SK¥Lettre GP”ri n¡6baÄ - Fondation Gabriel Péri
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SK¥Lettre GP”ri n¡6baÄ - Fondation Gabriel Péri
la LETTRE n° 6 septembre 2005 DE LA FONDATION GABRIEL PÉRI Opinion Une conférence de Robert Hue sur le « Marché » p. 1, 4 et 5 • Mondialisation IVe colloque interafricain de philosophie p. 2 et 3 • Europe Nouvelle donne dans la gauche allemande p. 6 • Fondation Calendrier 2005-2006 p. 7 et 8 • OPINION Conférence de Robert Hue en Chine DU MARCHÉ… j e ne crois pas que l’on puisse célébrer ou vilipender le marché « en soi ». Il y a une véritable « escroquerie » à vouloir accréditer l’idée d’un marché immuable et indépassable. Il n’a pas cessé d’évoluer, sous l’effet des progrès des échanges, des moyens de communication, et aussi des affrontements sociaux et politiques dont il est l’enjeu. Et aujourd’hui il convient de l’examiner à partir de la crise du capitalisme et, plus généralement, de la crise de civilisation – engendrée par le capitalisme – dans laquelle tout est marchandise. L’essentiel réside dans ce que sont – ou ce que devraient être – les critères du marché. Aujourd’hui, dans les grands pays capitalistes et dans la multitude de ceux qui subissent leur domination, l’ensemble des activités humaines est soumis à la dictature d’un seul critère : celui de la rentabilité financière « en soi ». Et c’est cette financiarisation à outrance qui est génératrice de crise profonde, durable, dévastatrice. OR, IL Y A DE NOUVEAUX CRITÈRES POSSIBLES : sociaux, écologiques, culturels, démocratiques. Il y a, surtout, l’obligation de définir de nouveaux critères per mettant d’évaluer les apports du travail humain à la société en ter mes de r ichesses créées, de mieux-être, de développement culturel, de préservation de l’environnement… Dès lors, si les capitaux investis sur le marché produisent de la garantie sociale, de la sécur ité environnementale, des acquis démocratiques, de l’élévation des connaissances et des capacités personnelles, pourquoi devrait-on EDITORIAL être hostile à la rentabilisation des capitaux à la mesure de ce qu’ils apportent ? Ne sommes-nous pas à un moment où la démonstration est possible de la pertinence de ces critères ? Et de l’exigence de les faire prévaloir, de les imposer, plutôt que page 4 Un après la création de la Fondation UNE RENTRÉE AMBITIEUSE i l y a bientôt un an – c’était le 23 septembre 2004 – la Fondation Gabriel Péri s’installait formellement en désignant son Conseil d’administration et en confiant la responsabilité de président à Robert Hue. Depuis, elle a organisé un certain nombre d’initiatives, dont un colloque international et une rencontre philosophique qui ont débouché sur la publication d’« Actes », disponibles depuis quelques jours. Mais surtout, nous nous sommes efforcés de réfléchir à l’engagement d’un certain nombre de chantiers dont on trouvera le détail dans cette lettre et sur le site de la fondation. Avec les différents séminaires, les rencontres thématiques, les rencontres philosophiques (en partenariat avec Espace 1 Marx) et les projets du secteur « travail de mémoire », il s’agit pour nous d’aider la sensibilité communiste à stimuler des recherches exigeantes, pour mieux cerner quelques grands enjeux contemporains et pour faire progresser des idées neuves. Cela impose de se donner du temps et de solliciter, sans a priori, toutes celles et tous ceux qui peuvent contribuer à cet effort. On constatera, en prenant connaissance de la programmation 2005-2006, que cette démarche suscite l’intérêt de nombreuses et très diverses personnalités.Tant mieux. Et nous avons l’ambition, notamment avec la revue trimestrielle FondationS dont le premier numéro sortira à l’automne, de lui donner une plus grande ampleur à l’avenir. Michel Maso • MONDIALISATION c IVe Colloque philosophique interafricain* COMPLÉXITE DES HORIZONS hassez l’« afro-pessimisme », il revient au galop. L’idéologie nous prend au moment où on croit la comprendre.Tel pourrait être le constat final de la quatrième rencontre de doctorants en philosophie du Sénégal, de la Côte-d’Ivoire, du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Niger et du Togo qui se réunissent en séminaire, annuellement depuis 2001, à l’initiative du professeur de philosophie Sémou Pathé Guèye à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Philosophie, mondialisation et visions du futur africain » était, fin juillet 2005, le thème de la quatrième édition de ce colloque interafricain. Une cinquantaine de communications, une centaine de participants ont manifesté, une semaine