célibat dans l`église romaine: origines et conséquences

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célibat dans l`église romaine: origines et conséquences
le libre penseur
Périodique romand laïc et indépendant
Editeur: Association vaudoise
de la Libre Pensée
Case postale 5264
CH-1002 Lausanne
36e année
Septembre 2010
Trimestriel
N° 146
Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3
Etranger Euro 10.–
ISSN 0256-8985
Rédacteur responsable
Ivo Caprara
Tirage 1700 exemplaires
CÉLIBAT DANS L'ÉGLISE ROMAINE: ORIGINES
ET CONSÉQUENCES
Au sujet du tant débattu problème du célibat ecclésiastique, il vaudrait mieux parler de chasteté, voire de continence
(la définition qu’en donne le Littré est fort claire: «abstinence des plaisirs de l'amour»), ce qui équivaut, comme quelqu'un
l'a écrit, à une «castration spirituelle». En effet, cet ordre formel va bien au-delà de l'interdiction du mariage des prêtres
de l'Eglise latine (les Eglises catholiques d'Orient, uniate d'Ukraine et maronite du Liban, par exemple, admettent
le mariage de leur clergé séculier).
Il faut par ailleurs souligner que «le célibat n’est point une institution divine. Le
silence de l’Ecriture, la division des docteurs de Rome, la tolérance que les
conciles et les papes ont, pendant une
longue période constamment eue pour
des prêtres mariés, en sont une preuve à
laquelle il n’y a rien à opposer [...]. On
peut donc s’étonner que, dans l’Eglise
romaine, il se soit trouvé tant de défenseurs de cette dure loi de célibat, si
opposée à la pratique des premiers
siècles, et peut-être plus encore au cœur
et au tempérament d’une grande
partie du clergé»1. L’explication est simple:1’Eglise est devenue, au cours des
ans, une monarchie absolue, oublieuse
(par intérêt) du fait que 1’apôtre Pierre,
pilier de 1’Eglise, était marié, ainsi que
probablement la plupart des autres apôtres; la seule remarque au sujet de la
sexualité du clergé est présente dans
1’épître de Paul à Timothée et elle s’inscrit
La photo du scandale, Oliviero Toscani,
Benetton 1991.,
dans la lutte contre la polygamie. La règle
du mariage avec une seule femme a été normalement acceptée, répétons-le, pendant les
trois premiers siècles du christianisme.
SOMMAIRE
Ce n’est qu’à partir de la fin du IVe siècle que les papes prennent vraiment la
tête d’un mouvement en faveur de l’imposition du célibat. Cela commence, en
386, avec le pape Sirice qui l’impose au
clergé d’Espagne et à celui d’Afrique du
Nord; quelques années plus tard,
Innocent Ier (401-417) l’imposera au
clergé des Gaules. En théorie, les membres du clergé de tous les niveaux
«devenus tels après qu’étaient déjà unis
en mariage, pouvaient cohabiter avec
leurs femmes, comme avec des sœurs» 2.
C’est néanmoins encore l’époque où
des prétendus «pères de 1’Eglise»,
comme l’évêque Augustin, doivent
défendre l’idée de l’obligation du célibat
contre les attaques d’autres théologiens
de renom. D’autre part, le respect de
cette norme contre nature 3 ne pouvait
pas être rigoureusement contrôlé, tant
et si bien que, quatre siècles plus tard, le
pape Zacharie pouvait répondre,
11. Ma rencontre avec Mikhaël Gorbatchev
12. Un cheptel comme un autre
Pierre Lexert
p. 4
13. Pas de pardon
Edouard Kutten
p. 13
p. 4
14. Les Brèves
Thor Danneman
p. 13
1. Célibat dans l’Eglise romaine
Claude Cantini
p.1-3
2. Gare au Gorille! un livre de...
Narcisse Praz
3. Libre service
p. 11
p. 12-13
4. Pigault-Lebrun, ou le diable...
André Panchaud
p. 5-6
15. Liberté qui es-tu?
Olivier Lazo
5. Wafa Sultan: Un Dieu qui hait
Anne Lauwaert
p. 6-7
16. Agora
Jean Favry
6. Une dernière pour la route
André Thomann
p. 7
17. La goutte d’eau qui fait déborder... La Tuile
p. 16
7. Malraux et l’Islam (1956)
André Malraux
p. 7
18. Profession menteur
p. 17
8. Bite au vent et peinte en vert
André Thomann
9. Recensement fédéral 2010
Comité AVLP
10. Katmandou à domicile
Georges Krassovsky p. 10-11
p. 8-9
p. 9
p. 14-15
p. 16
19. Libres propos
Michel Martin
p. 18
20. En lisant
Claude Cantini
p. 19
30. Bon de commande
p. 24
le libre penseur/no 146
2
vers 751, au roi des Francs Pépin, «que
chaque Eglise pouvait le suivre suivant
sa coutume» 4. C’est le fils de Pépin le
Bref, Charlemagne, qui serrera – en
brave bras séculier de la papauté – la
vis. Le succès n’est pas total puisque
encore à l’aube du Xe siècle, l’Eglise doit
constater une importante «décadence
morale» du clergé en matière matrimoniale, le mariage étant bien entendu
considéré par elle comme du concubinage. Entre 309 et 1102, dix-sept conciles nationaux au moins ont débattu sur
le mariage ecclésiastique; effet de l’influence croissante des prohibitionnistes,
treize conciles se montreront favorables au célibat, mais trois – ceux
d’Erfurt, Mayence et Paris – se termineront sur des tumultes. Celui de Pavie en
1018, a vu le pape Benoît VIII décréter
«que les enfants des clercs, nés de femmes libres, deviendraient serfs de
l’Eglise, sans pouvoir être jamais affranchis» 5.
Les questions liées à cette discipline
sexuelle seront traitées de façon universelle seulement à partir du deuxième
concile œcuménique de Nicée, en 787
donc. C’est en effet ce concile qui fixera,
pour tous les diocèses, quelles femmes
pouvaient vivre avec un prêtre: mère,
sœur, tantes ou «d’autres femmes ne
donnant lieu à aucun soupçon motivé» 6.
Des treize papes qui se sont succédé de
1049 à 1139, la palme de la reprise en
main revient à Grégoire VII (10731085); il était pourtant accompagné de
sa femme Mathilde, ce qui ne l’empêcha
pas d’«interdire l’entrée des églises aux
prêtres coupables de fornication, soit
prêtres mariés ou vivant en concubinage» 7. Les oppositions, unanimement
basées sur «la difficulté de la continence» ne servirent à rien. C’est ainsi que
«la papauté extirpa le mariage des
clercs, mais non le concubinage qui
continua à prospérer pendant tout le
Moyen âge» 8. Précisons cependant que,
malgré les menaces pontificales, l’Eglise
n’arriva pas encore à imposer pleinement la doctrine du célibat: un des obstacles était le fait qu’il ne s’agissait pas
d’une question de foi mais d’une décision prise «pour mieux garantir la
loyauté du clergé envers l’Eglise tout en
préservant ses biens» 9. Pour y parvenir
il faudra recourir à la force contre les
récalcitrants, d’autant plus que «la résistance opposée par le clergé inférieur à
toutes ces réformes fut si violente que
plusieurs fois ceux qui l’entreprirent
coururent des grands dangers. Les choses allèrent ainsi jusqu’au concile de
Trente» 10. D’autre part, «pour le main-
tien officiel d’une discipline qui produisait tant de scandales, la morale se relâchant de ses rigueurs, on fut obligé de
se montrer de plus en plus indulgent
pour le concubinage des prêtres» 11. Ce
n’est que lors du deuxième concile du
Latran en 1139 (donc sous le pontificat
d’Innocent II qui était, lui, père de quatre
enfants) que, pour la première fois, une
législation «solennelle et générale» est
approuvée, ce qui signifie en pratique,
après tant de contorsions, la ratification
officielle de la législation ecclésiastique
grégorienne. Son socle théologique est
le suivant: «ceux qui sont tenus d’être
de fait et de nom des temples de Dieu,
des vases du Seigneur, des sanctuaires
du Saint-Esprit, il est indigne qu’ils se
fassent les esclaves du mariage et de la
débauche» 12.
Les motivations étaient bien entendu
moins spirituelles; en effet, les membres
du clergé «par leur prétendu mariage,
portent dommage et scandale à l’Eglise.
Les enfants issus de ces concubinages
revendiquent la succession de leurs
parents» 13. Pour parer à cela l’hypocrisie romaine inventera, plus tard, l’âge
canonique fixé à quarante ans imposé
(théoriquement) aux bonnes des curés.
Par ailleurs, pour rester dans le concret,
une autre décision du deuxième concile
du Latran pouvait motiver, à travers l’escarcelle, le célibat: «ceux qui [...]
auraient contracté mariage ou vivraient
en concubinage seront privés de leur
office et de leur bénéfice ecclésiastique» 14.
Le tournant définitif de la question du
célibat est pris lors du concile de Trente
(1545-1563) qui avait comme but principal d’«opposer au protestantisme un
ensemble de définitions dogmatiques et
de réformes disciplinaires, capables de
maintenir l’unité catholique» 15. La prise
de position est cette fois on ne peut
plus claire: «Si quelqu’un disait que l’état
conjugal doit être placé au-dessus de la
virginité ou du célibat et qu’il n’est pas
meilleur et plus heureux de rester vierge ou célibataire que d’être uni par les
liens du mariage, qu’il soit anathème» (il
se dit d’une «personne exposée publiquement à la malédiction par l’autorité
ecclésiastique» – Littré).
Cette mise au pas autoritaire a si bien
réussi que l’Eglise catholique n’a plus eu
besoin de conciles jusqu’en 1870.
N’empêche qu’au XVIe siècle «on était
encore tellement persuadé, dans une
partie du clergé, des inconvénients
moraux de l’interdiction du mariage des
ecclésiastiques, et même de son injusti-
ce, que Charles Quint le permit par
l’«Intérim» 16 et le pape (Pie IV) l’aurait
volontiers accordé [...] si les cardinaux
ne l’en eussent détourné par des raisons politiques plutôt que religieuses» 17.
***
Sur notre sujet, deux ouvrages apportent d’utiles et plus proches détails historiques. Celui de Louis Binz 18 dénonce les interdits sexuels, considérant
d’une chasteté absolue et la renonciation au mariage («périodiquement remises en cause lors des grandes convulsions qui ont secoué l’Eglise»), ainsi que
le concubinage qui en résulte ce sont
«les éléments les plus dramatiques de la
crise que traverse l’Eglise d’aujourd’hui» (page 365). Au-dela de la «pureté
sacerdotale» souvent invoquée, l’auteur
pense aussi que le concubinage constituait un danger réel pour la fortune de
l’Eglise qui n’avait aucune envie de partager ses revenus avec les familles des
prêtres. En effet, la visite épiscopale des
paroisses du diocèse de Genève (il couvrait à l’époque la Haute-Savoie) qui
s’est déroulée de 1411 à 1414, a démontré que le concubinage était de loin le
«défaut» principal puisqu’il touchait le
20% des prêtres dont 6% avaient des
enfants (bien entendu considérés
comme «spurios», bâtards par l’Eglise).
A peu près la même époque et pour le
canton de Vaud, Pierre-Yves Favez 19
écrit: «Familles marginales, celles des
prêtres concubinaires existaient bel et
bien. Astreints au célibat qu’ils ne supportaient pas, les ecclésiastiques vivant
maritalement étaient nombreux vers
1400, particulièrement en milieu rural:
environ un sur dix desservant dans nos
régions. Malgré 1’opposition de 1`Eglise
qui leurs enjoignait de renvoyer leurs
compagnes, qualifiées de «femmes de
mauvaise vie», ils n’en persistaient pas
moins dans leur concubinage en se souciant de l’entretien, parfois difficile, de
leurs compagnes et enfants naturels».
***
Cinq siècles plus tard le comportement
sexuel du clergé catholique occidental
ne pouvait qu’être pire. Une récente
enquête sociologique effectuée aux
Etats-Unis a démontré qu’un prêtre sur
deux souffre de «déviances» par rapport à la stricte discipline ecclésiastique
(elle comprend également la masturbation): concubinage et homosexualité.
En plus du célibat, une cause de la pédophilie se trouve par ailleurs dans les
abus sexuels subis par les séminaristes
le libre penseur/no 146
pendant leur formation, car une fois
devenus prêtres, ils reproduisent sur
autrui les actes dont ils ont été victimes; il s’agit là d’un processus psychopathologique connu: la proportion d’enfants abusés parmi les pédophiles varie
entre 27 et 50% selon les études.
Derniers (2004 et 2006) scandales de
ce type, celui du séminaire de Sankt
Pölten en Autriche et l’autre dans lequel
est impliqué un monseigneur mexicain
fondateur d’une congrégation: la Légion
du Christ… «Quo vadis Ecclesia?».
Il n’est pas nécessaire de déranger
Krafft-Ebing et sa remarquable (pour
l’époque) «Psychopathie sexuelle» pour
se rendre compte qu’il y a un problème.
«Il n’existe aucune statistique fiable sur
le nombre de prêtres pédophiles, mais
personnellement je pense que le célibat
forcé est une cause aggravante», déclare
l’avocat Jean Chevaix, contrairement, il
est vrai, à certains psychiatres et autres
psychocriminologues qui sont bien plus
catégoriques en niant, sans autre, tout
lien entre le célibat des prêtres et leurs
crimes sexuels. Peuvent-ils dès lors
expliquer également pourquoi chez le
clergé orthodoxe et protestant (qui
peut se marier) enregistre-t-on apparemment moins de pédophiles?
Il y a presque un siècle et demi, le
Grand Dictionnaire 20 faisait un constat
qui est, bien entendu, tombé dans l’oreille d’un sourd: «Tous les esprits sages
reconnaissent aujourd’hui que, dans un
clergé séculier fait pour se mêler au
monde, le célibat est dangereux. Au
point de vue de la morale, on ne saurait
méconnaître les inconvénients et les
désordres inévitables de cet état violent
où le devoir et la vertu sont toujours en
danger de faire naufrage, où la difficulté
de vivre dans une continence absolue
peut entraîner à des crimes contre soimême et contre les autres». Il précisait
en outre que «le célibat n’a été dans
aucune autre religion, si ce n’est dans la
religion catholique, considéré comme
une condition essentielle du sacerdoce»
21. Il me semble qu’aujourd’hui il est
indispensable, au-delà du sensationnalisme, d’ approfondir la critique envers un
état de choses qui a assez (trop) duré.
Trois citations récentes alimentent mon
espoir, car elles mettent enfin les points
sur les «i». «Longtemps passés sous
silence, les abus sexuels des prêtres
éclatent enfin au grand jour. Il est difficile d’oublier pour autant le comportement passé de l’Eglise qui, en refusant
d’attirer l’attention des autorités judiciaires sur les déviances de ses bergers,
3
en les mutant par exemple d’une paroisse à l’autre sans suivi particulier, a laissé,
depuis toujours et sous toutes les latitudes, la porte ouverte à un nombre
effarant de sordides affaires sexuelles»
22.
