LA LETTRE DU PLU n° 6 - Ville de Saint Mandrier
Transcription
LA LETTRE DU PLU n° 6 - Ville de Saint Mandrier
LA LETTRE DU PLU n° 6 Saint-Mandrier-sur-Mer - Décembre 2013 Par décision de la Cour Administrative d’Appel de Marseille (CAA), le PLU de Saint Mandrier a été annulé. Bien évidemment, cette décision ne satisfait pas la municipalité. En revanche, ce qui conforte la commune dans son action en appel c’est que la CAA a également annulé le jugement du Tribunal Administratif de Nice, nous rendant ainsi justice. Nous reviendrons plus loin sur les conséquences du jugement. HISTORIQUE Jusqu’en 1992, le seul document d’urbanisme applicable sur le zz pour la création d’emplois : le terrain de La Marinière et le terrain territoire mandréen était le Règlement National d’Urbanisme (RNU). Ce Luco au Lazaret pour la création de la maison de retraite. règlement avait un caractère national qui ne correspondait donc pas à notre situation particulière (presqu’île, terrains militaires.) La contrepartie en avait été la préservation de notre forêt, assurée par le classement en Espaces Boisés Classés (EBC) de près de 96 % de la forêt mandréenne, la rendant inconstructible sauf procédure lourde et longue de déclassement. Tous les terrains boisés ont été soumis à un droit de préemption en cas de vente (priorité d’achat par la commune). Ce POS a été accompagné d’une notice prévoyant une population de 10 000 habitants et un règlement identique à ce qui se pratiquait dans le département. Trois grandes zones, le Pin Rolland, le village, les zones Marine Aussi, la municipalité de M. MOINE, a décidé d’élaborer un Plan d’Occupation des Sols (POS) et en a confié l’étude à la Direction Départementale de l’Équipement (DDE), service d’État. Les motivations en étaient une volonté de protection de notre presqu’île et une vision sur 10 ans de son développement. Ce POS, voté en 1992, était un bon document d’urbanisme car il représentait un consensus entre la préservation de notre forêt communale et la création d’emplois et de logements pour les Mandréens, ce qui faisait défaut dans notre commune. Ainsi, plusieurs zones bien qu’étant déjà constructibles au titre du RNU ont été clairement indiquées comme urbanisables dans ce POS avec les orientations suivantes : zz pour la création de logements : les terrains Ardissone, la zone de Cavalas, les terrains Emmanuelli derrière le port, le terrain Dubuis au centre du village, les terrains Luco et Fliche à l’entrée du Pin Rolland et surtout, pour mémoire, le terrain Juvenal ; La Pinède de Sainte-Asile Tous les terrains militaires, y compris les espaces boisés non classés, étaient constructibles pour les besoins de la Défense en sus des bâtiments et infrastructures existants, soit 280 ha constructibles. Ce POS n’a pas été attaqué à sa sortie mais 10 ans plus tard, en 2002. Une association de protection de la Presqu’île, estimant que ce POS était trop permissif, obtint d’un jugement du Tribunal Administratif l’annulation du POS sur les zones de Cavalas et d’Ardissone. En revanche, elle fut déboutée concernant les terrains Luco et Juvenal. Quelques années plus tard le conseil municipal a estimé que ce POS n’était plus adapté et que la constructibilité qu’il autorisait était trop importante au vu de la prévision d’accroissement de la population envisagée. La municipalité s’est alors engagée dans l’élaboration d’un nouveau document d’urbanisme : le Plan Local d’Urbanisme (PLU). PLU L’ instruction de ce PLU a été réalisée avec le support d’un cabinet d’urbanisme réputé sur la région pour ses compétences et choisi après une procédure de mise en concurrence. Il a fait l’objet d’une procédure longue et complexe instaurant une très large concertation. zz La procédure a duré 5 ans et les projets sont passés trois fois devant la Commission Départementale de Protection des Sites et des Espaces Naturels, présidée par M. le Préfet qui a donné un avis favorable au PLU. zz La concertation