RATP - transports en Ile de France, France
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OCTOBRE 2014 # 276 ■ HORLOGERS DU RAIL Signe des temps PARTENARIAT Sur les pistes Frasne (Doubs)/CRE-RATP Des liens très constructifs Les jeunes agents à Mont-de-Lans L’activité de micromécanique appartiendra bientôt au passé au profit de l’électronique... Économique, touristique, culturel, sportif... dans tous les domaines, tout le monde y gagne ! Conditions optimales d’accueil pour un séjour de ski au top entre collègues ou en famille ! P. 10 P. 22 P. 30 RATP ET SÉCURITÉ MISSION : ANTICIPER LE DANGER 409007 FR_276_P-1_OK1.indd 1 www.ce.ratp.fr RETROUVEZ VOTRE MAGAZINE EN LIGNE 12/09/14 11:53 LE MAGAZINE DES ÉLUS DU COMITÉ RÉGIE D’ENTREPRISE DE LA RATP OCTOBRE 2014 # 276 Jean-Michel Hurault Secrétaire du CRE-RATP Le travail est une richesse, non un coût ! A LA UNE RATP ET SÉCURITÉ DES MENACES PRISES TRÈS AU SÉRIEUX 04 REPORTAGE EN SÉANCE Horlogers du rail P PRODUCTIVITÉ NE RIME PAS N AVEC QUALITÉ A Signe des temps 22 24 26 10 16 Mutualiser les moyens pour plus de solidarité Les élus au CRE et les élus locaux de Frasne, commune de 1 900 habitants proche de la Suisse, travaillent ensemble à la mise en place de partenariats « gagnant-gagnant ». L’Orphelinat de la RATP : 100 ans de sollicitude Son credo : donner aux enfants – jusqu’à leur 21 ans quand ils sont étudiants – toutes les chances de grandir heureux et entourés, pour se forger le meilleur avenir possible. Rentrée de l’US Métro : priorité aux femmes ! L’objectif est clair et se traduit dans les faits par le développement de nouvelles activités : au programme zumba, cardio-boxing ou coaching course sur route. [email protected] Magazine du Comité Régie d’Entreprise de la RATP 68, avenue Gambetta 93172 Bagnolet Cedex. Tél. 01 58 78 93 30 Directeur de la publication : Jean-Michel Hurault Directrice de la rédaction : Patricia Guillamot Comité de rédaction : Sergine Lefief, Jean-Aimé Rault, Michel Venon, Roger Gorjao, Hedi Farhat, Michel Lamboley, Jocelyn Treuillard, Annick Nardelli Rédaction : Bruno Delion, Isabelle Clément, Virginie Cuisinier, Pierre Gernez, Jérome Egger, William Assayag (chargé de publication), Catherine Ferrarini (secrétaire de rédaction), Souâd Mechta (iconographe) Photos : T. Morel : couv., p. 6, 7, 26 ; B. Rondeau : p. 8, 14 ; J-M. Sicot : p. 7, 9, 12, 13 ; H. Aouichi : p. 8 ; D. Sutton/RATP : p. 8 ; G. Aligon/ RATP : p. 12 ; N. Maroz/Shutterstock : p. 12 ; B. Marguerite/RATP : p. 13 ; J-F. Mauboussin/RATP : p.18 ; N. Frémiot : p. 19 ; CRERATP : p. 9, 20, 21, 28, 29 ; M. Lesage : p. 20 ; A. Autenzio : p. 22, 23 ; Orphelinat de la RATP : p. 24,25 ; V. Kahn : p. 25 ; OPC LSR : p. 28 ; Aurore Cie : p. 28 ; T. Lanvin : p. 29 ; HLP/Shutterstock : p. 29 ; B. Longo : p. 30, 31 ; Repère des Pirates : p. 32 ; Fonds Pierre Gernez /Archives départementales de la Seine-Saint-Denis : p. 34 ; D. de Marco : p. 34 ; Banjee : p. 35 ; A. Andreatta : p. 35 ; J. Panie/Lenotre : p. 36 ; Thalazur : p. 36 ; Y. Lemeur : p. 36 ; Themae : p. 36 ; N. Jestin/CDT94 : p. 37 ; T. Raffoux : p. 37 ; EDT/ BNPPM : p. 39 Conception graphique et maquette : Agence Oh’Dites Photogravure : Open Graphic Media Impression : Siep. ISSN : 1156-1734 La crise politique qui secoue le pays atteint son paroxysme et sème trouble, dégoût et exaspération. De renoncement en renoncement, le remaniement ministériel de cet été sonne le glas du changement promis. Sous les ovations, à l’université du Medef, le Premier Ministre n’a laissé aucun doute sur ses intentions. Il a choisi son camp, celui du patronat et des actionnaires. Au moment où, par le biais du pacte de responsabilité, le gouvernement décide de subventionner les entreprises en leur accordant 40 milliards d’euros, les firmes françaises sont devenues cet été, les championnes du monde des dividendes versés aux actionnaires : + 30,3 % par rapport à 2013. Mais rien pour le travail, les salaires, l’emploi, le logement, la santé, l’investissement… Pas une miette ! Austérité pour le plus grand nombre, prospérité pour une minorité qui en a déjà beaucoup trop. Ne faut-il pas en terminer avec cet assistanat patronal institutionnalisé sans