III. Les principales maladies du cochon d`Inde
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III. Les principales maladies du cochon d`Inde
VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON Année 2012 - Thèse n°057 GUIDE PRATIQUE DE MEDECINE DES PRINCIPAUX NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PRESENTES EN CONSULTATION : LAPIN, FURET, COCHON D’INDE ET RAT THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 27 novembre 2012 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par SANROMAN Elodie Née le 09 mai 1986 à LYON 3ème (69) 2 3 4 Remerciements A Monsieur le Professeur Michel FAURE, De la Faculté de Médecine de Lyon, Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse, Hommages respectueux. A Monsieur le Docteur Didier PIN, De Vetagro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, Qui m’a fait l’honneur d’encadrer ce travail qui me tenait à cœur, Pour son implication, sa compétence, ses précieux conseils, sa disponibilité et sa sympathie, Qu’il trouve ici le témoignage de mon estime et de ma reconnaissance. A Monsieur le Professeur Gilles BOURDOISEAU, De Vetagro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, Qui nous a fait l’honneur de juger notre travail et de faire partie de notre jury de thèse, Pour sa compétence et sa disponibilité, Qu’il trouve ici l’expression de mes sincères remerciements. A Monsieur le Docteur Charly PIGNON, Du Service NAC de l’Ecole Vétérinaire d’Alfort, Qui m’a fait l’honneur d’être membre invité de ce jury de thèse, Pour m’avoir fait découvrir les possibilités immenses de la médecine des NAC, Pour ses enseignements, ses conseils, sa disponibilité et sa sympathie, Qu’il trouve ici l’expression de mes sincères remerciements. A Monsieur le Docteur Minh HUYNH, à Madame le Docteur Laëtitia VOLAIT et à Madame le Docteur Isabelle DESPREZ, Du Service NAC de l’Ecole Vétérinaire d’Alfort, Pour votre accueil au sein du Service NAC, pour votre pédagogie et vos enseignements, pour votre patience, votre disponibilité et votre confiance. Sincères remerciements. A Madame le Docteur Pauline CAMUS et à Madame le Docteur Mathilde LAMAGERE, Du Service NAC et Faune Sauvage de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse, Pour votre accueil au sein du Service NAC et Faune Sauvage, pour votre pédagogie et vos enseignements, pour votre patience, votre disponibilité, et votre confiance. Sincères remerciements. 5 A mes parents, Pour m’avoir toujours soutenue et encouragée dans mes choix, pour avoir été fiers de moi, c’est grâce à vous qu’aujourd’hui je réalise ma vocation d’enfant. La vie est ainsi faite que notre famille a traversé beaucoup d’épreuves mais je suis heureuse d’être si proche de chacun de vous, je vous aime. A mes frères, Jérémy et Jonathan, Pour nos jeux et nos chamailleries, pour nos instants complices et parce qu’on est tous les trois différents et en même temps si proches, je serai toujours là pour vous mes frérots, je vous aime. A ma mamie et à mon papi, Pour l’affection que vous nous portez, pour ces souvenirs d’enfance avec vous, pour les vacances à Argelès, pour cette année de prépa où ma deuxième maison était la votre, pour vos encouragements, je tiens tellement à vous. A mon papi Yayo, Pour ton caractère fort qui s’adoucit avec le temps, pour ces fous-rires chaque fois que tu empoignais guitare et sombréro pour nous chanter « une petite chanson », je tiens beaucoup à toi. A Elise, Pour ta gentillesse, ta douceur et ta joie de vivre, pour l’amour que tu portes à mon père, soit la bienvenue dans ma famille. A mes oncles, tantes, cousins et cousines, Pour ces barbecues au bord de l’eau au parc de Miribel quand nous étions petits, pour tous ces bons moments passés en famille et ceux à venir, merci ! A mon tonton José et à mon cousin Franck, vous nous avez quittés trop tôt, je pense à vous. A la famille de Maxime, Pour m’avoir accueillie si chaleureusement parmi vous et pour tous ces agréables moments passés ensemble. A l’arrivée de Loïc et de tous ces petits bouts de choux qui viennent agrandir la famille. A mes amis d’enfance, du lycée et de la prépa, Pour tous ces souvenirs partagés et parce que l’amitié est une chose précieuse, vous comptez énormément pour moi. A mes amis vétos, Pour ces années inoubliables… qui sont passées trop vite, mais qui m’ont permis de vous connaître et d’apprécier chaque moment. Sans vous, rien ne serait pareil. J’espère vous revoir tous aussi souvent que possible. Un souhait pour l’avenir : que l’amitié que j’ai avec chacun de vous, des débuts ou plus récente, perdure encore longtemps ! A Maxime, Pour ta présence, ton aide et ton soutien pendant ces mois de thèse, et parce qu’on pourrait presque croire que tu t’es coupé le doigt pour rester à la maison avec moi, Parce que tu m’accompagnes dans chacun de mes choix et que tu m’as appris à avoir confiance, Parce que tu es le pilier qui m’a permis de surmonter les épreuves difficiles, Parce qu’au bout de 5ans bientôt, tu acceptes enfin de plier tes chaussettes « à ma façon », Parce qu’il nous arrive toujours aussi souvent de dire les mêmes choses, Parce qu’on se complète parfaitement et qu’avec toi, la vie est plus belle chaque jour, Parce que c’est TOI, Je t’aime. 6 Table des matières Tables des figures .................................................................................................................................. 13 Table des tableaux ................................................................................................................................. 15 Table des encadrés................................................................................................................................. 16 Liste des abréviations ............................................................................................................................ 17 Introduction ........................................................................................................................................... 19 Explications préliminaires ..................................................................................................................... 21 I. Choix des espèces présentées dans ce guide ............................................................................ 21 II. Elaboration du guide pratique .................................................................................................. 22 PARTIE A : LE LAPIN ........................................................................................................................ 25 I. Présentation de l’espèce ........................................................................................................... 26 A. Particularités anatomiques et physiologiques ...................................................................... 26 B. Mode de vie, conditions d’entretien ..................................................................................... 28 C. Contention ............................................................................................................................ 29 D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter ...................................................... 31 II. Normes biologiques.................................................................................................................. 32 A. Normes physiologiques ........................................................................................................ 32 B. Normes hématologiques....................................................................................................... 32 C. Normes biochimiques .......................................................................................................... 33 D. Analyse d’urine .................................................................................................................... 33 III. Vaccination du lapin de compagnie ..................................................................................... 33 IV. Les principales maladies du lapin de compagnie ................................................................. 35 A. Classification étiologique..................................................................................................... 35 B. Classification clinique par type d’organe affecté ................................................................. 37 C. Les maladies du lapin........................................................................................................... 40 1. Affections de l’appareil respiratoire .............................................................................. 40 a. Pasteurellose .............................................................................................................. 40 b. Syndrome respiratoire du lapin ................................................................................. 43 c. Myxomatose .............................................................................................................. 44 2. Affections de l’appareil digestif .................................................................................... 44 a. Malocclusions et abcès dentaires............................................................................... 44 b. Les entérites bactériennes .......................................................................................... 48 c. Coccidiose ................................................................................................................. 51 d. Maladie virale hémorragique du lapin ....................................................................... 53 e. Syndrome “arrêt du transit” ....................................................................................... 54 f. Accumulation de caecotrophes .................................................................................. 56 7 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes .......................................... 58 a. Myxomatose .............................................................................................................. 58 b. Syphilis ou tréponématose......................................................................................... 59 c. Pyodermites ............................................................................................................... 61 d. Abcès sous-cutanés.................................................................................................... 63 e. Dermatophytose......................................................................................................... 64 f. Cheyletiellose ............................................................................................................ 67 g. Gale auriculaire ......................................................................................................... 68 h. Myiase ....................................................................................................................... 70 i. Pododermatite ulcérative ............................................................................................... 72 4. Affections de l’appareil urinaire .................................................................................... 74 a. Encéphalitozoonose ................................................................................................... 74 b. Hypercalciurie, boue vésicale et urolithiase .............................................................. 75 5. Affections de l’appareil génital ..................................................................................... 78 a. Tréponématose ou Syphilis ....................................................................................... 78 b. Adénocarcinome utérin ............................................................................................. 78 c. Pseudogestation ......................................................................................................... 79 6. Affections oculaires ....................................................................................................... 80 a. Myxomatose .............................................................................................................. 80 b. Encéphalitozoonose ................................................................................................... 80 c. Dacryocystite ............................................................................................................. 80 d. Membrane conjonctivale épicornéenne ou syndrome occlusif cornéen .................... 83 7. Affections des organes lymphoïdes secondaires ........................................................... 84 a. 8. Tumeurs du thymus et syndrome de la veine cave crâniale ...................................... 84 Affections nerveuses ..................................................................................................... 86 a. Encéphalitozoonose ................................................................................................... 86 PARTIE B : LE FURET ........................................................................................................................ 91 I. Présentation de l’espèce ........................................................................................................... 92 A. Particularités anatomiques et physiologiques ...................................................................... 92 B. Mode de vie, conditions d’entretien ..................................................................................... 93 C. Contention ............................................................................................................................ 94 D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter ...................................................... 95 II. Normes biologiques.................................................................................................................. 97 A. Normes physiologiques ........................................................................................................ 97 B. Normes hématologiques....................................................................................................... 97 C. Normes biochimiques .......................................................................................................... 98 D. Analyse d’urine .................................................................................................................... 98 8 III. Vaccination du furet de compagnie ..................................................................................... 98 IV. Les principales maladies du furet....................................................................................... 101 A. Classification étiologique................................................................................................... 101 B. Classification clinique par type d’organe affecté ............................................................... 103 C. Les maladies du furet ......................................................................................................... 105 1. Affections de l’appareil respiratoire ............................................................................ 105 a. Maladie de Carré ..................................................................................................... 105 b. Grippe ...................................................................................................................... 108 2. Affections de l’appareil cardiovasculaire .................................................................... 110 a. Cardiomyopathie dilatée.......................................................................................... 110 b. Maladie valvulaire dégénérative.............................................................................. 114 3. Affections de l’appareil digestif .................................................................................. 115 a. Obstruction gastro-intestinale par corps étranger .................................................... 115 b. Entérite catarrhale épizootique ................................................................................ 117 c. Gastrite et ulcères gastro-intestinaux à Helicobacter mustelae ............................... 120 d. Maladie inflammatoire gastro-intestinale ................................................................ 122 4. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes ........................................ 124 a. Otodectose ............................................................................................................... 124 b. Tumeurs cutanées .................................................................................................... 126 c. Maladie surrénalienne ............................................................................................. 127 d. Hyperœstrogénisme ................................................................................................. 127 e. Maladie de Carré ..................................................................................................... 127 5. Affections endocriniennes ........................................................................................... 127 a. Insulinome ............................................................................................................... 127 b. Maladie surrénalienne ............................................................................................. 131 6. Affections de l’appareil urogénital .............................................................................. 137 a. Hyperœstrogénisme ................................................................................................. 137 b. Obstruction du bas appareil urinaire........................................................................ 140 7. Affections nerveuses ................................................................................................... 140 a. Maladie de Carré ..................................................................................................... 140 b. Maladie aléoutienne................................................................................................. 140 8. Affections du système hémolymphatique.................................................................... 143 a. Lymphome............................................................................................................... 143 PARTIE C : LE COCHON D’INDE ................................................................................................... 149 I. Présentation de l’espèce ......................................................................................................... 150 A. Particularités anatomiques et physiologiques .................................................................... 150 B. Mode de vie, conditions d’entretien ................................................................................... 151 9 C. Contention .......................................................................................................................... 152 D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter .................................................... 152 II. Normes biologiques................................................................................................................ 154 A. Normes physiologiques ...................................................................................................... 154 B. Normes hématologiques..................................................................................................... 154 C. Normes biochimiques ........................................................................................................ 155 D. Analyse d’urine .................................................................................................................. 155 III. Les principales maladies du cochon d’Inde ....................................................................... 156 A. Classification étiologique................................................................................................... 156 B. Classification clinique par type d’organe affecté ............................................................... 157 C. Les maladies du cochon d’Inde .......................................................................................... 160 1. Affections de l’appareil respiratoire ............................................................................ 160 a. 2. Pneumonie bactérienne............................................................................................ 160 Affections de l’appareil digestif .................................................................................. 162 a. Malocclusion dentaire ............................................................................................. 162 b. La maladie de Tyzzer .............................................................................................. 165 c. Entérite et entérotoxémie d’origine iatrogène ......................................................... 166 d. Hypomotilité et stase gastro-intestinales ................................................................. 167 e. Dilatation et torsion de l’estomac ............................................................................ 170 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes ........................................ 173 a. Pyodermites, abcès sous-cutanés et lymphadénite cervicale ................................... 173 b. Dermatophytose ou teigne ....................................................................................... 176 c. Trixacariose ou gale à Trixacarus caviae ................................................................ 178 d. Trichofolliculome .................................................................................................... 180 e. Pododermatite ulcérative ......................................................................................... 181 f. Hypovitaminose C ................................................................................................... 183 g. Maladie kystique ovarienne ..................................................................................... 183 4. Affections de l’appareil urinaire .................................................................................. 184 a. 5. Urolithiase ............................................................................................................... 184 Affections de l’appareil génital ................................................................................... 186 a. 6. Maladie kystique ovarienne ..................................................................................... 186 Affections oculaires ..................................................................................................... 188 a. Hypovitaminose C ................................................................................................... 188 b. Conjonctivite granulomateuse à inclusions ............................................................. 188 c. Métaplasie osseuse du corps ciliaire........................................................................ 189 7. Affections métaboliques .............................................................................................. 190 a. Hypovitaminose C ................................................................................................... 190 10 PARTIE D : LE RAT .......................................................................................................................... 195 I. Présentation de l’espèce ......................................................................................................... 196 A. Particularités anatomiques et physiologiques .................................................................... 196 B. Mode de vie, conditions d’entretien ................................................................................... 197 C. Contention .......................................................................................................................... 198 D. Réalisation de prélèvement sanguin, pose de cathéter ....................................................... 198 II. Normes biologiques................................................................................................................ 199 A. Normes physiologiques ...................................................................................................... 199 B. Normes hématologiques..................................................................................................... 199 C. Normes biochimiques ........................................................................................................ 200 D. Analyse d’urine .................................................................................................................. 200 III. Les principales maladies du rat .......................................................................................... 201 A. Classification étiologique................................................................................................... 201 B. Classification clinique par type d’organe affecté ............................................................... 202 C. Les maladies du rat ............................................................................................................ 204 1. Affections de l’appareil respiratoire ............................................................................ 204 a. Maladie respiratoire chronique ................................................................................ 204 b. Sialodacryoadénite virale ........................................................................................ 208 2. Affections de l’appareil digestif .................................................................................. 209 a. Malocclusion dentaire ............................................................................................. 209 b. Sialodacryoadénite virale ........................................................................................ 211 c. Maladie de Tyzzer ................................................................................................... 211 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles et/ou des pattes .................................... 212 a. Gale notoedrique et Pseudogale à Radfordia ensifera............................................. 212 b. Pododermatite ulcérative ......................................................................................... 214 c. Nécrose de la queue ................................................................................................. 215 4. Affections de l’appareil urinaire .................................................................................. 216 a. 5. Insuffisance rénale chronique .................................................................................. 216 Affections de l’appareil génital ................................................................................... 218 a. 6. Tumeurs mammaires ............................................................................................... 218 Affections oculaires ..................................................................................................... 221 a. 7. Sialodacryoadénite virale ........................................................................................ 221 Affections nerveuses ................................................................................................... 221 a. Adénome de la glande pituitaire .............................................................................. 221 b. Radiculoneuropathie ................................................................................................ 223 Conclusion ........................................................................................................................................... 225 Bibliographie ....................................................................................................................................... 227 11 Annexe 1 : Notice du vaccin Nobivac® Myxo-RHD.......................................................................... 237 Annexe 2 : Récapitulatif des molécules les plus utilisées chez le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat......................................................................................................................................................... 238 12 Tables des figures Figure 1 : Sexage du lapin adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle. ..................................................................... 28 Figure 2 : La contention « en C » .......................................................................................................... 30 Figure 3 : La contention à l’aide d’une serviette, façon « burrito ». ..................................................... 30 Figure 4 : Pose de cathéter intraveineux à la veine marginale latérale de l’oreille (l’artère centrale est visible dans la limite de la zone de tonte).............................................................................................. 31 Figure 5 : Pose de cathéter intraosseux au niveau de la crête tibiale..................................................... 31 Figure 6 : Lapin suspect de pasteurellose présentant un épiphora et un jetage nasal sévères avec souillures de la face interne des membres antérieurs. ........................................................................... 41 Figure 7 : Malocclusion des incisives chez un lapin prognathe ............................................................ 44 Figure 8 : Visualisation endoscopique de malocclusion des dents jugales avec formation de pointes dentaires chez le lapin ........................................................................................................................... 45 Figure 9 : Images d’abcès faciaux d’origine dentaire chez deux lapins ................................................ 45 Figure 10 : Examen bucco-dentaire du lapin ......................................................................................... 46 Figure 11 : Radiographies de profil de la tête chez deux lapins atteints de malocclusion dentaire. ..... 47 Figure 12 : Les causes de non ingestion des caecotrophes .................................................................... 57 Figure 13 : Signes cliniques de myxomatose chez un lapin .................................................................. 59 Figure 14 : Lésions de syphilis sur la face (a) et la vulve (b) d’une lapine ........................................... 60 Figure 15 : Lésions de teigne chez un lapin .......................................................................................... 65 Figure 16 : Trichogramme de poil teigneux chez un lapin (microscope x400) ..................................... 66 Figure 17 : Cheyletiella parasitovorax. ................................................................................................. 67 Figure 18 : Squames blanchâtres en grandes quantités sur le dos d’un lapin atteint de Cheyletiellose. Des crottes de puces (grains noirs) sont également visibles.................................................................. 68 Figure 19 : Psoroptes cuniculi (microscope x50).................................................................................. 69 Figure 20 : Gale auriculaire à Psoroptes cuniculi chez un lapin ........................................................... 69 Figure 21 : Pododermatite ulcérative bilatérale sur les postérieurs d’un lapin : la patte tenue dans les doigts de l’examinateur présente alopécie et érythème, l’autre présente en plus une zone d’ulcération (flèche blanche). .................................................................................................................................... 73 Figure 22 : Le cercle vicieux d’auto-aggravation de la pododermatite ulcérative chez le lapin. .......... 73 Figure 23 : Illustration des affections urinaires chez le lapin par quelques radiographies abdominales77 Figure 24 : Dacryocystite chez un lapin. ............................................................................................... 81 Figure 25 : Membrane conjonctivale épicornéenne chez un lapin. ....................................................... 83 Figure 26 : Syndrome vestibulaire chez un lapin suspect d’encéphalitozoonose .................................. 87 Figure 27 : Lésion cicatricielle de rupture du cristallin chez un lapin ayant présenté une encéphalitozoonose avec association de signes neurologiques et oculaires .......................................... 88 Figure 28 : Sexage du furet adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle ..................................................................... 93 Figure 29 : Contention du furet d’une main sous le thorax de l’animal ................................................ 94 Figure 30 : La contention du furet par la peau du cou........................................................................... 95 Figure 31 : Prise de sang à la veine cave crâniale sous anesthésie flash gazeuse chez un furet............ 96 Figure 32 : Pose de cathéter à la veine céphalique chez le furet. .......................................................... 96 Figure 33 : Otodectes cynotis adulte (microscope x200).. .................................................................. 125 Figure 34 : Nodule pancréatique observé chez un furet de 8 ans au cours d’une laparotomie exploratrice (flèche). ........................................................................................................................... 130 Figure 35 : Signes cutanés de maladie surrénalienne chez le furet. a) Alopécie de la queue chez une femelle. b) Alopécie plus diffuse, bilatérale et symétrique chez une femelle ..................................... 132 Figure 36 : Œdème vulvaire marqué chez une furette stérilisée atteinte de maladie surrénalienne. Noter l’alopécie diffuse visible sur la queue et le ventre de l’animal ........................................................... 133 Figure 37 : Le sexage du cochon d’Inde adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle ............................................... 151 13 Figure 38 : Contention du cochon d’Inde. ........................................................................................... 152 Figure 39 : Prise de sang à la veine cave crâniale sous anesthésie flash gazeuse chez un cochon d’Inde.. ................................................................................................................................................ 153 Figure 40 : Examen endoscopique de la cavité buccale d’un cochon d’Inde présentant une malocclusion des dents jugales avancée .............................................................................................. 163 Figure 41 : Malocclusion des incisives (usure en biseau) chez un cochon d’Inde, associée à un léger jetage nasal (croûtes jaunes autour des narines) et à un ptyalisme excessif souillant le menton de l’animal................................................................................................................................................ 163 Figure 42 : Dilatation gastrique et intestinale (notamment au niveau du caecum) sévère chez un cochon d’Inde. Radiographies abdominales : face (a) et profil droit (b). On note la présence d’une masse compatible avec un bézoard (forme ovoïde bien délimitée) dans l’estomac. ...................................... 169 Figure 43 : Dilatation de l’estomac chez un cochon d’Inde, radiographie abdominale de face (incidence dorso-ventrale). .................................................................................................................. 172 Figure 44 : Dilatation-torsion de l’estomac chez un cochon d’Inde, radiographie abdominale de face (incidence dorso-ventrale) ................................................................................................................... 172 Figure 45 : Lésions de teigne sur le museau, la paupière supérieure (a) et sur le membre postérieur gauche (b) chez un cochon d’Inde ....................................................................................................... 176 Figure 46 : Aspect microscopique de Trichophyton mentagrophytes après une culture fongique sur milieu de Sabouraud ............................................................................................................................ 177 Figure 47 : Lésions chroniques de gale à Trixacarus caviae chez trois cochons d’Inde..................... 179 Figure 48 : Trichofolliculome chez un cochon d’Inde mâle (après tonte de la croupe) ...................... 180 Figure 49 : Pododermatite débutante (grade I à II) touchant les coussinets plantaires d’un cochon d’Inde.. ................................................................................................................................................ 182 Figure 50 : Pododermatite de gravité moyenne (grade III) touchant le coussinet palmaire d’un cochon d’Inde.. ................................................................................................................................................ 182 Figure 51 : Radiographie abdominale de profil montrant un volumineux calcul vésical chez un cochon d’Inde.. ................................................................................................................................................ 185 Figure 52 : Métaplasie osseuse du corps ciliaire chez un cochon d’Inde.. .......................................... 190 Figure 53 : Sexage chez le rat adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle ............................................................... 197 Figure 54 : Chromodacryorrhée autour des yeux, abattement et mauvais état général chez un rat présentant une tachypnée..................................................................................................................... 205 Figure 55 : Radiographie thoracique de profil montrant des zones multifocales d’infiltration pulmonaires chez un rat présenté pour difficultés respiratoires chroniques ........................................ 206 Figure 56 : Notoedres muris (a) et lésions de gale notoedrique sur le museau (b) et le pavillon auriculaire (c) chez un rat.. .................................................................................................................. 212 Figure 57 : Radfordia ensifera (a) et lésions de pseudogale (présence de croûtes sur les épaules et la face) chez un rat .................................................................................................................................. 212 Figure 58 : Tumeur mammaire chez une ratte, observée avant et après excision chirurgicale. .......... 219 Figure 59 : Ataxie et parésie des membres postérieurs chez un rat âgé .............................................. 222 Figure 60 : IRM en coupe sagittale de la tête d’un rat montrant la présence d’une tumeur de l’hypophyse (flèche blanche) .............................................................................................................. 222 14 Table des tableaux Tableau 1 : Nombre de consultations (tous services confondus en clinique canine) concernant 9 espèces de NAC mammifères, à VetAgro Sup – Campus Vétérinaire de Lyon sur la période du 1er janvier 2009 au 1er mai 2012, classées par ordre décroissant. ............................................................... 21 Tableau 2 : Les paramètres biologiques de base du lapin. .................................................................... 32 Tableau 3 : Valeurs de références des paramètres hématologiques du lapin. ....................................... 32 Tableau 4 : Valeurs de références des paramètres biochimiques du lapin. ........................................... 33 Tableau 5 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du lapin. .................................................... 33 Tableau 6 : Les protocoles de vaccination du lapin............................................................................... 34 Tableau 7 : Expression clinique, méthodes diagnostiques et traitement général des malocclusions dentaires chez les lagomorphes.. ........................................................................................................... 46 Tableau 8 : Les principales entérites bactériennes du lapin. ................................................................. 50 Tableau 9 : Antibiotiques le plus souvent utilisés dans le cadre du traitement des pyodermites du lapin ............................................................................................................................................................... 62 Tableau 10 : Diagnostic différentiel des signes oculaires pouvant être observés lors de dacryocystite.82 Tableau 11 : Les paramètres biologiques de base du furet. ................................................................... 97 Tableau 12 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du furet. ....................................... 97 Tableau 13 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du furet. ........................................... 98 Tableau 14 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du furet. ................................................... 98 Tableau 15 : Les protocoles de vaccination chez le furet. ..................................................................... 99 Tableau 16 : Définition du stade clinique du lymphome chez le furet en fonction de la localisation anatomique, de la présentation clinique et de la progression de la maladie. ....................................... 144 Tableau 17 : Définition du stade clinique du lymphome chez le furet en fonction de la localisation anatomique. ......................................................................................................................................... 144 Tableau 18 : Les paramètres biologiques de base du cochon d’Inde .................................................. 154 Tableau 19 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du cochon d’Inde. ...................... 154 Tableau 20 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du cochon d’Inde. .......................... 155 Tableau 21 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du cochon d’Inde .................................. 155 Tableau 22 : Molécules utilisées dans le cadre du traitement médical des affections dentaires chez le cochon d’Inde ...................................................................................................................................... 164 Tableau 23 : Affections bactériennes cutanées du cochon d’Inde : aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et pronostiques. ........................................................................................................... 175 Tableau 24 : Les paramètres biologiques de base du rat. .................................................................... 199 Tableau 25 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du rat .......................................... 199 Tableau 26 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du rat.............................................. 200 Tableau 27 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du rat ..................................................... 200 Tableau 28 : Molécules le plus souvent utilisées dans le cadre du traitement médical des affections dentaires du rat. ................................................................................................................................... 210 Tableau 29 : Aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et préventifs de la gale notoedrique et de la pseudogale à Radfordia ensifera chez le rat. ................................................................................... 213 15 Table des encadrés Encadré 1 : Pasteurellose : facteurs favorisants..................................................................................... 40 Encadré 2 : Extraction des incisives chez le lapin.. ............................................................................... 47 Encadré 3 : Traitement des abcès dentaires. .......................................................................................... 48 Encadré 4 : Entérites bactériennes du lapin : facteurs favorisants. ....................................................... 49 Encadré 5 : Coccidiose : facteurs favorisants.. ...................................................................................... 51 Encadré 6 : Différenciation entre accumulation de caecotrophes et diarrhée.. ..................................... 57 Encadré 7 : Facteurs favorisant l’humidité permanente de la peau et le développement bactérien. ..... 61 Encadré 8 : Facteurs favorisant l’apparition de myiase chez le lapin.................................................... 70 Encadré 9 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le lapin ......................... 72 Encadré 10 : Facteurs favorisant le développement d’une affection urinaire chez le lapin.. ................ 75 Encadré 11 : Prise en charge du choc anaphylactique chez le furet.. .................................................. 100 Encadré 12 : Les particularités de la transfusion chez le furet.. .......................................................... 140 Encadré 13 : Facteurs favorisant le développement d’une affection respiratoire chez le cochon d’Inde.. ............................................................................................................................................................. 160 Encadré 14 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le cochon d’Inde.. .... 181 Encadré 15 : Facteurs pouvant favoriser le développement d’une affection urinaire chez le cochon d’Inde.. ................................................................................................................................................ 184 Encadré 16 : Facteurs environnementaux favorisant le développement d’infections respiratoires bactérienne ou virale chez le rat.. ........................................................................................................ 205 Encadré 17 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le rat......................... 214 Encadré 18 : Technique chirurgicale d’exérèse de tumeur mammaire chez le rat.. ............................ 220 16 Liste des abréviations AINS : anti-inflammatoire non stéroïdien AMM : autorisation de mise sur le marché BID : deux fois par jour, soit toutes les 12 heures ELISA : enzyme-liked immunosorbent assay ENVA : école nationale vétérinaire d’Alfort ENVT : école nationale vétérinaire de Toulouse FSH : follicle stimulation hormone, soit hormone folliculo-stimulante GnRH : gonadotropin-releasing hormone, soit gonadolibérine hCG : human chorionic gonadotropin, soit gonadotrophine chorionique humaine ID : intradermique IM : intramusculaire IO : intraosseux IV : intraveineux LH : luteinizing hormone, soit hormone lutéinisante LCR : liquide céphalo-rachidien NAC : nouveaux animaux de compagnie MS : matière sèche PCR : polymerase chain reaction, soit réaction de polymérisation en chaîne PO : per os, par voie orale RPCU : rapport protéines sur créatinine urinaires RT-PCR : retro transcription polymerase chain reaction, soit réaction de polymérisation en chaîne par rétro-transcription SC : sous-cutané SID : une fois par jour, soit toutes les 24 heures TID : trois fois par jour, soit toutes les 8 heures VAS - Campus Vétérinaire de Lyon : VetAgroSup - Campus Vétérinaire de Lyon VHD : viral haemorragic disease, soit maladie virale hémorragique QID : quatre fois par jour, soit toutes les 6 heures 17 18 Introduction Depuis quelques décennies, les nouveaux animaux de compagnie (NAC) occupent une place de plus en plus importante dans l’activité des vétérinaires. La popularité croissante de ces petits animaux a conduit à une augmentation de leur médicalisation. Les propriétaires de NAC sont en effet aujourd’hui très demandeurs d’un accès à des soins vétérinaires de qualité pour leurs compagnons, auxquels les vétérinaires se doivent de répondre. Pour cela, nous proposons un guide pratique de médecine pour les vétérinaires praticiens ou pour les étudiants vétérinaires qui souhaiteraient parfaire leurs connaissances dans ce domaine afin de s’adapter à cette demande. Nous nous sommes concentrés sur quatre petits mammifères : le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat. Après une explication préliminaire, chaque espèce sera abordée successivement. Pour chacune, nous présenterons l’espèce, ses normes biologiques, sa vaccination (lorsqu’elle existe) et surtout les principales maladies qui peuvent l’affecter. Ce travail est en partie illustré de photographies personnelles, réalisées au cours d’une formation complémentaire de plusieurs mois dans ce domaine. 19 20 Explications préliminaires I. Choix des espèces présentées dans ce guide Les espèces de NAC présentées dans ce guide pratique de médecine résultent d’abord d’un choix personnel. Nous souhaitions en effet parler ici des NAC le plus souvent vus en consultation par un vétérinaire, qu’il soit spécialisé ou non. Au cours de nos stages cliniques au sein du campus vétérinaire de Lyon ou en cliniques privées nous avons constaté que les petits mammifères étaient de plus en plus appréciés, notamment le lapin, suivi du furet, du cochon d’Inde et du rat. Cette impression s’est renforcée lors de notre formation complémentaire au sein du Service NAC de l’ENVA et du Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. Afin de confirmer cette tendance, nous avons effectué une recherche sur la base de données informatiques des cliniques du Campus vétérinaire de Lyon (logiciel Clovis). Celleci a consistée, dans un premier temps, à recenser les différentes espèces de petits mammifères présentées au sein des cliniques de VetAgro Sup – Campus Vétérinaire de Lyon, puis à comptabiliser le nombre de consultations (première consultation ou suivis) enregistrées dans la base pour chacune de ces espèces sur la période du 1er janvier 2009 au 1er mai 2012. Les résultats de cette recherche sont présentés dans le tableau 1 et confirment notre hypothèse : les petits mammifères le plus fréquemment présentés au sein des cliniques du campus vétérinaire de Lyon sont par ordre décroissant le lapin, le furet, le rat et le cochon d’Inde. Espèces de NAC mammifères Nombre de consultations et suivis Lapin (Oryctolagus cuniculus) 285 Furet (Mustela putorius furo) 138 Rat (Rattus norvegicus) 101 Cochon d’Inde (Cavia porcellus) 87 Hamster (Mesocricetus auratus) 10 Chinchilla (Chinchilla laniger) 8 Octodon ou Degue du Chili (Octodon degus) 2 Ecureuil de Corée (Tamia sibericus) 2 Souris (Mus musculus) 1 Tableau 1 : Nombre de consultations (tous services confondus en clinique canine) concernant 9 espèces de NAC mammifères, à VetAgro Sup – Campus Vétérinaire de Lyon sur la période du 1er janvier 2009 au 1er mai 2012, classées par ordre décroissant. Remarque : les ventes de produits ou analyses de laboratoires ont été exclues de la recherche. Une recherche similaire menée par Aurélie PLANTE sur le logiciel Clovis de l’ENVA sur la période du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2010 aboutit à la même conclusion : les petits mammifères le plus fréquemment présentés au sein du service NAC de l’ENVA sont par ordre décroissant le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat. (PLANTE A., 2011). 21 II. Elaboration du guide pratique La première étape de l’élaboration de ce guide a été de choisir les notions de médecine qu’il était important, selon nous, de traiter afin de fournir au lecteur les informations essentielles à la pratique de la médecine du lapin, du furet, du cochon d’Inde et du rat. Notre réflexion s’est basée sur les étapes par lesquelles se fait l’apprentissage de la médecine vétérinaire pour d’autres espèces, comme le chien, le chat, les chevaux ou encore les bovins. Dans un premier temps il faut apprendre à connaître l’espèce : son anatomie, sa physiologie, ses normes biologiques, son mode de vie et les conditions d’entretien optimales qu’il faut lui fournir. Puis il faut apprendre comment aborder cette espèce en consultation, comment réaliser un examen clinique, quels sont les gestes techniques de base et quels sont les protocoles de médecine préventive. Dans un dernier temps, vient l’apprentissage des maladies de l’espèce : celles qui sont spécifiques ou très fréquentes, puis celles qui sont plus rares. Notre guide pratique est donc conçu de la façon suivante : - Dans une première partie « Présentation de l’espèce », nous abordons l’anatomie et la physiologie en nous concentrant sur les particularités de l’espèce, puis le mode de vie et les conditions d’entretien idéales (environnement, alimentation) à fournir à l’animal en captivité et, enfin, les techniques de contention et de réalisation des gestes techniques. Nous avons choisi de parler notamment de la pose de cathéter et de la réalisation de prélèvements sanguins car ce sont pour nous des gestes de base qui peuvent présenter quelques spécificités chez les NAC. D’autres gestes, tels que les cytoponctions de masses cutanées, les raclages cutanés, les scotch-tests, les cytoponctions échoguidées ou les cystocentèses, ne sont pas abordés car les techniques de réalisation sont les mêmes que pour les autres mammifères. Certains de ces gestes impliquent, cependant, une connaissance précise de l’anatomie et doivent être réalisés par des personnes possédant les compétences nécessaires. Nous n’abordons pas dans le détail la réalisation de l’examen clinique car celle-ci est identique pour toutes les espèces : examen à distance (d’autant plus essentiel chez les NAC que ce sont des animaux facilement stressés) puis examen rapproché complet. - Dans une deuxième partie « Normes biologiques », nous abordons tous les paramètres de base à connaître pour pratiquer la médecine de ces espèces : normes physiologiques (maturité sexuelle, espérance de vie, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire,…), normes hématologiques, normes biochimiques et paramètres normaux de l’analyse d’urine. Cette partie sera volontairement traitée de façon synthétique sous forme de tableaux afin de permettre au vétérinaire d’accéder rapidement et facilement aux informations dont il pourrait avoir besoin. - Dans une troisième partie « Vaccination » nous abordons les vaccins et les protocoles d’utilisation qui y sont associés pour le lapin et le furet, aucun vaccin n’existant pour les autres NAC de ce guide, en tant qu’animal de compagnie. - Dans une dernière partie « Principales maladies » nous abordons les affections de l’espèce. Nous avons choisi de concevoir dans un premier temps deux classifications : une selon l’étiologie et une selon le type d’organe affecté. Celles-ci sont présentées de façon synthétique sous forme de liste, pour un abord simplifié pour le lecteur, et sont établies à partir des maladies recensées au cours de nos lectures. Nous ne pouvons cependant assurer que cette liste soit exhaustive. Dans un deuxième temps, nous avons décidé de ne traiter que les maladies les plus fréquentes ou les plus spécifiques afin de pouvoir les détailler de la façon la plus complète possible. Celles-ci sont indiquées en gras dans les classifications. Les autres maladies, moins fréquentes, sont citées car nous avons jugé utile de les porter à la 22 connaissance du lecteur. Ces maladies, bien que plus rares, peuvent tout de même être observées, savoir qu’elles existent permet au vétérinaire de les suspecter dans certains cas. Remarque : l’annexe 2 rassemble toutes les données thérapeutiques les plus utilisées chez chacune des quatre espèces de ce guide. La seconde étape de l’élaboration de ce guide a été de choisir le mode de présentation. Deux possibilités s’offraient à nous : une présentation établie par espèce, développant successivement les différentes parties expliquées précédemment, ou une présentation établie à partir des parties définies précédemment, au sein desquelles les quatre espèces de NAC sont successivement développées. Nous avons choisi la première possibilité car cela nous a semblé plus didactique pour l’utilisation de ce guide. 23 24 PARTIE A : LE LAPIN 25 I. Présentation de l’espèce Le lapin domestique, Oryctolagus cuniculus, est un mammifère de l’ordre des Lagomorphes et de la famille des Léporidés. Le lapin est élevé pour la production de viande, de peau et de fourrure, et pour la recherche. C’est également un animal de compagnie de plus en plus populaire. L’évolution de sa place au sein de la société conduit à considérer le lapin en tant qu’individu et donc à une évolution des connaissances sur l’élevage et les maladies de cette espèce. (HARKNESS J.E. and al., 2010 a). A. Particularités anatomiques et physiologiques Généralités : Le lapin possède de longues oreilles : les pavillons auriculaires représentent 12% de la surface du corps et ont un rôle majeur dans la thermorégulation par échange de chaleur, la transpiration étant impossible chez cette espèce. Selon les races, les oreilles sont dressées ou tombantes. Les races à oreilles tombantes présentent une sténose du conduit auditif prédisposant aux otites externes. Le lapin présente au niveau du cou un repli de peau, appelé fanon, qui est beaucoup plus développé chez la femelle. Celui-ci est souvent le siège de dermatite lorsque sa taille est importante ou chez les animaux obèses. (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil cardiovasculaire : Le cœur du lapin est relativement petit et ne représente que 0,3% du poids du corps. Il est situé crânialement dans le thorax, entre la 3ème et la 6ème côte. La valve atrioventriculaire droite est composée de deux cuspides au lieu de trois. La circulation collatérale coronaire est limitée, ce qui prédispose à l’ischémie cardiaque lors de vasoconstriction. Il existe deux veines caves crâniales et les artères pulmonaires sont plus musculeuses. (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil respiratoire et le thymus: Le lapin respire uniquement par le nez : l’épiglotte repose naturellement dorsalement sur le palais mou, reliant étroitement le nasopharynx et le larynx et empêchant ainsi la respiration par la bouche. La cavité thoracique est petite en comparaison de la cavité abdominale et le diaphragme constitue le principal muscle de la respiration. Le thymus peut persister toute la vie. Il se situe crânioventralement au cœur et s’étend jusqu’à l’entrée de la cavité thoracique. (HARKNESS J.E. and al., 2010a), (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil digestif : La formule dentaire du lapin est : 2*(incisives : 2/1, canines : 0/0, prémolaires : 3/2, molaires : 3/3). Les lagomorphes possèdent en effet une deuxième paire d’incisives supérieures, qui sont vestigiales, ce qui les différencie de l’ordre des Rodentia auquel appartiennent les rongeurs. Il existe un espace sans dent entre les incisives et les dents jugales : le diastème. Les dents du lapin sont à croissance continue (hypsodontes): les incisives poussent de 10 à 12 cm/an, toute la vie de l’animal. Les dents jugales ont une croissance plus lente. Une mauvaise coaptation des mâchoires, inférieure et supérieure, une alimentation inadaptée ou une anorexie prolongée peuvent entraîner une malocclusion dentaire par défaut d’usure des tables dentaires. Ce phénomène est courant chez le lapin de compagnie et constitue un motif de consultation fréquent. Le lapin est un herbivore monogastrique. Son système digestif est très développé, notamment l’estomac et le caecum (respectivement 15% et 60% du volume du tractus gastro26 intestinal). L’estomac, en forme de J, est toujours rempli d’aliment. Le cardia est situé au milieu de la petite courbure de l’estomac et son sphincter présente une forte musculature, ce qui empêche tout vomissement. Une étude récente, menée par ROSENTHAL K. and al., a montré, par analyse moléculaire, que la flore gastro-intestinale du lapin est composée de nombreuses espèces d’organismes fongiques (dont Candida sp.) et de bactéries majoritairement anaérobies, dont des Clostridies. Les fermentations microbiennes ont lieu dans le caecum. La flore caecale est essentiellement composée de bactéries Gram positives, l’espèce prédominante étant Bacteroides spp.. L’équilibre de la flore caecale est fragile, tout dérèglement de celui-ci (erreur alimentaire, utilisation de certains antibiotiques PO) peut être fatal. L’anatomie particulière du colon ascendant – notamment le fusus coli, unique chez les Lagomorphes – permet l’émission de deux types de fèces : les crottes dites dures qui sont constituées de fibres indigestibles et les crottes molles ou caecotrophes qui sont constituées d’acides gras volatils, de protéines et de vitamines issues des fermentations bactériennes du caecum. Les crottes dures sont éliminées dans l’environnement, les caecotrophes sont récupérées directement à l’anus et ré-ingérées par le lapin : c’est le comportement de caecotrophie. (HARKNESS J.E. and al., 2010a), (HARCOURT-BROWN F., 2002a), (O’MALLEY B., 2005a), (ROSENTHAL K. and al., 2011). L’appareil oculaire : Un sinus veineux rétrobulbaire est présent chez le lapin. L’engorgement de ces sinus lors de gène au retour veineux peut conduire à une exophtalmie bilatérale. Le canal lacrymal possède un seul point lacrymal, situé au niveau du canthus médial de la paupière inférieure. Le canal présente deux courbures où son diamètre rétrécit (une au niveau des racines des prémolaires maxillaires, une au niveau de la racine de l’incisive supérieure principale), ce qui favorise son obstruction (dacryocystite). (GRAHAM J., MADER D.R., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil musculo-squelettique : Le lapin possède un squelette fragile, qui ne représente que 6 à 8% du poids du corps de l’animal. Il faut donc faire attention lors de la manipulation et de la contention de cet animal chez lequel le risque de fracture ou de luxation vertébrale est élevé. (HARKNESS J.E. and al., 2010a), (GRAHAM J., MADER D.R., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). Les extrémités distales des membres : Le lapin ne possède pas de coussinet mais une peau épaisse sur les surfaces palmaire et plantaire en contact avec le sol. Un mauvais entretien de la litière ou un sol inadapté peut causer de sévères pododermatites, surtout au niveau des métatarses. (HARKNESS J.E. and al., 2010 a), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil urinaire : Les reins du lapin sont unipapillaires. Dans cette espèce, la réabsorption des bicarbonates est moins efficace que chez les autres mammifères, ce qui rend l’urine plus alcaline. Le métabolisme du calcium est moins bien régulé : l’absorption digestive est passive et ne dépend pas du taux de calcium circulant, qui varie donc en fonction de l’apport alimentaire. De plus, l’excrétion du calcium se fait par voie rénale en fonction de sa concentration sérique et l’excrétion fractionnelle du calcium est beaucoup plus élevée (45 à 60% contre moins de 2% chez la plupart des autres mammifères). Il en résulte une forte concentration de calcium dans les urines, sous forme de bicarbonates de calcium qui précipitent et leur donnent un aspect épais et crémeux. La couleur des urines varie naturellement du jaune au rouge (à ne pas confondre avec de l’hématurie) du fait de la présence de certains pigments endogènes, issus des végétaux consommés ou de médicaments. (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). 27 Remarque : un régime alimentaire riche en calcium et en vitamine D peut conduire à des calcifications de l’aorte et des reins. (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). L’appareil reproducteur : La distinction des sexes est aisée chez les animaux adultes (fig.1) : Les mâles ont un fourreau arrondi situé légèrement caudalement aux sacs scrotaux, présents de part et d’autre et dépourvus de poils. Le canal inguinal reste ouvert, les testicules peuvent donc remonter dans la cavité abdominale. Cette particularité est à prendre en compte lors de castration : il est nécessaire de ligaturer la vaginale pour prévenir une hernie inguinale. Les lapins n’ont pas d’os pénien. Les femelles ont une vulve triangulaire avec un orifice en forme de fente. Seules les femelles possèdent des mamelles développées et visibles. L’utérus n’a pas de corps, les deux cornes ont chacune un col et s’abouchent séparément dans le vagin. Cette caractéristique est à prendre en compte lors de césarienne : il faudra pratiquer une incision sur chaque corne pour extraire les lapereaux. (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). Figure 1 : Sexage du lapin adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT (1) et au Service de reproduction de VetAgroSup, Campus Vétérinaire de Lyon (2). B. Mode de vie, conditions d’entretien Le lapin domestique peut vivre en clapier, à l’extérieur, ou dans une cage appropriée, à l’intérieur. Pour le lapin de compagnie vivant en intérieur, la cage doit être placée dans un endroit calme, à distance des fenêtres et des radiateurs. La cage ne doit pas être placée en plein soleil afin d’éviter les coups de chaleur. La température moyenne de la pièce doit être de 16 à 20°C. Les dimensions recommandées pour la cage sont variables : on considère que la surface au sol doit être assez grande pour que le lapin se déplace de trois sauts et qu’elle doit être assez haute pour permettre au lapin de tenir debout sur ses pattes postérieures. Si plusieurs lapins cohabitent, il faudra une cage plus grande. Le lapin peut être élevé en extérieur à condition que le clapier soit à l’abri du vent, des intempéries, des prédateurs et des insectes. Le clapier doit être gardé chaud et sec. Dans ces conditions, le lapin tolère des températures extérieures basses. La litière utilisée est souvent constituée de foin ou de paille, qui doit être changée quotidiennement, et le fond de la cage peut être recouvert de papier journal ou de linoleum. Le lapin choisit en général un endroit de sa cage pour faire ses besoins, il peut donc être entraîné à faire ses besoins dans une litière, ce qui permet de garder la cage propre plus longtemps. (HARKNESS J.E. and al., 2010a), (RICHARDSON V.C.G., 2000a) Concernant son alimentation, le lapin a besoin d’un apport essentiel de fibres dans sa ration. Le régime alimentaire idéal du lapin de compagnie est constitué de foin de bonne 28 qualité distribué à volonté, d’un apport varié de légumes verts et feuillus (bien lavés préalablement) distribués en quantité modérée (environ 200 g/kg) et éventuellement d’un apport de granulés extrudés complets et homogènes avec un taux de fibres élevés (au moins 18% de la MS) en petite quantité (environ 25 g/kg soit une cuillère à soupe/kg) et donnés en une ou deux fois par jour. Si cela est possible, il faut permettre au lapin de consommer des herbes et des plantes fraîches quelques heures par jour. Les mélanges de granulés sont non homogènes et permettent au lapin de trier son alimentation. Ils sont donc à éviter car ils peuvent causer des carences nutritionnelles, de l’obésité ou des troubles digestifs. De petits morceaux de fruits ou de carotte, donnés en petites quantité et occasionnellement, peuvent être utilisés comme friandises et sources d’enrichissement de l’environnement. Les friandises industrielles, le pain, les haricots, les pois, les céréales, les noix au sens large, le chocolat et autres aliments riches en carbohydrates ou en graisses ne doivent pas être donnés. En cas de changement alimentaire, une transition progressive est nécessaire pour permettre l’adaptation de la flore intestinale. Le lapin doit avoir un accès à l’eau fraîche en permanence. Celle-ci peut être donnée en biberon ou en bol et doit être changée quotidiennement. (CAMPBELLWARD M.L., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000a) Exemples de légumes verts feuillus pouvant être apportés dans l’alimentation : salade, endive, cresson, feuilles d’épinard ou de céleri ; brocoli, chou, chou-fleur ; fanes de carottes, de radis ou de betterave ; persil, basilic, coriandre ; pissenlit (feuilles et fleurs), trèfle. (CAMPBELLWARD M.L., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000a) Le lapin est un animal intelligent qui a besoin d’un environnement stimulant. Il est important d’enrichir celui-ci avec de nombreux jeux : sacs en papier, tunnels, balles en plastique ou d’autres jouets pour chats par exemple constituent de très bons divertissements et évitent l’apparition de comportements stéréotypés. Le lapin est également un animal social qui a besoin d’interagir avec ses congénères. Deux lapins élevés ensemble, notamment un mâle et une femelle stérilisés formeront une paire presque inséparable. Le cochon d’Inde, voire le chien ou le chat peuvent aussi être de bons compagnons pour le lapin, cependant les puces des carnivores domestiques sont des vecteurs de la myxomatose et le lapin peut transmettre Bordetella sp. au cochon d’Inde, pour lequel cette bactérie est pathogène. Il n’est donc pas forcément conseillé de faire cohabiter ces espèces. (RICHARDSON V.C.G., 2000a). C. Contention Il est important de réduire au maximum le stress et de limiter le risque de blessure lors du transport ou de l’examen clinique de l’animal. Pour cela, le soutien du train-arrière est essentiel. Différentes méthodes de contention sont possibles, en voici quelques exemples : - La contention « en C » (fig.2): le lapin est placé contre la personne qui le transporte, une main soutient le thorax pendant que l’autre maintient les lombes. Cette position permet également un examen de la région ventrale, de la face inférieure des membres et la prise de température. - Les animaux très stressés peuvent être portés contre soi, la tête cachée sous le bras, tout en maintenant les lombes. - L’utilisation d’une serviette : placer l’animal sur une serviette pour éviter qu’il ne glisse et se blesse lors de l’examen clinique. Pour réaliser un examen bucco-dentaire sur animal vigile ou tout simplement si aucun aide n’est présent, il est possible d’enrouler l’animal dans une serviette, façon « burrito » (fig.3), pour faciliter l’examen ou l’administration de médicaments. (GRAHAM J., MADER D.R., 2012) 29 Remarque : Attention, il ne faut jamais soulever ni contenir un lapin par les oreilles. (HARKNESS J.E. and coll., 2010a) Figure 2 : La contention « en C ». Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. Figure 3 : La contention à l’aide d’une serviette, façon « burrito ». Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. 30 D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter Chez le lapin, le prélèvement sanguin se réalise idéalement à la veine saphène latérale. Si l’animal est suffisamment gros, la veine céphalique peut être utilisée. La veine jugulaire et la veine cave crâniale sont d’autres sites de prélèvement possibles, notamment si des quantités assez importantes de sang doivent être prélevées. Elles nécessitent cependant une anesthésie flash gazeuse, sauf si l’animal est très calme. En revanche les veines marginales et l’artère centrale de l’oreille ne doivent pas être utilisées car il y a des risques de thrombose et de nécrose des tissus. (GRAHAM J., MADER D.R., 2012), (JOSLIN J.O., 2009). Les sites de pose de cathéter intraveineux sont la veine céphalique, la veine saphène latérale. Pour les même raisons que précédemment, l’artère centrale de l’oreille ne doit pas être utilisée et la pose de cathéter aux veines marginales de l’oreille est à éviter, surtout chez les races naines. Nous avons cependant souvent vu utiliser en pratique les veines marginales de l’oreille (latérale surtout et médiale) sans aucune complication (fig.4). Si l’accès veineux est impossible (choc, déshydratation), on peut recourir à la pose d’un cathéter intraosseux au niveau du grand trochanter de l’humérus ou de la crête tibiale (fig.5). Cette technique nécessite le respect d’une asepsie rigoureuse pour éviter une ostéomyélite. La vérification du placement du cathéter se fait par la réalisation de radiographies en vue latérale et crâniocaudale du membre. L’idéal est de repasser à un cathéter intraveineux aussi tôt que possible. Dans tous les cas, le cathéter intraosseux ne doit pas rester en place plus de 72 heures. (GRAHAM J., MADER D.R., 2012), (LENNOX A.M., 2008). Figure 4 : Pose de cathéter intraveineux à la veine marginale latérale de l’oreille (l’artère centrale est visible dans la limite de la zone de tonte). Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. Figure 5 : Pose de cathéter intraosseux au niveau de la crête tibiale. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. 31 II. Normes biologiques A. Normes physiologiques Durée de vie moyenne (ans) Poids moyen (kg) 7 – 10 (jusqu’à 15 ans) Durée de gestation (jours) Taille moyenne des portées (nombre de lapereaux) Age de sevrage (semaines) Consommation de nourriture (g/kg/j) Consommation d’eau (ml/kg/j) 1,5 – 5 1,5 – 6 6 – 10 4–9 29 – 35 4 – 10 4–6 50 50 – 100 Fréquence cardiaque (battements par minute) Fréquence respiratoire (mouvements par minute) Température rectale (°C) 180 – 250 30 – 60 38,5 – 40 Maturité sexuelle (mois) Mâle Femelle Mâle Femelle Tableau 2 : Les paramètres biologiques de base du lapin (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (VELLA D., DONNELLY T.M., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). B. Normes hématologiques Hématies Réticulocytes Hémoglobine Hématocrite VGM TGMH CCMH Leucocytes PNN Lymphocytes Monocytes PNE PNB Plaquettes Valeurs usuelles 4–8 2–4 8 – 17,5 30 – 50 58 – 75 17,5 – 23,5 29 – 37 5 – 12 35 – 55 25 – 60 2 – 10 0–5 2–8 290 – 650 Unité 106/mm3 % g/dL % fL pg g/dL 103/mm3 % % % % % 3 10 /mm3 Tableau 3 : Valeurs de références des paramètres hématologiques du lapin (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). 32 C. Normes biochimiques Urée Créatinine PAL ALAT ASAT Amylase Glucose Protéines totales Albumine Globuline Calcium Phosphore Sodium Potassium Chlore Bicarbonates Valeurs usuelles 15 - 50 0,5 – 2,6 4 - 70 14 - 80 14 - 113 200 - 500 75 - 150 5,4 - 7,5 2,5 – 5 1,5 – 3,5 8 – 14 ,8 2,3 - 6,9 138 - 155 3,5 - 7 92 - 112 16,2 – 31,8 Unité mg/dL mg/dL UI/L UI/L UI/L UI/L mg/dL g/dL g/dL g/dL mg/dL mg/dL mEq/L mEq/L mEq/L mEq/L Tableau 4 : Valeurs de références des paramètres biochimiques du lapin (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). D. Analyse d’urine Valeurs usuelles Volume d’urine (ml/kg/j) Densité pH RPCU Culot urinaire 130 (20 – 350) 1,003 – 1,036 8,2 (7,7 – 9,6) 0,11 – 0,47 • Cristaux en grande quantité: phosphates ammoniaco-magnésiens, carbonates de calcium monohydratés, carbonates de calcium anhydres, • Présence de débris, cellules épithéliales, bactéries : absent à rare, • Présence de leucocytes ou hématies : occasionnelle. Tableau 5 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du lapin (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (GRAHAM J., MADER D.R., 2012), (O’MALLEY B., 2005a). III. Vaccination du lapin de compagnie La vaccination du lapin de compagnie se fait contre deux maladies graves : la myxomatose et la maladie virale hémorragique (VHD) (ces maladies sont détaillées dans la partie IV.). Seuls les animaux en bonne santé et les femelles non gestantes peuvent être vaccinés. (TESSIER E., 2011). En France, plusieurs vaccins sont commercialisés. Les vaccins contre la myxomatose sont fabriqués à partir du virus atténué : le Dervaximyxo® SG33, le Lyomyxovax® et le Dercunimix®. Les vaccins contre la VHD sont fabriqués à partir du virus inactivé : le Dercunimix®, le Cunical®, le Castorex®, le Lapimune® et le Lapinject®. Ces vaccins sont tous proposés en flacons multidoses et se conservent très peu de temps après ouverture, ils ne sont donc pas toujours pratique à utiliser dans le cadre de la médecine du lapin de compagnie. 33 Depuis peu un nouveau vaccin est disponible : le Nobivac® Myxo-RHD (voir Annexe 1): il s’agit d’un vaccin recombinant (utilisant une souche virale recombinante de la myxomatose contenant un gène codant pour la capside du virus de la VHD) permettant une vaccination contre les 2 maladies. Ce vaccin, à l’intérêt de se présenter – outre la forme multidoses classique – sous la forme de flacons unidoses avec vignettes et de ne nécessiter qu’un rappel annuel, ce qui est très intéressant dans le cadre de la vaccination contre la myxomatose (tableau 6). Les protocoles de vaccination sont présentés dans le tableau 6. Les risques de la vaccination chez le lapin sont une réaction vaccinale (locale ou générale), qui est fréquente et généralement bénigne, et un accident vaccinal, le plus souvent sous la forme d’une myxomatose vaccino-induite (développement de nodules sur la face et les oreilles) dont l’issue est en général favorable. (TESSIER E., 2011). VACCINS Lyomyxovax® Laboratoire Mérial PROTECTION PRIMOVACCINATION CONTRE - Myxomatose 1 injection en SC à partir de 4 semaines d’âge. Tous les 6 mois. - Myxomatose 2 injections en ID à 6 semaines d’intervalle à partir de 4 semaines d’âge. Tous les 4 mois. - Myxomatose - Maladie virale hémorragique 2 injections en ID à l’oreille à 6 Annuel pour la VHD, semaines d’intervalle à partir de tous les 4 mois pour la 4 à 5 semaines d’âge. myxomatose (avec un vaccin contenant la souche SG33). 