L`empereur de l`Antarctique

Texte: Quan Ly Photos: Daisy Gilardini
Le grand reportage
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«La marche
de l’empereur»,
film-documentaire
sorti en 2005,
nous a fait adorer
le manchot empereur.
La photographe
Daisy Gilardini, qui se
rend dans l’Antarctique
depuis dix ans, prolonge
notre plaisir par son
travail sur cet animal,
«le plus chouette
de la terre».
Reconnaissance
vocale
L’empereur
de l’Antarctique
L’ILLUSTRÉ
Difficile de distinguer le papa de
la maman dans ce couple de
manchots empereurs, dotés
d’ailes recouvertes de très
petites plumes rigides serrées à
la manière d’écailles. Seul le
poussin reconnaît son parent en
percevant seulement deux
dixièmes de seconde de son
chant; il est aussi capable de le
faire lorsque celui-ci est masqué
par les chants des autres parents.
Utile quand on vit en groupe!
bm
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Le grand reportage
Natation
Le manchot empereur («Aptenodytes forsteri») est un nageur
remarquable. Sous le regard d’un manchot adélie (photo du milieu),
il s’expulse hors de l’eau glacée en donnant un coup de queue.
Marche
et glissade
Malhabile sur la terre ferme,
l’animal est un piètre marcheur.
Sur la glace, il préfère alors
glisser sur le ventre, en s’aidant
de son arrière-train.
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L’ILLUSTRÉ
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Le grand reportage
Pas de lien
de parenté
Il ne s’agit pas de frères ou sœurs,
puisque le manchot empereur ne
pond qu’un œuf. Par ailleurs, le
poussin (à dr.) ouvre son bec pour
son nourrissage, qui se fait par
régurgitation des aliments.
Poussin curieux
Curieux de nature, et guère
peureux, le poussin est capable
de venir se blottir contre vous.
Poussins à
l’heure du dodo
Protégés par une épaisse couche
de graisse et par un plumage
dense, ces jeunes empereurs
peuvent affronter le blizzard et
dormir tranquillement.
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L’ILLUSTRÉ
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Vie en colonie
Photos: Daisy Gilardini
Dans ce paysage somptueux,
la notion de territorialité
n’existe pas chez les
manchots empereurs, qui
vivent en colonie. Pour mieux
lutter contre le froid, et
économiser de l’énergie, ils se
regroupent même en «tortue».
Ceux situés à la périphérie
sont régulièrement relayés par
ceux du centre, jusqu’alors
mieux protégés.
L’oiseau
qui nage
Piètre marcheur, le manchot empereur
adore en revanche nager, et glisser
sur la glace. Il a une incroyable capacité
à vivre sur ses réserves en période
de jeûne et à affronter des conditions
climatiques extrêmes.
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L’ILLUSTRÉ
L
es manchots ont la cote. Avec
le film d’animation Les rois de
la glisse, actuellement sur les
écrans, ils surfent carrément sur
la vague du succès. Mais c’est surtout La marche de l’empereur, réalisé
par Luc Jacquet, qui a fait naître
l’engouement du grand public pour
cet extraordinaire animal.
Question de terminologie tout
d’abord: manchot ou pingouin?
That is the question! La confusion
est entretenue par la perfide
Albion où l’on nomme auks les
pingouins et penguins les manchots. Pas de quoi être déboussolé.
D’autant plus que les pingouins,
de la famille des alcidés, vivent
dans l’hémisphère nord, alors que
les manchots, de la famille des
sphéniscidés (du grec spheniskos:
coin ou cheville pointue), se trouvent dans l’hémisphère sud.
Dix-sept espèces de manchots
peuplent donc ce bout de terre
cerné par les vents violents. Seules
deux sont polaires: l’adélie et l’empereur. Avec ses deux taches
orange de chaque côté du cou, ce
dernier est le plus grand de tous.
D’une taille moyenne de 1 m 20,
avec une espérance de vie de trente
ans, le manchot empereur est un
oiseau. Qui ne vole pas! Balourd,
c’est un piètre marcheur (0,5 km/
h en moyenne), mais très endurant. Doté d’ailes courtes et rigides
lui servant de nageoires et d’un
corps fuselé hydrodynamique,
c’est surtout un plongeur hors pair,
capable de nager à 300 ou 400
mètres de profondeur pendant
plus d’un quart d’heure. Enfin, sur
la glace, il est capable de glisser
sur le ventre (6 à 8 km/h).
L’une des caractéristiques les
plus étonnantes du manchot
empereur, sans équivalent chez
les autres espèces, est sa capacité
à (sur)vivre sur ses réserves lorsqu’il est contraint au jeûne. Une
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période qui dure le temps des
parades, de l’accouplement, de la
ponte, de l’incubation et de l’élevage des poussins (de 115 à 125
jours pour le mâle, et de 64 jours
pour la femelle), et qui peut faire
perdre à chaque oiseau jusqu’au
tiers de son poids. Le mâle pèse
entre 35 et 40 kilos, la femelle
entre 28 et 32 kilos.
Chauffage naturel
L’empereur est un animal à température constante, et à sang
chaud, qui peut maintenir sa chaleur interne dans des conditions
climatiques extrêmes. Grâce à un
plumage imperméabilisé par une
huile qu’il produit, à une couche
de graisse sous-cutanée et à une
alimentation riche en graisses. Sa
nourriture est en effet constituée
de krill (petits crustacés), de poissons et de calmars. Et pour encore
mieux lutter contre le froid, les
manchots se regroupent en «tortue» (en référence à la formation
des légions romaines).
Fidèle à son site de nidification,
l’empereur change en revanche de
partenaire tous les ans. Il cherche
alors l’âme sœur en criant, en
chantant et en paradant: une phase
capitale d’identification vocale
pour mémoriser «l’accent» de son
partenaire et le retrouver parmi
des milliers de semblables. Ça
peut aider. La période de reproduction débute dès le début de
l’hiver. De l’accouplement résulte
un seul œuf, couvé par le mâle et
posé sur ses pattes afin d’éviter le
contact de la glace.
Dès leur naissance, les poussins sont la proie des pétrels géants
et des skuas. Quant aux adultes,
s’ils sont des prédateurs de haute
mer, ils sont aussi un mets de
choix pour les orques et les léopards de mer. Dure loi de la nature:
Q. L. J
manger et être mangé. L’ILLUSTRÉ
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