La revitalisation du Canal de Lachine

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La revitalisation du Canal de Lachine
La revitalisation du canal de Lachine
Par Paul Émile Cadorette interprète principal de Parcs Canada
Conférence prononcée le 1er mars 2006
Le contexte du projet
Le projet de canal entre Lachine et Montréal remonte au
Régime français avec les entreprises des sulpiciens.
Finalement construit et ouvert en 1825, il a été élargi à
deux reprises à peine 20 ans après son ouverture tant il
constituait un outil performant et un succès. Il est donc un
compagnon de toujours de l’histoire de Montréal.
L’exposition * un projet vieux de plus de 300 ans* a précédé
les débuts des travaux actuels, et montre en photos
l’évolution du canal.
Canal de Lachine vers 1820
Le canal est un objet historiquement important pour
quatre raisons.
-D’abord, il fut le précurseur de la voie maritime du Saint
Laurent. Les entreprises de canalisation du fleuve existent
depuis 1780 pour lui permettre de servir d’infrastructure
majeure de transport maritime pour le développement du
Canada. Le premier canal fut
celui de Coteau du Lac.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca
-Ensuite, le canal fut un
pourvoyeur
d’énergie
hydraulique qui permit aux
usines de se déployer en raison
de cette possibilité de générer
de l’énergie accessible et
renouvelable avec l’eau du
fleuve.
-Conséquemment, le canal s’est
imposé comme le berceau de
l’industrie
canadienne,
Source : Archives nationales du Canada
L'écluse no 2 du canal de Lachine, 1908
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regroupant
la
plus
grande
concentration
d’établissements
industriels au pays, pendant plus
d’un siècle, de 1850 à 1950. À cet
endroit se retrouvait un grand
nombre
de
compagnies,
de
travailleurs et d’investissements.
-Donc, très tôt, le canal est devenu
le moteur de l’urbanisation du sud
ouest de Montréal.
Le canal a été condamné, avec
l’ouverture de la voie maritime du
Saint Laurent, en 1959, et fut
progressivement réduit jusqu’à sa
fermeture le 30 novembre 1970.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca
Fleuve Saint-Laurent et le canal de Lachine en 1920
Entre 1970 et 1974, le canal est un
objet désuet, inutile, symbole de la désindustrialisation, par exemple à la Pointe des Seigneurs, en 1976.
Une piste cyclable ouvre en 1976, ce qui n’empêche pas l’accélération de la vétusté et de la dégradation
des infrastructures du canal. Les quartiers riverains, aux alentours de ce qui est aujourd’hui la rue des
Lacquiers, à l’ouest du marché Atwater, se détériorent aussi et s’appauvrissent.
Le projet de revitalisation du canal prend son origine dans les pressions du milieu, des citoyens et de la
municipalité. Le Sud ouest se qualifiait comme une zone défavorisée particulièrement en terme d’espaces
verts, à l’exception du Parc Angrignon. Le Canal s’identifie donc rapidement à la vocation récréative.
Historique des grandes dates du projet
Le projet commence en 1974 avec la cession à Travaux Publics Canada du chemin de service et des terres
de réserve du canal qui relevaient de Transports Canada. Le premier projet de revitalisation de 1974 à
1977, débute avec comme slogan *un ruban d’eau dans un corridor de verdure*. La piste cyclable,
expérience révolutionnaire à l’époque, amorce le réseau vert de Montréal. Les cyclistes côtoient le
patrimoine industriel sans que ce dernier soit restauré ou mis en valeur, selon une approche d’images et
d’objets muséaux La fermeture des écluses rend le ruban d’eau peu utilisable.
En 1978, Parcs Canada assume la gestion du Canal de Lachine. Les opérations possibles s’avèrent de faible
envergure pour trois raisons: Le passif environnemental sérieux oblige en 1982 à interdire le canotage
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en raison de la pollution industrielle de l’eau. Ensuite, le moratoire sur le développement des canaux en
1985 gèle les possibilités d’exploitation. Enfin, le faible succès de la ville de Montréal, à travers la Société
de développement de Montréal et le Parc d’entreprises du Canal, pour recycler les abords du canal en y
attirant d’autres industries, n’encourage pas les décideurs et les investisseurs à agir. Le lancement du plan
d’action Saint Laurent privilégie le Saint Laurent et ses annexes et associe les deux niveaux de
gouvernement à cette volonté de restaurer les lieux.
Dès 1989, la création du comité pour la relance économique et de l’emploi définit le canal comme l’axe
central pour la relance du sud ouest de Montréal.
