Méthodologie des Essais thérapeutiques
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Méthodologie des Essais thérapeutiques
2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Objectifs pédagogiques Citer les différentes phases de l’expérimentation thérapeutique et leur stratégie respective (objectifs, principaux aspects méthodologiques…) Définir la notion de placebo et son intérêt Expliquer l’intérêt d’effectuer une randomisation dans les essais comparatifs Citer et définir les moyens permettant d’assurer le maintien de la comparabilité des groupes dans les essais comparatifs Citer les paramètres intervenant dans le calcul du nombre de sujets nécessaires (NSN) et expliquer de quelle façon ils influencent le NSN Méthodologie des Essais thérapeutiques Dr MC Picot - CHU Montpellier Dr P. Fabbro-Peray - CHU Nîmes MB6 – 2010-2011 1 2 Objectifs pédagogiques Plan Définir la notion de critère de jugement principal et secondaire Introduction générale sur l’évaluation thérapeutique Essais comparatifs – généralités Essais comparatifs – points clés méthodologiques Essais comparatifs – « designs » particuliers Essais comparatifs - protocole Argumenter le choix des critères de jugement Définir le principe d'un essai de supériorité, d’un essai de non infériorité 3 Définir le principe d'un essai en cross-over, en parallèle, en cluster Citer les éléments qui doivent être définis dans le protocole d’un essai thérapeutique Définir les principaux biais rencontrés dans les essais thérapeutiques comparatifs Citer les principaux aspects éthiques et réglementaires des recherches biomédicales M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 4 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Exemples Objectif d’un essai thérapeutique Élargissement des indications : Essai de prévention Nouvelle indication d’hypocholestérolémiant : « prévention de l’infarctus du myocarde et réduction de la mortalité chez le coronarien avéré ayant une hypercholestérolémie modérée à sévère» Évaluer une procédure thérapeutique appliquée en clinique humaine pour une pathologie donnée Efficacité et tolérance de la Tacrine à fortes doses dans le traitement des formes légères à modérées de maladie d’Alzheimer ⌧ En terme d’EFFICACITE ⌧ En terme de TOLERANCE 5 Gain thérapeutique souvent faible nécessité d’une méthodologie rigoureuse pour mettre en évidence l'intérêt d'un nouveau traitement 6 Les essais thérapeutiques des médicaments Les enjeux Nécessité pour le clinicien de savoir critiquer les essais thérapeutiques et interpréter leurs résultats Phases d’expérimentation d’un médicament (très encadré par la loi) Essais proposés le plus souvent par l’industrie pharmaceutique Le médecin doit préserver son indépendance dans ses choix thérapeutiques Essais pré-cliniques Essais cliniques Tout essai thérapeutique est une recherche sur l’être humain d’où l’existence de Problèmes éthiques 7 Observer une rigueur extrême à toutes les étapes du protocole : Méthodologie adaptée et respect des Bonnes Pratiques Cliniques (BPC) M-C PICOT ; P Fabbro-Peray ⌧ ⌧ ⌧ ⌧ Phase I Phase II Phase III Phase IV 8 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Phase pré-clinique : les pré-requis Difficultés : Est-ce extrapolable à l'homme ? Nécessité de procéder par étapes : l’évaluation d’un nouveau médicament chez l’homme comporte classiquement 4 phases cliniques Expérimentation chez l'homme parfois débutée avant la fin des expérimentations animales (toxicité chronique) : Avant d'essayer un médicament sur l'homme : Ä Expérimentation rigoureuse en laboratoire in vitro et chez l’animal (selon les exigences de la CEE) pour évaluer ⌧ Qualité du traitement proposé (dossier analytique) ⌧ Efficacité potentielle et mode d'action (pharmacologie) ⌧ Nocivité (toxicologie) : • Aiguës (2 espèces, 2 voies) si bonne tolérance aiguë et subaiguë (J30) chez l’animal si autorisée par le Comité de Protection des Personnes (CPP) selon loi Huriet-Serusclat + loi de santé publique du 9 août 2004 sur Recherches Biomédicales – DL50 : dose létale pour 50% des animaux, DL0, DL100 – Conditions et causes de la mort • Cumulée (2 espèces, 1 voie, 3 doses) : au long cours • Tolérance locale (cutanée ...) • Mutagenèse (2 tests), cancérogenèse, tératogenèse, reproduction, 9 Année Universitaire 2010 - 2011 10 PHASE 2 PHASE 1 Administration à des malades pour une première évaluation de l’efficacité pharmacologique 1ère administration à l’Homme = volontaires sains (sauf pour des thérapeutiques tels que les anticancéreux) pour étudier : Recherche des propriétés thérapeutiques : efficacité Recherche de la relation dose-effet : l’ effet augmente t’il en fonction de la posologie? Recherche de la posologie optimale et du mode d’administration optimal (rythme et durée) la tolérance (fixer les limites de la toxicité) les réactions chez l’homme (dose minimale active, cinétique du médicament, biodisponibilité....) Conclusion : passer ou non aux essais de phase II 11 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 12 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 PHASE 3 PHASE 4 Pharmacovigilance : Après mise sur le marché Détection des effets indésirables rares ou tardifs Phase de l’ Essai comparatif : Pour étudier les propriétés du médicament par rapport (possibilité de modifier l’AMM) 1. à un placebo (dénué d’activité pharmacologique) 2. à ceux déjà existants (traitement de référence) Exemple du VIOXX ⌧ 30 septembre 2004, arrêt mondial de la commercialisation de Vioxx (rofecoxib) ⌧ Existence d’un sur-risque cardio-vasculaire du rofecoxib pris à long terme doit apporter la preuve de l’efficacité du médicament (1) et/ou de sa supériorité par rapport au médicament de référence (2) (imputation causale) 13 Attribution ou non de l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) si rapport bénéfice-risque acceptable Déclaration des effets adverses des