10 Franciliens face à la crise - Région Ile-de

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10 Franciliens face à la crise - Région Ile-de
REGARDS ACTUELS SUR LA RÉGION DE DEMAIN
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Vers l’emploi
10 Franciliens face à la crise
RegionIledeFrance
@iledefrance
www.iledefrance.fr
02 LES INVITÉS DE LA RÉDACTION
Journalistes, photographes, illustrateurs, experts, citoyens engagés…
Voici quelques-uns des contributeurs dont la Région Île-de-France s’est entourée pour ce numéro.
CHARLINE COGNY ET MARION DUMAIN
Élèves du BTS hôtellerie restauration option B au CFA des Métiers de la table
à Paris 17e, elles ont célébré, pour notre rubrique « Saveurs région », le plus francilien
des champignons en l’accommodant avec de la coriandre. P. 37
CLOTKA
Illustratrice. Parisienne depuis l’âge
de 10 ans, elle a publié sa première BD
en 2009 (Les Équilibres instables avec
Loïc Dauvillier). Ses dessins illuminent
régulièrement des romans jeunesse
(Charly Tempête, La Famille trop
d’filles…) et des magazines pour enfants
(J’aime lire, Moi je lis…). P. 34
MARTIN ARGYROGLO
Photographe. Passionné par la prise
de vue de spectacles et d’espaces
scénographiés notamment, il s’est
surpassé lors de la marche républicaine
du 11 janvier à Paris. À découvrir dans
notre rubrique « Carte blanche »,
un cliché qui fera date. P. 36
© DR
© Martin Argyroglo
© ©Chloé_Vollmer_Lo
© Stéphanie Lacombe/Picturetank
© Alfred Cromback/Le Carton/Picturetank
CÉDRIC NICOLAS
Chef cuisinier à Boulogne-Billancourt
(92). Son restaurant porte le label
« Des produits d’ici cuisinés ici » et
tout le monde y gagne : les maraîchers
d’Île-de-France comme les clients
adeptes de plats savoureux. Et même
l’environnement ! P. 10
MARTIN PROVOST
Cinéaste à qui Séraphine a valu
la consécration publique et critique
en 2009, il a présidé le jury du
dernier Festival international du film
d’environnement. Un rôle qui avait
du sens, comme le démontre son
édito. P. 39
Le magazine d’informations de la Région Île-de-France.
Directeur de la publication : Jean-Paul Huchon. Directeur général adjoint en charge de l’unité communication :
Xavier Crouan. Comité éditorial : Jean-Michel Thornary, Xavier Crouan, Aurélien Perol, Jonathan Sebbane,
Pierre Chapdelaine. Rédacteur en chef : Pierre Chapdelaine. Secrétaire de rédaction : Didier Fil. Journalistes :
Renaud Charles, Xavier Frison, Christophe Grand, Julie Védie. Ont collaboré à ce numéro : Saïd Taki ;
Stéphane Boumendil, Stéphanie Cayrol, Aude Raux (Citizen Press) ; Camille Drouet (Courrier international) ;
Page 13. Couverture : Laurent Villeret/Dolce Vita/Picturetank. Création, conception et réalisation : Citizen Press.
ISSN : 1779-4331. Dépôt légal à parution. Périodicité : cinq numéros par an. Impression : Île-de-France est édité
à 3 399 568 exemplaires sur papier 100 % recyclé 70 g par Lenglet Imprimeurs. Pour contacter la rédaction :
Île-de-France, 35, boulevard des Invalides, 75007 Paris. Tél. : 01 53 85 53 85. [email protected]
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
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SOMMAIRE 03
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
TEMPS RÉEL
04L’IMAGE
Baptême international pour le vélodrome
06L’ESSENTIEL
Les actualités de la région
09 ÇA FAIT DÉBAT
Télétravail : prêts à sauter le pas ?
10 J’AI TESTÉ POUR VOUS
Locavore… J’adore !
12 C’EST MON JOUR
Le T8 sur les rails
04
04
TEMPS FORT
Vers l’emploi
10 Franciliens
face à la crise
14Comment l’action publique accompagne
les Franciliens en matière de formation
et de création d’entreprise
18TÉMOIGNAGES
Derrière les froides statistiques du chômage,
des hommes, des femmes, des parcours
pour décrocher un emploi…
24SONDAGE
En quête d’emploi
26 TRIBUNES LIBRES
L’expression des groupes politiques
07
09
10
TEMPS PARTAGÉ
28 DÉJÀ DEMAIN
Heures de pointe du matin, chagrin
32RÉTRO
Les derniers témoins d’Auschwitz
34 EN CHEMIN
De Pont de Sèvres à Noisy-Champs
36 CARTE BLANCHE
… au photographe Martin Argyroglo
37 SAVEURS RÉGION
Le champignon de Paris
38 C’EST À VOUS
Idées et réactions
39 ENCORE UNE MINUTE
« L’écologie dans le cerveau »,
par le cinéaste Martin Provost
12
14
28
32
Vidéos, galeries photos,
infographies animées :
retrouvez tous les
bonus sur notre eMag
(www.emag.iledefrance.fr)
34
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
04 TEMPS RÉEL L’IMAGE
Baptême
international
pour le
vélodrome
Texte Julie Védie Photo William Dupuy/Picturetank
#SportsIDF Ce sera le premier grand rendez-vous international pour le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines (78).
Du 18 au 22 février, l’équipement cycliste francilien accueille
les Championnats du monde de cyclisme sur piste. Plus de
270 sportives et sportifs de haut niveau représentant une trentaine de nations, issues des cinq continents, s’affronteront en
19 épreuves sur cette piste taillée pour les records.
Conçu par Ralph Schürmann, considéré par les professionnels
comme le meilleur designer de pistes cyclistes (on lui doit
notamment la création du vélodrome de Laoshan, utilisé pour
les Jeux olympiques de Pékin en 2008), le vélodrome de SaintQuentin-en-Yvelines est, en effet, équipé d’une piste unique au
monde : 250 mètres de longueur sur 8 de largeur avec un rayon
constant de 23 mètres, permettant une vitesse maximale de
85 kilomètres par heure. Avec, côté spectateurs, une capacité
de 5 000 places assises.
Imaginé dans le cadre de la candidature de Paris aux Jeux
olympiques de 2012 et cofinancé par la Région Île-de-France,
le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines est resté à l’ordre
du jour, offrant aux professionnels comme aux amateurs un
équipement unique avec également une piste de BMX à double
rampe. La Fédération française de cyclisme y a installé
son siège, l’ensemble devenant ainsi le Centre national du
cyclisme.
Plus d’infos sur www.velodrome-national.com
J- 2
avant le début des Championnats du monde de cyclisme
piste UCI (Union cycliste internationale) au vélodrome
de Saint-Quentin-en-Yvelines, du 18 au 22 février
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
05
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
© Aldo Sperber/Picturetank
06 TEMPS RÉEL L’ESSENTIEL
En haut de l’affiche
#TourismeIDF Elle a beau être concurrencée, l’Île-de-France reste la première destination touristique mondiale.
Entre juillet 2013 et juin 2014, 47 millions de visiteurs ont ainsi posé leurs valises dans la région. Plus de
40 % d’entre eux viennent de l’étranger. Paris séduit toujours autant, mais les escapades se multiplient aussi à
Versailles, Rambouillet (78), Fontainebleau, Provins (77), Saint-Ouen (93) (photo), Auvers-sur-Oise (95)…
Plus d’infos sur http://pro.visitparisregion.com
Nouveaux trains
en vue
© Christophe Recoura/Bombardier
#TransportsIDF Fin décembre, une
commande de 42 trains de type Regio 2N
a été passée par le Stif et la SNCF pour équiper
la ligne R du réseau Transilien. Ils seront mis
en service à partir de septembre 2017 entre
Gare de Lyon (Paris 12e), Melun, Montereau
(77) et Montargis (45). Contenant 1 746 places
assises, ces rames pourront transporter
3 120 personnes. Le tout, en offrant un
meilleur confort, grâce notamment à des
sièges plus larges et « anti-lacération ». Et
en consommant 20 % moins d’énergie que
les trains de la génération précédente.
Plus d’infos sur www.transilien.com
En bref
#OpenDataIDF En 2013, la Région a apporté son aide à plus de 3 700 associations. Qui sont-elles ? Quels sont
les montants des subventions accordées ? Toutes ces données publiques sont disponibles sur la plateforme
open data de la Région, data.iledefrance.fr #BudgetIDF2015 La réforme de la restauration scolaire franchira
une nouvelle étape en 2015. Après les lycées de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise, ce sont les cantines de
112 établissements de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne qui appliqueront la tarification modulée en fonction
du quotient familial. Coût de la mesure : 14,3 millions d’euros.
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© Aldo Sperber/Picturetank
07
Place au passe
Navigo unique
#Navigo La mesure est désormais officielle : le passe
Navigo à tarif unique verra le jour à la rentrée
prochaine. Et son montant sera de 70 euros. Pour y
parvenir, il aura fallu, notamment, un accord entre
la Région et la Chambre de commerce et d’industrie
Paris Île-de-France, puis des adaptations législatives
votées fin 2014. Pour les habitants les plus éloignés
de la capitale, cette nouveauté va se traduire par
une économie annuelle de 500 euros.
18 000
C’est le nombre d’emplois
que généreront, chaque année
dès 2018, les travaux du Grand
Paris Express. Le tout dans une
vingtaine de métiers : soudeurs,
professionnels du terrassement,
des ouvrages d’art métalliques…
Les jeunes les plus éloignés de
l’emploi devraient en être les
premiers bénéficiaires, en vertu
d’une convention signée entre
l’État, la Région, l’Éducation
nationale, Pôle emploi et la Société
du Grand Paris notamment.
Plus d’infos : www.idf.direccte.gouv.fr
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
08 TEMPS RÉEL L’ESSENTIEL
Déniché sur Twitter
#UniversitésIDF « Une centaine de
bibliothécaires, archivistes et documentaires
dans la future bib Condorcet », a annoncé la
rédaction d’Archimag (@ArchimagRedac)
le 5 janvier 2015, tout en rappelant que le
bâtiment du futur campus d’Aubervilliers (93)
sera conçu par l’agence Portzamparc.
La Région Île-de-France assure la maîtrise
d’ouvrage de cette grande bibliothèque qui
permettra de regrouper en un même endroit
des fonds documentaires dispersés sur 25 sites.
Livraison en 2018-2019.
Suivez-nous sur Twitter @iledefrance
Les transports en force !
© Région Île-de-France
#BudgetIDF2015 Le budget 2015 voté en décembre par les élus régionaux donne la mesure de l’effort déployé
en faveur des transports du quotidien. Au total, 1,8 milliard d’euros est prévu pour répondre aux attentes des usagers et
moderniser le réseau francilien pour ce secteur. Un record. Par exemple, 245 millions d’euros iront aux projets de tramway.
Plus d’infos sur http://ridf.fr/budget2015
Et 67 millions seront consacrés au développement des bus en site propre.
En bref
#EnvironnementIDF En octobre prochain, la conférence mondiale
sur le climat (COP21) se tiendra en Île-de-France, au Bourget (93).
En attendant ce rendez-vous majeur pour l’avenir de la planète,
l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France a confié
à la dessinatrice Pénélope Bagieu la réalisation d’une bande dessinée
sur le changement climatique. www.iau-idf.fr (rubrique « Dossiers
à suivre » puis « Changement climatique »)
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Plus d’actualités
de la région sur
www.iledefrance.fr
ÇA FAIT DÉBAT TEMPS RÉEL 09
Télétravail : prêts à
sauter le pas ?
Texte Xavier Frison Photo Joanna Tarlet-Gauteur/Picturetank
Le travail à domicile se développe, tout
comme les technologies qui rendent
crédibles les bureaux à distance. Si des
freins persistent, vos témoignages plaident
pour sa généralisation.
#EmploiIDF En Île-de-France, des centaines de milliers de
salariés effectuent chaque jour un fastidieux trajet domiciletravail aux mêmes horaires, engorgeant les transports en
commun et les routes. Alors, qu’est-ce qu’on attend pour promouvoir le télétravail à grande échelle ? Oui, mais ce n’est pas
si simple, répondent les internautes à notre débat en ligne sur
iledefrance.fr.
Avec son facétieux pseudo, Hugo Lin est enthousiaste : « Je suis
entièrement pour ! On doit toujours aller chercher du travail sur
Paris ou en proche banlieue et on passe des heures dans le RER.
Ça nous coûte de l’argent et du temps. » Margot, une journalistepigiste de l’est parisien qui travaille déjà beaucoup chez elle,
se demande « pourquoi les entreprises d’Île-de-France ne se
mettent pas d’accord pour fonctionner sur des horaires décalés
d’une heure ou d’une demi-heure ? Tout le monde y gagnerait ».
TelleMelun, elle, est déjà une habituée du télétravail. Chef de
projet marketing dans une agence, elle a opté pour deux jours
de travail à domicile : « Mon employeur et moi sommes sa­­tis­
faits. Je suis derrière mon ordi à 8 h 45/9 h contre 10 h à Paris,
où j’ai 1 h 25 de trajet aller. Je traite mieux les dossiers de fond
qu’en open space où la concentration est plus difficile. Par
contre, je suis contente d’aller au bureau pour les réunions et
avoir du relationnel. »
MEILLEURE PRODUCTIVITÉ
Tout n’est pas rose pour autant chez les télétravailleurs. À
commencer par le manque de place dans certains logements.
Frédéric, travailleur indépendant, pointe par ailleurs le risque
de « confusion vie privée-vie professionnelle » et le « manque
d’échanges humains ». Phil alerte sur la « très forte autodiscipline » exigée par le télétravail : « Il y a toujours la tentation de
faire autre chose. » A contrario, Frédéric estime que « la pro­
ductivité est bien meilleure que dans un bureau ! » Pour sa part,
LOF, taquin, estime que la fonction publique territoriale devrait
tenter l’expérience. Ce que fait, depuis 2014, l’Agence des
espaces verts, l’un des organismes associés de la Région.
Participez à notre nouvelle consultation
en ligne : « La laïcité, une question
d’actualité pour les lycées ? »
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
10
À Neuville-sur-Oise, chez le maraîcher.