«La vie monastique et l’internat offrent
un contexte qui favorise une relation
d’emprise sur de potentielles victimes,
relation au centre du comportement
pédophilique. L’homme d’Eglise dispose
d’une autorité sur les gens qui lui sont
confiés, plus forte encore auprès des
enfants. S’il éprouve déjà une attirance
pathologique, la situation de dépendance
risque d’encourager le passage à l’acte.
D’autant plus que la culture du secret
dans les structures cléricales est propice au maintien du silence» 23.
«Deux chemins s’ouvrent, qui tous les
deux mènent à Rome. Le premier nous
conduit vers une Eglise radicalement
différente, pour qui la sexualité ne serait
plus un tabou mais l’une des forces les
plus belles et les plus mystérieuses de
l’humanité. Une énergie à connaître, à
goûter bien au-delà du refoulement ou
du défoulement. Le second chemin nous
mène vers la fin de l’Eglise, comme institution. Une issue fatale qui pourrait être
une bénédiction. A condition, bien sûr,
que soit né l’Homme nouveau, debout,
délivré de ses peurs, vibrant d’Amour
universel» 24.
Amen (ainsi soit-il).
CLAUDE CANTINI
Notes
Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, tome III, p. 678.
2
Enciclopedia italiana, tome 9, p. 660.
3
Gilbert Garzoni témoigne (24 Heures,
30 mars 2010), sur la base d’une expérience personnelle, d’une pratique
courante en vigueur dans les séminaires afin de préparer les futurs ecclésiastiques sur le plan de la sexualité:
«Cette préparation passait par la
mortification, l’autocontrainte et le
refoulement des désirs sexuels. Dans
cet esprit d’abnégation, on commençait par écarter de l’esprit des jeunes
gens l’image de la femme en tant
qu’enveloppe corporelle charnelle,
et on leur prônait le renoncement
à toute pratique de l’onanisme.
L’abstinence devait avoir pour effet l’atrophie des organes et des fonctions
sexuelles, générant tout naturellement
une réduction de la libido et, par
conséquent, des pulsions.»
4 Enciclopedia italiana, loc. citée.
1
5
La Grande Encyclopédie, tome 19, p.
1041.
6
Raymonde Foreville, Histoire des conciles œcuméniques, tome 6, Paris 1965, p.
176.
7 La Grande Encyclopédie, tome 19, p.
360.
8
Ibidem, p.1042.
9 Bernard Violet, Erratum XVI, Editions
Favre Lausanne 2009, p. 78.
10
Grand Dictionnaire, tome III, p. 679.
11 Ibidem, p.678.
12 R. Foreville, cité, p. 91.
13
Ibidem, p. 103.
14 Ibidem, p. 188.
15 Larousse universel, tome II (1923), p.
1139.
16 Selon le Littré: «Formulaire établi en
1548 par l’empereur Charles Quint
pour régler les affaires de religion en
attendant, comme l’exprime ce mot,
qu’elles fussent réglées par un concile
[...]. L’Intérim permettait le mariage
des prêtres et la communion sous les
deux espèces.» Il deviendra lettre
morte au décès de l`empereur en
1558.
17 Grand Dictionnaire, tome III, p. 679.
18 Vie religieuse dans le diocèse de Genève,
1378-1450, Genève 1973.
19 Histoire de la famille in Comment réaliser sa généalogie, Yens-sur-Morges
1991, p. 17-18.
20
Tome III, p. 679.
21 Ibidem, p. 677.
22 B. Violet, cité, p. 174-175.
23
Bruno Gravier, psychiatre pénitentiaire, L’Hebdo, 25 mars 2010.
24 Philippe Le Bé, L’Hebdo, 1er avril 2010.
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NUMÉROS
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Penseur sont encore disponibles en
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1002 Lausanne
le libre penseur/no 146
4
Narcisse Praz
MISE EN GARDE
CE LIVRE EST UN ÉLECTROCHOC!
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GARE AU GORILLE!
«J’AI ÉTÉ BROYÉ PAR L’ÉGLISE»
Une enquête à risque: «Mon site
Internet à moi m’a été interdit
d’accès pendant plusieurs jours
dès que les mots pédophilie et
prêtres pédophiles y sont apparus
pour les besoins de la présente
cause.»
Ce livre témoignage a été publié
avec l’aide de l’Association vaudoise de la Libre Pensée.
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INTERNET EN LIBERTÉ
LES PROTOCOLES DES SAGES DE SION
MATHIEU GALOVINSKI 1903
Vu que chaque libre penseur est aussi
un libre lecteur, j’ai voulu me procurer
à la librairie Payot de Lausanne ces
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coordonnées, un monsieur «costumecravate» que je suppose son chef,
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livrable. Pourquoi? Par ce que interdit!
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«Les Protocoles des Sages de Sion»
afin de lire tout l’historique et leurs
faussetés et pour donner bonne conscience à cette recherche. Ensuite je
suis passé à l’échelon supérieur en
consultant Wikisource «Les Protocoles
des Sages de Sion» et voilà qu’apparaissent sur l’écran les cinquante-quatre pages de ces «Protocoles» que j’ai
pu tranquillement télécharger.
Vous voilà prévenus: pour ne pas être
taxés d’antisémitisme vous devez dogmatiquement considérer ces «Protocoles»
comme des faux, même si vous trouvez
d’intrigantes concordances avec la
politique de l’Etat sioniste.
LIBRE SERVICE
Franco Cavalli
• CANCER / LE GRAND DÉFI
Ce livre apporte des réponses aux
innombrables questions que tout un chacun se pose à propos du cancer: les origines, les causes, les incidences et la lutte
pour le combattre. Sont abordés les facteurs déclencheurs de la maladie, les succès, espoirs et faillites de la recherche
thérapeutique, la description des tumeurs
les plus représentatives, la prévention, les
soins palliatifs et terminaux, l'euthanasie
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L'ouvrage rédigé par l'oncologue de
renommée internationale Franco Cavalli,
représente en quelque sorte le résumé
écrit de ce
qu'il a toujours voulu
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Il accompagne le lecteur
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Le
cancer
reste un défi
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à
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livre, écrit par un scientifique agnostique
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Le professeur Franco Cavalli a exercé sa
profession à Milan, Bruxelles et Londres.
A la fin des années 1990, il a fondé
l'Institut oncologique de la Suisse italienne. Membre de nombreux comités scientifiques et médicaux internationaux, il a
présidé L'Union internationale contre le
cancer.
2009, 192 pages, Fr. 29.- (17.- euros)
Editions Favre SA, rue du Bourg 29,
CH-1002 Lausanne
Editions Favre SA, 12, rue Duguay-Trouin, F75006 Paris
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le libre penseur/no 146
5
PIGAULT-LEBRUN, OU LE DIABLE
DANS LE BÉNITIER
«Qu'ils sont nombreux ces auteurs, dont on entend vaguement parler dont on se promet d'aller lire quelque chose juste
avant d'oublier jusqu'à leur nom!» remarque Stéphane Audeguy*.
Tel fut le sort de Pigault-Lebrun dont le nom et les œuvres sont aujourd'hui bien oubliés. Pourtant la biographie d'un personnage singulier qui fut successivement apprenti de commerce, subrécargue, gendarme, comédien, professeur de français, traducteur, régisseur de théâtre, sous-lieutenant de dragons, inspecteur des douanes et... romancier et dramaturge ne
doit pas manquer d'intérêt. Du reste, la plus grande partie de son œuvre littéraire s'inspire de ses propres aventures.
LE DIABLE AU CORPS
Charles-Antoine-Guillaume Pigault de
l’Epinoy, dit Pigault-Lebrun, né à Calais le 8
avril 1753, mort à La Celle-Saint-Cloud
(aujourd’hui département des Yvelines)
le 24 juillet 1835, était le fils d’un juge,
conseiller du roi, lieutenant général de
police et maire de Calais. Ce dernier destinait son rejeton au droit, mais celui-ci,
dont la jeunesse fut passablement aventureuse et dissipée, pimentée d’un certain
nombre de frasques, ne manifestait aucun
goût pour la carrière que son père lui traçait. Après des études chez les oratoriens,
il fut envoyé faire un apprentissage de
commerce à Londres. Au bout de deux
ans, il s’embarqua pour les Indes, non sans
avoir, auparavant, enlevé la fille du patron.
Son père, rendu furieux par les incartades
répétées du fiston, obtint contre lui une
lettre de cachet. Libéré au bout de deux
ans d’emprisonnement, de nouvelles aventures galantes lui valurent une nouvelle
lettre de cachet. Il réussit à s’évader, enleva la fille d’un ouvrier parisien, l’épousa et
s’enfuit en Hollande.
C’en était décidément trop pour le père
qui, exaspéré par ce mariage subreptice,
annonça sa mort et fit régulariser son
décès par le tribunal de Calais. CharlesAntoine-Guillaume Pigault de l’Epinoy
n’existait plus civilement.
UNE VERVE ENDIABLÉE
Le mort-vivant ressuscita sous le nom de
Pigault-Lebrun, en pleine période révolutionnaire. C’est alors que va s’ébaucher
une œuvre littéraire qui sera, elle, bien
vivante. Elle se compose de pas moins
d’une septantaine de romans et de nombreuses pièces de théâtre. Ses œuvres
complètes (en vingt volumes, renfermant
les romans, les pièces de théâtre et les
mélanges) ont été publiées en 1822-1824.
«Nous distinguons, écrit Marie-Joseph
Chénier, dans la longue liste de ses ouvrages, La Folie espagnole, Mon Oncle
Thomas, Monsieur Botte, L’Enfant du
Carnaval et surtout Les Barons de Felsheim.
Il est aisé d’y blâmer de nombreux écarts,
une imagination vagabonde, et qui risque
tout, jusqu’au cynisme, mais il serait injus-
te de n’y pas louer des traits piquants, des
boutades heureuses et des scènes d’un
comique original.»
En plus de ses romans, qui rendirent son
nom populaire, Pigault-Lebrun avait obtenu un grand succès au théâtre. Son talent
s’exprimait en une gaieté, une verve intarissable, un esprit fin et railleur, une imagination vive et habile à inventer des situations et des événements. Son style est
plein de mouvement, de variété et de
vivacité. Il excellait à rendre la vie simple
et pourtant si mouvementée des petites
gens.
Les jugements portés sur son œuvre sont
extrêmement variés. S’il est salué par
Stendhal, Flaubert et Thackeray, il est tenu
en assez piètre estime par Sainte-Beuve
et Victor Hugo. Jules Janin exprime sa hargne contre «cet écrivain de ruelles et
d’antichambres».
En revanche Edouard Rothen, dans
l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien
Faure, souligne les «polissonneries
égrillardes» de Pigault-Lebrun. Même ton
dans le Larousse du XXe siècle de Paul
Augé: «Son premier roman, L’Enfant du
Carnaval, eut un succès immense. Il donna
alors toute une série de romans, écrits
d’une plume facile et débordant d’une
gaieté souvent licencieuse.» Maurice
Lachâtre, dans son Nouveau Dictionnaire
universel, note: «On a de lui une foule de
romans extrêmement gais et spirituels.
[...] Il y a des reflets de Voltaire dans ces
œuvres quelque peu grivoises, mais rarement triviales. Le Citateur est dû à sa
plume; c’est un ouvrage curieux à lire.»
UN CITATEUR DIABLEMENT CAUSTIQUE
De tous ses ouvrages, aujourd’hui tombés
dans l’oubli, c’est précisément Le Citateur
qui seul a survécu. Encore n’est-il guère
connu que des athées et libres penseurs.
Cet ouvrage, nommé communément Bible
de Pigault-Lebrun, fut publié à Hambourg
en 1803. Ecrit mordant et satirique, c’est
un chef-d’œuvre de causticité et de persiflage.
Un citateur, disent les dictionnaires, est
celui qui fait des citations dans sa conver-
sation ou dans ses écrits. La «Bible» de
Pigault-Lebrun se présente sous la forme
d’un dialogue entre un abbé imaginaire et
l’auteur dans lequel ce dernier répond
point par point aux objections que lui
oppose son contradicteur tonsuré. Cet
ouvrage antireligieux et anticlérical fourmille de connaissances impressionnantes
soulignant la formidable érudition biblique
de l’ex-élève des oratoriens. En cela, l’enseignement dispensé par les disciples de
Bérulle fut efficace.
«Je me fais compilateur, prévient Pigault,
car je citerai toutes mes autorités et des
autorités telles que l’habitué de paroisse
le plus versé dans les Ecritures n’osera
attaquer une seule de mes citations.»
Le compilateur-citateur met en évidence
les multiples emprunts de la religion
judéo-chrétienne aux innombrables
légendes et croyances plus anciennes des
Chaldéens, Egyptiens, Phéniciens, Indiens,
Syriens, Grecs et Romains et compare les
Saintes Ecritures à un habit d’Arlequin,
costume composé de pièces disparates.
«Dussent tous les abbés, nés ou à naître,
se fâcher, il est constant que leur édifice
est un habit d’Arlequin, un assemblage de
pièces dont les disparates choquent l’œil,
comme l’ensemble blesse la raison.»
La Bible, supposée être la «Parole de
Dieu», n’est qu’un tissu d’extravagances
où pullulent les contradictions, les bizar-
le libre penseur/no 146
6
reries et les incohérences. Les dogmes
religieux sont «chargés de puérilités, d’inepties ridicules». «Le Citateur de PigaultLebrun sape les bases sur lesquelles s’appuient les dogmes catholiques» relève le
lexicographe athée Maurice Lachâtre.
Est-il nécessaire de souligner que les
œuvres de Pigault-Lebrun (et en particulier Le Citateur) suscitèrent la hargne du
clergé et l’irritation des autorité. Elles
furent maintes fois poursuivies sous la
Restauration et le Second Empire et firent
révoquer leur auteur de son emploi
d’inspecteur des douanes.
L’ATHÉISME, DOCTRINE
DIABOLIQUE
L’attitude de Pigault concernant l’athéisme est nuancée. C’est à ses yeux une philosophie de caractère strictement individuel, qui ne se conçoit pas pour une
collectivité. «Il est impossible qu’une
société d’athées se forme jamais, parce
qu’un athée est un être pensant et que la
multitude ne pense pas. Mais, si un peuple
adoptait ce système, il pourrait exister et
prospérer indépendamment de ses opinions. Des lois sages, administrées avec
fermeté, sont le seul frein de la méchanceté humaine. L’athéisme suppose une
éducation soignée et des connaissances;
et l’homme qui médite est rarement un
scélérat. Le véritable athée cultive la vertu
parce qu’elle porte avec elle sa récompense.» Retiré dans ses vieux jours à La
Celle-Saint-Cloud, Pigault-Lebrun aura la
joie de voir grandir son petit-fils, le futur
académicien Emile Augier. Celui-ci dédiera
à son grand-père sa première pièce, La
Ciguë.