contrepartie, financé par notre travail, nos impôts, nos cotisations sociales ? Le travail est une richesse, non un coût ! Les travailleurs sont des créateurs, non des pilleurs ! L’entreprise, c’est aussi les travailleurs ! Celles et ceux qui donnent le meilleur d’euxmêmes pour produire du beau travail et la richesse de la France. N’est-il pas temps de remettre au centre le travail, sa revalorisation par l’augmentation des salaires, la création d’emplois, de meilleures conditions de travail ? N’est-ce pas en respectant le travail, les salariés, que l’on construira un modèle de développement garantissant le progrès social pour tous ? Et ceci, à la RATP comme partout ailleurs. < 03 409007 FR_276_P-2-3_OK.indd 3 15/09/14 12:44 A LA UNE LE MAGAZINE DES ÉLUS DU COMITÉ RÉGIE D’ENTREPRISE DE LA RATP OCTOBRE 2014 # 276 A LA RATP DES MENACES PRISES TRÈS AU SÉRIEUX Dans une relative discrétion, la mission Défense a formé des dizaines d’agents volontaires à intervenir en cas d’attaque ou d’accident nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosifs (NRBC-E) de son réseau. Une cellule interne est même dédiée à ces risques. [ Dossier réalisé par Virginie Cuisinier ] 04 > 409007 FR_276_P-4-7-OK2.indd 4 12/09/14 11:49 A LA UNE LE MAGAZINE DES ÉLUS DU COMITÉ RÉGIE D’ENTREPRISE DE LA RATP OCTOBRE 2014 # 276 Il nous manque des compétences, Il existe 340 métiers à la RATP et certains sont indispensables au dispositif. » [ Stéphane Menchi, chargé de Mission ] ls se disent tous prêts à intervenir en cas de catastrophe. C’est en tout cas à cette éventualité qu’ils se préparent. Une équipe d’une centaine d’agents volontaires a été constituée par la cellule NRBC-E. Formée en tant que telle depuis novembre 2012 par trois spécialistes au sein de la mission Défense du département SEC, cette cellule doit gérer les risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs sur les réseaux RATP. Elle se compose de deux experts des risques NRBC-E, anciens sapeurs-pompiers de Paris recrutés en 2012. Le premier, Stéphane Menchi, chargé de mission, vient de la sécurité civile, le second Stéphane Brûlard, du laboratoire central de la Préfecture de police de Paris, est conseiller technique NRBC-E. Ils sont assistés de Laurent Jeannin, ancien militaire recruté par SEC en 2000, chargé de logistique, tant le matériel doit être fiable et résistant. Ensemble, ils ont perfectionné une organisation héritée de la mission Défense qui a confié aux sapeurs-pompiers le soin de former une centaine de collaborateurs depuis 2005, face à la menace présentée par les matières ou substances dangereuses sur le réseau. Leurs objectifs ? Assister les pouvoirs publics en vue de décontaminer et réhabiliter le plus rapidement possible les infrastructures et les matériels roulants et permettre la reprise de l’exploitation. Ils n’interviennent pas pour évacuer d’éventuelles victimes mais pour écarter le danger. Une fois l’alerte donnée par la I S À LA UNE permanence générale et sur réquisition du Préfet, ils doivent avoir rassemblé un groupe opérationnel parmi le vivier d’agents volontaires dans un délai de 2 heures environ. L’équipe de relevage de MRF au complet est ainsi formée et l’ensemble des agents du GPSR y sont aussi initiés, dans le cadre de leur formation continue. Mais la cellule est loin de concentrer tous les profils qui permettent, chaque jour, au réseau de fonctionner et elle ne compte historiquement que des agents de maîtrise ou cadres. « Il nous manque des compétences, reconnaît Stéphane Menchi. Il existe 340 métiers à la RATP et certains sont indispensables au dispositif. » Mais à ce jour aucun opérateur n’est impliqué et des métiers clés, tels que ceux de la Voie ou de la Ventilation, ne sont pas représentés. Il semblerait qu’il soit difficile d’obtenir l’accord des départements pour relever des opérateurs et leur permettre de s’engager dans le parcours de formation aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs. En attendant, les trois spécialistes perfectionnent leur organisation, rappelant régulièrement leurs coéquipiers pour des remises à niveau. Et en cas d’événements mineurs, ils interviennent en personne. Bouteille d’acide renversée