1 injection en SC à partir de 5 Annuel. semaines d’âge. RAPPEL Flacons de 10 doses. Dervaximyxo® SG33 Laboratoire Mérial Flacons de 10 ou 40 doses. Dercunimix® Laboratoire Mérial Flacons de 10 ou 40 doses. Nobivac® Myxo-RHD Laboratoire MSD - Myxomatose - Maladie virale hémorragique Flacons de 1 ou 50 doses. Castorex® Laboratoire Biové - Maladie virale hémorragique Laboratoire Mérial - Maladie virale hémorragique - Maladie virale hémorragique Flacons de 5, 10 ou 40 doses. Tous les 6 mois. 1 injection en SC à partir de 10 semaines d’âge. Annuel. En milieu infecté : 2 injections à 1 mois d’intervalle dont la première avant 10 semaines d’âge. Flacons de 10 ou 50 doses. Lapinject® VHD Laboratoire CEVA 1 injection en SC à partir de 8 semaines d’âge En milieu infecté : 2 injections en SC à 4 à 6 semaines d’intervalle à partir de 4 semaines d’âge. Flacons de 10 ou 50 doses. Lapimune® HVD Laboratoire Pfizer Annuel. En milieu infecté : 2 injections en SC à 4 semaines d’intervalle à partir de 6 et avant 10 semaines d’âge. Flacons de 10 ou 40 doses. Cunical® 1 injection en SC à partir de 10 semaines d’âge. - Maladie virale hémorragique 1 injection en SC à partir de 5 semaines d’âge. Annuel. Rappel possible tous les 6 mois dans les élevages à reproduction intensive ou en fonction de la situation sanitaire. Tableau 6 : Les protocoles de vaccination du lapin. (Tableau établi à partir du Résumé des Caractéristiques du Produit de chaque vaccin disponible sur le marché français : sources internet 1 à 7 + Annexe 1). 34 IV. Les principales maladies du lapin de compagnie Les maladies inscrites en gras sont celles que nous allons détailler ci-après, les autres ne seront pas traitées car trop peu fréquentes ou non spécifiques du lapin. A. Classification étiologique ♦ Affections virales • Maladie virale hémorragique (Calicivirus) • Myxomatose (Poxvirus) • Fibrome de Shope (Leporipoxvirus) • Papillomatose orale (Papillomavirus) • Papillome de Shope (Papillomavirus) • Rage (Lyssavirus) • Rotavirose et coronavirose (Rotavirus et Coronavirus) ♦ Affections bactériennes • Abcès (sous-cutanés, dentaires) (Pasteurella multocida et Staphylococcus aureus, mais aussi : Fusobacterium spp., Pseudomonas aeruginosa, Streptococcus spp., Bacteroides spp, Proteus spp.) • Dacryocystite • Entérite de sevrage du lapereau (Clostridium spiroforme) • Entérotoxémie (Clostridium spiroforme) • Autres entérites bactériennes : colibacillose (E. coli), salmonellose (S. typhimurium), maladie de Tyzzer (Clostridium piliforme) • Pasteurellose (P. multocida) • Pyodermites : cellulite (Pasteurella multocida, Staphylococcus aureus), dermatite suintante (Pseudomonas aeruginosa), nécrobacillose (Fusobacterium necrophorum) • Syndrome respiratoire du lapin (Pasteurella spp., Bordetella bronchiseptica, Staphylococcus aureus, Moraxella Mycoplasma spp.) catarrhalis, Pseudomonas aeruginosa, Mycobacterium spp., • Tréponématose ou syphilis (Treponema cuniculi) • Listériose (Listeria monocytogenes) • Méningo-encéphalite (Staphylococcus spp., Pasteurella multocida) • Métrite, pyomètre et mammite • Tularémie (Francisella tularensis) • Uvéite et conjonctivites bactériennes ♦ Affections parasitaires • Cheyletiellose (Cheyletiella parasitivorax) • Coccidiose (Coccidies du genre Eimeria) • Encéphalitozoonose (Encephalitozoon cuniculi) • Gale auriculaire (Psoroptes cuniculi) • Myiases • Cryptosporidiose (Criptosporidium parvum) • Gale sarcoptique (Sarcoptes scabiei var. cuniculi) • Gale notoedrique (Notoedres cati) • Helminthoses (Passalarus ambiguus) • Infestation par Leporacarus gibbus • Infestation par les tiques • Lambliose ou Giardiose (Giardia duodenalis) 35 • Pédiculose (Haemodipsus ventricosus) • Pulicose (Ctenocephalides felis, Ctenocephalides canis, Cediopsylla sp., Odontopsyluus sp., Spilopsyllus sp.) • Toxoplasmose (Toxoplasma gondii) ♦ Affections fongiques • Dermatophytose ou teigne (Trichophyton mentagrophytes, Microsporum canis) • Aspergillose (Aspergillus fumigatus) • Candidose (Candida albicans) ♦ Autres affections * Affections liées aux conditions environnementales • Pyodermites • Pododermatite ulcérative (Staphylococcus aureus) • Corps étranger nasal, trachéal, bronchique • Rhinite et conjonctivite allergiques * Affections comportementales Troubles du comportement : • Pseudogestation • Picage Affections liées au stress : • Syndrome « arrêt du transit » • Effluvium télogène * Affections liées à un traumatisme • Abcès (sous-cutanés, dentaires) • Fractures, luxations, entorses,… • Kératite ulcérative • Prolapsus de la Glande de Harder * Affections liées à l’alimentation • Accumulation de caecotrophes • Hypercalciurie, boue vésicale et urolithiase • Malocclusions dentaires acquises (incisives, molaires) • Syndrome « arrêt du transit » • Carences alimentaires • Dystrophie cornéenne * Affections tumorales • Tumeurs du thymus (thymome, lymphome, carcinome) : syndrome de la veine cave crâniale • Tumeurs utérines : adénocarcinome, adénome, léiomyome, léiomyosarcome. • Tumeurs des cavités nasales 36 • Tumeurs cutanées (dont lymphome, carcinome, trichoépithéliome) • Tumeurs du système hémolymphatique (lymphome) • Tumeurs digestives (dont lymphome) • Tumeurs mammaires (adénocarcinomes) • Tumeurs nerveuses • Tumeurs osseuses (ostéosarcome) • Tumeurs rénales (dont lymphome) • Tumeurs spléniques (hémangiosarcome, lymphome) • Tumeurs testiculaires * Affections congénitales • Malocclusions dentaires congénitales (incisives, molaires) • « Floppy rabbit syndrom » ou leucodystrophie * Affections dégénératives • Arthrose • Hyperplasie de l’endomètre • Insuffisance cardiaque (cardiomyopathie dilatée, cardiomyopathie hypertrophique, valvulopathie …) • Insuffisance rénale chronique * Affections iatrogènes • Entérite due à l’administration PO d’antibiotiques (Clostridium spp.) * Affections d’étiologie inconnue ou difficile à déterminer • Membrane conjonctivale épicornéenne ou syndrome occlusif cornéen • Adénite sébacée • Parésie caecale B. Classification clinique par type d’organe affecté ♦ Affections de l’appareil respiratoire • Myxomatose • Pasteurellose • Syndrome respiratoire du lapin • Aspergillose • Corps étranger nasal, trachéal, bronchique • Tumeurs des cavités nasales ♦ Affections de l’appareil cardiovasculaire • Insuffisance cardiaque (cardiomyopathie dilatée, cardiomyopathie hypertrophique, valvulopathie …) ♦ Affections de l’appareil digestif • Abcès dentaire • Accumulation de caecotrophes • Coccidiose • Entérite due à l’administration PO d’antibiotiques 37 • Entérite de sevrage du lapereau • Entérotoxémie • Autres entérites bactériennes : colibacillose, salmonellose, maladie de Tyzzer • Maladie virale hémorragique • Malocclusion dentaire (incisives, molaires) • Syndrome « arrêt du transit » • Cryptosporidiose • Entérites virales : rotavirose et coronavirose • Helminthoses • Lambliose ou Giardiose • Papillomatose orale • Parésie caecale • Tumeurs digestives ♦ Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes • Abcès sous-cutanés • Cheyletiellose • Dermatophytose ou teigne • Gale auriculaire • Myiases • Myxomatose • Pododermatite ulcérative • Pyodermites superficielles : cellulite, dermatite suintante, nécrobacillose • Tréponématose ou syphilis • Adénite sébacée • Candidose • Carences alimentaires • Effluvium télogène • Fibrome de Shope • Gale sarcoptique • Gale notoedrique • Infestation par Leporacarus gibbus • Papillome de Shope • Picage • Pulicose • Tumeurs cutanées ♦ Affections de l’appareil urinaire • Encéphalitozoonose (néphrite interstitielle et IR) • Hypercalciurie, boue vésicale et urolithiase • Insuffisance rénale chronique • Tumeurs rénales ♦ Affections de l’appareil génital • Tumeurs utérines : adénocarcinome, adénome, léiomyome, léiomyosarcome. • Pseudogestation • Tréponématose ou syphilis • Hyperplasie de l’endomètre • Listériose (avortement, métrite) • Métrite, pyomètre et mammite 38 • Toxémie de gestation • Tumeurs mammaires (adénocarcinomes) • Tumeurs testiculaires ♦ Affections oculaires • Dacryocystite • Encéphalitozoonose • Membrane conjonctivale épicornéenne ou syndrome occlusif cornéen • Dystrophie cornéenne • Glaucome • Kératite ulcérative • Prolapsus de la Glande de Harder • Uvéite et conjonctivite bactériennes ♦ Affection des organes lymphoïdes secondaires • Tumeur du thymus (thymome, lymphome, carcinome) : syndrome de la veine cave crâniale (exophtalmie) • Tumeurs du système hémolymphatique (lymphome) • Tumeurs spléniques (hémangiosarcome, lymphome) ♦ Affections musculo-squelettiques • Arthrose • Fractures, luxations, entorses,… • Tumeurs osseuses (ostéosarcome) ♦ Affections nerveuses • Encéphalitozoonose (syndrome vestibulaire) • « Floppy rabbit syndrom » ou leucodystrophie • Listériose (encéphalite) • Méningo-encéphalite • Rage • Toxoplasmose • Tumeurs nerveuses 39 C. Les maladies du lapin 1. Affections de l’appareil respiratoire a. Pasteurellose La pasteurellose est l’une des causes de maladie respiratoire les plus fréquentes chez le lapin de compagnie. (BEEB B.J., 2004) 1. Etiologie, pathogénie La pasteurellose est due à Pasteurella multocida, bactérie Gram négative aérobie et anaérobie facultative. (OGLESBEE B.L., 2006a). Il existe différents sérotypes de virulence différente chez le lapin de compagnie. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a). P. multocida est rarement responsable de pasteurellose primaire (présence possible dans les cavités nasales sans expression clinique) mais plutôt un pathogène opportuniste responsable d’infection secondaire. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a) Certaines conditions favorisent l’expression clinique de la maladie (encadré 1). Facteurs favorisant une pasteurellose clinique : - variation brutale de température, - stress, utilisation de corticoïdes, - mauvaises conditions d’entretien provoquant l’inhalation de substances irritantes pour les voies respiratoires (mauvaise ventilation, forte concentration en ammoniac, foin poussiéreux), - carence alimentaire, - surpopulation, - état physiologique particulier (gestation, parturition, lactation, immunodépression), - co-infection avec d’autres bactéries (voir Syndrome respiratoire, IV.C.1.b) Encadré 1 : Pasteurellose : facteurs favorisants. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a), (HARCOURT-BROWN F., 2002b). La contamination se fait par contact direct, par aérosols. La plupart des lapins sont infectés à la naissance par la mère si celle-ci présente une infection vaginale, ou peu après lors des contacts. P. multocida colonise les narines et les voies respiratoires supérieures. Plusieurs évolutions sont possibles : élimination de l’infection, infection chronique subclinique, apparition de signes cliniques aigus ou maladie chronique. L’apparition de la maladie dépend de la virulence de la souche et du statut immunitaire de l’animal infecté. L’infection peut ensuite s’étendre : aux sinus, aux yeux via le canal nasolacrymal, aux bulles tympaniques via les trompes d’Eustache, à l’appareil respiratoire inférieur via la trachée, ou à l’ensemble de l’organisme par voie hématogène. (DEEB B.J., 2004), (OGLESBEE B.L., 2006a). L’infection par P. multocida est aiguë (jeunes lapins), subaiguë ou chronique (lapins adultes). L’incubation dure 8 jours à 3 semaines après infection par contact direct. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a). 2. Présentation clinique Les signes cliniques sont caractérisés par une rhinite avec éternuements et jetage nasal séreux puis mucopurulent, collant le pelage autour des narines et sur la face interne des membres antérieurs (fig.6) (comportement de toilettage). Celle-ci est souvent associée à une sinusite, à une conjonctivite et à un épiphora (fig.6) pouvant évoluer vers une dacryocystite. Lors de rhinite sévère, une dyspnée peut être observée. Des symptômes généraux, tels que fièvre, dépression et anorexie, sont présents. 40 On pourra aussi avoir : - une otite moyenne, pouvant être asymptomatique, avec apparition clinique brutale sous forme de syndrome vestibulaire (torticolis, nystagmus et ataxie) si l’infection atteint l’oreille interne. Prurit auriculaire, rupture de la membrane tympanique avec extension de l’infection à l’oreille externe sont possibles. - une trachéite, une pneumonie, des abcès pulmonaires pouvant être à l’origine de dyspnée, de tachypnée et de diminution des bruits respiratoires dans la zone atteinte lors de l’auscultation. - de multiples abcès (tissu conjonctif sous-cutané (surtout de la face), foie, utérus, articulations, os, système nerveux central), voire une septicémie mortelle chez les jeunes. (DEEB B.J., 2004), (OGLESBEE B.L., 2006a). Figure 6 : Lapin suspect de pasteurellose présentant un épiphora et un jetage nasal sévères avec souillures de la face interne des membres antérieurs. Photographie personnelle réalisée à VAS – Campus vétérinaire de Lyon. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend toutes les autres causes possibles des signes cliniques pouvant être observés : - Rhinite, sinusite : une infection ou une co-infection par d’autres bactéries (Bordetella bronchiseptica, Staphylococcus spp., Pseudomonas aeruginosa, Moraxella catarrhalis, Mycobacterium spp., diverses bactéries anaérobies), une maladie dentaire (abcès périapicaux ou abcès de la racine des incisives et prémolaires maxillaires), un corps étranger nasal (souvent du foin), un phénomène néoplasique, la myxomatose (association avec un épiphora), une allergie. - Dyspnée : d’autres causes d’obstruction des voies respiratoires supérieures (ex. : œdème laryngé suite à une intubation traumatique), un phénomène néoplasique (thymome, métastases pulmonaires), une maladie cardiovasculaire (cardiopathie), un coup de chaleur. - Conjonctivite, épiphora : une maladie dentaire, une conjonctivite primaire, une irritation. - Abcès : d’autres bactéries responsables d’abcès : Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, bactéries anaérobies. - Syndrome vestibulaire, tête penchée : d’autres causes d’otite moyenne/interne, un phénomène néoplasique, l’encéphalitozoonose. (OGLESBEE B.L., 2006a), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a). 41 4. Examens complémentaires et diagnostic Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : l’identification de la bactérie par: • Bactériologie et antibiogramme à partir d’un prélèvement nasal profond (curette insérée de 2 à 4 cm dans chaque narine) ou d’un lavage broncho-alvéolaire (dans les cas d’infection respiratoire profonde) : c’est le test de choix pour les animaux cliniquement infectés. Cependant une culture négative ne permet pas d’exclure une infection par Pasteurella, celle-ci pouvant être inaccessible, en profondeur dans les cavités nasales, les sinus ou les bulles tympaniques. • Sérologie pour Pasteurella (test ELISA) : l’interprétation est délicate car un résultat positif indique seulement une exposition antérieure et ne confirme pas une infection active. Les faux positifs sont fréquents (immunodépression, infection débutante). • PCR sur un prélèvement nasal profond : pas toujours disponible en routine, l’association avec la sérologie donne de meilleurs résultats que la culture. - (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (OGLESBEE B.L., 2006a), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a). - des radiographies de la tête : vues de profil et de face (incidence dorsoventrale) pour exclure un abcès dentaire, détecter une infection avancée dans les cavités nasales, les sinus ou les bulles tympaniques (augmentation de densité), détecter une rhinite et une sinusite atrophiques dans les infections chroniques (diminution de la densité) ou un phénomène néoplasique (diminution de la densité, ostéolyse). - des radiographies du thorax : vues de profil et de face (incidence dorsoventrale) pour différencier une pneumonie (augmentation de la densité alvéolaire), une cardiopathie (cardiomégalie), une masse médiastinale ou de multiples masses pulmonaires (métastases ou abcès). (DEEB, 2004). - un scanner de la tête : cet examen est beaucoup plus sensible et permet de détecter des lésions précoces, non visibles sur les radiographies. - une échographie : utile pour réaliser des aspirations à l’aiguille fine pour examen cytologique des lésions pulmonaires (masses, fluides). - une rhinoscopie : lors de suspicion de corps étranger. (DEEB B.J., 2004), (OGLESBEE B.L., 2006b). 5. Traitement et pronostic Le traitement nécessite l’hospitalisation de l’animal, dans un endroit calme et chaud, afin de mettre en place : - une oxygénothérapie : pour les animaux dyspnéiques, - des soins locaux : • des nébulisations à bases d’antibiotiques et d’agents mucolytiques (N-acétylcystéine ou bromexine). Attention, il ne faut pas utiliser de décongestionnants contenant de la phényléphrine car celle-ci peut exacerber l’inflammation nasale et causer ulcération et rhinite purulente. • un lavage des canaux nasolacrymaux sous anesthésie locale (utiliser un anesthésique ophtalmique) ou sous sédation (midazolam, 1 à 2 mg/kg IM) tous les jours pendant 2 à 3 jours ou tous les 3 à 4 jours jusqu’à obtenir un fluide clair. L’hygiène des narines est aussi importante. • l’administration d’un antibiotique ophtalmique à base de ciprofloxacine, de gentamicine ou de chloramphénicol (4 à 6 fois/j pendant 2 à 3 semaines) dans les yeux, mais aussi dans les narines et les conduits auditifs. - une antibiothérapie : massive et de longue durée (2 semaines à plusieurs mois) avec des antibiotiques à large spectre. Les molécules les plus utilisées sont : le triméthoprime/sulfamide (30 mg/kg PO BID), le chloramphénicol (25 à 50 mg/kg PO BID), l’azithromycine (15 à 30 mg/kg PO SID), la tétracycline (50 mg/kg PO, BID ou TID), la 42 pénicilline G (procaïne ou benzathine) (40 000 UI/kg SC uniquement SID pendant 2 semaines puis tous les 2 jours pendant 2 semaines), l’enrofloxacine1 (5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM, SID ou BID) ou la marbofloxacine (5mg/kg PO, SID). - une gestion de la douleur et de l’inflammation : par l’utilisation d’AINS comme le méloxicam (0,2 à 0,5 mg/kg PO SID) ou le carprofène (2,2 mg/kg PO BID). Il ne faut pas utiliser de corticoïdes, qui peuvent exacerber l’infection bactérienne. - une alimentation assistée par gavage : pour les animaux anorexiques, avec du Critical Care for Herbivores® (10 à 15 ml/kg PO toutes les 6 à 8h) ou du Recovery® (de Supreme Petfoods). Il faut aussi proposer aux animaux des aliments frais (laitue, carotte) et du foin de bonne qualité. - l’identification et si possible la correction des facteurs favorisants. (OGLESBEE B.L., 2006a), (DEEB B.J., 2004), (HARCOURT-BROWN F., 2002c), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005a), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). Il faut aussi effectuer une excision et un parage chirurgical des abcès accessibles. Lors d’infection des organes génitaux, une ovariohystérectomie ou une castration doit être réalisée, et associée à des soins postopératoires. (HARCOURT-BROWN F., 2002c). Le pronostic de la pasteurellose dépend de la chronicité de l’infection, de la virulence de la souche et de la présence d’abcès thoraciques. Il est globalement mauvais à réservé. (OGLESBEE B.L., 2006a). b. Syndrome respiratoire du lapin 1. Etiologie, pathogénie Les infections respiratoires sont souvent multifactorielles et P. multocida est un copathogène fréquent d’autres bactéries communément responsables de rhinite et de sinusite : - Bordetella bronchiseptica : bactérie commensale du tractus respiratoire des lapins. B. bronchiseptica semble être un copathogène ou un agent favorisant l’infection par P. multocida. - Staphylococcus aureus : bactérie pouvant être isolée aussi bien chez des lapins en bonne santé que malades. - Moraxella catarrhalis : bactérie appartenant à la flore nasale des lapins. Elle peut parfois avoir un rôle de pathogène opportuniste sur une muqueuse nasale lésée. Il est inutile de mettre en place une antibiothérapie contre cette bactérie. - Pseudomonas aeruginosa, Mycobacterium spp., Mycoplasma spp. - D’autres Pasteurelles, diverses bactéries anaérobies. (DEEB B.J., 2004), (OGLESBEE B.L., 2006a). 2. Présentation clinique, diagnostic et traitement La clinique est semblable à la pasteurellose respiratoire et de type coryza avec rhinite (avec jetage séreux lors de bordetellose), sinusite et conjonctivite. S. aureus et P. aeruginosa peuvent causer des abcès similaires à ceux dus à P. multocida, une septicémie et une pneumonie. (DEEB B.J., 2004). Le diagnostic différentiel, les examens complémentaires, le traitement et le pronostic sont identiques à ceux de la pasteurellose. Remarque : S. aureus et certaines souches de B. bronchiseptica peuvent être résistantes à certains antibiotiques efficaces contre P. multocida, d’où l’importance de la réalisation d’une bactériologie et d’un antibiogramme pour la mise en place du traitement. (DEEB B.J., 2004). 1 A diluer avant injection parentérale pour limiter les risques de nécrose musculaire ou d’abcès stérile. (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). 43 c. Myxomatose Se reporter à la partie concernant les affections de la peau (IV.C.3.a). 2. Affections de l’appareil digestif a. Malocclusions et abcès dentaires Les affections dentaires (malocclusions et abcès) sont un motif de consultation fréquent chez le lapin de compagnie. Elles peuvent être d’origine traumatique, alimentaire, métabolique, infectieuse ou génétique. (QUINTON J-F., 2009a) 1. Malocclusion des incisives La malocclusion des incisives est le plus souvent acquise, bien qu’une origine congénitale soit évoquée, chez le Lapin Nain notamment. Lors de malocclusion congénitale, les incisives présentent une coaptation anormale, qui peut être à l’origine d’une élongation secondaire des molaires. Lors d’alimentation insuffisamment riche en fibres (essentiellement ou exclusivement à base de granulés) les dents jugales ne s’usent pas aussi vite qu’elles poussent et s’allongent. L’espace libre entre elles disparaît, provoquant l’ouverture artificielle de la bouche et la malocclusion secondaire acquise des incisives qui poussent librement : les incisives supérieures s’enroulent vers l’intérieur en direction du palais et les incisives inférieures poussent vers l’avant en s’écartant (fig.7). La malocclusion acquise des incisives peut aussi être due à un état d’anorexie prolongé (la vitesse de croissance des incisives étant de 2 mm/semaine, contre 2 mm/mois pour les molaires), à un traumatisme comme une fracture dentaire, ou à une infection de la racine des incisives. (QUINTON J-F., 2009a), (BOUSSARIE D., 2003), (RICHARDSON V.C.G., 2000b). Figure 7 : Malocclusion des incisives chez un lapin prognathe. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 2. Malocclusion des molaires La malocclusion des molaires est acquise et due à une alimentation insuffisamment riche en fibres, ou à une malocclusion congénitale des incisives. Le traumatisme occlusal provoqué par la pousse des dents et les forces de pression anormales dues à leur contact a plusieurs conséquences : - une déformation des dents avec accentuation des incurvations naturelles : les couronnes dentaires inférieures se recourbent vers la langue, les supérieures vers la joue 44 (fig.8). La formation de pointes dentaires (aspect en « marche d’escalier ») provoque des ulcérations très douloureuses de la muqueuse buccale ou linguale. Figure 8 : Visualisation endoscopique de malocclusion des dents jugales avec formation de pointes dentaires chez le lapin. Remerciements au Dr. Sauvaget, Clinique vétérinaire de Mermoz (Lyon). - un remaniement de la structure dentaire : installation d’un processus inflammatoire sur les dents, s’aggravant avec l’infection des poches parodontales ; puis remodelage dentaire par apposition tissulaire et résorption, déformant la dent et pouvant conduire à sa disparition si le phénomène de résorption est prédominant. - une croissance anormale des racines dentaires dans l’os, avec protrusion possible dans les structures anatomiques voisines : canal lacrymal (incisives et prémolaires supérieures), espace sous-orbitaire (molaires supérieures) et os mandibulaire (prémolaires et molaires inférieures). - un remaniement osseux, par infection et altération de la résistance de l’os alvéolaire, favorisant la croissance des racines, qui augmente la destruction osseuse. Des foyers d’ostéomyélite apparaissent et se propagent, déformant l’os maxillaire ou mandibulaire, avec apparition d’abcès dentaires (fig.9) auxquels les lapins semblent très vulnérables. (QUINTON J-F., 2009a). Figure 9 : Images d’abcès faciaux d’origine dentaire chez deux lapins. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. 45 3. Aspects cliniques, pronostiques diagnostiques, thérapeutiques et L’expression clinique et les méthodes diagnostiques et thérapeutiques des malocclusions dentaires chez le lapin sont résumées dans le tableau 7. Clinique • Elongation excessive des incisives ou des dents jugales, avec possibilité de lésions secondaires des gencives et d’infection des racines dentaires • Difficultés à s’alimenter transitoire ou anorexie, perte de poids, toilettage diminué ou absent, recueil correct des caecotrophes impossible, ptyalisme avec souillure de la région mentonnière, douleur à la palpation des arcades dentaires, +/- iléus secondaire • +/- lors de protrusion des racines dans les structures anatomiques voisines, lors d’ostéolyse ou lors d’abcès : épiphora, dacryocystite, exophtalmie, rhinite, déformation faciale, nodules durs palpables sur l’os mandibulaire. Diagnostic • Commémoratifs : race (Lapin Nain), alimentation. • Signes cliniques et examen buccodentaire Examens complémentaires : • Radiographies de la tête • Scanner de la tête fortement recommandé si abcès dentaire • Bactériologie et antibiogramme si abcès Traitement • Hospitalisation des animaux débilités, anorexiques ou nécessitant une intervention chirurgicale ; fluidothérapie si nécessaire. • Parage régulier (toutes les 4 à 5 semaines) des incisives à hauteur normale (fraise dentaire à préférer à la pince à ongle, pouvant causer fractures dentaires et douleur) ou extraction définitive. • Parage régulier (toutes les 4 à 5 semaines) des dents jugales : élimination des surdents (pince à gouge ou moteur dentaire) et mise à niveau des couronnes dentaires. En cas d’atteinte multiple et récidivante : fraisage à hauteur des gencives et association à une alimentation molle ou à un gavage pendant plusieurs jours. • Analgésie et antibiothérapie (si possible selon les résultats de l’antibiogramme (encadré 3)) • Traitement médical et chirurgical des abcès • Rééquilibrage de la ration : proposer du foin appétant et des légumes verts frais, nettement réduire l’apport de granulés. Tableau 7 : Expression clinique, méthodes diagnostiques et traitement général des malocclusions dentaires chez les lagomorphes. (QUINTON J-F., 2009a), (OGLESBEE B.L., 2006c), (OGLESBEE B.L., 2006d), (RICHARDSON V.C.G., 2000b), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). L’examen bucco-dentaire (fig.10) comprend deux temps : un examen externe (palpation de la mandibule et du maxillaire à la recherche d’irrégularités ou de gonflements ; examen des incisives mâchoires fermées, lèvres repoussées vers le haut) puis un examen de la cavité buccale à l’aide d’écarteurs, qui se fait à l’otoscope sur animal vigile dans un premier temps puis sous anesthésie générale pour réaliser un examen complet (utilisation de lunettes grossissantes ou d’un endoscope). Figure 10 : Examen bucco-dentaire du lapin. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. 46 Les radiographies (fig. 11) sont essentielles et doivent être réalisées sous anesthésie générale. Plusieurs incidences doivent être réalisées : profil, obliques et face. Les vues les plus intéressantes sont : la vue de profil et les vues obliques. Elles permettent de caractériser le type de malocclusion et son stade : visualisation du plan d’occlusion (en forme de zigzag sur la vue de profil lors d’occlusion normale), détection ou localisation de l’élongation des couronnes et des racines dentaires, d’une infection dentaire, de lésions osseuses débutantes ou avancées ; suivi de l’évolution après mise en place du traitement (en pratique : contrôle radiographique tous les 3 à 6 mois). (BOUSSARIE D., 2003), (OGLESBEE B.L., 2006d). Figure 11 : Radiographies de profil de la tête chez deux lapins atteints de malocclusion dentaire. Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. La technique d’extraction définitive des incisives2 est résumée dans l’encadré 2. L’animal recommence à manger dans les 6 à 8 heures qui suivent en général. ♦ Technique : Extraction dans l’ordre des incisives supérieures principales, des incisives supérieures vestigiales, puis des incisives inférieures. Pour chaque dent : rompre délicatement les attaches épithéliales autour de la dent avec un élévateur spécial (Luxateur de Crossley) qu’on introduit entre la dent et son alvéole, la faire bouger délicatement pour récupérer toute la pulpe dentaire, l’extraire en suivant sa courbure. Il est très important de s’assurer qu’il ne reste pas de pulpe dentaire (pouvant causer la repousse de la dent ou une infection dentaire). Pour cela : passer une pièce en métal stérile dans l’alvéole dentaire et la faire bouger. Désinfecter les alvéoles dentaires avec une solution de Chlorhexidine diluée à 0,1%. S’il n’y a pas d’infection, il est possible de suturer la gencive pour fermer les alvéoles et favoriser la cicatrisation. ♦ En peropératoire : analgésie (voir encadré 3). ♦ En postopératoire : donner une alimentation râpée ou hachée au début. Une antibiothérapie peut être mise en place pendant 5 à 10 jours si une infection des alvéoles dentaires se développe. (voir encadré 3). Encadré 2 : Extraction des incisives chez le lapin. (RICHARDSON V.C.G., 2000b), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). 2 Les extractions dentaires chez les Lagomorphes peuvent être délicates et chronophages. Si le vétérinaire manque d’expérience pour la réalisation de cet acte, il est conseillé de référer le cas chez un confrère spécialisé. (OGLESBEE B.L., 2006 c). 47 Alors que les malocclusions sont d’assez bon pronostic (malgré des soins à vie), les abcès dentaires (fig.9) sont de pronostic réservé chez le lapin. Ce sont des cavités remplies de pus autour desquelles se forme une coque de consistance osseuse par prolifération d’un tissu inflammatoire calcifié. Le traitement est médical et chirurgical, les soins postopératoires sont longs (encadré 3) et les récidives sont fréquentes. Il convient donc de bien prévenir le propriétaire de l’animal de la gravité de l’infection et d’obtenir son consentement éclairé avant d’effectuer les soins. (QUINTON J-F., 2009a), (OGLESBEE B.L., 2006e). ♦ Traitement chirurgical des petits abcès des racines dentaires : extraction orale des dents infectées, ♦ Traitement chirurgical des abcès de taille importante ou ayant atteint le tissu sous-cutané: • Dissection des tissus mous autour de l’abcès en respectant sa paroi, jusqu’à sa jonction avec l’os, puis désolidarisation de son attache avec l’os et exérèse, • Nettoyage de la cavité abcédée jusqu’à mise en évidence des racines dentaires infectées, • Extraction des racines dentaires infectées (temps chirurgical délicat, l’os fragilisé pouvant se fracturer), • Rugination du tissu osseux infecté jusqu’en zone saine, • Marsupialisation de la cavité à la peau. • Soins postopératoires : - hospitalisation (48h) : gestion de la douleur, réhydratation et gavage de l’animal jusqu’à ce qu’il recommence à manger seul et que le transit ait repris, - visites de contrôle : nettoyage (curetage des débris de la plaie) et vérification de la bonne cicatrisation par seconde intention (prend 2 à 3 semaines). ♦ Traitement médical : • antibiothérapie active contre les germes anaérobies, pendant 3 à 4 semaines minimum : - Azithromycine (30 mg/kg PO SID) +/- métronidazole (20mg/kg PO BID), - Pénicilline G (40 000 à 60 000 UI/kg SC stricte tous les 2 à 7 j). Si des bactéries aérobies ont été isolées, il faut utiliser des antibiotiques à large spectre, comme : - Triméthoprime/sulfamide (30 mg/kg PO BID), - Enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM SID à BID). • prise en charge de la douleur : En préopératoire, pour agir sur la douleur aiguë : - Buprénorphine (0,01 à 0,05 mg/kg SC, IM, IV BID à TID), - AINS : méloxicam1 (0,2 mg/kg SC, IM BID) ou carprofène (1 à 4 mg/kg SC BID). Puis à plus ou moins long terme pour réduire la douleur et l’inflammation : - AINS : méloxicam1 (0,2 à 0,5 mg/kg PO BID) ou carprofène (2,2 mg/kg PO SID à BID). ───────────────────────────────────── A utiliser avec précaution chez les lapins ayant une fonction rénale compromise. 1 Encadré 3 : Traitement des abcès dentaires. (QUINTON J-F., 2009a), (OGLESBEE B.L., 2006e). b. Les entérites bactériennes Les entérites du lapin sont essentiellement dues à la prolifération de bactéries pathogènes dans le tube digestif (tableau 8), sous l’influence de facteurs favorisants (encadré 4). Les jeunes sont les plus susceptibles d’être atteints, notamment au moment du sevrage. Leur pH gastrique est encore élevé (5 à 6,5) par rapport à l’individu adulte (1 à 2), ce qui permet le passage de bactéries potentiellement pathogènes dans le reste du tube digestif, et leur flore commensale intestinale n’est pas encore bien établie. (RICHARDSON V.C.G., 2000d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012). 48 Facteurs favorisant la prolifération de bactéries pathogènes : - régime alimentaire inadapté (trop peu de fibres, trop de sucres, de carbohydrates ou de protéines), changement brutal d’alimentation (sevrage notamment) altérant la flore, le pH ou la motilité caecale - stress : changement d’environnement, sevrage, … - prédisposition génétique - administration PO d’antibiotiques actifs contre les bactéries Gram positives : pénicillines, clindamycine, lincomycine, ampicilline, amoxicilline +/- acide clavulanique, céphalosporines, érythromycine. Encadré 4 : Entérites bactériennes du lapin : facteurs favorisants. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000d). Remarque : la salmonellose3 (essentiellement due à une contamination de l’eau ou des aliments par Salmonella typhimurium) et la maladie de Tyzzer4 (due à Clostridium piliforme), sont peu courantes chez le lapin de compagnie, nous ne les détaillerons donc pas ici. (RICHARDSON V.C.G., 2000d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012). Quelques remarques concernant le tableau 8 : - L’étiologie de l’entérite mucoïde n’est toujours pas clairement déterminée : stress, alimentation, bactéries pathogènes, dysautonomie (équivalent de la maladie de l’herbe chez le cheval) sont évoqués dans la littérature et pourraient avoir un rôle dans l’établissement de la maladie. - L’antibiothérapie est à adapter d’après les résultats de la bactériologie et de l’antibiogramme. - Les légumes peuvent exacerber la diarrhée chez certains lapins. Dans ce cas, ne proposer que du foin à volonté et introduire les légumes progressivement dans l’alimentation après guérison. - La vitamine C inhiberait la production de toxines par Clostridium spp. - La cholestyramine est une résine échangeuse d’ion fixant la iota-toxine de Clostridium spiroforme. - La transfaunation est une méthode consistant à donner au lapin malade les caecotrophes d’un lapin sain. - L’action des prokinétiques sur la motilité caecale n’a pas été prouvée. 3 La salmonellose est une zoonose. Il est conseillé d’euthanasier les animaux atteints, de brûler le foin ou les autres aliments contaminés et de désinfecter tous les ustensiles. 4 La maladie de Tyzzer est fréquente chez le cochon d’Inde et est détaillée dans la partie C, consacrée à cette espèce. 49 Tableau 8 : Les principales entérites bactériennes du lapin. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000d), (HARCOURT-BROWN F., 2002d), (OGLEBEE BL., 2006h). 50 c. Coccidiose Les coccidies sont les parasites les plus communs du tractus gastro-intestinal des lapins et sont une cause fréquente de maladie. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012). 1. Etiologie, pathogénie Toutes les coccidies du lapin appartiennent au genre Eimeria. Elles sont spécifiques de l’hôte et d’une localisation dans l’intestin. Onze espèces infestent le tractus intestinal, les plus fréquemment responsables de maladie clinique sont : E. perforans, la plus courante, E. magna, E. irresidua et E. media, les plus pathogènes. Une seule espèce, Eimeria stiedae, infeste le foie. La contamination a lieu par voie oro-fécale, par ingestion d’aliments contaminés contenant des ookystes sporulés. Après ingestion, le parasite est libéré dans le duodénum. E. stiedae rejoint les cellules épithéliales des canaux biliaires et de la vésicule biliaire par voie hématogène, les autres espèces infectent les cellules épithéliales de l’intestin grêle. Après reproduction asexuée et sexuée, les ookystes sont libérés dans la bile ou le tractus digestif et sont excrétés dans les fèces. La période prépatente est de 15 à 19 jours pour E. stiedae et varie entre 5 et 12 jours pour les autres espèces. Les ookystes sporulent et deviennent infestants au minimum deux jours après excrétion dans le milieu extérieur (la caecotrophie n’est donc pas considérée comme une cause de réinfection), dans lequel ils peuvent résister plusieurs mois. Très souvent, plusieurs espèces sont présentes et les lapins éliminant l’infection développent une forte immunité contre celles-ci. Il n’y a cependant pas d’immunité croisée envers les autres espèces. De nombreux lapins présentent une infection subclinique. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005b) Les facteurs favorisant l’apparition clinique de la maladie sont résumés dans l’encadré 5. Facteurs favorisant une coccidiose clinique: • Absence d’immunité envers l’espèce d’Eimeria infectante et statut immunitaire de l’hôte, • Nombre d’ookystes ingérés, • Age : les animaux les plus sensibles sont habituellement les jeunes lapins récemment sevrés, entre 4 et 16 semaines d’âge, • Mauvaise qualité sanitaire de l’environnement. Encadré 5 : Coccidiose : facteurs favorisants. (OGLESBEE B.L., 2006 f), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 2. Coccidiose hépatique Les signes cliniques caractérisant la coccidiose hépatique sont : une anorexie, une léthargie, une perte de poids, une distension abdominale (hépatomégalie ou ascite) associée à une douleur abdominale crâniale, et un ictère. Une diarrhée ou une constipation sont possibles en phase terminale de la maladie, suivi de la mort de l’animal. Chez les individus (jeunes ou adultes) exposés à un grand nombre d’ookystes, le taux de létalité peut atteindre 50% ou plus. Le diagnostic différentiel comprend d’autres causes d’insuffisance hépatique ou d’ascite, dont la maladie virale hémorragique. Les examens complémentaires pouvant être effectués sont: - une biochimie : une élévation des enzymes hépatiques et de la bilirubine est présente. - des radiographies abdominales : hépatomégalie et ascite sont parfois visibles. - une échographie abdominale : il s’agit du meilleur examen pour évaluer le foie. - des examens microscopiques : identification des ookystes par coproscopie (méthodes de flottation) ou, post mortem, par examen microscopique d’un étalement de bile ou d’une impression sur lame d’une coupe de foie, ou par examen histologique d’une coupe de foie. 51 Le diagnostic est clinique (cf. supra) et nécropsique. On observe : la présence de lésions nodulaires blanc-jaunâtres évoquant des abcès, dont le nombre et la taille sont variables (signe le plus courant de coccidiose hépatique), sur le foie, une hépatomégalie et une fibrose hépatique, ainsi qu’une hypertrophie des canaux biliaires et de la vésicule biliaire, qui contiennent un fluide jaune-vert. Plus le nombre d’ookystes infectants ingérés est important, plus les lésions sont importantes. Le pronostic est réservé à mauvais chez les lapins ayant une infection sévère avec des signes de défaillance hépatique. (OGLESBEE B.L., 2006f), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005b), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012). 3. Coccidiose intestinale Les signes cliniques caractérisant la coccidiose intestinale sont : une inappétence, une perte de poids, une léthargie, une diarrhée intermittente et modérée ou une diarrhée sévère, aqueuse à mucoïde et parfois teintée de sang, une déshydratation, une polydipsie. Un ténesme peut être présent et parfois associé à une intussusception (à l’origine de signes d’obstruction gastro-intestinale) ou à un prolapsus rectal. La mort de l’animal est possible. L’évolution peut être aiguë (quelques heures) à chronique (plusieurs semaines ou mois). L’atteinte de la muqueuse intestinale par les coccidies favorise les infections bactériennes secondaires, notamment par Escherichia coli. Le diagnostic différentiel comprend d’autres causes de diarrhée : une maladie systémique ou métabolique, les entérites bactériennes, une obstruction intestinale. Les examens complémentaires pouvant être effectués sont: - une numération-formule-sanguine: une hémoconcentration est observée lors de déshydratation. - des examens microscopiques : identification des oocystes par coproscopie (méthodes de flottation) ou, post mortem, par examen microscopique de raclages de la muqueuse intestinale ou par examen histologique d’une coupe d’intestin. Le diagnostic est clinique (cf. supra) et nécropsique. On observe : une dilatation segmentaire de l’intestin grêle avec un contenu aqueux ou hémorragique, une hyperhémie et un œdème de la séreuse, une ulcération de la muqueuse par coalescence d’ulcères et une hypertrophie des Plaques de Peyer. Parfois des pétéchies sont présentes sur la séreuse caecale et colique. Cependant, il peut ne pas y avoir de lésions évidentes. Le pronostic est variable selon la sévérité de l’infection, l’âge et les compétences immunitaires de l’hôte. (OGLESBEE B.L., 2006f), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005b), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012). 4. Traitement et prévention Le traitement comprend les axes suivants : - l’administration de coccidiostatiques : ils constituent la base du traitement. Ils n’éliminent pas l’infection mais permettent de limiter la reproduction des coccidies, le temps que l’immunité du lapin se mette en place. On utilise le sulfadiméthoxime (50 mg/kg PO le premier jour puis 25 mg/kg PO SID, 10 à 20 jours), le triméthoprime/sulfamide (30 mg/kg PO BID, 10 jours), la sulfaquinoxaline (1mg/ml d’eau, 4 à 6 jours) ou le toltrazuril (7 mg/kg/j PO, 2 jours). - une antibiothérapie : lors d’infection bactérienne secondaire on peut utiliser le triméthoprime/sulfamide (30 mg/kg PO BID, 10 jours) ou l’enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM, SID à BID). Une hospitalisation peut être nécessaire, pour les animaux les plus débilités, afin de mettre en place une fluidothérapie et une alimentation par gavage. (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (OGLESBEE B.L., 2006f), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005b). 52 Des mesures d’hygiène strictes sont essentielles pour l’élimination des coccidies dans l’environnement. Elles font donc partie intégrante du traitement ainsi que de la prévention de la maladie. Cela passe par une désinfection régulière de la cage, des biberons, des gamelles et des jouets. Il faut aussi éviter que les lapins puissent être en contact avec des selles émises il y a plus de 48 heures. Il existe également des traitements préventifs dans l’eau de boisson, mais ils sont plutôt utilisés dans les élevages, nous ne les détaillerons donc pas. (OGLESBEE B.L., 2006f), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005b), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). d. Maladie virale hémorragique du lapin 1. Etiologie, pathogénie La maladie virale hémorragique du lapin est due à un Calicivirus. Les lapereaux de moins de 4 à 6 semaines d’âge présentent une résistance ou une immunité naturelle face à l’infection. Au-delà de 8 semaines d’âge, les lapereaux sont sensibles à l’infection. Le virus est très virulent et, lors d’atteinte d’un effectif, les taux de morbidité et de létalité sont élevés et peuvent atteindre 100 %. L’épisode clinique dure une à deux semaines. La transmission se fait essentiellement par voie horizontale : voie oro-fécale, contact direct lors de toilettage mutuel. La transmission indirecte est aussi possible : par des aérosols, par contact avec du matériel (exemple : biberon d’eau) ou de la nourriture contaminés, par des vecteurs mécaniques comme les oiseaux, les rongeurs ou les insectes. La réplication du virus dans les hépatocytes provoque une nécrose hépatique aiguë, à l’origine de la libération de facteurs de coagulation intra-hépatocytaires dans le sang et de l’apparition d’une coagulation intravasculaire disséminée. Les animaux qui survivent assez longtemps peuvent développer une insuffisance hépatique. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005c), (RICHARDSON V.C.G., 2000c). 2. Présentation clinique L’incubation est courte : 16 heures à 3 jours. En général l’évolution est suraiguë et on observe une mort subite : l’animal est souvent simplement retrouvé mort en opisthotonos. Les signes cliniques pouvant parfois être observés sont : une forte fièvre (température supérieure à 40,5°C), un abattement, une léthargie, une anorexie, une tachypnée, une cyanose, une distension abdominale, une constipation ou une diarrhée, une épistaxis, une hématurie, une hémorragie vaginale. Un ictère et une ascite peuvent être présents dans les cas subaigus avec insuffisance hépatique. En phase terminale, un décubitus latéral associé à une hypothermie, à des convulsions ou à une épistaxis sont observés. Les animaux survivants sont résistants à une réinfection. Certains peuvent devenir porteurs. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005c). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel est à effectuer avec les causes de mort subite avec hémorragie (comme le Charbon), et avec les causes d’insuffisance hépatique comme la coccidiose hépatique. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005c). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (âge, statut vaccinal), sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. 53 Les examens complémentaires à réaliser si possible sont : - une numération-formule sanguine : on observera une lymphopénie et une thrombopénie progressive. - une mesure des temps de coagulation : les temps de prothrombine et de thrombine sont augmentés. Il est possible de constater des troubles de la coagulation lors de la réalisation de la prise de sang. - une biochimie : anomalies des enzymes hépatiques. Les tests de confirmation sont : la RT-PCR, un test ELISA, un test d’hémagglutination, ou la microscopie électronique. Post mortem, le diagnostic est aussi basé sur les lésions nécropsiques (foie hypertrophié, friable et nécrosé ; hémorragies dans de multiples organes, notamment le foie, les voies respiratoires (mousse teintée de sans dans les bronches et la trachée), les reins, la rate, le cœur les nœuds lymphatiques ; entérite catarrhale segmentaire) et sur les lésions histopathologiques de nécrose hépatosplénique. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005c), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000c). 5. Traitement, pronostic et prévention Le pronostic est très sombre. On peut tenter un traitement de soutien mais celui-ci est souvent illusoire et l’euthanasie est habituellement indiquée. La prévention passe par la vaccination avec un vaccin inactivé (cf. Vaccination) ainsi que par des mesures d’hygiène strictes. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005c), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (RICHARDSON V.C.G., 2000c). e. Syndrome “arrêt du transit” Le syndrome d’arrêt du transit est l’une des affections digestives les plus fréquentes du lapin de compagnie. Il correspond à une augmentation du temps de transit intestinal avec une diminution voire un arrêt de l’émission de crottes dont l’aspect est modifié – celles-ci étant plus petites, plus dures et plus sèches que la normale et parfois reliées en chapelet par des poils – associé à une diminution de l’appétit voire à l’apparition d’une anorexie. Il est dû à une hypomotilité gastro-intestinale dont les causes sont variables. Cliniquement, il se traduit par une stase gastro-intestinale. Il est important de distinguer une stase digestive non obstructive d’une obstruction gastro-intestinale, qui est une urgence vitale. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005d), (OGLESBEE B.L., 2006g) 1. Causes et approche diagnostique La principale cause de stase digestive chez le lapin est alimentaire : un régime avec un taux de fibres indigestibles trop faible ou avec des taux de carbohydrates et de protéines trop élevés (modifiant le pH caecal et donc les fermentations microbiennes) entraîne une stase digestive. Plus généralement, tout facteur de stress (changement brutal d’alimentation ou d’environnement, introduction ou perte d’un congénère, transport, hospitalisation,…), toute cause de douleur (traumatisme, maladie musculo-squelettique ou viscérale), toute cause d’inappétence ou d’anorexie (douleur, maladie dentaire ou métabolique), toute cause d’obstruction intraluminale (phénomène néoplasique, ingestion de corps étrangers, intussusception) ou extraluminale (masse/abcès abdominal ou périnéal, calcul urinaire), le manque d’exercice (obésité, pododermatite, maladie neuromusculaire) ou l’utilisation d’agents anesthésiques peuvent causer ou exacerber une hypomotilité gastro-intestinale. 54 L’accumulation de poils dans l’estomac est plus souvent une conséquence qu’ une cause de la stase digestive. L’estomac d’un lapin contient toujours un mélange d’aliments et de poils qu’il ingère au cours de sa toilette. Lors d’hypomotilité digestive, ce contenu se déshydrate et peut former des « boules de poils » ou trichobézoards qui peuvent conduire à une obstruction gastrique (pylorique) ou intestinale (duodénale ou caecale) si aucun traitement n’est mis en place. Le besoin de fibres dû à un régime alimentaire inadapté peut aussi être à l’origine d’ingestion de fibres de tapis ou de vêtement, de litière pour chat, qui constituent également des corps étrangers susceptibles de provoquer une obstruction. Il en est de même lors d’ingestion excessive de poils lors de la mue. La prise des commémoratifs et de l’anamnèse et la réalisation d’un examen clinique complet sont donc essentiels pour déterminer la cause sous-jacente. Si nécessaire, on pourra réaliser des radiographies (tête et/ou abdomen et/ou squelette) et des analyses de laboratoire. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005d), (OGLESBEE B.L., 2006g) 2. Stase digestive L’apparition est lente et insidieuse. Les signes cliniques sont caractérisés par une diminution progressive de la taille des crottes et de leur fréquence d’émission, et par une hydratation normale ou une déshydratation modérée. Parfois, une perte de poids peut être observée. Le comportement est d’abord normal puis un abattement et une douleur abdominale s’installent progressivement. La palpation abdominale révèle un estomac de taille augmentée avec un contenu ferme qui reste déformé après compression (contrairement au contenu normal). Sur les radiographies abdominales, on observe une distension avec impaction de matériel dans l’estomac ou le caecum avec présence possible d’un halo de gaz autour. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005d), (OGLESBEE B.L., 2006g). 3. Obstruction gastro-intestinale L’apparition est brutale. Les signes cliniques sont caractérisés par un arrêt brutal de l’émission de crottes, associé à un abattement modéré à sévère et à une douleur abdominale modérée à sévère (abdomen aigu), avec posture antalgique (dos voussé), grincements de dents et réticence à se déplacer. La déshydratation est importante. L’animal peut être présenté en décubitus latéral, avec des signes de choc hypovolémique (muqueuses pâles, temps de recoloration capillaire augmenté, pouls faible, hypothermie). La palpation abdominale révèle une distension importante de l’estomac qui est dur et non déformable. L’auscultation met en évidence un tympanisme. Sur les radiographies abdominales, on observe une distension importante de l’estomac et la présence de liquides et de gaz proximalement au lieu de l’obstruction. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005d), (OGLESBEE B.L., 2006g). 4. Traitement et pronostic En cas de stase gastro-intestinale, le lapin doit être hospitalisé dans un endroit calme et chaud jusqu’à la reprise du transit, soit 3 à 5 jours environ. Si l’animal n’est pas débilité, il faut encourager l’exercice par petites périodes de 10 à 15 minutes, 3 à 4 fois par jour. Le traitement est avant tout médical et comprend : - une analgésie : avec de la buprénorphine (0,01 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, BID ou TID, 1 à 2 jours), du méloxicam (0,2 mg/kg SC ou IM, SID ou 0,2 à 0,5 mg/kg PO, SID) ou de la flunixine méglumine (0,3 à 2,0 mg/kg PO, SC ou IM, BID, pas plus de 3 jours). 55 - une fluidothérapie : essentielle pour réhydrater l’animal (voies SC, IV, IO) et le contenu digestif (voie orale) : administrer 100 à 120 ml/kg/j avec un mélange 2/3 de Ringer Lactate, 1/3 de glucose. - une alimentation assistée par gavage : elle doit être mise en place après s’être assuré qu’il n’y a pas d’obstruction, après avoir gérer l’analgésie et une fois que l’animal est réhydraté. Elle aide à la réhydratation du contenu digestif et à la reprise du transit, et lutte contre l’installation d’une lipidose hépatique, qui peut se mettre en place rapidement (en 3 jours) chez le lapin anorexique (contrôler la présence de corps cétoniques dans les urines avec des bandelettes urinaires). On utilise du Critical Care for Herbivores®, du Recovery®, du jus de fruits. Il faut toujours proposer en plus à l’animal des aliments frais (salade, carotte), du foin de bonne qualité et de l’eau. - une antibiothérapie : celle-ci est indiquée lors de prolifération bactérienne secondaire, ce qui est commun lors d’anorexie prolongée. On utilise des antibiotiques à large spectre comme : le triméthoprime/sulfamide (30 mg/kg PO BID), l’enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM, SID à BID) ou la marbofloxacine (voir Annexe 2). - l’administration de stimulateurs de la motilité gastrique: comme le cisapride5 (0,5 mg/kg PO, BID ou TID) ou le métoclopramide (0,2 à 0,5 mg/kg SC ou PO, TID). Leur utilisation est controversée. Attention, ils sont à proscrire en cas de signes d’obstruction gastrique ou intestinale (abdomen aigu) car il y a un risque de rupture. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (OGLESBEE B.L., 2006g), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). Un traitement chirurgical est indiqué : - en cas de stase digestive ne répondant pas au traitement médical au bout de quelques jours (le contenu digestif est trop déshydraté), - en cas d’obstruction gastro-intestinale. Dans la plupart des cas, le traitement chirurgical doit être mis en place le plus rapidement possible après administration d’analgésiques (buprénorphine) et mise en place d’une fluidothérapie IV massive (90mL/kg/h jusqu’à correction de la déshydratation et contrôle du choc). En cas de dilatation intense de l’estomac, il est nécessaire de réaliser une décompression de celui-ci à l’aide d’une sonde gastrique avant toute chirurgie, lorsque le lapin est anesthésié. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (OGLESBEE B.L., 2006g). Le pronostic est variable en fonction du stade et de la cause de la stase gastrointestinale. En cas d’indication chirurgicale, le pronostic est réservé à sombre. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (OGLESBEE B.L., 2006g). 5. Prévention La prévention de cette affection passe par le respect d’un régime alimentaire adapté au lapin, associé à un accès permanent à l’eau fraiche. Il est aussi important d’éviter les ingestions massives de poils en brossant régulièrement l’animal (surtout en période de mue), d’éviter les situations de stress, de permettre à l’animal d’effectuer un exercice quotidien suffisant (qui stimule la motilité digestive) et de prévenir l’obésité. (OGLESBEE B.L., 2006g). f. Accumulation de caecotrophes L’accumulation de caecotrophes, due à leur non ingestion, est assez courante chez le lapin domestique. Les caecotrophes non ingérées peuvent se retrouver sur le sol de la cage ou bien adhérer aux poils dans la région périnéale. Les causes sont variables (fig.12) : régime alimentaire inadapté (trop peu de fibres et trop de protéines, de carbohydrates et de sucres), incapacité à récupérer les caecotrophes directement à l’anus (obésité, manque d’espace, affection musculo-squelettique), douleur lorsque le lapin essaye de les ingérer (affection 5 Le cisapride n’est actuellement plus disponible dans de nombreux pays européens, dont la France. 56 dentaire). (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002d), (RICHARDSON V.C.G., 2000d). Les lapins présentant une accumulation de caecotrophes sont souvent présentés pour diarrhée, du fait de la consistance et de la forte odeur de ces matières fécales que les propriétaires n’ont pas l’habitude de voir, le lapin les consommant normalement dans des périodes calmes où il n’est pas dérangé. Or, il convient de bien différencier les deux (encadré 6) : l’accumulation de caecotrophes ne met pas en danger la vie de l’animal à court terme, contrairement à la diarrhée qui peut mettre en jeu le pronostic vital assez rapidement. Cependant, il est important de rechercher et de traiter la ou les causes sous-jacentes de non ingestion des caecotrophes. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002d). Figure 12 : Les causes de non ingestion des caecotrophes. (traduit de HARCOURT-BROWN F., 2002d). Accumulation de caecotrophes Diarrhée • Production de caecotrophes intermittente (1 à 2 • Pas de production de crottes dures mais fois/24h) et production de crottes dures en quantité production de matières fécales molles entre les épisodes de production de caecotrophes pouvant être mélangées avec du mucus • Appétit normal • Anorexie, dépression Encadré 6 : Différenciation entre accumulation de caecotrophes et diarrhée. (OGLESBEE B.L., JENKINS J.R., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002d). Le traitement inclus : - le changement progressif du régime alimentaire qui doit être définitif : il faut augmenter l’apport de fibres (foin de bonne qualité, herbe) et diminuer l’apport de calories, notamment les granulés et les friandises industrielles. Cela relance l’appétit du lapin pour ses caecotrophes et augmente leur consistance. On peut ensuite proposer divers légumes (brocolis, chou, feuilles et fleurs de pissenlit, chou de Bruxelles, carottes et fanes de carottes) et plus tard aussi des fruits en petite quantité (pomme, pèche, poire, melon, ananas, prune, fraise, tomate) en les introduisant progressivement, un à un, pour ne pas déséquilibrer la flore caecale. Les probiotiques peuvent aider à établir une flore caecale saine. Si le légume ou le fruit provoque une diarrhée, il faut le retirer du régime alimentaire. 57 - la correction de la cause sous-jacente, si elle n’est pas directement liée au régime alimentaire. - des soins de la région périnéale : • lorsqu’elle est souillée : couper les poils avec précaution (conseiller au propriétaire de le faire régulièrement pour les races à poils longs) et éviter de simplement laver la zone car cela peut conduire à une infection de la peau en-dessous, • si elle est enflammée, administrer des analgésiques : les AINS tels que le méloxicam permettent en plus de diminuer transitoirement la production de caecotrophes (voir Annexe 2), • en cas de dermatite périnéale : mettre en place une antibiothérapie à base de triméthoprime ou d’enrofloxacine (voir Annexe 2). (HARCOURT-BROWN F., 2002d), (RICHARDSON V.C.G., 2000d). 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes a. Myxomatose 1. Etiologie, pathogénie La myxomatose est une maladie virale spécifique des lagomorphes due à un virus myxomateux de la famille des Poxviridae. Elle se transmet essentiellement par la piqûre d’arthropodes vecteurs tels que les puces ou les moustiques. La transmission par contact direct ou par aérosols est possible. Les lapins sauvages constituent un réservoir de la maladie pour les lapins domestiques, chez lesquels la maladie est aujourd’hui occasionnelle voire rare. La durée d’incubation est variable selon la souche et sa virulence : de 5 jours à 3 semaines. Le virus se multiplie d’abord au site d’inoculation avant de gagner les nœuds lymphatiques puis de nombreux organes (peau, foie, rate, poumons, organes génitaux). (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001). 2. Présentation clinique Les souches les plus virulentes sont à l’origine de l’expression aiguë de la maladie, associée à une mortalité élevée, la mort survenant dans les 7 à 14 jours après l’apparition des symptômes. Les animaux vont présenter des signes généraux : abattement, syndrome fébrile, anorexie ; des signes respiratoires : dyspnée, jetage purulent (fig.13) voire pneumonie dans le cas où le virus a été inhalé ; des signes oculaires : blépharo-conjonctivite purulente (fig.13) et des signes cutanés au niveau des jonctions cutanéo-muqueuses : érythème et œdème de l’anus, des organes génitaux externes (fig.13), des lèvres, des narines et des paupières. Des hémorragies cutanées et des convulsions peuvent aussi être observées. Les souches moins virulentes sont à l’origine d’une expression clinique essentiellement cutanée sous la forme de multiples nodules sous-cutanés pseudo-tumoraux. Ces nodules, aussi appelés myxomes (fig.13), sont essentiellement localisés à la face (oreille, paupières, nez) et aux organes génitaux externes, mais on peut les trouver sur le reste du corps. Ils sont érythémateux, de forme irrégulière et associés à une alopécie. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a). 58 Figure 13 : Signes cliniques de myxomatose chez un lapin. Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. 3. Diagnostic différentiel Les signes respiratoires et oculaires sont à différentier de la pasteurellose. Les signes cutanés, notamment la présence de nodules au niveau de l’appareil génital et de la face est à différentier de la syphilis. (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005e) 4. Diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques, sur l’analyse histologique de biopsies cutanées des lésions et sur l’isolement du virus. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a) Remarque : un test PCR et un test sérologique sont disponibles au laboratoire de l’ENVT. 5. Traitement et prévention Il n’y a pas de traitement spécifique pour cette maladie. Il faut mettre en place un traitement de soutien (fluidothérapie, traitement anti-inflammatoire à base d’AINS, gavage) associé à une antibiothérapie pour limiter les surinfections bactériennes. Celui-ci est souvent un échec. Il est conseillé d’euthanasier les animaux les plus sévèrement touchés. La prévention passe par la vaccination (cf. vaccination du lapin de compagnie), par l’élimination des insectes vecteurs et par la limitation des contacts avec des lapins sauvages. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005e). b. Syphilis ou tréponématose 1. Etiologie et pathogénie La syphilis est une maladie bactérienne due à une bactérie spirochète : Treponema cuniculi (ou Treponema paraluis-cuniculi selon les sources). La bactérie est spécifique du 59 lapin, il n’y a pas de transmission possible à l’homme. C’est une maladie vénérienne : la transmission a lieu lors de l’accouplement. Les mères peuvent également transmettre la maladie à leurs petits au moment de la naissance ou au cours de la lactation. L’incubation est longue : 3 à 16 semaines selon les sources et le portage sain avec expression clinique déclenchée par un stress est fréquent (jusqu’à 25% de lapins cliniquement sains). Il s’agit plutôt d’une maladie d’élevage mais on pourra parfois l’observer chez le lapin de compagnie, le plus souvent chez le jeune récemment acquis mais aussi chez l’adulte. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f), (RICHARDSON V.C.G, 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e). 2. Présentation clinique Les lésions sont non prurigineuses, elles débutent par un œdème et un érythème puis évoluent en vésicules et en croûtes recouvrant des ulcères. Elles sont localisées aux jonctions cutanéo-muqueuses : dans un premier temps, elles se développent sur les organes génitaux externes : vulve chez la femelle (fig.14b), prépuce chez le mâle. Les lésions peuvent être douloureuses et entraîner une réticence à l’accouplement ou un refus de manipulation. Il y a ensuite extension à l’anus par contiguïté, puis à la face (lèvres, narines, paupières et parfois oreilles) (fig.14a) et aux membres par auto-infection lors du toilettage. Quelques fois les lésions sont localisées uniquement à la face et aux membres. Les animaux atteints ne présentent en général pas d’autres signes cliniques, sauf parfois une adénomégalie des nœuds lymphatiques inguinaux. Dans les élevages, on pourra noter des troubles de la reproduction : infertilité, métrite, avortement, rétention placentaire et mortalité néonatale. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f), (RICHARDSON V.C.G, 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e). Figure 14 : Lésions de syphilis sur la face (a) et la vulve (b) d’une lapine. Remerciements au Dr. Sauvaget, Clinique Vétérinaire Mermoz (Lyon). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel est à effectuer avec la dermatophytose, la myxomatose, une gale auriculaire ectopique, une pyodermite, un traumatisme, une infection secondaire ou un phénomène néoplasique (exemple : un papillome anal peut ressembler à une lésion de syphilis). (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic est basé sur les signes cliniques et sur l’identification de la bactérie par l’examen microscopique du produit de raclages cutanés des lésions ou par l’analyse 60 histologique de biopsies cutanées après une coloration de Whartin-Starry (la bactérie se trouve dans le derme et l’épiderme), dont la réalisation est très délicate. Les bactéries ne sont parfois pas visibles, il peut donc y avoir des faux négatifs. Il existe également des tests sérologiques. (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HESS L., TATER K., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f), (MEREDITH A., 2006a). 5. Traitement Sans traitement les lésions peuvent persister plusieurs mois. Le traitement repose sur l’antibiothérapie : les pénicillines G sont les plus efficaces. Deux protocoles sont décrits : pénicilline G (procaïne ou benzathine) : 42000 à 84000 UI/kg SC 3 fois à 7 jours d’intervalle ou pénicilline G procaïne : 40000 à 60000 UI/kg SC, SID pendant 5 à 7 jours. Les lésions commencent à régresser rapidement après le début du traitement et ont en général disparues au bout de deux semaines. Tous les lapins atteints ou exposés doivent être traités. Il faut surveiller l’apparition de diarrhée, bien que le risque soit faible lors d’utilisation des pénicillines par voie SC stricte. (HESS L., TATER K., 2012), (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f), (RICHARDSON V.C.G, 2000e), (MEREDITH A., 2006a). Les tétracyclines et le chloramphénicol sont efficaces également mais moins que les pénicillines et nécessitent un traitement plus contraignant. (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (SCOTT D.W. and al, 2001), (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (SAUNDERS R.A., DAVIES R.R., 2005f). c. Pyodermites 1. Etiologie, pathogénie Les pyodermites sont assez communes chez le lapin et sont souvent secondaires à une humidité permanente de la peau (encadré 7) qui favorise le développement bactérien. Les bactéries les plus fréquentes sont Pasteurella multocida et Staphylococcus aureus, mais on peut aussi rencontrer Pseudomonas aeruginosa. Plus rarement, le développement bactérien peut faire suite à la contamination d’une blessure par des matières fécales. Il y a alors développement de Fusobacterium necrophorum. (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HESS L., TATER K., 2012). Facteurs favorisant l’humidité permanente de la peau et le développement bactérien : • Obésité • Epiphora et jetage lors d’infection respiratoire • Epiphora et ptyalisme lors de maladie dentaire • Souillure de la région inguinale et périanale par de l’urine • Matériel d’abreuvement défectueux Encadré 7 : Facteurs favorisant l’humidité permanente de la peau et le développement bactérien. (HARCOURT- BROWN F., 2002e), (HESS L., TATER K., 2012). 2. Présentation clinique Pasteurella multocida et Staphylococcus aureus sont à l’origine d’une cellulite aiguë localisée à la tête, au cou et au thorax. La peau est enflammée, oedématiée et douloureuse. Les lésions peuvent évoluer en abcès par la suite. Les animaux atteints sont abattus, fiévreux (température rectale de 40 à 42°C) et anorexiques. Remarque : cette cellulite peut se développer suite à une infection respiratoire. (HESS L., TATER K., 2012), (MEREDITH A., 2006a), (RICHARDSON V.C.G, 2000e). 61 Pseudomonas aeruginosa est à l’origine d’une dermatite dite suintante au niveau des plis. Les zones atteintes sont le menton, les plis du fanon, le cou et la région périanale. Inflammation, érythème, alopécie, prurit, ulcération et nécrose caractérisent les lésions de la peau qui est suintante et malodorante. Une myiase secondaire est possible. La bactérie produit de plus de la pyocyanine, un pigment qui donne une coloration bleu-vert caractéristique à la fourrure. (HESS L., TATER K., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a). L’affection cutanée due à Fusobacterium necrophorum est appelée nécrobacillose. Les lésions sont essentiellement localisées à la tête, au cou et aux pattes. Elles sont caractérisées par de l’inflammation, de l’érythème, de l’alopécie, de l’ulcération, de la nécrose et de l’abcédation. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a). 3. Diagnostic Le diagnostic de ces affections repose sur les signes cliniques et sur l’identification de l’agent pathogène en cause. La culture bactériologique aérobie et anaérobie (lors de suspicion de nécrobacillose) avec antibiogramme, sur un échantillon de peau ou d’exsudat, et l’analyse cytologique d’un calque cutané sont les deux examens à réaliser pour confirmer le diagnostic. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C., 2009a), Il est également important de rechercher les facteurs environnementaux pouvant être associés à la maladie (système d’abreuvement défectueux, manque d’exercice,…) ainsi que toute cause sous-jacente : affection respiratoire, dentaire ou urinaire. Pour cela et en fonction des signes cliniques, le praticien pourra être amené à réaliser d’autres examens complémentaires : radiographies de la tête, du thorax ou de l’abdomen ; analyse urinaire ou analyses sanguines. (HESS L., TATER K., 2012). 4. Traitement et pronostic Le traitement de l’infection cutanée consiste à effectuer des soins topiques à base d’antiseptique dilué (chlorhexidine ou povidone iodée) ou de pommades antibiotiques, après tonte et nettoyage des lésions, et à mettre en place une antibiothérapie par voie systémique (tableau 9) pendant plusieurs semaines en adaptant le choix de l’antibiotique aux résultats de l’antibiogramme. Il faut aussi soulager la douleur par l’utilisation d’analgésiques ou d’AINS (voir Annexe 2), traiter les causes sous-jacentes et corriger les éventuels facteurs environnementaux associés. En cas de formation d’escarres nécrotiques ou d’abcès, il est nécessaire de réaliser un débridement chirurgical. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a). Affection Cellulite Dermatite suintante Nécrobacillose Antibiotiques le plus souvent utilisés ß-lactamines, aminoglycosides ou quinolones comme l’enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO ou SC, BID). Gentamicine (5 mg/kg IM ou SC, SID) ou enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO ou SC, BID). Pénicilline G procaïne (40 000 UI/kg SC, SID 10 à 30 jours), ou tétracycline (20 mg/kg SC ou PO, BID). Tableau 9 : Antibiotiques le plus souvent utilisés dans le cadre du traitement des pyodermites du lapin. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C, 2009a). Lors de nécrobacillose, le pronostic est mauvais, les lésions nécrotiques continuant souvent à évoluer malgré le traitement. (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a). Lors de dermatite suintante, le pronostic est plutôt bon si les causes sous-jacentes sont identifiées et corrigées. (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a). 62 d. Abcès sous-cutanés 1. Etiologie, pathogénie Les abcès sous-cutanés sont fréquents chez le lapin de compagnie. Ils se développent suite à un traumatisme cutané (morsure, pénétration d’un corps étranger, injection,…) ou suite à une dissémination bactérienne secondaire à une infection des racines dentaires, à une infection du canal naso-lacrymal, à une infection respiratoire ou à une infection urinaire. Les bactéries les plus souvent isolées sont Pasteurella multocida et Staphylococcus aureus, mais d’autres bactéries peuvent être isolées : Fusobacterium spp., Pseudomonas aeruginosa, Streptococcus spp., Bacteroides spp, Proteus spp. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (MEREDITH A., 2006a), (HADJAJE C., 2009a). 2. Présentation clinique Chez le lapin de compagnie, les abcès sont remplis d’un pus blanchâtre caséeux très épais et sont délimités par une coque épaisse. Leur consistance est fluctuante à ferme à la palpation. Leur taille est très variable et augmente progressivement. Ils ne sont en général pas douloureux et peuvent être localisés au niveau de toutes les parties du corps, mais on les retrouve principalement au niveau de la face et des membres. Les animaux atteints peuvent ne présenter aucun autre signe clinique ou être abattus, anorexiques et fébriles. En cas d’abcès dentaires : épiphora purulent, hypersalivation et malocclusion sont des signes souvent associés (voir malocclusion et abcès dentaires, IV.C.2.a). (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (MEREDITH A., 2006a), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009), (HADJAJE C., 2009a). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel inclus un hématome, une tumeur, un kyste ou une myiase à Cuterebra. (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse, la palpation de la masse et les signes cliniques. Les examens complémentaires à réaliser sont : - l’analyse cytologique d’un échantillon prélevé par cytoponction à l’aiguille (choisir une aiguille assez grosse : 22 ou 21 gauge) : observation d’une inflammation suppurée et d’une population bactérienne mixte. - une culture bactériologique aérobie et anaérobie avec antibiogramme : effectuée sur un échantillon de la coque de l’abcès, le contenu purulent étant plus susceptible de donner des résultats de culture bactérienne négatifs. - des radiographies : elles sont indispensables afin de déterminer si l’abcès atteint l’os sous-jacent. Dans le cas des abcès faciaux, il faudra réaliser des radiographies de la tête mais aussi des radiographies du thorax, afin rechercher la présence d’une infection respiratoire (pneumonie, abcès). - d’autres examens d’imagerie (échographie et scanner) : ces examens sont parfois intéressants pour délimiter les marges de l’abcès avant une chirurgie. Le scanner est notamment fortement recommandé en cas d’abcès dentaire : il permet une meilleure évaluation de l’abcès et du nombre de dents impliquées que sur les radiographies, du fait de l’absence de superposition des structures osseuses. - une analyse sanguine complète (hématologie et biochimie) et une analyse d’urine : ces examens sont également indiqués dans la démarche diagnostique. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001), 63 5. Traitement et pronostic Le traitement est chirurgical et médical. Il dépend de la localisation de l’abcès (les abcès dentaires sont les plus difficiles à traiter ; voir malocclusion et abcès dentaires, IV.C.2.a) et de l’atteinte des tissus sous-jacents. En cas d’atteinte de l’os ou d’une articulation, il peut être nécessaire d’amputer. De même, lors d’abcès rétrobulbaire, il peut être indiqué d’énucléer. L’exérèse de l’abcès est indispensable et doit concerner l’abcès dans sa globalité : avec sa coque. Si le retrait en bloc de l’abcès est impossible, il faut réaliser un débridement de celui-ci et retirer autant de tissus infectés et de coque que possible, puis laisser la cavité obtenue cicatriser par seconde intention et effectuer des rinçages avec une solution saline stérile deux fois par jours. Une antibiothérapie locale peut être ajoutée en plaçant dans la plaie des billes de polyméthylméthacrylate imprégnées d’antibiotique (PMMA), qui permettent à la fois une diffusion lente des molécules et une concentration locale en antibiotique élevée. Elles peuvent être laissées en place plusieurs semaines avant d’être retirées. Les principales molécules utilisées et disponibles en France sont : la gentamicine (1g/20g de PMMA), la tobramycine (1g/20mg PMMA, médecine humaine) et la céfazoline (2g/20g de PMMA). L’application de miel ou d’une solution de dextrose à 50% directement dans la plaie, avec ou sans antibiotique, est intéressante car elle favorise la cicatrisation tout en ayant des effets antibactériens par acidification des tissus. En revanche, l’utilisation d’hydroxide de calcium n’est plus recommandée car elle peut provoquer une nécrose importante des tissus. Enfin, une antibiothérapie systémique doit être mise en place, adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme et de longue durée : au minimum 2 semaines et jusqu’à 6 semaines ou plus. Dans l’attente des résultats de l’antibiogramme on pourra utiliser une association de Pénicillines G procaïne et benzathine (75 000 UI SC tous les deux jours pour les individus pesant moins de 2,5 kg et 150 000 UI pour les autres ; ou 40 000 UI/kg SC SID pendant 2 semaines puis tous les deux jours pendant 2 semaines). L’enrofloxacine (5 mg/kg PO BID) et le métronidazole (30 mg/kg PO, BID) peuvent aussi être utilisées, seules ou associées. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Jusqu’à la cicatrisation complète, il est conseillé de revoir l’animal au moins 1 fois par semaine pour contrôler l’évolution de la plaie, la nettoyer et la débrider si besoin. (HADJAJE C., 2009a). Le pronostic est bon si l’abcès a pu être retiré avec la coque. Dans le cas contraire, le pronostic est moins bon car le risque de récidive est plus important. Sur les abcès récidivants, plusieurs chirurgies associées à un traitement antibiotique au long cours sont parfois nécessaires. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (SCOTT D.W. and al, 2001). e. Dermatophytose 1. Etiologie, pathogénie La dermatophytose ou teigne, est une affection cutanée courante chez le lapin. Cette affection est plus courante chez les lapins élevés en groupe que chez ceux élevés seuls ou en effectif réduit, comme la plupart des lapins de compagnie. Elle est plus fréquente chez les jeunes lapins et favorisée par de mauvaises conditions d’entretien. Le dermatophyte le plus souvent isolé est Trichophyton mentagrophytes. Moins souvent, Microsporum spp., notamment Microsporum canis, peut être isolé. Selon certains auteurs, Microsporum spp. pourrait cependant être plus courant chez le lapin de compagnie. T. mentagrophytes peut être isolé chez environ 36% de lapins cliniquement sains. Ces animaux sont essentiellement des porteurs mécaniques de spores du dermatophyte, chez 64 lesquels les signes cliniques pourront apparaître à la suite d’un stress, d’une mauvaise alimentation ou d’une immunodépression due à une affection sous-jacente. La dermatophytose est une maladie zoonotique, elle doit donc être suspectée pour toute dermatose alopéciante squameuse ou croûteuse. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (MEREDITH A., 2006a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HADJAJE C., 2009a), (CANNY C.J., GAMBLE C.S., 2003). 2. Présentation clinique L’atteinte cutanée peut être localisée, multifocale ou généralisée. Les lésions sont alopéciques, sèches, érythémateuses et croûteuses (fig.15). Elles sont de forme circulaire ou irrégulière. Quelques fois, elles sont plutôt diffuses. Des poils cassés sont visibles au niveau des lésions. Parfois les lésions sont prurigineuses, mais le prurit, lorsqu’il est présent, reste modéré. Les lésions sont localisées à la tête (nez puis museau, paupières, oreilles) (fig.15), aux membres et à l’extrémité des pattes, notamment aux lits des ongles, mais toutes les zones du corps peuvent être atteintes. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HADJAJE C., 2009a), (CANNY C.J., GAMBLE C.S., 2003). Figure 15 : Lésions de teigne chez un lapin. Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel regroupe toutes les causes d’alopécie, de dermatose squamocroûteuse ou de prurit : ectoparasitoses, tréponématose, traumatisme, toilettage excessif, picage (auto-infligé ou infligé par un congénère). (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (CANNY C.J., GAMBLE C.S., 2003). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires suivants : 65 - un trichogramme (fig.16) : examen microscopique de poils prélevés au niveau des lésions afin de mettre en évidence les arthrospores autour du poil ou l’invasion pilaire par le mycélium. Figure 16 : Trichogramme de poil teigneux chez un lapin (microscope x400). Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. - une culture fongique sur milieu de Sabouraud : à partir de débris cutanés (croûtes, poils,…). De nombreux champignons peuvent être à l’origine d’une culture « positive » (coloration du milieu qui passe du jaune au rouge), il est donc indispensable d’identifier les colonies par examen microscopique direct. - un examen du pelage à la lampe de Wood : cet examen est facile à réaliser et, bien que son interprétation soit rapportée délicate, il peut être très intéressant s’il est réalisé de façon rigoureuse. En effet, seul Microsporum canis est fluorescent. Lors dermatophytose à M. canis, l’examen met en évidence une fluorescence intense, de couleur jaune/vert, dans les poils qui sont souvent cassés. Les débris cutanés et les bactéries peuvent apparaître fluorescents lors de l’examen. Cependant la fluorescence est alors de couleur blanc/bleu et ne se situe pas dans les poils, ce qui permet de conclure à un examen négatif. L’absence de fluorescence permet d’exclure une teigne à M. canis, mais pas une teigne à T. mentagrophytes. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (MEREDITH A., 2006a), (CANNY C.J., GAMBLE C.S., 2003). 5. Traitement et pronostic La tonte des lésions avant le traitement est controversée mais reste utile car elle permet une bonne pénétration des médicaments à travers la peau et évite la dissémination de poils infectés dans l’environnement. Cependant, celle-ci doit être douce afin de ne pas provoquer de blessure qui permettrait l’extension de l’infection. Plusieurs protocoles thérapeutiques sont proposés dans la littérature : - un traitement topique local : lorsque les lésions sont très focales, avec l’application de topiques antifongiques à base de miconazole ou de clotrimazole 2 fois par jour. Ce traitement n’est pas conseillé par tous les auteurs, les dermatophytes pouvant être présents sur des zones non lésées et donc non traitées. - un traitement topique généralisé : avec la réalisation de bains antifongiques 1 à 2 fois par semaine. On peut utiliser une solution d’énilconazole dilué à 0,2%, un shampoing à base de miconazole ou une solution à base de povidone iodée ou de chlorhexidine à 3%. Ces bains ne sont toutefois pas très pratiques à réaliser chez le lapin : ils peuvent provoquer des réactions de stress, des fractures vertébrales lors de défaut de contention et être à l’origine d’un coup de froid si l’animal n’est pas bien séché et réchauffé après le bain. 66 - un traitement antifongique systémique : lorsque l’animal présente de multiples lésions, à base de griséofulvine6 (12,5 à 25 mg/kg PO SID à BID) pendant 30 à 45 jours ou d’itraconazole (5 à 10 mg/kg PO SID). La durée de traitement à appliquer varie selon les auteurs : soit jusqu’à ce que deux cultures fongiques successives réalisées à un mois d’intervalle soient négatives, soit jusqu’à deux semaines après la résolution des lésions. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (HADJAJE C., 2009a). L’environnement doit également être vidé, nettoyé puis désinfecté avec de l’énilconazole (Clinafarm®). (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (HADJAJE C., 2009a). Le pronostic est bon pour les individus isolés, et réservé pour les animaux élevés en groupe, pour lesquels l’infection est parfois très difficile à éliminer. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (HADJAJE C., 2009a). f. Cheyletiellose 1. Etiologie, pathogénie La cheyletiellose est une ectoparasitose due à un acarien vivant dans la couche kératinisée de l’épiderme et presque visible à l’œil nu : Cheyletiella parasitivorax (environ 450µm de long) (fig.17). Le parasite est fréquent chez le lapin et tous les stades sont parasites. La durée du cycle parasitaire est de 14 à 35 jours et les parasites peuvent survivre une dizaine de jours dans l’environnement. La transmission se fait par contact direct entre lapins ou du lapin vers le chien ou le chat, qui peuvent alors constituer un réservoir du parasite pour le lapin. Chez l’homme, le parasite provoque une dermatose papulo-squameuse prurigineuse. Les infestations massives surviennent plutôt chez les jeunes individus, chez les individus ayant des difficultés à se toiletter (obésité, affection dentaire, affection neuromusculaire, lapins Angoras, …) ou chez les individus immunodéprimés. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HADJAJE C., 2009a), (MEREDITH A., 2006a). Figure 17 : Cheyletiella parasitivorax. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 2. Présentation clinique La cheyletiellose est souvent asymptomatique. L’expression clinique de la maladie se traduit par une dermatite squameuse, sèche, parfois prurigineuse, avec des zones d’alopécie et d’excoriations. Des squames blanches sont visibles en grande quantité, donnant un aspect poudreux au pelage (fig.18). Les lésions sont localisées à toute la partie dorsale du corps – du cou à l’extrémité postérieure – et à l’abdomen. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HADJAJE C., 2009a), (MEREDITH A., 2006a). 6 A utiliser avec précaution : cette molécule est tératogène, il ne faut pas l’employer chez les femelles gestantes. Le port de gant est obligatoire pour l’administration de ce médicament. (HESS L., TATER K., 2012). 67 Figure 18 : Squames blanchâtres en grandes quantités sur le dos d’un lapin atteint de Cheyletiellose. Des crottes de puces (grains noirs) sont également visibles. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel regroupe d’autres ectoparasitoses : une infestation par Leporacarus gibbus, une pédiculose (Haemodipsus ventricosus), une gale (Sarcoptes scabiei, Notoedres cati) ou une pulicose. (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (ROSEN L.B., 2011). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur la visualisation du parasite (fig.17) : à l’œil nu, en observant les débris récoltés avec un peigne à puces sur un papier coloré, ou à l’examen microscopique de raclages cutanés ou de scotch tests. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e). 5. Traitement et pronostic Le traitement de choix est l’ivermectine (0,4 mg/kg SC, 3 fois à un intervalle de 7 à 14 jours). La sélamectine peut aussi être utilisée en spot on appliqué à la base du cou (12 mg/kg en moyenne, 1 à 3 fois à un intervalle de 2 à 4 semaines). Les éventuels facteurs favorisants doivent être identifiés et contrôlés. Tous les animaux en contact avec l’individu cliniquement atteint doivent être traités. L’environnement doit être nettoyé et désinfecté. (HESS L., TATER K., 2012), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (ROSEN L.B., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HARCOURT-BROWN F., 2002e). g. Gale auriculaire 1. Etiologie, pathogénie La gale auriculaire est une ectoparasitose causée par Psoroptes cuniculi (fig.19), l’acarien le plus fréquent du lapin. La durée du cycle parasitaire est de 21 jours et les parasites peuvent survivre jusqu’à 21 jours dans l’environnement, dans les conditions de température et d’humidité optimales. 68 La transmission se fait par contact direct, par des vecteurs passifs, ou par un environnement contaminé, les croûtes disséminées contenant un grand nombre de parasites. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (MEREDITH A., 2006a), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Figure 19 : Psoroptes cuniculi (microscope x50). Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. 2. Présentation clinique La gale auriculaire se présente sous la forme d’une otite externe uni ou bilatérale : la ou les oreilles sont enflammées et un exsudat croûteux, sec, gris blanchâtre à brun rougeâtre se forme dans le conduit auditif externe (fig.20). Cet exsudat se développe suite à une réaction d’hypersensibilité à certains antigènes (salivaires et fécaux) de l’acarien. Le lapin atteint secoue les oreilles et présente un prurit auriculaire et facial qui peut être intense. L’affection est douloureuse et associée à une odeur nauséabonde. Puis, les croûtes s’accumulent dans le conduit auditif et sur le pavillon auriculaire et prennent un aspect « en feuillets » caractéristique. La propagation du parasite dans le conduit auditif peut être à l’origine d’une otite moyenne associée à des signes neurologiques. Figure 20 : Gale auriculaire à Psoroptes cuniculi chez un lapin. Remerciements au Dr. Pin. De l’alopécie, des excoriations ou une infection bactérienne secondaire sont possibles au niveau de la tête, du cou, du tronc et de la partie ventrale du corps. Chez les animaux débilités ou immunodéprimés les lésions peuvent s’étendre à la face, au cou, au fanon, au tronc, aux membres, à l’abdomen et au périnée. Chez certains lapins, l’affection peut rester subclinique pendant plusieurs années avec pour seul signe un prurit modéré. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les causes bactériennes d’otite externe. Cependant, du fait de la fréquence de cette ectoparasitose, toute atteinte auriculaire chez le lapin doit être considérée comme étant une gale psoroptique jusqu’à preuve du contraire. (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a). 69 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur la visualisation du parasite à l’otoscope ou à l’examen microscopique de cérumen ou de croûtes – obtenus par écouvillonnage auriculaire – ou du produit de raclages cutanés (visualisation d’acariens adultes, d’œufs ou de déjections). (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e). 5. Traitement et pronostic Le traitement de choix est l’ivermectine (0,4 mg/kg SC, 3 fois à un intervalle de 7 à 14 jours). La sélamectine peut aussi être utilisée en spot on appliqué à la base du cou (6 à 18 mg/kg 2 fois à 4 semaines d’intervalle). La moxidectine et l’imidaclopride utilisés en spot on (3 fois à 4 semaines d’intervalle), la moxidectine utilisée seule (0,2 mg/kg SC, 2fois à 10 jours d’intervalle), ou l’éprinomectine (0,2 à 0,3 mg/kg SC uniquement, 1 fois) sont aussi efficaces contre le parasite. Les croûtes ne doivent pas être enlevées : en effet leur retrait est difficile, très douloureux et peut provoquer des saignements. Habituellement, elles disparaissent après le traitement Du méloxicam (0,2 mg/kg PO, SID ou BID pendant 5 jours) peut être ajouté au traitement, notamment lors de prurit intense, pour réduire la douleur et l’inflammation. Tous les animaux en contact avec l’individu cliniquement atteint doivent être traités, le parasite étant très contagieux pour les autres lapins. Le chien, le chat et l’homme sont très rarement atteints. L’environnement doit être nettoyé, désinfecté et traité avec un acaricide. Le pronostic est bon. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (HADJAJE C., 2009a), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e). h. Myiase 1. Etiologie, pathogénie Le terme de myiase concerne le développement de stades larvaires de mouches ayant pondu leurs œufs sur l’animal. Elles sont assez fréquentes chez le lapin de compagnie élevé à l’extérieur. Elles surviennent principalement par temps chaud, c’est-à-dire en été. Certains facteurs peuvent favoriser le développement de l’affection (encadré 8). (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Remarque : aux Etats-Unis, il existe une myiase due à la larve d’une mouche appartenant au genre Cuterebra, se traduisant par la formation de nodules d’aspect kystique avec un orifice respiratoire (fistule). Facteurs favorisant l’apparition de myiase : • Sédentarité, mauvaises conditions entretien, • Dermatite des plis de peau secondaire à l’obésité, • Dermatite périnéale liée à une souillure de la région par de l’urine ou par une accumulation de caecotrophes, • Difficultés de toilettage : obésité, affections dentaires, affections musculo-squelettiques. Encadré 8 : Facteurs favorisant l’apparition de myiase chez le lapin. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 70 2. Présentation clinique La myiase se développe le plus souvent en région périnéale et au niveau de la croupe. Des centaines de larves peuvent être retrouvées au niveau d’une seule localisation. L’action des larves est à l’origine d’une dermatite humide avec une odeur caractéristique. Les poils sont collés entre eux et peuvent masquer la présence des larves en début d’évolution. Les lésions sont extensives et sont caractérisées par des érosions, des ulcères et de la nécrose. Une infection bactérienne secondaire, souvent à Clostridium spp., peut se développer. Les animaux atteints présentent rapidement une perte d’appétit et sont agités. Une évolution vers le choc est possible en cas de nécrose étendue de la peau ou d’infection bactérienne secondaire. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 3. Diagnostic, traitement et pronostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur la visualisation des larves de mouches. Le traitement est avant tout un traitement de soutien : les animaux en choc toxique doivent être perfusés et réchauffés, les animaux obèses anorexiques peuvent rapidement développer une lipidose hépatique et doivent donc être perfusés et gavés à la seringue. Ensuite, l’animal peut être tranquillisé afin de retirer les larves, de nettoyer les lésions avec une solution antiseptique (chlorhexidine ou povidone iodée) et de débrider les tissus nécrotiques. Des soins de plaie quotidiens doivent être effectués pour permettre à la plaie de cicatriser par seconde intention. L’application quotidienne d’une crème antibiotique à base de sulfadiazine est recommandée. Cette molécule n’étant pas disponible en France, la sulfapyridine (Sulmidol®) pourrait être utilisée en équivalent. Des analgésiques (opioïdes) et des AINS sont utilisés pour la gestion de la douleur (voir Annexe 2). Par précaution, un traitement antiparasitaire est réalisé pour tuer les éventuelles larves restantes : la molécule de choix est l’ivermectine (0,4 mg/kg SC, 1 fois ou 2 fois à 14 jours d’intervalle selon les sources). Lors d’infection bactérienne secondaire, une antibiothérapie systémique est ajoutée au traitement. Les principales molécules utilisées sont : l’association triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO, BID) ou l’enrofloxacine (10 mg/kg PO, SID). Les causes sous-jacentes et les facteurs favorisants doivent être identifiés et contrôlés. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012). Le pronostic est variable selon la sévérité de l’infestation et des lésions causées : lors d’infestation massive, le retrait des larves peut provoquer la mort de l’animal. La stabilisation du patient est donc primordiale. Dans les cas d’atteinte sévère, l’euthanasie doit être envisagée. (HESS L., TATER K., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000e). La prévention passe par la protection des animaux contres les mouches, par une bonne hygiène des cages mais également par une alimentation adaptée afin de limiter les risques d’affection digestive ou urinaire. Il fait partie du rôle du vétérinaire traitant de recommander aux propriétaires de lapins vivant à l’extérieur en période estivale de vérifier quotidiennement la propreté de la région périnéale de leur animal et l’absence de larve. (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e). 71 i. Pododermatite ulcérative 1. Cause et pathogénie La pododermatite ulcérative est une affection très fréquente chez le lapin domestique. Il s’agit d’une dermatite granulomateuse ulcérative chronique touchant la face plantaire du tarse et du métatarse et parfois la face palmaire du métacarpe. De nombreux facteurs environnementaux, comportementaux et conformationnels (encadré 9) vont favoriser le développement de la maladie en affectant la répartition du poids sur les membres postérieurs : le lapin prend appui sur la zone entre le tarse et le métatarse au repos alors qu’il est normalement digitigrade (la zone d’appui se situe entre la surface plantaire du métatarse et les griffes). Une ischémie et une nécrose avasculaire des tissus mous apparaissent au niveau de la zone comprimée entre une saillie osseuse (souvent la pointe du jarret) et la surface sur laquelle le lapin prend appui. Les reperfusions intermittentes (lorsque le lapin se déplace par exemple) entraînent la libération de radicaux libres oxygénés qui vont aggraver la nécrose en provoquant des thromboses vasculaires. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le lapin : • Traumatisme, arthrose, • Mauvaises conditions d’entretien : petite cage responsable d’un confinement et d’un manque d’exercice, sol inadapté (rugueux, grillagé,…), défaut d’hygiène de la litière entraînant souillure et irritation, • Inactivité due à l’obésité, à la gestation, • Inactivité due à une maladie intercurrente : affection musculo-squelettique (exemple : spondylose), affection articulaire (exemple : arthrite), maladie chronique, • Mauvaise conformation, • Prédisposition génétique : lapins de grande race, lapins de race Rex dont les surfaces plantaires et palmaires ne sont pas protégées par des poils, • Comportement : lapins qui tapent du pied. Encadré 9 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le lapin. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (HADJAJE C., 2009a), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 2. Présentation clinique La pododermatite peut être uni ou bilatérale. Les premiers signes sont des lésions alopéciques et érythémateuses au niveau des métatarses et parfois des métacarpes. Ces lésions sont visibles chez beaucoup de lapins adultes, masquées par les poils denses situés autour. Progressivement, un épaississement de l’épithélium apparaît et évolue en érosions et ulcères qui peuvent s’étendre aux tissus sous-cutanés (fig.21). Des saignements récurrents au niveau des ulcères sont possibles et peuvent causer une anémie. Puis une infection bactérienne secondaire, à Staphylococcus aureus ou à Pasteurella multocida, se développe. Les lésions deviennent exsudatives, ce qui aggrave la pododermatite et favorise les contaminations bactériennes. Les lésions peuvent aussi former des fistules ou des abcès. Enfin, l’infection peut gagner les tissus profonds (os et ligaments), causant une ostéomyélite, une synovite, voire une septicémie. A ce stade, le tendon du muscle fléchisseur superficiel peut se déplacer de façon définitive, empêchant un appui normal du membre, ce qui aggrave encore la pododermatite et péjore le pronostic à long terme. Un cercle vicieux s’installe: l’affection est douloureuse et débilitante, elle entraîne une réticence à se déplacer qui conduit à une diminution de l’activité voire à un immobilisme, ce qui aggrave la pododermatite (fig.22). (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 72 Figure 21 : Pododermatite ulcérative bilatérale sur les postérieurs d’un lapin : la patte tenue dans les doigts de l’examinateur présente alopécie et érythème, l’autre présente en plus une zone d’ulcération (flèche blanche). Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. Figure 22 : Le cercle vicieux d’auto-aggravation de la pododermatite ulcérative chez le lapin. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : une dermatophytose, une mycose profonde ou une atteinte néoplasique. (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les données des commémoratifs et de l’anamnèse (détection de facteurs favorisants), sur les signes cliniques et sur l’exclusion des autres hypothèses. Les examens complémentaires à réaliser sont : - un examen cytologique d’un calque cutané de peau lésée : on observe une inflammation pyogranulomateuse avec présence de coques. - une culture bactériologique avec antibiogramme : sur un prélèvement de pus (obtenu par pression) ou de sérosités profondes. - une radiographie du membre atteint : afin de détecter la présence d’une ostéomyélite. (HESS L., TATER K., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (MEREDITH A., 2006a). 73 5. Traitement et pronostic L’identification et la correction des causes sous-jacentes et des facteurs favorisants sont primordiales dans le traitement de la pododermatite. En général, il faut : - changer le substrat et mettre l’animal malade sur un sol adapté, comme de la pelouse ou une serviette épaisse placée sous un journal recouvert d’un épais lit de foin, - changer la litière très régulièrement pour limiter le risque de souillure et d’infection, - donner une alimentation adaptée, - favoriser l’exercice. Ces deux derniers points permettront également aux animaux obèses de perdre du poids, ce qui est important dans le traitement. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Le traitement des lésions est important et peut être très long. Initialement : les poils souillant les ulcères sont coupés en prenant garde de ne pas couper les poils situés autour de celui-ci car ils permettent de diminuer la pression sur l’ulcère lui-même, les plaies sont nettoyées avec une solution antiseptique (chlorhexidine diluée à 0,05%). S’il y en a, les abcès doivent être drainés chirurgicalement. Il est inutile par contre de tenter une exérèse d’ulcère, du fait de l’absence de peau pour refermer la plaie. Puis des pansements changés quotidiennement sont mis en place jusqu’à la cicatrisation des plaies. Ils permettent, si le lapin les garde, de protéger la zone des traumatismes et des souillures par l’urine ou les matières fécales. Des pansements ayant une forme de « donut » sont notamment utilisés pour diminuer la pression au niveau des ulcères (l’ulcère doit être placé au centre du « donut »). L’utilisation d’une semelle en mousse trouée au niveau de la plaie fonctionne aussi très bien. Une antibiothérapie topique à base de crème antibiotique (exemple : sulfapyridine, Sulmidol®, cf. supra) et une antibiothérapie systémique basée sur les résultats de la culture et de l’antibiogramme sont mises en place, pour une longue période (voir Annexe 2). L’application de crèmes favorisant la cicatrisation ou de miel peut être ajoutée au traitement. Des analgésiques (AINS, comme le méloxicam, ou opioïdes) doivent être administrés pour soulager la douleur (voir Annexe 2). (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). Le pronostic est variable selon le degré d’évolution de la maladie et selon que les causes sous-jacentes peuvent être corrigées ou non. Si l’affection est diagnostiquée et traitée à un stade débutant le pronostic est bon car le traitement et la correction des causes-jacentes permettra de limiter voire d’éviter l’évolution de la maladie. En revanche, le pronostic est réservé dans les cas sévères (abcès, ostéomyélite), qui ne répondent généralement pas au traitement. Dans ces cas-là, si la pododermatite est unilatérale une amputation doit être envisagée, si la pododermatite est bilatérale, l’euthanasie est indiquée. (HESS L., TATER K., 2012), (SCOTT D.W. and al, 2001), (MEREDITH A., 2006a), (HARCOURT-BROWN F., 2002e), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (HADJAJE C., 2009a), (RICHARDSON V.C.G., 2000e), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009). 4. Affections de l’appareil urinaire a. Encéphalitozoonose Se reporter à la partie concernant les affections nerveuses (IV.C.8.a). 74 b. Hypercalciurie, boue vésicale et urolithiase 1. Métabolisme du calcium et affections de l’appareil urinaire Les affections de l’appareil urinaire sont assez fréquentes chez le lapin et sont en partie liées au métabolisme du calcium qui est particulier dans cette espèce. En effet, chez la plupart des autres mammifères, la vitamine D3 intervient dans l’absorption intestinale active du calcium et permet la régulation de l’absorption en fonction des besoins métaboliques. L’excès de calcium alimentaire est donc essentiellement rejeté dans les selles. Chez le lapin au contraire, la vitamine D3 intervient peu dans l’absorption intestinale du calcium, qui est majoritairement passive. La calcémie est donc beaucoup plus élevée que chez les autres mammifères et reflète la concentration calcique de la ration alimentaire. L’excès de calcium est excrété par voie rénale dans les urines. La fraction d’excrétion du calcium est très élevée chez le lapin (45 à 60%) par rapport aux autres mammifères (< 2%). Ce métabolisme particulier associé au pH alcalin des urines (pH en moyenne de 8,2) explique l’aspect physiologique inhabituel des urines du lapin : les urines sont épaisses et crémeuses du fait de la présence de nombreux cristaux (carbonates de calcium, oxalates de calcium, phosphates tricalciques ou ammoniaco-magnésiens). Chez les animaux en croissance ou les femelles en lactation les urines peuvent être claires. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURTBROWN F., 2002f). Un excès de calcium alimentaire entraîne une hypercalcémie, une hypercalciurie et des dépôts de calcium dans les urines. Associés à d’autres facteurs favorisants (encadré 10), ils peuvent entraîner la formation d’une sablose vésicale (aussi appelée « boue vésicale ») ou d’une urolithiase (présence de calculs dans l’appareil urinaire). De plus, une hypercalcémie prolongée peut être à l’origine de la calcification de tissus mous (l’aorte et les reins notamment). (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f). Facteurs favorisant le développement de pathologie urinaire : • Hypercalciurie liée à un régime alimentaire riche en calcium (notamment foin et granulés à base de luzerne), • Supplémentation vitaminique ou minérale, • Obésité, • Manque d’exercice, • Rétention urinaire : douleur, obstruction mécanique (abcès, tumeur,…), affection empêchant l’animal d’uriner normalement : affection musculo-squelettique (spondylose), pododermatite ulcérative, dermatite périnéale, etc., • Déshydratation, apport d’eau insuffisant. Encadré 10 : Facteurs favorisant le développement d’une affection urinaire chez le lapin. (KLAPHAKE E., PAUL- MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f). 2. Présentation clinique Les affections de l’appareil urinaire sont caractérisées par des troubles mictionnels : hématurie, strangurie voire anurie, émission sporadique d’urines troubles plus ou moins épaisses voire incontinence. Une cystite bactérienne secondaire à l’irritation de la vessie et de l’urètre par la boue vésicale peut être présente. Des signes généraux (abattement, léthargie, anorexie, perte de poids), des signes de douleur (posture antalgique « en prière », grincements de dents) et des signes cutanés, tels qu’une dermatite bactérienne superficielle due à la souillure du périnée par de l’urine, sont observés. La palpation abdominale peut orienter la suspicion diagnostique : la palpation d’une vessie de consistance pâteuse orientera vers une sablose vésicale alors que la palpation d’un globe vésical orientera plutôt vers une urolithiase urétrale responsable d’une obstruction. Lors 75 d’urolithiase rénale ou urétérale, il sera parfois possible de palper un rein ou un uretère de taille augmenté selon qu’une hydronéphrose ou un hydro-uretère s’est développé. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000f). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend d’autres affections de l’appareil urinaire : une insuffisance rénale aiguë ou chronique, une pyélonéphrite, des kystes rénaux, l’encéphalitozoonose, une cystite bactérienne primaire, une tumeur rénale ou vésicale. Chez une femelle présentant de l’hématurie, il faut aussi penser aux affections de l’utérus comme l’adénocarcinome utérin. 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose avant tout sur un bon recueil des commémoratifs et de l’anamnèse : il convient de bien interroger le propriétaire sur l’état général de son animal, sur le comportement alimentaire et dipsyque de celui-ci, sur les changements qui ont pu survenir récemment et leurs conséquences (exemple : diminution de l’appétit voire anorexie et perte de poids), sur la fréquence des mictions et défécations ainsi que sur les quantités émises et leur aspect (consistance, couleur, odeur). Un examen clinique complet est également indispensable afin d’orienter le clinicien. Différents examens complémentaires peuvent ensuite être effectués afin d’établir avec certitude le diagnostic : - une analyse urinaire : l’urine peut être prélevée par miction naturelle, par taxis, par sondage ou par cystocentèse (méthode à privilégier s’il on souhaite faire une analyse bactériologique). Une fois prélevée, l’urine doit être analysée rapidement : évaluer l’aspect, la couleur, mesurer le pH et la densité, faire une bandelette et un culot urinaire. Cristallurie, protéinurie et hématurie sont souvent observées. Des bactéries peuvent aussi être mises en évidence, dans ce cas, l’analyse doit être complétée par une culture bactériologique des urines avec antibiogramme. Escherichia coli et Pseudomonas spp. sont généralement identifiées. - des radiographies abdominales (fig.23) (sans ou avec produit de contraste) : afin de confirmer une boue vésicale ou une urolithiase. Il est cependant fréquent d’observer une opacification de la vessie sur les radiographies abdominales de lapins adultes en bonne santé, du fait de la présence physiologique de cristaux de carbonates de calcium dans l’urine. - une échographie abdominale : afin de détecter les calculs vésicaux de petite taille lorsque la vessie est radio-opaque, et afin de distinguer hydronéphrose et kystes rénaux. - une biochimie : les paramètres intéressants pour évaluer la fonction rénale dans le cadre de la suspicion d’une pathologie du tractus urinaire sont la créatinine, l’urée, le calcium et le phosphore. - une numération-formule-sanguine : cet examen est intéressant lors de suspicion d’insuffisance rénale (en stade terminal il est parfois possible d’observer une anémie et une thrombopénie) ou de processus infectieux (en général : numération leucocytaire normale voire leucopénie avec inversion de formule). (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (JENKINS J.R., 2010), (HARCOURT-BROWN F., 2002f). 76 Figure 23 : Illustration des affections urinaires chez le lapin par quelques radiographies abdominales. Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 5. Traitement et pronostic Le traitement consiste dans un premier temps à soulager la douleur et à favoriser la diurèse. Il faut donc mettre en place une fluidothérapie et administrer des analgésiques : des AINS7 (méloxicam ou carprofène) ou des opioïdes (buprénorphine) peuvent être utilisés, seuls ou en association (voir Annexe 2). Une antibiothérapie doit être ajoutée pour limiter les surinfections ou traiter une infection déjà présente : le triméthoprime/sulfamide ou l’enrofloxacine peuvent être utilisés (voir Annexe 2). En cas de boue vésicale ou de présence de petits urolithes dans l’urètre une urohydropropulsion (même technique que chez le chat), associée à une vidange de la vessie et à plusieurs rinçages vésicaux peut être pratiquée. En cas de volumineux calculs vésicaux, urétraux ou rénaux ou de boue vésicale trop épaisse pour être évacuée lors de la miction, le traitement comprend un axe chirurgical : cystotomie, urétrostomie (s’il est impossible de repousser les calculs dans la vessie), néphrotomie (si le rein contenant le calcul semble encore suffisamment fonctionnel après examen échographique) ou néphrectomie (calcul volumineux, hydronéphrose). (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000f). En cas d’indication chirurgicale ou de calcul rénal (uni ou bilatéral) le pronostic est réservé. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012) Si une dermatite périnéale est présente celle-ci doit être traitée (cf. Pyodermites, IV.C.3.c.). La correction des facteurs favorisants fait à la fois partie du traitement et de la prévention de ces affections. Il faut : - rechercher et traiter toute cause de rétention urinaire, - limiter l’apport alimentaire de calcium : le foin et les granulés à base de luzerne sont très riche en calcium et sont donc à éliminer au profit de foin à base de graminées et de granulés à base de trèfle. Des légumes et des fruits peuvent être ajoutés progressivement. - stopper toute complémentation en vitamines ou minéraux, - veiller à ce que l’animal ait accès à l’eau en permanence, qu’il boive suffisamment (au moins 100 ml/kg/j) et faire attention à la teneur calcaire de l’eau, - favoriser l’exercice, - adapter l’alimentation des animaux obèses. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000f). 7 A utiliser uniquement après exclusion d’une éventuelle insuffisance rénale. 77 Remarque : Le pH urinaire alcalin du lapin est lié à son comportement herbivore, acidifier les urines pour limiter la précipitation des cristaux n’est donc pas conseillé. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012). 5. Affections de l’appareil génital a. Tréponématose ou Syphilis Se reporter à la partie concernant les affections de la peau (IV.C.3.b.). b. Adénocarcinome utérin 1. Pathogénie L’adénocarcinome utérin est la tumeur la plus fréquente chez le lapin de compagnie. Chez les femelles non stérilisées de plus de 4 ans, l’incidence de cette affection peut atteindre 50 à 80%. Celle-ci ne semble pas influencée par l’historique reproducteur des animaux. Avec l’âge, des modifications de l’endomètre interviennent – la cellularité diminue alors que le taux de collagène augmente – et sont associées au développement de tumeurs. Des polypes utérins puis une hyperplasie (kystique ou adénomateuse) de l’endomètre peuvent précéder l’évolution tumorale. L’adénocarcinome est une tumeur qui se développe lentement. L’extension concerne d’abord l’ensemble du myomètre : la tumeur est souvent multicentrique et les deux cornes utérines sont atteintes. Puis, en 1 à 2 ans, elle se dissémine par voie locale ou hématogène (métastases) au péritoine, au foie, aux poumons, au cerveau, aux os ou à la peau. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). 2. Présentation clinique L’affection est dans un premier temps asymptomatique puis les premiers signes cliniques apparaissent. Ils sont caractérisés par des signes génito-urinaires, notamment une hématurie, plutôt en fin de miction, ou des pertes vaginales séro-hémorragiques, et par des signes généraux comme un abattement, une anorexie et une perte de poids éventuellement associée à une ptose abdominale. Si la tumeur a déjà métastasé dans les poumons, une dyspnée peut être présente. Moins fréquemment, de l’ascite peut aussi être observée. Chez les femelles reproductrices, des troubles de la reproduction peuvent être observés : baisse de fertilité, diminution de la taille des portées, rétention fœtale ou avortement. La palpation abdominale permet d’orienter la suspicion diagnostique en mettant en évidence un utérus de taille augmentée et parfois des nodules utérins de 1 à 5 cm de diamètre. Celle-ci doit être douce afin de ne pas causer de rupture de l’organe. Il est possible d’observer une atteinte du tissu mammaire conjointement à une hyperplasie ou à un adénocarcinome de l’utérus. Elle se caractérise par la présence de kystes voire d’un adénocarcinome mammaire. De ce fait, il est recommandé de rechercher une atteinte de l’utérus lors d’atteinte mammaire. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les causes d’augmentation de taille de l’utérus : une gestation, des polypes utérins, une hyperplasie kystique ou adénomateuse de l’endomètre, d’autres tumeurs de l’utérus (adénome, léiomyome, léiomyosarcome) moins fréquentes, un 78 anévrisme des veines endométriales, une métrite, un pyomètre, un hydromètre ou un mucomètre. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (sexe, âge, statut physiologique), sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. Il convient de réaliser : - une radiographie ou une échographie abdominale : afin de confirmer la présence d’une masse utérine et d’en caractériser l’aspect. Si une masse est bien identifiée lors de ces examens, une radiographie thoracique doit être réalisée afin de détecter d’éventuelles métastases. - une analyse urinaire est également intéressante pour confirmer une hématurie ou rechercher des signes d’infection urinaire. - l’analyse histologique de l’utérus après exérèse : il s’agit du seul examen permettant de confirmer le diagnostic en indiquant la nature exacte de la masse. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), (HARCOURT-BROWN F., 2002f). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de choix – quelle que soit la nature de la masse – est l’ovariohystérectomie. Un bilan d’extension est indispensable avant toute intervention et il est recommandé d’effectuer des contrôles radiographiques postopératoires tous les 3 à 6 mois pendant 1 à 2 ans pour rechercher le développement de métastases non visibles auparavant. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). Le pronostic est toujours réservé car les métastases ne sont parfois pas visibles lors des examens d’imagerie ou lors de la laparotomie exploratrice. En revanche, si des métastases pulmonaires ont été identifiées, le pronostic est très sombre. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), La prévention passe par la stérilisation (ovariohystérectomie et non ovariectomie seule) des femelles, le plus tôt possible, soit entre 6 et 9 à 12 mois d’âge. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (BISHOP C.R., 2002), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004). c. Pseudogestation 1. Rappels sur l’ovulation chez la lapine Chez la lapine, l’ovulation est induite par le coït et se produit une dizaine d’heures après lui. Le corps jaune qui en découle sécrète une hormone, la progestérone, qui provoque le développement de l’utérus et des glandes mammaires. (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012). 2. Pathogénie La pseudogestation peut se produire aussi bien chez la lapine élevée en groupe avec des mâles que chez celle qui est élevée seule. La cause exacte de cette maladie est inconnue. Cependant, selon certains auteurs, elle pourrait survenir après un accouplement qui n’a pas donné lieu à une gestation ou suite à une ovulation réflexe (suite à la monte par un congénère dans l’établissement de la dominance en période d’excitation ou simplement suite à la présence d’un mâle à proximité). (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). 79 3. Présentation clinique La pseudogestation dure 16 à 18 jours. On observe un développement mammaire, plus important pendant les 10 premiers jours et qui régresse ensuite. La femelle peut devenir plus agressive et territoriale. En fin de pseudogestation, on observe la plupart du temps un comportement de nidification caractérisé par l’arrachage des poils et la construction d’un nid. Une lactation est possible et dans ce cas une mammite peut se développer. On observera alors de l’abattement, de l’anorexie, de la fièvre, de la polydipsie voire une septicémie conduisant à la mort de l’animal. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). 4. Diagnostic Le diagnostic est basé sur les données des commémoratifs et de l’anamnèse (femelle non stérilisée, en chaleur récemment, contact avec d’autres lapins) et sur les signes cliniques. En cas de mammite, une culture bactériologique aérobie et anaérobie du lait avec antibiogramme doit être effectuée. Les bactéries les plus souvent identifiées sont Streptococcus spp., Staphylococcus aureus et Pasteurella spp.. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012). 5. Traitement La pseudogestation se résout spontanément. Cependant elle peut être récurrente à chaque période de chaleur et conduire au développement d’un hydromètre, voire d’un pyomètre. Elle cause également une forte diminution de la fertilité. De ce fait, l’ovariohystérectomie est le traitement de choix et le meilleur moyen de prévention. Celle-ci doit être effectuée après involution du tissu mammaire. L’utilisation d’une thérapie hormonale doit être réservée aux cas de pseudogestation prolongée, car son efficacité chez le lapin n’est pas prouvée. La proligestone (30 mg/kg) est citée dans la littérature. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012) (RICHARDSON V.C.G., 2000g). En cas de mammite, une antibiothérapie systémique doit être mise en place (le triméthoprime/sulfamides ou l’enrofloxacine sont des molécules de choix en attendant les résultats de l’antibiogramme) associée à une analgésie (AINS ou opioïdes) (voir Annexe 2) et à des soins locaux (application de compresses chaudes, massages). Parfois il est nécessaire d’hospitaliser l’animal afin de le perfuser et de le gaver. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2000g). 6. Affections oculaires a. Myxomatose Se reporter à la partie concernant les affections de la peau (IV.C.3.a.). b. Encéphalitozoonose Se reporter à la partie concernant les affections nerveuses (IV.C.8.a.). c. Dacryocystite 1. Etiologie, pathogénie La dacryocystite est une inflammation du canal lacrymal. Cette affection est fréquente chez le lapin de compagnie et est en général secondaire à une affection dentaire sous-jacente. 80 Lors de malocclusion dentaire, l’élongation des racines des incisives, des prémolaires ou des molaires supérieures ainsi que les abcès dentaires qui peuvent se développer à leur niveau causent une obstruction partielle voire totale du canal lacrymal. Ceci est notamment dû à l’anatomie du canal lacrymal et à ses rapports avec les racines dentaires. Le canal débute par un seul point lacrymal situé sur la face bulbaire de la paupière inférieure, à 3 millimètres environ du canthus médial. Un court canalicule mène au sac lacrymal, puis le canal rejoint le méat nasal en présentant deux zones de courbures (associées à un rétrécissement de son diamètre) au niveau desquelles se trouvent les racines dentaires : la courbure proximale maxillaire et la courbure distale incisive, respectivement en relation avec les racines des dents jugales et avec les racines des incisives. L’obstruction est à l’origine de l’inflammation du canal qui s’infecte secondairement. Plus rarement, la dacryocystite peut être primaire et d’origine bactérienne, notamment avec Pasteurella multocida. (WILLIAMS D.L., 2002), (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007a), (HARCOURT-BROWN F., 2002g) 2. Présentation clinique La dacryocystite est le plus souvent unilatérale. Elle est caractérisée par un épiphora séro-muqueux à mucopurulent plus important au niveau du canthus médial de l’œil (fig.24a). Celui-ci est plus ou moins profus et malodorant. Une distension du sac lacrymal peut être palpable, une pression manuelle délicate à ce niveau permet alors l’expulsion de matériel purulent (fig.24b). L’irritation de la cornée et de la conjonctive par le pus peut être à l’origine d’une conjonctivite secondaire. Les cas sévères présenteront un œdème cornéen, une kératite marquée voire un ulcère cornéen, localisés au niveau du quart ventromédial de la cornée. On observera alors un blépharospasme et une douleur à la palpation de la zone autour du canthus médial de l’œil. Dans les cas chroniques, l’épiphora permanent entraîne une dermatite bactérienne secondaire au niveau de la face (voir pyodermites, IV.C.3.c). Lors d’abcès rétrobulbaire (associé aux racines des dents jugales), une exophtalmie unilatérale pourra être observée, éventuellement associée à une kératite d’exposition, voire à un ulcère. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). Chez le lapin, le lien entre affection oculaire et affection dentaire est donc étroit. De ce fait, une affection dentaire doit être envisagée chez tout lapin présentant un épiphora purulent. Un examen oculaire complet (suivant la même démarche que chez les carnivores domestiques) et un examen bucco-dentaire sont donc complémentaires et essentiels dans la démarche diagnostique. (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (RIVAL F., 2007a). Figure 24 : Dacryocystite chez un lapin. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 81 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes possibles des signes oculaires observés lors de dacryocystite (tableau 10). Signe oculaire Epiphora Conjonctivite Kératite et ulcère cornéen Œdème cornéen Exophtalmie unilatérale Causes possibles Allergie, traumatisme, affection dentaire, infection bactérienne (pasteurellose par exemple), hypersécrétion des glandes lacrymales. Allergie, anomalie de la paupière (entropion, ectropion), infection bactérienne, infection virale (myxomatose). Traumatisme (griffure, corps étranger), anomalie de la paupière (entropion, ectropion), exposition anormale de la cornée (exophtalmie, paralysie faciale liée à une infection par Encephalitozoon cuniculi), infection bactérienne. Glaucome. Mucocèle zygomatique, abcès dentaire, très rarement : tumeur orbitaire, kyste parasitaire (Taenia serialis cœnurus). Tableau 10 : Diagnostic différentiel des signes oculaires pouvant être observés lors de dacryocystite. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007a), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse (recherche de facteurs favorisant une malocclusion dentaire, de facteurs environnementaux pouvant favoriser une irritation oculaire : litière ou foin poussiéreux, produits ménagers utilisés pour le nettoyage de la cage, courants d’air,..), sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. Il faut réaliser sous anesthésie générale: - un examen bucco-dentaire approfondi et des radiographies de la tête : pour détecter et localiser l’affection dentaire, - une dacryocystorhinographie avec produit de contraste : pour apprécier la perméabilité du canal lacrymal, localiser une éventuelle obstruction ou identifier une dilatation de celui-ci, - une culture bactériologique avec antibiogramme : à partir d’un échantillon de pus prélevé lors du nettoyage du canal lacrymal. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). 5. Traitement et pronostic Le traitement de la dacryocystite comprend un nettoyage du canal lacrymal. Le point lacrymal est mis en évidence en réclinant la paupière inférieure, et le canal est irrigué plusieurs fois avec du sérum physiologique tiède instillé via le point lacrymal à l’aide d’un cathéter 24 gauge (jaune). Le but est d’expulser le pus et les débris obstruant le canal et de rétablir un drainage lacrymal normal. De l’acétylcystéine peut être ajoutée dans le sérum physiologique pour aider à détruire les débris. Selon le degré d’obstruction du canal, la cannulation et l’irrigation peuvent être difficiles. Il faut donc veiller à ne pas appliquer une trop forte pression lors de la procédure car cela risque de causer une rupture définitive du canal. A la fin du nettoyage, un collyre ou un gel ophtalmologique peut être instillé dans le canal. L’obstruction du canal est la plupart du temps récurrente, il faut donc répéter l’opération 1 à 3 fois par semaine, jusqu’à obtenir plusieurs fois de suite un écoulement clair. Certains auteurs conseillent de réaliser le nettoyage sous anesthésie générale alors que d’autres proposent une réalisation de cet acte sous anesthésie locale (instillation de quelques gouttes d’anesthésique ophtalmique dans le sac conjonctival 1 minute avant). En pratique, le 82 premier nettoyage est souvent effectué sous anesthésie générale car il suit immédiatement les examens complémentaires, et les suivants sont réalisés sous anesthésie locale. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). Une antibiothérapie topique est mise en place, associée à une antibiothérapie systémique de longue durée lors d’infection chronique ou sévère. Les molécules proposées sont l’enrofloxacine ou la marbofloxacine (voir Annexe 2) en combinaison avec une solution ophtalmique à base de ciprofloxacine ou de gentamicine. (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002). L’affection dentaire sous-jacente doit, si possible, être traitée (voir malocclusion et abcès dentaires IV.C.2.a et Abcès sous-cutanés IV.C.3.d.). Il faut également traiter la dermatite bactérienne secondaire et corriger les facteurs favorisants : changement du régime alimentaire, de la litière, des produits utilisés pour le nettoyage de la cage. (HARCOURT-BROWN F., 2002g). Les cas débutants sont parfois guéris mais, en général, la dacryocystite nécessite un traitement à long terme. Lors de dacryocystite chronique, un tissu cicatriciel peut progressivement remplacer le canal lacrymal obstrué. L’écoulement oculaire devient permanent et le pronostic réservé. (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). d. Membrane conjonctivale épicornéenne ou syndrome occlusif cornéen 1. Etiologie Le syndrome occlusif cornéen est une affection occasionnellement observée chez le lapin de compagnie et qui est spécifique de cette espèce. Il s’agit d’une malformation de la conjonctive bulbaire dont l’étiologie est inconnue, bien que l’hypothèse d’un traumatisme ait été évoquée. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). 2. Présentation clinique L’origine de la membrane se situe au niveau du limbe : à la jonction entre la cornée et la sclère de l’œil. Elle croît de façon centripète, recouvrant progressivement la cornée d’un fin anneau de tissu conjonctival, sans adhérer à celle-ci (fig.25). La lésion peut être unilatérale ou bilatérale. L’affection n’est pas douloureuse et la vision n’est pas altérée tant que la membrane ne recouvre pas totalement la cornée, stade sévère auquel une cécité se déclare. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a). Figure 25 : Membrane conjonctivale épicornéenne chez un lapin. (VAN DER WOERDT A., 2012). 83 3. Traitement Le traitement est chirurgical. Deux techniques sont proposées après division de la membrane en 4 à 6 lambeaux (incision à partir du centre de la membrane) : - Technique N°1 : excision simple de la membrane au niveau de la conjonctive bulbaire, à quelques millimètres du limbe, - Technique N°2 : éversion de chaque lambeau vers le fond du fornix et suture de l’extrémité du lambeau au travers de la peau de la paupière, nœud côté extérieur de la paupière. Les sutures doivent être laissées en place au moins 3 semaines. Les récidives sont fréquentes et rapides (quelques semaines), surtout lors d’excision simple à la limite du limbe. La seconde technique est plus difficile mais semble plus efficace concernant la fréquence des récidives : les auteurs décrivent une absence de récidive pouvant durer jusqu’à 6 années avec cette technique. En peropératoire, l’application de mitomycine C à 0,02% (un antimitotique) pendant 3 minutes sur la conjonctive excisée est conseillée pour limiter les récidives. En postopératoire, l’application d’un collyre contenant un AIS comme la dexaméthasone8 pendant 3 semaines à 2 mois est recommandée. Certains auteurs y associent une pommade ophtalmique à base de cyclosporine à 0,2% deux fois par jour, car cela semble allonger le délai sans récidive. (WAGNER F., FEHR M., 2007), (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (WILLIAMS D.L., 2002), (RIVAL F., 2007a), (LISCOËT L., BOUHAMA L., 2006). 7. Affections des organes lymphoïdes secondaires a. Tumeurs du thymus et syndrome de la veine cave crâniale 1. Pathogénie Le thymus est large et persistant chez le lapin adulte. Il se situe crânioventralement au cœur et s’étend jusqu’à l’entrée de la poitrine. Le thymus peut être le siège d’une hyperplasie ou d’un processus néoplasique. Lors d’hyperplasie, l’organe peut atteindre 3 à 4 fois sa taille normale et avoir un aspect tumoral mais sans caractéristique néoplasique à l’examen histologique. Les tumeurs du thymus dérivent de deux types de cellules : les cellules lymphoïdes et les cellules réticuloépithéliales. Si les deux types de cellules sont présents, on parlera de thymome. Si l’origine est lymphocytaire on parlera de lymphome thymique. Si l’origine est épithéliale on parlera de carcinome thymique. Ces deux dernières tumeurs sont rares. Les thymomes, bien que plus fréquents, ont une incidence faible et sont souvent des découvertes d’autopsie. Ils sont le plus souvent observés chez des lapins âgés de 6 ans ou plus. (HUSTON S.M. and al., 2012), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (PIGNON C., JARDEL N., 2010). 2. Présentation clinique Les signes cliniques sont liés à la présence de la masse thymique dans le médiastin crânial. L’animal présente des difficultés respiratoires caractérisées par de la tachypnée, de la dyspnée, une respiration bouche ouverte ou des efforts respiratoires (dilatation des narines visible). Des signes oculaires caractéristiques sont présents, notamment une exophtalmie bilatérale, sans douleur associée, parfois avec un prolapsus de la troisième paupière. C’est le syndrome de la veine cave crâniale : une masse comprime les vaisseaux sanguins du thorax antérieur et gêne le retour sanguin au cœur, provoquant les signes cliniques. L’auscultation respiratoire est anormale : les bruits pulmonaires sont étouffés dans la partie antérieure du médiastin. 8 Attention aux risques d’immunosuppression liés à l’utilisation des corticoïdes, même sous forme de collyre. 84 Un syndrome paranéoplasique, sous forme de dermatite exfoliative a été décrit, ainsi qu’une adénite sébacée. (HUSTON S.M. and al., 2012), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009), (PIGNON C. and al., 2010). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : d’autres affections respiratoires profondes (pasteurellose et abcès pulmonaires, autres infections bactériennes), un épanchement pleural, à un œdème pulmonaire aigu, une hémorragie, la présence de tumeurs pulmonaires (primaires ou métastatiques) ou la présence d’une autre masse thoracique crâniale (adénomégalie des nœuds lymphatiques médiastinaux, abcès médiastinal, lymphome thymique, hyperplasie thymique). (HUSTON S.M. and al., 2012), (PIGNON C., JARDEL N., 2010). L’exophtalmie peut aussi être due à un abcès rétrobulbaire : elle est dans ce cas plutôt unilatérale et douloureuse. (HUSTON S.M. and al., 2012). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et l’exclusion des autres hypothèses. Pour cela on réalisera : - une numération-formule-sanguine : celle-ci pourra ne révéler aucune anomalie, montrer une lymphocytose ou montrer un comptage leucocytaire normal avec inversion de formule, - une radiographie thoracique : cet examen permet l’identification de la masse dans le médiastin crânial, avec parfois un épanchement pleural associé, - une échographie thoracique : les thymomes présentent souvent des zones kystiques hypoéchogènes. - un scanner : cet examen est très utile si une chirurgie est envisagée ou pour évaluer la taille de la masse et calculer la dose de rayons à utiliser avant une radiothérapie. Il permet aussi de réaliser un bilan d’extension très précis. - un examen cytologique d’une cytoponction échoguidée de la masse : si les lymphocytes matures constituent la population cellulaire prédominante, le diagnostic s’orientera vers un thymome alors que s’il s’agit de lymphoblastes le diagnostic s’orientera vers un lymphome thymique. Cet examen ne permet cependant pas toujours le diagnostic, du fait de la nature souvent kystique des thymomes, - un examen histologique d’une biopsie de la masse: du fait de la difficulté de différencier les différents types de masses thymiques macroscopiquement ou sur la base des résultats de l’imagerie médicale, cet examen est important. (HUSTON S.M. and al., 2012), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (PIGNON C. and al., 2010), (PIGNON C., JARDEL N., 2010). 5. Traitement et pronostic Le traitement de choix est la thymomectomie par sternotomie médiane, notamment lorsque la masse est unique. Il s’agit d’une chirurgie lourde qui comporte des risques. La radiothérapie peut aussi être utilisée : seule ou avant la chirurgie. Les complications sont peu fréquentes. Les principales sont une alopécie, une pneumopathie ou une cardiopathie (par atteinte myocardique radio-induite). Les facteurs de risque (le nombre d’anesthésies, les effets secondaires à plus ou moins long terme) et le coût sont à prendre en compte avant de débuter la radiothérapie. La chimiothérapie est évoquée comme une possibilité de thérapie adjonctionnelle à la chirurgie ou à la radiothérapie, mais peu de protocoles ont été étudiés chez le lapin à ce jour. 85 Lors de thymome présentant des kystes, si aucune des possibilités de traitement n’est acceptée par le propriétaire, il est possible de réaliser régulièrement une aspiration échoguidée des fluides kystiques afin de soulager cliniquement le patient. (HUSTON S.M. and al., 2012), (HEATLEY J.J., SMITH A.N., 2004), (VENEN K.M., MITCHELL M.A., 2009), (PIGNON C., JARDEL N., 2010), (PIGNON C. and al., 2010). Sans traitement, la médiane de survie est estimée à 4 mois. (PIGNON C. and al., 2010). Avec chacun des traitements possibles, les médianes de survie peuvent aller de quelques mois à quelques années. Le pronostic à long terme avec traitement reste cependant réservé à sombre. (HUSTON S.M. and al., 2012). 8. Affections nerveuses a. Encéphalitozoonose 1. Etiologie, pathogénie L’encéphalitozoonose est une affection très répandue chez le lapin de compagnie. Elle est due à une infection par une microsporidie, protozoaire parasite intracellulaire obligatoire : Encephalitozoon cuniculi. Le lapin nain semble particulièrement sensible à l’infection. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (HARCOURT-BROWN F., 2002h) La transmission du parasite se fait par l’ingestion d’aliments contaminés par de l’urine infectée par les spores du parasite. Après ingestion, les spores envahissent la muqueuse intestinale et s’y multiplient. Elles gagnent ensuite le système réticulo-endothélial et se disséminent dans tout l’organisme par le biais des macrophages infectés, atteignant dans un premier temps les reins, le foie, les poumons; et dans un second temps le cerveau et le myocarde. Les spores sont libérées par rupture cellulaire. Celle-ci provoque une réponse inflammatoire chronique à l’origine de lésions granulomateuses dans les organes préférentiellement atteints, à savoir les reins et le cerveau. L’examen histopathologique de prélèvements réalisés post mortem montrera une encéphalite granulomateuse et une néphrite interstitielle granulomateuse chronique non suppurée, focale à segmentaire, évoluant par la suite en fibrose rénale interstitielle (lésions focales irrégulières en dépression à la surface du rein). L’excrétion de spores dans les urines débute, au minimum, un mois après l’infection et dure 1 à 2 mois. Dans l’environnement, le parasite peut survivre au moins 1 semaine à 4°C et au moins 6 semaines à 22°C. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (KLAPHAKE E., PAULMURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2004). Une transmission verticale est également possible, à l’origine d’une infection oculaire chez l’embryon, qui se traduira plus tard par une atteinte oculaire chez le jeune lapin. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (HARCOURT-BROWN F., 2002g). La réponse immunitaire se met en place rapidement après l’infection et la séroconversion des IgM en IgG intervient au début de celle-ci. Les anticorps (IgG) sont détectables 3 à 4 semaines après l’infection, plusieurs semaines avant que les spores ne soient détectables dans l’urine et avant que les changements histopathologiques ne soient survenus dans les organes cibles. Le titre en anticorps augmente habituellement jusqu’à 6 à 9 semaines après l’infection. (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012). Encephalitozoon cuniculi infecte préférentiellement le lapin mais peut être retrouvé chez d’autres espèces de mammifères, dont l’homme. Bien que les affections systémiques graves soient rares, le parasite peut être un pathogène opportuniste, notamment chez les personnes immunodéprimées (personnes greffées ou atteintes par le VIH), chez les enfants et chez les personnes âgées. De ce fait, le potentiel zoonotique de ce parasite est à connaître. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b). 86 2. Présentation clinique Chez de nombreux lapins infectés, l’affection est dans un premier temps asymptomatique. (HARCOURT-BROWN F., 2004), (VAN DER WOERDT A., 2012). Cliniquement la maladie s’exprime principalement sous trois formes : la forme neurologique, la forme rénale et la forme oculaire. Ces trois formes peuvent être isolées ou combinées. Dans une étude publiée en 2008 par KÜNZEL F. and al., parmi 144 lapins présentant des signes cliniques d’encéphalitozoonose et séropositifs : 75% présentaient des signes neurologiques, 14,6% présentaient des signes oculaires, 3,5% des signes rénaux et 6,9% présentaient une combinaison de ces signes. (HARCOURT-BROWN F., 2004), (KÜNZEL F. and al, 2008). Remarque : le parasite pouvant atteindre d’autres organes, la symptomatologie peut aussi se caractériser par une myocardite, une pneumonie, une hépatite, un avortement ou une mortalité néonatale. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b). La forme neurologique (fig.26) se caractérise notamment par un syndrome vestibulaire central, signe le plus courant de la maladie chez le lapin: l’animal a la tête penchée de façon plus ou moins importante (on parle couramment de « torticolis »), il présente un nystagmus et est plus ou moins ataxique. Une parésie ou une paralysie postérieure peut aussi être observée. Dans les cas sévères, l’animal est incapable de se tenir droit, il roule sur lui-même et peut convulser. L’apparition des signes est souvent soudaine, des cas de mort subite sont également rapportés. Parfois, les signes sont beaucoup plus discrets, et peuvent être remarqués par certains propriétaires particulièrement attentifs : changement de comportement, léger balancement de l’animal lorsqu’il est au repos, animal qui devient « maladroit » ou beaucoup plus calme. (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (HARCOURT-BROWN F., 2004). Figure 26 : Syndrome vestibulaire chez un lapin suspect d’encéphalitozoonose. Photographie personnelle réalisée à la Clinique Vétérinaire Mermoz (Lyon). La forme oculaire (fig.27) se traduit par une uvéite phacoclastique due à la rupture de la capsule du cristallin : on observe une masse blanchâtre qui fait protrusion dans la chambre antérieure de l’œil. Une cataracte focale peut se développer au niveau de la zone de rupture du cristallin. Une hyperémie conjonctivale, un myosis (dû à l’hyperémie et au gonflement de l’iris) et une pression intraoculaire basse sont des signes d’uvéite antérieure sévère souvent associés. Un hypopion secondaire et une perte de vision peuvent être observés. (VAN DER WOERDT A., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2004), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (HARCOURTBROWN F., 2002h). 87 Figure 27 : Lésion cicatricielle de rupture du cristallin chez un lapin ayant présenté une encéphalitozoonose avec association de signes neurologiques et oculaires. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. La forme rénale se traduit par une insuffisance rénale chronique, en général modérée. L’animal peut présenter une perte de poids, de l’anorexie, une léthargie ou un abattement, de la polydipsie et de la polyurie et une incontinence urinaire avec souillure du périnée, bien que l’origine éventuellement neurologique de cette dernière manifestation ne puisse être écartée. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002f), (HARCOURT-BROWN F., 2004). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel de l’encéphalitozoonose concerne essentiellement les autres causes de syndrome vestibulaire chez le lapin : la principale affection à considérer est la pasteurellose. Pasteurella multocida peut être à l’origine d’une otite moyenne ou interne (syndrome vestibulaire périphérique) lors d’infection ascendante depuis les cavités nasales. Plus rarement, elle peut être à l’origine de la formation d’abcès au niveau des voies vestibulaires (syndrome vestibulaire central). Les autres causes possibles d’atteinte neurologique, moins fréquentes, sont : une otite bactérienne moyenne ou interne due à un autre germe (exemple : Staphylococcus spp., Streptococcus spp.), un traumatisme, une atteinte néoplasique (lymphome) ou un autre processus infectieux comme la toxoplasmose. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (HARCOURT-BROWN F., 2004). Sont également à prendre en considération : - les autres causes d’ataxie ou d’incoordination : une ostéoarthrite, une pododermatite ulcérative, une insuffisance cardiaque, une insuffisance hépatique, une insuffisance rénale, un coup de chaleur ou une toxémie de gestation, - les autres causes de parésie ou de paralysie : une fracture ou une luxation vertébrale, une spondylose ou une affection dégénérative des disques vertébraux, - les autres causes de convulsions : une intoxication au fipronil, une intoxication à la pyréthrine ou à la perméthrine, une intoxication au plomb, un coup de chaleur ou une toxémie de gestation ; - les autres causes de troubles mictionnels : une cystite, une « boue vésicale », une urolithiase, l’impossibilité de se mettre en position pour uriner due à une pododermatite ulcérative, à l’obésité, à une spondylose ou à une arthrite. (KLAPHAKE E., PAUL-MURPHY J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (HARCOURT-BROWN F., 2004). 88 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse (épisodes similaires ou phases de changement de comportement par le passé ?), sur les signes cliniques et sur les résultats de l’examen neurologique et des examens complémentaires. L’examen neurologique est essentiel et doit systématiquement être effectué dans l’évaluation d’un lapin présentant des signes d’atteinte neurologique. Cependant, il peut être difficile à réaliser (notamment lorsque le lapin roule sur lui-même à chaque stimulus extérieur) et il n’est pas toujours possible de trancher entre syndrome vestibulaire central ou périphérique. (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (LINSART A., 2012). Les examens complémentaires possibles sont les suivants : - un test sérologique : dosage des anticorps spécifiques contre E. cuniculi. Il y a encore quelques années, seul le dosage du titre sérique en IgG était disponible. Un titre élevé en anticorps permettait alors seulement de mettre en évidence une exposition de l’animal au parasite, bien que la présence de signes cliniques d’encéphalitozoonose associés permette de fortement suspecter l’infection. En 2002, HARCOURT-BROWN F. évoque l’intérêt de la différence entre IgM et IgG, qui permettrait de distinguer infection récente (détection simultanée d’IgM et d’IgG) et infection chronique (détection d’IgG uniquement). Aujourd’hui, le dosage des IgM est disponible. La cinétique des anticorps est un examen de choix car une augmentation du titre en IgM constatée sur deux dosages successifs effectués à 15 jours d’intervalle indique une infection active. En France, un laboratoire, le Companion Animal Laboratory9, effectue cette analyse sur sérum (prélèvement sanguin à faire sur tube sec). - un test PCR : effectué sur sang ou LCR prélevé sur tube EDTA, ou effectué sur biopsie (sans formol ou conservateur). La limite de cet examen est qu’un résultat négatif ne permet pas d’exclure une encéphalitozoonose, la libération des spores étant intermittente. Ce test est aussi effectué par le Companion Animal Laboratory. - une radiographie des bulles tympaniques : lors de syndrome vestibulaire, une opacification des bulles tympaniques est en faveur d’une otite interne bactérienne alors qu’un aspect normal des bulles tympaniques (radiotransparent) est en faveur d’une encéphalitozoonose, - une électrophorèse des protéines : lors d’encéphalitozoonose, le tracé d’électrophorèse présente quelques particularités : le pic d’albumine est diminué, le pic de γglobulines est augmenté et le pic de β-globulines est normal (il est normalement également augmenté chez un animal malade), on observe donc une diminution du rapport albumine/globulines. - une biochimie : cet examen permet l’évaluation de la fonction rénale par le dosage de l’urée et de la créatinine, et l’évaluation du rapport albumine/globulines par le dosage de l’albumine et des protéines totales, - une numération-formule-sanguine : afin de rechercher d’éventuels signes d’infection bactérienne (leucocytose ou neutrophilie), - une analyse urinaire : afin d’identifier des spores. Cet examen est délicat pour plusieurs raisons : l’excrétion des spores dans l’urine est intermittente, il peut être difficile de prélever les urines, enfin la recherche des spores se fait sur le culot remis en suspension après centrifugation or l’urine de lapin est très riche en cristaux et le culot est donc en général beaucoup trop important. - l’analyse histologique du cristallin : peut permettre de confirmer le diagnostic en identifiant le parasite. (RICH G., 2010), (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (HARCOURT-BROWN F., 2002g), (HARCOURT9 Companion Animal Laboratory, 1 rue Salomon Rachi – BP 613, 10088 Troyes Cedex. 89 BROWN F., 2002h), (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (LINSART A., 2012). 5. Traitement et pronostic Un traitement médical doit être mis en place rapidement, avant que le praticien ne dispose des résultats sérologiques, d’où une approche globale basée sur les deux hypothèses principales (encéphalitozoonose et pasteurellose), qui repose sur : - une hospitalisation et des soins hygiéniques : maintien en cage étroite pour limiter le risque de blessure chez les animaux qui roulent, hygiène et soins quotidiens des plaies superficielles (dermatite, escarres), aide à l’alimentation : gavage à la seringue, proposition de légumes frais, fluidothérapie pour les animaux insuffisants rénaux ou déshydratés. - un traitement antiparasitaire : avec du fenbendazole10 (20 mg/kg PO, SID) pendant 30 jours. L’albendazole (30 mg/kg PO, SID) est également utilisable mais cette molécule possède des effets embryotoxiques et tératogènes et a été associée à des cas de pancytopénie et de mort chez certains lapins. Nous ne l’avons en pratique jamais vu utilisée. - une antibiothérapie : avec de l’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID) pendant 10 à 15 jours. C’est la molécule de choix : très bien tolérée par le lapin, elle possède une bonne diffusion cérébrale et est active sur les pasteurelles. L’oxytétracycline (20 mg/kg SC, SID) pendant 10 jours peut aussi être utilisée (elle provoque la mort du parasite in vitro). - un traitement anti-inflammatoire : on utilisera préférentiellement des AINS (après avoir contrôlé la fonction rénale) comme le méloxicam (0,2 mg/kg PO ou SC, BID) pendant 7 jours. L’utilisation de corticoïdes est très controversée (intérêt de l’effet anti-inflammatoire sur l’encéphalite et inconvénient de l’effet immunosuppresseur sur un animal malade). Un compromis est une administration sur une très courte durée (une seule injection) et à dose anti-inflammatoire : dexaméthasone (0,1 à 0,2 mg/kg SC) ou prednisolone (0,5 mg/kg SC). - un traitement symptomatique : utilisées sur une courte durée (pas plus de 48 heures) les benzodiazépines comme le diazépam (1 à 3 mg/kg IM, SID) ou le midazolam (0,5 à 2 mg/kg IM ou IV) permettent de traiter les troubles de l’équilibre et de tranquilliser l’animal. - un traitement de l’uvéite : l’idéal est de retirer chirurgicalement le cristallin par phacofragmentation, associée à un traitement topique à base de collyre antibiotique et antiinflammatoire, appliqué toutes les 4 heures au départ, et d’atropine appliquée une fois par jour. Si cela est impossible, il faut tenter de contrôler l’uvéite par l’application de collyre à base de corticoïdes et par un traitement anti-inflammatoire à base d’AINS. En cas d’échec, l’énucléation est indiquée. Il faut encourager dès que possible la reprise d’une activité normale, afin de donner à l’animal les meilleures chances de récupération. L’efficacité du traitement est difficile à estimer car certains lapins guérissent sans aucun traitement. Certains lapins gardent quelques séquelles qui ne les empêchent cependant pas de vivre normalement. (RICH G., 2010), (HARCOURT-BROWN F., 2002h), (FISHER P.G., CARPENTER J.W., 2012), (LINSART A., 2012), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (HARCOURT-BROWN F., 2002b), (VAN DER WOERDT A., 2012). Le pronostic dépend de la sévérité des lésions : assez bon pour les cas modérés, sombre pour les cas sévères. L’appétit est un facteur pronostique important : quelle que soit la cause du syndrome vestibulaire, si l’animal devient anorexique, le pronostic s’assombrit fortement et il faut envisager une euthanasie. (HARCOURT-BROWN F., 2002h). 10 Ce protocole à base de fenbendazole est également efficace dans le cadre d’un traitement préventif. 90 PARTIE B : LE FURET 91 I. Présentation de l’espèce Le furet domestique, Mustela putorius furo est un mammifère de la famille des Mustélidés. La domestication de cette espèce remonte à environ 2000 à 3000 ans. Le furet a servi au départ au contrôle des populations de rongeurs et de lapins dans les maisons, dans les fermes et sur les navires. Il était aussi utilisé pour la chasse au lapin. Au début du 19ème siècle, il devient également un animal de recherche biomédicale pour l’étude de maladies humaines telle que la grippe. De nos jours, le furet est avant tout un animal de compagnie attachant, qui interagit beaucoup avec ses congénères et avec l’homme, et dont la popularité de ne cesse de croître. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). A. Particularités anatomiques et physiologiques Généralités : Le furet a un corps allongé et des membres courts. Il se tient avec le dos courbé. Il est très agile et souple du fait de sa colonne vertébrale très flexible. Les mâles sont plus gros que les femelles. La peau du furet est épaisse. Elle contient des glandes sébacées très actives, responsables de la forte odeur musquée de l’animal. En revanche, elle contient peu de glandes sudoripares, ce qui rend le furet très sensible aux coups de chaleur. Le furet possède des glandes anales très développées. Leur ablation est aujourd’hui interdite en Europe (sauf pour des raisons médicales justifiées), mais se pratique encore couramment dans d’autres pays comme les Etats-Unis. Le furet présente des fluctuations saisonnières de poids et de pelage. Les animaux ont tendance à prendre du poids à l’approche de l’hiver et à en perdre au printemps. Les variations peuvent être importantes et atteindre 40% du poids de l’animal. Aux mêmes périodes se produisent les mues, qui sont parfois spectaculaires. Les animaux ont un pelage plus épais et plus foncé en hiver. Ces fluctuations sont moins marquées chez les animaux stérilisés. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). L’appareil cardiovasculaire : Le cœur du furet se situe plus caudalement dans le thorax qu’on ne pourrait l’imaginer au départ : entre la 6ème et la 8ème côte. Il est orienté obliquement dans la cavité thoracique, l’apex se trouvant du côté gauche. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). L’appareil respiratoire : Le thorax est assez important comparativement à la taille de l’animal. La cavité thoracique est fine et allongée et son entrée est étroite. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012). L’appareil digestif : Chez les Mustélidés, la formule dentaire est 2*(incisives : 3/3, canines : 1/1, prémolaires : 3/3, molaires : 1/2). Le sphincter gastro-œsophagien est peu développé, de ce fait le vomissement est possible chez le furet. L’estomac est simple, en forme de J, et a une capacité de distension importante. L’intestin grêle est relativement court et peu différencié. Le temps de transit est de ce fait rapide : 3 à 4 heures chez l’adulte. Il n’y a pas de jonction iléocolique ni de caecum chez le furet. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). L’appareil reproducteur : Les mâles (fig. 28) ont un os pénien avec une extrémité recourbée, ce qui rend plus difficile le sondage urinaire. 92 Les femelles ont une vulve difficilement visible en dehors des périodes de chaleurs (fig. 28), où celle-ci devient gonflée et rouge. L’ovulation est induite par le coït. L’absence d’accouplement chez la femelle en chaleur induit une stimulation hormonale continue aboutissant à un hyperœstrogénisme puis à une anémie non régénérative par aplasie médullaire, qui peut être fatale. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). Figure 28 : Sexage du furet adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. B. Mode de vie, conditions d’entretien Le furet est curieux et aime explorer son environnement. Il est important de pouvoir lui accorder quelques heures d’exercice par jour en dehors de sa cage. Cependant il s’échappe facilement, peut se faufiler dans les endroits les plus improbables et a une forte tendance à mordiller les objets et à en avaler des morceaux… En conséquence, les sorties doivent toujours se faire sous surveillance et il faut s’assurer que l’aire de jeu soit sécurisée : il faut boucher les trous dans lesquels le furet pourrait se faufiler, empêcher l’accès aux canapés, matelas, fauteuils (le furet aime creuser et peut potentiellement ingérer la mousse que contiennent ces meubles) et retirer tous les objets qu’il pourrait avaler : jouets souples en plastique pour chiens et chat, chaussures, élastiques, peluches, haut-parleurs, … Concernant la cage en elle-même, elle doit être suffisamment grande pour pouvoir séparer aire de jeu, aire d’alimentation, aire de repos et aire d’élimination. Les dimensions trouvées dans la littérature sont d’environ 60x60x45 cm³ pour un à deux furets. Il doit y avoir au moins autant de lieux de couchage que de furets dans la cage. Ceux-ci doivent être sombres et clos: tubes en tissus, tentes, boîtes en carton, en plastique ou en bois pour les furets ayant tendance à manger les objets en tissu. On peut y ajouter des serviettes ou de vieux vêtements sous lesquels le furet aime se cacher. Ajouter des étagères ou des hamacs dans la cage permet d’enrichir l’environnement en augmentant le nombre d’aires de jeu et de repos. Les jeux sont aussi importants pour enrichir l’environnement: boîte remplie de papier où le furet peut creuser et se cacher, sacs en papier, tuyaux en plastique où il peut se faufiler, jouets en plastique durs, jouets faisant du bruit ou assimilables à une proie (balle au bout d’un fil). Il est possible d’apprendre au furet à utiliser une litière pour faire ses besoins. Comme il aime faire dans les coins, l’utilisation d’une litière d’angle est conseillée. Il est recommandé dans la littérature d’utiliser une litière en granulés plutôt qu’une litière agglomérante. Cependant, lors de ses escapades hors de la cage le, furet n’y retournera pas forcément pour faire ses besoins si celle-ci est trop loin. Il peut donc être utile de disposer plusieurs litières dans les lieux de la maison où le furet a accès. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012). Concernant son alimentation, le furet est un carnivore strict. Son régime alimentaire doit être riche en graisses et en protéines animales et pauvre en carbohydrates. Le furet développe de fortes préférences alimentaires en grandissant, il faut donc essayer de varier les 93 goûts, les textures et les odeurs pour l’habituer à un large choix d’aliments. Le régime alimentaire idéal se compose de croquettes pour furet de haute qualité (30 à 35% de protéines animales, 15 à 20% de matières grasses animales, ingrédients composés de produits carnés en majorité, faibles taux de fibres végétales et de carbohydrates) auxquelles on peut ajouter des proies entières (poussins, souris, œufs frais) au moins une fois par semaine et des friandises à base de viande (blancs de poulet, foie de volaille,…) de temps en temps. L’idéal est de proposer la nourriture plusieurs fois par jour ou de la laisser à disposition en permanence. Pour enrichir l’environnement du furet, il faut varier les lieux et les méthodes de distribution. L’eau doit être changée quotidiennement et être accessible en permanence. On peut utiliser un biberon ou un bol, à condition que celui-ci ne soit pas facilement renversable car le furet aime jouer avec l’eau. (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012). C. Contention La contention du furet pour la réalisation d’un examen clinique complet est variable en fonction de l’animal. Si celui-ci est docile, calme, habitué à être manipulé on peut simplement le soutenir d’une main sous le thorax en laissant pendre les membres postérieurs ou en les soutenants de l’autre main (fig.29). On peut aussi le maintenir sur la table d’examen en plaçant une main autour du cou de l’animal et l’autre sur les lombes. En revanche, si l’animal est très actif, jeune ou peu habitué à être manipulé, il risque de mordre (sans prévenir) et dans ce cas la contention doit être plus importante : la technique consiste à prendre fermement l’animal par la peau du cou et à laisser les quatre membres pendre dans le vide (fig.30). Cette technique fait souvent bailler le furet, ce qui peut faciliter l’examen de la cavité buccale. Elle est de plus très pratique pour l’examen de l’abdomen. La prise de température rectale nécessite la présence d’un aide pour tenir l’animal : elle peut en effet s’avérer compliquée chez le furet, celui-ci s’y opposant en général vigoureusement. L’administration de médicaments nécessite également la présence d’un aide pour la contention de l’animal. Pour la réalisation de ces actes, l’utilisation d’une serviette dans laquelle on enroule l’animal et l’utilisation de produits alimentaires appétants à base de viande présentés à l’animal pour le distraire – notamment pour les injections – (exemple : pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s, Nutrigel Plus®) peuvent être associés aux techniques de contention précédemment décrites. (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (WOLF T.M., 2009). Figure 29 : Contention du furet d’une main sous le thorax de l’animal. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 94 Figure 30 : La contention du furet par la peau du cou. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter Il existe quatre sites principaux pour la réalisation de prise de sang chez le furet : la veine céphalique et la veine saphène latérale pour les prélèvements de petites quantités de sang ; la veine jugulaire et la veine cave crâniale (fig.31) pour les prélèvements plus importants. Pour les trois premiers, il n’est en général pas nécessaire d’effectuer une sédation ou une anesthésie et les méthodes de contention sont similaires à celles du chat. L’utilisation d’une serviette enroulée autour de l’animal peut permettre une meilleure contention. Pour limiter l’inconfort de l’animal, il est possible d’appliquer une crème anesthésiante au niveau du site de ponction une demi-heure à une heure avant la prise de sang. La réalisation de prélèvement à la veine cave crâniale doit en revanche quasiment toujours se faire sous anesthésie, un animal vigile risquant de bouger et de provoquer une lacération des vaisseaux par l’aiguille. Ce geste est cependant moins risqué chez le furet que chez les autres espèces de petits mammifères du fait de la longueur du thorax et de la localisation très caudale du cœur dans celui-ci. Le prélèvement sanguin ne doit pas excéder 10% du volume sanguin total du furet, qui représente 5 à 7% du poids vif. (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (WOLF T.M., 2009), (JOSLIN J.O., 2009). La pose de cathéter intraveineux s’effectue sous tranquillisation ou anesthésie flash gazeuse, sauf chez les animaux débilités, à la veine céphalique (fig.32) ou à la veine saphène latérale. La peau du furet étant très épaisse, il est nécessaire de la scarifier afin de faciliter la pose du cathéter. Chez les animaux déshydratés, en hypovolémie ou chez les jeunes, si la pose d’un cathéter intraveineux classique est impossible, un cathéter intraveineux central peut être posé à la veine jugulaire. Si cela est impossible, il faut alors poser un cathéter intraosseux. Les sites principaux sont le tibia proximal et le fémur proximal. La vérification du placement du cathéter se fait par la réalisation de radiographies en vue latérale et crânio-caudale du membre. L’idéal est de repasser sur un cathéter intraveineux aussi tôt que possible. Dans tous les cas, le cathéter intraosseux ne doit pas rester en place plus de 72 heures. (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (LENNOX A.M., 2008). 95 Figure 31 : Prise de sang à la veine cave crâniale sous anesthésie flash gazeuse chez un furet. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. Figure 32 : Pose de cathéter à la veine céphalique chez le furet. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. 96 II. Normes biologiques A. Normes physiologiques Durée de vie moyenne (ans) Poids moyen (kg) 6 – 12 Mâle entier Femelle entière Individu stérilisé Maturité sexuelle (mois) Durée de gestation (jours) Taille moyenne des portées (nombre de furetons) Age de sevrage (semaines) Consommation de nourriture (g/kg de poids vif/j) Consommation d’eau (mL/j) 1–2 0,5 – 1 0,8 – 1,2 4–8 40 – 44 8 (1 – 18) 6–8 43 75 – 100 Fréquence cardiaque (battements par minute) Fréquence respiratoire (mouvements par minute) Température rectale (°C) 200 – 400 33 – 36 37,8 – 40,0 Tableau 11 : Les paramètres biologiques de base du furet. (MORRISEY J.K., 2012), (POWERS L.V., BROWN S.A., 2012), (LEWINGTON J., 2005). B. Normes hématologiques Hématies Hémoglobine Hématocrite VGM TGMH CCMH Leucocytes PNN Lymphocytes Monocytes PNE PNB Plaquettes Valeurs usuelles 7,4 – 13,0 13,8 – 21,9 40 – 70 49,6 – 60,6 16,1 – 19,3 28,7 – 33,7 3,0 – 16,7 17,2 – 81,9 0,9 – 7,4 12,6 – 80,6 0,6 – 10,5 0 – 6,5 0 – 0,5 0 – 5,7 0 – 0,7 0 – 1,4 0 – 0,2 171,7 – 1280,6 Unité 106/mm3 g/dL % fL pg g/dL 103/mm3 % 103/mm3 % 3 10 /mm3 % 3 10 /mm3 % 103/mm3 % 3 10 /mm3 103/mm3 Tableau 12 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du furet. (HEIN J. and al., 2012). Remarque : l’anesthésie gazeuse à l’isoflurane entraîne une diminution des paramètres hématologiques, et ce dès l’induction. L’effet est maximal au bout de 15 minutes. Il faut donc 97 interpréter avec précaution les résultats des prises de sang obtenues sur un furet anesthésié. (HEIN J. and al., 2012), (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012). C. Normes biochimiques Urée Créatinine PAL ALAT ASAT Glucose Protéines totales Albumine Calcium Phosphore Chlore Sodium Potassium Valeurs usuelles 13,4 – 47,3 0,26 – 0,87 13,3 – 141,6 49,0 – 242,8 40,1 – 142,7 54,0 – 153,1 54,7 – 77,9 28,0 – 43,9 8,0 – 10,4 3,1 – 9,6 108,0 – 119,9 140,1 – 169,7 3,9 – 5,9 Unité mg/dL mg/dL UI/L UI/L UI/L mg/dL g/L g/L mg/dL mg/dL mEq/L mEq/L mEq/L Tableau 13 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du furet. (HEIN J. and al., 2012). D. Analyse d’urine Volume d’urine (mL/j) pH Protéines urinaires (mg/dL) Valeurs usuelles Mâle Femelle 26 (8 – 48) 28 (8 – 140) 6,5 – 7,5 7 – 33 0 – 32 Tableau 14 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du furet. (MORRISEY J.K., 2012), (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012). III. Vaccination du furet de compagnie Le furet doit être vacciné contre deux maladies : la maladie de Carré et la rage. Seuls les animaux apparemment en bonne santé et ne présentant pas de contre-indication à la vaccination après la réalisation d’un examen clinique complet peuvent être vaccinés. Chez le furet, les réactions vaccinales sont plus fréquentes que chez les carnivores domestiques. Les causes de réactions sont le nombre de valences contenues dans le vaccin administré et la présence d’adjuvants. De plus, il a été montré qu’il ne faut pas utiliser chez le furet des vaccins fabriqués sur des lignées cellulaires canines ou de furets car ceux-ci sont plus susceptibles de provoquer une maladie vaccinale. En conséquence, il faudra utiliser des vaccins atténués par passage sur des cellules aviaires uniquement et contenant le moins de valences possibles. Le bénéfice/risque de la vaccination doit être évalué au cas par cas en fonction de l’âge de l’animal, de son statut immunitaire et de son état de santé au moment de la vaccination. La maladie de Carré est fatale dans 100% des cas chez le furet, c’est pourquoi il faut vacciner tous les furets contre cette maladie, quel que soit leur mode de vie (sorties à 98 l’extérieur ou non). En France, il est possible d’utiliser hors AMM deux vaccins canins: le vaccin Nobivac Puppy CP® (MSD Santé Animale) ou le vaccin Canigen CH® (Virbac). Actuellement aux États-Unis, un seul vaccin est approuvé pour la vaccination du furet contre la maladie de Carré : le vaccin Purevax® Ferret Distemper (Mérial). Il s’agit d’un vaccin recombinant vectorisé avec un Canarypoxvirus, il ne contient donc pas le virus complet de la maladie de Carré (mais seulement des séquences du génome de celui-ci) ni d’adjuvant. Son utilisation limite le risque de réactions post vaccinales bien qu’elle ne l’élimine pas. Ce vaccin n’est pas disponible en France à ce jour. Le protocole vaccinal est présenté dans le tableau 15. Concernant la rage, des études ont montré que le furet est moins sensible que d’autres carnivores. En France, la vaccination n’est pas obligatoire et est à effectuer au cas par cas en fonction du devenir de l’animal (voyages à l’étranger, exposition, …). Elle nécessite l’établissement d’un passeport européen pour la certification de la vaccination et donc l’identification de l’animal par transpondeur électronique. Il existe un vaccin avec AMM pour les mustélidés : le vaccin Rabisin® (Merial). Le protocole vaccinal est présenté dans le tableau 15. (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (TESSIER E., 2011), (WOLF T.M., 2009), (QUINTON J.-F. (2009b). VACCINS PROTECTION CONTRE Nobivac Puppy DP®, Canigen CH®, (Purevax® Ferret Distemper). Maladie de Carré Rabisin® Rage PRIMOVACCINATION RAPPEL - 1 injection en SC à 6 à 8 semaines d’âge, Annuel. puis 1 injection toutes les 3 à 4 semaines jusqu’à 14 à 16 semaines d’âge soit 3 injections. - pour les adultes : 2 injections en SC à 2 à 4 semaines d’intervalle. 1 injection en SC à partir de 3 mois d’âge. Annuel. Validité : à partir de 3 semaines après l’injection. Tableau 15 : Les protocoles de vaccination chez le furet. (QUESENBERY K.E., ORCUTT C., 2012), (TESSIER E., 2011), (WOLF T.M., 2009). Il est fréquent que le furet présente une petite réaction locale (inflammation au point d’injection) ou générale (apathie, dysorexie, légère hyperthermie) suite à la vaccination. Cette réaction est bénigne et doit disparaître en quelques jours. Le principal risque post vaccinal chez le furet est une réaction d’hypersensibilité ou choc anaphylactique. Cette réaction est assez fréquente et potentiellement grave si elle n’est pas traitée à temps. Elle survient en général très rapidement après l’injection et jusqu’à 24 à 48 heures après. Elle se traduit dans les cas modérés par du prurit et un érythème cutané, et dans les cas plus sévères par de la salivation, des vomissements, de la diarrhée, une piloérection, de l’hyperthermie, de l’hyperhémie (visible surtout au niveau du nez et des muqueuses) voire une détresse respiratoire, un choc cardiovasculaire ou la mort. C’est pourquoi il est primordial de garder au moins 30 minutes en salle d’attente un furet qui vient d’être vacciné. Cette réaction est en général due à l’adjuvant. Elle se reproduira après chaque vaccination avec le même produit. Lorsqu’un furet a présenté une réaction d’hypersensibilité lors de la vaccination, il faut soit cesser de le vacciner si le rapport bénéfice/risque de la vaccination est faible (risque d’exposition de l’animal au virus minimal), soit changer de produit (pour le vaccin de la maladie de Carré) soit effectuer un traitement préventif par une injection de diphenhydramine (2 mg/kg PO ou SC) 15 minutes avant l’injection vaccinale. 99 En cas de réaction vaccinale, la prise en charge doit être rapide (Encadré 11) et l’animal doit être surveillé jusqu’à la disparition des signes (parfois jusqu’à 48 heures après le début de la réaction). (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (TESSIER E., 2011), (WOLF T.M., 2009). Gestion du choc anaphylactique chez le furet : • Hospitalisation sous oxygénothérapie pour les animaux dyspnéiques éventuellement associée à l’injection de bronchodilatateurs : terbutaline (0,01 mg/kg SC), aminophylline (4 mg/kg SC). • Injection de corticoïdes à courte durée d’action : dexaméthasone (1 à 2 mg/kg IV ou IM). • Administration d’antihistaminiques : chlorphéniramine (2 mg/kg PO) en début de choc ou diphenhydramine (0,5 à 2 mg/kg IV ou IM). • Administration d’adrénaline (20 µg/kg IV, IM, SC ou en intratrachéal) dans les cas sévères. Encadré 11 : Prise en charge du choc anaphylactique chez le furet. (QUESENBERY K.E., ORCUTT C., 2012), (TESSIER E., 2011), (WOLF T.M., 2009). Le second risque post vaccinal est le déclenchement d’une maladie vaccinale. Cette réaction indésirable est moins fréquente que la précédente et due soit à une virulence résiduelle (elle-même due une mauvaise atténuation du virus lors de sa fabrication), soit à l’utilisation de souches vaccinales qui n’ont pas été fabriquées sur des lignées cellulaires aviaires. (TESSIER E., 2011). Des fibrosarcomes post vaccinaux ont été décrits chez le furet. Il est cependant moins sensible au développement de ces tumeurs que le chat. (QUESENBERRY K.E., ORCUTT C., 2012), (TESSIER E., 2011), (WOLF T.M., 2009). 100 IV. Les principales maladies du furet Les maladies inscrites en gras sont celles que nous allons détailler, les autres ne seront pas traitées car trop peu fréquentes ou non spécifiques du furet. A. Classification étiologique ♦ Affections virales • Entérite catarrhale épizootique (Coronavirus : CVEF) • Grippe (virus Influenza) • Maladie aléoutienne (Parvovirus : ADV) • Maladie de Carré (Morbillivirus) • Coronavirose systémique (Coronavirus : CVSF) • Rage (Lyssavirus) • Rotavirose (Rotavirus) ♦ Affections bactériennes • Gastrite et ulcères gastro-intestinaux à Helicobacter mustelae • Cystite (Escherichia coli, Staphylococcus spp., Proteus spp.) • Entérocolite proliférative (Lawsonia intracellularis) • Maladie parodontale • Mycobactériose (Mycobacterium avium, M. bovis, M. genavense, M. abscesses, M. celatum) • Pneumonie bactérienne (Streptococcus zooepidermicus, Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Bordetella bronchiseptica, Pasteurella multocida, Mycoplasma spp.) • Pyodermite (Staphylococcus aureus, Streptococcus spp.) • Salmonellose (Salmonella newport, S. typhimurium, S. cholerasuis) ♦ Affections parasitaires • Otodectose (Otodectes cynotis) • Coccidiose (Isospora putorii, Eimeria furonis, E. putoris, E. vison) • Cryptosporidiose (Cryptosporidium parvum) • Dirofilariose (Dirofilaria immitis) • Gale sarcoptique (Sarcoptes scabiei) • Giardiose (Giardia intestinalis) • Helminthose (Toxocara cati, Toxascaris leonina, Ankylostoma sp., Dypilidium caninum, Uncinaria criniformis, Capillaria putorii,Capillaria mucronata) • Infestation par les tiques (Ixodes ricinus) • Pulicose (Ctenocephalides felis et C. canis) ♦ Affections fongiques • Dermatophytose (Microsporum canis, Trychophyton mentagrophytes) • Rhinite et pneumonie fongiques (Cryptococcus neoformans, Blastomyces dermatitidis, Histoplasma capsulatum, Coccidioides immitis) ♦ Autres affections * Affections liées aux conditions environnementales • Hyperœstrogénisme • Obstruction gastro-intestinale par corps étranger 101 • Alopécie saisonnière • Corps étranger nasal, trachéal, bronchique • Gastrite par ingestion de produit toxique • Rhinite par hypersensibilité ou irritation * Affections liées au stress • Effluvium télogène * Affections liées à un traumatisme • Fractures, luxations, entorses,… • Mucocèle salivaire • Pyodermite * Affections liées à l’alimentation • Urolithiase * Affections tumorales • Insulinome • Lymphome • Maladie surrénalienne • Tumeurs cutanées : mastocytome, épithélioma sébacé, adénome sébacé, adénocarcinome sébacé, adénome et adénocarcinome des glandes sudoripares, adénocarcinome des glandes apocrines, carcinome épidermoïde, lymphome cutané épithéliotrope, fibrome, fibrosarcome, hémangiome, hémangiosarcome, myxome, myxosarcome, hystiocytome • Myélome multiple • Tumeurs de la cavité buccale : carcinome épidermoïde • Tumeurs musculo-squelettiques : chordome, chondrome, chondrosarcome, fibrosarcome, rhabdomyosarcome, carcinome des cellules synoviales, ostéome, ostéosarcome • Tumeurs nasales * Affections dégénératives • Cardiomyopathie dilatée • Maladie valvulaire dégénérative • Cardiomyopathie hypertrophique • Hernie discale • Insuffisance rénale chronique * Affections iatrogènes • Gastrite due à l’administration d’AINS • Pneumonie par fausse déglutition * Affections d’étiologie inconnue ou difficile à déterminer • Maladie inflammatoire intestinale : gastro-entérites lymphoplasmocytaire et éosinophilique • Mégaœsophage acquis • Myofasciite disséminée idiopathique • Pneumonie lipidique endogène • Polykystose rénale 102 B. Classification clinique par type d’organe affecté ♦ Affections de l’appareil respiratoire • Grippe • Maladie de Carré • Corps étranger nasal, trachéal, bronchique • Mycobactériose • Pneumonie bactérienne • Pneumonie lipidique endogène • Pneumonie par fausse déglutition • Rhinite et pneumonie fongiques • Rhinite par hypersensibilité ou irritation • Tumeurs nasales ♦ Affections de l’appareil cardiovasculaire • Cardiomyopathie dilatée • Maladie valvulaire dégénérative • Cardiomyopathie hypertrophique • Dirofilariose ♦ Affections de l’appareil digestif • Entérite catarrhale épizootique (ECE) • Gastrite et ulcères gastro-intestinaux à Helicobacter mustelae • Maladie inflammatoire intestinale : gastro-entérites lymphoplasmocytaire et éosinophilique • Obstruction gastro-intestinale par corps étranger • Coccidiose • Coronavirose systémique • Cryptosporidiose • Entérocolite proliférative • Gastrite due à l’administration d’AINS • Gastrite par ingestion de produit toxique • Giardiose • Helminthose • Maladie parodontale • Mégaœsophage acquis • Mucocèle salivaire • Mycobactériose • Rotavirose • Salmonellose • Tumeurs de la cavité buccale : carcinome épidermoïde ♦ Affections de la peau et du pelage, des oreilles ou des pattes • Hyperœstrogénisme • Maladie de Carré • Maladie surrénalienne • Otodectose • Tumeurs cutanées • Alopécie saisonnière • Dermatophytose • Effluvium télogène 103 • Gale sarcoptique • Infestation par les tiques • Pulicose • Pyodermite ♦ Affections endocriniennes • Insulinome • Maladie surrénalienne ♦ Affections de l’appareil urogénital • Hyperœstrogénisme • Kystes prostatiques, abcès prostatiques et kystes para-urétraux (secondaires à la maladie surrénalienne) • Cystite • Insuffisance rénale • Mammite • Polykystose rénale • Pyomètre • Urolithiase ♦ Affections oculaires • Cataracte • Mycobactériose ♦ Affections musculo-squelettiques • Fractures, luxations, entorses,… • Myofasciite disséminée idiopathique • Tumeurs musculo-squelettiques ♦ Affections nerveuses • Maladie de Carré • Maladie aléoutienne • Hernie discale • Méningo-encéphalite • Rage ♦ Affections du système hémolymphatique • Lymphome 104 C. Les maladies du furet 1. Affections de l’appareil respiratoire a. Maladie de Carré 1. Etiologie, pathogénie La maladie de Carré est une affection virale contagieuse causée par un Morbillivirus (virus à ARN de la famille des Paramyxoviridae). Cette affection est peu fréquente, grâce à la vaccination, mais très grave car fatale dans presque 100% des cas chez le furet. Les jeunes sont plus sensibles que les adultes. La transmission du virus se fait par contact direct avec les sécrétions nasales et oculaires, la salive, l’urine, les selles ou la peau d’un animal infecté ou par inhalation d’aérosols issus de ces fluides corporels et contenant des particules virales. La transmission du virus peut aussi avoir lieu par contact avec des objets contaminés (le virus peut survivre une vingtaine de minutes sur des objets). De nombreuses espèces de carnivores constituent un réservoir du virus : chiens et furets non vaccinés, carnivores sauvages de la famille des Canidés (renard, loup), de la famille des Mustélidés (vison, fouine) ou de la famille des Procyonidés (raton-laveur). Chez le furet, la période d’incubation dure habituellement 7 à 10 jours. Le virus est d’abord présent dans l’appareil respiratoire. L’infection virale se déroule ensuite selon plusieurs étapes : atteinte des nœuds lymphatiques régionaux par le biais de macrophages infectés, puis dissémination et réplication du virus dans de nombreux organes, expliquant le caractère multisystémique de l’affection. La dissémination virale dans l’organisme est caractérisée par une virémie persistante qui débute dans les 2 jours qui suivent l’infection. La réplication virale a lieu essentiellement dans l’épithélium respiratoire mais aussi dans les nœuds lymphatiques, dans les épithéliums de l’appareil digestif ou de l’appareil urogénital, dans le foie ou dans le système nerveux central. Environ 7 jours après l’infection, le virus est présent dans toutes les sécrétions : salive, sécrétions nasales et oculaires, urine, selles. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 2. Présentation clinique Les premiers signes cliniques de la maladie de Carré sont de la fièvre, avec une hyperthermie (température supérieure à 40°C) associée à un abattement et à de l’anorexie, un jetage nasal séreux parfois associé à des éternuements, un épiphora séreux, un blépharospasme et une photophobie. Une toux peut aussi être présente. Il s’agit de la phase catarrhale. Quelques jours plus tard, une éruption cutanée, érythémateuse et prurigineuse, caractéristique de l’affection chez le furet apparaît : une dermatite papuleuse du menton et une chéilite avec congestion et formation de croûtes brunes sont observées. L’atteinte cutanée s’étend par la suite aux régions périanale et inguinale, qui peuvent prendre une coloration orangée. Une pyodermite secondaire est possible. Le jetage nasal et l’épiphora deviennent mucopurulents et sont à l’origine d’une accumulation de croûtes autour des yeux, de la truffe et du menton. Les infections bactériennes secondaires sont fréquentes du fait du caractère immunosuppresseur du virus, notamment les pneumonies qui sont associées à des signes respiratoires sévères tels que toux et dyspnée. Elles peuvent causer la mort de l’animal au cours de la phase catarrhale. 105 Des signes digestifs, tels que vomissements, diarrhée ou méléna sont possibles mais peu fréquents chez le furet. Dans les cas plus avancés, une kératodermie de la truffe et des coussinets est souvent présente. En fin d’évolution de la maladie, des signes neurologiques se développent : changement de comportement, agressivité, hypersalivation, incoordination, ataxie, parésie ou paralysie, tremblements musculaires, myoclonies, hyperesthésie, rigidité cervicale, torticolis, nystagmus, convulsions ou coma. Il s’agit de la phase neurotrope de la maladie. L’affection est fatale dans presque 100% des cas. La mort survient en général 12 à 35 jours après l’infection, en fonction de la virulence de la souche virale. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). Remarque : chez un furet antérieurement vacciné, la présentation clinique peut varier : l’évolution de la maladie peut être prolongée et certains signes cliniques peuvent être absents. (BOUSSARIE D., 2008a), (ORCUTT C., TATER K., 2012). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes possibles des différents signes cliniques observés: - signes respiratoires (notamment le jetage nasal et les éternuements) : la grippe, une infection bactérienne secondaire, un corps étranger nasal, une tumeur nasale, plus rarement une fistule oro-nasale due à un abcès dentaire ou une infection respiratoire fongique, - signes cutanés : une pyodermite, une démodécie, - signes digestifs : une infection par Helicobacter mustelae, l’entérite catarrhale épizootique, un corps étranger gastro-intestinal, la maladie inflammatoire gastro-intestinale, - signes neurologiques : la rage, une encéphalite à Toxoplasma gondii. (OGLESBEE B.L., 2011a), (OGLESBEE B.L., 2011b), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007a). 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être établi pour tout furet non vacciné présentant les signes respiratoires et cutanés caractéristiques de l’affection et ayant pu être exposé à une source d’infection par le virus de la maladie de Carré. (OGLESBEE B.L., 2011a), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LANGLOIS I., 2005). Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : - une numération-formule-sanguine : elle pourra révéler une lymphopénie en début d’évolution de la maladie, une anémie non régénérative, - une biochimie : elle pourra révéler une augmentation des concentrations sériques des globulines, - des radiographies thoraciques : lors de pneumonie, cet examen pourra mettre en évidence une congestion pulmonaire ou une consolidation de lobe pulmonaire. (OGLESBEE B.L., 2011a), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (WOLF T.M., 2009). Le diagnostic de certitude repose sur l’identification du virus. Ante mortem, on peut réaliser les analyses suivantes : - une analyse sérologique (mesure des taux d’IgG et d’IgM): un résultat positif chez un furet non vacciné confirme une infection, - un test d’immunofluorescence directe : sur frottis sanguin, sur raclage conjonctival ou sur raclage de muqueuse pour identifier les antigènes viraux. Cet examen est intéressant 106 uniquement dans les premiers jours de l’affection, il devient moins sensible par la suite. Les faux négatifs sont possibles. La vaccination n’interfère pas avec ce test. - une analyse PCR (RT-PCR ou Nested PCR): l’échantillon à privilégier est le sang prélevé sur ETDA, mais l’examen est aussi possible sur raclage conjonctival, sur urine, sur LCR ou sur selles (écouvillonnage rectal). La vaccination peut être à l’origine de faux positifs pendant quelques semaines. Ce test reste cependant valable chez le furet vacciné car il existe une sonde spécifique permettant de distinguer les souches vaccinales des souches sauvages du virus et car la charge virale de virus vaccinal est plus faible que chez les animaux infectés par le virus sauvage. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). Post mortem, on peut réaliser les analyses suivantes: - une analyse histopathologique : des corps d’inclusion sont observables en position intracytoplasmique ou intranucléaire (surtout dans le tissu cérébral), - une analyse PCR, - un test d’immunofluorescence sur prélèvement tissulaire. Pour effectuer ces analyses, les prélèvements tissulaires peuvent être réalisés sur de nombreux organes, comme les poumons, les reins, le foie, la rate, les nœuds lymphatiques, l’estomac, la vessie ou le cerveau. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (WOLF T.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 5. Traitement, pronostic et prévention Il n’existe pas de traitement spécifique de cette affection. Celui-ci est souvent illusoire du fait du pronostic très sombre de la maladie de Carré chez le furet. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (WOLF T.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (BOUSSARIE D., 2008a). En attendant la confirmation du diagnostic, les animaux malades doivent être hospitalisés et isolés et un traitement symptomatique peut être mis en place pour prolonger la vie de l’animal : fluidothérapie, utilisation d’agents bronchodilatateurs ou mucolytiques, alimentation assistée pour les animaux anorexiques, collyre ou pommade ophtalmique antibiotique, antibiothérapie systémique pour limiter les infections bactériennes secondaires et soins cutanés comme des bains à base de shampoings antiprurigineux. Une fois le diagnostic confirmé, l’euthanasie est la solution la plus humaine. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (WOLF T.M., 2009), (LANGLOIS I., 2005). La prévention repose sur : - la protection des jeunes furets de moins de 6 semaines en empêchant les contacts avec la faune sauvage ou avec des furets ou des chiens non vaccinés, - la vaccination : primovaccination à partir de l’âge de 6 semaines et rappels annuels (voir Vaccination). - l’hygiène de l’environnement : un nettoyage et une désinfection permettent d’éliminer efficacement le virus car celui-ci est sensible à la chaleur, aux détergents et aux désinfectants. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011a), (WOLF T.M., 2009), (LANGLOIS I., 2005). 107 b. Grippe 1. Etiologie, pathogénie La grippe est l’une des causes infectieuses de troubles respiratoires les plus fréquentes chez le furet. Les furets sont très sensibles aux virus Influenza de type A et B (virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridae), responsables de la grippe chez l’homme. Cette sensibilité concerne notamment les virus de type A, dont la souche humaine du virus H1N1, car les virus de type B sont moins pathogènes. Ils sont aussi sensibles à la souche porcine du virus H1N1 et expérimentalement sensibles au virus H5N1 de la grippe aviaire. Chez les jeunes furetons, l’affection peut être très sévère voire mortelle, alors qu’elle se résout en général spontanément chez les adultes. La transmission du virus se fait par voie aérienne, par l’intermédiaire d’aérosols contenant des particules virales. La contamination intervient souvent de l’homme au furet, mais peut aussi se produire entre furets. La contamination du furet à l’homme est théoriquement possible, cependant un seul cas est rapporté dans la littérature. La période d’incubation de la grippe est très courte, de l’ordre de 48 heures, car le virus se réplique dans la muqueuse nasale. L’excrétion du virus dure 3 à 4 jours et débute lors du pic d’hyperthermie. Dans certains cas, l’infection virale peut s’étendre aux poumons, au niveau de l’épithélium bronchique, et favoriser une pneumonie bactérienne secondaire. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011c), (WOLF T.M., 2009), (JOHNSONDELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 2. Présentation clinique Les signes cliniques de la grippe chez le furet sont similaires à ceux de la grippe humaine et apparaissent rapidement. Ils sont caractérisés par une phase d’hyperthermie de 48 heures environ, par de la léthargie, par de l’anorexie, par une rhinite avec un jetage nasal séreux et des épisodes d’éternuements, par un épiphora séreux associé à une conjonctivite et à de la photophobie. Des signes de « maux de gorge », comme des efforts de déglutition sont parfois observés. Occasionnellement, l’animal pourra aussi présenter une otite unilatérale ou des vomissements. L’animal reste généralement alerte. En cas de pneumonie bactérienne secondaire, le jetage nasal et l’épiphora deviennent mucopurulents et des signes d’atteinte des voies respiratoires profondes, tels que de la toux ou une dyspnée peuvent être observés. En l’absence de complications bactériennes, l’affection se résout en général spontanément en 7 à 14 jours. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011c), (WOLF T.M., 2009), (JOHNSONDELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes d’atteinte des voies respiratoires supérieures chez le furet : la maladie de Carré, un corps étranger nasal, une tumeur nasale, plus rarement une fistule oro-nasale, un abcès dentaire ou une infection respiratoire fongique. La principale affection à considérer est la maladie de Carré, les signes cliniques étant très proches en début d’évolution. La survenue des autres signes cliniques de cette affection quelques jours plus tard et l’aggravation de l’état de l’animal aident à distinguer la maladie de Carré de la grippe. (OGLESBEE B.L., 2011c), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 108 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic établi est le plus souvent un diagnostic de suspicion. Il repose sur la présence des signes cliniques chez un furet ayant récemment été exposé à d’autres furets ou à une personne atteinte de la grippe, et sur la guérison de l’animal en quelques jours. (OGLESBEE B.L., 2011c), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LANGLOIS I., 2005). Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : - une numération-formule-sanguine : cet examen pourra révéler une leucopénie transitoire en début d’infection ou une leucocytose en cas d’infection bactérienne secondaire, - des radiographies de la tête : cet examen peut être nécessaire pour exclure certaines hypothèses comme une tumeur nasale ou une affection dentaire, - des radiographies thoraciques : intéressant lors de suspicion de pneumonie. (OGLESBEE B.L., 2011c), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012). La confirmation du diagnostic repose sur l’identification du virus. Celle-ci peut notamment être effectuée par : - l’isolement du virus par culture cellulaire : à partir d’un échantillon de sécrétions nasales ou oculaires, - un test sérologique rapide de type ELISA. (OGLESBEE B.L., 2011c), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de la grippe chez le furet ne nécessite généralement pas une hospitalisation, sauf pour les animaux déshydratés, anorexiques ou présentant une pneumonie secondaire. Le traitement est symptomatique et comprend : - une alimentation assistée : éventuellement par gavage avec des aliments de convalescence comme le Carnivore Care® ou la pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s chez les animaux anorexiques, - une fluidothérapie SC ou IV : en cas de déshydratation, d’anorexie ou de pneumonie secondaire, - une antibiothérapie systémique : pendant une dizaine de jours, pour prévenir ou traiter une pneumonie bactérienne secondaire. Cet axe du traitement est important, surtout chez les furetons qui développent très facilement des infections bactériennes secondaires lorsqu’ils sont atteints de grippe. Les molécules les plus utilisées sont : le triméthoprime/sulfamide (15 – 30 mg/kg PO ou SC, BID), l’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID), une céphalosporine comme la céfalexine (15 à 25 mg.kg PO BID ou TID) ou l’association quinolone/β-lactamine comme l’enrofloxacine et l’amoxicilline/acide clavulanique (12,5 mg/kg PO, BID), - des soins oculaires : nettoyage des yeux et application de pommade ophtalmique antibiotique, - un soutien de la fonction respiratoire : • par une oxygénothérapie chez les furets présentant des signes respiratoires sévères de pneumonie, • par l’administration de bronchodilatateurs tels que l’aminophylline (4 mg/kg PO ou IM, BID), • par l’administration d’antihistaminiques comme le chlorphéniramine (1 à 2 mg/kg PO, BID ou TID), la diphenhydramine (0,5 à 2 mg/kg PO, IM ou IV BID ou TID) ou la phényléphrine pour diminuer la congestion nasale, 109 • par l’administration d’un antitussif comme la butopiprine lors de toux persistante et en l’absence de pneumonie. (OGLESBEE B.L., 2011c), (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005), (MORRISEY J.K., 2012). L’utilisation (expérimentale) efficace de molécules antivirales est rapportée dans la littérature. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), (JOHNSON-DELANEY C.A., OROSZ S.E., 2011), (WOLF T.M., 2009). L’utilisation de molécules à effet antipyrétique, comme le paracétamol, l’aspirine ou les AINS est globalement déconseillée dans la littérature. (BARRON H.W., ROSENTHAL K.L., 2012), Le furet malade doit être gardé au repos dans un endroit calme jusqu’à sa guérison. Les contacts avec des personnes ou avec d’autres furets doivent être limités afin de prévenir au mieux la transmission du virus. (OGLESBEE B.L., 2011c). Le pronostic de la grippe est excellent chez le furet, sauf dans le cas où une infection bactérienne secondaire se développe. (OGLESBEE B.L., 2011c). Pour prévenir l’affection, il faut éviter les contacts avec des personnes ou des furets présentant des signes de grippe. Le respect des règles d’hygiène est également important : les personnes présentant une affection respiratoire doivent éviter de manipuler un furet et se laver les mains avant de nettoyer la cage de l’animal, de le nourrir ou de lui donner à boire. La vaccination contre la grippe n’est pas disponible et n’est pas conseillée pour le furet. (OGLESBEE B.L., 2011c), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a), (LANGLOIS I., 2005). Remarque : Il est recommandé par certains auteurs que les propriétaires de furets se fassent vacciner contre la grippe chaque année. (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). 2. Affections de l’appareil cardiovasculaire a. Cardiomyopathie dilatée 1. Etiologie, pathogénie Les affections cardiaques sont fréquentes chez le furet et la cardiomyopathie dilatée est de loin la plus diagnostiquée dans cette espèce. Elle est le plus souvent observée chez des furets âgés de plus de 3 à 4 ans. L’étiologie exacte de cette maladie est inconnue. Il s’agit d’une atteinte du muscle myocardique ventriculaire caractérisée par une insuffisance systolique et une dilatation ventriculaire puis atriale à l’origine d’un débit cardiaque bas et d’une insuffisance cardiaque congestive. Le ventricule gauche, le ventricule droit ou les deux ventricules peuvent être touchés. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). Remarque : contrairement au chat, le rôle d’une carence en taurine dans le développement de cette affection n’est pas prouvé. (OGLESBEE B.L., 2011d), (WAGNER R.A., 2009). 2. Présentation clinique Les affections cardiaques peuvent être asymptomatiques chez le furet. Lors de manifestation clinique, la cardiomyopathie dilatée est caractérisée par : - des signes de faible débit cardiaque : léthargie, anorexie, intolérance à l’effort sous la forme d’une ataxie, d’une parésie ou d’une paralysie des membres postérieurs, syncope, 110 - des signes d’insuffisance cardiaque congestive : pâleur ou cyanose des muqueuses, augmentation du temps de recoloration capillaire (>2 secondes), tachypnée. En cas d’insuffisance cardiaque congestive gauche, un œdème pulmonaire, caractérisé par une dyspnée inspiratoire et expiratoire et une toux, se développe. Lors d’insuffisance cardiaque congestive droite l’animal peut présenter un pouls jugulaire rétrograde, un pouls fémoral faible, un épanchement pleural caractérisé par une augmentation des efforts inspiratoires et une respiration superficielle et rapide, une distension abdominale due à une hépatomégalie, à une splénomégalie ou, plus tardivement, à de l’ascite. Des œdèmes périphériques peuvent se développer mais sont très rares chez le furet. Une hypothermie et une déshydratation peuvent aussi être constatées. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). L’auscultation cardiaque peut mettre en évidence un souffle cardiaque dont l’origine est parfois difficile à déterminer. Le plus souvent, un souffle systolique parasternal gauche non spécifique est entendu. Une tachycardie, un bruit de galop ou une arythmie peuvent aussi être présents. Lors d’épanchement pleural ou péricardique, les bruits cardiaques sont assourdis. L’auscultation pulmonaire met en évidence une augmentation des bruits respiratoires, des crépitements et des sifflements lors d’œdème pulmonaire ou au contraire un assourdissement des bruits respiratoires lors d’épanchement pleural. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes de « faiblesse » du train postérieur : une hypoglycémie (insulinome notamment), une anémie (hyperœstrogénisme, hémorragie digestive, leucémie), un corps étranger gastro-intestinal, un traumatisme, une affection du système nerveux central ou périphérique, la maladie de Carré, la rage, - d’autres causes d’insuffisance cardiaque : la maladie valvulaire dégénérative (endocardiose mitrale), la dirofilariose (responsable d’insuffisance cardiaque congestive droite), une insuffisance aortique, la cardiomyopathie hypertrophique, un épanchement péricardique éventuellement associé à une tamponnade cardiaque, une péricardite restrictive, - d’autres causes d’épanchement pleural : une tumeur médiastinale (notamment lymphome), un abcès, un chylothorax, - d’autres causes de toux : la grippe, la maladie de Carré, une infection bactérienne (trachéite, bronchite, pneumonie), un phénomène néoplasique, la dirofilariose, - d’autres causes de dyspnée : un lymphome médiastinal, la grippe, la maladie de Carré, un traumatisme provoquant une hernie diaphragmatique, une hémorragie pulmonaire ou un pneumothorax ; une obstruction des voies respiratoire par un corps étranger. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e). 4. Examens complémentaires et diagnostic La suspicion d’une affection cardiaque repose sur les commémoratifs (notamment l’âge), sur l’anamnèse et sur les signes cliniques (souffle cardiaque à l’auscultation, signes d’insuffisance cardiaque congestive). (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012). Il est conseillé de réaliser pour tout furet suspect de maladie cardiaque un bilan sanguin (hématologie et biochimie) et urinaire. Ces examens sont le plus souvent normaux. Lors d’insuffisance cardiaque congestive droite, la biochimie peut mettre en évidence une élévation modérée des ASAT, des ALAT et des PAL. Lors d’insuffisance cardiaque gauche 111 une azotémie pré-rénale est parfois observée. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012). Lors de signe d’insuffisance cardiaque congestive droite ou dans les zones ou Dirofilaria immitis est endémique, la détection des antigènes parasitaires par la réalisation d’un test sérologique ELISA est conseillée. Ce test est efficace 5 à 6 mois après l’infestation et la charge parasitaire associée à cette parasitose est faible chez le furet (le plus souvent 1 à 2 filaires adultes). De ce fait, les faux négatifs sont nombreux. (OGLESBEE B.L., 2011e), (WAGNER R.A., 2009). Les examens complémentaires à réaliser pour confirmer le diagnostic sont : - une échocardiographie : il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour le diagnostic définitif de l’affection cardiaque, car il permet de distinguer cardiomyopathie dilatée, cardiomyopathie hypertrophique, endocardiose mitrale, masses cardiaques ou médiastinales, dirofilariose et épanchement péricardique. Les modalités de réalisation sont similaires à celles appliquées au chien ou au chat : l’échocardiographie est effectuée de préférence sans sédation et en plaçant l’animal en décubitus latéral droit puis gauche. Lors de cardiomyopathie dilatée, les changements échocardiographiques sont : un amincissement de la paroi libre du ventricule gauche et une augmentation de son diamètre interne en fin de systole et de diastole. Une diminution de la fraction de raccourcissement est observée. Souvent, une dilatation atriale gauche est également présente. Le ventricule droit est parfois également atteint. - un électrocardiogramme : cet examen permet principalement d’identifier des arythmies ou des troubles de la conduction électrique. Il est effectué sur un animal en décubitus latéral droit et de préférence sans sédation. L’électrocardiogramme normal du furet est caractérisé par un complexe QRS avec des ondes R de grande amplitude (comme chez le chien) et par des ondes P de petite amplitude (comme chez le chat). Une arythmie sinusale respiratoire marquée est fréquente chez le furet en bonne santé. Lors de cardiomyopathie dilatée, de nombreuses anomalies peuvent être observées : contractions ventriculaires ou atriales immatures, tachycardie ventriculaire ou atriale, fibrillations atriales, blocs atrioventriculaires de premier ou de second degré. - des radiographies thoraciques : cet examen permet de mettre en évidence une cardiomégalie (arrondissement de la silhouette cardiaque, augmentation du contact sternal sur la vue de profil, élévation de la trachée, évaluation de la taille du cœur par la méthode du score cardiaque vertébral modifié sur la vue de profil droit) et une insuffisance cardiaque congestive (œdème pulmonaire, congestion des veines pulmonaires, épanchement pleural) et d’exclure d’autres hypothèses telles qu’un lymphome médiastinal. Cet examen ne permet pas cependant de déterminer la nature de l’affection cardiaque. - une thoracocentèse et une analyse de l’épanchement pleural : cet examen permet d’exclure d’autres causes d’épanchement pleural telles qu’un pyothorax, un chylothorax ou un lymphosarcome. Lors d’affection cardiaque, l’épanchement pleural est un transudat modifié. Il est important avant d’effectuer ce geste de se souvenir que le cœur du furet est situé plus caudalement dans le thorax que chez le chien et le chat. - une abdominocentèse et une analyse du fluide d’ascite : lors d’insuffisance cardiaque congestive droite, l’ascite est généralement un transudat modifié. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). Remarque : les résultats de l’échocardiographie et de l’électrocardiogramme sont opérateur dépendant. Il est conseillé de les faire effectuer par une personne habituée à les réaliser. 112 5. Traitement et pronostic Le traitement consiste dans un premier temps à stabiliser les animaux présentant une insuffisance cardiaque congestive et nécessite l’hospitalisation du furet dans un endroit calme, en limitant au maximum les manipulations et en limitant l’activité de l’animal, afin de mettre en place : - une oxygénothérapie : pour les animaux dyspnéiques, - des mesures de réchauffement : pour les animaux hypothermiques (bouillottes, couveuse), - une thoracocentèse : en cas d’épanchement pleural significatif, - l’administration de diurétiques : utilisation de furosémide (2 à 4 mg/kg IM ou IV, toutes les 8 à 12 heures) en cas d’œdème pulmonaire aigu, - l’administration d’un inotrope positif : la dobutamine (5 à 10 µg/kg/min en IV lente) peut être utilisée pendant une coute durée en cas d’insuffisance cardiaque aigue. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). Après stabilisation de l’animal ou pour les animaux présentant une insuffisance cardiaque compensée, un traitement de la cardiomyopathie dilatée peut être mis en place à long terme et comprend : - l’administration d’un diurétique : le furosémide (à la dose minimale effective : 1 à 2 mg/kg PO TID à BID), - l’administration d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) : l’énalapril (0,25 à 0,5 mg/kg PO, toutes les 48 heures puis SID si bien toléré), - l’administration d’une molécule à effet inotrope positif et vasodilatateur: le pimobendan (0,5 mg/kg PO BID), - l’administration d’un digitalique (molécule antiarythmique) : la digoxine (5 à 10 µg/kg PO, SID puis BID si la concentration sérique en digoxine reste inférieure à 1 ng/mL). Son utilisation est indiquée dans la cardiomyopathie dilatée ou en cas d’insuffisance cardiaque avec arythmie supraventriculaire. La concentration sérique de la digoxine doit être évaluée deux semaines après le début du traitement, 8 à 12 heures après l’administration. Elle doit être comprise entre 1 et 2 ng/mL. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). L’effet de ces molécules est à contrôler régulièrement : les IECA ont des effets hypotenseurs auxquels les furets sont très sensibles, il faut diminuer la dose administrée si l’animal manifeste des signes d’hypotension (faiblesse, léthargie). Les diurétiques peuvent provoquer une déshydratation et une hypokaliémie. L’association IECA et diurétique peut être à l’origine d’une azotémie, notamment chez les furets présentant une insuffisance cardiaque sévère ou chez lesquels une atteinte rénale était préexistante. Il faut alors diminuer la dose de diurétique administrée, voire aussi la dose d’IECA si l’azotémie est persistante. La digoxine peut être toxique en cas d’insuffisance rénale, la dose administrée doit alors être réduite. Il faut donc régulièrement doser l’urée, la créatinine, les électrolytes et la digoxine sérique. Des contrôles radiographiques ou échocardiographiques, et électrocardiographiques doivent aussi être effectués régulièrement pour évaluer l’efficacité du traitement. (OGLESBEE B.L., 2011d), (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012). Les affections cardiaques sont toujours fatales à plus ou moins long terme. Le pronostic avec la mise en place du traitement est cependant assez bon, avec une réponse thérapeutique qui tend à être meilleure que chez le chien ou le chat avec une bonne qualité de vie pendant 6 à 24 mois après le diagnostic. (OGLESBEE B.L., 2011d), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012). 113 b. Maladie valvulaire dégénérative 1. Etiologie, pathogénie La maladie valvulaire dégénérative est la seconde affection cardiaque la plus fréquente chez le furet. Elle est le plus souvent observée chez les furets d’âge moyen à âgés. L’étiologie exacte de cette affection est inconnue. Il s’agit d’une endocardiose valvulaire qui toucherait le plus souvent la valve mitrale, et moins souvent la valve tricuspide ou la valve aortique. L’endocardiose mène à une incompétence valvulaire progressive à l’origine d’une régurgitation lorsque les valves sont fermées. Celle-ci entraîne une dilatation secondaire de l’atrium puis du ventricule. Une insuffisance cardiaque peut se développer. (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). 2. Présentation clinique La présentation clinique est similaire à celle de la cardiomyopathie dilatée (voir IV.C.2.a.2). A l’auscultation cardiaque, la régurgitation mitrale se caractérise par un souffle systolique apexien gauche et la régurgitation tricuspide par un souffle parasternal droit. La régurgitation aortique n’est souvent pas audible. En cas d’insuffisance cardiaque, on observe des signes d’insuffisance cardiaque congestive gauche lors d’endocardiose de la valve mitrale et des signes d’insuffisance cardiaque congestive droite lors d’endocardiose de la valve tricuspide. (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). 3. Diagnostic différentiel La principale maladie à considérer dans le diagnostic différentiel de l’endocardiose valvulaire est la cardiomyopathie dilatée. (WAGNER R.A., 2009). Les affections évoquées pour le diagnostic différentiel de la cardiomyopathie dilatée doivent aussi être prises en compte (voir IV.C.2.a.3). 4. Examen complémentaires, pronostic diagnostic, traitement et Les examens complémentaires sont les mêmes que pour la cardiomyopathie dilatée (voir IV.C.2.a.4). Seule l’échocardiographie permettra d’établir le diagnostic de certitude. Lors d’endocardiose valvulaire : un épaississement des valves atteintes, une dilatation de l’atrium correspondant et une régurgitation valvulaire (visualisation d’un jet large et excentrique en mode Doppler) sont observés. La contractilité ventriculaire et l’épaisseur de la paroi libre du ventricule sont normales et la fraction de raccourcissement est normale à augmentée. (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). Le traitement repose sur les mêmes principes que pour la cardiomyopathie dilatée (voir IV.C.2.a.5). Il est mis en place avec des IECA. En cas d’œdème pulmonaire ou d’épanchement pleural, du furosémide est ajouté. Le pimobendan peut être ajouté par la suite, notamment lors d’insuffisance cardiaque réfractaire. (OGLESBEE B.L., 2011e), (MORRISEY J.K., KRAUS M.S., 2012), (WAGNER R.A., 2009). 114 3. Affections de l’appareil digestif a. Obstruction gastro-intestinale par corps étranger 1. Cause et pathogénie Les corps étrangers gastro-intestinaux sont fréquents chez le furet. Ils constituent l’une des causes les plus courantes d’affection digestive clinique. Les furets, notamment les jeunes de moins de deux ans, sont très curieux et présentent un comportement exploratoire très développé. Ils aiment mordiller ou déchiqueter les objets qu’ils rencontrent au cours de leurs explorations. De ce fait, chez les furets de moins de deux ans, les corps étrangers sont souvent des morceaux de jouets en caoutchouc ou d’objets divers. Les corps étrangers linéaires sont par contre rares. Les trichobézoards, formés suite à l’accumulation de poils ingérés au cours du toilettage, sont plus fréquents chez les furets plus âgés. Les corps étrangers de taille relativement importante ou constitués de matériaux non déformables peuvent être à l’origine d’une obstruction gastrique ou intestinale. L’obstruction peut être partielle ou complète. La présence d’un corps étranger dans le tube digestif peut aussi provoquer une irritation mécanique de la muqueuse gastrique ou intestinale. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). 2. Présentation clinique Lors d’obstruction par un corps étranger, les signes cliniques les plus souvent observés sont : un état léthargique, de l’inappétence ou de l’anorexie et une diarrhée. Les signes de nausées sont plutôt fréquents lors d’obstruction gastrique. Ils sont caractérisés par du bruxisme, du ptyalisme et un frottement de la face avec les membres antérieurs. Les vomissements sont possibles quel que soit le site de l’obstruction, mais sont inhabituels chez le furet. L’apparition soudaine d’une asthénie marquée et d’une réticence à se déplacer, voire d’un décubitus, sont caractéristiques d’une obstruction aiguë. Dans ce cas, une dilatation gastrique ou intestinale par des fluides ou des gaz peut être présente. Un état de choc, une hypothermie, une bradypnée et un sub-ictère peuvent être observés dans les cas graves. Lorsque l’obstruction est chronique (lors de trichobézoard notamment), les signes digestifs peuvent être intermittents et associés à une perte de poids et à un dépérissement chronique. Si le corps étranger est à l’origine d’érosions ou d’ulcères de la muqueuse gastrique ou intestinale, de l’hématémèse ou du méléna peuvent être observés. Les pertes sanguines chroniques sont à l’origine d’une pâleur des muqueuses. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). La palpation abdominale est très importante. Elle permet de mettre en évidence une douleur, un inconfort, une distension gastrique ou intestinale. Si le corps étranger est intestinal, il est parfois possible de le palper, notamment sur un furet tranquillisé. Les corps étrangers gastriques sont plus difficilement palpables car l’estomac est en partie inaccessible. Mettre le furet tranquillisé en position verticale en le tenant sous les épaules permet de faire descendre l’estomac et facilite sa palpation. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes de nausées, de régurgitations, de vomissements, d’anorexie et de perte de poids : une gastrite à Helicobacter mustelae, l’entérite catarrhale épizootique, un lymphome gastro-intestinal, la maladie inflammatoire gastro-intestinale, 115 - d’autres causes de nausées : un insulinome (hypoglycémie), un lymphome gastrointestinal, une gastrite à Helicobacter mustelae, l’entérite catarrhale épizootique, une affection hépatique, une affection rénale, - d’autres causes de saignements digestifs et d’anorexie: une gastrite à Helicobacter mustelae, - d’autres causes de dilatation gastrique (rares) : une sténose du pylore, un adénocarcinome pylorique (éventuellement lié à une infection par Helicobacter mustelae), une prolifération de Clostridium perfringens. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse, les signes cliniques, la palpation abdominale et les résultats des examens complémentaires. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (BOUSSARIE D., 2008b). Les examens complémentaires à réaliser sont : - une numération-formule-sanguine et une biochimie : les résultats sont souvent normaux. Parfois, un leucogramme inflammatoire est observé lors de gastrite ou lors de perforation intestinale. Des signes de déshydratation, comme une augmentation de l’hématocrite sont quelques fois constatés, en revanche les anémies dues aux hémorragies digestives sont rares. Ces examens doivent être effectués chez tout furet malade depuis plus de 24 heures. En urgence, il faut réaliser un bilan avec hématocrite, protéines totales, glycémie et urée. - une échographie abdominale : cet examen peut se révéler très utile pour le diagnostic. - des radiographies du corps entier : afin de visualiser tout le tractus digestif. Cet examen peut mettre en évidence des anomalies très variées, comme la présence d’un corps étranger radio-opaque, une distension gazeuse de l’estomac permettant parfois de visualiser le corps étranger (un trichobézoard par exemple), une variation soudaine du diamètre d’une anse intestinale (fortement suggestif de la présence d’un corps étranger à cet endroit) ou parfois un iléus mécanique. En cas de perforation œsophagienne, du gaz peut être visualisé dans le médiastin ou dans l’espace pleural. En cas de perforation intestinale, une péritonite se développe et peut être identifiée par la présence de gaz dans la cavité péritonéale. Souvent cependant, les radiographies sont apparemment normales, surtout lors d’ingestion de corps étranger en caoutchouc. Un examen avec produit de contraste peut alors être utile pour le diagnostic. - une endoscopie : cet examen est très intéressant lors de corps étranger œsophagien ou gastrique, mais la taille de l’animal par rapport à celle de l’endoscope limite son utilisation en pratique. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). 5. Traitement, prévention et pronostic La plupart des corps étrangers gastro-intestinaux doivent être retirés chirurgicalement par gastrotomie ou entérotomie. Avant toute chirurgie, l’état du furet doit être stabilisé : la fluidothérapie (100 à 150 mL/kg/24h IV en entretien) est essentielle car l’animal est en général déshydraté et anorexique. Pendant la chirurgie, après le retrait du corps étranger, la muqueuse gastrique ou intestinale doit être évaluée. Si celle-ci est ulcérée ou d’aspect anormal, il faut effectuer des biopsies car certains furets peuvent être atteints de lymphome ou de gastrite à Helicobacter mustelae. Une analgésie per et postopératoire (voir Annexe 2) peut favoriser la reprise de l’appétit. En général, l’animal recommence à s’alimenter dans les 12 à 24 heures qui suivent la chirurgie. Il faut lui proposer des aliments énergétiques comme le 116 Carnivore Care® ou la pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s. Un furet malade doit recevoir au moins 400 kcal/kg de poids vif/j. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Parallèlement, un traitement médical doit être mis en place, notamment pour les signes de gastrite à Helicobacter mustelae (voir IV.C.3.c.5). Des antisécrétoires, tels que l’oméprazole (0,7 mg/kg PO, SID), la famotidine (0,25 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IV, SID), la ranitidine (3,5 mg/kg PO, BID) ou la cimétidine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, TID) peuvent être ajoutés au traitement. Les pansements gastriques, tels que le sucralfate (25 mg/kg PO, TID) sont aussi très utiles. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Après le retrait du corps étranger, le pronostic est bon à excellent et les furets sont souvent rendus à leur propriétaire 36 à 48 heures après l’opération. La principale complication qui peut survenir est la sténose cicatricielle du site opératoire. L’apparition de cette complication doit être surveillée pendant au moins 2 mois. (OGLESBEE B.L., 2011f), (BOUSSARIE D., 2008b). Pour prévenir cette affection, il faut éviter de donner des jouets en mousse ou en caoutchouc à un jeune furet et il ne faut jamais laisser un furet se promener sans surveillance dans un lieu qui n’est pas sécurisé (« ferret-proof »), c’est-à-dire où le furet n’a accès à aucun objet qu’il pourrait manger. L’utilisation de produits aidant à l’élimination des poils ingérés comme l’ésérine (Féligastryl®) peut être conseillé pour les périodes de mues. (OGLESBEE B.L., 2011f), (HOEFER H.L. and al., 2012), b. Entérite catarrhale épizootique 1. Etiologie et pathogénie L’entérite catarrhale épizootique est une affection virale du à un Coronavirus du groupe 1 : le Coronavirus entérique du furet (CVEF). Cette maladie est une cause fréquente de diarrhée chez le furet. La maladie est très contagieuse, avec un taux de morbidité élevé. Le taux de mortalité est cependant faible. La transmission se fait par contact direct avec un furet cliniquement malade ou porteur asymptomatique. La transmission par voie oro-fécale est aussi possible. Les furets adultes, particulièrement ceux atteints d’une affection intercurrente (insulinome, affection gastro-intestinale à Helicobacter mustelae, affection cardiaque, maladie surrénalienne), sont plus sensibles à l’infection et présentent en général des signes plus sévères alors que les jeunes furets, âgés de 6 à 16 semaines, sont porteurs asymptomatiques ou présentent des signes d’atteinte modérés. La déclaration de la maladie fait donc souvent suite à l’introduction d’un jeune individu, à priori sain, dans un groupe. L’incubation est courte, les signes cliniques apparaissent 48 à 72 heures après l’infection. Ils sont dus à l’action du virus sur l’intestin. Histologiquement, on observe au niveau de l’intestin une infiltration lymphocytaire, une atrophie des villosités, une dégénescence vacuolaire et une nécrose de l’épithélium apical des villosités. Une dégénérescence et une nécrose hépatiques sont aussi souvent observées. (OGLESBEE B.L., 2011g), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Remarque : En 2004, une nouvelle maladie, la coronavirose systémique, a été découverte en Espagne. Peu de temps après, elle a également été identifiée aux Etats-Unis, puis plus récemment en France. Cette maladie est liée à un nouveau Coronavirus, issu de mutations du CVEF : le Coronavirus systémique du furet (CVSF). Elle touche des sujets jeunes (âgés de moins de 18 mois) et est caractérisée par une péritonite pyogranulomateuse semblable à la forme sèche de la péritonite infectieuse féline. (LAPRIE C. and al., 2009). (HOEFER H.L. and al., 117 Un cas caractérisé par une expression correspondant à la forme exsudative est rapporté par le Docteur Boussarie. (BOUSSARIE D., 2008b). 2012). 2. Présentation clinique Les signes cliniques de l’entérite catarrhale épizootique sont d’abord caractérisés par une phase d’hypersécrétion. L’animal est soudainement anorexique et léthargique. Il peut présenter des vomissements répétés (parfois non constatés par le propriétaire) puis une diarrhée profuse verdâtre avec de grandes quantités de mucus. Celle-ci dure en général 5 à 7 jours. Une perte de poids importante et brutale est fréquente, surtout chez les furets âgés. Une déshydratation sévère et un inconfort abdominal sont souvent observés. La palpation abdominale peut mettre en évidence des anses intestinales épaissies, une splénomégalie non spécifique et parfois une adénomégalie des nœuds lymphatiques mésentériques. Après la phase aiguë, certains furets présentent une malabsorption due aux lésions des villosités intestinales. Une diarrhée intermittente chronique est observée pendant plusieurs mois. Les selles sont de couleur brun claire ou vert et ont un aspect granuleux caractéristique, évoquant des graines pour oiseaux. Du mucus ou du sang sont parfois présents. Une léthargie, un dépérissement chronique et de l’inappétence peuvent être présents pendant plusieurs semaines ou mois. (OGLESBEE B.L., 2011g), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Remarque : une gastrite à Helicobacter mustelae, une entérite bactérienne ou une parasitose peut se développer secondairement à l’entérite catarrhale épizootique. Les agents bactériens peuvent aussi jouer un rôle de copathogène. (OGLESBEE B.L., 2011g). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : un corps étranger gastro-intestinal, une gastrite à Helicobacter mustelae, un lymphome, une entérite bactérienne (Clostridium spp., Campylobacter spp., Salmonella spp., ou autres), une parasitose gastro-intestinale (giardiose, coccidiose, cryptosporidiose) une affection métabolique (hépatique, rénale ou pancréatique), des troubles digestifs d’origine alimentaire (changement alimentaire, ingestion de nourriture avariée, intolérance alimentaire), l’entérocolite proliférative, la maladie inflammatoire gastrointestinale (gastro-entérite lymphoplasmocytaire, gastro-entérite éosinophilique). (OGLESBEE B.L., 2011g). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic de suspicion peut être émis à partir des commémoratifs (introduction ou contact récent avec d’autres furets), de l’anamnèse et des signes cliniques. (LANGLOIS I., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : - une numération-formule-sanguine : cet examen peut mettre en évidence des signes de déshydratation (augmentation de l’hématocrite), ou une leucocytose en cas d’infection bactérienne ou d’ulcère gastrique, - une biochimie : cet examen peut mettre en évidence une élévation importante des ALAT (supérieures à 700 U/L) et des PAL lors d’atteinte hépatique. La déshydratation peut entraîner des désordres électrolytiques ou une azotémie. Une hypoprotéinémie plus ou moins marquée peut être observée dans les cas chroniques. - des radiographies abdominales : un iléus intestinal généralisé est fréquemment constaté, notamment en phase aiguë. Les radiographies peuvent aussi permettent d’exclure d’autres causes de diarrhée, comme un corps étranger. 118 - une coproscopie, une cytologie fécale ou une coproculture : ces examens peuvent être effectués respectivement pour rechercher des parasites gastro-intestinaux, rechercher la présence d’hématies, de leucocytes ou de bactéries et le cas échéant les isoler et les identifier. (OGLESBEE B.L., 2011g), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Le diagnostic de certitude repose sur l’analyse histopathologique de biopsies intestinales. En cas d’hypertrophie, il est aussi indiqué de réaliser des biopsies de nœuds lymphatiques mésentériques. Un test d’immunofluorescence sur des sections d’intestin congelées peut aussi être utilisé pour mettre en évidence les antigènes viraux dans les cellules épithéliales des villosités. L’identification de particules virales dans les selles est possible par microscopie électronique pendant la phase aiguë de la maladie. (OGLESBEE B.L., 2011g), (LANGLOIS I., 2005), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de l’entérite catarrhale épizootique est symptomatique et comprend : - une fluidothérapie : plus ou moins importante selon l’intensité de la déshydratation (100 mL/kg/24h + les pertes estimées, en SC, IV ou IO). Une supplémentation en électrolytes ou en dextrose (5%) peut être utile. - une alimentation assistée par gavage : avec des aliments de convalescence comme le Carnivore Care® ou la pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s, 3 à 4 fois par jour en cas d’anorexie persistante. Un furet malade doit recevoir au moins 400 kcal/kg de poids vif/j. - une antibiothérapie systémique : en prévention ou en traitement des infections bactériennes secondaires et pendant la durée des signes cliniques, soit 7 à 10 jours. On utilise des antibiotiques à large spectre comme la céfalexine (15 à 30 mg/kg PO, BID), le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO ou SC, BID), l’amoxicilline/acide clavulanique (12,5 mg/kg PO, BID), l’ampicilline (5 à 30 mg/kg SC, IM ou IV, BID ou TID) ou l’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO ou IM, BID). L’association amoxicilline (20 à 30 mg/kg PO, TID ou BID) et métronidazole (20 à 30 mg/kg PO TID ou BID) peut être utilisé pour traiter une infection à Helicobacter mustelae. - un traitement symptomatique des vomissements : avec des antiémétiques comme le métoclopramide (0,2 à 1 mg/kg PO, SC ou IM, TID ou QID) ou le citrate de maropitant (1 mg/kg SC, SID). - un traitement symptomatique des ulcères gastro-intestinaux : avec des pansements digestifs comme le sucralfate (25 mg/kg PO, TID) ou le kaolin, et des antisécrétoires tels que l’oméprazole (0,7 mg/kg PO SID), la famotidine (0,25 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IV, SID), ou la cimétidine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, TID). (OGLESBEE B.L., 2011g), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (BOUSSARIE D., 2008b). Il est nécessaire d’isoler les furets malades des autres furets et de désinfecter l’environnement pour limiter la transmission du virus. (OGLESBEE B.L., 2011g), (WOLF T.M., 2009). Le pronostic est variable selon la sévérité des signes cliniques et la rapidité de la prise en charge : il est bon pour un furet traité rapidement qui survit à la phase aiguë de la maladie et sombre pour un furet sévèrement affecté. Les récidives de signes de malabsorption ou de diarrhée sont fréquentes dans les semaines à mois qui suivent la résolution initiale des signes cliniques. (OGLESBEE B.L., 2011g). Dans les cas de malabsorption chronique, un traitement à base de corticoïdes comme la prednisone (0,25 à 1 mg/kg PO, BID) pendant une courte durée (1 à 4 semaines, en moyenne 2 semaines), associé à un changement alimentaire (alimentation à base de poulet et 119 de suppléments alimentaires caloriques) peut accélérer la guérison. Il faut cependant s’assurer d’avoir éliminer toute infection bactérienne avant de mettre en place ce traitement. (OGLESBEE B.L., 2011g), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LANGLOIS I., 2005). c. Gastrite et ulcères gastro-intestinaux à Helicobacter mustelae 1. Etiologie, pathogénie Les ulcères digestifs sont relativement fréquents chez le furet. L’une des causes possibles est l’infection à Helicobacter mustelae, bactérie Gram négative qui colonise la muqueuse gastrique. La prévalence de cette infection augmente avec l’âge et est extrêmement élevée chez le furet adulte : elle est estimée à presque 100% des furets adultes en Amérique du Nord. De ce fait, le furet constitue le modèle animal le plus étudié de l’infection à Helicobacter pylori chez l’homme. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L., and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). Les jeunes furets sont infectés au moment du sevrage ou peu après. Helicobacter mustelae colonise l’estomac en adhérant à l’épithélium gastrique et provoque une forte réaction inflammatoire lymphoplasmocytaire. Il en résulte le développement d’une gastrite voire d’érosions hémorragiques et d’ulcères de la muqueuse gastrique ou duodénale. Comme lors d’infection à H. pylori chez l’homme, une hypergastrinémie a été identifiée chez les furets infectés par H. mustelae et est fortement suspectée de jouer un rôle dans la pathogénie de la formation des ulcères. De même, une hypochlorhydrie transitoire se développe 3 à 4 semaines après l’infection chez le furet et facilite le passage d’H. mustelae dans l’intestin. La bactérie peut alors être retrouvée dans les selles, d’où l’hypothèse d’une transmission orofécale. La bactérie n’est donc pas confinée à l’estomac et à l’entrée du duodénum et peut provoquer une réaction inflammatoire tout le long du tractus intestinal. Le lien avec la maladie inflammatoire gastro-intestinale n’est pas prouvé mais doit être considéré. L’infection s’accompagne d’une réponse immunitaire spécifique qui semble inefficace : l’infection persiste toute la vie de l’animal sans traitement, malgré le taux élevé d’anticorps. La sévérité de la gastrite augmente avec l’âge. Des cas d’adénocarcinomes gastriques associés à l’infection par H. mustelae ont été rapportés. Les furets infectés chroniques sont également plus à risque de développer un lymphome gastrique au niveau de la petite courbure de l’antre pylorique de l’estomac, qui sont les localisations préférentielles d’ H. mustelae (évolution tumorale de follicules lymphoïdes se développant dans la muqueuse gastrique suite à l’infection chronique par H. mustelae). (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). Malgré la prévalence de cette infection et le caractère pathogène d’H. mustelae, un nombre restreint de furets déclare des signes cliniques de gastrite et d’ulcères gastroduodénaux. Les furets les plus susceptibles de développer ces signes sont les jeunes de moins de 2 ans et les adultes plus âgés qui sont soumis à un stress (changement alimentaire, maladie intercurrente). (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). 2. Présentation clinique Les signes cliniques de gastrite et d’ulcères gastro-duodénaux associés à l’infection par Helicobacter mustelae sont caractérisés par : de l’anorexie, une perte de poids chronique, de la léthargie, des signes de douleur abdominale (bruxisme) et de nausées (ptyalisme et frottements de la face avec les membres antérieurs), des vomissements, de la diarrhée ou du méléna avec souillure de la région périnéale et une déshydratation modérée à sévère. Lors de perte sanguine chronique, une pâleur des muqueuses peut être observée. La palpation 120 abdominale met souvent en évidence une adénomégalie des nœuds lymphatiques mésentériques et une splénomégalie non spécifique. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : l’ingestion d’un corps étranger ou la présence d’un trichobézoard, l’ingestion de toxiques ou d’AINS, une affection rénale responsable d’azotémie, un phénomène néoplasique gastro-intestinal, l’entérite catarrhale épizootique, la maladie inflammatoire gastro-intestinale, une entérite bactérienne à Salmonella spp. et l’entérocolite proliférative. Les ulcères gastriques peuvent aussi être secondaires à une anorexie ou à un stress. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic de gastrite et d’ulcère à Helicobacter mustelae est souvent un diagnostic de suspicion. Il est basé sur la présence de signes cliniques suggestifs, sur l’exclusion d’autres hypothèses et sur une réponse favorable au traitement empirique. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012). Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : - une numération-formule-sanguine : une leucocytose avec neutrophilie et lymphocytose est souvent présente. Des signes de déshydratation, tels qu’une élévation de l’hématocrite, sont parfois observés. Lors de pertes sanguines chroniques, une anémie régénérative pouvant être sévère peut être constatée. - l’analyse histopathologique de biopsies gastriques obtenues au cours d’un examen endoscopique ou d’une laparotomie : il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour établir le diagnostique de certitude. L’identification de la bactérie et des lésions histologiques caractéristiques sont nécessaires pour pouvoir conclure que l’infection à H. mustelae est la cause des signes cliniques observés. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). Remarque : d’autres examens peuvent être réalisés mais présentent des limites d’utilisation en pratique, des limites d’interprétation pour le diagnostic ou ne sont pas disponibles en France. Ils ne seront donc pas abordés ici. 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement contre Helicobacter mustelae comprend en général une antibiothérapie systémique associée à du bismuth et à un inhibiteur de la pompe à protons. Plusieurs protocoles sont décrits dans la littérature : - amoxicilline (20 à 30 mg/kg PO, TID ou BID) et métronidazole (20 à 30 mg/kg PO, TID ou BID), associés à du subsalicylate de bismuth (17,5 mg/kg PO, TID ou BID) pendant au moins 2 semaines. Ce traitement est le plus souvent effectué TID pendant 3 à 4 semaines pour une éliminer complètement l’infection. - enrofloxacine (8,5 mg/kg/j PO, en deux fois) associé à du subcitrate de bismuth (12 mg/kg/j PO, en deux fois) pendant 2 semaines. - clarithromycine (12,5 mg/kg PO, TID ou BID) associée à du citrate de ranitidine/bismuth (24 mg/kg PO, TID ou BID) ou à de la ranitidine pendant 2 semaines. - clarithromycine (50 mg/kg PO, SID ou en 2 fois) et métronidazole (75 mg/kg PO, SID) associés à de l’oméprazole (0,7 à 4 mg/kg PO, SID). 121 Un traitement symptomatique des ulcères gastro-intestinaux avec des pansements digestifs comme le sucralfate (25 mg/kg PO, TID) peut être ajouté au traitement, en veillant à décaler l’administration par rapport à la prise des autres médicaments. Les animaux débilités, déshydratés et anorexiques doivent être hospitalisés afin de mettre en place une fluidothérapie et une alimentation assistée par gavage plusieurs fois par jour. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (WOLF T.M., 2009), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005), (FOX J.G., MARINI R.P., 2001). Remarque : la famotidine (0,25 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IV, SID) et la cimétidine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IV, TID) sont d’autres agents antiacides utilisés avec succès chez le furet. (OGLESBEE B.L., 2011h). La plupart des infections à H. mustelae sont éliminées avec les traitements décrits. Cependant les lésions guérissent lentement et les récidives dues à une nouvelle infection sont fréquentes. Afin de limiter les réinfections, il faudrait que tous les furets en contact avec l’animal malade soient traités, mais cela peut s’avérer difficile à effectuer pour les propriétaires de plusieurs furets. Les furets infectés de façon chronique sont très débilités et ne répondent pas au traitement. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (JOHNSON-DELANEY C.A., 2005). L’identification et le traitement des maladies sous-jacentes ainsi que la limitation des situations stressantes (surpopulation, mauvaises conditions sanitaires) font partie de la prévention de cette affection. Pour limiter le risque de réinfection il faut aussi éviter de mettre le furet qui a été traité en contact avec des furets dont le statut concernant l’infection à H. mustelae est inconnu. (OGLESBEE B.L., 2011h), (HOEFER H.L. and al., 2012). d. Maladie inflammatoire gastro-intestinale 1. Etiologie, pathogénie La maladie inflammatoire gastro-intestinale est une cause relativement fréquente de gastro-entérite chez le furet, probablement souvent sous-diagnostiquée. Il s’agit d’un groupe de maladies gastro-intestinales caractérisées par une infiltration de la lamina propria de la muqueuse intestinale, et parfois de la muqueuse gastrique, par des cellules inflammatoires. L’étiologie exacte de cette affection est inconnue mais serait liée à une réponse immunitaire anormale. La forme la plus fréquente de maladie inflammatoire gastro-intestinale est l’entérite ou la gastro-entérite lymphoplasmocytaire. Les cellules inflammatoires infiltrant la muqueuse sont des lymphocytes et parfois aussi des plasmocytes (lors de processus chronique ou de réaction inflammatoire plus sévère). La pathogénie est supposée multifactorielle, une infiltration lymphocytaire étant une réponse inflammatoire fréquente lors d’infection gastrointestinale virale, bactérienne ou parasitaire. Certains composants alimentaires pourraient de plus jouer un rôle dans le développement de la maladie : des protéines de la viande ou du lait, des additifs alimentaires, des colorants artificiels ou des conservateurs. Une forme plus rare de maladie inflammatoire gastro-intestinale est la gastro-entérite éosinophilique. L’infiltrat de cellules inflammatoires dans la muqueuse gastrique et intestinale est alors constitué d’éosinophiles. Cet infiltrat est également souvent retrouvé dans les nœuds lymphatiques mésentériques sous la forme de granulomes éosinophiliques. Rarement, d’autres organes abdominaux, comme le foie ou la rate, sont aussi infiltrés. La gastro-entérite éosinophilique est généralement observée chez des furets âgés de plus de 6 mois à 4 ans. La cause sous-jacente du développement de cette infiltration demeure inconnue mais plusieurs hypothèses sont émises pour l’expliquer. La principale est la suspicion d’une réaction 122 inflammatoire à médiation immune due à une hypersensibilité à un allergène alimentaire. D’autres hypothèses sont : une infection parasitaire ou un syndrome hyperéosinophilique idiopathique (car les éosinophiles sont parfois présents dans le sang où dans d’autres organes). (OGLESBEE B.L., 2011i), (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (CARMEL B., 2006), (WOLF T.M., 2009). 2. Présentation clinique La présentation clinique des différentes formes de la maladie inflammatoire gastrointestinale est assez similaire et caractérisée par une diarrhée verdâtre d’aspect granuleux parfois mucoïde ou contenant des traces de sang, associée à une anorexie et à une perte de poids pouvant être sévère : l’animal peut être émacié voire cachectique. Des signes de nausée, des vomissements et une déshydratation peuvent aussi être présents. Lors de gastro-entérite lymphoplasmocytaire, du méléna peut aussi être observé. La palpation abdominale met souvent en évidence des anses intestinales épaissies, une adénomégalie des nœuds lymphatiques mésentériques ainsi qu’une splénomégalie non spécifique. Lors de gastro-entérite éosinophilique, la splénomégalie peut être liée à une infiltration de l’organe et une hépatomégalie est quelques fois présente pour la même raison. (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (CARMEL B., 2006), (WOLF T.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : la présence d’un corps étranger gastro-intestinal, un processus néoplasique digestif tel qu’un lymphosarcome, une gastrite ou des ulcères gastriques à Helicobacter mustelae, l’entérite catarrhale épizootique, la maladie aléoutienne, une entérite parasitaire (giardiose, cryptosporidiose) ou une entérite bactérienne (salmonellose, entérocolite proliférative, mycobactériose). (OGLESBEE B.L., 2011i), (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k), (HOEFER H.L. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (CARMEL B., 2006), (WOLF T.M., 2009). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur une anamnèse détaillée, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. (HOEFER H.L. and al., 2012). Les examens complémentaires pouvant être réalisés sont : - une numération-formule-sanguine : lors de gastro-entérite lymphoplasmocytaire cet examen peut être normal ou révéler une anémie non régénérative et une leucocytose modérée. Lors de gastro-entérite éosinophilique, une éosinophilie est souvent présente et peut être importante (jusqu’à 35% d’éosinophiles). Elle est, de ce fait, considérée comme fortement suggestive de l’affection lorsqu’elle est constatée. - une biochimie : cet examen peut mettre en évidence une hypoprotéinémie voire une hypoalbuminémie due à l’entéropathie. - une coproscopie, une cytologie fécale ou une coproculture : ces examens peuvent être effectués respectivement pour rechercher des parasites gastro-intestinaux, pour rechercher la présence d’hématies, de leucocytes ou de bactéries et le cas échéant pour les isoler et les identifier. - une échographie abdominale : cet examen permet d’évaluer l’épaisseur de la paroi de l’estomac et des anses intestinales et d’évaluer l’aspect du foie, de la rate et des nœuds lymphatiques mésentériques. Il permet aussi d’exclure d’autres hypothèses. 123 - l’analyse histopathologique de biopsies gastriques et intestinales obtenues au cours d’une laparotomie: il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour établir le diagnostic de certitude. (OGLESBEE B.L., 2011i), (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k), (HOEFER H.L. al., 2012), (LENNOX A.M., 2005), (CARMEL B., 2006), (WOLF T.M., 2009). 5. Traitement et pronostic La pierre angulaire du traitement de la maladie inflammatoire gastro-intestinale est la corticothérapie : de la prednisone est prescrite à une posologie de 1,25 à 2,5 mg/kg PO, SID jusqu’à observer une résolution des signes cliniques. La posologie est ensuite progressivement diminuée, si possible jusqu’à 0,25 à 1 mg/kg PO, un jour sur deux. Il faut trouver la concentration minimale pour laquelle le furet ne développe pas de signes cliniques. Un certain nombre de furets répondent peu ou ne répondent pas à ce traitement. D’autres répondent initialement au traitement puis y deviennent réfractaires. Dans ce cas, l’azathioprine (0,9 mg/kg PO, tous les 1 à 3 jours) peut être utilisée. Le passage à un régime alimentaire hautement digestible (alimentation composée exclusivement d’un unique type de viande comme l’agneau ou la dinde, alimentation à base de petites proies) ou hypoallergénique (Feline z/d® de Hill’s) peut être tenté parallèlement bien que son efficacité ne soit pas prouvée. Dans le cas où une rémission des signes cliniques est observée, la nouvelle alimentation doit être maintenue pendant au moins 8 à 13 semaines, voire à vie. Avant de mettre en place la corticothérapie il faut traiter toute affection sous-jacente identifiée ou fortement suspectée : traiter une éventuelle infection à Helicobacter mustelae en cas de lésions gastriques (voir IV.C.3.c.5), traiter une éventuelle entérite parasitaire avec de l’ivermectine (0,4 mg/kg SC, 2 fois à 2 semaines d’intervalle) ou du métronidazole (15 à 20 mg/kg PO, BID pendant 2 semaines). (OGLESBEE B.L., 2011i), (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k), (HOEFER H.L. and al., 2012), (CARMEL B., 2006), (WOLF T.M., 2009). Des contrôles doivent être effectués régulièrement jusqu’à la stabilisation de l’animal pour évaluer la résolution des signes cliniques et adapter les traitements. Après stabilisation et jusqu’à l’arrêt des corticoïdes, des contrôles peuvent être effectués tous les mois ou tous les deux mois. (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k). L’azathioprine peut entraîner une myélosuppression, la numération-formule-sanguine doit donc être vérifiée tous les 3 mois lorsque cette molécule est utilisée. La réponse initiale au traitement conditionne le pronostic de cette affection et est ellemême liée à la sévérité de l’inflammation. En cas d’inflammation modérée ou de réponse clinique au traitement, le pronostic est habituellement excellent à bon. Il est au contraire réservé à sombre en cas d’infiltration sévère ou d’absence de réponse au traitement. (OGLESBEE B.L., 2011j), (OGLESBEE B.L., 2011k). 4. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes a. Otodectose 1. Etiologie, pathogénie L’otodectose ou gale auriculaire est l’une des ectoparasitose les plus fréquentes chez le furet avec la pulicose. Elle est due à Otodectes cynotis (fig.33) un acarien vivant à la surface de la peau et dans le conduit auditif externe. L’infestation peut provoquer une irritation intense. La transmission se fait par contact direct avec un furet, un chien ou un chat infesté. 124 Le cycle parasitaire dure 3 semaines. (MEREDITH A., 2006b), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011l), (SCOTT D.W. and al., 2001), (ORCUTT C., TATER K., 2012). 2. Présentation clinique L’infestation par Otodectes cynotis peut être asymptomatique. Les signes cliniques, s’ils sont présents, sont caractérisés par la présence de cérumen épais et de couleur marron foncé dans le conduit auditif externe. L’irritation plus ou moins intense provoquée par l’acarien est à l’origine d’une inflammation du conduit auditif externe. Celle-ci se traduit par un prurit modéré à intense localisé au niveau des oreilles, de la tête et du cou. De l’alopécie, des excoriations et des croûtes sont parfois observées autour des oreilles suite au prurit. Les complications de type otite moyenne ou interne, et infection secondaire bactérienne ou fongique, sont rares chez le furet. (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011l), (ORCUTT C., TATER K., 2012). Remarque : la présence de cérumen dans le conduit auditif externe est fréquente chez le furet et n’est pas obligatoirement liée à une infestation parasitaire. (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011l), (ORCUTT C., TATER K., 2012). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les otites externes d’origine bactérienne ou fongique, bien que celles-ci soient rares. (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011h). D’autres causes d’alopécie et de prurit chez le furet peuvent aussi être considérées, bien que la distribution des lésions sur le corps ne soit habituellement pas la même que pour l’otodectose : pulicose, gale sarcoptique, dermatite de contact. (OGLESBEE B.L., 2011l). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur la visualisation des différents stades parasitaires d’Otodectes cynotis : à l’otoscope (adultes) ou lors de l’examen microscopique de cérumen étalé sur lame dans du lactophénol (adultes, œufs et larves). (MEREDITH A., 2006b), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011l), (SCOTT D.W., and al., 2001), (ORCUTT C., TATER K., 2012). Figure 33 : Otodectes cynotis adulte (microscope x200). Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. 5. Traitement et pronostic L’ivermectine injectable à 1% est la molécule de choix pour le traitement de l’otodectose. Deux protocoles sont proposés dans la littérature : - Utilisation en topique : dilution au dixième dans du propylène glycol puis instillation de 0,4 mg/kg en répartissant la moitié de produit dans chaque oreille, 2 fois à 2 semaines d’intervalle. Les oreilles peuvent être nettoyées avant l’application. - Utilisation par voie parentérale : injection SC (0,2 à 0,4 mg/kg), 3 à 4 fois à 2 semaines d’intervalle. L’utilisation de l’ivermectine injectable en topique dans les oreilles serait le protocole le plus efficace. Cependant, ce traitement peut parfois échouer en raison de la petite taille du conduit 125 auditif externe du furet. Attention, il ne faut pas appliquer les deux protocoles en même temps en raison des risques de toxicité et l’ivermectine ne doit pas être utilisée chez la femelle gestante. Un rendez-vous de contrôle avec examen microscopique du cérumen peut être effectué un mois après le début du traitement pour vérifier son efficacité. (OGLESBEE B.L., 2011l), (SCOTT D.W. and al., 2001), (ORCUTT C., TATER K., 2012). L’utilisation de la sélamectine (15 mg/furet, Spot on, 1 fois/mois) ou de l’association imidaclopride (10%)/moxidectine (1%) (1 pipette de 0,4 mL, Spot on, 1 fois/mois) est aussi décrite. (OGLESBEE B.L., 2011l). L’otodectose est contagieuse, tous les animaux atteints ou en contact doivent être traités. Cette affection est de bon pronostic. (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a), (OGLESBEE B.L., 2011l). b. Tumeurs cutanées Les tumeurs cutanées sont très fréquentes chez le furet (3ème ou 4ème site de développement de tumeur selon les sources). Elles sont en général observées chez les furets âgés de 4 à 7 ans. De nombreux néoplasmes cutanés ont été décrits dans cette espèce, les plus fréquents sont des tumeurs bénignes : les mastocytomes cutanés et les tumeurs sébacées comme les épithéliomas sébacés et les adénomes sébacés. (SCOTT D.W. and al., 2001), (OGLESBEE B.L., 2011m), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). 1. Présentation clinique Les mastocytomes cutanés sont localisés préférentiellement à la tête, au cou, aux épaules et au tronc mais peuvent se développer sur les autres parties du corps. Une ou plusieurs masses de 0,2 à 1 cm peuvent être présentes. Elles sont de forme papulaire ou nodulaire, ont une consistance ferme ou molle et sont de couleur variable (jaune, brun, rouge). Elles peuvent présenter des variations de taille ou disparaître et réapparaître avec le temps. Les lésions sont plus ou moins alopéciques et prurigineuses. Leur surface est parfois ulcérée. (SCOTT D.W. and al., 2001), (OGLESBEE B.L., 2011m), (OGLESBEE B.L., 2011n), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). Les tumeurs sébacées peuvent se développer sur tout le corps, notamment sur la tête, le cou, les épaules, les membres et la queue. La masse est bien définie, ferme, alopécique, parfois enflammée et ulcérée. Elle peut être de forme pédonculée, multilobulée verruqueuse ou former une plaque. Sa coloration est variable (blanc, rose, brun). Sa taille peut atteindre jusqu’à 3 cm de diamètre. (SCOTT D.W. and al., 2001), (OGLESBEE B.L., 2011m), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). 2. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : d’autres tumeurs cutanées moins fréquentes (adénocarcinome sébacé, carcinome épidermoïde, adénome et adénocarcinome des glandes sudoripares, adénocarcinome des glandes apocrines, lymphome cutané épithéliotrope, fibrome, fibrosarcome, hémangiome, hémangiosarcome, myxome, myxosarcome, hystiocytome), un abcès, un kyste intradermique, une pyodermite, une dermatite fongique. (OGLESBEE B.L., 2011m). 3. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur la confirmation de la nature tumorale de la masse cutanée observée. Pour cela, l’examen complémentaire de choix est l’analyse cytologique d’une cytoponction à l’aiguille fine de la masse. Après la 126 biopsie excisionnelle de la masse, l’analyse histopathologique permettra de confirmer le diagnostic. (OGLESBEE B.L., 2011n), (OGLESBEE B.L., 2011m), (ORCUTT C., TATER K., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). En l’absence de données sur la nature bénigne ou maligne de la masse observée, un bilan d’extension radiographique peut être effectué. (OGLESBEE B.L., 2011m). 4. Traitement et pronostic Les mastocytomes, les épithéliomas sébacés et les adénomes sébacés sont bénins chez le furet. Le traitement de choix est l’exérèse chirurgicale, qui est habituellement curative. (SCOTT D.W. and al., 2001), (OGLESBEE B.L., 2011m), (OGLESBEE B.L., 2011n), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). Le pronostic de ces tumeurs cutanées est excellent, notamment lors d’excision chirurgicale complète. (OGLESBEE B.L., 2011n), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HOPMANN E., BARRON H.W., 2007a). c. Maladie surrénalienne Se reporter à la partie concernant les affections endocriniennes (IV.C.5.b). d. Hyperœstrogénisme Se reporter à la partie concernant les affections endocriniennes (IV.C.6.a). e. Maladie de Carré Se reporter à la partie concernant les affections respiratoires (IV.C.1.a.). 5. Affections endocriniennes a. Insulinome 1. Etiologie, pathogénie L’insulinome est la maladie la plus fréquente chez le furet. Aux USA, elle est observée le plus souvent chez les furets de plus de 2 ans, en moyenne vers l’âge de 4 à 5 ans, et son incidence est estimée à environ 25% de la totalité des néoplasmes diagnostiqués dans cette espèce. L’insulinome est une tumeur diffuse des cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Celle-ci est constituée d’un ou de plusieurs nodules de taille variable (certains sont microscopiques, d’autres mesurent jusqu’à 1 cm de diamètre). Histologiquement, il s’agit d’un adénome ou d’un carcinome, éventuellement associé à une hyperplasie. Les récidives tumorales locales dans le pancréas sont fréquentes, en revanche les métastases sont plutôt rares et concernent les nœuds lymphatiques régionaux, le foie et la rate. La tumeur libère de l’insuline en excès de façon autonome car sa sécrétion est très facilement stimulée par une augmentation de la glycémie et n’est au contraire pas régulée par les stimuli inhibiteurs, comme l’hypoglycémie et l’hyperinsulinémie. Il en résulte une hypoglycémie qui est à l’origine des signes cliniques. Au départ, la sécrétion d’insuline peut être intermittente. Les signes d’hypoglycémie sont donc transitoires et discrets en début d’évolution. La maladie évolue de façon chronique, avec une aggravation lente de l’hypoglycémie, ce qui permet au furet de tolérer une glycémie très basse (30 à 40 mg/dL) pendant de longues périodes, sans manifester de signes cliniques. Ceux-ci peuvent alors apparaître suite à une diminution un peu plus rapide de la glycémie : après une phase d’excitation ou de jeu, après un jeûne ou après un repas sucré (provoquant une libération 127 rebond d’insuline par la tumeur, ce qui augmente l’hypoglycémie). Avec le temps, sans traitement, les signes cliniques deviennent plus fréquents et plus sévères. Une alimentation riche en carbohydrates pourrait jouer un rôle dans le développement de cette affection. Une cause génétique à l’origine de la forte prédisposition des furets à développer un insulinome est également suspectée. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). 2. Présentation clinique Les signes cliniques d’hypoglycémie sont généralement multiples. Leur apparition et leur sévérité est liée à la fois à la durée d’évolution de l’affection, à l’importance de l’hypoglycémie et à la rapidité de la baisse de la glycémie. Le plus souvent, ils sont caractérisés par un abattement, une apathie, une torpeur mentale avec un animal qui fixe le vide, des signes de nausées (hypersalivation et frottements de la face avec les membres antérieurs qui peuvent être à l’origine de blessures), une irritabilité, une parésie des membres postérieurs et une ataxie. Un comportement anormal, des vomissements, des tremblements, des fasciculations musculaires, des convulsions, des épisodes de syncopes ou un état comateux peuvent être présents. Ces signes ne sont pas obligatoirement constatés lors de l’examen clinique, sauf si l’animal est présenté au cours d’une crise d’hypoglycémie. Celui-ci révèle souvent une perte de poids, notamment lors d’évolution chronique de l’affection, et une splénomégalie non spécifique. Etant donné l’âge du furet, des signes d’affections intercurrentes (alopécie, hypertrophie vulvaire, masses cutanées, souffle cardiaque) sont fréquemment observés. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes d’hypoglycémie : une anorexie, un jeûne, des vomissements incoercibles, une maladie hépatique sévère, un phénomène septique ou un phénomène néoplasique, - d’autres causes de nausées : la présence d’un corps étranger gastro-intestinal, une gastrite ou des ulcères à Helicobacter mustelae, l’entérite catarrhale épizootique, un lymphome gastro-intestinal, une maladie inflammatoire de l’intestin, une affection hépatique ou rénale, - d’autres causes de signes neurologiques : une affection cardiaque, une affection métabolique, une encéphalose hépatique, une affection neurologique ou neuromusculaire ou une intoxication. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être émis lorsqu’un furet moyennement âgé à âgé présente des signes cliniques d’hypoglycémie associés à une glycémie inférieure à 60 à 70 mg/dL. La disparition des signes cliniques après un repas ou après l’administration IV de soluté glucosé renforce cette suspicion. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). 128 Les examens complémentaires à réaliser sont : - une biochimie11 : dans la majorité des cas, cet examen révèle une hypoglycémie, les autres paramètres mesurés étant normaux. Chez certains furets, la glycémie est normale malgré une forte suspicion d’insulinome. Dans ce cas, l’animal doit être mis à jeun pendant 2 à 3 heures avant de répéter le dosage de la glycémie. Quelques fois, une élévation non spécifique des PAL et des ALAT est constatée. - une échographie abdominale : cet examen permet de mettre en évidence un ou plusieurs nodules pancréatiques, si ceux-ci sont de taille suffisamment importante. Il permet aussi d’évaluer l’ensemble des organes abdominaux pour rechercher des métastases ou exclure d’autres hypothèses. - l’analyse histopathologique de biopsies ou de pièces d’exérèse pancréatiques obtenues au cours d’une laparotomie : il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour établir le diagnostique de certitude. - une numération-formule-sanguine : cet examen peut être réalisé pour exclure d’autres hypothèses ou dans le cadre d’un bilan préopératoire. Les résultats sont habituellement dans les normes. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). Remarque : le dosage de l’insulinémie peut être effectué, notamment en corrélation avec une glycémie à jeun inférieure à 60 mg/dL. Cependant, la plupart des auteurs mentionnent que ce test n’est habituellement pas nécessaire pour le diagnostic et la mise en place d’un traitement. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010). 5. Traitement, prévention et pronostic Il convient dans un premier temps de gérer la crise d’hypoglycémie. Chez le propriétaire : Il est important d’apprendre aux propriétaires de furets à reconnaître les signes d’hypoglycémie et à réagir lorsqu’ils apparaissent : ils peuvent appliquer une petite quantité de miel ou de sirop sur les gencives de l’animal (en prenant garde de ne pas se faire mordre) puis, si le furet est suffisamment alerte, lui donner un petit repas riche en protéines avant de l’emmener chez le vétérinaire. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (CHEN S., 2010). En consultation : Si un furet est présenté en crise d’hypoglycémie, il convient de faire un prélèvement sanguin pour doser la glycémie, puis d’administrer du glucose PO, mettre du miel ou du sirop sur les gencives ou donner un petit repas si cela est possible. En cas de signes sévères, il faut poser un cathéter IV et administrer, sur 1 à 3 minutes, un bolus de 0,25 à 2 mL de dextrose 50% (à diluer dans du sérum physiologique car ce produit est irritant) ou de glucose 30%. L’administration lente du bolus est très importante afin d’éviter une sécrétion rebond d’insuline par la tumeur. Il faut ensuite maintenir une fluidothérapie avec du NaCl complémenté en dextrose ou en glucose à 2,5% ou à 5%. Lorsque le furet est capable de s’alimenter, la fluidothérapie peut être remplacée par de fréquents repas avec une alimentation adaptée (voir traitement médical), idéalement 4 à 6 fois par jour. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). 11 La centrifugation et l’analyse doivent être effectuées immédiatement après le prélèvement pour limiter une baisse artéfactuelle de la glycémie par consommation cellulaire. L’utilisation d’un glucomètre manuel est possible, cependant elle n’a pas été validée chez le furet et les valeurs indiquées peuvent être plus basses que la glycémie réelle. 129 Le traitement de l’insulinome est souvent chirurgical et médical. Traitement chirurgical : La chirurgie, bien qu’elle ne soit pas curative, est essentielle dans le traitement de l’insulinome. Elle permet à la fois de confirmer le diagnostic, d’augmenter le temps de survie de l’animal, d’obtenir une rémission temporaire des signes cliniques dans certains cas et d’améliorer la réponse au traitement médical. Elle est fortement recommandée pour tous les furets dont l’état est suffisamment stable pour permettre une opération. L’acte chirurgical consiste à effectuer une nodulectomie, une pancréatectomie partielle, ou l’association des deux. Un insulinome est caractérisé par la présence d’un ou de plusieurs nodules blancs à rosés très vascularisés visibles à la surface du pancréas (fig.34). Des nodules microscopiques peuvent être présents. Ils sont invisibles à l’œil nu mais peuvent être identifiés par palpation car ils sont de consistance plus ferme que le tissu pancréatique environnant. Avant de décider de la technique à appliquer, il convient donc de bien observer le pancréas et de le palper soigneusement. Si plusieurs nodules sont proches et localisés sur un lobe du pancréas, une pancréatectomie partielle peut être effectuée. Lorsqu’elle est possible, cette technique est à privilégier car elle est associée à une durée de rémission clinique plus longue et à une durée de survie plus longue que lors de nodulectomie. Il faut veiller à ligaturer les plus gros vaisseaux irrigant les nodules, bien que la chirurgie soit rarement associée à des saignements importants. Il est également important de préserver l’artère pancréaticoduodénale qui passe au niveau du lobe droit car une lésion de celle-ci peut provoquer une nécrose du duodénum. La chirurgie doit aussi être l’occasion d’explorer l’ensemble de la cavité abdominale. Si des lésions sont présentes dans les nœuds lymphatiques, le foie ou la rate, des biopsies doivent être effectuées pour rechercher des métastases. Figure 34 : Nodule pancréatique observé chez un furet de 8 ans au cours d’une laparotomie exploratrice (flèche). Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. Une fluidothérapie IV avec du NaCl complémenté en dextrose ou en glucose à 2,5% ou à 5% doit être mise en place dès que l’animal est mis à jeun, soit 2 à 3 heures avant la chirurgie. Elle doit être maintenue en peropératoire à 10 mL/kg/h puis au débit d’entretien en postopératoire, jusqu’à ce que le furet mange normalement. L’alimentation peut être proposée dans les 6 heures qui suivent la chirurgie. La glycémie doit être mesurée toutes les heures après la chirurgie jusqu’à ce que l’animal commence à manger, puis toutes les 6 à 12 heures jusqu’à ce qu’elle soit supérieure à 80 mg/dL. Occasionnellement, une hyperglycémie peut être observée dans les jours qui suivent l’opération et se résout spontanément. Chez 50% des furets environ, la glycémie augmente légèrement après la chirurgie mais reste basse. Dans ce cas, le traitement médical doit être mis en place. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). Traitement médical : Il doit être mis en place si la chirurgie n’est pas envisageable, si l’hypoglycémie persiste après la chirurgie ou lorsque les signes cliniques réapparaissent après une période de rémission postchirurgicale de quelques mois. L’alimentation est le premier et le plus important axe du traitement médical : les friandises sucrées doivent être totalement supprimées et l’alimentation du furet doit être progressivement remplacée par une alimentation riche en protéines et faible en sucres simples. 130 Il est recommandé de proposer 4 à 6 repas par jour ou de laisser la nourriture à disposition en permanence dans plusieurs endroits. Si l’alimentation ne suffit pas à contrôler les signes cliniques, une thérapie palliative doit être ajoutée. On utilise notamment les glucocorticoïdes pour leur effet hyperglycémiant. De la prednisone ou de la prednisolone est prescrite à une faible posologie (0,25 mg/kg PO, BID) puis progressivement augmentée si besoin (jusqu’à 2 mg/kg PO, BID) pour contrôler les signes d’hypoglycémie. La glycémie est en général maintenue entre 80 et 90 mg/dL avec ce traitement. Elle doit être contrôlée 5 à 7 jours après chaque ajustement de la dose, puis tous les 2 à 3 mois. Lorsque les corticoïdes et l’alimentation ne permettent plus de contrôler les signes, du diazoxide doit être ajouté au traitement. La prednisone est diminuée à une posologie de 1 à 1,25 mg/kg PO, BID et le diazoxide est commencé à 5 mg/kg PO, BID puis progressivement augmenté jusqu’à 30 mg/kg PO, BID si nécessaire. Cette molécule doit être administrée avec un repas pour limiter les effets indésirables, tels qu’anorexie, vomissements et diarrhée. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (BEEBER N.L., 2011), (CHEN S., 2010), (WOLF T.M., 2009). Remarque : les corticoïdes et le diazoxide doivent être utilisés avec précautions chez les furets atteints d’insuffisance cardiaque ou rénale. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012). Le pronostic de cette affection semble lié à la durée d’évolution des signes cliniques avant le diagnostic et la mise en place du traitement : plus celle-ci est longue, moins le pronostic est bon. De ce fait, un dosage annuel ou semi-annuel est recommandé pour détecter précocement cette affection chez les furets âgés de plus de 2 à 3 ans. (OGLESBEE B.L., 2011o), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (WOLF T.M., 2009). b. Maladie surrénalienne 1. Etiologie, pathogénie La maladie surrénalienne est la deuxième affection la plus fréquente du furet (après l’insulinome). Elle semble cependant moins fréquente en France qu’aux Etats-Unis. Elle est observée chez des furets stérilisés généralement âgés de 3 à 4 ans ou plus, sans prédisposition de sexe. Cette maladie est due à une production excessive d’une ou de plusieurs hormones stéroïdiennes sexuelles (notamment œstradiol, 17α-hydroxyprogestérone, androsténédione) par une glande surrénale modifiée. Histologiquement, la glande surrénale atteinte présente une hyperplasie ou une évolution néoplasique de type adénome ou carcinome. Les tumeurs surrénaliennes sont très fréquentes chez le furet : elles représentent 25% des néoplasies diagnostiquées dans cette espèce. Les métastases sont rares mais possibles et concernent alors le foie ou les poumons. L’atteinte peut être uni ou bilatérale, bien qu’une atteinte unilatérale soit plus fréquemment rapportée. Les modifications de la glande surrénale semblent liées à la stérilisation (et non uniquement au caractère précoce de celle-ci) et à une photopériode artificiellement prolongée (supérieure à 8 heures). La stérilisation est à l’origine de la disparition du rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de GnRH et une photopériode prolongée est à l’origine de la diminution de la production de la mélatonine (une hormone anti-gonadotrope) et d’une stimulation de la production de GnRH. Il en résulte une augmentation de la sécrétion de GnRH et donc de la sécrétion de LH (et de FSH). La LH stimule alors continuellement la production de stéroïdes sexuels par la glande surrénale. Un rôle de l’alimentation ou une prédisposition génétique sont également supposés. Les signes cliniques sont liés aux effets délétères des concentrations élevées des hormones sexuelles stéroïdiennes circulantes sur de nombreux organes. (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (GOUGOUSSIS A., PIGNON C., 2012), (CHEN S., 2010), (WAGNER R.A. and al., 2009), (SIMONEFREILICHER E., 2008), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001). 131 Remarque : la maladie surrénalienne du furet est différente du syndrome de Cushing chez le chien : il n’y pas d’augmentation de la sécrétion de cortisol ni d’atrophie de la glande surrénalienne controlatérale chez le furet. (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (GOUGOUSSIS A., PIGNON C., 2012), (SIMONE-FREILICHER E., 2008), (SCOTT D.W. and al., 2001). 2. Présentation clinique Les signes cliniques sont caractérisés par des signes cutanés et par des signes relatifs aux caractères sexuels secondaires. Leur sévérité est variable et augmente avec la durée d’évolution de la maladie et l’importance de l’élévation de la concentration des hormones stéroïdiennes sexuelles dans le sang. Le principal signe clinique de la maladie surrénalienne est une alopécie bilatérale, symétrique et progressive. En effet, cette alopécie est observée chez plus de 90% des furets atteints. Elle commence sur la queue (fig.35a) ou à la base de la queue, puis s’étend crânialement sur le dos (fig.35b), les flancs puis le ventre. En début d’évolution de la maladie, cette alopécie peut être transitoire : elle apparaît alors au printemps puis régresse à l’automne pour réapparaître au printemps suivant. La même séquence peut se produire pendant 2 à 3 ans, en étant un peu plus sévère chaque fois, jusqu’à ce que le poil ne repousse plus. Dans les cas très sévères, le corps de l’animal peut devenir complètement glabre. Jusqu’à 30% des furets atteints peuvent présenter un prurit. Celui-ci est généralement intense et n’est pas obligatoirement associé à l’alopécie. Il est le plus souvent localisé aux épaules. De l’érythème, des excoriations ou parfois une pyodermite secondaire peuvent être observés. Figure 35 : Signes cutanés de maladie surrénalienne chez le furet. a) Alopécie de la queue chez une femelle. b) Alopécie plus diffuse, bilatérale et symétrique chez une femelle. Remerciements au Service NAC de l’ENVA (a) et à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon (b). La réapparition d’un comportement sexuel, d’une agressivité et d’une forte odeur musquée peut être observée chez les animaux stérilisés. Une léthargie, une parésie des membres postérieurs et une amyotrophie sont possibles. Rarement, dans certains cas chronique, des signes de toxicité des œstrogènes sur la moelle osseuse, tels que des ecchymoses ou des pétéchies plus ou moins diffuses sur le corps, peuvent être observés (voir Hyperœstrogénisme IV.C.6.a). Il s’agit d’une affection secondaire grave qui peut engager le pronostic vital de l’animal. 132 Chez la femelle, un œdème et un érythème vulvaires (fig.36) sont extrêmement fréquents (plus de 70% des furettes atteintes). Ils sont parfois associés à des pertes vulvaires, qui peuvent être liées à la présence d’une vaginite ou d’un pyomètre. Plus rarement, le développement d’une hypertrophie mammaire est possible. Figure 36 : Œdème vulvaire marqué chez une furette stérilisée atteinte de maladie surrénalienne. Noter l’alopécie diffuse visible sur la queue et le ventre de l’animal. Remerciements au Service NAC de l’ENVA. Chez le mâle, des kystes prostatiques pouvant mesurer jusqu’à 1 cm de diamètre se développent, probablement suite à la stimulation de la prolifération du tissu prostatique par les taux élevés d’hormones stéroïdiennes circulantes. Une prostatite ou des abcès prostatiques peuvent se développer par la suite. Il a également été rapporté dans de rares cas, chez des furets mâles ou femelles, le développement de kystes para-urétraux au niveau de la partie dorsale du trigone vésical ou de l’urètre proximal. Il en résulte un rétrécissement du diamètre de l’urètre ou une obstruction du bas appareil urinaire. Les signes cliniques associés sont : une pollakiurie, une hématurie, une dysurie, une strangurie (avec parfois des cris de douleur au moment de la miction) ou une anurie. De l’urine peut souiller la région périnéale. Par effet de masse sur le tube digestif, du ténesme peut être constaté. Lors d’abcès, un exsudat purulent, opaque, de couleur blanchâtre à jaunâtre, peut être présent au niveau du prépuce ou associé à la miction. Lors d’obstruction urinaire complète, des signes d’urémie peuvent apparaître, tels qu’un abattement ou une léthargie, une diminution de l’appétit et des vomissements. La palpation abdominale est douloureuse et met souvent en évidence une vessie distendue, une prostatomégalie ou des masses prostatiques compatibles avec des kystes ou des abcès. Comme chez le chat et le chien, l’obstruction urinaire est une urgence. La palpation abdominale permet aussi quelques fois de mettre en évidence une glande surrénale hypertrophiée. Il s’agit en général de la glande gauche, plus facile à palper que la droite du fait de sa localisation anatomique. Une splénomégalie non spécifique est possible. (OGLESBEE B.L., 2011p), (POLLOCK C.G., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011q), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (CHEN S., 2010), (WAGNER R.A. and al., 2009), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONE-FREILICHER E., 2008), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - l’autre cause d’alopécie bilatérale symétrique débutant au niveau de la queue et progressant crânialement : l’alopécie saisonnière, observée du printemps à l’automne chez l’animal non stérilisé. - d’autres causes d’alopécie et de prurit : une ectoparasitose (notamment la pulicose), une pyodermite, une dermatophytose, un mastocytome cutané ou un lymphome cutané. - d’autres causes d’hypertrophie vulvaire : la période de chaleurs chez une femelle non stérilisée ou présentant une rémanence ovarienne (apparition des signes à la première période d’œstrus suivant la stérilisation, vers l’âge d’un an en général). - d’autres causes de troubles de la miction ou d’obstruction urinaire : une urolithiase, une cystite bactérienne ou moins fréquemment un phénomène néoplasique du col de la vessie ou de l’urètre. (OGLESBEE B.L., 2011p), (OGLESBEE B.L., 2011q), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (SIMONEFREILICHER E., 2008), (BEEBER N.L., 2011). 133 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être établi à partir des commémoratifs (furet stérilisé vivant à l’intérieur), de l’anamnèse, des signes cliniques et des résultats des examens complémentaires. (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (WOLF T.M., 2009), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONE-FREILICHER E., 2008). Les examens complémentaires à réaliser sont : - une échographie abdominale : il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour confirmer le diagnostic et déterminer si l’une ou les deux glandes sont atteintes avant une chirurgie. L’échographie abdominale permet d’examiner les glandes surrénales en évaluant leur taille, leur forme et leur échogénicité. Une glande surrénale anormale est de taille augmentée (largeur supérieure à 3,9 mm), de forme ronde et présente une échogénicité augmentée ou hétérogène parfois associée à des minéralisations. Un aspect normal des glandes ne permet pas d’exclure l’affection. Cet examen permet également d’examiner les reins, la vessie et la prostate en cas de troubles mictionnels. Si des kystes prostatiques sont identifiés, une cytoponction échoguidée peut être effectuée sous sédation. Une analyse cytologique et une culture bactériologique aérobie et anaérobie avec antibiogramme sont ensuite réalisées sur le liquide récolté. L’échographie abdominale est enfin l’occasion d’évaluer le reste de la cavité abdominale à la recherche d’une affection concomitante, comme un insulinome, ou de métastases. - un dosage des hormones stéroïdiennes sexuelles les plus souvent augmentées lors de maladie surrénalienne : le test élaboré pour le furet (disponible au laboratoire vétérinaire d’Oniris, à Nantes) comprend le dosage de trois hormones : l’œstradiol, la 17αhydroxyprogestérone et l’androsténédione. L’élévation d’une ou de plusieurs de ces hormones est habituellement en accord avec l’hypothèse de maladie surrénalienne, mais parfois l’interprétation peut s’avérer délicate. Chez la femelle stérilisée notamment, un taux élevé d’œstrogènes peut aussi être dû à une rémanence ovarienne. Un profil stéroïdien normal ne permet pas d’exclure l’affection, car d’autres hormones, non dosées, peuvent être augmentées. - un bilan sanguin complet : la biochimie et la numération-formule-sanguine peuvent être normales ou mettre en évidence : une anémie non régénérative et une pancytopénie lors de toxicité sur la moelle osseuse, une leucocytose lors d’abcès prostatique ou de pyomètre, une hypoglycémie lorsqu’un insulinome est présent ou une élévation de l’urée, une hyperkaliémie, une hyperphosphatémie et une acidose métabolique lors d’obstruction urinaire. - des radiographies : les radiographies abdominales permettent occasionnellement d’identifier une glande surrénale hypertrophiée. Elles peuvent aussi mettre en évidence une prostatomégalie avec une masse visible caudalement et dorsalement à la vessie et qui la repousse crânioventralement. Des radiographies thoraciques peuvent aussi être réalisées, dans le cadre de la recherche de métastases ou de la recherche d’une cardiomégalie (dans ce cas une échocardiographie peut être nécessaire). - l’analyse histopathologique de la glande surrénale après exérèse : cet examen permet d’obtenir le diagnostic de certitude. (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (CHEN S., 2010), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONE-FREILICHER E., 2008), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001), (POLLOCK C.G., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011q). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de la maladie surrénalienne peut être médical ou chirurgical. Traitement chirurgical : C’est le traitement de choix de la maladie surrénalienne. 134 L’adrénalectomie est fortement recommandée pour tous les furets dont l’état est suffisamment stable pour permettre l’opération. Cet acte peut s’avérer délicat, il ne faut donc pas hésiter à référer le furet malade vers un vétérinaire spécialisé. Lors de la laparotomie, il faut examiner l’ensemble de la cavité abdominale à la recherche d’une affection intercurrente (comme un insulinome). Après cet examen, le tractus digestif et la rate peuvent être extériorisés et placés sous une compresse à laparotomie humide pour pouvoir visualiser, palper et comparer les deux glandes surrénales. Visuellement une glande anormale est plus ronde et sa surface est irrégulière ou décolorée (une glande normale est de couleur rose clair homogène). La palpation peut révéler une consistance hétérogène. Chirurgicalement, le cas le plus simple est l’adrénalectomie de la glande surrénale gauche, car elle est d’un abord plus aisé et que sa localisation anatomique est moins problématique. Cette glande peut être retirée dans sa totalité. En revanche, l’adrénalectomie de la glande surrénale droite est plus compliquée et plus technique. Cela est essentiellement lié à la localisation anatomique de la glande surrénale droite. Celle-ci est située sous le lobe caudé du foie, pour y accéder il faut donc sectionner le ligament hépatorénal afin de pouvoir récliner le lobe hépatique. La glande surrénale droite est de plus très étroitement associée à la veine cave caudale, ce qui rend l’acte chirurgical particulièrement délicat. Lorsque la glande est atteinte, il peut y avoir un envahissement de la veine cave. Plusieurs techniques d’exérèse, totale ou subtotale, sont décrites dans la littérature. En cas d’atteinte bilatérale des glandes surrénales, il est recommandé de réaliser une adrénalectomie totale des deux glandes. Une fluidothérapie doit être mise en place pour la chirurgie. Si l’animal est également atteint d’un insulinome, la perfusion doit être complémentée en dextrose ou en glucose et démarrée dès la mise à jeun (3 à 4 heures avant la chirurgie). La glycémie doit être surveillée régulièrement avant, pendant et après la chirurgie, même si un insulinome n’a pas été mis en évidence. Après la chirurgie, la fluidothérapie doit être poursuivie et un protocole d’analgésie doit être mis en place pendant 2 à 3 jours (voir Annexe 2). En cas d’adrénalectomie bilatérale, il faut surveiller l’apparition de signes d’insuffisance surrénalienne (maladie d’Addison). Un traitement à base de glucocorticoïdes peut être effectué avec de la prednisone (0,25 à 0,5 m/kg PO, BID pendant 1 semaine puis diminution progressive de la dose sur 1 à 2 semaines). En cas de développement d’un hypocorticisme (très rare), il peut être nécessaire de maintenir la corticothérapie à plus long terme, voire d’y ajouter un minéralocorticoïde comme la desoxycorticostérone12 (2 mg/kg IM, tous les 21 jours) ou l’acétate de fludrocortisone12 (0,05 à 0,1 mg/kg PO, SID ou en deux fois). Lors d’adrénalectomie unilatérale totale, la chirurgie peut être considérée comme curative pour la glande excisée. Les signes cliniques commencent à régresser rapidement après la chirurgie. L’hypertrophie vulvaire ou les kystes prostatiques diminuent dès les premiers jours et disparaissent dans les 2 semaines qui suivent la chirurgie. La repousse du poil prend plusieurs semaines à plusieurs mois. Une récurrence des signes cliniques est cependant souvent observée dans l’année ou dans les deux ans qui suivent la chirurgie par atteinte de la glande surrénale restante (17% des furets opérés) ou évolution du tissu surrénalien qui n’a pas pu être retiré (15% des furets opérés). Dans ce cas, il faut soit réopérer l’animal, soit mettre en place le traitement médical. Un moyen de prévention pourrait donc être la mise en place d’un implant de desloréline en complément de la chirurgie (voir traitement médical). (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (CHEN S., 2010), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONE-FREILICHER E., 2008), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001). Traitement médical : Le traitement médical est uniquement palliatif : il permet de contrôler les signes cliniques mais n’a aucun n’effet sur la taille de la glande surrénale atteinte. Il est indiqué si la 12 Spécialités médicales humaines. 135 chirurgie ne peut être effectuée ou lors de récurrence des signes cliniques chez un furet ayant déjà été opéré. Le traitement repose sur l’administration d’un agoniste de la GnRH. Celui-ci est temporairement associé à l’exacerbation des symptômes, due à une stimulation de la production hormonale par stimulation des récepteurs à la GnRH sur l’hypophyse. Puis il permet de rétablir le rétrocontrôle négatif de la sécrétion de GnRH et donc de diminuer la production de LH et des hormones stéroïdiennes sexuelles. L’acétate de leuprolide13 (100 à 250 µg/kg IM, toutes les 4 semaines jusqu’à résolution des signes cliniques, puis toutes les 4 à 8 semaines en fonction des besoins) peut être utilisé. En France, on utilise plutôt l’acétate de desloréline, sous la forme d’un implant sous-cutané placé entre les omoplates sous anesthésie gazeuse. Il a été montré dans une étude que l’utilisation d’un implant de 4,7 mg est sûre chez le furet (pas d’effet indésirable observé) et permet une gestion à long-terme des signes cliniques. L’acétate de desloréline permet une diminution significative des concentrations des hormones stéroïdiennes et ne semble pas influencer la taille des glandes surrénales. Le gonflement vulvaire, le prurit, les comportements sexuels ou l’agressivité ont nettement régressés voire disparus 2 semaines après l’implantation. La repousse du poil est effective 4 à 6 semaines après l’implantation. Dans cette étude, la durée de rémission des signes cliniques est de 8 à 30 mois, avec une moyenne de 17,6 mois. L’implantation d’un nouvel implant est possible lorsque les signes cliniques réapparaissent. Un implant de 9,4 mg est maintenant disponible et possède l’AMM pour la stérilisation chimique chez le furet. L’infertilité est obtenue en 5 à 14 semaines chez le furet mâle entier et l’action de l’implant dure 16 mois à 4 ans (RCP du Suprelorin® 9,4 mg : source internet 8). Son utilisation semble donc plus avantageuse. La mélatonine13 (0,5 à 1 mg/animal PO, SID, 7 à 9 heures après le levé du soleil) peut être ajoutée au traitement pour les furets soumis à une photopériode artificiellement prolongée. Les implants sous-cutanés de mélatonine, existants aux Etats-Unis, ne sont pas disponibles en France. Cette molécule permet une régression temporaire des signes cliniques (jusqu’à 8 mois), mais son efficacité diminue fortement après 12 mois d’utilisation continue. (WAGNER R.A. and al., 2009), (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (CHEN S., 2010), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONE-FREILICHER E., 2008), (GOUGOUSSIS A., PIGNON C., 2012). Le traitement comprend également la gestion médicale ou chirurgicale des kystes et des abcès prostatiques ainsi que de l’obstruction urinaire qui peut y être associée. La gestion de l’obstruction urinaire est similaire à celle du chat. Il convient dans un premier temps de mettre en place une fluidothérapie IV (en prenant en compte les troubles électrolytiques ou métaboliques pouvant être présents) et une analgésie à base de buprénorphine (0,01 à 0,03 mg/kg SC, IM ou IV toutes les 8 à 12 heures), de butorphanol (0,1 à 0,5 mg/kg SC ou IM toutes les 4 à 6 heures ou 0,025 à 0,1 mg/kg/h IV) ou de fentanyl (2,5 à 5 µg/kg/h IV). Il faut ensuite lever l’obstruction urinaire par cathétérisation de l’urètre sous anesthésie générale gazeuse à l’isoflurane. Le diamètre plus petit de l’urètre du furet, son orifice parfois difficile à visualiser et la présence d’un os pénien en forme de J peuvent rendre la cathétérisation plus difficile que chez le chat. Une injection de diazépam (1 à 2 mg/kg IM) ou de midazolam (0,5 à 1 mg/kg SC ou IM), éventuellement associée à une infusion de lidocaine à 1 ou 2% (0,02 à 0,3 mL) localement dans l’urètre peuvent permettre un relâchement de celui-ci, facilitant le passage du cathéter. Le cathéter et la fluidothérapie au débit d’entretien (75 à 100 mL/kg/j) doivent être laissés en place 1 à 3 jours en surveillant la diurèse. Celle-ci doit être d’au moins 1 à 2 mL/kg/h et peut atteindre avec la fluidothérapie jusqu’à 140 mL/jour. Dans le cas ou la cathétérisation est impossible, et en dernier recourt, il faut réaliser une cystocentèse sous sédation, en faisant attention aux risques de rupture de la vessie. 13 Spécialités médicales humaines. 136 La gestion des troubles de la prostate repose avant tout sur le traitement de la maladie surrénalienne, qu’il soit chirurgical ou médical. Celui-ci permet est en effet une régression des signes cliniques, dont l’hyperplasie ou les kystes prostatiques de petite taille. En cas de traitement médical, on optera plutôt pour l’acétate de leuprolide, dont l’action sur les tissus prostatiques est plus rapide. Les kystes ou les abcès prostatiques volumineux peuvent cependant nécessiter une aspiration par cytoponction (soit au cours de l’échographie abdominale, soit au cours de la chirurgie) parfois associée à un drainage et à une omentalisation ou à une marsupialisation. Dans le cas où une prostatite bactérienne ou des abcès sont présents, il est nécessaire de mettre en place une antibiothérapie systémique pendant au moins 4 à 6 semaines, adaptée selon les résultats de la culture bactériologique et de l’antibiogramme. Les molécules utilisées sont souvent le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO ou SC, BID) ou l’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID) car ce sont des antibiotiques pouvant atteindre le tissu prostatique. L’utilisation d’anti-androgènes tels que le flutamide, le bicalutamide (spécialités humaines) en complément du traitement de la maladie surrénalienne est rapportée dans la littérature. (POLLOCK C.G., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011q), (CHEN S., 2010), (BEEBER N.L., 2011), (SIMONEFREILICHER E., 2008). Le pronostic de la maladie surrénalienne est variable selon le type de tumeur, l’âge de l’animal, la présence d’une affection concomitante et le type de traitement appliqué. Globalement, après l’exérèse chirurgicale, le pronostic est bon. En cas de traitement médical, le pronostic est bon si les signes cliniques sont uniquement cutanés. Le pronostic s’assombrit si les signes cliniques sont plus sévères (signes d’atteinte prostatique ou de toxicité sur la moelle osseuse). L’hyperplasie et l’adénome sont de meilleur pronostic que le carcinome qui est associé à un pronostic sombre lorsqu’il métastase. (OGLESBEE B.L., 2011p), (ROSENTHAL K.L., WYRE N.R., 2012), (CHEN S., 2010), (BEEBER N.L., 2011). Actuellement, la stérilisation chirurgicale des furets n’est plus recommandée. Une stérilisation chimique par l’utilisation d’un agoniste de la GnRH est conseillée en alternative à la chirurgie et en prévention de la maladie. Les effets obtenus sur la reproduction par la mise en place d’un implant acétate de desloréline à 9,4 mg sont en effet similaires à ceux de la chirurgie (infertilité, disparition des comportements sexuels et diminution de l’odeur corporelle), sans être associés à une élévation de la FSH et de la LH, comme c’est le cas chez l’animal stérilisé chirurgicalement. Le propriétaire sait que l’implant doit être remplacé lorsque la taille des testicules augmente (celle-ci diminue après la pose de l’implant) ou qu’un œdème vulvaire apparaît, en association avec un retour du comportement sexuel. L’implant pourrait aussi être utilisé en prévention, chez le furet stérilisé non encore atteint de maladie surrénalienne ou en complément immédiat de l’adrénalectomie chez le furet affecté. (GOUGOUSSIS A., PIGNON C., 2012), (SCHOEMAKER N.J. and al., 2008). 6. Affections de l’appareil urogénital a. Hyperœstrogénisme 1. Cause et pathogénie L’hyperœstrogénisme est une affection fréquente de la furette non stérilisée. Cette maladie peut aussi être rencontrée chez la furette stérilisée lors de rémanence ovarienne. Elle est observée chez des furettes âgées de 1 à 2 ans et due à l’action des œstrogènes lors d’un œstrus prolongé. En effet, la furette est une femelle saisonnière poly-œstrienne à ovulation induite : plusieurs œstrus ont lieu au cours de la saison de reproduction, qui dure de mars à août, et l’ovulation est déclenchée par l’accouplement. 50% des femelles restent en œstrus jusqu’à ce qu’elles s’accouplent ou que l’ovulation soit artificiellement déclenchée (voir 137 traitement). De ce fait, la concentration sanguine des œstrogènes peut rester élevée pendant une longue période. Si l’œstrus dure plus d’un mois, la furette présente un risque de toxicité des œstrogènes sur la moelle osseuse, à l’origine d’une hypoplasie médullaire touchant l’ensemble des lignées cellulaires (érythroïde, myéloïde et mégacaryocytaire). L’anémie et la pancytopénie qui en résulte peuvent être graves et mettre en jeu le pronostic vital de l’animal. Après plus de 2 mois d’œstrus, la mort peut survenir suite à une hémorragie ou suite à une infection secondaire. (OGLESBEE B.L., 2011r), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001). 2. Présentation clinique Les signes cliniques sont caractérisés par des signes d’œstrus : œdème vulvaire éventuellement associé à des pertes séreuses ou purulentes, et alopécie bilatérale symétrique débutant au niveau de la queue et progressant crânialement. Le développement d’infections secondaires, telles qu’une bronchopneumonie, une vaginite, une métrite ou un pyomètre est possible. Des kystes ou des abcès para-urétraux peuvent aussi être présents. En cas d’hypoplasie médullaire, l’animal peut présenter un abattement, une léthargie, de l’anorexie associée à une perte de poids, une pâleur des muqueuses et des signes d’hémorragies ou de troubles de la coagulation comme : la présence de pétéchies ou d’ecchymoses, une hématurie, du méléna, ou rarement une parésie ou une paralysie des membres postérieurs due à la formation d’un hématome sous-dural. L’anémie peut être à l’origine d’un souffle cardiaque systolique audible à l’auscultation. La palpation abdominale peut mettre en évidence une splénomégalie. (OGLESBEE B.L., 2011r), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009), (SCOTT D.W. and al., 2001). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend principalement la maladie surrénalienne (bien qu’elle survienne habituellement chez des animaux plus âgés), mais aussi : - d’autres causes d’anémie et de troubles de la coagulation : une hémorragie suite à un traumatisme, un ulcère gastrique à l’origine de pertes sanguines, une intoxication aux anticoagulants (comme un rodenticide), une anémie hémolytique à médiation immune, une affection hépatique sévère, un phénomène néoplasique, une insuffisance rénale, une anémie liée à une maladie chronique. - d’autres causes d’alopécie : la mue, une ectoparasitose, un mastocytome cutané, une dermatophytose. (OGLESBEE B.L., 2011r). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs et l’anamnèse (jeune femelle en œstrus), sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. Les examens complémentaires à réaliser sont : - une numération-formule-sanguine : cet examen pourra révéler une anémie non régénérative (à confirmer par un comptage des réticulocytes), un hématocrite souvent inférieur à 25% voire à 20%, une thrombocytopénie avec un taux de plaquettes inférieur à 50.10³/mm³ et une neutropénie (alors qu’en début d’œstrus on observe plutôt une leucocytose neutrophilique et une thrombocytose). L’examen du frottis sanguin permet de confirmer la thrombocytopénie et révèle parfois la présence d’érythroblastes dans le sang. - un myélogramme : cet examen met en évidence une hypoplasie de toutes les lignées cellulaires de la moelle osseuse. 138 - une échographie abdominale : cet examen permet de rechercher une atteinte des glandes surrénales ou une rémanence ovarienne (celle-ci n’est cependant pas toujours évidente à voir). - un test thérapeutique à l’hCG : une réponse clinique à ce test confirme le diagnostic (voir traitement). - un dosage des œstrogènes (notamment l’œstradiol) : une concentration sérique élevée renforce la suspicion diagnostique. - un examen cytologique des pertes vulvaires : à la recherche de signes d’une infection bactérienne secondaire. (OGLESBEE B.L., 2011r), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement consiste à stimuler l’ovulation pour provoquer la fin de l’œstrus. Les molécules utilisées sont l’hCG ou la GnRH. L’hCG est administrée à 100 UI/furet en IM. Les signes d’œstrus, notamment l’hypertrophie vulvaire, disparaissent en 3 à 4 jours chez 95% des furettes. S’ils sont toutefois encore présents une semaine après le traitement il faut renouveler l’injection. La GnRH est administrée à 20 µg/furet en IM ou en SC. L’injection peut être renouvelée 1 à 2 semaines après en cas de persistance des signes d’œstrus. L’anœstrus peut aussi être provoqué par stimulation mécanique avec un écouvillon tel qu’un coton-tige introduit dans le vagin, ou par accouplement avec un mâle vasectomisé. (OGLESBEE B.L., 2011q), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009). Remarque : le traitement à l’hCG ou à la GnRH n’est efficace qu’après 10 jours d’œstrus. (OGLESBEE B.L., 2011q), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009). L’ovariohystérectomie, autrefois recommandée en traitement et en prévention de cette affection n’est plus conseillée car elle favorise l’apparition de la maladie surrénalienne. Une stérilisation chimique par la pose d’un implant d’acétate de desloréline pourrait être une alternative (voir Traitement de la maladie surrénalienne IV.C.5.b.5). Les furettes montrant des signes d’anémie ou d’hémorragie doivent être hospitalisées dans un endroit calme et chaud afin de mettre en place un traitement de soutien qui repose sur une fluidothérapie, sur une alimentation assistée pour les animaux anorexiques et sur une antibiothérapie systémique en cas d’infection bactérienne secondaire. Il peut s’avérer nécessaire d’effectuer une ou plusieurs transfusions chez les furettes fortement anémiées. Les particularités de la transfusion chez le furet sont présentées dans l’encadré 12. (OGLESBEE B.L., 2011q), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009). 139 Transfusion chez le furet : • Indications : hématocrite inférieur à 15%, sévérité des signes cliniques. • Particularité du furet : la présence de plusieurs groupes sanguins identifiables n’a pas été démontrée chez le furet et les réactions associées aux transfusions sont rares, même après plusieurs transfusions avec des donneurs différents. Par précaution, il est tout de même conseillé d’administrer de la dexaméthasone (4 à 6 mg/kg en IV lente) avant la transfusion. • Donneur idéal : un furet mâle de grand gabarit en bonne santé. • Prélèvement sanguin du donneur : à la veine jugulaire ou à la veine cave crâniale sous anesthésie générale. Le volume prélevé peut atteindre 0,6% du poids vif de l’animal. • Déroulement d’une transfusion : - administration du sang dans les 4 heures suivant son prélèvement, - vitesse de transfusion lente au début (0,5 mL/kg pendant les 20 premières minutes), en surveillant l’apparition de signes de réaction. Encadré 12 : Les particularités de la transfusion chez le furet. (OGLESBEE B.L., 2011r), (POLLOCK C.G., 2012). Une à deux semaines après le traitement, il faut effectuer une numération-formulesanguine de contrôle, afin d’évaluer la réponse de la moelle osseuse. (OGLESBEE B.L., 2011r), (WOLF T.M., 2009). Le pronostic de cette affection est lié à la valeur de l’hématocrite. Si l’hématocrite est supérieur à 25 %, le pronostic est bon, s’il est compris entre 15 et 25% le pronostic est réservé et s’il est inférieur à 15% le pronostic est sombre. (OGLESBEE B.L., 2011r), (POLLOCK C.G., 2012), (WOLF T.M., 2009). b. Obstruction du bas appareil urinaire La cause la plus fréquente d’obstruction du bas appareil urinaire chez le furet est le développement de kystes ou d’abcès prostatiques ou para-urétraux secondairement à la maladie surrénalienne (voir Maladie surrénalienne IV.C. 5.b). La deuxième cause la plus fréquente est la présence de calculs urétraux. (POLLOCK C.G., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011q). 7. Affections nerveuses a. Maladie de Carré Se reporter à la partie concernant les affections respiratoires (IV.C.1.a.). b. Maladie aléoutienne 1. Etiologie, pathogénie La maladie aléoutienne est une affection systémique chronique à médiation immune. Il s’agit d’une affection virale spécifique des mustélidés, notamment du vison et du furet, due à un Parvovirus appelé ADV (pour Aleutian mink Disease Virus). Il existe plusieurs souches virales, de virulence variable, de l’ADV. Elles sont réparties en deux groupes dans la littérature : les souches du vison et les souches du furet. Ces dernières semblent issues de mutations du Parvovirus du vison. Le furet peut être infecté par une souche virale du furet ou du vison. La sévérité de l’affection dépend de la souche virale et du statut immunitaire de l’hôte. La transmission du virus se fait par inhalation d’aérosols contaminés, par contact direct avec l’urine, la salive, le sang ou les selles d’un animal infecté ou par contact direct 140 avec un objet contaminé, le virus étant très stable dans l’environnement. De ce fait, les personnes en contact avec des furets ou des visons sont une source d’infection potentielle. L’exposition à un vison ou un furet infecté, une surpopulation ou de mauvaises conditions d’hygiène sont autant de facteurs augmentant le risque d’infection. L’incidence globale de la maladie aléoutienne dans la population de furets domestiques est estimée à 8,5 à 10%. Cette affection est en général observée chez des furets âgés de 2 à 4 ans et est plus fréquente dans les lieux pouvant concentrer un nombre relativement important de furets ou de visons, tels que les animaleries, les refuges ou les élevages. Suite à l’infection, une réponse immunitaire se met en place et est associée à la production d’anticorps non protecteurs. Les signes cliniques peuvent apparaître plusieurs mois à plusieurs années après l’infection. Ils sont liés aux effets à long terme du dépôt de complexes immuns dans de nombreux organes. Les dépôts de complexes immuns sont en effet à l’origine de lésions de vasculite, de lésions de glomérulonéphrite et d’une infiltration lymphoplasmocytaire. Certains furets infectés sont asymptomatiques. (OGLESBEE B.L., 2011s), (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). 2. Présentation clinique Le plus souvent, la maladie aléoutienne est caractérisée par un dépérissement chronique et des signes neurologiques. L’évolution clinique peut durer quelques mois à 2 ans et aboutit à la mort de l’animal, généralement par insuffisance rénale ou anémie non régénérative. Certains furets meurent sans déclarer de signe clinique de la maladie. Les signes de dégradation de l’état général sont : une perte de poids progressive et chronique, une anorexie, un pelage piqué, une léthargie. Parfois une pâleur des muqueuses et une déshydratation sont présentes. Les signes neurologiques pouvant être observés sont : une parésie ou une paralysie des membres postérieurs avec amyotrophie, une ataxie, une quadriplégie, un syndrome d’hyperextension, des tremblements de la tête, une cervicalgie, une incontinence urinaire, une incontinence fécale, ou des convulsions. Des signes d’atteinte d’autres organes peuvent aussi être présents, comme une diarrhée, un méléna, une dyspnée, une toux ou une uvéite antérieure. La palpation abdominale peut parfois mettre en évidence une splénomégalie, une adénomégalie des nœuds lymphatiques mésentériques ou une anomalie de la taille des reins. (OGLESBEE B.L., 2011s), (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes de dépérissement chronique : la présence chronique d’un corps étranger gastro-intestinal, une gastrite à Helicobacter mustelae, la gastro-entérite éosinophilique, l’entérite lymphoplasmocytaire, l’entérocolite proliférative, une entérite bactérienne, un lymphome ou un autre phénomène néoplasique, une anémie par hyperœstrogénisme ou une affection cardiaque. - d’autres causes de troubles neurologiques : un traumatisme, une hernie discale, une hypoglycémie due à un insulinome, une intoxication aux métaux lourds, la maladie de Carré, la rage ou une autre cause de méningite. (OGLESBEE B.L., 2011s), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être émis à partir de l’anamnèse, de la présence de signes cliniques évocateurs et de la détection d’une hypergammaglobulinémie. (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009). 141 Les examens complémentaires à réaliser sont : - une électrophorèse des protéines sériques : cet examen révèle habituellement une hyperprotéinémie avec une hypergammaglobulinémie, la fraction des γ-globulines pouvant représenter 20 à 60% de la concentration des protéines totales. Parfois une hypoalbuminémie est constatée. Certains furets ne présentent cependant pas d’anomalie de l’électrophorèse. - une biochimie : cet examen peut mettre en évidence une hyperprotéinémie parfois très élevée (supérieure à 10 g/dL) éventuellement associée à une hypoalbuminémie. En cas d’atteinte rénale ou d’atteinte hépatique, la biochimie pourra mettre en évidence respectivement une élévation de l’urée et de la créatinine ou des paramètres hépatiques. - une numération-formule-sanguine : cet examen met occasionnellement en évidence une leucopénie ou une anémie. L’anémie peut être sévère et peu régénérative, notamment en fin d’évolution. - des radiographies : les radiographies abdominales peuvent parfois révéler une splénomégalie ou une modification de la taille des reins (augmentation ou diminution). Lors de troubles respiratoires, les radiographies thoraciques peuvent révéler une pneumonie interstitielle ou un épanchement pleural. Les radiographies sont de plus utiles pour exclure certaines causes de parésie des membres postérieurs par examen de la colonne vertébrale. - un test sérologique : il en existe plusieurs mais le seul test disponible en Europe est le test CIEP, qui détecte la présence d’anticorps par une technique d’immunoélectrophorèse. Un test positif indique uniquement une exposition au virus et non une infection active. Il renforce donc la suspicion diagnostique chez un furet présentant des signes cliniques et une hypergammaglobulinémie, mais il ne confirme pas le diagnostic. - l’examen histopathologique de biopsies : cet examen met en évidence des lésions de vascularite, une infiltration lymphoplasmocytaire et des dépôts de complexes immuns dans les échantillons de tissus prélevés. - l’identification du virus par microscopie électronique sur échantillon tissulaire. (OGLESBEE B.L., 2011s), (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). Ante mortem, le diagnostic est confirmé par l’association des signes cliniques, d’une hypergammaglobulinémie, d’une séropositivité et des lésions histologiques caractéristiques de l’infection par l’ADV. (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005). 5. Traitement, prévention et pronostic Il n’existe pas de traitement spécifique pour la maladie aléoutienne. Le furet malade doit être hospitalisé et isolé des autres animaux afin de mettre en place un traitement symptomatique, qui comprend : - une fluidothérapie, - une alimentation assistée par gavage pour les animaux anorexiques, avec des aliments caloriques comme la pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s ou le Carnivore Care®. Un furet malade doit recevoir au moins 400 kcal/kg de poids vif/j. - l’administration d’anti-inflammatoires ou d’immunosuppresseurs comme la prednisone et le cyclophosphamide. - une antibiothérapie systémique : en cas d’infection bactérienne secondaire ou opportuniste. - un traitement antiparasitaire : en cas d’infection parasitaire secondaire ou opportuniste. (OGLESBEE B.L., 2011s), (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009), (BOUSSARIE D., 2008a). Le pronostic de la maladie aléoutienne est bon à réservé chez les furets séropositifs asymptomatiques, car beaucoup d’entre eux ne développeront pas de signes cliniques. Il est 142 réservé à sombre chez les furets sévèrement affectés et présentant des troubles neurologiques. (OGLESBEE B.L., 2011s). Le virus peut résister plusieurs mois dans l’environnement, la prévention de la maladie aléoutienne repose donc sur l’application de mesures d’hygiène : il est important de nettoyer puis de désinfecter l’environnement avec de la javel 5% diluée au 30ème, du formalin ou un désinfectant phénolique. Il faut aussi isoler les furets séropositifs des furets séronégatifs. Le respect de mesures de quarantaine et de dépistage avant l’introduction d’un nouvel individu dans un groupe est une autre mesure de prévention efficace, cependant, elle est surtout applicable en élevage et paraît difficile à mettre en œuvre pour un propriétaire de furet domestique. Il n’existe pas de vaccin contre cette maladie et il serait même contre-indiqué du fait des effets à médiation immune de la maladie et de l’incapacité des anticorps à neutraliser le virus. (OGLESBEE B.L., 2011s), (MORRISEY J.K., KAUS M.S., 2012), (LANGLOIS I., 2005), (WOLF T.M., 2009). 8. Affections du système hémolymphatique a. Lymphome 1. Cause et pathogénie Le lymphome est une maladie fréquente chez le furet : c’est la 3ème tumeur la plus diagnostiquée après l’insulinome et les tumeurs surrénaliennes. Il s’agit également de la tumeur maligne la plus fréquente dans cette espèce. Le lymphome est une hémopathie maligne lymphoïde caractérisée par la prolifération de lymphocytes néoplasiques dans des tissus solides comme les nœuds lymphatiques (périphériques, médiastinaux ou abdominaux), la moelle osseuse, la rate, les intestins, le foie et les reins. Les lymphomes peuvent survenir chez des furets de tout âge, et sont plus fréquents entre 2 et 5 ans. Historiquement deux formes de lymphomes ont été décrites : une forme lymphoblastique touchant les jeunes furets de mois de 2 ans et une forme lymphocytaire touchant les furets plus âgés. Cependant des études plus récentes n’ont pas confirmé cette corrélation avec l’âge. Le plus souvent, les lymphomes surviennent spontanément. Les lymphomes gastriques (ou lymphome des tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (TLAM)) sont rares et peuvent être liés à une infection par Helicobacter mustelae. Une étiologie virale a aussi été évoquée pour des cas de lymphomes polymorphes. Le FeLV et l’ADV ont été suspectés puis réfutés. L’hypothèse d’une étiologie rétrovirale de certains lymphomes est actuellement étudiée mais aucun virus n’a encore été clairement identifié. Les lymphomes sont classés selon leur grade, leur stade clinique et leur phénotypage. Il n’existe pas de système de classification universellement accepté pour le furet. Le grade est défini selon la description histologique de la morphologie des cellules tumorales. Le stade clinique peut être défini selon deux systèmes de description de la maladie (tableaux 16 et 17) qui peuvent être utilisés de façon complémentaire. Le phénotypage permet de définir l’origine cellulaire des cellules tumorales (lymphocytes B ou T) par immunohistochimie. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). 