L’auteur du Citateur, décédé à l’âge de huitante-deux ans, aura traversé plusieurs
périodes riches en événements historiques: monarchie absolue puis constitu-
tionnelle, Révolution, Première République,
Terreur, Thermidor, Directoire, Consulat,
Empire, restauration de la monarchie.
Sans avoir jamais fait partie d’aucune
coterie, il était apprécié (pour cette raison sans doute) d’un public friand de ses
écrits populaires et volontiers paillards.
Pour ses contemporains, c’était un être
«plein de bonté, de droiture, de franchise
et de loyauté, plein d’horreur pour l’intrigue et l’hypocrisie, d’indignation et de
haine contre tous les despotismes et
n’ayant guère qu’un défaut, une certaine
brusquerie parfois trop vive».
Quel plus bel hommage pouvait-il espérer?
ANDRÉ PANCHAUD
* Auteur de L’Enfant du Carnaval, coll. «L’un
et l’autre», Gallimard 2009.Titre repris du
premier roman de Pigault-Lebrun (1792).
WAFA SULTAN: «UN DIEU QUI HAIT»
Wafa Sultan naît en 1958 en Syrie, elle
devient médecin et émigre en 1989 en
Californie où elle devient psychiatre.
Le jour où des individus cagoulés
sont entrés dans sa classe à l'université d'Alep (ville principale du
nord-ouest de la Syrie) et ont criblé de balles son professeur en
criant «Allah wakbar» elle a remis
sa religion et sa vie en question. En
2006 le Times la range parmi les 100
personnes les plus influentes du monde
après un débat qui a été transmis par Al
Jazeera pendant lequel elle, une femme,
a osé dire à son interlocuteur, un
homme musulman «Taisez-vous, maintenant c'est à mon tour de parler»... du
jamais vu... Quand on lui demanda de
préciser si elle prétendait vraiment que
le choc des civilisations était celui entre
l'arriération des musulmans et la civilisation moderne de l'Occident, tout le
monde s'attendait à ce qu'elle balbutie
quelques lieux communs pour éluder,
mais au contraire elle répondit clair et
net: «Oui, c'est exactement ce que je
veux dire», ce qui déchaîna l'esclandre.
Le film de cette transmission reste un
must sur «Youtube». Cependant il n'y
avait pas de quoi s'étonner puisque, en
tant que psychiatre vivant depuis plus
de quinze ans aux USA, non seulement
elle avait changé de mentalité, mais surtout elle avait fait une analyse psychologique de l'islam et des musulmans.
Dans son livre Un dieu qui hait Wafa
Sultan explique que l'islam est né dans
un désert dans lequel régnait une pauvreté extrême, la terreur de la mort à
cause de la faim ou de la soif, des guerres continuelles entre les tribus pour
s'approprier de l'eau et de la nourriture, guerres durant lesquelles on massacrait les hommes et on enlevait les femmes. (Il faut relire la poésie
préislamique des Mu’Allaqat, voir
Wikipedia). Pour cette raison «la
majeure partie de la biographie de
Mahomet est constituée des récits de
raids pour conquérir du butin et infli-
ger des dommages aux victimes» [...]
«Cette philosophie de rapine s'est
ancrée fermement dans la mentalité
des musulmans» [...] «La peur se mesure, dans le monde musulman, à la façon
dont ils traitent leurs femmes [...] au
point que non seulement il faut considérer les femmes comme sales, mais
même considérer celui qui ne le croit
pas comme infidèle qu'il faut tuer...»
[...] «Le musulman est un homme qui a
peur» (frightened man).
A peine arriva-t-elle aux USA qu'elle y
«trouva plus de respect en tant qu'étrangère travaillant dans une stationservice que comme médecin dans son
pays natal». Quand elle eut acquis un
usage suffisant de la langue elle repassa
les examens pour pouvoir exercer en
tant que médecin et elle se sentit
embarrassée devant la «superficialité
de ses connaissances dans les sciences
du comportement et de la psychiatrie.
[...] «Je crois qu'on nous avait imposé
des limitations parce que beaucoup
était en contradiction avec les enseignements de l'islam et fut interdit aux
étudiants de peur que nous puissions
changer notre mode de penser.»
Wafa Sultan explique que le fameux
«insh’allah» c.-à-d. «Allah le voulant»
fait que le musulman ne dit jamais ni
oui ni non mais se réfugie derrière le
«si Allah le veut» et donc n'assume
jamais la responsabilité d'exprimer une
le libre penseur/no 146
opinion claire, comme si sa conscience
avait été remplacée par les prescriptions religieuses. C'est ce qui rend si
difficile le dialogue avec les Occidentaux
qui, au contraire, apprennent dès leur
plus jeune âge qu’un oui est un oui et
un non est un non et qui manque à sa
parole est un lâche. En outre les
Occidentaux valorisent la personnalité
de l'individu au lieu de l'identifier à une
religion. Il serait fort utile de communiquer ces analyses du Dr Sultan à nos
politiciens qui traitent les affaires
étrangères.
Quelques citations: «Si vos femmes
avaient décemment éduqué vos
enfants, le Pakistan serait la Suisse de
l'islam et vous n'auriez pas fini comme
mendiants sur le seuil de l'Occident.»
[...] «Ce n'est pas votre bêtise qui me
fâche. Je regrette que l'Amérique autorise des idiots comme vous à la polluer.» [...] «Je n'ai pas d'espoir pour les
musulmans, hommes ou femmes, qui
vivent en Occident. Ils sont simplement
hypocrites. Ils sont en train d'essayer
d'avoir ce qu'il y a de meilleur des deux
mondes.» [...] «Le concept de travail
dans l'islam était réduit à la migration
nomade, à la rapine, au butin et à la
lutte pour la survie.» [...] «La société
musulmane a été une société d'esclavage [...] d'obéissance aveugle...» [...]
«L'individu n'a pas de liberté dans cette
société et aucune privacy.» [...] «Les
gens dans les pays islamiques sont en
train de vivre une terrible lutte psychologique. Ils sont fascinés par ce qu'ils
voient et entendent au sujet de
l'Occident et ils sont mécontents de
leur situation dans leur pays.» [...]
«Pendant que j'étais en train de déguster mon café (au Qatar) j'entendis (d'un
haut-parleur) le verset suivant (du
Coran): Il a créé des chevaux et des
mules et des ânes pour vous pour les
chevaucher. On récite encore toujours
ce verset même s'il n'y a plus un âne ou
un mulet au Qatar mais des avions et
de la technologie moderne...» «Plus
triste cette histoire: Si un Occidental
voit que le voisin a une voiture plus
belle que la sienne, il prie Dieu pour
qu'il lui en donne une également belle,
tandis que le musulman, quand il voit
que son voisin a un chameau plus beau
que le sien, prie Dieu pour qu'il fasse
mourir ce chameau...»
Un livre de 244 pages... pas pour juger,
ni mépriser, ni polémiquer mais pour
essayer de comprendre; pour que les
Occidentaux essaient de mieux comprendre les musulmans; pour que les
7
musulmans comprennent comment ils
sont perçus par un esprit musulman qui
a assimilé la façon de raisonner occidentale mais aussi pour que les musulmans se regardent dans un miroir tout
simplement pour se demander qui ils
sont et pourquoi.
La psychiatrie a de beaux jours devant
elle!
En effet jusqu'à présent les croyances,
le comportement, les traditions des
musulmans font l'objet d'articles, de livres, de transmissions radio-télé où sont
surtout présents des religieux et des
politiques mais rarement des historiens
et des psychiatres qui pourraient expliquer les quand, comment et surtout les
pourquoi.
L'exemple le plus simple, actuel et utile
serait une psychanalyse des raisons qui
font que des femmes se sentent libres
quand elles se cachent sous un tissu. Il
serait tout aussi utile que le corps
médical s'exprime clairement sur les
risques pour la santé d'une vie privée
de rayons UV ou d'une journée de travail sans boire ni manger. Wafa Sultan
n'est pas seule sur le chemin qui mène
au-delà des manipulations religieuses
ou des propagandes politiques; on
connaît entre autres Ayaan Irshi Ali,
Mukhtar Mai, Irshad Manji, Saïda KellerMessahli, Jasmin el Sonbati, qui ont l'avantage sur les Anne-Marie Delcambre
ou Mireille Vallette d'être ou d'avoir été
musulmanes et donc de connaître cette
mentalité de l'intérieur. Islamophobie?
L'Occident n'a pas «peur» de l'islam
mais il a le droit de dire, comme aux
autres religions: «Non merci, nous n'en
voulons pas.» L'islam ne va pas détruire
l'Occident, par contre en venant en
Occident, l'islam s'est soumis à l'esprit
critique occidental et ça c'est un chapitre qui ne fait que commencer.
A God who hates par Wafa Sultan - copyright 2009 St. Martin’s press.
ISBN 978 0 312 53835 4
ANNE LAUWAERT - LOCO
MALRAUX ET L'ISLAM (1956)
«La nature d'une civilisation, c'est ce qui
s'agrège autour d'une religion. Notre
civilisation est incapable de construire
un temple ou un tombeau. Elle sera
contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera. C'est
le grand phénomène de notre époque
que la violence de la poussée islamique.
Sous-estimée par la plupart de nos
contemporains, cette montée de l'islam
est analogiquement comparable aux
débuts du communisme du temps de
Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l'origine de la révolution marxiste, on
croyait pouvoir endiguer le courant par
des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales
ou ouvrières n'ont trouvé la réponse.
De même aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à
affronter le problème de l'islam. En
théorie, la solution paraît d'ailleurs
extrêmement difficile... Peut-être seraitelle possible en pratique si, pour nous
borner à l'aspect français de la question,
celle-ci était pensée et appliquée par un
véritable homme d'Etat. Les données
actuelles du problème portent à croire
que des formes variées de dictature
musulmane vont s'établir successivement à travers le monde arabe. Quand
je dis «musulmane», je pense moins aux
structures religieuses qu'aux structures
temporelles découlant de la doctrine de
Mahomet. Dès maintenant, le sultan du
Maroc est dépassé et Bourguiba ne
conservera le pouvoir qu'en devenant
une sorte de dictateur. Peut-être des
solutions partielles auraient-elles suffi à
endiguer le courant de l'islam, si elles
avaient été appliquées à temps.
Actuellement, il est trop tard! Les
«misérables» ont d'ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l'intérieur d'une communauté
musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d'eux une
conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur
apporter, ils préféreront l'avenir de leur
race. L'Afrique noire ne restera pas
longtemps insensible à ce processus.
Tout ce que nous pouvons faire, c'est
prendre conscience de la gravité du
phénomène et tenter d'en retarder
l'évolution.»
ANDRÉ MALRAUX,
LE 3 JUIN 1956
le libre penseur/no 146
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BITE AU VENT ET PEINTE EN VERT
Non, je ne provoque pas, j’illustre mon
propos. Lire la suite.
S’il y a une affirmation qui me met hors de
moi, c’est: «L’Etat n’a pas à décréter ce
qu’on doit porter dans la rue.» A décréter ou à interdire, comme on veut. Il se
trouve que cela est d’une part faux et
d’autre part nuisible. Faux parce que
l’Etat, ou le consensus, ce qui est en l’occurrence pareil, décide bel et bien de ce
qui est licite ou non en matière de tenue.
Les anarchistes de salon qui profèrent de
telles âneries laxistes resteraient sans
doute cois (on dit aussi bouche bée) si
leur permissivité passait dans les faits.
L’Etat, dans un accès de sagesse soutenu
par la vox populi a fixé certaines règles,
qui varient selon les climats. Dans certains
territoires où la chaleur est accablante, les
hommes vont munis d’un simple étui
pénien, moins par pudeur sans doute que
pour se protéger des griffures des ronces
quand ils vont à la chasse au zébu qui leur
servira de nourriture.
Sous nos climats où on attrape vite l’onglée en hiver, l’étui pénien serait une
imprudence. Quant à la tenue que je suggère dans mon titre, le quidam qui l’exhiberait aurait affaire à la maréchaussée.Vite
fait, et à juste titre. Il s’agirait là d’outrage
à la pudeur, une infraction caractérisée.
Sans parler de la donnée esthétique qui
ne ferait pas forcément l’unanimité. Sauf
que la pudeur est une notion extrêmement variable. La pudeur, c’est le grand
truc des monothéismes. Les naïfs mais
autoritaires missionnaires anglo-saxons
Association vaudoise
de la Libre Pensée
Case postale 5264
CH-1002 Lausanne
Internet: www.librepensee.ch
Libre Pensée de Genève
Ch. des Quoattes 27
CH-1285 Avusy
Associazione Svizzera dei
Liberi Pensatori (ASLP)
Sezione Ticino, Casella
postale 721, 6902 Paradiso
Presidente: R. Spielhofer
091 994 21 45
Association suisse de la
Libre Pensée FVS-ASLP
Case postale
CH-3001 Bern
Internet: www.freidenker.ch
International Humanist
and Ethical Union
Internet: www.iheu.org
imposaient à des Polynésiennes qui n’en
demandaient pas tant le port d’une
Mother Hubbard, une sorte de longue
robe qui allait du cou jusqu’aux chevilles
et qui évitait que ces dévergondées montrassent sous les tropiques des roberts
qu’elles avaient souvent jolis mais dont la
vision était interdite à Oxford Street. La
pudibonderie victorienne n’est plus ce
qu’elle était, et dans les rues fréquentées
de la capitale du Royaume-Uni, on a vu
apparaître la mini-jupe, bénie sois-tu, Mary
(Quant) entre toutes les femmes pour
avoir rendu nos rues plus pimpantes et
pour avoir fait un pied de nez aux cafards
qui vous emmitouflaient. Déjà sous le
Directoire, les «merveilleuse» allaient
couvertes de gazes transparentes diablement provocatrices. Mais le consensus ne
vit pas cela d’un bon œil, lequel pourtant
avait été auparavant gentiment rincé. Ainsi
va l’hypocrisie.
D’une manière générale, le consensus est
de nos jours plutôt laxiste. Si un jeune
homme se promène avec sur la tête une
banane, aux oreilles des pendeloques et
une vêture bariolée, cela ne gêne personne, il représente tout au plus une offense
au bon goût, ce qui n’est pas punissable.
Encore faudrait-il définir le bon goût.
Celui du punk multicolore n’est pas le
mien. Si le consensus bannit le nu, il tolère les tenues érotiques, peut-être parce
qu’il n’y connaît pas grand-chose.
L’érotisme est d’ailleurs aussi à définir,
étant une notion hautement individuelle
et qui varie avec les personnes, les lieux et
les époques.
