Riffs HiFi 30.10.2010

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Riffs HiFi 30.10.2010
LE JOURNAL DU JURA / SAMEDI 30 OCTOBRE 2010
1 PACIFIC 231 Raphaël
2 THE GREATEST HITS 1990-2010 Robbie Williams
3 A THOUSAND SUNS Linkin Park
4 BIRDS IN THE STORM Aaron
5 FRONTIÈRES Yannick Noah
6 BLESSÉE Lynda Lemay
Ventes d’albums en Suisse romande. Source: lescharts.ch.
Ils étaient très nombreux, les nostalgiques de la défunte page musique «Gabba
gabba hey» du JdJ. Nous avons donc décidé de remettre le couvert. Le dernier
samedi du mois pour commencer, à la place d’Impertinences. De toute façon,
Impertinences reste rock et notre approche de la musique sera impertinente! /pabr
De bric et de rock
DREAM THEATER
Mike Portnoy bouffé par
le monstre qu’il a créé
C’est le coup de tonnerre du
moment dans le monde des
aubades qui cognent.
Inventeur du metal progressif
à tendance technologique, le
batteur Mike Portnoy
annonçait, le 9 septembre,
qu’il quittait Dream Theater,
chose dont il était le leader,
compositeur et porte-parole.
■ COMMERCE
L’arnaque à la sauce Asia
Ils sont vieux, pas forcément beaux, mais bigrement près de leurs sous,
les papys d’Asia. Tout feu tout flamme depuis la «reformation» du line-up
originel pondeur de hits du début des années 80, Steve Howe, John
Wetton, Carl Palmer et Geoff Downes ont fait de l’arnaque une science
commerciale. Histoire de remplir une discographie créativement vide, les
vieux briscards du rock FM pompeux enchaînent les «best of», «definitive
collection», compilations, anthologies et albums live au contenu
forcément exclusif. Mi-octobre, en pleine promotion d’«Omega», leur
dernière livraison studio, c’est «Live in Cambridge 2009» qui sortait dans
le bac, immortalisation d’un concert de la précédente tournée «Phœnix».
Une entreprise faisandée qui sent bon le hold-up. /lk
■ LES WHO À LEEDS: 40 ANS DÉJÀ
Le meilleur live de tous les temps, définitivement
Pour célébrer le 40e anniversaire de la parution du sauvage «Live at
Leeds», les Who se fendent d’une édition anniversaire particulièrement
somptueuse. Le vinyle originel, le 45 tours comprenant «The seeker»,
deux CD reproduisant le concert complet de Leeds et enfin deux autres
comprenant le gig du lendemain à Hull que Townshend juge encore
meilleur? Dites! peut-on être meilleur que le meilleur? A côté de ce
brûlot, Nirvana évoquerait presque Chantal Goya et les Rolling Stones le
poussif combo d’Alain Morisod. /pabr
LAURENT KLEISL
■ SEE MY FRIENDS
Il en a, des amis, l’immense Ray Davies
L
Le rock anglais, tout le monde le sait, compte quatre groupes majeurs.
Qu’on vous cite dans le désordre rien que pour vous égarer et vous
énerver: les Who, les Kinks, les Rolling Stones et les Beatles. Les Kinks,
auteurs d‘un nombre incalculable de hits dans les sixties, ont ensuite
été délaissés par les masses stupides déroutées par des albums moins
immédiats et plus conceptuels. Aujourd’hui, le gang est séparé et Ray
Davies, son leader, aligne les disques solo de moyenne facture. Celui
qui vient de sortir, par contre, est un best of fulgurant des perles
kinksiennes («Celluloid heroes», «Lola», «You really got me», «Dead
end street»...) réenregistré et rechanté en compagnies de potes style
Springsteen, Metallica, Billy Corgan, Bon Jovi (bof), Black Francis, et on
en oublie. De quoi brûler tous vos CD d’Oasis, forcément! /pabr
■ NÉCROLOGIE
La mort lui va si bien
CHOC Dream Theater sans Mike Portnoy, c’est pire qu’une fondue sans pain.
brûlé les baguettes. Boulimique, ses projets parallèles ont
achevé ce travail de démolition. Car non content de porter
Dream Theater à bout de bras
– avec l’aide du virtuose guitariste John Petrucci, c’est vrai –,
son implication, souvent totale,
dans Liquid Tension Expriment, Transatlantic, O.S.I.,
Avenged Sevenfold et consorts
a généré une rupture.
