historique des bichons
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historique des bichons
Les Bichons ANTIQUITÉ & MOYEN ÂGE. Mon p’tit Bichon, mon Bichon ! La locution est devenue familière. Qui n’a pas appelé son enfant ou son petit enfant, mon Bichon ? Car le mot Bichon est synonyme de douceur et de tendresse. En fait, c’est le nom d’un chien, un adorable petit chien qui personnifie bien la douceur et la tendresse. Le mot Bichon est en réalité le diminutif de Barbichon. Un Barbichon étant un jeune chiot Barbet, un tout petit Barbet. Ce mot de Bichon n’est apparu qu’au 16e siècle, au préalable on parlait de chiens damerets ce qui signifie petit chien de dame, car bien sûr ce sont les dames qui avaient ces petits chiens et jamais les hommes. Bien que nous connaissons une exception avec Issa, la petite chienne de Publius, décrite par le poète latin Martial au 1er siècle de notre ère. Il s’agit là de la société romaine où certains hommes pouvaient avoir ce genre de chiens, mais cela est impensable dans la société médiévale. « Issa est plus agaçante que le moineau de Catuble. Issa est plus pure que le baiser d’une colombe. Issa est plus attrayante que toutes les jeunes filles. Issa est plus précieuse que toutes les pierreries de l’Inde. La petite chienne Issa fait les délices de Publius. Lorsqu’elle se plaint, vous croyez qu’elle parle ; elle sent la tristesse et la joie de son maître ; elle se couche sur son cou ; elle y dort sans faire entendre un soupir. Pressée de besoin de soulager son ventre, jamais elle ne laisse aucune trace sur les couvertures ; elle éveille doucement son maître de sa patte caressante, avertit qu’il faut la descendre du lit, et demande à être nettoyée. Rien n’égale la pudeur de cette chaste petite chienne ; elle ignore les plaisirs de l’amour, et il ne s’est point trouvé de mari digne d’une vierge si délicate. Afin que la mort ne la ravisse pas toute entière, Publius a pris soin qu’un tableau en conserve l’image fidèle. » Mais bien avant Martial, vers 350 avant Jésus Christ, le Grec Aristote, le célèbre philosophe, précepteur d’Alexandre le Grand, nous parle d’un petit chien de Malte et nous indique qu’il n’est pas plus gros qu’un putois. C’est tout ce que nous savons sur ce petit chien de Malte, nous n’avons aucune indication sur la nature de son poil, ni sur sa couleur. Trois siècles plus tard, un autre Grec, Strabon, le célèbre géographe cite encore ce chien, là encore sans grandes explications, à propos de l’île de Mélité. Voici la phrase de Strabon : « Île de Mélité, d’où l’on tire cette petite race de chiens connues sous le nom de Mélitæens. » Un tout petit peu après Strabon, le célèbre naturaliste romain Pline l’Ancien, nous parle encore de ce chien qu’il appelle chien de Mélita. Malheureusement, ces pauvres chiens étaient utilisés à des fins thérapeutiques. « Nous appelons d’un seul mot, præcordia, les viscères de l’homme. Quand ils sont douloureux en quelque partie que ce soit, un jeune chien qui tette, pressé sur la partie douloureuse, gagne, à ce qu’on prétend, le mal. C’est ce qu’on reconnaît en éventrant le chien, et en arrosant ses entrailles avec du vin ; on trouve alors gâté dans l’animal le viscère où l’homme sentait du mal ; c’est une obligation religieuse d’enterrer l’animal. Ceux que nous nommons chiens de Mélita, appliqués fréquemment à l’estomac, en apaisent les douleurs ; et on s’aperçoit que l’affection du malade passe à ces animaux ; car ils perdent la santé, et le plus souvent ils meurent. » Tous ces textes nous montrent que le Bichon Maltais est le plus ancien de tous les Bichons et c’est même un cas exceptionnel, car on peut compter sur les doigts d’une seule main, les races canines pouvant prétendre exister à l’époque antique. Evidemment, ne croyez pas que ce chien de Mélita ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre Maltais actuel, ses longues soies qui tombent jusqu’à terre sont beaucoup plus récentes, mais l’ancêtre était là. Le plus curieux, c’est que cette pratique de mettre un Bichon sur le ventre pour calmer les maux de ventre, a perduré jusqu’au 19e siècle. Il y a cent cinquante ans, on y croyait encore, mais bien entendu, il y a longtemps qu’on avait cessé d’éviscérer ces