durant, l’actualité de ce thème : une nouvelle carte du monde se redessine. Désormais, tout devrait converger vers plus de liberté car, comme l’a indiqué Saliou Ndiaye, assesseur de la faculté des lettres et sciences humaines de Dakar, « la mondialisation devrait être avant tout promesse d’horizons nouveaux, de découvertes exaltantes, de mélanges et d’échanges entre les cultures du monde ». Toutefois, « tout convergerait aussi, faute de lois et de garde-fous, vers le règne du plus fort, vers l’accroissement des inégalités, vers l’affrontement entre un modèle dominant et le reste du monde, en particulier l’Afrique ». C’EST QUE LE NOUVEL ORDRE MONDIAL ne pose pas aux États africains des problèmes exclusivement économiques ou politiques, il affecte aussi le savoir dans sa manière de le produire, dans sa circulation, dans sa gestion, son contrôle et aussi et surtout dans le partage des savoirs scientifiques. Dans son propos introductif, intitulé « Renaissance versus mondialisation », le philosophe Sémou Pathé Guèye a affirmé que « l’histoire n’a pas dit son dernier mot en Afrique ». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la mondialisation a redonné une activité particulière à la question des identités qu’elle est supposée « brouiller », voire écraser. Assimilant l’identité africaine à l’ensemble des rapports sociaux actuels sur ce continent, admettant que l’Afrique a déjà accusé du retard (et des échecs), il a mis en évidence quelques valeurs contemporaines, spécifiquement africaines, et la capacité potentielle des Africains à se prendre en charge. Savoir ce que signifie, du point de vue de la finalité, être afr icain pose de façon inédite la question de l’identité sociale : être africain ne se réduit d’ailleurs pas à un paramètre géographique ni à un paramètre culturel. L’urgence est à la réinvention d’un État interafricain sans que cela se fasse aux dépens des libertés. On comprend les difficultés spécifiques d’acquérir une conscience historique émancipatrice dans des pays qui n’ont connu successivement que les traites négrières : dès l’Antiquité les exportations d’esclaves, puis les traites, de longue durée, transsharienne et orientale, et enfin huit siècles plus tard, la traite transatlantique et les traites interafricaines que l’abolition de l’esclavage, obtenue en 1848 après vingt ans de bataille par Victor Schoelcher, a simplement transformé en contrebande contemporaine pérennisant l’un des traits essentiels du colonialisme. À la démocratie toujours limitée dont l’Occident fait un modèle, Sémou Pathé Guèye préfère « la démocratisation comme processus sans fin ». La mondialisation financière est-elle affectée d’un coefficient d’universalité tel que la contradiction entre les souverainetés locales et la dépendance économique vis-à-vis de l’Occident ne puisse être dépassée ? C’est à ce problème et au caractère colonial de l’étatisme africain qu’ont été 2 consacrés les débats les plus vifs de ce colloque interafricain. AU VU DES RÉSULTATS de « quarante ans d’indépendance », l’aspiration à la paix, à la négociation pour éviter les guerres dites « locales » ou « ethniques » a grandi dans la communauté philosophique et tout ce qui est fondé sur la violence, qu’elle soit réactionnaire ou progressiste, tend à être rejeté dans la grande tradition de « l’arbre à palabres ». Face aux famines, qu’elles soient médiatisées spectaculairement comme celle du Niger, ou ignorées par l’Occident comme celle du Tchad, la conscience du caractère non naturel des catastrophes s’est faite plus fine et surtout plus « globalisante ».Aussi, la volonté que les peuples africains soient traités COLLOQUE DE LA FONDATION GABRIEL PÉRI À DAKAR Dans le cadre d’un séminaire sur l’Afrique, la Fondation Gabriel Pér i organise fin novembre à Dakar, en collaboration avec des intellectuels et responsables politiques sénégalais, un colloque sur le thème : « Quelles nouvelles relations entre l’Afr ique, la France et l’Europe ? » Le séminaire, qui courra sur l’année scolaire 2005-2006, sera organisé autour de cinq grands thèmes : – Comprendre le passé pour mieux appréhender l’avenir de l’Afrique. – Communautés nationales, identités et conflits en Afrique : quel rôle des grandes puissances et des multinationales ? – Les cultures africaines au cœur de la renaissance du continent africain. – France-Afrique : quelles perspectives pour les relations francoafricaines ? – Afrique : de la désespérance à la renaissance. d’abord avec dignité par les grandes puissances s’exprime dans de nouveaux types d’activités pratiques locales, l’intégrité