Mais attention! Il ne faut pas lui marcher
sur les pieds, au consensus, car alors il
regimbe. Les nazis, pour une période calamiteuse mais qui n’a duré heureusement
que douze ans, avaient muselé le consensus: tout le monde en uniforme, y compris, oui, les civils. «Je ne veux voir qu’une
coiffure» décrétait à propos du chef le
Chef. Les photos de l’époque montrent
bien les jeunes garçons tous façonnés
dans le même moule capillaire: les cheveux courts, la nuque dégagée au rasoir.
Essayez d’imaginer Benoît Croix Vé un
Bâton dans cette tenue de l’occiput! Ici
une anecdote de mon enfance: j’avais dix
ans et je passais mes vacances chez un
oncle en Allemagne. On était à la toute
veille de la Deuxième Guerre mondiale.
(Si, avec ces données, vous voulez calculer
mon âge actuel, ne vous gênez surtout
pas). Je me souviens d’avoir été violemment pris à partie par un escogriffe nazi
qui me faisait honte de ma tignasse ébouriffée tolérée en Suisse mais qu’il considérait comme déviante chez le Herrenvolk.
Mais le consensus allemand n’était qu’en
veilleuse, ça ne meurt pas si vite, un
consensus. Les Allemands de 33-45
avaient baptisés les dignitaires nazis, les
bonzes du régime, du nom chatoyant de
«Goldfasanen» (pas besoin de traduire),
par référence à leurs rutilants uniformes
et à toutes leurs breloques. C’était bien
vu.
Le consensus actuel n’apprécie guère les
uniformes qui pourraient représenter un
danger. Un rassemblement de chemises
brunes (ou de toute autre couleur) susciterait la méfiance et pourrait être dispersé. Les minarets, qui sont une façon d’habiller le paysage, ont été refusés. A
Genève, mon canton pour le meilleur et
pour le pire, les signes religieux ostentatoires sont interdits: pas de curés en soutane, de sœurs en cornette, et les pasteurs n’ont qu’à bien se tenir. Ce sont les
sans-dieu radicaux du XIXe siècle qui ont
décrété cela pour peaufiner la laïcité, mais
cela n’empêche pas, pas plus que l’interdiction des minarets, le noble exercice du
culte religieux.
Alors, la burka? Il faut d’abord tenir compte de ceci: la burka n’est pas un signe religieux et il ferait beau voir qu’un musulman
Burqa – Haute couture (Tribune des
athées).
le libre penseur/no 146
ignorant vînt à la ramener en parlant d’atteinte à la liberté religieuse. Mais la burka
est bel et bien un uniforme et le consensus doit s’y opposer. Mais lisez pour commencer ceci:
Anomalies de la communication orale et/ou
non verbale.
Anomalies des interactions sociales.
Centres d’intérêts restreints.
Il est évident que sous son affublement,
une porteuse de burka trouvera la communication avec ses semblables difficile;
que ses contacts sociaux/sociables s’avèreront limités; que si la lecture (mal
conduite) du Coran, pour celles qui
savent lire, est sa seule activité, elle présente donc tous les symptômes ci-dessus.
Or, ces signes sont ceux de l’autisme tels
qu’ils peuvent être détectés chez le petit
enfant. Il s’agit donc à première vue d’une
pathologie, ce qui, à ma connaissance, n’a
encore jamais été perçue comme telle.
Les marie-pisse-trois-gouttes qui se proclament heureuses sous leurs oripeaux
«librement choisis» s’excluent en fait de la
société comme le fait un enfant autiste.
C’est grave, docteur?
Tout autre est naturellement le cas de celles qu’un entourage mâle oblige à cet
accoutrement; il s’agit alors de les sauver
de cette tyrannie domestique. Les bénioui-mais qui nous inondent de saintes
paroles libérales sont-ils prêts à porter le
fer dans la plaie? Sont-ils prêts à décréter
une interdiction de cette mascarade? On
entend déjà les pouvoirs français qui procrastinent, une manie chez eux, en se
demandant si peut-être une telle décision,
en pesant le pour et le contre et en
tenant compte de tous les paramètres,
enfin, vous ne croyez pas qu’une telle
décision pourrait être retoquée par le
Conseil constitutionnel? Et c’est ainsi
qu’on perd les guerres. En Suisse, une
interdiction de la burka, telle qu’elle va
être proposée par un parti de droite, est
qualifiée par avance de mesure populiste.
C’est le mot magique. Il est péjoratif. Une
initiative est populaire, c’est même le
terme officiel, mais selon comment son
libellé est tourné, elle devient populiste.
Or, la vox populi est priée de ne pas faire
de vagues! De ne pas tendre le pouce
vers le bas si elle veut rester politiquement correcte. On lui opposera l’argument de la liberté religieuse, dont on a vu
qu’il ne valait rien, de la liberté en soi, qui
doit permettre tous les accoutrements.
J’ai démontré supra que cela n’était pas
possible. Un des arguments qui me fait
sortir de mes gonds (vous me direz que je
ne suis pas souvent chez moi), c’est celui
de la rareté: ça n’est pas pour quelques
9
burkas qui pourraient exister en Suisse
qu’on va se donner la peine de faire une
loi. Transposons: ce n’est pas pour quelques bambins mordus à mort par des
chiens féroces qu’on va interdire les pitbulls. Il y en a quoi, même pas un par
année… Dans les deux cas, il faut, selon
cet argument, attendre qu’il y en ait beaucoup. Je pense qu’une seule burka est déjà
une de trop. Surtout si on ajoute l’argument suivant, qui est d’hygiène: une porteuse de burka se soustrait aux rayons du
soleil, lesquels sont les principaux pourvoyeurs de la vitamine D, dont la carence
provoque le rachitisme chez le petit
enfant et diverses pathologies chez l’adulte. Déjà qu’on peut se faire du souci pour
leur état mental, voilà encore que ces
péronnelles peuvent être atteintes dans
leur santé physique. Beau résultat.
L’éminent vitaminologue Ben Ependentès,
de l’université de Leyde, a mené une
étude sur dix mille hollandaises musulmanes voilées et il est très pessimiste sur
leur état sanitaire. En Israël, son confrère
Douho Sabeth arrive aux mêmes conclusions.
On n’en finirait pas de citer tous les arguments en faveur de l’interdiction de cette
horreur. Même le président Sarkozy, dont
je ne suis pas un fan inconditionnel, tant
s’en faut, voit les choses comme moi (vive
moi !). Ainsi, quid du paysage urbain et des
réactions des enfants en voyant passer
ces formes noires cauchemardesques?
«Maman, j’ai peur!». Même en bleu,
comme en Afghanistan, ces formes informes sont inquiétantes. Bon, au moins les
Afghans sont conséquents, ils cachent
même le regard au moyen d’une grille; car
il y a des musulmanes dont l’œil de braise
peut avoir un impact érotique terrifiant
sur un mâle occidental lubrique et,
comme on sait, toujours prêt à bondir.
Et quid encore, à supposer que ces porteuses aient progéniture, du petit garçon
ou de la petite fille qui ne voit pas le visage de sa maman? A la sortie de l’école,
est-ce qu’il/elle la renifle à la façon des
chiens? Il semble qu’il y a là une carence
de l’instinct maternel. Ce sont elles qui
voient. Pourtant, sur l’ensemble de la planète, et on ne connaît aucune exception,
l’être humain se présente à son semblable
à visage découvert, par politesse, par
sociabilité, par réciprocité de précaution.
Au surplus, cela rend le sourire possible,
ce grand lubrifiant de la vie en commun.
Vouloir se l’interdire et s’interdire d’en
gratifier son prochain vous met au ban de
la société. Un argument futile? Non,
majeur.
ANDRÉ THOMANN
RECENSEMENT FÉDÉRAL 2010:
UN NOUVEAU SYSTÈME
En 2006 le Conseil fédéral a approuvé le message sur la révision de la loi pour le
recensement fédéral de la population et l'a transmis au Parlement qui, à son tour,
a accepté la modification en 2007. Le Gouvernement a proposé d'intégrer le recensement dans un système statistique qui intègre l'utilisation des registres administratifs existants, complété avec des enquêtes échantillonnées auprès des personnes
et des économies domestiques.
En substance le Gouvernement propose que le prochain recensement de 2010 soit
effectué en consultant les registres communaux et cantonaux des habitants et non
plus au moyen d'un formulaire à compléter individuellement.
Selon le Gouvernement le nouveau système devrait fournir des données d'actualité et, dans le même temps, comporter des économies remarquables.
Toutefois ce nouveau système ne protégera plus les droits des personnes qui ne
désirent plus appartenir à une religion et qui n'ont pas renoncé à cette dernière.
Pour cette raison il est de grande importance que chaque personne non croyante
et ne se reconnaissant plus dans une organisation religieuse, rende attentif le
bureau du contrôle des habitants de son domicile de cette situation, afin d'éviter
de se trouver inclus dans une «fausse liste».
Attention, souvent sans rien vous demander on vous a inscrit avec la religion de
vos parents ou pis encore on vous a attribué une religion «d'office».
Rendez-vous donc chacun au secrétariat communal de votre domicile, et exigez de
voir votre «fiche» de citoyen! Au besoin demandez une correction en mentionnant:
RELIGION: AUCUNE
LE COMITÉ AVLP
le libre penseur/no 146
10
KATMANDOU À DOMICILE
La principale religion de l'Inde est l'hindouisme. Un pittoresque panthéon des divinités les plus hétéroclites. L'une d'elles
a même une tête d'éléphant (Ganeshe), l'autre celle d'un singe (Hanumân) et toute une ribambelle de dieux et de déesses chacun et chacune ayant sa charge particulière. Il est probable que c'est ce côté exotique – à la fois mystérieux et
alléchant – qui a incité tant de jeunes du «New Age» à faire des pèlerinages à Katmandou. Pour ma part, je ne suis pas
allé au Népal, mais – étant curieux de nature – j'ai voulu en savoir davantage et me suis donc plongé dans la lecture des
ouvrages qui faisaient référence aux textes sacrés de l'Inde: les Védas, les Upanishades et la Bhagavad-Gitâ. Mon «immersion» dans toute cette littérature fut toutefois de courte durée car j'ai été vite en apnée et j’ai commencé à étouffer. Ces
livres me tombaient littéralement des mains! J'avais l'impression d'être en présence d'un délire – à la fois imaginatif et
verbal – et il s'ensuivait un malaise quasi insupportable. Un malaise qui frisait l'exaspération à cause d'une infinité de
mots sanscrits dont sont truffés tous ces textes. Il y en a pour toutes les circonstances de la vie et des rituels qui y sont
associés. En voici quelques-uns pris au hasard: gunas, tamas, sattva, zajas, trigunatita, samadhis, samhitas, shruti, bhâstyas,
pranava, aum, bramasharia, sâdhanâ, srishi, kalpa, lilâ, âtman, manomaya-kocha, karâna, sharira, purusha, pracriti, dharma… Je m'arrête! Sinon le lecteur ne poursuivra pas la lecture de cet article!
Dans certains ouvrages particulièrement bien documentés, l’index alphabétique comporte des centaines de
noms et de termes. J’en ai retenu quand
même quelques-uns et notamment le
mot «maya» qui revient souvent et qui
désigne le monde illusoire que, d’après
les hindouistes, nous percevons à travers nos sens. On parle même du «voile
de maya». Je veux bien! il se pourrait, en
effet, que notre perception sensorielle
du monde soit en partie illusoire, mais
celle des «swâmis» m’apparaît du coup
l’être encore plus. Bien plus! En principe, ils prônent tous «le dépassement du
mental», mais comment peut-on y parvenir tant qu’on n’arrête pas d’y penser
et d’en parler, bref, de «mentaliser»! Ce
qui a été notamment le cas des grandes
figures de l’hindouisme qui ont marqué
le XXe siècle: Shri Ramakrishna, Swâmi
À VOUS
DE VOUS EXPRIMER
Cher lecteur du LIBRE PENSEUR, votre
opinion peut intéresser d’autres lecteurs.
Alors n’hésitez pas à nous envoyer votre
article à l’adresse suivante:
LE LIBRE PENSEUR
Case postale 5264
CH-1002 LAUSANNE
CLÔTURE DE LA RÉDACTION
1er novembre 2010
Les écrits anonymes ne seront pas pris
en considération.
Naissance des religions: devant l’inconnu
on invente
Vivecananda, Shri Aurobindo, Swâmi
Randas, Rabindranath Tagore. Il y avait
pourtant deux exceptions. La première:
Ramana Maharschi. Ne parlant pas, n’enseignant rien, ce saint homme «prêchait» le silence, suscitait la vénération,
attirait des foules. La deuxième exception c’était Mâ Ananda Moyî. Enfin une
femme! Une femme joyeuse et qui a eu
ce mot superbe: «Tant qu’il y a doctrine,
il ne peut y avoir compréhension totale». Et elle ajoutait malicieusement: «Il y
a autant de doctrines que de sages.» Par
«doctrine» elle entendait évidemment
toute idéologie, toute religion, toute
philosophie. C’était une femme à
l’esprit libre! Décidément, on trouve de
tout, dans l’hindouisme! Ce qui fait son
charme! Mais la préoccupation principale des hindouistes – bon teint, bon
genre – est quand même liée à leur
croyance en la réincarnation, c’est-àdire, en vies successives régies par «la
loi du karma». C’est même leur dogme
central selon lequel la destinée de chacun est déterminée par la totalité de ses
actions passées, de ses vies antérieures.
Il s’ensuit que l’on doit «payer» par la
souffrance tout le mal qu’on a fait aux
autres. Les bonnes actions prépareraient, au contraire, des réincarnations à
caractère paradisiaque. On se pose évidemment tout de suite la question: n’était-ce pas une astuce des «sages», destinée à faire peur et à empêcher les
gens de faire du mal les uns aux autres?
Tout en incitant, par la même occasion,
à être honnête, bon et généreux! Cela
se peut, mais cette question en entraîne
forcément une autre, fort embarrassante:
faut-il venir en aide à ceux qui souffrent,
soulager leur souffrance? N’est-ce pas
les empêcher de «payer leur dette» afin
de s’incarner dans une nouvelle vie
exempte de souffrances et pleine de
plaisirs et de joies! Pousser jusqu’au
bout ce raisonnement peut mener jusqu’à la justification de la cruauté, de la
torture, des crimes, des guerres, ce qui
est absurde! Absurde aussi le but final
de cette succession de vies: échapper
définitivement à la roue de réincarnation, «la samsâra».
Pour ma part, si je croyais à la réincarnation, je voudrais, au contraire,
me réincarner encore et encore!
Indéfiniment! Devrais-je alors accomplir de temps en temps, ne serait-ce
qu’une petite mauvaise action pour
être sûr de revenir sur Terre? Mes propos de mécréant devraient y suffire!
Mais trêve de plaisanteries, essayons de
redevenir sérieux! Étant donné le phénomène prodigieux et inexplicable
qu’est la Vie – j’écris ce mot volontairement avec un «V» majuscule – on
n’est peut-être pas à un miracle près et
la réincarnation serait justement ce
miracle. Un de plus? Mais comment
le libre penseur/no 146
peut-on en être sûr d’avance et en parler avec autant d’assurance?