pauvres auxiliaires de la médecine. Les maisons de nos aïeux ne connaissaient pas le confort moderne et les Bichons servaient souvent de bouillotte pour réchauffer nos grand-mères. Les Bichons étaient également souvent appelés chiens de manchon, parce que certaines dames les mettaient dans leur manchon, ce qui sous-entend une très petite taille. Après l’Antiquité, nous retrouvons les petits chiens damerets auprès des dames de la noblesse. On les recherchait alors le plus petit possible et Brunez Latin, en 1265, nous donne les recettes pour les avoir le plus petit possible. « Car il i a petit chien gouz qui sont bons à garder maison, et si a autre plus petits por garder chambres et les liz as dames. Et se ils sont engendré de petitz parons, on les peut en lor jovente norrir de molt petit de viande, ou en i petit pot, si que ils seront si petit et si brief que merveille. Et si leur doit on traire les oreilles sovent et menu, car lors sont plus gent quant eles enclinent vers la terre. » On ne parle plus de chien de Malte ou de Mélita, les appellations antiques sont oubliées. Tous ces petits chiens de dames n’ont pas de nom, on les appelle simplement du terme générique de Chiennet pour les mâles, et Chiennette pour les femelles. La Renaissance. Il faut attendre la Renaissance et les temps modernes pour que l’on parle enfin de Bichon et de barbichon, et là, c’est le succès, un immense succès, toutes les dames veulent un Bichon et tous les poètes louent ses louanges. En 1567, Joachim du Bellay fait un très long poème sur la mort du petit Peloton, Bichon d’une grande dame, dont voici un très court extrait. Dessous ceste motte verte De lis & roses couverte Gist le petit Peloton, De qui le poil foleton Frisait d’une toyson blanche Le doz, le ventre, & la hanche. Son nez camard, ses gros yeux Qui n’estoient point chassieux, Sa longue oreille velue D’une soye crespelue, Sa queue ou petit floquet, Semblant un petit bouquet Sa gembe gresle, & sa patte Plus mignarde q’une chatte Peloton ne caressait Si non ceulx qu’il cognoissoit, Et n’eust pas voulu repaistre D’autre main que de son maistre : Qu’il allait tousjours suyvant, Quelquefois marchoit devant, Faisant ne sçay quelle feste D’un gay branlement de teste. Peloton tousjours veilloit Quand son maistre sommeilloit. Et ne souilloit point sa couche Du ventre ny de la bouche. En 1579, Amadis Jamyn, fait à son tour l’épitaphe de la Barbiche de Madame de Villeroy. Cette Bichonne a été célèbre à l’époque, puisque à son tour, en 1584, Pierre de Ronsard, lui fait une nouvelle épitaphe. Jamais la colchide toison, Par qui l’aventureux Jason, Se rendit et fameux et riche, N’eut tant le dos si crespelu, Si blanc, si long, si houppelu, Qu’estoit celuy de la Barbiche Trente ans après Joachim du Bellay, la Barbiche de Madame de Villeroy, inspire encore Philippe Desportes, qui lui fait une nouvelle épitaphe en 1597. Ces petits chiens qui accompagnaient les dames de l’aristocratie, étaient choyés et adulés au point que cela donna naissance à un néologisme, le verbe bichonner. Bichonner, qui signifie, prendre soin, caresser, peigner, embellir avec tendresse. Ceste chienne au vis contrefaite Estoit de beauté si parfaite Qu’on ne veit onc rien de si beau : Le poil blanc dont elle fut riche L’honora du nom de Barbiche. Tous ces Bichons de la Renaissance étaient du type frisé. En 1694, sous Louis XIV, l’Académie publie la première édition du dictionnaire, et on peut y lire : « Barbiche, ou Babiche. Barbichon ou Babichon et par contraction Biche et Bichon. Sorte de petit Barbet. » Il est bien évident que les chiennets du Moyen Âge avaient un poil soyeux, mais n’étaient pas frisés, et c’est le Barbet qui apporta le poil frisé au nouveau modèle de Bichon de la Renaissance. Mais il semblerait que ce croisement eut lieu en Italie et que le nouveau modèle de Bichon apparut tout d’abord en Italie. L’Italie était à l’époque le pays le plus moderne d’Europe et la Renaissance italienne était le modèle. Catherine de Médicis et Léonard de Vinci contribuèrent à importer le modèle italien en France et le petit Bichon italien s’implanta à la cour du roi de France. Après quelques siècles le modèle français fut bien séparé du modèle italien, mais le Bichon