… la Région
Créé il y a deux ans par le Cervia, l’organisme chargé de
promouvoir l’agroalimentaire d’Île-de-France, le label « Des
produits d’ici cuisinés ici » concerne 110 restaurateurs. Quant
à la marque « Saveurs Paris Île-de-France », elle regroupe
210 producteurs (agriculteurs, artisans et PME), dont 45 bio.
Toutes les infos sur le Cervia, son label et sa marque :
www.mangeonslocal-en-idf.com et www.saveursparisidf.com
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Au menu du jour,
au restaurant La
Machine à coudes,
uniquement des
légumes récoltés
en Île-de-France :
betteraves Chioggia,
carottes rouges,
violettes et noires,
radis green meat et
petits poireaux de
Gennevilliers.
J’AI TESTÉ POUR VOUS TEMPS RÉEL 11
Locavore…
J’adore !
Texte Julie Védie Photos Stéphanie Lacombe/Picturetank
L’Île-de-France compte nombre de
maraîchers et producteurs de talent.
Pour les soutenir, un label distingue les
restaurants cuisinant leurs produits.
Rencontre avec Cédric Nicolas, chef
adepte du local à Boulogne-Billancourt.
#TerroirIDF « Viens, je vais te montrer les Bruxelles. » Les
bottes dans la boue sablonneuse typique de la vallée de l’Oise,
Laurent Bérurier, maraîcher de père en fils, fait admirer ses
légumes. Avec lui, Marlène Alexandre-Buisson, propriétaire du
restaurant La Machine à coudes à Boulogne-Billancourt (92),
et son chef, Cédric Nicolas, sont venus admirer les dernières
récoltes. Des courges, des crosnes, des blettes, des radis et des
carottes de toutes les couleurs, des persils tubéreux et des
choux ! Le tout made in Île-de-France bien sûr. « Sur 10 hectares,
on cultive 160 espèces de légumes, dont 33 variétés de choux »,
précise Laurent Bérurier. Le maraîcher de Neuville-sur-Oise
(95) ne vend plus sa production aux particuliers mais à Ter­
roirs d’avenir, une centrale d’achat approvisionnant les grands
restaurants en produits de qualité issus de petits producteurs.
« DES PRODUITS D’ICI CUISINÉS ICI »
Marlène et Cédric posent mille questions, scrutent les légumes,
les touchent, les sentent… À La Machine à coudes, on décide
du menu le matin, en recevant les produits du jour, suivant
l’inspiration. « Et venir ici, ça m’inspire », ajoute Cédric, fort de
son expérience dans le milieu de la restauration gastronomique, notamment auprès du chef écossais Gordon Ramsay à
Versailles (78). En tout cas, il y a toujours une place sur le
menu pour les légumes franciliens. « C’est le Cervia (Centre
régional de valorisation et d’innovation agricole et alimentaire) qui est venu nous voir au restaurant pour nous présenter
son label “Des produits d’ici cuisinés ici” (voir encadré p. 10).
C’était logique d’adhérer, surtout quand on travaille déjà avec
des producteurs de la région : tout le monde se connaît dans le
milieu du bon », raconte Marlène, en suivant Laurent Bérurier
dans ses champs. Aujourd’hui, plus d’une centaine de restaurants franciliens affichent le label du Cervia.
« Tu fais les poires de terre ? demande Cédric à Laurent Bérurier,
je n’en ai jamais travaillé… » « J’en avais la semaine dernière !
Ça ressemble à une racine de dahlia. » « Et comment tu les prépares ? » « Ben, je ne sais pas, moi, je ne suis pas chef ! » répond
le maraîcher en riant. Depuis qu’il travaille pour les restaurateurs, exigeants et en recherche permanente de produits
originaux, il cultive les légumes les plus étonnants, comme le
persil tubéreux ou encore la betterave Chioggia, que Cédric
glisse délicatement dans son panier. Elle figurera au menu du
jour, avec des carottes rouges, violettes et noires, du radis
green meat, et des petits poireaux de Gennevilliers.
PAS BESOIN D’ÉPICES
Direction Boulogne-Billancourt et le restaurant La Machine à
coudes, à 25 kilomètres de là. Trente couverts dans un cadre
Cédric Nicolas est chef dans l’un des 110 restaurants
d’Île-de-France qui cuisinent officiellement local.
cosy, meubles et vaisselle chinée, lumières tamisées… En cuisine, Cédric s’agite déjà : nettoyage et épluchage tout en
délicatesse des petits légumes franciliens, préparation d’une
escabèche, avec du vinaigre et du safran, juste un peu. « Quand
tu as des légumes d’aussi bonne qualité, il n’y a plus qu’à révéler
leur saveur, pas besoin de changer leur goût avec des épices »,
estime le chef. « C’est avant tout pour cela que nous avons
adhéré au label du Cervia, parce qu’il y a dans notre région
d’excellents pro­ducteurs, renchérit Marlène. Et si, en plus, cela
permet d’économiser sur les transports et de limiter l’impact
sur l’environnement, c’est mieux. »
Après avoir blanchi (plongé quelques minutes dans l’eau bouillante) les légumes, Cédric dresse l’assiette de l’entrée : les
petits poireaux de Gennevilliers ont été légèrement poêlés,
accompagnés de radis green meat, parsemés de sésame grillé
et relevés avec une vinaigrette asiatique à la sauce soja. Un
morceau de lieu grillé rejoint les légumes pour le plat prin­
cipal, composant une assiette superbement colorée, aussi
prometteuse pour les yeux que pour les papilles.
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
Le T8 a trois terminus :
Saint-Denis,
Épinay-sur-Seine
et Villetaneuse.
« Ce tramway va changer
mon quotidien », affirme
Sofiane Laimeche,
étudiant en sciences de
l’éducation à Paris 13 Nord.
Longue de 8,45 km,
la ligne du T8 compte
e
17 stations.
Pour Fernando Leite, conducteur,
« le tramway, c’est l’avenir ».
Le T 8
sur les rails
Texte Aude Raux Photos Rafaël Trapet/Aleph/Picturetank
Le 16 décembre, les projecteurs étaient braqués sur une nouvelle
ligne de tramway qui relie trois communes de Seine-Saint-Denis :
Épinay-sur-Seine, Villetaneuse et Saint-Denis. Quelque 60 000
voyageurs, dont 12 000 étudiants, y sont attendus chaque jour.
Embarquement pour une journée d’inauguration.
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Au poste de commandement,
les agents gèrent la circulation
d’une vingtaine de rames.
C’EST MON JOUR TEMPS RÉEL 13
BIO
1994 : inscription du T8 au Schéma directeur de la région Île-de-France, un document d’urbanisme
et d’aménagement du territoire / 2011 : lancement des travaux d’infrastructure /
Avril 2014 : réception de la première rame / Octobre 2014 : livraison de la dernière rame /
16 décembre 2014 : inauguration officielle et mise en service de la ligne 8 du tramway.
ouverture et fermeture
des portes, informatique
embarquée ou encore
ventilation… Verdict : « Nous
n’avons rencontré que deux
soucis, avec le lave-glace et le
valideur du passe Navigo qui
étaient hors service. Mais, à
part ça, comme le matériel
est neuf, tout roule. »
14H00 : LEVÉE DE RIDEAU
La foule, dense, se presse
pour découvrir, en avantpremière, le nouveau
tramway. Après les discours,
la musique retentit. Il est
15 h 10 : le rideau se lève
sur le nez du tramway.
L’assemblée, conquise,
applaudit. Puis, les officiels
et les journalistes prennent
place à bord du T8 pour le
trajet inaugural.
15H30 : UNE PREMIÈRE POUR
LE CONDUCTEUR
7H30 : CONTRÔLE
TECHNIQUE OK
Mehdi Badoud, opérateur
qualifié, et Frédéric Roset,
technicien, arrivent sur le
site de maintenance et de
remisage situé à Villetaneuse
(93). D’une surface de deux
hectares, ce bâtiment a été
spécialement construit pour
abriter les 20 rames du T8 et
assurer son fonctionnement.
La matinée est consacrée au
contrôle technique préventif :
essais lumières, freins,
Fernando Leite, conducteur,
s’installe au volant du
tramway. Un rien stressé.
Confidences. « J’ai la
pression. C’est moi qui sors
la première rame du site
de Villetaneuse. Et c’est la
première fois que j’ai la
responsabilité de transporter
des officiels. Tous les regards
et les caméras sont sur moi. »
Avant d’ajouter : « C’est une
pression positive. Je le prends
comme un honneur. Une telle
occasion ne se présente qu’une
fois dans une vie. » Pendant
16 ans, Fernando Leite a été
conducteur de bus. « Le T8
a été une belle occasion de
changer de voie, raconte-t-il.
Pour moi, le tramway, c’est
l’avenir. Une chance pour la
planète dans la lutte contre
le changement climatique. »
16H00 : DES USAGERS
CONQUIS
Les tout premiers voyageurs
attendent que le T8
marque l’arrêt dans l’une
de ses 17 stations. Sous un
soleil radieux, ils montent
à bord, le sourire aux
lèvres, et découvrent un
intérieur au design épuré
et chaleureux. Au-delà,
tous ne s’en rendent pas
forcément compte : la rame
est entièrement accessible
aux personnes à mobilité
réduite, comme toutes
celles qui sont en service
sur les lignes de tramway
d’Île-de-France. Certains
usagers prennent des photos.
Sofiane Laimeche, étudiant
en sciences de l’éducation
à Paris 13 Nord et assistant
pédagogique dans un collège
d’Aulnay-sous-Bois (93),
se dit « heureux ». « Le T8
va changer mon quotidien.
Je vais gagner un temps
considérable dans mes
déplacements. Moi, qui dois
être à 7 h 45 au collège, je
suis sûr, grâce au tramway,
d’être ponctuel. » Autres
témoignages enthousiastes,
recueillis auprès de deux
jeunes femmes : « Comme le
tramway emprunte une voie
“ Des villes
limitrophes sont
enfin reliées.
C’est une
chance pour
nous. ”
Florence Guinard,
secrétaire générale du théâtre
Gérard-Philipe de Saint-Denis
réservée, c’est plus rapide que
le bus qui était pris dans les
embouteillages aux heures
de pointe. L’avantage aussi,
c’est que ça pollue moins.
Et vous avez entendu ? Il est
silencieux ! C’est agréable. »
Bien calé sur son siège,
un enfant s’exclame : « Oh,
il ne tremble même pas,
le tramway ! »
16H20 : UNE PROXIMITÉ
RENFORCÉE
Quelques minutes plus tard,
le T8 marque l’arrêt à la
station Saint-Denis –­Gare.
Non loin de là, le centre
dramatique national de
Saint-Denis, baptisé aussi
théâtre Gérard-Philipe. Sa
secrétaire générale, Florence
Guinard, attend beaucoup
de ce nouveau mode de
transport. « Avec ce tramway,
des villes limitrophes sont
enfin reliées les unes aux
autres. C’est une chance pour
nous. Le théâtre ne peut que
profiter de la multiplication
des points de desserte. Nous
sommes situés à un carrefour
de communication qui fait de
nous le “théâtre de proximité”
de nombreux habitants de
Seine-Saint-Denis et du Vald’Oise », confie-t-elle.
18H00 : CENTRE NÉVRALGIQUE
Les agents du poste de
commandement local ont
les yeux rivés sur leurs neuf
écrans de contrôle. C’est le
centre névralgique du site de
Villetaneuse. « Leur mission,
précise le responsable, Éric
Alibert, consiste à gérer la
circulation du T8, sur ses
8,45 km de tracé, qui présente
la particularité d’avoir deux
branches. La première rame
sort à 4 h 52 et la dernière
rentre à 1 h 34. Ils doivent
aussi assurer sa régularité.
Et veiller à l’information et la
sécurité des voyageurs. Tout
le système est informatisé. »
20H00 : TERMINUS !
Le conducteur a fini son
service. Il retourne au site de
maintenance et de remisage,
l’esprit apaisé : « Tout s’est
très bien passé. Les passagers
m’ont semblé contents. C’est
important : on est là pour
eux. » Fernando Leite doit
maintenant conduire sa
rame à la sablière. Là, il
retrouve Mamadou Niakate
qui, tout en remplissant de
sable les réservoirs, explique :
« Cela permet d’augmenter
l’adhérence rail/roue du
tramway en cas de freinage
et d’accélération. » Puis, le
conducteur passe sa rame au
lavage, avant de la remiser
pour la nuit.
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
14 TEMPS FORT
Plus de
6 millions
d’emplois en
Île-de-France
Paris
et leur répartition
par département
31 %
(au 31 décembre 2012)
Hauts-de-Seine
14 %
10 %
11 %
8%
de la population
-0,5 %
,7
%
18
%
18
17
,7
%
%
17
%
,5
16
,9
15
%
%
,3
14
%
,2
es
lin
Yv
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so
S e nne
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ar tne
Va
ld’
Va
O
lis
de
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-M
ar
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Sa
in S
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D e ne
ni s
e
-d
Île
+0,1 %
Essonne
nc
+0,2 %
ri s
Hauts-de-Seine
Fr
a
+0,2 %
Pa
Seine-et-Marne
-0,2 %
%
Taux par département en 2013
+0,4 %
Seine-Saint-Denis
Yvelines
10 %
de la population
12
+0,5 %
des emplois
Une dynamique de création d’entreprises
Évolution moyenne annuelle entre 2007 et 2012,
tous secteurs confondus
Val-de-Marne
7%
de la population
,5
Comment les emplois ont-ils
évolué dans les départements ?
12 %
de la population
Val-d’Oise
10 %
des emplois
%
8%
des emplois
des emplois
Essonne
15
11 %
10 %
de la population
Seine-et-Marne
de la population
Yvelines
13 %
des emplois
e
9%
des emplois
Seine-Saint-Denis
de la population
Val-de-Marne
de la population
15
17 %
des emplois
19 %
des emplois
Île-de-France : quel poids dans les défaillances
d’entreprises en France ?