a fait l’objet de 2 expositions publiques avec vote des mandréens, 2 débats publics et 3 lettres spéciales du PLU (documents de 4 pages distribués à toute la population). zz L’enquête publique clôturant la concertation a connu une large participation citoyenne avec 799 remarques et un avis favorable au PLU à 89,3%. Les grandes orientations de ce PLU étaient basées sur une harmonisation entre création d’emplois, réalisation de logements, notamment sociaux, et préservation de notre environnement naturel et de notre patrimoine. En particulier : zz La création de logements dont certains dédiés aux jeunes ménages afin de lutter contre les fermetures de classes. zz La prise en compte du quota de logements sociaux imposés par la loi SRU. zz L’implantation de projets créateurs d’activité économique comme la reconversion de la BAN en centre de réparation navale de grande plaisance ou le projet de balnéothérapie et résidence hôtelière à la Marinière. zz La préservation de l’environnement et du patrimoine avec le projet sur la propriété JUVENAL ou le classement d’espaces naturels. zz La diminution de l’objectif du nombre d’habitants pour passer de 10 000 habitants au POS, à 7 800 pour le PLU. zz La densification du centre ville conformément à la loi Grenelle, en rendant constructible les terrains de petite capacité. zz L’inscription d’une piste cyclable en bord de mer et d’un sentier le long de la RD18 pour permettre une liaison piétonnière entre le Pin Rolland et le village. zz La mise en conformité de la zone Marine avec l’urbanisation qui y existait déjà, ou à créer pour les besoins de la Défense, avec en contrepartie le classement en zone naturelle ou espaces boisés classés de tous les autres terrains non bâtis. Projet Thalasso La Marinière, des bâtiments bien intégrés à l’existant Maison du Patrimoine Ermitage Ces orientations ont été mises en œuvre sans pour autant diminuer la partie des zones naturelles ou des espaces boisés classés. Au contraire, 107 ha ont été classés en zone naturelle sur les terrains Marine. Le PLU a été voté le 1er Octobre 2007. Il est passé au contrôle de légalité de l’Etat et le Préfet du Var qui n’y a vu aucune irrégularité pour le déférer au Tribunal Administratif, l’a rendu exécutoire. LE RECOURS Deux associations de protection de l’environnement, une départementale La commune n’ayant pas de fond de plan sur cette zone pour des et une locale, ainsi que deux particuliers ont attaqué ce PLU. raisons de sécurité militaire, a demandé à la Marine de lui fournir un plan Leurs arguments principaux étaient : définissant : zz que la commune ayant fait une ouverture à l’urbanisation de zz plus de cinquante hectares, elle aurait dû réaliser une étude environnementale zz et que les projets de balnéothérapie à la Marinière ou encore l’urbanisation de certaines zones empiétaient sur des espaces zz remarquables. les zones construites, qui représentent avec les bâtiments d’instruction, les logements militaires, les enceintes sportives, les ateliers, le restaurant d’entreprise, plus de 160 ha et qui ont été appelées UM (Urbanisée Marine) et Nx les zones à construire pour transférer la poudrière de l’ex BAN au CIN, ou de prévoir une extension de leur activité d’instruction soit 15 ha appelés UMa (Urbanisable Marine) zz les zones naturelles dont une partie est en espaces boisés classés et Sur le 1er argument de l’ouverture à l’urbanisation qui représentent plus de 88 ha, appelées N (naturelles) Il faut se rappeler que lors du passage en commission des sites, les associations, et en particulier celles qui ont attaqué le PLU, avaient La Commission Départementale de Protection des Sites et des Espaces demandé que dans le secteur Marine, constructible à 100 % dans le POS, Naturels, présidée par M. le Préfet, et comprenant les associations, a alors les zones naturelles soient mieux définies. donné un avis favorable. Le classement de NDx du POS en UM, et UMa n’est donc qu’un simple