médicaments par les médecins 14 Conclusion essais de phases 1 à 3 À un centre de pharmacovigilance Aux Départements de pharmacovigilance des laboratoires pharmaceutiques ESSAIS COMPARATIFS Phase III pour les médicaments Ä AMM Peuvent aussi comparer : Méthodologie différente selon les phases Doivent toujours faire l’objet d’un protocole écrit Doivent se dérouler dans le respect de la réglementation Des techniques chirurgicales ⌧ Ex : Laparotomie versus coelioscopie dans la chirurgie du kc de la prostate Des techniques médicales ⌧ Ex : Comparaison de deux voies d’abord des infiltrations intrarachidiennes dans les lombalgies récidivantes 15 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 16 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Essais comparatifs: pourquoi faut-il comparer? Essais comparatifs Des stratégies +/- complexes de prise en charge ⌧Ex: en post infarctus, comparaison de la stratégie « agressive » : coronarographie + revascularisation par angioplastie systématique versus stratégie conventionnelle: coronarographie + revascularisation seulement si récidive ischémique ou épreuve d’effort + L’administration d’un nouvel antiviral à un patient souffrant d’un rhume a été suivi de la guérison du patient Des mesures préventives (essai de prévention) ⌧Ex: comparaison du fondaparinux versus enoxaparin preopératoire pour la prévention des thromboses veineuses profondes dans la chirurgie de prothèse totale de hanche Des mesures d’éducation pour la Santé ⌧Ex: Comparer un groupe bénéficiant de séances d’éducation thérapeutique à la prise des corticoïdes et/ou bêta-mimétiques inhalés versus un groupe recevant une information « classique » dans la prise en charge des patients arrivant aux urgences pour décompensation asthmatique 17 Année Universitaire 2010 - 2011 … Ä La guérison peut elle être attribuée au traitement? NON Quid de l’évolution naturelle de la maladie 18 But essai comparatif (suite) But essai comparatif Démontrer Doit permettre l’imputation causale : soit l’efficacité d’un nouveau traitement par rapport à un placebo (substance dénuée d'activité pharmacologique mais perçue par le patient comme un traitement) soit (le plus souvent) sa supériorité par rapport à un traitement de référence (traitement considéré comme le meilleur ou reconnu par l'usage) C’est bien le nouveau traitement qui a entraîné l'amélioration = jugement de causalité Essais dits « de supériorité » Avec le minimum observées : Il existe aussi des essais de non infériorité Place du nouveau thérapeutique traitement M-C PICOT ; P Fabbro-Peray dans l’arsenal sur les valeurs ⌧supériorité observée mais due au hasard (risque α) ⌧ou supériorité non mise en évidence (risque β) = jugement de signification (statistique) Réalisés dans des circonstances particulières (cf designs particuliers) 19 d’erreur 20 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Comment obtenir l’imputation causale? Année Universitaire 2010 - 2011 Comment obtenir l’imputation causale? pour le jugement de causalité : pour le jugement (statistique) : En comparant 2 groupes qui ne diffèrent que par le traitement Le seul moyen d’obtenir 2 groupes de patients aussi semblables que possible est d’ attribuer le traitement par tirage au sort à chaque patient inclus X C’est la randomisation de signification En incluant un nombre suffisant de patients dans l’essai de façon à minimiser les risques d’erreur statistique α et β Exemple: Résultats de la comparaison de 2 antibiotiques: (Cf calcul du nombre de sujets nécessaires) ⌧ dépendent de l’efficacité des antibiotiques ⌧ mais aussi des germes présents (facteurs de confusion) qui peuvent être très variables d’un groupe à l’autre si aucune précaution particulière pour définir a priori les groupes comparés n’a été prise 21 22 ESSAIS COMPARATIFS 1. Comparabilité initiale des groupes POINTS CLÉS MÉTHODOLOGIQUES Pourquoi le tirage au sort? 1. Comparabilité initiale des groupes La randomisation ou TAS Chaque patient, quelles que soient ses caractéristiques, doit avoir la même probabilité de recevoir un traitement ou l’autre 2. Maintien de la comparabilité des groupes au cours de l’essai L’aveugle L’analyse en Intention de Traiter (ITT) 3. Pertinence de la mesure d’efficacité du traitement Le choix et moment de mesure du critère de jugement principal 4. Avoir une puissance statistique suffisante Le calcul du NSN Garantie d’imprévisibilité du traitement 5. Mesurer l’impact du traitement 23 Indices de mesure de l’efficacité M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 24 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Que fait le tirage au sort ? (2) Que fait le tirage au sort ? (1) Donc il équilibre la répartition des facteurs pronostiques (connus ou inconnus) entre les groupes comparés Il supprime les biais de sélection Ex: Un nouveau traitement présentant d’importants effets secondaires sera plutôt prescrit aux malades Exemple : conséquences de l’absence de TAS ⌧ susceptibles de mieux le supporter ⌧ ou pour lesquels l’espoir de guérison est faible avec l’ancien traitement Groupe de référence historique (traité dans une période antérieure) Les traitements concomitants ont pu évoluer avec le temps Influence la réponse au traitement Groupe de référence géographique (autre service, autre hôpital,…) : Le recrutement des sujets peut être différent (gravité, CSP,…) Ä Si le choix du traitement est défini par le médecin, les deux groupes ne seront pas comparables Ä Une différence constatée à la fin de l’essai pourrait n’être que la répercussion de la différence initiale entre les 2 groupes et non l’effet du traitement 25 Dans les deux cas Ä égalité de répartition de tous les facteurs pronostiques (de confusion) peu probable 26 Exemple Que fait le tirage au sort ? (2) 1970 – 1980 : Chirurgie préventive des AVC chez les patients ayant une obstruction de la carotide interne : anastomose