ethnique, trop souvent source de conflit, passant en second. À l’opposé des grands spectacles compassionnels que se sont offerts au Niger durant l’été les « Horace et Curiace de l’humanitaire », Philippe Douste-Blazy et Bernard Kouchner, le développement de la solidarité interafricaine et des valeurs traditionnelles de partage finissent par l’emporter sur l’afro-pessimisme et la dénonciation vertueuse DOCUMENT de la « cor ruption ». Les cr ises récentes comme celle de la Côted’Ivoire ont fragilisé les couches sociales les plus défavorisées. Dans de nombreux quartiers tout le monde vit à crédit. Dans les plus grandes villes, le « bidonville » voisine avec le gratte-ciel, une économie de « débrouille » plus que de travail s’installe, consacrée par une expression « ça va, je grouille toujours ». Une autre dette, symbolique elle, pèse tout autant sur les comportements, « la dette de vie ». La noncapacité de prendre en charge la famille au sens élargi du ter me, vieillards et enfants compris, est vécue comme une infirmité honteuse. À un collègue sénégalais,Amady Aly Dieng, dont le prochain ouvrage porte en titre Hegel et l’Afrique noire – Hegel était-il raciste ?, j’apporterai ma contribution élogieuse avec cet autre mot du philosophe d’Iéna : « L’histoire avance toujours par le mauvais côté. » Arnaud Spire • *Arnaud Spire représentait à ce colloque la Fondation Gabriel Péri. On lira ci-dessous des extraits de Intervention d’Arnaud Spire L’EUROPE ET LE CONTINENT NOIR l e discours africain ne saurait être plus longtemps un discours de victimisation : il est plus facile de faire de l’Afrique noire une zone arriérée, un continent perdu qui n’aurait pas su profiter du progrès universel que de reconnaître que l’échec des politiques de développement contenu précisément dans cette fameuse conception occidentale du « progrès » conduisait à un « chaos déterministe ». Ce dont il s’agit pour l’Afrique, ce n’est pas tant de changer, mais de mettre fin à l’emprise d’un système capitaliste, libéral ou néolibéral, qui révèle chaque jour son caractère de plus en plus destructeur et barbare. Laisser « émerger » le nouveau à partir de l’actuelle « complexité », tel devrait être l’objectif. Mais en Afrique aussi, comme dans le reste du monde, la mondialisation capitaliste préfère recour ir aux guerres, pour maintenir et étendre son pouvoir. La guerre est devenue un instrument de domination au service de la soi-disant « paix » dont les marchés financiers se prétendent les champions. En mai 2001, selon une enquête Sofres, onze pays d’Afrique connaissaient une rébellion armée contre les pouvoirs centraux : en Angola, au Burundi, au Congo-Kinshasa, au Liber ia, en Ouganda, au Rwanda, en Sierra Leone, au Sénégal, en Somalie, au Soudan, au Tchad. Onze autres étaient secoués par des cr ises internes plus ou moins aiguës qui pouvaient à tout moment dégénérer en guerres civiles. Quatre étaient engagés dans des conflits interÉtats : l’Éthiopie contre l’Érythrée, la Guinée contre le Liberia. Comment veut-on que cette situation ne nourrisse pas en France l’image d’une Afr ique « pauvre », « instable », « violente » et « corrompue ». Dissiper cette image déplorable et combattre le courant néo-raciste et anti-noir qui la propage dans les médias occidentaux est une tâche urgente pour tous les militants progressistes de la planète, au Nord comme au Sud. […] LA LUTTE POUR UN AVENIR DE PROGRÈS en Afrique passe donc par le refus de propager l’idée d’un continent qui attendrait de l’Occident, au-delà des actuelles prétendues « coopérations », des gestes de charité pour vivre en paix et se développer. Cette lutte passe aussi par une « démarchandisation » critique du langage employé par les actuels maîtres du monde capitaliste. Et ce de la même manière que la pensée de Marx a créé à son époque de la compréhension et de la capacité critique par rapport à l’état de choses existant, le capitalisme naissant. 