Jacques Travostino et Foissy Golf :

Inventions et Innovations
Inventions et Innovations
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Sur le Podium
Lorsque, en 2001, mon chariot de golf
électrique tomba en panne et que j'ouvris le coffret qui contenait l'ensemble
électronique, j'étais loin de me douter
que ce simple geste allait me tenir en
haleine pendant - au moins - les quatre
années qui suivraient !
J'ai d'abord essayé de comprendre comment cela fonctionnait, puis j'ai songé à
l'améliorer.
Mais pour mieux suivre cette démarche,
il faut dire quelques mots des chariots de
golf dits "électriques" (le bon vocable
serait plutôt "motorisés").
De tels chariots existent depuis plusieurs décennies. Leur fonction est de
véhiculer le matériel du joueur, essentiellement ses clubs, regroupés dans un
sac de golf.
Des perfectionnements ont été progressivement apportés : réducteur assorti
d'un différentiel, roues à bandage remplacées par des roues à pneu, matériaux
plus légers pour la construction du chariot, batteries de moindre capacité, etc.
Malgré ces améliorations, visant essentiellement au confort du joueur et à la
réduction de poids, le point faible de ces
chariots reste l'obligation, pour le
joueur, d'avoir à constamment agir sur
le potentiomètre pour régler la vitesse
du chariot en fonction des particularités
du terrain rencontré : la moindre montée ralentit le chariot, une descente,
même légère, l'accélère. Il faut donc
compenser en quasi-permanence, ce qui
n'est pas l'objectif du joueur, qui préfèrerait, bien sûr, rester concentré sur son
jeu de golf.
Ils sont constitués d'une ossature en
tube métallique, de deux roues arrière
(motrices), d'une roulette avant (fixe),
d'un moto-réducteur et d'une batterie
12 V.
Un système électronique plus ou
moins sophistiqué selon les modèles
permet au joueur d'ajuster, grâce à un
potentiomètre situé sur la poignée, la
vitesse du chariot à la sienne.
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Invention Magazine - Septembre/Octobre 2 0 0 5
Il fallait donc résoudre cet inconvénient.
Le hasard (la coïncidence ?) firent que,
un peu plus tard, je me suis intéressé à
la robotique dite "de loisir". J'y découvris
que d'ingénieux dispositifs utilisant la
technologie des ultrasons permettaient
de mesurer assez aisément les distances.
J'en testai plusieurs, et il se confirma
qu'ils étaient tout à fait capables de
détecter le corps humain. J'appris par
ailleurs à programmer les microcontrôleurs, indispensables à la mise en œuvre
de tels procédés.
© DR
De formation scientifique (ingénieur papetier),
maintenant retraité, Jacques Travostino s'est,
durant ces dernières années, pris d'une réelle
passion pour les chariots de golf.
Arrivé au stade de la retraite, il s'était promis,
comme beaucoup, de ne pas rester inactif, mais
surtout de s'ouvrir à des domaines qu'il ne
connaissait pas ou peu. L'électronique, la robotique n'étaient pas dans ses formations de base.
Directeur d'une usine qui fabriquait du carton,
il avait eu à côtoyer ces disciplines, mais en
tant qu'utilisateur seulement.
C'est en fait ce qu'il recherchait : continuer
d'apprendre !
L'invention dont il est question ci-dessous lui
en a donné l'occasion.
Les
essais
sur le
terrain ont
pris plus de
temps, car les
paramètres
contrôlant la
boucle de
régulation :
[distance /
tension / vitesse / distance] ne pouvaient qu'être expérimentaux : la nature du terrain sur
lequel roule le chariot est en effet très
diverse et ne permet pas l'utilisation de
lois physiques simples.
Mais en finale, le prototype fonctionnait de
façon satisfaisante : le joueur pouvait
effectivement oublier le réglage de vitesse.
De plus, cette technologie permet de
réduire la consommation électrique :
• la quantité d'énergie délivrée au
moteur est automatiquement adaptée
aux besoins, ce qui n'est pas le cas avec
les chariots traditionnels,
• les démarrages et freinages sont programmés pour être effectués "en douceur", ce qui préserve la mécanique
Dès lors, l'idée germa : si on peut mesurer la distance qui sépare le joueur du
dispositif à ultrasons, lui-même monté
sur un chariot, on peut alors, grâce à
une régulation adaptée, agir sur la vitesse du moteur pour garder constante
cette distance.