143 Stade clinique Caractéristiques Stade I Un seul nœud lymphatique ou tissu affecté au sein d’un seul organe. Stade II Plusieurs nœuds lymphatiques affectés dans une région du corps (du même côté du diaphragme). Stade III Atteinte généralisée des nœuds lymphatiques (des deux côtés du diaphragme). Stade IV Stade I, II ou III + atteinte de la rate ou du foie. Stade V Stade I, II, III ou IV + atteinte du sang ou de la moelle osseuse (on parle alors de leucémie lymphoïde). Tableau 16 : Définition du stade clinique du lymphome chez le furet en fonction de la localisation anatomique, de la présentation clinique et de la progression de la maladie. (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012). Stade clinique Caractéristiques Lymphome multicentrique Plusieurs nœuds lymphatiques affectés, le plus souvent des deux côtés du diaphragme ; peut aussi affecter le foie, la rate, la moelle osseuse et d’autres sites extra-ganglionnaires. Lymphome gastrointestinal Masse unique dans le tractus digestif ou les nœuds lymphatiques mésentériques ; masses multiples et atteinte régionale des nœuds lymphatiques intra-abdominaux ou infiltration diffuse d’une partie de l’intestin. Lymphome médiastinal Atteinte des nœuds lymphatiques médiastinaux ; pas d’atteinte du thymus habituellement. Lymphome extra-ganglionnaire Lymphome affectant d’autres localisations : les reins, le système nerveux central, les yeux ou le cœur. Lymphome cutané Atteinte des structures épithéliales. (Ce stade est parfois classé parmi les lymphomes extra-ganglionnaires). Tableau 17 : Définition du stade clinique du lymphome chez le furet en fonction de la localisation anatomique. (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012). 2. Présentation clinique La présentation clinique des lymphomes est non spécifique et varie en fonction des organes atteints et du stade de la maladie. Certains furets sont totalement asymptomatiques (le lymphome est alors souvent une découverte fortuite au cours d’une procédure diagnostique pour un autre problème). L’apparition des signes cliniques peut aussi être cyclique. Les signes généraux, présents quel que soit le type de lymphome sont : une léthargie plus ou moins marquée, de l’inappétence ou de l’anorexie, une perte de poids et une faiblesse. Lors de lymphome multicentrique, les signes cliniques pouvant être observés sont : une lymphadénomégalie généralisée non douloureuse avec des nœuds lymphatiques irréguliers et mobilisables ; une distension abdominale liée à une hépatomégalie, à une splénomégalie ou à la présence d’ascite ; une pâleur des muqueuses secondaire à une anémie lors d’envahissement de la moelle osseuse. La splénomégalie peut être due aussi bien à une hématopoïèse extramédullaire qu’à un envahissement tumoral. Lors de lymphome gastro-intestinal, les signes cliniques pouvant être observés sont : des vomissements, un inconfort abdominal, de la diarrhée, du méléna, un ténesme dû à la présence d’une lymphadénomégalie mésentérique ou sous-lombaire. La palpation abdominale peut mettre en évidence une ou plusieurs masses ou des anses intestinales épaissies. Lors de lymphome médiastinal, les signes cliniques pouvant être observés sont : des difficultés respiratoires ou une intolérance à l’effort, des difficultés à déglutir ou des régurgitations, une dyspnée, une tachypnée, de la toux. L’auscultation cardiaque peut révéler des bruits cardiaques assourdis en cas d’épanchement pleural. Le stress de l’examen clinique peut être à l’origine d’une cyanose. 144 Les lymphomes cutanés sont rares chez le furet. Les lésions sont le plus souvent localisées à l’extrémité des membres et du corps (la tête et la queue). Une ou plusieurs masses ou plaques sont observées. Les lésions sont caractérisées par de l’œdème, une hyperhémie et de l’alopécie, notamment à l’extrémité des membres. Un prurit plus ou moins généralisé peut être présent, à l’origine d’une dermatite alopécique avec des excoriations, des croûtes et des ulcères. Les lymphomes extra-ganglionnaires sont rares. Les signes sont dépendants de l’organe atteint et une lymphadénomégalie est tout de même rapportée dans certains cas. Un lymphome rénal sera associé à une néphromégalie et à des signes d’insuffisance rénale. Un lymphome cérébral sera associé à une paralysie, à des convulsions. Un lymphome périorbitaire sera associé à une déformation faciale, à une exophtalmie, à une procidence de la 3ème paupière, à une lagophtalmie et à une kératite d’exposition. Un lymphome cardiaque sera associé à des arythmies. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel de la lymphadénomégalie périphérique due à l’infiltration tumorale est la présence de gras sous-cutané entourant les nœuds lymphatiques, notamment chez les furets obèses. (OGLESBEE B.L., 2011t), (WOLF T.M., 2009). Le diagnostic différentiel de la lymphadénomégalie mésentérique due à l’infiltration tumorale est l’hyperplasie réactionnelle des nœuds lymphatiques mésentériques. Celle-ci est liée à une affection gastro-intestinale chronique comme : la gastrite à Helicobacter mustelae, l’entérite ou la gastroentérite lymphoplasmocytaire, la gastroentérite éosinophilique, l’entérite catarrhale épizootique ou la coronavirose systémique. Un phénomène néoplasique peut être difficile à distinguer d’une hyperplasie, à la fois lors de l’examen macroscopique et lors de l’examen histologique. Si les nœuds lymphatiques mésentériques sont les seuls à présenter une infiltration lymphocytaire, l’hyperplasie est plus probable que le phénomène néoplasique. Le diagnostic différentiel du lymphome médiastinal comprend : une insuffisance cardiaque, un chylothorax, un hémothorax ou un thymome. Le diagnostic différentiel du lymphome gastro-intestinal comprend : la présence d’un corps étranger digestif, un ulcère intestinal, la maladie inflammatoire gastro-intestinale (lymphoplasmocytaire ou éosinophilique), l’entérite catarrhale épizootique, une intussusception ou un autre phénomène néoplasique. Le diagnostic différentiel du lymphome cutané comprend : un mastocytome cutané ou une autre tumeur cutanée. (OGLESBEE B.L., 2011t). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. (HESS L., 2005). Les examens complémentaires pouvant à réaliser sont : - une numération-formule-sanguine : l’anomalie la plus fréquente est une anémie non régénérative associée à un hématocrite inférieur à 45%. Occasionnellement, une neutropénie et une thrombocytopénie peuvent être présentes. Rarement, une lymphocytose ou une lymphopénie peut être constatée. Ces modifications sont non spécifiques, elles peuvent aussi être observées lors d’infection chronique. - un myélogramme : cet examen doit être réalisé si une anémie non régénérative ou une autre cytopénie est présente ou si des lymphocytes d’aspect anormaux sont observés sur le frottis sanguin. La cytoponction est effectuée au niveau du fémur proximal. Lors de leucémie, la moelle osseuse est hypercellulaire et on observe une population souvent 145 monomorphe de petites cellules rondes néoplasiques effaçant et remplaçant le parenchyme normal de la moelle osseuse. - une biochimie : les anomalies révélées par cet examen sont en général liées aux organes affectés. - des radiographies : cet examen est utile lors de suspicion de lymphome, bien qu’il ne soit pas diagnostique. Les radiographies thoraciques pourront révéler une lymphadénomégalie trachéo-bronchique ou sternale, un élargissement du médiastin, la présence d’une ou de plusieurs masses médiastinales ou un épanchement pleural. Les radiographies abdominales pourront révéler une lymphadénomégalie mésentérique ou sous-lombaire, la présence de masses intestinales, une ascite, une hépatomégalie ou une splénomégalie. - une échographie : il s’agit de l’examen d’imagerie de choix dans la démarche diagnostique de lymphome. L’échographie abdominale peut permettre de mettre en évidence une lymphadénomégalie mésentérique (bien que celle-ci puissent être liée à un autre processus infectieux) et de détecter une architecture anormale (lésions d’infiltration, nodules) ou une augmentation de taille du foie, de la rate, du tractus digestif ou des reins. Des cytoponctions échoguidées peuvent alors réalisées pour les examens histopathologiques. Le médiastin peut également être évalué par échographie. L’absence d’anomalie échographique ne permet cependant par d’exclure un lymphome. - un examen histopathologique de biopsies ou de cytoponctions : il s’agit de l’examen le plus fiable pour le diagnostic de lymphome. Si cela est possible, lors de lymphadénomégalie périphérique notamment, il est préférable d’effectuer des biopsies plutôt que des cytoponctions. Le nœud lymphatique à privilégier pour le prélèvement est le nœud lymphatique poplité. Lors de lymphadénomégalie mésentérique, des cytoponctions échoguidées peuvent être réalisées, mais il peut être difficile de distinguer hyperplasie et lymphome sur ce type de prélèvement. Dans ce cas, il peut être nécessaire d’effectuer des biopsies au cours d’une laparotomie. Des cytoponctions ou des biopsies peuvent aussi être effectuées sur les organes viscéraux présentant des anomalies à l’échographie. Il est conseillé d’envoyer plusieurs prélèvements pour l’analyse. Lors de lymphome, on observe une population monomorphe à polymorphe de petites cellules rondes néoplasiques effaçant et remplaçant le parenchyme normal de l’organe atteint avec une absence d’éléments du sang périphérique. - un phénotypage du lymphome par immunohistochimie ou par cytométrie en flux : cet examen peut être effectué une fois le diagnostic de lymphome établi. Il n’est pas encore réalisé systématiquement chez le furet. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). 5. Traitement et pronostic Le traitement est axé sur la chimiothérapie, dans le but d’obtenir une régression du cancer (la rémission complète étant illusoire), associée à une bonne qualité de vie pour le furet malade. La régression se définit par une diminution importante de la taille des masses avec un retour à la normale des valeurs hématologiques, malgré une persistance du phénomène néoplasique sur les biopsies. Préalablement, il peut être nécessaire de limiter l’activité des furets présentant une anémie ou une thrombopénie, de mettre en place une fluidothérapie pour les animaux très débilités ou déshydratés et d’effectuer une thoracocentèse ou une abdominocentèse en cas d’épanchement. Un soutien nutritionnel est également essentiel dès le diagnostic de lymphome afin de limiter le risque de « cachexie cancéreuse », un syndrome paranéoplasique aboutissant à une perte de poids malgré un apport nutritionnel adapté. Il est donc conseillé d’apporter une l’alimentation pour furet de très bonne qualité et d’y ajouter éventuellement du Carnivore Care® ou de la pâtée a/d Prescription Diet® de Hill’s. 146 Dans le cas où l’hypertrophie d’un nœud lymphatique gêne l’animal, comme un nœud lymphatique mésentérique provoquant une obstruction extraluminale d’une anse digestive par exemple, l’exérèse chirurgicale constitue un axe complémentaire du traitement. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). Plusieurs protocoles de chimiothérapie sont décrits chez le furet, notamment une combinaison de cyclophosphamide, de vincristine et de prednisone (protocole COP). De la Lasparaginase peut être ajoutée à ce protocole en cas de lymphadénomégalie périphérique. Un protocole à base de doxorubicine seule ou associée à de la prednisone est aussi décrit. Chaque semaine, dans les 24 heures qui précèdent l’administration de la chimiothérapie, une numération-formule-sanguine doit être réalisée. En cas de leucopénie ou de neutropénie sévère (<1000 cellules/mm³) ou d’hématocrite inférieur à 30%, le traitement doit être interrompu ou reporté jusqu’à ce que les paramètres hématologiques reviennent à la normale. Lors de neutropénie ou de fièvre, il est essentiel de mettre en place une antibiothérapie systémique. D’autres effets délétères de la chimiothérapie peuvent être observés, tels qu’une chute des poils et des vibrisses, un abattement ou des troubles digestifs (anorexie, nausées, vomissement). Lors d’effet gastro-intestinaux, du métoclopramide et des pansements digestifs peuvent être prescrits. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). Les lymphomes sont des tumeurs très sensibles à la radiothérapie. Celle-ci peut être utilisée comme traitement initial, avant ou en même temps que le commencement de la chimiothérapie, spécialement dans le cas de masses uniques de taille importante. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). Si la chimiothérapie est refusée par le propriétaire, un traitement à base de corticoïdes, comme la prednisone (1mg/kg PO, BID), constitue une thérapie palliative à court terme (1 à 2 mois). Ce traitement permet en général une amélioration de la qualité de vie de l’animal et une diminution du nombre de cellules tumorales. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). Remarque : les furets ayant antérieurement reçu un traitement à base de corticoïdes (insulinome, thérapie palliative) répondent moins bien à la chimiothérapie. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (WOLF T.M., 2009). Le pronostic du lymphome est globalement sombre à long terme. Les furets tolèrent habituellement bien la chimiothérapie. La réponse au traitement varie en fonction du type de lymphome. La durée de vie peut être prolongée de quelques mois à 2 à 3 ans selon les cas. (OGLESBEE B.L., 2011t), (ANTINOFF N., WILLIAMS B.H., 2012), (HESS L., 2005), (WOLF T.M., 2009). 147 148 PARTIE C : LE COCHON D’INDE 149 I. Présentation de l’espèce Le cochon d’Inde ou cobaye, Cavia porcellus, est un rongeur appartenant au sousordre des Caviomorphes souvent rencontré comme animal de compagnie, de concours ou de recherche. Dans les montagnes des Andes, le cochon Cavia aperea, dont le cochon d’Inde domestique est issu, constitue un met délicat. Il existe au moins 13 races de cochons d’Inde. (HARKNESS J.E. and al., 2010b) A. Particularités anatomiques et physiologiques Généralités : Le cochon d’Inde a un corps compact. Ses pattes sont courtes et il est anoure. Les faces palmaire et plantaire des membres sont glabres avec des coussinets bien définis. Ses oreilles sont rondes et rabattues vers l’avant chez l’adulte. Il possède des glandes sébacées autour de l’anus et au niveau de la croupe. Les mâles sont plus gros que les femelles. Le cochon d’Inde est très sensible aux coups de chaleurs. (HARKNESS J.E. and al., 2010b), (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (O’MALLEY B. 2005b). L’appareil respiratoire : Le cochon d’Inde peut respirer par la bouche grâce à un ostium palatin qui connecte l’oropharynx au reste du pharynx. Cet ostium est entouré par des replis du palais mou, appelés récessus vélopharyngés, qui sont très vascularisés. L’intubation, difficile dans cette espèce, du fait de l’étroitesse de la cavité orale, comporte en plus un risque d’hémorragie en cas de lésion du palais mou. Le cochon d’Inde possède une large gamme de vocalisations, malgré l’absence de ventricule laryngé et la présence de cordes vocales peu développées. (O’MALLEY B., 2005b), (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). L’appareil digestif : La formule dentaire du cochon d’Inde est 2*(incisives : 1/1, canines : 0/0, prémolaires : 1/1, molaires : 3/3). Les dents du cochon d’Inde sont à croissance continue (hypsodontes), les malocclusions dentaires (des incisives ou des dents jugales) peuvent donc survenir dans cette espèce. Comme chez le lapin les incisives et les dents jugales sont séparées par un diastème. La cavité orale est relativement longue et étroite avec une faible ouverture et des joues charnues, ce qui rend difficile son examen et l’intubation de l’animal. Il existe des plis au niveau des joues qui se replient vers l’intérieur lorsque l’animal ronge sa nourriture, séparant la cavité orale en deux parties. Le cochon d’Inde est un herbivore monogastrique. L’estomac est entièrement glandulaire et le temps de vidange gastrique est de 2 heures. Il possède un long colon et un très gros caecum, qui peut contenir 65% du contenu digestif total, dans lequel ont lieu les fermentations microbiennes. La flore gastro-intestinale est constituée majoritairement de bactéries Gram positives, les lactobacilles anaérobies étant prédominants. Le temps de transit gastro-intestinal est d’environ 20 heures (de 8 à 30 heures). Le cochon d’Inde présente un fort comportement de coprophagie. Le cochon d’Inde est prédisposé aux entérites, pouvant être mortelles, suite à l’administration de certains antibiotiques. (O’MALLEY B., 2005b), (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). L’appareil reproducteur : Les femelles ainsi que les mâles possèdent deux mamelles inguinales entourées d’une zone sans poil. La distinction entre les deux sexes est aisée sur les animaux adultes (fig.37). Les mâles ont un os pénien. Les sacs scrotaux sont volumineux et situés latéralement au prépuce et à l’anus. L’anneau inguinal reste ouvert, les testicules peuvent donc remonter 150 dans la cavité abdominale. L’orifice du pénis est crânial et recouvert de plis. Caudalement, une fente couvre le sac périnéal et l’anus. Le sac périnéal contient des glandes (plus développées chez le mâle) dont les sécrétions caséeuses se mélangent avec des débris de poils et de peau et sont odorantes. Les glandes sébacées produisent des sécrétions qui donnent un aspect collant aux poils dans la région de la croupe chez le mâle adulte entier. Les femelles ont un périnée en forme de Y : l’orifice urétral se situe en position crâniale, entre les deux branches, la vulve se situe à l’intersection des deux branches et le sac périnéal et l’anus se situent à la base du Y. Une caractéristique du cochon d’Inde est la présence d’une membrane fermant l’orifice vaginal lors de l’anœstrus. La symphyse pelvienne, fibrocartilagineuse chez les jeunes, s’ossifie vers l’âge d’un an. Chez la femelle, elle s’élargit lors de la parturition : pour limiter les dystocies, il est nécessaire de mettre les femelles à la reproduction avant 7 à 10 mois d’âge. (O’MALLEY B. 2005b), (QUESENBERRY K.E. and al., 2012). Figure 37 : Le sexage du cochon d’Inde adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA. B. Mode de vie, conditions d’entretien Le cochon d’Inde est un animal docile, gentil et assez facile à entretenir. Il peut être élevé seul ou en colonie. La cage typique du cochon d’Inde de compagnie est une cage avec un fond en plastique solide pour prévenir les blessures aux pattes, avec un bord de 25 cm de haut pour limiter les fugues et les chutes, et avec des côtés et un toit faits de barreaux de fer recouverts de plastique pour permettre une bonne circulation de l’air dans la cage. Elle doit être placée dans un endroit calme, à l’abri de la lumière directe du soleil et à une température ambiante moyenne de 21°C (18 à 26°C). La litière peut être constituée de copeaux de bois, de lambeaux de papier ou d’autres matériaux d’origine végétale. Un endroit où se cacher (boîte en plastique, en carton ou « maison » achetée dans le commerce) doit être proposé au cochon d’Inde pour qu’il se sente en sécurité. Le cochon d’Inde a tendance à éparpiller sa nourriture, à déféquer partout, à renverser les bols d’eau ou de nourriture. Ceux-ci doivent être placés audessus du sol pour limiter les souillures par la litière. La cage et les différents éléments qui s’y trouvent doivent être nettoyés et désinfectés au moins une fois par semaine. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). Concernant son alimentation, le cochon d’Inde nécessite un apport spécifique de calcium, de phosphore, de magnésium et de potassium, lui donner des aliments non prévus pour lui (restes de tables, aliments pour autres rongeurs) n’est pas recommandé. Un régime alimentaire complet est constitué de foin de bonne qualité distribué à volonté, de granulés pour cochon d’Inde et d’une variété de légumes verts feuillus (ne pas dépasser 10% de la ration journalière). Il convient de bien laver les légumes avant de les proposer à l’animal et de les retirer de la cage s’ils n’ont pas été consommés après quelques heures. De petits apports de carottes, de fruits frais peuvent être donnés comme friandises. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). 151 Par ailleurs, le cochon d’Inde ne possède pas l’enzyme nécessaire pour synthétiser la vitamine C (ou acide ascorbique). Il est donc totalement dépendant de l’apport alimentaire de cette vitamine, qui doit être de 10 mg/kg/j en entretien et de 30 mg/kg/j lors de la gestation. Pour apporter de la vitamine C on peut la mettre dans l’eau de boisson à la concentration de 1g/L (et changer l’eau tous les jours), ou la donner directement PO et donner chaque jour une petite quantité d’aliments riches en vitamine C : brocoli, tomates, poivrons, chou, persil, épinard, feuilles de betterave, kiwi ou orange. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). Remarque : les carottes et la laitue apportent peu de vitamine C. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). Le cochon d’Inde développe en grandissant des habitudes très strictes auxquelles il faut s’adapter : tout changement dans la nourriture (goût, odeur, couleur, texture, forme), dans l’eau ou dans le matériel dédié à l’alimentation (gamelles, biberons) peut conduire l’animal à arrêter de manger ou de boire, ce qui peut lui être fatal. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010b). C. Contention Le cochon d’Inde est en général assez docile lors de l’examen clinique et nécessite peu de contention : poser une main sur le dos de l’animal pour l’empêcher de se déplacer est suffisant. Pour l’examen de la cavité buccale, faire tenir l’animal par un aide : une main sur le dos et l’autre entourant les épaules et le thorax. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012). Le cochon d’Inde doit être porté avec deux mains : une sous le thorax et l’autre qui soutient le train arrière (fig.38). Cette technique est très importante à respecter avec les animaux adultes et les femelles gestantes. En effet des lésions des poumons ou du foie peuvent se produire si on saisit l’animal par le thorax ou l’abdomen sans apporter ce soutien supplémentaire. Porter l’animal contre soi permet d’augmenter son sentiment de sécurité. (HARKNESS J.E. and al., 2010b). Figure 38 : Contention du cochon d’Inde. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. D. Réalisation de prélèvements sanguins, pose de cathéter La réalisation de prélèvements sanguins ou la pose de cathéter peut s’avérer assez difficile chez le cochon d’Inde car ses veines sont petites et sinueuses. 152 Les prélèvements sanguins se font à la veine céphalique14, à la veine saphène latérale ou à la veine cave crâniale sur animal anesthésié (fig.39), en faisant attention aux structures anatomiques voisines, notamment vasculaires et cardiaque. Le prélèvement doit représenter 7 à 10% du volume sanguin total, qui est de 70 ml/kg de poids vif. La pose de cathéter s’effectue à la veine céphalique. En cas d’échec et lorsqu’il est indispensable de perfuser l’animal, un cathéter intraosseux peut être mis en place au niveau du tibia ou du fémur. La vérification du placement du cathéter se fait par la réalisation de radiographies en vue latérale et crânio-caudale du membre. Un cathéter intraosseux ne doit pas rester en place plus de 72 heures, il faut donc essayer de passer sur une voie veineuse dès que possible. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (LENNOX A.M., 2008). Figure 39 : Prise de sang à la veine cave crâniale sous anesthésie flash gazeuse chez un cochon d’Inde. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. 14 L’utilisation de cette veine est à éviter si un cathéter doit être posé à l’animal par la suite. 153 II. Normes biologiques A. Normes physiologiques Durée de vie moyenne (ans) Poids moyen (g) Maturité sexuelle (mois) 5–6 Mâle Femelle Mâle Femelle Durée de gestation (jours) Taille moyenne des portées (nombre de petits) Age de sevrage (semaines) Consommation de nourriture (g/100g de poids vif/j) Consommation d’eau (mL/100g de poids vif/j) Fréquence cardiaque (battements par minute) Fréquence respiratoire (mouvements par minute) Température rectale (°C) 900 – 1200 700 – 900 3–4 2–3 59 – 72 2–5 3 (ou à 180g) 6 10 230 – 380 40 – 100 37,2 – 39,5 Tableau 18 : Les paramètres biologiques de base du cochon d’Inde. (MAYER J., 2012), (QUESENBERRY K.E. and al., 2012), (O’MALLEY B. 2005b). B. Normes hématologiques Hématies Hémoglobine Hématocrite VGM TGMH CCMH Leucocytes PNN Lymphocytes Monocytes PNE PNB Plaquettes Valeurs usuelles 4,5 – 6,4 11,6 – 16,9 39 – 55 80 – 89 24 – 27 29 – 32 2,9 – 14,4 12 – 62 28 – 84 0–9 0 – 14 0–2 250 – 850 Unité 106/mm3 g/dL % fL pg g/dL 103/mm3 % % % % % 3 10 /mm3 Tableau 19 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du cochon d’Inde. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012). 154 C. Normes biochimiques Urée Créatinine PAL ALAT ASAT Amylase Glucose Protéines totales Albumine Globuline Calcium Phosphore Sodium Potassium Chlore Valeurs usuelles 9,4 – 28,9 0 – 0,87 0 – 418 0 – 61 0 – 90 0 – 3159 89 – 287 4,4 – 6,6 2,6 – 4,1 1,7 – 2,6 9,6 – 12,4 3,2 – 21,6 130 – 150 4,5 – 8,8 94 – 111 Unité mg/dL mg/dL UI/L UI/L UI/L UI/L mg/dL g/dL g/dL g/dL mg/dL mg/dL mEq/L mEq/L mEq/L Tableau 20 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du cochon d’Inde. (QUESENBERRY K.E. and al., 2012). D. Analyse d’urine Aspect macroscopique Volume d’urine Densité pH Culot urinaire normal Valeurs usuelles Opaque, blanc crémeux 20 – 25 ml /j 1,005 – 1,050 6,5 – 8,5 Cristaux de carbonates de calcium et de phosphates ammoniaco-magnésiens Tableau 21 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du cochon d’Inde. (MAYER J., 2012), (O’MALLEY B. 2005b). 155 III. Les principales maladies du cochon d’Inde Les maladies inscrites en gras sont celles que nous allons détailler, les autres ne seront pas traitées car trop peu fréquentes ou non spécifiques du cochon d’Inde. A. Classification étiologique ♦ Affections virales • Chorioméningite lymphocytaire (Arenavirus) • Pneumonie (Adenovirus) • Rage (Lyssavirus) ♦ Affections bactériennes • Conjonctivite granulomateuse à inclusion (Chlamydophila caviae) • Entérotoxémie (Clostridium difficile) • Pneumonie (Bordetella bronchiseptica, Streptococcus pneumoniae ; autres : Haemophilus spp., Streptobacillus moniliformis, ou moins fréquemment : Chlamydophila caviae, Yersinia pseudotuberculosis, Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus zooepidermicus) • Maladie de Tyzzer (Clostridium piliforme) • Pyodermites superficielles (Staphylococcus aureus) • Autre Conjonctivite bactérienne • Lymphadénite cervicale (Streptococcus zooepidermicus, parfois Streptococcus moniliformis) • Mammite, métrite, pyomètre • Otites moyenne et interne (Bordetella bronchiseptica, Streptococcus zooepidermicus, Streptococcus pneumoniae) • Salmonellose (Salmonella typhimurium, S. enteritidis) ♦ Affections parasitaires • Trixacariose (Trixacarus caviae) • Coccidiose (Eimeria caviae) • Cryptosporidiose (Cryptosporidium wrairi) • Démodécie (Demodex caviae) • Gale à Chirodiscoides caviae • Gale notoedrique (Notoedres cati) • Gale sarcoptique (Sarcotpes scabiei) • Pédiculose (Gliricola porcelli, Gyropus ovalis) • Pulicose (Ctenocephalides felis) ♦ Affections fongiques • Dermatophytose (Trichophyton mentagrophytes) • Cryptococcose (Cryptococcus neoformans) ♦ Autres affections * Affections liées aux conditions environnementales • Pododermatite (Staphylococcus aureus, parfois Corynebacterium pyogenes) • Pyodermites • Coup de chaleur 156 * Affections comportementales • Picage * Affections liées à l’alimentation • Hypomotilité et stase gastro-intestinales • Hypovitaminose C • Calcinose • Carence en vitamine E * Affections hormonales • Alopécie physiologique de gestation ou de lactation * Affections tumorales • Tumeurs pulmonaires : adénome papillaire bronchique, adénocarcinome alvéolaire ou bronchique • Tumeurs cutanées : trichofolliculome, lymphome • Tumeurs mammaires : fibroadénome, adénocarcinome • Tumeurs de la thyroïde : adénome, adénocarcinome • Tumeurs utérines : léiomyome, léiomyosarcome * Affections dégénératives • Cardiomyopathie • Hyperplasie de la thyroïde • Hyperplasie kystique de l’utérus * Affections congénitales ou génétiques • Métaplasie osseuse du corps ciliaire • Diabète sucré • Dermoïde cornéen ou conjonctival (croissance de tissus normalement associés à la peau, notamment des poils, dans une localisation anormale) • Protrusion conjonctivale ventrale ou « pea eye » * Affections iatrogènes • Entérite et entérotoxémie dues à l’administration d’antibiotiques (Clostridium difficile) * Affections d’étiologie inconnue ou difficile à déterminer • Dilatation et torsion de l’estomac • Maladie kystique ovarienne B. Classification clinique par type d’organe affecté ♦ Affections de l’appareil respiratoire • Pneumonie bactérienne • Adénome papillaire bronchique 157 • Autres tumeurs pulmonaires (adénocarcinome alvéolaire ou bronchique) • Pneumonie virale ♦ Affections de l’appareil cardiovasculaire • Cardiomyopathie • Coup de chaleur ♦ Affections de l’appareil digestif • Dilatation et torsion de l’estomac • Entérite et entérotoxémie d’origine iatrogène • Maladie de Tyzzer • Malocclusion dentaire • Hypomotilité et stase gastro-intestinales • Coccidiose • Cryptosporidiose • Salmonellose ♦ Affections de la peau et du pelage et/ou des oreilles et/ou des pattes • Dermatophytose • Pododermatite • Pyodermites superficielles • Trichofolliculome • Trixacariose • Alopécie physiologique de gestation ou de lactation • Cryptococcose • Démodécie • Gale à Chirodiscoides caviae • Gale notoedrique • Gale sarcoptique • Lymphadénite cervicale • Lymphome cutané • Otites moyenne et interne • Picage • Pédiculose • Pulicose ♦ Affections de l’appareil urinaire • Urolithiase ♦ Affections de l’appareil génital • Maladie kystique ovarienne • Hyperplasie kystique de l’utérus • Mammite, métrite, pyomètre • Toxémie de gestation • Tumeurs mammaires : fibroadénome, adénocarcinome • Tumeurs utérines : léiomyome, léiomyosarcome 158 ♦ Affections oculaires • Conjonctivite granulomateuse à inclusion • Métaplasie osseuse du corps ciliaire • Autre Conjonctivite bactérienne • Dermoïde cornéen, dermoïde conjonctival • Kératite ulcérative • Protrusion conjonctivale ventrale ♦ Affections endocriniennes • Diabète sucré • Hyperthyroïdie : hyperplasie, adénome ou adénocarcinome ♦ Affections métaboliques • Hypovitaminose C • Calcinose • Carence en vitamine E ♦ Affections nerveuses • Chorioméningite lymphocytaire • Otites moyenne et interne (syndrome vestibulaire) • Rage 159 C. Les maladies du cochon d’Inde 1. Affections de l’appareil respiratoire a. Pneumonie bactérienne 1. Etiologie, pathogénie Les pneumonies bactériennes font partie des affections les plus importantes du cochon d’Inde. Bordetella bronchiseptica et Streptococcus pneumoniae sont les deux bactéries le plus fréquemment isolées. De nombreux facteurs peuvent favoriser le développement des affections respiratoires chez le cochon d’Inde (Encadré 13). La transmission de l’infection se fait par contact direct avec un cochon d’Inde malade ou porteur asymptomatique. Le chien et le lapin peuvent également être porteurs asymptomatiques de ces bactéries et constituent une source de contamination importante. Les aérosols et les objets contaminés permettent aussi la transmission de l’infection. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). Facteurs favorisant le développement d’une affection respiratoire : • Stress, • Surpopulation, • Mauvaises conditions d’entretien : régime alimentaire inadapté (notamment déficient en vitamine C), changement de régime alimentaire, variation brutale de température ou d’humidité, mauvaise qualité de l’air due à une mauvaise ventilation ou à une concentration en ammoniac trop élevée (changement de la litière trop peu fréquent), • Présence de matériaux irritants pour les voies respiratoires : litière à base de copeaux de bois (notamment ceux contenant des huiles aromatiques comme le cèdre et pin). Encadré 13 : Facteurs favorisant le développement d’une affection respiratoire chez le cochon d’Inde. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). 2. Présentation clinique Les pneumonies bactériennes sont caractérisées par des signes généraux : abattement, diminution de l’appétit voire anorexie, perte de poids, déshydratation ; et par des signes d’atteinte respiratoire : éternuements et jetage nasal, épiphora, puis tachypnée voire dyspnée. L’auscultation pulmonaire est anormale : des sifflements et des crépitements sont audibles. La mort de l’animal est possible. L’infection par Bordetella bronchiseptica peut aussi atteindre les bulles tympaniques, se traduisant par une otite moyenne ; ou l’appareil génital, se traduisant par une métrite ou des troubles de la reproduction (avortements, mortalité néonatale). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTOJARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - les autres causes infectieuses de pneumonie : une pneumonie bactérienne due à Haemophilus spp., Streptobacillus moniliformis, ou moins fréquemment à Chlamydophila caviae, Yersinia pseudotuberculosis, Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus zooepidermicus, une pneumonie virale due à un Adenovirus (son incidence chez le cochon d’Inde de compagnie est inconnue), - les causes non infectieuses de pneumonie : une fausse déglutition, l’inhalation d’un corps étranger, 160 - d’autres affections à l’origine de signes respiratoires : une affection cardiaque (cardiomyopathie, épanchement péricardique, minéralisations) ou une tumeur pulmonaire (adénome papillaire bronchique, adénocarcinome bronchique ou alvéolaire), - un coup de chaleur. (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). Remarque : l’adénome papillaire bronchique est la tumeur la plus fréquente chez le cochon d’Inde. Elle représente 30 à 35% des tumeurs chez les cochons d’Inde de plus de 3 ans. Cette tumeur est caractérisée par une croissance lente, elle peut être multicentrique (plusieurs nodules blancs de taille variable) mais ne métastase pas. La réduction du volume pulmonaire fonctionnel provoque l’apparition des signes cliniques d’atteinte respiratoire. Cette affection peut être confondue avec une pneumonie. Elle doit être suspectée, notamment, dans les cas de pneumonies ne répondant pas au traitement classique. La radiographie thoracique permet de confirmer ou d’infirmer un phénomène néoplasique pulmonaire. (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (GREENACRE C.B., 2004), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires suivants : - des radiographies thoraciques : des signes d’atteinte pulmonaire, comme une opacification broncho-alvéolaire, peuvent être observés, - des radiographies de la tête : une opacification des bulles tympaniques peut être visible. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). La confirmation du diagnostic passe par l’identification de la bactérie à partir de sécrétions trachéales, bronchiques ou auriculaires (lors d’atteinte des bulles tympaniques). Les différents examens sont : une culture bactériologique avec antibiogramme, un test ELISA ou un test par immunofluorescence indirecte. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). L’examen nécropsique montre une bronchopneumonie purulente (augmentation de consistance d’un ou de plusieurs lobes pulmonaire et modification de couleur : du rouge clair ou foncé au gris) associée à une pleurésie fibrineuse. Une otite moyenne, une rhinite et une trachéite avec présence d’exsudat mucopurulent peuvent être observées. Lors d’infection par Streptococcus pneumoniae, il est également courant d’observer un épanchement pleural, des abcès pulmonaires, une péricardite ou une péritonite. Des prélèvements de tissu pulmonaire peuvent être effectués pour identifier la bactérie en cause avec les méthodes citées précédemment. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTOJARAMILLO E., 2011), (RIGGS S.M., 2009). 5. Traitement et pronostic Le traitement nécessite l’hospitalisation de l’animal afin de mettre en place une fluidothérapie, une oxygénothérapie et des inhalations. Il peut être nécessaire de gaver à la seringue les animaux anorexiques. Une antibiothérapie systémique doit être mise en place et adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme. Les principales molécules utilisées sont : le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO, SC ou IM, BID), le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO, SC, BID) et l’enrofloxacine (5 à 15 mg/kg PO, SC ou IM, BID), pendant 1 à 3 semaines. Une supplémentation en vitamine C ou acide ascorbique (50 à 100 mg/kg SC ou IM SID, puis PO SID) est fortement recommandée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (MAYER J., 2012). 161 L’identification et la correction des facteurs favorisants font à la fois partie du traitement et de la prévention des infections respiratoires. De plus, les cochons d’Inde qui guérissent d’une infection respiratoire due à Bordetella bronchiseptica peuvent rester porteurs de la bactérie. L’une des mesures de prévention consiste donc à séparer les individus porteurs des individus sains et d’éviter les situations stressantes. (YARTO-JARAMILLO E., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 2. Affections de l’appareil digestif a. Malocclusion dentaire 1. Cause et pathogénie Les affections dentaires sont l’un des motifs de consultation les plus fréquents chez le cochon d’Inde. Nous rappelons que, chez le cochon d’Inde, toutes les dents (incisives et dents jugales) sont à croissance continue. Les dents jugales possèdent en plus la particularité d’être incurvées : les dents jugales mandibulaires présentent une convexité latérale et les dents jugales maxillaires présentent une convexité médiale. Lors d’occlusion normale, les surfaces d’occlusion des dents jugales forment ainsi un plan oblique de 30° par rapport à l’horizontal, orienté dorso-ventralement et latéro-médialement. Les incisives ne sont couvertes d’émail (de couleur blanche) que sur la face labiale et les incisives mandibulaires sont naturellement trois fois plus longues que les incisives maxillaires. Les malocclusions congénitales étant rares chez les rongeurs, les malocclusions sont secondaires et concernent principalement les dents jugales. La première cause de malocclusion dans cette espèce est un régime alimentaire inadapté, pauvre en fibres, ne permettant pas une usure correcte des dents. Un régime alimentaire déficient en vitamine C, un processus infectieux, ou un traumatisme peuvent également être à l’origine d’une malocclusion. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (REITER A.M., 2008), (CAPELLO V., 2008). Le défaut d’usure des dents jugales se traduit par une élongation anormale de celles-ci, entraînant une malocclusion progressive. Du fait de leur orientation naturelle, les dents jugales maxillaires s’orientent latéralement, vers la joue, et les dents jugales mandibulaires s’orientent médialement, passant au-dessus de la langue. La principale manifestation est une augmentation de l’angulation du plan d’occlusion des dents jusqu’à 45° ou plus par rapport à l’horizontale (fig.40). L’apparition de pointes dentaires est beaucoup moins fréquente que chez le lapin. Dans les cas avancés, les dents jugales mandibulaires peuvent former un pont au-dessus de la langue (fig.40) lorsque les premières prémolaires de chaque mandibule se rejoignent voire se chevauchent. Une élongation excessive des dents jugales peut causer un étirement des muscles masticateurs et de l’articulation temporo-mandibulaire qui pourra parfois évoluer vers une subluxation, uni ou bilatérale, de celle-ci. Secondairement à la malocclusion des dents jugales, une malocclusion des incisives peut se développer (fig.41), se traduisant par une élongation excessive ou une déviation latérale de la couronne des incisives mandibulaires. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (REITER A.M., 2008), (CAPELLO V., 2008). 162 Figure 40 : Examen endoscopique de la cavité buccale d’un cochon d’Inde présentant une malocclusion des dents jugales avancée. Remerciements au Dr. Sauvaget, Clinique vétérinaire de Mermoz (Lyon). Figure 41 : Malocclusion des incisives (usure en biseau) chez un cochon d’Inde, associée à un léger jetage nasal (croûtes jaunes autour des narines) et à un ptyalisme excessif souillant le menton de l’animal. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. 2. Aspects cliniques, pronostiques diagnostiques, thérapeutiques et Les aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques sont assez similaires à ceux du lapin. Le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse (régime alimentaire, variation de l’appétit, affection dentaire déjà traitée par le passé,…) sont importants car ils permettent de suspecter rapidement une affection dentaire. Les signes cliniques de malocclusion sont : des difficultés à s’alimenter, une dysphagie, une diminution de la prise alimentaire voire de l’anorexie associée à une perte de poids, une modification des selles, une salivation excessive (fig.41), et parfois un épiphora ou un jetage nasal. Ces signes sont plus spécifiques que chez le lapin car des modifications très légères de l’occlusion ou de la longueur des couronnes dentaires sont suffisantes pour gêner la mastication et les mouvements de langue, provoquant l’apparition des signes. La malocclusion des incisives est souvent présente lorsque l’animal est présenté en consultation (fig.41). En revanche, les abcès dentaires et les ostéomyélites sont rares chez le cochon d’Inde, bien que quelques cas soient décrits dans la littérature. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (SOUZA M.J. and al., 2006). L’examen bucco-dentaire, essentiel dans le diagnostic de cette affection, reste limité chez l’animal vigile : l’examen des incisives et la palpation de la mandibule et du maxillaire à la recherche d’irrégularités ou de gonflements sont facilement réalisables, alors que l’examen à l’otoscope de l’intérieur de la cavité buccale peut s’avérer compliqué. L’examen buccodentaire sous anesthésie générale est donc incontournable lors de suspicion d’affection dentaire chez le cochon d’Inde. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a). Les radiographies de la tête sous anesthésie générale constituent l’examen complémentaire de choix. Plusieurs incidences doivent être réalisées : latérale (profil), obliques (30°), dorso-ventrale et rostro-caudale (face). La vue rostro-caudale est particulièrement intéressante car elle permet de visualiser le plan d’occlusion des dents alors 163 que la vue latérale ne le permet pas (contrairement au lapin). Le scanner de la tête est vivement recommandé dans les cas présentant des complications de type abcès ou ostéomyélite. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (SOUZA M.J. and al., 2006). Le traitement consiste à effectuer un parage dentaire des dents jugales (raccourcir les couronnes dentaires et rétablir un plan d’occlusion normal) et des incisives (si nécessaire : raccourcir les couronnes dentaires) sous anesthésie générale avec des instruments appropriés. L’emploi d’un endoscope est recommandé car il est difficile d’effectuer un bon parage sans. Les malocclusions des incisives étant le plus souvent secondaires à une malocclusion des dents jugales, l’extraction des incisives est rarement indiquée. La technique chirurgicale est identique à celle décrite pour le lapin (encadré 2). Le traitement des abcès dentaires atteignant les tissus sous-cutanés repose sur les mêmes principes que chez le lapin (encadré 3), cependant, les extractions de dents jugales sont quasiment impossibles à réaliser chez le cochon d’Inde à cause de leur forme en S. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (SOUZA M.J., 2006), (CAPELLO V., 2008). Le traitement est également médical : analgésie et antibiothérapie doivent être mises en place parallèlement au traitement dentaire (tableau 22). Une fluidothérapie et une alimentation par gavage à la seringue, avec du Critical Care for Herbivores® (10 à 15 mL/kg PO, BID à TID ou plus si l’animal accepte) ou du Recovery® + (de Supreme Petfoods, qui contient de la vitamine C), peuvent être nécessaires pour les animaux débilités. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a), (CAPELLO V., 2008), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). Le passage à un régime alimentaire adapté (riche en fibres et supplémenté en vitamine C) est très important, aussi bien dans le cadre du traitement des affections dentaires que dans le cadre de leur prévention. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (REITER A.M., 2008). Antibiothérapie Analgésie Molécules le plus souvent utilisées pour le traitement des affections dentaires du cochon d’Inde • Triméthoprime/sulfamide : 15 à 30 mg/kg PO BID, • Chloramphénicol : 30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV TID à BID, • Azithromycine : 30 mg/kg PO BID à SID, • Métronidazole : 25 mg/kg PO, IV BID. • Enrofloxacine : 5 à 15 mg/kg PO BID à SID (inefficace sur les germes anaérobies), Remarque : Chloramphénicol, azithromycine et métronidazole sont notamment utilisés lors d’abcès dentaire. • Butorphanol : 0,4 à 2 mg/kg SC, IM toutes les 4 à 12 heures, • Buprénorphine : 0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM toutes les 6 à 12 heures • Méloxicam : 0,2 à 0,5 mg/kg PO, SC, IM BID à SID pour la gestion de la douleur à long terme. Tableau 22 : Molécules utilisées dans le cadre du traitement médical des affections dentaires chez le cochon d’Inde. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a). Après traitement, la récupération est moins rapide que chez le lapin, certains animaux ne remangent pas immédiatement – notamment ceux présentant une atteinte des muscles masticateurs ou de l’articulation temporo-mandibulaire – et nécessitent une hospitalisation, une alimentation assistée et des parages dentaires complémentaires, jusqu’à ce que la diminution de l’inflammation et la cicatrisation des tissus mous soient suffisantes pour qu’ils mangent une alimentation riche en fibres. Le pronostic des affections dentaires chez les rongeurs est donc plus réservé que chez le lapin. Chez le cochon d’Inde, le pronostic des malocclusions des dents jugales est assez bon en général mais il doit toujours être évalué au cas par cas, en fonction de la sévérité de la malocclusion : chez un cochon d’Inde qui ne 164 récupère pas et est incapable de manger seul après plusieurs soins dentaires, l’euthanasie est indiquée. (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012), (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011a). b. La maladie de Tyzzer 1. Etiologie, pathogénie La maladie de Tyzzer est une entérite bactérienne due à Clostridium piliforme, une bactérie sporulée intracellulaire obligatoire. La transmission à lieu par voie oro-fécale. Les organes cibles sont dans un premier temps l’intestin grêle et le caecum puis, par dissémination sanguine, le foie et parfois le cœur. Dans le milieu extérieur, les spores sont résistantes et peuvent survivre plus d’un an. L’infection touche principalement les jeunes cochons d’Inde, notamment lors du sevrage. Les individus stressés ou immunodéprimés sont également prédisposés. De mauvaises conditions d’entretien, comme une mauvaise hygiène, un régime alimentaire inadapté (pauvre en fibres) ou une surpopulation, sont d’autres facteurs favorisants. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 2. Présentation clinique Chez certains cochons d’Inde, l’infection est asymptomatique et les signes cliniques apparaissent à la faveur d’un stress ou d’une immunodépression (affection intercurrente, administration de corticoïdes). Les signes cliniques sont non spécifiques : mauvais état général (aspect chétif), abattement et léthargie, anorexie, diarrhée avec souillure de la région périnéale et des membres postérieurs, déshydratation. La palpation abdominale peut être douloureuse. Une accumulation de fluides est parfois observée, se traduisant par un œdème sous-cutané, par une distension abdominale lors d’ascite ou par une dyspnée lors d’épanchement pleural. La maladie est souvent aiguë et évolue rapidement : un choc circulatoire (septique ou hypovolémique) apparaît, se caractérisant par une hypothermie ou une dyspnée. Parfois, un décubitus latéral avec une respiration agonique ou une mort subite sont les seuls signes constatés. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les causes de diarrhée et de mort subite chez les cochons d’Inde sevrés: une entérotoxémie (Clostridium difficile) due à un déséquilibre de la flore causé par une anorexie, une hypomotilité ou une stase gastro-intestinale ou par l’administration PO de certains antibiotiques; une entérite bactérienne due à Salmonella spp., Yersinia pseudotuberculosis, Clostridium perfringens, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Listeria monocytogenes ; une entérite parasitaire comme la cryptosporidiose (Cryptosporidium wrairi) ou la coccidiose (Eimeria caviae). (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 4. Examens complémentaires et diagnostic La suspicion diagnostique repose sur l’anamnèse et les signes cliniques. Clostridium piliforme étant un pathogène intracellulaire obligatoire, il est très difficile de le cultiver et de l’isoler par culture bactériologique. Le diagnostic de certitude ne peut donc être obtenu qu’après analyse histologique et identification de la bactérie dans un échantillon d’intestin ou de foie prélevés lors de l’examen nécropsique. Celui-ci montre des lésions de l’appareil digestif – inflammation et hémorragies dans le caecum, l’iléon distal et le colon proximal – et des lésions de nécrose hépatique focale. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 165 Les examens complémentaires pouvant être effectués sont : - une radiographie abdominale : celle-ci montre une stase digestive éventuellement associée à de l’ascite, - une radiographie thoracique : une microcardie ou un épanchement pleural sont parfois observés. (RHODY J.L., 2011a) 5. Traitement et pronostic Les animaux sont admis dans un état critique et un traitement agressif doit être mis en place : - une fluidothérapie IV (dans la mesure du possible) à base de cristalloïdes et de colloïdes pour lutter contre le choc et la déshydratation, - une antibiothérapie IV : à base de métronidazole (25 mg/kg BID). - une analgésie : avec de la buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 6 à 12 heures). - des soins généraux : réchauffer l’animal avec une source de chaleur externe. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). Si le patient est stabilisé, l’hydratation doit être maintenue avec une fluidothérapie IV ou SC au débit d’entretien (soit 100 mL/kg/j), l’antibiothérapie peut être administrée par voie orale avec du métronidazole (25 mg/kg BID) ou de la doxycycline (2,5 mg/kg BID ou SID) et des AINS15 comme le méloxicam (0,1 à 0,5 mg/kg PO ou SC, BID à SID) peuvent être ajoutés aux analgésiques dans le cadre de la gestion de la douleur. Une alimentation par gavage à la seringue doit être réalisée le plus tôt possible, une lipidose hépatique se développant très rapidement lors d’anorexie chez le cochon d’Inde, et assombrissant le pronostic. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). Malgré le traitement mis en place, le pronostic de cette infection est très sombre et rares sont les cochons d’Inde qui survivent. Tant que le patient n’est pas stabilisé, l’euthanasie doit être envisagée lors des discussions avec le propriétaire. (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). La prévention de cette affection passe par une bonne hygiène de l’environnement, par une alimentation adaptée et une limitation des situations stressantes (surpopulations, changements brutaux,…). (RHODY J.L., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). c. Entérite et entérotoxémie d’origine iatrogène 1. Cause et pathogénie La flore digestive du cochon d’Inde est essentiellement constituée de bactéries Gram positives extrêmement sensibles aux antibiotiques actifs contre ce type de bactérie, comme : les pénicillines, l’ampicilline, la chlortétracycline, la clindamycine, l’érythromycine et la lincomycine. L’utilisation PO de ces antibiotiques détruit cette flore et permet la croissance de bactéries Gram négatives telles que Clostridium difficile, dont la toxine provoque une diarrhée sécrétoire et une typhlite hémorragique. Certains cochons d’Inde peuvent développer une entérotoxémie lors d’utilisation par voie parentérale de ces antibiotiques, même avec une antibiothérapie appropriée, surtout si elle est prolongée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 15 Les AINS sont en revanche à proscrire lors de choc, de pertes importantes de fluides, de déshydratation ou d’atteinte rénale. 166 2. Présentation clinique Les principaux signes cliniques sont une anorexie, une déshydratation et une hypothermie. La diarrhée n’est pas toujours observée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - les autres causes de déséquilibre de la flore : un changement de régime alimentaire brutal, un stress, une stase gastro-intestinale, l’ingestion d’aliments contaminés, une anorexie, - les autres causes infectieuses d’entérite : la maladie de Tyzzer, une entérite bactérienne due à Salmonella spp., Yersinia pseudotuberculosis, Clostridium perfringens, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Listeria monocytogenes, une entérite parasitaire comme la cryptosporidiose (Cryptosporidium wrairi) ou la coccidiose (Eimeria caviae). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). 4. Diagnostic, traitement et prévention Le diagnostic est basé sur l’anamnèse et les signes cliniques. La culture de Clostridium difficile est difficile, mais une analyse PCR ou un test ELISA peuvent être utilisés pour identifier la toxine produite par la bactérie. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012) Le traitement est symptomatique, quelle que soit la cause du déséquilibre de la flore, et comprend : - une fluidothérapie IV ou SC à base de cristalloïdes pour lutter contre la déshydratation, - une antibiothérapie : à base de chloramphénicol (50 mg/kg PO, TID) pour stopper la croissance des clostridies, - un réchauffement de l’animal s’il est en hypothermie. Il est possible d’ajouter au traitement l’utilisation de probiotiques (Lactobacillus spp.) ou l’utilisation de la méthode de transfaunation (donner les selles d’un cochon d’Inde en bonne santé à l’animal malade pour aider à rétablir la microflore normale). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012) La prévention des déséquilibres de la flore digestive passe par un régime alimentaire adapté, par des transitions progressives lors de changement d’alimentation, par la limitation des situations stressantes et par l’utilisation d’antibiotiques appropriés. d. Hypomotilité et stase gastro-intestinales L’hypomotilité et la stase gastro-intestinales sont l’une des affections les plus fréquentes chez le cochon d’Inde de compagnie. L’hypomotilité correspond à une diminution de la fréquence des contractions segmentaires du gros intestin (caecum et colon) se traduisant par une augmentation du temps de transit. L’installation d’un iléus, plus ou moins sévère, associé à une immobilité, plus ou moins totale, du contenu intestinal correspond à la stase. (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). 1. Causes et pathogénie La première cause d’hypomotilité et de stase gastro-intestinale est alimentaire : un régime alimentaire inadapté (pauvre en fibres) ou une diminution de la prise alimentaire ne permettent pas une stimulation correcte de la motilité intestinale, entraînant l’apparition progressive d’une stase digestive. Comme chez le lapin, la déshydratation peut aussi être à 167 l’origine d’une stase gastro-intestinale. Les cochons d’Inde sont de plus très sensibles à la douleur, celle-ci étant souvent à l’origine d’une altération de l’appétit pouvant causer ou exacerber une stase digestive. Chez le cochon d’Inde, toutes les affections peuvent être responsables de douleur ou d’anorexie, et donc d’hypomotilité et de stase gastro-intestinale : affection dentaire, affection respiratoire, pododermatite, dermatite, abcès, otite, affections oculaires (uvéite, ulcère cornéen), affection musculo-squelettique, urolithiase, kystes ovariens et phénomène néoplasique en sont quelques exemples. Les causes d’obstruction intestinale – torsion, intussusception, bézoards (trichobézoards et phytobézoards) ou ingestion de corps étrangers – se traduisent initialement par des signes de stase mais ne sont pas fréquentes chez le cochon d’Inde. (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012) Le ralentissement du transit et la stase digestive sont à l’origine : - d’une accumulation de contenu alimentaire dans l’estomac ou le caecum, dont la déshydratation peut conduire à la formation de trichobézoards (l’estomac des cochons d’Inde contenant naturellement des poils ingérés au cours du toilettage), à l’origine d’une obstruction intestinale. Les trichobézoards sont cependant rarement rapportés chez le cochon d’Inde, contrairement au lapin. Les quelques cas décrits dans la littérature concernent tous des cochons d’Inde Péruviens à poils longs. - d’une diminution de la production des selles qui sont plus petites et plus sèches, - d’une altération des fermentations caecales, du pH et des productions des microorganismes causant un déséquilibre de la flore intestinale. (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (THEUS M. and al., 2008). 2. Présentation clinique Les signes cliniques d’hypomotilité et de stase gastro-intestinales sont : une anorexie dont l’apparition peut être progressive ou brutale, une diminution de la taille des selles et de leur fréquence d’émission, un abattement, une perte de poids et un changement de comportement pouvant être constaté par le propriétaire (modification des vocalises, léthargie, manque d’activité). L’affection est douloureuse et l’animal manifeste souvent des signes d’inconfort : bruxisme, posture antalgique (« en prière »), raideur. Le déséquilibre de la flore pourra être à l’origine d’une diarrhée aiguë ou d’une entérotoxémie. Les causes de l’affection étant nombreuses, un large éventail de signes cliniques peut être associé aux signes de stase : dyspnée, dysurie ou hématurie, ptyalisme, halitose, difficultés à s’alimenter, syndrome vestibulaire, dermatite, abcès, … La palpation abdominale est très utile pour le diagnostic : elle met en évidence une douleur, un contenu gastrique palpable (plus ou moins déformable) associé à une dilatation gazeuse de l’estomac ou du caecum. Parfois, elle peut aussi révéler une cause sous-jacente : taille anormale des reins, calcul urinaire palpable ou kystes ovariens par exemple. L’auscultation abdominale quant à elle montre une diminution des borborygmes. L’examen de la cavité buccale est indispensable, les affections dentaires étant une cause très fréquente d’anorexie. La prise des commémoratifs et de l’anamnèse (conditions d’entretien, alimentation et abreuvement, supplémentation en vitamine C, affection récente, évènement stressant) et la réalisation d’un examen clinique complet sont donc essentiels pour déterminer la cause sousjacente. (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012) 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : un déséquilibre de la flore intestinale, une obstruction gastro-intestinale (trichobézoard, torsion, intussusception) et toutes les causes sous-jacentes d’hypomotilité et de stase digestive décrites précédemment. (RHODY J.L., 2011b). 168 4. Examens complémentaires et diagnostic Les premiers examens complémentaires à réaliser sont : - des radiographies abdominales : elles permettent de visualiser le contenu gastrique : l’estomac du cochon d’Inde est toujours rempli d’un mélange d’aliments et de poils, il est donc parfois difficile de distinguer radiographiquement un contenu normal d’une impaction voire d’un trichobézoard, sauf si un halo de gaz s’est formé autour. Elles permettent aussi d’évaluer l’importance de l’accumulation de gaz et sa localisation : on observe souvent du gaz en plus ou moins grande quantité dans l’estomac et dans tout l’intestin. Une accumulation importante de gaz intestinaux est le signe d’une atteinte sévère (fig.42), telle qu’une obstruction ou une entérotoxémie. Les radiographies permettent parfois aussi de mettre en évidence la présence d’une cause sous-jacente comme une urolithiase ou des kystes ovariens par exemple. Figure 42 : Dilatation gastrique et intestinale (notamment au niveau du caecum) sévère chez un cochon d’Inde. Radiographies abdominales : face (a) et profil droit (b). On note la présence d’une masse compatible avec un bézoard (forme ovoïde bien délimitée) dans l’estomac. Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. - une échographie abdominale : elle permet d’évaluer la motilité intestinale et les autres organes abdominaux (examen du foie pour rechercher des lésions de lipidose hépatique, examen de l’appareil uro-génital, recherche de phénomène néoplasique). Dans les cas avancés, la présence de gaz gêne fortement la visualisation des organes. - des analyses sanguines (numération-formule-sanguine et biochimie) : pour rechercher des signes d’infection ou d’atteinte organique (élévation des enzymes hépatiques lors de lipidose par exemple). (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (THEUS M. and al., 2008). En fonction de la cause sous-jacente suspectée, d’autres examens pourront être effectués parallèlement : radiographies de la tête (examen des dents ou des bulles tympaniques), radiographies thoraciques, échocardiographie. (RHODY J.L., 2011b). 5. Traitement Le traitement de la stase digestive comprend : - la gestion de la douleur : les AINS ne suffisent souvent pas pour soulager la douleur viscérale et ils sont contre-indiqués en cas de déshydratation ou d’atteinte rénale. Les opioïdes sont généralement efficaces mais comportent le risque d’exacerber l’hypomotilité. On utilise donc en général dans un premier temps la buprénorphine (de 0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, 169 toutes les 8 à 12 heures) ou le butorphanol (de 0,2 à 2 mg/kg SC, IM, toutes les 2 à 4 heures) puis, dès que l’animal est stabilisé, le méloxicam (de 0,2 à 0,5 mg/kg PO ou SC, BID à SID). - une réhydratation : fluidothérapie PO et SC, IV ou IO en fonction de la sévérité de l’affection (les besoins de maintenance sont de 100 mL/kg/j), - une réalimentation : afin d’aider la reprise du transit et de l’appétit par gavage à la seringue (Critical Care for Herbivores® ou Recovery® +), sauf dans le cas ou une obstruction est suspectée. Il faut aussi proposer du foin de bonne qualité et supplémenter l’animal en vitamine C (de 10 à 30 mg/kg PO, SC ou IM, SID), - Stimulation de la motilité gastrique : avec des molécules prokinétiques comme le métoclopramide (de 0,2 à 1 mg/kg PO, SC ou IM, BID). Celles-ci ne doivent pas être utilisées immédiatement car une obstruction partielle peut être présente avant la réhydratation du contenu digestif. - L’utilisation de probiotiques ou de la méthode de transfaunation : peuvent être ajoutées au traitement, notamment lors de suspicion de déséquilibre de la flore. - la correction de la cause sous-jacente de l’affection si elle a pu être déterminée. (RHODY J.L., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MAYER J., 2012). Le diagnostic d’un bézoard constitue par contre une indication chirurgicale (retrait par gastrotomie) : en effet, la dissolution d’un bézoard grâce au traitement médical n’a jamais été rapportée chez le cochon d’Inde. Il convient de ne pas gaver les animaux en préopératoire et de retirer la nourriture au moins une heure avant la chirurgie pour limiter les risques de contamination au cours de l’opération. En préopératoire, la gestion de la douleur et la fluidothérapie (SC ou IV) sont essentielles et suivent les mêmes recommandations que celles du traitement de l’hypomotilité et de la stase gastro-intestinales. En postopératoire, le traitement médical est identique. (RHODY J.L., 2011c), (THEUS M. and al., 2008). La reprise du transit (bruits digestifs, émission de selles dont l’aspect se normalise), la reprise de l’appétit (alimentation volontaire), la diminution de la douleur, l’amélioration de l’attitude sont les éléments à surveiller pour vérifier l’efficacité du traitement (médical et chirurgical). Plus l’animal est pris en charge tôt dans l’évolution de l’affection, meilleur est le pronostic de réussite du traitement. En cas de chirurgie, le pronostic est réservé pendant les 48 heures qui suivent l’intervention, si l’animal survit et montre des signes de récupération, alors le pronostic est assez bon. (RHODY J.L., 2011b), (RHODY J.L., 2011c). La prévention de l’affection repose essentiellement sur l’apport d’un régime alimentaire équilibré : riche en fibres et complémenté en vitamine C. (RHODY J.L., 2011b). e. Dilatation et torsion de l’estomac 1. Etiologie, pathogénie La dilatation de l’estomac est un syndrome aigu généralement fatal dont la cause est inconnue. Elle est souvent accompagnée d’une torsion (ou volvulus) de l’estomac. La dilatation-torsion de l’estomac est considérée rare chez le cochon d’Inde mais du fait de sa gravité nous avons estimé important de connaître cette affection. Lorsque la vidange de l’estomac est rendue impossible par une obstruction mécanique ou physique, la salive et les sécrétions gastriques s’accumulent rapidement. Des phénomènes de fermentation sont ensuite à l’origine de la production de gaz en grande quantité. L’ischémie due à l’augmentation de la pression intra-gastrique peut être à l’origine de lésions gastriques directes. L’accumulation de gaz précède la plupart du temps le volvulus de l’estomac, qui a lieu le long du grand axe de l’estomac, avec une rotation de 180° dans la plupart des cas. Le volvulus entraîne une obstruction de la veine cave caudale et donc une diminution du retour veineux vers le cœur. Il en résulte un choc hypovolémique et une atteinte vasculaire 170 ischémique de l’estomac et de la rate se traduisant par des lésions d’infarctus et de nécrose. (RHODY J.L., 2011d), (PIGNON C., MAYER J., 2010). 2. Présentation clinique Les cas de mort subite sont fréquents. Quelques fois, peu de temps avant l’apparition des signes cliniques, les propriétaires pourront avoir remarqué un ventre gonflé, une inappétence, des selles plus petites ou des difficultés respiratoires. L’apparition des signes cliniques est suraiguë : l’animal présente un abattement soudain et marqué associé à une douleur abdominale sévère, il est réticent à se déplacer et reste dans une posture antalgique. Une distension abdominale crâniale est observée. La palpation et l’auscultation avec percussions de l’abdomen mettent en évidence un tympanisme gastrique. L’augmentation du volume abdominal peut gêner le mouvement du diaphragme lors de l’inspiration et être à l’origine d’une respiration rapide et superficielle voire d’une dyspnée à laquelle une cyanose des muqueuses peut être associée. L’atteinte cardiovasculaire se traduit parfois par une dysrythmie cardiaque ou une tachycardie. La douleur influe également sur la modification des rythmes cardiaque et respiratoire. (RHODY J.L., 2011d), (PIGNON C., MAYER J., 2010). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend principalement : une stase gastro-intestinale de stade avancé ou une obstruction intestinale, dont les signes cliniques sont similaires à une dilatation ou une dilatation-torsion de l’estomac. (RHODY J.L., 2011d), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Plus généralement, toutes les autres causes de douleur, d’abattement, de dyspnée ou de choc cardiovasculaire doivent être considérées dans le diagnostic différentiel de cette affection. Un abattement sévère peut être dû à une affection douloureuse (affection dentaire, calcul urinaire, kystes ovariens, hypovitaminose C, pododermatite, traumatisme), à une affection métabolique (insuffisance rénale ou hépatique), à une affection cardiaque ou respiratoire, à une infection systémique ou à un phénomène néoplasique. Une dyspnée peut être liée à une douleur, à une atteinte des voies respiratoire (pneumonie, épanchement pleural, œdème pulmonaire, phénomène néoplasique primaire ou métastatique), à une augmentation du volume abdominal gênant la respiration (ascite, kystes ovariens, masses) ou à une hyperthermie (coup de chaleur). Un choc cardiovasculaire peut être liée à une hypovolémie, à une septicémie, à un choc endotoxique ou à une entérotoxémie (administration d’antibiotiques, entérite bactérienne, coup de chaleur). (RHODY J.L., 2011d). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic de suspicion repose sur les commémoratifs (conditions d’entretien, alimentation et abreuvement, supplémentation en vitamine C), sur l’anamnèse (affection récente, évènement stressant, modification de l’appétit) et sur les signes cliniques. L’examen complémentaire de choix est la radiographie abdominale. Celle-ci doit être réalisée dans la mesure du possible sans anesthésie générale afin de limiter le stress associé à l’induction et de limiter les risques de complications anesthésiques. La vue de face (incidence dorso-ventrale) peut permettre à elle seule de confirmer le diagnostic : on observe une dilatation gazeuse de l’estomac qui peut être impressionnante (l’estomac peut occuper jusqu’à 50% du volume de la cavité abdominale) associée à une faible accumulation de gaz distalement (fig.43). L’observation de ces images est caractéristique et permet de faire la distinction avec une stase gastro-intestinale (dilatation gazeuse légère à modérée de l’estomac et de tout le reste du tube digestif). En cas de volvulus, l’estomac peut être déplacé 171 caudalement ou à droite, les anses intestinales sont alors visibles crânialement ou à gauche de l’estomac (fig.44). La radiographie abdominale permet également d’exclure d’autres hypothèses diagnostiques. (RHODY J.L., 2011d), (PIGNON C., MAYER J., 2010), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Figure 43 : Dilatation de l’estomac chez un cochon d’Inde, radiographie abdominale de face (incidence dorso-ventrale). Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. Figure 44 : Dilatation-torsion de l’estomac chez un cochon d’Inde, radiographie abdominale de face (incidence dorso-ventrale). (PIGNON C., MAYER J., 2010). Dans le cas où les radiographies abdominales ne seraient pas concluantes, la réalisation d’autres examens, tels qu’une analyse sanguine (numération-formule-sanguine et biochimie), des radiographies thoraciques ou une échocardiographie, doit être considérée. Cependant, avant toute investigation supplémentaire, la stabilisation du patient est primordiale. (RHODY J.L., 2011d). Toutefois, dans la plupart des cas, le diagnostic de certitude est nécropsique, la mortalité de l’affection approchant les 100%. (RHODY J.L., 2011d). 5. Traitement et pronostic La dilatation-torsion de l’estomac est une urgence chirurgicale. Le pronostic de cette affection est très sombre, de ce fait, l’euthanasie doit être envisagée. Si un traitement est mis en place, il consiste à stabiliser l’animal le plus rapidement possible, avant d’intervenir chirurgicalement. Un accès intraveineux ou intraosseux est nécessaire pour la stabilisation de l’animal. Celle-ci repose sur : - une fluidothérapie massive : perfusion de fluides isotoniques en IV ou IO à environ 90 mL/kg/h afin de maintenir une pression veineuse centrale correcte, - une gestion de la douleur viscérale : par une analgésie adaptée à base d’opioïdes, tels que la buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 8 à 12 heures). Au Service NAC de l’ENVA, l’analgésie est basée sur l’utilisation de fentanyl à 2,5 µg/kg/h. - une antibiothérapie préventive : contre le développement éventuel d’un choc endotoxique (généralement fatal dans cette espèce). Les molécules de choix sont le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, QID à BID) ou le métronidazole (10 à 20 mg/kg PO ou IV, BID), - une décompression de l’estomac : il s’agit d’une procédure d’urgence. Si la radiographie ne met pas en évidence un volvulus, la décompression de l’estomac par sondage 172 oro-gastrique (avec une sonde souple bien lubrifiée et en prenant garde de ne pas obstruer la glotte) peut être tentée. L’acte comporte un risque élevé chez les patients débilités et les quantités de gaz évacuées sont souvent décevantes. Si le sondage est impossible, et en dernier recourt seulement, la trocardisation percutanée de l’estomac avec une aiguille hypodermique peut être essayée. Cet acte comporte un risque significatif de rupture gastrique et de péritonite. (RHODY J.L., 2011d), (PIGNON C., MAYER J., 2010), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MAYER J., 2012). Remarque 1: les agents prokinétiques, les AINS et les corticoïdes sont fortement contreindiqués dans le traitement de cette affection. (RHODY J.L., 2011d). Remarque 2: il n’existe aucun cas décrit de réussite du traitement chirurgical. (RHODY J.L., 2011d). 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles ou des pattes a. Pyodermites, abcès sous-cutanés et lymphadénite cervicale 1. Etiologie, pathogénie Les infections bactériennes de la peau sont communes chez le cochon d’Inde et sont presque toujours secondaires à un traumatisme : morsure par un congénère, blessure, prurit dû à une ectoparasitose, toilettage excessif ou granulome lié à la présence d’un corps étranger. Les pyodermites sont souvent associées à une infection par Staphylococcus aureus et parfois par Staphylococcus epidermidis. Les pyodermites à staphylocoques peuvent aussi être secondaires à une humidité excessive et chronique du pelage (comme par exemple lors d’hypersalivation associée à une affection dentaire). Des chéilites à staphylocoques, secondaires à l’irritation des lèvres causée par l’ingestion d’un foin abrasif ou d’aliments acides, comme les pommes, ont déjà été observées. Moins fréquemment, d’autres bactéries peuvent être responsables de pyodermite : Treponema spp., Streptococcus spp., Fusobacterium spp., Corynebacterium spp.. Les infections mixtes, notamment en association avec Staphylococcus aureus, ne sont pas rares. De nombreuses bactéries sont citées dans la littérature comme pouvant être responsable du développement d’abcès sous-cutanés. Les plus fréquentes sont Staphylococcus spp., dont S. aureus, et Streptococcus spp., dont S. zooepidermicus, mais d’autres bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, Pasteurella multocida, Corynebacterium pyogenes, Corynebacterium kutscheri, Streptobacillus moniliformis et Yersinia pseudotuberculosis peuvent être isolées. La lymphadénite cervicale est un cas particulier d’abcès souvent secondaire à une abrasion de la muqueuse orale (par un aliment ou par des dents trop longues par exemple) qui permet l’inoculation de Streptococcus zooepidermicus (composant normal de la flore oropharyngée et nasale du cochon d’Inde). Les bactéries envahissent le nœud lymphatique cervical qui s’abcède. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). 173 2. Aspects cliniques, pronostiques diagnostiques, thérapeutiques et Les infections bactériennes suite à une morsure sont généralement localisées à la tête, à la queue, à la croupe et à la région génitale, bien que n’importe quelle région du corps puisse être atteinte. La présentation clinique, le diagnostic différentiel, les examens complémentaires, le traitement spécifique et le pronostic de ces affections sont présentés dans le tableau 23. Le diagnostic repose sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires. Le traitement doit être mis en place le plus rapidement possible, car une immunostimulation continue due à l’infection chronique peut entraîner une amyloïdose et des défaillances organiques. Dans le cadre du traitement global de ces affections, il convient de : - perfuser les animaux débilités ou en sepsis, - gaver à la seringue les animaux anorexiques avec du Critical Care for Herbivores® (50 à 100 mL/kg/j) ou du Recovery® +, - supplémenter les animaux en vitamine C (30 à 50 mg/kg/j) et leur proposer une alimentation adaptée (foin de bonne qualité, légumes frais et granulés en petites quantités), - lutter contre la douleur par une analgésie adaptée : avec du butorphanol (0,4 à 2 mg/kg SC ou IM, toutes les 4 à 12 heures) ou de la buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC ou IM toutes les 8 à 12 heures). Le méloxicam (0,2 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IM, BID à SID) peut être utilisé pour la gestion de la douleur à plus long terme. De nombreux antibiotiques actifs contre les staphylocoques et les streptocoques sont à l’origine de déséquilibre de la flore intestinale et d’entérotoxémie chez le cochon d’Inde (voir entérite et entérotoxémie d’origine iatrogène (III.C.2.d)). Les antibiotiques dont l’utilisation est sure dans cette espèce et pouvant être utilisés dans le cadre d’affections cutanées sont : le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO QID à BID), le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO QID à BID), l’azithromycine (30 mg/kg PO BID à SID) et l’enrofloxacine (5 à 15 mg/kg PO BID à SID), sauf pour le traitement d’une infection à germes anaérobies contre lesquels cet antibiotique est inefficace. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). 174 Tableau 23 : Affections bactériennes cutanées du cochon d’Inde : aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et pronostiques. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr, 2011a), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R, 2012). 175 b. Dermatophytose ou teigne 1. Etiologie, pathogénie La dermatophytose est une affection fréquente chez le cochon d’Inde. Elle est presque toujours due à Trichophyton mentagrophytes. Jusqu’à 15% des cochons d’Inde peuvent être porteurs mécaniques de spores. L’apparition de l’affection est favorisée par une maladie sousjacente ou des facteurs de stress environnementaux comme : une surpopulation, de mauvaises conditions d’entretien, un régime alimentaire ne couvrant pas les besoins de l’animal (hypovitaminose C par exemple), une température ou une humidité trop élevées. Les animaux jeunes sont également plus prédisposés. La transmission est aisée, par contact direct ou par l’environnement contaminé. Cette affection possède un important potentiel zoonotique. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (ROSEN L.B., 2011). 