3 Exemplaire est à cet égard la façon dont Mme Aminata Traoré s’est s’emparée du débat né en France autour du référendum sur une éventuelle constitution européenne pour dire le « non » de l’Afr ique. Si l’Afrique était consultée sur « la nature et les desseins de l’Europe », elle devrait, selon cette militante, « se prononcer au référendum pour le non et cela serait pour ce continent une manière d’affirmer son autonomie et son refus des ingérences pour enfin vivre debout ». L’Europe de demain ne saurait en effet fonder quelque développement démocratique et social que ce soit en acceptant le naufrage de continents « prétendument émergents » et notamment sur un effondrement sans lendemain du continent africain. Là est le cœur du plaidoyer pr incipal de son pamphlet qui appelle essentiellement à une « libération économique, politique et culturelle de l’Afrique, prise en otage par la mondialisation libérale et par la politique ambiguë des grandes puissances, la France en premier lieu » […] Plusieurs années après la conquête des indépendances nationales, ce n’est plus l’intégrité ou l’identité nationale qui est l’objectif mais bien la dignité humaine sur tous les continents. […] • COOPÉRATION Visite en Chine du président et du directeur de la Fondation DIALOGUES OUV d u 3 au 11 juillet dernier, Robert Hue, président de la Fondation Gabr iel Pér i, et Michel Maso, directeur, ont séjourné en Chine, à l’invitation conjointe du PCC et du Centre de recherche du monde contemporain de Chine (CRMCC). Un accord de partenariat et de travail a été signé 1 entre les deux organismes de recherche, après que suite de la p. 1 Opinion de s’enfermer dans une dénonciation sans nuances et sans perspectives de la rentabilité ? Ma seconde question a trait à l’énorme besoin de services publics, traditionnels et nouveaux, nécessaires, d’abord, aux individus afin de répondre à leur aspiration à plus d’autonomie individuelle. Et plus ces aspirations grandissent, plus il est besoin de mettre le collectif à leur service. Plus on a besoin que la collectivité prenne en charge, au bénéfice des individus mais aussi des entreprises, un certain nombre de secteurs des activités humaines. Qui peut raisonnablement penser que de tels défis sont surmontables grâce au seul concours des capitaux publics ? En France, en tout cas, c’est impossible. Qui peut penser qu’il suffirait de mobiliser des financements publics, par définition appuyés sur l’impôt, pour travailler efficacement à relever ces défis ? Des sommes énormes sont aujourd’hui capitalisées. Il ne s’agit pas, comme c’était le cas aux XVIIIe et XIXe siècles, de capitaux accumulés de façon personnelle par des gens qui prenaient des risques. Il s’agit d’une accumulation planétaire, résultant directement du travail de milliards d’hommes et de femmes pendant plusieurs siècles. Une accu- Robert Hue a prononcé une conférence, suivie d’un échange avec les responsables et les collaborateurs du centre, sur les questions relatives à la mutation du PCF et au marché (voir les extraits du propos de Robert Hue). Une discussion reprise longuement un peu plus tard avec M.Wang Jiariu, chef du département international du PCC, puis avec M. Zhang Zhijun, son adjoint. À PÉKIN, À XIAN ET ENFIN À SHANGHAI, Robert Hue et Michel Maso ont également rencontré un certain nombre de responsables locaux qui les ont particulièrement entretenus d’une spécificité massive de la réalité chinoise d’aujourd’hui : le problème des « ouvriers-paysans », c’est-à-dire des quelque 150 millions de ruraux qui, en « sureffectif » dans les campagnes, eu égard aux exigences de mulation valorisée par le pillage des peuples, grâce aux pouvoirs dont se sont emparés les détenteurs directs de capitaux ou leurs représentants politiques. Pourquoi l’usage de ces capitaux serait-il réservé à une petite minorité, alors que les êtres humains et les peuples qui en ont permis l’accumulation en ont un besoin si pressant ? On a cru trouver la réponse en proclamant qu’il fallait « exproprier les expropriateurs ». âge ; il ne s’agit pas de juger le capital d’un point de vue moral, mais il faut considérer l’usage qui en est fait eu égard aux problèmes nouveaux et d’une exceptionnelle ampleur qu’il nous faut affronter. C’est pourquoi, on ne peut faire face aux besoins de services publics de haut niveau et de coûts élevés que par de nouvelles combinaisons de capitaux privés et de capitaux publics, impliquant bien sûr de nouveaux critères de valorisation. Je parie, pour ma part, que ces critères sont davantage porteurs d’efficacité et de développement, pour les capitaux publics et les capitaux privés, que les critères actuels du capitalisme […]. Pourquoi l’usage de ces capitaux serait-il réservé à une petite minorité, alors que les êtres humains et les peuples qui en ont permis l’accumulation en ont un besoin si pressant ? Même Lénine n’a pu y parvenir dans les premières années de la révolution soviétique, et il a eu l’intelligence d’engager une politique – la NEP – s’appuyant sur les capitaux privés, mais en ne cédant rien du pouvoir d’État qui orientait leur utilisation […]. On ne peut plus s’en tenir à cette conception d’un autre 4 QUE NOUS ENSEIGNE LA FAÇON DONT LE CAPITA- Entre autres choses que si