temporale superficiellecarotide interne (base physiologique et parallèle avec le pontage aortocoronarien) Suivi de cohortes évaluées rétrospectivement Essai randomisé 1377 malades inclus. Tt chirurgical vs médical 27 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Exemple : Essai de comparaison de deux chimiothérapies des cancers du sein Malades opérés : évolution favorable / non opérés ⌧ Ganglions histologiquement envahis = facteur pronostique majeur non mesurable sans chirurgie ⌧ Mais chirurgie ganglionnaire non prévue : Augmentation de la mortalité immédiate (AVC) dans le groupe chirurgie : Aucun bénéfice à long terme dans le groupe chirurgie Grâce à la randomisation : malades porteurs de ganglions envahis répartis équitablement entre groupes comparés 28 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Le TAS : comment ? Le TAS : comment ? Comment? Le médecin doit ignorer quel traitement le patient recevra quand il décide de son inclusion Randomisation centralisée +++ ⌧Pour garantir l’imprévisibilité ou assignation secrète du traitement ⌧Numéro ou nature du traitement obtenue par contact avec le centre de randomisation & après enregistrement du patient à inclure Assignation secrète du traitement Exemple : Essai contrôlé randomisé : appendicectomie sous cœlioscopie versus appendicectomie par laparotomie • Téléphone, Serveur vocal, Fax, Internet +++ La liste du TAS doit être tenue par le centre coordonnateur de l’essai et non par celui qui inclut les patients Difficulté d’inclusion des patients la nuit Méthodes adéquates • Absence d’un chirurgien capable de faire une appendicectomie sous cœlioscopie la nuit • Problèmes d’organisation liées à la durée d’une appendicectomie sous cœlioscopie la nuit ⌧ Table de permutation (=table de nombres au hasard) ⌧ Programme informatique +++ Méthodes inadéquates le médecin peut être tenté de ne pas inclure le patient s’il peut connaître à l’avance son groupe de randomisation 29 ⌧ Ex: Traiter par A les sujets dont le nom commence par une lettre de la première partie de l’alphabet, et par B les autres : attribution prévisible 30 Le TAS : Quand ? Caractéristiques possibles du TAS (1) Stratifié Au moment de l’inclusion La stratification consiste à séparer les patients selon certaines caractéristiques (=f. pronostique ou f. de confusion) constitution de listes distinctes de TAS pour chacune des strates équilibrer les deux groupes de traitement au sein de chaque strate Objectifs : Force la comparabilité : équilibre au mieux sur un facteur pronostique important ( la variabilité et la puissance) pour chaque sujet éligible, après vérification des critères d’inclusion le plus tard possible juste avant la 1ère prise de son traitement pour éviter au maximum que des sujets randomisés ne prennent pas le traitement prévu par la randomisation ⌧Retrait de consentement ⌧Survenue d’évènements qui les rendent non éligibles ⌧… 31 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 32 Remarque : dans un essai multicentrique, le centre est toujours une variable de stratification (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Stratification : exemple Année Universitaire 2010 - 2011 Caractéristiques possibles du TAS (2) Pour un même centre Stade avancé de la maladie 1 A 2 A 3 B 4 Equilibré par bloc Stade modéré de la maladie 1 TAS équilibré par bloc de x sujets entre deux groupes B 2 B 3 A B 4 A 5 A 5 B 6 B 6 A 7 A 7 B 8 B 8 A 33 au bout de x sujets, on a x/2 sujets dans chacun des deux groupes : Taille des blocs = multiple du nombre de bras Intérêt : permet de ne pas déséquilibrer les groupes même si les centres n’incluent pas au même rythme 34 Le tirage au sort est-il éthique ? Randomisation par blocs : exemple Centre 1 Blocs de 4 35 1 A 2 A 3 B 4 B 5 A 6 B 7 A 8 B 9 B 10 B 11 A 12 A 13 B 14 A 15 B 16 A M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Un essai comparatif représente la façon la plus éthique de juger un nouveau traitement à deux conditions : Les connaissances actuelles ne permettent pas de déterminer quel est le traitement le plus efficace Le médecin ne peut prendre de meilleure décision thérapeutique que celle de persuader le malade de participer à l’essai : 36 (m.e.l. Lipcom - 240910) L’essai réalisé permettra, par la valeur de la méthodologie employée, de répondre de façon aussi convaincante que possible au problème thérapeutique posé Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques 2. Maintien de la comparabilité des groupes Au cours du déroulement de l’essai, de nombreux phénomènes peuvent modifier unilatéralement les groupes à comparer : Moyens pour maintenir la comparabilité des groupes thérapeutiques complémentaires surveillance irrégulière disparition des sujets … 37 Perte de la comparabilité des groupes lors de l’analyse la différence finale observée ne pourra être attribuée à la seule différence de traitement Essai en aveugle Analyse en intention de traiter (ITT) 38 Aveugle Comment obtenir l’aveugle ? Mener l’essai en «double aveugle» (ou double insu) Méthodes pour obtenir l’aveugle plus ou moins complexes Traitements à comparer indiscernables pour le patient comme pour le médecin et l'équipe soignante Cette technique permet : Traitements médicamenteux ⌧ Formes identiques dans les groupes de traitement (forme, couleur, odeur, goût, fréquence et mode d’administration) ⌧ Comportement identique vis à vis des malades tout au long de l’essai ⌧ Evaluation neutre donc objective de l'efficacité des traitements et des effets secondaires 39 Année Universitaire 2010 - 2011 contrôle certains biais d’information M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Traitements non médicamenteux ⌧ Dispositif ou appareils médicaux inactifs (appareil éteint …) ⌧ Chirurgie : simulations de l’intervention 40 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Alternatives au double aveugle Et si le double aveugle