Au cours de mes tentatives de lire les
livres sur l’hindouisme, je suis souvent
tombé sur le terme «Jivan mukta» qui
signifie «le libéré vivant». On ne sera
pas étonné si je dis que j’en ai été d’emblée vivement intéressé, mais j’ai vite
déchanté en constatant qu’il s’agissait
de la sempiternelle condamnation de
l’«ego» et de l’aspiration à sa dilution
dans le Tout. Il se pourrait, bien sûr, que
c’est ce qui se produit après notre
décès, mais je ne vois vraiment pas à
quoi bon se presser d’y parvenir. Cet
empressement de sortir de la condition
humaine comporte d’ailleurs un gros
risque. Celui de devenir un obsédé de la
libération et de sombrer dans les
contorsions du yoga, les séances de
«méditation» et la récitation des mantras à longueur de journées. J’avoue,
très sincèrement, que ce genre de «libération» n’est pas ma tasse de thé! Mais
– j’ajoute tout de suite – que «la cérémonie du thé à la japonaise» ne me dit
rien qui vaille non plus. Mais n’anticipons pas!
Revenons au «Jivan mukta». Dans le
livre de Jean Herbert L’Hindouisme
vivant, (paru en 1975 aux Editions
Robert Laffont) et que j’ai réussi à lire
presque en entier, je suis tombé sur un
passage tout à fait édifiant sur les libérés vivants (page 51) Aussi je ne peux
pas résister à la tentation de le reproduire ici in extenso:
LA LIBÉRATION
Une question que l’on est inévitablement
amené à poser lorsqu’on étudie l’hindouisme
est la suivante. «Quel est son but final? Vers
quel état les disciplines qu’il offre se proposent-elles de conduire?» Nous avons
déjà vu que c’est la sortie du «samsâra»,
de la ronde des naissances et des morts.
Mais si tel est le point de départ, quel est
le point d’arrivée? Qu’est-ce en réalité que
l’Inde appelle un «libéré» de cette ronde,
que ce soit tandis qu’il a conservé un corps
physique humain visible (jîvan-mukta) ou
alors qu’il n’en a plus (videha-mukta)?
La première réponse est évidemment décevante pour les intellectuels que nous sommes. Tous les sages qui en ont l’expérience
affirment que c’est un état au-delà de
toute compréhension mentale et que par
conséquent il est impossible de le décrire.
On ne peut qu’en avoir la conscience – en
supposant, ce qui n’est certainement pas le
cas, que ce terme soit encore applicable.
Les théoriciens des diverses écoles ne se
sont pourtant pas fait faute d’en proposer
des descriptions parfois fort détaillées.
11
Descriptions que les libérés-vivants euxmêmes ne rejettent pas, car de cet «état»
tout peut être dit et rien ne peut être dit.
Existence? Oui. Non-existence? Oui. A la
fois existence et non-existence? Oui. Ni
existence ni non-existence? Oui. Notre terminologie ne s’applique tout simplement pas.
N’est-ce pas bien dit? Une définition
d’indéfinissable! Il faut le faire! A mon
avis cela met un terme à toutes les dissertations sur ce sujet. Y ajouter quoi
que ce soit serait presque indécent!
Passons donc à autre chose!
La religion hindouiste semble tolérer la
division de la société humaine en castes.
Cela colle peut-être avec la croyance en
la réincarnation, mais ne constitue pas
moins une flagrante transgression des
droits de l’homme. Espérons que cette
discrimination soit en train de disparaître. Je tiens toutefois à ajouter qu’il n’y
a pas qu’en Inde qu’il y a des parias!
Je ne peux passer sous silence un passage de Bhagavad-Gitâ qui me déplaît au
plus haut point. C’est celui où le dieu
Krishna entraîne son jeune ami Arjuna à
la bataille de Kurukshitra dans laquelle
les hommes s’entretuent. Je ne vois
vraiment pas à quoi servent tous les livres sacrés si l’on n’estime pas que toute
vie humaine est sacrée. Et même toute
vie, tout court, ainsi qu’elle l’est pour la
plupart des Hindous qui sont végétariens et pour lesquels même une vache
est sacrée!
Je tiens à rappeler aussi un autre fait
choquant. Si j’ai bonne mémoire, Shri
Aurobindo voulait entraîner les
Hindous à participer à la Seconde
Guerre mondiale. Si c’est vrai, ses beaux
discours ne valent pas grand-chose et il
ne vient même pas à la cheville de
Gandhi!
Toutes ces considérations sont évidemment très personnelles et je n’ai nulle
intention de passer pour un exégète de
l’hindouisme. Tout n’y est d’ailleurs pas
sujet à caution. Tous les ouvrages que
j’ai pu consulter sur cette religion comportent toujours une allusion à Ahimsa:
une aimable invitation aux relations
humaines harmonieuses, à base de
respect mutuel et de refus de toute violence. C’est une conception morale qui
concerne aussi bien les relations entre
les individus qu’entre les peuples.
Mahatma Gandhi a réussi à promouvoir
cet esprit et cette méthode d’action
même sur le plan politique, celui des
relations entre les États. C’était un
génie! C’est par la mise en pratique
d’Ahimsa qu’il a réussi à chasser les
Anglais de l’Inde. On ne peut que
regretter que jusqu’à présent son
exemple a été aussi peu suivi. Il y eut,
certes, Martin Luther King, Nelson
Mandela, Mikhaïl Gorbatchev, mais la
plupart des hommes d’État sont toujours bêtement attachés à leurs forces
armées et, le cas échéant, prêts à en
découdre. Il n’empêche, la non-violence
et le respect de toute vie gagnent du
terrain et il est réjouissant de constater
que l’Ahimsa de l’hindouisme n’y est pas
à la traîne! C’est une des lueurs les plus
éclairantes de l’Orient.
ESPRIT LIBRE NO 47 / GEORGES
KRASSOVSKY
MA RENCONTRE
AVEC MIKHAÏL GORBATCHEV
C’était le 26 octobre 2007 à SciencesPo, où devait avoir lieu la réception de
Mikhaïl Gorbatchev de passage à Paris.
J’étais le dernier à y prendre la parole.
C’est donc en russe que j’ai souhaité à
Mikhaïl Sergueïevitch la bienvenue en
France et l’ai remercié de tout ce qu’il a
fait pour la Russie et de tout ce qu’il est
en train de faire maintenant pour l’humanité entière. J’ai traduit ensuite mon
bref discours en français et l’ai terminé
en évoquant la nécessité absolue du
DÉSARMEMENT. Toute la salle a applaudi et «Gorby» descendit de l’estrade et
vint m’embrasser très chaleureusement. Deux Russes qui se retrouvaient
après les horreurs de la Révolution
d’Octobre et du stalinisme C’était
émouvant!
N.B.– Mikhaïl Gorbatchev est l’auteur
d’un remarquable petit livre traduit en
français et qui a pour titre Mon manifeste pour la Terre – Il peut être commandé
aux Éditions du Relié, B.P. 30, F-84220
Gordes. Prix: 15 euros, frais de port:
4 euros.
le libre penseur/no 146
12
UN CHEPTEL COMME UN AUTRE
Lorsque, à une certaine période de ma
vie, je me suis engagé – l'un des premiers en France, à la suite et fort de la
leçon du professeur Stoetzel, émule de
Gallup – dans les voies du sondage d'opinion, et, corrélativement, de l'étude
du marché, je me suis d'abord montré
sceptique.
Comment par exemple pouvait-on, en
interrogeant seulement un millier de
personnes convenablement choisies, en
inférer de ce que pensaient des dizaines
de millions de citoyens sur tel ou tel
sujet? Et pourtant les faits étaient là:
confrontés à la réalité, les résultats de
nos approximations s'avéraient remarquables, étonnamment fiables. Force me
fut d'admettre – mais je m'en doutais
déjà confusément – que sous son apparente diversité, l'immense majorité du
public (disons 90 à 95%) n'était constituée que de clones. On avait affaire à un
troupeau. S'en détachaient une première minorité pour le gouverner et le
pressurer via religions ou idéologies; et
une bien plus faible minorité encore
visant à l'éclairer, ce public, et à dénoncer les attrape-nigauds et le cynisme
des «dominants» en question.
Ces réflexions se sont trouvées réactivées dernièrement au vu de l'effarant
comportement des populations du
Globe en diverses circonstances ou visà-vis de certains problèmes. Retenonsen quelques cas.
1°) Le supposé «bon Dieu», si l'on peut
dire, ne s'est certes pas montré chiche
en matière de calamités iniques et ravageuses au cours de notre siècle: tsunamis, tremblements de terre, éruptions,
incendies, cyclones, dérèglements climatiques, pandémies, etc., tout comme
ses hétéroclites ministres n'ont pas
lésiné sur les moyens de sujétion: génocides, terrorisme, fatwas, tortures, censure, boycott, perversions sexuelles,
mensonges et hypocrisies en tous genres.
Néanmoins ne voit-on pas la parentèle
des victimes d'accidents aller après
coup se réconforter auprès du
«Saigneur» et chanter ses louanges? Ou
les rescapés d'une catastrophe ayant
emporté maints des leurs, attendre de
l'omnipotence divine qu'elle veuille
bien mettre un frein à son sacré sadisme et réparer les dégâts... au paradis?
Sans parler de cette mère – ô pieuse
entre les pieuses! – qui, venant de perdre quatre de ses enfants, rendait
grâces à Dieu d'avoir, dans son infinie
mansuétude, épargné le cinquième.
Ne se sent-on pas désarmé devant une
bêtise à ce point invulnérable? Peutêtre eut-elle jadis un front de taureau,
cette bêtise; mais elle nous oppose
aujourd'hui – le progrès aidant – un
front de béton «précontraint».
2°) Les horreurs de la Shoa ne cessent
de défrayer la chronique, même hors
Israël. Bien. Mais pourquoi celles-là surtout alors que tant d'autres, plus
anciennes ou plus récentes, sont tues,
escamotées, ou ne font l'objet que de
rares rappels ou de condamnations
hâtives? Pourquoi ne monter en épingle
que tel ou tel massacre ethnique, alors
qu'on se garde bien d'évoquer et de
stigmatiser les innombrables crimes
contre l'humanité dus à l'intolérance
religieuse? Et pourquoi associe-t-on
dans la même abomination Hitler (qui
se voulait socialiste, comme Mussolini)
avec l'extrême droite et tient-on quitte
la gauche marxiste de son acoquinement avec le sinistre Staline, lequel
valait largement la petite ordure autrichienne? Parce que bien trop de notables nantis, artistes et intellectuels ont
donné dans le panneau, avec l'attendrissant souci d'être à la mode? Aussi,
qu'on «diabolise» Le Pen, je veux bien;
mais alors qu'on réserve le même traitement aux ex-leaders, thuriféraires et
apparentés communistes de notre occidentale Europe au lieu de leur dérouler
le tapis rouge.
3°) Des régimes, des sectes, des partis,
des institutions, sont parfois condamnés, cloués au pilori ou déconsidérés
du fait de leurs agissements coupables
(sacrifices, esclavage, conditionnement
mental, abus de confiance, falsifications,
destruction de preuves, captation d'héritages, sévices rituels ou sexuels, etc.).
Or l'Eglise catholique et romaine, qui
s'est particulièrement signalée dans ce
champ de manœuvres et s'est encore
récemment illustrée par les agissements obscènes de son clergé, le mutisme complice de ses prélats et les sympathies douteuses de son Saint-Père à
l'égard du germanophile Pie XII, qui
poussa la charité jusqu'à couvrir de son
indulgence les réseaux protecteurs des
criminels nazis désireux de prendre le
large ou de changer d'identité, cette
Eglise-là, non seulement bénéficie d'un
accueil déférent sur nos écrans laïques
(messes, célébrations, réceptions de
dignitaires, homélies, séquences de
catéchisation...) mais encore rameute
les foules, subjuguées par les apparitions et les prises de position obtuses
de l'occupant du saint siège.
Ainsi pardonne-t-on tout aux croyants,
cependant qu'athées et agnostiques
n'ont guère droit à la parole, pour intègres qu'ils soient et quelque déniaisants
que se révèlent les récents ouvrages de
Christopher Hitchens: Dieu n'est pas
grand, et de Michel Onfray: Traité d'athéologie. Ainsi autorise-t-on les
croyants à vilipender, menacer, traquer,
injurier, molester, voire tuer les infidèles et les libres penseurs, mais n'admeton pas que ceux-ci puissent se passer
et se gausser de ces dieux caractériels
aussi révélés que révélateurs de l'insondable crédulité humaine.
4°) Une idée reçue très répandue et
d'autant plus pernicieuse est celle qui
postule l'existence d'un Islam modéré.
Quelle illusion!
Si modérés véritables il y a, c'est en si
faible quantité qu'ils demeurent inopérants et donc négligeables face au fanatisme et à l'intolérance – affichée ou
temporairement bridée – de la submergeante marée de leurs coreligionnaires.
Un jour où je me rendais au Maroc en
avion, j'avais pour voisin de vol un
immigré arabe ayant fait ses études à
Paris. Je me réjouissais à la perspective
de parler religion avec lui; mais pas
question. «Cela ne se discute pas!»
m'asséna ce diplômé formé par notre
appareil universitaire. Le Coran a tranché de tout une fois pour toutes; il a
donc préséance sur les lois et les autres
dogmes. Il s'agissait là d'un jeune
homme apparemment «modéré» et
intégré. Pourtant intégriste. Et comment ne pas avoir froid dans le dos
quand, sur nos écrans de télévision, le
précautionneux modéré de service est
mis en balance avec le déchaînement
haineux et vociférant de centaines de
milliers de musulmans?
D'ailleurs, si l'Islam modéré pouvait
avoir la moindre influence – sauf à
mener en bateau quelques naïfs occidentaux – ça se saurait, non? Mais les
imams n'en font qu'à leur tête et n'en
veulent généralement qu'à notre tête.
La lettre du Coran est à cet égard sans
ambiguïté.
La plupart des islamistes qui truffent
nos villes et nos campagnes se prétendent eux aussi modérés. Mais que survienne une occurrence démographique,
le libre penseur/no 146
insurrectionnelle ou conflictuelle leur
inspirant un sentiment de supériorité
ou d'impunité, et cette modération risque fort de voler en éclats, au nom d'un
Coran brandi comme naguère Le
Capital et autrefois la Bible. Je me souviens à ce propos des éléments «dormants» dont tirèrent parti les agents de
la 5 e Colonne dans la France,
l'Angleterre et les Etats-Unis d'avantguerre.
Cet Islam dont le machisme insupportable et odieux fait bon marché de la
liberté de la femme et de son égalité
par rapport aux mâles qui décident
pour elle – comme si elle souffrait de
débilité mentale – devrait justifier un
arrêt de la Cour de justice internationale
pour atteinte à la dignité humaine. Mais
qu'attendre de cette Cour timorée?