bolonais était là avant le français. Le Bichon avait un concurrent sérieux, le petit Epagneul, et tous ces petits chiens étaient bien souvent mariés entre eux. La cynophilie n’avait pas encore été inventée. Le type Bichon était présent dans toute l’Europe, et on le retrouve dans la peinture espagnole, française et italienne. Il y a un célèbre tableau de Goya sur lequel on voit un Bichon Frisé toiletté en lion. Il semble que le Bichon a eu son heure de gloire au 16e siècle, il fut détrôné au 17e par le petit Epagneul et ce n’est qu’au 19e siècle qu’il redevint le favori des belles de la haute société. C’est au 19e siècle que l’on distingua les différentes variétés. En 1750, Buffon ne connaissait qu’une seule race de Bichon et voici ce qu’il en dit : « Ces chiens ont été fort à la mode il y a quelques années, mais à présent on n’en voit presque plus ; ils étaient si petits, que les femmes les portaient dans leur manchon : à la fin on les a quittés, sans doute à cause de la malpropreté qui est inséparable des chiens à longs poils, car on ne pouvait pas tondre ceux-ci sans leur ôter leur principal agrément : il en est resté si peu, que je n’en ai pu trouver aucun pour le faire dessiner. Il paraît que ce chien a le museau du petit barbet et le poil long et lisse de l’épagneul sur tout le corps ; c’est pourquoi on lui a donné le nom de Bouffe ; il a aussi été appelé chien de Malte, parce que les premiers chiens de cette race ont été apportés de ce pays. Il y a lieu de croire qu’ils tiennent de la race des Barbets et de celle des Epagneuls, tant pour la figure du corps que pour le poil et pour la couleur. » A l’époque de Buffon, on avait redécouvert les anciens et les textes antiques, et le Bichon avait retrouvé sa vieille appellation de chien de Malte. Buffon nous parle également du petit Chien Lion : « Je crois que le chien-lion est encore plus rare à présent que le bichon. Il ne diffère de celui-ci qu’en ce que le poil est court sur le corps et sur la moitié de la queue, tandis qu’il est aussi long que celui du bichon sur la tête, sur le cou, sur les épaules, sur les quatre jambes et sur le bout de la queue. On a donné à ce chien le nom de chien-lion, parce que son poil long ressemble en quelque façon à la crinière du lion, et que la queue a un bouquet de poil à l’extrémité comme celle du même animal. L’origine du chien-lion paraît être la même que celle du bichon, en y supposant de plus le mélange d’un chien à poil ras. » Nous voyons donc qu’au milieu du 18e siècle, nos Bichons étaient rarissimes en France. Mais il y a un mystère concernant le Chien-Lion du 18e siècle, car tous les auteurs en donnent la description en prétendant que cette allure est naturelle. Que ce soit Buffon, Linné ou Ridinger, aucun ne parle de toilettage. Je pense que ces grands savants étaient loin du monde des chiens et ignoraient les subtilités du toilettage, mais il est quand même surprenant, qu’ils puissent croire naturelle une telle disposition de la fourrure ? Pour information Linné appelait le Bichon, Canis Melithœs et le Chien-Lion, Canis Leoninus. Le 19e siècle. Le 19e siècle est donc à nouveau une grande époque pour le Bichon, mais là, il change de nom, et les marchands de chiens lui donnent des noms à la mode et exotiques. Il devient Ténériffe et Havanais. Bien entendu, le Bichon frisé n’a jamais mis les pieds aux îles Canaries et il s’agissait là d’un nom inventé pour faire bien. Le comble, c’est qu’on l’appelait également bichon des Baléares, les marchands de chiens confondant îles Baléares et îles Canaries. Quant au Havanais, je soupçonne que son origine cubaine est tout aussi hypothétique. Quoiqu’il en soit, la cynophilie officielle se met en place à la fin du 19e siècle, avec une nomenclature, et comme une variété s’appelait Havanais, Cuba a fini par récupérer la race officiellement. Très récemment, le Dalmatien est devenu officiellement croate à cause de son nom, bien que l’on doute fort qu’il vienne de Croatie, et je pense qu’on a eu le même phénomène avec le Havanais. Peut-être qu’un jour, Malte, qui est devenu indépendant, réclamera le Maltais à son tour ? Sous le second Empire, c’est la folie, toutes les dames ont leur Bichon. Ils sont parés de bijoux, parfumés, et