0
Paris
Val-d’Oise
Part des défaillances d’entreprises franciliennes dans le total
national, au premier trimestre de chaque année
25 %
2000
Sources : Insee ; REE (Sirene) ; Fiben, Banque de France
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
25 %
2005
20 %
2010
19 %
2014
15
Avec le concours de notre partenaire
pour les éclairages internationaux.
www.courrierinternational.com
L’Île-de-France en tête des régions
qui résistent le mieux au chômage…
Taux de chômage au 2e trimestre 2014
8,6 %
Vers
l’emploi
Textes Pierre Chapdelaine, Xavier Frison et
Christophe Grand Datavisualisations WeDoData
moins
de 9 %
de 9
de 10
de 11
plus
à 9,9 % à 10,9 % à 11,9 % de 12 %
… mais des inégalités entre départements
Taux de chômage au 2e trimestre 2014
12,8 %
SeineSaint-Denis
8%
Seineet-Marne
9,9 %
Vald’Oise
7,6 %
Hautsde-Seine
8,7 %
Valde-Marne
7,4 %
Essonne
2%
des communes (1)
franciliennes concentrent
40 %
des emplois salariés
(1) Communes et arrondissements
Première région d’Europe, l’Île-de-France
dispose d’atouts uniques. Mais, face à la
crise, l’action publique est indispensable
pour former les Franciliens, soutenir leurs
projets et aider à la création d’entreprises.
Le défi de l’emploi peut s’aborder de deux
manières : laisser la fatalité gagner ou
relever le gant. En intervenant à chaque
étape des multiples chemins qui mènent à
l’emploi, la Région a clairement choisi cette
seconde voie.
8,1 %
Paris
7,2 %
Yvelines
#EmploiIDF Pour décrocher un emploi à l’aéroport de Roissy
(95), Hanane Bekkal a bénéficié d’une remise à niveau en
anglais (lire p. 22). La jeune Malika, elle, a enchaîné les dé­
marches pour finir par décrocher un contrat d’aide puéricultrice
en crèche, à Goussainville (95) (p. 20).
Le rôle de la Région, c’est aussi de combattre toutes les formes
de discrimination à l’embauche, comme le montre l’histoire de
Myriam Kouhaïl, passée par Mozaïk RH, le cabinet de recru­
tement œuvrant pour l’égalité des chances et la diversité
(p. 21). Les publics traditionnellement éloignés de l’entrepre­
neuriat sont également choyés. À travers le concours Créatrices
d’avenir, dont Fatimata Kane, l’une des lauréates, est un bril­
lant exemple (p. 18), c’est la création d’entreprise au féminin
qui est soutenue. La Yump Académie propose de son côté un
accompagnement aux apprentis entrepreneurs issus des
quartiers pour mettre le pied à l’étrier des patrons en devenir,
comme Faustine Cabalzar (p. 19).
Les idées neuves reçoivent aussi leur part de coups de
pouce. C’est, par exemple, le soutien aux innovations dans
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
16 TEMPS FORT
les nouvelles technologies : la start-up Drust, du jeune
Michaël Fernandez (p. 19), est l’un des derniers lauréats du
Camping, le programme d’accélération du Numa, la maison
de l’entrepreneuriat numérique implantée dans le Sentier,
au cœur de Paris. Il y a ceux qui lorgnent vers l’internatio­
nal depuis l’Île-de-France, et ceux qui y vont : la designeuse
Astrid Hauton a pu, grâce au dispositif Mobil’Asie, partir six
mois au Vietnam ; elle y est restée deux ans. Une expérience
unique qui aura lancé sa petite entreprise (p. 20).
MAINTIEN DES EFFECTIFS
La Région n’oublie pas pour autant les secteurs plus tradi­
tionnels de l’économie. Avec le financement du dispositif
PM’up, la société de découpage d’adhésif d’Hervé Abitbol,
dans les Yvelines, a pu investir dans une nouvelle machine
et embaucher, par ricochet, quatre nouveaux salariés (p. 23).
En difficulté, Générale Décors, dans le Val-de-Marne, a su
profiter de Rebond sauvegarde, une aide permettant de fi­
nancer le plan de redressement de PME en procédures
collectives. Résultat pour cette société du secteur audiovisuel
dirigée par Michel Reynaud : maintien des effectifs, investis­
sements, gains de compétitivité et de productivité (p. 22).
Enfin, l’Île-de-France compte aussi sur des projets d’envergure
pour orienter les embauches vers les personnes les plus éloi­
gnées de l’emploi. Le futur site écotouristique Villages Nature
mobilise pleinement Jean-Luc Ravis, de Pôle emploi 77 (p. 21).
On le voit, toutes les filières de l’économie ne connaissent
pas le même destin : certaines peinent, d’autres prospèrent,
d’autres encore manquent même de bras. Mais, partout,
derrière chaque corps de métier, derrière chaque cas parti­
culier, une petite étoile rouge à huit branches se tient prête
à servir l’emploi.
Budget 2015
de la Région
890,9
millions
d’euros
consacrés à
l’apprentissage,
la formation
professionnelle,
l’accompagnement
vers l’emploi,
le développement
économique et
l’innovation
Pour les salariés
et les chômeurs
Rénover les outils spécifiques
à l’emploi
Répondre aux besoins
de financement des entreprises
Soutenir l’emploi d’avenir
et encourager l’apprentissage
Proposer aux entreprises
des outils d’accompagnement
sur mesure
Favoriser la mobilité internationale
des jeunes demandeurs d’emploi
Financer de nouvelles formations
dans les métiers en tension
Développer des lieux d’accueil
des entreprises et le parcours
résidentiel du créateur
d’entreprise
Sécuriser les parcours
professionnels
Prévenir, accompagner,
sauvegarder les entreprises
en difficulté
ÉTATS-UNIS LA MAISON DES FUTURS PATRONS
Aux États-Unis, 40 % des demandeurs d’emploi ont plus de
45 ans. Dans l’Ohio, la LaunchHouse – une structure réservée
aux quinquagénaires – aide les seniors à retrouver du travail en
devenant leur propre patron. Considérés comme trop chers à
l’embauche ou moins productifs, ils n’ont parfois pas d’autre
choix que de créer leur emploi. Mais encore faut-il avoir les
fonds et le courage de se lancer. La « maison » propose des
bourses et des prêts à taux zéro ainsi qu’un programme intensif
de 16 semaines pour former ces futurs patrons. Informatique,
études de marché, réseaux sociaux, gestion ou tutorats
personnalisés : des travailleurs sociaux et des chefs d’entreprise
à la retraite enseignent les fondamentaux de la création
d’activité. Ils aident aussi à reprendre confiance. À terme,
l’administration américaine espère que ces anciens demandeurs
d’emploi finiront par embaucher à leur tour.
Source : The Huffington Post
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Pour les
entreprises
Création d’entreprise :
le coup de pouce décisif
#EntreprisesIDF L’Île-de-France se distingue par un taux de
créations d’entreprise supérieur à la moyenne nationale. Et
nombreux sont les entrepreneurs qui ont des idées et
n’attendent qu’un coup de pouce pour les réaliser.
En premier lieu, ils ont besoin d’informations sur les dé­
marches, les services et les aides relatives à la création et la
reprise d’entreprise. Autant de renseignements disponibles
sur creersaboite.fr, un site administré par la Région et destiné
aux porteurs de projet, des artisans aux créateurs de start-up.
Quelque 350 000 personnes s’y sont connectées en 2014.
Il faut aussi aux candidats à la création d’entreprise des
conditions propices. Lieu d’apprentissage collectif, la couveuse
leur permet de tester leur idée avant de se lancer. À l’étape
suivante, les incubateurs fournissent un appui en termes
TEMPS FORT 17
GRANDE-BRETAGNE BÉNÉVOLAT OBLIGATOIRE
Depuis avril, les demandeurs d’emploi n’ayant pas retrouvé
d’activité au bout de deux ans doivent suivre un programme
intensif, baptisé « Aide au travail ». Très controversé outreManche, le dispositif prévoit des rendez-vous quotidiens avec
un conseiller et 30 heures de travail bénévole par semaine
pendant une durée maximale de six mois. Entretien des
espaces verts ou permanences à la banque alimentaire :
200 000 personnes sont concernées par ce retour forcé à une
activité. Le gouvernement l’assure : « Le but n’est absolument
pas de punir les chômeurs. » Des baisses d’allocations
sont néanmoins prévues pour ceux qui ne rempliraient pas
ces obligations. Un programme pilote mené auprès de
15 000 personnes a montré des résultats positifs, mais limités.
Source : BBC News
Pour le
Pour le
territoire
territoire
Dynamiser l’économie
des territoires
Mieux répartir les créations
d’emplois sur le territoire
Développer l’entrepreneuriat
dans les quartiers
Plus d’infos sur le budget 2015
de la Région Île-de-France :
http://ridf.fr/budget2015
d’hébergement, de conseil et de financement. Propositions
alternatives, les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) sont
des entreprises partagées où un porteur de projet crée et
développe sa propre activité. Salarié puis associé au sein de la
CAE, il bénéficie d’un accompagnement individuel et collectif
et de moyens mutualisés (locaux, équipements…) de façon à
tester, développer et pérenniser son activité. La Région finance
à hauteur de 6 millions d’euros chaque année 69 couveuses,
incubateurs et CAE, où sont accompagnés 1 500 projets par an.
UN SÉSAME AUPRÈS DES BANQUES
Enfin, bien souvent, le créateur d’entreprise a besoin d’argent.
Soutenus par la Région, les réseaux de prêts d’honneur
avancent des fonds à des conditions très favorables. Comme ils
le font après un examen attentif des projets, l’octroi d’un tel
prêt constitue souvent un sésame qui ouvre la porte des
banques au créateur d’entreprise. Recevant 6,7 millions d’euros
d’aide par an, les plateformes de prêts d’honneur ont soutenu,
en 2014, la création de 1 500 PME en Île-de-France.
Des secteurs en crise,
d’autres en mal de bras
#FormationIDF D’après une étude de l’Institut d’amé­na­
gement et d’urbanisme (IAU) d’Île-de-France (1), c’est la
proche couronne qui résiste le mieux à la crise. Certes,
l’emploi industriel y recule, notamment en Seine-SaintDenis. Mais, dans ce département, le choc est amorti par la
croissance de l’emploi dans le ter­tiaire et le secteur de la
construction. Le centre-ouest de l’agglomération continue de
se spécialiser sur les fonctions à haute valeur ajoutée.
CONTRASTES
En fait, en un peu plus de 20 ans, la cartographie de l’emploi
francilien a été totalement modifiée. En 1990, Paris
concentrait à lui seul près de 36 % des emplois, soit un
peu plus que la petite couronne, tandis que moins de 30 %
des emplois se trouvaient en grande couronne. En 2012, la
réalité est radicalement différente : 37 % des emplois se
situent en petite couronne. Viennent ensuite la grande
couronne (32 %) et Paris (31 %).
Selon l’IAU, « la dynamique de développement des entreprises
du digital, des industries créatives ou encore des sciences du
vivant illustre le repositionnement de l’Île-de-France sur des
filières porteuses d’avenir. Cette flexibilité de l’économie a
permis à la région de mieux résister à la crise économique
que le reste du pays ».
79 MÉTIERS EN TENSION
Mais si certains secteurs ont pris la crise de plein fouet (de
2000 à 2012, les emplois de l’industrie ont diminué de 22 %
en Île-de-France), d’autres peinent à recruter. En septembre
2013, la Région a ainsi ouvert 1 100 places de formation
supplémentaires pour répondre aux besoins d’embauches
non pourvus. 79 métiers dits en tension ont été identifiés.
Parmi eux : les services à la personne, les soins infirmiers, la
restauration, le bâtiment, la maintenance informatique, la
sécurité, le transport de marchandises, la blanchisserie, le
gardiennage de locaux… En 2012, 580 000 offres d’emploi
avaient été déposées dans les agences franciliennes de Pôle
emploi ; 22 000 ont été retirées, faute de candidats.
(1) « Emploi et crise, départements et territoires de l’Île-de-France
1990-2012 », étude publiée en juin 2014. À télécharger sur www.iau-idf.fr
(rubrique « Savoir-faire » puis « Nos travaux »)
ESPAGNE MINI CONTRATS PUBLICS POUR JEUNES
Depuis 2008, le chômage des moins de 30 ans a augmenté de
près de 90 % en Andalousie. Violemment frappée par la crise,
la province du sud du pays a investi 200 millions d’euros dans
un plan de lutte destiné à remettre sur le chemin de l’emploi
une partie des 62 % de jeunes Andalous au chômage. Le
dispositif « Emploi jeune » comporte notamment un service
de tutorat personnalisé à la création d’entreprise ou à la
recherche d’emploi. Les mairies de la province sont par ailleurs
subventionnées pour employer de jeunes chômeurs qui – pour
une durée maximale de six mois – pourront intégrer les services
municipaux d’aide à domicile, de sécurité ou de protection de
l’environnement. Une plateforme a également été créée pour
mettre en contact des entreprises et des stagiaires potentiels.
En quelques mois, le service en ligne a attiré 21 000 jeunes
désireux d’acquérir de l’expérience et 1 300 entreprises.
Source : El Diario
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
18 TEMPS FORT
10 Franciliens,
10 façons de rebondir
Textes Xavier Frison, Christophe Grand et Julie Védie
Derrière les froides statistiques du chômage, des hommes,
des femmes, des parcours pour décrocher un emploi…
« Je me suis
accrochée. »
… la Région
© Stephanie Lacombe/Picturetank
En Île-de-France, les femmes ne
représentent que 33 % des créateurs
d’entreprise. Organisé par Île-deFrance Active depuis 2011 avec le
soutien de la Région, le concours
Créatrices d’avenir, marque la
volonté de les encourager.
Chaque année, les entrepreneuses
franciliennes y sont distinguées
dans les catégories « Métiers non
traditionnellement féminins »,
« Innovation », « Entrepreneuriat
dans les quartiers populaires »,
« Économie sociale et solidaire » ou
encore « Très petites entreprises ».
Chaque lauréate reçoit 5 000 euros
pour faire avancer son projet.
Plus d’infos : http://creatricesdaveniridf.franceactive.org
Fatimata Kane,
30 ans, entrepreneuse récompensée
au concours Créatrices d’avenir 2014.
Une femme dans un monde d’hommes, forcément, ça se
voit. Quand Fatimata Kane intègre, dans le cadre de son
BTS commercial, une entreprise spécialisée dans le nettoyage
industriel sur les chantiers de construction, les débuts sont
difficiles. « Au bout d’un mois, je voulais partir, sourit Fatimata.
Et puis, je me suis accrochée, et ça m’a plu. » Le résultat ?
Elle est rapidement promue responsable d’exploitation de
la société, qui grimpe vite à 100 salariés. Il en faut, de la
pugnacité, pour s’imposer dans ce monde éminemment
masculin. Mais la rigueur, le sens de l’organisation et la
méticulosité de cette toute nouvelle maman de 30 ans finissent
par convaincre tout le monde. Au point qu’elle décide de
créer sa propre entreprise, en mars 2014, à Saint-Denis (93).