En 1992, à l’occasion du 350è anniversaire de la fondation de Montréal, la Société du Vieux Port,
gestionnaire de cette partie du canal, procède à la restauration des écluses 1 et 2 dans le vieux port. Pierre
Bourque accède à la Mairie de Montréal avec le vaste projet du Grand Montréal bleu, projet fortement
médiatisé, dont le canal de Lachine représentait la clef de voûte. Le projet de Montréal bleu voulait
désenclaver les différents plans d’eau autour de l’île de Montréal. Le premier plan d’urbanisme de
Montréal renforce cette option.
En 1993, Parcs Canada amorce la révision de son plan directeur de 1979.
En1994 la création du Pôle des Rapides, association touristique régionale dans le sud ouest de Montréal,
aboutit et devient un acteur important de la relance.
En 1995 s’amorce la décontamination du terrain de la STELCO. Les premiers comités entre les villes et
Parcs Canada commencent à travailler avec le futur « Développement Économique Canada ». Le sommet
socio économique du sud ouest, organisé cette année, demande une intervention publique dans le cadre
du canal de Lachine. Le sommet des maires du grand Montréal confirme l’importance qu’ils attribuent au
projet du Montréal bleu et à la revitalisation du canal de Lachine.
1996 marque alors un tournant. La commission conjointe d’évaluation environnementale fédérale
provinciale statue qu’il n’y a aucun avantage économique, environnemental et social à décontaminer le
fonds du canal. Autrement dit, cet avis levait l’hypothèque environnementale en indiquant que les
projets de développement n’aggraveraient pas la situation environnementale. La Commission des lieux et
monuments historiques demande que la mise en valeur du canal, reconnu lieu historique depuis 1929,
englobe la thématique de l’industrie et particulièrement le complexe industriel de la Redpath.
1997 marque l’année des consultations publiques. Le RESO (Regroupement économique du sud ouest)
dépose son plan de développement pour le sud ouest de Montréal en confirmant le rôle de clef de voûte
attribué au canal dans toutes les interventions. Cela conduit à l’annonce officielle en avril 1997 du projet
de revitalisation du canal de Lachine.
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En résumé, quatre facteurs ont permis le démarrage de ce projet : La levée de l’hypothèque
environnementale, le rappel à Parcs Canada de sa mission de commémoration par la Commission des
lieux et monuments historiques, le projet du grand Montréal bleu qui donne une grande importance à la
revitalisation du canal, et le consensus répandu dans le milieu quant à la nécessité et l’opportunité de ce
projet.
Le canal de Lachine
Société du Havre, conférence URBA 2015, 12 décembre 2005, DEUT, UQAM
http://www.canaldelachine.com/Lecanal.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Canal de Lachine
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Description du projet
Le projet de revitalisation couvre un territoire de 14 km de longueur, un dénivelé de 14 mètres. Il
compte 5 écluses. Plusieurs administrations publiques se partagent les responsabilités. L’Agence Parcs
Canada gère l’essentiel de la voie navigable et de ses berges. La Société du Vieux Port de Montréal, qui a
restauré les écluses 1 et 2 en 1992, est responsable de ces lieux depuis 1986. La ville de Lachine contrôle
l’entrée du canal. Le territoire du lieu historique du canal ressort de nombreux intervenants tels que la
ville de Montréal et Hydro Québec.
Les objectifs de Parcs Canada étaient
relativement simples au début du
projet : Protéger et mettre en valeur
des ressources patrimoniales du
canal, ouvrir le canal à la navigation
de plaisance, compléter certains
aménagements
riverains
et
contribuer à la relance du sud ouest
de Montréal.
Les objectifs de la ville de Montréal,
responsable des abords des deux tiers
est du canal, visaient à redynamiser
le sud ouest, améliorer la qualité de
vie dans les quartiers riverains par la
bonification de l’interface entre le
canal et les lieux habités, en misant
sur son accessibilité.
Les objectifs de la ville de Lachine,
plus pointus, souhaitaient compléter
l’aménagement des espaces riverains
et les rendre accessibles à la
population.
Source : Parcs Canada
Le canal de Lachine dans le Sud-Ouest de Montréal
Les attentes du milieu, s’exprimaient
et s’identifiaient à partir de multiples
réseaux, principalement par le biais du RÉSO, en 2000, et avec la tenue du Forum du canal de Lachine.
Des chantiers ont alors étaient mis en place par le milieu pour surveiller la réalisation du projet. La
communauté voulait être partie prenante des différentes étapes du projet et s’assurer que la priorité soit
accordée au maintien et au développement des activités économiques et des emplois dans le sud ouest,
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même des emplois industriels. Elle désirait que les berges restent accessibles, publiques, dotées
d’équipements et d’activités ouvertes, disponibles, attrayantes, pour toute la population. Les projets
soumis par la communauté devaient être prioritaires, ainsi que l’importance de répondre aux besoins en
matière d’habitation pour tous.