changement de terminologie et non une ouverture à l’urbanisation. En réalité, on peut constater au contraire une diminution importante des zones constructibles puisque la zone NDx du POS comprenant 250 ha a été réduite par intégration des zones N . Pourtant en page 58 du rapport de présentation du PLU, il était écrit : Ces 250 ha sont donc répartis en zone constructible U ou Nx pour 161,12 ha « Les ouvertures à l’urbanisation des zones naturelles ou agricoles totalisent et zone naturelle 88,87 ha. » une superficie de 8,4 ha. En ce qui concerne les terrains de la Défense, la totalité des terrains, 250 ha, étaient classés au POS en NDx ouvert à l’urbanisation. Cette description est sans équivoque, le PLU a permis de préserver Diverses autorisations ont permis au fil des années de construire de nombreux encore plus notre territoire en augmentant les zones naturelles civiles bâtiments et équipements qui, au titre du secret défense, ne peuvent et militaires de près de 112 ha et en diminuant fortement les zones figurer sur le présent PLU. Mais on constate néanmoins une forte urbanisation. constructibles militaires et civiles de la même surface, comme le montre En effet il existe sur l’ensemble du CIN 218.000 m2 hors œuvre représentant ce tableau : un COS de 0,13 répartis dans des bâtiments variant de R0 à R+7 (7 étages). Or, les mêmes associations qui avaient demandé que soient définies ces zones naturelles et qui ont donné un avis favorable en séance de cette Commission, ont déposé un recours considérant que le passage de NDx en UM et UMa était une ouverture à l’urbanisation. TABLEAU DES SURFACES DU PLU POS PLU Différence Zones Constructibles Civiles 183,48 ha 36 % 179,29 ha 35 % - 4,19 ha Zones Naturelles Civiles 79,13 ha 15 % 94,81 ha 18 % + 15,68 ha Zones Constructibles Militaires 250 ha 49 % 142,27 ha 28 % - 107,7 ha Zones Naturelles Militaires 0 0 96,24 ha 22 % + 96,24 ha Total des Zones 512,61 ha 512,61 ha Si sur le plan du formalisme juridique une discussion peut s’engager sur l’ouverture à l’urbanisation due à un changement d’appellation, sur le fond, c’est-à-dire sur le terrain, tous les mandréens peuvent témoigner que de nombreux bâtiments existent sur les terrains militaires puisque près de 2000 marins sont formés au CIN chaque année. Il en est de même par exemple pour les cuves à mazout du Lazaret ou les hangars de l’ex BAN. Bâtiments du CIN Sud , R+2 à R+7 étages Bâtiments école plongée, et BAN Sur le 2ème argument sur la Marinière et diverses zones Sur la création d’un centre de balnéothérapie avec résidence hôtelière à La Marinière, les associations ont considéré que ce projet portait atteinte à la pinède située en arrière du terrain alors même qu’une grande partie a été classée par nos soins en espace boisé classé pour établir un écran naturel entre les immeubles existants et les constructions envisagées. Elles ont aussi demandé que ce terrain soit classé en espace remarquable. Pourtant de remarquable, il n’ y a que des rats et des bâtiments effondrés où sont pratiquées des activités illicites. En ce qui concerne l’attaque de ces associations contre la constructibilité des terrains Ardissone , il faut se rappeler que la commission des sites, comprenant les associations, avait donné là aussi un avis favorable pour un projet de 20 villas et 8 logements sociaux. Or, faut-il le rappeler, depuis 2002 l’association locale de protection de l’environnement avait déjà sollicité la justice pour empêcher toute construction et le TA de Nice dans le préambule de son jugement de 2009 avait écrit que « tout terrain non "L’espace remarquable" de la Marinière altéré par la main de l’homme devait être déclaré comme espace naturel remarquable». Ceci excluait donc toute possibilité pour l’ensemble de terrains non construits d’une quelconque constructibilité que ce soit pour des logements ou de la création d’emplois sur les terrains visés. Si le juge administratif de 1ère instance a