l’entreprise est bien la base de ce développement, le capitalisme n’hésite pas, dans la poursuite de ses objectifs, à la sacrifier dès qu’il y voit son intérêt. Surtout si le seul critère qui détermine ses choix est celui de la rentabilité financière, c’est-à-dire de l’argent voué uniquement à faire encore de l’argent. Alors – et c’est particulièrement patent aujourd’hui – ce capitalisme-là, le capitalisme financier, est responsable de la fermeture d’une multitude d’entreprises et de la mise en chômage de millions d’hommes et de femmes. Par conséquent, le problème n’est LISME S’EST DÉVELOPPÉ ? Gabriel Péri VERTS moder nisation de l’agr iculture, gagnent les villes où la question de leur emploi est loin d’être réglée, en raison du sous développement relatif du pays. Il y a ainsi, en Chine, selon les responsables de la Fédération des syndicats, environ 24 millions de personnes auxquelles, chaque année, il faut procurer une activité, et un taux de chômage de l’ordre de pas seulement la propriété des capitaux (et dans les services publics, il est bien clair qu’ils doivent être, majoritairement, publics). Nous en sommes arrivés, en France, à une situation où les salar iés sont les meilleurs défenseurs des entreprises, alors que des capitalistes cherchent à les liquider. « L’esprit d’entreprise », tant vanté par le capitalisme, est, dans le monde occidental, l’apanage des salariés. Non seulement ils la défendent mais ils proposent pour elle de nouveaux développements. Il faut aujourd’hui reconnaître l’entreprise non plus comme la seule propriété de droit divin de capitalistes anonymes, mais comme une collectivité humaine décisive pour le développement de la société. Et dans ce cadre la question des droits nouveaux pour les salariés, les élus, les collectivités, les États devient également décisive. JE NE SUIS PAS PARTISAN DU « TOUT ÉTAT ». Et pas plus du « zéro État » (qui par ailleurs – c’est mon expérience occidentale qui me le fait dire – n’existe jamais). Je suis pour un État au service du développement social et au service des entreprises, conçu comme je l’ai dit, pour les mettre à l’abri des prédateurs financiers. Je suis pour des États qui ne laissent pas aux grands groupes capitalistes le soin de diriger la planète. 4,3 %, officiellement. Un tel chiffre satisferait sans doute beaucoup de pays, mais rapporté à la population chinoise, il signifie d’exceptionnels problèmes, qu’aucun des responsables rencontrés n’a esquivés ni même simplement minorés. Pas plus qu’ils ne l’ont fait devant les très importantes différences régionales de développement ou les questions de corruption. ASSEZ LOIN, DONC, DES CLICHÉS sur une Chine sûre d’elle-même, dominatrice et affichant une satisfaction sans nuances devant les résultats souvent impressionnants qu’elle obtient, c’est bien davantage, des hommes et des femmes engagés dans un vaste effort de modernisation mais aussi de com- Enfin, la quatrième question que je veux aborder devant vous est relative à la mobilisation des citoyens, des salar iés, des peuples en général qu’appellent les défis considérables de ce début de XXIe siècle. Sans cette mobilisation, nous ne pouvons pas Il ne s’agit pas de juger le capital d’un point de vue moral, mais il faut considérer l’usage qui en est fait eu égard aux problèmes nouveaux et d’une exceptionnelle ampleur qu’il nous faut affronter. avancer vers le progrès pour tous ; vers une civilisation libérée des dominations et des aliénations ; vers les possibilités inédites de libération humaine et d’épanouissement individuel que permettent les progrès des connaissances, les progrès scientifiques et technologiques, et l’élévation de la conscience et de la 5 préhension des problèmes à résoudre, d’innovation pour y parvenir, d’échanges avec l’extérieur pour y aider qu’ont rencontrés les représentants de la Fondation. C’est dans cet esprit que les responsables chinois souhaitaient recueillir les réflexions de Robert Hue, et c’est dans ce sens qu’il s’agit à présent de développer des relations de travail entre le CRMCC et la Fondation Gabriel Péri. Cette collaboration sera inaugurée prochainement, à l’occasion d’une des séances de travail de notre séminaire consacré à l’énergie.