2. Présentation clinique Les lésions sont nummulaires à croissance centrifuge et sont caractérisées par des zones de dépilations et d’alopécie plus ou moins irrégulières, associées à de l’érythème et à des croûtes. Elles sont habituellement non prurigineuses ou associées à un prurit faible. Les lésions apparaissent en général sur la tête au niveau du museau, puis des yeux (fig.45), du front et des oreilles. Dans les cas sévères, la région lombo-sacrée peut être atteinte. Les membres et l’abdomen ventral ne sont la plupart du temps pas touchés. Des lésions plus inflammatoires peuvent parfois être observées, notamment lors d’infection bactérienne secondaire : érythème, papules folliculaires, pustules, croûtes et prurit peuvent alors être observés. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). Figure 45 : Lésions de teigne sur le museau, la paupière supérieure (a) et sur le membre postérieur gauche (b) chez un cochon d’Inde. Remerciements au Dr. Pin. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes d’alopécie : une ectoparasitose comme la trixacariose ou moins fréquemment la gale à Chirodiscoides caviae, une pyodermite, un trouble comportemental de type picage, un phénomène néoplasique cutané ou la cryptococcose (dermatite fongique faciale rare). (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b). 176 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (identification de facteurs favorisants), sur les signes cliniques et sur la confirmation de la présence du dermatophyte par la réalisation des examens complémentaires suivants : - un trichogramme : effectué sur des poils prélevés au bord des lésions, - une culture fongique sur milieu de Sabouraud : avec un échantillon constitué de poils ou obtenu par brossage du pelage. La croissance peut être longue, parfois jusqu’à 1 mois. La confirmation du diagnostic nécessite l’identification des colonies par examen microscopique direct (fig.46) (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). Remarque : un examen à la lampe de Wood peut être réalisé mais sont intérêt est très limité, Trichophyton mentagrophytes n’étant pas fluorescent. (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Figure 46 : Aspect microscopique de Trichophyton mentagrophytes après une culture fongique sur milieu de Sabouraud. Remerciements au Dr. Pin. 5. Traitement, prévention et pronostic Le traitement de la dermatophytose comprend : - des soins locaux initiaux: une coupe des poils atteints et une désinfection de la peau avec de la povidone iodée diluée ou de la chlorhexidine diluée, - un traitement topique : réalisation de bains (attention aux réactions de stress possibles) avec des shampoings antifongiques (énilconazole à 0,2%) ou antimicrobiens (chlorhexidine), notamment lorsqu’une pyodermite est associée, 1 à 2 fois par semaine pendant 3 à 4 semaines, et application de solutions ou de crèmes antifongiques (clotrimazole, miconazole (spécialité humaine), énilconazole) 1 fois par jour pendant 2 à 4 semaines (attention aux risques d’ingestion au cours du toilettage), - un traitement antifongique systémique : avec de la griséofulvine (15 à 25 mg/kg PO, SID) (attention cette molécule est tératogène et ne doit donc pas être utilisée chez des femelles gestantes), du kétoconazole (10 à 40 mg/kg PO, SID) ou de l’itraconazole (5 à 10 mg/kg PO, SID). Les durées de traitement indiquées dans la littérature varient de 2 à 6 semaines. En pratique, il est conseillé de poursuivre le traitement jusqu’à deux semaines après disparition des lésions. Bien que cela n’ait pas été rapporté chez le cochon d’Inde, ces molécules peuvent avoir des effets toxiques dont il faut surveiller l’apparition. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Il convient, à la fois dans le cadre du traitement et de la prévention de cette affection, d’isoler l’animal malade, de traiter tous les animaux en contact avec lui, quelle que soit l’espèce, d’effectuer un nettoyage et une désinfection de l’environnement, de corriger les facteurs favorisants et de supplémenter l’animal en vitamine C. (TULLY T.N.Jr., 2011b), 177 Le pronostic est bon. Une immunodépression ou un diagnostic tardif peuvent cependant être associés à un moins bon pronostic. (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (TULLY T.N.Jr., 2011b). c. Trixacariose ou gale à Trixacarus caviae 1. Etiologie, pathogénie La trixacariose est l’ectoparasitose la plus fréquente chez le cochon d’Inde : elle doit toujours être la première affection suspectée lors de prurit intense dans cette espèce. Le parasite responsable est Trixacarus caviae, un acarien de la famille des sarcoptidés ressemblant, en plus petit, à Sarcoptes scabiei. Le cycle parasitaire dure 2 à 14 jours et l’infestation à lieu par contact direct ou indirect. Certains animaux peuvent être porteurs asymptomatiques, l’affection se déclarant suite à un stress, une hypovitaminose C ou une maladie intercurrente. Le parasite possède un potentiel zoonosique modéré (à l’origine d’une dermatite papuleuse prurigineuse temporaire chez l’homme, au niveau des zones de contact avec l’animal infesté). (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (ROSEN L.B., 2011). 2. Présentation clinique Les lésions sont principalement localisées à la partie dorsale du cou, aux épaules, au dos et au thorax, mais, dans les cas sévères, le corps entier peut être atteint. Elles sont caractérisées d’abord par de l’érythème et par une alopécie secondaire au prurit, puis dans les cas plus chroniques par de la lichénification, de l’hyperpigmentation, des croûtes, des squames blanchâtres à jaunâtres et des poils cassants qui s’enlèvent facilement (fig47). Le prurit, intense, est un signe caractéristique de l’affection. Il en résulte une irritation importante et des blessures d’automutilation qui entraînent une dégradation de l’état général : l’animal devient léthargique et anorexique, une perte de poids progressive peut s’installer et une infection bactérienne ou fongique secondaire peut se développer. La mort est possible, par septicémie ou par insuffisance rénale à médiation immune. De l’hyperesthésie, des crises convulsives ou des comportements anormaux tels que tourner en rond peuvent être observés. Ces troubles peuvent aussi être déclenchés par l’examen de l’animal. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Remarque : chez les femelles gestantes atteintes, des résorptions fœtales ou des avortements ont été constatés. (SCOTT D.W. and al., 2001), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009). 178 Figure 47 : Lésions chroniques de gale à Trixacarus caviae chez trois cochons d’Inde. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune sauvage de l’ENVT. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend d’autres ectoparasitoses, beaucoup moins fréquentes, chez le cochon d’Inde : la gale à Chirodiscoides caviae, la pédiculose, la pulicose, la gale sarcoptique, la gale notoedrique ou la démodécie. (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (MEREDITH A., 2006c). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques et sur l’identification de Trixacarus caviae (adultes, œufs, larves) lors de l’examen microscopique de raclages cutanés profonds. Il est fortement conseillé de réaliser les raclages sous anesthésie générale du fait des réactions qui peuvent y être associées. Les faux-négatifs sont assez fréquents, le parasite étant parfois difficile à voir. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b). D’autres examens complémentaires peuvent être réalisés, comme un examen microscopique de scotch test pour rechercher la présence d’autres parasites ; un trichogramme et une culture fongique, ou une culture bactériologique lorsqu’une infection secondaire est suspectée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). 5. Traitement, prévention et pronostic A l’origine, le traitement de choix est l’ivermectine (0,4 mg/kg SC (de 0,2 à 0,5 mg/kg), 3 à 4 fois à 7 à 10 jours d’intervalle). Cependant, selon une publication récente d’ESHAR D. et de BDOLAH-ABRAM T., une seule application de sélamectine à 15 mg/kg en spot on, appliqué à la base du cou, serait au moins aussi efficace que le protocole classique à base d’ivermectine et serait plus avantageuse (pas de douleur liée à l’injection pour l’animal 179 et moins de problèmes d’observance du traitement). D’autres protocoles à base de sélamectine sont proposés dans la littérature (notamment : 6 à 12 mg/kg en spot on, 3 fois à 10 à 14 jours d’intervalle). Des antihistaminiques (diphenhydramine à 5 mg/kg SC) peuvent être utilisés pour diminuer le prurit, et des AINS pour soulager la douleur associée (voir Annexe 2). Le pronostic de cette affection est bon. (SCOTT D.W. and al., 2001), (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MAYER J., 2012), (ESHAR D., BDOLAH-ABRAM T., 2012). Trixacarus caviae étant très contagieux, tous les animaux en contact avec l’individu cliniquement atteint doivent être traités. L’environnement doit être nettoyé et désinfecté, Trixacarus caviae pouvant y survivre quelques jours. (VIAUD S., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b) d. Trichofolliculome La peau est le second site d’apparition de tumeurs chez le cochon d’Inde : 15% des tumeurs sont des tumeurs cutanées dans cette espèce. Le trichofolliculome est la plus fréquente. Il s’agit d’une tumeur bénigne touchant préférentiellement les mâles. (SCOTT D.W. and al., 2001), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009), (GREENACRE C.B., 2004), (TULLY T.N.Jr, 2011a), (RIGGS S.M., 2009). 1. Présentation clinique Le trichofolliculome (fig.48) est constitué d’une seule masse, alopécique, de forme ronde et de taille plus ou moins importante, le plus souvent localisée au niveau de la région lombo-sacrée, là où se trouvent des glandes sébacées. La masse peut être malodorante, exsudative (matériel kératinisé ou hémorragique sortant d’un pore central) et ulcérée, la peau sous-jacente est souvent alopécique et croûteuse. Des infections secondaires sont possibles. (SCOTT D.W. and al., 2001), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009), (GREENACRE C.B., 2004), (RIGGS S.M., 2009). Figure 48 : Trichofolliculome chez un cochon d’Inde mâle (après tonte de la croupe). Photographie personnelle réalisée à la clinique vétérinaire de Mermoz (Lyon). 2. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend d’autres tumeurs cutanées (adénome sébacé, lipome, liposarcome, lymphome, fibrome, fibrosarcome, carcinome épidermoïde et schwannome), un abcès ou un kyste. (SCOTT D.W. and al., 2001), (MEREDITH A., 2006c), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (GREENACRE C.B., 2004), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b). 180 3. Traitement et diagnostic Le traitement n’est pas obligatoire, la tumeur étant bénigne, une simple surveillance de celle-ci peut être suffisante. S’il est mis en place, le traitement consiste en l’excision chirurgicale, habituellement curative, de la masse. Une crème antibiotique peut être appliquée et un pansement mis en place au niveau du site d’incision. L’analyse histopathologique de la masse permet d’aboutir au diagnostic de certitude. (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MEREDITH A., 2006c), (TULLY T.N.Jr, 2011a), (GREENACRE C.B. 2004). Le pronostic est bon du fait des caractéristiques de la tumeur (bénigne, non invasive localement et non métastasique). (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b). e. Pododermatite ulcérative 1. Cause et pathogénie La pododermatite ulcérative est une affection fréquente chez le cochon d’Inde. Il s’agit d’une dermatite granulomateuse ulcérative chronique, unilatérale ou bilatérale, touchant les coussinets plantaires ou palmaires. Les membres antérieurs sont les plus souvent atteints. La pododermatite est caractérisée par une nécrose avasculaire due à la compression constante du coussinet entre une saillie osseuse et la surface sur laquelle le cochon d’Inde prend appui. Puis desquamation, ulcération, abcédation et infection bactérienne secondaire du coussinet peuvent apparaître. Les bactéries les plus souvent associées à l’infection sont Staphylococcus aureus (la plus fréquente) et Corynebacterium pyogenes. De nombreux facteurs (encadré 14) favorisent le développement de l’affection. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VIAUD S., 2009). Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le cochon d’Inde : • Traumatisme, • Mauvaises conditions d’entretien : surpopulation, petite cage responsable d’un confinement et d’un manque d’exercice, sol inadapté (rugueux, grillagé,…), litière abrasive, défaut d’hygiène de la litière entraînant souillure, irritation et dermatite superficielle voire pyodermite profonde et nécrose, • Inactivité due à l’obésité, • Inactivité due à une maladie intercurrente : hypovitaminose C, affection musculo-squelettique (exemple : spondylose), affection articulaire (exemple : arthrite), maladie chronique, • Augmentation de la pression exercée sur un ou plusieurs membres : obésité, diminution du poids porté par le membre controlatéral (du fait d’un traumatisme ou d’une affection de celui-ci). Encadré 14 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le cochon d’Inde. (SCHNELLBACHER R., 2011), (SCOTT D.W. and al., 2001), (HOPPMANN E, BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009), (RIGGS S.M., 2009). 2. Présentation clinique Les premiers signes de pododermatite sont une dermatite et un érythème des coussinets palmaires ou plantaires (grade I) (fig.49). Progressivement, un gonflement des coussinets apparaît (grade II). Puis, une hyperkératose, des érosions, des ulcères (fig.50) et des saignements (grade III) et une infection bactérienne secondaire peuvent être observés. L’infecyion peut entraîner la formation d’un abcès et une inflammation des tissus profonds sous-jacents (tendons, os) (grade IV). Dans les cas très sévères ou chroniques, l’infection peut atteindre l’os ou les articulations et causer ostéomyélite, synovite ou tendinite (grade V), les lésions sont alors irréversibles. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VIAUD S., 2009), (RIGGS S.M., 2009). 181 Figure 49 : Pododermatite débutante (grade I à II) touchant les coussinets plantaires d’un cochon d’Inde. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. Figure 50 : Pododermatite de gravité moyenne (grade III) touchant le coussinet palmaire d’un cochon d’Inde. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. L’affection est douloureuse, les animaux atteints présentent une boiterie, une réticence à se déplacer, un abattement, et de l’anorexie éventuellement associée à une perte de poids. Ils peuvent réagir vivement à la palpation des coussinets et émettent plus souvent des vocalisations. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b) (VIAUD S., 2009). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les affections à l’origine de pododermatite (hypovitaminose C, affection musculo-squelettique, affection urinaire ou digestive) et d’autres affections comme une infection bactérienne systémique, une dermatophytose, une mycose profonde, un granulome ou une atteinte néoplasique. (SCHNELLBACHER R., 2011), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les données de l’anamnèse (détection de facteurs favorisants), sur les signes cliniques et sur l’exclusion des autres hypothèses. Les examens complémentaires à réaliser sont : - un examen cytologique d’un échantillon de pus ou de sérosités : on observe une inflammation pyogranulomateuse avec présence de coques, - un examen microscopique d’un échantillon prélevé par cytoponction à l’aiguille fine ou d’une biopsie : exclusion d’autres hypothèses comme une atteinte néoplasique ou un granulome, - une culture bactériologique, aérobie et anaérobie, avec antibiogramme : à partir d’un prélèvement de pus ou de sérosités profondes, - une radiographie du membre atteint afin de détecter la présence d’une ostéomyélite. (SCHNELLBACHER R., 2011), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (MEREDITH A., 2006c). 5. Traitement et pronostic L’identification et la correction des facteurs favorisants sont primordiales pour la réussite du traitement à long terme et font également partie de la prévention de l’affection. En général il faut : - instaurer une supplémentation en vitamine C (30 à 50 mg/kg PO SID), 182 - utiliser une cage avec un fond solide, nettoyée régulièrement, et une litière adaptée changée régulièrement, pour éviter les blessures et les souillures des membres, - couper régulièrement les griffes des animaux pour éviter un mauvais appui du membre, - limiter l’obésité en donnant un régime alimentaire adapté et en favorisant l’exercice. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009). Pour les stades débutants de pododermatite (grades I et II), la correction des facteurs favorisants et des soins topiques quotidiens peuvent être suffisants pour limiter l’évolution de l’affection. Pour les stades plus sévères, le traitement est long et nécessite une hospitalisation de l’animal. Il comprend : - des soins topiques quotidiens puis bihebdomadaires ou hebdomadaires : nettoyage des plaies ou des ulcères avec une solution antiseptique (povidone iodée, chlorhexidine diluée), débridement et irrigation des tissus nécrotiques, drainage et irrigation des abcès ; puis, application de crème antiseptique ou antibiotique (à base d’acide fusidique ou de mupirocine 1%) et mise en place de pansements changés très fréquemment, - une restriction de l’activité : pour permettre la cicatrisation des plaies (attention celle-ci doit être de courte durée car elle peut causer ou exacerber une pododermatite), - la mise en place d’une antibiothérapie systémique : adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme, pendant 4 à 8 semaines. Les molécules utilisables chez le cochon d’Inde sont le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, QID à BID), le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO, BID à SID), l’azithromycine (30 mg/kg PO, BID à SID), le métronidazole (25 mg/kg PO, BID) et l’enrofloxacine (5 à 15 mg/kg PO, SC ou IM, BID à SID). - la gestion de la douleur et de l’inflammation : utilisation de buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 8 à 12 heures) ou de butorphanol (0,4 à 2 mg/kg SC ou IM, toutes les 4 à 12 heures) puis de méloxicam (0,2 à 0,5 mg/kg PO ou SC, BID à SID) pour la gestion de la douleur et de l’inflammation à long terme. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VIAUD S., 2009), (RIGGS S.M., 2009). L’amputation du membre peut être envisagée dans les cas de pododermatite unilatérale concernant un membre antérieur et ne répondant pas au traitement décrit ci-dessus. (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (VIAUD S., 2009). Le pronostic est variable selon la sévérité de l’affection et selon que les facteurs favorisants peuvent être corrigés ou non. Les cas sévères ou chroniques ont un pronostic réservé : le traitement est très long et difficile, les récidives sont fréquentes et les infections chroniques entraînent l’apparition d’une amyloïdose systémique. (SCOTT D.W. and al, 2001), (SCHNELLBACHER R., 2011), (MEREDITH A., 2006c), (HOPPMANN E., BARRON H.W., 2007b), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VIAUD S., 2009). f. Hypovitaminose C Se reporter à la partie concernant les affections nutritionnelles (III.C.7.a). g. Maladie kystique ovarienne Se reporter à la partie concernant les affections de l’appareil génital (III.C.5.a). 183 4. Affections de l’appareil urinaire a. Urolithiase 1. Etiologie, pathogénie Les affections de l’appareil urinaire sont fréquentes chez les rongeurs. Chez le cochon d’Inde, l’urolithiase est l’affection la plus fréquente. L’étiologie et la pathogénie de cette affection ne sont pas clairement définies dans cette espèce et un certain nombre de facteurs pourraient favoriser l’affection (encadré15). Elle était au départ supposée plus fréquente chez les femelles de plus de 2 ans, chez lesquelles les cystites bactériennes chroniques sont considérées plus fréquentes, mais une étude récente n’a mis en évidence aucune prédisposition de sexe. Des cystites bactériennes sont souvent identifiées en association avec une urolithiase, bien que la relation entre les deux n’ait pas été clairement définie (infection primaire favorisant la formation de calculs ou bien infection secondaire à la présence de calculs). Les bactéries les plus fréquemment identifiées dans l’urine sont Escherichia coli, Streptococcus pyogenes, Staphylococcus spp. et Corynebacterium renale. Des bactéries peuvent aussi être isolées lors de culture bactériologique de calculs : Streptococcus viridans, Proteus mirabilis, Staphylococcus spp., Escherichia coli, Enterococcus spp.. Les urolithes sont localisés en général dans la vessie ou l’urètre, mais ils peuvent également être localisés dans les uretères ou les reins, ou quelques fois dans le vagin ou les vésicules séminales. Ils sont le plus souvent composés de carbonate de calcium, mais des calculs à base de phosphate de calcium, d’oxalate de calcium ou de struvite (phosphate ammoniaco-magnésien) peuvent aussi être identifiés. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). Facteurs pouvant favoriser le développement d’affection urinaire chez le cochon d’Inde: • Caractères physiologiques de l’urine : pH alcalin et concentration minérale importante pourraient favoriser la formation de cristaux et leur précipitation, • Prédisposition génétique, • Obstruction mécanique : tumeur comme un papillome par exemple, •Affection empêchant l’animal d’uriner normalement : cystite bactérienne primaire, affection musculo-squelettique (spondylose), pododermatite ulcérative, • Déséquilibres nutritionnels : régime alimentaire trop riche en calcium : avec des granulés (notamment à base de luzerne) et avec peu de foin et de légumes, • Déshydratation, apport d’eau insuffisant. Encadré 15 : Facteurs pouvant favoriser le développement d’une affection urinaire chez le cochon d’Inde. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). 2. Présentation clinique Les affections de l’appareil urinaire sont caractérisées par des troubles mictionnels : hématurie, strangurie, pollakiurie, dysurie voire anurie ; associés à des signes de douleur : posture antalgique (« en prière »), vocalisations pendant la miction ; et à des signes généraux : abattement, léthargie, anorexie, perte de poids. Lors d’urolithiase, les signes cliniques dépendent de la taille et de la localisation du ou des calculs. Parfois, lors d’urolithiase urétérale ou rénale, les troubles mictionnels sont absents. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). Comme chez les autres mammifères domestiques, la palpation abdominale peut apporter des informations importantes. 184 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : une cystite bactérienne primaire, une insuffisance rénale chronique, une kystose rénale ou un phénomène néoplasique. 4. Examens complémentaires et diagnostique Le diagnostic repose sur un bon recueil des commémoratifs et de l’anamnèse et sur un examen clinique complet dont les informations permettent d’orienter le clinicien. Différents examens complémentaires peuvent ensuite être effectués afin d’établir avec certitude le diagnostic : - une analyse sanguine (biochimie et numération-formule sanguine) : cet examen permet d’évaluer la fonction rénale ou de rechercher un processus infectieux. Lors de phénomène obstructif post-rénal ou lors d’insuffisance rénale, une élévation de l’urée (>32 mg/dL) et de la créatinine (>2,2 mg/dL) est attendue. - une analyse urinaire : l’urine peut être prélevée par miction naturelle, par taxis, par sondage ou par cystocentèse. Une fois prélevée, l’urine doit être analysée rapidement : évaluer l’aspect, la couleur, mesurer le pH et la densité, faire une bandelette et un culot urinaire. Cristallurie, protéinurie et hématurie sont souvent observées. - une analyse bactériologique des urines avec antibiogramme : cet examen est effectué sur de l’urine prélevée par cystocentèse afin de confirmer ou d’infirmer la présence d’une cystite bactérienne primaire ou secondaire, - des radiographies abdominales : Cet examen est intéressant car la plupart des calculs sont radio-opaques chez le cochon d’Inde (fig.51). Il permet de confirmer la présence d’un ou de plusieurs urolithes et de déterminer leur localisation. Figure 51 : Radiographie abdominale de profil montrant un volumineux calcul vésical chez un cochon d’Inde. Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. - une échographie abdominale : cet examen est effectué afin de localiser plus précisément les urolithes, de détecter ceux de petite taille, et afin d’évaluer les différents organes de l’appareil urinaire (hydronéphrose, hydro-uretère, inflammation des muqueuses, perforation). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). Remarque : d’autres examens d’imagerie, comme l’urographie excrétrice par voie intraveineuse ou le scanner, sont mentionnés dans la littérature. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). Après une chirurgie, on peut ajouter aux examens : - l’analyse bactériologique d’une biopsie de muqueuse vésicale, - l’analyse du calcul : détermination de la composition de celui-ci et analyse bactériologique. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (RIGGS S.M., 2009), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). 185 5. Traitement et pronostic Chez le cochon d’Inde, le retrait chirurgical des urolithes est le plus souvent nécessaire. En fonction de la localisation, il faut pratiquer : une urétrostomie avec cicatrisation par seconde intention, une cystotomie, une urétérotomie ou une néphrotomie (pour les calculs rénaux de petite taille n’entraînant pas de dilatation du pelvis) ou une pyélotomie (pour les calculs rénaux volumineux). Il faut si possible tenter de faire progresser les calculs dans la vessie avant de pratiquer une cystotomie. Les calculs urétraux de petite taille sont repoussés dans la vessie par un sondage et une urohydropropulsion (sous sédation profonde et analgésie) effectuée avant la chirurgie. Chez le mâle cette procédure est controversée : certains auteurs la déconseillent fortement, du fait du petit diamètre de l’urètre. Les calculs urétéraux sont en général localisés au niveau de la portion distale de l’uretère. Lors de la chirurgie, leur progression dans la vessie peut être tentée par une manipulation douce (attention aux risques de traumatismes de l’uretère). Souvent, cette procédure est inefficace : l’uretère n’est pas dilaté au niveau du calcul, qui peut être adhérant à la paroi de l’uretère. En cas d’atteinte rénale irréversible (hydronéphrose sévère, rein non fonctionnel), une néphrectomie et une urétérectomie doivent être pratiquées. En association au traitement chirurgical, il convient de mettre en place : - une fluidothérapie : au débit d’entretien ou plus jusqu’à 36 à 48 heures après la chirurgie, pour maintenir la diurèse, - une analgésie : avec de la buprénorphine (0,05 à 0,1 mg/kg SC), voire du fentanyl (2,5 µg/kg/h) si l’animal est très douloureux, - une alimentation assistée par gavage, - une antibiothérapie : adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme. Les molécules généralement utilisées sont le triméthoprime/sulfamide (15 mg/kg PO, BID), le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg SC ou IM, BID) ou l’enrofloxacine (2,5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (BENNETT R.A., 2012a), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). La correction des facteurs favorisants fait à la fois partie du traitement et de la prévention de l’affection, il faut : - limiter l’apport alimentaire de calcium : le foin et les granulés à base de luzerne sont très riches en calcium et sont donc à éliminer au profit de foin à base de graminées ou d’avoine et de granulés à base de trèfle. Des légumes et des fruits peuvent être ajoutés progressivement. - veiller à ce que l’animal est accès à l’eau en permanence et qu’il boive suffisamment. Comme chez le lapin, l’acidification des urines n’est pas conseillée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). Malgré le traitement et l’application des mesures préventives, les récidives sont fréquentes. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). 5. Affections de l’appareil génital a. Maladie kystique ovarienne 1. Etiologie, pathogénie La maladie kystique ovarienne est une affection très fréquente chez le cochon d’Inde femelle, dont la cause n’est pas clairement établie. Dans une étude récente menée sur 43 cochons d’Inde femelles âgées de 3 mois à 5 ans, la prévalence globale de l’affection a été estimée à 58% et la prévalence chez les femelles de 1,5 à 5 ans a été estimée à 88%. Cette étude a montré que le statut reproducteur (femelles ayant eu une ou plusieurs gestations et 186 femelles n’ayant jamais été mise à la reproduction) n’influence pas la prévalence et la taille des kystes ovariens. En revanche, elle a montré que la prévalence et la taille des kystes ovariens augmentent avec l’âge : plus l’animal est âgé, plus il est susceptible de présenter des kystes ovariens et plus ces kystes sont susceptibles d’être de taille importante. Les kystes ovariens sont simples ou multiples et sont unilatéraux ou bilatéraux. Leur taille varie de moins de 0,04 cm à 7 cm, avec une taille moyenne de 3 cm. Chez le cochon d’Inde, trois types de kystes sont décrits selon le tissu dont ils dérivent : - les kystes du rete ovarii : ce sont des kystes séreux non fonctionnels issus de cellules germinales au niveau du hile de l’ovaire qui se développent spontanément au cours de l’œstrus. Ce sont les plus fréquents. - les kystes folliculaires : ils sont issus de follicules secondaires qui n’ovulent pas et ne s’atrésient pas. Ils sécrètent souvent des œstrogènes, en quantité normale ou augmentée, à l’origine de troubles de la reproduction (œstrus irrégulier ou persistant, infertilité). Ils sont moins fréquents et toujours associés à des kystes du rete ovarii. - les kystes para-ovariens : ils sont issus des tissus mésothéliaux et sont rares. Des anomalies de l’ovaire (tumeur des cellules de la granulosa) ou de l’utérus (hyperplasie kystique de l’endomètre, mucomètre, endométrite, léiomyome ou fibroléiomyome) sont souvent associées à la présence de kystes ovariens. (MURPHY J.P., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (NIELSEN T.D. and al., 2003), (BISHOP C.R., 2002), (RIGGS S.M., 2009), (COLLINS B.R., 2008). 2. Présentation clinique L’affection peut être asymptomatique. Si les kystes sont sécrétants, une alopécie progressive, non prurigineuse, bilatérale et symétrique des flancs, du dos et de l’abdomen peut être observée. Une distension abdominale (corps en forme de « poire ») est observée si les kystes sont volumineux et peut être associée à un abattement, à une posture antalgique, à une stase gastro-intestinale secondaire, à une diminution de l’appétit voire à de l’anorexie et à une perte de poids. Des saignements vaginaux et des troubles de la reproduction (diminution de la fertilité, expression de comportements sexuels) peuvent également être présents. Les kystes sont parfois palpables dans l’abdomen crânial ou moyen. (MURPHY J.P., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (NIELSEN T.D. and al., 2003), (BISHOP C.R., 2002), (RIGGS S.M., 2009), (COLLINS B.R., 2008). 3. Diagnostique différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - les autres masses ovariennes associées à des troubles de la reproduction : notamment les tumeurs des cellules de la granulosa, - d’autres causes d’alopécie : alopécie de gestation ou de lactation, hypovitaminose C, dermatophytose, ectoparasitoses, - d’autres causes de saignements vaginaux : tumeurs de l’utérus, métrite, avortement. (MURPHY J.P., 2011). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (sexe, individu stérilisé ou non, âge), sur l’anamnèse, sur les signes cliniques, sur les informations apportées par la palpation abdominale et sur les résultats des examens complémentaires suivants : - une échographie abdominale : il s’agit de l’examen complémentaire de choix pour aboutir au diagnostic de certitude. Lors de kyste ovarien, une cavité cloisonnée, au contenu anéchogène, avec une marge bien définie et connectée à l’ovaire, est observée. Un liquide clair et translucide est obtenu lors de cytoponction échoguidée d’un kyste. Tout l’appareil 187 reproducteur doit être examiné, une atteinte de l’utérus étant souvent associée à la présence de kystes ovariens. - une radiographie abdominale : si les kystes sont de taille assez importante, la présence d’une masse abdominale pourra parfois être mise en évidence sur les radiographies sans que son origine ne puisse être confirmée par ce seul examen. (MURPHY J.P., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (NIELSEN T.D. and al., 2003), (BISHOP C.R., 2002), (RIGGS S.M., 2009), (COLLINS B.R., 2008). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de choix est l’ovariohystérectomie. Si l’animal est déshydraté ou s’il manifeste de la douleur, il doit être stabilisé avant toute chirurgie par une fluidothérapie SC et une analgésie. En peropératoire une analgésie multimodale est recommandée, avec l’utilisation d’un anxiolytique comme le midazolam (0,3 à 0,7 mg/kg IM), d’un opioïde comme la buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM, IV, toutes les 6 à 8 heures) ou le butorphanol (0,4 à 2 mg/kg SC ou IM, toutes les 4 à 12 heures) et d’un AINS comme le méloxicam (0,2 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IM BID à SID) ou le carprofène (4 mg/kg SC SID, ou 1 à 2 mg/kg PO BID). En postopératoire, les soins comprennent : une fluidothérapie, une alimentation assistée par gavage, une analgésie, une antibiothérapie et une restriction de l’activité pendant 2 semaines pour une bonne cicatrisation de la plaie chirurgicale. La motilité gastro-intestinale, la production d’urine et l’hydratation de l’animal doivent être surveillées. Le pronostic est assez bon après l’ovariohystérectomie. Dans le cas où l’option chirurgicale n’est pas retenue, l’aspiration du contenu des kystes par ponction échoguidée sous sédation est une thérapie palliative : elle permet de diminuer le volume abdominal occupé par les kystes et de soulager temporairement l’animal. La recollection des kystes est assez rapide, et il est nécessaire de répéter la procédure régulièrement. Il faut de plus séparer les femelles des mâles. Une thérapie hormonale peut parfois permettre une résolution temporaire. Plusieurs traitement sont cités dans la littérature : l’acétate de leuprolide (100 µg/kg SC, 1 fois toutes les 3 semaines), la gonadolibérine (GnRH ; 25 µg IM 2 fois à 2 semaines d’intervalle), ou la gonadotrophine chorionique humaine (hCG ; 1000 U/furet IM, 3 fois à un intervalle de 7 à 10 jours), mais cette dernière molécule a été associée à des réactions d’hypersensibilité. (MURPHY J.P., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (NIELSEN T.D. and al., 2003), (BISHOP C.R., 2002), (RIGGS S.M., 2009), (COLLINS B.R., 2008). L’ovariohystérectomie constitue le meilleur moyen de prévention de cette affection. (BISHOP C.R., 2002). 6. Affections oculaires a. Hypovitaminose C Se reporter à la partie concernant les affections nutritionnelles. (III.C.7.a). b. Conjonctivite granulomateuse à inclusions 1. Etiologie La conjonctivite est une affection fréquente chez le cochon d’Inde. Chlamydophila caviae est la bactérie la plus couramment retrouvée et est responsable d’une conjonctivite granulomateuse. Cette affection est plus fréquente chez le jeune, particulièrement entre 4 et 8 188 semaines d’âge. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b), (RETTENMUND C.L., HEATLEY J.J., 2011). 2. Clinique Lors de conjonctivite granulomateuse à inclusions, l’animal présente une kératoconjonctivite modérée à sévère, un chémosis modéré, un épiphora séreux à purulent généralement bilatéral et une hypertrophie des follicules lymphoïdes. Des signes d’atteinte respiratoire (rhinite, jetage nasal) ou génitale (avortements) peuvent aussi être observés. Chez certains animaux, l’infection peut être asymptomatique. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b), (RETTENMUND C.L., HEATLEY J.J., 2011). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes de conjonctivite : une hypovitaminose C ; une conjonctivite bactérienne due à Bordetella bronchiseptica, Streptococcus spp., Salmonella spp., Staphylococcus aureus ou Pasteurella multocida ; une conjonctivite liée à une allergie, à un corps étranger ou à un dermoïde (croissance de tissus normalement associés à la peau, notamment des poils, dans une localisation anormale, en l’occurrence la cornée ou la conjonctive) ; une affection dentaire responsable d’une infection secondaire de l’œil ou un phénomène néoplasique (lymphosarcome affectant le tissu lymphoïde conjonctival). (RETTENMUND C.L., HEATLEY J.J., 2011), (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012). 4. Diagnostic Le diagnostic repose sur les signes cliniques d’atteinte oculaire, sur les données apportées par l’examen ophtalmologique et sur les résultats des examens complémentaires suivants : - l’examen cytologique d’un frottis conjonctival : des inclusions intracytoplasmiques appelées « inclusions de Prowazek » et des corps réticulés sont observés dans les cellules épithéliales, - l’identification de la bactérie par analyse PCR : à partir d’un frottis ou d’un écouvillon conjonctival. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b). 5. Traitement L’affection se résout en général spontanément en 3 à 4 semaines. De ce fait, certains auteurs considèrent qu’un traitement n’est pas forcément nécessaire. D’autres conseillent un traitement local, avec une pommade ophtalmique antibiotique à base de tétracyclines appliquée QID, associé si nécessaire à une antibiothérapie systémique à base d’enrofloxacine (5 à 15 mg/kg PO, SC ou IM, SID à BID). Le traitement doit être maintenu jusqu’à la résolution des signes cliniques avec plusieurs contrôles, notamment 5 à 7 jours après l’initiation et après l’arrêt du traitement. De plus, selon certains auteurs, la bactérie pourrait posséder un potentiel zoonotique, ce qui justifie la mise en place d’un traitement. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (VAN DER WOERDT A., 2012), (WLLIS A.M., 2011). c. Métaplasie osseuse du corps ciliaire 1. Etiologie La métaplasie osseuse du corps ciliaire est une affection spécifique du cochon d’Inde qui peut être observée sur l’animal âgé. (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b). 189 2. Clinique La métaplasie osseuse du corps ciliaire est caractérisée par un anneau blanc opaque visible dans la chambre antérieure (fig.52), débutant au niveau du corps ciliaire et couvrant l’angle iridocornéen. Le choristome osseux est parfois très large et des vaisseaux sanguins peuvent le recouvrir. (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b). Figure 52 : Métaplasie osseuse du corps ciliaire chez un cochon d’Inde. (VAN DER WOERDT A., 2012). 3. Diagnostic et traitement Le diagnostic est clinique et il n’y a pas de traitement efficace contre cette affection. (VAN DER WOERDT A., 2012), (RIVAL F., 2007b). 7. Affections métaboliques a. Hypovitaminose C 1. Cause et pathogénie L’hypovitaminose C est une affection métabolique d’origine nutritionnelle. Le cochon d’Inde ne possède pas l’enzyme nécessaire (la L-gluconolactone) pour synthétiser la vitamine C (ou acide ascorbique). Si l’apport alimentaire est insuffisant, une carence se met en place très rapidement. Une alimentation avec des aliments pour lapins ou avec des granulés pour cochon d’Inde dont la vitamine C s’est dégradée16, de même qu’une période d’anorexie sont à l’origine d’un apport insuffisant voire nul en vitamine C. Les jeunes animaux sont plus prédisposés à cette affection car ils sont en période de croissance et catabolisent plus vite la vitamine C que les animaux âgés de plus de 4 mois. Ils manifesteront des signes d’hypovitaminose C dans les deux semaines qui suivent l’apparition d’une carence. Les femelles gestantes ou en lactation ont un besoin en vitamine C augmenté et sont de ce fait également prédisposées à l’affection. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009). La vitamine C est indispensable pour les réactions d’hydroxylation de certains acides aminés intervenant dans la composition et la stabilité du collagène, molécule qui participe notamment au maintien de l’intégrité de la paroi des vaisseaux sanguins, à la formation de l’os et à la cicatrisation des plaies. La vitamine C intervient également dans le métabolisme du cholestérol. Une carence en vitamine C sera à l’origine d’anomalies de synthèse et de fragmentation du collagène et à l’origine d’anomalies de la matrice intercellulaire (laminine et élastine). Il en résulte : une fragilisation des vaisseaux sanguins, une désorganisation du cartilage associée à une fibrose de la moelle dans les zones d’ostéogénèse (articulations des os longs et jonctions costo-chondrales) ou au niveau des alvéoles dentaires. La vitamine C participe de plus au stockage de la vitamine E, il est donc possible d’observer une carence en vitamine E parallèlement à une carence en vitamine C. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009). 16 La vitamine C est une molécule fragile. Dans les aliments, elle est rapidement dégradée par l’humidité, la lumière, la chaleur ou un stockage prolongé. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (RIGGS S.M., 2009). 190 2. Présentation clinique L’hypovitaminose C est caractérisée par une association de signes cliniques variés : - des signes généraux : léthargie, abattement, faiblesse, anorexie, perte de poids, posture antalgique (« en prière »), vocalisations de douleur, - des signes d’atteinte ostéo-articulaire : gonflement et douleur au niveau des articulations des os longs et des jonctions costo-chondrales, boiterie avec une démarche raide en « saut de lapin » due à une impossibilité d’extension du grasset, - des signes d’atteinte dentaire : saignements, contusions, ecchymoses ou pétéchies au niveau de la muqueuse gingivale, chute de dents à l’origine d’une malocclusion dentaire éventuellement associée à des grincements de dents et à un ptyalisme, difficultés de préhension des aliments, anorexie, - des signes d’atteinte digestive : stase gastro-intestinale, diarrhée, - des signes d’atteinte cutanée : pelage terne et cassant, squamosis auriculaire puis généralisé, pododermatite rapidement compliquée de plaies et d’ulcères apparaissant plus ou moins spontanément, difficultés de cicatrisation, saignements, contusions, ecchymoses ou pétéchies sur la peau, - des signes d’atteinte oculaire : conjonctivite avec épiphora et jetage nasal. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009), (RIVAL F., 2007b). Le statut physiologique de l’animal et l’importance de la carence influencent l’apparition et l’intensité des signes cliniques observés. La douleur peut être intense, elle peut se traduire par des vocalisations ou des morsures lors de la palpation ou de la contention. L’affection est de plus à l’origine d’une baisse de l’immunité qui permet le développement d’infections secondaires, bactériennes, fongiques ou parasitaires, qui peuvent masquer des signes cliniques discrets d’hypovitaminose C. (HARKNESS J.E. and coll., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009). Lors de carence en vitamine E concomitante, des signes de paralysie ou la mort peuvent être observés. (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 3. Diagnostic différentiel Du fait de la présentation clinique de l’hypovitaminose C, le diagnostic différentiel comprend de nombreuses affections, parmi lesquelles : - d’autres causes d’atteinte ostéo-articulaire : un traumatisme, une fracture, une ostéoarthrite, une arthrite septique, un rachitisme, un phénomène néoplasique, - d’autres causes de saignements : une intoxication avec des rodenticides anticoagulants, une coagulopathie, - d’autres causes d’atteinte cutanée : une ectoparasitose, une dermatophytose, du picage. (ANTINOFF N., 2011). Remarque : l’hypovitaminose C est un facteur favorisant de nombreuses affections chez le cochon d’Inde. Lors de la consultation d’un cochon d’Inde malade, elle devrait toujours faire partie du diagnostic différentiel. (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (âge, statut physiologique, régime alimentaire, méthode et fréquence de la supplémentation en vitamine C), sur l’anamnèse, sur les signes cliniques, sur les résultats des examens complémentaires et sur les résultats de l’examen nécropsique s’il y a lieu. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (RIGGS S.M., 2009). 191 Les examens complémentaires à réaliser sont : - des radiographies : elles peuvent révéler un élargissement des épiphyses des os longs et un élargissement des jonctions costo-chondrales, mais aussi : des fractures pathologiques, un amincissement de la corticale, une déminéralisation osseuse généralisée ou une séparation du périoste, de l’épiphyse, de la métaphyse ou de la diaphyse, - des analyses sanguines : les résultats des analyses hématologique et biochimique sont habituellement normaux. Le dosage de l’acide ascorbique sérique peut être effectué pour confirmer le diagnostic, bien que le traitement soit à mettre en place avant d’obtenir les résultats. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009). L’examen nécropsique met en évidence des anomalies des os, des cartilages et des vaisseaux sanguins : une séparation de la jonction épiphysaire et des hémorragies du périoste, des tissus péri-articulaires, des tissus sous-cutanés, des muscles, de l’intestin ou de la gencive sont observables. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement nécessite au départ une hospitalisation afin de mettre en place : une supplémentation en vitamine C : par voie parentérale (de 50 à 100 mg/kg SC, SID), - une fluidothérapie par voie SC : pour maintenir une hydratation correcte, - une alimentation assistée par gavage : avec du Critical Care for Herbivores® (10 à 15 mL/kg QID à TID), du Recovery® + ou une purée, à base de légumes verts riches en vitamine C et de granulés pour cochon d’Inde, associée à une alimentation adaptée, - une gestion de la douleur : utilisation d’un AINS comme le méloxicam (0,2 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IM, BID à SID), associé au début du traitement à un analgésique comme la buprénorphine (0,02 à 0,05 mg/kg SC, IM, IV, toutes les 6 à 8 heures), le butorphanol (0,4 à 2 mg/kg SC ou IM, toutes les 4 à 12 heures) ou le tramadol (4 à 5 mg/kg PO, BID), - une restriction de l’activité : pour limiter les risques de traumatismes, de contusions, de fractures ou d’autre blessure. Celle-ci doit être de la durée la plus courte possible. En cas de problème dentaire ou de pododermatite, des soins complémentaires doivent être effectués (voir malocclusion dentaire III.C.2.a, et pododermatite ulcérative III.C.3.e). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009), (MEREDITH A., 2006c), (VIAUD S., 2009), (MAYER J., 2012). Une amélioration clinique est en général observée une semaine après le début du traitement. La vitamine C peut alors être administrée PO au même dosage jusqu’à la résolution des signes cliniques et l’activité doit être progressivement encouragée. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011). Des radiographies de contrôle peuvent être réalisées une fois par mois, jusqu’à qu’il n’y ait plus de modification visible, ainsi que des dosages de l’acide ascorbique sérique afin de contrôler le retour à une concentration normale. (ANTINOFF N., 2011). Le pronostic de récupération est bon, bien que quelques fois des séquelles puissent être présentes (boiterie, ostéoarthrite, malocclusion dentaire). (ANTINOFF N., 2011). La prévention de l’affection passe par un apport alimentaire quotidien de vitamine C correct. Il faut : - proposer à l’animal un régime alimentaire adapté et de bonne qualité composé de foin, d’une petite quantité de granulés pour cochon d’Inde et de quelques légumes verts et fruits riches en vitamine C. Donner un quartier d’orange, une petite poignée de persil ou quelques 192 morceaux de poivrons jaune ou rouge est suffisant pour un apport quotidien en vitamine C adéquat. Le chou vert frisé, le brocoli, le chou et les choux de Bruxelles sont assez riches en vitamine C mais doivent être distribués en très petite quantité car ils sont à l’origine d’une production de gaz. Des fruits comme la fraise, le kiwi ou l’ananas contiennent également de la vitamine C et peuvent être utilisés comme friandises pour compléter l’apport de vitamine C. - supplémenter tous les jours l’animal en vitamine C, à 10 mg/kg PO en entretien, et à 30 mg/kg PO pour les femelles gestantes ou en lactation et chez les jeunes en croissance. Une supplémentation par l’eau de boisson (200 à 400 mg/L), bien que moins efficace qu’une supplémentation directement par voie orale, peut aussi être effectuée. L’eau doit être changée tous les jours. (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009), (VIAUD S., 2009). Remarque : les granulés pour cochon d’Inde doivent être consommés dans les 90 jours qui suivent leur fabrication car l’activité de la vitamine diminue très rapidement dans les aliments (baisse de 50% en 6 semaines). (HAWKINS M.G., BISHOP C.R., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (ANTINOFF N., 2011), (RIGGS S.M., 2009). Remarque : l’utilisation de compléments multivitaminés est à éviter car elle peut conduire à des effets néfastes, dus à un apport excessif d’autres vitamines. (ANTINOFF N., 2011). D’une manière générale, tout cochon d’Inde malade doit être supplémenté en vitamine C de 30 à 50 mg/kg SID, de préférence par voie parentérale (SC). (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 193 194 PARTIE D : LE RAT 195 I. Présentation de l’espèce Le rat, Rattus norvegicus, est un Rongeur appartenant au sous-ordre des Myomorphes et à la famille des Muridés. Il est utilisé pour la recherche mais constitue également un animal de compagnie très populaire car très intelligent, d’une nature calme, facile à élever et à entretenir. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (HARKNESS J.E., and coll., 2010c). A. Particularités anatomiques et physiologiques Généralités : Le rat possède un corps trapu. Sa queue est écailleuse et mesure 85% de la longueur du corps en moyenne. Ses oreilles sont rondes, de petite taille et couvertes de poils fins. Ses membres antérieurs lui permettent de saisir sa nourriture dans les mains. Les faces palmaires et plantaires des membres sont glabres avec des coussinets. Les mâles sont plus gros que les femelles. Le rat est très sensible aux coups de chaleur car il possède très peu de glandes sudoripares et qu’il ne peut haleter. La thermorégulation se fait essentiellement par échange de chaleur au niveau de la queue et des oreilles. (O’MALLEY B., 2005c) L’appareil cardiovasculaire et l’appareil respiratoire : Le cœur du rat est situé entre la 3ème et la 5ème côte. Il est directement accessible au niveau du thorax gauche, le poumon gauche étant de petite taille comparé au droit. Il existe deux veines caves crâniales et l’artère pulmonaire est très fine alors que la veine pulmonaire est très épaisse, comparé aux autres espèces de rongeurs. Le rat respire uniquement par le nez. Les cavités nasales, outre leur rôle respiratoire, ont un rôle important dans l’olfaction et donc dans le comportement alimentaire. De ce fait, les maladies respiratoires sont rapidement débilitantes pour l’animal. (O’MALLEY B., 2005c) L’appareil digestif : Chez les Myomorphes, la formule dentaire est 2*(incisives : 1/1, canines : 0/0, prémolaires : 0/0, molaires : 3/3). Seules les incisives sont à croissance continue, et les incisives inférieures sont plus longues que les supérieures. La couleur de l’émail varie naturellement du blanc à l’orangé. Le rat est un omnivore monogastrique possédant un estomac divisé en deux parties par une crête : une partie proximale non glandulaire et une partie distale glandulaire. La jonction de l’œsophage avec l’estomac se fait au niveau de cette crête, au milieu de la petite courbure de l’estomac, ce qui empêche les vomissements. Le foie ne possède pas de vésicule biliaire et le pancréas est très diffus. Le caecum est assez important, en forme de virgule et ne présente pas d’haustration. Le colon est long. Le temps du transit gastro-intestinal varie de 12 à 24 heures. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010c), (O’MALLEY B., 2005c) L’appareil oculaire : La glande de Harder produit des sécrétions contenant des lipides et de la porphyrine, un pigment qui donne une teinte rouge aux larmes. Ces larmes peuvent être observées au niveau des yeux et du nez lorsque l’animal est malade ou qu’il subit un stress, par défaut de toilettage ou par surproduction des sécrétions. On parle de chromodacryorrhée. Les rats albinos ont une très mauvaise vue et compensent en utilisant leurs autres organes sensoriels. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (O’MALLEY B., 2005c), (HARKNESS J.E. and al., 2010c) 196 L’appareil reproducteur : La distinction entre les deux sexes est aisée sur les animaux adultes (fig.53). Les mâles ont un os pénien. Le canal inguinal reste ouvert, les testicules peuvent donc remonter dans l’abdomen. Les scrotums sont larges et situés latéroventralement à l’anus. Les femelles possèdent 6 paires de mamelles. Le tissu mammaire (présent aussi chez les mâles) est très extensif. L’urètre et le vagin ont des orifices séparés : l’orifice urétral est crânial et se situe à la base du clitoris (l’ensemble forme un cône) ; l’orifice du vagin se situe juste caudalement. La distance anogénitale est plus courte chez la femelle. (HARKNESS J.E. and al., 2010c), (O’MALLEY B., 2005c). Figure 53 : Sexage chez le rat adulte : 1) Femelle ; 2) Mâle. Photographies personnelles réalisées au Service NAC de l’ENVA (1) et au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT (2). B. Mode de vie, conditions d’entretien Le rat habitué à être manipulé est un animal de compagnie calme, propre et qui mord rarement. C’est un animal très sociable et il est possible d’en avoir plusieurs, mâles et femelles, dans une même cage. Celle-ci doit idéalement être une cage grillagée pour une ventilation optimale. Elle doit comporter plusieurs niveaux et des enrichissements multiples : tubes en plastiques, roue, boîtes en carton ou en bois ou se cacher, hamac, objets à ronger, etc. La litière peut être constituée de copeaux de papier, de maïs ou de bois. Elle doit être changée une à trois fois par semaine. Le fond en plastique doit avoir des côtés assez hauts pour contenir la litière et doit de préférence être amovible pour faciliter le nettoyage. La cage doit être nettoyée et désinfectée aussi souvent que nécessaire, en fonction de sa taille et du nombre d’animaux qu’elle contient, une à deux fois par semaine en général. Ceci est important, car l’élévation de la concentration d’ammoniac favorise la multiplication d’organismes comme Mycoplasma pulmonis, auxquels les rats sont sensibles. Les biberons et bols d’eau ou d’alimentation doivent également être nettoyés régulièrement. Les paramètres d’ambiance optimaux sont une température de 22°C (de 18 à 27°C), un taux d’humidité de 40% à 70% et une durée d’éclairement de 12 heures par jour. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010c). Concernant l’alimentation, les mélanges de graines sont à déconseiller : ils permettent un tri avec sélection des aliments les plus gras (comme les graines de tournesol) et conduisent à un déséquilibre alimentaire ou à une obésité. Les granulés complets disponibles dans le commerce, avec un taux de protéines de 14 à 16%, sont idéaux pour une alimentation équilibrée et ne nécessitant pas de supplémentation. Néanmoins, on peut apporter de petites quantités d’aliments frais et de graines, sans dépasser 5 à 10% de la ration quotidienne, pour stimuler l’intérêt du rat, varier son alimentation et l’habituer à la nouveauté pour limiter le comportement de néophobie qui peut conduire l’animal à refuser de manger un aliment qu’il 197 ne connaît pas. Les friandises grasses ou sucrées sont cependant à éviter. L’eau doit être renouvelée tous les jours et les animaux doivent pouvoir y avoir accès en permanence. On privilégiera les biberons car ils sont plus hygiéniques que les bols, rapidement souillés par la litière. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010c). C. Contention La technique de contention classique du rat consiste à maintenir l’animal dans une main au niveau du cou et du thorax : la tête entre l’index et le majeur, les autres doigts derrière les membres antérieurs. Si l’animal doit être soulevé, il faut en plus soutenir avec l’autre main l’arrière train de celui-ci. La contention peut être minimisée, lorsque l’animal est transporté par exemple : le prendre contre soi dans le creux de la main est en général suffisant. Attraper un rat par le bout de la queue est à proscrire car cela peut causer des lésions majeures de celle-ci. Il est possible de maintenir l’animal par la base de la queue, lorsqu’il se déplace sur la table par exemple, mais uniquement pour une courte durée. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (HARKNESS J.E. and al., 2010c). D. Réalisation de prélèvement sanguin, pose de cathéter La réalisation de prélèvements sanguins et la pose de cathéter peut s’avérer difficile chez le rat du fait de sa petite taille. Les prélèvements sanguins se font en général sous sédation ou anesthésie flash gazeuse afin de minimiser autant que possible le stress de l’animal. Les principaux sites de prélèvement sont : la veine cave crâniale, la veine saphène latérale et la veine latérale de la queue (après avoir réchauffé la queue dans l’eau chaude pour une meilleure visualisation). D’autres sites sont rapportés dans la littérature, tels que la veine jugulaire ou l’artère ventrale de la queue. Nous ne les avons jamais vus utilisés en pratique. Le prélèvement doit représenter au maximum 10% du volume sanguin total, qui est de 50 à 65 ml/kg de poids vif. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (JOSLIN J.O., 2009). A l’ENVA, la pose de cathéter intraveineux sur le rat s’effectue à la veine céphalique ou à la veine métatarsienne (située en face dorsale du membre). La pose de cathéter intraveineux peut parfois s’avérer difficile, la mise en place de cathéter intraosseux est alors privilégiée. Les principaux sites sont : le tibia (au niveau de la crête tibiale) et le fémur (au niveau du grand trochanter). Il est nécessaire de vérifier la bonne position du cathéter par la réalisation de radiographies de contrôle (face et profil). Un cathéter intraosseux peut être laissé en place 72 heures maximum. (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012), (LENNOX A.M., 2008). 198 II. Normes biologiques A. Normes physiologiques Durée de vie moyenne (ans) Poids moyen (g) Maturité sexuelle (jours) Durée de gestation (jours) Taille moyenne des portées (nombre de ratons) Age de sevrage (jours) Consommation de nourriture (g/100g de poids vif/j) Consommation d’eau (mL/100g de poids vif/j) 2,5 - 3,5 450 – 520 250 – 300 65 – 110 19 – 23 6 - 12 17 – 21 5–6 ≥10 – 12 Fréquence cardiaque (battements par minute) Fréquence respiratoire (mouvements par minute) Température rectale (°C) 250 – 450 115 35,9 – 37,5 Mâle Femelle Tableau 24 : Les paramètres biologiques de base du rat. (MAYER J., 2012), (O’MALLEY B., 2005c). B. Normes hématologiques Hématies Hémoglobine Hématocrite Leucocytes PNN Lymphocytes Monocytes PNE PNB Valeurs usuelles 7 – 10 12 – 18 35 – 45 5 – 23 10 – 50 50 – 70 0 – 10 0–5 0–1 Unité 106/mm3 g/dl % 3 10 /mm3 % % % % % Tableau 25 : Valeurs de référence des paramètres hématologiques du rat. (MAYER J., 2012). 199 C. Normes biochimiques Urée Créatinine PAL ALAT Glucose Protéines totales Albumine Globuline Calcium Phosphore Sodium Potassium Valeurs usuelles 15 - 21 0,2 - 0,8 16 - 96 20 - 92 50 - 135 5,6 - 7,6 3,8 – 4,8 1,8 – 3 5,3 - 13 5,8 – 8,2 135 - 155 5,9 Unité mg/dL mg/dL UI/L UI/L mg/dL g/dL g/dL g/dL mg/dL mg/dL mEq/L mEq/L Tableau 26 : Valeurs de référence des paramètres biochimiques du rat. (MAYER J., 2012). D. Analyse d’urine Volume d’urine Densité pH Protéines Valeurs usuelles 13 – 23 mL/j (5,5 mL/100 g de poids vif/j) 1,022 – 1,050 5–7 < 30 mg/dL Tableau 27 : Valeurs de référence des paramètres urinaires du rat. (MAYER J., 2012), (LENNOX A.M., BAUCK L., 2012). 200 III. Les principales maladies du rat Les maladies inscrites en gras sont celles que nous allons détailler, les autres ne seront pas traitées car trop peu fréquentes ou non spécifiques du rat. A. Classification étiologique ♦ Affections virales • Maladie respiratoire chronique (Virus de la sialodacryoadénite (SDAV), virus de Sendai (Paramyxovirus)) • Sialodacryoadénite virale (SDAV, Coronavirus) • Rage (Lyssavirus) ♦ Affections bactériennes • Maladie respiratoire chronique (Mycoplasma pulmonis, Streptococcus pneumoniae, Corynebacterium kutscheri, Bacille de CAR, Bordetella bronchiseptica, Pasteurella pneumotropica, Streptobacillus moniliformis) • Maladie de Tyzzer (Clostridium piliforme) • Pododermatite ulcérative (Staphylococcus aureus) • Abcès (Staphylococcus aureus, Streptococcus spp., Pasteurella pneumotropica, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Mycobacterium lepraemium) • Cystite bactérienne (Escherichia coli, Pseudomonas spp.) • Dermatite bactérienne ((Staphylococcus aureus) • Entérite bactérienne (Salmonella spp., Escherichia coli) • Leptospirose (Leptospira interrogans) • Mammite, métrite, pyomètre • Otites moyenne et interne (Mycoplasma pulmonis, Streptococcus pneumoniae, Pasteurella pneumotropica) ♦ Affections parasitaires • Gale notoedrique (Notoedres muris) • Pseudogale à Radfordia ensifera • Cestodoses (Rodentolepis spp. aussi appelé Hymenolepis spp.) • Cystite parasitaire (Trichosmoides crassicauda) • Entérite causée par des protozoaires (Giardia muris, Trichomonas muris) • Nématodoses (Syphacia spp., Aspicurulis tetraptera) • Pédiculose (Polyplax spinulosa) • Pulicose (Ctenocephalides felis) ♦ Affections fongiques • Dermatophytose (Trichophyton mentagrophytes) ♦ Autres affections * Affections liées aux conditions environnementales • Nécrose de la queue • Pododermatite ulcérative • Corps étranger nasal 201 * Affections liées à un traumatisme • Malocclusion dentaire • Fractures * Affections liées à l’alimentation • Néphrocalcinose • Urolithiase * Affections tumorales • Tumeurs cérébrales : adénome de la glande pituitaire • Tumeurs mammaires : fibroadénome, fibroadénocarcinome • Lymphome • Tumeurs des cavités nasales : carcinome épidermoïde, rhabdomyosarcome • Tumeurs cutanées : fibromes, fibrosarcomes ou lipomes (le plus souvent) * Affections dégénératives • Radiculoneuropathie du rat • Insuffisance rénale chronique • Hyperplasie de l’endomètre B. Classification clinique par type d’organe affecté ♦ Affections de l’appareil respiratoire • Maladie respiratoire chronique • Sialodacryoadénite virale ♦ Affections de l’appareil digestif • Malocclusion dentaire • Sialodacryoadénite virale • Cestodoses • Entérite bactérienne • Entérite causée par des protozoaires • Maladie de Tyzzer • Nématodoses ♦ Affections de la peau et du pelage et/ou des oreilles et/ou des pattes • Gale notoedrique • Pseudogale à Radfordia ensifera • Pododermatite ulcérative • Nécrose de la queue • Abcès • Dermatite bactérienne • Dermatophytose • Pédiculose • Pulicose 202 ♦ Affections oculaires • Sialodacryoadénite virale ♦ Affections de l’appareil urinaire • Insuffisance rénale chronique • Cystite bactérienne • Cystite parasitaire • Leptospirose • Néphrocalcinose • Urolithiase ♦ Affections de l’appareil génital • Tumeurs mammaires • Hyperplasie de l’endomètre • Mammite, métrite, pyomètre ♦ Affections nerveuses • Tumeurs cérébrales : adénome de la glande pituitaire • Radiculoneuropathie du rat • Otites moyenne et interne • Rage 203 C. Les maladies du rat 1. Affections de l’appareil respiratoire Les troubles respiratoires sont l’un des motifs de consultation les plus fréquents chez le rat de compagnie. Les affections respiratoires sont représentées en particulier par un syndrome très fréquent : la maladie respiratoire chronique. (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (LENNOX A.M., 2011a). a. Maladie respiratoire chronique 1. Etiologie, pathogénie Mycoplasma pulmonis est une bactérie Gram négative, anaérobie facultative, et intracellulaire. Cette bactérie est l’agent pathogène principal des affections respiratoires du rat. Elle est présente dans le tractus respiratoire du rat et se transmet essentiellement par les aérosols contenant des sécrétions respiratoires contaminées, bien qu’une transmission intrautérine soit possible. Elle est souvent à elle seule responsable d’une infection respiratoire, la mycoplasmose. Mais cette affection est aussi multifactorielle, car exacerbée par d’autres agents pathogènes, à l’origine d’un syndrome : la maladie respiratoire chronique. Les agents copathogènes le plus souvent associés à Mycoplasma pulmonis sont : des agents bactériens comme Streptococcus pneumoniae, Corynebacterium kutscheri, le bacille de CAR, Pasteurella pneumotropica, Bordetella bronchiseptica, et des agents viraux comme le virus de la sialodacryoadénite (Coronavirus) et le virus de Sendai (Paramyxovirus). Beaucoup moins fréquemment, d’autres bactéries comme Streptobacillus moniliformis (agent zoonotique provoquant une fièvre lors de morsure) ou Actinobacillus spp., ou d’autres virus comme le virus de la pneumonie de la souris (Pneumovirus), d’autres coronavirus ou hantavirus du rat (agent de zoonose grave), peuvent constituer des copathogènes de Mycoplasma pulmonis. Ces agents copathogènes seuls sont rarement à l’origine d’une affection respiratoire clinique, les infections étant la plupart du temps subcliniques. La transmission de ces agents se fait essentiellement par contact direct avec un rat porteur asymptomatique ou avec un rat malade. Pour Streptococcus pneumoniae, Bordetella bronchiseptica, et pour le virus de la sialodacryoadénite, la transmission se fait également par les aérosols contenant des sécrétions respiratoires contaminées. Corynebacterium kutscheri se transmet par voie oro-fécale. (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (LENNOX A.M., 2011a), (KLING M.A., 2011), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (KASHUBA C. and al., 2005), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). La maladie respiratoire chronique est souvent asymptomatique en début d’évolution. Mycoplasma pulmonis est responsable d’une production excessive de mucus et d’une diminution de son élimination, ce qui favorise l’apparition des symptômes et le développement d’un biofilm protégeant les bactéries des antibiotiques, expliquant le caractère chronique et récidivant de l’affection. L’affection est plus fréquemment observée chez les rats adultes (de plus de 3 mois) à âgés et chez les animaux immunodéprimés. Une prédisposition génétique du rat, la virulence de la souche de Mycoplasma pulmonis, et de nombreux facteurs environnementaux, favorisant le développement d’infections respiratoires bactérienne ou virale, sont impliqués dans l’apparition clinique de l’affection (encadré 16). (LENNOX A.M., 2011a), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011). 204 Facteurs environnementaux favorisant le développement d’infections respiratoires bactérienne ou virale : • Conditions d’entretien : concentration en ammoniac élevée due à un nettoyage insuffisant de la litière, à une surpopulation ou à une mauvaise ventilation ; humidité trop élevée, litière à base de bois de pin ou de cèdre (irritante pour les voies respiratoires), • Alimentation inadaptée : carences nutritionnelle en vitamine A ou E, • Facteurs de stress : transport ou rupture dans les habitudes quotidiennes, manipulations, bruits excessifs, variations de température. Encadré 16 : Facteurs environnementaux favorisant le développement d’infections respiratoires bactérienne ou virale chez le rat. (KLING M.A., 2011), (KASHUBA C. and al., 2005), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (LENNOX A.M., 2011a), GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012). 2. Présentation clinique Lors de maladie respiratoire chronique, l’animal est relativement alerte ou au contraire abattu et léthargique. Il présente une diminution de l’appétit voire de l’anorexie et une perte de poids. Le mauvais état général se traduit aussi par un toilettage insuffisant à absent, associé à un pelage piqué, une déshydratation et une chromodacryorrhée autour des yeux et du nez (fig.54). Les signes d’atteinte respiratoire sont de type rhinite, sinusite et pneumonie : un épiphora et un jetage nasal, associé à des éternuements ou à des bruits respiratoires audibles lors de la respiration, sont observés. Une cyanose des muqueuses, une tachypnée associée à des efforts respiratoires, une dyspnée voire une détresse respiratoire aiguë et un arrêt respiratoire peuvent être présents. Les signes d’atteinte oculaire sont caractérisés par un épiphora, une chromodacryorrhée, un blépharospasme et une conjonctivite. Une otite moyenne ou interne est possible lors de l’extension de l’infection via la trompe d’Eustache, par Mycoplasma pulmonis, Streptococcus pneumoniae ou Pasteurella pneumotropica, et se traduit par un syndrome vestibulaire (torticolis, nystagmus ataxie, roulades ou marche sur le cercle), un prurit auriculaire et un port bas de l’oreille atteinte. Une atteinte de la région cervicale est parfois présente lors d’infection par le virus de la sialodacryoadénite avec une inflammation et un œdème des glandes salivaires submandibulaires et des nœuds lymphatiques cervicaux ; ou lors d’infection par Pasteurella pneumotropica avec une lymphadénite cervicale. Lors d’atteinte de l’appareil génital par Mycoplasma pulmonis, des troubles de la reproduction tels qu’une infertilité, une diminution de la taille des portées ou des résorptions embryonnaires, dues à une endométrite, sont possibles. (LENNOX A.M., 2011a), (LENNOX A.M., 2011b), (KLING M.A., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011). Figure 54 : Chromodacryorrhée autour des yeux, abattement et mauvais état général chez un rat présentant une tachypnée. Photographie personnelle réalisée au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 205 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes d’atteinte de l’appareil respiratoire supérieur : un corps étranger nasal, un traumatisme facial, une irritation respiratoire due à une litière poussiéreuse ou sale, un phénomène néoplasique (rare), - d’autres causes d’atteinte de l’appareil respiratoire profond : une pneumonie (principalement due à Streptococcus pneumoniae ou à Corynebacterium kutscheri), un traumatisme (contusions pulmonaires, hémothorax, pneumothorax), une cardiopathie, un phénomène néoplasique, - d’autres causes d’otite moyenne ou interne : une otite externe avec extension via la membrane tympanique, une tumeur de la glande de Zymbal (située à la base de l’oreille) parfois associée au développement d’une infection bactérienne secondaire ou d’un abcès, - d’autres causes de syndrome vestibulaire : une tumeur de la glande pituitaire, un traumatisme. (LENNOX A.M., 2011a), (LENNOX A.M., 2011b), (LENNOX A.M., 2011c), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011). 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être établi à partir des commémoratifs (âge, présence de facteurs favorisants), de l’anamnèse (durée d’évolution des signes, antécédents d’atteinte respiratoire, maladie intercurrente) et des signes cliniques. (LENNOX A.M., 2011a), (KLING M.A., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). Des examens complémentaires peuvent être effectués pour évaluer la sévérité de l’atteinte et établir un pronostic : - des radiographies thoraciques : peu de modifications pulmonaires sont en général visibles, mais cet examen peut permettre d’exclure une origine cardiaque ou néoplasique des troubles respiratoires et de formuler un pronostic si des zones multifocales d’infiltration pulmonaire (fig.55), compatibles avec une bronchiectasie, une consolidation des lobes pulmonaires ou une abcédation, sont visibles. Figure 55 : Radiographie thoracique de profil montrant des zones multifocales d’infiltration pulmonaires chez un rat présenté pour difficultés respiratoires chroniques. Remerciements au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. - des radiographies de la tête : cet examen est intéressant lors de syndrome vestibulaire pour visualiser les bulles tympaniques, mais difficile à réaliser du fait de la petite taille de l’animal. (LENNOX A.M., 2011a), (LENNOX A.M., 2011b), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012). Remarque : pour la visualisation des bulles tympaniques chez le rat, le scanner est l’examen le plus sensible. Des examens complémentaires permettant de confirmer le diagnostic par l’identification des agents pathogènes en cause sont également disponibles. Ces tests peuvent être coûteux et n’influencent pas la prise en charge de l’animal de compagnie, ils ne sont donc pas forcément nécessaires. En revanche, ils peuvent être intéressants dans le cadre de la pathologie d’élevage ou de grande colonie. Ils sont présentés ici pour information : 206 - un test sérologique de type ELISA : identification de Mycoplasma pulmonis, de Bordetella bronchiseptica, du bacille de CAR, de Streptococcus pneumoniae, du virus de la Sialodacryoadénite et du virus de Sendai, - un test PCR : identification de Mycoplasma pulmonis, de Bordetella bronchiseptica, du bacille de CAR, du virus de la Sialodacryoadénite et du virus de Sendai, - une culture bactériologique avec antibiogramme : identification des bactéries autres que Mycoplasma pulmonis, dont la culture est très difficile. (LENNOX A.M., 2011a), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (KLING M.A., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement de la maladie respiratoire chronique comprend : - une antibiothérapie systémique : l’utilisation d’une combinaison d’enrofloxacine (10 mg/kg PO, BID) et de doxycycline (5 mg/kg PO, BID) pendant 2 semaines minimum est le traitement de choix de cette affection. Des traitements à plus long-terme ou des traitements réguliers peuvent être nécessaires, du fait de la difficulté d’éliminer Mycoplasma pulmonis et de la fréquence des récidives. L’azithromycine (10 mg/kg SID pendant 5 jours puis 2 fois par semaine) est citée dans la littérature comme une alternative, dans le cas où le traitement précédent n’apporte plus d’amélioration. - l’administration de bronchodilatateurs : la terbutaline (0,01 mg/kg IM), peut être utilisée en cas de détresse respiratoire aiguë notamment, ou à plus long terme (0,3 à 0,4 mg/kg PO, BID), l’aminophylline ou la théophylline (10 mg/kg PO, BID), peuvent aussi être utilisées. - la réalisation de nébulisations : d’une durée de 10 à 15 minutes, jusqu’à 3 fois par jour. Divers protocoles sont possibles, celui que nous avons le plus utilisé comprend : du goménol (spécialité humaine), de la gentamycine, de la N-acétylcystéine (spécialité humaine) et du sérum physiologique (chlorure de sodium). - un traitement anti-inflammatoire : avec l’utilisation d’AINS comme le méloxicam (1 à 2 mg/kg PO ou SC, SID). (LENNOX A.M., 2011a), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (KLING M.A., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). Certains rats atteints de maladie respiratoire chronique sont fortement débilités ou dyspnéiques. Ils doivent être hospitalisés afin de mettre en place un traitement de soutien : - une oxygénothérapie, - une fluidothérapie : pour lutter contre la déshydratation et l’hypovolémie, - une alimentation assistée : pour les animaux anorexiques ou présentant des difficultés à s’alimenter dues à un syndrome vestibulaire. Le pronostic de guérison est mauvais car malgré le traitement, les animaux atteints restent porteurs des bactéries responsables de l’affection, qui récidive souvent. Les signes d’atteinte chronique avancée (bronchiectasie, consolidation pulmonaire, abcédation) péjorent le pronostic. (LENNOX A.M., 2011a), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). La prévention de cette affection repose sur la correction des facteurs favorisants : la cage doit être nettoyée et désinfectée régulièrement, la litière doit être non irritante et changée régulièrement, et la ventilation doit être suffisante. Il faut également limiter les facteurs de stress et proposer à l’animal une alimentation adaptée et de bonne qualité. (LENNOX A.M., 2011a), (GRAHAM J.E., SCHOEB T.R., 2011), (HARKNESS J.E. and al., 2010d). 207 b. Sialodacryoadénite virale 1. Etiologie, pathogénie La sialodacryoadénite virale est une affection fréquente et très contagieuse due à un Coronavirus : le virus de la sialodacryoadénite. Le virus se transmet par des aérosols ou par contact direct avec des sécrétions respiratoires. L’affection est plus fréquemment observée chez les rats jeunes (de moins de 3 mois) alors qu’elle est souvent subclinique chez les rats adultes. Certains facteurs vont favoriser le développement de l’infection (encadré 16). Le virus atteint les voies respiratoires, les glandes lacrymales (notamment la glande de Harder) et les glandes salivaires, provoquant œdème, inflammation et nécrose des épithéliums, d’où les signes cliniques observés lors d’infection. (KLING M.A., 2011), (LENNOX A.M., 2011d), (KASHUBA C. and al., 2005), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012). 