À la fin de l’année, Kap multiservices, c’était déjà 20 salariés,
dont cinq en CDI. Sont venues s’ajouter une vingtaine
d’embauches en janvier 2015, à la suite de la signature d’un
beau contrat avec Eiffage, un des poids lourds du secteur dont
elle est désormais partenaire officiel. Après avoir répondu
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
« un peu par hasard » au casting du prix régional Créatrices
d’avenir, qui récompense l’entrepreneuriat au féminin,
Fatimata Kane décroche le prix des Métiers non
traditionnellement féminins, et les 5 000 euros qui vont avec.
« C’est génial, ce typede concours, il faut que j’en fasse plus ! »
anticipe cette cadette d’une fratrie de sept enfants. Dans cinq
ans, celle qui s’est tour à tour imaginée infirmière, dans le
marketing ou professeure d’anglais se voit « toujours dans
le bâtiment, mais avec une plus grosse entreprise, de dimension
nationale ». Comme si cela ne suffisait pas, Fatimata a créé en
parallèle une entreprise de produits bio, qu’elle compte bien
développer. « Là, on vient de faire produire une boisson
à base de thé aux États-Unis, dans le New Jersey. Maintenant,
il faut la faire distribuer », annonce le plus simplement
du monde la jeune femme, née à Évreux, en Haute-Normandie.
D’où tient-elle cette énergie et cette audace qui ne lui fait
rien voir d’impossible ? « Je dois tout à mes parents,
lâche-t-elle sans hésiter. Ma mère était mère au foyer, mon
père était ouvrier chez Renault. Il était responsable qualité. »
Bon sang ne saurait mentir.
TÉMOIGNAGES TEMPS FORT 19
« Des bons tuyaux
et un réseau. »
33 ans, photographe professionnelle formée
à la création d’entreprise à la Yump Académie.
Faustine Cabalzar travaille depuis trois ans sur way2arts.com,
son projet de réseau social réservé aux artistes. Elle a été
de la première promotion de la Yump Académie (1)
d’Aubervilliers (93), qui propose six mois de formation aux
aspirants entrepreneurs dans les quartiers populaires. « On a
reçu les bons tuyaux pour faire un business plan. J’ai beaucoup
appris et constitué un réseau très riche avec des pros et les gens
de la promo, détaille la jeune femme. Et, aujourd’hui encore,
si j’ai besoin d’aide, je peux me tourner vers les formateurs
de l’académie. » Elle ajoute toutefois des réserves : « D’abord,
il y a des niveaux d’avancement des projets très différents.
Et puis, il est dommage que les projets n’aient pas pu être
soutenus financièrement. »
(1) « Young Urban Movement Project », concept né en Suède en 2009,
décliné par Yump France.
Plus d’infos sur www.jeveuxmontermaboite.com
« Le Camping
nous crédibilise. »
Michaël Fernandez,
27 ans, directeur d’une entreprise hébergée
chez « l’accélérateur de start-up ».
Ancien ingénieur chez PSA, il est le patron de Drust,
qui développe un petit boîtier d’optimisation de la
conduite automobile et de diagnostic de panne à
destination des particuliers, entièrement piloté par
smartphone. Sa start-up est hébergée au Camping,
le prestigieux accélérateur de projets innovants situé
au cœur de Paris et soutenu par la Région.
Que vous apporte votre arrivée au Camping ?
Elle s’accompagne du recrutement d’un responsable
marketing en CDD, d’un chef développeur en CDI et
d’un développeur stagiaire. Pour ces deux derniers
postes de métiers en tension, le Camping a été un
argument déterminant. Cela crédibilise une jeune
start-up comme la nôtre.
© Stéphanie Lacombe/Picturetank
© Agence Jamais vu
Faustine Cabalzar,
Pourquoi avoir choisi l’Île-de-France pour
votre projet ?
C’est un territoire en avance par rapport au reste
du pays pour les projets innovants. Il y a une
concentration d’incubateurs unique en France,
un écosystème très dense et les sièges des grands
groupes à proximité.
Campagne de financement participatif
pour Drust sur www.indiegogo.com
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
20 TEMPS FORT TÉMOIGNAGES
Astrid Hauton,
30 ans, bénéficiaire d’un stage Mobil’Asie
de six mois au Vietnam.
Après son master à l’ENSCI (École nationale supérieure de
création industrielle), fin 2010, Astrid Hauton, designeuse
produits, se lance dans la recherche d’un emploi. « La plupart
des offres ne correspondaient pas à mes compétences. » Jusqu’à
cette annonce sur le site du Lieu du design qui recherche
des jeunes diplômés pour des stages de six mois auprès
d’associations et d’ONG à Hanoï, au Vietnam, dans le cadre du
dispositif régional Mobil’Asie. Dans la capitale vietnamienne,
elle participe au projet Spin, pour développer et produire des
objets innovants et durables avec les entreprises et artisans
locaux. « J’avais déjà une expérience avec des artisans au
Burkina Faso », précise-t-elle. À Hanoï, où elle prolonge son
stage Mobil’Asie, elle développe de nouvelles compétences :
« Beaucoup de terrain avec les acteurs locaux, du management, la
prise en compte d’enjeux environnementaux, mais aussi de la
formation, car il n’existe pas encore
d’école de design au Vietnam… Des
opportunités que je n’aurais pas
forcément eues en France », raconte la
jeune femme. Rentrée à Paris depuis
quelques mois, elle décide de créer son
entreprise : une maison d’édition
participative qui, via une plateforme numérique, permettra à
des designers de mettre leur créativité au service de la
préservation des savoir-faire artisanaux. Elle a déjà créé une
première collection « pilote » d’objets en bambou.
« Une vraie
opportunité. »
Malika,
© Stéphanie Lacombe/Picturetank
… la Région
Le programme Mobil’Asie, mis en œuvre par l’association
Batik International en partenariat avec la Région Île-de-France,
offre à des demandeurs d’emploi franciliens l’opportunité
d’effectuer un séjour professionnel de six mois à Hanoï, au
Vietnam. Depuis sa création en 2002, plus de 120 Franciliens
âgés de 19 à 30 ans ont pu réaliser un stage auprès d’une
cinquantaine d’entreprises partenaires. À la fin de leur
participation à Mobil’Asie, environ un quart des stagiaires
de chaque session est resté en Asie avec un emploi à la clé.
Plus d’infos : www.batik-international.org/MOBIL-Asie,20
24 ans, employée dans une crèche après avoir
bénéficié de divers dispositifs d’aide régionaux.
Malika arrive de Tunisie en février 2011, avec son
mari, de nationalité française. Elle découvre tout,
la ville de Sarcelles (95), les
transports en commun, le français,
qu’elle pratique sans le maîtriser
totalement. À 21 ans, la jeune
femme commence un parcours
plein de courage et de volonté qui,
trois ans plus tard, lui offrira
un poste d’aide puéricultrice à
Goussainville (95). Dans l’intervalle, Malika,
partie de Djerba avec le niveau collège, a
bénéficié des aides et dispositifs régionaux pour
avancer. « Je n’y serais pas arrivée toute seule »,
confirme la jeune maman. Tout commence à la
« Je n’y serais
pas arrivée
toute seule. »
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Mission locale de Sarcelles qui l’oriente vers le
dispositif régional d’insertion Avenir Jeunes, à
Villiers-le-Bel (95). Grâce à la formation Pôle de
projet professionnel, Malika définit son futur
métier, se donne des objectifs. En parallèle, elle
suit une mise à niveau linguistique et intègre
l’École de la deuxième chance de Sarcelles. Là,
elle bosse les maths, la bureautique, le français
encore, et fait ses armes en entreprise. De
septembre 2013 à juin 2014, la jeune femme suit
une formation en CAP petite enfance financée par
le dispositif régional Programme qualifiant
territorialisé. Depuis novembre dernier, Malika
exerce dans une crèche associative de
Goussainville, via un contrat Emploi d’avenir
d’une durée maximale de trois ans. Son prochain
objectif : « Transformer ce contrat en CDI ! »
21
24 ans, bac + 5, demandeuse d’emploi
en formation chez Mozaïk RH.
La faute à la crise ou à son nom à consonance maghrébine ?
Myriam ne saura jamais. Reste que cette jeune
femme habitant Conflans-Sainte-Honorine (78),
diplômée d’un Master de commerce international
et d’un MBA (Maîtrise en administration des affaires)
marketing-management, ne trouve pas d’emploi depuis
plus d’un an. « Aux rares entretiens que j’ai, on me demande
de façon faussement anodine quelles sont mes origines. Je
réponds que je suis française et que mes parents sont d’origine
marocaine. Ça m’énerve un peu. » Depuis octobre 2014,
Myriam suit les modules de formation de Mozaïk RH,
un cabinet de recrutement qui s’attache à promouvoir
l’égalité des chances et de la diversité. « Je ne m’étais
jamais vraiment dit que j’étais victime
de discrimination, c’est mon entourage
qui m’a conseillé de m’adresser à eux. »
Consciente que Mozaïk RH ne lui offrira
pas de solution toute faite, Myriam
persévère, acceptant même des stages.
« J’ai des amis avec des noms bien français qui ne trouvent
pas de travail… Du coup, je ne peux pas affirmer que c’est
à cause de mes origines. Mais, forcément, j’ai un doute… »
« J’envoie mon CV, on
ne me rappelle jamais. »
Plus d’infos sur www.mozaikrh.com
© Ludovic Le Couster/Picturetank
© Laurent Villeret/Dolce Vita/Picturetank
Myriam,
« Favoriser
l’accès à l’emploi. »
Jean-Luc Ravis,
59 ans, responsable à Pôle emploi, impliqué dans un grand programme de recrutement.
Être directeur territorial à Pôle emploi par les temps qui courent, ce n’est pas une sinécure. Alors, quand
le projet de site écotouristique Villages Nature assorti de 4 800 emplois a vu le jour dans sa Seine-et-Marne,
Jean-Luc Ravis souffle un grand coup. Et il travaille main dans la main avec la Région pour favoriser
l’embauche des Franciliens les plus éloignés de l’emploi. « Sur le plan citoyen, c’est très important de pouvoir
détecter en amont les publics à aider pour accéder à l’emploi », explique le directeur.
Une centaine de postes seront ainsi pourvus par des candidats d’abord placés en chantiers d’insertion. Pour
recruter les 70 maîtres-nageurs, « nous avons, avec la Région Île-de-France, créé des stages de préqualification,
explique Jean-Luc Ravis. 20 stagiaires suivent déjà une première formation indispensable pour prétendre
à celle de maître-nageur ». L’accent est également mis sur l’emploi des personnes en situation de handicap.
Début des embauches ? Juillet 2015. Plus d’infos sur http://ridf.fr/vnature
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
22 TEMPS FORT TÉMOIGNAGES
Michel Reynaud,
55 ans, P-DG de Générale Décors, société sauvée de la
faillite par le dispositif Rebond sauvegarde.
Générale Décors est une PME de Vitry-sur-Seine (94),
spécialisée dans la conception et la construction de décors
pour l’audiovisuel. Employant 80 personnes, elle est déclarée
en redressement judiciaire en avril 2014. Michel Reynaud,
ex-directeur adjoint, est alors nommé P-DG de la société, dont
le capital est majoritairement détenu par ses salariés. Il
sollicite le dispositif régional Rebond sauvegarde à hauteur de
240 000 euros. « Cet argent nous permet de maintenir dans
l’emploi des collaborateurs dont on aurait peut-être été obligé de
se séparer », explique le P-DG. L’aide a servi à acquérir « de
nouvelles machines-outils, des torches de soudage aspirantes,
une nouvelle cabine de peinture, une nouvelle porte d’atelier.
Avec, à la clé, des économies d’énergies, de gros gains en
compétitivité, en productivité et en sécurité pour les salariés ».
Générale Décors devrait revenir à l’équilibre dès 2015.
« Sans l’aide de la Région, je ne sais pas si nous aurions pu
sortir aussi vite de cette crise », admet le P-DG.
© Ludovic Le Couster/Picturetank
Plus d’infos sur www.iledefrance.fr
(rubrique « Aides régionales et appels à projets »)
« De l’argent public investi
de façon intelligente. »
© Florence Joubert/Picturetank
« À l’aise
pour parler
en anglais. »
Hanane Bekkal,
26 ans, embauchée en tant qu’agent de sûreté d’aéroport, après un perfectionnement en langues.
Le jour où Hanane Bekkal manifeste le désir de travailler dans le domaine aéroportuaire, sa conseillère à la
Mission locale l’envoie passer des tests d’anglais qui montrent qu’elle a besoin d’une mise à niveau. « Avec mon
BTS assistante de gestion, j’avais des notions mais j’hésitais à parler », explique cette jeune femme vivant à
Sevran (93). D’avril à juillet 2014, elle suit des cours d’anglais à l’association Jérémy – 70 heures conçues
pour le métier d’agent de sûreté. Consistant à contrôler passagers et bagages, celui-ci nécessite notamment
une aptitude à échanger en anglais. D’où l’accent mis par la formation sur l’oral. « C’était vraiment très bien,
se souvient Hanane. On nous faisait dialoguer à deux ou en groupe. J’aurais aimé que ça dure plus longtemps.
Mais je me sens déjà beaucoup plus à l’aise en anglais. Je formule des phrases correctes. »
La société de services aéroportuaire Alyzia a dû en convenir puisque Hanane y a été recrutée en septembre
pour six mois. Elle pense déjà à la suite, a bon espoir de transformer son CDD en CDI, et se prend à rêver
d’une évolution vers un poste de superviseur, un jour.
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
23
© Ludovic Le Couster/Picturetank
« De nouveaux
emplois grâce
à PM’up. »
Hervé Abitbol,
50 ans, P-DG de Tecmatel, une société bénéficiaire du dispositif PM’up.
Lauréate PM’up (lire encadré) en juillet 2013, l’entreprise Tecmatel est spécialisée
dans la découpe, le façonnage et la transformation des rubans adhésifs et autres
supports souples pour des applications techniques dans les domaines de
l’aéronautique, de l’électronique et du médical. Basée à Élancourt (78), elle est
présente en Île-de-France, dans les régions lyonnaise et toulousaine, ainsi qu’aux
États-Unis. Le soutien régional, de 250 000 euros sur trois ans, a très concrètement
permis à cette PMI d’investir dans l’achat d’une nouvelle machine de découpe
de pansements de très haute technicité, ce qui lui ouvre de nouveaux marchés
et lui offre de nouvelles opportunités de développement.