annulé le PLU dans son ensemble pour ouverture à l’urbanisation, pour être sûr que sa phrase en préambule soit respectée, il a de surcroît déclaré l’inconstructibilité de la Marinière, parce qu’espace naturel remarquable, ainsi que les terrains Ardissone, les terrains Fliche, les terrains de la batterie Saint Georges. Du fait de ce jugement du TA de Nice, le document d’urbanisme applicable est redevenu le POS et ainsi tous les projets inscrits au PLU tels que les logements sociaux(212), la piste cyclable en bord de mer, la reconversion de l’ex-BAN, ont purement disparu. L’APPEL La commune a décidé de faire appel, considérant que le Tribunal Administratif de Nice n’était pas compétent (il aurait dû transmettre le dossier au TA de Toulon qui venait d’être créé), que le juge avait été partial, notamment en échangeant des courriers avec les associations, courriers non communiqués à la commune, que les terrains précités n’étaient pas des espaces remarquables et que dans les faits il n’y avait pas plus de 50 ha ouverts à l’urbanisation. La Cour Administrative d’Appel de Marseille a donné partiellement raison à la commune en déclarant que le Tribunal Administratif de Nice était incompétent et en reconnaissant par la voix du commissaire du gouvernement la partialité du juge en ce qui concerne les échanges de courriers contraires aux règles en la matière. En déclarant le TA de Nice incompétent, la CAA de Marseille a cassé le 1er jugement et a ainsi rétabli, notamment, la constructibilité de la Marinière, de la batterie Saint Georges et des terrains Luco. En revanche, il n’a pas suivi les arguments de la commune sur la question des terrains militaires et a pris la décision d’annuler le PLU. Il est toutefois important de souligner que concernant les 161 ha de terrains Marine qui passaient de NDx à UM avec le PLU, la Cour Administrative Projet Ardissone : 20 villas et 2 collectifs logements sociaux d’Appel a écrit dans sa décision : « qu’il résulte clairement du procès-verbal de visite sur les lieux… que les espaces ainsi rangés en zones urbaines supportent parfois pour d’importantes surfaces, des bâtiments et infrastructures militaires, mais également des voies et divers équipements », reconnaissant ainsi la bonne foi de la commune dans ce changement de classement de zonage. Un environnement préservé CONSÉQUENCES et PERSPECTIVES Le PLU n’existe plus et seul le POS, auquel se greffent les prescriptions des jugements passés, est applicable. En outre, l’augmentation importante des zones naturelles (112 ha), la baisse de constructibilité et donc d’habitants, les emplacements réservés, règlements et zonages en faveur des logements sociaux, de la piste cyclable en bord de mer, du sentier longeant la RD18, de la densification du centre ville et de la reconversion de l’ex-BAN n’existent plus. Cependant, le dossier de centre de balnéothérapie à la Marinière et la constructibilité de l’éperon Saint Georges redeviennent possibles grâce à notre appel contre le premier jugement. Aussi, dès que la commune a eu confirmation de la décision de la CAA de Marseille, le Conseil Municipal par délibération a pris la décision de lancer deux révisions et deux modifications du POS afin de permettre de réaliser le projet de balnéothérapie sur la marinière, les logements sociaux à la BAN et la reconversion de la BAN en parc d’acivités marines. Ces procédures sont en cours, le cabinet d’urbanisme a été choisi, elles s’échelonneront sur plusieurs mois, entre 6 mois pour les plus simples, les modifications, et 14 mois pour les plus complexes, les révisions. Dans le cadre de ces procédures, les mandréens seront consultés. La municipalité a également pris la décision de ne pas engager une nouvelle procédure d’élaboration de PLU pour tenir compte des prochaines échéances électorales. Ainsi il appartiendra au Conseil Municipal issu des élections municipales de mars 2014 de procéder au lancement d’une nouvelle procédure de PLU.