est impossible? Pour des raisons éthiques ou matérielles, parfois impossible à mettre en place, dans ce cas : Simple aveugle Le patient est en aveugle Le médecin connaît le groupe de traitement du patient Éviter toutes déviations au protocole Suivre tous les malades entrés dans l’essai sans exception (même si non-respect de protocole) Quand ce n’est pas possible Avoir des critères de jugement aussi objectifs que possible ou faire évaluer les résultats par un observateur ignorant le traitement administré (lecture aveugle) L’essai est dit « ouvert » 41 42 Analyse en intention de traiter Exemple Un nouvel antidépresseur N est comparé à un antidépresseur standard S Malgré toutes les précautions prises, des écarts au protocole peuvent survenir : Arrêt prématuré ou absence de prise du traitement Prise du traitement de l’autre groupe Prise d’un traitement interdit Sujet inclus à tort Non présentation aux visites de suivi : Perdus de vue … Critère de jugement principal : Non réponse au traitement (amélioration < 2 points du score de dépression) En réalité, N et S ont la même efficacité, mais : Ces écarts peuvent être en rapport avec l’effet du traitement : 43 Le patient arrête son traitement car efficacité ressentie comme insuffisante Le patient arrête son traitement parce qu’il est guéri Traitement mal toléré M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 44 ⌧Le nouveau traitement est moins bien toléré ⌧La survenue d’un effet indésirable entraîne plus souvent l’arrêt du traitement chez les patients en échec thérapeutique ⌧Si on retire de l’analyse les patients ayant arrêté le traitement avant la fin prévue, Taux d’échec plus faible avec le nouveau traitement (différence significative) (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Analyse en intention de traiter Analyse en intention de traiter (« Intention to treat analysis » = ITT Sorties d’étude : Patients retirés de l’essai après randomisation pour une raison quelconque Principe : Tous les patients randomisés doivent être suivis : écarts au protocole Jusqu’à la fin de l’essai ou jusqu’à l’observation du critère de jugement Et analysés dans leur groupe de randomisation quels que soient les écarts au protocole ⌧arrêt de traitement ⌧inclusion à tort ⌧… c’est un choix d’analyse a priori et exclus de l’analyse Ä risquent d’introduire un biais par destruction de la comparabilité initiale des groupes issus de la randomisation = biais d’attrition Pour éviter ce biais Permet de se rapprocher de la « vraie vie » (essai pragmatique) Problème lié aux données manquantes sur le critère de jugement principal (critère non mesuré pour raison technique, refus du patient à se soumettre Ä Analyse en intention de traiter « Intention to treat analysis » = ITT 45 à l’examen…) Cependant plus il y aura d’écarts au protocole, plus la validité des résultats sera contestable Si trop de données manquantes : l’analyse en ITT ne permet pas de garantir l’absence de biais d’attrition (lié aux sorties d’étude) 46 Autre type d’analyse Chronologie de l’essai Population source critères d’inclusion vérifiés critères d’inclusion non vérifiés Randomisation Groupe traité A Groupe contrôle B NA NB Aveugle Résultats de A Résultats de B NA NB 47 ITT Administration du traitement Évaluation du critère de jugement Prise en compte des perdus de vue M-C PICOT ; P Fabbro-Peray A contrario, l’analyse « Per protocol » n’inclut que les patients qui ont suivi le traitement dans les « règles de l’art » sélectionnés sur la base d’informations acquises après randomisation TOUJOURS PROSPECTIF INCLUS Analyse « PER PROTOCOL » NON INCLUS ⌧Exclusion des arrêts de traitement pour effets secondaires ou autre motif ⌧Exclusion des modifications de posologie ⌧Exclusion des non obseravnts Explore plutôt l’efficacité « théorique » (étude des mécanismes) ⌧Le traitement est-il efficace chez les patients qui le tolèrent ? introduction d’un biais d’attrition puisqu’il n’y a plus comparabilité initiale des groupes Analyse per protocol peut être faite en complément de l’ITT (objectif secondaire) 48 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Exemple Patients randomisés : Effectif Fréquence non répondeurs Fréquence répondeurs Nouveau traitement Traitement standard 1000 10%(n=100) 90%(n=900) Risque relatif de non réponse 1000 10%(n=100) 90%(n=900) REPONDEURS NON REPONDEURS Effectif analysé Taux de non répondeurs Risque relatif de non réponse 49 Chronologie de l’essai Population source Nouveau trt et trt standard ont la même efficacité: RR=1 critères d’inclusion vérifiés Critère jugement : -Tx d’échec thérapeutique = non répondeurs Randomisation INCLUSION 1 Patients analysés après exclusion des patients ayant arrêté le traitement: Tx d’arrêts chez les répondeurs Tx d’arrêts chez non répondeurs Année Universitaire 2010 - 2011 13%(n=117) 26%(n=26) 2%(n=18) 4%(n=4) 783 74 857 8,6% 882 96 978 9,8% Nouveau trt moins bien toléré : - Plus d’arrêts - Plus d’exclusions de l’analyse 8,6/9,8 = 0,88 SOURCE: M. Cucherat, 2004 Groupe traité A Suivi des patients Résultats de A «Outcomes» ou « Endpoints » Critères sur lesquels est jugée l’efficacité du traitement : ⌧Exemple : Pour juger de l’efficacité d’un nouvel antiépileptique : ⌧% de réduction de la fréquence des crises à 6 mois ⌧Disparition complète des crises à 6 mois (oui/non) M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Évaluation du critère de jugement Résultats de B Choix des critères de jugement o Définir le critère de jugement principal et des critères secondaires o Ces critères de jugement peuvent OBJECTIFS (fiables et reproductibles) : être o Durée de survie (cancérologie) Différents types de critères : l’intérêt des résultats dépend de leur pertinence clinique 51 Administration du traitement Analyse (ITT) 50 3. Pertinence de la mesure d’efficacité Les critères de jugement Groupe contrôle B o Paramètres biologiques