« Nous avons immédiatement recruté deux jeunes, que nous avons formés en interne
pour travailler en toute autonomie sur cette machine, précise Hervé Abitbol,
P-DG de Tecmatel. Ces aides nous ont aussi permis d’être présents sur des salons
internationaux comme ceux de Chicago et Shanghai. Pour nous développer, y compris à
l’international, nous venons d’ailleurs d’embaucher deux nouvelles personnes. En somme,
PM’up a été un levier d’aide à l’embauche et donc une excellente opportunité pour nous. »
L’entreprise fait également appel à quatre apprentis, « une vraie filière d’avenir pour
les jeunes comme pour l’entreprise ». Convaincu que la croissance des entreprises passe
par l’investissement, et donc par l’emploi, Hervé Abitbol souhaite que sa PMI puisse
continuer ainsi à aller de l’avant. Il envisage d’embaucher deux commerciaux
supplémentaires dès ce début 2015.
… la Région
Le dispositif régional PM’up vise à
soutenir le développement des petites
et moyennes entreprises à fort potentiel
de croissance et d’emploi. Le dernier
appel à projets a été ouvert en
décembre dernier. Quant au prochain,
il aura lieu en juin. Depuis sa création
en 2008, 967 PME-PMI ont ainsi
été soutenues, avec en moyenne
150 000 euros d’aide reçus. Une
première évaluation a montré
une création nette moyenne de huit
emplois par entreprise lauréate, ce
qui représente un total d’environ
4 000 créations nettes d’emplois
pour 25 000 emplois maintenus.
Le budget 2015 est en progression
à 26 millions d’euros attribués, contre
22 millions en 2014.
Plus d’infos : www.iledefrance.fr/pmup
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
24 TEMPS FORT SONDAGE
En quête
d’emploi
Sondage Viavoice réalisé pour
Île-de-France du 5 au 17 janvier
2015, par téléphone, auprès
d’un échantillon de 1 010 personnes,
représentatif de la population
francilienne de 18 ans et plus.
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Selon notre sondage, le chômage est
la préoccupation majeure des Franciliens.
Des Franciliens qui ne veulent pas tourner la page
de la force industrielle de la région et qui
préconisent massivement le renforcement de la
formation et de l’apprentissage.
Précisions de Maïder Chango-Beffa,
de l’institut Viavoice.
© Valentine Vermeil/Picturetank
© Pôle emploi
Pour 49 % d’entre vous,
l’amélioration en matière d’emploi
viendra principalement des PME,
des TPE et de l’artisanat.
Tous les autres résultats sur
www.iledefrance.fr
25
La situation de l’emploi vous préoccupe-t-elle ?
Tous les Franciliens
85,6%
LaOUIsituation
de l’emploi vous préoccupe-t-elle ?
Val-d’Oise
Tous les Franciliens
Seine-et-Marne
OUI 85,6%
HautsVal-d’Oise
de-Seine
SeineSaintDenis
Seine-et-Marne
Paris
SeineHautsSaintde-Seine Val-deDenis
Marne
Yvelines
Réponses positives
par département
Paris
Yvelines
plus de 90 %
entre 85 % et 90 %
Essonne
Réponses positives
entre 80 % et 85 %
par département
Seine-etMarne
“ Les Franciliens sont conscients,
pour 40 % d’entre eux, que leur
région est moins touchée que
d’autres par le chômage. Mais
leurs inquiétudes restent vives :
ils sont près de 90 % à se
déclarer « préoccupés », et
52 % se disent même « très
préoccupés ». ”
Seine-etMarne
Val-deMarne
entre
7590
%%
et 80 %
plus de
entre 85 % et 90 %
Essonne
entre 80 % et 85 %
entre 75 % et 80 %
Quels secteurs vous semblent les plus stratégiques pour développer l’emploi en l’Île-de-France ?
Palmarès des 2 premiers résultats pour chaque tranche d’âge
Chez les
Quelsans
secteurs
18-24
Chez les 25-34 ans
Chez les 35-49 ans
vous semblent
les50-64
plusans
stratégiques pour développer
l’emploi
et les
et les plus
de 65en
ansl’Île-de-France ?
Palmarès des 2 premiers résultats pour chaque tranche d’âge
Commerce
Chez les
Chez les 25-34 ans
18-24 ans
Industrie
Chez les 35-49 ans
et les plus de 65 ans
et les 50-64 ans
Culture
Industrie
et innovation
Commerce
Tertiaire
Industrie
Tertiaire
Culture
Tertiaire
Industrie
Tertiaire
et innovation
“ L’industrie, très présente sur le territoire francilien, apparaît
comme le secteur le plus porteur (43 %).
Viennent ensuite la culture et l’innovation (34 %), ce qui est logique dans une région où la production
audiovisuelle et de jeux vidéo est florissante. ”
Pour améliorer durablement la situation de l’emploi, il faudrait avant tout…
Palmarès des 9 premiers résultats (plusieurs réponses possibles, donc total supérieur à 100 %)
Pour améliorer durablement la situation de l’emploi, il faudrait avant tout…
Palmarès des 9 premiers résultats (plusieurs réponses possibles, donc total supérieur à 100 %)
47 %
32 %
30 %
28 %
22 %
21 %
20 %
18 %
14 %
Mieux former
Faciliter
Assouplir
Miser sur la
Inciter les
Davantage Accompagner Revenir sur
salariés
démarches
le code
contrôler
les entreprises
des
32 % et
28 %du croissance
22 %verte, entreprises
21 %
20 %
18 %
30 %
14acquis
%
demandeurs administratives travail (travail
la transition
à innover
l’utilisation
dans leur
sociaux (RTT,
d’emploi
et procédures le dimanche,
énergétique
des fonds développement
congés,
le soir…)
ou l’économie
publics par à l’international retraite…)
Mieux former
Faciliter
Assouplir
Miser sur la
Inciter les
Davantage Accompagner Revenir sur
sociale et solidaire
les entreprises
salariés et
démarches
le code du croissance verte, entreprises
contrôler
les entreprises des acquis
demandeurs administratives travail (travail
la transition
à innover
l’utilisation
dans leur
sociaux (RTT,
d’emploi
et procédures le dimanche,
énergétique
des fonds développement
congés,
le soir…)
ou l’économie
publics par à l’international retraite…)
sociale et
solidaire
les entreprises
“ L’apprentissage et la revalorisation de certains métiers
sont
nettement désignés
comme les meilleurs remèdes
au chômage (47 %). On note par ailleurs que les jeunes sont ceux qui mettent le plus l’accent sur la nécessité
d’inciter les entreprises à innover (31 % donnent cette réponse, contre 21 % de l’ensemble des Franciliens). ”
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
© WeDoData
Renforcer
l’apprentissage
47 %
et revaloriser
certains
métiers
Renforcer
l’apprentissage
et revaloriser
certains
métiers
26 TEMPS FORT TRIBUNES LIBRES
LE CONTENU DE CES TRIBUNES N’ENGAGE QUE LA RESPONSABILITÉ DE LEURS AUTEURS
MENTIR
En annon­
çant un passe unique
à 70 euros pour la ren­
trée 2015, à deux mois
des élections régionales,
Jean-Paul Huchon fait
un cadeau empoisonné
aux Franciliens.
Rappelez-vous. En 2012,
François Hollande disait : « Les riches paieront. »
Deux ans plus tard, tous les Français ont compris
que c’est eux qui ont payé la facture. C’est la même
chose avec le passe à 70 euros. Il manque 300 mil­
lions d’euros par an pour le financer. M. Huchon
nous dit que la Région paiera, en diminuant
son train de vie. Qui peut le croire ? Depuis 17 ans
qu’il est président, les dépenses n’ont fait qu’aug­
menter. 300 millions d’euros, c’est le salaire des
8 700 agents des lycées. Va-t-il arrêter de payer
les personnels ?
Le passe à 70 euros va immanquablement se
traduire par des impôts en plus et des inves­
tissements en moins. Il va priver la Région des
moyens qui lui permettraient, en 10 ans, de réno­
ver toutes les lignes de RER.
À la fin, tout le monde est perdant. C’est une
mesure injuste faite pour 10 % des Franciliens
mais financée par 100 % d’entre eux, en particu­
lier par ceux qui n’ont pas de transports en com­
mun. Même les usagers de la zone 5 vont en subir
les effets pervers avec un report massif des usa­
gers frontaliers de l’Île-de-France dans leurs gares.
La Fédération nationale des associations d’usa­
gers l’a dit : le passe à 70 euros est une « fausse
bonne idée » car « ce n’est pas le tarif actuel qui
pose problème, mais tous les problèmes de satu­
ration, de vétusté, de retards, de manque de trains,
de manque de liaisons banlieue à banlieue ».
Le 1er janvier dernier, tous les tarifs ont augmenté
pour la septième fois depuis 2010 au motif, selon
la Région, qu’il faut bien « soutenir nos investisse­
ments et faire tourner le système ». Neuf mois plus
tard, comme par magie, la contrainte financière
aura disparu. Ce yoyo tarifaire prouve le caractère
purement électoral de cette mesure. Le député
PS Olivier Faure a vendu la mèche en déclarant :
« J’espère que les Franciliens sauront s’en souvenir
le moment venu. » Après 17 ans d’impuissance sur
les transports, un tel mépris pour des usagers qui
vivent chaque jour la galère des transports est
difficilement supportable.
Assumons-nous de fermer les yeux sur la tragédie
de Brétigny ? Assumons-nous de faire circuler des
trains des années 1960 sous des caténaires cente­
naires ? Assumons-nous de dire que les nouvelles
rames, gares et lignes n’arriveront jamais ?
Il est plus facile de baisser les tarifs que de tenir
un discours de vérité. Mais c’est l’honneur des
politiques que d’affirmer que l’urgence, c’est la
modernisation des transports.
> Valérie Pécresse / 01 53 85 68 05 / www.ump-iledefrance.fr
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Agissons pour le climat !
S’UNIR Fin 2015, le monde entier aura les yeux tournés
vers l’Île-de-France, qui accueillera la 21e Conférence
internationale sur le climat. L’enjeu est majeur. Pour
limiter les effets du dérèglement climatique, il faut
un accord international contraignant sur la réduction
des émissions de gaz à effet de serre.
Alors que le nombre de réfugiés climatiques est
aujourd’hui proche des 30 millions par an et que les
modèles économiques, basés sur une croissance infinie
et sur l’épuisement des ressources, arrivent à bout de souffle, il n’y a toujours
pas d’engagement. Depuis 1992 (première Conférence sur le climat à Rio),
les chefs d’État ont toujours repoussé un accord.
Pourquoi cela changerait-il en fin d’année ? Les écologistes sont convaincus
que c’est sous la pression des citoyennes et citoyens que les chefs d’État fini­
ront par prendre les mesures qu’ils repoussent depuis des décennies. Aussi,
nous avons obtenu deux millions d’euros pour soutenir les associations fran­
ciliennes qui vont informer et mobiliser autour du changement climatique,
par des projets techniques, scientifiques, artistiques...
Nous voulons convaincre les chefs d’État et nous voulons faire émerger des
solutions localement. Car il est possible d’agir en Île-de-France. Agir pour
une relocalisation d’une production agricole plus respectueuse de la terre,
pour le développement des circuits courts, pour la préservation des espaces
naturels, pour un aménagement du territoire et des transports au service des
populations, pour un modèle économique plus respectueux des personnes
et de l’environnement... Une avancée plus que symbolique : le passe Navigo
au tarif unique de 70 euros qui sera mis en place dès septembre. Il s’agit là
d’une mesure majeure portée par les écologistes, qui contribuera à la réduc­
tion des émissions liées aux véhicules. C’est pour cela que les écologistes font
pression pour que le réseau de transport en commun desserve en priorité
les territoires les plus enclavés. Qu’ils augmentent les dessertes et les fré­
quences du réseau de bus, notamment pour la grande couronne. Qu’ils ont
obtenu la disparition progressive du diesel pour les bus franciliens. Qu’ils
sont à l’origine d’un plan ambitieux de rénovation énergétique des bâtiments
pour baisser les émissions... et vos factures. Montrant que l’on peut à la fois
créer des emplois, améliorer votre vie quotidienne et limiter les émissions
de gaz à effet de serre.
> Mounir Satouri / 01 53 85 69 45 / [email protected] / www.elus-idf.eelv.fr
© Nathalie Mohadjer/Le bar Floréal
© Olivier Pasquiers/Le bar Floréal
Passe Navigo à 70 euros :
le cadeau empoisonné
EUROPE ÉCOLOGIE – LES VERTS (51 ÉLUS)
UNION DES DÉMOCRATES ET INDÉPENDANTS (18 ÉLUS)
Répondre aux enjeux de l’emploi
et de la formation !
© Nathalie Mohadjer/Le bar Floréal
MOUVEMENT POPULAIRE, CITOYENS ET ÉCOLOGISTES
INDÉPENDANTS (51 ÉLUS)
ACCOMPAGNER La crise économique touche grave­
ment l’Île-de-France.
Alors que près de 900 000 Franciliens sont en recherche
d’emploi, dont 30 % de jeunes, il est de notre responsa­
bilité d’élus régionaux de sécuriser les parcours profes­
sionnels, d’anticiper les évolutions du marché du travail,
d’adapter l’offre de formation aux secteurs d’avenir,
pour les salariés comme pour les personnes en re­cherche
d’emploi et les jeunes en formation.
La mise en œuvre du Nouveau Grand Paris constitue une opportunité excep­
tionnelle pour notre région : 15 000 emplois par an sont annoncés pendant
10 ans, puis 800 000 emplois pérennes à l’horizon 2030.
Pourtant la Région est loin d’être suffisamment préparée !
Alors que la Région est pilote en matière de formation, le nombre d’apprentis
baisse pour la première fois depuis 10 ans et, en matière d’accompagnement
des entreprises, la majorité régionale vient de voter pour 2015 un budget en
forte diminution !
À quand une Région qui anticipe et accompagne ?
> Laurent Lafon / www.udi-iledefrance.fr
27
© Nathalie Mohadjer/Le bar Floréal
Une région, une zone, un tarif :
promesse tenue !