Deux partenaires principaux financiers se partageaient le financement. Le Gouvernement du Canada a
investi 37M$, (Développement Économique Canada, Parcs Canada, Travaux Publics et la Société du
Vieux Port de Montréal de concert avec Environnement Canada et Transport Canada). Les municipalités
ont investi 65M$, principalement la ville de Montréal. Les partenaires associés au projet étaient le
Ministère québécois de la culture et des communications et celui de la Métropole. Les municipalités de
Saint Pierre, LaSalle et Verdun, les chambres de commerce et associations de gens d’affaires, le RÉSO,
l’ACSO, Héritage Montréal, le Pôle des Rapides et des promoteurs privés complétaient la liste des
partenaires impliqués.
Source : Parcs Canada
L'écluse de Saint-Gabriel du canal de Lachine
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Organisation du projet
Une équipe de projet de Parcs Canada était responsable des investissements fédéraux et une équipe de
projet municipal, issue du service des parcs, jardins et espaces verts, gérait les investissements
municipaux. Les deux équipes constituaient le comité villes - Parcs. Les promoteurs devaient aussi rendre
compte à la Table de concertation du canal de Lachine qui a joué un rôle important dès les étapes en
amont du projet. Son apport le plus efficace a constitué à rendre ce projet possible en devenant un lieu de
réseautage et un lieu de concertation. S’y sont exprimées les différentes attentes. Quatre groupes de
travail en dépendaient sur les thèmes du développement économique, de l’essor récréo tourisme, de
l’intégration sociale ainsi que de la préservation et de la promotion de la culture et du patrimoine. Parcs
Canada s’est consacré à la réfection des écluses et des murs du canal, à l’excavation du bassin Peel, à la
réfection ou à la construction de ponts et de passerelles, au dragage du chenal navigable. Il a fallu aussi
compléter des aménagements en rives.
Au chapitre de la mise en valeur du patrimoine, l’équipe de Parcs Canada a installé des îlots
d’interprétation et a défini de nouvelles activités de promotion en partenariat avec le Musée
d’Archéologie de la Pointe à Callières et le Musée McCord, telles les expositions spéciales, en 2002 et en
2003, pour expliquer et vulgariser l’histoire du canal.
Les travaux, dirigés par la ville de Montréal, concernaient les espaces riverains du canal. Six pôles
d’intervention avaient été définis, et cinq ont reçu la priorité : Peel, Saint Gabriel, Cartier, Atwater et
Gadbois. Les infrastructures, la voirie dont la réalisation d’un viaduc ferroviaire et la construction d’un
nouveau pont sur le canal, des percements de rue, les approches des ponts, la création de places et
d’espaces publics, en particulier sous le viaduc ferroviaire Peel et aux abords du marché Atwater, la
création de nombreux espaces verts, l’amorce de la mise en valeur du parc archéologique de la Pointe des
Seigneurs, les interventions sur les terrains et l’implantation du Centre d’excellence de Montréal sur la
réhabilitation des sites, constituaient l’essentiel des travaux montréalais.
À Lachine, le pont pour la marina, la passerelle, la mise en valeur du tracé de l’ancien canal et la
construction du centre de services aux visiteurs ont été réalisés. Les opérations de décontamination et de
réhabilitation du site, au cours des travaux, représentaient 12% du coût des travaux fédéraux. Un
pourcentage de 5% a été investi dans la recherche historique et patrimoniale. Un système d’information
géographique a été pour la première fois implanté dans un lieu historique de Parcs Canada.
En 2002, à l’occasion de la réouverture du canal, un événement d’importance mondiale a été organisé à
Montréal, le Congrès international des canaux. Cela traduit le fait que le canal de Lachine, très connu,
représente un exemple modèle dans le monde pour revitaliser une friche industrielle, des espaces
riverains et particulièrement le canal.
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De nombreux prix, en provenance de champs d’expertise différents ont été obtenus : Des prix en
ingénierie, en tourisme, en patrimoine, en gestion, le prix orange d’Héritage Montréal. Ceci confirme
l’aspect multidisciplinaire et multi facettes de ce projet
Aspects novateurs du projet
Le canal de Lachine dans le Sud-Ouest de MontréalIl s’agit d’un projet de requalification d’une friche
industrielle. Le bassin Peel est localisé en plein centre de la ville. Penser au canal des années 1970 et
imaginer le transformer en un ensemble récréo-touristique d’importance nationale représentait un
exercice d’imagination créatif et un pari audacieux quand le projet a été lancé en 1997. Le défi
environnemental était énorme et constituait un obstacle majeur auquel trouver des solutions inédites. La
place accordée à la protection et à la mise en valeur du patrimoine dans le projet de revitalisation
représente un aspect à souligner. Il est rare que la protection du patrimoine se retrouve dans les objectifs
fondamentaux d’un projet de cette nature. La variété des problématiques et la multidisciplinarité des
équipes ont fait du projet du canal de Lachine un projet fort intéressant à vivre et à réaliser. Le projet du
canal mérite d’être cité en exemple par l’importance et la richesse de la concertation et du partenariat et
les impacts positifs qui en ont découlé tout au long du projet. La collaboration efficace et constante entre
les villes et Parcs Canada doit aussi être mentionnée.