dans une rame, pot de cyanure oublié sur un siège… « Le transport de matières dangereuses est interdit dans les transports publics mais cela arrive pourtant très souvent », déplore Stéphane Brûlard. Pas de panique, il veille. Leur mission : assister les pouvoirs publics en vue de décontaminer et réhabiliter le plus rapidement possible les infrastructures et les matériels roulants et permettre la reprise de l’exploitation. RETROUVEZ PLUS D’INFORMATIONS SUR www.ce.ratp.fr < 05 409007 FR_276_P-4-7-OK2.indd 5 12/09/14 11:49 A LA UNE LE MAGAZINE DES ÉLUS DU COMITÉ RÉGIE D’ENTREPRISE DE LA RATP OCTOBRE 2014 # 276 Gare du Nord, les coéquipiers volontaires doivent reconnaître et neutraliser de l’acide renversé dans une rame. Un exercice grandeur nature pour se préparer en cas d’attaque ou d’incident. REPORTAGE LEUR MISSION : NEUTRALISER L’ACIDE À LA UNE ls sont réunis autour d’une table pour le briefing, dans une des salles du centre de formation de Gare du Nord. Michèle, acheteuse, Rémi, chargé d’affaires, Jean-François, assistant à la maitrise d’ouvrage et Denis, psycho-sociologue, écoutent attentivement le scénario exposé par Stéphane Brûlard, conseiller technique NRBC-E. L’expert de la cellule dédiée du département SEC, affiche un large sourire pour mettre en confiance les volontaires relevés de leur poste de travail pour la demi-journée. « Une bouteille d’acide a été renversée dans la rame. La station a été évacuée par les pompiers, on nous demande de confirmer la présence I du produit, de le neutraliser et de voir si on peut faire fonctionner la rame », annonce Stéphane Brûlard. Les coéquipiers sont détendus, coutumiers des entrainements qui ont lieu une à deux fois par an. Laurent, chargé du matériel de la mission, arrive les bras chargés de lourdes valises. Chacun doit alors enfiler la combinaison spécialement conçue pour l’équipe NRBC-E à laquelle s’ajoutent des équipements du dernier cri : détecteur de radiologie, détecteur chimique, tablette résistante pour la prise de notes, lampe frontale, oreillette, sur-chaussures et manchons. « La phase d’habillement génère une montée de stress. On laisse redescendre la pression avant de les jeter dans la gueule du loup », commente Stéphane Brûlard. Le masque respiratoire vient compléter la panoplie. Plus aucun bout de peau n’est alors visible. « A partir de maintenant, les binômes ne se quittent plus », lance soudain avec un air grave le conseiller technique. Il ne sourit plus du tout. Place à l’action. « Ne vous mettez pas dans le rouge, on est là pour apprendre, pas pour se faire mal », rappellet-il tout de même. Nommé chef d’équipe, Jean-François part seul en éclaireur sur le quai installer un sas, en contact avec Denis, désigné conseillé technique de l’opération. Rémi et Michèle s’avancent alors pour pénétrer dans la rame contaminée. Les gestes doivent être précis. Munie d’une bandelette ph, Michèle identifie les différentes tâches de liquides sur le sol jonché de détritus. Sur le quai, Jean-François les éclaire au projecteur. « Nous continuons la progression », informe Rémi par contact radio. Le liquide dangereux localisé, ils appliquent une poudre blanche appelée « Trivorex ® », qui a pour effet de neutraliser l’acide, du vinaigre blanc en l’occurrence ! « Tu désengages et fais remonter le binôme », ordonne Denis à Jean-François par radio. Michèle et Rémi s’extraient avec précaution de la rame pour éviter tout risque de contamination. La mission est accomplie. Les masques tombent, dévoilant des visages en sueur, la peau froissée. Comme par enchantement, Stéphane retrouve son sourire. « Soyez brefs dans vos échanges, vous êtes trop courtois ! », débriefe-t-il. Puis, ouvrant deux valises noires, dignes de films d’espionnage, il révèle les tous derniers équipements dont la cellule s’est dotée : transmission vidéo et appareil portatif de contrôle de contamination. Pas de doute, le « Jour J », ils seront prêts. RETROUVEZ PLUS D’INFORMATIONS SUR www.ce.ratp.fr 06 > 409007 FR_276_P-4-7-OK2.indd 6 12/09/14 11:49 A LA UNE LE MAGAZINE DES ÉLUS DU COMITÉ RÉGIE D’ENTREPRISE DE LA RATP OCTOBRE 2014 # 276 RADIOGRAPHIE DES VOLONTAIRES Michèle Lorsque cette acheteuse a été