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle devraient-ils être réglementés et, si oui,
de quelle façon?
• Quelles études et quelle formation devraient avoir
les praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle?
• À quelles normes d’enseignement et de formation
doivent répondre les praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle — autant dans le
cadre des soins de santé conventionnels qu’en
dehors de ceux-ci?
• Quels types d’approches complémentaires et
parallèles l’assurance-maladie devrait-elle couvrir
— ou le régime d’assurance publique ou le régime
d’assurance privée?
• Quels domaines de recherche en matière
d’approches complémentaires et parallèles
devrait-on encourager et comment devrait-on le
faire?
• De quelle façon les actions prises à l’égard de ces
problèmes influencent-elles l’état des autres
problèmes?
1.2 EXAMEN DE LA DOCUMENTATION
RÉCENTE
Ce rapport résume les questions de politiques
associées aux approches complémentaires et
parallèles en santé au Canada à l’heure actuelle. Le
résumé se fonde sur la documentation récente de la
Division des systèmes de santé, de la Direction
générale de la promotion et des programmes de la
santé de Santé Canada. On n’a examiné qu’un
nombre défini de documents (voir la liste des
abréviations à la page vi). Ils sont composés de
rapports « repères » sur les consultations publiques
(comme Nouvelle vision et Integrated Health Care);
de vues d’ensemble de la situation actuelle,
financées en tout ou en partie par Santé Canada
(comme Canadian Overview, Casey et Symposium);
de rapports portant sur les groupes de travail récents
financés par Santé Canada (comme les
consultations internes et les groupes de travail); et
d’autres documents divers. Plusieurs documents
donnent un point de vue international (Integrated
Health Care, Four Health Systems, Ernst [1998]).
1.3 RESPONSABILITÉS DE SANTÉ
CANADA ET DE LA DIVISION DES
SYSTÈMES DE SANTÉ
Au Canada, la santé relève à la fois des
gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont
la responsabilité, notamment, de ce qui suit :
• la prestation et la couverture d’assurance des
services de santé;
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 17
• la réglementation des praticiens;
• le financement de la formation des praticiens.
Le gouvernement fédéral contribue, entre autres :
• à maintenir les principes du régime public
d’assurance-maladie;
• à assurer la santé des personnes, des groupes et de
l’ensemble de la population;
• à réduire les risques pour la santé en réglementant
les aliments, les médicaments et les produits de
santé naturels, notamment;
• à offrir des services de santé sur les réserves aux
Premières nations et aux Inuits;
• à financer les organismes et les programmes
nationaux de recherche sur la santé.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et
territoriaux travaillent de concert dans les domaines
d’intérêt commun ou de responsabilité commune.
Parmi ces domaines, figurent le renouvellement du
système de santé, les études et la formation des
praticiens et la prestation de renseignements en
matière de santé à la population.
Au sein de Santé Canada, le point de coordination
pour les approches complémentaires et parallèles en
santé appartient au Bureau des produits de santé
naturels (BPSN), nouvellement créé et relevant de
la Direction générale de la protection de la santé.
Le Bureau peut compter sur la collaboration d’autres
secteurs au sein du Ministère, dont la Division des
systèmes de santé, Direction générale de la
promotion et des programmes de la santé. Le rôle
du Bureau est de s’assurer que les produits de santé
naturels sur le marché canadien sont sécuritaires,
efficaces et de grande qualité, tout en respectant la
liberté de choix et la diversité philosophique et
culturelle des Canadiens. Le rôle de la Division des
systèmes de santé est d’examiner les répercussions
des approches complémentaires et parallèles en
santé sur le système de santé et sur le
renouvellement de ce dernier.
Ouvrages à consulter : À propos de Santé Canada;
Plan d’activités, 9-19; Groupe de travail, 1-3.
1.4 PORTÉE ET ORIENTATION DE CET
EXAMEN
Cet examen résume les questions de politiques
reliées aux responsabilités de la Division des
systèmes de santé. Étant donné que les questions
soulevées par les approches complémentaires et
parallèles en santé sont interdépendantes, il est
souvent nécessaire d’examiner les questions
soulevées dans les domaines ne relevant pas
directement du gouvernement fédéral (comme la
réglementation des praticiens) ni de la Division des
systèmes de santé (comme la réglementation des
produits de santé naturels). Cependant, ce rapport
s’attache aux éléments susceptibles de faire partie
des attributions ministérielles de la Division des
systèmes de santé.
II. 18 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
2. C ONCEPTS
2.1
ET CATÉGORIES
DÉFINITION SELON LES NA TIONAL
INSTITUTES OF HEALTH DES
ÉTATS-UNIS
La définition des approches complémentaires et
parallèles acceptée par l’Office of Alternative
Medicine, des National Institutes of Health, aux
États-Unis, est souvent citée et elle devrait servir de
point de départ aux travaux en matière de politique :
Les approches complémentaires et
parallèles en santé (ACE) constituent un
vaste domaine de ressources de guérison qui
englobe tous les systèmes, toutes les
modalités et toutes les pratiques de santé de
même que les théories et les croyances qui
les accompagnent, autres que celles qui
sont intrinsèques au système de santé
politiquement dominant d’une société ou
d’une culture particulière dans une période
historique donnée. Les approches
complémentaires et parallèles comprennent
toutes les pratiques et les idées que
définissent leurs utilisateurs comme
prévenant ou traitant la maladie ou
favorisant la santé et le bien-être. Les
limites des approches complémentaires et
parallèles, ainsi que les limites entre le
domaine des approches complémentaires et
parallèles et celui du système dominant ne
sont pas toujours précises ni fixes1.
Étant donné que le terme « approches » a un
sens plus large que le terme « médecine », ce
rapport fait référence aux approches
complémentaires et parallèles en santé plutôt qu’à
la « médecine » complémentaire et parallèle.
L’expression « approches complémentaires et
parallèles en santé » évoque une corrélation avec la
forme dominante de soins de santé. Dans ce rapport,
nous considérons cette dernière comme équivalant
aux soins de santé occidentaux. Certaines thérapies
complémentaires et parallèles ont été intégrées aux
1
soins de santé occidentaux. Afin de rendre à la fois
le statut dominant des soins de santé occidentaux et
sa capacité d’intégrer les composantes des approches
complémentaires et parallèles en santé, nous
utilisons le terme « conventionnel » dans ce rapport
pour faire référence aux pratiques et aux praticiens
de la médecine occidentale.
Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 23-25;
Kelner et Wellman (2000b), p. 3-5.
2.2 LIMITES DE LA LANGUE
En considération de la diversité des approches
complémentaires et parallèles en santé, de leur
évolution dans les pays industrialisés et de leur
statut controversé ou changeant en relation avec les
soins de santé conventionnels, les problèmes de
langue sont presque inévitables. Du point de vue
des politiques, il est important de savoir que
certaines définitions ou descriptions d’approches
complémentaires et parallèles sont incomplètes ou
limitées. On peut se poser plusieurs questions au
sujet des discussions entourant les approches
complémentaires et parallèles pour analyser les
limites de la langue utilisée :
• Est-ce que la description des approches
complémentaires et parallèles en santé reflète la
diversité de ces approches par rapport aux
systèmes de croyances et aux pratiques?
• Est-ce que les approches complémentaires et
parallèles en santé sont décrites en fonction de ce
qu’elles ne sont pas ou en fonction de ce qu’elles
sont? Dans les deux cas, les termes de la
définition sont-ils justes et exacts?
• Les approches complémentaires et parallèles en
santé sont-elles examinées selon le point de vue
des praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle ou selon celui des personnes ne
pratiquant pas ces approches?
Comité des National Institutes of Health sur la définition et la description, E.U.(1997). Définition et description des médecines
complémentaires et parallèles. Alternative Therapies, 3(2): 49-57.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 19
• Les approches complémentaires et parallèles en
santé sont-elles décrites ou définies
essentiellement en fonction des soins de santé
conventionnels?
• La description des approches complémentaires et
parallèles en santé est-elle centrée sur un seul
aspect ou sur quelques aspects? Par exemple, la
description est-elle principalement fondée sur un
type de pratique, telle la manipulation physique?
ou sur une composante en particulier, tels les
produits de santé naturels? ou encore sur un
critère en particulier, comme la sécurité,
l’efficacité, le choix éclairé ou l’autonomie du
consommateur?
• La description des approches complémentaires et
parallèles en santé prend-elle en compte le
contexte socioculturel dans lequel les approches
complémentaires et parallèles en santé sont
offertes ou adoptées?
Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 23-28;
Kelner et Wellman (2000b), p. 3-5; Consultations
internes, p. 19-20. Les « Basic Questions about
Health Systems », formulées par le comité du
National Institute of Health (NIH) sur la
description et la définition, est un guide complet
visant à élaborer un compte rendu complet et précis
du système de santé (voir Canadian Overview,
p. 16-18).
Complementary Medicine, 3e édition (voir Kelner et
Wellman [2000b], p. 4-5), le National Centre for
Complementary and Alternative Medicine du NIH
(voir Canadian Overview, annexe A) et le York
University Centre for Health Studies (voir
Canadian Overview, p. 28-30);
• Classification selon le contexte dans lequel les
appr oches sont of fertes : formes cliniques
(chiropratique, homéopathie, acupuncture et
naturopathie); formes psychologiques et
comportementales (yoga, dansothérapie et
rétroaction biologique); et formes sociales et
communautaires (fidéisme thérapeutique et
remèdes populaires) (voir Kelner et Wellman
[2000b], p. 5);
• Classification selon l’étendue de la légitimité et
l’acceptation par la population dans le contexte
des soins de santé conventionnels : les approches
les plus acceptées (ostéopathie, chiropratique et
acupuncture); les approches moyennement
acceptées (naturopathie et homéopathie); les
approches les moins acceptées (renaissance et
Reiki) (voir Kelner et Wellman [2000b], p. 5).
Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 28-30;
Kellner et Wellman (2000b), p. 4-5; Four Health
Systems, annexe C.
2.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES
2.3 CLASSIFICA TION DES APPROCHES
COMPLÉMENT AIRES ET P ARALLÈLES
EN SANTÉ
Compte tenu de la diversité des approches
complémentaires et parallèles en santé, il est
nécessaire de les classer selon des catégories
différenciant les divers systèmes ou actions. En
l’absence de ces catégories, il est impossible
d’examiner ou d’élaborer des politiques appropriées
à une forme particulière d’approches
complémentaires et parallèles en santé. Plusieurs
systèmes de classification ont été proposés :
• Classification selon le type d’appr oche
complémentair e et parallèle en santé , telle que
celle qu’a proposée le Handbook of Alternative and
Lorsque les champs de politique et de pratique
sont controversés, les parties ayant des divergences
d’opinions devront arriver à s’entendre sur un
langage commun. S’entendre sur un langage peut
en soi constituer une percée dans le processus
d’élaboration des politiques. Le consensus peut
jeter les bases d’un dialogue positif et d’une
collaboration constructive. Néanmoins,
l’élaboration de politiques et de pratiques exigera
plus qu’un langage commun. Il devra aussi y avoir
des modèles modifiés ou de nouveaux modèles de
pratique médicale, et de réglementation,
d’éducation et de recherche en matière de santé
— modèles pouvant s’adapter aux aspects des
approches complémentaires et parallèles en santé
ou les appuyer, soit en les couplant ou en les
intégrant aux soins de santé conventionnels.
II. 20 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
L’importance de la légitimité et de l’acceptation
accordée à une forme particulière d’approche
complémentaire ou parallèle, ou encore
l’importance souhaitée à l’intérieur du système de
santé conventionnel est significative pour le
processus d’élaboration des politiques. Les efforts
déployés par les praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle en vue de faire
accepter leur médecine combinés à l’utilisation des
consommateurs inciteront les gouvernements, les
assureurs, les organismes de réglementation des
professionnels de la médecine conventionnelle et
les associations des professionnels de la santé
conventionnels à modifier leur perception, leurs
politiques et leurs pratiques. Les approches
complémentaires et parallèles en santé les « plus
acceptées » et les « moyennement acceptées »
deviendront probablement le centre d’intérêt.
Accepter les approches complémentaires et
parallèles en santé signifie regarder d’un autre œil
les soins de santé conventionnels. Par exemple,
déterminer le rôle des approches complémentaires
et parallèles dans les soins primaires et palliatifs
exigera une analyse de ces derniers. Dans le même
ordre d’idées, lorsque les gens croient (à tort ou à
raison) que les approches complémentaires et
3. U TILISATION
Au Canada et dans les autres pays industrialisés, on
constate de plus en plus une demande grandissante
pour les approches complémentaires et parallèles
en santé. Il serait utile de classer certaines des
études le plus souvent citées :
• Études de recherche : Elles comprennent l’étude
pionnière des États-Unis réalisée par Eisenberg et
3
4
5
6
Il existe certaines valeurs, du moins du point de
vue du gouvernement, qui ont préséance sur
certaines divergences d’opinions concernant les
approches complémentaires et parallèles en santé.
Parmi ces valeurs, on compte la sécurité, l’efficacité,
le rapport coût-efficacité, le choix éclairé et l’accès
juste. Il y a certainement d’autres valeurs qui
permettent d’aborder les approches
complémentaires et parallèles en santé, mais celles
que nous venons de mentionner sont essentielles
aux gouvernements pour garantir l’accès du public
à des informations concernant les approches
complémentaires et parallèles en santé, l’accès aux
approches complémentaires et parallèles en santé
sans restrictions indues, la sécurité et l’efficacité
des approches ainsi que l’allocation judicieuse des
dépenses publiques dans les domaines où les
besoins sont importants ou le justifient.
Ouvrages à consulter : Ernst (1998), p. 3, paragr. 8;
Kelner et Wellman (2000a); Nouvelle vision, p. 5-6.
CHEZ LES CONSOMMATEURS
3.1 TYPES D’ÉTUDES
2
parallèles en santé offrent une méthode holistique
leur permettant de contribuer au maintien de leur
santé, ils se demandent comment la médecine
conventionnelle devrait faire pour adopter une
telle approche.
ses collaborateurs (1993)2 , l’étude de cas
d’Eisenberg et de ses collaborateurs (1998)3 , une
étude canadienne de Ramsey et de ses
collaborateurs (1999) menée pour le Fraser
Institute4 et une étude australienne réalisée par
MacLennan et ses collaborateurs (1996) 5.
• Études fondées sur des données recueillies dans les
enquêtes nationales sur la santé au Canada : Parmi
celles-ci, on retrouve les études de Miller (1997)6
Eisenberg, D.M., Kessler, R.C., Foster, C., et coll. (1993). « Unconventional medicine in the United States: Prevalence, costs and patterns of
use », New England Journal of Medicine, 328(4): 246-252.
Eisenberg, D.M., Davis, R.B., Ettner, S.L., et coll. (1998). « Trends in alternative medicine use in the United States, 1990-97: results of a
follow-up national survey », Journal of the American Medical Association, 280(18): 1569-1575.
Ramsay, C., Walker, M., et Alexander, J. (1999). « Alternative medicine in Canada: Use and public attitudes », Public Policy Sources 21, Fraser
Institute.
MacLennan, A.H., Wilson, D.H., et Taylor, A.W. (1996). « Prevalence and cost of alternative medicine in Australia », The Lancet, 37: 569-573.
Miller, W.J. (1997). « Use of alternative health care practitioners by Canadians », Revue canadienne de santé publique, 88(3): 154-158.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 21
et de So (1997)7 fondées sur les données de
l’Enquête nationale sur la santé de la population
(ENSP) et l’étude de Blais et de ses
collaborateurs (1997)8 utilisant des données de
l’enquête sur la santé au Québec et de la Régie
de l’assurance-maladie du Québec.
• Sondages d’opinion : Ceux-ci comprennent un
sondage de 1997 mené par le Groupe Angus Reid
(1998)9 , un sondage de 1997 mené par le
Canada Health Monitor (Canada Health Monitor)
et un sondage de 1999 réalisé par le Berger
Monitor (Berger Monitor).
• Groupes de discussion : Le Bureau des produits
de santé naturels, Direction générale de la
protection de la santé, a commandé quatre
groupes de discussion au Groupe Angus Reid.
Ouvrage à consulter : Canadian Overview, 254-266.
3.2 CONCLUSIONS DES ÉTUDES
RÉCENTES
Les conclusions de ces études sont résumées en ce
qui concerne plusieurs sujets de préoccupation en
matière de politique : prévalence de l’utilisation,
profil des consommateurs, raisons d’utilisation,
types de thérapies utilisées, consultation avec des
praticiens, produits de santé naturels substituants,
sources des produits de santé naturels et coûts des
approches complémentaires et parallèles en santé.
• Prévalence de l’utilisation : Une proportion
importante de Canadiens a recours à des
approches complémentaires et parallèles en
santé. On rapporte que la prévalence du recours
aux approches complémentaires et parallèles dans
la population canadienne — qui se situe entre
40 % et 50 % (Canadian Overview, p. 255-256)
— est plus élevée que la prévalence du recours
7
8
9
aux praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle dans la population canadienne, qui est
d’environ 25 % (Berger Monitor, p. 55).
• Utilisation en hausse : La proportion de la
population canadienne qui a recours aux
approches complémentaires et parallèles en santé
est à la hausse (Berger Monitor, p. 55, 61, 63;
Canadian Overview, p. 257; Symposium, p. 1819). Le sondage du Berger Monitor de 1999 révèle
des augmentations appréciables entre 1993 et
1999, sur une période donnée de six mois. Le
recours aux chiropraticiens est passé de 9 % à 12
%, aux masseurs, de 4 % à 10 %, aux herboristes,
de 1 % à 3 %, aux acupuncteurs, de 1 % à 2 %,
aux homéopathes, de 1 % à 2 %, et aux
réflexologistes, de 1 % à 2 % (Berger Monitor,
p. 55).
• Profil des consommateurs : Au Canada, en général,
les consommateurs d’approches complémentaires
et parallèles en santé sont des jeunes, parmi
ceux-ci, on compte des femmes, des personnes
ayant un degré de scolarité supérieur et un
revenu élevé, et les habitants de l’Ouest
(Canadian Overview, p. 255-260; Berger Monitor,
p. 56, 61, 63).
• Raisons d’utilisation : Les Canadiens font appel
aux approches complémentaires et parallèles en
santé pour prévenir des maladies ou maintenir
leur bien-être. Les raisons particulières varient.
Les gens croient que les approches
complémentaires et parallèles en santé sont sans
danger et qu’elles peuvent être utiles. Les
approches complémentaires et parallèles ont
réussi à soulager leur état alors que la médecine
conventionnelle n’a pas réussi (problèmes de dos,
douleur chronique, fatigue et autres symptômes
de maladies chroniques). Ils endossent le point
de vue holistique de la santé ou du bien-être et
trouvent que les approches complémentaires et
So, J. (1997). « Utilization of alternative therapies by the Canadian population: A preliminary study », in Muldoon, J. (éd.). Taking Charge of
Health: Exploring Alternative Health Care, comptes rendus financés par la Trent University, le Sir Sanford Fleming College et le Haliburton,
Kawartha et Pine Ridge District Health Council.
Blais, R., Maiga, A., et Aboubacar, A. (1997). « How different are users and non-users of alternative medicine? », Revue canadienne de santé
publique, (38)3: 159-162.
GroupeAngus Reid (1998). Use and danger of alternative medicines and practices: Parts I and II, sondage mené auprès des consommateurs par
CTV/Angus Reid Group Poll en août 1997.
II. 22 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
parallèles leur permettent de mieux évaluer leur
santé ou leur bien-être (Canadian Overview, p.
260-261, 262-263; Symposium, p. 17-18)
• Types de thérapies utilisées : Certains types
d’approches complémentaires et parallèles sont
davantage utilisés que d’autres au Canada.
L’étude du Fraser Institute indique que le
pourcentage de Canadiens ayant eu recours à une
thérapie particulière est le suivant : chiropratique
(36 %), techniques de relaxation (23 %),
massage (23 %), prière (21 %), herbologie
(17 %), régime spécial (12 %), remèdes
populaires (12 %), acupuncture (12 %), yoga
(10 %), groupes d’entraide (8 %), régime de
mode de vie (8 %) et homéopathie (8 %)
(Canadian Overview, 63-64; pour une répartition
par praticiens et par produits dans le sondage de
1999 du Berger Monitor, voir Berger Monitor, p. 55
et 53; pour des comparaisons internationales,
voir Ernst [1998], tableau 1).
• Consultation avec des praticiens conventionnels :
De plus en plus de consommateurs de la
médecine complémentaire et parallèle discutent
des approches complémentaires et parallèles avec
leur médecin conventionnel (Berger Monitor,
p. 58). Parmi ceux qui ne consultent pas de
médecin, environ un tiers agissent de la sorte
parce qu’ils croient que leur médecin les
critiquerait ou qu’il ne s’y connaîtrait pas et
environ un tiers font davantage confiance à
d’autres personnes qu’à leur médecin dans ce
domaine (Berger Monitor, p. 59). Les grands
consommateurs d’approches complémentaires et
parallèles et de produits de santé naturels sont
davantage susceptibles de se montrer critiques à
l’égard de leur médecin (Berger Monitor, p. 59).
(Pour des discussions à ce sujet, voir Canadian
Overview, p. 261-262.)
• Consultation avec des praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle : Le pourcentage de
personnes ayant consulté un praticien de la
médecine complémentaire et parallèle est
généralement moins élevé que le pourcentage de
personnes ayant consommé un produit de santé
naturel (voir Ernst [1998], tableau 1; Canadian
Overview, p. 258- 259). Le Berger Monitor de 1999
révèle que 24 % des répondants avaient consulté
un ou plusieurs praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle, tandis que 70 % des
répondants avaient utilisé un ou plusieurs
produits de santé naturels (Berger Monitor, p. 56,
63). Bien que les personnes ayant recours aux
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle aient tendance à avoir des revenus plus
élevés (Berger Monitor, p. 61), ce n’est pas le cas
des consommateurs de produits de santé naturels
(Berger Monitor, p. 63).
• Produits de santé naturels de substitution : Une
proportion significative et de plus en plus grande
de la population utilise des produits de santé
naturels au lieu des médicaments obtenus sur
ordonnance (7 % en 1999 contre 4 % en 1998),
ou des produits de santé naturels au lieu de se
rendre chez le médecin (16 % en 1999 contre
10 % en 1998). Cette dernière pratique est plus
répandue chez les femmes et elle est trois fois
plus répandue chez les personnes âgées entre 15
et 34 ans que chez celles qui sont âgées de 65 ans
et plus (Berger Monitor, p. 67). Six personnes sur
dix remplaçant leur médicament sur ordonnance
par un produit de santé naturel indiquent qu’elles
consultent un médecin ou un pharmacien (Berger
Monitor, p. 68). Une majorité de médecins et de
pharmaciens appuient la décision des répondants
de remplacer leur médicament par un produit de
santé naturel (Berger Monitor, p. 69; selon un
petit échantillon).
• Fournisseurs de produits de santé naturels :
Récemment, au Canada, on a remarqué un
changement dans les préférences des
consommateurs en ce qui a trait aux détaillants
de produits de santé naturels (Berger Monitor,
p. 64). Les pharmacies occupent toujours le
premier rang (58 % des consommateurs), mais
Internet occupe maintenant le troisième rang
(11 % des consommateurs) et les magasins
d’aliments naturels, même s’ils occupent encore
le deuxième rang, ont perdu du terrain (16 %
des consommateurs).
• Coûts des approches complémentaires et parallèles en
santé : On estime qu’en 1996-1997 on a dépensé
un total de 3,8 millions de dollars pour les
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 23
approches complémentaires et parallèles en santé
au Canada. De ce montant, 1,8 million de dollars
a été consacré aux pratiques et thérapies
complémentaires et parallèles, 937 millions, aux
herbes et aux vitamines, 104 millions, aux
programmes de régime spécial et plus de 998
millions, aux livres, aux cours et à l’équipement.
Les opinions des Canadiens varient en ce qui
concerne la couverture d’assurance de ces
produits par des régimes d’assurance-maladie
provinciaux selon des études (voir Canadian
Overview, p. 263-264).
Les études mentionnées plus haut parlent très peu
du contexte socioculturel des approches
complémentaires et parallèles en santé. Il est
nécessaire d’effectuer d’autres recherches pour
analyser les attitudes des personnes ayant recours
aux approches complémentaires et parallèles en
santé, les circonstances dans lesquelles elles en ont
entendu parler et les réseaux et systèmes de
communication par lesquels des informations
dignes de foi concernant les approches
complémentaires et parallèles en santé sont
véhiculés (voir Symposium, 17-21).
Ouvrages à consulter : Berger Monitor, p. 53-70;
Canadian Overview, p. 255-266; Ernst (1998),
tableau 1; Symposium, p. 17-21 (cf. Challenge and
Change, p. 10-12).
3.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
De plus en plus de Canadiens utilisent des produits de
santé naturels et ont recours à des praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle, et les données
démographiques semblent indiquer que cette
tendance sera à la hausse dans les années à venir.
Bien qu’un nombre accru de consommateurs parlent
de l’utilisation qu’ils font des approches
complémentaires et parallèles avec leur médecin
conventionnel, un grand nombre ne le font pas.
Certains consommateurs utilisent des produits de
santé naturels au lieu des médicaments obtenus sur
ordonnance ou de consulter un médecin. La plupart
des consommateurs de produits de santé naturels ne
consultent pas de praticien de la médecine
complémentaire et parallèle.
La situation actuelle souligne l’importance :
• de comprendre les raisons (personnelles et
sociologiques) qui motivent les consommateurs à
recourir aux approches complémentaires et
parallèles en santé;
• de fournir des informations complètes et précises sur
les produits et les pratiques complémentaires et
parallèles aux consommateurs et aux praticiens;
• d’avoir de bonnes pratiques de fabrication et un
étiquetage adéquat de tous les produits;
• d’avoir des discussions neutres et éclairées sur les
approches complémentaires et parallèles en santé
entre les professionnels de la santé conventionnels
et leurs patients;
• d’établir des normes d’enseignement et de
formation pour les praticiens (conventionnels ou
complémentaires et parallèles) offrant des
approches complémentaires et parallèles;
• de mener des recherches sur la sécurité et l’efficacité
des produits de santé naturels ainsi que sur les
meilleures pratiques d’utilisation et de vente.
Même si les études et les sondages mentionnés plus
haut fournissent des informations de base sur le
comportement des consommateurs, ils ne tracent pas
un portrait complet des formes et des contextes variés
et particuliers des approches complémentaires et
parallèles en santé. Il est nécessaire d’obtenir plus
d’information sur les points suivants :
• les variétés particulières d’approches
complémentaires et parallèles en santé (produits et
pratiques), y compris la prévalence de l’utilisation,
l’incidence de l’utilisation, les indicateurs de
l’utilisation (comme le genre, l’âge, l’origine
ethnique, le revenu, l’éducation, l’état de santé,
etc.), les raisons de l’utilisation, le contexte de
l’utilisation, les résultats produits par l’utilisation et
les coûts d’utilisation;
• la façon dont les Canadiens se renseignent sur les
approches complémentaires et parallèles en santé
(produits, pratiques ou praticiens), les évaluent et
prennent des décisions à leur égard;
II. 24 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
• les endroits où les Canadiens peuvent obtenir des
produits et des thérapies complémentaires et
parallèles;
• les liens entre le recours aux approches
complémentaires et parallèles en santé et le recours
aux soins de santé conventionnels en fonction du
type de soin, du genre, de l’âge, de l’origine ethnique,
du revenu, de l’éducation et de l’état de santé;
• les attitudes des Canadiens envers les questions de
politique que soulèvent les approches
complémentaires et parallèles en santé, telles que la
réglementation des produits et des praticiens, la
4. I NTÉGRATION
couverture d’assurance des produits et des services
et l’intégration aux soins de santé conventionnels;
• les attitudes, les connaissances et les pratiques des
praticiens conventionnels (médecins, infirmières,
physiothérapeutes, ergothérapeutes, etc.) à l’égard
des produits, des pratiques et des praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle.
Ouvrages à consulter : Savas; Kelner, M., et Wellman,
B. (1997). « Health Care and Consumer Choice:
Medical and Alternative Therapies », Social Science
and Medicine 45(2): 203-212.
DES APPROCHES COMPLÉMENTAIRES
PARALLÈLES EN SANTÉ
4.1 INTÉGRA TION AUX SOINS DE SANTÉ
CONVENTIONNELS
Au Canada et dans les autres pays industrialisés, le
mouvement vers l’intégration des approches
complémentaires et parallèles en santé aux soins de
santé conventionnels est stimulé par l’utilisation
croissante que font les consommateurs des approches
complémentaires et parallèles en santé. Le processus
d’intégration est, en majeure partie, graduel et inégal.
On peut dire qu’il se produit à trois niveaux : au
niveau personnel, au niveau clinique et au niveau du
système de soins de santé (voir Four Health Systems,
p. 6-7, 13-14):
• Intégration au niveau personnel — Les personnes
combinent de leur propre chef les approches
complémentaires et parallèles en santé aux soins de
santé conventionnels. C’est la forme la plus
répandue.
• Intégration au niveau clinique — Elle se produit dans
certaines pratiques. Les praticiens peuvent avoir
une double formation, une en soins de santé
conventionnels et une dans une autre forme de
soins de santé, comme l’homéopathie ou la
médecine chinoise traditionnelle. Ou une pratique
peut comprendre des praticiens conventionnels et
des praticiens de la médecine complémentaire et
ET
parallèle (p. ex., l’équipe clinique du Tzu Chi
Institute est constituée de médecins en titre, de
naturopathes, de chiropraticiens, de
kinésithérapeutes, d’acupuncteurs et d’infirmières
autorisées).
• Intégration au niveau du système de soins de santé —
Elle commence à se produire. Par exemple, un
nombre grandissant de régimes privés d’assurance
au Canada ainsi que les organisations des soins de
santé intégrés aux États-Unis remboursent certaines
formes d’approches complémentaires et parallèles
en santé.
Une étude sur la situation au Royaume-Uni, menée
sous l’égide du Steering Committee for The Prince of
Wales’ Initiative on Integrated Medicine, révèle que,
dans le domaine des soins de santé intégrés, on
devrait entreprendre des actions en ce qui concerne
les besoins des consommateurs, l’information en
matière de santé, les études des praticiens, la
réglementation professionnelle et la recherche
(Integrated Health Care, p. 6). L’enquête a permis de
faire une analyse des facteurs structurels ainsi que des
facteurs liés au processus et aux résultats qui
favoriseraient davantage des soins de santé intégrés et
d’élaborer un modèle d’évaluation de la qualité des
services intégrés (voir Integrated Health Care, p. 63-65
et 39). L’enquête a relevé plusieurs points essentiels au
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 25
succès de l’intégration (Integrated Health Care, p. 4041) : les attitudes des praticiens, des démonstrations
de sécurité et d’efficacité, la formation adéquate des
praticiens et la couverture d’assurance des soins.
Ouvrages à consulter : Integrated Health Care, 3-7, 3545, 63-65; Four Health Systems, 1-33, et tableau 1.
4.2 INCIDENCES SUR LES POLITIQ UES
Une comparaison de l’intégration au sein de quatre
pays : Australie, Chine, Royaume-Uni et États-Unis,
a permis de définir un ensemble de difficultés à
surmonter si l’on veut intégrer les approches
complémentaires et parallèles en santé aux soins de
santé conventionnels (Four Health Systems, p. 29) :
• manque de recherche de grande qualité sur la
sécurité, l’efficacité et le rapport coût- efficacité des
thérapies et des traitements complémentaires et
parallèles en santé, ainsi que sur leurs mécanismes
sous-jacents;
• manque de financement pour la recherche sur les
approches complémentaires et parallèles en santé;
• incertitude au sujet des modes les plus efficaces de
prestation des soins;
• réglementation des praticiens ou des pratiques de la
médecine complémentaire et parallèle;
• normes d’enseignement pour les pratiques et les
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle;
• manque de familiarité de la collectivité médicale
conventionnelle avec les approches
complémentaires et parallèles en santé;
• absence de structures de réglementation
entièrement définies pour assurer la sécurité et
l’efficacité des produits de santé naturels..
La politique joue un rôle essentiel dans ces domaines.
Les gouvernements, de concert avec les organisations
professionnelles, les établissements d’enseignement et
de formation, les organismes de recherche et les tiers
payeurs des services de santé, peuvent prendre des
mesures pour régler ces problèmes. Certaines des
incidences précises sur les politiques sont abordées
plus loin dans le rapport. Toutefois, nous devons nous
poser plusieurs questions importantes au fur et à
mesure que nous progressons :
• Quels sont les motifs décisifs qui permettent
d’intégrer (ou de ne pas intégrer) une forme
d’approche complémentaire et parallèle aux soins
de santé conventionnels?
• Quelles sont les modalités selon lesquelles une
forme d’approche complémentaire et parallèle
pourrait être ou devrait être efficacement intégrée
aux soins de santé conventionnels?
Ces deux questions devront nécessairement faire
l’objet d’une discussion à laquelle participeront des
praticiens de tous les types (conventionnels ou
complémentaires et parallèles), des administrateurs de
système de santé, des tiers payeurs et des
consommateurs.
II. 26 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
5. I NFORMATION ,
SÉCURITÉ ET CHOIX
5.1 SOURCES ET QUALITÉ DE
L’INFORMATION
Où les Canadiens cherchent-ils ou obtiennent-ils
des informations sur les approches complémentaires
et parallèles en santé? Il n’y a pas de réponse précise
à cette question. Des études de groupes précis et des
sondages d’opinion semblent indiquer que les gens
s’informent auprès de leur famille et de leurs amis,
dans Internet, auprès des organismes de santé
bénévoles, des professionnels de la santé
conventionnels et du personnel des points de vente
des produits de santé naturels. Les consommateurs
ont indiqué qu’il est difficile de trouver de
l’information et de l’évaluer, de même que d’obtenir
des conseils (Canadian Overview, p. 269-270,
275-281).
Les réseaux jouent un rôle important dans la
façon dont les gens s’initient aux approches
complémentaires et parallèles en santé et y ont
recours (voir Symposium, p. 20-21). Les adeptes
précoces des approches complémentaires et
parallèles en santé ont établi des réseaux qui
facilitent l’accès à ces dernières. La plupart des
adeptes sont susceptibles de rechercher et
d’échanger des informations plus longtemps. Plus
le réseau est diversifié et étendu, plus les gens sont
susceptibles de faire appel à des approches
complémentaires et parallèles et moins ils auront
besoin de temps pour prendre des décisions à leur
égard. Une étude démontre qu’un réseau classique
était composé de deux membres d’une famille, d’un
ou de deux amis et d’un praticien (conventionnel
ou complémentaire et parallèle).
De plus en plus, Internet devient une source
d’information sur les approches complémentaires et
parallèles en santé. Par exemple, le Réseau canadien
de la santé (http://www.reseau-canadien-sante.ca/)
présente 61 documents sur les approches
complémentaires et parallèles. Parmi ceux-ci,
figurent des documents de la Société d’Arthrite, de
l’Association chiropratique canadienne, du
Canadian College of Naturopathic Medicine, de
l’Association canadienne du diabète, de
l’Association pulmonaire du Canada, de
l’Association médicale du Canada, de la Société
canadienne de pédiatrie, de l’Ordre des
massothérapeutes de l’Ontario, du Réseau
communautaire d’info-traitement SIDA, de Santé
Canada, du Homeopathic College of Canada, de
l’Association de la migraine du Canada, du Neichi
Training, du Research and Health Promotion
Institute, du Tzu Chi Institute for Complementary
and Alternative Medicine et de plusieurs
organismes provinciaux, ainsi que des liens vers ces
associations et organismes. Toutefois, cette
énumération ne constitue qu’une partie de
l’information disponible dans Internet, qui offre des
liens infinis vers des sources d’information partout
dans le monde.
Dans le monde virtuel de l’information, la liste du
Réseau canadien de la santé vise un objectif
principal : présenter des groupes de défense des
consommateurs, des organismes de santé bénévoles,
des associations professionnelles et des organismes
gouvernementaux en tant que sources d’information
fiables en matière d’approches complémentaires et
parallèles en santé. Une enquête portant sur des
groupes de défense des consommateurs et des
organismes de santé bénévoles révèle que la plupart
d’entre eux manifestent un vif intérêt pour les
approches complémentaires et parallèles et que
certains d’entre eux présentent des informations sur
ces dernières (voir Canadian Overview, p. 285-289).
Certains organismes ont établi des procédures
(comme un conseil médical consultatif) ou des
critères (comme des informations provenant des
recherches) pour décider quelles informations ils
fourniront. Il est toutefois important de faire une
distinction entre la prestation d’information — par
exemple les informations que donnent la Société
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 27
d’Arthrite10 , le Réseau communautaire d’infotraitement SIDA11 ou l’Ontario Breast Cancer
Information Exchange Project12 — et l’évaluation
scientifique ou clinique de thérapies déterminées —
comme l’évaluation qu’a réalisée l’Initiative
canadienne pour la recherche sur le cancer du
sein13.
Finalement, il faut mentionner que les praticiens ont
également besoin d’informations dignes de foi sur les
approches complémentaires et parallèles. Le sondage
du Berger Monitor de 1999 révèle qu’un nombre
croissant de Canadiens discutent avec leur médecin
conventionnel de leur utilisation des approches
complémentaires et parallèles (Berger Monitor, p. 58,
61). Le sondage indique aussi qu’au moment de
remplacer un médicament d’ordonnance par un
produit de santé naturel six personnes sur dix
consultent un médecin ou un pharmacien, tandis que
deux sur dix consultent un praticien de la médecine
complémentaire et parallèle. Dans ce contexte, il est
important que les praticiens (conventionnels ou
complémentaires et parallèles) aient un accès rapide à
des informations fiables sur les pratiques et les produits.
Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 253313; Savas.
5.2 INTERACTIONS PRODU IT-PRATIQUEPRATICIEN
Dans son rapport sur les produits de santé naturels,
le Comité permanent de la santé de la Chambre des
communes (Parlement du Canada) a adopté un
certain nombre de principes (voir Nouvelle vision,
p. 5-6) :
• la sécurité est une préoccupation de premier ordre;
• les produits de santé naturels doivent respecter des
normes de qualité clairement définies et établies;
• les règlements ne doivent pas restreindre indûment
l’accès des consommateurs;
• les consommateurs doivent avoir à leur disposition
des informations pertinentes;
10
11
12
13
• les règlements doivent respecter diverses traditions
culturelles.
Le Comité permanent a recommandé des
changements à apporter au cadre réglementaire des
produits de santé naturels, en fonction de ces
principes (voir New Vision, p. 18-44, 59-61). Ces
changements comprenaient :
• la création d’une nouvelle autorité réglementaire
pour les produits de santé naturels (Bureau des
produits de santé naturels);
• l’élaboration de protocoles généraux sur l’innocuité
fondés sur des preuves raisonnables fournies par un
comité consultatif d’experts;
• l’établissement de directives en matière de bonnes
pratiques de fabrication reflétant les natures diverses
des produits de santé naturels;
• la possibilité de pouvoir faire des réclamations au
sujet des produits de santé naturels, y compris des
revendications concernant leur structure et leur
fonction, la réduction des risques et les traitements;
• l’évaluation des revendications fondée sur des
preuves raisonnables qui ne sont pas limitées à des
essais cliniques à double insu, mais qui
comprennent d’autres types de preuves, selon le
type de réclamation faite;
• l’élaboration d’un cadre d’homologation du produit
fondé sur une approche de gestion des risques
soulignant la marge d’innocuité associée à un
produit précis;
• la normalisation de l’étiquetage des produits de
santé naturels afin de garantir l’affichage
d’informations claires et cohérentes sur les produits,
y compris des preuves nécessaires dans le cas de
revendication;
• l’accès des consommateurs à des informations
pertinentes, au moyen de l’étiquetage, afin qu’ils
puissent faire des choix éclairés;
Tips for Living Well: Complementary Therapies; see http://www.arthritis.ca/living/complementary.
A Practical Guide to Complementary Therapies for People Living with HIV (1999). Toronto: Community AIDS Treatment Information Exchange;
see http://www.catie.ca/practical.nsf.
A Guide to Unconventional Cancer Therapies (1994). Toronto: Ontario Breast Cancer Information Exchange Project.
Kaegi E. Unconventional therapies for cancer: 1. Essiac (1998). Canadian Medical Association Journal 158(7): 897-902; Kaei E. Unconventional
therapies for cancer: 2. Green tea (1998). Canadian Medical Association Journal 158(8): 1033-1035; Kaegi E. Unconventional therapies for
cancer: 3. Iscador (1998). Canadian Medical Association Journal 158(9): 1157-1159.
II. 28 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
• la consultation régulière des consommateurs, de
gens du milieu et des groupes de praticiens au sujet
de leurs besoins en information;
• la promotion de la recherche sur les produits de
santé naturels.
Cependant, les produits de santé naturels ne sont pas
utilisés seuls. Comme pour les pratiques et thérapies
complémentaires et parallèles, les consommateurs de
produits de santé naturels s’informent auprès d’autres
personnes, consultent les informations à leur
disposition, demandent l’aide du personnel des
magasins ou des établissements offrant des produits de
santé naturels et des services, et ainsi de suite. Cela
soulève un certain nombre de questions reliées aux
liens entre les produits, les pratiques et les praticiens.
Par exemple :
• Sur quel critère se fondent les consommateurs pour
trouver des informations sur les produits, les
pratiques et les praticiens ou pour y avoir accès?
• Sur les étiquettes des produits, est-il indiqué de
consulter un professionnel de la santé, si besoin est?
• Les produits vendus dans Internet devraient-ils
contenir plus d’information comparativement aux
produits vendus dans les magasins, où le personnel
doit pouvoir donner des conseils?