même teints de différentes couleurs selon les fantaisies de leur maîtresse. Bénédict-Henry Révoil nous commente cette mode : « Mais le procédé dont on use aujourd’hui pour obtenir ces bizarres métamorphoses n’est plus celui qu’employait le savant en question. Il infusait la couleur, maintenant on la communique à l’aide de la teinture. On teint le poil des animaux comme on est parvenu à le dorer. On se souvient qu’un homme, dont la rapide fortune fit beaucoup parler de lui il y a quinze ans, avait eu la fastueuse idée de tout convertir en or chez lui. Cette manie s’étendit jusqu’au petit chien favori de sa femme dont les longues soies parurent un jour dans ses salons rutilantes d’or, de même que les côtes rugueuses d’un certain nombre de melons qu’il avait fait servir quelques jours auparavant dans un dîner d’apparat. Il y a des dames qui raffolent de cette mode de coloration artificielle du poil des chiens, à l’aide de laquelle leur petits favoris peuvent devenir des multiples d’eux-mêmes, un jour verts, un jour bleus, un jour violets, sans que, pour cela, elles soient dans la nécessité de partager leur tendresse entre plusieurs. Cette coloration, paraîtrait-il, est très favorable à la santé des animaux, en ce qu’elle est essentiellement insecticide ; mais le côté le plus curieux de l’invention, le voici : il a été observé que le naturel des chiens subit des influences, en raison de la nuance qui leur est donnée. Leur instinct en est diversement affecté. Ils deviennent timides, hargneux, intelligents, doux, stupides, poltrons, mordeurs ou jappeurs, selon la couleur qu’ils reçoivent. Déjà cet étrange phénomène, dont les physiologistes n’ont pas encore le mot, avait été observé sur le bichon du financier dont nous venons de parler. Le jour où ce petit animal était fraîchement doré, il était intraitable ; il passait fier à côté des plus familiers de la maison, ne jouant pas avec les autres chiens qu’il semblait dédaigner, et ne revenait à son charmant petit instinct très caressant que peu à peu et à mesure que son poil se dédorait, c’est-à-dire qu’il perdait son or. La teinture rouge rend les chiens très difficiles. Le vert ou le rose paraît les égayer, c’est ainsi qu’on avait « toiletté », décoré deux chiens que nous voyions prendre leurs ébats, l’autre jour, aux abords du premier lac du bois de Boulogne. Ils étaient comme ivres de joie, et tout petits qu’ils étaient, ils faisaient des bonds de lévriers d’Ecosse. La couleur chocolat les attriste et le bleu les rend méchants en les rendant malades. Cette couleur est laxative outre mesure. Avis aux dames qui possèdent des Bichons tendrement aimés et qui seraient tentées d’essayer sur eux les effets de cette coloration artificielle dont la mode semble vouloir se généraliser. » En 1867, paraît le livre cynophile le plus important du 19e siècle, « Le chien » du vétérinaire Eugène Gayot. Nous avons donc l’opinion d’un amateur cynophile du second Empire sur le Bichon. « Y a-t-il rien de plus beau que le Bichon de Malte, vieille noblesse et pourtant haute nouveauté toujours ? Savez-vous bien que Strabon en a parlé et que les archéologues le découvrent sur les monuments de la Rome d’Autrefois. Il est là, c’est certain ; oui, c’est bien lui ; tenez, regardez ; ce corps assez long, cette tête ronde, ces oreilles tombantes, ces longues soies, elles arrivent jusqu’à terre ; cette queue fortement recourbée sur le dos et garnie de même, tout cela écrit lisiblement son nom. Un pareil Bichon devait vivre jusqu’à la consommation des siècles. Que sa destinée s’accomplisse et que nos amateurs ne le laissent pas tomber en désuétude. Il y va de l’une des plus belles variétés de chiens de luxe créés par la fantaisie humaine. On trouve à la Havane un voisin de celui-ci, beaucoup plus petit cependant et couvert d’une toison idéale pour la finesse et le soyeux. Malheureusement les Havanais ne résistent pas longtemps aux rigueurs de notre climat. Les Bichons du Pérou, car il y en a aussi au Pérou, ont le poil moins soyeux que leurs pareils de la Havane ; leur toison aussi est moins épaisse. Ceux des Baléares ont le poil frisé en boucles et laineux du caniche, avec la queue recourbée sur le dos. Voici enfin le Chien-Lion qui