sollicitée pour commander du matériel pour le compte de la cellule NRBC-E, elle ne savait pas qu’elle se retrouverait quelques années plus tard elle-même « prise au jeu ». « J’ai demandé les conditions pour rejoindre l’équipe de volontaires car je suis un pur produit administratif », raconte cette mère de famille de 46 ans. Une simple aptitude médicale a suffi. Depuis son engagement en 2012, Michèle a participé à une dizaine d’entraînements et de formations. « J’ai l’impression de servir à quelque chose et puis j’apprends à dépasser mes limites car à la base, je suis claustrophobe. » Jean-François C’est l’un des plus anciens coéquipiers. Alors qu’il occupait le poste d’inspection sécurité incendie dans les espaces du métro, Jean-François a logiquement été correspondant pour la cellule NRBC-E. Il a intégré le dispositif à son tour, en 2007. Aujourd’hui assistant à la maîtrise d’ouvrage pour les projets de rénovation des espaces, il poursuit l’aventure. « Il faut vraiment avoir l’esprit d’équipe, faire attention à soi, à ses collègues. Le stress est davantage lié à la volonté de bien faire qu’à la peur du danger, car nous sommes bien équipés, bien encadrés », estime-t-il. Rémi La sécurité, c’est son truc. Titulaire d’un diplôme en sécurité incendie de biens et de personnes, Rémi a naturellement répondu à l’appel à volontaires pour être correspondant Défense au département ESP en 2009, avant de rejoindre les troupes NRBC-E. Aujourd’hui, ce chargé d’affaires au département VAL est devenu un habitué. « On rejoue toujours la même mise en conditions pour acquérir des automatismes », explique-til. « Pur produit du métro », l’ancien conducteur, mécanicien de formation, répond présent « sans peur du danger ». « Nous sommes structurés en équipe et j’ai confiance dans le matériel que j’ai vu évoluer. » Denis Le psychosociologue de la RATP avait été à l’origine sollicité pour son expertise. « Je suis ici à double titre. Je suis venu en soutien pour observer les phénomènes de cohésion de groupe à la demande des agents de la mission NRBC-E. J’ai accepté à condition qu’on me forme aussi pour le vivre de l’intérieur. » En intégrant le groupe, Denis a pu réaliser que les situations, même fictives, « génèrent du stress ». A son tour, il s’est « pris au jeu. » Un spectre réel Vingt ans après les attentats à la gare RER B de Saint-Michel et l’attaque chimique dans le métro de Tokyo, « une attaque à l’explosif est probable et une attaque chimique est possible », estime Stéphane Menchi, adjoint du responsable de la mission défense. L’attaque chimique focalise particulièrement l’attention du dispositif NRBC-E au regard de l’ampleur de son impact et des risques qu’elle survienne. Une préparation du quotidien « par la détection de signaux faibles et au pire par des plans de défense et de continuité d’activité ». PAROLE D’ÉLU La sécurité est l’affaire de tous » Paris n’est pas à l’abri d’un accident ou d’un attentat bactériochimique. La menace est à prendre au sérieux et nous ne pouvons que nous féliciter que la RATP prenne le problème à bras le corps pour parer ce risque et protéger son personnel. Hedi Farhat Elu du département SEC Élu au CRE L’initiative de la cellule NRBC-E va dans le bon sens, elle doit se développer. Les agents d’exploitation, qui sont de fait en première ligne, devraient ainsi tous être initiés aux rudiments de la formation NRBC-E sans que les relèves constituent un obstacle à leur disponibilité. En effet, si les relèves peinent à être accordées, c’est bien par manque d’effectif. Or, la sécurité ne doit pas pâtir de la productivité pratiquée tous azimuts. Les formations s’imposent, elles ne doivent pas dépendre du système de relèves. Par ailleurs, nous préconisons que les agents du GPSR en patrouille intègrent tous les équipes NRBC-E et participent au cursus complet qui prévoit régulièrement des mises en situations grandeur nature. La multiplication d’exercices permet d’acquérir des automatismes nécessaires pour faire face aux événements imprévus. La sécurité est l’affaire de tous et le métier de nos agents du département SEC. Allons au bout de cette logique ! < 07 409007 FR_276_P-4-7-OK2.indd 7 12/09/14 11:49