• 1. Le texte intégral du mémorandum de cet accord est consultable sur notre site. combativité des êtres et des peuples. Cette mobilisation ne se décrétera pas. Elle ne sera pas possible par la contrainte […]. D’autant plus que nous avons aujourd’hui à inventer de nouvelles solutions dans des conditions inédites, marquées par de formidables bouleversements dans les façons de produire et de créer, dans tous les domaines – économique, social, culturel – de l’activité humaine. Ces bouleversements, pour déboucher sur une efficacité nouvelle, exigent que les travailleurs et créateurs ne soient plus les sujets d’une monarchie d’entreprise d’État, ou de simples pions dans une mondialisation impulsée par le capitalisme financier. Ils doivent en être des acteurs conscients et responsables, y compris dans le cadre d’une nouvelle mondialisation de coopération pour le progrès de tous ; une mondialisation de respect mutuel et de paix […]. On ne fait pas le bonheur des peuples sans eux, et plus les sociétés se complexifient et se modernisent, plus cette exigence de respect et d’incitation à l’intervention de chacun et à l’appropriation collective des conditions du développement se trouve posée avec force. Robert Hue • * Extrait d’une conférence de Robert Hue prononcée en Chine au mois de juillet.Texte intégral sur notre site. EUROPE Elections legislatives en Allemagne DU NEUF À GAUCHE l e parti du chancelier Gerhard Schröder, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), a perdu au profit de l’Union chrétiennedémocrate (CDU), lors des élections rég ionales du 22 mai dernier, son grand fief traditionnel : le Land de Rhénanie-duNord-Westphalie, la grande région industrielle du pays avec le bassin de la Ruhr. La WASG (Alter native électorale, travail et justice sociale) – tout jeune parti de gauche antilibéral existant principalement à l’ouest du pays et regroupant notamment des déçus du SPD, des altermondialistes, des syndicalistes – obtient dans ce Land pour ces toutes premières élections un résultat intéressant de plus de 2 %. Dans la foulée, Gerhard Schröder en appelle à des élections anticipées. Cette défaite cuisante, qui n’est pas la première du genre outre-Rhin, est liée au taux de chômage élevé et à la politique de démantèlement de l’État-providence menée par le chancelier et sa coalition SPD-Verts dans le cadre de l’Agenda 2010, à savoir : réfor me du système des retraites impliquant réduction de celles-ci et création de fonds de pension ; réforme de l’assurancemaladie qui oblige les assurés sociaux à payer 10 euros par trimestre pour les consultations sans être remboursés et qui conduira à des baisses de remboursement notamment pour les soins dentaires ; réforme du système d’indemnisation du chômage appelée « Hartz IV » qui touche de plein fouet les chômeurs de longue durée. FACE À UNE POPULATION TELLEMENT ANGOISSÉE par le chômage qu’elle est prête à accepter l’augmentation du temps de travail, la suppression du 13e mois et la réductions des salaires pourvu que l’emploi soit garanti, des voix à gauche du SPD se sont fait de plus en plus entendre contre l’ultralibé- ralisme, que ce soit Klaus Ernst, porte-parole de la WASG, Gregor Gysi, figure charismatique du Parti du socialisme démocratique (PDS), parti postcommuniste qui émane de l’ex-RDA et est implanté exclusivement dans l’est du pays, et enfin Oskar Lafontaine, ancien président du SPD, parti qu’il vient de quitter pour rejoindre la WASG. AFIN DE PROPOSER UNE VÉRITABLE ALTERNATIVE DE les deux partis, sous l’impulsion de Gysi et Lafontaine, souhaitaient la présence de listes communes aux prochaines élections législatives du 18 septembre. Cependant, la loi allemande n’autorise pas GAUCHE, L’accord électoral PDS-WASG, sous le nom de Linkspartei (« parti de gauche »), préfigure-t-il un tournant historique ? que plusieurs partis figurent sur une même liste. Les délais étaient trop courts pour créer un seul parti. Afin d’être présent aux élections ensemble sous un même nom, le PDS a, lors d’un congrès en juillet dernier, pris la décision difficile d’opter pour un changement de nom et de s’appeler Linkspartei (« parti de gauche »), sous l’étiquette duquel la très jeune WASG, que gênait le nom « PDS » à cause de son lien à la RDA, présentera des candidats, en renonçant aussi à son propre nom. Et un processus est engagé pour parvenir dans le futur à 6 un seul parti. Cette initiative originale montre combien ses auteurs mettent au premier plan le désir de répondre aux besoins de la population. Le Linkspartei à peine constitué est crédité de 11 à 13 % de voix. Mais après quinze ans d’une réunification difficile qui a produit une Allemagne à deux vitesses, il s’agit pour Gregor Gysi de beaucoup plus : « 2005 constitue une chance de nor maliser l’Allemagne à l’échelle européenne, où un parti à gauche de la social-démocratie sera accepté dans toute l’Allemagne, de la Bavière au Mecklembourg. CETTE NORMALISATION EUROPÉENNE