Souvenirs de mes voyages de randonneuse Gravir une montagne, c

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Souvenirs de mes voyages de randonneuse Gravir une montagne, c
Souvenirs de mes voyages de randonneuse
Gravir une montagne, c’est se rapprocher du ciel en passant par des chemins terrestres.
Plus je monte, plus mon point de vue se renouvelle et plus je me sens branchée avec
l’univers. Je prends conscience que l’homme est minuscule et que la planète est immense.
J’admire les strates de couleurs des rochers qui révèlent l’âge de la terre. En altitude, la
route est longue, les défis sont éprouvants mais de belles surprises de la nature se
retrouvent aussi sur mon passage. Des chutes, des grottes, des pétroglyphes et tant
d’autres découvertes fascinantes. La persévérance est de mise pour atteindre l’objectif et
il faut souvent un dernier coup de cœur pour arriver au sommet.
Sur le piédestal de la montagne, le sentiment d’accomplissement personnel s’estompe
rapidement. Dans un moment de plénitude, je m’arrête pour contempler cette majestueuse
terre. Sur celle qui m’accueille et me nourrit, c’est une vue d’ensemble sur mon habitat
naturel. Un coup de vent, un vertige et la magie opère…je sens sa présence et je me
promets d’agir pour l’environnement. Je reste là-haut le temps d’apprécier ce sentiment
de paix et de grand mystère de la vie. J’emmagasine les formes, les couleurs et
l’ambiance. Je veux imprégner tout mon être de ce sentiment de grandeur.
Le temps est venu de redescendre. Je suis revitalisée et reconnaissante. Je rapporte dans
ce bas monde tous mes précieux moments. Je sais maintenant que je peux atteindre
certains sommets. Les montagnes ne sont plus quelque chose de lointain mais des lieux
accessibles pour se ressourcer. Mes randonnées en montagnes dans l’ouest Américain et
Canadiens et celles de la Corse m’ont inspirées cette catégorie de paysages renouvelés, et
surtout elles m’ont apportées la sérénité. La délicate ligne noire dans mes tableaux est ma
signature d’artiste qui, par un sorte de calligraphie zen, dessine la fragilité de l’être
humain sur la planète.
Je ne reproduis pas une photo, je peins avec mes souvenirs et mon cœur. Je réinvente ces
lieux inusités avec ce qu’il me reste de sensations et de souvenirs visuels. Je circule dans
l’image et je sculpte les rochers avec ma spatule, je module les bruns jusqu’au gris bleu
de la profondeur, c’est presque virtuel. Tout le monde dans mes tableaux gravis des
échelons, moi y compris. À chacun sa quête.
Manon Marchand