RÉVOLUTIONNER Dès septembre 2015,
la zone unique sera créée pour le passe
Navigo et la carte Imagine R, aux tarifs
des zones 1-2. Cette mesure, que notre
groupe porte depuis 2004, est l’aboutis­
sement d’un long travail avec la majorité
régionale. Elle répondra aux exigences
de justice sociale et territoriale envers
les usagers les plus éloignés du centre
de la métropole. Elle permettra aussi l’accès en permanence à
l’ensemble du territoire francilien, de toutes et tous, sans frais
supplémentaires, à l’occasion de sorties culturelles, sportives ou
familiales. Il s’agit bien là d’une révolution pour notre région
et ses transports !
Les débats ne sont cependant pas terminés sur le financement
futur de cette mesure. Des ressources pérennes et socialement
justes seront indispensables, en particulier la hausse du verse­
ment transport des entreprises. Pour l’obtenir et pour continuer
à faire progresser le droit à la mobilité de toutes et tous, nous
resterons mobilisés !
> Gabriel Massou / www.frontdegauche-pcfguac-idf.org
PARTI RADICAL DE GAUCHE ET MOUVEMENT DES PROGRESSISTES (6 ÉLUS)
© DR
Agir pour l’emploi
INSÉRER Faciliter le retour à l’emploi
de celles et ceux qui en sont éloignés,
telle est l’une des missions que s’est
fixées la Région, notamment à travers
les emplois-tremplin et les politiques
menées en faveur du secteur de l’éco­
nomie sociale et solidaire.
En intervenant auprès des acteurs de
terrain qui ont pour objectif de favori­
ser l’insertion par l’activité économique, la Région joue ainsi
pleinement son rôle de bouclier social.
> Michel Fize / 01 53 85 69 46 / www.prg-mup-idf.fr
© J.-C. Bardot/Le bar Floréal
FRONT DE GAUCHE – PARTI DE GAUCHE ET ALTERNATIFS (5 ÉLUS)
Loi Macron : régression
sociale et renoncement
écologique
RÉSISTER La loi Macron, qui se pare
de « modernité », reprend en fait les
propositions poussiéreuses des clubs de
réflexion de droite et les injonctions de la
Commission européenne : travail le dimanche, dérogation au
temps de travail légal, suppression des seuils sociaux… Autant
de vieilles rengaines du patronat rendant les salariés corvéables
à merci pour satisfaire les actionnaires.
Cette loi, c’est aussi le renoncement écologique avec la libé­
ralisation du transport par autocar pour fermer des dessertes
ferroviaires. Faire échec à ce projet est un devoir.
> Pascale Le Néouannic / [email protected] /
www.frontdegauche-alters.fr
GROUPE SOCIALISTE, RÉPUBLICAIN ET APPARENTÉS (61 ÉLUS)
À vos côtés, pour l’emploi
ACCOMPAGNER Sous l’impulsion de la
gauche, la Région s’est imposée comme
un acteur majeur en matière de déve­
loppement économique, de formation
professionnelle et d’apprentissage, qui
constituent de puissants leviers pour
l’emploi francilien. C’est en ce sens qu’a
été adoptée la Stratégie régionale de
développement économique et d’inno­
vation (SRDEI) en 2011, qui prévoit un fort soutien aux PME
franciliennes, principales créatrices d’emplois. Dans un contexte
économique de crise dont souffrent tant les plus fragiles que
des classes moyennes menacées par le déclassement social, la
Région propose également aux Franciliens un accompagnement
tout au long de leur parcours professionnel, dans la recherche
d’un emploi ou leur requalification.
Les jeunes, notamment les moins qualifiés, sont un public priori­
taire de notre action. Le dispositif Avenir Jeunes offre ainsi aux
jeunes de 16 à 25 ans un accompagnement individualisé vers une
meilleure insertion sociale et professionnelle. Dans ce but, près
de 40 millions d’euros sont mobilisés chaque année, auxquels
s’ajoutent plus de 20 millions d’euros de soutien aux missions
locales. Les jeunes concernés peuvent, dans ce cadre, élaborer un
projet professionnel de long terme et acquérir les connaissances
nécessaires à sa réalisation. Ce travail fait écho aux dispositifs de
lutte contre le décrochage scolaire, une cause portée par notre
groupe depuis plusieurs années.
Au cœur des compétences régionales, l’apprentissage bénéficie
en outre de 340 millions d’euros chaque année, qui permettent
de soutenir des dizaines de milliers de jeunes dans l’acquisition
d’un métier et d’un savoir-faire reconnu.
La Région est également présente aux côtés des salariés et des
entreprises. Elle a récemment mis en place le dispositif Rebonds,
qui lutte contre les défaillances d’entreprises et pour la sauve­
garde des emplois. Il a déjà permis de préserver des centaines
d’emplois et va encore monter en puissance. Une attention par­
ticulière est par ailleurs portée à l’accompagnement et la for­
mation des salariés. Ainsi, la Région s’est engagée en faveur de
la sécurisation des parcours professionnels, afin d’éviter que les
salariés des secteurs les plus fragilisés ne se retrouvent du jour
au lendemain au chômage et sans les qualifications nécessaires
pour rebondir rapidement.
Le dernier volet de l’action régionale est celui du retour à l’em­
ploi, qui implique notamment la requalification ou la reconver­
sion des demandeurs d’emploi afin de les adapter aux besoins et
exigences des secteurs qui recrutent. L’objectif est d’éviter ainsi
la spirale du chômage de longue durée. À ce titre, le programme
régional Compétences finance chaque année 22 000 places de
formation des demandeurs d’emploi, pour 150 millions d’euros.
Face à une situation économique et sociale dégradée, les dis­
positifs régionaux de formation professionnelle, d’apprentissage
et d’emploi continueront de jouer un rôle essentiel pour favori­
ser l’insertion professionnelle et l’acquisition des compétences
né­cessaires au maintien ou au retour dans l’emploi.
> Gilles-Maurice Bellaïche / 01 53 85 68 57 / www.psidf.fr
© DR
FRONT DE GAUCHE – PARTI COMMUNISTE, GAUCHE UNITAIRE
ET ALTERNATIVE CITOYENNE (15 ÉLUS)
PROCHAINE SÉANCE DU CONSEIL RÉGIONAL
Les 18 et 19 juin 2015
57, rue de Babylone, Paris 7e.
Sur Twitter @iledefrance, #DirectIDF
Retransmis en direct sur www.iledefrance.fr
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
28 TEMPS PARTAGÉ DÉJÀ DEMAIN
Le nombre de voyageurs a tellement augmenté en Île-de-France depuis 10 ans
que des gares Transilien SNCF sont plus fréquentées que certaines gares TGV de province.
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
29
Heures
de pointe
du matin,
chagrin
Texte Renaud Charles Datavisualisations WeDoData
© Xavier Schwebel/Picturetank
Trains bondés, routes saturées : partir
travailler est souvent synonyme de galère
en Île-de-France. Pour venir à bout de
cette situation, l’arsenal des solutions
est vaste et repose aussi bien sur
les nouvelles lignes de transport et
la rénovation du réseau existant que
sur les horaires décalés, le covoiturage
ou le télétravail.
#TransportsIDF « Tu te lèves et tu me bouscules… Tu n’t’excuses pas… Comme d’habitude… Ce sur quoi je remonte la
rame… J’ai peur d’être en retard… Comme d’habitude… » Quoi
de mieux que le tube de Claude François revisité pour illustrer
la rengaine vécue par les Franciliens pour aller travailler.
Chaque jour, vous êtes plusieurs centaines de milliers à prendre
d’assaut les routes et les transports en commun, avec comme
conséquences des kilomètres de bouchons et des rames bondées. Un trafic à ce point dense qu’on ne parle plus d’heures de
pointe mais carrément d’« hyperpointe » en Île-de-France.
« Derrière cette facétie de vocabulaire, il y a quelque chose de
fondamental, note Pierre Messulam, directeur général adjoint
de Transilien SNCF. Depuis 10 ans, nous sommes confrontés à
une hausse de plus de 30 % du nombre de voyageurs avec en
moyenne 3,2 millions de passagers au quotidien. Ce qui nous
place, selon l’École Polytechnique de Lausanne, dans le top 3
mondial pour ce qui est du taux de fréquentation de nos trains.
Certaines gares franciliennes de villes moyennes ont plus de
passagers que des gares TGV en province. Aulnay-sous-Bois (93),
par exemple, voit monter 33 000 passagers par jour, soit plus
que la gare TGV de Besançon ! »
AMÉLIORER L’OFFRE DE TRANSPORT
Pour faire face à ces flux de voyageurs, il s’agit donc d’innover.
En premier lieu, on pense bien sûr à la manière d’améliorer
l’offre de transport en commun. « Le Stif (autorité organisatrice des transports en Île-de-France) a financé la mise en
service de nouveaux trains là où on pouvait en ajouter, indique
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
30 TEMPS PARTAGÉ DÉJÀ DEMAIN
Se déplacer en Île-de-France
UNE RÉGION À PART
Un temps moyen
de déplacement
quotidien supérieur
aux autres régions
Île-de-France
84 min
Autres régions
64 min
AUX HEURES DE POINTE
Répartition horaire des déplacements des Franciliens
en voiture et en transports collectifs
Nombre de déplacements par heure en 2010
17 h
1 600 000
8h
1 400 000
Chaque jour, 41 millions
de déplacements dans la région
1 200 000
39 %
38 %
20 %
Marche
Voiture
Transports
collectifs
Vélo 2 %
Deux-roues motorisés 1 %
Un usage intensif des
transports collectifs
1 000 000
800 000
600 000
400 000
Nombre de voyages annuels
346
177
En Île-de-France
Dans les grandes
agglomérations (1)
200 000
4h
6h
8h
10 h
12 h
14 h
16 h
18 h
20 h
22 h
(1) Les 8 agglomérations de plus de 450 000 habitants
disposant d’un réseau de métro ou tramway
Sources : « Les transports ferroviaires régionaux en Île-de-France », la Cour des comptes (2010) ; « Enquête globale transport 2010 », Stif – Omnil – Driea
3,2 Pierre Messulam. Mais il y a des endroits dans
REPENSER L’ORGANISATION DU TRAVAIL
les solutions pour lutter contre l’hyperla région où on est à la limite de la capacité des
millions Néanmoins,
pointe sont à chercher sur tous les terrains. « Il
infrastructures. »
de voyageurs
faut admettre notre incapacité infrastructurelle à
C’est pourquoi de nouvelles liaisons sont sur les empruntent le
résoudre ces moments d’excès de trafic, qu’il s’agisse
rails. « La Région travaille sur les interconnexions réseau Transilien
en banlieue pour faciliter les déplacements et éviter SNCF au quotidien du système routier ou du réseau de transport public »,
résume Bruno Marzloff, sociologue spécialiste des
aux voyageurs d’avoir à passer par Paris », détaille
questions de mobilité. Même son de cloche à la
Mireille Bouleau, chargée d’études à l’Institut
d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Île-de-France. Le SNCF. « Physiquement, on touche aux limites de ce que l’on peut
projet phare en la matière est celui de Grand Paris Express, faire, confie Pierre Messulam. Il y a déjà d’énormes efforts maqui prévoit la construction de quatre nouvelles lignes de tériels qui sont consentis, mais on ne sait pas augmenter la
métro autour de Paris à l’horizon 2030. « Le projet de Tan­ capacité du réseau ferroviaire aussi vite qu’il le faudrait. Il
gentielle Nord, entre Sartrouville (78) et Noisy-le-Sec (93), est faut donc trouver d’autres méthodes. »
aussi un chantier qui va permettre de raccorder des territoires Pour Laurence Debrincat, chef de la division des études généaujourd’hui enclavés aux zones d’emplois », souligne pour sa rales du Stif, « la question de l’organisation du travail pour
part Catherine Mangenay, elle aussi chargée d’études à l’IAU. réduire le besoin de déplacements en périodes de pointe est aussi
un enjeu clé. Modifier les horaires de travail peut être une solution. Elle est déjà appliquée par de nombreux établissements.
Par exemple, l’arrivée sur des plages horaires étalées est en
vigueur à La Défense (92) depuis bien longtemps. Elle pourrait
être ciblée sur des secteurs d’activité plus restreints où il est plus
aisé de dialoguer avec les responsables des entreprises concernées pour résoudre des difficultés localisées. »
C’est justement le cas de La Plaine Saint-Denis (93) qui reAprès les voies de bus en ville, place aux voies de bus sur
groupe quelques gros sièges sociaux comme ceux de la SNCF
autoroutes. Dès cette année, la Région, en collaboration avec
(3 500 salariés), SFR (8 500) ou encore Orange (3 500). « Entre
la Dirif (Direction des routes d’Île-de-France) et le Stif (autorité
7 h 30 et 9 h 45, le taux d’occupation des RER B et D qui desorganisatrice des transports), va participer au financement de
servent la gare Stade de France – Saint-Denis peut atteindre
deux voies réservées sur l’A1 et l’A6a. Elles seront ouvertes
250 % », témoigne François Dubrac, chef d’entreprise à la tête
entre 6 h 30 et 10 h pour la première et entre 7 h et 10 h pour la
de l’association Plaine Commune Promotion. Raison pour
seconde. Leur mise en service devrait avoir lieu au printemps.
laquelle l’étalement des horaires est testé depuis janvier
… la Région
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
© Jean-Lionel Dias/Dolce Vita/Picturetank
31
Travailler près de chez soi dans un espace de coworking est une solution pour échapper
aux rames bondées, en attendant la mise en service du Grand Paris Express.
© Julie Bourges/Picturetank
dernier. « Nous avons créé une commission “3T” – pour trajet,
trafic et temporalité –, qui regroupe les entreprises du territoire
afin de mener une réflexion et des actions conjointes », précise
François Dubrac. « En tant qu’employeur, nous voulons voir comment l’on peut organiser le temps de travail, même si nous savons
que cela n’est pas généralisable à toute l’Île-de-France », détaille
Pierre Messulam.