• Quelles qualifications doivent posséder les
personnes qui offrent des conseils sur l’utilisation
des produits de santé naturels (les naturopathes et
les homéopathes ont une formation approfondie,
tandis que le personnel des magasins de produits
naturels peut n’en avoir que peu)?
• Les personnes offrant des conseils sur l’utilisation
des produits de santé naturels renvoient-elles les
consommateurs à des professionnels de la santé
conventionnels s’il y a des raisons de croire que cela
peut être nécessaire (présence de symptômes,
interactions entre le produit et le médicament, etc.)?
• Les personnes offrant des conseils sur l’utilisation des
produits de santé naturels exagèrent-elles l’effet de
ces produits ou leurs explications sont-elles justes?
5.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
Faire un choix éclairé concernant l’utilisation de
produits de santé naturels constitue plus qu’une
question d’information; cela touche tout le système
de santé. S’il manque des informations ou si les
informations sont inexactes — si les produits
contiennent des ingrédients non divulgués, si les
étiquettes sont dans une langue étrangère, si l’on ne
donne pas de conseils sur une utilisation sans risque,
si l’on ne renvoie pas un client à un médecin
lorsqu’il est indiqué de le faire, si l’on demande
conseil à des gens non qualifiés, si les normes
d’enseignement et de formation varient
grandement, si les praticiens conventionnels sont
peu informés, si les études de recherche sont mal
conçues, si la capacité de recherche n’est pas
exploitée, si les recherches sont douteuses
— alors les consommateurs peuvent être induits en
erreur ou mal informés au moment de choisir.
Bref, si l’on veut que les consommateurs aient
recours à des produits et à des pratiques sécuritaires
tout en connaissant les effets, il faut non seulement
s’occuper de la réglementation des produits, mais
aussi de la réglementation professionnelle, des
études et de la formation des praticiens ainsi que de
la recherche (comme nous en parlerons dans les
prochaines sections de ce rapport). Prendre des
mesures dans ces domaines connexes nécessitera la
collaboration des gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux, ainsi qu’entre les
gouvernements, les associations professionnelles et
les organismes de santé bénévoles.
Ouvrages à consulter : Kelner et Wellman (2000a);
Savas.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 29
6. R ECONNAISSANCE
ET RÉGLEMENT ATION DES PRATIQUES
ET DES PRATICIENS
dans les informations qualitatives qu’ont fournies
ces associations professionnelles. Le niveau de
sensibilisation et de reconnaissance est plus élevé
chez les infirmiers et infirmières, les pharmaciens
et pharmaciennes et les physiothérapeutes.
6.1 RECONNAISSANCE DES APPROCHES
COMPLÉMENT AIRES ET P ARALLÈLES
EN SANTÉ PAR LES PRA TICIENS
CONVENTIONNELS
Au Canada, il n’y pas d’information complète sur la
reconnaissance des approches complémentaires et
parallèles en santé par les professionnels de la santé
conventionnels, ni par les associations
professionnelles ni par les organismes de
réglementation. Le York University Centre for
Health Studies a passé en revue la documentation
disponible (voir Canadian Overview, p. 194-200) et
sondé les principales associations professionnelles
canadiennes, dont les associations de dentisterie, de
médecine, de sages-femmes, de soins infirmiers,
d’ergothérapie, de pharmacie et de physiothérapie
(voir Canadian Overview, p. 200-229). Les
associations professionnelles de santé au palier
provincial (dont la responsabilité première est de
s’occuper de la formation professionnelle continue)
ont pu fournir davantage d’information que les
associations professionnelles de santé nationales au
sujet de la sensibilisation de leur profession aux
approches complémentaires et parallèles en santé et
de leur recours à ces approches.
On peut faire les observations suivantes :
• Diverses associations professionnelles ont
manifesté différents degrés d’intérêt pour les
approches complémentaires et parallèles en santé.
Le taux de réponse des associations provinciales
avec qui nous avons communiqué est le suivant :
dentisterie 36 %, médecine 56 %, soins infirmiers
85 %, ergothérapie 62 %, pharmacie 75 % et
physiothérapie 100 %. Ces pourcentages
correspondent à peu près aux pourcentages des
professionnels ayant une double formation qui
composent le personnel de ces associations
professionnelles : dentisterie N/D, médecine 6,5
%, soins infirmiers 13,8 %, ergothérapie 14,6 %,
pharmacie 16,6 % et physiothérapie 33,0 %. Ils
correspondent aussi au degré d’intérêt indiqué
• Les types d’approches complémentaires et
parallèles en santé importants pour les praticiens
conventionnels, selon le nombre de programmes
d’enseignement offerts dans une catégorie
donnée, varient et correspondent aux soins ou
aux services que ces professions offrent. Les
programmes d’enseignement les plus nombreux,
par profession, sont les suivants : médecine
(thérapies nutritionnelles); soins infirmiers
(thérapies physiques et thérapies par le
mouvement, thérapies de l’énergie et du vitalisme
et thérapies nutritionnelles); ergothérapie
(thérapies physiques et thérapies par le
mouvement); pharmacie (naturopathie, thérapies
par les plantes et thérapies nutritionnelles);
physiothérapie (thérapies physiques et thérapies
par le mouvement, thérapies de l’énergie et du
vitalisme et thérapies psychologiques). (Voir
Canadian Overview, p. 202, pour une liste des
thérapies faisant partie de ces catégories.)
• Chaque catégorie d’approches complémentaires et
parallèles en santé dont se sert le York University
Centre for Health Studies comprend des pratiques
et thérapies généralement acceptées par les
praticiens conventionnels (comme les régimes, les
vitamines, les mouvements et les exercices,
l’acupuncture et l’hypnose), ainsi que les
pratiques et thérapies les moins couramment
acceptées (comme l’oxythérapie, le traitement par
chélation, le Reiki et la thérapie par la couleur).
Le degré d’acceptation a des répercussions sur la
pratique. Par exemple, une enquête menée auprès
des médecins de l’Ontario et de l’Alberta révèle
que leurs pratiques en matière d’aiguillage et leur
désir de formation correspondent, en grande
partie, à leurs croyances au sujet de l’utilité du
type de thérapies. Les médecins considèrent que
la chiropratique, l’hypnose et l’acupuncture sont
II. 30 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
les plus efficaces et que la naturopathie, la
réflexologie et l’homéopathie sont les moins
efficaces. Les répondants ont été précis dans leur
évaluation de l’utilité d’un type particulier de
thérapie. Ils considèrent la chiropratique utile
pour les problèmes chroniques de cou et de dos,
les douleurs de dos aiguës, les autres problèmes
articulaires et musculaires, les blessures des tissus
mous et les céphalées par tension psychique.
L’hypnose est considérée comme utile pour la
désaccoutumance au tabac, la thérapie de
relaxation, le soulagement de l’anxiété,
l’insomnie, les problèmes psychologiques, les
troubles de l’alimentation et le contrôle du stress14.
• La plupart des praticiens conventionnels
s’entendraient probablement pour dire qu’ils
devraient bien connaître les approches
complémentaires et parallèles en santé, tandis
qu’un plus petit nombre seraient d’accord pour
aiguiller les patients ou seraient intéressés à suivre
une formation particulière. L’enquête sur les
médecins ontariens et albertains révèle, par
exemple, que les trois quarts des répondants
conviennent qu’un médecin généraliste devrait
avoir des connaissances de pratiques et thérapies
complémentaires et parallèles les plus
importantes, tandis que seulement la moitié
s’entendent pour dire qu’ils doivent pouvoir
conseiller leurs patients au sujet des approches
complémentaires et parallèles et environ un
quart, pour dire qu’ils doivent connaître les
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle de leur région15.
6.2 CADRE ACTUEL DE
RÉGLEMENT ATION DES PRA TIQUES
MÉDICALES ET DES PRATICIENS
La réglementation des services de santé est de
compétence provinciale. Trois mécanismes
prévalent actuellement au Canada (Casey, p. 2-3) :
• « cadre des fonctions exclusives » ou « autorisation
d’exercer » : Les membres d’une profession ont le
droit exclusif de dispenser un service précis au
public. (Il y a souvent des exceptions dans la loi
14
15
permettant à d’autres professions d’offrir certains
services qui feraient partie du cadre des
fonctions.)
• « droit au titre » ou « accréditation » : Tant les
membres de la profession que les non- membres
peuvent offrir des services au public, mais seuls les
membres peuvent utiliser un titre protégé ou se
targuer d’être accrédités.
• « actes contrôlés » ou « activités réglementées » ou
« actes réservés » : Au lieu de réglementer un
champ complet de pratique, la loi stipule que
certaines activités peuvent être pratiquées
uniquement par des personnes exerçant des
professions de la santé.
Jusqu’à récemment, le modèle de réglementation
dominant des professionnels de la santé combinait
un cadre régissant l’autorisation d’exercer de certains
praticiens (p. ex., les médecins, les dentistes et les
pharmaciens) et un droit au titre pour les autres
praticiens (p. ex., les physiothérapeutes). De plus en
plus, un modèle de réglementation de rechange,
fondé sur un régime d’actes contrôlés, est proposé ou
adopté. L’Ontario a été la première province à
adopter un régime de la sorte avec la promulgation
de la Loi de 1991 sur les professions de la santé
réglementées. Cette loi applique le même modèle de
réglementation aux vingt-quatre professions de la
santé réglementées. En outre, chacune des
professions réglementées a un statut séparé. Le
régime définit, pour chaque profession, un cadre de
fonctions descriptif non exclusif, une liste restrictive
d’actes contrôlés et une clause de dommages pour
empêcher les professionnels ne faisant pas partie du
domaine de la santé et les professionnels de la santé
agissant en dehors du cadre de leurs fonctions de
traiter des patients ou de leur donner des conseils au
sujet de leur santé lorsque cela comporte des risques
sérieux. Le régime réglemente aussi les titres
qu’utilisent les membres des diverses professions
(voir Canadian Overview, p. 95-98; cf. Casey, p. 1112, 17-19).
En vertu des deux modèles de réglementation, les
professionnels de la santé sont autoréglementés.
Verhoef, M.J., et Sutherland, R. (1995). « General practitioners’ assessment of and interest in alternative medicine in Canada », Social Science
and Medicine, 41(4): 511-515.
Voir Verhoef et Sutherland (1995), au no 14.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 31
L’État délègue aux organismes professionnels de
réglementation le pouvoir d’établir des politiques et
des normes en matière de pratique et d’imposer des
sanctions disciplinaires aux membres ayant enfreint
ces politiques et ces normes. Dans certaines
juridictions, cette fonction est exercée par des
associations de santé professionnelles, alors que
dans d’autres, elle est exercée par des organismes de
réglementation séparés (tels les collèges).
laquelle les praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle peuvent empiéter sur
les champs de compétence des médecins
conventionnels. Depuis 1999, les organismes de
réglementation médicale de six des dix provinces
et d’un territoire ont des énoncés officiels
concernant la pratique des médecins en matière
d’approches complémentaires et parallèles en
santé : la Colombie-Britannique, l’Alberta, la
Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec
et le Yukon. Ces énoncés mettent l’accent, avec
quelques variations, sur les critères des méthodes
scientifiques et l’efficacité prouvée de la pratique
médicale (voir Canadian Overview, p. 101-114).
6.3 RÉGLEMENT ATION DES PRA TIQUES
ET PRATICIENS DE LA MÉDECINE
COMPLÉMENT AIRE ET P ARALLÈLE
Dans certaines juridictions canadiennes, les
acupuncteurs, les chiropraticiens, les
massothérapeutes, les sages-femmes, les médecins
naturopathes et les médecins ostéopathes sont
réglementés (voir Canadian Overview, p. 114-116,
133-143, pour obtenir un résumé effectué en août
1999; et Casey, annexe B, pour obtenir un résumé
effectué en mars 1999. Les informations de 1999
sont ou seront bientôt dépassées; voir Casey, p. 1314). Le nombre de professionnels exerçant dans ces
domaines varie. Il y a, par exemple, près de 5 000
chiropraticiens au Canada comparativement à
environ 500 médecins naturopathes.
Un grand nombre de pratiques et de praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle ne sont pas
réglementés par des lois précises au Canada. Ils ne
sont assujettis qu’à des lois d’application générale,
comme le Code criminel, la Loi sur la protection du
consommateur et des lois régissant des questions
civiles (voir Canadian Overview, p. 143-144).
Les organismes professionnels de réglementation ou
les associations professionnelles conventionnels
peuvent avoir des politiques ou des règlements
concernant la pratique des approches
complémentaires et parallèles par leurs membres.
Leur portée en vue de limiter ou d’autoriser les
pratiques parallèles varie :
• La profession médicale a une conception
relativement restrictive des approches
complémentaires et parallèles en santé, limitant
la latitude des médecins conventionnels en ce qui
concerne le recours aux pratiques et thérapies
complémentaires et parallèles et la mesure dans
• La profession d’infirmière a abordé les approches
complémentaires et parallèles en santé en ce qui a
trait aux formes particulières de traitement que
peut faire une infirmière ou qui font partie du
cadre de ses fonctions et relativement au processus
de prise de décision dans lequel l’infirmière
s’engage quand elle considère si elle va offrir ou
non des approches complémentaires et parallèles
(voir Canadian Overview, p. 117-123).
• Les pharmaciens font face à des nouvelles
demandes en raison de la popularité des produits
de santé naturels et de leur nouveau cadre de
réglementation. Plusieurs organismes de
réglementation provinciaux ont élaboré des
politiques. Celles-ci obligent les pharmaciens à
connaître les produits qu’ils vendent, à s’assurer
de leur innocuité et à être au courant des
interactions possibles avec les autres
médicaments. Toutefois, elles n’obligent pas les
pharmaciens à être formés aux principes des
approches complémentaires et parallèles (voir
Canadian Overview, p. 123-126).
• La plupart des organismes de réglementation des
physiothérapeutes ont énoncé des exposés de
fonctions concernant la pratique de thérapies
complémentaires et parallèles précises ou ont des
cadres de fonctions qui incorporent de telles
thérapies. Les exposés de fonctions ont des
thèmes en commun : la préoccupation à l’effet
que les cadres de fonctions aient une portée
suffisamment grande pour englober ce qu’on
considère comme des modalités de traitement
II. 32 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
appropriées pour les physiothérapeutes, tout en
veillant à ce que les membres possèdent les
qualifications nécessaires et ne dépassent pas le
cadre de leurs fonctions. La plupart des
organismes de réglementation des
physiothérapeutes élaborent des dispositions
précises pour l’acupuncture, dont des exigences en
matière d’enseignement et de formation (voir
Canadian Overview, p. 126-132).
Ouvrage à consulter : Canadian Overview,
p. 100-144.
6.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
Les approches complémentaires et parallèles en
santé soulèvent de nombreuses questions en matière
de politique en ce qui concerne la reconnaissance et
de la réglementation des pratiques et des praticiens
(Kelner et Wellman [2000a]). Il peut s’avérer utile
de faire ressortir plusieurs points essentiels :
Pratique sécuritaire et déontologique
La question la plus importante en matière de
politique est de déterminer à quel moment le taux
de consommation et le risque associé à l’utilisation
exigent la reconnaissance et la réglementation.
Autrement dit, à quel moment l’intérêt du public
justifie-t-il que les praticiens conventionnels se
renseignent au sujet des approches complémentaires
et parallèles en santé et que les praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle respectent
des pratiques sécuritaires et déontologiques?
Conception du système
Le système est constitué de nombreux éléments pour
garantir des pratiques sécuritaires et déontologiques :
la législation, les organismes professionnels de
réglementation, les centres d’enseignement et de
formation agréés, les procédures d’accréditation,
l’éducation continue, les directives en matière de
pratiques professionnelles et les procédures de
mesure pour assurer de bonnes pratiques (Verhoef).
Bien que certains praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle (p. ex., les
chiropraticiens) aient mis au point de tels systèmes,
ce n’est pas le cas de la majorité d’entre eux. Les
praticiens conventionnels n’ont pas tous abordé les
approches complémentaires et parallèles en santé
dans tous les volets de leur système d’éducation et de
leurs régimes d’autorisation et de réglementation.
Absence de consensus au sujet des régimes de
réglementation
À l’heure actuelle, au Canada, on ne s’entend pas
sur les professions qui devraient avoir le droit de
s’autoréglementer et sur les professions précises qui
devraient être réglementées en vertu de cadres de
fonctions exclusives, d’un droit au titre ou d’un
système d’actes contrôlés. Le système d’actes
contrôlés est intéressant, puisqu’il offre le plus de
flexibilité; par contre, il exige une analyse
rigoureuse de la corrélation entre les « outils »
(l’éducation, la formation, l’expérience et autres
qualités) et les « résultats » (la prestation sécuritaire
et efficace du service). Il est aussi fondé sur une
évaluation précise des actes nécessitant une
réglementation et sur le degré de risque que
comportent ces actes (voir Casey, p. 17-21, 26-27).
Réglementation statutaire ou volontaire
Bien que l’autoréglementation prescrite par la loi ait
ses avantages (comme la protection du titre, un
registre des praticiens établi par la loi et des bases
légales de procédures et de sanctions disciplinaires),
l’autoréglementation volontaire peut contribuer à
aider les consommateurs à faire des choix éclairés et
à les protéger (Integrated Health Care, p. 30-31).
L’étude du Steering Committee for The Prince of
Wales’ Initiative on Integrated Medicine conclut
que l’on doit établir des organismes
d’autoréglementation pour les professions dont la
pratique peut comporter des risques pour les clients,
risques provenant de praticiens mal formés (comme
l’acupuncture et la phytothérapie), tandis que l’on
devrait créer un seul organisme d’autoréglementation
volontaire pour les autres professions et thérapies
complémentaires et parallèles (Integrated Health Care,
p. 32-34; voir aussi p. 33-34 pour prendre
connaissance d’une liste des principales
caractéristiques d’un organisme d’autoréglementation
volontaire). L’autoréglementation n’est pas toujours
faisable, surtout pour les petits groupes de praticiens.
Par ailleurs, il est possible que certaines formes
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 33
d’approches complémentaires et parallèles en santé
n’aient jamais besoin de reconnaissance ni de
réglementation.
Réglementation implique changement
L’histoire de l’ostéopathie et de la chiropratique
révèle que le processus de reconnaissance et de
réglementation d’une approche complémentaire et
parallèle peut avoir de nombreuses répercussions
sur le plan des politiques. Le processus entraîne des
changements dans les approches complémentaires
et parallèles. Les professions qui ont obtenu
reconnaissance et qui sont réglementées ont laissé
tomber des revendications et des interventions
jugées excessives ou injustifiées par la médecine
conventionnelle. Elles ont aussi négocié une
certaine forme de coexistence avec les praticiens
conventionnels après en avoir débattu longuement.
Cela peut impliquer, comme c’est le cas pour
l’ostéopathie aux États-Unis, l’adoption de normes
d’éducation presque identiques à celles de la
médecine conventionnelle, ou encore, comme pour
la chiropratique, la négociation de modalités
limitées en matière de diagnostic et de traitement.
Mobilité des praticiens de la médecine
complémentair e et parallèle
Le chapitre 7 de l’Accord sur le commerce intérieur,
signé par les premiers ministres du Canada en 1994,
vise à permettre aux travailleurs qualifiés dans un
domaine et travaillant dans une région du Canada
d’avoir accès à des possibilités d’emplois dans les
autres provinces ou territoires canadiens. En vertu
du Social Union Framework Agreement, adopté en
février 1999, les professions ont jusqu’au 1er juillet
2001 pour se conformer au chapitre 7. Le comité
consultatif fédéral-provincial-territorial sur les
ressources humaines en santé a constitué un groupe
de travail sur l’Accord sur le commerce intérieur pour
suivre les progrès.
Domaines de collaboration éventuels entre les
gouver nements fédéral, provinciaux et ter ritoriaux
Au Canada, la réglementation des professionnels de
la santé et des services de santé est de compétence
provinciale. Néanmoins, il y a des domaines qui
bénéficieraient d’une collaboration fédéraleprovinciale-territoriale :
• Évaluation des réformes réglementaires en santé :
En évaluant les réformes de réglementation
éventuelles des approches complémentaires et
parallèles en santé, il serait utile d’analyser les
diverses formes de réglementation des provinces
et des territoires pour déterminer quels systèmes
conviennent le mieux à une profession ou à une
pratique et quelles conditions environnementales
contribuent le plus au succès de ces systèmes (voir
Casey, p. 21).
• Interactions produit-pratique : Il sera important de
prévoir de quelle façon les changements apportés
au cadre de réglementation fédérale des produits
de santé naturels devront être appuyés par des
changements à la réglementation des
professionnels de la santé ou des soins de santé, à
l’éducation et à la formation des praticiens et à
l’accréditation des programmes d’éducation et de
formation, et ainsi de suite (voir Nouvelle vision,
p. 62-64).
• Recherche : Comme il est mentionné plus loin, à la
section 9, il est essentiel d’encourager des
recherches qui peuvent de façon raisonnable et
convaincante trancher des questions portant sur
des aspects incertains ou contestés des approches
complémentaires et parallèles en santé. De telles
recherches bénéficieraient d’une collaboration
fédérale-provinciale-territoriale en ce qui
concerne, par exemple, le financement des
recherches et l’identification des domaines de
recherche. La réglementation (volontaire ou
statutaire) des praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle et les aspects
réglementaires de l’intégration des approches
complémentaires et parallèles aux soins de santé
conventionnels pourraient constituer des
domaines de recherche (voir Canadian Overview,
p. 250).
Ouvrages à consulter : Canadian Overview, p. 89-194;
Casey, p. 22-41; Integrated Health Care, p. 27-34;
Kelner et Wellman (2000a); New Vision, p. 62-64.
Pour obtenir une liste des associations de praticiens de
la médecine complémentaire et parallèle au Canada,
reportez-vous à la question 10 de la Foire aux
questions du Réseau canadien de la santé à l’adresse
électronique suivante : http://www.canadian-healthnetwork.ca/faq-faq/.
II. 34 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
7. É TUDES
ET FORMATION DES PRATICIENS
7.1 PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT ET
EXIGENCES EN MATIÈRE DE
FORMA TION DES PRATICIENS DE LA
MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET
PARALLÈLE
Le champ d’application, l’étendue et la durée des
programmes d’enseignement et de formation des
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle varient. Ils peuvent être longs et complets,
comme dans le cas de la formation en naturopathie,
qui comprend quatre ans d’enseignement spécialisé
après trois ans d’enseignement universitaire. Ils
peuvent aussi consister en des cours élémentaires
dans une thérapie précise. Connaître les
fondements de la médecine conventionnelle ou des
approches complémentaires et parallèles peut être
nécessaire ou peut ne pas l’être. Certaines
personnes, comme les employés des magasins
d’aliments naturels, peuvent n’avoir qu’un
minimum de formation.
Les programmes d’enseignement sont offerts par des
établissements privés, des universités et des collèges
communautaires. Il n’existe pas de répertoire
complet des programmes d’enseignement en
pratiques complémentaires et parallèles au Canada.
Un échantillonnage des cours offerts dans les
collèges communautaires révèle qu’ils offrent des
cours d’introduction à un large éventail d’approches
complémentaires et parallèles et de systèmes de
santé, ainsi que des formations menant à des
accréditations dans certaines pratiques (comme
l’acupuncture) (voir Canadian Overview, p. 235-242).
Ouvrage à consulter : Integrated Health Care,
p. 25-26, Pour obtenir une liste des associations
de praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle au Canada, reportez-vous à la question
10 de la Foire aux questions du Réseau canadien
de la santé à l’adresse électronique suivante :
http://www.canadian-health-network.ca/faq-faq/.
16
7.2 PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT ET
EXIGENCES EN MATIÈRE DE
FORMA TION DES PRA TICIENS
CONVENTIONNELS
L’intérêt des praticiens conventionnels pour les
approches complémentaires et parallèles en santé
crée une demande en éducation et en formation16 .
Les cours sont offerts par les facultés de soins de
santé des universités canadiennes et par les
associations professionnelles conventionnelles. Une
enquête sur les écoles canadiennes de médecine et
de soins infirmiers a permis de recueillir des
informations sur neuf des douze écoles de médecine
et sur trente et une des trente-neuf écoles de soins
infirmiers. Parmi ces écoles, huit écoles de
médecine et vingt-huit écoles de soins infirmiers
interrogées offraient des cours portant sur les
approches complémentaires et parallèles en santé.
Seulement une école de médecine et sept écoles de
soins infirmiers offraient des cours complets sur les
approches complémentaires et parallèles en santé.
Trois écoles de médecine et neuf écoles de soins
infirmiers indiquaient être rattachées à des
programmes d’approches complémentaires et
parallèles en santé. Le degré d’intérêt pour des
pratiques et thérapies précises varie. L’intérêt est le
plus bas pour les systèmes parallèles tels que la
médecine chinoise traditionnelle et la médecine
ayurvédique. Cela s’explique, en grande partie, par
le fait que ces systèmes sont difficiles à concilier
avec ceux de la médecine occidentale (voir Canadian
Overview, p. 229-235, et les tableaux 17 et 18).
Les associations professionnelles répondent aussi à
l’intérêt de leurs membres en créant des divisions
spéciales et en offrant des programmes
d’enseignement en approches complémentaires et
parallèles. Une enquête menée auprès des
associations professionnelles provinciales révèle que
des divisions spéciales ont été créées ou que des
associations individuelles envisageaient d’en créer
Pour connaître le niveau d’intérêt des médecins suivant une formation en thérapie parallèle, voir Verhoef, M.J., et Sutherland, L.R. (1995) au
no 14. Goldszmidt, M., Levitt, C., Durante-Franco, E., et coll. « Alternative medicine and general practitioners », Canadian Family Physician,
41: 1005-1011 at 1008; (1995). « Complementary health care services: A survey of general practitioners’ views », Canadian Medical Association
Journal, 153(1): 29-35 à 34.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 35
comme suit (créées/envisagées) : dentisterie 1/0;
médecine 3/2; soins infirmiers 1/4; ergothérapie 0/1;
pharmacie 2/4; et physiothérapie 0/4 (Canadian
Overview, p. 207-208). Le nombre d’associations
professionnelles provinciales au courant de
l’existence de programmes d’enseignement offrant
des cours en approches complémentaires et
parallèles en santé est le suivant : dentisterie 2;
médecine 4; soins infirmiers 7; ergothérapie 4;
pharmacie 6; et physiothérapie 8 (Canadian
Overview, p. 208-210).
Ouvrage à consulter : Canadian Overview, p. 213-229
(pour obtenir des descriptions d’éducation continue
et des divisions spéciales dans plusieurs professions).
7.3 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
La consommation et la réforme réglementaire auront
nécessairement des conséquences sur l’éducation et
la formation des professionnels de la santé, autant les
praticiens conventionnels que les praticiens de la
médecine complémentaire et parallèle. Une
question importante concerne la formation de
chaque type de professionnel de la santé si l’on tient
compte des autres types de soins de santé. Une
option mentionnée dans l’étude menée sous l’égide
du Steering Committee for The Prince of Wale’s
Initiative on Integrated Medicine, et destinée au
Royaume-Uni, mérite d’être examinée (Integrated
Healthcare, p. 19-26). Il s’agit d’une structure
d’enseignement et de formation comprenant :
• un programme d’études universitaires offrant une
base commune pour toutes les formations en soins
de santé, aussi bien les soins conventionnels que
complémentaires et parallèles;
• une formation spécialisée en approches
complémentaires et parallèles;
• une formation professionnelle continue pour tous
les professionnels de la santé;
• de meilleures informations, destinées aux
praticiens, sur le rôle thérapeutique de chaque
discipline complémentaire et parallèle, les
qualifications des praticiens et les niveaux de
compétence qu’ils ont dû atteindre pour pratiquer.
Il vaudrait la peine de comparer cette structure
et d’autres options avec des programmes
d’enseignement existants dans des pays tels que
l’Allemagne et les Pays-Bas, où il existe une longue
tradition de formation combinée (p. ex.,
l’homéopathie et la médecine occidentale).
L’étude de ces options soulève un certain nombre de
questions fondamentales au sujet des praticiens de
la médecine complémentaire et parallèle et des
praticiens conventionnels :
Praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle
Quel est l’état actuel de l’enseignement et de la
formation? Il serait utile d’avoir un examen détaillé
des programmes d’enseignement et des exigences en
matière de formation des praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle au Canada. Cela
exigerait la collaboration des associations
professionnelles complémentaires et parallèles. Un
tel examen devrait faire ressortir les établissements
offrant des cours ou des programmes en approches
complémentaires et parallèles en santé, les types
d’approches complémentaires et parallèles en santé
pour lesquelles des cours sont offerts, s’il existe des
préalables pour être admis dans un programme, si le
programme permet d’avoir une accréditation dans
une thérapie complémentaire et parallèle, si
l’accréditation est validée par une association
professionnelle et le nom de cette association, et
enfin si l’établissement est relié officiellement à
d’autres établissements offrant des programmes en
approches complémentaires et parallèles ou en soins
de santé conventionnels.
Sur quoi se fonde-t-on pour exiger des normes
minimales d’éducation et de formation d’un
praticien d’une forme particulière de médecine
complémentaire et parallèle et quels sont les critères
pour déterminer en quoi devraient consister ces
normes minimales? La réponse à ces questions a des
conséquences sur la réglementation des praticiens,
l’aiguillage par d’autres professionnels de la santé, la
portée de la pratique des non-professionnels, la
couverture d’assurance des produits et services, le
choix éclairé des consommateurs et l’utilisation
sécuritaire des produits et des services.
Dans quels cas les praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle devraient-ils conseiller
à leurs clients de consulter un autre praticien et
quelles études et formation devraient être requises
II. 36 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
pour permettre aux praticiens de donner des
conseils de la sorte ou de les autoriser à le faire?
Praticiens conventionnels
Les connaissances des praticiens conventionnels en
matière d’approches complémentaires et parallèles
en santé et leur intérêt pour ces approches varient
d’un praticien à l’autre17 . Quelles connaissances et
formation minimales devraient-ils avoir, compte
tenu de l’utilisation des consommateurs, et quels
programmes d’enseignement devraient-ils suivre
pour garantir l’obtention de ces connaissances et de
cette formation minimales?
Les pratiques complémentaires et parallèles peuvent
être fondées sur des prémisses différentes de celles
de la médecine conventionnelle. Les informations
relatives à de telles pratiques peuvent-elles être
8. C OÛTS
ET COUVERTURE
Certains praticiens conventionnels offrent des
thérapies complémentaires et parallèles
sélectionnées. Dans certains cas, peut-être dans
plusieurs, les praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle sont mieux formés et
plus compétents pour pratiquer ces thérapies.
Qu’est-ce qui constitue des études et une formation
suffisantes en vue d’offrir un service précis et qu’estce qui constitue une norme d’accréditation
commune aux deux types de praticiens?
D ’ ASSURANCE
8.1 SOMMES CONSACRÉES A UX
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET
PARALLÈLES EN SANTÉ
En 1996-1997, on estime qu’on a dépensé un total
de 3,8 millions de dollars pour les approches
complémentaires et parallèles au Canada. De ce
montant, 1,8 million ont été dépensés pour les
thérapies complémentaires et parallèles, 937
millions, pour les herbes et les vitamines, 104
millions, pour les régimes spéciaux, et plus de 998
millions, pour les livres, les cours et l’équipement
(Canadian Overview, p. 263).
Les couvertures d’assurance pour les approches
complémentaires et parallèles en santé varient. Les
consommateurs doivent payer de leur poche une
proportion significative des coûts (dépenses
assumées par eux-mêmes). Voici des données
récentes (Berger Monitor, p. 60, 65-66) :
17
intégrées à des programmes d’enseignement fondés
sur le paradigme de la médecine conventionnelle et,
si elles le peuvent, de quelle façon? Quels sont les
modèles d’enseignement requis pour faire face à des
paradigmes de santé et de soins de santé impossibles
à comparer, à rapprocher ou à intégrer?
• 69 % des consommateurs indiquent qu’ils ont une
couverture d’assurance complémentaire complète
pour les soins chiropratiques, 57 % pour la
massothérapie et 34 % pour les autres thérapies;
• 52 % des consommateurs indiquent qu’ils ont une
couverture d’assurance complémentaire partielle
(plus de la moitié) pour les soins chiropratiques,
50 % pour la massothérapie et 54 % pour les
autres thérapies;
• 31 % des consommateurs ont dépensé plus de
30 $ au cours du dernier mois pour les services
d’un chiropraticien, 49 % pour les services d’un
massothérapeute et 38 % pour les autres
thérapeutes;
• la couverture d’assurance-maladie
complémentaire pour les produits de santé
naturels couvrait tous les coûts de 24 % des
Voir, par exemple, les études indiquées aux notes 10 et 11.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 37
consommateurs, environ la moitié des coûts de
19 % des consommateurs et environ le quart
des coûts de 11 % des consommateurs;
• la proportion des consommateurs de produits de
santé naturels ayant dépensé 30 $ ou plus au cours
du dernier mois a augmenté, passant de 12 % en
1997 à 19 % en 1999, une hausse de près de 50 %
en deux ans;
• les dépenses pour les produits de santé naturels ne
sont pas associées au revenu;
• les dépenses pour les produits de santé naturels
n’augmentent pas avec la couverture d’assurancemaladie complémentaire : 23 % des répondants
n’ayant pas de couverture d’assurance ont dépensé
30 $ ou plus pour des produits de santé naturels,
tandis que 17 % des répondants ayant une
couverture d’assurance ont dépensé 30 $ ou plus.
8.2 COUVERTURE DE L ’ASSURANCEMALADIE PUBLIQUE
La couverture d’assurance des thérapies
complémentaires et parallèles par les régimes
d’assurance-maladie provinciaux et les commissions
d’indemnisation des travailleurs est variable et
minime (Canadian Overview, p. 51-56, en date
d’août 1999). Certains régimes d’assurance-maladie
provinciaux couvrent la chiropratique (ColombieBritannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba,
Ontario, Nouveau-Brunswick uniquement pour les
personnes âgées ayant acheté des assurances
complémentaires) et un régime couvre la
naturopathie (Colombie-Britannique). Les
commissions d’indemnisation des travailleurs
couvrent les soins chiropratiques dans toutes les
provinces et tous les territoires (il n’y a pas
d’informations disponibles sur les Territoires du
Nord-Ouest et le Nunavut). Certaines commissions
d’indemnisation des travailleurs couvrent
l’acupuncture d’après chaque cas ou sur ordonnance
d’un médecin conventionnel (ColombieBritannique, Ontario, Québec, Terre-Neuve, Île-duPrince-Édouard et Yukon). Seule la ColombieBritannique couvre la naturopathie.
8.3 COUVERTURE DE L ’ASSURANCEMALADIE PRIVÉE
Au Canada, les employeurs et les particuliers
peuvent acheter des régimes privés d’assurancemaladie pour compléter la couverture des régimes
d’assurance-maladie provinciaux. Au Canada,
environ 96 % des régimes d’assurance-maladie
privés sont des assurances collectives achetées
essentiellement par des employeurs. Les employeurs
tiennent compte des éléments suivants au moment
de choisir un régime : comment attirer et conserver
des employés compétents; la vitalité et les
conditions économiques du secteur; les tendances
régionales et du milieu en relations de travail et en
négociation de contrats; la couverture d’assurance
uniforme d’une province ou d’un territoire à l’autre
(pour les employeurs nationaux); la philosophie des
employeurs en ce qui concerne l’amélioration de la
santé et de la productivité des employés; et la valeur
et les coûts des services assurés.
Les régimes d’assurance-maladie privées peuvent
couvrir les approches complémentaires et parallèles
en santé de deux façons : compte de dépenses en
soins de santé et couverture d’assurance-maladie
complémentaire.
• Les comptes de dépenses en soins de santé sont
des comptes d’employés individuels dans lesquels
l’employé peut puiser pour payer des frais
médicaux et dentaires admissibles en vertu du
régime. L’employeur verse des contributions qui
peuvent être reportées sur deux ans, mais ces
contributions ne peuvent servir qu’à couvrir des
dépenses admissibles en vertu du régime.
• La couverture d’assurance-maladie
complémentaire s’applique aux séjours à l’hôpital
(chambres à deux lits et individuelles), aux
ordonnances, aux séjours à l’étranger, aux
praticiens paramédicaux (y compris certains
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle), aux appareils et aux autres services
(services ambulanciers, services de soinsinfirmiers,
services de soins à domicile). On estime que les
services paramédicaux représentent entre 7 % et
II. 38 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
8 % des paiements d’assurance-maladie
complémentaires.
Au cours des dernières années, il y a eu une
augmentation importante de la couverture des
régimes d’assurance-maladie complémentaires. Les
paiements totaux dans cette catégorie sont passés
de 984 millions de dollars en 1987 à 3 298
millions de dollars en 1997, et le nombre de
contrats dans cette catégorie est passé de 16 228
en 1987 à 21 294 en 1997. Depuis 1999, on
estime que 80 % des employés au Canada
possèdent une couverture d’assurance
complémentaire (Canadian Overview, p. 61-62).
Pour être considéré comme des bénéfices non
imposables, la couverture d’assurance-maladie
privée doit répondre aux critères définis par
Revenu Canada dans la Loi de l’impôt sur le revenu
et les bulletins supplémentaires :18
• le bénéfice doit être un régime d’assurance
(c.-à-d. qu’il doit y avoir un élément de risque
raisonnable);
• la couverture d’assurance doit s’appliquer à des
frais médicaux, dentaires ou autres dépenses
constituant des frais médicaux en vertu de
l’article 118 de la Loi de l’impôt sur le revenu;
• la couverture d’assurance vise seulement les
praticiens qualifiés autorisés à pratiquer
conformément aux lois de la province ou inscrits
sur la liste de praticiens qualifiés de Revenu
Canada (cette liste comprend les chiropraticiens,
les ostéopathes, les naturopathes, les thérapeutes,
les acupuncteurs et les diététistes);
• la couverture d’assurance vise seulement les frais
médicaux admissibles, dont les services de
laboratoire, les services de radiologie ou les autres
méthodes de diagnostic ou services afin d’assurer
le bien-être, de prévenir les maladies ou de poser
un diagnostic ou de traiter des blessures, des
maladies ou des handicaps comme le prescrit un
médecin;
• les médicaments et autres préparations et
substances constituant des dépenses médicales
18
sont couverts dans les deux cas suivants :
lorsqu’une ordonnance est requise, mais que
l’article peut être vendu sans ordonnance (p. ex.,
l’insuline) ou lorsqu’une ordonnance est requise
et que le pharmacien doit conserver un dossier.
Couvrir des services ne répondant pas à ces critères
risquerait d’entacher tout le régime d’assurance,
menaçant son statut de bénéfice non imposable.
8.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
La situation actuelle en ce qui concerne les
dépenses et la couverture d’assurance soulève un
certain nombre de questions de nature politique :
• De quelle façon la consommation, la couverture
d’assurance, la réglementation professionnelle et
l’enseignement interagiront-ils, compte tenu de la
tendance à la hausse à recourir à des praticiens de
la médecine complémentaire et parallèle (voir
Berger Monitor, p. 61)?
• Quels sont les motifs déterminant qu’un service
ou un produit complémentaire et parallèle ne
devrait pas être remboursé, devrait l’être en vertu
d’un régime d’assurance privé ou devrait l’être en
vertu d’un régime d’assurance provincial?
• Quel régime réglementaire, quelles normes
d’enseignement et de formation et quelle preuve
d’efficacité devrait-on exiger pour que les services
et produits complémentaires et parallèles soient
considérés comme des bénéfices non imposables
par Revenu Canada?
• Y a-t-il des approches complémentaires et
parallèles en santé ne satisfaisant pas bien au
cadre actuel de couverture d’assurance, et si oui,
quelles modifications devraient être apportées à
ce cadre?
• Que pensent les Canadiens des couvertures
d’assurance (publiques ou privées) des approches
complémentaires et parallèles en santé (services
et produits précis), et de quelle façon leur opinion
influencera-t-elle les secteurs public, professionnel
et privé?
Conversation avec Irene Klatt, directrice, Politique concernant l’assurance-maladie, Association canadienne des compagnies d’assurances de
personnes.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 39
9. D ÉVELOPPEMENT
DE LA RECHERCHE
9.1 BESOIN EN RECHERCHE
La nécessité de faire des recherches sur les approches
complémentaires et parallèles est un thème qui se
répète dans ce rapport. La recherche sera déterminante
pour promouvoir tous les aspects des politiques
gouvernementales reliées aux approches
complémentaires et parallèles en santé. Il est essentiel :
• de définir les tendances en utilisation, en
formation et en pratique des approches
complémentaires et parallèles en santé;
• de comprendre les contextes et les cultures des
approches complémentaires et parallèles en santé;
• de donner des informations complètes et exactes
aux consommateurs;
• de déterminer la sécurité, l’efficacité, l’efficacité
de la pratique et le rapport coût- efficacité des
thérapies particulières;
• de définir une base de connaissance en approches
complémentaires et parallèles ainsi qu’une
formation dans ces approches chez les praticiens;
• d’identifier des domaines de recherche,
d’enseignement et de pratique communs aux
approches complémentaires et parallèles en santé
et aux soins de santé conventionnels;
• de prendre des décisions au sujet de la couverture
d’assurance (publique et privée) des approches
complémentaires et parallèles en santé;
• de décider de la façon d’intégrer les approches
complémentaires et parallèles en santé aux soins
de santé conventionnels.