disparaît peu à peu au point de n’être bientôt qu’un souvenir. Disons qu’il avait le pelage fourni sur la tête et sur le cou, et ras sur le reste du corps. Il avait aussi un bouquet de poil à l’extrémité de la queue, sa couleur était fauve. » En 1867, Gayot pensait encore que l’allure du petit lion était naturelle. Voyons un peu la carrière du Bichon à l’étranger. En Allemagne, Alfred Brehm, publie « La vie illustrée des animaux » en 1869, et voici ce qu’il écrit sur le Bichon : « Le chien de Malte ou Bichon. Un petit chien très renommé, mais extrêmement rare, le plus gentil et le plus gracieux de tous les épagneuls ; celui dont Buffon faisait le type des Bichons, est le chien de Malte dont le nom indique la patrie. Il est d’origine très ancienne ; Strabon en fait mention, et il est représenté sur quelques monuments romains. Ce chien est devenu si rare qu’on a cru que la race en était éteinte, mais on en rencontre encore quelques échantillons, et quand on ne regarde pas au prix, on peut se procurer ce rarissime animal. Le Bichon Havanais. On trouve à la Havane une race analogue au Bichon Maltais, mais beaucoup plus petite et couvert d’une toison épaisse, longue, frisée et d’un blanc satiné ou soyeux. Ceux qu’on a amenés en Europe ont rarement pu résister longtemps à notre climat. » Je pense que Brehm s’est un peu inspiré du livre de Gayot paru trois ans plus tôt, mais il nous indique que le Bichon était plutôt rare en Allemagne. Toujours au 19e siècle, l’Angleterre a édité plusieurs livres cynophiles, beaucoup plus que dans les autres pays d’ailleurs, et que retrouve-t-on dans les livres anglais ? Que ce soit chez Véro Shaw en 1881 ou Hugh Dalziel en 1897, ainsi que chez les autres auteurs britanniques, on ne connaît que le Maltais et les autres Bichons sont totalement inconnus en GrandeBretagne. De très beaux Maltais étaient élevés en Angleterre dès le début du 19e siècle. Comme chacun le sait, les modes se démodent. Le Bichon a été très à la mode auprès des grandes dames de la Renaissance, la mode passa, et il fut à nouveau à la mode sous le second Empire. La mode à nouveau passa, et à la fin du 19e siècle, ce sont le Bouledogue Français et le Caniche qui étaient les favoris des dames. En 1883, paraît le deuxième livre français important du 19e siècle, le livre du vétérinaire Pierre Mégnin, considéré un peu comme le père de la cynophilie française. Dans ce livre « Le chien, histoire, hygiène, médecine », Mégnin ignore le Bichon et indique comme chien d’appartement bien français, le Carlin, ce qui aujourd’hui peut nous paraître bizarre. A la toute fin du 19e siècle le Bichon était devenu rare chez nous. Le 20e siècle. Le Bichon entra donc dans le 20e siècle de façon discrète. En 1910, paraît un livre consacré uniquement aux chiens d’appartement dont l’auteur est toujours Pierre Mégnin, aidé de son fils Paul. Dans ce livre apparaît le Bichon Maltais qui a déjà un Club pour lui en Angleterre, mais le Bichon Frisé, pourtant français et le Petit Chien Lion sont ignorés, preuve qu’ils étaient à l’époque confidentiels. Londres avait eu sa première exposition canine en 1862, suivi de près par Paris en 1863 et à partir des années 1880, les expositions se répandent dans les provinces et la cynophilie se met en place. Les races sont cataloguées, étiquetées, répertoriées. Le Bichon est séparé entre plusieurs variétés. La France et l’Italie se partagent le gâteau. Le Maltais est reconnu comme italien et bien sûr le Bolonais. Le Petit Chien Lion et le Frisé sont déclarés français, mais ce dernier est également réclamé par nos amis Belges et la race a la double nationalité. Beaucoup plus tard, le Havanais, pourtant essentiellement parisien deviendra officiellement cubain. Il existe un autre Bichon, mais qui n’est pas rattaché au Club, le Coton de Tuléar, un Bichon d’origine française mais qui s’est développé à Madagascar. Tous les Bichons n’ont pas eu la même destinée. Le Bolonais est resté confidentiel dans sa région d’origine. Le Maltais a connu une carrière internationale depuis très longtemps. Le Frisé a mené son petit bonhomme de chemin, le Havanais qui avait disparu est revenu il n’y a pas si longtemps, et le petit Chien Lion est passé très près de la disparition. A