à laquelle les médias et surtout les autres partis s’affirment allergiques est un événement historique. Ainsi, nous pouvons transfor mer le paysage politique allemand », a-t-il déclaré au congrès du PDS, en juillet. Pour y parvenir, comme le souligne son collègue André Brie, député européen du PDS, qui ne doute pas du succès électoral du 18 septembre, le Linkspartei devra remédier à de gros déficits : la difficulté de s’ouvrir culturellement aux jeunes, une trop forte dominance masculine, le peu de contacts avec d’autres mouvements sociaux, une participation faible à des débats de gauche à l’échelon international et européen. Il ne devra pas se confiner dans une situation de protestation à l’état pur, en s’appuyant toujours sur le même électorat, ni se reposer sur le fait qu’il profite actuellement d’une déception politique massive des partis classiques et de l’érosion de la social-démocratie traditionnelle, mais bien prendre en compte les transformations profondes sociales et structurelles de toute société moderne, notamment les différences sociales et culturelles qui traversent les classes et couches sociales, et les contradictions qui en découlent. Françoise Diehlmann • FONDATION Programme des activités 2005- 2006 CALENDRIER AUTOMNE- HIVER Les Rencontres de la Fondation ● Jeudi 22 septembre : « La durabilité des transports » Avec Denis Rémond, cadre RATP. Ces rencontres ont lieu à 20 h, salle « Les documents cinématog raphique », 38, avenue des Ternes – 75017 Paris. Les séminaires ENERGIE Placé sous les responsabilités de Denis Cohen, ancien secrétaire de la fédération CGT de l’énergie, le séminaire débutera en septembre 2005 pour s’achever en juin 2006. ● 20 septembre 2005 : « Présentation du cadre général » De 18 h à 22 h, salle « Congrès », S.E.E.H., 17, rue Hamelin – 75016 Paris. Avec : – Pier re Gadonneix, président d’EDF – Robert Hue, président de la Fondation Gabriel Péri, sénateur du Val d’Oise – Frédéric Humbrecht, secrétaire général de la fédération CGT de l’énergie – Philippe Méchet, éditorialiste ● 18 octobre 2005 : « Le poste pétrolier » De 18 h à 22 h, salle 262 de la Maison de la chimie, 28, rue Saint Dominique – 75007 Paris. Avec notamment : – Denis Cohen, animateur du séminaire – Claude Aufort, chercheur – Luc Foulquier, chercheur ● 15 novembre 2005 : « Le nucléaire, une chance pour l’avenir ? » De 18 h à 22 h, salle 262 de la Maison de la chimie, 28, rue Saint Dominique – 75007 Paris. Avec notamment : – un représentant des verts – Max Villota, administrateur d’EDF entre courants religieux, société et enjeux politiques dans les États-Unis d’aujourd’hui » Avec Isabelle Richet, professeur à l’université Paris X. ● 13 décembre 2005 : « Europe : un territoire pertinent pour une politique énergétique et un développement industriel » De 18 h à 22 h, salle 262 de la Maison de la chimie, 28, rue Saint Dominique – 75007 Paris. Avec notamment David Boys, secrétaire général de l’ISP (Internationale des services publics). ● Vendredi 13 janvier 2006 à la Maison de la chimie : « Les relations entre la Révolution française et les caractér istiques originales de la voie française sur le terrain des rapports entre religions, sociétés et État » Avec Michelle Vovelle, historienne. Et aussi : Janvier 2006 : « Les ressources naturelles, un bien public » ; Févr ier 2006 : « Le droit à l’énergie » ; Mars 2006 : « Croissance énergétique et écologie » ; Avril 2006 : « Le climat, un enjeu de civilisation » ; Mai 2006 : « Énergie et aménagement du territoire » ; Juin 2006 : « L’énergie, une grande question politique ». RELIGIONS Les séances de ce séminaire se tiendront de l’automne 2005 à la fin du printemps 2006. Introduites par les exposés de chercheurs, elles seront en même temps des moments de partage avec tous ceux qui voudront y apporter leurs questions et leurs expériences. ● Séance inaugurale le vendredi 18 novembre, de 18h à 21h, à la Maison de la Chimie. En présence de Robert Hue, président de la fondation et de Michel Maso son directeur, Antoine Casanova présentera les caractéristiques et les thèmes de la démarche d’ouverture de ce séminaire. ● Vendredi 9 décembre 2005 (lieu à préciser) : « Les rapports 7 CLASSES SOCIALES Placé sous la direction de Jean Lojkine, ce séminaire se poursuivra d’octobre 2005 à juin 2006, à raison d’une séance par mois. ● Jeudi 6 octobre : « L’éclatement de la notion de classe moyenne et la crise de la représentation politique » De 19 h à 21 h, Maison des sciences de l’homme (MSH), 54, bd Raspail – 75006 Paris (métro Sèvres-Babylone). Avec Jean Lojkine. ● Jeudi 3 novembre : « La représentation des classes sociales au Parti socialiste » Même horaire, même lieu. Avec Rémi Lefebvre (maître de conférences en sciences politiques à l’université Lille 2, chercheur au CERAPS – CNRS. Der nier ouvrage paru : La Démobilisation (collectif, sous la direction de Frédérique Matonti, La Dispute 2005). ● Samedi 17 décembre : « L’éclatement de la classe moyenne en Allemagne, la cr ise de l’État social et des politiques libérales de Gerhard Schröder. Enjeux d’une recomposition politique à gauche » De 9 h à 17 h, Centre Sèvres, suite de la p. 7 Calendrier ARCHIVES Colloque à Dijon 35 bis rue de Sèvres – 75006 Paris Avec des universitaires allemands et français RENCONTRE INTERNATIONALE ● Janvier 2006 : « Le blairisme, les couches moyennes et les couches populaires en Grande-Bretagne » (théorie : Giddens ; pratiques politiques et attitudes des couches moyennes urbaines), avec John Crowley, spécialiste du travaillisme britannique. Le colloque inter national « Archives des sociétés en mouvements – Regards croisés : archivistes et chercheurs » est organisé par la Maison des sciences humaines de Dijon et l’Institut d’histoire contemporaine. Il se déroulera du 29 septembre au 1er octobre 2005 à l’université de Bourgogne. Il se propose d’étudier « les relations entre AFRIQUE Sous la direction de Jean-Claude Mairal, président du Cidefe, viceprésident du Conseil régional d’Auvergne, ce séminaire, compte tenu des problématiques abordées, sera conduit sur deux ans. Il sera organisé autour de cinq grands thèmes : – Comprendre le passé pour mieux appréhender l’avenir de l’Afrique. – Communautés nationales, identités et conflits en Afrique : quel rôle des grandes puissances et des multinationales ? – Les cultures africaines au cœur de la renaissance du continent africain. – France - Afrique : quelles perspectives pour les relations franco-africaines ? – Afrique : de la désespérance à la renaissance. ● Fin novembre : « Quelles nouvelles relations entre Afr ique, France et Europe ? » Colloque inter national à Dakar (précisions à venir). la LETTRE DE LA FONDATION GABRIEL PÉRI Directeur de publication : Michel Maso Rédacteur en Chef : Bernard Frederick Fondation Gabriel Péri 22 rue Brey – 75017 Paris 01 44 09 04 32 Courriel : fondation@gabrielperi. fr www. gabrielperi. fr Conception/réalisation graphiques : Atelier Sacha Kleinberg Impression : CPE Conseil l’activité scientifique et la construction des instruments de recherche archivistiques », notamment les nouvelles problématiques liées aux ouvertures récentes de nouvelles archives : Internationale communiste, archives des mouvements sociaux, etc. La Fondation Gabriel Péri est partenaire de cet événement. Michel Maso, son directeur, y interviendra. COMMENT NOUS AIDER ? Contribuez au développement de la Fondation Gabriel Péri 22 rue Brey – 75017 Paris Nom ..................................................................... Prénom ........................ Raison sociale ............................................................................................. Adresse ........................................................................................................ CP .................................................... Ville ................................................... Tél. ................................................... Courriel ............................................. Fait don à la Fondation Gabriel Péri de la somme de ............................ Fait le .......................................... à ................................................... Signature Reconnue d’utilité publique par décret en date du 22 juillet 2004, la Fondation Gabriel Péri peut recevoir des dons et des legs des particuliers et des entreprises. Au titre des versements et dons effectués, les contribuables bénéficient d’une réduction d’impôt sur le revenu égale à 60 % de leur montant, dans la limite de 20 % du revenu imposable ; les entreprises assujetties à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés bénéficient d’une réduction d’impôt de 60 % dans la limite de 0,5 % de leur chiffre d’affaires. BULLETIN D’ABONNEMENT Je m’abonne à La Lettre de la Fondation Gabriel Péri Nom ..................................................................... Prénom ........................ Adresse ........................................................................................................ CP .................................................... Ville ................................................... 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