Les valeurs et les traditions culturelles
ont bon dos. L'Histoire et la durée ne
légitiment pas l'insoutenable. Une culture ne se conçoit pas figée; elle évolue,
s'adapte, se parfait ou se désagrège. Le
cannibalisme eut un temps droit de
cité. Il est à présent honni. En vertu de
quoi l'asservissement de la femme
devrait-il demeurer immuable ou
latent?
(Tout se passe comme si l'homme commun était le fruit d'une curieuse combinaison de lâcheté et d'arrogance primaire, pour ne pas dire immature. Il lui
faut donc neutraliser la femme, dont il
pressent qu'elle est à même de lui
tailler des croupières et de le renvoyer
paître.)
On peut constater, à travers ces quelques exemples, qu'on a beau marteler
des évidences, la plupart des esprits
n'en ont cure, qui retournent à la cure
comme à l'étable, cheptel soumis, et au
match de football comme à l'abreuvoir.
Oui, la bêtise impavide, indécrottable et
indéracinable a encore de beaux jours
devant elle. Surtout me consterne l'incapacité des libres penseurs à se
regrouper pour l'essentiel, afin de
conduire une campagne médiatico-politique qui opposerait ses digues aux
funestes empiétements de l'obscurantisme religieux.
PIERRE LEXERT
RÉFLÉXIONS
IL EST TOUJOURS IMPOSSIBLE DE
FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE LA
SUPERSTITION ENFANTINE ET
LA DÉVOTION EXCEPTIONNELLE.
13
PAS DE PARDON
Le monde littéraire a sans aucun doute
perdu en la personne de José Saramago
non seulement un Prix Nobel de la littérature, mais aussi un écrivain socialement engagé et auteur du livre
L’Evangile selon Jésus-Christ.
Or le Vatican et l'Eglise catholique n'ont
jamais pardonné à l'écrivain portugais
d'être resté marxiste et athée, ayant en
plus osé critiquer le rôle de «Sainte
Eglise» lors des croisades.
L'Osservatore romano (19.06.2010),
le quotidien officiel du Saint-Siège, s'en
est pris à Saramago d'une façon indigne.
Même un mort n'est pas à l'abri de la
haine de l'Eglise catholique. Elle ne pardonne jamais, exception faite de ses
ouailles égarées.
EDOUARD KUTTEN
LES BRÈVES DE THOR DANNEMAN
Lorsqu’on attrape un terroriste musulman, il ne faut surtout pas le condamner à mort, il n’attend que ça, pouvoir
aller à ce paradis qui l’attend, où on
baise à tout-va et où on peut enfin
boire du vin (du whisky pour les
musulmans écossais) sans se saouler.
Non, il faut le laisser goger dans son
misérable jus terrestre jusqu’à sa mort
naturelle. C’est ça, sa punition!
***
Dis donc, il n’est pas un peu prétentiard, ce musulman de Nantes accusé
de polygamie et qui prétend honorer
avec la même vigueur une femme et
trois maîtresses? Moi-même, quand j’étais au meilleur de ma forme...
***
Ceux des lecteurs du libre penseur qui
ne liraient que cette publication (au
contenu substantiel, il est vrai) n’auront
pas eu vent de la considérable polémique qui agite le petit monde des
médias romands: le tumultueux Jacques
Neyrinck s’en est pris à Elizabeth
Teissier, à qui il reproche de se faire du
blé en surfant sur les superstitions des
gogos. Or, Neyrinck est catholique pur
sucre. Le débat dès lors se résume à
ceci: mes superstitions sont plus crédibles que les vôtres. Que le meilleur gagne!
(N.d.l.r.: Une raison de plus pour participer
le 12 octobre 2010 à la Conférencedébat donnée par monsieur Jacques
Neyrinck au Buffet de la Gare de
Lausanne.)
***
La chance que j’ai de n’être ni secrétaire
général des Nations-Unies, ni conseiller/ère
fédéral(e), ni ministre sous Sarkozy*:
cela m’obligerait à assister à un, voire
plusieurs matchs de la Coupe du
monde. Je sais que je dois mourir
un jour, mais je n’aimerais pas que ça
soit d’ennui.
*Mon correcteur ne connaît pas le
nom de Sarkozy. On est peu de chose.
***
Un commentateur se réjouissait
récemment dans les médias que la
Suisse, petit pays, aurait bientôt un
quatrième cardinal. On a les petits
bonheurs qu’on peut.
***
Si on admet que le premier déclic
amoureux se fait par le visage et plus
particulièrement par le regard, les
nikabécasses qui cachent le leur
admettent que le mariage, (si mariage
il y a, car qui peut vouloir épouser une
femme sans visage?) ne saurait se faire
qu’avec un lointain cousin d’Anatolie
ou du Yémen qu’elle n’aura jamais vu,
avec qui elle n’aura jamais flirté, qu’elle n’aura jamais fréquenté en lui tenant
la main (et plus si entente, disons une
pelle!) et dont l’unique besoin est d’avoir à disposition un utérus productif.
De garçons, évidemment!
***
Faiblesses de la démocratie: si un candidat américain à la présidence se
déclarait athée, il n’aurait aucune chance devant un électorat confit en dévotions d’ailleurs multiples. De même, un
homme politique occidental, un candidat, par exemple, aux charges cantonales ou fédérales ne saurait se déclarer
indifférent au football. Il ne saurait
rêver d’être élu. Dans les deux cas, il
s’agit d’une question de religion.
***
Je lis quelque part: lire le Coran autrement. D’mande pardon, mais le Coran,
c’est la parole de Dieu (à ce qu’on m’a
dit) et on ne peut y changer une virgule. On ne peut non plus en changer le
sens.
le libre penseur/no 146
14
LIBERTÉ QUI ES-TU?
«Où la liberté n’existe pas, là est mon
pays...» Thomas Paine (Citoyen du
Monde).(1737-1809).
Comme il est bien difficile de percer ce
mystère.
Comme il est bien difficile de l’aborder,
de la prouver, de la comprendre tout à
fait.
Comme il est bien difficile de l’expliquer, car chacun la perçoit différemment.
Elle est parfois galvaudée, mise à toutes
les sauces, car cela va de la liberté des
prix, au prix de la, de sa liberté.
Le dictionnaire Larousse nous dit:
«Etat d’une personne qui n’est pas soumise à la servitude. Etat d’un être qui
n’est pas captif. Possibilité d’agir, de
penser, de s’exprimer selon ses propres
choix, pouvoir, sans aucune surveillance
ni contrôle, faire telle chose, agir de
telle manière: attitude de quelqu’un qui
n’est pas dominé par la peur, la gêne, les
préjugés, etc.»
C’est un état d’indépendance, qu’il s’agisse d’un individu, d’un groupe ou d’un
pouvoir.
LA LIBERTÉ PEUT DÉSIGNER
PLUSIEURS CHOSES:
Un engagement, qui va au-delà de l’indépendance, car si être indépendant est
une condition nécessaire de la liberté,
ce n’est pas une condition suffisante.
On trouve beaucoup de personnes
indépendantes qui ne sont pas libres
pour autant, car elles doivent se déterminer par elles-mêmes à travers un
engagement intérieur, au lieu de se
contenter de faire ce qui leur plaît en
suivant leurs simples désirs, qui n’est
pas un choix totalement délibéré.
Une lucidité, en donnant naissance à
une liberté réelle et non en échappant
simplement à la vie réelle.
Un épanouissement, faisant retour à la
vie, elle prend tout son sens en étant
une délivrance. L’homme vit, il n’existe
pas uniquement en faisant vivre sa vie.
Les articles du Libre Penseur peuvent être reproduits librement,
en indiquant la source, à l’exception (rare) de ceux qui sont protégés par le copyright ©
Souvent, il demeure dans un état de
passivité et d’ignorance. Il devient libre
quand il devient actif par rapport à sa
propre vie.
Né à lui-même, on dit alors qu’il s’est
délivré.
«L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite
est liberté» Jean-Jacques Rousseau
(1712-1778).
Etre libre, c’est faire ce qu’on veut. Mais
cela s’entend en plusieurs sens différents.
C’est d’abord la liberté de faire: liberté
d’action, et le contraire par là de la
contrainte, de l’obstacle, de l’esclavage.
La liberté écrit Thomas Hobbes (15881679) «n’est autre chose que l’absence
de tous les empêchements qui s’opposent à quelque mouvement: ainsi l’eau
qui est enfermée dans un vase n’est pas
libre, à cause que le vase l’empêche de
se répandre, et lorsqu’il se rompt, elle
recouvre sa liberté, et de cette sorte
une personne jouit de plus ou moins de
liberté, suivant l’espace qu’on lui
donne».
C’est un choix absolu de soi, disait
Jean-Paul Sartre (1905-1980) dans
«L’Etre et le Néant». Donc l’homme est
condamné à être libre.
Cependant, parce qu’il ne s’est pas créé
lui-même, et par ailleurs libre, parce
qu’une fois jeté dans le monde, il est
responsable de tout ce qu’il fait (JeanPaul Sartre, l’existentialisme est un humanisme – 1946)
Peut-on apprendre à être libre?
C’est seulement par le risque de sa vie
que l’on conserve sa liberté, disait
Friedrich Hegel (1770-1831).
André Malraux (1901-1976) a également dit que «la liberté existe pour
ceux et par ceux qui l’ont conquise». Je
rajouterai: par ceux qui l’ont aussi comprise. La liberté c’est une façon de penser, car rien n’existe sans raison, tout
s’explique. C’est déjà le pouvoir de
faire tout ce qui n’est pas défendu par
la loi républicaine. Elle peut désigner
plusieurs choses, comme un état d’indépendance, un engagement, un épanouissement, une lucidité...
Le concept de liberté renferme l’exigence d’une autonomie absolue, car on
ne naît pas libre, on le devient, du
moins nous faisons tout pour le devenir.
Aujourd’hui qui de nous peut se prétendre libre dans cet univers de
contraintes, d’interdictions qui nous
sont imposées, ainsi que des menaces
permanentes en tous genres, c’est
pourquoi la liberté n’est jamais acquise
définitivement. N’oublions jamais qu’elle fait partie intégrante des droits de
l’homme et du citoyen, ainsi que des
exigences de la démocratie.
Je cite une nouvelle fois Sartre qui a dit:
«Je ne puis prendre ma liberté pour but
que si je prends également celle des
autres pour but.»
Libre partiellement, oui, liberté de penser, de l’esprit, de faire, de faire tout
simplement, et aussi, et surtout de trop
souvent se taire.
La liberté ne renvoie-t-elle pas à la
condition juridique de l’homme, par
opposition à celle de l’esclave?
N’est-il pas dans la conscience de l’obligation morale que nous prenons
conscience de notre liberté?
«Quand la vérité n’est pas libre, la
liberté n’est pas vraie.» Jacques Prévert
(1900-1977).
La liberté n’est pas seulement un mystère, c’est aussi un but et un idéal. «La
liberté appartient à ceux qui l’ont comprise» disait André Malraux.
«La liberté est une propriété de la
volonté de tous les êtres raisonnables»
disait Emmanuel Kant (1724-1804).
MAIS:
Peut-on apprendre à être libre?
Peut-on être plus ou moins libre?
Peut-on renoncer librement à sa liberté?
A-t-on besoin d’apprendre à être libre?
La liberté peut-elle se définir comme
l’obéissance à la raison?
La liberté est-elle absence de contraintes?
Y a-t-il contradiction entre être libre et
être soumis aux lois?
Est-on d’autant plus libre qu’on est plus
conscient?
Au sens social et politique, condition
d’un homme qui n’est pas esclave d’un
autre. Les démocraties modernes
reconnaissent la liberté comme le premier droit de l’homme, bien qu’il n’y a
pas de hiérarchie entre les différents
droits.
Par sa liberté, l’être humain est censé
pouvoir agir contre ses propres déterminations (désirs, émotions, passions,
etc.).
Faculté de croire ou non aux différents
dieux.
Ce Dieu, qui veut, nous dit-on toujours
le Bien, ni les animaux mus par leur
le libre penseur/no 146
instinct n’ont cette liberté qui fait à la
fois la finitude et la grandeur de l’être
humain.
Celui qui croit et veut adorer Dieu,
doit évidemment renoncer à sa liberté
et à son humanité car s’il commence
par Dieu, il finira fatalement par Dieu.
Pour Duns Scot (1266-1308), Dieu était
libre de faire une autre création. Pour
René Descartes (1596-1650), la liberté
est l’infini en nous.
«Les hommes, donc, se trompent en ce
qu’ils pensent être libres, et cette opinion consiste uniquement pour eux à
être conscients de leurs actions, et
ignorant des causes par lesquelles ils
sont déterminés. L’idée de leur liberté,
c’est donc qu’ils ne connaissent aucune
cause à leurs actions.» Baruch Spinoza
(L’Ethique).
Le croyant doit vouloir vivre dans la foi,
mais à la réalisation de cette volonté
s’oppose la concupiscence. C’est en
tant que nature corporelle et en tant
qu’être déchu que le croyant n’est pas
libre. En tant qu’être corporel, il n’est
donc pas libre car il lui faut combattre
toute forme de concupiscence.
«Un homme libre [...] qui vit suivant le
seul commandement de la raison, n’est
pas dirigé par la crainte de la mort mais
désire ce qui est bon directement [...]
sa sagesse est une méditation de la vie»
Spinoza (1632-1677).
Il n’est pas nécessaire d’être un héros
pour être libre, mais il faut avoir le courage de surmonter la crainte du pouvoir, des religions, du conformisme et
de la démission devant les difficultés de la vie.
«Celui-là seul mérite la liberté et la vie
qui doit chaque jour les conquérir.»
Goethe (1749-1832).
Qu’il soit vicieux ou vertueux, l’homme
agit toujours «de son plein gré»,
car l’intellect est l’essence même de
l’homme, ainsi que l’affirmait déjà Platon
(427-348/347. av. J-C).
L’homme est donc le principe de ses
actes et tel est le fondement de la
moralité. Je prouve donc ma liberté en
choisissant mes actes, mais sans jamais
être sûr d’être libre.
«Etre libre, en un mot, n’est pas ne rien
faire, c’est être seul arbitre de ce qu’on
fait ou de ce qu’on ne fait point.» Jean
de La Bruyère (1645-1696).
L’homme peut être libre qu’il agisse ou
non, mais la liberté virtuelle ou abstraite est une liberté imaginaire.
«Nous sommes libres quand nos actes
émanent de notre personnalité entière,
quand ils l’expriment,» Henri Bergson
(1859-1941).
15
Il peut donc y avoir une liberté avec ou
sans action.
«Le fatalisme est l’envers de la liberté.»
Sartre.
Peu importe ce que les autres pensent
dès lors que je suis certain dans mon
for intérieur, d’être juste et droit et l’on
est d’autant plus libre que l’on se
défend contre le jugement d’autrui,
mais refuser la critique des autres, croire que l’on détient seul la vérité sont
des attitudes qui peuvent être fanatiques.