2. Présentation clinique La sialodacryoadénite est caractérisée par des signes d’atteinte respiratoire, notamment une rhinite avec jetage nasal et éternuements. Des signes d’atteinte oculaire, tels qu’une chromodacryorrhée, un épiphora, une conjonctivite, un blépharospasme, un prurit oculaire, une exophtalmie et une kératoconjonctivite, sont présents. Les lésions oculaires sont unilatérales ou bilatérales. Secondairement, à cause du défaut de production de larmes, une kératite sèche, des ulcères cornéens, des synéchies, un hyphéma ou un glaucome peuvent se développer. Le prurit oculaire peut occasionner des lésions voire une perforation pouvant être à l’origine d’une uvéite bactérienne secondaire ou d’une panophtalmie. Des signes d’atteinte de la région cervicale comme un gonflement unilatéral ou bilatéral (caractéristique de l’affection et dû à l’atteinte des glandes salivaires cervicales et des nœuds lymphatiques cervicaux) ou parfois un prurit, associé à une dermatite bactérienne secondaire (le plus souvent à Staphylococcus aureus), peuvent être observés. Les animaux atteints présentent peu de modifications de l’état général : ils sont actifs et continuent à manger. L’affection se résout en général spontanément en 2 à 4 semaines avec peu de séquelles, sauf quelquefois au niveau oculaire. Un retard de croissance est parfois constaté. (KLING M.A., 2011), (LENNOX A.M., 2011d), (KASHUBA C. and al., 2005), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes d’atteinte respiratoire : une infection par Mycoplasma pulmonis, par le bacille de CAR ou par le virus de Sendai, une co-infection du virus de la sialodacryoadénite et de ces agents pathogènes lors de maladie respiratoire chronique, mais celle-ci est habituellement observée chez des rats adultes, - d’autres causes d’atteinte cervicale : une lymphadénite cervicale due à une infection bactérienne (par Pasteurella pneumotropica notamment), un phénomène néoplasique. (KLING M.A., 2011), (LENNOX A.M., 2011d). 4. Examens complémentaires et diagnostic Un diagnostic de suspicion peut être établi à partir des commémoratifs (âge, présence de facteurs favorisants), de l’anamnèse et des signes cliniques. (KASHUBA C. and al., 2005). 208 Des radiographies thoraciques et une culture bactériologique avec antibiogramme peuvent être réalisées pour identifier une infection bactérienne intercurrente mais ne permettent pas de confirmer le diagnostic. (LENNOX A.M., 2011d). Les examens complémentaires permettant un diagnostic de certitude par identification du virus sont les mêmes que ceux décrits pour la maladie respiratoire chronique et sont peu utilisés en pratique (voir Examens complémentaires et diagnostic de la maladie respiratoire chronique (IIIC.1a.4.). (LENNOX A.M., 2011d), (KLING M.A., 2011), (KASHUBA C. and al., 2005). 5. Traitement Il n’y a pas de traitement spécifique pour cette affection. Les animaux fortement débilités ou dyspnéiques doivent être hospitalisés afin de mettre en place un traitement de soutien comprenant une oxygénothérapie, une fluidothérapie et une alimentation assistée. Une pommade ophtalmique antibiotique peut être appliquée sur les yeux pour prévenir les infections bactériennes secondaires et lubrifier la cornée pendant la cicatrisation des glandes lacrymales. En cas de signes de douleur, un traitement anti-inflammatoire et analgésique doit être mis en place (voir Annexe 2). Afin de prévenir ou de traiter une infection bactérienne concomitante, notamment à Mycoplasma pulmonis, une antibiothérapie systémique à base d’une combinaison d’enrofloxacine (10 mg/kg PO, BID) et de doxycycline (5 mg/kg PO, BID) doit être mise en place pendant 2 semaines minimum. Si une culture bactériologique et un antibiogramme ont été effectués, l’antibiothérapie doit ensuite être adaptée. (LENNOX A.M., 2011d), (KLING M.A., 2011), (KASHUBA C. and al., 2005). 2. Affections de l’appareil digestif a. Malocclusion dentaire 1. Cause et pathogénie Les affections dentaires sont assez fréquentes chez les rongeurs de compagnie. Nous rappelons que, chez le rat, seules les incisives sont à croissance continue. L’émail des incisives est jaune à orangé et ne recouvre que la face labiale des dents. Les molaires, anélodontes, ont une petite couronne et des racines bien définies. De ce fait, les affections dentaires des incisives sont fréquentes alors que les affections dentaires des dents jugales sont rares et dues à une usure excessive. Des malocclusions congénitales des incisives sont décrites chez les jeunes rats en croissance. Cependant les malocclusions des incisives sont le plus souvent acquises, et liées à des traumatismes et à des fractures répétées, que les propriétaires ne remarquent généralement pas. Lors d’élongation excessive, les incisives mandibulaires s’allongent vers l’extérieur et les incisives maxillaires s’allongent en se recourbant vers l’intérieur (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b), (CAPELLO V., 2008). 2. Aspects cliniques, pronostiques diagnostiques, thérapeutiques et Les rats sont souvent présentés avec une malocclusion évidente des incisives. Tous les stades de malocclusion (de modérée à sévère) peuvent être observés. Le plus souvent les incisives mandibulaires sont légèrement allongées ou fracturées et les incisives maxillaires sont recourbées vers le palais et peuvent être responsable de blessure secondaire des lèvres, de la langue ou du palais dur, voire d’une perforation du palais dur associée à la formation de fistules oro-nasales. Les signes cliniques associés sont : une diminution de l’activité, une diminution de la prise alimentaire, une perte de poids et un ptyalisme. Chez le rat âgé, des 209 fractures et des caries des dents jugales sont parfois observées. Les signes d’atteinte des dents jugales sont alors caractérisés par un gonflement facial, pouvant être très volumineux, dû à une infection périapicale et à la formation d’un abcès, parfois associé à une atteinte des structures oculaires et périoculaires. Les infections périapicales suite à une malocclusion ou à une fracture des incisives sont également assez fréquentes. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). L’examen bucco-dentaire, essentiel dans le diagnostic de cette affection, reste limité à l’examen des incisives chez l’animal vigile. L’examen bucco-dentaire endoscopique sous anesthésie générale est donc incontournable. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b). Les radiographies de la tête sous anesthésie générale constituent l’examen complémentaire de choix. Plusieurs incidences doivent être réalisées : latérale (profil), obliques, ventro-dorsale et rostro-caudale (face). L’utilisation de films et de cassettes à haute définition (tels que ceux utilisés pour les mammographies) est crucial pour obtenir des détails assez précis de l’anatomie dentaire. L’utilisation du scanner se développe et est intéressant chez les petits mammifères car il permet la visualisation de détails impossibles à voir sur des radiographies du fait de la superposition des structures anatomiques. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). Le traitement consiste à effectuer, sous anesthésie générale, un parage des incisives avec les instruments appropriés : les dents doivent être limées (il ne faut pas les couper à la pince). En cas de fracture dentaire ou d’infection périapicale, une extraction des incisives peut être nécessaire. La technique chirurgicale est globalement la même que celle employée chez le lapin (encadré 2), elle est cependant plus compliquée du fait de la grande taille des incisives par rapport à celle de la mâchoire. En revanche, l’extraction de dents jugales est quasiimpossible du fait de la petite taille de l’animal. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b). Remarque : les incisives mandibulaires sont légèrement mobiles, de ce fait il faut faire particulièrement attention lors de leur parage ou de leur extraction car leur manipulation peut induire une séparation de la symphyse mandibulaire. Il existe également des risques de fractures des incisives maxillaires lors de leur extraction. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b). Le traitement est également médical : une analgésie et une antibiothérapie doivent être mises en place parallèlement au traitement dentaire (tableau 28). Une fluidothérapie et une alimentation par gavage à la seringue peuvent être nécessaires pour les animaux débilités. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b), (CAPELLO V., 2008), (CAPELLO V., LENNOX A.M., 2012). Antibiothérapie Analgésie Molécules le plus souvent utilisées pour le traitement des affections dentaires du rat • Triméthoprime/sulfamide : 15 à 30 mg/kg PO, BID, • Chloramphénicol : 30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, TID, • Azithromycine : 30 mg/kg PO, SID. • Enrofloxacine : 5 à 10 mg/kg PO, SC, IM, BID à SID Remarque : chloramphénicol et azithromycine sont notamment utilisés lors de suspicion d’infection à germe anaérobies. • Buprénorphine : 0,05 à 0,1 mg/kg SC, IM, toutes les 6 à 12 heures, • Méloxicam : 1 à 2 mg/kg PO, SC, IM, SID, • Tramadol : 1 à 4 mg/kg PO, toutes les 8 à 12 heures. Tableau 28 : Molécules le plus souvent utilisées dans le cadre du traitement médical des affections dentaires du rat. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b). Le pronostic des affections dentaires chez les rongeurs est plus réservé que chez le lapin. Chez le rat, le pronostic des malocclusions des incisives est bon en général mais il doit toujours être évalué au cas par cas en fonction de la sévérité de la malocclusion. La présence 210 de complications (fractures, infection péri-apicales) péjore le pronostic. En revanche, le pronostic des affections des dents jugales est sombre du fait du peu d’options thérapeutiques. (CAPELLO V., OGLESBEE B.L., 2011b), (CAPELLO V., 2008). b. Sialodacryoadénite virale Cette affection virale peut être associée à une atteinte des glandes salivaires. Se reporter à la partie sur les affections respiratoires (III.C.1.b). c. Maladie de Tyzzer 1. Etiologie, pathogénie La maladie de Tyzzer, causée par Clostridium piliforme, est une affection des rongeurs surtout fréquente chez la gerbille mais qui peut être observée chez le rat. La pathogénie de l’affection est la même que celle décrite pour le cochon d’Inde (voir Partie B, III.C.2.b.). Comme chez le cochon d’Inde, l’infection touche principalement les jeunes, notamment lors du sevrage. Les individus stressés ou immunodéprimés sont également prédisposés. De mauvaises conditions d’entretien ou un régime alimentaire inadapté sont d’autres facteurs favorisants. (JOHNSON D.H., 2011). 2. Présentation clinique L’infection peut être subclinique. Les signes cliniques varient en fonction de la sévérité de l’infection et peuvent être caractérisés par un abattement, une léthargie, une anorexie, un pelage piqué dû à une diminution du comportement de toilettage, une diarrhée avec souillure de la région périnéale, une douleur abdominale caractérisée par une posture antalgique « en prière », par une réticence à se déplacer ou par des grincements de dents ; une déshydratation et une hypothermie. En cas de septicémie, des signes neurologiques comme un torticolis ou des crises convulsives peuvent être observés. Parfois, une mort subite sans signe clinique est constatée. (JOHNSON D.H., 2011). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic comprend les autres causes d’entéropathies : un changement alimentaire, une entérite due à l’administration d’antibiotiques, une entérotoxémie (Clostridium spp.), une entérite bactérienne (Salmonella spp., Escherichia coli, Enterococcus, Helicobacter spp., Citrobacter rodentium), ou, beaucoup moins fréquemment, une entérite parasitaire due à des protozoaires (Giardia muris, Trichomonas muris, Eimeria spp.), à des cestodes (Rodentolepis spp.) ou à des nématodes (Syphacia spp., Aspicurulis tetraptera). (JOHNSON D.H., 2011), (RICHARDSON V.C.G., 2003). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic de suspicion repose sur les commémoratifs, l’anamnèse et les signes cliniques. Le diagnostic de certitude repose sur l’identification de Clostridium piliforme par une analyse histologique (voir Partie B, III.C.2.b.), par PCR ou par test sérologique ELISA. D’autres examens complémentaires peuvent être réalisés : - une analyse sanguine (numération-formule-sanguine et biochimie) : cet examen pourra mettre en évidence des signes d’infection, de déshydratation ou d’atteinte organique (notamment hépatique), - une coproscopie : dans le but d’exclure une origine parasitaire de l’entérite. - une coproculture : dans le but d’exclure une origine bactérienne de l’entérite. (JOHNSON D.H., 2011). 211 5. Traitement et pronostic Le traitement doit être mis en place rapidement et comprend : - une fluidothérapie, - une gestion de la douleur, - une alimentation assistée par gavage, - des mesures de réchauffement pour les animaux en hypothermie, - une antibiothérapie systémique : à base de tétracycline (10 à 20 mg/kg PO, TID à BID), d’oxytétracycline (10 à 20 mg/kg PO, TID), de chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO, TID) ou de métronidazole (20 mg/kg PO, BID). (JOHNSON D.H., 2011). Malgré le traitement mis en place, le pronostic de cette infection est très sombre car l’évolution est très rapide. (JOHNSON D.H., 2011). La prévention de cette affection passe par une bonne hygiène de l’environnement, par une alimentation adaptée et une limitation des situations stressantes. (JOHNSON D.H., 2011). 3. Affections de la peau, du pelage, des oreilles et/ou des pattes a. Gale notoedrique et Pseudogale à Radfordia ensifera 1. Etiologie, pathogénie Les ectoparasitoses sont fréquentes chez les rongeurs. La cause considérée comme la plus fréquente chez le rat varie d’un auteur à l’autre. Globalement, les deux acariens les plus décrits dans la littérature sont Notoedres muris (fig.56a) et Radfordia ensifera (fig.57a). La durée du cycle parasitaire est de 19 à 21 jours pour Notoedres muris et de 21 à 23 jours pour Radfordia ensifera. La transmission des parasites à lieu par contact direct. Les ectoparasitoses cliniques sont plus fréquemment observées chez les animaux très jeunes, âgés ou débilités. Les facteurs de stress environnementaux comme un défaut d’hygiène, une litière irritante ou une surpopulation favorisent l’infestation parasitaire et augmentent la durée de l’affection. (SCOTT D.W. and al., 2001), (ECKERMANN-ROSS C., 2011a), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (MEREDITH A., 2006d). Figure 56 : Notoedres muris (a) et lésions de gale notoedrique sur le museau (b) et le pavillon auriculaire (c) chez un rat. Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. Figure 57 : Radfordia ensifera (a) et lésions de pseudogale (présence de croûtes sur les épaules et la face) chez un rat. Remerciements à l’Unité de Dermatologie de VAS – Campus Vétérinaire de Lyon. 212 2. Aspects clinique, diagnostique, thérapeutique, pronostique et préventif Les aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques, pronostiques et préventifs de ces deux ectoparasitoses sont présentés dans le tableau 29. Notoedres muris Présentation clinique Diagnostic différentiel Diagnostic Traitement Pronostic Prévention Radfordia ensifera (fig.56b et c) (fig.57b) • Lésions : érythème, papules, croûtes • Lésions : alopécie, squames, prurit kératinisée jaunâtres, prurit intense et excoriations • Localisation : oreilles, nez, parfois • Localisation : tête, face dorsale du cou membres, abdomen ventral, queue et et épaules essentiellement. région génitale externe. • Complications possibles : dermatite bactérienne secondaire au prurit, la plupart du temps à Staphylococcus aureus. • Autres ectoparasitoses plus rares: Sarcoptes scabiei, Trixacarus diversus, Trixacarus caviae, Myobia musculi, Ctenocephalides felis, Polyplax spinulosa, Orthonyssus (ou Liponyssus) bacoti (ce parasite est rapporté beaucoup plus commun dans les régions tropicales mais possède un potentiel zoonotique et constitue un vecteur pour des agents zoonotiques), • Dermatite bactérienne, • Dermatophytose, • Traumatisme, morsures, picage par un congénère, • Lymphome cutané. • Commémoratifs, anamnèse et signes cliniques, • Identification du parasite : - Examen microscopique de raclage cutané ou de scotch test pour Radfordia ensifera, - Examen microscopique de raclage cutané ou de biopsie cutanée (notamment pour confirmer le diagnostic dans les cas réfractaires) pour Notoedres muris, • Cytologie cutanée pour exclure ou confirmer une dermatite bactérienne ou fongique, • Culture fongique et trichogramme pour exclure ou confirmer une dermatophytose, • Couper les griffes pour limiter l’automutilation liée au prurit, • Traitement antiparasitaire : pour l’animal atteint et tous les animaux en contact avec lui, - Ivermectine (traitement de choix) : 0,3 à 0,5 mg/kg SC, à un intervalle de 7 à 14 jours, 2 à 3 fois ou jusqu’à résolution des signes cliniques, - Sélamectine : 18 mg/kg, en spot on, 3 fois à un intervalle de 14 à 28 jours, - Moxidectine : 1 mg/kg, en spot on, 3 fois à un intervalle de 14 à 28 jours, - Fipronil : 7,5 mg/kg, en spot on, tous les mois à tous les 2 mois. • Nettoyer, désinfecter et traiter l’environnement avec un produit antiparasitaire adapté (par exemple une poudre à base de pyréthrine). • Traitement antibactérien : en cas de dermatite bactérienne secondaire au prurit : coupe des poils autour des lésions, nettoyage puis désinfection avec de la chlorhexidine diluée à 0,5 ou 1% et antibiothérapie locale ou systémique adaptée selon les résultats d’une bactériologie et d’un antibiogramme. Enrofloxacine et marbofloxacine sont généralement utilisées (voir Annexe 2). Bon pronostic, l’infestation par l’ectoparasite s’améliore voire se résout en 2 semaines. Mettre l’animal dans de bonnes conditions d’hygiène et d’entretien, limiter les contacts avec des animaux pouvant être porteurs d’ectoparasites. Tableau 29 : Aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et préventifs de la gale notoedrique et de la pseudogale à Radfordia ensifera chez le rat. (SCOTT D.W. and al., 2001), (ECKERMANN-ROSS C., 2011a), (MEREDITH A., 2006d), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (VIAUD S., 2009). 213 b. Pododermatite ulcérative 1. Cause et pathogénie La pododermatite ulcérative est une affection assez fréquemment observée chez le rat, bien qu’elle soit plus rare que chez le cochon d’Inde ou encore le lapin. Il s’agit d’une dermatite granulomateuse ulcérative chronique touchant les surfaces plantaires des membres postérieurs. Le maintien d’une pression sur la surface plantaire entraîne le développement de callosités puis d’une nécrose associée à une ulcération et à une infection bactérienne secondaire. Staphylococcus aureus est la bactérie le plus souvent isolée. De nombreux facteurs favorisent le développement de l’affection (encadré 17), notamment l’obésité. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b), (MEREDITH A., 2006d), (VIAUD S., 2009). Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le rat : • Inactivité due à l’obésité, • Traumatisme, • Mauvaises conditions d’entretien : surpopulation, petite cage responsable d’un confinement et d’un manque d’exercice, sol inadapté (rugueux, grillagé,…), litière abrasive, défaut d’hygiène de la litière, • Inactivité due à une maladie intercurrente (chez les rats âgés notamment): affection articulaire (exemple : arthrite), maladie chronique. Encadré 17 : Facteurs favorisant le développement d’une pododermatite chez le rat. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b), (MEREDITH A., 2006d), (VIAUD S., 2009). 2. Présentation clinique Les premiers signes de pododermatite sont une alopécie et un érythème des coussinets plantaires. Puis un œdème, des ulcères, des croûtes et une infection bactérienne secondaire peuvent être observés. Dans les cas très sévères, l’infection peut atteindre l’os ou les articulations et causer ostéomyélite, ostéoarthrite ou tendinite. L’animal atteint présente alors une forte réticence à se déplacer. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b), (MEREDITH A., 2006d). L’affection est douloureuse, les animaux atteints peuvent être léthargiques et anorexiques. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b). Chez le rat, une inflammation chronique peut être à l’origine d’une amyloïdose rénale, hépatique, splénique, surrénalienne ou pancréatique. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend toutes les affections pouvant se traduisant par une pododermatite, telles qu’un traumatisme, un abcès ou un phénomène néoplasique (fibrosarcome par exemple) ; mais aussi les affections responsables de boiterie (affection articulaire par exemple). (ECKERMANN-ROSS C., 2011b). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les données de l’anamnèse (détection de facteurs favorisants), sur les signes cliniques et sur l’exclusion des autres hypothèses. Les examens complémentaires à réaliser sont : - un examen cytologique d’un prélèvement de sérosités : une inflammation pyogranulomateuse et parfois des bactéries sont observées, - un examen histologique d’un échantillon prélevé par cytoponction à l’aiguille fine ou d’une biopsie : cet examen permet notamment l’exclusion d’autres hypothèses, comme une atteinte néoplasique ou un granulome. - une culture bactériologique, aérobie et anaérobie, avec antibiogramme : réalisée à partir d’un prélèvement de pus ou de sérosités profondes, 214 - une radiographie du membre atteint : afin de détecter la présence d’une ostéomyélite. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b), (MEREDITH A., 2006d). 5. Traitement, pronostic et prévention L’identification et la correction des facteurs favorisants sont primordiales pour la réussite du traitement et font également partie de la prévention de cette affection. En général, il faut : - utiliser une cage avec un fond solide nettoyée régulièrement et une litière adaptée (non abrasive, sans produit pouvant provoquer des irritations de contact (comme les huiles aromatiques)) changée régulièrement, pour éviter les blessures et les souillures des membres, - couper régulièrement les griffes des animaux pour éviter un mauvais appui du membre, - limiter l’obésité en donnant un régime alimentaire adapté et en favorisant progressivement l’exercice. (ECKERMANN-ROSS C., 2011b). Pour les cas débutants de pododermatite, la correction des facteurs favorisants, des soins topiques quotidiens, une analgésie et une antibiothérapie (en cas d’infection bactérienne secondaire) peuvent être suffisants pour limiter l’évolution de l’affection. Pour les cas chroniques et sévères, le traitement est long peut nécessiter une hospitalisation de l’animal. Il comprend : - des soins topiques quotidiens : nettoyage des plaies ou des ulcères avec une solution antiseptique (chlorhexidine diluée), puis, application de crème cicatrisante antiseptique ou antibiotique, - la mise en place de pansements : on utilise dans un premier temps des pansements à base d’hydrocolloïdes, puis des pansements rembourrés favorisants l’épithélialisation. La fréquence de changement dépend de la sévérité des lésions : dans les cas sévères, les changements de pansements doivent être quotidiens. Comme chez le lapin, l’utilisation de semelle en mousse fonctionne aussi très bien lors d’érythème sévère ou lors d’ulcère. Le principal désavantage des pansements est que, si certains rats les tolèrent très bien, la plupart vont rapidement les manger. - la mise en place d’une antibiothérapie systémique : adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme, pendant 2 à 6 mois. Les molécules utilisables chez le rat sont le triméthoprime/sulfamide (15 à 30 mg/kg PO, SC, BID), l’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID), le chloramphénicol (30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, TID), l’azithromycine (10 à 30 mg/kg PO, SID) et la pénicilline G (22000 UI/kg SC, IM, SID). - la gestion de la douleur et de l’inflammation : utilisation de buprénorphine (0,05 à 0,1 mg/kg SC, IM, toutes les 6 à 8 heures), de méloxicam (1 à 2 mg/kg PO, SC ou IM, SID) ou de tramadol (1 à 4 mg/kg PO, TID ou BID). (ECKERMANN-ROSS C., 2011b), (MEREDITH A., 2006d). c. Nécrose de la queue 1. Cause et pathogénie La nécrose de la queue est une affection spécifique des espèces de rongeurs à queue glabre, comme le rat et la souris. Cette affection touche les jeunes animaux non sevrés, âgés de 7 à 15 jours. Elle est plus fréquente pendant les périodes froides de l’année, c’est-à-dire de novembre à mai. L’étiologie de cette affection n’est pas clairement connue, bien que la cause soit vraisemblablement d’origine environnementale. Cette affection apparaît lorsque l’humidité relative de l’environnement est inférieure à 40% pendant plusieurs semaines. Une 215 baisse de l’humidité relative est favorisée par l’utilisation de cages entièrement grillagées, par l’utilisation d’une litière hygroscopique (absorbant l’humidité de l’air), par une ventilation excessive ou par l’utilisation de systèmes de chauffage qui assèchent l’air ambiant. Des carences nutritionnelles, notamment en acides gras essentiels, ou une déshydratation pourraient constituer d’autres facteurs favorisants. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (SCOTT D.W. and al., 2001), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (MEREDITH A., 2006d). 2. Présentation clinique L’affection se caractérise par l’apparition d’un ou plusieurs anneaux de constriction sur la queue. Dans les cas modérés, la queue reste avec ces anneaux de façon permanente. Dans les cas sévère, distalement aux anneaux de constriction, la queue devient œdémateuse, enflammée, puis sèche et nécrotique. Elle finit par tomber et la plaie cicatrise sans complication. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (SCOTT D.W. and al., 2001), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (MEREDITH A., 2006d). 3. Diagnostic, traitement et prévention Le diagnostic repose sur les commémoratifs (âge, identification de facteurs environnementaux favorisants) et sur les signes cliniques. Il n’existe aucun traitement spécifique pour cette affection. La seule action possible est la correction immédiate des facteurs favorisants, c’est-à-dire l’application de mesures de prévention, la principale étant de maintenir une humidité relative de l’environnement à 50% minimum. Il faut aussi utiliser une cage à fond solide avec une litière adaptée non hygroscopique, proposer une alimentation adaptée et limiter les facteurs de stress pour favoriser la cicatrisation de la plaie. (HARKNESS J.E. and al., 2010d), (SCOTT D.W. and al., 2001), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (MEREDITH A., 2006d). 4. Affections de l’appareil urinaire a. Insuffisance rénale chronique 1. Cause et pathogénie L’insuffisance rénale chronique est une affection très fréquente chez le rat âgé. Les signes cliniques peuvent apparaître dès l’âge de 12 à 14 mois. La principale cause est une néphrose chronique progressive. Il s’agit d’une glomérulosclérose progressive associée à une atteinte tubulo-interstitielle touchant de nombreux tubules contournés proximaux. Il en résulte une réduction de la fonction rénale se traduisant par une diminution de la capacité à concentrer les urines, par une protéinurie et par une rétention des déchets azotés issus du catabolisme protéique (azotémie). Les signes cliniques apparaissent plus tôt et sont plus sévères chez les mâles. L’alimentation joue un rôle important dans l’évolution de la néphrose chronique progressive : l’incidence et la sévérité de l’affection diminue chez les rats nourris avec un régime alimentaire à teneur restreinte en calories et en protéines (4 à 7%) et dont les sources de protéines alimentaires sont limitées. (PIGNON C., 2011a), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2003), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). 2. Présentation clinique Les signes d’insuffisance rénale chronique sont : une polyuro-polydipsie (souvent rapportée par le propriétaire), une déshydratation, une pâleur des muqueuses, une diarrhée ou au contraire une diminution de la production de selles, et des signes d’atteinte de l’état général comme une léthargie, un pelage piqué, une réticence à se déplacer, une anorexie et une perte de poids voire une cachexie. La palpation abdominale peut parfois mettre en évidence des reins hypertrophiés (lors de néphrose chronique progressive) ou de petite taille, 216 et à la surface irrégulière. Dans les stades avancés d’insuffisance rénale, un hydrothorax, de l’ascite ou des signes neurologiques tels qu’une ataxie, des crises convulsives ou un coma peuvent être observés. (PIGNON C., 2011a), (RICHARDSON V.C.G., 2003). 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : - d’autres causes d’insuffisance rénale : des calculs rénaux, une glomérulonéphrite, une pyélonéphrite due à une infection ascendante du tractus urinaire d’origine bactérienne ou parasitaire (Trichosmoides crassicauda), un diabète sucré, une obstruction urinaire chronique due à un bouchon protéique (chez le mâle) ou à un calcul, une néphrocalcinose (plus fréquent chez la femelle, facteurs alimentaires favorisants : carence en magnésium, excès de calcium ou de phosphore alimentaire, faible rapport phosphocalcique), un processus néoplasique (lymphome par exemple), une amyloïdose, - d’autres causes de polyuro-polydipsie : une hypercalciurie, un pyomètre, une insuffisance hépatique, un diabète sucré, un trouble comportemental, - d’autres causes de néphromégalie : une tumeur rénale (carcinome, adénome ou adénocarcinome), une hydronéphrose, un abcès rénal, une polykystose rénale. (PIGNON C., 2011). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (âge, alimentation), sur l’anamnèse, sur les signes cliniques et sur les résultats des examens complémentaires suivants : - une analyse biochimique : élévation de l’urée et de la créatinine, hyper ou hypocalcémie, hyperphosphatémie, hyperkaliémie sont les principales anomalies observées lors d’insuffisance rénale chronique. - une numération-formule-sanguine : une anémie non régénérative est parfois observée lors d’insuffisance rénale chronique. Lors de pyélonéphrite, une leucocytose est parfois constatée. - une analyse d’urine : l’urine peut être prélevée par taxis ou par cystocentèse. L’analyse met en évidence une protéinurie significative, notamment lors de néphrose chronique progressive, une isosthénurie liée à l’incapacité de concentrer les urines, et la présence de sédiments, notamment des cristaux de struvite. - une échographie abdominale : cet examen permet d’évaluer l’ensemble du tractus urinaire et de mettre en évidence des anomalies (pyélonéphrite, kystes rénaux, abcès rénal, phénomène néoplasique ou dégénératif, hydronéphrose, hydro-uretère). Cet examen permet également de réaliser des cytoponctions à l’aiguille fine échoguidées. - une radiographie abdominale : cet examen peut mettre en évidence des calculs vésicaux ou rénaux et peut être utile pour évaluer la taille des reins. (PIGNON C., 2011a). Remarque : une protéinurie modérée est normale chez le rat adulte en bonne santé. (PIGNON C., 2011a). 5. Traitement et pronostic L’insuffisance rénale chronique à tendance à progresser au fil du temps. Le traitement est uniquement palliatif et repose sur : - une fluidothérapie SC : tous les jours à tous les deux jours. En cas de crise urémique, l’animal doit être hospitalisé afin de corriger rapidement (en 4 à 6 heures) le déficit en fluide par la mise en place d’une fluidothérapie IO ou SC. Il est important de limiter le stress de l’animal, de surveiller la diurèse et de surveiller l’éventuelle apparition de signes d’hypervolémie, au quel cas il faut interrompre la fluidothérapie et administrer un diurétique. 217 - une alimentation assistée par gavage : pour les animaux anorexiques, éventuellement associée à l’administration d’antiacides comme la cimétidine (5 à 10 mg/kg PO ou SC, TID à BID) ou la ranitidine (2 mg/kg IV SID ou 2,5 mg/kg PO, BID). - une antibiothérapie : adaptée en fonction des résultats d’une culture bactériologique et d’un antibiogramme, dans les cas de complication de néphrite ou de pyélonéphrite. - des modifications alimentaires : il faut favoriser la consommation d’eau en augmentant le nombre de points d’eau, en proposant à l’animal des légumes verts feuillus variés, nettoyés, puis mixés avec de l’eau ou imbibés d’eau, des granulés imbibés d’eau ou des purées de légumes pour bébé. Il faut apporter à l’animal un régime alimentaire peu calorique avec un rapport phosphocalcique correct et avec un faible taux de protéines. (PIGNON C., 2011a), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012). L’administration d’érythropoïétine (50 à 150 UI/kg SC tous les 2 à 3 jours, puis tous les 7 à 14 jours lorsque la numération rouge s’est normalisée) ou une supplémentation en fer peuvent être ajoutées pour les animaux présentant une anémie chronique sévère. L’utilisation de stéroïdes anabolisants et de vitamine B est rapportée dans la littérature car ils ont des effets orexigène et stimulent l’érythropoïèse. (PIGNON C., 2011a), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (JOHNSON-DELANEY C.A., 1998). Les acides gras oméga-3 et les chélateurs du phosphore (comme l’hydroxide d’aluminium) ont aussi des effets bénéfiques. (PIGNON C., 2011a). Des contrôles doivent être effectués régulièrement (tous les 1 à 3 mois) en fonction de la sévérité de l’insuffisance rénale chronique et du traitement mis en place. (PIGNON C., 2011a). Le pronostic de l’insuffisance rénale chronique à court terme varie en fonction de la sévérité de l’atteinte rénale au moment du diagnostic. A long terme, le pronostic est sombre. La qualité de vie du rat insuffisant rénal et l’euthanasie doivent être abordées avec le propriétaire. (PIGNON C., 2011a). 5. Affections de l’appareil génital a. Tumeurs mammaires 1. Pathogénie Les tumeurs mammaires sont les tumeurs les plus fréquentes chez le rat. Elles sont plus fréquentes chez les rats âgés de plus d’un an et touchent aussi bien les femelles que les mâles, bien qu’elles soient plus fréquentes chez les femelles (30 à 90% des femelles entières contre 16% des mâles entiers). Dans plus de 80% des cas, il s’agit d’un fibroadénome, tumeur bénigne mais récidivant fréquemment. Les adénocarcinomes représentent 10 à 20% des cas et sont des tumeurs malignes possédant un faible caractère invasif localement et métastasant tardivement. (PIGNON C., 2011b), (BENNETT R.A., 2012b), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GREENACRE C.B., 2004). Les tumeurs mammaires du rat sont sensibles à la prolactine, hormone produite à chaque œstrus (soit tous les 3 à 5 jours) qui favorise la multiplication des cellules tumorales et inhibe leur apoptose, expliquant ainsi la croissance rapide de la masse observée. La gestation, la lactation ou la sécrétion de prolactine par la tumeur mammaire elle-même ou par un adénome pituitaire peuvent accélérer la croissance de la tumeur. (PIGNON C., 2011b), (BENNETT R.A., 2012b). 2. Présentation clinique Le tissu mammaire est très extensif chez le rat, de ce fait, les tumeurs mammaires peuvent se développer dans des localisations très variées : au niveau des épaules, du cou, de l’abdomen, des flancs, de la région inguinale ou de la région périnéale. A l’examen, la masse 218 est ferme et de forme globalement sphérique (fig.58). Elle est le plus souvent simple et non adhérente aux tissus sous-jacents. Sa taille est très variable, elle peut rapidement atteindre plusieurs centimètres de diamètre (8 à 10 cm), ce qui peut gêner le déplacement de l’animal. La masse peut également s’ulcérer et devenir hémorragique et nécrotique, ce qui favorise les infections bactériennes secondaires. (PIGNON C., 2011b), (BENNETT R.A., 2012b), (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (GREENACRE C.B., 2004). Remarque : la palpation d’une masse de forme peu sphérique et adhérente au plan musculaire sous-jacent doit faire suspecter une tumeur maligne. (PIGNON C., 2011b). Figure 58 : Tumeur mammaire chez une ratte, observée avant et après excision chirurgicale. Photographies personnelles réalisées au Service NAC et Faune Sauvage de l’ENVT. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend : un abcès sous-cutané, un lipome, une hyperplasie mammaire, une mammite, un autre phénomène néoplasique. (PIGNON C., 2011b). 4. Examens complémentaires et diagnostic Le diagnostic repose sur les commémoratifs (âge), sur l’anamnèse (croissance rapide d’une masse) et sur l’examen de la masse. Le principal examen complémentaire pouvant être réalisé est l’examen cytologique d’une cytoponction à l’aiguille fine de la masse, car il peut aider à déterminer la nature de celle-ci. En cas de suspicion d’un adénocarcinome, des radiographies thoraciques et un examen cytologique d’une cytoponction à l’aiguille fine du nœud lymphatique régional (axillaire ou inguinal) peuvent être effectués pour rechercher la présence d’éventuelles métastases. Le diagnostic de certitude est obtenu après analyse histologique de la masse. (PIGNON C., 2011b). 5. Traitement, pronostic et prévention Le traitement repose sur l’excision chirurgicale de la masse. Celle-ci doit être effectuée le plus rapidement possible. Du fait du caractère extensif du tissu mammaire chez le 219 rat, il est impossible de retirer toute la chaîne mammaire. L’exérèse consiste donc à retirer la tumeur en conservant le maximum de tissu cutané pour faciliter la suture (encadré 17). En postchirurgical, il faut surveiller la suture car certains rats peuvent s’y attaquer, surveiller les signes de douleur, surveiller l’appétit et limiter l’activité de l’animal. La suture doit être réévaluée une semaine après l’opération puis des contrôles doivent être effectués tous les deux mois pour surveiller l’apparition d’une récidive. (PIGNON C., 2011b). Parallèlement à la chirurgie, le traitement comprend : - une gestion de la douleur : par l’utilisation d’analgésiques comme la buprénorphine (0,05 à 0,1 mg/kg SC ou IV, toutes les 6 à 8 heures) ou la morphine (2 à 5 mg/kg IM, toutes les 4 heures), et par l’utilisation d’AINS comme le méloxicam (1 à 2 mg/k SC ou PO, SID), - une antibiothérapie : à base d’enrofloxacine (5 à 10 mg/kg PO, BID) ou de triméthoprime-sulfamide (15 à 30 mg/kg PO, BID) dans les cas où la masse est ulcérée, - une fluidothérapie et une alimentation assistée par gavage : pour les animaux débilités et anorexiques. (PIGNON C., 2011b). Technique chirurgicale d’exérèse de tumeur mammaire chez le rat : • Incision : - Masse de taille modérée non ulcérée : incision simple de la peau sur la tumeur, - Masse de taille importante et ulcérée ou tumeur dont la nature maligne est confirmée : incision en côte de melon avec des marges larges, la peau couvrant la tumeur ne pouvant être conservée, • Dilacération progressive, aux ciseaux, du tissu sous-cutané afin de le séparer de la tumeur, jusqu’à la base de celle-ci, • Hémostase : identification, ligature et section des vaisseaux irrigants la tumeur (au moins une artère et une veine, de taille relativement importante), • Section et exérèse de la tumeur avec le plus tissu mammaire avoisinant possible, • Parage de l’excès de peau éventuel tout en conservant assez de tissu pour une suture sans tension, • Suture sous-cutanée (avec points d’attache au tissu musculaire sous-jacent pour limiter les espaces morts) ou intradermique par un surjet simple, • Suture cutanée avec de la colle chirurgicale pour limiter le risque d’automutilation par l’animal (que la présence de points favorise). Encadré 18 : Technique chirurgicale d’exérèse de tumeur mammaire chez le rat. (PIGNON C., 2011b), (BENNETT R.A., 2012b). Le pronostic de cette affection est assez bon chez le rat : l’animal récupère en général sans complication après la chirurgie mais les récidives sont fréquentes. (PIGNON C., 2011b), (GREENACRE C.B., 2004). L’ovariohystérectomie permet de prévenir les récidives et la survenue des tumeurs chez les femelles. Il est recommandé d’effectuer la stérilisation vers l’âge de 90 jours. Les effets de la castration chez le mâle dans la survenue de ces tumeurs n’ont pas été étudiés. (PIGNON C., 2011b), (BENNETT R.A., 2012b), (GREENACRE C.B., 2004). Remarque : Dans l'avenir, une alternative à la stérilisation chirurgicale chez le rat pourrait être la pose d'un implant de desloréline. Une étude récente a en effet montré que l'utilisation d'un implant de 4,7 mg permet d'obtenir une stérilisation chimique et que les effets secondaires semblent rares et bénins. (GROSSET C. and al., 2011). Cependant, l'efficacité de ce traitement dans le cadre de la prévention des tumeurs mammaires dans cette espèce doit encore être étudiée. 220 6. Affections oculaires a. Sialodacryoadénite virale Cette affection virale peut être associée à une atteinte oculaire. Se reporter à la partie sur les affections respiratoires (III.C.1.b.). 7. Affections nerveuses a. Adénome de la glande pituitaire 1. Pathogénie L’adénome de la glande pituitaire (ou adénome hypophysaire) est la tumeur endocrinienne la plus fréquente chez le rat âgé. Il s’agit de l’une des tumeurs les plus fréquentes dans cette espèce. Chez certaines souches de rats de plus de 2 ans, la prévalence de cette affection est supérieure à 80%. (MAYER J. and al., 2011), (GREENACRE C.B., 2004), (COLLINS B.R,, 2008), (RICHARDSON V.C.G., 2003). Les adénomes pituitaires du rat sont classés en fonction de leur affinité pour les colorants (chromophobe, acidophile, basophile ou mixte) et en fonction de leur composition cellulaire et de l’activité endocrinienne qui y est associée (par identification des hormones sécrétées et des caractéristiques ultrastructurales de la tumeur). Il en résulte que les adénomes pituitaires les plus fréquents sont prolactino-sécrétant, à faible granulation et chromophobes. (MAYER J. and al., 2011), (GREENACRE C.B., 2004), (COLLINS B.R,, 2008). Plusieurs facteurs favorisants le développement des adénomes pituitaires sont évoqués dans la littérature : - L’âge : chez le rat âgé, l’activité de la dopamine diminue. Or cette hormone sécrétée par l’hypothalamus est la seule à réguler la production de prolactine, en inhibant sa sécrétion par l’hypophyse. La disparition du contrôle inhibiteur entraîne le développement d’une hyperplasie de la glande pituitaire au niveau du site de production de la prolactine. Cette hyperplasie évolue par la suite en tumeur, le plus souvent prolactino-sécrétante, expliquant le taux important d’adénomes sécrétant de la prolactine chez les rats âgés. Il en résulte une augmentation de la production de prolactine et donc une augmentation de sa concentration sanguine. - Le sexe : les œstrogènes semblent favoriser le développement des adénomes pituitaires. De ce fait les femelles non stérilisées seraient plus prédisposées au développement de l’affection. L’hypothèse de l’influence du sexe sur le développement de la maladie est cependant controversée. - L’alimentation : un régime alimentaire riche en calories et notamment en protéines, et l’obésité qui en découle, prédisposent fortement les rats, quel que soit le sexe, au développement de l’affection. (MAYER J. and al., 2011), (VANNEVEL J.Y., 2006), (GREENACRE C.B., 2004), (COLLINS B.R,, 2008), (RICHARDSON V.C.G., 2003). Ces adénomes peuvent atteindre une taille relativement importante, de l’ordre de 5 mm ou plus. Ils présentent souvent de larges zones hémorragiques et sont aussi associés à des hémorragies en périphérie de la tumeur. La taille de la tumeur ou la présence d’un caillot sanguin volumineux dans la région de l’hypophyse peuvent être à l’origine d’une compression du tissu cérébral. (MAYER J. and al., 2011), (VANNEVEL J.Y., 2006), (GREENACRE C.B., 2004), (COLLINS B.R,, 2008). 221 2. Présentation clinique Les signes cliniques sont dus à la compression du système nerveux central : une augmentation du polygone de sustentation, un torticolis, des déficits proprioceptifs, une ataxie ou une parésie d’un ou plusieurs membres (fig.59), des chutes, des réflexes médullaires spontanés lorsque l’animal essaye de se déplacer, et parfois une marche sur le cercle ou des convulsions peuvent être observés. Une amaurose peut être présente lors de compression du nerf ophtalmique. Chronologiquement, les propriétaires rapportent la plupart du temps l’apparition d’une « faiblesse » progressive, débutant au niveau des membres antérieurs, avec un rat présentant des difficultés à attraper et à manger sa nourriture, puis évoluant vers une atteinte des membres postérieurs. Des signes d’atteinte de l’état général sont également présents et se caractérisent par une chromodacryorrhée et une anorexie associée à une perte de poids rapide et potentiellement importante. La mort survient assez rapidement après l’apparition des signes cliniques. (MAYER J. and al., 2011), (VANNEVEL J.Y., 2006), (GREENACRE C.B., 2004), (COLLINS B.R,, 2008), (RICHARDSON V.C.G., 2003). Remarque : les déficits proprioceptifs peuvent être difficiles à évaluer par les tests des réactions posturales chez le rat, une évaluation visuelle lors du déplacement de l’animal est souvent plus aisée. (VANNEVEL J.Y., 2006). Figure 59 : Ataxie et parésie des membres postérieurs chez un rat âgé. Photographie personnelle réalisée au Service NAC de l’ENVA. 3. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend notamment les autres causes de « faiblesse » ou de paralysie des membres postérieurs : un traumatisme, la myélopathie dégénérative, une affection dégénérative des disques vertébraux (notamment en région lombaire), un accident vasculaire cérébral. (RICHARDSON V.C.G., 2003). 4. Examens complémentaires et diagnostic Les commémoratifs (âge, alimentation), l’anamnèse (apparition d’une faiblesse) et les signes cliniques suggérant une atteinte nerveuse centrale doivent faire suspecter un adénome pituitaire. L’examen complémentaire de choix est l’IRM (fig.60). Cependant cet examen présente un certain coût et n’est pas toujours accessible en pratique. (MAYER J. and al., 2011), (VANNEVEL J.Y., 2006). Figure 60 : IRM en coupe sagittale de la tête d’un rat montrant la présence d’une tumeur de l’hypophyse (flèche blanche). Remerciements au Dr. PIGNON (crédit photographique : Service d’imagerie de l’Université de Tufts, USA). 222 5. Traitement, pronostic et prévention Aujourd’hui, un traitement palliatif existe : il s’agit de la cabergoline, utilisée à 0,6 mg/kg PO tous les 3 jours. La cabergoline est un agoniste de la dopamine agissant sur les récepteurs dopaminergiques de l’hypophyse, aboutissant au rétablissement du contrôle inhibiteur de la sécrétion de la prolactine. Cela a pour effet de faire régresser temporairement la taille de la tumeur. La diminution de la compression cérébrale se traduit par une amélioration rapide, bien que transitoire, des signes cliniques. Ce traitement peut ainsi permettre de prolonger la vie de l’animal pendant plusieurs mois. (MAYER J. and al., 2011). Remarque : La concentration de la cabergoline dans la préparation commerciale (Galastop®) est de 0,05 mg/mL (la posologie chez le chien étant de 0,1 mL/kg). Il est donc utile de faire reconditionner la cabergoline à une concentration de 2 mg/mL (MAYER J. and al., 2011) afin de ne pas avoir un volume trop important à administrer oralement (à la concentration initiale cela représenterait 3,6 mL pour un rat de 300g !), car cela peut être stressant pour l’animal. Le pronostic de cette affection, reste cependant sombre à plus ou moins long terme et l’euthanasie doit être décidée en accord avec le propriétaire dans le cas où le traitement n’est pas efficace ou que les signes cliniques réapparaissent. (MAYER J. and al., 2011). La prévention de cette affection repose sur une bonne gestion des apports protéiques et caloriques de l’alimentation, dès le plus jeune âge. (COLLINS B.R,, 2008). b. Radiculoneuropathie 1. Pathogénie et présentation clinique La radiculoneuropathie, aussi appelée myélopathie dégénérative, est une affection assez fréquente chez le rat âgé de 2 ans ou plus, due à une dégénérescence des racines des nerfs spinaux, provoquant une perturbation de la fonction motrice. Les signes cliniques sont caractérisés par une ataxie et une parésie ou une paralysie des membres postérieurs (fig.59) pouvant mener au développement de callosités puis de plaies sur les membres, par une perte du contrôle des mouvements de la queue et par une incontinence associée à une souillure de l’animal par l’urine. Une perte de poids peut aussi être observée. (BROWN C., DONNELLY T.M., 2012), (RICHARDSON V.C.G., 2003). 2. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel comprend les autres causes d’atteinte de la fonction motrice : un traumatisme, un adénome pituitaire, une affection dégénérative des disques vertébraux, (notamment en région lombaire), un accident vasculaire cérébral. (RICHARDSON V.C.G., 2003). 3. Examens complémentaires et diagnostic L’IRM est un examen complémentaire qui peut permettre d’exclure certaines hypothèses, cependant cet examen présente un coût important et n’est pas toujours facilement accessible en pratique. 4. Traitement, pronostic et prévention Il n’y a pas de traitement spécifique pour cette affection. Il faut garder l’animal dans un environnement confortable, avec une litière propre et épaisse. Le pronostic de cette affection est sombre. Si le rat ne peut plus se déplacer pour atteindre son eau ou sa nourriture ou que des plaies se développent sur les membres, l’euthanasie doit être sérieusement envisagée. (RICHARDSON V.C.G., 2003). 223 224 Conclusion Parmi les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC), le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat sont les petits mammifères les plus fréquemment présentés en consultation chez le vétérinaire. Comme pour les autres espèces de mammifères domestiques habituellement rencontrées par les vétérinaires, la médecine des NAC repose sur des connaissances relatives à l’espèce (anatomie, physiologie, conditions d’entretien), à son abord en consultation (contention, réalisation de certains gestes techniques) et à ses maladies et leurs traitements. Notre guide, sans se prétendre exhaustif, aborde les informations essentielles de ces différents axes de connaissances afin d’aider le vétérinaire à appréhender au mieux la médecine de ces animaux. Actuellement, une part non négligeable des maladies les plus observées chez le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat est favorisée par des conditions d’entretien inadaptées. Dans les années à venir, grâce aux conseils apportés par les vétérinaires aux propriétaires de NAC et grâce aux évolutions de la médecine, la fréquence de ces maladies pourrait diminuer au profit d’affections considérées comme rares aujourd’hui. Il est important de souligner que les approches clinique et diagnostique sont les mêmes, quelle que soit l’espèce de mammifère concernée. Ainsi, un vétérinaire devrait appliquer le même raisonnement pour un NAC que pour un chien ou un chat. En revanche, les possibilités thérapeutiques ne sont pas toujours transposables d’une espèce à l’autre et nécessitent une connaissance de la part du vétérinaire: peu de molécules possèdent une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les NAC, certaines sont relativement dangereuses ou toxiques et sont à proscrire. Il est souhaitable que les laboratoires pharmaceutiques s’adaptent à la croissance de ce domaine de la médecine vétérinaire en proposant des produits avec AMM pour les NAC et à des concentrations adaptées à la taille de ces animaux. 225 226 Bibliographie ANTINOFF N., WILLIAMS B.H. (2012). Neoplasia – Section I : Ferrets. 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MED VET 2012, Le recueil des spécialités à usage vétérinaire (page consultée le 31 octobre 2012). SUPRELORIN® 9,4mg implant pour chiens et furets, In : MED VET 2012, Le recueil des spécialités à usage vétérinaire [en ligne] Adresse URL : http://www.med-vet.fr/detail_medicament.php?id=2307 236 Annexe 1 : Notice du vaccin Nobivac® Myxo-RHD 237 Annexe 2 : Récapitulatif des molécules les plus utilisées chez le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat Remarque préliminaire concernant toutes les espèces : l’antibiothérapie doit être conduite de façon raisonnée, en utilisant prioritairement les antibiotiques de première génération. Les antibiotiques de dernière génération, tels que les quinolones, doivent être utilisés en seconde intention et en fonction des résultats d’un antibiogramme. LE LAPIN Molécules Posologie, voie d’administration et fréquence Antibiotiques Azithromycine 30 mg/kg PO, TID Céfazoline Chloramphénicol Enrofloxacine bille: 2g/20g de polyméthylméthacrylate 25 à 50 mg/kg PO, SC ou IM, BID • 5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM, BID (diluer avant injection SC ou IM car risques de nécrose) Gentamicine • 10 mg/kg PO, BID • 5 mg/kg IM ou SC, SID • bille: 1g/20g de polyméthylméthacrylate Marbofloxacine Métronidazole 2 à 5mg/kg PO, SC, SID • 20 mg/kg PO ou IV, BID Pénicilline G (procaïne ou benzathine) Tetracycline Tobramycine Triméthoprime/ sulfamide • 30 mg/kg PO, BID • 40000 UI/kg SC stricte SID, 2 semaines puis tous les 2 jours, 2 semaines • 40000 à 60000 UI/kg SC stricte tous les 2 à 7 jours • 42000 à 84000 UI/kg SC stricte tous les 7 jours ou 40000 à 60000 UI/kg SC stricte SID, 5 jours • 50 mg/kg PO, BID • 20 mg/kg SC ou PO, BID bille: 1g/20g de polyméthylméthacrylate 30 mg/kg PO, BID Sulfadiméthoxine 10 à 15 mg/kg PO, BID Albendazole 7,5 à 20 mg/kg PO, SID Eprinomectine Fenbendazole Imidaclopride Ivermectine Lufénuron Métronidazole 0,2 à 0,3 mg/kg SC ou 2mg/kg Spot On, 1 fois 20 mg/kg PO, SID 10 à 16mg/kg (ou 1 pipette Chat) Spot On, 1 fois 0,4 mg/kg SC, q7 – 14 jours, 3 fois 30 mg/kg PO, 1 fois/mois 20 mg/kg PO, BID Moxidectine (M)/ Imidaclopride (I) Moxidectine 1 mg/kg (M) + 10 mg/kg (I) Spot On, q28 jours, 3 fois 0,2 mg/kg SC, q10 jours, 2 fois Indications ou commentaires Pasteurellose, affections dentaires (+/Métronidazole), Abcès sous-cutané Pasteurellose, syphilis • Pasteurellose, affections dentaires, cellulite, dermatite suintante, abcès souscutané (+/-Métronidazole), infection urinaire, mammite, encéphalitozoonose • Entérite à Escherichia coli, • Dermatite suintante • Abcès sous-cutané A utiliser avec précaution Pasteurellose • Affections dentaires, entérites à Clostridium spp., • Abcès sous-cutané (+/- Enrofloxacine) •Pasteurellose, nécrobacillose, abcès sous-cutané •Affections dentaires • Syphilis • Pasteurellose • Nécrobacillose Abcès sous-cutané Pasteurellose, affections dentaires, entérite à Escherichia coli, coccidiose, infection urinaire, mammite Antiparasitaires Encéphalitozoonose A utiliser avec précaution Gale auriculaire Encéphalitozoonose Gale auriculaire, pulicose : adulticide Cheyletiellose, gale auriculaire, myiase Pulicose : larvicide Antibiotique ayant des propriétés antiprotozoaires. Gale auriculaire Gale auriculaire 238 Pyréthrines Spot On, 1 fois/semaine au besoin Sélamectine 6 à 18 mg/kg Spot On, q14 – 28 jours, 2 à 3 fois Sulfadiméthoxime Sulfaquinoxaline Toltrazuril 50 mg/kg PO le 1er jour puis 25 mg/kg PO, SID 1 mg/mL d’eau 2,5 à 10 mg/kg PO, SID Clotrimazole Griséofulvine Application topique, SID à BID 12,5 à 25 mg/kg PO, SID à BID Itraconazole • 5 à 10 mg/kg PO, SID • 20 à 40 mg/kg PO, SID 10 à 40 mg/kg PO, SID Application topique, SID à BID Pulicose (Utiliser un produit d’utilisation sure chez le chiot et le chaton) Cheyletiellose, gale auriculaire, gale sarcoptique Coccidiose Coccidiose Coccidiose Antifongiques Kétoconazole Miconazole Dermatophytose Dermatophytose A utiliser avec précaution • Dermatophytose • Aspergillose Dermatophytose Dermatophytose Autres Bénazépril Cimétidine Digoxine Enalapril Furosémide Métoclopramide Pimobendan Ranitidine Sucralfate 0,25 à 0,5 mg/kg PO, SID 5 à 10 mg/kg PO, SC, IM ou IV, BID ou TID 0,005 à 0,01 mg/kg PO, SID à BID 0,1 à 0,5 mg/kg PO, tous les jours ou tous les 2 jours 1 à 3 mg/kg PO, SID à TID 1 à 4 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 4 à 6 heures 0,2 à 0,5 mg/kg SC ou PO, BID 0,1 à 0,3 mg/kg PO, SID à BID 2 mg/kg IV, SID 2 à 5 mg/kg PO, BID 25 mg/kg PO, BID à TID, à différer de l’administration des autres médicaments Affections cardiaques Ulcères digestifs Insuffisance cardiaque, fibrillation atriale Affections cardiaques Attention aux effets hypotenseurs Epanchements, insuffisance cardiaque Entérite mucoïde, stase digestive Cardiomyopathie dilatée, maladie valvulaire Ulcères digestifs Pansement digestif Anti-inflammatoires Carprofen Méloxicam Dexaméthasone Prednisone 1 à 4 mg/kg SC, SID ou BID 1 à 2,2 mg/kg PO, SID ou BID 0,2 à 0,5 mg/kg PO ou SC, SID 0,2 à 0,6 mg/kg SC, IM, IV 1 fois 0,5 à 1 mg/kg PO puis diminuer la dose, BID 0,5 à 2 mg/kg PO, BID A ces posologies, la concentration plasmatique obtenue est inférieure à celle permettant un effet analgésique chez l’homme. L’effet analgésique chez le lapin n’est donc pas prouvé et il pourrait être nécessaire d’utiliser des posologies plus élevées (≥0,5mg/kg) mais des études d’efficacité et de sécurité doivent être menées. (CARPENTER J.W. and al., 2009) Rarement indiqué, utiliser avec précaution et ajouter un protecteur gastrique Analgésiques Buprénorphine Butorphanol Fentanyl Morphine 0,01 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 8 à 12 heures 0,1 à 1 mg/kg SC, IM ou IV, toutes les 4 à 6 heures 30 à 100 µg/kg/min IV (CRI) 0,5 à 2 mg/kg SC, IM, toutes les 2 à 4 heures 5 à 10 mg/kg SC, IM, toutes les 4 heures Anesthésiques Acépromazine 0,25 à 1 mg/kg SC, IM Buprénorphine 0,03 mg/kg SC 1 heure avant l’induction de l’anesthésie 0,3 à 0,5 mg/kg (B) + 0,1 à 0,5 mg/kg (Mi) IM Butorphanol + Midazolam Tranquillisation, sédation ou préanesthésie Prémédication Sédation ou prémédication 239 Diazépam 1 à 5 mg/kg IM ou IV Isoflurane Kétamine + Acépromazine Kétamine + Diazépam Kétamine + Midazolam Kétamine + Métédomidine 3 à 5% en induction ; 1,5 à 3% en entretien 25 à 40 mg/kg (K) + 0,25 à 1 mg/kg (A) IM ou IV Tranquillisation ou préanesthésie ; Gestion des convulsions Anesthésie gazeuse Anesthésie 10 à 15 mg/kg (K) + 0,2 à 0,5 mg/kg (D) IM ou IV (de nombreuses combinaisons sont possibles) 15 à 25 mg/kg (K) + 0,5 à 2 mg/kg (Mi) IM Anesthésie, à poursuivre avec de l’isoflurane Induction • 15 mg/kg (K) + 0,25 mg/kg (M) IM • 0,35 mg/kg (M) IM + 5 à 20 mg/kg (K) IV 15 min après 0,35 mg/kg (M) IM + 3 mg/kg (P) IV • Induction • Anesthésie Métédomidine + Propofol Midazolam Propofol Sévoflurane 0,5 à 2 mg/kg IM ou IV 2 à 6 mg/kg IV (maintenir à environ 1 mg/kg IV toutes les 15 min) A effet. Anesthésie Tranquillisation ou préanesthésie Induction après une prémédication Anesthésie gazeuse Fluidothérapie : - Débit d’entretien : 100 à 150 mL/kg/j en IV ou divisé en 2 à 4 injections SC. - Traitement du choc : 60 à 90 mL/kg. A proscrire chez le lapin : - L’administration PO d’antibiotiques actifs contre les bactéries Gram positives : les pénicillines, la clindamycine, la lincomycine, l’ampicilline, l’amoxicilline, l’amoxicilline/acide clavulanique, les céphalosporines, l’érythromycine. - L’administration de fipronil, toxique et à l’origine de signes neurologiques voire de la mort de l’animal. - Les corticoïdes sont à éviter autant que possible car le lapin y est très sensible. LE FURET Molécules Posologie, voie d’administration et fréquence Antibiotiques Amoxicilline 20 à 30 mg/kg PO, TID ou BID Amoxicilline/Acide clavulanique Ampicilline Céfalexine 12,5 à 25 mg/kg PO, BID 5 à 30 mg/kg SC, IM ou IV, BID ou TID 15 à 30 mg/kg PO, BID ou TID Chloramphénicol Clarithromycine 25 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, BID • 12,5 mg/kg PO, TID ou BID • 50 mg/kg PO, SID ou en deux fois Clindamycine 5 à 10 mg/kg PO, BID Enrofloxacine • 5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID • 8,5 mg/kg/j PO, SID ou en deux fois Métronidazole • 20 à 30 mg/kg PO, TID ou BID Indications ou commentaires Gastrite à H. mustelae (+ Métronidazole et subsalicylate de bismuth) Pneumonie primaire ou secondaire, entérite bactérienne secondaire Entérite bactérienne secondaire Pneumonie primaire ou secondaire, entérite bactérienne secondaire Entérocolite proliférative • Gastrite à H. mustelae (+ Citrate de ranitidine/bismuth ou Ranitidine) • Gastrite à H. mustelae (+ Métronidazole et Oméprazole) Infections anaérobies, notamment osseuses ou dentaires • Pneumonie primaire ou secondaire (+/Amoxicilline/Acide clavulanique), entérite bactérienne secondaire, cystite, prostatite bactérienne, abcès prostatique • Gastrite à H. mustelae (+ Subcitrate de bismuth) • Gastrite à H. mustelae (+ Amoxicilline et subsalicylate de bismuth) 240 • 75 mg/kg PO, SID • Gastrite à H. mustelae (+ Clarithromycine et Oméprazole) Tetracycline Triméthoprime/ sulfamide 25 mg/kg PO, BID 15 à 30 mg/kg PO, BID Sulfadiméthoxine 25 mg/kg PO, SC ou IM, SID Firponil Imidaclopride 0,2 à 0,4 mL en Spot On, 1 fois/mois 0,1 à 0,4 mL ou 1 pipette pour chat, Spot On, 1 fois/mois • 0,4 mg/kg (de 0,2 à 0,5 mg/kg) SC, q14 jours, 2 à 3 fois • 0,2 à 0,4 mg/kg SC, q14 jours, 2 fois ou instillation topique réparti dans les 2 oreilles de 0,4 mg/kg dilué au 10ème dans du propylène glycol • 0,05 mg/kg PO, SC, 1 fois/mois (ou 3 à 4 semaine après le traitement adulticide) 30 à 45 mg/kg PO, 1 fois/mois 15 à 20 mg/kg PO BID (2 semaines) 1,15 à 2,33 mg/kg PO, 1 fois/mois 0,17 mg/furet SC, 1 fois 1 pipette de 0,4 mL Spot On, 1 fois/mois Pneumonie primaire ou secondaire, entérite bactérienne secondaire, cystite, prostatite bactérienne, abcès prostatique Antiparasitaires Ivermectine Lufénuron Métronidazole Milbémycine oxime Moxidectine Moxidectine (M)/ Imidaclopride (I) Pyréthrines Sélamectine Spot On, 1 fois/semaine au besoin Sulfadiméthoxine • 15 mg/kg Spot On, 1 fois/mois • 18 mg/kg Spot On 50 mg/kg PO le 1er jour puis 25 mg/kg PO, SID Griséofulvine Itraconazole Kétoconazole 25 mg/kg PO SID ou BID 15 mg/kg PO SID ou BID 10 à 30 mg/kg PO SID ou BID Acétate de Desloréline Acétate de fludrocortisone Aminophylline Azathioprine Implant de 4,7 mg en SC Pulicose : adulticide Pulicose : adulticide • Entérite parasitaire, gale sarcoptique • Otodectose • Prévention ou traitement (microfilariscide) de la dirofilariose Pulicose : larvicide Entérite parasitaire Prévention de la dirofilariose Traitement (adulticide) de la dirofilariose Otodectose, prévention de la dirofilariose Pulicose (Utiliser un produit d’utilisation sure chez le chiot et le chaton) • Otodectose, pulicose • Prévention de la dirofilariose Coccidiose Antifongiques Dermatophytose réfractaire Dermatophytose Dermatophytose Autres Bénazépril Chorphéniramine Cimétidine Citrate de maropitant Diazoxide Diphenhydramine Digoxine Dobutamine Enalapril Famotidine Furosémide GnRH hCG 0,05 à 0,1 mg/kg PO SID ou en deux fois 4 mg/kg PO, SC ou IM BID 0,9 mg/kg PO tous les 1 à 3 jours 0,25 à 0,5 mg/kg PO, SID 1 à 2 mg/kg PO BID ou TID 5 à 10 mg/kg PO, SC ou IM TID 1 mg/kg SC SID 5 mg/kg PO, BID, puis augmentation progressive jusqu’à 30 mg/kg PO, BID si nécessaire 0,5 à 2 mg/kg PO, IM ou IV BID ou TID 5 à 10 µg/kg PO SID puis BID si digoxinémie<1ng/mL 5 à 10 µg/kg/min IV pendant une courte durée 0,25 à 0,5 mg/kg PO toutes les 48 heures puis SID si bien toléré 0,25 à 0,5 mg/kg PO, SC ou IV SID 1 à 4 mg/kg PO, SC, IM ou IV BID à TID 20 µg/furet IM +/- répété 1 ou 2 semaines après 100 UI/furet IM +/- répété 1 semaine après Traitement médical de la maladie surrénalienne Hypocorticisme secondaire à une adrénalectomie bilatérale Bronchodilatateur Maladie inflammatoire gastro-intestinale réfractaire à la corticothérapie, hépatite chronique Affections cardiaques Antihistaminique Ulcères digestifs Vomissements Traitement médical de l’insulinome quand la corticothérapie et l’alimentation sont insuffisantes Antihistaminique Cardiomyopathie dilatée, insuffisance cardiaque avec arythmie supraventriculaire Insuffisance cardiaque aiguë Affections cardiaques Attention aux effets hypotenseurs Ulcères digestifs Epanchements, insuffisance cardiaque Hyperœstrogénisme, interruption des chaleurs 241 Mélatonine Métoclopramide Oméprazole Pimobendan Ranitidine Subcitrate de bismuth Subsalicylate de bismuth Sucralfate Terbutaline 0,5 à 1 mg/animal PO, SID 7 à 9 heures après le levé du soleil 0,2 à 1 mg/kg PO, SC ou IM TID ou QID • 0,7 mg/kg PO SID • 0,7 à 4 mg/kg PO SID 0,5 mg/kg PO BID 3,5 mg/kg PO BID 12mg/kg/j PO en deux fois 17, 5 mg/kg PO TID ou BID 25 mg/kg PO TID, à différer de l’administration des autres médicaments 0,01 mg/kg SC Supplémentation pour les furets exposés à une photopériode artificiellement prolongée Vomissements • Ulcères digestifs • Gastrite à H. mustelae (+ Clarithromycine et Métronidazole) Cardiomyopathie dilatée, maladie valvulaire Ulcères digestifs Gastrite à H. mustelae (+ Enrofloxacine) Gastrite à H. mustelae (+ Amoxicilline et Métronidazole) Pansement digestif Bronchodilatateur Anti-inflammatoires Carprofen 1 à 5 mg/kg PO, SID ou BID Méloxicam Dexaméthasone Prednisone 0,2 à 0,3 mg/kg PO, SC, ou IM, SID 0,5 à 1 mg/kg SC, IM ou IV • 1,25 à 2,5 mg/kg PO, SID, puis diminution progressive jusqu’à 0,25 à 1 mg/kg PO, toutes les 48 heures • 0,25 mg/kg PO BID, puis augmentation progressive, jusqu’à 2 mg/kg PO BID si nécessaire. Diminuer à 1 à 1,25 2 mg/kg PO BID si utilisation de Diazoxide A utiliser avec précaution si gastrite ou entérite Surveiller les paramètre hépatiques et rénaux • Maladie inflammatoire gastro-intestinale • Traitement médical de l’insulinome (+/Diazoxide) A associer avec une alimentation adaptée Analgésiques Buprénorphine Butorphanol Fentanyl Morphine Tramadol 0,01 à 0,05 mg/kg SC, IM ou IV, q8 – 12 heures • 0,1 à 0,5 mg/kg SC ou IM, q 4 – 6 heures • 0,025 à 0,1 mg/kg/h IV (CRI) • 10 à 30 µg/kg/h IV (CRI) • 1,25 à 5 µg/kg/h IV (CRI) 0,5 à 5 mg/kg SC ou IM, q 2 – 6 heures 5 mg/kg PO, SID ou BID • Analgésie peropératoire • Analgésie postopératoire Anesthésiques Acépromazine Diazépam Isoflurane Kétamine + Acépromazine Kétamine + Diazépam Kétamine + Midazolam Kétamine + Métédomidine (ou Dexmétédomidine) + Butorphanol Midazolam Propofol Sévoflurane • 0,1 à 0,25 mg/kg SC ou IM • 0,2 à 0,5 mg/kg SC ou IM 1 à 2 mg/kg IM 0,5 à 1 mg/kg/h IV (CRI) 5% en induction ; 2 à 3% en entretien 20 à 35 mg/kg (K) + 0,2 à 0,35 mg/kg (A) SC ou IM • 0,1 mL/kg IV d’un mélange des mêmes volumes de K à 100 mg/mL et de D à 5 mg/mL • 10 à 35 mg/kg (K) + 1 à 3 mg/kg (D) IM • 0,1 mL/kg IV d’un mélange des mêmes volumes de K à 100 mg/mL et de Mi à 5 mg/mL • 5 à 10 mg/kg (K) + 0,25 à 0,5 mg/kg (Mi) IV 5 mg/kg (K) + 0,08 mg/kg (M) (ou 0,03 à 0,04 mg/kg (Dex)) + 0,1 mg/kg (B) IM • Sédation légère, préanesthésie • Tranquillisation Tranquillisation, gestion des convulsions Gestion des convulsions Anesthésie gazeuse Anesthésie 0,25 à 0,5 mg/kg SC ou IM 1 à 5 mg/kg IV A effet Sédation moyenne, prémédication Induction Anesthésie gazeuse • Induction • Anesthésie, faible analgésie • Induction • Anesthésie Induction Fluidothérapie : - Débit d’entretien : 100 à 150 mL/kg/j en IV. 242 LE COCHON D’INDE Molécules Posologie, voie d’administration et fréquence Antibiotiques Indications ou commentaires Azithromycine 15 à 30 mg/kg PO, BID ou SID Affections dentaires, abcès dentaires, affections cutanées, pododermatite ulcérative Pneumonie, affections dentaires, abcès dentaires, entérite iatrogène, affections cutanées, pododermatite ulcérative, cystite Ne pas utiliser PO Pneumonie, maladie de Tyzzer Pneumonie, affections dentaires, affections cutanées, pododermatite ulcérative, cystite, conjonctivite granulomateuse Ne pas utiliser pendant la gestation, la lactation ou la croissance Affections dentaires, abcès dentaires, maladie de Tyzzer, pododermatite ulcérative Chloramphénicol 30 à 50 mg/kg PO, SC ou IM, BID ou TID Clindamycine Doxycycline Enrofloxacine 7,5 mg.kg SC stricte, BID 2,5 à 5 mg/kg PO, BID ou SID 5 à 15 mg/kg PO, SC ou IM, BID Marbofloxacine 4 mg/kg PO ou SC, SID Métronidazole 25 mg/kg PO ou IV, BID Sulfadiméthoxine Tetracycline Triméthoprime/ sulfamide 10 à 15 mg/kg PO, BID Pommade ophtalmique 15 à 30 mg/kg PO ou SC, BID Imidaclopride Ivermectine 20 mg/kg Spot On, 1 fois/mois 0,4 mg/kg (de 0,2 à 0,5 mg/kg) SC, q7 – 10 jours, 3 à 4 fois 25 mg/kg PO, BID 0,1 mL/cochon d’Inde Pulicose Trixacariose, gale sarcoptique, démodécie • Trixacariose Sulfaquinoxaline Toltrazuril (5%) • 6 à 12 mg/kg Spot On, q10 – 14 jours 3 fois • 20 à 30 mg/kg Spot On, q14 – 28 jours, 2 fois 10 à 15 mg/kg PO, BID ou 25 à 50 mg/kg PO, SID 1 mg/mL d’eau 10 mg/kg PO, SID 3jours, répété 3 jours après Clotrimazole Enilconazole Griséofulvine Application topique, SID Application topique, SID 15 à 50 mg/kg PO, SID Itraconazole Kétoconazole Miconazole 2,5 à 10 mg/kg PO, SID 10 à 40 mg/kg PO, SID Application topique, SID Aminophylline Bénazépril Cimétidine Diphenhydramine Enalapril Furosémide 50 mg/kg PO ou SC ≤ 0,1 mg/kg PO, SID 5 à 10 mg/kg PO, SC, IM ou IV, BID à QID 1 à 5 mg/kg SC 0,5 à 1 mg/kg PO, SID 1 à 4 mg/kg SC ou IM toutes les 4 à 6 heures puis 2 à 5 mg/kg PO, SC ou IM, BID 25 µg/cochon d’Inde IM, q14 jours, 2 fois 1000 U/cochon d’Inde IM, q7 – 10 jours, 2 fois 0,2 à 1 mg/kg PO, SC ou IM, BID 0,2 à 0,4 mg/kg PO, BID 25 à 100 mg/kg PO, BID à TID, à différer de Conjonctivite granulomateuse Pneumonie, affections dentaires, affections cutanées, pododermatite ulcérative, cystite Antiparasitaires Métronidazole Moxidectine 1%/ Imidaclopride 10% Sélamectine Sulfadiméthoxine Ectoparasitoses • Gale sarcoptique, démodécie Coccidiose Antifongiques Dermatophytose Dermatophytose Ne pas utiliser chez la femelle gestante (molécule tératogène). Peut causer diarrhée, anorexie, leucopénie Dermatophytose, candidose Dermatophytose Autres GnRH hCG Métoclopramide Pimobendan Sucralfate Affections cardiaques Ulcères digestifs Antihistaminique Affections cardiaques Epanchements, insuffisance cardiaque Traitement des kystes ovariens avant une chirurgie Stase digestive Insuffisance cardiaque Pansement digestif 243 Vitamine C l’administration des autres médicaments • 10 mg/kg (entretien) à 30 mg/kg (gestation, croissance) PO, SID • 30 à 50 mg/kg PO, SID • 50 à 100 mg/kg SC ou IM puis PO, SID • Supplémentation quotidienne du cochon d’Inde en bonne santé • Supplémentation pour tout cochon d’Inde malade • Traitement de l’hypovitaminose C Anti-inflammatoires Carprofen Méloxicam Dexaméthasone Prednisone 4 mg/kg SC, SID ou 1 à 2 mg/kg PO, BID ≥ 0,5 mg/kg PO, SC ou IM, SID 0,5 à 2 mg/kg PO, SC, IM ou IV 0,5 à 2,2 mg/kg PO, SC ou IM Buprénorphine Butorphanol Morphine Tramadol 0,02 à 0,05 mg/kg SC ou IM, q 6 – 12 heures 0,4 à 2 mg/kg SC ou IM, q4 – 12 heures 2 à 5 mg/kg SC ou IM, q4 heures 4 à 5 mg/kg PO, BID Acépromazine Diazépam Isoflurane Kétamine + Diazépam Kétamine + Midazolam Kétamine + Métédomidine Kétamine + Xylazine Midazolam Propofol Sévoflurane 0,5 à 1 mg/kg IM 0,5 à 3 mg/kg IM, IV 2 à 5% en induction ; 0,25 à 4 % en entretien 20 à 30 mg/kg (K) + 1 à 2 mg/kg (D) IM Préanesthésie Sédation, soulagement du prurit Anesthésie gazeuse Anesthésie 5 à 10 mg/kg (K) + 0,5 à 1 mg/kg (Mi) IM Anesthésie 40 mg/kg (K) + 0,5 mg/kg (M) IM Anesthésie (20 à 30 minutes) 20 à 40 mg/kg (K) + 2 mg/kg (X), IM Anesthésie légère 1 à 2 mg/kg SC, IM ou IV 3 à 5 mg/kg IV A effet Préanesthésie Anesthésie, induction Anesthésie gazeuse A utiliser avec précaution ou à éviter Analgésiques Anesthésiques A proscrire chez le cochon d’Inde : - L’administration PO d’antibiotiques actifs contre les bactéries Gram positives : les pénicillines, la clindamycine, la lincomycine, l’ampicilline, l’amoxicilline, l’amoxicilline/acide clavulanique, les céphalosporines, l’érythromycine, la chlortétracycline. - La tétracycline et l’oxytétracycline doivent PO ou IM ont été associées à des effets toxiques et doivent être évitées. - Les corticoïdes sont à éviter autant que possible. Fluidothérapie : - Débit d’entretien : 50 à 100 mL/kg/j en IV, IO ou divisé en 2 à 4 injections SC. - Traitement du choc : 10 à 25 mL/kg IV, en bolus sur 5 à 10 minutes. LE RAT Molécules Posologie, voie d’administration et fréquence Antibiotiques Amoxicilline Amoxicilline/Acide clavulanique Ampicilline Azithromycine 20 à 100 mg/kg PO, SC ou IM, TID 10 à 30 mg/kg PO, SID Céfalexine Chloramphénicol 15 mg/kg SC, SID 30 à 50 mg/kg PO, SC, IM ou IV, TID ou BID Indications ou commentaires 20 mg/kg PO, SID 20 mg/kg PO, BID Maladie respiratoire chronique, affection dentaire, pododermatite ulcérative Affection dentaire, maladie de Tyzzer, 244 Clindamycine Doxycycline Enrofloxacine 7,5 mg.kg SC stricte, BID 2,5 à 5 mg/kg PO, BID Forme longue action : 70 à 100 mg/kg SC ou IM, q7 jours 5 à 20 mg/kg PO, SC ou IM BID Gentamicine Marbofloxacine 20 mg/kg SC, SID 4 mg/kg PO ou SC, SID Métronidazole Pénicilline G Tetracycline Oxytétracycline Sulfadiméthoxine Triméthoprime/ sulfamide 10 à 40 mg/kg PO, BID 22000 UI/kg SC ou IM, SID 10 à 20 mg/kg PO, BID ou TID 10 à 20 mg/kg PO, TID 10 à 15 mg/kg PO, BID 15 à 30 mg/kg PO, SC ou IM, BID Fipronil Imidaclopride Ivermectine Métronidazole Moxidectine Sélamectine 7,5 mg/kg Spot On, q14 – 28 jours, 3 fois 20 mg/kg Spot On, 1 fois/mois 0, 4 mg/kg (0,2 à 0,4 mg/kg) SC, q7 – 14 jours, 2 à 3 fois 10 à 40 mg/rat PO, SID 1 mg/kg Spot On, q14 – 28 jours, 3 fois 15 à 30 mg/kg Spot On, q21 – 28 jours, 2 fois Sulfadiméthoxime Sulfaquinoxaline Toltrazuril (5%) 10 à 15 mg/kg PO, BID 1 mg/mL d’eau 10 mg/kg PO, SID 3jours, répété 3 jours après pododermatite ulcérative Ne pas utiliser PO Maladie respiratoire chronique (+ Enrofloxacine) Maladie respiratoire chronique (+ Doxycycline) Affection dentaire, pododermatite ulcérative, tumeur mammaire ulcérée Ne pas utiliser pendant la gestation, la lactation ou la croissance Maladie de Tyzzer Pododermatite ulcérative Maladie de Tyzzer Maladie de Tyzzer Affection dentaire, pododermatite ulcérative, tumeur mammaire ulcérée Antiparasitaires Gale notoedrique, gale à Radfordia ensifera Pulicose Gale notoedrique, gale à Radfordia ensifera, autres ectoparasitoses Gale notoedrique, gale à Radfordia ensifera Gale notoedrique, gale à Radfordia ensifera, autres ectoparasitoses Coccidiose Antifongiques Clotrimazole Griséofulvine 15 à 50 mg/kg PO, SID Dermatophytose Ne pas utiliser chez la femelle gestante (molécule tératogène). Peut causer diarrhée, anorexie, leucopénie Itraconazole Kétoconazole Miconazole 2,5 à 10 mg/kg PO, SID 10 à 40 mg/kg PO, SID Aminophylline Bénazépril Cabergoline Cimétidine Digoxine Enalapril Furosémide 10 mg/kg PO, BID ≤ 0,1 mg/kg PO, SID 0,6 mg/kg PO, tous les 3 jours 5 à 10 mg/kg PO, SC, IM ou IV, BID ou TID Bronchodilatateur Affections cardiaques Adénome pituitaire Antiacide 0,5 à 1 mg/kg PO, SID 1 à 4 mg/kg SC ou IM toutes les 4 à 6 heures puis 2 à 10 mg/kg PO, SC ou IM, BID 0,2 à 1 mg/kg PO, SC ou IM, BID 0,2 à 0,4 mg/kg PO, BID 2 mg/kg IV, SID ou 2,5 mg/kg PO, BID 25 mg/kg PO BID à TID, à différer de l’administration des autres médicaments 0,01 mg/kg IM 0,3 à 0,4 mg/kg PO BID 10 mg/kg PO, BID Affections cardiaques Epanchements, insuffisance cardiaque Dermatophytose, candidose Autres Métoclopramide Pimobendan Ranitidine Sucralfate Terbutaline Théophylline Stase digestive Insuffisance cardiaque Antiacide Pansement digestif Bronchodilatateur Bronchodilatateur Anti-inflammatoires Carprofen Méloxicam 1,5 mg/kg PO, BID ou 2 à 5 mg/kg PO ou SC, SID ou BID 1 à 2 mg/kg PO ou SC, SID 245 Dexaméthasone Prednisone 0,5 à 2 mg/kg PO, SC, IM ou IV 0,5 à 2,2 mg/kg PO, SC ou IM Buprénorphine 0,02 à 0,1 mg/kg SC ou IM, toutes les 6 à 12 heures 0,2 à 2 mg/kg SC ou IM, toutes les 2 à 4 heures 2 à 5 mg/kg SC ou IM, toutes les 4 heures 5 à 20 mg/kg PO ou SC, SID ou BID Analgésiques Butorphanol Morphine Tramadol Anesthésiques Acépromazine Diazépam Isoflurane Kétamine + Acépromazine Kétamine + Midazolam Kétamine + Métédomidine Kétamine + Xylazine Métédomidine Midazolam Propofol Sévoflurane 0,5 à 1 mg/kg IM 1 à 5 mg/kg IM 2 à 5% en induction ; 0,25 à 4 % en entretien 50 à 150 mg/kg (K) + 2,5 à 5 mg/kg (A), IM 40 à 150 90 mg/kg (K) + 3 à 5 mg/kg (Mi), IV Préanesthésie Sédation Anesthésie gazeuse Anesthésie (Préférer l’utilisation des posologies les plus basses) Anesthésie 75 à 90 mg/kg (K) + 0,5 mg/kg (M), IM Anesthésie (20 à 30 minutes) 75 à 95 mg/kg (K) + 5 mg/kg (X), IM Anesthésie 0,03 à 0,1 mg/kg SC 1 à 2 mg/kg SC ou IM 7,5 à 10 mg/kg IV A effet Sédation légère à modérée Préanesthésie Anesthésie, induction Anesthésie gazeuse Fluidothérapie : - Débit d’entretien : 50 à 100 mL/kg/j en IV, IO ou divisé en 2 à 4 injections SC. - Traitement du choc : 10 à 25 mL/kg IV, en bolus sur 5 à 10 minutes. (MORRISEY J.K, CARPENTER J.W., 2012), (FIORELLO C.V., DIVERS S.J., 2012), (MORRISEY J.K., 2012), (MAYER J., 2012), (OGLESBEE B.L., 2011u). 246 NOM PRENOM : SANROMAN Elodie TITRE : GUIDE PRATIQUE DE MEDECINE DES PRINCIPAUX NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PRESENTES EN CONSULTATION : LAPIN, FURET, COCHON D’INDE ET RAT Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, le 27 novembre 2012 RESUME : Autrefois peu médicalisés, les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) sont aujourd’hui de plus en plus présents dans les salles d’attente des vétérinaires. Les plus souvent rencontrés sont le lapin, le furet, le cochon d’Inde et le rat. Notre travail a pour but de familiariser le vétérinaire, praticien ou étudiant, à la médecine de ces quatre espèces. Particularités anatomiques et physiologiques, mode de vie et conditions d’entretien, abord en consultation, réalisation des gestes techniques de base, normes biologiques indispensables à l’interprétation des examens complémentaires et protocoles de vaccination sont un préalable à la description des maladies affectant chaque espèce. Cette dernière étape constitue le cœur de notre travail : nous nous sommes attachés à détailler celles que le vétérinaire sera le plus amené à rencontrer en consultation, c’est-à-dire les plus fréquentes ou les plus spécifiques. Pour chaque affection traitée dans ce guide, nous présentons successivement : l’étiologie et la pathogénie, les caractéristiques cliniques, le diagnostic différentiel, les examens complémentaires pouvant être réalisés dans le cadre du diagnostic ainsi que le traitement, les mesures de prévention éventuelles et le pronostic. MOTS CLES : - Nouveaux animaux de compagnie - Médecine vétérinaire - Lapin - Furet - Cochon d’Inde - Rats JURY : Président : Monsieur le Professeur Michel FAURE 1er Assesseur : 2ème Assesseur : Monsieur le Docteur Didier PIN Monsieur le Professeur Gilles BOURDOISEAU Membre invité : Monsieur le Docteur Charly PIGNON DATE DE SOUTENANCE : 27 novembre 2012 ADRESSE DE L’AUTEUR : 20 rue de Marseille 69330 MEYZIEU 247