Voici des exemples de questions auxquelles il faut
trouver réponse (Integrated Health Care, p. 11;
Kelner et Wellman [2000b], p. 5-10) :
• Démontrer qu’il s’agit d’une thérapie : Est-elle
sécuritaire? Les avantages l’emportent- ils sur les
risques? Procure-t-elle des effets bénéfiques
particuliers? Est-elle efficace dans la pratique? Le
client en a-t-il pour son argent?
• Améliorer les soins de santé : Puis-je améliorer mes
résultats en changeant le traitement? Est-ce un
test de diagnostic utile? Comment pouvons-nous
améliorer l’organisation de nos services en
approches complémentaires et parallèles?
Comment rendre plus efficace le système
d’aiguillage entre les praticiens conventionnels et
les praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle? Comment faire pour mieux comprendre
et développer la relation avec mon client?
• Comprendre l’utilisation et le contexte : Qui utilise
les thérapies, quelles thérapies utilise-t-on et
pourquoi les utilise-t-on? La façon de les utiliser
a-t-elle changé? Si oui, comment? Quel est le
contexte socioculturel des utilisateurs d’approches
complémentaires et parallèles? Comment les
consommateurs combinent-ils les approches
complémentaires et parallèles aux soins de santé
conventionnels?
• Comprendre la thérapie : Comment agit la thérapie
(processus et mécanismes d’action sous-jacents)?
Peut-on comprendre qu’il y ait différents «
systèmes de médecine » à l’intérieur d’un même
cadre?
• Élaborer des outils et une capacité de recherche :
Quelles méthodologies permettent de répondre
aux questions touchant une thérapie précise ou
un contexte particulier? Quels modèles de
recherche ont connu le plus de succès? Comment
adapter la recherche à la diversité culturelle?
Quelles formes de collaboration doit exister entre
les chercheurs, les professeurs, les praticiens, les
consommateurs et leur collectivité?
Ouvrages à consulter : Voir Design, annexe 4, Kelner
et Wellman (2000a), et Savas pour obtenir des
listes de questions de recherche particulières. Pour
obtenir des résumés des conclusions de recherche
sur l’efficacité des thérapies complémentaires et
II. 40 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
parallèles, voir Ernst (1998), tableau 3, et Integrated
Health Care, p. 44.
Design, annexe 4, pour obtenir une liste des
questions méthodologiques soumises par le réseau
canadien de médecine intégrative et de santé.
9.2 MÉTHODES DE RECHERCHE
9.3 CAPACITÉ DE RECHERCHE
On a beaucoup parlé des questions méthodologiques
soulevées par la recherche sur les approches
complémentaires et parallèles en santé. À l’heure
actuelle, on s’entend pour dire que les défis
méthodologiques, bien que réels, ne sont pas
insurmontables. Le Qualitative Methods Working
Group, convoqué aux États-Unis, en 1995, par les
National Institutes of Health, a découvert qu’il
existait des méthodologies et des procédures
d’analyse de données pouvant répondre à la plupart
des questions à l’étude reliées à l’évaluation des
approches complémentaires et parallèles en santé 19 .
L’étude menée sous l’égide du Steering Committee
for The Prince of Wales’ Initiative on Integrated
Medicine a tiré les mêmes conclusions (Integrated
Health Care, p. 10, et annexe B), tout comme le
symposium international sur les approches
complémentaires et parallèles en santé (Kelner et
Wellman [2000b], p. 9).
La mise en place, l’application et la dissémination
fructueuses de la recherche en approches
complémentaires et parallèles en santé, comme en
médecine conventionnelle, exige un effort de
collaboration. Cela demande la participation des
spécialistes en différents domaines de recherche, des
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle ou conventionnels et des associations
professionnelles de divers domaines de pratique, des
établissements de recherche en santé, des
professeurs en approches complémentaires et
parallèles et en soins de santé conventionnels, des
consommateurs et des collectivités. Il ne s’agit pas
uniquement de réunir des personnes en équipes de
recherche.
Il est toutefois essentiel que la méthodologie de
recherche soit adaptée à la question posée plutôt que
de déterminer la question à poser. Voici des types de
recherche possibles (mais ce ne sont pas les seuls) :
• recherche en laboratoire;
• études épidémiologiques;
• études sur échantillons aléatoires et contrôlés;
• études cas-témoin;
• études d’impact;
• études des cohortes;
• études de cas cliniques;
• études de cas qualitatives;
• pratique réflexive;
• vérifications;
• groupes de discussion et entrevues;
• enquêtes démographiques;
• recherche transculturelle;
• anthropologie et ethnographie médicales;
• analyses des réseaux;
• analyses du discours.Ouvrage à consulter : Voir
18
Il faut aussi élaborer les structures et les liens
nécessaires dans les établissements et les systèmes.
L’étude menée sous l’égide du Steering Committee for
The Prince of Wale’s Initiative on Integrated
Medicine souligne l’importance d’élargir les centres
actuels de recherche en approches complémentaires
et parallèles en santé, en faisant appel au réseau de
praticiens de la médecine complémentaire et parallèle
et en tirant profit des recherches et des ressources des
universités (Integrated Health Care, p. 13).
Le potentiel de développement d’une capacité de
recherche en approches complémentaires et
parallèles fondée sur la collaboration connaît une
vive montée au Canada. On compte des chercheurs
dans différents domaines de la santé et des sciences
sociales dans les universités et les établissements
canadiens d’approches complémentaires et
parallèles en santé. Il existe aussi un grand nombre
de centres de recherche centrés particulièrement sur
les approches complémentaires et parallèles en
santé, tels que le Tzu Chi Institute for
Complementary and Alternative Medicine à
Vancouver et le Calgary Research Centre for
Alternative Medicine (voir Canadian Overview, p.
Levin, J.S., Glass, T.A., Kushi, L.H., et coll. (1997). « Quantitative Methods in Research on Complementary and Alternative Care: A
Methodological Manifesto », Medical Care 35(11) : 1079-1094.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 41
243-245). En outre, on a récemment créé le réseau
canadien de médecine intégrative et de santé,
réseau composé de scientifiques, de médecins,
d’infirmières, de praticiens de la médecine
complémentaire et parallèle, de chercheurs, de
professeurs, d’administrateurs et d’autres travailleurs
de la santé intéressés à promouvoir des recherches
et des pratiques fondées sur l’expérience clinique.
Au sein de Santé Canada, le Bureau des produits de
santé naturels est le centre nerveux en ce qui
concerne la recherche ministérielle en approches
complémentaires et parallèles en santé. Même si le
Bureau a un budget de recherche limité — trois
millions de dollars sur trois ans —, il pourrait
valider la définition des questions de recherche et
encourager des travaux de recherche collective.
Parmi les organismes de financement de la
recherche, les Instituts canadiens de recherche en
santé (ICRS), encore en phase de démarrage, ne
feront pas que financer la recherche en santé au
Canada. Ils vont aussi élargir et intégrer la
recherche en santé de façon à tenir compte de la
recherche en approches complémentaires et
parallèles en santé. Le réseau canadien de médecine
intégrative et de santé a suggéré la création d’un
bureau canadien des approches complémentaires et
parallèles en santé sous l’égide des ICRS (voir
Design). Ce bureau servirait d’organisme cadre pour
superviser une politique de recherche cohérente en
approches complémentaires et parallèles en santé; il
relierait les chercheurs de tout le Canada afin qu’ils
développent leur expertise interdisciplinaire; il
servirait de ressource et de collaborateur aux autres
groupes de recherche et établissements des ICRS; et
il aurait la responsabilité d’élaborer des politiques.
Le bureau s’occuperait de ce qui suit :
• des subventions de recherche pour dépenses
courantes par l’intermédiaire des instituts;
• de la promotion et de la formation du personnel
par l’entremise du bureau;
• de l’examen coordonné des propositions faites aux
ICRS en matière d’approches complémentaires et
parallèles de tous les établissements;
19
• du développement et de la gestion des bases de
données de recherche en approches
complémentaires et parallèles;
• des questions d’éthique en matière d’approches
complémentaires et parallèles en santé;
• de l’élaboration de la méthodologie de
développement et de l’analyse statistique des
approches complémentaires et parallèles en santé;
• du programme d’approche pour former les
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle en recherche clinique;
• d’un bulletin d’information diffusant des
renseignements sur les activités du bureau, et
éventuellement d’un journal;
• d’un symposium national sur les approches
complémentaires et parallèles en santé;
• du site Web sur les approches complémentaires et
parallèles en santé;
• du soutien des services d’entraide offerts dans les
pharmacies, les magasins d’aliments naturels et les
bibliothèques;
• de l’identification, de l’élaboration et de
l’évaluation des modèles de soins intégrés;
• des études et des recherches sur les politiques en
matière d’approches complémentaires et parallèles
en santé.
9.4 INCIDENCES SUR LES POLITIQ
UES
On ne soulignera jamais assez l’importance de la
recherche pour l’élaboration des politiques, des
pratiques et des systèmes en matière d’approches
complémentaires et parallèles en santé pour les
raisons déjà mentionnées à la section 9.1. La
recherche jouera un rôle essentiel dans la résolution
des questions scientifiques, de pratique et de
politique entourant les approches complémentaires
et parallèles en santé.
Levin JS, Glass TA, Kushi LH, et al. (1997). Quantitative methods in research on complementary and alternative care: a methodological
manifesto. Medical Care 35(11): 1079-1094.
II. 42 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Toutefois, la façon dont la capacité de recherche est
élaborée et dont les projets de recherche sont
conçus est aussi très importante. La collaboration
des praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle s’avère essentielle. Elle permettra de
garantir que les méthodologies de recherche et
l’expertise correspondent aux genres de questions
posées et aux types de services ou produits
examinés. Elle favorisera aussi la création de liens
durables avec les diverses parties visées par le débat
entourant les approches complémentaires et
parallèles en santé et les soins de santé
conventionnels ainsi qu’une meilleure
compréhension de ces parties.
Les organismes gouvernementaux peuvent jouer un
rôle central à cet égard. Ils peuvent créer un
environnement coopératif en définissant les
modalités du financement de la recherche; en
établissant des structures intégratives de recherche;
en réunissant les divers chercheurs afin de définir
des domaines de recherche ou des questions reliées à
la recherche, et ainsi de suite. La création des
Instituts canadiens de recherche en santé offre des
possibilités de formation à cet égard. Toutefois,
d’autres organismes de financement de la recherche,
tels que la Fondation canadienne de la recherche sur
les services de santé et le Conseil de recherches en
sciences humaines, pourraient aussi jouer un rôle.
R APPOR T
D ’ É TA P E
II. 43
III. L A NÉCESSITÉ
DES LIGNES
DIRECTRICES : QUESTIONS
D ’ ÉTHIQUE ASSOCIÉES À
L’ UTILISA TION D ’ APPROCHES
COMPLÉMENT AIRES ET
PARALLÈLES EN SANTÉ
AUJOURD ’ HU I AU CANADA
Groupe consultatif sur les approches complémentaires
et parallèles en santé
Division des systèmes de santé
Santé Canada
LA NÉCESSITÉ DES LIGNES DIRECTRICES : QUESTIONS D ’ ÉTHIQUE
ASSOCIÉES À L’ UTILISATION D ’ APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET
PARALLÈLES EN SANTÉ AUJOURD ’ HU I AU CANADA
Ce rapport exprime les points de vue des auteurs et ne présente pas nécessairement les opinions ni les
politiques officielles de Santé Canada, ni celles des personnes ayant révisé le rapport provisoire.
Les approches complémentaires et parallèles en
santé (ACPS) couvrent une large gamme de
modalités de santé et de guérison fondées sur des
systèmes de preuves et de science qui diffèrent
significativement des pratiques de la science
biomédicale occidentale. Il s’ensuit que les
praticiens canadiens de la santé se trouvent
fréquemment confrontés à des défis d’ordre éthique.
Le débat actuel sur l’utilisation des approches
complémentaires et parallèles en santé soulève
d’importantes questions d’éthique concernant la
façon dont nous savons ce que nous savons et la
base sur laquelle notre société, et les professionnels
de la santé, peuvent prendre des décisions au nom
de ceux qui sont malades ou ont besoin de soins.
Le contexte social et scientifique
La popularité croissante des approches
complémentaires et parallèles en santé résulte d’un
certain nombre de forces sociales. Il est
certainement vrai que les pratiques parallèles ont
toujours existé sous une forme ou une autre, y
compris les pratiques «populaires » ou
traditionnnelles telles que l’usage de médicaments à
base de plantes ou l’approche de la médecine
ayurvédique. De plus en plus, ces pratiques sont
offertes à la société canadienne dans un contexte
plus formel. Elles peuvent s’appuyer sur des formes
de preuves autres la science biomédicale
conventionnelle, mais en même temps, reposer sur
une vaste tradition de théories structurées et de
pratiques. La chiropractie, la massothérapie et
l’homéopathie en sont des exemples.
Du fait que les pratiques de la médecine occidentale
sont considérées comme vraies et exactes, les
praticiens de la médecine occidentale recoivent
autorité de la société dans les domaines de la
politique sociale et de la santé. L’utilisation accrue
des approches complémentaires et parallèles en
santé, cependant, a pour résultat de porter atteinte
à cette autorité, les consommateurs s’écartant de
l’approche « axée sur la maladie » retenue en
biomédecine et prenant note de l’effet qu’ont eu sur
« l’industrie » de la santé les intérêts des
multinationales de la santé et des produits
pharmaceutiques. Les Canadiens s’intéressent de
plus en plus l’utilisation des services, des pratiques
et des remèdes de santé qui n’ont pas été reconnus
comme faisant partie du système de soins de santé
financé par les ressources publiques.
Le domaine de l’éthique biomédicale se fonde sur
plusieurs des mêmes principes que la médecine
occidentale. Il est difficile de résoudre les problèmes
d’éthique reliés aux défis sociaux complexes que
posent les approches complémentaires et parallèles
en santé. Si nous acceptons et comprenons que les
praticiens des ACPS font appel à un fondement
philosophique qui diffère du fondement de la
médécine conventionelle en ce qui concerne la
façon dont on évalue la connaissance, alors nous
serons en mesure d’analyser et résoudre les
dilemmes d’éthique qui se présentent.
Le fait demeure que l’ensemble actuel des « preuves »
scientifiques que nous utilisons pour prendre des
décisions sur ce qui est approprié est lui- même une
construction sociale, dans le sens où les questions
qui ont été posées et les changements qui ont été
apportés ont subi l’influence de divers intéressés au
lieu d’être le résultat d’une progression objective et
neutre d’une démarche d’exploration, d’expérience
et de connaissance.
LA
NÉCESSITÉ
DES LIGNES
DIRECTRICES
III. 45
Questions d’éthique dans la pratique des
appr oches complémentaires et parallèles en santé
Les professions de la santé au Canada sont
largement autonomes et les membres adhèrent à
de rigoureux codes de déontologie et normes de
pratiques professionnelles. Il se pose aujourd’hui
un problème lorsque les praticiens de la médecine
conventionnelle essaient d’intégrer les approches
complémentaires et parallèles en santé à leurs
pratiques et que certains aspects des ACPS
semblent aller à l’encontre de leur compréhension
des principes acceptés dans ces codes. Par
exemple, les médecins doivent s’assurer que les
patients « donnent leur accord en connaissance de
cause »; toutefois, lorsque bon nombre des
pratiques des approches complémentaires et
parallèles en santé ne s’appuient que sur peu de
recherches scientifiques rigoureuses, comment le
médecin peut-il respecter l’exigence d’accord en
connaissance de cause quand il a recours à des
ACPS dans la pratique conventionnelle en santé?
Le contexte social et scientifique de la pratique de
la médecine conventionnelle a créé un ensemble
d’hypothèses et de conceptions qui correspondent
aux attentes de la médécine conventionelle mais
qui ne cadrent pas avec les conditions de la
pratique des approches complémentaires et
parallèles en santé.
De façon semblable, il existe un problème si un
praticien conventionnel réfère un patient à un
praticien des approches complémentaires et
parallèles en santé. De nombreux praticiens des
ACPS ne sont pas réglementés, ce qui représente
un autre défi d’ordre éthique.
L’élaboration d’un code de déontologie qui
s’appliquerait à tous les praticiens des ACPS
constituerait un premier pas utile. Le code
comprendrait des valeurs déjà présentes dans les
codes existants des professionnels de la santé et
traiterait également d’un certain nombre de
questions complexes, y compris celle des normes
de pratique.
Les Canadiens s’attendent à ce que les praticiens
des ACPS fonctionnent de manière éthique; il
existe un besoin d’élaborer des normes et des
interprétations pour cette collectivité afin de
protéger à la fois le public et les praticiens.
Questions d’éthique en r echer che dans le domaine
des approches complémentaires et parallèles en
santé
Dans une large majorité, la recherche médicale
utilise les essais randomisés à double insu contrôlés
contre placebo comme méthode standard; on
considère que les résultats obtenus par cette
méthode constituent des preuves de la plus haute
qualité pour la pratique des soins cliniques. Cette
méthode a cependant une utilité limitée dans
l’évaluation de l’efficacité de la plupart des
pratiques des approches complémentaires et
parallèles en santé. Par exemple, il est presque
toujours impossible de ne pas révéler au patient et
au praticien la thérapie utilisée, étant donné la
nature des processus de diagnostic, les discussions
entre le patient et le praticien au sujet des options
de traitement et le rôle actif que joue le patient
dans la pratique des approches complémentaires et
parallèles en santé. Cette méthode s’applique donc
mal à de nombreuses pratiques des ACPS et les
résultats de tels essais, si l’on en faisait, pourraient
ne rien vouloir dire.
Un autre défi provient de la façon de mesurer les
améliorations d’un état de santé. En médécine
conventionnelle, l’efficacité d’une thérapie se
mesure en termes d’amélioration ou de disparition
des symptômes et d’autres variables associées à la
maladie. Aujourd’hui, les consommateurs exigent
que l’efficacité se mesure aussi plus globalement en
termes de santé et de bien-être.
Outre la nécessité évidente de s’assurer que les
patients des praticiens des approches
complémentaires et parallèles en santésoient traités
de façon éthique et respectueuse, que leur sécurité
ne soit pas mise en danger et qu’ils disposent d’assez
d’information pour prendre des décisions en
connaissance de cause, les ACPS soulèvent des
questions d’ordre éthique remettant en cause les
normes mêmes que nous utilisons pour établir des
preuves pour la pratique clinique.
III. 46 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
L’éthique et les politiques en santé
Aujourd’hui, au Canada, la science médicale et les
médecins ne sont plus les seuls arbitres de ce qui
constitue la santé et la maladie, ni de ce qu’il faut
faire pour traiter la maladie et promouvoir la bonne
santé. Il est aujourd’hui entendu que les politiques
en santé devraient refléter une juste répartition des
ressources disponibles et ne créer ni barrières socioéconomiques ni préjugés à l’encontre de formes
particulières de soins de santé.
La Loi canadienne sur la santé stipule que le système
de santé sera universel, transférable, intégral,
accessible et de gestion publique. Étant donné que
les ressources sont limitées, les prises de décisions
éthiques sur les politiques concernant les pratiques
dans le domaine de la santé devraient clairement
inclure des critères tels que l’efficacité perçue,
l’absence relative d’effets secondaires négatifs, la
congruence avec les normes de santé de la
population et des mesures objectives de coûtsefficacité.
On devrait établir des politiques de réglementation
et de responsabilisation pour un bon nombre des
modalités des approches complémentaires et
parallèles en santé. Si nous acceptons que les buts
de guérison pour chaque type de soins peuvent
s’évaluer d’une façon et selon des normes
appropriées à ce type de soins, il peut alors être
possible d’émettre des permis d’exercer aux
professions des ACPS. Cependant, il n’est pas
possible d’organiser toutes les pratiques ou tous
les praticiens des approches complémentaires
et parallèles en santé d’une manière qui rende
possibles la réglementation ou l’enseignement et la
formation dans un cadre structuré et formel; cela
constituera un défi important pour l’intégration des
soins de santé au sein d’une politique publique.
En règle générale, nous pourrions prendre comme
hypothèse que les praticiens ont le droit de
pratiquer leurs spécialités tant qu’il y aura des
personnes recherchant leurs services et qu’il n’y
aura pas de preuves qu’ils causent du mal. Il serait
peut-être aussi raisonnable de soutenir que les fonds
publics ne devraient financer que les services pour
lesquels existe un mécanisme de reddition des
comptes. Le défi d’ordre éthique qui se présente à
nous est donc de voir comment la société
canadienne peut créer un mécanisme permettant de
décider quelles pratiques devraient être
réglementées et formellement structurées et quelles
pratiques conviendraient mieux au secteur privé.
Conclusion
Alors que notre définition de soins de santé s’élargit
et que les Canadiens exigent un plus large éventail
de pratiques de santé, il est important que la
responsabilité de soutenir et de suivre l’évolution du
système de santé soit prise en charge par un
organisme ou un système social reconnu. Il faudra
étudier des questions telles que les priorités de
recherche, le développement et la
commercialisation de produits, l’émission de permis
d’exercice, le remboursement et le contrôle de la
qualité. Des discussions publiques sérieuses faisant
intervenir le public, le gouvernement et toutes les
professions du domaine de la santé permettront de
mettre à jour les questions d’éthique et peut-être de
les résoudre. Un élément clé à ne pas oublier est de
donner au public un accès à l’information la plus
utile et significative possible.
Les approches complémentaires et parallèles en
santé soulèvent des questions d’éthique d’une
importance vitale qui doivent être étudiées et
résolues. L’étude de ces questions nous pousse à
repenser la façon dont nous envisageons le contexte
éthique de toutes les pratiques en santé et à nous
orienter vers l’élaboration d’un code de déontologie
intégré qui puisse aider les praticiens de toutes les
disciplines à fournir des services de santé fondés sur
des pratiques sécuritaires et efficaces.
LA
NÉCESSITÉ
DES LIGNES
DIRECTRICES
III. 47
B IBLIOGRAPHIE
LaValley JW, Verhoef MJ. Integrating
complementary medicine and health care
services into practice. Journal de l’Association
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American medical Association 1998; 280 (18):
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therapies: Evaluating their effectiveness in
cancer. Patient Education and Counseling
1999;38:101- 108.
III. 48 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
IV. V ERS
UN SYSTÈME INTÉGRA TIF
DE SANTÉ
Groupe consultatif sur les approches complémentaires
et parallèles en santé
Division des systèmes de santé
Santé Canada
IV.d5463492
TABLE
DES MATIÈRES
IV.d
Objectif .............................
Contexte ...........................
Langue ...............................
Résultats attendus d’un système intégratif de santé ...................................................................................IV.50
Résultats attendus pour chacun des groupes clés
.......................................................................................IV.50
Valeurs fondamentales d’un système intégré de santé
...............................................................................IV.50
Concepts de base d’un système intégré de santé .........................................................................................IV.51
Défis .................................
Stratégies ...........................
Références ........................
Annexe ..............................
V ERS
UN SYSTÈME
I N T É G R AT I F
DE SANTÉ
IV.c
OBJECTIF
Le but du présent document est d’examiner les
conséquences de l’utilisation croissante des
approches complémentaires et parallèles pour le
système canadien de la santé, et de décrire et
amorcer une discussion sur un nouveau modèle qui
intégrerait les diverses approches efficaces
« conventionnelles » et « complémentaires et
parallèles ». Le document présente les résultats
prévus d’un système d’intégration, ses valeurs
fondamentales et les concepts de base de ce système,
les défis à relever et un certain nombre de stratégies
pour y arriver et aller de l’avant.
Les points de vue exprimés dans ce rapport sont ceux
des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux
de Santé Canada.
CONTEXTE
Ce document de discussion est le fruit du travail
du Groupe consultatif sur les approches
complémentaires et parallèles en santé convoqué par
la Division des systèmes de santé1 de la Direction
générale de la promotion et des programmes de
santé, en janvier 1999. Un groupe de dix praticiens,
éducateurs et chercheurs représentant toutes les
régions du Canada ont été invités à déterminer les
principaux problèmes du système de santé en ce qui a
trait aux approches complémentaires et parallèles en
santé et à suggérer des secteurs stratégiques en vue
d’une action future. Une de nos principales activités
depuis que le groupe s’est réuni en janvier 1999 a été
d’entreprendre la description et une élaboration plus
approfondie d’un « modèle conceptuel d’un futur
système intégratif de santé » susceptible d’aider la
Direction générale, de même que d’autres groupes,
dans leurs travaux de planification sur la médecine
complémentaire et parallèle.
La croissance continue d’approches
complémentaires et parallèles au Canada offre de
1
bonnes possibilités de modifier la nature de notre
système de soins de santé et d’avoir des
répercussions sur la santé de la population. Plutôt
que d’assister au développement d’un « système
parallèle de santé » qui viendrait concurrencer le
système conventionnel, les membres de notre
groupe consultatif, comme de nombreux autres
intervenants du système de santé, s’intéressent
davantage à la naissance et à l’évolution d’un
nouveau modèle de santé : un système basé sur une
meilleure compréhension de la santé qui intégrerait
les diverses approches efficaces de la médecine
« conventionnelle » et de la médecine
« complémentaire et parallèle ». Pour en arriver à
une combinaison de stratégies favorables à la
création d’un nouveau système de santé, il faudra
la collaboration et le sens d’innovation de tous les
groupes d’intervenants. Nous espérons que les
suggestions avancées dans le présent document
susciteront une discussion utile et stimuleront une
action concertée.
Suite au remaniement du 1er juillet 2000 de Santé Canada, la Division des systèmes de santé fait maintenant partie de la Direction générale de la
politique de la santé et des communications.
IV.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
L ANGUE
Nous utilisons dans ce document un certain nombre
de termes qui jouissent de la faveur populaire dans
le secteur de la santé, mais qui peuvent avoir des
connotations légèrement différentes pour certaines
personnes ou certains groupes. Les sections
suivantes soulignent notre définition des termes
utilisés dans le contexte de notre document de
discussion.
Approches complémentaires et parallèles en santé
Les termes « médecine complémentaire et
parallèle » ou « approches complémentaires et
parallèles en santé » sont tous deux utilisés pour
des pratiques et des thérapies qui ne sont pas
couramment enseignées dans les écoles de médecine
conventionnelles ni pratiquées par la majorité des
médecins autorisés (Eisenberg et al, 1993, 1998)2 .
Les expressions médecine complémentaire et
parallèle, soins de santé complémentaires et
parallèles, et approches complémentaires et
parallèles en santé sont employées dans des sens
équivalents.
Le terme « intégratif » a récemment été utilisé
pour illustrer les divers types de collaboration
qui transcendent les frontières scientifiques,
institutionnelles et géographiques. Pour plusieurs,
il est en train de devenir le terme préféré au Canada
et aux États-Unis pour définir les soins appropriés et
basés sur l’expérience clinique qui empruntent les
traditions thérapeutiques (voir Chapman-Smith,
1999; Jonas, 1998). C’est dans ce sens que nous
utilisons le terme « intégratif » dans le présent
2
document. Nous lui avons ajouté « médecine »
et « santé », c.-à-d. "médecine et santé intégrative",
pour souligner l’importance de la prévention et des
interventions qui ne relèvent pas des canaux
cliniques (médicaux).
Santé de la population
Une approche de santé de la population à la
planification de la santé tient compte des
déterminants de la santé et de leurs rapports
mutuels : le revenu et le statut social, l’éducation,
l’emploi et les conditions de travail, les réseaux de
soutien social, les services de santé,
l’environnement physique, le milieu social, la
biologie et la supériorité génétique, les habitudes
d’hygiène personnelle et les habiletés d’adaptation,
le développement des enfants en santé, le sexe et la
culture (Comité consultatif fédéral-provincialterritorial de Santé Canada sur la santé de la
population, 1994). En travaillant en vue d’un
système intégratif de santé, nous avons la possibilité
de promouvoir une meilleure compréhension du
rôle potentiel des approches complémentaires et
parallèles en santé dans le contexte de la promotion
de la santé, de la prévention de la maladie et de la
gestion de la santé et des conditions de la santé à
toutes les étapes de la vie. De façon ultime, la
discussion dont il est fait mention dans ce
document veut embrasser tous les aspects d’une
approche de la santé de la population, mais pour
l’instant, nous n’abordons que l’interface
complémentaire/conventionnelle.
Une définition plus complète a été élaborée par le Groupe de travail du NIH sur la définition et la description: "La médecine complémentaire et
parallèle est un vaste domaine des ressources de guérison qui englobe tous les systèmes de santé, leurs modalités et leurs pratiques, de même que
les théories et croyances qui les accompagnent, autres que celles qui sont intrinsèques au système de santé politiquement dominant d’une société
d’une culture donnée au cours d’une période historique donnée".
V ERS
UN SYSTÈME
I N T É G R AT I F
DE SANTÉ
IV.49
R ÉSUL TATS
ATTENDUS D ’ UN SYSTÈME INTÉGRATIF
Avant d’examiner les concepts d’un système
intégratif de santé et des stratégies requises pour y
arriver, nous avons déterminé ce que devraient être
les résultats, ou les avantages, d’un tel système.
Nous avons d’abord tenté de définir ces résultats
du point de vue de trois groupes clés que nous avons
identifiés comme possédant une responsabilité
fondamentale de prise de décision en matière de
santé à divers niveaux, soit les utilisateurs des services
DE SANTÉ
de santé, les praticiens et dispensateurs de soins, et
les décideurs ou responsables des politiques. Il faudra
étudier plus à fond, dans d’autres discussions, les
résultats prévus pour d’autres groupes comme les
éducateurs, les chercheurs, et les fournisseurs ou
l’industrie. Le tableau qui suit ne prétend pas être
complet, mais il veut plutôt servir de point de
départ à d’autres discussions.
Résultats attendus pour chacun des groupes clés
UTILISATEURS
PRATICIENS
DÉCIDEURS
• Satisfaction
• Choix
• Responsabilité personnelle
• Qualité de vie
• Accès à des programmes, des
ressources et de l’information
non partisane facile à consulter
• Collaboration et respect
multidisciplinaire optimal
• Professionnalisme
• Statut juridique égal pour tous
les praticiens de la santé
• Pratique basée sur la preuve
• Accès aux ressources de
recherhe
• Accès aux institutions de soins
de santé
• Attribution équilibrée et
efficace des ressources
• Responsabilité (sécurité de la
personne, prise de décision
basée sur des preuves,
utilisation efficiente du trésor
public)
• Universalité et accessibilité des
services essentiels de santé
• Accès à une information fiable,
de qualité
VALEURS
FONDAMENTALES
D ’ UN SYSTÈME INTÉGRÉ DE SANTÉ
Le développement d’un système intégratif de santé
doit reposer sur des valeurs ou des principes
fondamentaux. Les valeurs dont l’énumération suit
correspondent étroitement aux pierres angulaires
traditionnelles de notre système de soins de santé au
Canada et aux priorités établies récemment pour la
réforme de la santé, et elles pourraient constituer le
fondement même d’un système intégratif de santé.
Ces valeurs sont étroitement liées aux travaux du
Forum national sur la santé tenu au Canada en
1997. Sa mission était de faire un examen
approfondi et visionnaire du système de soins de
santé financé par l’État. Sa conclusion a été que
même si les valeurs fondamentales et les bases de
notre régime national d’assurance restent
essentiellement les mêmes, on a besoin de prises de
décisions davantage axées sur les preuves, d’une
meilleure continuité de soins, de soins vraiment
orientés vers le patient, d’une insistance accrue sur
la prévention et d’une forme véritablement
intégrative des soins de santé. Les valeurs qui
suivent sont données dans leur ordre alphabétique,
accompagnées d’une brève définition ou d’une
courte explication.
IV.50 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Accessibilité : tous les Canadiens et Canadiennes
ont un accès égal aux services essentiels de santé
quelque soit leur lieu de résidence ou leurs moyens
financiers. (Définition des services essentiels de
santé sous la mention « défis ».
Choix : la capacité et les ressources pour exercer des
choix personnels de mode de vie et de soins de
santé qui maximisent la possibilité d’une bonne
santé individuelle et collective.
Imputabilité : chaque partie doit répondre de sa
responsabilité pour ce qui est des soins et de
l’utilisation des ressources.
Respect mutuel : compréhension et respect
multidisciplinaires des traditions et cultures diverses
qui reflètent à la fois la culture du consommateur et
celle du praticien.
Efficience : utilisation efficiente des rares ressources
disponibles.
Responsabilité : une participation active et une
responsabilité commune en matière de soins de
santé constituent le point central du rôle assigné
aux utilisateurs, aux praticiens et aux décideurs.
Équilibre : les ressources sont attribuées de façon
appropriée pour la promotion du bien-être, les soins
préventifs et les soins aux individus souffrant d’une
maladie, et l’autosoin.
Résultat global : la prise de décisions basées sur les
preuves cliniques se fait à la suite de l’évaluation et
de l’analyse de toute une gamme de résultats, y
compris la qualité de vie et la satisfaction.
État complet de bien-être : la promotion de la
santé et les approches préventives revêtent une
valeur égale à celle des soins aux individus souffrant
d’une maladie.
Universalité : les Canadiens et Canadiennes de
toutes les provinces et des territoires ont un accès
égal et le choix en ce qui a trait aux services
intégratifs.
CONCEPTS
DE BASE D ’ UN SYSTÈME INTÉGRÉ DE SANTÉ
Outre ces valeurs fondamentales, il faut s’entendre
sur un certain nombre de concepts – également
essentiels pour en arriver à un système intégratif de
santé. À la suite des concepts énumérés plus bas, se
trouvent un certain nombre de défis à relever pour
les atteindre.
• Les mesures prévues doivent être basées sur une
approche de la santé de la population, en tenant
compte des critères qui varient d’un individu à
l’autre. Les ressources doivent être attribuées en
fonction de cette approche, ne soutenant pas que
les soins cliniques, mais également la promotion
du mieux-être, la prévention et le traitement de
la maladie et l’autosoin.
• Les questions de produits et de pratiques doivent
être soigneusement équilibrées.
• La population, les praticiens et les décideurs
doivent avoir accès à une information fiable et
équilibrée basée sur une preuve de sécurité et
d’efficacité sur laquelle ils peuvent fonder leurs
décisions.
• Il faut accorder des fonds pour développer et
accroître la capacité d’une recherche de qualité
sur les approches complémentaires et parallèles.
• La définition des services essentiels de santé et
des choix de paiement doit être réexaminée à la
lumière de la demande publique pour des
approches complémentaires et parallèles.
• L’éducation des praticiens doit être étendue de
manière à inclure une plus grande diversité
d’information, de rôles, d’aptitudes et de structure
en matière de santé.
V ERS
UN SYSTÈME
I N T É G R AT I F
DE SANTÉ
IV.51
D ÉFIS
Il faudra relever un bon nombre de défis avant de
pouvoir concrétiser ces concepts :
Produit contre pratique et choix éclairé du patient
Comme l’ont reconnu les auteurs du rapport
établi en 1998 par le Comité permanent de la
santé, intitulé « Les produits de santé naturels - une
nouvelle vision », il existe une interdépendance
complexe entre les règlements portant sur les
produits, certains étant de compétence fédérale, et
la portée de la pratique, de l’éducation et de la
formation des professionnels de la santé et des
règlements en matière de disciplines en santé, qui
sont essentiellement de compétence provinciale et
territoriale.
Il arrive souvent, mais pas toujours, que les
produits de santé naturels soient considérés
comme d’importants éléments du traitement.
Présentement, plusieurs de ces produits et
instruments ne sont pas correctement réglementés.
On est à prendre des mesures pour corriger la
situation. En 1999, Santé Canada a créé le Bureau
des produits de santé naturels qui fait partie de sa
Direction générale de la protection de la santé5 qui
a pour mission de faire en sorte que tous les
Canadiens et Canadiennes aient rapidement et
facilement accès à des produits de santé naturels qui
soient sûrs, efficaces et de haute qualité, tout en
respectant la liberté de choix ainsi que la diversité
philosophique et culturelle.
Les mécanismes fédéraux-provinciaux-territoriaux
existants de Santé Canada reçoivent également de
l’information sur ces sujets. Le dialogue est amorcé
avec les associations professionnelles, les
organisations bénévoles et les organismes
d’éducation en vue d’examiner les points relatifs
aux ressources en santé humaine (p. ex. les
approches de réglementation, d’éducation et de
formation).
5
Preuve fiable de sécurité et d’efficacité
On s’oppose, dans certains milieux, aux approches
complémentaires et parallèles en santé sous prétexte
qu’elles ne sont pas basées sur une preuve clinique
et que par conséquent, elles ne sont ni sûres ni
efficaces. En raison même de leur nature et des
relations des praticiens et des consommateurs avec
les pratiques et les thérapies elles-mêmes, de
nombreux volets des soins de santé
complémentaires et parallèles ne peuvent être mis à
l’essai au moyen des stratégies traditionnelles des
essais randomisés à double insu contrôlés contre
placebo. Cette observation vaut également pour
plusieurs pratiques couramment sanctionnées dans
la médecine et les soins de santé conventionnels.
Ainsi, il est essentiel que des moyens appropriés,
rigoureux et pertinents soient élaborés afin de
recueillir et distribuer systématiquement les
renseignements nécessaires pour protéger la sécurité
publique, d’évaluer l’efficacité et de contribuer à
une meilleure compréhension du rôle d’une gamme
d’activités entreprises pour promouvoir et protéger
la santé des Canadiens et Canadiennes.
Accroître la capacité d’une recherche de qualité
Comme nous le notons dans le défi précédent, il
reste beaucoup de recherche à faire sur les
approches complémentaires et parallèles en santé.
Pour relever ce défi, nous devrons investir des
sommes importantes et nous engager à respecter un
programme national de recherche sur la médecine
intégrative et la médecine complémentaire et
parallèle, qui constituent en elles deux défis
particuliers.
Définition des services essentiels de santé
C’est une question qu’il faudra aborder dans de
futures éditions de ce document. On s’entend pour
reconnaître que la distinction entre les services
Suite au remaniement du 1er juillet 2000 de Santé Canada, la Direction générale de la protection de la santé fait maintenent partie de la
Direction générale des produits de santé et des aliments
IV.52 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
« essentiels » et les services moins « essentiels »
constitue une question complexe qui devra faire
l’objet de plus de discussions entre divers
intervenants du système de santé.
Éducation des praticiens
Les praticiens de santé complémentaire et parallèle
peuvent exercer diverses approches, dont certains
exigent présentement de la formation biomédicale
approfondie (p. ex. la chiropraxie, la naturopathie).
De nombreux praticiens de santé complémentaire et
parallèle ne possèdent des titres uniformes. Les
différences inhérentes aux diverses pratiques rendent
souvent difficiles la reconnaissance, l’autorisation
d’exercer et la réglementation.
Les tenants de la médecine conventionnelle et les
praticiens de la médecine complémentaire et
parallèle estiment qu’une plus grande intégration est
nécessaire et souhaitable. Par exemple, 38 % des
écoles de médecine au Canada (Ruedy et al, 1999) et
67 % des écoles de médecine aux États-Unis (Wetzel
et al, 1998) offrent maintenant des cours autonomes
en médecine complémentaire. Toutefois, même les
partisans les plus actifs de l’intégration à l’intérieur de
la médecine traditionnelle sont d’accord qu’il existe
encore peu de preuves systématiques à l’appui de leur
enseignement et peu aussi pour ce qui est des lignes
directrices en matière d’exercice qui assure la
promotion d’une pratique appropriée, orientée vers le
patient et intégrée. De plus, il y a présentement peu
d’individus dans les institutions conventionnelles qui
possèdent les aptitudes ou l’apprentissage de base
leurs permettant d’enseigner correctement ou
d’ajouter les approches complémentaires et parallèles
à la formation médicale conventionnelle.
Du même souffle, nous estimons que l’éducation de
plusieurs praticiens en santé complémentaire et
parallèle n’inclut pas suffisamment de base en
approches et en pratiques conventionnelles pour
permettre une intégration efficace des soins, même
s’il n’existe pratiquement pas de données
systématiques au Canada pour documenter ces
besoins et ces lacunes en formation. Ceci s’applique
également aux praticiens de médecine
conventionnelle. Tous les praticiens devraient
connaître les limites et les apports des diverses
disciplines autant en approches conventionnelles
qu’en approches complémentaires et parallèles.
Il y a peu de consensus, ni en médecine
conventionnelle ni en médecine complémentaire et
parallèle, sur ce que les « soins intégratifs »
pourraient ou devraient être et de nombreux
praticiens dans les deux camps semblent craintifs et
hésitants quand il est question de changement.
Présentement il n’existe pas de ressources ni
d’incitation à investir dans le développement de
nouveaux modèles de soins. Il y a un risque réel que
la médecine conventionnelle subsume les méthodes
complémentaires et parallèles quand elles se
révéleront efficaces. Ceci inquiète énormément les
praticiens de santé complémentaire et parallèle.
Existe aussi le danger que des procédures
particulières soient tirées du contexte de leur
système thérapeutique élargi et réduites à de simples
« techniques » dans un cadre de pratique médicale
STRATÉGIES
Pour relever certains de ces défis et œuvrer en vue
d’un système pleinement intégratif, nous proposons
les neuf stratégies suivantes :
• Promouvoir un esprit de véritable collaboration
entre les principaux groupes du gouvernement
fédéral, au niveau fédéral-provincial-territorial et,
en dernier ressort entre les groupes provinciaux et
territoriaux et les autorités régionales de la santé, de
même qu’au sein d’un vaste éventail d’intervenants,
y compris le grand public, les consommateurs, les
fabricants, les responsables de la réglementation, le
secteur bénévole, les détaillants, les praticiens, les
administrateurs des organismes de prestation, les
chercheurs, les éducateurs et les assureurs.