Nous sommes potentiellement libres,
parce que notre volonté nous offre une
possibilité d’agir, contrairement aux
animaux et aux choses, mais cela n’est
peut-être qu’une illusion par ce que
nous sommes soumis à des contraintes,
comme le travail qui en est une, faisant
entrave à être libre, mais nous pouvons
tout aussi devenir des êtres libres grâce
au travail.
«La liberté, en société capitaliste, reste
toujours à peu près ce qu’elle fut dans
les Républiques de la Grèce antique:
une liberté pour les propriétaires d’esclaves.» Lénine (1870-1924).
Cette liberté économique crée peutêtre des richesses mais c’est aux
dépens de la justice et de la dignité
humaine, car l’économie libérale n’est
jamais qu’une brutale exploitation de
l’homme par l’homme.
«Les hommes se trompent quand ils se
croient libres; cette opinion consiste en
cela seul qu’ils sont conscients de leurs
actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.» Spinoza.
«L’homme, étant condamné à être
libre, porte le poids du monde tout
entier sur ses épaules: il est responsable du monde et de lui-même en tant
que manière d’être.» Sartre.
A quoi cela me sert-il d’être libre si
partout règne l’injustice, car ce qui est
bien pour moi doit l’être aussi pour
l’ensemble des hommes.
Seul l’usage de la raison est une garantie de liberté.
«Psychologiquement parlant, c’est dans
la rêverie que nous sommes des êtres
libres.» Gaston Bachelard (1884-1962).
La liberté ne renvoie-t-elle pas à la
condition juridique de l’homme par
opposition à celle de l’esclave?
N’est-il pas là, dans la conscience morale que nous prenons conscience de
notre liberté?
Dès que l’on se soumet on abdique sa
liberté, mais on peut obéir sans forcément renoncer à sa liberté.
Etre libre, c’est s’inscrire dans un devenir.
PEUT-ON ÊTRE À LA FOIS FIDÈLE
ET LIBRE?
Etre fidèle prouve que l’on a librement
consenti à s’engager pour une idée ou
un être.
Celle ou celui qui sait aimer est bien
plus libre que celui qui se plaint d’en
être esclave. Etre libre c’est s’inscrire
dans un devenir, mais il ne faut pas que
la fidélité se transforme en fanatisme.
Etre libre ne suppose pas le rejet de
toute forme de fidélité.
Etre libre serait de donner enfin naissance à une liberté réelle, en devenant
actif par rapport à sa propre vie, mais
aussi à celle des autres, car comment
pouvons-nous être libre totalement si
tous ne le sont pas?
Nous pouvons toujours croire que
nous sommes libres sans jamais pouvoir le prouver, car la liberté n’est
jamais absolue. Cela ne doit pas empêcher d’être notre but, notre idéal, en
essayant inlassablement d’être ce que
nous devons être, c’est-à-dire libre, et
pourquoi pas dans un monde de sagesse, de raison, de fraternité.
Mais, sommes-nous libres de vouloir
autre chose que ce que nous voulons?
OLIVIER LAZO
Association vaudoise
de la Libre Pensée
Service des obsèques civiles,
tél. 022 361 94 00
026 660 46 78
Service gratuit pour les membres.
Pour s’exprimer lors des
cérémonies, s’adresser au comité
Le comité de rédaction, respectueux
d’une totale liberté d’expression,
précise que les articles signés sont
sous la responsabilité de leurs
auteurs et ne peuvent engager
l’Association vaudoise de la Libre
Pensée dans son ensemble.
le libre penseur/no 146
16
AGORA
Un film d’Alejandro Abenabar avec Rachel Weisz dans le rôle d’Hypatie
Agora est un film impertinent qui nous
tend le miroir grimaçant de notre sauvagerie. La scène se passe à Alexandrie,
en 391 ap. J.-C. et déroule les révoltes
sanglantes qui explosèrent dans l'incendie et le sac de la fameuse bibliothèque,
conservatoire de toute la sagesse antique. A priori, on pense pouvoir passer
du bon temps dans un péplum coloré
et brutal comme on les aime bien.
Or ce n'est pas un péplum, mais une
reconstitution sobre et grouillante, un
documentaire presque. En outre, manque de chance, ce n'est pas du bon
temps, mais des instants précieux qui
ouvrent sur la réflexion de la nature
humaine, la nôtre. La philosophe et
astronome Hypatie ne manque pas de
nous interroger quand elle s'adresse à
ses élèves, aux notables de la cité, à ses
disciples et esclaves. Athée et humaniste, sa silhouette s'élève, hiératique,
d'une fragilité trop forte: la libre pensée
est toujours menacée par les fanatismes. Là, à Alexandrie, les polythéistes,
les juifs, les chrétiens s'affrontent. Ces
derniers en particulier, fanatiques bestiaux, dogmatiques aux mâchoires serrées, hurlent à l'extermination des femmes et des enfants. Ce sont les sinistres
parabolani, fleuron de l'extrémisme
chrétien. Ainsi, la jeune et belle Hypatie
oppose la raison à la barbarie, les
valeurs humanistes aux dogmes, la pensée libre au prêche, la libération de
l'être à sa soumission. Tout cela raconté avec sévérité et grandeur. Sans mièvrerie. Ah! la méditation d'Hypatie, sur
la terrasse silencieuse qui domine la
ville! Elle s'interroge sur le mouvement
de notre planète, métaphore de la raison qui cherche à percer les secrets de
la sauvagerie des hommes. Dès qu'elle
apparaît, dans sa tunique de statue, on
se sent pris à partie, sans violence, mais
par la force du témoignage, quel que
soit l'interlocuteur; son père, Oreste le
chef politique, ou Davus, l'esclave qui
aime la philosophe et sera affranchi par
elle. En fait, c'est vous, c'est nous. Et
c'est sans doute parce qu'Agora séduit,
mais insupporte, que ce film, hors de sa
terre natale, l'Espagne, fut boudé à
Cannes et écarté par les critiques.
Dénoncer la barbarie des dogmes
serait-il encore insupportable?
Rappeler que la raison doit primer sur
la foi choquerait-il toujours? Impossible
à croire dans notre siècle éclairé!
Sans doute une œuvre pour les libres
penseurs, leurs enfants. Ils se réjoui-
ront. Mais aussi un film pour ceux et
celles que n'enchantent pas la tolérance, l'humanisme et la pensée libre.
JEAN FAVRY
LA RAISON NO 552, JUIN 2010
N.d.l.r.: Le réalisateur Abenabar a voulu
épargner aux spectateurs l’inhumain
supplice d’Hypatie en la faisant mourir
par lapidation avec le visage couvert.
D’après des repères historiques elle a
été déshabillée, écorchée avec des morceaux de coquillages tranchants, elle eut
les yeux crevés encore vivante et le
reste de son corps traîné en trophée
par les rues d’Alexandrie. Le mandataire de cet assassinat, l’évêque et docteur
de l’Eglise Cyrille d’Alexandrie a été
sanctifié en 1882 par le pape Léon XIII.
LA GOUTTE D’EAU QUI FAIT
DÉBORDER LE BÉNITIER
TV/France 5/ «C dans l’air», 24 mai
2005. Emission sur l’Eglise catholique.
L’ex-cardinal Josef Ratzinger, devenu le
pape Benoît XVI (pourvu qu’il ne finisse
pas comme Louis XVI), a choisi son
remplaçant à la tête de la Congrégation
pour la doctrine de la foi. Il s’agit du cardinal américain William Joseph Levada,
69 ans (il faut encourager les jeunes qui
se lancent).
Commentaire du journaliste: «En 2002,
à San Francisco, Mgr Levada a été vivement dénoncé pour avoir protégé de
mille façons les prêtres coupables d’abus sexuels sur des enfants, quand les
histoires de pédophilie ébranlèrent les
passions.»
Il est vrai qu’au sein de l’Eglise, les abus
sexuels des prêtres sur les enfants mettent étrangement fort longtemps pour
ébranler les passions, bien qu’ils ébranlassent les pauvres mômes pour le reste
de leur vie. Au fait, je parie que certains
lecteurs trop fougueux n’ont pas scruté
toute la profondeur du dessin ci-contre.
Il est intéressant de constater qu’un des
plus hauts dignitaire de l’Eglise, qui a
tout fait pour couvrir (si j’ose) des prêtres pédophiles, devient le chef de la
Congrégation pour la doctrine de la foi
(n.d.l.r.: peut-être futur pape). Voilà une
heureuse nouvelle qui va réjouir mon
ami l’archevêque d’Evilard, Monseigneur
Lulu Pauli (n.d.l.r.: alias Lucien Pauli).
LA TUILE, NO 406
le libre penseur/no 146
17
PROFESSION MENTEUR
Une analyse fine et pertinente des nouvelles illusions qui façonnent notre société contemporaine. Un livre qui sonne
l'alerte à l'aveuglement.
La prédiction de l'avenir a toujours
constitué un métier
rentable. Le futur
nous angoisse: que
va-t-il nous arriver,
en famille, au travail, en santé? Et audelà de ces préocc u p a t i o n s
immédiates: pourquoi sommes-nous au
monde? Que devenons-nous après
notre trépas?
Nous sommes prêts à payer cher pour
obtenir dès réponses, même douteuses,
à ces interrogations, qui n'en possèdent
point. Dans la mesure où la raison, la
science et la religion nous désillusionnent, l'imposture nous séduit. Les questions de vie et de mort sont génératrices d'inquiétudes que nous préférons
écarter plutôt que de les affronter.
L'astrologie, la voyance et la numérologie continuent à être pratiquées de nos
jours. Comment ces superstitions subsistent-elles dans une époque vouée à la
science, à la technique et à l'instruction
pour tous? Pourquoi des chefs d'État y
recourent-ils? Ces pratiques d'un autre
âge ne sont que la partie émergée et
visible de notre propension à croire à la
magie et à renoncer à la raison.
Dans le droit fil de cette tradition, on
trouve aujourd'hui de prétendues sciences comme l'analyse financière, attelée à
la tâche impossible de prévoir l'évolution de la Bourse. Les sectes pullulent
en
dehors ou
même
au
sein des religions établies
comme dans
le
cas
de
l’Opus Dei.
La contamination par l'irrationnel s'insinue
dans toutes nos
activités, même
celles comme la
science et la politique, censées en
être exemptes.
Une atmosphère
de doute imprègne la vie publique et mène à des décisions majeures fondées sur la peur et
l'ignorance. Cultiver quelques platesbandes de superstitions dans la société
contemporaine ruine la cohésion nécessaire à une société qui a fait le pari de
l'avenir. Le but de ce livre est d'arracher
ces mauvaises herbes.
Le professeur Jacques Neirynck a mené
de front plusieurs carrières: chercheur
et enseignant au sein de différentes universités dans le monde, homme d'État
(conseiller national), journaliste et
écrivain. il a fondé une maison d'éditions scientifiques et publié plus de
trente ouvrages allant du manuel
scientifique jusqu'au polar. Scientifique
de renom, professeur honoraire
EPFL, il a rédigé plusieurs centaines
d'articles de vulgarisation.
2010, 160 pages, Fr. 24.– (13 euros)
Editions Favre, rue de Bourg 29,
CH-1002 Lausanne
Editions Favre, 12, rue DuguayTrouin, F-75006 Paris
www.editionsfavre.com
Suite à la sortie de ce livre,
l’Association vaudoise de la
Libre Pensée a invité le professeur Jacques Neirynck à une
conférence-débat qui aura lieu le
mardi 12 octobre 2010 à Lausanne
(voir encadré ci-dessous). Nous
comptons sur vous pour participer
nombreux à cette conférence.
Ce livre sera en vente à la fin de la
conférence au prix de Fr. 24.-. Vous
pouvez aussi le commander avec
le bon de commande ci-dessous.
INVITATION À LA CONFERENCEDÉBAT PUBLIQUE
Astrologues, numérologues, voyants, visionnaires, financiers, publicitaires,
sectaires de l’Opus Dei et autres.
Conférencier
Auteur: M. Jacques Neyrinck professeur honoraire EPFL
Lausanne, Buffet de la Gare
Salle des Vignerons 12 octobre 2010 à 20 heures
Ouverture des portes 19 h 30
Présentation de l'orateur: M. J.-P. Ravay
Président de l'Association vaudoise de la Libre Pensée
Vente et signature du livre par l'auteur
Entrée libre
"
Sur le sujet du livre de Monsieur Jacques Neyrinck
«PROFESSION MENTEUR»
AVLP, case postale 5264,
CH-1002 Lausanne
Je passe commande de ….. exemplaire(s)
à Fr. 24.- de Profession menteur (port
compris pour la Suisse)
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Prénom:
NP:
Localité:
Signature:
le libre penseur/no 146
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LIBRES PROPOS
GRAINES DE PAVOT ET DE VIOLENCES
L'écran a connu le carré blanc dénonçant
les «parties carrées». Maintenant les
logos -10, -16, égrènent le bon ordre. Il
n'y a plus de pou-du-ciel mais on est
infesté de souris. Impossible de venir à
bout de la vermine. La vie est bien un
sempiternel recommencement: voir
virus. Le sida a remplacé la vérole, la
pédophilie amorce une remontée spectaculaire dans la courbe des maltraitances. Les tueries par la poudre, le gigantisme, les nitrates, les gaz polluants et
autres poisons sont en constante augmentation selon les médias, tous très
calés sur l'information de la violence
dont notre société devient de plus en
plus friande.
Sur les grands écrans, grâce à la merveille
des effets spéciaux, rien ne manque pour
atteindre l'orgasme de la brutalité. Le raisiné est le breuvage des buveurs de guerres. Qu'elles soient déclarées pour des
raisons de profit, de gloire ou de pouvoir,
elles ne sèment dans leurs tempêtes que
malheurs et misères. Qui n'a pas joué
jadis aux gendarmes et aux voleurs?
Aujourd'hui, nos petits soldats sont
entraînés aux commandos de choc: pas
d'enfants de troupe mais des mineurs
délinquants embrigadés par la perversité
allant de l'érotisme à la pornographie, du
larcin au crime, le tout ennuagé par de la
drogue.
Dans les stades, les comportements s'avèrent de plus en plus violents et inquiétants. Il ne s'agit plus de combats de
coqs, les mises sont plus importantes! et
les amateurs, sous l'emprise de l'alcool,
de plus en plus motivés. Nous sommes
bien loin de la fameuse formule: «l'important c'est de participer». Aujourd'hui
il faut gagner coûte que coûte. Et pour
contrôler ces nouveaux gladiateurs les
hallebardiers de la sécurité sont en faction.