Plus besoin de toucher au potentiomètre !
Il fallut ensuite passer à la réalisation
d'un prototype. L'élaboration des schémas électroniques, leur fabrication, le
choix du système émetteur / récepteur à
ultrasons prirent plusieurs mois. La
mise au point n'a pas été facile, car le
moteur - relativement puissant (180 W)
- génère d'importants parasites alors que
l'électronique, et en particulier les
microcontrôleurs, sont très sensibles
aux variations électriques même faibles.
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© DR
Foissy Golf
© DR
une passion partagée - et réussie - pour les chariots de golf automatisés
d'entraînement et réduit également la
consommation électrique.
C'est alors (à l'été 2003) que je me suis
rapproché du premier fabricant français
de chariots électriques - Foissy Golf.
Les frères Raguet, propriétaires et dirigeants de cette Société, m'ont réservé
un excellent accueil. Le produit les intéressait, une collaboration de très bon
niveau s'est instaurée et ne s'est jamais
essoufflée depuis.
Elle a été la source d'autres améliorations :
• le freinage : Foissy Golf souhaitait
que le chariot (baptisé "UST" UltraSounds Technology) soit freiné
dans les descentes. Je complétai donc le
circuit électronique d'une fonction de
ralentissement électromagnétique.
• la distance joueur / chariot :
Emmanuel Raguet la préférait plus
grande que la distance préprogrammée.
Je modifiai ce paramètre, mais, pour
moi (qui suis plus petit que lui), elle
était trop importante. Finalement, je
décidai de laisser cet élément de confort
à l'initiative du joueur lui-même, en
ajoutant, dans la poignée du chariot, un
mini-circuit électronique muni de
détecteurs capacitifs, qui permet de faire
varier la distance en approchant simplement le doigt des zones "plus loin" et
"plus près".
Puis, lorsque ces modifications furent
testées et approuvées, une demande de
brevet a été déposée, et j'ai signé, avec
Foissy Golf, un contrat de cession de
licence.
Foissy Golf possédait depuis longtemps
les chariots motorisés à équiper, et il n'y
avait pas de modifications ou d'adaptations à apporter au chariot lui-même, ce
qui, bien sûr, a représenté un gain de
temps appréciable.
Dès l'automne 2004, la fabrication en
série des ensembles électroniques était
lancée, et les chariots UST commercialisés début 2005.
Il s'est donc écoulé un peu plus d'un an
entre le premier contact avec Foissy
Golf et le lancement en fabrication
industrielle. Ce délai est remarquablement court !
A la réflexion, je crois que cela est essentiellement dû à une bonne préparation
des relations entre le fabricant et l'inventeur. Après en avoir discuté, les rôles
de chacun ont été définis, avec attribution respective des responsabilités - et
de leurs limites.
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Jacques Travostino et Foissy Golf :
accord de coopération a été élaboré puis
signé.
Il est évidemment primordial qu'ensuite, dans tout le déroulement du projet,
chaque partie respecte scrupuleusement
les termes de ce contrat : par exemple, le
fabricant doit exprimer des souhaits
d'améliorations techniques mais laisser
l'inventeur libre d'y apporter les solutions adéquates, l'inventeur n'a pas
compétence pour les options pouvant
avoir une incidence commerciale ou
budgétaire.
Depuis, d'autres projets ont été réalisés
ou sont en cours : banc d'essai pour les
chariots motorisés, simulateur de parcours de golf pour tester les batteries,
chariot complètement indépendant,
dont la direction - et non plus seulement la vitesse - est automatisée.
Il faut dire que la prestigieuse Médaille
d'Or du Concours Lépine, et l'implication entière de mon partenaire, Foissy
Golf, sont de puissants moteurs d'aide à
la recherche…
J. Travostino
1 le Président Gérard Dorey, Mlle
D'Argembeau de Synergic Sprl, le Président
du Jury Maurice Gruelles (de gauche à
droite)
2 le chariot de golf Retriver UST électrique et
à ultrason de Foissy Golf
3 Mlle d'Argembeau sur le stand de Foissy
Golf
Afin de formaliser ces procédures, un
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