CONTRE LA MOBILITÉ SUBIE, LE TÉLÉTRAVAIL
Travailler autrement, c’est aussi travailler à distance alors
qu’en Île-de-France, on estime à 500 000 le nombre de personnes habitant en grande couronne et dont le temps de
trajet quotidien serait de 2 h 20 en moyenne. « Les études
montrent que l’Île-de-France est la région française où la part
des mobilités subies est la plus importante, constate Bruno
Marzloff. Cette problématique est la même aux Pays-Bas qui
sont le pays le plus dense d’Europe. C’est pourquoi la ville
d’Amsterdam a pris l’initiative d’ouvrir en périphérie une centaine de centres de télétravail [appelés aussi espaces de travail
collaboratif ou de coworking, NDLR]. Ce programme, en place
depuis quatre ans, a permis, selon ses responsables, de réduire
le trafic de 8 % et les congestions de 20 %. »
En Île-de-France, la Région a lancé en décembre dernier la
quatrième édition de son appel à projets « Espace de travail
collaboratif », ouvert jusqu’au 16 mars. Depuis 2012, une
cinquantaine de projets ont ainsi pu être soutenus (1) (2).
D’UN MODE DE TRANSPORT À L’AUTRE
Une autre manière d’agir sur le trafic aux heures de pointe
passe par le développement du covoiturage lors des trajets
domicile-travail. Un usage encore confidentiel mais qui
devient possible grâce au numérique et à la création d’applis
comme Sharette et Wayz-Up (3). D’autant que le rapport à
l’automobile change. « Elle n’est plus un objet qui fait rêver,
analyse Jérémy Courel, économiste à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme. Les jeunes urbains, dans les grandes
métropoles, passent leur permis de plus en plus tard, voire ne
le passent plus. »
Même la SNCF s’intéresse au sujet. L’entreprise a lancé, fin
2014, son propre service de covoiturage, iDVroom. « Cela
peut sembler antinomique avec notre rôle de transporteur
ferroviaire, mais nous nous considérons avant tout comme un
Le covoiturage offre
une autre alternative.
opérateur de mobilité, décrypte Pierre Messulam. Il ne s’agit
pas de développer le covoiturage contre le train, mais de simplifier les trajets de nos voyageurs vers nos gares. »
Une conception qui laisse entrevoir une autre pratique des
transports, davantage multimodale. « C’est déjà le cas des usagers dits “hyper-agiles”, analyse Bruno Marzloff. Leur maîtrise
de la mobilité s’appuie sur le recours à tous les modes de dépla­
cement, l’utilisation des outils numériques pour accéder aux
informations trafic et une organisation délocalisée et désynchronisée du travail. D’une régulation des transports descendante, de l’autorité organisatrice vers les usagers, on passe ainsi
à une forme d’autorégula­tion par les usagers eux-mêmes, via
notamment les réseaux sociaux. »
(1) À découvrir sur une carte en ligne, réalisée par la Fonderie, l’agence
numérique régionale : http://ridf.fr/carteduteletravail
(2) Lire aussi notre débat sur le télétravail, p. 9.
(3) Wayz-Up s’est vu décerner par la Région et le Stif, en 2014, le Trophée
de la Mobilité dans la catégorie « Nouveaux usages et nouveaux véhicules ».
Retrouvez notre article
consacré au covoiturage
et à l’autopartage
sur http://ridf.fr/
covoiturage
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
32 TEMPS PARTAGÉ RÉTRO
Les derniers témoins
d’Auschwitz
© Xavier Schwebel/Picturetank
Texte Christophe Grand
En 15 ans, plus de 6 000 élèves de lycées et CFA d’Île-de-France sont allés visiter le plus grand camp d’extermination nazi.
Près de 500 lycéens et apprentis
franciliens partent, chaque année depuis
2000, visiter le camp d’extermination nazi
situé en Pologne. Un voyage d’étude
préparé par le Mémorial de la Shoah et
qu’ils accomplissent au côté des derniers
rescapés.
#JeunesseIDF « J’ai abrégé un peu, on est pris par le temps »,
s’excuse le vieil homme. Il a accompagné d’un rire léger ses
derniers mots, façon polie d’en adoucir l’âpreté. Depuis une
heure, dans une salle du Mémorial de la Shoah, à Paris, il raconte à des lycéens franciliens les six mois qu’il a passés dans
un camp de la mort. André Berkover a 85 ans. Il a été déporté
à Auschwitz, en Pologne, avec Sophie, sa mère, et Guy, son
grand frère. Il est revenu seul. Pendant 50 ans, il s’est tu
puisqu’on ne voulait pas l’entendre : « Les gens disaient : “Tu nous
racontes du baratin, tu serais mort.” » Puis il a commencé à témoigner, et il revient régulièrement au Mémorial relater à des
jeunes des faits qui défient leur entendement. Pour l’essentiel,
son récit ressemble à celui de tous les rescapés des camps.
Pourtant, de la bouche de cet homme dépourvu de colère sont
sorties des anecdotes qui renouvellent l’indignation. « Nous
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
habitions, raconte-t-il, dans un petit appartement dans le 20e.
Bien sûr, le confort n’était pas celui d’aujourd’hui. Pour nous laver,
nous allions dans des bains publics. Et puis, la loi a interdit aux
Juifs l’accès à tous les lieux publics, donc aux bains… » Parce qu’il
y est quand même allé, Guy est arrêté et envoyé au camp de
Drancy (93). Pour André, « il avait été dénoncé, c’est sûr ». Le reste
de la famille va alors se cacher chez une parente. Mais, peu
après, André et Sophie sont à leur tour dénoncés et arrêtés.
André Berkover est de ceux chez qui l’on perçoit, même s’ils sont
âgés, les traits de l’enfant qu’ils furent. Ce détail donne une force
particulière à la dernière anecdote de son récit. Sa mère a été
assassinée à son arrivée à Auschwitz et il a dû laisser derrière
lui son grand frère dans un état de santé désespéré, mais il
est libre. Après d’ultimes péripéties, il se retrouve à Odessa,
en Ukraine. « Il fallait prévenir quelqu’un que je revenais, ex­plique-t-il, j’ai envoyé un télégramme à une amie de ma mère
qui était catholique. » Il avait 15 ans et n’excluait pas d’être le
dernier des siens.
TANT QU’IL Y A DE LA VIE, IL Y A DU RÊVE
« À pied, nous allons faire le trajet de ceux qui étaient sélectionnés
pour le travail. » Dans la froidure polonaise des premiers jours
de décembre, les jeunes rencontrés au Mémorial 15 jours plus
tôt suivent le guide. Pour visiter le camp d’Auschwitz, ils ont
décollé de Roissy au petit matin. Pour certains, c’était un baptême de l’air et un événement à partager. D’où leur agacement
33
À visionner sur
www.iledefrance.fr,
Un cours d’Histoire,
un film en quatre
parties sur le
voyage d’une
classe de lycéens
franciliens à
Auschwitz en
décembre.
2000
Les premiers groupes
de lycéens franciliens
partent visiter le camp
d’Auschwitz-Birkenau
2003
Sortie du n° 1 de
Comment en arrivet-on là ?, une publication
annuelle destinée aux
lycéens et apprentis
d’Île-de-France
2005
Ouverture du Mémorial
de la Shoah, à Paris 4e
2010
© PWP
Les apprentis franciliens
sont invités à leur
tour à visiter le camp
d’extermination nazi
2012
La visite du camp
nazi inspire aux
élèves des affiches,
qui sont exposées
ensuite dans leurs
établissements.
© Xavier Schwebel/Picturetank
2015
Le Mémorial de la
Shoah et la Région
comptabilisent
15 ans de partenariat
et plus de 6 000 élèves
accompagnés en
Pologne
© Mémorial de la Shoah
Inauguration du
Mémorial de Drancy
(93), près de la cité
de la Muette, ancien
camp de transit vers
Auschwitz
Conservés à Auschwitz, des milliers de valises…
de constater que, passé le décollage, « y’a pas de réseau ».
Débarqués à Cracovie, les préoccupations sont toujours du
même ordre : « Tu crois que je vais payer, là ? » Et puis, le bus, le
camp… Ils ont remisé les mobiles et cessé de se vanner. Ils se
parlent même avec précaution, mais la gravité ne pèse pas trop
sur l’atmosphère. C’est peut-être grâce à Yvette Lévy, une
énergique octogénaire francilienne qui a fait de nombreuses
fois le voyage pour raconter sa déportation dans ce lieu.
D’être au milieu de cette jeunesse l’enchante et elle enchaîne
les anecdotes lugubres sans jamais se départir de sa bonne
humeur. Elle tient à ce qu’on sache que les nazis n’ont jamais
pu em­pêcher ces jeunes filles martyrisées de rêver. « Un jour,
on discutait. Alors, on disait qu’on se marierait et qu’on aurait
une très belle robe. Une des filles disait qu’elle voulait une robe
avec des manches gigot. Moi, je ne savais pas ce que c’était et,
comme on crevait tout le temps de faim, je me demandais bien
pourquoi elle nous parlait de gigot. »
LE VOIR POUR LE CROIRE
Mais, à l’arrivée au « sauna », le bâtiment où les détenus gardés
en vie pour travailler étaient brutalement passés à la désinfection, elle dit ce que cet endroit lui inspire de malaise : « Vous
savez, ici, j’ai vécu des moments douloureux. Je me souviens de
la honte d’être nue, d’être entièrement tondue, des vêtements
qu’on nous donnait et qui avaient été volés à d’autres. » La visite
se clôt sur une exposition de biens dont les déportés étaient
dépouillés. Lunettes en quantité industrielle, monceaux de
valises portant le nom et la date de naissance de leurs propriétaires, ces objets marqueront l’esprit des visiteurs comme les
a frappés l’étendue d’Auschwitz. À leur retour, les lycéens
s’accorderont pour reconnaître que seule une visite sur place
permet de mesurer l’ampleur des moyens mis au service du
projet nazi d’assassiner tous les Juifs d’Europe. Une dernière
vitrine montre des boîtes de conserve ouvertes et rouillées. En
grand nombre. Pourtant, ce n’est qu’un échantillon. Chacune
contenait assez de gaz mortel pour tuer 150 ou 200 personnes.
« Vous voyez, a remarqué un guide, aujourd’hui, nous avons
passé ici beaucoup plus de temps que la plupart des Juifs qui
y sont venus. » La vitalité d’André et Yvette ne doit pas faire
oublier aux visiteurs que sur 1,3 million de personnes qui ont
été déportées à Auschwitz (dont 1,1 million de Juifs), 1,1 million y ont été assassinées, la majorité dans l’heure qui a suivi
leur arrivée. En attendant l’avion qui les ramènera en France,
les lycéens se disent « tristes et en colère ». Indifférente à la
facture à venir, une jeune fille rallume son mobile pour ap­
peler : « Je m’en fous. Je paierai. »
Plus d’infos dans la rubrique « Île-de-France » du minisite
www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/voyages/index.htm
… la Région
Depuis 2000, la Région Île-de-France soutient le Mémorial
de la Shoah dans son action au service du souvenir. Plus de
6 000 élèves de lycées et de centres de formation d’apprentis
(CFA) franciliens et près de 600 accompagnateurs sont ainsi
allés visiter le camp d’extermination nazi d’Auschwitz.
Pour l’année 2014-2015, la Région a attribué 350 000 euros à
ce dispositif qui, après le voyage d’étude, prévoit la réalisation
d’affiches par les classes participantes, puis une exposition
itinérante de ces créations dans les établissements scolaires.
Le soutien régional au Mémorial se traduit aussi par une
publication annuelle intitulée Comment en arrive-t-on là ?,
distribuée dans les lycées et CFA d’Île-de-France.
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
Future
ligne du Grand Paris Express,
la « 15 sud » offrira, dès 2020,
de nombreuses escales culturelles
et divertissantes. Petit aperçu.
Textes Aude Raux Illustrations Clotka
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www.lepluspetitcirquedumonde.fr
le Plus Petit Cirque du monde, qui offre
spectacles et initiations aux enfants
défavorisés, va enfin disposer d’un chapiteau.
Le nouveau Centre des arts du cirque et des
cultures émergentes, d’une capacité de
360 places assises, sera inauguré en juin.
Sous la charpente en bois, les enfants, comme
les grands, s’initieront aux arts du jonglage,
de l’acrobatie ou encore de la clownerie !
Le
Plus Petit Cirque du monde
Installé depuis 20 ans dans un gymnase,
BAGNEUX
www.papierdarmenie.fr/FR/
C’est là que sont fabriquées les célèbres lamelles en papier buvard dont
le benjoin, une résine provenant d’un arbre oriental, est le principal
composant. À laisser se consumer, pour parfumer son habitat, tout
en fredonnant la chanson de Gainsbourg : « Laissez brûler les p’tits papiers,
papiers de riz ou d’Arménie… Qu’un soir ils puissent, papier maïs,
vous réchauffer… »
L’atelier du
papier
d’Arménie
Depuis 1885, des effluves de papier d’Arménie flottent à Montrouge.
CHÂTILLON - MONTROUGE
De Pont de Sèvres
à Noisy-Champs
34 TEMPS PARTAGÉ EN CHEMIN
http://musee.vet-alfort.fr
Plus d’étapes à découvrir sur notre eMag,
la version pour tablettes et smartphones de
notre magazine : www.emag.iledefrance.fr
l’école nationale vétérinaire d’Alfort est l’un des plus vieux musées de
France. Dans un décor d’origine parfaitement restauré en
2008 se niche une collection unique de
4 200 pièces consacrée à l’anatomie
animale : beaucoup de squelettes,
mais surtout les Écorchés d’Honoré
Fragonard, le cousin du célèbre
peintre. Parmi ces trésors,
le sidérant Cavalier de
l’Apocalypse.
Le
musée Fragonard
Né sous la forme d’un cabinet de curiosités royal en 1766, le musée de
LE VERT DE MAISONS
www.ileseguin-rivesdeseine.fr
entre les mains de l’architecte Jean Nouvel. Choisi par les Boulonnais, son projet
mêle hébergements, bureaux, infrastructures sportives, espaces verts – avec
un jardin couvert de 12 000 m² – et surtout équipements culturels. Car l’Île Seguin
ambitionne de devenir le haut lieu de la culture du Grand Paris. Son joyau ?
La Cité musicale, sur sa pointe aval, dédiée à tous les styles musicaux et
qui ouvrira ses portes en 2016.
L’Île
Seguin
Le futur de l’île qui fut, pendant plus de 60 ans, le fief des usines Renault est
PONT DE SÈVRES
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NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
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www.vitry94.fr
Mac/Val, un musée regroupant plus de 2 000 œuvres d’artistes français des années
1950 à nos jours, la création fait le mur ! Graffitis, pochoirs, mosaïques : la ville est
un musée à ciel ouvert, que des artistes du monde entier viennent régulièrement
enrichir. À découvrir lors de balades « Art in the street ».