o Poids… 52 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Type de critères de jugement Choix des critères de jugement Critères cliniques : variables selon l’objectif thérapeutique Situation D'autres sont SUBJECTIFS : o Amélioration ou régression d’un symptôme : o Douleur o Handicap fonctionnel o Mesure de la qualité de vie (Scores) Objectif thérapeutique Pathologie aiguë spontanément Diminuer durée Sinusite d’évolution résolutive Durée de la maladie Pathologie aiguë résolutive pouvant se compliquer Zona Éviter la survenue de complications Situation à risque Prévention Iaire : Fréquence des complications Dl post-zoster Coronarien éviter évènements Prévention IIaire → Définir la méthode de mesure en utilisant des échelles ou des méthodes préalablement validées 53 Prévenir les récidives Maladie chronique Diabète Prévenir les complications Retarder complication ou la fréquence Infection Maladie chronique ou aiguë Traitement symptom. Diminuer intensité symptôme, améliorer la qualité de vie Type de critères de jugement Lombalgies Critère clinique HTA Pression artérielle Evénements coronariens, AVC Dépression Score de dépression Normalisation du score de dépression Rhumatisme inflammatoire VS Handicap fonctionnel Ostéoporose Densité osseuse Fracture du col du fémur Le critère intermédiaire n’est pas une preuve directe d’efficacité : le lien entre ce critère et l’efficacité clinique doit avoir été prouvé 55 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Taux de récidive Nature des critères cliniques Critères intermédiaires : paramètres biologiques ou physiologiques liés au mécanisme d’action du traitement Critère intermédiaire Diminuer la fréquence des évènements IDM AVC 54 Pathologie Critères Évènements cliniques et délais d’apparition de l’évènement (Données censurées) Critères composites 56 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Nature des critères cliniques Nature des critères cliniques Évènements cliniques : présence/absence de l’évènement Délai d’apparition de l’évènement : intérêt si la date de l’évènement étudié peut être identifiée avec précision Mesuré par la fréquence de survenue appelée risque Exemple : Survenue d’un infarctus du myocarde (IDM) pour évaluer un traitement antihypertenseur ou un hypocholestérolémiant Exemples : la survie événement étudié : le décès événement étudié : la récidive la survie sans récidive la durée écoulée jusqu'à consolidation d'une fracture La pertinence clinique du critère dépend de sa définition et des modalités de mesure (performances diagnostiques) : IDM défini uniquement par une élévation enzymatique IDM défini par des signes cliniques et électriques 57 Un test diagnostique peu spécifique dilue l’effet du traitement par la présence de faux positifs Un test peu sensible, du fait des faux négatifs, empêche la mise en évidence de l’effet du traitement 58 Caractéristique principale de ce type de variable : sujets perdus de vue au cours du suivi l'événement n'est pas encore survenu au moment de l'analyse ⇒ Observations incomplètes = données censurées Nature des critères cliniques Nature des critères cliniques Critères composites : prend en considération simultanément plusieurs évènements cliniques Les variables avec données censurées pourraient être considérées comme : Exemple : Évènement coronarien majeur : infarctus du myocarde (IDM), décès, nécessité de revascularisation Survie sans progression : délai jusqu’à survenue du décès ou de la progression de la maladie nécessitant un traitement Une var. qualitative : % de décès à date fixe (décès < 5 ans oui/non) Une variable quantitative : Durée de survie Intérêts : Perte d'information et introduction de biais : Regrouper des évènements ayant la même valeur clinique en termes d’efficacité du traitement : Malades perdus de vue non pris en compte dans l'analyse Risque de décès peut varier au cours du temps En cas de variables censurées, seules les méthodes dites d'analyse de données de survie sont valides (la plus utilisée : 59 Méthode de Kaplan Meier) M-C PICOT ; P Fabbro-Peray ⌧Exemple : Dans un essai de prévention du risque coronarien par un hypocholestérolémiant, IDM non mortel ou décès coronariens correspondent à un échec de la prévention (or le fait que l’évènement soit mortel dépend d’autres facteurs : délai prise en charge, traitement phase aiguë…) 60 Augmenter la puissance de l’effet : fréquence du critère composite > fréquence de chaque évènement pris isolément (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 4. Avoir une puissance statistique suffisante Nature des critères cliniques Inconvénients des Critères composites : Si regroupement d’évènements de pertinence clinique variable ⌧Exemple : Nombre de sujets nécessaire (NSN) : Dans un essai sur les antiagrégants plaquettaires dans les angioplasties, la réduction significative de la fréquence du critère « Décès ou revascularisation ou pose d’un stent » ne démontre pas l’aptitude du traitement à diminuer la mortalité or, la mortalité = critère clinique le plus pertinent calculé à partir du critère de jugement principal en fonction des données de la littérature ou de résultats préliminaires (étude pilote...) Difficultés d’interprétation : ⌧Si l’effet du traitement n’est pas uniforme sur les différentes composantes du critère composite Faire l’analyse pour chaque évènement 61 Le calcul du nombre de sujets à inclure permet de garantir la puissance nécessaire pour conclure 62 Calcul du nombre de sujets nécessaire Calcul du nombre de sujets nécessaire Dépend des risques d’erreur statistiques consentis : 1. Risque α : Conclure à une différence entre les 2 traitements alors qu’elle n’existe pas : habituellement choisi à 5% = risque de 1ère espèce 2. Risque β : Ne pas mettre en évidence une différence entre les 2 traitements alors qu’elle existe : habituellement choisi à 10% = risque de 2ème espèce Dépend