vrai dire, il avait totalement disparu de France et n’avait subsisté en tout petit nombre qu’en Allemagne où il est appelé Lowchen. C’est pourquoi, que bien que la race soit française, il est souvent appelé Lowchen dans les pays anglo-saxons. Je me souviens dans le début des années 70, ce devait être en 1973 ou 74, une dame belge a présenté un Petit Chien Lion à l’exposition de Paris qui avait alors lieu dans le cadre du Salon Agricole. J’avais été émerveillé par ce chien et j’avais beaucoup parlé avec la dame. Le Petit Chien Lion était alors totalement absent de France, il n’y avait que cette dame belge qui en possédait, et peut-être une ou deux personnes en Allemagne, et c’est un miracle s’il est là aujourd’hui pour notre plus grand plaisir. A la fin du 19e siècle, et dans la première moitié du 20e, le Bichon était devenu discret, et le Club de la race ne fut fondé qu’en 1947 après la seconde guerre mondiale, alors que toutes les grandes races avaient déjà leur club depuis plus de cinquante ans. Depuis la race a progressé et aujourd’hui le Bichon se porte bien, ce que montre le chiffre des naissances. En 2008, la SCC a enregistré 1360 naissances de Bichons Frisés, 644 naissances de Bichons Maltais, 203 naissances de Bichons Havanais, 107 naissances de Petits Chiens Lions et 5 naissances de Bichons Bolonais qui est le seul vraiment rare de la série. Mais qu’est-ce qui défini un Bichon ? Qu’est-ce qu’un Bichon ? Un Bichon, c’est toujours un petit chien, c’est toujours un chien adorable avec un excellent caractère, plein de douceur et sociable. C’est toujours un chien avec une belle fourrure douce et soyeuse, agréable à caresser. En un mot, c’est l’ami de la famille et des enfants, et il convient à toutes les familles. Evidemment il y a des différences physiques entre les cinq variétés. Le Bichon à poil frisé comme son nom l’indique a une magnifique fourrure moelleuse et frisée. Au 18e siècle il était souvent tondu en lion, mais l’usage passa. Au 20e siècle, on le laissait naturel, mais avec l’évolution de la cynophilie et des expositions canines, un certain toilettage se mit en place, ce qui provoque actuellement une polémique, car dans certains pays, le toilettage est devenu excessif, ce qui n’est pas accepté en France. Personnellement, je pense qu’entre un toilettage à l’américaine et le tout naturel, on peut trouver un juste milieu. Je pense qu’à notre époque, un Bichon d’exposition doit être toiletté, mais ce toilettage doit être intelligent, il doit maintenir l’aspect frisé de la fourrure et il doit laisser un minimum d’épaisseur afin que notre Bichon Frisé garde son allure ancestrale et typique. Le Maltais lui, demande un entretien permanent de la fourrure. Avec ses longues soies qui touchent terre, il est d’une sublime élégance, mais il ne convient qu’à celui qui aime peigner, brosser et prendre soin de son chien, il ne tolère aucune négligence. Il demande donc du travail, mais quelle récompense, vous avez un chien magnifique que tout le monde regarde avec admiration. Le Bolonais est proche du Frisé, mais il est construit en cob, alors que le Frisé à une construction normale. Ces trois premiers Bichons sont d’une blancheur immaculée avec un nez bien noir. Le Havanais se distingue des autres car il n’est pas blanc, du moins pas souvent. Sa fourrure abondante, longue et ondulée ne nécessite pas de toilettage particulier. Le Petit Chien Lion quant à lui est toujours toiletté, puisque c’est le toilettage qui lui donne son allure de petit lion. C’est un toilettage traditionnel et simple, facile à réaliser. Il peut se rencontrer sous toutes les couleurs, uniformes ou panachées. Lui aussi, en principe doit être cob, mais il dépasse souvent le carré d’un ou deux centimètres, ce qui n’est pas grave. Son aspect typique le distingue de tous les autres chiens, si vous cherchez un chien original, prenez un Petit Chien Lion, vous ne le regretterez pas. Et surtout, si vous achetez un Bichon, ou si vous vous intéressez aux Bichons, adhérez au « Club des Bichons et des Petits Chiens Lions », vous recevrez un bulletin plusieurs fois par an et vous serez informés de toutes les manifestations organisées par le Club. Jean-Claude Hermans Secrétaire du Club des Bichons