Pour ce qui concerne la femme: elle vote,
elle avorte, elle est commissaire de police, commandant de bord, amirale, ministre, chef d'entreprise, mais combien de
ses sœurs ne subissent-elles pas encore
l'esclavage! En Afrique, balafres, excision,
mariage forcé, polygamie, répudiation. A
travers l'accueil nous importons sur
notre sol, sans le vouloir, partie de ces
cruautés, mais faisons comme s'il n'en
était rien! La traite des blanches sévit
toujours dans les pays d'Est et d'Asie, et
toutes les grandes capitales se mettent
au pas. Ailleurs, les femmes sont enfermées dans des harems avec leurs odalisques. Les marabouts, les patriarches, les
proxénètes, les dictateurs et les bourreaux de tous genres sont générateurs
de crimes souvent inconnus. Horreurs et
douleurs.
«La femme est l’avenir de l'homme»
disait Aragon. «Toi tu es ma meilleure
moitié» disait Guitry. On peut évidemment citer des égéries (encore faudraitil prendre la peine de se documenter sur
ce que dissimule la littérature mensongère: voir, justement, la biographie de l'auteur des yeux d'Elsa...), mais reconnaissons que la femme est souvent exploitée
pour sa grâce, son charme, sa beauté ; qui
modèle pour les artistes, qui appât pour
les magazines et les publicités de toutes
sortes. La mode déshabille, déshonore
sans vergogne, affuble de parures en
métal, en paille, en plume, et dénature la
féminité. A la place des labrets, on greffe
un piercing, sur l'aile du nez, au milieu du
front, sur le nombril, sur la langue. Pour
vendre des cosmétiques, on accable la
femme de rides, de cheveux blancs, de
bourrelets; toujours pour les besoins de
la publicité et des gains, immenses, des
multinationales, la femme a une mauvaise
denture, transpire, a des pertes d'urine,
et il est urgent d'y remédier; on est prêt
à tout pour convaincre qu'elle vieillit
vite, au lieu de mûrir comme l'homme
(dixit Simone Signoret). On lui coince les
doigts de pied dans des chaussures
médiévales comme au temps des héroïnes de Han Suyin; on la grimpe sur des
talons-échasses; pour mieux vendre les
voitures, on compare ses galbes à ceux
des carrosseries, on vante la puissance
de l'attelage. Elle est l'accessoire de l'habitacle rêvé. La voici petit chaperon
rouge au volant d'une Ferrari qui double
le champion du monde; la voilà avec un
corps qui se métamorphose en mannequin d'épouvantail; pauvres marionnettes
de la haute couture qui, sur l'écran, foncent sur nous, anorexiques, le dos rond,
le ventre en avant, les genoux cagneux,
les pieds déformés, les cheveux naturels
cachés et abîmés par des perruques de
théâtre, pour présenter des vêtements
immettables, grotesques la plupart du
temps. On déguise la violence qu'on ose
appeler élégance. Combien de jeunes
femmes ne s'y laissent-elles pas prendre!
Prêtres, pasteurs, imams, popes, rabbins,
bonzes organisent terrorisme et charniers par le truchement de religions
aberrantes. Les mots Civisme, Justice,
Morale, Compassion, n'éveillent plus
aucun respect. A d'autres! nous répondent les plus jeunes. «Liberté, Egalité,
Fraternité» est une formule outrageante
si nous prenons en compte la servitude
dans laquelle nous vivons, les injustices
dont nous sommes constamment victimes et l'absence généralisée de bienveillance et de solidarité. «Travail,
Famille, Patrie» ne reçoit que rires insolents. Mais demandons-nous quels
modèles nous avons offerts à tous ces
jeunes railleurs? Et quels modèles nous
offrent nos gouvernants? «Tu ne tueras
point» recommandent vivement de
nombreuses sectes religieuses qui, en
même temps, se lancent dans des guerres sans fin, ouvertes ou dissimulées, au
nom de cette même religion qui prône la
paix.
Grave et préoccupante aussi est la violence à l'égard de notre langue taguée de
charabia «génial». Au rythme où nous
allons, la bonne orthographe finira par
devenir péché mortel. Après avoir sapé
les «h» aspirés, on scalpe les «ê», la forêt
se réduit à une mèche, la durée de la vie
devient une flèche de charrue, la mâture
s'écroule et rejoint les poissons. Quant
au vocabulaire, la naissance du téléphone
portable la ramène à l'état d'embryon:
j’t’m... (moi non plus chantait Gainsbourg
qui avait du métier). Tremblons devant
l’invasion de l'anglais: pourquoi, par
exemple... mobile home, camping-car,
abribus alors que nous disposons de
maison mobile, roulotte et aubette?
Pauvre Larousse qui semait à tout vent
les graines d'une florissante culture!
Comme Don Quichotte, paladin, ma
brette mouchetée, Pégase pour
Rossinante, je ne cesse de me battre
contre les moulins: ceux du vent mauvais, ceux de la parole opprimante.
Devenons meuniers de moulins à aubes
sereines. Après avoir broyé l'ivraie, escrimons-nous à bluter la bonne farine pour
un pain quotidien moins noir.
MICHEL MARTIN (ÉCRIVAIN)
(N.d.l.r.: texte transmis par Mélanie
Lafonteyn)
le libre penseur/no 146
19
EN LISANT
«Les Suisses de Sigmaringen (collaborateurs des Allemands) passent la frontière en avril 1945. Ils sont immédiatement
arrêtés... Oltramare surtout paie sa
célébrité. Provisoirement interdit de
séjour à Genève, il se dissimule sous un
faux nom et craint des représailles physiques, comme il le confie à son ami
Bonny: «A Collonges, où mon passage
avait été signalé, des énergumènes ont
menacé le chanoine Fumeaux coupable
de m'avoir hébergé.» Il est caché d'abord en Valais, par les chanoines de
Saint-Maurice, puis à Fribourg où ses
pérégrinations le conduisent finalement
dans un couvent accueillant, à Villars-lesJoncs (il s’agit du couvent féminin du
Bon Pasteur où il vit hors de l'enceinte
(Alain Clavien, Hervé Gullotti et Pierre
Marti, La province n'est plus la province,
Lausanne 2003,p.253).
Depuis 1492, année où le petit roi Boabdil
avait remis aux Rois Catholiques les clés de
sa capitale, la politique de la Couronne à
l'égard des populations musulmanes du
royaume de Grenade n'avait cessé d'osciller. Les capitulations signées au camp de
Santa Fe stipulaient que les vaincus pratiqueraient librement leur religion, garderaient leurs écoles, leurs costumes, leur langue; le traité fut d'abord respecté, mais,
bientôt, Isabelle, écoutant les conseils et les
adjurations du futur cardinal Cisneros, se
laissa persuader que sa mission exigeait la
conversion des mahométans. De mauvais
gré elle autorisa les ordres prêcheurs à
pénétrer dans les quartiers musulmans
pour convertir en masse les infidèles.
Escortés d'une soldatesque brutale, les missionnaires profanèrent les mosquées, brûlèrent publiquement des exemplaires du
Coran, se livrèrent à toutes sortes d’excès,
proférant des menaces, vouant les récalcitrants aux pires châtiments. Par milliers les
musulmans acceptèrent de recevoir le baptême dans l'espoir d'échapper aux saisies
et aux confiscations. Devenus chrétiens
malgré eux, l'Inquisition, dont la juridiction
s'étendait aux seuls chrétiens, les traqua
avec une impitoyable férocité: le piège se
refermait sur ceux qu'on appelait désormais morisques, ou musulmans convertis.
Le tribunal de la foi en expédia des milliers
aux galères, emprisonna les autres, confisqua leurs biens et en brûla quelques centaines pour l'exemple. On installa des crucifix et des statues de la Vierge dans les
mosquées, on y célébra des messe.
Des populations jusqu’alors paisibles
devinrent enragées. Les brutalités et
profanations des missionnaires chrétiens les précipitèrent dans la lutte. Si la
capitale, notamment dans le quartier
morisque de l'Albaicin, les musulmans
de cœur se tinrent cois, craignant de
perdre leurs biens, dans les montagnes
de l'Alpujarra. ils livrèrent une guérilla
féroce, dévalant la nuit des hauteurs où
il se terraient pour incendier et massacrer; à cette sauvagerie les chrétiens
répondirent par une barbarie égale.
Durant un demi-siècle, tout le pays
(andalou) fut à feu et à sang. Décidé à
effacer jusqu'à la trace de ces hérétiques, en sus de l'ordre de déportation
en masse de la population, Philippe II fit
abattre tous les mûriers, les arbres fruitiers, incendier les champs, mettre le feu
au village, châtiment de la terre brûlée
qui fit de ces montagnes fertiles, avec
leurs cultures en terrasses, leurs plantations de mûriers, d'amandiers, de cerisiers et d'abricotiers, un désert de cendres (Michel del Castillo, La religieuse de
Madrigal, Paris 2006, p. 49 à 52).
Précisons que cette déportation eu lieu
vers la fin du règne de Philippe II
d'Espagne, soit vers 1590 et ajoutons
qu'elle permit la dissémination des
populations musulmanes de l'Andalousie
à la Castille, et au-delà. Cent mille personnes ont parcouru ainsi un millier de
kilomètres en plein hiver, vingt mille
périront en route. La «question morisque» sera définitivement liquidée en
1609 par l'expulsion pure et simple
d'Espagne de tous les musulmans,
convertis ou pas. Avec la précédente
expulsion des Juifs, l'Espagne catholique
devenait racialement pure, à travers les
rigides «Estatutos de lo sangre».
«Comme certains rabbins antisionistes
(mon oncle Avrohom) déclarait que la
tradition interdisait de précipiter le
cours des événements: quand le Messie
viendra, il instaurerait un Etat juif selon
la Loi et dans l'esprit de la Torah. Pas
avant. Pour lui et pour son groupe, quiconque viole cette loi talmudique
s'exclut en fait de la communauté des
Juifs croyants. Attitude qui empêcha des
disciples de leur obédience vivant en
Pologne, en Tchécoslovaquie et en
Hongrie d'être sauvés en acceptant des
certificats qui leur auraient permis de
s'installer en Terre Sainte» (Elie Wiesel,
Un désir fou de danser, Paris 2006, p. 49).
CLAUDE CANTINI
ET ÇA
RECOMMENCE!
Une entreprise de produits laitiers de la
région de Moscou, Rousskoie-Moloko, a
annoncé qu’elle appliquerait un code de
travail orthodoxe selon lequel seront
licenciés les employées ayant avorté et
celles n’étant pas mariées religieusement.
Vraiment le cléricalisme est immortel!
RÉFLEXIONS
SI VOTRE MAISON BRÛLE ET
QUE VOUS VOULEZ LA RECONSTRUIRE
(MÊME IDENTIQUE) VOUS DEVEZ
PROCÉDER À LA MISE
À L’ENQUÊTE PUBLIQUE.
POUR LE SCIAGE DE LA CROIX DES
MERLAS, ON A INSISTÉ SUR L’ILLÉGALITÉ
DE CET ACTE, MAIS LORSQUE
LA JEUNESSE D’ESTAVANNENS
L’A REMISE EN PLACE, EST-CE
QUE LES AUTORITÉS ONT EXIGÉ
UNE MISE À L’ENQUÊTE COMME LA LOI
L’IMPOSE ? CETTE RECONSTRUCTION
EST-ELLE DANS LA LÉGALITÉ?
DEUX POIDS, DEUX MESURES?
AFFAIRE À SUIVRE
le libre penseur/no 146
20
SOUSCRIPTION
DE SOLIDARITÉ
CCP 10-7494-3
BON DE COMMANDE (marquer d’une croix)
n Narcisse Praz – Gare au Gorille
128 pages, Fr. 24.– (port compris pour la Suisse)
n Mireille Vallette – Islamophobie ou légitime défiance
184 pages, Fr. 24.– (13 €) + port
n Narcisse Praz – Dictionnaire satirique des noms propres et malpropres
242 pages, 3500 définitions satiriques, Fr. 43.– + port.
n Narcisse Praz – Le dictionnaire insolent
554 pages, Fr. 48.–
n Claude Frochaux – L’Homme religieux
230 pages, Fr. 35.– + port
n Robert Nicole – Voir clair
100 pages, Fr. 22.– + port
n Narcisse Praz – La mésange charbonnière
280 pages, Fr. 35.– + port
n Luigi Cascioli – La morte di Cristo (in italiano)
224 pagine, Fr. 28.– + port
n Robert Nicole – Jésus, ce maître de sagesse méconnu
102 pages, Fr. 25.– + port
n Narcisse Praz – Sous le pont Mirabeau
328 pages, Fr. 35.– (port compris pour la Suisse)
n Louis Ducommun – L’existence improbable de Dieu
39 pages, Fr. 10.– + port (étranger 10 € avec port)
n Albert-Marie Guye – Les entrailles de Gisors
20 pages, Fr. 5.– + port (étranger 5 €)
n Roger Peytrignet – Jésus-Christ, mythe ou personnage historique?
206 pages, Fr. 32.– + port
n Luigi Cascioli – La Fable de Christ n La Favola di Cristo (in italiano)
175 pages, Fr. 28.– + port
n Luigi Cascioli – La statua nel viale (in italiano)
272 pages, Fr. 28.– + port
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JAB 1530 PAYERNE
NP:
Ville:
A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne
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février 2010
B. J.-Cl. Th.
Anonyme
M. Ch. T.
M. H. S.
R. M. L
F. M .L
P. R. B.
S. J. R.
L. Ph. G.
A. A. L
F. L. S.
B. R. Ch.
B. Y. L.
A. S. V.
D. J.-R. A. (F)
O. S. N. (F)
A. A. G
S. A.-M. St.-L.
N. A. S.
B.J.-P. F.
G. F. G.
B. J. T.
J. J.-P. N.
P. H. P.
Fr. 20.–
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mars 2010
V. Ph. C.
R. V. M.
B. R. Ch.
N. M. A.
J. M. V.
L. L. A.
Z.-R. J. L.
M. E. A.
B. F. L.
R. P. B. (F)
P. C.E.
Fr.
Fr.
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40.–
10.–
9.–
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25.–
10.–
40.–
100.–
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15.–
20.–
avril 2010
K. E. B. (L)
C. Y. V.
R. D. N.
Fr.
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15.–
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10.–
B. M.-J. M.
R. J. S.
R. F. L.
J. H. M.
Th. Ph. La Ch-de-F.
B. J. L.
H. J. B.
C. Cl. F.
P. Ph. Le L.
U. P. F.
S. M. L.
G. J.-P. F.
D. G. V.
F. Cl. R.
Fr.
Fr.
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35.–
10.–
10.–
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40.–
10.–
10.–
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10.–
5.–
20.–
30.–
40.–
10.–
mai 2010
B. Ch. Z.
B. F. L.
C. B. L.
Th. F. M.
M. W. L.
S. M. G.
F. R. G.
F. B. M.
B. J.-P. F.
L. E. C.
S. W. G.
Fr.
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50.–
20.–
30.–
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20.–
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K. E. B. (L)
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Merci à tous • Votre caissier
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