également de : 3. La différence minimale cliniquement intéressante à mettre en évidence entre les 2 traitements (ou gain minimum espéré) pour le critère de jugement principal 4. La variabilité de la réponse (critère de jugement) dans les groupes de malades étudiés : variabilité entre les sujets (variance σ2) 5. Conditions particulières : (1- β) = PUISSANCE de l'essai (probabilité de déceler 63 une différence qui existe) M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 64 • hypothèse uni- ou bilatérale • équilibre des effectifs • analyse intermédiaire et analyse séquentielle • stratification sur des facteurs pronostiques (analyse par sousgroupes) (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Calcul du nombre de sujets nécessaire 5. Expression des résultats Ce nombre est d'autant plus important que : Indices de mesure d’efficacité La différence que l'on veut déceler est petite La dispersion (ou variabilité) des résultats est Pour Quantifier l’efficacité d’un traitement = (« effect size magnitude ») : grande Les risques d'erreur choisis sont faibles 65 66 Analyse : Indice d’efficacité Analyse : Indice d’efficacité Critère binaire (suite) : DR : Différence des risques ou bénéfice absolu Critère binaire : ⌧ DR = r1 – r0 RR et RRR : 67 ⌧Risque (incidence du critère de jugement) ⌧Risque relatif : risque sous traitement divisé par le risque sans traitement ⌧Réduction relative du risque (RRR) : (1 – RR) × 100 Ex. : traitement étudié 8% de décès, traitement contrôle : 15% RR = 0,08 / 0,15 = 0,53 RRR = (1 – O,53) × 100 = 47% , le traitement entraîne une réduction de la fréquence de l’évènement de 47% M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Ex. : DR = 0,08 – 0,15 = - 0,07 soit – 7% effet bénéfique : le traitement évite la survenue de 7 évènements pour 100 patients traités NNT (« Number needed to treat ») : ⌧ Nombre moyen de sujets qu’il est nécessaire de traiter avec le nouveau traitement pour éviter un évènement = Inverse de la différence des risques Ex. : NNT = 1 / - 0,07 = - 14 il faut traiter en moyenne 14 patients pour éviter 1 évènement 68 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Analyse : Indice d’efficacité Analyse : Indice d’efficacité Critère continu : Différence absolue des moyennes en fin d’essai : Critère continu (suite) : (y1 – y0) Différence des changements entre début et fin d’essai : Ex. : Antihypertenseur étudié et placebo Différence de Pr artérielle systolique : 120 - 135 = -15 mm d’Hg (y1 – x1) - (y0 – x0) Différence relative des moyennes en fin d’essai : Ex. : (120 -140) – (135 – 141) = -20+6 = -14 mm d’Hg [(y1 – y0) / y0] Ex. : (120 - 135) / 135 = -11% Le traitement entraîne une baisse relative moyenne de 11% de la PAS 69 70 1. Essai d’équivalence ou de non infériorité ESSAI COMPARATIF: «DESIGNS PARTICULIERS» Objectif Montrer que 2 traitements sont équivalents en termes d’efficacité clinique : le nouveau n’est pas significativement inférieur ou supérieur au traitement standard ET que le nouveau traitement présente certains avantages : 1) Essai d’équivalence clinique 2) Essai en clusters ⌧Plus facile d’utilisation (monoprise vs multi.) ⌧Meilleure tolérance ⌧Plus faible coût … 3) Essai en cross-over 72 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Remarque : Essais d’équivalence clinique ≠ essais de bio-équivalence (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Principe 2. Essais en cluster Recherche d’une équivalence relative : Lorsque l’affectation individuelle du traitement ou de l’intervention à évaluer est impossible ou difficile ⌧Montrer que 2 traitements ne sont pas trop différents : la différence reste inférieure à un seuil préalablement fixé : Quantité d’efficacité que l’on accepte de perdre compte tenu des avantages du nouveau traitement Exemple : Campagne de prévention sur les risques liés aux comportements sexuels : Randomiser les lycées qui bénéficieront ou non de la campagne de prévention Randomisation de « clusters » (groupes) Seuil relatif de 10 à 20% : peut entraîner une variation relative de la fréquence du critère de jugement de 10% (ou de 20%) Pourquoi randomiser des clusters ? Risque de contamination entre les groupes à comparer +++ ⌧Groupe contrôle informé du programme éducationnel Essai d’équivalence et essai de non infériorité : Niveau d’application de l’intervention ⌧La non-infériorité correspond à une équivalence unilatérale : le nouveau traitement n’est pas inférieur au traitement standard 73 ⌧Interventions sur les médecins ou des équipes soignantes Meilleure observance (groupe) Contraintes logistiques (équipement …) 74 Exemple Risque de contamination Etude EFFORT Lié aux échanges entre les médecins de la ville en dehors du cadre spécifique de l’étude Formation des dermatologues libéraux à la prescription d’isotrétinoïne (Roaccutane®) dans le traitement de l’acnée sévère chez les femmes en âge de procréer Contre-indiqué pendant la grossesse (tératogène) Critère de jugement : conformité des ordonnances + prescription de contraception efficace + compréhension de la patiente 26 villes françaises randomisées – 285 ordonnances analysées 75 Source : Coustou et al. JDP 2006. Paris 5-9/12/06 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Randomisation des villes : Un cluster = Tous les dermatologues de la ville 76 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 3. Essais croisés (en cross-over) Conséquence statistique Définition : Tous les patients reçoivent tous les traitements administrés à des périodes successives l’ordre d’administration est randomisé Les observations d’un même cluster sont plus semblables que les observations de clusters distincts données corrélées Patients 1,2,5 Tenir compte de cette corrélation dans la planification et l’analyse : calcul du NSN majoré par le facteur d’inflation [1+(n-1)ρ] Patients 3,4,6 Placebo Traitement actif Traitement actif Placebo