Offenbach avec mention

03 JAN 13
Quotidien Paris
OJD : 113108
Surface approx. (cm²) : 688
N° de page : 24
11 RUE BERANGER
75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89
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OPERETTE
A l'Athénée, la compagnie les Brigands magnifie deux œuvres hilarantes du compositeur.
Offenbach avec mention
OFFENBACH
etL'ILEDETULIPATAN
Compagnie les Brigands, ms Jean-Philippe Saléno
Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet, 7, rue
Boudreau, 75OO9 Jusquau 13janvier Puis à SaintNazaire (44) le 15janvier Rens wwwlesbngandsfr
rn est Beckett, c'est Ubu. Décor de
tour qui fait aussi trou, il suffit
d'inverser les lettres, il suffit d'un
miroir en fond et de jouer par
terre pour faire croire qu'on est debout. Les
gens sortent en disant : «Je croyais que je
n 'aimais pas Offeribach, je me trompais. » Pour
ceux qui pensent que l'opérette est un troupeau de plumes en french-cancan ou Jacques
Martin en Ménélas, il faut faire une cure de
Brigands chaque annee, en province et, pour
les fêtes, à l'Athénée. En douze ans, ils ont,
outre des œuvres brèves d'Offenbach, remis
sur pied Maurice Yvain (déjà aide par Alain
Resnais avec Pas sur fa bouche,), Claude Terrasse, mais aussi les plus oubliés Moisés Si
mons, ou l'incomparable Marcel Lattès, ami
de Messager, tombes en désuétude avec le
discrédit pesant sur la musique légère.
Neuf musiciens dans la fosse, six chanteurs
en scène, deux fois une heure, le spectacle
commence avec Croquefer ou le dernier des
paladins (1857), d'Offenbach. Le livret indique des ruines, créneaux démantelés, cachot
et grille, chausse trappes. Chez Salério, cela
devient Oh îes beaux jours, personnages en
terrés à mi corps, larves perdues d'avance.
Le début nuxe Perrault avec Eschyle, envoie
ses héros médiévaux se faire tirer les fils du
cerveau, poupées avec un sabre dans le cul
qui finissent en colique. Ils ont pour noms
Mousse-a-Mort, Boutefeu ou Ramasse-TaTête et dégobillent des billevesées du genre :
«Attendez, il faut que je les compte. Us sont
un.» Ou «s'ilfautpérir... Ferons!» Croquefer
a capturé la fille de son ennemi, lequel, faute
de langue, de jambe et de bras, est réduit à
claudiquer en tendant des pancartes où figurent ses paroles. Parmi les solutions envisa
gées pour sortir de tous ces mauvais pas, il y
a la picole, la reddition, aller à Paris à
l'Opéra, ou envoyer les auteurs du livret chez
les fous, à Charenton. Offenbach s'est fendu
d'un quintette à boire pas piqué des vers,
moment virtuose qui rappelle que sa musique
n'est pas de la fanfare, mais du pastiche poilant de Gluck, Meyerbeer et autres stars de
la scène lyrique.
L'Re de Tulipatan (1868) a cependant laissé
plus de souvenirs mélodiques, et une intrigue
plus ferme, à propos de canards entre autres
et de barques à rôles : «Glisse glisse ma gondole, voilà ce que c'est qu'une barcarolle.»
C'est l'histoire épatante d'une fille qui aime
tirer des coups de fusil et d'un jeune homme
doux qui vient sur scène pleurer son colibri.
Inversion des genres hilarante et pas si
sexiste qu'on pourrait croire puisque, au moment où les amoureux se rendent compte de
l'éventuel changement de sexe de leur bien
aimé(e), ils ne renoncent pas pour autant à
l'épouser.
La version chambriste des partitions d'Of
fenbach renforce leur modernite cliquetante
et les chanteurs des Brigands, telle Emmanuelle Goizé, ont l'important avantage sur
ceux d'autres troupes, plutôt que chanter
faux avec application, de rester toujours lé
gers et pertinents dans le grotesque.
ÉRIC LORET
ATHENEE
4642484300502/XSB/OTO/1
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