Street
art
Vitry-sur-Seine et l’art contemporain, c’est une passion sans limites. Au-delà du
VITRY CENTRE
www.ville-creteil.fr
Gérard Grandval ont reçu le label « Patrimoine du xxe siècle ». Ce grand
ensemble doit son nom à ses balcons arrondis, qui donnent à ses 10 tours
rondes de 15 étages l’aspect de… choux-fleurs. Une autre architecture insolite
à admirer dans le quartier : l’école nationale de musique, de danse et d’art
dramatique Marcel-Dadi, dont la façade ondulée évoque un rideau de scène.
Les
« Choux »
Emblème de l’architecture des années 1970, les « Choux » imaginés par
CRÉTEIL - L’ÉCHAT
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36 TEMPS PARTAGÉ CARTE BLANCHE
MARTIN ARGYROGLO
Photographe
#JeSuisCharlie « Place de la Nation à Paris, le 11 janvier 2015. Tandis que la marche
se termine pour beaucoup, le cœur du rassemblement bat encore en son épicentre : la statue
de Jules Dalou, Le Triomphe de la République. La lumière d’un fumigène recompose la scène. »
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
SAVEURS RÉGION TEMPS PARTAGÉ 37
Le champignon de Paris
En Île-de-France, une poignée de petits producteurs s’évertuent à cultiver
encore, de manière traditionnelle, le plus incontournable des champignons.
À la coriandre
Un plat dérivé des célèbres champignons
à la grecque, à déguster chaud ou froid.
C’est ce qu’ont préparé, spécialement
pour notre magazine, Charline Cogny et
Marion Dumain, toutes deux élèves de
BTS au CFA des Métiers de la table, à
Paris 17e, avec leur professeur de
cuisine, Christophe Bligny.
Une recette à retrouver sur
www.iledefrance.fr
Profession champignonniste
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P ic t u r et a n k
Angel Moioli, producteur de champignons
installé à Montesson (78), perpétue
une tradition familiale. « La culture
des champignons, je suis né
dedans ! Lorsque mon grandpère, d’origine italienne, s’est
installé en Île-de-France dans
les années 1920, c’était un
secteur en pleine expansion.
Aujourd’hui, je continue à
travailler sur le domaine
familial comme mon père et
d
Î le mon oncle », confie-t-il.
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« Et, comme eux, je n’utilise aucun
© Cer v ia
produit chimique. Mes champignons peuvent
être tachés, de forme irrégulière, mais au moins
ils ont du goût ! » La meilleure preuve : depuis
2012, sa production porte la marque
« Saveurs Paris Île-de-France », créée
par le Cervia, l’organisme chargé
de promouvoir l’agroalimentaire
francilien. Plus d’infos sur
www.mangeonslocal-en-idf.com
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Un champignon…
sans frontières
Si la culture
du champignon
de couche (le premier
nom du champignon
de Paris) remonte au
xvie siècle en France,
elle ne prend son
essor qu’au début du
e
xix siècle grâce à un
jardinier parisien
nommé Chambry. Il a
en effet l’idée de la
pratiquer dans des
carrières, là où la
température et
l’humidité sont
constantes. La production
se développe alors dans les
sous-sols de la capitale et
aux alentours, d’où le nom de
« champignon de Paris ». Après
un pic à la fin du xixe siècle, la
production décroît et se déplace dans
le Val-de-Loire et à l’étranger.
17 °C
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La
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C’est la température
à laquelle les galeries
souterraines doivent
être maintenues pour
favoriser la pousse et
la conservation des
champignons.
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Manger des champignons locaux,
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me demandiez de comparer une tomate du jardin avec une
une idée folle ? Pas si sûr ! En Île-de-France, pour le plus
tomate cultivée sous serre ! » s’exclame, amusé, le champi­grand plaisir des papilles, les champignons de Paris
gnonniste des Yvelines, Angel Moioli.
sont cultivés tout au long de l’année par quelques
Malheureusement, malgré la qualité et une producirréductibles champignonnistes. Au cœur de galetion non négligeable – 400 kg par semaine rien que
ries souterraines, ces passionnés déposent un médans l’exploitation d’Angel Moioli, à Montesson –,
lange de compost pasteurisé avec du mycélium,
ce savoir-faire est en perte de vitesse. En cause : la
recouvert de terreau, qui donne naissance au chamconcurrence étrangère, en Pologne et en Chine nopignon. Cinq semaines plus tard, ces champignons v
tamment, où les champignons sont cultivés de façon
z
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de taille variable et à la couleur brune ou crème sont ia Paris
coup moins
L a industrielle avec une main-d’œuvre beau­
a
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Î
cueillis à la main et vendus essentiellement dans les Amap le-de-France/Joan chère qu’en France. « Sans les circuits courts, je mettrais la clef
de la région (antennes de l’Association pour le maintien d’une sous la porte », conclut le champignonniste.
agriculture paysanne), ou directement sur les exploitations. La Champignonnière Les Carrières, 78360 Montesson.
différence avec les champignons industriels ? « C’est comme si vous Tél. : 06 09 06 21 52
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
38 TEMPS PARTAGÉ C’EST À VOUS
IDÉES &
RÉACTIONS
La rédaction est à votre écoute !
Donnez votre avis sur www.iledefrance.fr
et sur les réseaux sociaux.
LA LAÏCITÉ, TOUJOURS D’ACTUALITÉ ?
© Pierre-Yves Brunaud/Picturetank
Comment exercer son esprit critique à l’heure des réseaux sociaux ?
Comment garantir le « vivre ensemble » et diffuser auprès des
jeunes les idéaux de la République et le principe de laïcité ? Après les
attentats perpétrés à Paris, la question de l’éveil des consciences
dans les établissements scolaires est posée. La Région, qui construit
et entretient les lycées, et développe des politiques éducatives, vous
invite à prendre la parole. Sur www.iledefrance.fr/parlons-en
et www.facebook.com/RegionIledeFrance.
EN SURDOSE DE BRUIT ?
© Julie Bourges/Picturetank
C’est la nuisance numéro 1 en Île-de-France : le bruit ! Mais tous les
Franciliens ne sont pas logés à la même enseigne. Bruitparif vous
permet de faire le point sur votre dose quotidienne de bruit, au travail,
dans les transports, chez vous ou dans les lieux de loisirs que vous
fréquentez. Racontez votre journée type et voyez le niveau de
décibels évoluer en fonction de vos conditions de travail (open space
ou pas), de transports, du temps passé à la cantine ou devant la télé.
www.bruitparif.fr/dose-bruit
IMPOSEZ VOS IDÉES DANS LE DÉBAT !
© Nicolas Leblanc
Depuis un an, la Région a mis en place un droit d’interpellation
populaire. Ayant la forme d’une pétition, il permet aux Franciliennes
et aux Franciliens de plus de 16 ans de proposer l’inscription d’un sujet
à l’ordre du jour de l’assemblée régionale. Transports, aménagement
du territoire, transparence de l’action régionale, aides aux entreprises…
Tous les thèmes sont sur la table et chacun peut exercer ce nouveau
droit citoyen. www.iledefrance.fr/droit-petition
PROMENEZ-VOUS DANS LES DONNÉES DES PARCS
© Florence Joubert/Picturetank
Avant de venir explorer les Parcs naturels d’Île-de-France, les 11 et
12 avril par exemple (lire « Agenda », p. 39), du Gâtinais français à la
Haute Vallée de Chevreuse (photo), la Région vous invite à tout
connaître de ces espaces qui concilient développement économique
et préservation de l’environnement. Le tout, via la plateforme
regroupant ses données ouvertes : http://data.iledefrance.fr
JOUEZ AVEC LE BUDGET RÉGIONAL
© Région Île-de-France
Combien la Région consacre-t-elle par an à chaque apprenti ?
Le budget régional est-il plus important que celui de la Ville de
Paris ou du Département des Hauts-de-Seine ? Quel film soutenu
financièrement par la Région a été présenté à Cannes l’an dernier ?
Testez vos connaissances avec les 11 questions pédagogiques,
sérieuses ou décalées, de notre « Budget quiz ». Et défiez vos amis
sur les réseaux sociaux ! www.iledefrance.fr/budget-quiz
Retrouvez les actualités de
la région, reportages, vidéos,
galeries photos, infographies
animées, sondages…
www.iledefrance.fr
/ NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015
ENCORE UNE MINUTE TEMPS PARTAGÉ 39
AGENDA
LOISIRS
VILLAGE SPORTIF D’HIVER
JUSQU’AU 8 MARS
L’Île de loisirs de Vaires-Torcy (77)
invite les 12-17 ans à venir pratiquer
le patinage, la luge, l’élastique
ascensionnel et même… le ski alpin !
www.ilesdeloisirs.iledefrance.fr
TERROIR
SALON DE L’AGRICULTURE
L’Île-de-France est une très grande
région agricole. Pour s’en convaincre,
le stand du Cervia (l’organisme chargé
de promouvoir l’agroalimentaire
francilien) propose des dégustations
et des rencontres de producteurs.
À la Porte de Versailles, Paris 15e.
www.salon-agriculture.com
SPORT
CHAMPIONNATS DE FRANCE
DE CROSS-COUNTRY
LE 1ER MARS
Grande course nature pour tous
dans l’Île de loisirs de Val de Seine,
à Verneuil-sur-Seine (78).
www.athle.fr
FORMATION
MOIS DE L’APPRENTISSAGE
DU 13 MARS AU 13 AVRIL
Rendez-vous dans les 163 centres de
formation d’apprentis d’Île-de-France
pour découvrir comment se former à
1 000 métiers, du CAP à bac + 5.
www.cfacile.iledefrance.fr
LECTURE
SALON DU LIVRE
DU 20 AU 23 MARS
Le stand de la Région, à la grande
fête du livre, accueille une centaine
d’éditeurs franciliens et le MOTif,
l’observatoire régional du livre et
de l’écrit. À la Porte de Versailles,
Paris 15e.
www.salondulivredeparis.com
PARCS NATURELS D’ÎLE-DE-FRANCE
WEEK-END DÉCOUVERTE
LES 11 ET 12 AVRIL
Balades, expos, dégustations, visites
de monuments et d’ateliers d’artisans
d’art… : tout pour donner envie
de revenir très vite dans le Gâtinais
français (77-91), la Haute Vallée de
Chevreuse (78-91), le Vexin français
(78-95) et l’Oise-Pays de France (95).
Plus d’infos sur smartphone avec
l’appli « Parcs naturels ». Et sur
www.parcsnaturels.iledefrance.fr
© DR
DU 21 FÉVRIER AU 1ER MARS
L’écologie
dans le
cerveau
Martin Provost (1), réalisateur de Séraphine
(César du meilleur film en 2009) et président du jury
du Festival international du film d’environnement 2015
Le plus grand ennemi de l’homme, c’est l’homme. Tout le monde le sait,
mais on dirait que, par les temps qui courent, on veut l’oublier.
Entre être et avoir, l’homme a le choix, pourrait-on dire. Encore faut-il
avoir assez pour être. Mais quand on sait qu’il y a sur cette planète plus
de 840 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui meurent de faim,
qu’une partie nage dans l’opulence et rejette sans vergogne du CO2 dans
l’atmosphère, tandis que l’autre – qui voit déjà ses cultures dévastées par
la sécheresse et les inondations à cause de ce même CO2– est contrainte de
nous vendre ses terres fertiles pour que nous ne manquions pas de roses en
hiver, on est en droit de se demander si notre modèle de société capitaliste
n’est pas obsolète. Croître et
multiplier, oui, mais jusqu’où ?
Et à quel prix ? Un arbre croît
mais, à un moment, il s’arrête
et meurt. Il en est ainsi de tout
ce qui vit sur terre. Et de nous
avec. Détournés de leur
fonction première – nourrir
les hommes –, le rendement
et la (sur)productivité tuent
la planète, au profit de quelques-uns. Acheter, posséder, capitaliser, voilà
leur credo, au risque d’oublier que l’obsession d’avoir ne va pas sans celle de
manquer. Nous voilà, en quelques décennies, passés du statut d’être humain,
de citoyen, à celui de consommateur, du statut d’être pensant à celui de
tube digestif. Dépendants du plaisir d’avoir, ne sommes-nous pas en train
de perdre notre intelligence ?
Quand on sait que nos déchets dépassent de beaucoup ce que la planète
peut absorber, qu’un continent de déchets plastiques gros comme le tiers de
l’Europe dérive au nord de l’Atlantique, que nous enterrons d’autres déchets
– radioactifs ceux-là – dans des sarcophages qui se fendilleront dans 300 ans
et répandront dans les sols et ce qui restera d’eau potable une radioactivité
mortelle, qu’après le pétrole, nous voilà en train de pomper le gaz de schiste
au détriment des nappes phréatiques et de la qualité des sols, etc., on est en
droit de se demander si l’on n’est pas devenus fous, jetés tous dans un même
train à grande vitesse, mais sans gare d’arrivée.
Je fais partie d’une génération qui n’a pas connu la guerre. C’est magnifique !
Quelle victoire sur la haine, la bêtise et la mort ! Allons-nous continuer à
rester dans le déni au risque de laisser en héritage aux générations à venir
matière à nous haïr ? Ouvrons les yeux. Le monde est beau. Ouvrons nos
oreilles. Il y a des poètes pour le chanter. Nous devons préparer l’avenir.
Il est là. La chenille peut encore devenir papillon. Nous sommes dans
la chrysalide.
« La chenille peut
encore devenir papillon.
Nous sommes dans la
chrysalide. »
(1) En raison de la proximité des échéances électorales, la tribune du président de la Région
Île-de-France est provisoirement suspendue.
NUMÉRO 55 / FÉVRIER 2015 /
onaime
aime
le sport.
on
le sport.
POUR QUE CHAQUE FRANCILIENNE ET FRANCILIEN PUISSE PRATIQUER UN SPORT
À PROXIMITÉ DE SON DOMICILE, LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE SOUTIENT LA CONSTRUCTION,
L’AGRANDISSEMENT ET LA RÉHABILITATION DES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS SUR
L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE, TELS QUE DES TERRAINS EN GAZON SYNTHÉTIQUE, DES
PISCINES OU DES EQUIPEMENTS D’ENVERGURE REGIONALE COMME LE VÉLODROME DE
SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES
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sur www.iledefrance.fr
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Demain s’invente ici