Coeff corrélation intra classe 77 temps 78 Période 1 Période 2 Limites : Avantages : Le critère de jugement doit être intermédiaire : Pas de possibilité de prendre le décès ou la survenue d’un événement ou la guérison Sujet pris comme son propre témoin L’ effet du traitement doit être réversible Ex : Tension artérielle ⌧ Disparition des effets rapides Diminution de la variabilité inter traitement ⌧ Efficacité d’apparition rapide ⌧Essai plus puissant que l’essai à bras parallèles à effectifs égaux Une période de lavage pharmacocinétique et pharmacodynamique (‘washout’) entre les 2 périodes d’ administration du traitement est nécessaire pour retour à l’état de base ⌧Réduction du nombre de sujets nécessaire / essai à bras parallèles : La maladie doit être stable : chronique, sans poussées Il ne doit pas y avoir d’interférence entre ordre d’administration et effet des traitements => pas d’interaction 1 sujet compte au minimum pour 2 sujets dans un essai en groupes parallèles 79 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray Le nombre de perdus de vue doit être limité après la première période sinon on perd les informations de la 2ème période 80 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 ESSAI COMPARATIF : LE PROTOCOLE S’utilisent aussi pour les essais sur les organes doubles Attention : le traitement ne doit pas avoir d’effet systémique Le protocole est le texte de référence à respecter scrupuleusement ⌧Exemple en Ophtalmologie • Test des 2 traitements chacun sur un œil en randomisant l’œil Il permet d'éviter toute ambiguïté et interprétation ultérieure ⌧Exemple en Dermatologie • Test des 2 traitements chacun sur un des hémicorps en randomisant l’hémicorps 81 JUSTIFICATIONS DU PROJET Le protocole est le document écrit qui définit en détail o Justifications (connaissances actuelles, intérêts …) Objectif de l'étude Méthodologie Permet de poser une hypothèse originale Informe sur difficultés rencontrées dans les autres études et sur les méthodes utilisables Type d'étude (design) Population (critères inclusion – non inclusion) Traitements Critères d'évaluation Calcul du NSN & Analyse statistique o M-C PICOT ; P Fabbro-Peray UTILITE ou PERTINENCE du projet pour la pratique médicale : Retombées pour le patient Objectif thérapeutique opportun pour la maladie Importance dans la discipline Organisation pratique Aspects éthiques et obligations légales Résultats attendus et perspectives 83 Revue détaillée des connaissances actuelles sur le problème : BIBLIOGRAPHIE o FAISABILITE : 84 (m.e.l. Lipcom - 240910) Fréquence de la pathologie Contexte de l’étude : population, organisation, cadre... Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques OBJECTIFS DU PROJET Année Universitaire 2010 - 2011 Médicament étudié OBJECTIFS DU PROJET : Exemple Un objectif principal : Plan expérimental l’objectif de ce projet est d’évaluer, dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé, l’efficacité de l’antalgique X sur l’intensité des douleurs articulaires chroniques post-traumatiques chez des patients hospitalisés en rhumatologie Hypothèse de recherche médicalement "intéressante", c'est à dire susceptible d'apporter une réponse au minimum utile, si possible décisive ou nouvelle Clairement formulé et précis : • médicament étudié • critère de jugement • plan expérimental • contexte Critère de jugement Contexte Limité à une seule question 85 Des objectifs secondaires 86 Méthodologie schéma d’étude Méthodologie (« Design ») Population de l’étude Avec ses caractéristiques o o o o o Obtenir un échantillon représentatif de la population cible (essai pragmatique) : N’utiliser que les critères de sélection indispensables pour définir cette population Si essai explicatif (expliquer des mécanismes) : sélectionner un groupe de patient le plus homogène possible (forme clinique, localisation, gravité, absence de toute comorbidité, pas de traitements concomitants…) Contrôlé Randomisé Ouvert / Simple ou double aveugle Mono ou multicentrique Autres caractéristiques : Plusieurs bras Groupes croisés « Cross-over » (/ parallèles) Stratification : randomisation dans chaque strate Cluster 87 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 88 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Critères d’inclusion et de non inclusion Critères d’inclusion et de non inclusion Par rapport à la pathologie : ⌧histologie, stade, état hormonal, (bactériologie...) ⌧Préciser si limité : Aux pathologies nouvellement diagnostiquées Patient traités pour la première fois Aux cas sans pathologie associée Aux cas sans traitement concomitant… Année Universitaire 2010 - 2011 Par rapport à l’hôte ⌧Caractéristiques générales : âge ? Sexe ?... ⌧Les patients doivent être capables de recevoir indifféremment l'un ou l'autre des traitements tirés au sort biologie 89 Ne pas inclure si contre-indications à l’un ou l’autre des traitements, si insuffisances hépatiques ou rénales... ⌧Les malades doivent pouvoir être suivis (exclure les sujets dont la résidence est éloignée) et être en état de répondre aux questions 90 Méthodologie Méthodologie Traitements à comparer entre les groupes Traitements à comparer entre les groupes Traitement à tester Prévoir les traitements complémentaires associés : doivent être les mêmes dans les 2 groupes Définir les conditions d'administration : ⌧Le décrire avec les modalités d’administration • posologie, rythme et voie d’administration, durée totale du traitement, technique chirurgicale… ⌧en simple aveugle : le malade ignore le traitement reçu ⌧en double aveugle : malade, médecin et équipe soignante ignorent le traitement reçu Traitement du groupe contrôle ⌧Le définir • Soit Traitement de référence reconnu efficace et communément Les modalités d'administration et le conditionnement doivent administré (bibliographie) • Soit Placebo • Soit Exceptionnellement : absence de traitement