• Développer et évaluer divers modèles de
prestation de soins intégrés où une collaboration
V ERS
UN SYSTÈME
I N T É G R AT I F
DE SANTÉ
IV.53
basée sur le respect et le professionnalisme entre
praticiens et dispensateurs de services capitalisent
sur les stratégies les plus efficaces, les plus
efficientes et les plus appropriées pour assurer des
soins de santé de haut niveau aux particuliers, aux
groupes et aux collectivités.
• Élaborer un programme de recherche qui se
penche sur la sécurité et l’efficacité des approches
complémentaires et parallèles en santé, et inclue
le développement de modèles de pratiques
exemplaires pour l’intégration des soins et la
diffusion de modèles éprouvés.
• Offrir aux utilisateurs du système de santé, aux
professionnels de la santé et aux décideurs l’accès
à une information fiable et opportune, la
formation et les services qui leur permettront
d’utiliser cette information à titre d’appui dans
leur prise de décision (p. ex. une évaluation
critique des preuves cliniques).
• Établir des liens et favoriser la collaboration entre
les groupes chargés de la création de normes et de
règlements pour les produits, les instruments et les
services.
• Déterminer ou élaborer des modèles exemplaires
d’attribution de permis et de titres.
• Revoir le financement public des services et
produits définis comme essentiels.
• Développer des incitatifs appropriés pour assurer
l’intégration efficace et optimale des services
conventionnels et des services complémentaires
et parallèles.
• Aborder les questions sur l’accès à ces services
intégrés.
• Atteindre le consensus sur la définition et les
paramètres des « soins intégratifs orientés vers le
patient et les résultats attendus ».
R ÉFÉRENCES
Chapman-Smith D. Complementary and
alternative medicine: its definition, use and
significance to the chiropractic profession.
Chiropractic Report 1999; 13(2): 1-8
Comité permanent sur la santé, Chambre des
communes du Canada. Les produits de santé
naturels : Une vision nouvelle. Ottawa : Tavaux
publics et Services gouvernementaux Canada,
1998.
Eisenberg DM, Kessler RC, Foster C, et al.
Unconventional medicine in the United
States: prevalence, costs and patterns of use.
New England Journal of Medicine1993;328:24652.
Eisenberg DM, Davis RB, Ettler S.L et al. Trends in
alternative medicine use in the United States,
1990-1997: results of a follow-up national
survey. Journal of the American Medical
Association 1998; 280: 1569-1575.
Jonas, WB. Alternative Medicine - learning from
the past, examining the present, advancing to
the future. Journal of the American Medical
Association, 1998; 280 (18), 1616-1617.
Forum national de la santé (1997). La santé au
Canada : Un héritage à faire fructifier. Rapport
final– Volume I. Ottawa : Santé Canada.
Ruedy J, Kaufman, DM, MacLeod H. Alternative
and complementary medicine in Canadian
medical schools: a survey. CMAJ 1999; 160:
816-817.
IV.54 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Santé Canada. Comité fédéral-provincial-territorial
sur la santé de la population - Stratégies pour la
santé de la population : Investir dans la santé
des Canadiens. Santé Canada, 1994; 1-4.
Wetzel MS, Eisenberg DM, Kaptchuk TJ. Courses
involving complementary and alternative
medicine at US Medical Schools. JAMA 1998;
280(9):784-787.
V ERS
UN SYSTÈME
I N T É G R AT I F
DE SANTÉ
IV.55
ANNEXE
GROUPE CONSULTATIF DES APPROCHES COMPLÉMENT
ET PARALLÈLES EN SANTÉ
AIRES
DIVISION DES SYSTÈMES DE SANTÉ
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA POLITIQUE ET DES COMMUNICATIONS
SANTÉ CANADA
Jeffrey W. Balon, DC, MD, CCFP
Ottawa, Ontario
Sally Thorne, RN, Ph. D.
Vancouver, Colombie-Britannique
Allan Best, Ph.D., R. Psych.
Vancouver, Colombie-Britannique
Rudolf Verspoor, Homéopathe
Gloucester, Ontario
Merrijoy Kelner, Ph. D.
Toronto, Ontario
J. William La Valley, MD
Chester, Nouvelle-Écosse
Badri (Bud) Rickhi, M.B., B.S., FRCP(C)
Calgary, Alberta
Daniel Savas, Ph. D.
Vancouver, Colombie Britannique
Division des systèmes de santé
Santé Canada:
Robert Shearer
Ottawa, Ontario
Joan E. Simpson
Ottawa, Ontario
Fernande Soucy-Hirtle, MD
Sillery, Québec
IV.56 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
V. J OURNÉE
D ’ ÉTUDE SUR
INVIT ATION : I NFORMA TION
ET CHOIX ÉCLAIRÉ DANS
L’ UTILISA TION DES APPROCHES
COMPLÉMENT AIRES ET
PARALLÈLES EN SANTÉ EN CE
QUI CONCERNE LES PRATICIENS
LES UTILISA TEURS ET LE
SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ
Rapport sur la journée d’étude
Theodore de Bruyn
,
R EMERCIEMENTS
L’auteur désire remercier de leur collaboration Joan
Simpson, de la Division des soins de santé,
Direction générale de la politique de la santé et des
communications, Santé Canada, pour la conception
de la journée d’étude, et Brian Bell, du Alder
Group, qui a animé les discussions de la journée
d’étude et revu une ébauche du présent rapport.
V.b Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
V.6527
TABLE
DES MATIÈRES
Résumé à l’intention des cadr es .....................................................................................................................V.d
Introduction .......................
Ce que les utilisateurs veulent savoir ............................................................................................................V.58
Terminologie et langue .....
V.59
Sour ces et types d’infor mation .......................................................................................................................V.60
Preuves ...............................
Compétence professionnelle ...........................................................................................................................V.63
Rappor ts avec le système des soins de santé et au sein de ce der nier .......................................................V.65
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.c
R ÉSUMÉ
À L’ INTENTION
DES CADRES
Le 20 novembre 2000, la Division des systèmes de
santé, Santé Canada, organisait une journée d’étude
sur invitation pour traiter de l’information et du
choix éclairé s’appliquant à l’utilisation des
approches complémentaires et parallèles en santé.
La journée d’étude réunissait des représentants
d’organisations sélectionnées pour représenter les
groupes suivants : associations professionnelles
nationales d’approches complémentaire et parallèle,
associations professionnelles nationales représentant
la médécine conventionelle, organisations
nationales bénévoles pouvant fournir de
l’information sur les approches complémentaires ou
parallèles en santé touchant des conditions ou des
maladies précises, organisations pouvant fournir de
l’information sur les approches complémentaires ou
parallèles au public intéressé. Des membres du
personnel de la Division des systèmes de santé
participaient également à la journée d’étude.
Les participants ont fait remarquer que les
utilisateurs des approches complémentaires et
parallèles posent régulièrement plusieurs questions
fondamentales sur les thérapies ou les produits:
• Qu’est-ce que c’est?
• Cela va-t-il marcher?
• Où puis-je l’acheter?
• Combien cela va-t-il coûter?
• Qui va payer?
Il est plus difficile de répondre à ces questions que de
les poser. L’information peut ne pas être disponible.
Différentes sources d’information peuvent présenter
des points de vue différents ou contradictoires. Le
niveau de langue peut être difficile à comprendre.
Il peut ne pas exister de consensus quant au
fondement des affirmations. Les utilisateurs peuvent
ne pas bien connaître les systèmes destinés à assurer
la compétence professionnelle et ces systèmes
peuvent ne pas être uniformes d’une juridiction à
une autre. Les moyens traditionnels d’obtenir de
l’information et de prendre des décisions, comme par
exemple de consulter un dispensateur primaire de
soins de santé et d’être référé au spécialiste voulu,
n’existent pas ou ne sont pas acceptés en ce qui
concerne les approches complémentaires et
parallèles en santé (ACPS).
Les participants à la journée d’étude ont apporté
une grande contribution en termes d’observations et
de suggestions sur les thèmes suivants: terminologie
et langue; sources d’information; modes de
communication; preuves; compétence
professionnelle; et rapports avec le système des soins
de santé et au sein de ce dernier. Les participants ne
sont pas arrivés – et ce n’était pas là le but non plus
– à un consensus sur ces sujets, mais ils ont fait
ressortir quelques- unes des questions principales et
ont déterminé des mesures spécifiques qui
pourraient être prises pour traiter ces questions.
La journée d’étude a souligné une idée déjà
reconnue: à savoir que pour fournir de l’information
aux utilisateurs et les mettre en mesure de faire des
choix éclairés, il faut adopter une approche
systémique, tout en continuant le travail et les
activités dans un certain nombre de secteurs tels
que les systèmes d’information, la réglementation
professionnelle, la recherche, l’élaboration de
politiques et la consultation.
V.d Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
J OURNÉE D’ ÉTUDE SUR INVIT ATION :
I NFORMATION ET CHOIX ÉCLAIRÉ DANS L’ UTILISATION
DES
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ
EN CE QUI CONCERNE LES PRATICIENS , LES UTILISATEURS ET LE
SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ
INTRODUCTION
Le 20 novembre 2000, la Division des systèmes de
santé, Santé Canada, organisait une journée d’étude
sur invitation pour traiter de l’information et du
choix éclairé en ce qui concerne à l’utilisation des
approches complémentaires et parallèles en santé
(ACPS).
PARTICIP ANTS INVITÉS
ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES
Institut de la fondation d’acupuncture du Canada
Ayurvedic Medical Association
Association chiropractique canadienne
Alliance canadienne de massothérapie
Association canadienne de naturopathie
Association des infirmières et infirmiers du
Canada
Association canadienne des pharmaciens
Association canadienne de physiothérapie
Association canadienne de santé publique
College des médecins de famille du Canada
National United Professional Association of
Trained Homeopaths
ORGANISATIONS BÉNÉVOLES DANS LE
DOMAINE DE LA SANTÉ
La Société d’Arthrite
La Société canadienne du cancer
ORGANISATIONS DIFFUSANT DE
L’INFORMATION
CAMline
Consumer Health Information Service
La journée d’étude réunissait des représentants
d’organisations sélectionnées pour représenter les
groupes suivants : associations professionnelles
nationales de médecine complémentaire et parallèle,
associations professionnelles nationales représentant
la médécine conventionnelle, organisations
nationales bénévoles pouvant fournir de
l’information sur les approches complémentaires ou
parallèles touchant des conditions ou des maladies
précises, organisations pouvant fournir de
l’information sur les ACPS au public intéressé. Des
membres du personnel de la Division des systèmes
de santé participaient également à la journée
d’étude.
La journée d’étude visait les objectifs suivants :
• Prendre note des points de vue des associations
professionnelles et des organisations bénévoles
nationales quant à l’information et au choix
éclairé dans l’utilisation des ACPS;
• Apporter des renseignements utiles aux activités
prévues par Santé Canada en ce concerne les
questions que soulève l’utilisation des ACPS; et
• Amorcer un dialogue entre les associations
représentant la médécine conventionnelle et les
praticiens des ACPS.
La journée d’étude était divisée en deux parties.
Pour commencer, une table ronde au cours de
laquelle les participants étaient invités à décrire leur
organisation ou profession et à faire part de quelques
sujets de préoccupation concernant l’information et
le choix éclairé; ensuite, des petits groupes de
discussion permettant aux participants de traiter des
questions principales par thèmes et de déterminer un
ou deux défis clés relatifs à ces questions.
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.57
CE QUE
LES UTILISATEURS
VEULENT SAVOIR
Remar que sur la langue
La journée d’étude traitait des questions d’information et de choix éclairé dans le contexte du système des
soins de santé au Canada. Le présent rapport utilise l’expression « approches complémentaires et parallèles
en santé ». Les participants ont également utilisé « médecine complémentaire et parallèle », « thérapies
complémentaires ou parallèles » et « produits de santé naturels ». L’expression « approches
complémentaires et parallèles en santé » implique un rapport avec une forme dominante ou répandue de
soins de santé, qui au Canada se trouve à être la médecine occidentale. Afin de bien saisir le statut
dominant du système de soins de santé occidental et sa capacité d’intégrer les composantes des approches
complémentaires et parallèles en santé, nous utilisons le terme « conventionnel » lorsque nous faisons
référence aux pratiques et aux praticiens de la médecine occidentale.
Comme point de départ aux discussions, la question
suivante était lancée : Que veulent savoir les
utilisateurs au sujet des ACPS? Les utilisateurs
posent plusieurs questions fondamentales typiques
au sujet des thérapies et des produits :
• Qu’est-ce que c’est?
• Cela va-t-il marcher?
• Où puis-je l’acheter?
• Combien cela va-t-il coûter?
• Qui va payer?
Les participants à la journée d’étude se sont
questionnés à savoir ce qui serait nécessaire pour
pouvoir répondre à ces questions facilement,
clairement et systématiquement. La discussion s’est
organisée en fonction d’un certain nombre de sujets
ou thèmes, qui servent à articuler le présent rapport :
ter minologie et langue; sources d’infor mation;
modes de communication; preuves; compétence
professionnelle; et rapports avec le système des
soins de santé et au sein de ce der nier.
On peut considérer ces sujets comme des
« éléments constituants » qui serviront à fournir de
l’information aux utilisateurs et leur permettront de
faire des choix éclairés sur la base de cette
information. La journée d’étude portait sur la façon
dont ces « éléments constituants » contribueraient
à l’information et au choix éclairé, toutefois la
discussion a fait à nouveau ressortir que la
disponibilité croissante des ACPS ainsi que leur
utilisation ont un impact sur toutes les dimensions
du système des soins de santé (voir figure 1).
Le présent rapport présente un résumé de la
discussion sur les « éléments constituants ». Ce
résumé ne vise pas à refléter un consensus, puisque
ce n’était pas le but de la journée d’étude. Il
regroupe plutôt les commentaires exprimés durant
la journée d’étude sur le sujet des « éléments
constituants » et les regroupe sous quatre rubriques:
problématique, observations, suggestions pratiques
et défis.
V.58 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
T ERMINOLOGIE
ET LANGUE
Problématique
Ceux qui fournissent de l’information sur les ACPS
trouvent que le manque d’uniformité dans la
terminologie et de clarté dans la langue constituent
un obstacle pour les praticiens, les dispensateurs
d’information et les utilisateurs.
Observations
Un grand nombre de participants ont fait remarquer
qu’il serait utile de disposer d’une terminologie, de
définitions et de descriptions de pratiques et de
produits qui soient largement acceptés. Toutefois
pour arriver à cet état de choses, il faut un processus
qui permette aux praticiens de s’entendre non
seulement au sein d’une profession mais aussi entre
les professions. Plusieurs participants ont indiqué
que leurs associations professionnelles avaient déjà
mis au point ou étaient en train de le faire, une
définition uniforme de la pratique au Canada.
La terminologie et la langue visent à rendre
l’information claire et facile à comprendre. Mais
elles ont des répercussions qui dépassent ces buts : la
définition ou la description de la pratique peut avoir
des conséquences sur l’utilisation ou sur ce qui est
assuré. Par exemple, les utilisateurs peuvent se
sentir plus portés à recourir à une pratique classée
comme « conventionnelle » qu’à une autre classée
comme « parallèle ». De même, les assureurs
peuvent se trouver plus enclins à assurer une
pratique classée comme « manipulation physique »
qu’une pratique classée comme « esprit-corpssprititualité ».
Suggestions pratiques
Les participants ont avancé plusieurs idées sur la
façon d’améliorer l’uniformité et la clarté de la
terminologie et de la langue :
• Élaborer un système de classification normalisé
pour les ACPS;
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.59
• Mettre au point une définition et une description
de chaque pratique et produit;
• Élaborer un glossaire de termes;
• Créer des ressources « en style clair » et dans les
deux langues officielles du Canada et dans
d’autres langues, en fonction des caractéristiques
des utilisateurs.
Défis
L’un des défis que soulève le développement des
outils nommés ci-dessus consiste à arriver à une
entente sur les définitions et descriptions des
SOURCES
pratiques et des produits. Cela se fait souvent par un
processus itératif. Il peut être nécessaire de
s’entendre sur ce qui est unique à une thérapie
donnée, sur les différences de sens dans le langage
utilisé pour définir ou décrire la thérapie et sur ce
qui est commun aux divers praticiens en ce qui
concerne la thérapie. Les divers niveaux de
gouvernements peuvent contribuer à ce but en
organisant de larges rencontres de praticiens pour
élaborer une terminologie, des définitions et des
descriptions communes.
ET TYPES D ’ INFORMATION
Problématique
Les utilisateurs des ACPS ont besoin d’avoir
facilement accès à de l’information qu’ils
comprennent et provenant de sources auxquelles ils
peuvent se fier. En pratique, les utilisateurs, les
praticiens et dispensateurs d’information font face à
une multiplicité de sources de renseignements, dont
certains sont déroutants et contradictoires, et n’ont
pas de moyens évidents d’avoir accès à leur source.
Observations
Si les connaissances concernant les ACPS ne sont
pas largement répandues et ne font pas l’objet d’un
consensus large, comment les utilisateurs peuventils évaluer les sources d'information dans ce
domaine? Les participants ont noté que la situation
s’améliore si la source bénéficie du ‘sceau
d’approbation » émis par une autorité reconnue,
telle qu’une association professionnelle ou une
agence gouvernementale. Toutefois, un « sceau
d’approbation » fait inévitablement intervenir des
critères ou « filtres » qui servent à évaluer la source
et l’information qu’elle fournit. En soi, cela peut se
révéler problématique lorsque le type de soins n’est
pas largement reconnu ou compris.
Internet, qui fournit une quantité croissante de
renseignements et dont on se sert de plus en plus
pour obtenir de l’information, est à la fois une
bénédiction et une malédiction. D’une part, les
utilisateurs ont facilement accès à beaucoup
d’information qu’ils ne pourraient trouver dans les
publications. D’autre part, les utilisateurs ont besoin
d’une façon de trier et d’évaluer toute cette
information.
Il y a une certaine inquiétude au sujet des risques à
fournir de l’information sans le bénéfice des conseils
d’un professionnel ou en l’absence d’un large
consensus entre professionnels. Les fournisseurs
d’information incluent souvent des décharges de
responsabilité quant à l’information qu’ils donnent.
Cependant, une décharge est une chose et en tenir
compte en est une autre. Les utilisateurs peuvent
ignorer ces décharges ou les prendre à la légère,
surtout si leur condition ou leur maladie est grave.
Suggestions pratiques
Les participants ont avancé un certain nombre de
suggestions sur la façon d’aider les utilisateurs à
évaluer les sources d’information :
• Il existe des critères standards pour évaluer une
source d’information, par exemple le degré
V.60 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
d’actualité, l’autorité, la transparence, la
crédibilité de la source, etc.;
• Il y a des outils interactifs pour aider les
utilisateurs à juger de la qualité de l’information
contenue dans les sites Internet sur la santé (par
ex. , DISCERN, à http://www.discern.org.uk; le
code de déontologie et la liste de contrôle de
Health on the Net à
http://www.hon.chi/HONcode/HONcode_check.
html; l’instrument d’évaluation du QI du Health
Summit Working Group à
http://hitiweb.mitritek.org/iq/about/iq.asp;
QUICK, la liste de contrôle du Centre for Health
Information Quality à http://www.quick.org.uk).
• La confiance des utilisateurs se fonde sur toute
une série de sources, qui collectivement
contribuent à rendre l’information recherchée
complète, exacte et fiable;
• On pourrait établir un poste d’ombudsman ou une
agence jouant un rôle semblable pour y déposer
des plaintes en cas d’expériences négatives;
• Les associations professionnelles des praticiens des
ACPS se doivent de corriger toute information
inexacte concernant les produits et les pratiques.
Quelle que soit la source d’information,
l’information elle-même devrait être disponible sous
divers modes afin d’être accessible à toute une
gamme d’utilisateurs. Ces modes incluent les
pamphlets dans les bureaux, les documents de
référence dans les bibliothèques, les renseignements
verbaux à des numéros 1-800, des pages sur Internet
et des renvois à des professionnels. Dans chaque
mode, l’information devrait être en langage clair,
dans les deux langues officielles et comporter divers
niveaux de détails.
Défis
Les utilisateurs font généralement appel à deux
réseaux pour obtenir de l’information sur les
questions de santé et de soins: le réseau informel
constitué par la famille et les amis, et le réseau
formel des professionnels. On note deux défis
dans ce domaine :
• Comment permettre au réseau informel d’avoir
accès à de l’information crédible sur les ACPS?
• Comment améliorer la communication entre les
praticiens de la médecine conventionnelle et
ceux de la médecine parallèle de façon à
permettre au réseau des professionnels
conventionnels de mieux renseigner les
utilisateurs sur les ACPS et de mieux les référer?
Puisque les utilisateurs obtiennent de l’information
sans nécessairement consulter un praticien
compétent ou sans faire trop attention aux
décharges de responsabilité et notes d’avertissement,
il est peut-être nécessaire de mettre au point un
système pour évaluer l’information en fonction du
risque que présente la non-observation des conseils.
Par exemple, on pourrait fournir l’information avec
indication (par ex. sur une échelle de 1 à 5) du
niveau de risque, de qualité des preuves et des
normes de pratique.
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.61
P REUVES
Problématique
Les discussions sur l’information concernant les
ACPS mènent presque immanquablement à des
discussions sur les preuves qui sous-tendent
l’information et soulèvent des questions telles que
les suivantes :
• Quelles preuves a-t-on de l’efficacité du produit
ou de la pratique?
• Que considère-t-on comme preuve?
• Quelle preuve est plus probante qu’une autre?
C’est le fait que nous soyons dans un contexte de
transition qui rend ces questions difficiles. La
présence et l’utilisation croissantes des ACPS,
ainsi que d’autres tendances, ont un effet sur le
paradigme dominant du domaine de la santé, de la
maladie et des soins de santé. Au changement de
ce paradigme correspond un changement dans le
paradigme touchant le recueil, l’interprétation et
l’évaluation des preuves.
Observations
Les participants ont fait plusieurs observations à
propos des preuves nécessaires :
• Preuve de sécurité et d’efficacité;
• Preuve des bienfaits et effets négatifs;
• Preuve de résultats;
• Preuve concernant la promotion de la santé
(bien-être) et aussi la prévention de la maladie
et le traitement.
Les participants ont aussi fait des observations
sur la façon dont il faudrait définir la preuve .
Certains ont suggéré que les catégories de preuves
devraient être plus souples. Elles devraient
comprendre, par exemple, la preuve par
l’expérience et la preuve scientifique; la preuve
tirée de différentes cultures ou paradigmes de santé
(par ex. preuves recueillies en Chine sur la
médecine chinoise traditionnelle ou en Inde sur la
médecine ayurvédique); et les preuves basées sur
des anecdotes et des preuves non traditionnelles.
Les participants ont indiqué qu’il est important de
reconnaître qu’il existe une gamme de preuves qui
s’appliquent à la médecine conventionnelle et
également à la médecine complémentaire et
parallèle. En reconnaissant plus clairement les
niveaux de preuves dans tous les domaines de la
santé et en les cernant mieux, on contribuerait
ainsi à la création d’une plus grande « égalité »
pour tous les types de médecine. On a par ailleurs
suggéré que l’établissement d’une base de preuves
adéquate est à envisager comme un processus
évolutif (et non comme une dichotomie du type
soit/soit) et qu’il est possible et utile de faire la
distinction entre des niveaux de preuves au sein
de ce processus ou continuum. Ainsi par exemple,
CAMline (www.camline.org) a créé un processus
pour distinguer quatre niveaux de preuves pour
l’utilisation d’un produit: probablement efficace,
peut-être efficace; exige plus de recherches; et
probablement inefficace.
Suggestions pratiques
Les participants ont suggéré qu’il serait utile que
les gouvernements, les chercheurs, les décideurs,
les professionnels et les consommateurs
s’entendent sur les principes de définition d’une
preuve acceptable valable pour toutes les
disciplines et qu’ils établissent des critères de
niveaux de preuves quant à une pratique ou un
produit. Ce n’est qu’une fois après entente sur ce
qui est recevable comme preuve et ce qui
constitue les critères de classement des preuves
qu’il serait approprié et possible d’évaluer la
qualité des preuves disponibles à chaque niveau.
Comme éléments d’un processus pour arriver à une
entente sur les principes pour ce qui est acceptable
comme preuve et comme critères pour les niveaux
de preuve, on a suggéré :
• Un document de discussion avec toile de fond
du domaine;
• Une rencontre regroupant un large éventail de
professionnels et de chercheurs du domaine de la
santé;
• Un processus de facilitation du consensus;
V.62 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
• L’éducation du public en ce qui concerne la
notion de preuve (types de preuves, niveaux de
preuves, qualité des preuves).
dans ce domaine, d’une part pour élargir la base de
la recherche et inclure les ACPS et d’autre part
pour admettre un plus large éventail de preuves
applicables aux questions de santé en général.
Défis
Les participants ont reconnu que le processus
consistant à s’entendre sur les principes de définition
d’une preuve acceptable valable pour toutes les
disciplines, à établir des critères de niveaux de
preuves et à évaluer la qualité des preuves à chaque
niveau constituerait un défi en soi.
Par la même occasion, on a noté que les
paradigmes qui caractérisent certaines formes
d’ACPS ne se comparent pas au paradigme de la
médecine scientifique occidentale ou sont
incompatibles avec cette dernière. Cela complique
la tâche de définition, d’obtention, d’évaluation et
de validation des preuves pour ces types
d’approches.
Les participants ont également souligné le besoin
d’élargir les bases de la recherche. Le Canadian
Institutes of Health Research a un rôle clé à jouer
COMPÉTENCE
PROFESSIONNELLE
Problématique
Les utilisateurs veulent savoir que les praticiens en
santé sont qualifiés et ont les compétences voulues
pour fournir de l’information, des conseils et des
soins . Il leur est difficile de s’en assurer en ce qui
touche les ACPS (ou certaines d’entre elles), et cela
pour diverses raisons:
• Manque d’information sur les qualifications
professionnelles;
• Manque d’information sur les associations
professionnelles;
• Manque de reconnaissance au sein du système de
santé des qualifications professionnelles et des
normes de pratique des praticiens des ACPS;
• Variations et manque d’uniformité dans les lois
sur la réglementation d’une province ou d’un
territoire à l’autre;
• Confusion quant à la différence entre normes de
pratique et réglementation légiférée.
Observations
Pour permettre aux utilisateurs de mieux connaître
les praticiens et d’avoir plus confiance en eux,
plusieurs participants étaient partisans d’un modèle
de compétence comprenant les éléments suivants :
• Même norme de formation, de certification et de
pratique pour tous les praticiens (conventionnels
ou non) d’une thérapie donnée;
• Reconnaissance des qualifications professionnelles
et des normes de pratique pour une thérapie
donnée dans l’ensemble du système de santé;
• Réglementation légiférée d’une pratique
seulement si le risque potentiel de danger rend la
réglementation nécessaire;
• Éducation du public en ce qui concerne la
différence à faire entre normes de pratique et
réglementation légiférée.
Qui est responsable de l’élaboration et de la mise en
application de normes de pratique? Plusieurs
participants ont déclaré que la responsabilité
première incombe aux praticiens eux- mêmes. Cela
exige d’importantes ressources humaines et
financières, que certaines associations de praticiens
des ACPS peuvent ne pas posséder. Néanmoins, il
est considérablement moins coûteux d’adopter une
réglementation volontaire par le biais de normes de
pratique que de légiférer.
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.63
Il est utile aux utilisateurs et aux praticiens d’avoir
des qualifications professionnelles et des normes de
pratiques qui soient uniformisées au niveau des
juridictions canadiennes et internationales. En
l’absence d’uniformité, les utilisateurs sont
déconcertés par la notion de compétence.
Malheureusement, dans la situation actuelle, les lois
sur la réglementation de presque toutes les ACPS
manquent d’uniformité et varient d’une province et
d’un territoire à l’autre. Plusieurs participants ont
avancé des arguments en faveur d’une réfor me de la
réglementation et de l’éducation du public afin de
mettre sur pied un régime plus cohérent et uniforme
qui établisse une différence appropriée entre les
normes de pratique et la réglementation par
législation (cette dernière étant seulement
nécessaire en cas de risque potentiel de danger).
• Où peut obtenir des renseignements
supplémentaires?
Les gouvernements à divers niveaux peuvent
contribuer ou faire preuve de leadership de plusieurs
façons en:
• Organisant des rencontres nationales sur les
normes de pratique qui soient inclusives et
empreintes de respect;
• Préparant un profil de compétence pour une
profession ou une pratique donnée;
• Préparant un profil occupationnel ou un profil du
marché du travail pour une profession;
Suggestions pratiques
• Négociant les conditions s’appliquant à la
mobilité des travailleurs d’une juridiction à
l’autre;
En l’absence de qualifications professionnelles
et de normes de pratique uniformes et reconnues,
les utilisateurs pourraient disposer d’une liste de
contrôle des points à vérifier en cas de pratique
nouvelle ou peu connue :
• Renseignant le public sur la compétence
(qualifications professionnelles, normes de
pratique, réglementation légiférée, etc.).
Défis
• Existe-t-il une certification normalisée pour la
pratique et, dans l’affirmative, quelle est- elle?
• Que faut-il pour obtenir la certification
professionnelle?
• Existe-t-il une association professionnelle?
• Existe-t-il une association chargée de la
réglementation?
• La réglementation de la profession est-elle
volontaire ou requise par la loi?
• Quels sont les champs d’exercice et les normes de
pratique pour la profession?
• Peut-on prévenir ou interroger quelqu’un quant
aux expériences négatives?
Les participants ont fait remarquer que le succès
d’un modèle de compétence basé sur des normes
de pratique dépend de l’envergure de la légitimité
reconnue à la pratique. Il est essentiel que les
discussions portant sur une pratique soient
inclusives et empreintes de respect. S’ils ne sont
pas reconnus, les praticiens des ACPS cherchent à
obtenir une réglementation légiférée afin d’arriver à
une légitimité professionnelle. Souvent le processus
menant à la réglementation légiférée est plein de
jeux de concurrence et de désaccords au sein de la
profession et entre les professions. Ce processus est
également coûteux en termes de ressources
humaines et financières.
Bien que les déficiences du régime réglementaire
actuel soient claires aux yeux des participants, ils
ont aussi reconnu que la réforme de la
réglementation est un processus à long terme qui
V.64 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
présente des défis. Il exigera une discussion
soutenue au sein des structures fédérales /
provinciales / territoriales. Il existe des modèles, tel
que le régime de réglementation adopté par
l’Ontario, qui peuvent servir à établir un système
plus cohérent et uniforme au Canada pour les
ACPS. Toutefois la division des responsabilités
R APPORTS
entre le gouvernement fédéral, qui est chargé de la
réglementation des produits, et les gouvernements
provinciaux/territoriaux, qui réglementent les
pratiques et les praticiens, rend nécessaire une
communication et une collaboration continues
entre les niveaux de gouvernements sur la question
de la réglementation.
AVEC LE SYSTÈME DES SOINS DE SANTÉ ET AU SEIN DE
CE DERNIER
Problématique
Les rapports entre les praticiens des ACPS avec le
système des soins de santé conventionnels sont en
état de transition. Certains praticiens ont obtenu une
certaine reconnaissance au sein du système
conventionnel et ont établi des rapports avec des
praticiens conventionnels. D’autres n’en sont pas là.
Certains essaient d’arriver à mieux se faire
reconnaître et à améliorer leurs rapports. D’autres
pas. Le système de santé conventionnel, lui-même
complexe et divers, est plus ou moins réceptif à l’idée
de nouveaux rapports avec les praticiens des ACPS.
Dans cette situation de transition, il n’est pas
possible de déterminer à l’avance la relation idéale
entre la médecine complémentaire et parallèle et la
médecine conventionnelle. Si l’intégration de
certaines formes d’ACPS au sein de la médecine
conventionnelle peut s’avérer désirable et
appropriée, ce n’est pas le cas pour toutes.
Néanmoins, les utilisateurs se fient aux
praticiens, conventionnels ou non, pour obtenir
de l’information et pour se faire référer aux
spécialistes qualifiés, selon les besoins . Lorsque la
médecine conventionnelle ne reconnaît pas
l’existence d’une médecine complémentaire ou
parallèle et qu’il n’existe pas de rapports établis entre
les praticiens, les utilisateurs peuvent ne pas
rechercher ou ne pas trouver l’information qu’il leur
faut auprès des praticiens.
Observations
Les participants ont noté qu’actuellement il existe
un interface dans quelques domaines de santé entre
les praticiens conventionnels et ceux des ACPS.
Cette interface peut prendre la forme de praticiens
qui partagent l’information, se réfèrent des patients
et combinent des thérapies. Les participants à la
journée d’étude ont relevé plusieurs difficultés à
propos de cette interface.
Tout d’abord, l’initiative a tendance à être à sens
unique, lancée plus souvent par les practiciens des
approches complémentaires et parallèles, (ex:
naturopathes, chiropracticiens) plutôt que par les
practiciens conventionnels. En outre, les discussions
entre les praticiens conventionnels et ceux des
ACPS peuvent s’envenimer et révéler un manque
de respect pour les pratiques qui ne correspondent
pas au paradigme de la santé scientifique
occidentale.
Deuxièmement, un modèle de prestation de services
professionnels axé sur le secteur privé ne facilite pas
l’intégration, puisque les divers praticiens peuvent se
faire concurrence pour fournir les mêmes services.
Les praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé s’inquiètent du fait que les
praticiens conventionnels fournissent des services
que les praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé sont plus à même de fournir mais
pour lesquels ils sont moins reconnus (en langage
courant, il s’agit de « raids »). Les praticiens
conventionnels s’inquiètent de l’allocation des
ressources publiques et du besoin d’effectuer une
analyse coûts-bénéfices avant d’allonger la liste des
services à la charge des fonds publics.
Troisièmement, les régimes d’assurance, en plus
des remboursements aux utilisateurs pour les
thérapies suivies, donnent un ‘signal’ quant à la
reconnaissance d’une pratique. Comme plusieurs
participants l’ont mentionné, la couverture
R APPOR T
SUR LA JOURNÉE
D ’ ÉTUDE
V.65
d’assurance a une influence sur la reconnaissance et
l’utilisation, et vice versa. Cependant l’interface
variable existant entre la médecine complémentaire
et parallèle et la médecine conventionnelle se
reflète dans les couvertures d’assurance (assurance
publique, assurance privée, assurance pour la
réadaptation). Certaines pratiques et produits
complémentaires et parallèles sont couverts, tandis
que d’autres ne le sont pas. Une thérapie peut être
couverte par une assurance selon l’endroit où elle
est employée (par ex. elle peut être couverte si elle
est employée dans un hôpital, une clinique ou un
bureau de médecin mais non couverte s’il s’agit d’un
service indépendant) et la personne qui fournit le
service ou réfère le patient.
des approches parallèles en santé, les
dispensateurs d’information, les utilisateurs des
ACPS et les praticiens conventionnels. Cela
exigera des mesures pro-actives de la part des
gouvernements et des instituts de recherche afin
d’améliorer les communications, d’encourager la
participation, de promouvoir les connaissances et
la compréhension (sinon l’entente) entre les
participants à la discussion, etc.;
• Inclure des questions spécifiques sur les ACPS
à l’ordre du jour des discussions des organisations
fédérales/provinciales/territoriales, en
consultation ave les praticiens des ACPS, les
praticiens conventionnels, les dispensateurs
d’information, et les utilisateurs des ACPS;
Suggestions pratiques
Les participants ont fait remarquer que la
reconnaissance des ACPS augmentera de concert
avec le développement de sources d’information
approuvées, de critères de preuve, de normes de
pratique et de réglementation. Ils ont fait plusieurs
suggestions sur la façon dont les divers paliers de
gouvernement pourraient faciliter le processus :
• Élaborer une vision de système intégratif de santé
comprenant des principes directeurs tels que
l’approche holistique en santé, la liberté d’accès, les
normes universelles de pratique, la réglementation
des dangers potentiels et l’allocation efficace et
rentable des ressources publiques. Une telle vision
devra peut-être faire une place à des types de soins
qui ne peuvent pas être intégrés ou dont les
praticiens désirent qu’ils ne le soient pas. En dépit
des difficultés, il est important d’adopter une
perspective intégrée des rapports entre les ACPS et
le système des soins de santé;
• Assurer « l’égalité » entre les joueurs’ en faisant
participer aux discussions de politiques (comme
celles d’aujourd’hui par exemple) les praticiens
1
2
• Inclure les praticiens des ACPS dans les
discussions nationales sur la réforme du système
de santé ou l’établissement d’un régime
d’assurance-médicaments.
Défis
Les participants ont reconnu qu’il sera difficile
d’élaborer une vision de système intégratif de santé
et de réaliser cette vision étant donnée la
complexité du système, les diverses approches
existant en santé et la diversité des points de vue
sur le bien-fondé ou la faisabilité d’une intégration.
Les progrès seront peut-être plus faciles et plus
rapides dans d’autres domaines que celui-ci.
Néanmoins, on devrait poursuivre le travail sur un
système intégratif de santé en parallèle avec le
travail sur d’autres fronts. Cela demeure un
« élément constituant » important en ce qu’il
favorise une approche intégrée dans les rapports
avec le système de santé et au sein de ce dernier. En
fait, la Division des soins de santé a déjà commencé
à explorer les questions concernant un système de
santé plus intégré par le biais de documents de
discussion1, 2 .
Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé – Vers un système intégratif de santé: Document de travail du
Groupe consultatif sur les approches complémentaires et parallèles en santé. Division des systèmes de santé, Santé Canada, février 2000
James T. Casey et Frances Picherack – La réglementation des praticiens utilisant des approches complémentaires et parallèles en santé:
Considérations pour l’élaboration de politiques. Division des systèmes de santé, Santé Canada, mars 2001
V.66 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
VI. L A RÉGLEMENT
ATION DES
PRATICIENS UTILISANT DES
APPROCHES COMPLÉMENT AIRES
ET PARALLÈLES EN SANTÉ :
CONSIDÉRA TIONS POUR
L’ ÉLABORA TION DE POLITIQUES
par James Casey, Frances Picherack
VI.983561
TABLE
DES MATIÈRES
I. Intr oduction ................
VI.67
II. Méthodologie .............
VI.68
III. La réglementation des professionnels de la santé au Canada
...........................................................VI.69
IV. Environnement touchant la réglementation des ACPS .....................................................................VI.71
V. Objectifs d'une politique concernant une éventuelle réglementation des praticiens des ACPS
VI. Options de politiques pour une éventuelle réglementation des praticiens des ACPS
VII. Analyse des actes réglementés dans le domaine des ACPS
...................VI.76
.................................VI.78
............................................................VI.81
VIII. Réflexions sur les rôles des gouvernements fédéral, provinciaux et ter
ritoriaux .......................VI.83
IX. Domaines d'analyse, d'élaboration de politiques et de r echer ches pour l'avenir ...........................VI.84
Références ......................
Annexe A .......................
Annexe B ........................
Annexe C........................
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. c
I. I NTRODUCTION
Le présent rapport s’inscrit dans un recueil d’études
de base rassemblées par Santé Canada pour aider les
utilisateurs, les praticiens et les décideurs à
comprendre et à explorer les questions que fait
naître l’apparition au Canada d’approches
complémentaires et parallèles en santé (ACPS).
Bien que ce rapport puisse toucher certains des
autres aspects du développement des ACPS étudiés
dans d’autres documents de Santé Canada, il porte
avant tout sur la réglementation des praticiens des
ACPS. En un sens, il s’agit d’une première
introduction, quasiment un document de réflexion,
conçue pour aider les principaux intervenants à
commencer à cerner les questions et les défis qui se
posent dans l’examen d’un tel sujet. Étant donné la
nature préliminaire de ce rapport, il faut le
considérer comme un catalyseur menant à une
analyse plus poussée des nombreuses questions
importantes de politiques que soulève ce domaine.
provinces et les territoires, les organismes
professionnels, les praticiens des ACPS, les groupes
de consommateurs et d’autres intervenants encore
puissent utiliser comme référence lors de l’examen
des incidences sur les politiques touchant la
réglementation des praticiens des ACPS.
La question de définir ce que sont ou ne sont pas les
ACPS dépasse le cadre du présent rapport et ferait
double emploi avec d’autres études entreprises par
Santé Canada.1 Pour les besoins du présent
document, nous adopterons la définition acceptée
par le United States Office of Alternative
Medicine.
« L’approche complémentaire et parallèle
(ACP) est un vaste univers de ressources
curatives incluant tous les systèmes, toutes les
modalités et toutes les pratiques de santé avec
leurs théories et croyances respectives, autres
que les ressources qui sont intrinsèques au
système de santé à dominance politique d’une
culture ou d’une société particulière à un
moment donné de l’histoire. L’ACP inclut
toutes ces pratiques et idées que les utilisateurs
définissent eux-mêmes comme étant des
moyens de prévention ou de traitement de la
maladie ou de promotion de la santé et du bienêtre. Les frontières de l’ACP de même que
celles qu’il y a entre le domaine de l’ACP et
celui du système dominant ne sont pas toujours
nettes ou fixées » (cité par Achilles, 2000).
Constitutionnellement, la réglementation des
professionnels de la santé, y compris les praticiens
des ACPS, relève de la compétence des provinces
et des territoires. Bien que Santé Canada n’ait pas
de rôle direct dans la réglementation des
professionnels de la santé, le grand impact des
ACPS sur le système de santé a rendu nécessaire
une analyse de politiques sur le sujet. Ainsi que le
notait déjà de Bruyn:
« Le rôle de la Division des systèmes de santé est
d’examiner les répercussions des approches
complémentaires et parallèles en santé sur le
système de santé et sur le renouvellement de ce
dernier. » (de Bruyn, p. 2)
Dans le présent rapport, le terme « praticiens des
ACPS » désigne les personnes qui adoptent des
approches complémentaires et/ou parallèles en
santé, au sens de la définition ci-dessus.
Santé Canada désire, par le biais du présent rapport,
élaborer un début de cadre conceptuel que les
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 67
II. M ÉTHODOLOGIE
Le présent rapport se fonde sur les travaux déjà
effectués par Santé Canada, qui comprennent, sans
s’y limiter, les ouvrages suivants:
1. Les approches complémentaires et parallèles en
santé – un aperçu canadien, York University
Centre for Health Studies (août 1999). Ce
rapport détaillé avait pour but de fournir une
vue d’ensemble des connaissances, des opinions
et des pratiques touchant les ACPS au Canada
et d’établir une base utile pour des recherches
futures. (Il y sera fait référence plus bas par
"YCHS, 1999")
2. Définition des approches complémentaires et
parallèles en santé, Rona Achilles (avril 2000).
Ce rapport avait pour but de passer en revue les
questions touchant la définition des approches
complémentaires et parallèles en santé.
3. Rapport d’étape: questions de politiques
associées aux approches complémentaires et
parallèles en santé, Theodore de Bruyn (mars
2000). Ce rapport avait pour but de faire la
synthèse d’une vaste gamme d’informations sur
les ACPS et de cerner les grandes questions de
politiques.
4. Vers un système intégratif de santé (juillet
2000). Document de travail du Groupe
consultatif sur les approches complémentaires et
parallèles en santé. Le rapport avait pour but
d’examiner les conséquences de l’utilisation
croissante des approches complémentaires et
parallèles pour le système canadien de la santé
et d’amorcer une discussion sur un modèle qui
intégrerait les approches « conventionnelles » et
« complémentaires et parallèles ».
5. Rapport d’étape et analyse concernant la
réglementation professionnelle au Canada,
James T. Casey (mars 1999) préparé pour le
Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
des ressources humaines en santé. Ce rapport
avait pour but de faire un recensement des
développements en matière de réglementation
au Canada et de repérer les structures de
réglementation qui peuvent ralentir ou accélérer
la réforme des soins de santé. Le rapport ne
porte pas spécifiquement sur les praticiens des
ACPS, mais il offre une vue d’ensemble des
divers mécanismes généralement utilisés au
Canada pour réglementer les professionnels de la
santé.
Trois objectifs ont déterminé l’approche à retenir
pour la cueillette des données et des renseignements
pour le présent rapport :
1.
Déterminer les objectifs en matière de politiques
et le contexte menant aux décisions de
réglementer ou non les praticiens des ACPS;
2.
Déterminer les diverses approches utilisées pour
réglementer les praticiens de la santé au
Canada; et,
3.
Discuter de la valeur d’une méthodologie basée
sur les ‘actes réglementés’ pour évaluer si
certains praticiens des ACPS devraient ou non
être réglementés.
Deux méthodes principales ont été utilisées pour
recueillir de l’information: une recherche ciblée dans
les ouvrages du domaine et dans Internet2 d’une
part, et un examen détaillé des documents de
politiques pertinents et autres publications d’autre
part. En plus des ouvrages imprimés ou publiés qui
ont été recueillis et analysés, des entrevues ont été
menées auprès de 19 informateurs principaux.
L’annexe A fournit les noms des participants aux
entrevues, qui représentaient des praticiens, des
décideurs, des chargés de réglementation, aux
niveaux national et provincial au Canada, ainsi que
deux intervenants venus des États-Unis. L’annexe B
donne un aperçu de la grille de questions utilisée
pour recueillir les commentaires spontanés des
participants au sujet de la réglementation des
VI. 68 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
praticiens des ACPS. Les entrevues ont porté sur
l’environnement général actuel en matière de
réglementation des praticiens des ACPS et sur les
questions, les inquiétudes et les options de politiques
pour ce qui est de la réglementation des praticiens
des ACPS.
III. L A RÉGLEMENT
AU CANADA
Enfin, les auteurs ont fait appel à leur propre
expertise professionnelle et à leur expérience pour
offrir une analyse et une discussion du contexte et
des options concernant la réglementation des
praticiens des ACPS au Canada (Voir à l’annexe C
les antécédents et l’expérience des auteurs du
présent rapport).
ATION DES PROFESSIONNELS
DE LA SANTÉ
Si l’on désire analyser les questions de politiques
touchant l’éventuelle réglementation des praticiens
des ACPS, il faut déterminer si les structures de
réglementation actuellement utilisées au Canada
pour les praticiens conventionnels sont appropriées
ou non à un groupe particulier de praticiens des
ACPS. Pour cela, il faut comprendre les structures
de réglementation des professionnels de la santé
utilisées actuellement. Une description détaillée de
cette question dépasse le cadre du présent rapport;
les lecteurs désirant s’informer davantage pourront
se tourner vers le Rapport d’étape et analyse
concernant la réglementation professionnelle au
Canada ou l’un des ouvrages courants tels que A
Complete Guide to the Regulated Health
Professions Act de Richard Steinecke (1995), The
Regulation of Professions in Canada de James T.
Casey (1994) ou encore Health Care Practitioners:
An Ontario Case Study in Policy Making, de
Patricia O’Reilly, 2000. Toutefois, nous présentons
ci-dessous un bref résumé des caractéristiques
principales des structures de réglementation afin de
fournir un contexte à notre analyse.
Certaines de ces organisations autonomes pour
médecins et dentistes remontent au temps de la
Confédération ou encore plus loin. Le nombre de ces
professions autonomes a graduellement augmenté, de
pair avec le développement des soins de santé. Les
années 60 et 70 connurent une croissance explosive
du nombre de professions de la santé par suite de
l’apparition de différentes sous-spécialités. Un
nombre grandissant de groupes non structurés de
professionnels cherchèrent à se faire accorder par le
législateur le pouvoir d’autoréglementation. Il existe
aujourd’hui au Canada plus de 35 professions de la
santé qui sont réglementées. Il y a un groupe central
de professions (médecins, dentistes, infirmières et
infirmiers, optométristes et pharmaciens) qui sont
réglementés dans toutes les juridictions canadiennes;
pour le reste des professions cependant, il y a de
grandes divergences d’une juridiction à l’autre pour
ce qui est de la réglementation officielle d’une
profession donnée. Par exemple, la massothérapie se
pratique partout au Canada mais n’est formellement
réglementée qu’en Colombie-Britannique et en
Ontario.
La Constitution donne aux provinces et territoires
compétence pour réglementer les professions. Dans le
cas de nombreuses professions, les provinces et les
territoires ont adopté des lois qui délèguent le
pouvoir de réglementation d’une profession donnée à
une organisation composée de membres de ladite
profession. Ces organisations professionnelles sont
largement autonomes, dans les limites du pouvoir
statutaire qui leur a été accordé et ont reçu le
privilège de l’autoréglementation dans le but de
protéger et de promouvoir l’intérêt public.
L’autonomie constitue le mode dominant de
réglementation des professions de la santé au
Canada. Historiquement, cela s’est produit par
législation après une certaine acceptation ou
reconnaissance de la part des intervenants politiques
et économiques et des institutions du secteur de la
santé. Les moyens de réglementation précédant
l’autoréglementation comprennent la
réglementation gouvernementale directe par
l’intermédiaire de mécanismes tels que le
Acupuncture Committee en Alberta.
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 69
Au Canada, la législation a établi trois structures
primaires de réglementation pour l’autorégie des
professions de la santé. Nous avons adopté les
définitions des trois systèmes que présente le Rapport
d’étape et analyse concernant la réglementation
professionnelle au Canada (page 2).
1. Champs d’exercice exclusif : Octroi aux membres
d'une profession du droit exclusif de dispenser un
service particulier au public. (Il faut noter qu’il y
a souvent des exceptions dans la loi permettant à
d’autres professions d’offrir certains services qui
feraient partie du cadre des fonctions).
2. Titre réservé : Les membres d'un cadre
professionnel ainsi que ceux qui n’en sont pas
membres peuvent dispenser des services au
public, mais uniquement les membres de l'ordre
professionnel ont le droit d'utiliser un titre réservé
ou de se présenter comme des membres agréés.
3. Actes réglementés : Modèle selon lequel des
tâches ou des activités professionnelles données
sont réglementées. Plutôt que de réglementer la
totalité du champ d'activités, la loi stipule que
certaines activités professionnelles ne peuvent
être exercées que par certains groupes
professionnels du secteur de la santé. Par
exemple, un modèle fondé sur les champs
d’exercice exclusif peut prévoir que seul un
médecin peut pratiquer la médecine, tandis qu'un
modèle fondé sur l'acte réglementé peut stipuler
que la réduction d'une fracture ne peut être
effectuée que par un membre d'une ou de
plusieurs professions du secteur de la santé.
La terminologie utilisée au Canada pour décrire ces
trois systèmes manque d’uniformité. Par exemple, on
parle parfois de « régime d’autorisation » pour désigner
le « champ exclusif » « régime d’accréditation « pour
« titre réservé »; « activités restreintes » ou « actes
réservés » pour « actes réglementés ». Il faut
également se rendre compte que certaines structures
législatives ne cadrent pas parfaitement avec la
catégorisation effectuée par les trois systèmes et que
dans certains cas on utilise une combinaison de
systèmes. Par exemple, un système comprenant des
actes réglementés pourrait aussi utiliser une structure
de titre réservé. Le Rapport d’étape et analyse
concernant la réglementation professionnelle au
Canada conclut (page 18) que la réglementation
professionnelle par champ d’exercice exclusif demeure
la forme dominante mais qu’il y a une très forte
tendance à adopter des systèmes d’actes réglementés.
Les professions autonomes fonctionnent généralement
dans le cadre de l’un des trois systèmes décrits plus
haut et remplissent quatre autres fonctions de
réglementation extrêmement importantes :
1. Elles jouent le rôle de ‘gardiens’ de la profession
en établissant des normes d’admission dans la
profession et en les faisant respecter;
2. Elles établissent des normes de pratique pour la
profession et guident les membres de la
profession en ce qui concerne l’exercice de leurs
devoirs;
3. Elles organisent une formation permanente ou
établissent des exigences de maintien des
compétences auxquelles les membres doivent
s’astreindre pour conserver leurs compétences au
cours de leur carrière;
4. Elles administrent le processus disciplinaire de la
profession conçu pour protéger le public contre
les professionnels manquant de compétence ou
d’éthique. Les membres reconnus coupables de
manquement aux devoirs de la profession ou de
pratique incompétente peuvent recevoir des
sanctions allant de la formation obligatoire à
l’expulsion de la profession dans les cas
extrêmement graves.
Certains praticiens des ACPS utilisent les modèles
professionnels de réglementation traditionnelle pour
s’autoréglementer au Canada. Le présent rapport
traite plus bas de diverses options de modèles de
réglementation. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des
statistiques, nous jugeons que la vaste majorité des
praticiens des ACPS n’utilisent pas les trois modèles
traditionnels de réglementation décrits plus haut
pour s’autoréglementer.
La revue documentaire, les entrevues avec les
informateurs principaux et notre propre analyse
confirment que la question de savoir si les praticiens
des ACPS devraient être réglementés constitue un
défi central en matière de politiques dont dépendra
VI. 70 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
le développement futur des ACPS au Canada. Nous
sommes toutefois bien conscients que l’éventuelle
réglementation des praticiens des ACPS ne peut pas
s’inscrire seulement dans le cadre de la
réglementation des praticiens de la médecine
conventionnelle. Il faut étudier la question de la
réglementation des praticiens des ACPS dans un
contexte de réglementation plus large qui tienne
compte d’un certain nombre de facteurs dont les
suivants :
1. Les raisons de l’utilisation accrue des ACPS;
3. Les rapports entre les ACPS et la science
moderne;
4. Le besoin d’utiliser une "approche de système"
pour évaluer le contexte d’assurance de la
qualité des ACPS; et
5. Les défis que pose la réglementation des
praticiens des ACPS.
Chaque facteur fera ci-dessous l’objet d’une analyse
dans le contexte de son incidence sur l’éventuelle
réglementation des praticiens des ACPS.
2. La demande de la part des consommateurs pour
des ACPS;
IV. E NVIRONNEMENT
TOUCHANT LA RÉGLEMENT ATION DES
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ
A. Raisons de l’utilisation accrue des ACPS
Les ouvrages existants (Boozang, 1998; Eskinazi,
1998; Shenfield, 1998) et les informateurs consultés
fournissent des raisons pour expliquer le recours accru
aux ACPS. Il est intéressant de noter que les
consommateurs n’accordent pas beaucoup d’attention
à la réglementation des professionnels et ne s’en
inquiètent pas beaucoup non plus. Voici les raisons les
plus fréquemment citées de cette augmentation :
• Mécontentement devant les défauts du système de
soins de santé conventionnels. Plusieurs des
informateurs principaux n’ont pas manqué
d’ajouter que la restructuration des soins de santé
au cours des années 80 et 90 n’entrait pas en ligne
de compte. L’accent était plutôt mis sur les limites
du modèle biomédical dans les domaines de la
douleur, des maladies chroniques, de la promotion
de la santé et de la guérison, accompagnée ou non
d’un traitement; ce qui est de plus en plus difficile à
atteindre, étant donné la prédominance des
maladies chroniques (CBC, 2000);
• Aversion envers les traitements hautement agressifs
(par ex. la chirurgie) ou à grands risques (par ex. des
médicaments avec des effets secondaires graves) sur
lesquels repose la médecine conventionnelle;
• Satisfaction éprouvée particulièrement à l’égard de
l’approche plus holistique, ouverte et basée sur la
collaboration qu’utilisent les practiciens des ACPS;
selon un bon nombre de ces derniers, il s’agit d’une
perspective axée sur le consommateur et qui traite
ce dernier avec prévenance et respect
(Gouvernement du Canada, 1998; Eskinazi, 1998);
• L’accès à l’information rendu possible par
‘l’autoroute de l’information’ et tout ce qui appuie
la liberté d’information, particulièrement dans le
système de santé publique;
• La mondialisation, et notamment le contact avec
de grandes cultures établies dans lesquelles le
système de soins de santé dominant est basé sur les
traditions et/ou sur la médecine populaire (Drew et
Myers, 1997).
Un nombre important de personnes interrogées ont
indiqué que, du point démographique, cette
tendance au recours aux ACPS était une autre
manifestation de la personnalité des enfants du
baby-boom: ces derniers insistent sur la possibilité
d’avoir le choix; ils ont les moyens financiers voulus
et sont prêts à explorer toutes les options offertes
dans tous les domaines de services. Comme l’a
clairement fait remarquer l’un des informateurs
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 71
principaux, qui articulait le point de vue de bien
d’autres, « cela ressemble à un mouvement
intellectuel qui se détourne de la rigueur de la
science au profit du monde de l’intuition, de
l’inspiration et même de la spiritualité ». D’autres
ont fait valoir que la publicité, les médias et les
recommandations personnelles avaient aussi
contribué à l’augmentation exponentielle du
recours aux services de praticiens des ACPS au
cours des années 1990.
On avance des raisons différentes, mais non
contradictoires, pour expliquer l’augmentation de
l’apprentissage, de la formation et de la prestation
de services de la part des praticiens des ACPS :
• Les patients/consommateurs demandent des
alternatives;
• Une insatisfaction que partagent praticiens et
consommateurs devant le modèle biomédical et le
système de soins de santé conventionnels,
particulièrement l’accent mis sur la chirurgie et
les médicaments, le manque d’appui aux services
qui traitent le patient comme une personne
plutôt que comme une maladie. Les praticiens
ressentent une grande satisfaction lorsqu’ils
peuvent jouer un rôle de facilitateur auprès du
consommateur, signaler avec respect les limites du
modèle biomédical et des thérapies parallèles dans
les domaines de la maladie chronique, de la
gestion de la douleur et de la promotion de la
santé et traiter le rapport patient/praticien comme
un partenariat;
• Les praticiens espèrent que d’autres modes de
traitement peuvent être utiles lorsque la santé des
patients ne s’améliore pas à la suite de traitements
conventionnels;
• La curiosité des praticiens envers ce secteur qui
prend de l’importance dans le système des soins
de santé;
• Les possibilités économiques –c’est un domaine
en croissance et il existe « un marché lucratif à
exploiter » - particulièrement pour le marchand
et le dispensateur de services;
• La formation continue et l’enseignement sont de
plus en plus accessibles aux dispensateurs
classiques ou conventionnels qui désirent ajouter
des compétences et des services matière d’ACPS
aux modalités de traitement qu’ils offrent déjà; de
plus, il existe de plus en plus de nouveaux
programmes de base à l’intention de ceux qui
désirent se lancer exclusivement dans la pratique
des ACPS (Ruedy et Kaufman, 1999).
La plupart des informateurs principaux ne voyaient pas
la nécessité d’établir une différence entre les approches
complémentaires et les approches parallèles en santé à
ce stade ci, et certains le déconseillaient. Beaucoup
ont fait remarquer que l’absence de frontières entre les
ACPS et les thérapies conventionnelles ou entre les
services complémentaires et parallèles ne posent pas de
problèmes aux consommateurs. En se fondant sur
l’expérience professionnelle ou personnelle, on estime
que les thérapies parallèles sont en dehors du système
conventionnel et sont à utiliser à la place des services
conventionnels ou courants; qu’elles ne découlent pas
du cadre de science moderne embrassé par la
médecine conventionnelle ni ne l’appuient et qu’en
particulier elles sont holistiques par nature (par ex. la
thérapie par chélation, le toucher thérapeutique, la
prière). Les services complémentaires, typiquement,
augmentent les résultats bénéfiques des services
conventionnels ou courants et y ajoutent quelque
chose, car on les utilise en plus de ces derniers soit
pour en accroître les bienfaits soit pour réduire les
effets des interventions conventionnelles (par ex.
l’acupuncture pour réduire les effets secondaires
néfastes de la radiothérapie dans le cas des victimes du
cancer, le recours à la musique avant les opérations
cardiaques). On considère les services
complémentaires comme plus proches du modèle
épousé par la médecine conventionnelle et basé sur la
science moderne et plus compatible avec ce modèle.
On s’entend sur l’idée que les patients devraient avoir
accès aux bienfaits des ACPS et des services
conventionnels et d’en tirer avantage. Les opinions
sont fortement divisées quant à savoir si ce but serait
plus facilement atteint en établissant une
démarcation entre les services complémentaires et les
services parallèles (Bonn, 1999; CBC, 2000; Druss et
Rosenheck, 1999). Certains informateurs principaux
ont fait valoir qu’il serait hautement inapproprié de
soutenir les services complémentaires plutôt que les
services parallèles dans le but de conserver à la
médecine conventionnelle son rôle dominant.
Comme le souligne O’Reilly dans sa description de ce
qui s’est passé en Ontario dans la réglementation des
professions de la santé, [trad.] « On a un tout petit
VI. 72 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
peu entrouvert la porte à la possibilité d’une
définition moins étroite de l’expertise en soins de
santé. Il est probable cependant que l’interprétation
qui prévaudrait serait scientifique. » (O’Reilly, 2000,
p.1380). C’est pourquoi on a exprimé l’inquiétude
qu’une intégration des services des ACPS aux services
conventionnels pourrait ‘battre en brèche’ un système
vraiment intégré au sein duquel les patients peuvent
tirer avantage du modèle médical et d’une approche
plus holistique envers la santé et la guérison.
B. La demande de la part des consommateurs
pour les approches complémentaires et
parallèles en santé
La revue documentaire et les entrevues avec les
informateurs principaux ont mené à un consensus
spontané à savoir que le recours accru aux ACPS
est un phénomène voulu par les consommateurs et
une réalité, et que ce recours continuerait
vraisemblablement à augmenter de façon
exponentielle. (The Berger Monitor, 1999; Boozang,
1998; Eisenberg, 1998; Fisher et Ward, 1994). Il y a
également consensus (accompagné de toute une
gamme d’inquiétudes) sur le fait que la tendance à
utiliser des ACPS s’appuie sur la demande des
consommateurs plutôt que sur des résultats probants
(Zollman et Vickers, 1999). La perception (ou le
fait) que les consommateurs ont eu recours aux
ACPS sans que soient en place les mécanismes
habituels de protection établis par une
réglementation professionnelle ou par les
consommateurs eux-mêmes ressort comme un grand
sujet d’inquiétude, particulièrement pour les
professionnels. Pour ceux qui sont chargés de la
réglementation et pour les décideurs, il conviendrait
peut-être de tenir compte de cette curiosité
irrésistible lorsqu’ils étudieront les options de
réglementation pouvant s’appliquer aux praticiens
des ACPS (Fisher et Ward, 1994, Geddes et Henry,
1997).
C. Rappor ts entre les approches complémentair es
et parallèles en santé et la science moder ne
On reconnaît de plus en plus que les ACPS
répondent aux demandes des consommateurs, mais
on reconnaît tout aussi fréquemment et encore plus
largement que les ACPS ne sont pas basées sur des
preuves. L’assertion est que la valeur de toutes les
modalités peut ne pas avoir été prouvée à l’aide de
méthodes scientifiques modernes. On peut prévoir
que le statut scientifique douteux des ACPS réduise
encore ses chances de se faire accepter ou
reconnaître, non seulement dans les processus
politiques et économiques mais aussi juridiques de
notre époque. (Cohen, 1998; O’Reilly, 2000).
Historiquement, [trad.] « les praticiens de la
médecine ont été les premiers à faire valoir avec
succès leur expertise scientifique, et ils ont été suivis
par d’autres praticiens, dans le but de pousser l’État
à jouer un rôle plus protectionniste [à l’égard des
professions] qu’il ne détient communément dans la
société occidentale. » Comme le souligne encore
O’Reilly, pour que les professions de la santé
puissent faire des progrès au Canada, c’est-à-dire
pour qu’elles soient reconnues par les pouvoirs
politique, économique et judiciaire, elles doivent
faire preuve d’engagement envers le bien public et
être associées à la science ou soutenue par cette
dernière. (O’Reilly, p. 17)
Certains organismes de professionnels de la santé
conventionnelle et certains commentateurs
soutiennent que les praticiens des ACPS ne
devraient pas recevoir d’approbation de la part de
l’État sous forme de droit à l’autonomie tant qu’ils
n’auront pas fait la preuve que leur modalité
particulière s’appuie sur des preuves. (Voir les
discussions générales sur cette question dans
Boozang, 1998; CBC 2000; Lewith et al, 2000;
O’Reilly, 2000; Stone, 1996). La « question » des
preuves se retrouve principalement comme
argument dans les discussions sur les ACPS menées
par des praticiens. Cet argument, ainsi que les
discussions de l’effet placebo, sont bien là pour jeter le
discrédit sur les ACPS (CBC 2000; Hodgkin, 1996;
King 1998) et constituent l’obstacle fondamental à la
reconnaissance et à l’acceptation des ACPS par les
praticiens conventionnels et les organismes qui les
régissent (Zollman et Vickers, 1999).
À la faiblesse ou invisibilité du lien qui unit les
ACPS et la science moderne s’ajoute le manque
d’une organisation bureaucratique reconnue, un
point qui n’augmente pas la crédibilité des ACPS
auprès des pouvoirs en place. Ironiquement, les
inquiétudes relatives à la base scientifique des
ACPS ne se retrouvent nullement dans le grand
public, qui a généralement accepté les ACPS; cette
LA
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DES
A C P S VI. 73
acceptation des ACPS constitue probablement
jusqu’à présent la plus grande ‘reconnaissance’ des
ACPS (Cooper et Stofflet, 1996).
Une discussion détaillée de la ‘question des preuves’
dépasse le cadre du présent rapport. Cependant,
nous notons que les ouvrages existants et les
informateurs principaux sont préoccupés par la
possibilité que l’on cherche à appliquer en matière
de réglementation des critères différents aux
professions des ACPS de ceux qui s’appliquent aux
professions conventionnelles de la santé. On
reconnaît généralement que l’on n’a pas auparavant
exigé de la part des professions conventionnelles de
la santé qu’elles soient basées sur des preuves avant
de les reconnaître en les réglementant. Il faut
s’inquiéter de savoir si, en demandant aux
praticiens des ACPS de prouver rigoureusement
leur cas par des preuves avant de les réglementer, on
n’établit pas une norme de passage que les
professions de la santé conventionnelles n’ont pas
eu à respecter et qu’aujourd’hui elles ne respectent
peut-être qu’en partie, si même elles les respectent.
Bien que les décisions basées sur des preuves ne
soient pas encore généralement devenues « l’école
de la norme », (Studdert et al, 1998, p.1614), les
organismes de réglementation commencent à
utiliser des niveaux de validation qui s’inspirent des
attentes exprimées dans les documents de politiques
que l’on utilise comme guides d’exercice lors de la
réglementation des ACPS (Kentucky Board of
Medical Licensure, 1999). Certains organismes de
réglementation au Canada commencent juste à
essayer d’utiliser une approche plus complète et
basée sur des preuves afin d’établir des normes de
pratique. D’autres organismes de réglementation au
Canada n’ont fait aucun effort sérieux pour établir
des normes de pratique basées sur des preuves.
Clairement il faut tenir compte de la question des
preuves lorsqu’on débat de la possibilité et de la
façon de réglementer les praticiens des ACPS. Vu le
contexte historique de la question, nous arrivons à
la conclusion que l’absence d’une approche stricte
basée sur des preuves pour certaines modalités des
ACPS ne devrait pas en soi constituer un obstacle à
la réglementation des praticiens des ACPS si cette
réglementation apporte une valeur sociale
suffisante. Nous faisons valoir en outre que la base
scientifique moderne des ACPS serait mieux
comprise en termes de difficulté de reconnaissance
plutôt que comme une question de réglementation.
D. Une « approche de système » pour évaluer le
contexte d’assurance de la qualité des
appr oches complémentaires et parallèles en
santé
L’environnement relatif à la réglementation des
intervenants dans le domaine des ACPS est plus
large et plus complexe que n’importe quelle
structure que l’on pourrait mettre en place pour
réglementer les praticiens des ACPS. Toutes les
analyses des avantages et inconvénients de la
réglementation des professionnels ont tendance à se
concentrer uniquement sur l’incidence qu’aurait sur
le contrôle de la qualité la présence ou l’absence
d’une structure autonome. Cependant, une
préoccupation aussi exclusive est trompeuse; il y a
de nombreux facteurs dans le système de soins de
santé qui affectent la qualité des services, y compris
les programmes de formation, la surveillance
exercée par l’employeur, les pratiques et politiques
de l’employeur, la certification des installations de
soins, le droit civil, les mécanismes de règlement
des différends, les assurances de responsabilité
civile, les exigences des consommateurs, les lois sur
la protection des consommateurs, les règlements sur
l’étiquetage des aliments et des médicaments et
l’accès à l’information. On ne peut pas considérer la
réglementation des praticiens des ACPS sans tenir
compte du contexte. Il faut faire intervenir tous les
facteurs ayant une influence sur la qualité du service
fourni lorsqu’on étudie si la réglementation des
praticiens des ACPS est nécessaire ou désirable.
Par exemple, imaginez qu’une juridiction étudie la
question de réglementer les praticiens qui vendent
des produits de santé naturels ailleurs que dans les
pharmacies. On a exprimé l’inquiétude que les
praticiens non réglementés dans ce domaine
puissent constituer un risque pour le public étant
donné qu’ils pourraient ne pas suffisamment bien
connaître les interactions néfastes entre certains
produits de santé naturels et les médicaments. On
envisage la réglementation des praticiens parce
qu’un organisme de réglementation pourrait fixer
des exigences en termes de formation pour accéder
à la profession et des normes d’exercice.
Dans cet exemple hypothétique, la réglementation
des praticiens des ACPS pourrait jouer en faveur de
VI. 74 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
l’assurance de qualité, mais ce serait une erreur que
de considérer cette option hors du contexte des
autres facteurs qui pourraient affecter la qualité du
produit et du service. Par exemple, les règlements
adoptés par le gouvernement fédéral en matière
d’étiquetage pourraient servir à fournir aux
consommateurs toute l’information voulue. En
outre, les réglementations fédérale et provinciales
touchant les médicaments et les ordonnances
imposent déjà des restrictions sur les types de
produits que peuvent vendre les praticiens. Les
praticiens peuvent volontairement faire partie d’une
organisation active mais non statutaire qui parraine
des programmes de formation continue et les
consommateurs peuvent choisir de privilégier
uniquement les établissements dont les praticiens
connaissent bien les produits qu’ils vendent. Nous
ne donnons pas cet exemple simplifié pour appuyer
l’idée que la réglementation des praticiens dans ce
contexte est appropriée. Nous utilisons cet exemple
pour souligner qu’il faut considérer tous les
mécanismes d’assurance de la qualité dans un
environnement donné, sans quoi on risque de
prendre des décisions inopportunes en matière de
réglementation des praticiens des ACPS et même
d’aboutir à une sur-réglementation, surtout à une
époque où les consommateurs sont bien informés
et actifs.
E. Défis posés par la réglementation des
praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé
Devant la nature hétérogène des ACPS (Zollman et
Vickers, 1998) et le besoin d’une approche
pluraliste pour l’élaboration d’un régime de
réglementation (Fisher et Ward, 1994; Geddes et
Henry 1997) les ouvrages existants aussi bien que
les informateurs principaux ont fait valoir que la
réglementation des praticiens des ACPS au Canada
ferait face aux défis suivants :
• Les professions de la santé conventionnelles
peuvent se montrer hostiles envers les praticiens
des ACPS qui assurent des services à des
individus qui seraient peut-être autrement venus
obtenir les services auprès des professions
conventionnelles;
• Il peut y avoir des conflits entre les divers groupes
de praticiens des ACPS quant à savoir quel
groupe serait le plus approprié pour assurer quel
service;
• Les praticiens ne sont pas organisés, et lorsqu’ils le
sont, les groupes sont souvent petits et sans
grandes ressources financières;
• Les praticiens des ACPS constituent un groupe
très hétérogène pour lequel il est difficile
d’uniformiser les exigences en matière
d’admission dans la profession et de maintien des
compétences;
• Les organismes professionnels des praticiens
conventionnels font pression pour décourager
l’autoréglementation pour ces groupes, surtout en
invoquant la nécessité d’utiliser une pratique
basée sur des preuves, afin d’imposer une barrière
qui « préserve les chasses gardées »;
• Il faut corriger le semblant de manque d’égalité
entre les praticiens des ACPS et les médecins,
par exemple dans le domaine de la formation,
que les provinces subventionnent fortement pour
les médecins. Une même apparence d’injustice
caractérise l’allocation des fonds de recherche
qui sont dispensés par le gouvernement et les
organismes de subventions pour la recherche
clinique conventionnelle plutôt que dans le
domaine des ACPS;
• Un besoin de comprendre les responsabilités et
les droits des consommateurs en ce qui touche
les ACPS;
• Il semble que certaines compagnies d’assurance
de responsabilité civile soient réticentes à inclure
dans les régimes d’assurance les services offerts par
les praticiens des ACPS à moins que ces derniers
ne soient reconnus par un processus de
réglementation semblable à celui qui s’applique
aux praticiens des soins de santé conventionnels.
Certaines des personnes interrogées ont fait
observer que le financement privé ne devrait pas
avoir d’influence sur la réglementation, et que la
réglementation ne devrait pas être une condition
pour le financement privé ou l’obtention
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 75
d’assurance au tiers. Un certain nombre des
personnes interrogées ont également prédit que
l’assurance au tiers augmenterait
indépendamment du statut relatif à la
réglementation, en particulier si l’assurance vise
certains problèmes qui sont notoirement traités
de façon plus efficace par les ACPS que par la
médecine conventionnelle (par ex. le traitement
de la douleur chronique).
V. O BJECTIFS
D ’ UNE POLITIQUE CONCERNANT UNE
ÉVENTUELLE RÉGLEMENT ATION DES PRATICIENS DES
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ
Les ouvrages consultés et les informateurs interrogés
s’entendent sur le but principal de toute
réglementation éventuelle des praticiens des ACPS,
à savoir protéger le public contre toute pratique qui
serait dangereuse ou manquerait à l’éthique et
réduire les niveaux de risque inacceptables. Le
grand défi consiste à déterminer exactement le
risque, à évaluer son niveau et à choisir les
mécanismes de réglementation qui le réduisent.
Comme le notait la Commission de réforme du
droit du Manitoba, si l’on veut retirer un avantage
[trad.] « le régime de réglementation doit être
fortement en rapport avec les causes de la mauvaise
exécution du service. » (p. 33)
Les mécanismes de réglementation professionnelle
que l’on envisage généralement pour réduire les
risques sont les exigences uniformes en matière de
formation pour être admis dans la profession,
l’inscription obligatoire, les normes d’exercice, les
codes de déontologie, le maintien obligatoire des
compétences, et les exigences en matière de
divulgation au public, y compris tout conflit
d’intérêts potentiel de la part du praticien.
Cependant on ne doit pas automatiquement
prendre comme hypothèse qu’il y a un degré
suffisamment élevé de risque qui exigerait pour les
praticiens des ACPS une réglementation
professionnelle du type requis pour les praticiens
conventionnels. Certains des informateurs
principaux ont fait observer qu’il y a couramment
un grand manque de preuves quant au mal que
causeraient les praticiens des ACPS et ils
craignaient qu’il ne soit donc prématuré d’envisager
la réglementation. D’autres informateurs principaux
ont souligné qu’avec des consommateurs informés
et responsabilisés le besoin de réglementation se
trouvait peut-être diminué. Ainsi que le notait la
Commission de réforme du droit du Manitoba,
[trad.] « tant que les consommateurs sont
suffisamment bien informés pour exercer un
jugement fondé quant au besoin qu’ils ont du
service, quant au type de service requis et quant
à la compétence et l’éthique du praticien, ils sont
en mesure de se protéger tout seuls contre
l’incompétence et les pratiques contraires à
l’éthique. » (p. 13)
Historiquement, du point de vue des politiques, la
réglementation professionnelle visait à réduire les
services incompétents ou contraires à l’éthique.
Cependant, on doit se rendre compte que la
réglementation professionnelle a une fonction
sociologique plus large dans la société, fonction reliée
à la reconnaissance de la profession par les forces
politiques dominantes de la société. Le fait qu’une
modalité donnée soit réglementée sert à « légitimer »
la profession de santé en question auprès de
nombreux consommateurs, gouvernements,
organismes, assureurs de responsabilité civile et autres
professionnels des soins de santé. Le fait d’obtenir
l’autonomie peut aider une profession à communiquer
la valeur de ses services et à s’intégrer dans le ‘courant
dominant’ des soins de santé. La controverse demeure
quant au bien-fondé d’intégrer les ACPS aux soins de
santé conventionnels, mais les décideurs doivent
savoir qu’une bonne réglementation peut servir non
seulement à réduire les risques mais aussi à
promouvoir une modalité donnée des ACPS.
VI. 76 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
Ayant fait la synthèse des ouvrages existants et des
commentaires des informateurs principaux, nous
aimerions mettre de l’avant les objectifs
d’orientation ci-dessous pour qu’il en soit tenu
compte dans les décisions touchant l’éventuelle
réglementation des praticiens des ACPS :
services à la population. L’accès peut aussi être
restreint si un régime à champs d’exercice
exclusif entraîne une augmentation des prix
telle qu’ils sont hors de portée d’une certaine
tranche de consommateurs. Les champs
d’exercice exclusif ont aussi un effet négatif
spectaculaire sur le choix donné au
consommateur. Dans un régime à champs
d’exercice exclusif, les consommateurs, même
s’ils s’y connaissent et sont bien informés, ne
sont pas autorisés à obtenir des services de qui
que ce soit à part un membre autorisé de la
profession. Les systèmes à titre réservé et actes
réglementés diminuent beaucoup moins l’accès.
Il serait problématique d’adopter des régimes de
réglementation qui limitent de façon importante
la liberté de choix et d’accès du consommateur
pour ce qui est des ACPS, étant donné que la
croissance des ACPS est un phénomène dû aux
consommateurs qui semblent ne pas se soucier
du manque actuel de structures de
réglementation des praticiens des ACPS.
1. La réglementation des praticiens des ACPS ne
devrait généralement être envisagée que là où
existe un niveau inacceptable de risque et
devrait être conçue pour réduire ce risque de
façon importante. Il y aurait exception dans les
cas où le risque ne serait pas inacceptable mais
où une juridiction déciderait de « promouvoir »
ou d’intégrer les ACPS en accordant à certains
praticiens des ACPS la reconnaissance
qu’apporte la réglementation par l’État;
2. On doit soigneusement évaluer le coût-efficacité
d’un mécanisme de réglementation en sachant
que toute réglementation de professionnels
s’accompagne d’avantages et de coûts pour la
société. L’un des avantages potentiels de
l’autoréglementation est de réduire le risque de
danger pour les consommateurs par
l’intermédiaire de mécanismes d’assurance de la
qualité tels que les normes d’admission, les
normes d’exercice, les codes de déontologie et
les exigences de maintien des compétences. Les
coûts de la réglementation comprennent non
seulement les coûts directs d’administration du
régime de réglementation mais aussi les coûts
sociaux possibles dus à la diminution de la
concurrence et l’augmentation des prix qui peut
se produire lorsqu’on restreint l’accès à une
profession et que le coût d’obtenir un permis
d’exercer est important. (Commission de
réforme du droit du Manitoba, 1994, chapitre 2)
3. Les structures de réglementation devraient
favoriser au maximum les décisions de choix et
d’accès prises en connaissance de cause par le
consommateur. Les régimes à champs d’exercice
exclusif, en particulier, réduisent l’accès et le
choix. L’accès peut être affecté parce que les
champs d’exercice exclusif ont tendance à
réduire le nombre de praticiens travaillant dans
un endroit puisque seuls ceux qui répondent aux
normes d’admission et d’exercice de la
profession sont légalement autorisés à offrir des
4. Les structures de réglementation ne devraient
pas étouffer le développement des ACPS à
condition que la sécurité du public ne soit pas
mise en danger. Même dans les professions de la
santé conventionnelles, il existe toujours une
tension entre les normes d’exercice
conventionnelles et les méthodes de traitement
innovatrices mais qui n’ont pas encore fait leurs
preuves. Historiquement, les professions de la
santé conventionnelles ont trouvé qu’il était
approprié d’utiliser des normes d’exercice et le
processus disciplinaire pour empêcher leurs
membres d’offrir aux patients des traitements
« non scientifiques » ou sans résultats probants.
Cependant, on peut miner le développement de
nouveaux traitements en appliquant de façon
trop rigoureuse les normes d’exercice et le
processus disciplinaire. Il existe de nombreux
traitements aujourd’hui largement reconnus que
certains organismes de professionnels de la santé
conventionnels ont vigoureusement combattus
à l’époque où ils ont commencé à être utilisés.
Étant donné que dans leur ensemble les ACPS
ne sont pas basées sur des preuves, on doit
prendre soin de s’assurer que toute intégration
des ACPS aux soins de santé conventionnels
n’étouffe pas le développement des ACPS.
LA
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DES
A C P S VI. 77
VI. OPTIONS
DE POLITIQUES POUR UNE ÉVENTUELLE
RÉGLEMENT ATION DES PRATICIENS DES APPROCHES
COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ
La présente section du rapport ne vise pas à donner
une vue d’ensemble des étapes déjà franchies au
Canada pour réglementer certains groupes de
praticiens des ACPS (Pour un survol, voir de Bruyn,
2000, p.15-20; YCHS, 1999, Partie III; et Casey,
1999, Annexe B). Elle précise plutôt quelques-unes
des options de base qui s’offrent aux décideurs pour
la réglementation des praticiens des ACPS.
professionnelle dans le domaine des approches
parallèles et de ne pas étendre les mécanismes
prévus par leur Code à la pratique du massage, de la
naturopathie, phytothérapie et des thérapies
énergétiques (YCHS, 1999, page 94).
1. Absence de réglementation
Beaucoup de praticiens des ACPS appartiennent à
des organisations sans régime légal et à adhésion
volontaire dont les membres pratiquent dans le
même domaine même si la ‘profession’ n’est pas
reconnue par la législation. Le développement de
puissantes organisations professionnelles à adhésion
volontaire peut s’envisager comme faisant partie de
l’évolution naturelle des professions des ACPS. Les
organisations professionnelles en soins de santé
conventionnels sont issues, de façon caractéristique,
d’organisations professionnelles à adhésion
volontaire qui cherchaient à se faire accorder
l’autonomie par la Loi et qui étaient devenues
suffisamment bien organisées, financièrement solides
et politiquement influentes. En d’autres termes, ce
changement s’est produit lorsque les structures
dominantes de politiques dans le secteur de la santé
ont reconnu ces organisations. Les organisations
professionnelles à adhésion volontaire
entreprennent un bon nombre des activités que les
organisations professionnelles établies par législation
entreprennent elles-mêmes. Par exemple, elles :
• établissent des normes de formation que l’on doit
atteindre avant de devenir membre de
l’organisation;
• encouragent leurs membres à entreprendre des
activités de maintien de leurs compétences;
• adoptent un code de déontologie;
• soumettent à un processus disciplinaire les
membres qui font preuve d’incompétence ou de
comportement contraire à l’éthique.
La réglementation des professionnels a constitué
l’une des forces organisationnelles qui ont dominé
les soins de santé au cours du siècle dernier, mais on
ne doit pas automatiquement prendre comme
hypothèse que les praticiens des ACPS devraient
être réglementés. On ne devrait pas non plus
automatiquement croire que les formules
organisationnelles qui ont raisonnablement bien
fonctionné pour les professions des soins de santé
conventionnels soient nécessairement la meilleure
structure pour les praticiens des ACPS. On
reconnaît maintenant que la réglementation des
professionnels présente des avantages et des coûts
pour la société (Voir l’analyse présentée dans le
rapport de la Commission de réforme du droit du
Manitoba, 1994, chapitre 2). On ne devrait pas
entreprendre de réglementer un groupe donné de
praticiens des ACPS à moins que les avantages pour
la société l’emportent sur les coûts au sens large.
Nous estimons que la plupart des praticiens des
ACPS ne sont pas actuellement réglementés. Par
exemple, les praticiens de la médecine chinoise
traditionnelle ne sont réglementés nulle part au
Canada bien que la province de ColombieBritannique ait annoncé son intention d’établir un
College of Traditional Chinese Medicine and
Acupuncture. Dans certains cas on peut avoir
expressément fait un choix de politiques et ne pas
avoir étendu les structures conventionnelles de
réglementation aux praticiens des ACPS. Par
exemple, en 1993, l’Office des professions du
Québec recommanda de ne pas créer de corporation
2. Associations professionnelles à adhésion
volontair e
Étant donné que la Loi ne reconnaît pas ces
groupes, ils sont dans l’impossibilité d’établir des
champs d’exercice exclusif, des actes réglementés ou
VI. 78 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
des titres réservés. Les décideurs devraient se
demander si l’on pourrait encourager et aider ces
organisations sans régime légal de praticiens des
ACPS dans le but d’atteindre certains des buts de
société d’une éventuelle réglementation. Il existe de
nombreuses organisations sans régime légal de
dispensateurs de soins de santé. Par exemple,
l’Association of Massage Therapists and Wholistic
Practitioners (AMTWP) a beaucoup de membres
dans de nombreuses juridictions au Canada et joue
un rôle semblable à celui des organisations
professionnelles conventionnelles, bien que
l’inscription comme membre de la AMTWP soit
volontaire et que l’organisation ne soit ni reconnue
ni créée par la Loi.
3. Encourager le développement de pr ogrammes
de for mation
Les normes d’admission constituent l’un des
principaux moyens dont les professions autonomes
se servent pour encourager la compétence dans la
pratique. Personne n’est admis dans la profession à
moins d’être diplômé d’un programme académique
reconnu et peut-être aussi d’avoir achevé une
période de formation ou d’internat. Les normes
d’admission servent à promouvoir la compétence
lorsque le programme académique enseigne les
connaissances techniques et les qualités nécessaires
pour livrer avec succès des services professionnels.
Toutefois, des normes excessives ou mal conçues
peuvent aussi contribuer à restreindre indûment
l’accès à la profession.
L’enseignement des ACPS se développe grâce à une
large gamme d’initiatives tant officielles que non
officielles (Voir YCHS, 1999, pp. 229- 242.). Par
exemple, Douglas College à New Westminister, en
Colombie-Britannique, offre toute une variété de
programmes et de certificats en santé naturelle et
techniques parallèles de guérison; le Michener
Institute for Applied Health Sciences à Toronto
dispense une large gamme de programmes axés sur
les ACPS au niveau du premier et du deuxième
cycles universitaires (YCHS 1999, pp. 235 et 238).
On peut bénéficier des avantages des normes légales
d’admission même dans les cas où il n’y a pas de
règlement officiel si les praticiens des ACPS suivent
de leur propre gré les programmes d’enseignement
appropriés. Les décideurs, donc, voudront peut-être
se demander s’ils devraient activement encourager
le développement, par des institutions
d’enseignement, de programmes appropriés de cours
et de formation pour les praticiens des ACPS.
4. Établir des champs d’exercice exclusif pour les
praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé
Il existe un « champ d’exercice exclusif » dans les
cas où seuls ceux qui sont membres d’une
organisation professionnelle reconnue par la Loi
ont le droit de pratiquer une profession donnée.
« L’exercice » d’une profession est souvent décrit
dans les lois de façon large et quelque peu vague.
Historiquement, le champ d’exercice exclusif a
constitué la forme prédominante de réglementation
professionnelle dans le secteur des soins de santé au
Canada. (Casey, 1999, p.19). Une analyse détaillée
des forces et faiblesses relatives de ce modèle
dépasse le cadre de ce rapport. Cependant, on
devrait noter qu’au cours de la dernière décennie on
s’est fortement détourné du modèle à champs
d’exercice exclusif en faveur de modèles à ‘titre
réservé’ ou à « actes réglementés » dans les
professions de soins de santé conventionnels.
Dans le domaine des ACPS (et de plus en plus
fréquemment pour de nombreuses professions de la
santé) on a exprimé la crainte que les modèles à
champs d’exercice exclusif ne soient pas les
meilleurs car le modèle n’est pas assez sensible au
risque, restreint le nombre de praticiens des ACPS
et limite le choix et la liberté du consommateur. Les
champs d’exercice exclusif sont également statiques
et politiquement difficiles à modifier une fois
accordés.
À notre avis, il est rare que les juridictions
accordent des champs d’exercice exclusif à des
praticiens des ACPS. Cependant on trouve des
médecins naturopathes en Colombie-Britannique
et en Saskatchewan. (Casey, 1999, Annexe B)
5. Établir des modèles à titre réservé pour les
praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé
Dans un modèle à « titre réservé », ceux qui sont
membres de la profession et ceux qui ne le sont pas
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 79
peuvent dispenser des services au public.
Cependant, seuls les membres d’une organisation
professionnelle reconnue par la législation peuvent
utiliser les titres prévus par la loi ou se dire membres
inscrits.
L’utilisation du titre réservé a pour effet de servir de
« label de qualité » à l’intention des consommateurs
qui savent alors que la personne a atteint un certain
niveau d’études et de formation et est soumise au
contrôle réglementaire imposé par son organisation
professionnelle. Le modèle à titre réservé donne au
consommateur une plus grande latitude de choix
puisqu’il peut en principe faire un choix éclairé et
choisir une personne appartenant à une
organisation professionnelle ou n’y appartenant pas.
Un désavantage du modèle à titre réservé est qu’il
peut ne pas protéger les consommateurs comme il le
faut dans les cas où il y a de sérieux risques de
danger si le service n’est pas adéquatement
dispensé. (Voir l’analyse dans Casey, 1999, pp. 2526.). Les sages-femmes en Alberta constituent un
exemple de régime à titre réservé; elles sont régies
par le Health Disciplines Act.
6. Établir un modèle à actes réglementés pour les
praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé
Dans le modèle à actes réglementés, seules certaines
tâches ou activités sont réglementées. La loi établit
que certaines tâches discrètes, clairement définies ne
peuvent être accomplies que par des membres de
professions de la santé spécifiques et réglementées.
Dans le modèle à actes réglementés on cherche à
déterminer les activités qui posent le plus grand risque
au public en cas d’exécution incompétente et par la
suite on s’assure que ces activités sont réservées aux
professionnels de la santé qui ont le niveau d’études et
de formation voulu pour accomplir l’activité de façon
sécuritaire. Le modèle à actes réglementés diffère du
modèle à champs d’exercice exclusif dans le sens où ce
dernier réglemente un domaine entier de pratique,
tandis que le premier réglemente seulement des
activités précises. Par exemple, un modèle à champs
d’exercice exclusif pourrait exiger que seul un médecin
puisse pratiquer la médecine. Si une tâche particulière
ne figure pas sur la liste des « actes réglementés », tous
les professionnels de la santé ou un membre du public
peuvent l’exécuter. Le modèle à actes réglementés se
combine souvent à un régime à titre réservé.
Un certain nombre de juridictions au Canada se
sont détournées des champs d’exercice exclusif et
envisagent d’adopter –ou l’ont déjà fait – le modèle
à actes réglementés pour une partie ou la totalité de
leurs professions de soins de santé conventionnels
(Voir le sondage dans Casey, 1999, pp. 11-12). La
partie VII du présent rapport traite plus en détail de
la valeur potentielle d’une analyse des activités
restreintes.
La massothérapie en Ontario et en ColombieBritannique et les sages-femmes en Ontario
constituent des exemples de structures à actes
réglementés. Après la proclamation du Health
Professions Act en Alberta les professions suivantes
des ACPS seront réglementées sous un régime à
actes réglementés associé à un titre réservé: sagesfemmes, naturopathes, chiropracteurs et
acupuncteurs.
7. Réglementation des appr oches
complémentair es et parallèles en santé par
des professions autonomes existantes
La pratique des ACPS par les membres des
professions de soins de santé conventionnels a
connu une croissance importante (YCHS, 1999, pp.
199-229). Cela a provoqué une diversité de
réponses de la part des organisations
professionnelles de soins de santé conventionnels
allant de l’hostilité ouverte à la neutralité et à
l’encouragement. Certaines organisations
professionnelles ont élaboré des normes
d’enseignement et de formation pour ceux de leurs
membres qui veulent aussi pratiquer les ACPS.
D’autres organisations ont fait des démarches pour
intégrer des éléments des ACPS dans certaines
parties de la pratique courante de la profession.
Certaines organisations ont adopté des protocoles
de traitement pour les ACPS qui visent à
maximiser le choix offert au consommateur tout en
veillant à la sécurité. Par exemple, l’Alberta
Association of Registered Nurses a approuvé des
normes pour les infirmières et infirmiers diplômés
dans les domaines de la thérapie complémentaire et
parallèle dans la pratique des soins infirmiers; le
College of Physical Therapists of Alberta a adopté
des normes d’exercice pour les physiothérapeutes
qui désirent intégrer l’acupuncture à leur pratique.
Dans certains cas des lois ont été adoptées pour
s’assurer que les organisations professionnelles de
VI. 80 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
soins de santé n’interdisent pas entièrement à leurs
membres de pratiquer les ACPS. Ainsi par exemple,
en Alberta, le Medical Profession Act a été amendé
de sorte qu’un médecin ne peut pas être jugé
coupable de conduite inappropriée ou inapte à la
pratique de la médecine simplement parce qu’il a
utilisé une thérapie qui n’est pas conventionnelle
ou qui s’écarte des pratiques médicales courantes, à
moins que l’on prouve que la thérapie utilisée
comporte pour le patient des risques démesurément
plus grands que le traitement habituel. Un certain
nombre d’états aux États-Unis ont adopté des lois
controversées, les « Medical Freedom Acts », pour
protéger les professionnels de la santé qui désirent
pratiquer les ACPS et pour empêcher les
organismes professionnels de réglementation
d’utiliser leurs processus disciplinaires contre les
professionnels qui ont choisi d’avoir recours à des
approches complémentaires et parallèles en santé.
(Cohen, 1998, pp. 92-95) complementary therapies.
(Cohen, 1998, pp.92-95)
Conclusion sur les options
Lorsqu’on évalue les différentes options de
réglementation pour les praticiens des approches
complémentaires et parallèles en santé il faut bien
voir qu’il n’existe pas un seul modèle qui soit
« le bon ». Le modèle le plus approprié, ou la
combinaison de modèles, dépend du type des
approches complémentaires et parallèles en santé à
l’étude, de l’environnement particulier à la
juridiction, et surtout, du degré de risque que
présente une modalité donnée d’ACPS. La section
suivante traite d’un cadre conceptuel pour évaluer
le degré de risque.
VII. ANALYSE
DES ACTES RÉGLEMENTÉS DANS LE DOMAINE DES
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ
Les ouvrages existants, les réponses des informateurs
principaux lors des entrevues et notre propre
analyse arrivent tous à la conclusion que
l’évaluation du risque relié à une activité ou
modalité d’ACPS constitue l’élément central de
toute décision concernant l’éventuelle
réglementation des praticiens des ACPS. Comme
nous l’indiquons plus haut, l’un des défis principaux
est de déterminer les risques et d’y faire
correspondre un régime de réglementation pour les
réduire de façon significative à condition que les
avantages de cette réduction soient supérieurs aux
coûts globaux de la réglementation.
Il y a presque unanimité sur l’idée que l’évaluation
du risque est l’élément central de toute décision sur
la réglementation des praticiens des ACPS, mais
aucun cadre analytique intégré n’a été mis de
l’avant pour faciliter l’analyse des risques par les
décideurs. Nous avançons que le cadre analytique
utilisé pour les actes réglementés pourrait se révéler
utile pour évaluer les risques dans le domaine des
ACPS. L’utilisation du cadre analytique des actes
réglementés présente un certain nombre
d’avantages possibles :
1. Le cadre utilisé pour les actes réglementés est
conçu pour déterminer le risque et évaluer le
degré de risque que représente pour le public la
mauvaise exécution du service;
2. Un nombre important de juridictions
canadiennes savent utiliser le cadre d’analyse
des actes contrôlés étant donné la tendance
législative à s’éloigner des champs d’exercice
exclusif au profit du modèle à actes réglementés
pour les professions de soins de santé
conventionnels;
3. Un système basé sur les actes réglementés exige
une analyse rigoureuse de la corrélation entre
les « intrants » (enseignement, formation,
expérience et autres qualités) et les « extrants »
recherchés, la prestation efficace et sécuritaire
du service. (Casey, 1999, p. 26)
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 81
Il y a aussi un certain nombre d’inconvénients
possibles aux systèmes à actes réglementés. Il est
difficile de cerner et de préciser les attributs exacts
qui sont nécessaires pour exécuter une tâche sans
danger. Le système à actes réglementés est
également quelque peu artificiel en ce sens qu’il
désagrège un processus complexe de prestation de
service de soins en une série de tâches discrètes et
compartimentées. Finalement, le système à actes
réglementés est assez nouveau au Canada – il est
arrivé en Ontario en 1993 – si bien qu’il n’y a pas
beaucoup de recherches sur son efficacité.
Cependant, en fin de compte, nous sommes d’avis
que la structure analytique des actes contrôlés est
un instrument très utile pour les décideurs qui
envisagent l’éventuelle réglementation des
praticiens des ACPS.
Lorsqu’on effectue une analyse des actes
réglementés, on doit répondre à un certain nombre
de questions fondamentales :
1. Quelles sont les modalités des approches
complémentaires et parallèles en santé utilisées
dans une juridiction donnée?
2. Quelles sont les tâches comprises dans chaque
modalité d’ACPS utilisée dans la juridiction?
3. Pour chaque tâche, y-a-t-il un risque de danger
pour le public en cas de mauvaise prestation de
service?
4. Peut-on gérer ou réduire ces risques par d’autres
méthodes que la réglementation des praticiens
des ACPS qui accomplissent ces tâches? Existet-il dans le système d’autres mécanismes
d’assurance de la qualité qui ramènent le risque
à un niveau acceptable?
6. Si on détermine qu’une certaine tâche
accomplie en ayant recours aux ACPS entraîne
un degré de risque important, quels sont les
attributs (enseignement, formation, expérience,
autres qualités et facteurs environnementaux)
qui ramèneront ce risque à un niveau
acceptable?
7. Quels types de praticiens des ACPS possèdent
les caractéristiques nécessaires pour exécuter en
toute sécurité les tâches reconnues comme
présentant un degré de risque important?
Il convient de noter que tout en constatant l’apport
d’un cadre analytique d’activités réglementées à
l’examen de la question de réglementation
éventuelle des praticiens des ACPS, nous ne
prenons pas comme hypothèse qu’il sera
nécessairement approprié d’adopter dans la
législation un modèle à activités réglementées pour
les praticiens des ACPS. Le cadre d’activités
réglementées sert à cerner le risque et à en évaluer
le degré. Toutefois l’analyse peut révéler que le
risque est si faible pour une activité donnée dans le
domaine des ACPS que la réglementation est
inutile. Pour d’autres activités dans le domaine des
ACPS, un modèle à titre réservé pourrait être
approprié ou un modèle à titre réservé associé à un
modèle à activités réglementées pourrait être la
meilleure solution. Nous proposons d’utiliser le
cadre analytique des activités réglementées non pas
parce que c’est la « bonne » solution mais plutôt
parce que sa méthodologie pose les bonnes
questions.
Pour une discussion approfondie du modèle à actes
réglementés, voir Gouvernement de l'Ontario
(1989), Government of Alberta (1997), et
Government of British Columbia (1998).
5. Quel est l’avantage pour le public à avoir un
praticien des ACPS réglementé plutôt que nonréglementé pour accomplir une tâche?
VI. 82 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
VIII. R ÉFLEXIONS SUR LES RÔLES DES GOUVERNEMENTS
FÉDÉRAL , PROVINCIAUX ET TERRITORIAUX
Les approches complémentaires et parallèles en
santé se sont développées au Canada largement sans
recevoir officiellement d’appui ou de sanction de la
part du gouvernement. Cela nous amène à
considérer le rôle que les gouvernements devraient
jouer maintenant que les ACPS sont devenues une
partie importante des soins de santé au Canada. Sur
la base des entrevues avec les informateurs
principaux et notre propre évaluation des ouvrages
existants, nous aimerions proposer les rôles suivants
comme étant appropriés pour les gouvernements :
• Jouer un rôle de leadership et de direction
d’ensemble, qui se traduirait par des processus et
des initiatives permettant d’explorer avec respect,
de découvrir et de promouvoir l’inclusion de tous
les intervenants dans le domaine des approches
complémentaires et parallèles en santé;
• Continuer à faciliter la compréhension des
ACPS, de leurs liens généraux avec le reste du
système des soins de santé (par ex. les
recoupements importants avec la promotion de la
santé) et des raisons de principes sous-tendant
l’intérêt porté aux questions de protection des
consommateurs;
• Explorer le contexte et la toile de fond existants
au moment où les praticiens des ACPS seraient
réglementés dans les provinces et territoires. En
particulier, les gouvernements devraient mettre
l’accent sur les mécanismes de protection du
consommateur bien informé et souligner que tout
règlement doit être « approprié, rigoureux et
pertinent ». (Ces mots sont tirés du rapport du
Document de travail du Groupe consultatif sur les
approches complémentaires et parallèles en santé,
2000, p. 6.);
• Financer les initiatives d’information sur les
ACPS à l’intention des consommateurs;
• Se faire le champion de la notion que la
réglementation moderne exigera des systèmes
ouverts et basés sur l’information ayant pour but
de faciliter et de protéger le consommateur
informé et responsabilisé ainsi que le patient
vulnérable et également de traiter le praticien
avec justice;
• Étant donné l’implication juridictionnelle du
gouvernement fédéral dans le domaine des
produits complémentaires et parallèles de santé,
indiquer aux professionnels de la santé qui
vendent ou distribuent lesdits produits que l’on
s’attend à ce qu’ils répondent aux exigences
réglementaires concernant la sécurité, qu’ils
offrent ou non des services dans le domaine des
ACPS;
• Étant donné que les services d’ACPS sont
largement financés par le secteur privé,
encourager l’égalité entre les praticiens
conventionnels et les praticiens des ACPS afin
qu’il y ait équité entre eux sur le marché.
Il ressort de notre travail sur ce rapport quatre
messages principaux à l’intention des
gouvernements :
1. Il est important que les gouvernements,
lorsqu’ils exploreront divers mécanismes
possibles de réglementation, se souviennent que
la demande pour les approches complémentaires
et parallèles en santé provient des
consommateurs. Il est possible que les approches
ne soient pas basées sur des preuves cliniques,
mais cela ne devrait pas nécessairement faire
obstacle à la réglementation;
2. L’étude des mécanismes de réglementation
possibles devrait se porter principalement sur la
détermination des risques et de leur réduction
significative;
3. Évaluer soigneusement les conséquences qui
résulteraient de promouvoir les approches
complémentaires et non les approches parallèles
ou encore de trop mettre l’accent sur l’idée
d’intégrer les ACPS aux soins de santé
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 83
conventionnels. Beaucoup de praticiens des
ACPS redoutent que l’intégration complète des
ACPS aux soins de santé conventionnels ne
mène à nuire à la nature holistique des ACPS
qui a tant de valeur aux yeux des
consommateurs;
par le niveau actuel de réglementation
professionnelle. Le gouvernement devrait se
faire l’avocat d’une réglementation appropriée
plutôt qu’une sur- ou sous-réglementation. Dans
certains cas, il peut être approprié de ne pas
réglementer les praticiens de certaines modalités
d’ACPS. Dans les cas où il est nécessaire d’avoir
une forme de réglementation, on ne peut pas
prendre comme point de départ que toutes les
modalités d’ACPS exigent le même type de
réglementation.
4. Se pencher sur la rapidité et l’étendue qui
caractérisent la réflexion des gouvernements sur
la réglementation des praticiens des ACPS, vu
le manque de preuves sur le mal causé au public
IX. D OMAINES
POUR L’ ANALYSE , L’ ÉLABORATION DE POLITIQUES
ET LA RECHERCHE FUTURES
Il semble se dégager un objectif de politiques, à
savoir l’élaboration d’un régime de réglementation
qui se concentre sur le risque, considère le
consommateur comme une personne informée et
responsabilisée et soit pratique pour tous les
intervenants principaux. Quatre priorités ont été
retenues pour analyse, élaboration de politiques et
recherche futures :
1. Il faut porter attention aux besoins et aux droits
des consommateurs si l’on désire les respecter
comme suffisamment informés et responsabilisés
pour juger de la sécurité et de l’éthique des
approches complémentaires et parallèles en
santé;
2. Déterminer la nature, la fréquence et la
répartition du mal causé par les ACPS et qui
pourrait être réduit en réglementant les
praticiens des ACPS;
3. Pousser plus avant l’élaboration des éléments
clés et des mécanismes de réglementation d’un
cadre conceptuel que les chargés de
réglementation pourraient envisager pour établir
à l’intention des praticiens des ACPS au Canada
des règlements tenant compte des risques et
respectant les consommateurs. En particulier, il
faut faire plus de recherches sur les avantages et
inconvénients des différents modèles de
réglementation dans le contexte des ACPS;
4. L’impact des structures actuelles de
réglementation pour les professions de soins de
santé conventionnels sur le développement des
ACPS au Canada.
Conclusion
Le Canada, tout comme de nombreux autres pays,
est aux prises avec les questions de politiques
touchant la sécurité, l’efficacité, le rapport coûtefficacité, le choix éclairé et l’accès juste pour ce
qui est des services dans le domaine des ACPS (de
Bruyn, p. 9). Les choix de politiques concernant la
reconnaissance et la réglementation des praticiens
des ACPS auront un impact majeur sur la poursuite
du développement des ACPS au Canada. Nous
espérons que le présent rapport servira de catalyseur
et encouragera la poursuite de la recherche sur ce
sujet important.
VI. 84 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
N OTES
1.
2.
DE BAS DE PAGE
Pour une revue plus détaillée et une discussion de
la définition des ACPS, se référer à Achilles
(2000) et Zollman et Vickers (1999). Il existe
encore de nombreuses variations sur le thème de
la définition des ACPS (Achilles 2000).
Certaines portent sur la nature même du cadre de
pratique (Eskinazi, 1998); d’autres (en particulier
celles qui visent les politiques publiques) se
concentrent sur les rapports entre les ACPS et les
principales caractéristiques politiques et
économiques de la culture à un point donné dans
le temps. Les auteurs reconnaissent la définition
apportée par la Cochrane Collaboration
(Zollman et Vickers, 1999, p. 2)
Les moteurs de recherche Netscape et Lycos ont
servi à faire les recherches sur Internet sur les
termes principalement reliés aux approches
complémentaires et parallèles. La recherche
documentaire a été effectuée à l’aide de
HealthSTAR (de 1975 à aujourd’hui) et de ERIC
(Educational Research Information
Clearinghouse) (de 1985 à aujourd’hui), dans les
installations réservées aux bases de données en
direct à l’université de l’Alberta. Plusieurs
combinaisons booléennes (opérateur
« AND »[« ET»]) de mots clés ont permis de
combiner les concepts et les sujets afin d’affiner la
recherche. Nous avons également utilisé les
archives en ligne du British Medical Journal
(www.bmj.com), du Journal de l’Association
médicale canadienne (www.cma.ca), du Journal of
the American Medical Association (www.jama.com)
et du Medical Journal of Australia
(www.mja.com.au).
Les mots clés ayant fait l’objet de recherche
comprenaient:
• complementary medicine [médecine
complémentaire]
• alternative medicine [médecine parallèle]
• complementary and alternative medicine
[médecine complémentaire et parallèle]
• complementary and alternative health care [soins
de santé complémentaires et parallèles]
Les résultats fournis par les recherches sur les
termes ci-dessus ont été combinés avec les termes
ci-dessous en utilisant l’opérateur booléen « and »
[« et »] :
• regulation [réglementation]
• regulatory [réglementaire]
• legislation [législation]
• government [gouvernement]
• policy [politique]
• licensing [permis]
• licensing body [organisme de réglementation]
• professional association [association
professionnelle]
• college [collège]
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 85
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VI. 90 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
ANNEXE A
Liste des informateurs principaux
Wendy Armstrong, Advisor
L’Association des consommateurs du Canada
Ottawa, Ontario
Dr. Bryan Frank, President
American Academy of Medical Acupuncture
Richardson, Texas
Kim Bowie, President
Fondation d’acupuncture du Canada
Calgary, Alberta
Susan Glover-Takahashi
Executive Director
Canadian Alliance of Physiotherapy Regulators
Toronto, Ontario
Jack Davis, President & CEO
Calgary Regional Health Authority
Calgary, Alberta
Michael Decter, Managing Director
Michael Decter and Associates
Toronto, Ontario
Catherine Dower, Associate Director,
Health Law and Policy,Centre for Health
Professions (formerly Pew Commission)
San Francisco, CA, USA
Marilyn Evans-Borne, Senior Advisor, Legislation
Development
Ministère de la Santé et du Mieux-être
Gouvernement du Nouveau Brunswick
St. John, Nouveau Brunswick
Mary Falconer
Manager, Professional Regulation
Ministry of Health
Government of British Columbia
Victoria, British Columbia
Angelica Fargas Babiak, MD
Professor
Department of Anesthesia
McMaster University
Hamilton, Ontario
Brian Henderson
Associate Executive Director
Canadian Dental Association
Ottawa, Ontario
Mary Ellen Jeans, PhD, RN
Executive Director
Association des infirmières et infirmiers du Canada
Ottawa, Ontario
Drew Johnston
Health Professions Consultant
Health Workforce
Saskatchewan Health
Regina, Saskatchewan
Nancy Kelly, Senior Policy Analyst
Program Policy Branch
Ministry of Health, Ontario
Toronto, Ontario
Doreen Reid, Director,
Health Disciplines
Alberta Health & Wellness
Edmonton, Alberta
Hugh Scully, MD, FRCS
Immediate Past President
Association médicale canadienne
Toronto, Ontario
Judith Shamian, PhD, RN
Directrice exécutive
Bureau des politiques
Santé Canada
Ottawa, Ontario
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 91
Ernie Skakun, PhD
Director, Psychometrics
Studies in Medical Education
Faculty of Medicine and Dentistry
University of Alberta
Edmonton, Alberta
John Tegenfeldt, PhD
Executive Director
Tzu Chi Institute for Complementary and
Alternative Medicine
Vancouver Hospital and Health Sciences Centre
Vancouver, British Columbia
Marilyn Wang
Manager, Direct Payment and Regulatory Programs
Program Policy Branch
Ministry of Health, Ontario
Barbara Wells
Executive Director
Association nationale des organismes de
réglementation de la pharmacie
Ottawa, Ontario
VI. 92 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
ANNEXE B
APPROCHES COMPLÉMENTAIRES ET PARALLÈLES EN SANTÉ (ACPS)
AU CANADA
GRILLE D’ENTREVUE
Toile de fond
ACPS au Canada
1. À votre avis, quelle est la cause de la croissance
rapide de l’utilisation des ACPS par les
consommateurs canadiens?
9. Les praticiens des ACPS devraient-ils être
réglementés?
10. Quels buts / objectifs de politiques la
réglementation devrait-elle viser?
2. À votre avis, qu’est-ce qui provoque la
croissance de nouvelles modalités dans le
domaine des ACPS et l’utilisation accrue de ces
modalités par des professionnels indépendants
et conventionnels?
3. Comment envisagez-vous le rôle du
gouvernement dans le domaine des ACPS à ce
point-ci?
4. Est-il important de faire une distinction entre
‘approches complémentaires’ et ‘approches
parallèles’ en santé? Dans l’affirmative,
comment la faire?
11. Les praticiens des ACPS devraient-ils être
réglementés de la même façon que les praticiens
conventionnels?
12. La réglementation des praticiens des ACPS
devrait-elle être intégrée à celle des praticiens
conventionnels ou se faire en parallèle?
13. Des trois structures de réglementation des
praticiens conventionnels, à votre avis, quelle
est celle qui conviendrait le mieux pour la
réglementation des praticiens des ACPS?
Envir onnement actuel pour la réglementation des
ACPS au Canada
a. Champs d’exercice exclusif ou autorisation
d’exercer: octroi aux membres d’une
profession du droit exclusif de dispenser un
service particulier au public (possibilité
d’exceptions avec la permission de la
profession détenant le champ d’exercice
exclusif).
5. Qui sont les intervenants principaux?
6. Quelles sont les tendances ou orientations
principales?
7. Quelle est la problématique (en termes de
questions et de défis)?
b. Titre réservé ou régime d’accréditation: les
membres d’un cadre professionnel ainsi que
ceux qui n’en sont pas membres peuvent
dispenser des services au public, mais
uniquement les membres de l’ordre
professionnel ont le droit d’utiliser un titre
réservé ou de se présenter comme des
membres agréés.
8. Comment l’éducation, l’organisation, le
financement et l’existence d’assurances privées
pour les services de santé influencent-ils la
réglementation des ACPS et vice versa?
Options de réglementation des praticiens des
LA
R É G L E M E N T AT I O N D E S P R AT I C I E N S
DES
A C P S VI. 93
c. Actes réglementés (aussi appelés actes
réservés ou activités restreintes). Plutôt que
de réglementer la totalité du champ
d’activités, la loi stipule que certaines
activités professionnelles ne peuvent être
exercées que par certains groupes
professionnels réglementés du secteur de la
santé, réglementant ainsi des actes précis
que beaucoup peuvent exercer à condition
d’appartenir à des professions homologuées.
Commentair es supplémentair es
VI. 94 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
VII. I NTÉGRA TION
DE L’ APPROCHE
CONVENTIONNELLE ET DES
APPROCHES COMPLÉMENT AIRES
ET PARALLÈLES EN SANTÉ :
VISION D ’ UNE DÉMARCHE
Douglas J. Tataryn et Marja J. Verhoef
TABLE
DES MATIÈRES
Remerciements
1. Intr oduction ............
VII.95
2. Cadre de conceptualisation des pratiques de soins de santé ............................................................VII.97
A. Paradigmes de la santé et de la maladie ......................................................................................VII.97
B. Deux types de pratiques parallèles en santé................................................................................VII.98
C. Similitudes et différences dans les systèmes de soins de santé...................................................VII.98
3. Santé, bien-être, guérison et cure dans la perspective holistique
....................................................VII.99
4. Démographie et motivation dans l’utilisation des soins de santé
....................................................VII.101
5. Tendances au sein des soins de santé conventionnels ......................................................................VII.102
A. Recherches sur la santé de la population et sur les services de santé........................................VII.102
B. Soins axés sur le patient...............................................................................................................VII.103
C. Pratique basée sur des preuves.....................................................................................................VII.104
6. Intégration aux dif fér ents niveaux des soins de santé ......................................................................VII.105
A. Intégration au niveau du consommateur ....................................................................................VII.106
B. Intégration au niveau du praticien des soins de santé................................................................VII.106
C. Intégration au niveau clinique.....................................................................................................VII.107
D. Intégration au niveau institutionnel ...........................................................................................VII.107
E. Intégration au niveau de la réglementation professionnelle......................................................VII.108
F. Intégration au niveau du système et de la politique de santé ....................................................VII.108
7. Vision d’un système de santé intégratif ..............................................................................................VII.109
A. Critères d’inclusion des approches complémentaires et parallèles ............................................VII.109
B. Modèles d’intégration...................................................................................................................VII.110
a. Cooptation................................................................................................................................VII.110
b. Coexistence ..............................................................................................................................VII.111
c. Intégration systémique .............................................................................................................VII.111
8. Vers une intégration systémique .........................................................................................................VII.111
A. Vers une intégration des soins de santé au niveau du consommateur ......................................VII.111
B. Vers une intégration au niveau des praticiens des soins de santé..............................................VII.112
C. Vers une intégration au niveau des cliniques de soins de santé ................................................VII.113
D. Vers une intégration au niveau des institutions de soins de santé ............................................VII.114
E. Vers une intégration au niveau des organismes professionnels de soins de santé.....................VII.114
F. Vers une intégration au niveau des politiques et des systèmes de santé....................................VII.115
9. Déclaration de clôture ..........................................................................................................................VII.116
Tableau 1 :Les quatre paradigmes de T atar yn : classement des thérapies courantes ........................VII.97
Figur e 1 : Modèle intégré de la santé, du bien-être, de la maladie et de la guérison
.........................VII.100
Figur e 2 : « Pyramide d’intégration »’ : Degré d’interaction entre l’approche
conventionnelle et les approches complémentaires et parallèles en fonction du niveau
dans le système de soins de santé ............................................................................................................VII.106
10. Références ...........
VII.117
V ISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. c
R EMERCIEMENTS
Les auteurs désirent remercier Joan Simpson et
Susan Hicks, Division des systèmes de santé,
Direction générale de la politique et des
communications, Santé Canada, qui ont contribué à
l’élaboration du thème global du présent rapport.
Nous sommes également particulièrement
reconnaissants envers Allan Best, Ph.D., Heather
Boon, Ph.D., Charles Bernstein, M.D., et Michael J.
VI. d Perspectives on Complementary and Alternative Health Care
Smith, M Pharm, N.D, pour leurs remarques sur les
versions préliminaires de ce document.
Les opinions exprimées dans le présent rapport sont
celles des auteurs ou des auteurs des documents cités
et ne représentent pas nécessairement les vues ou
politiques officielles de Santé Canada ni celles des
personnes qui ont revu les ébauches du rapport.
I. I NTRODUCTION
Il est bien établi qu’il y a eu partout au monde une
explosion d’intérêt pour les approches
complémentaires et parallèles en santé. Le recours à
ce type d’approches (aussi appelées médecine ou
thérapie complémentaire et parallèle, nonconventionnelle, expérimentale ou encore peu
orthodoxe) connaît également une énorme
popularité et vient parfois remplacer la médecine
traditionnelle mais plus souvent vient s’y ajouter.
Les données longitudinales montrent que la
prévalence de l’utilisation d’approches
complémentaires et parallèles en santé augmente
rapidement1. La popularité accrue des approches
complémentaires et parallèles en santé peut
s’expliquer par des facteurs tels l’augmentation de la
prévalence des maladies chroniques, l’accès accru du
public à des informations sur la santé venant du
monde entier, une tolérance moindre pour le
paternalisme, un sens plus aigu du droit à une
qualité de vie, un déclin dans la foi portée aux
découvertes scientifiques et à leur utilité pour la
gestion personnelle de la maladie, un sens plus
marqué des responsabilités en ce qui concerne la
santé et les soins de santé, une inquiétude quant aux
effets secondaires de médicaments toujours plus
puissants et un intérêt accru pour le bien-être et la
spiritualité personnelle.
Lors de la conférence sur la méthodologie de
recherche organisée par l’Office of Alternative
Medicine en 1995, les approches complémentaires
et parallèles en santé ont été définies comme :
…[Trad.] un vaste domaine de ressources
curatives qui comprend tous les systèmes,
modalités et pratiques de santé, ainsi que les
théories et croyances qui les entourent, autres
que ceux qui sont intrinsèques au système de
santé politiquement dominant dans une société
ou une culture donnée à un moment donné de
l’histoire (p..50)2.
Certaines approches complémentaires et parallèles
constituent des systèmes complets, tandis que
d’autres sont des interventions ne comprenant
qu’une modalité et sont proposées comme des
substituts ou des compléments au traitement
conventionnel. Certaines approches ont des
structures de réglementation bien développées (la
massothérapie par exemple), d’autres comprennent
des professions éparses sans beaucoup d’ententes
interdisciplinaires concernant la réglementation
(l’acupuncture par exemple)3 et d’autres encore sont
peu susceptibles de jamais être réglementées (les
remèdes populaires par exemple).
Les soins de santé conventionnels dépassent le cadre
de la médecine conventionnelle, cette dernière se
définissant comme une démarche thérapeutique
exercée directement par un médecin formé de façon
conventionnelle ou sous la supervision directe d’un
tel médecin4. Nous utilisons donc le terme « soins de
santé » pour englober tous les services, produits et
activités permettant de promouvoir, entretenir,
surveiller ou rétablir la santé.
On a caractérisé les soins de santé conventionnels et
non conventionnels comme deux solitudes5.
Cependant la ligne qui les sépare est floue,
changeante et évolue dans le temps. Les soins de
santé conventionnels se limitaient à un moment
donné aux soins prodigués par les médecins et les
infirmiers et infirmières. Aujourd’hui, ils
comprennent les services fournis par d’autres
professions, comme la physiothérapie, l’ergothérapie,
et dans une certaine mesure, la psychologie,
l’assistance sociale et le service de pastorale. Même
la chiropractie, qui fait traditionnellement partie des
professions parallèles, est de plus en plus considérée
comme faisant partie du domaine des soins de santé
conventionnels.
Les tendances observées dans la santé de la
population, dans la pratique clinique et dans la
recherche médicale montrent bien que les
distinctions entre les soins de santé complémentaires
et parallèles et les soins de santé conventionnels
s’estompent. Par exemple, la médecine familiale et
les soins infirmiers adoptent des styles de pratique
qui sont plus holistiques et axés sur le patient et qui
mettent l’accent sur l’exercice, la bonne
alimentation, la gestion du stress et un style de vie
équilibré afin d’atteindre et de maintenir un niveau
de santé et de bien-être6. La philosophie sur laquelle
VISION
D ’ UNE DÉMARCHE
VII. 95
reposent ces recommandations fait partie intrinsèque
de nombreuses pratiques de santé complémentaires
et parallèles. De nombreux fournisseurs en approches
complémentaires et parallèles en santé se
spécialisent dans ces services et représentent ainsi
des ressources potentielles pour l’approche
conventionnelle. En conséquence, nous estimons
qu’un système de soins de santé intégratif
rudimentaire existe déjà au niveau des
consommateurs, que le sytème évolue et que
l’intégration à divers niveaux des soins de santé de
ce qui est aujourd’hui des professions parallèles se
poursuivra comme le déroulement naturel du jeu des
forces en présence dans le système actuel. Cette
évolution sera facilitée par une vision systémique.
Dans notre vision de l’avenir, les praticiens
conventionnels et ceux des approches
complémentaires et parallèles œuvrent ensemble au
sein d’un modèle de santé systématiquement
coordonné, interdisciplinaire, holistique et axé sur le
client, dans un système de soins de santé qui offre un
éventail plus large de traitements validés de façon
empirique et qui non seulement traite la maladie
mais également fait activement la promotion de la
santé et du bien-être des individus et de la société.
Dans ce rapport nous comptons :
1) Présenter un cadre conceptuel qui illustre les
similitudes et les différences entre les diverses
modalités (complémentaires, parallèles et
conventionnelle) et aide à définir des concepts
tels que soins de santé holistiques et axés sur le
bien-être.
2) Traiter des changements démographiques au
sein de la société canadienne et de leurs
répercussions sur le système de santé.
3) Démontrer qu’au sein même du système de soins
de santé conventionnels apparaissent des forces
et des thèmes qui appuient les principes
inhérents aux approches complémentaires et
parallèles en santé et vice versa:
a) Les chercheurs dans le domaine de la santé
de la population mettent de l’avant l’idée
d’allouer une plus grande proportion des
ressources disponibles pour la santé à la
prévention de la maladie et aux
déterminants non biologiques de la santé.
b) Les soins axés sur le patient donnent au
client le rôle décisionnel central en ce qui
touche les soins de santé qui le concernent.
c) Les soins de santé basés sur des preuves
fournissent une norme méthodologique et
scientifique pour accepter ou rejeter les
nouvelles pratiques en matière de soins de
santé.
Traiter du degré d’intégration aux différents niveaux
du système de santé, des différents modèles
d’intégration et des moyens et des principes
facilitant l’intégration à chaque niveau.
VII. 96 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
II. C ADRE
DE CONCEPTUALISATION
DE SOINS DE SANTÉ
Dans cette section, nous clarifions les similitudes et
les différences existant entre les hypothèses sousjacentes aux notions de déterminants de la santé,
maladie, diagnostic et traitement de santé selon
l’approche conventionnelle et les approches
complémentaires et parallèles en santé. En règle
générale, l’approche conventionnelle se concentre sur
les déterminants biologiques de la santé, diagnostique
la maladie et la traite. Les approches complémentaires
et parallèles en santé se concentrent sur un éventail
de déterminants plus large, sur l’évaluation de
déséquilibres (physique, affectif, structurel,
énergétique, etc.) et sur le rétablissement de ces
équilibres afin d’améliorer la santé et le bien-être.
Nous allons cependant démontrer qu’il existe au sein
de chacun des systèmes de santé (conventionnel et
complémentaire et parallèle) toute une gamme de
DES PRATIQUES
philosophies et de pratiques. À l’examen, bon nombre
des pratiques des approches complémentaires et
parallèles se révèlent plus proches des pratiques des
soins de santé conventionnels qu’elles ne le sont entre
elles, et vice versa. Les approches complémentaires et
parallèles font également ressortir la tendance des
soins de santé conventionnels à négliger les aspects
non physiques de la santé et de la maladie.
A. Paradigmes de la santé et de la maladie
Tataryn7 a proposé un cadre de classification des soins
de santé conventionnels, complémentaires et
parallèles en fonction des postulats adoptés quant à la
nature de la santé et de la maladie. Il retient quatre
paradigmes fondamentaux : corps, corps-esprit, corpsénergie et corps-spiritualité (voir tableau 1).