Dream Theater s’en remettra-t-il? Car dans la profession,
difficile de trouver mieux que
Portnoy en matière de cogneur
de fût. Ben non... Selon le
chanteur James LaBrie, cité par
progressia.net, les candidats au
trône délaissé sont d’un niveau
«sans égal, à tel point que ce ne
seront pas vraiment des auditions à proprement parler. Ce
sont des batteurs de classe
mondiale.» Bien sûr...
La digestion du départ de
l’âme d’un groupe n’est pas
chose facile pour le public.
D’aucuns assurent que Fish est
toujours le frontman de Marillion, alors que depuis 1988,
les Anglais explorent, dans
l’anonymat, de riches chemins
musicaux derrière le prodi-
(LDD)
gieux organe vocal de Steve
Hogarth. En 1993, Iron Maiden a longtemps pleuré la trahison de Bruce Dickinson, son
singe hurleur. Les deux partis
s’enfonçant dans la médiocrité
tant artistique que commerciale, leurs retrouvailles, six
ans plus tard, ont bâti une évidence: l’histoire du rock ne tolère les séparations que si elles
amènent du mieux.
Portnoy est et reste l’âme de
Dream Theater. Après tout,
sans âme, la musique ne conduit-elle pas directement aux
sommets des hit-parades? /LK
BRIAN WILSON REVISITE GEORGE GERSHWIN
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Charles Trenet, qui a imposé les rythmes
et les mélodies de George Gershwin en Europe, nous aurait sûrement autorisé cet emprunt. Car quand il est question de la «rencontre» entre Brian Wilson, le génial patron des Beach Boys, et le compositeur
américain décédé à l‘âge à 39 ans, comment
ne pas en déduire que «Le soleil a rendezvous avec la lune»?
Car c’est bien de la confluence entre un
astre majeur et une planète essentielle de la
galaxie musicale dont il sera ici question.
Ah! les Beach Boys. Leurs harmonies vocales de rêve. Leurs voix angéliques. Ce
sens de la mélodie quasi divin de Brian
Wilson. De quoi faire passer les Beatles
pour des hurleurs de death metal, tout simplement. Comme tout génie absolu, l’ami
Brian a certes connu ses heures sombres et
ses zones d’ombre. Battu par son père, il en
demeura sourd d’une oreille. D’où sa passion forcée pour le son mono?
On glissera aussi sur les flirts du groupe
avec Charles Manson, l’enfer des drogues.
BRIAN WILSON Un génie de l’harmonie, tout
simplement.
(LDD)
Oui, ce Brian sujet est un survivant. Séparé
de son groupe pour diverses raisons – décès, egos surdimensionnés –, il avait déjà recréé avec bonheur l’immense «Smile» voilà
quelques années. Aujourd’hui, avec «Reimagines Gershwin», c’est à l’un des plus
grands compositeurs du 20e siècle qu’il s’attaque. Dites! sans Gershwin, Sinatra et Trenet auraient-ils été ce qu’ils furent? Un Trenet qui, titillé à propos de l’influence du
compositeur américain sur sa propre œuvre
gigantesque, avait glissé malicieusement
que le grand George avait des origines russes. Ah! l’universalité. Décédé à 39 ans Gershwin, créateur aussi bien pour Broadway
que pour un style théâtral plus classique, a
laissé un héritage colossal et majeur.
Sûr, Brian Wilson n’a pas dû gratter les
fonds de tiroir pour découvrir une flopée
de joyaux. De «Summertime» à «Rhapsody
in blue», de «They can’t take that away
frome me» à «Someone to watch over me»
en passant par «I’ve got a crush on you»,
que de diamants bruts ensuite taillés par un
Sinatra. Et dire que notre repreneur réussit
l’exploit de faire sonner le tout comme du
Beach Boys, harmonies vocales comprises.
Ce type a peut-être perdu la foi – «God
only knows» –, mais sûrement pas la voix.
PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER
Steve Lee n’est plus. Qu’importe. Depuis la mort de son chanteur,
Gotthard vend bien. Cette semaine, pas moins de quatre productions des
Tessinois figuraient dans le top-10 des ventes d’albums en Suisse... /lk
LA PLAYLIST DE...
Confidences de Mouches L’Escoude (2010)
Laurent Kleisl
e joli mois de mai. Pour
couper cours aux rumeurs, Mike Portnoy
évoquait son envie de retourner au plus vite en studio
pour pondre, avec ses potes de
Dream Theater, le successeur
du réussi «Black Clouds & Silver Linings». En musique également, les déclarations d’un
jour ne font pas les vérités du
lendemain. Le 9 septembre,
c’est le choc. Sur son site internet perso, le batteur new-yorkais informe le monde: il
quitte le groupe qu’il a créé.
En 1992, avec «Images and
Words», révolution musicale
écoulée à plus d’un million
d’exemplaires, Portnoy avait
contribué à l’invention d’un
nouveau genre. Pour faire
court: la lourdeur de Metallica
mélangée à la perpétuelle recherche de perfection musicale
du Genesis des premières heures. En 25 ans de carrière entre
pop mielleuse et radicalité métallique, c’est quand même
neuf millions de disques qui
ont trouvé acquéreurs.
A force de pousser toujours
plus loin la technicité de ses
productions, Portnoy s’est
25
LES CHARTS ROMANDS AU 24 OCTOBRE
ENFIN!
Le Journal du Jura renoue avec le rock and roll
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LDD
RIFFS HIFI
Une perle dans le paysage désertique de la chanson
française d’aujourd’hui, ce grand vide abandonné des
poètes. Les textes de Pierre-Yves Theurillat titillent
l’âme, les mélodies envoûtent le corps avec une douceur
presque physique. «Souviens-toi Bibi», de la sortie du
grandiose «Vae Victis», de Galaad. Depuis, le barde
prévôtois s’était oublié. Et nous avec. «L’amour, l’amour,
l’amour, cette peste, ce cadeau.» Merci. Simplement.
X Spock’s Beard (2010)
Les maîtres américains du prog-rock se sont enfin
libérés de l’ombre pesante de Neal Morse, le
charismatique chanteur-claviériste-compositeur qui a
quitté le navire en 2003 pour des raisons... religieuses.
Quoi qu’agréables à l’écoute, les dernières sorties
manquaient de ce grain de folie qui rend Spock’s Beard
si original. Entre morceaux alambiqués et refrains pop,
ce 10e essai est un retour aux sources vitaminé.
The Colour of Spring Talk Talk (1986)
Vingt-quatre ans après, la magie opère toujours. Se
replonger dans «The Colour of Spring», c’est goûter à
l’absolu de la liberté artistique qui squattait les hitparades des «eighties». Un tournant, aussi. S’écartant de
la pop malgré des bombes telles que «Life’s What You
Make» et «Living in Another World», Mark Hollis
lance la deuxième carrière, plus intimiste, de Talk Talk.
Un succès colossal avant la fin. Un paradoxe.
Nightmare Avenged Sevenfold (2010)
Ça racle les tympans, ça nettoye les neurones, pour
autant qu’il vous en reste après la première écoute. Les
chefs de file de la New Wave of American Heavy
Metal oscillent entre riffs tranchants et penchants un
tantinet commerciaux. Aux fûts, pour succéder à feu
James «The Rev» Sullivan, c’est Mike Portnoy qui s’y
colle. Du bon metal, clichés du genre compris.
The Final Frontier Iron Maiden (2010)
Depuis mi-août, l’imparable machine marketing d’Iron
Maiden est en marche. Le groupe de Sa Majesté aux
85 millions d’albums écoulés use toujours des mêmes
ficelles. La basse magmatique de Steve Harris, des
empilements de guitares à n’en plus finir, la voix
supersonique de Bruce Dickinson, l’abus presque
grossier d’interminables intros en arpèges: tout y est.
Des perles («Isle of Avalon») et des cageots forment un
tout hétéroclite mais diablement efficace. Up the Irons!

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