Montréal vu depuis le basin Peel
Source : Parcs Canada
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Les atouts, les contraintes et les difficultés de parcours du projet
Le projet de revitalisation a bénéficié de plusieurs atouts. Le consensus sur les objectifs du projet et
l’importance du canal, un milieu communautaire dynamique et structuré dans le sud ouest, la volonté
partagée de tous les intervenants d’aboutir autour d’un échéancier et d’objectifs à respecter
condamnaient les acteurs à réussir et à rouvrir le canal en 2002. La propriété presque d’un seul tenant
constituait un atout indéniable pour les aménagistes car le remembrement des terrains conduit souvent à
des délais et des mésententes entre les propriétaires. L’expertise existante autant à Parcs Canada, dans les
villes et dans le milieu était disponible. Des exemples à l’étranger, comme Lowell, au Massachusetts, un
lieu historique national sur l’industrie, et à Birmingham en Angleterre en terme d’aménagement et
d’urbanisme, ont longtemps été cités comme des exemples ayant inspiré l’approche au canal de Lachine.
Les contraintes étaient nombreuses. La coordination des interventions et de l’échéancier serré
représentait un grand défi avec un calendrier critique à respecter. Les ressources financières disponibles
se sont heurtées à une difficulté majeure avec une explosion des coûts dans certains chantiers
principalement autour de la réfection des écluses et des murs du canal. Il faut se méfier des estimés
préalables des coûts. Il fallût abandonner certains objectifs prévus pour respecter l’enveloppe budgétaire.
La problématique environnementale imposait des contraintes techniques au projet. Chaque partie des
projets incluait un aspect environnemental avec un coût important, par exemple, l’aménagement de la
Pointe des Seigneurs. Des contraintes techniques découlaient de l’action en milieu urbain, très dense,
avec ses multiples usages, nombreux ponts, la fonction d’aqueduc industriel du canal qui a des incidences
sur les locataires quand on vide le canal. Enfin, certains travaux délicats ont dû être réalisés au cœur de
l’hiver.
Leçons apprises et conclusion
Quelques leçons, de natures diverses, peuvent être tirées de l’expérience du projet de canal : Les
incertitudes liées aux estimations préalables, l’importance du consensus avant le lancement du projet, les
avantages d’un projet à l’échelle humaine, l’autonomie et le professionnalisme des équipes de travail,
l’importance de contrôler les effets pervers du développement, la problématique de la hausse des valeurs
foncières et de l’embourgeoisement (gentrification), la difficile cohabitation de certaines activités,
plusieurs illusions sur les clientèles récréatives, la force structurante d’une installation (muséale)
d’envergure pour répondre à la demande touristique 12 mois par année, font partie des principales leçons
apprises à l’occasion de la réalisation du projet. Dans tous les cas, la préservation et la mise en valeur du
patrimoine industriel ont constitué la clef du projet mais restent à défendre dans le futur.
Beaucoup reste à faire pour mettre en valeur le canal. Un complément de la phase 1, ou une 2è phase de
mise en valeur, inclurait la réfection des murs, l’édification du lien nord entre les écluses de Saint Gabriel
et de Côte Saint-Paul, l’aménagement du secteur nord du bassin Peel, la construction d’une Maison du
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canal et la mise en valeur des ressources patrimoniales, l’instauration d’un service de navettes nautique et
terrestre, l’excavation du bassin Wellington et des bassins des postes ainsi que la remise en eau du vieux
canal à Saint Gabriel.
Finalement, l’évolution de certains projets en chantier, ou en devenir, permettra de juger le succès du
projet de mise en valeur du canal de Lachine. La reconversion du silo 5 dans le Vieux Port,
l’aménagement des abords du bassin Peel, la mise en valeur des bassins des Postes, et la revitalisation du
vieux noyau industriel de Lachine contribuera à compléter l’œuvre de revitalisation et de réappropriation
d’une partie du passé maritime de Montréal.
Le conférencier
Paul Émile Cadorette est interprète principal à Parcs Canada organisme responsable du lieu historique
national du Canada, du Canal de Lachine. Cet organisme a pour objectifs de commémorer, protéger et
mettre en valeur des aspects représentatifs du patrimoine culturel et naturel afin d’en favoriser la
compréhension et la jouissance par le public. Parcs Canada gère des programmes et un réseau
d’installations dont quelques 60 parcs naturels et 240 lieux historiques nationaux. Le conférencier est
responsable des activités de communication, mise en valeur, publication et interprétation du canal
Lachine.
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