Tableau 1: Les quatre paradigmes de T atar yn : classement des thérapies courantes
Corps
Corps-Esprit
Corps-Énergie
Corps-Spiritualité
Substances
Régimes et suppléments
naturels
Aromathérapie
Régime de Gerson
Plantes médicinales
Régime macrobiotique
Cartilage de requin
Affirmations/Suggestion
Counselling
Digitopuncture
Acupuncture
Danse derviche
Exorcisme
Interprétation des rêves
Thérapies par l’art
Hypnose
Imagerie/Visualisation
Méditation
Psychothérapie
Médecine ayurvédique
Médecine chinoise
Thérapie par les crystaux
Homéopathie
Thérapie magnétique
Thérapie par polarité
Guérison par la foi
Traditions autochtones
Imposition des mains
Magie/Pratiques occultes
Prière
Diagnostic psychique
Réduction du stress
Groupes de soutien
Thérapie par la musique
Formation en relaxation
Qi Gong
Réflexologie
Reiki
Toucher thérapeutique
Tai Chi
Yoga
Interventions psychiques
Cérémonies et rites
Sacrements/Rites
Extraits/ Concentrés
Thérapies minérales et
vitaminiques
Antinéoplastons
Thérapies cellulaires
Laetrile
Ozonothérapie
Produits Synthétiques
Chimiothérapie
714-X
Thérapie par chélation
Manipulation physique
Exercice
Massage
Physiothérapie
Chiropractie
Thérapie
hypo/hyperthermique
Radiothérapie
Chirurgie
VISION
D ’ UNE DÉMARCHE
VII. 97
• Les thérapies que l’on retrouve dans le paradigme «
corps », qu’elles soient conventionnelles ou non,
sont basées sur le postulat que les mécanismes
biologiques constituent les déterminants primaires
de la santé et de la maladie.
• Le paradigme « corps-esprit » étend le paradigme
« corps » pour y inclure des facteurs tels que le
stress, le style psychologique adopté et le soutien
social comme éléments influençant le niveau de
santé ou de maladie.
• Le paradigme « corps-énergie » prend pour
hypothèse que la santé et la maladie dépendent
d’énergies fondamentales, de leur transmission et
de leur équilibre, qui sous-tendent des
interventions comme l’acupuncture et le toucher
thérapeutique.
• Le paradigme « corps-spiritualité » implique
l’existence d’un ou de plusieurs êtres extérieurs
existant au-delà des limites du monde matériel et
ayant une influence sur la santé et la maladie, d’où
la guérison par la foi.
Les thérapies correspondant au paradigme « corps »
et aux hypothèses de base qui y sont associées se
divisent à leur tour en deux catégories principales : 1)
les substances (c’est-à-dire les régimes et
suppléments, les extraits et concentrés et les produits
synthétiques), et 2) la manipulation physique. Les
sous-catégories des « substances » représentent un
continuum allant des produits naturels aux produits
synthétiques, tandis que les pratiques sous la «
manipulation physique » suivent un ordre allant de
« naturelles » à « agressives ».
B. Deux types de pratiques parallèles en santé
Ce cadre illustre bien qu’il existe deux types
différents de thérapies complémentaires et parallèles.
• Le premier type de thérapies repose sur les mêmes
hypothèses de base que les traitements
conventionnels en ce qui concerne l’importance
accordée au déterminisme biologique dans la santé
du corps. Ces types de thérapies complémentaires
et parallèles sont simplement des modalités
parallèles utilisées pour administrer un traitement
axé sur le corps. Comme on peut le voir au tableau
1, les pratiques complémentaires et parallèles
figurant sous « substances » et « manipulation
physique » diffèrent des thérapies conventionnelles
principalement par le mécanisme physique qui
permet d’atteindre l’effet biologique recherché.
• Les thérapies classées sous les paradigmes autres
que « corps » seulement – « corps-esprit », « corpsénergie » et « corps-sprititualité » – représentent
des thérapies plus véritablement parallèles que le
premier type de thérapies : elles sont en effet basées
sur des postulats différents en ce qui concerne les
déterminants de la santé et de la maladie.
Les thérapies complémentaires et parallèles qui
relèvent du paradigme « corps » tendent à être plus «
naturelles » que les thérapies conventionnelles de ce
même paradigme. Pour la plupart des praticiens
conventionnels, l’écart de modalité ou « la transition
vers le naturel » est bien moins difficile que le saut
conceptuel qui est nécessaire pour passer «
horizontalement » d’un paradigme à l’autre. Les
thérapies et interventions figurant dans la première
colonne du tableau 1, qu’elles soient conventionnelles
ou complémentaires ou parallèles, font tellement appel
à la même base philosophique que l’on comprend
pourquoi les instituts et chercheurs dépendant de
financement conventionnel acceptent relativement
facilement de les étudier. Par contre, de nombreux
consommateurs et praticiens qui croient à la
supériorité d’interventions naturelles ont tendance à
juger comme « non naturelles » les interventions
utilisant des produits chimiques ou synthétiques.
Puisque « ce qui est naturel est bon », pour certains,
par déduction, « ce qui ne l’est pas est mauvais » et
ainsi, de nombreuses thérapies du premier type sont
utilisées comme alternatives aux soins conventionnels.
Par contraste, les thérapies basées sur des postulats
parallèles reconnaissent les déterminants biologiques
mais ne s’y limitent pas. Comme intrinsèquement il
n’y a pas de désaccord philosophique, on utilise
souvent ces thérapies de façon complémentaire, pour
venir appuyer un traitement basé sur le corps.
C. Similitudes et dif fér ences dans les systèmes de
soins de santé
Ce cadre de classement a l’avantage de faire ressortir
les points communs et les différences existant non
seulement entre les thérapies conventionnelles et
celles qui ne le sont pas, mais aussi au sein même de
la catégorie « conventionnelle » et de la catégorie «
VII. 98 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
non conventionnelle ». Le tableau 1 montre
clairement que les différentes modalités
complémentaires et parallèles sont aussi différentes les
unes des autres que des thérapies de la médecine
conventionnelle. Par exemple, les herboristes formés
en Occident, les naturopathes, les praticiens de la
médecine chinoise traditionnelle, les thérapeutes
expressifs (thérapie par la musique, par le mouvement,
par les arts, etc.) les maîtres du Reiki, les guérisseurs
par la foi font appel à des philosophies qui recoupent
tous les paradigmes et diffèrent donc considérablement
les uns des autres pour ce qui est de la conceptualisation
et de la gestion de la maladie.
Une diversité semblable se retrouve dans les soins de
santé conventionnels. Ces différences touchent
principalement les traitements figurant dans la
première colonne du tableau 1. Du point de vue des
spécialités biomédicales que sont la chirurgie,
l’oncologie et la radiothérapie, la santé et la maladie
sont seulement fonctions de facteurs biologiques : la
maladie se traite donc au moyen de manipulations
physiques et chimiques du corps. Les spécialistes de la
médecine orthomoléculaire (une petite branche en
pleine expansion au sein de la médecine
conventionnelle) croient aux « régimes et
suppléments » du paradigme « corps », tandis que les
chiropracticiens, les physiothérapeutes et les
ergothérapeutes se limitent à la sous-catégorie
« manipulation physique ». Les professions touchant
les soins infirmiers, la psychologie et l’assistance sociale
reconnaissent l’importance de facteurs psychologiques
tels que le stress, le mode de vie équilibré, l’influence
des facteurs socio-économiques sur la santé et par là
adoptent les postulats philosophiques du paradigme
« corps-esprit ». Les travaux des chercheurs dans le
domaine de la santé de la population appuient la
validité de ces postulats. Dans le paradigme « corpsénergie », la formation d’un nombre croissant de
médecins inclut le traitement de la maladie et le
contrôle de la douleur au moyen de l’acupuncture; il
en est de même pour les infirmiers et infirmières qui
ont maintenant la formation et l’autorisation voulues
pour utiliser le toucher thérapeutique dans les salles
d’hôpitaux. Enfin, le service de pastorale s’inscrit dans
le paradigme « corps-spiritualité » (l’accent toutefois
étant largement mis sur la guérison de l’esprit et non
du corps).
Le cadre des paradigmes présente certes des limites,
comme par exemple la place exacte de chaque thérapie,
les débats entre les factions au sein d’une discipline
–c’est par exemple le cas des « panachés » et des
« purs » au sein du groupe des chiropracticiens – ou
encore le classement de thérapies très rares ou mal
comprises, mais ces limites sont inhérentes à tout
système de classement. Pour le moment, nous
trouvons utile le cadre des paradigmes parce qu’il nous
guide et nous permet de mieux préciser notre vision
d’un système de soins de santé intégré
III. SANTÉ ,
BIEN -ÊTRE , GUÉRISON ET CURE DANS LA
PERSPECTIVE HOLISTIQUE
Lorsqu’on utilise des thérapies et des pratiques des
quatre paradigmes à la fois pour traiter une maladie,
on fournit une définition fonctionnelle des soins de
santé holistiques. En l’absence de maladie, on peut
utiliser un bon nombre de ces pratiques pour
promouvoir le bien-être. Un élément puissant et
visible des approches complémentaires et parallèles en
santé consiste à mettre l’accent sur le bien-être
holistique et la qualité de vie : un massage fait du bien
et a un effet sur la qualité de vie indépendamment de
l’effet qu’il peut avoir sur le corps; il en est de même
pour la thérapie par relaxation, l’aromathérapie, le
toucher thérapeutique et de nombreuses interventions
spirituelles. Pour ceux qui sont atteints de maladies en
phase terminale ou de maladies chroniques offrant
peu ou pas d’espoir de cure, les pratiques axées sur
l’esprit, l’énergie et le spirituel ciblent des dimensions
du bien-être qui peuvent leur rendre un certain sens
de contrôle. Dans cette perspective holistique, une
amélioration du bien-être peut améliorer la santé
physique et le bien-être.
Ces concepts se retrouvent à la figure 1, qui représente
les quatre éléments d’une guérison intégrée ou
holistique. Lorsque se produit un dysfonctionnement
ou une maladie au niveau mental (sentiment de
grande culpabilité, colère réprimée, dépression, etc.),
au niveau énergétique (faible énergie vitale, méridien
d’énergie bloqué, etc.), au niveau spirituel (rapports
avec un Dieu ou son moi profond, recherche d’un
VISION
D ’ UNEDÉMARCHE
VII. 99
sens à donner à un événement, etc.), le déséquilibre
peut affecter le corps. Si le déséquilibre mental,
énergétique ou spirituel est suffisamment grand ou
persiste suffisamment longtemps chez la personne, il
finira par affecter l’équilibre interne du corps et se
manifestera comme problème physique ou maladie
(8). Ainsi, dans la perspective holistique des
approches complémentaires et parallèles en santé,
c’est en guérissant le dysfonctionnement qui s’est
produit au niveau de l’esprit, de l’énergie ou du
spirituel que l’on enlèvera une barrière et permettra
au pouvoir naturel de guérison du corps d’agir (c’est-àdire de rétablir l’équilibre) et facilitera peut-être ainsi
la guérison du corps. Inversement, une maladie du
corps (par exemple les maladies chroniques) se
répercutera sur le bien-être mental, énergétique et
spirituel. Dans ce cas, la guérison des aspects touchant
l’esprit, l’énergie ou le spirituel peut contribuer à
augmenter le bien-être de la personne en dépit de la
maladie physique. Même si elles utilisent parfois un
modèle moins multidimensionnel, la plupart des
interventions des approches complémentaires et
parallèles en santé axées sur le corps sont de nature
semblable et cherchent d’abord à faciliter les
processus de guérison naturelle du corps – en aidant le
corps plutôt qu’en « guérissant » la maladie.
Par opposition aux approches parallèles et
complémentaires en santé, la médecine
conventionnelle cherche à trouver une cure pour le
corps et ne fait pas grand’chose pour ce qui est d’une
guérison globale de la personne. Le modèle biomédical
qui prévaut dans les facultés de médecine est plutôt
réductionniste et considère que les symptômes de
l’esprit, de l’énergie et du spirituel sont tous causés par
le corps. Ils n’existent pas indépendamment du corps
et/ou du cerveau et n’ont pas d’influence sur le corps.
Les symptômes de la maladie proviennent de
dérangements chimiques ou biologiques et doivent
être corrigés par des interventions chimiques ou
biologiques appropriées.
Figur e 1: Modèle intégré de la santé, du bien-être, de la maladie et de la guérison
Symptômes de
déséquilibr e – esprit,
éner gie, spirituel
Aspects de la
personne
dépr ession, retrait,
anxiété, ir ritabilité,
obsession
crise existentielle,
aliénation, perte du
sens de la vie
énergie vitale
faible, blocages d’énergie,
excédent d’éner gie,
déséquilibr e d’éner gie
Symptômes
physiques
Esprit
Corps
Spirituel
maladie, douleur,
fatigue, maux de tête,
systèmes immunitair es
compromis
Énergie
La santé et le bien-être correspondent à un équilibre et une communication entre les différents niveaux.
VII. 100 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
IV. D ÉMOGRAPHIE
ET MOTIV ATION DANS L’ UTILISATION
DES SOINS DE SANTÉ
La perspective holistique envers la santé et les soins
de santé constitue un facteur marquant et
important dans l’utilisation croissante des approches
complémentaires et parallèles en santé, mais il y a
de nombreuses motivations à cette utilisation. Tout
comme les approches complémentaires et parallèles
connaissent une diversité de fournisseurs,
d’approches et de produits –à l’image d’ailleurs de ce
qui existe dans les soins de santé conventionnels- il
y a beaucoup de groupes différents de
consommateurs. Chaque groupe – ceux qui se
portent bien mais ont des inquiétudes, ceux qui
souffrent des conséquences du stress, de maladie
mentale, de maladie infectieuse, de maladie grave
ou de blessure, d’invalidité de longue durée ou d’un
handicap ou encore de maladie chronique et ceux
qui sont en phase terminale – est unique quant à ses
besoins et aux motivations qui le pousse à recourir
aux approches complémentaires et parallèles en
santé. Les raisons couvrent toute une gamme allant
du maintien de la santé à la palliation des
symptômes en passant par l’amélioration de la
qualité de vie et du bien-être, la prévention de la
maladie la réduction du stress et le traitement
curatif. Eisenberg et al 1 rapportent que 42% des
traitements par des approches complémentaires et
parallèles en santé avaient pour but de traiter des
maladies en cours et que 58% des traitements
visaient, au moins en partie, à prévenir les maladies
possibles ou à maintenir la santé et la vitalité.
Canadiens souffrent d’un ou de plusieurs problèmes
de santé chroniques 9. Les changements
démographiques permettent de prévoir que la
proportion de personnes âgées de plus de 65 ans
augmentera de façon radicale au cours des années à
venir. Ce groupe d’âge présente le plus haut risque
de maladie chronique et cependant s’attend de plus
en plus à rester en bonne santé et actif au fil des ans.
Alors que la médecine conventionnelle ne s’est pas
penchée sur la promotion d’une vieillesse en bonne
santé et n’a pas fait une très bonne promotion du
concept, les approches complémentaires et
parallèles en santé ont beaucoup à offrir. Cela
comprend le counselling au sujet des régimes
alimentaires, de l’alimentation et des
nutraceutiques, la formation sur l’exercice, la
gestion du stress, la promotion de l’intégrité
structurelle (physique), l’information sur les
influences de l’environnement sur la santé, le
counselling sur les buts de la vie et la normalisation
de la communication intercellulaire 10.
Il s’ensuit que la cohorte des Canadiens qui
passeront bientôt le cap des 65 ans a deux fois plus
de chances de se tourner vers les approches
complémentaires et parallèles en santé : soit pour
éviter la maladie et promouvoir un bon état de
santé, soit pour traiter leur maladie et améliorer leur
qualité de vie s’ils venaient à attraper une maladie
chronique.
Le sondage sur la santé de la population effectué en
1996 par Statistique Canada indique que 55% des
VISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 101
V. T ENDANCES
AU SEIN DES SOINS DE SANTÉ CONVENTIONNELS
Les changements affectant la démographie et les
motivations des consommateurs de soins de santé
ne sont pas les seuls facteurs à jouer un rôle dans la
croissance des approches complémentaires et
parallèles en santé. Dans la présente section, nous
traitons de trois thèmes qui prennent forme
actuellement au sein de la recherche et des
pratiques des soins de santé conventionnels et qui
viennent appuyer les préceptes fondamentaux des
approches complémentaires et parallèles en santé.
Les soins de santé conventionnels, en adoptant plus
complètement les tendances et les recherches
effectuées par leurs propres disciplines,
reconnaissent et adoptent plus largement les forces
et la vigueur des approches complémentaires et
parallèles en santé.
A. Recher ches sur la santé de la population et
sur les services de santé
On considère souvent la publication du Rapport
Lalonde en 197511 par le gouvernement du Canada
comme le moment critique où l’on a reconnu que la
santé d’une population donnée n’est pas
uniquement fonction des services de santé à sa
disposition. Les preuves qu’accumulent les
chercheurs en santé de la population montrent peu
à peu que des facteurs non biologiques (par
exemple, les facteurs socio-démographiques que
sont le statut socio-économique, les facteurs
psychologiques comme le stress, etc.) jouent un rôle
critique dans la détermination du niveau de santé
d’une population. Lorsqu’ils agissent de concert, ces
facteurs semblent affecter la santé directement par
le biais de mécanismes généralement mal compris et
indirectement par le biais de leur influence sur les
facteurs de style de vie (par exemple, le fait de
fumer, de faire de l’exercice, de suivre un régime,
etc.) et sur l’utilisation des services de santé. Les
sondages de santé de la population effectués à
grande échelle révèlent aussi, particulièrement
lorsqu’on les met en corrélation avec des bases de
données médicales, des déterminants non
biologiques de la santé. Les études montrent que le
sens de contrôle sur son travail que possède un
individu combiné au degré de responsabilité du
poste qu’il occupe expliquent davantage les
variations de présence de maladie coronarienne et
de problèmes associés que ne peuvent le faire les
marqueurs biologiques et physiologiques
traditionnellement utilisés pour prédire la maladie12.
Ce type de recherches force à se concentrer sur les
facteurs psychologiques, sociaux et économiques qui
ont une influence sur la santé.
Un deuxième facteur d’importance qui fait son
apparition dans les recherches sur la santé de la
population est l’importance de la prévention pour
rester en bonne santé à long terme. Ces recherches
non seulement apportent des preuves que les
programmes de dépistage (tels que la
mammographie) et d’immunisation ont un fort
impact positif mais indiquent également que de tels
programmes permettent de réaliser de fortes
économies. Les chercheurs dans le domaine de la
santé de la population continuent à demander
qu’on investisse davantage d’argent et de ressources
dans le domaine de la prévention au lieu de
continuer dans la voie actuelle, financièrement
inefficiente13, qui consiste à traiter les gens
seulement une fois qu’ils sont tombés malades.
Comme nous l’avons déjà mentionné, et cela
correspond bien au message, bon nombre de la
plupart des approches complémentaires et parallèles
en santé sont utilisées à des fins de prévention pour
maintenir un niveau de santé optimal et repousser
le processus de la maladie avant qu’il n’apparaisse 13.
Les « régimes et suppléments naturels », l’exercice
et le massage que l’on retrouve sous la
« manipulation physique » du paradigme « corps »,
la réduction du stress et les techniques de relaxation
du paradigme « corps-esprit », de même que bien
des pratiques du paradigme « corps-énergie »,
apportent le plus quand on les utilise de manière
préventive pour promouvoir la santé et éviter la
maladie. Bien que certaines des pratiques figurant
dans les autres catégories du paradigme « corps »
puissent également s’utiliser pour ces raisons, on y
recourt généralement lors d’un traitement actif, une
fois la maladie déclarée.
Les approches complémentaires et parallèles en
santé et l’approche conventionnelle reconnaissent
le besoin de traiter les questions de santé de la
population. Elles les abordent de façon limitée. Les
VII. 102 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
soins de santé conventionnels n’en ont pas encore
fait un domaine de financement prioritaire et les
approches complémentaires et parallèles, peut-être
par suite de leur rôle aujourd’hui un peu marginal
dans le système des soins de santé, se concentrent
surtout sur les mêmes principes mais au niveau
individuel. Vu la viabilité financière limitée du
système actuel de santé, il importe d’utiliser tout
ce que les professionnels des approches
conventionnelle et complémentaires et parallèles
peuvent apporter en termes de compréhension,
d’expérience et d’expertise pour améliorer la santé
de la population et réduire le fardeau de la maladie.
B. Soins axés sur le patient
Un modèle clinique axé sur le patient reconnaît le
rôle primordial que joue le patient dans sa santé et
devient de plus en plus la norme dans les soins de
santé conventionnels, particulièrement dans les soins
infirmiers et la psychologie, mais aussi en médecine
familiale. Une bonne partie du mouvement
d’adoption de ce modèle de soins vient des patients
eux-mêmes, qui ont exprimé le besoin d’avoir une
meilleure communication avec les praticiens, d’avoir
un plus grand contrôle sur la prise de décision et d’y
participer plus largement, et enfin de voir que l’on
porte davantage attention aux soins holistiques des
patients. Les patients veulent des médecins qui sont
sensibles aux interactions entre l’esprit et le corps et
qui sont à même de dépasser l’enveloppe physique
pour reconnaître en eux des êtres doués de capacités
mentales, affectives et spirituelles et appartenant à
des collectivités familiales et sociales.
Le rôle central du patient quant à son propre
diagnostic, qui à l’origine tenait une place centrale
dans la pratique et les soins médicaux, a graduellement
évolué de pair avec l’introduction de la technologie
médicale14. Dans ce contexte, le patient n’était plus le
mieux placé pour décrire son propre état de santé et
n’en avait plus la responsabilité. Le médecin, à l’aide
de la technologie (les tests sanguins, les
électrocardiogrammes, la représentation visuelle par
résonance magnétique, par exemple) était en mesure
de déterminer objectivement l’état du corps du patient
avec beaucoup plus de précision et de nuances que le
patient lui-même.
Il n’est pas surprenant que ce soit la discipline
médicale qui a le moins à faire avec la technologie qui
soit à l’origine du rejet de ce modèle implicitement
« axé sur la technologie ». Au Canada, la médecine
familiale a officiellement adopté un modèle de
pratique basé sur des soins axés sur le patient. Ce
modèle repose sur six principes directeurs : 1) explorer
la maladie et l’expérience de la maladie; 2)
comprendre la personne dans sa totalité; 3) trouver
un terrain d’entente en ce qui concerne le
traitement/la gestion de la maladie, 4) incorporer la
prévention et la promotion de la santé; 5) rehausser
les rapports médecin-patient; et 6) faire preuve de
réalisme15. Outre l’absence de réponse aux traitements
conventionnels, ce sont couramment les demandes ou
les préférences des patients qui poussent les médecins
à s’intéresser aux approches complémentaires et
parallèles en santé, à référer leurs patients à des
praticiens des approches complémentaires et
parallèles ou même à adopter eux-mêmes des
approches complémentaires et parallèles16. Cela
démontre que le bien du patient transcende, au moins
pour certains médecins, les limites entre les soins
conventionnels et les approches complémentaires et
parallèles. Il y a également eu quelques rapports
initiaux qui indiquent que les spécialistes médicaux17
reconnaissent le besoin d’une approche axée sur le
patient.
On reconnaît communément aux approches
complémentaires et parallèles en santé la grande
importance qu’elles accordent au bien-être plutôt
qu’à la maladie. Cette approche dépasse le simple
objectif de maintien de la santé et de prévention de
la maladie pour [trad.] « mettre à contribution les
sources internes de chaque individu et le faire
participer de façon active et consciente au maintien
de sa propre santé » 18. Les concepts de « holisme »
et de « rapport esprit-corps » occupent une place
centrale dans de nombreuses modalités des
approches complémentaires et parallèles et
correspondent bien aux principes du modèle de
soins axés sur le patient, que la médecine
conventionnelle est en train de réincorporer. La
chiropractie est l’une des professions des approches
complémentaires qui a explicitement établi un
« paradigme de soins axés sur le patient »19.
La promotion explicite d’une approche axée sur le
patient dans la prestation de soins de santé provient
principalement de spécialités (conventionnelles
ainsi que complémentaire et parallèles) dont les
pratiques reposent sur les principes du paradigme
« corps ». Pour les autres paradigmes, il est moins
nécessaire d’expliciter ces principes car les soins
VISION
D ’ UNEDÉMARCHE
VII. 103
axés sur le patient sont au cœur de leurs pratiques.
Il est clair, dans tous les paradigmes et tous les types
de pratiques, que l’on reconnaît de plus en plus que
les soins axés sur le patient constituent un
fondement important des soins de santé.
C. Pratique basée sur des pr euves
Au cours des dix dernières années, la profession
médicale, en Amérique du Nord comme en Europe,
a rapidement reconnu la valeur de la pratique basée
sur des preuves. Cette dernière se définit comme
l’emploi consciencieux, explicite et judicieux des
meilleures preuves disponibles pour arriver à une
décision sur les soins à donner à un patient 20. On a
souvent utilisé la pratique basée sur des preuves
comme moyen de séparer les approches
complémentaires et parallèles en santé des soins de
santé conventionnels; selon leurs praticiens, ces
derniers sont basés sur des preuves (ce qui se traduit
par l’emploi de tests randomisés avec contrôles et la
dépendance envers ces tests) tandis que les
approches complémentaires et parallèles en santé ne
le sont pas (c’est-à-dire qu’elles sont basées sur des
anecdotes et des contes populaires). Cette division
toutefois est grandement illusoire car il y a encore de
nombreux traitements conventionnels qui ne
s’appuient pas sur des preuves adéquates. Les
rapports sur ce sujet donnent à penser que moins
d’environ 30% des pratiques de la médecine
conventionnelle sont effectivement basées sur des
essais randomisés et contrôlés 21. De plus, au niveau
du praticien, l’acceptation de pratiques basées sur des
preuves en médecine conventionnelle n’est peutêtre pas aussi courante qu’on le croit souvent. Par
exemple, la revue par Astin de la pratique des
approches complémentaires et parallèles par les
médecins estime que les médecins, lorsqu’ils
décident de l’utilité de diverses approches
complémentaires et parallèles, ne se basent pas sur
des preuves d’efficacité mais sur des considérations
économiques régionales et des normes culturelles 16.
Il faut noter également que les médecins pratiquants
s’opposent souvent à l’adoption de lignes directrices
concernant les pratiques basées sur des preuves et
des recherches publiées sur les politiques.
Certaines professions des approches complémentaires
et parallèles en santé ne tiennent pas compte des
pratiques basées sur des preuves ou s’y opposent;
toutefois, en général, l’importance des pratiques
basées sur des preuves augmente dans le domaine des
approches complémentaires et parallèles. Un grand
nombre d’essais randomisés et contrôlés ont déjà été
effectués et sont en cours pour évaluer les thérapies
complémentaires et parallèles, notoirement en
chiropractie, homéopathie, phytothérapie,
acupuncture et massothérapie. Cependant les
modalités des approches complémentaires et
parallèles en santé font face à des obstacles majeurs
en ce qui touche les recherches de haute qualité, y
compris : le manque de capacité de recherche, de
formation, de financement, de sensibilisation à
l’importance de la recherche et d’infrastructure de
soutien3, ainsi que des attitudes négatives envers la
pertinence de pratiques basées sur des preuves. Les
chercheurs, en médecine conventionnelle comme en
médecine complémentaire, reconnaissent les
difficultés et les limites intrinsèques des méthodes
traditionnelles de recherche dans l’évaluation de
l’efficacité et de la sécurité de bien des approches
complémentaires et parallèles.
Les défis que pose l’évaluation de la sécurité et de
l’efficacité des approches complémentaires et
parallèles se trouvent amplifiés par le manque de
normalisation des soins, qui sont individualisés, et
par suite, par la difficulté de généraliser. Un nombre
croissant d’articles traite de la mise au point
d’approches méthodologiques pour étudier l’efficacité
des traitements complexes tels que ceux qui sont
mentionnés ci-dessus 22,23,24. Il est également important
de reconnaître que plusieurs types d’interventions
conventionnelles, telles que la chirurgie, la
psychothérapie, la physiothérapie et les soins
infirmiers, partagent avec les approches
complémentaires et parallèles en santé ces questions
et ces besoins en matière de méthodologie. Ainsi,
lors d’essais randomisés et contrôlés effectués pour
déterminer la sécurité et l’efficacité, il est souvent
impossible d’avoir recours aux traitements normalisés
et au contrôle par double insu contre placebo.
Il s’impose de clarifier encore plus non seulement
les avantages, mais aussi les limites des pratiques
basées sur des preuves dans l’état actuel de la
pratique. La conception courante de la pratique
basée sur des preuves tend à dévaloriser
l’individualité des patients; le centre d’attention de
la pratique clinique se déplace subtilement vers le
traitement de populations et non plus de patients
individuels et l’on n’apprécie pas totalement la
VII. 104 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
nature complexe du bon jugement clinique 25, 26.
Ce point reflète la tension qui existe entre les soins
axés sur le patient et la pratique basée sur des
preuves et montre bien pourquoi il est difficile de
les combiner. Cette même tension se retrouve entre
les approches complémentaires et parallèles en
santé et l’approche conventionnelle, l’une – la
médecine conventionnelle- mettant beaucoup plus
l’accent sur la pratique basée sur des preuves et
l’autre – la médecine complémentaire et parallèlesur les soins axés sur le patient. En théorie
cependant, pratiquer une médecine basée sur des
preuves veut dire intégrer à l’expertise clinique
individuelle 20 les meilleures preuves fournies par la
recherche systématique. En d’autres termes, l’un ne
va pas sans l’autre : sans expertise clinique, la
pratique risque de tomber sous le joug de la preuve
et d’imposer des traitements qui peuvent être
inapplicables ou inappropriés pour un patient
particulier. Inversement, sans preuve empirique, les
cliniciens courent le risque de traiter les patients
selon des méthodes qui sont dépassées ou au moyen
de traitements dont on a prouvé l’inefficacité. La
pratique basée sur des preuves détient le potentiel
d’unification des approches conventionnelle et
complémentaires et parallèles en santé : [trad.] « il
n’existe pas de médecine parallèle. Il n’y a qu’une
médecine scientifiquement prouvée, basée sur des
preuves et appuyée par de bonnes données. »
(p. 1618) 27
VI. I NTÉGRATION AUX DIFFÉRENTS
SANTÉ À L’ HEURE ACTUELLE
Le concept d’intégration n’a pas bien été défini
jusqu’à présent dans les ouvrages spécialisés. Dans
les publications traitant d’intégration, on retrouve
les éléments les plus courants tels que la prestation
des soins de santé, la gamme de services de soins de
santé disponibles, le besoin de se fonder sur des
preuves. On trouve par exemple [trad.] « des
équipes multidisciplinaires pour fournir un éventail
plus large de traitements sûrs et efficaces qui portent
sur la totalité de la personne », « mettre une
compréhension nouvelle et des outils nouveaux au
service de la santé humaine grâce à des fournisseurs
de soins de santé pleins d’expérience et au courant
des multiples traditions et disciplines qui
contribuent à l’art de la guérison » (p. 17)28, ou
encore « avoir accès à une plus grande gamme de
types de traitements efficaces et sécuritaires » (p.
210) 29. Le Groupe consultatif sur les approches
complémentaires et parallèles en santé décrit
l’intégration comme [trad.] « des soins basés sur des
preuves et regroupant les traditions thérapeutiques »
30
. Dans les documents, la description la plus
courante de l’intégration des approches
conventionnelle et complémentaires et parallèles
en santé se fait en termes de besoins (besoin de
recherche, de formation, de réglementation, de
NIVEAUX DES SOINS DE
diffusion et d’information) mais jusqu’à présent on
s’est peu penché sur les besoins et les questions
spécifiques de l’intégration aux différents niveaux
de soins de santé.
Actuellement, ce qui pousse principalement
l’intégration, c’est la demande et l’utilisation
accrues de la part de divers groupes de
consommateurs (par exemple les groupes d’action
pour la lutte contre le cancer du sein et le
VIH/SIDA). On reconnaît généralement que cette
tendance est celle qui a le plus d’influence pour
faciliter l’intégration des approches
complémentaires et parallèles en santé et des soins
de santé conventionnels 31, et qu’elle a un impact
majeur sur d’autres niveaux du système de santé. La
figure 2 montre les différents niveaux de soins de
santé 32, 33 qu’il faut reconnaître et coordonner pour
arriver à un système intégré de soins de santé. La
représentation de la figure 2 donne à penser que
l’utilisation et la demande accrues de la part des
consommateurs ont eu des effets sur d’autres
niveaux de soins de santé, en particulier sur les
praticiens et que leur groupe combiné a lui-même
eu un impact sur les initiatives cliniques et
institutionnelles, etc. Nous appelons cela « la
VISION
D’ UNEDÉMARCHE
VII. 105
pression ascendante » pour l’intégration. Dans la
présente section, nous décrivons la situation de
l’intégration à chacun des six niveaux présentés
dans la figure 2 et cernons pour chaque niveau
quelques-uns des obstacles à l’intégration.
A. Intégration au niveau du consommateur
Les consommateurs de soins de santé sont très
avancés dans leur intégration des approches
complémentaires et parallèles en santé et de
l’approche conventionnelle : ils choisissent des
praticiens et des produits appartenant à toutes les
catégories de services de soins de santé pour créer
un ensemble de soins de santé qui répond à leurs
besoins personnels et à leurs croyances.
L’intégration à ce niveau est limitée par divers
facteurs : les ressources personnelles, financières et
éducatives; la connaissance des approches
complémentaires et parallèles en santé; et les
préjugés en ce qui touche l’à propos de différentes
modalités complémentaires et parallèles. En tenant
compte des facteurs sous-tendant la popularité
croissante des approches complémentaires et
parallèles en santé (voir la section 1), on peut
prévoir que les consommateurs continueront leur
recherche d’autres pratiques et services de santé
(34). L’intégration fonctionnelle des différentes
approches à ce niveau a provoqué une forte pression
ascendante pour l’intégration d’autres niveaux de
soins de santé. Par exemple, la demande de la part
des consommateurs pour des services
complémentaires dont l’efficacité est confirmée par
des preuves empiriques a joué un grand rôle dans
l’intégration de la physiothérapie, de la chiropractie
et de l’acupuncture (pour la douleur chronique) et
tout récemment de la phytothérapie au sein du
système de soins de santé conventionnels.
B. Intégration au niveau du praticien
des soins de santé
La demande de services relevant des approches
complémentaires et parallèles en santé a incité
quelques praticiens du système de santé à référer des
patients à des praticiens des approches
complémentaires et parallèles, à fournir eux-mêmes
certains de ces services et à s’informer de la sécurité
et de l’efficacité des approches complémentaires et
parallèles et des postulats sous-tendant ces
approches. Les thèmes décrits ci-dessus font penser
que les approches conventionnelles et
complémentaires et parallèles convergent vers des
modèles communs de santé et de traitement. Par
Figur e 2: « Pyramide d’intégration » : Degré d’intégration entre l’approche conventionnelle et les
appr oches complémentaires et parallèles en fonction du niveau dans le système de soins de santé
Niveau dans le système
de soins de santé
Appr oche conventionnelle
en santé
Appr oches complémentaires et
parallèles en santé
Politique de santé
Profession/Or ganisme de
réglementation
Institution
Clinique
Praticien
Consommateur
Soins de santé intégrés
VII. 106 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
exemple, les disciplines de la médecine familiale et
des soins infirmiers partagent avec les modalités
complémentaires et parallèles des postulats
touchant l’aspect holistique de la santé et les soins
axés sur le patient. Les praticiens des soins de santé
conventionnels reconnaissent de plus en plus
l’importance de prévenir la maladie et de
promouvoir la santé; de leur côté, les professions des
approches complémentaires et parallèles en santé
sanctionnent, en nombre croissant, l’importance de
la pratique basée sur des preuves. Ces tendances ont
le potentiel voulu pour transformer en alliés les
praticiens des soins de santé conventionnels et ceux
des approches complémentaires et parallèles en
santé 23. À ce niveau l’intégration est limitée par :
les ressources personnelles du patient qui doit payer
bien des services et produits des approches
complémentaires et parallèles en santé, le manque
de preuves empiriques, les questions de sécurité et
de responsabilité 3. En outre, l’intégration est freinée
par les restrictions imposées par les groupes
responsables de la réglementation et l’influence
subtile mais cependant puissante des attitudes et
préjugés des collègues.
C. Intégration au niveau clinique
Grâce en partie à l’intervention des consommateurs
et des praticiens dans le domaine des soins intégrés,
il se déroule au Canada et aux États-Unis un
nombre grandissant de nouvelles initiatives visant à
fournir des soins de santé intégrés au moyen de
nouveaux modèles innovateurs de prestation de
services. Le Tzu Chi Institute of Complementary
and Alternative Medicine à Vancouver constitue
un bon exemple d’une institution qui vise à
développer et à fournir des soins de santé intégrés
afin de soutenir ceux qui veulent adopter de
meilleures habitudes de santé, et qui vise également
à faire progresser les connaissances touchant les
soins de santé et la guérison par la recherche et
l’évaluation, la formation et l’apport d’information.
Il y a de nombreux défis à relever pour établir de
tels modèles, y compris le travail dans de multiples
paradigmes de santé qui sont parfois contradictoires
et l’évaluation complète et opportune de
programmes qui sont continuellement en évolution.
Les obstacles les plus notoires sont la difficulté
d’obtenir du financement, le manque de preuves
« conventionnelles » pour appuyer les pratiques des
approches complémentaires et parallèles en santé et
les préjugés de la part des tenants du système de
soins de santé conventionnels.
D. Intégration au niveau institutionnel
Il est rare de trouver une intégration claire dans les
institutions d’enseignement et de soins de santé.
Quelques-unes des institutions les plus progressistes
dans le domaine des soins de santé ont des
recommandations officielles, des lignes directrices
pour la pratique et des cours traitant des approches
complémentaires et parallèles en santé 35,36, mais peu
de choses quand il s’agit d’intégrer activement les
modalités complémentaires et parallèles dans
l’ensemble des soins de santé. Cela s’explique par
des facteurs uniques à ce niveau d’intégration, tels
la philosophie des soins et de la formation qui
soulève la question du mandat exact de
l’organisation et l’inertie institutionnelle qui
favorise l’immobilisme. Le Seven Oaks Wellness
Centre, qui est associé à l’hôpital général de
Winnipeg, au Manitoba, est la première institution
de son genre au Canada, par sa taille et son
orientation vers le bien-être. Elle a pour mission de
[trad.] « fournir à la collectivité des services qui font
la promotion de la santé, prévenir la maladie et
l’invalidité et rétablissent le corps, l’esprit et la
spiritualité ». Ce centre est en cours d’évaluation
empirique, tout comme les programmes de soins
intégrés de l’Institut Tzu Chi en ColombieBritannique. La probabilité que l’on répète ce
modèle ailleurs dépend de l’impact qu’il aura eu sur
des points critiques tels que la réduction de la
morbidité et de la mortalité due à la maladie, la
diminution du recours aux services conventionnels
ou encore l’augmentation de la qualité de vie, de la
fonctionnalité, de la longévité, etc. À ce niveau, les
obstacles comprennent la situation du système de
soins de santé, la période de réduction des dépenses
et l’état de surmenage des employés. On a le
sentiment de ne déjà pas avoir les ressources
humaines et financières suffisantes pour s’acquitter
des responsabilités et fournir les soins
conventionnels de façon entière et responsable;
dans ces conditions, il est difficile d’envisager la
possibilité d’ajouter des services ou de la formation.
VISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 107
E. Intégration au niveau de la réglementation
professionnelle
Les professions des approches complémentaires et
parallèles en santé qui ont des groupes chargés de la
réglementation ont activement poursuivi les
questions d’intégration au niveau des organismes de
réglementation professionnelle, mais cela demeure
très récent et en voie de développement du côté des
organismes de réglementation des soins de santé
conventionnels. Par exemple, l’orientation d’un
patient vers des services de physiothérapie, de
massage ou de psychologie se fait depuis des années;
toutefois, ce n’est que récemment, et après le
règlement d’un long procès intenté par les
chiropracticiens 37, que l’Association médicale
canadienne a autorisé l’orientation et les échanges
professionnels entre ses membres et la profession des
chiropracticiens. Le niveau d’intérêt et
d’intégration de la part de médecins connus et la
demande pour ce genre de services de la part des
consommateurs ont fait des approches
complémentaires et parallèles en santé le sujet de
nombreux ateliers et conférences de formation
continue. Certains des obstacles à ce niveau sont
semblables à ceux auxquels font face les praticiens à
titre individuel mais il en existe d’autres tels que le
manque de réglementation de nombreuses
modalités des approches complémentaires et
parallèles, les inquiétudes touchant la perte
d’identité professionnelle et l’impact professionnel
et financier possible résultant du partage avec
d’autres professions du marché que représente le
consommateur de soins de santé.
F. Intégration au niveau du système
et de la politique de santé
L’intégration à ce niveau n’existe presque pas.
Cependant, très récemment, sous l’influence de
l’aspect économique et des perceptions de leurs
consommateurs, les compagnies privées d’assurance
au tiers se sont montrées progressistes et ont joué un
rôle clé en intégrant de nombreuses pratiques des
approches complémentaires et parallèles en santé à
celles des soins conventionnels et en y donnant
accès à leurs assurés 38. Par exemple, dans la région
de la Côte Ouest, au milieu des années 1990, la
Croix Bleue a lancé un programme pilote couvrant
la naturopathie, l’homéopathie et d’autres
approches complémentaires et parallèles en santé.
Les gouvernements du Canada et des États-Unis
étudient à l’heure actuelle le mouvement des
approches complémentaires et parallèles en santé.
La Division des systèmes de santé de Santé Canada
a reçu le mandat d’examiner l’impact des approches
complémentaires et parallèles en santé sur le
système de santé et d’envisager les incidences de cet
impact sur le renouvellement du système de santé.
Trois des instituts canadiens de recherche sur la
santé qui ont été récemment établis incluent les
approches complémentaires et parallèles comme un
thème horizontal important. Sans financement
officiel à l’heure actuelle, des universitaires et des
cliniciens du Canada entier ont formé un Réseau
intégratif de la santé et de la médecine pour se
pencher sur les questions systémiques que posent
l’évaluation et l’étude empiriques des approches
complémentaires et parallèles en santé.
À ce niveau, l’un des obstacles principaux est la
crainte de voir un élargissement des options de
service se traduire par une escalade des coûts de
remboursement et de fonctionnement. D’autres
obstacles comprennent le manque de
connaissances, de formation, de réglementation, de
normes, de preuves et de financement. On retrouve
parmi les nombreux facteurs à éliminer les
influences politiques, la résistance au changement,
le parti pris et les préjugés et les questions éthiques
et légales. Ainsi que le font ressortir les analyses à
ce niveau, plus on s’élève dans l’échelle des soins de
santé (voir figure 2), plus il existe de barrières et
d’obstacles à l’intégration. Franchir ces obstacles
représente une tâche intimidante. Dans la section
suivante, nous présentons notre vision de
l’intégration et mettons en lumière des façons de
faciliter l’intégration à chaque niveau.
VII. 108 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
VII. V ISION
D ’ UN SYSTÈME DE SANTÉ INTÉGRATIF
[Trad.] Le système de santé de demain sera
basé sur des preuves et sur le bien-être; il sera
axé sur le client, intégré, accessible, abordable
et approprié. (M. Spence, février 2001) (39)
L’intégration des approches conventionnelles et des
approches complémentaires et parallèles permettra
[trad.] « de réunir les forces et de faire contrepoids
aux faiblesses inhérentes aux différents systèmes de
soins de santé, au sein d’une alliance du cœur, de la
tête et de la main » (p. 156) 40 La création d’un
système intégratif de santé représente une démarche
profonde (mais, semble-t-il, nécessaire). Un tel
système aurait des résultats positifs pour les
utilisateurs des services de santé, pour les praticiens
et dispensateurs de soins et pour les décideurs. Il
serait fondé sur les valeurs centrales et les principes
précisés dans la Loi canadienne sur la santé,
auxquels viendraient s’ajouter les notions de choix,
de bien-être et de respect mutuel 30. Il obligerait à
choisir et à coordonner un grand nombre de
groupes de praticiens en santé qui connaissent peu
les activités et les bases de données des uns et des
autres et partent d’hypothèses de base
fondamentalement différentes quant à la nature de
la santé et de la maladie. En soutenant un système
intégratif à tous les niveaux du système de santé, on
contribuerait à établir des services homogènes et
transparents et à réduire de beaucoup la nature
fragmentée et peu méthodique du système actuel. Il
serait de grande importance d’instaurer la
collaboration et de créer des partenariats entre les
praticiens de l’approche conventionnelle et ceux
des approches complémentaires et parallèles. Le
gouvernement, les associations professionnelles et
les associations de consommateurs devraient
soutenir –par des dons financiers et en nature – les
efforts déployés pour mettre en œuvre cette
collaboration et son but de développement d’un
système intégré de soins de santé.
Dans cette section, nous traiterons d’abord de la
nécessité d’utiliser des critères pour choisir les
approches complémentaires et parallèles se prêtant
à l’intégration; ensuite nous examinerons les
modèles d’intégration possibles. En dernier lieu,
pour chacun des six niveaux de soins de santé, nous
discuterons des facteurs ayant le potentiel voulu
pour faciliter l’intégration. Citons un facteur
primordial qui s’applique à chaque niveau : le
besoin d’effectuer des recherches pour évaluer la
sécurité, l’efficacité et la rentabilité des modalités
des approches complémentaires et parallèles.
A. Critèr es d’inclusion des approches
complémentair es et parallèles
On comprend pourquoi l’intégration se fait mieux
au niveau individuel qu’aux niveaux professionnel,
institutionnel et systémique. Les consommateurs
peuvent réagir rapidement et même un peu au
hasard, sans avoir à se soucier des incidences de
leurs décisions sur d’autres qu’eux-mêmes. Les
critères qui guident de telles décisions sont
idiosyncrasiques, certains consommateurs faisant de
longues recherches avant d’adopter une nouvelle
pratique complémentaire ou parallèle, d’autres
adoptant peut-être la même pratique parce qu’un
ami l’a recommandée ou parce qu’elle correspond à
leur vision de la santé, et cela sans se soucier de
l’efficacité. Cependant, aux niveaux systémique,
professionnel, institutionnel et clinique et au
niveau des praticiens, il convient de soigneusement
mettre au point des critères pour décider des
approches complémentaires et parallèles à inclure et
de se baser sur un examen complet des pratiques.
Voici trois critères d’importance pour une modalité
de traitement : 1) preuve qu’elle est sécuritaire et
efficace; 2) preuve qu’elle améliore la qualité de vie;
et 3) preuve qu’elle a le potentiel pour prévenir le
mal et la maladie.
Premièrement, le critère de preuve. Par opposition
aux pressions philosophiques, populaires, politiques
ou de la base, c’est probablement à long terme le
critère le plus défendable et le plus rentable. Toute
pratique ou intervention complémentaire ou
parallèle qui répond au critère d’efficacité dans des
tests cliniques randomisés à double insu devrait faire
partie d’un système intégratif en santé. Si elles ont
fait leurs preuves, on peut également envisager
d’autres méthodes d’évaluation des preuves et
inclure des études d’observations si elles ont été
correctement effectuées et vérifiées. Par exemple, de
VISION
D ’ UNEDÉMARCHE
VII. 109
nombreuses traditions médicales parallèles ont
accumulé de riches connaissances sur l’utilisation
médicale des plantes et d’autres pratiques qui ont
passé le test du temps.
Deuxièmement, la croissance des approches
complémentaires et parallèles en santé semble être
motivée, au moins en partie, par le désir de
rehausser le bien-être et correspond au besoin d’une
perspective holistique appliquée à des soins axés sur
le patient. Étant donné le vieillissement de la
population et le pourcentage croissant de personnes
affectées par des maladies chroniques, les questions
de qualité de vie prennent beaucoup plus de relief à
tous les niveaux de soins de santé. Il s’ensuit que les
pratiques en soins de santé qui ont des effets positifs
et prouvés sur la qualité de vie et qui, idéalement,
ont aussi le potentiel de prolonger la vie constituent
des candidats viables pour s’inscrire dans un système
intégré en santé. Donnons pour exemple les
interventions psychologiques dans le cas de
maladies dégénératives comme les maladies
cardiaques et le cancer. Des essais randomisés et
contrôlés ont montré que ceux qui participent à des
groupes de psychothérapie augmentent grandement
leur qualité de vie et voient diminuer leur niveau de
dépression, d’inquiétude et de fatigue ainsi que leurs
symptômes physiques 41. Il y a aussi des preuves que
de telles interventions peuvent améliorer la
condition de survie, soit directement par des
interactions « corps-esprit » 42,43, soit indirectement
en améliorant le respect des protocoles de
traitement conventionnels. On peut donner comme
autre exemple l’utilisation potentielle de
l’acupuncture et des nutraceutiques pour atténuer
les effets secondaires de la chimiothérapie et aussi
accroître le respect des protocoles de traitement.
Troisièmement, les pratiques et interventions en
santé qui ont fait leurs preuves empiriquement,
d’une façon semblable à ce qui est décrit ci-dessus,
et préviennent le mal et la maladie devraient venir
s’inscrire dans la médecine intégrative. Les
professions des approches conventionnelle et
complémentaires et parallèles ont accepté le besoin
de prévention, mais la gamme d’interventions est
beaucoup plus large dans les approches
complémentaires et parallèles que dans l’approche
conventionnelle. Le principe de rétablissement de
l’équilibre au niveau du corps, de l’esprit et de la
spiritualité est à la base de nombreuses
interventions complémentaires et parallèles en
santé. Les praticiens des approches complémentaires
et parallèles qui doivent être intégrés devraient
avoir des organismes de réglementation et des
normes nationales d’enseignement et de pratique.
Les autres facteurs à considérer comprennent
l’ampleur de l’utilisation et de la demande actuelles
pour les pratiques complémentaires et parallèles, le
coût et la facilité d’intégration et les rapports
risque/avantage.
B. Modèles d’intégration
Il convient de se pencher sur des questions
éthiques, morales, conceptuelles et pragmatiques
lorsqu’on envisage d’intégrer au niveau du système
entier des modalités complémentaires et parallèles
en santé. La méthode d’intégration constitue un
facteur principal à considérer.
a. Cooptation
Aujourd’hui, par défaut, et généralement une fois
que l’on a obtenu des preuves empiriques appuyant
l’intervention, l’intégration se fait par cooptation :
c’est un praticien de soins de santé conventionnels
qui tout simplement fournit les pratiques
complémentaires et parallèles en santé. Par
exemple, les médecins sont remboursés lorsqu’ils
traitent la douleur par l’acupuncture; les praticiens
de la médecine chinoise traditionnelle, qui ont mis
au point les techniques et la philosophie de
l’acupuncture, ne le sont pas. Les physiothérapeutes
sont couverts lorsqu’ils prodiguent des massages,
mais les massothérapeutes ne le sont pas. Les
médecins, qui ont peu ou pas de formation en
psychothérapie, gestion du stress, counselling en
mariage, etc., sont souvent remboursés lorsqu’ils
fournissent des services nés de la psychologie, mais
en même temps, la psychologie n’est pas remboursée
par le système de soins de santé actuel.
Même si la cooptation est l’option appliquée
facilement et par défaut, elle est difficile à défendre
sur les plans de la morale et de l’éthique. Du côté
conceptuel et pragmatique, elle peut aussi se révéler
dangereuse, parce que chaque système
s’accompagne d’une philosophie et de
connaissances diversifiées et souvent compliquées
au sujet de la santé et de la maladie, qui situent la
technique ou le produit de l’intervention dans un
contexte très différent. Par exemple, une cérémonie
VII. 110 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
autochtone se déroulant dans une suerie (cabane à
suer) est beaucoup plus qu’une séance de sauna,
tout comme on ne prescrit pas une préparation
homéopathique en vérifiant tout simplement un
tableau de correspondance. Les dimensions
multiples des interventions, y compris les aspects
spirituels, sociaux, affectifs et psychologiques, ont
tous un impact mesurable de façon empirique,
même s’il est peu compris, sur la qualité et la durée
de vie. La cooptation d’une approche ou d’une
intervention, si elle ne s’accompagne pas de son
contexte naturel, peut réduire de façon dramatique
l’effet escompté. La cooptation pourrait aussi
étouffer l’évolution et l’acquisition de connaissances
d’un système parallèle en santé qui pourrait en fin
de compte se révéler plus solide et plus efficace que
le système médical conventionnel actuel qui se
limite à une philosophie de réductionnisme
biologique.
b. Coexistence
Lorsque la co-optation n’est pas possible, en
particulier quand il s’agit de systèmes complets de
professions complémentaires réglementées, telles
que la naturopathie ou la chiropractie, on est passé
par défaut à une coexistence difficile. Dans cette
option, on maintient la distinction entre approche
conventionnelle et approches complémentaires et
parallèles et on met l’emphase à savoir s’il faut
maintenir la communication et la collaboration
entre les praticiens des deux grands courants, et si
oui, de quelle façon (par exemple, réorientation,
communication interprofessionnelle, etc.).
L’isolement et la méfiance interprofessionnels,
l’étouffement des échanges d’informations et la
tension que cela occasionne entre le praticien et le
VIII. V ERS
UNE INTÉGRATION
consommateur qui utilise les deux systèmes font
également de la coexistence une méthode
d’intégration peu désirable.
c. Intégration systémique
L’intégration systémique concerne l’intégration à
l’échelle de tout le système. L’intégration
systémique reconnaît les différents niveaux du
système de soins de santé, depuis le consommateur
jusqu’aux décideurs, et cherche activement à
faciliter l’intégration au sein de ces niveaux et entre
eux en fonction de processus explicites et
rationnels. Il s’agit d’une réponse coordonnée et
visionnaire venue du haut à l’égard des pressions
venues du bas que subit le système de soins de
santé. L’intégration systémique fait la synthèse des
preuves empiriques, de la compréhension clinique
et du savoir théorique pour arriver à un système de
soins de santé intégré qui met en rapport les besoins
des consommateurs et des praticiens avec la
responsabilité à long terme qui existe envers la
société dans son ensemble. Elle reconnaît
l’efficience financière et l’avantage humanitaire
inhérents à la promotion de la santé et à la
prévention de la maladie et étend le domaine des
soins de santé qui dépassent les soins apportés à un
corps malade pour inclure la promotion et le
maintien du bien-être ainsi que la guérison du
corps, de l’esprit, du cœur et de l’âme. L’intégration
systémique reconnaît l’interdépendance des
éléments du système de santé, le rôle et la
contribution uniques de chaque niveau en
interaction avec les niveaux adjacents en vue de
l’intégration des soins de santé.
SYSTÉMIQUE
Il existe clairement un besoin d’arriver à une
intégration systémique du système de soins de santé
au lieu de s’en tenir à la cooptation ou la
coexistence. Cette intégration doit se baser sur la
logique et la vision plutôt que sur l’évolution
quelque peu chaotique actuelle. Dans cette section,
nous offrons quelques pistes pour l’intégration à
chacun des différents niveaux de soins de santé. Il
n’est pas possible dans le cadre du présent document
ou même d’un seul document, d’offrir un aperçu
complet; voici simplement des suggestions et des
axes préliminaires.
A. Vers une intégration des soins de santé
au niveau du consommateur
Le manque de connaissances, le manque de
formation sur les approches complémentaires et
parallèles en santé et les partis pris au sein de la
société soulignent bien la nécessité de disposer de
V ISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 111
meilleurs renseignements sur les approches
complémentaires et parallèles. Il existe
actuellement une quantité renversante de
renseignements fournis par de nombreuses sources
d’information. Malgré cela, les renseignements
probants sur l’efficacité et la sécurité sont limités et
ce qui existe est souvent contradictoire, inégal et
désorganisé. En plus de fournir des renseignements
de meilleure qualité aux consommateurs, il est
important de coordonner les initiatives et de rendre
les renseignements facilement accessibles. Les
patients pourront aussi bénéficier d’une formation
accrue donnée aux praticiens. Les praticiens de
l’approche conventionnelle tout comme les
praticiens des approches complémentaires et
parallèles en santé devraient être ouverts à l’idée de
discuter avec leurs patients de toute la gamme de
modalités de traitement et être prêts à le faire, de
façon à ce que les patients se sentent libres de parler
de leurs besoins et de leurs préférences. Une
discussion ouverte augmentera la satisfaction des
patients et réduira le risque d’interactions
potentiellement néfastes entre les médicaments et
les produits naturels. L’accès aux approches
complémentaires et parallèles est encore réduit par
de forts obstacles financiers. Les plans de soins de
santé provinciaux et territoriaux devraient
rembourser les patients qui font appel aux services
des approches complémentaires et parallèles en
santé approuvées et qui ont recours à des produits
de santé naturels autorisés (au fur et à mesure qu’ils
deviennent réglementés et standardisés). Cela
constituerait une étape importante vers l’intégration
systémique et donnerait suite à plusieurs des cinq
principes de la Loi canadienne sur la santé.
B. Vers une intégration au niveau des praticiens
des soins de santé
La réglementation des professions des approches
complémentaires et parallèles en santé et des
produits contribuera à donner une légitimité aux
approches complémentaires et parallèles et à les
rendre transparentes. La réglementation des
praticiens, qui relève des gouvernements
provinciaux et territoriaux, varie d’une province et
d’un territoire à l’autre. Actuellement, plusieurs des
professions des approches complémentaires et
parallèles sont réglementées ou, dans certaines
juridictions, sont lancées dans un processus de
réglementation complète (par exemple, la
chiropractie, la naturopathie, la massothérapie)
tandis que d’autres (par exemple les
phytothérapeutes, les homéopathes, les praticiens
du Reiki) ne sont pas du tout réglementées par le
gouvernement. L’établissement de normes
interprovinciales contribuerait au développement
d’un système de soins de santé intégrés.
Les praticiens de l’approche conventionnelle et
ceux des approches complémentaires et parallèles
doivent être au courant de leurs champs d’exercice
respectifs. Les praticiens des deux groupes qui
gardent à l’esprit les capacités de l’autre groupe
d’aider les patients et qui rassurent leurs propres
patients quant à l’utilisation de différentes options
de soins de santé jouent un rôle important en
concrétisant la prestation d’un service de soins de
santé intégrés. Pour que ce genre de professionnels
devienne plus fréquent, il faut adopter une
approche différente de l’approche actuelle au
niveau de l’enseignement et de la formation des
praticiens. Jusqu’à présent, les étudiants en soins
infirmiers, en psychologie et en médecine, les
médecins en stage et les internes sont presque
totalement laissés à eux-mêmes s’ils désirent se
familiariser avec les professions ou les produits des
approches complémentaires et parallèles en santé.
Les philosphies et les pratiques des approches
complémentaires et parallèles en santé devraient
faire partie des cours structurés des étudiants et leur
être présentées. Weil a souligné qu’il n’était pas
suffisant de donner aux médecins de nouveaux
outils, tels des plantes médicinales en plus de
produits pharmaceutiques ou à leur place 44. On
devrait plutôt [trad.] « faire prendre un virage à
certaines orientations de base de la médecine et se
diriger vers la guérison plutôt que vers le traitement
des symptômes, vers un lien plus étroit avec la
nature, vers un renforcement du rapport médecinpatient et vers une plus grande emphase sur l’esprit
et le côté spirituel sans délaisser le corps. » (p. 142) 44.
Inversement, de nombreux programmes de
formation en approches complémentaires et
parallèles gagneraient peut-être à être exposés au
paradigme scientifique et au besoin d’évaluer
rigoureusement les régimes de traitements. Grâce à
Santé Canada et à l’Association des facultés de
médecine du Canada, des projets sont en cours
actuellement pour promouvoir les approches
VII. 112 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
complémentaires et parallèles dans les écoles de
médecine. Une plus grande réglementation des
professions complémentaires et parallèles de la part
des gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi
que l’adoption prochaine d’un cadre fédéral de
réglementation des produits de santé naturels,
faciliteraient de tels projets, et particulièrement
l’adoption de pratiques basées sur des preuves dans
les programmes de formation.
Les praticiens des deux types d’approches,
conventionnelle et complémentaires et parallèles,
dispensent des soins primaires (par exemple, la
pratique familiale et la naturopathie). À l’heure
actuelle, la réorientation vers des spécialistes se
limite aux « spécialistes tech » de l’approche
conventionnelle (par exemple, chirurgiens,
techniciens de la radiothérapie, etc.). D’autres
spécialistes, vers lesquels les fournisseurs de soins
primaires devraient pouvoir réorienter des patients,
incluent des praticiens accrédités dans le paradigme
« corps » (par exemple la phytothérapie, la
chiropractie « pure », etc.), dans le paradigme
« corps-esprit » (par exemple les psychologues,
les thérapeutes utilisant la relaxation, etc.),
du paradigme « corps-énergie » (par exemple
l’acupuncture, le toucher thérapeutique, etc.) et
du paradigme « corps-spirituel » (par exemple le
service de pastorale, les traditions autochtones,
les guérisseurs par la foi, etc.).
C. Vers une intégration au niveau des cliniques
de soins de santé
Le financement d’une démonstration pratique ou
des projets pilotes constituent une façon très utile
d’obtenir de l’information sur l’efficacité de
l’intégration. On devrait effectuer une évaluation
d’initiatives telles que les cliniques de soins de santé
intégrés (y compris les cliniques de santé
communautaires) et diffuser les résultats de cette
évaluation auprès de tous les intéressés.
La collaboration dans la recherche et la
coordination entre les initiatives de soins de santé
intégrés représentent une partie importante de ce
développement. Cela pourrait mener à recueillir des
données similaires dans une base de données
partagée, ce qui permettrait de comparer des
populations de patients, des modalités et des
résultats de traitement (y compris des évaluations
de coûts-bénéfices); cela permettrait aussi de
pousser l’évaluation des modèles et de leurs facteurs
de succès. Idéalement, on pourrait comparer les
résultats avec ceux de patients n’ayant pas recours à
des soins intégratifs. C’est ce qui se fait
actuellement à l’hôpital Seven Oaks du Manitoba,
qui, de concert avec les chercheurs du Manitoba
Centre on Ageing, évalue les résultats de l’ajout
récent d’un centre de bien-être d’approche
holistique. Au fur et à mesure qu’on évalue
différents modèles de soins et d’interventions, on
pourrait retenir pour expansion supplémentaire
ceux qui font preuve d’efficacité, qui apportent un
haut niveau de satisfaction aux consommateurs et
aux praticiens, et qui, idéalement, ont de faibles
coûts de prestation de services. Une telle expansion
ne réussirait que si les plans d’assurance provinciaux
appuyaient ces initiatives.
On rencontre de plus en plus de problèmes
chroniques de santé et d’individus que l’on place
dans des catégories de diagnostic ‘fourre-tout’
comme, par exemple, la fibromyalgie, le syndrome
de fatigue chronique et les désordres d’autoimmunisation. On pourrait monter dans plusieurs
provinces des projets pilotes de cliniques de
diagnostic où les patients souffrant de maladies rares
ou difficiles à diagnostiquer et à traiter seraient
évalués par des spécialistes du diagnostic bien formés
dans le domaine des quatre paradigmes de maladies.
Ce type de centre unique pourrait grandement
réduire la souffrance humaine en permettant un
diagnostic et une orientation appropriés (par
exemple, vers les acupuncteurs et les spécialistes de
l’équilibre de l’énergie pour le contrôle de la
douleur). Il pourrait également réduire les coûts de
soins de santé en éliminant « la balade du diagnostic
» que fait aujourd’hui le patient et l’utilisation
inappropriée de soins de santé relatifs à plusieurs
niveaux (par exemple, le traitement par des moyens
biomédicaux d’un déséquilibre psychologique,
énergétique ou spirituel). Il se fait énormément de
recherches sur les phénomènes de « compensation » :
qui indiquent que l’ajout que l’ajout de services
appropriés à la couverture d’assurance médicale (par
exemple de chiropractie 45, de psychothérapie 46,47
etc.) serait rentabilisé par la réduction d’utilisation
des services biomédicaux conventionnels.
VISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 113
D. Vers une intégration au niveau des institutions
de soins de santé
Les institutions de soins de santé telles que les
hôpitaux communautaires et centres hospitaliers
universitaires coordonnent les activités d’un grand
nombre de professionnels des soins de santé. Un
bon nombre des programmes et services spécialisés
qu’on y trouve, tels la chirurgie, les soins à long
terme, l’obstétrique, la médecine d’urgence et les
soins palliatifs ont une incidence qui peut être très
grande sur les aspects physiques et non physiques de
la qualité de vie. Il s’ensuit que des services
complémentaires et parallèles en santé établis à
l’interne et de façon appropriée pourraient
constituer des ajouts utiles aux services
conventionnels, en fonction de la spécialisation
de l’institution, des besoins locaux et des ressources
disponibles. Les services pourraient inclure des
conseillers d’aide d’urgence pour les salles d’urgence,
du counselling et du soutien spirituel dans les
pavillons de soins à long terme et de soins
palliatifs, des conseillers en phytothérapie et en
nutraceutiques pour les patients en chimiothérapie
qui désirent tirer le maximum de leurs moyens
naturels de guérison, des programmes
d’alimentation pour les femmes enceintes et des
interventions destinées à contrôler les symptômes
telles que l’acupuncture, le toucher thérapeutique,
le massage et l’enseignement de la relaxation.
Du fait que les opinions et les connaissances sur les
services complémentaires et parallèles en santé
varient considérablement d’une personne et d’une
profession à l’autre, on devrait mettre au point des
politiques et des procédures institutionnelles sur les
services complémentaires et parallèles et faire passer
des praticiens aux consommateurs des messages
clairs et cohérents. Grâce à de telles politiques, les
communications entre les consommateurs et les
professionnels ont tendance à être ouvertes et
aisées, et les patients se trouvent encouragés à parler
de leur recours aux services complémentaires et
parallèles en santé. Ces discussions sont
particulièrement importantes vu le potentiel
qu’elles ont d’avoir des répercussions sur les régimes
de traitement conventionnels. En reconnaissant
explicitement l’existence de paradigmes et de
méthodes parallèles pour aborder les questions de
santé et de guérison, on admet l’incidence de la
maladie sur d’autres aspects de la vie (par exemple
les côtés psychologique, affectif et spirituel) et
également on établit un environnement de guérison
sécuritaire, de nature plus holistique et plus axée sur
le client. Dans un tel environnement, il est
important de fournir, et aux patients et aux
praticiens des soins de santé des ressources
pédagogiques claires, valables et d’accès facile,
comprenant l’accès à Internet, des revues sur les
approches complémentaires et parallèles dont les
articles sont évalués par des pairs et enfin des listes
de praticiens locaux de bonne réputation et dont les
services en soins complémentaires et parallèles ne
sont pas encore disponibles à l’institution.
E. Vers une intégration au niveau des
organismes professionnels de soins de santé
Les organismes de réglementation professionnelle
établissent le cadre philosophique général et les
normes de conduite explicites touchant l’exercice
professionnel. Lorsqu’ils autorisent leurs membres à
réorienter des patients vers d’autres professionnels
ou à communiquer officiellement avec ces derniers,
les organismes de réglementation contribuent
grandement à l’intégration des deux domaines de
soins de santé et à l’ouverture de l’interaction entre
le patient et le praticien dans le cas de ceux qui
utilisent les deux modalités de thérapie (par
exemple l’AMC qui autorise les médecins à référer
des patients à des chiropracticiens). Il faut engager
des discussions officielles et établir des règlements
concernant la réorientation vers d’autres types de
praticiens de soins de santé. Ces décisions devraient
se fonder sur des preuves empiriques et dépendre des
décideurs qui ont reçu le mandat et les ressources
pour fixer les normes nationales de soins.
Les communications interprofessionnelles par le
biais d’initiatives de recherches faites en
collaboration ou de programmes pédagogiques et
d’ateliers seraient avantageuses et aideraient à
balayer les fausses idées et à rehausser le niveau
d’information des praticiens. D’autres programmes
plus novateurs, tels que les bourses universitaires et
les stages interprofessionnels, permettraient aux
jeunes diplômés ou aux praticiens d’expérience de
recevoir une formation directe et d’acquérir de
l’expertise dans d’autres systèmes de soins de santé.
Ces personnes pourraient alors jouer le rôle
d’ambassadeurs et faire le pont entre leurs mondes
respectifs. Cela ressemble à des initiatives
antérieures grâce auxquelles des médecins ont pu
VII. 114 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
recevoir leur certificat en médecine chinoise
traditionnelle et des infirmiers et infirmières ont pu
être diplômés en toucher thérapeutique et en
devenir les ambassadeurs. Ce modèle a été utilisé
avec succès dans plusieurs provinces pour la
formation des médecins dans le domaine de la
recherche sur la santé de la population et
l’épidémiologie (se référer au Manitoba Centre for
Health Policy et au programme de bourse en
évaluation à l’intention des médecins).
F.
Vers une intégration au niveau des politiques
et des systèmes de santé
Jusqu’à présent, l’intégration du système de santé s’est
effectuée sous la poussée des consommateurs, de leurs
demandes et de leurs préférences. Ce qui est
maintenant nécessaire pour poursuivre le
développement systémique vers une médecine
intégrative, ce sont l’appui et l’infrastructure
fédérales. La progression des organisations et des
professions de soins de santé vers un système
intégratif de santé doit être guidée et facilitée : le
gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans ce
processus 48. Une partie de cette responsabilité
consiste à donner la vision d’ensemble de ce que
serait un système intégratif et également de clarifier
les responsabilités logistiques et financières au sein du
nouveau système. Même si les provinces et les
territoires peuvent jouir d’une marge de manœuvre
considérable dans le développement de leurs systèmes
de santé, en fin de compte tout système intégratif
devra respecter les cinq principes de la Loi
canadienne sur la santé : gestion publique,
accessibilité, intégralité, universalité et
transférabilité. Il est utile et nécessaire de passer par
des étapes d’expérimentation et d’évaluation de
différents modèles d’intégration (voir discussion cidessus). L’intégration des pratiques et des produits des
approches complémentaires et parallèles continuera à
mettre à l’épreuve la coordination des responsabilités
fédérales, provinciales et territoriales en matière de
santé. Alors que les gouvernements provinciaux et
territoriaux sont chargés de la prestation des services
de santé, des paiements et des remboursements des
soins et de la réglementation des praticiens, le
gouvernement fédéral est responsable des normes et
de la gouvernance des produits de santé (par exemple
les plantes médicinales, les produits de santé naturels
et les nutraceutiques).
L’industrie pharmaceutique exerce une influence
majeure sur tous les niveaux du système de soins de
santé : il faut s’y intéresser, la suivre, et peut-être la
réglementer au niveau des politiques et des systèmes
de soins de santé. Du fait qu’elles ont un intérêt
direct dans le modèle biologique de la santé et des
soins de santé, les compagnies pharmaceutiques
représentent à la fois une bénédiction et une
malédiction pour les soins de santé conventionnels.
Ces compagnies privées, à but lucratif, sont à
l’origine du développement et de la diffusion des
agents biologiques les plus puissants et efficaces mis
à la disposition du système de soins de santé.
Cependant, les consommateurs sont renseignés sur
le modèle biologique et les options de traitement
possibles; ils sont poussés à les adopter et ne
consacrent pas beaucoup d’attention aux options et
aux produits que leur offrent les approches
complémentaires et parallèles, et dont pourtant
beaucoup sont, de façon claire, plus rentables et
plus efficaces à long terme 43. Cela crée des conflits
d’intérêts et des dilemmes d’éthique que les
décideurs doivent examiner dans le cadre d’un
système intégratif de soins de santé,
particulièrement étant donné l’expansion croissante
de l’industrie pharmaceutique dans le domaine des
produits de santé naturels.
VISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 115
IX. D ÉCLARATION
DE CLÔTURE
La société a immensément bénéficié du modèle
biomédical des soins de santé et des progrès
biologiques et technologiques qu’il a rendus
possibles dans le diagnostic et le traitement. Au
cours des décennies écoulées, les soins de santé
conventionnels ont incorporé les techniques et les
perspectives d’autres professions, ajoutant à nos
options la physiothérapie et l’ergothérapie, les
services psychologiques et le counselling, et tout
récemment la chiropractie. En même temps, les
approches complémentaires et parallèles en santé se
sont rapidement développées et ont eu une grande
incidence sur le système de soins de santé actuel.
Cela a créé de nombreuses occasions nouvelles de
traitement plus holistique, mais a aussi provoqué
entre les professions des approches complémentaires
et parallèles et celles de l’approche conventionnelle
des tensions qu’il faut reconnaître et éliminer.
L’intégration des soins de santé par les
consommateurs (et à un degré moindre, les
praticiens) crée une pression vers le haut en faveur
d’une intégration systémique des services à tous les
autres niveaux du système. On s’attend à ce que
cette tendance se poursuive. Ce processus
d’intégration se trouve aidé par les tendances
actuelles en soins de santé conventionnels, y
compris l’attention accrue portée aux soins axés sur
le patient et aux preuves validant les traitements, la
reconnaissance accrue accordée à l’importance de la
promotion de la santé et la prévention de la
maladie, et l’appréciation plus vaste des
déterminants psychologiques et sociaux de la santé.
L’expansion continue des soins de santé
conventionnels qui mène à l’inclusion des approches
complémentaires et parallèles en santé, avec leurs
croyances différentes et leurs connaissances expertes
des déterminants non biologiques de la santé et du
bien-être, poursuit simplement cette tendance vers
l’intégration et l’amplifie.
Les soins de santé conventionnels sont sur le point
de devenir ce qu’ils ont toujours voulu être : un
système de santé réellement efficace, explicitement
compatissant, intégré, qui, dans le contexte étendu
de la famille et de la société, soigne le corps, l’esprit,
le cœur et l’âme des gens avant qu’ils tombent
malades et aussi après.
VII. 116 Perspectives sur les approches complémentaires et parallèles en santé
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V ISION
D’ UNE DÉMARCHE
VII. 119
N OTICES B IOGRAPHIQUES
AUTEURS
Rona Achilles
Rona Achilles, Ph.D. est professeure adjointe au
Département des sciences de la santé publique, à
l’Université de Toronto. Elle est aussi consultante
indépendante en matière de politique de la santé.
Elle était auparavant coordonnatrice de la recherche
sur la santé sexuelle au Département de la santé
publique de la Ville de Toronto. Elle a aussi travaillé
à titre de consultante auprès de la Commission royale
sur les nouvelles technologies de reproduction et a
publié de nombreux ouvrages sur leurs aspects
psychosociaux. Plus récemment, elle a été chercheure
principale du projet financé par le Fonds de Santé
Canada pour la santé de la population, Les approches
complémentaires et parallèles en santé - un aperçu
canadien, mené par le Centre des études sur la santé
de l’Université York.
Le groupe consultatif sur les soins de santé
complémentair es et parallèles
Ce groupe de consultation externe de Santé
Canada a été convoqué pour la première fois en
janvier 1999 pour conseiller la Division des
systèmes de santé en ce qui a trait aux effets sur le
système de santé des approches complémentaires et
parallèles. Les secteurs d’intérêt comprenaient : le
développement d’un modèle de soins de santé
intégrés, les approches éducatives, l’information et
le choix éclairé, l’interface praticiens-produits et les
problèmes des ressources humaines des services de
santé.
James T. Casey
James T. Casey est un associé principal de la firme
d’avocats Field Atkinson Perraton, d’Edmonton.Me
Casey a été conseiller juridique auprès de plusieurs
organisations professionnelles, dans tous les secteurs
de la réglementation des professions, comprenant la
législation, la discipline, l’étendue de la pratique et
les relations avec le gouvernement. Il a conseillé
DES
des organismes gouvernementaux en la matière, aux
niveaux fédéral et provincial. Le gouvernement
provincial de l’Alberta a retenu ses services pour
l’élaboration de sa nouvelle Loi des professions de la
santé. Me Casey a publié plusieurs ouvrages,
notamment un classique, intitulé The Regulation of
Professions in Canada, qui traite du sujet sous tous
ses aspects. Le livre sert de référence partout au
Canada aux personnes concernées par le sujet et il a
fait l’objet de citations dans de nombreuses causes
devant les tribunaux du pays. En 1999,Me Casey a
fait, pour un comité fédéral-provincial-territorial,
une revue et une analyse de toutes les lois touchant
les professions au pays. Il a aussi été conseiller
juridique auprès de plusieurs équipes de travail qui
se sont penchées sur les problèmes de
réglementation des professions. Il prend souvent la
parole devant des organismes professionnels,
d’affaires ou communautaires et il a co-présidé des
colloques sur le sujet à Toronto, Vancouver et
Halifax. Il donne aussi des cours trimestriels à la
faculté de droit de l’Université de l’Alberta.
Theodor e de Br uyn
Theodore de Bruyn est consultant en politique de la
santé. De 1994 à 1996, il a été conseiller principal
en matière de politique auprès du Secrétariat
national sur le SIDA, à Santé Canada.
À titre de consultant, Theodore de Bruyn a
travaillé dans les secteurs suivants : le VIH et le
SIDA, la santé mentale, les thérapies
complémentaires et parallèles, et la santé de la
population. Il a écrit sur les questions juridiques et
éthiques reliées au VIH et au SIDA, et il préside le
comité national de révision des normes éthiques du
Réseau canadien d’essais sur le VIH et le SIDA
(Canadian HIV/AIDS Trials Network).
Theodore de Bruyn détient un Ph.D. en théologie
et poursuit un programme de recherche sur l’histoire
des religions. Il participe à la révision des
publications de la Corporation canadienne des
sciences religieuses.
NOTICES BIOGRAPHIQUESDES AUTEURS 121
Frances Picherack
Frances Picherack, BScN, M.Ed, RN, R.Ac, est
présidente des sociétés de consultants F. Picherack
& Associates et Petrine Consulting Inc. Analyste
de politiques, elle est consultante en planification et
en gestion et se spécialise dans l’organisation, le
financement et la réglementation des questions
affectant le résultat, la reddition des comptes et la
confiance publique dans le système de santé. Elle a
participé à la réforme des soins et de la
réglementation en matière de santé avec les
associations provinciales et nationales, les
organismes de réglementation et les gouvernements
de l’Ontario, de l’Alberta et de la ColombieBritannique. Outre la conception de systèmes dans
ce secteur, Mme Picherack a fourni des services de
gouvernance, d’élaboration de politiques, de
planification de programmes et de gestion pour le
compte des parties intéressées, notamment : les
organismes de réglementation, les stratèges
politiques, les associations provinciales et
nationales, les employeurs, les syndicats, les
assureurs, les bureaux des protecteurs du citoyen, les
professionnels de la santé et le public, en ce qui a
trait aux mécanismes spécifiques de réglementation
et aux problèmes afférents.
Mme Picherack s’est occupée abondamment de
conception, de mise en œuvre et de gestion du
changement dans les secteurs suivants : éléments
essentiels ou mécanismes de la réglementation
courante des professions de la santé, étendue de la
pratique, protection des titres, conditions d’entrée
dans la pratique, normes de pratique, programmes
de maintien de la compétence, codes de
déontologie, contrôle, restriction et réservation des
actes, plaintes et procédures disciplinaires,
résolution parallèle des conflits à la suite de plaintes
concernant les membres inscrits ou les modalités de
fonctionnement des collèges ou associations.Mme
Picherack est professeure adjointe à la faculté de
nursing de l’Université de l’Alberta.
Douglas T ataryn
Le Dr Douglas Tataryn est professeur adjoint en
sciences de la santé et en médecine familiale à la
faculté de médecine de l’Université du Manitoba.
Avant de quitter l’enseignement pour la pratique
122 Perspectives on Complementary and Alternative Health Care
privée en psychologie clinique, le Dr Tataryn a été à
la fois professeur adjoint à la faculté de nursing et
psychologue à la clinique de recherche de Cancer
Care Manitoba (CCM; auparavant Manitoba
Cancer Treatment and Research Foundation). Le
Dr Tataryn avait aussi occupé pendant cinq ans un
poste post-doctoral au Centre manitobain
d’élaboration et d’évaluation des politiques, qui l’a
mené à la rédaction de plusieurs rapports
exemplaires sur la santé mentale et l’exploitation
médicale de la population du Manitoba, et à la
réception d’un fellowship post-doctoral de l’Institut
national du cancer du Canada pour étudier les
déterminants psychosociaux de la santé et du bienêtre chez les patients cancéreux. L’intérêt premier
du Dr Tataryn en matière de recherche porte sur la
médecine psychosomatique, notamment sur la
compréhension du rôle du stress et des facteurs
psychologiques dans l’étiologie et la progression des
maladies chroniques et sur les aspects théoriques de
la médecine parallèle et complémentaire. Le Dr
Tataryn a aussi aidé à mettre au point le programme
du CMM sur les « approches psychosomatiques de
relaxation » pour les personnes qui ont un cancer
ou une autre maladie chronique. Il siège à plusieurs
comités consultatifs, nationaux et locaux, en
matière de santé et a donné plusieurs conférences
sur les questions courantes en matière de médecine
parallèle et complémentaire au Canada et à
l’étranger.
Sally Thor ne
La Dre Sally Thorne est professeure à l’école de
nursing de l’Université de la Colombie-Britannique
et professeure adjointe à l’Institut de recherche sur
la promotion de la santé. Elle est l’auteure de
Negotiating Health Care: The Social Context of
Chronic Illness (Sage, 1993) et co-rédactrice de
Nursing Praxis: Knowledge and Action (Sage, 1997).
Par ailleurs, elle a rédigé de nombreux articles et
chapitres traitant de la portée de la prestation des
services de santé sur les maladies chroniques et
l’expérience du cancer. La Dre Thorne fait partie du
conseil des fiduciaires de la British Columbia Cancer
Agency, du comité permanent des fiduciaires de
l’Association canadienne des organismes
provinciaux de lutte au cancer ainsi que du groupe
consultatif de Santé Canada sur les soins de santé
complémentaires et parallèles.
Marja Verhoef
La Dre Marja Verhoef est professeure adjointe au
département des sciences de la santé
communautaire et de médecine à l’Université de
Calgary. Elle a une maîtrise en sociologie et un
doctorat en épidémiologie. La Dre Verhoef est aussi
directrice de l’Alberta Consultative Health
Research Network, financé par l’Alberta Heritage
Foundation pour la recherche médicale. Ce réseau a
pour objet d’établir la capacité de recherche de la
province en matière de santé. Les recherches du
Dre Verhoef portent, entre autres sujets, sur le
recours aux thérapies complémentaires chez diverses
populations (modèles, déterminants, raisons et
croyances), sur la communication patient-médecin
au sujet des thérapies complémentaires, sur les
opinions et les comportements des médecins
(formation, consultation et pratique) et sur les
perspectives des praticiens des thérapies
complémentaires concernant le soin des patients.
Dre Verhoef enseigne les méthodes de recherche
aux étudiants des grades supérieurs. Elle s’intéresse
vivement à la combinaison des aspects quantitatifs
et qualitatifs de la recherche.
NOTICES B IOGRAPHIQUES
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