alors être strictement identiques et indiscernables (voies, – Ex.: traitement adjuvant après exérèse chirurgicale d’une tumeur ⌧Le décrire avec les modalités d’administration 91 • posologie, rythme et voie d’administration, durée totale du traitement, technique chirurgicale, M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 92 (m.e.l. Lipcom - 240910) fréquence, emballage …) Cette technique permet : - comportement identique vis à vis des malades tout au long de l’essai - évaluation neutre de l'efficacité des traitements et des effets secondaires Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Méthodologie Méthodologie Caractéristiques de la randomisation Critères de jugement Centralisée : 1 seule liste (si 1 liste par centre : possibilité de prise de connaissance anticipée : biais) Par bloc : équilibre les inclusions entre les 2 bras à comparer Stratifiée : en fonction d’un facteur pronostique ou pour tester l’hypothèse dans des sous-groupes : une liste de randomisation par strate 93 Année Universitaire 2010 - 2011 Principal Secondaires Décrire avec précisions les méthodes de mesure de chaque critère 94 Méthodologie Méthodologie Calcul du NSN Analyse statistique avec sa justification 1.Description de la population réellement incluse dans l’essai (graphique de flux des patients, « flow chart ») : Description des écarts au protocole : • sujets inclus à tort, • Sorties d’étude : perdus de vue (taux de perdus de vue = reflet de la qualité de l'essai) ⌧ Effet attendu du nouveau traitement ⌧ Risques alpha et puissance 95 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 96 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Année Universitaire 2010 - 2011 Évalués pour l’inclusion N = Méthodologie Exclus N = Ne remplissent pas les critères d’inclusion N = Refusent de participer N = Autres raisons N = CONSORT STATMENT JAMA Analyse statistique 2. Vérification de la comparabilité des groupes Randomisés N = Traitement A N = Ont reçu le traitement alloué N = N’ont pas reçu le traitement alloué N = (Donner les raisons) Perdus de vue N = (Donner les raisons) Arrêt du traitement N = (Donner les raisons) Perdus de vue N = (Donner les raisons) Arrêt du traitement N = (Donner les raisons) Inclus dans l’analyse Exclus de l’analyse 97 (Donner les raisons) Inclus dans l’analyse N = Exclus de l’analyse N = (Donner les raisons) N = N = 3. Comparaison des résultats des groupes en fonction des critères de jugement de l'efficacité avec tests appropriés Préciser la population d’analyse : en Intention de Traiter++++ Traitement B N = Ont reçu le traitement alloué N = N’ont pas reçu le traitement alloué N = (Donner les raisons) 4. Comparaison des effets secondaires 98 Aspects éthiques & obligations légales Organisation pratique de l’essai Ethique : principes Modalités de recueil des données Pour respecter l’éthique, les conditions suivantes doivent être remplies : Elaborer un cahier d’observation Permet un recueil standardisé (standardisation d'autant plus rigoureuse que l'étude est multicentrique) ⌧ 1 - L’essai ne peut être entrepris que s’il existe au départ un équilibre entre les avantages et les inconvénients éventuels des traitements à comparer = Balance Bénéfices-Risque favorable ⌧ 2 - L’essai doit être conduit selon une méthodologie scientifiquement rigoureuse dans un milieu médical compétent et bien équipé ⌧ 3 - Le consentement libre, éclairé et exprès du malade doit être obtenu La qualité de l’information recueillie dépend de la manière de poser les questions 99 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 100 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MB6 – Epidémiologie Recherche Clinique – Essais thérapeutiques Aspects éthiques & obligations légales Année Universitaire 2010 - 2011 Aspects éthiques & obligations légales Ethique : obligations légales Ethique : obligations légales Respect de la loi Huriet-Serusclat du 20 décembre 1988 et de la loi de santé publique d’août 2004 (décret Juin 2005, application oct. 2005 : Transposition des directives européennes) sur la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales : Avis favorable de la Commission Nationale de l’Informatiques et des Libertés (CNIL) ⌧précautions prises pour sauvegarder la confidentialité et le secret médical (Traitement automatisé de données nominatives ayant pour fin la recherche dans le domaine de la santé) Protocole soumis au CPP (Comité de Protection des Personnes) Renforcement du rôle des CPP : Avis obligatoirement favorable Adaptation des règles de consentement et de participation des personnes vulnérables Mise en place d’un répertoire public des recherches biomédicales en cours Autorisation obligatoire de l’autorité compétente : AFSSAPS …(Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) 101 ⌧Données nominatives ou indirectement nominatives • Définition par la loi « informatique et libertés », art. 4 • Sont réputées nominatives les informations qui permettent – sous quelque forme que ce soit, directement ou non, – l’identification des personnes physiques auxquelles elles s'appliquent 102 Essai thérapeutique comparatif : Conclusion Références bibliographiques La valeur d’un essai thérapeutique dépend autant de la qualité du suivi des malades et des données recueillies que de la stratégie de départ Cucherat M., Lièvre M. Leizorovicz A. and Boissel J.P. Lecture critique et interprétation des résultats des essais cliniques. Paris, Flammarion, 2004 Une analyse statistique peut toujours être refaite, des données manquantes peuvent parfois être récupérées mais un mauvais protocole est irrécupérable Bouvenot G. et Vray M. Essais cliniques : Théorie, pratique et critique. Statistiques en biologie et en médecine. Paris, Flammarion Médecine Sciences, 4ème édition, 2006 103 M-C PICOT ; P Fabbro-Peray 104 (m.e.l. Lipcom - 240910) Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes