HISTOIRE DES ARTS (œuvre n° 4/5 en histoire

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HISTOIRE DES ARTS (œuvre n° 4/5 en histoire
HISTOIRE DES ARTS (œuvre n° 4/5 en histoire-géographie, M. Prévost)
Auguste PERRET (1874-1954) : La reconstruction de la ville du Havre (1945-1964)
1. Présentation de
l'architecte
français
Auguste Perret
Auguste Perret est né le 12
février 1874 à Ixelles près de
Bruxelles en Belgique. Son
père, Claude Perret, tailleur de
pierres, et sa mère, PaulineLucie Lorimey, sont tous deux
originaires de Paris. Auguste
fait ses études à l’école des
Beaux-arts de Paris puis
s’associe avec ses frères
Gustave et Claude pour créer
une entreprise d’architecture. En 1913, sa première grande réalisation est le théâtre des Champs-Élysées à Paris,
construit en béton armé, auquel il applique un style rappelant le classicisme français. Sa célébrité devient de plus en plus
importante dans les années 1920 et 1930. Il édifie à cette période, avec son frère Gustave, l’église Notre-Dame du
Raincy (près de Paris), appelée parfois la « Sainte-Chapelle du béton armé ». À partir de 1930, il enseigne à l’école
spéciale d’architecture et devient membre de l’Académie des Beaux-arts en 1943 pendant l’Occupation. Il édifie ainsi la
Tour Perret à Amiens. Après la deuxième guerre mondiale, il obtient le chantier de reconstruction de la ville du
Havre, presque entièrement détruite par les bombardements. Il meurt le 25 février 1954 à Paris (16ème arrondissement),
avant la fin du chantier de reconstruction.
2. Historique de la ville du Havre, de sa
destruction en 1944 et de sa reconstruction
La ville du Havre est aujourd’hui, avec une agglomération
d’environ 300.000 habitants, l’une des principales villes de
France, elle est située en Normandie dans le département de
la Seine-Maritime à l’extrémité de l’estuaire de la Seine en
bordure de la Manche et à environ 200 km à l’ouest de Paris.
Le Havre a été fondé en 1517 par le roi de France François
Ier, le mot « Havre » signifiant « Port » (comme dans
l’expression « un havre de paix »). La ville connaît une
croissance démographique très importante aux 18ème et 19ème
siècles, en raison de son port, un des plus grands de France.
Le Havre, la rue de Paris vers 1900
En 1789, le port du Havre est le deuxième port de France après Nantes. La ville devient en 1800 une sous-préfecture du
département de la Seine-Maritime. Au 19ème siècle, elle s’embellit de grands boulevards et de beaux édifices.
Pendant la Seconde guerre mondiale, les Allemands occupent Le Havre à partir de 1940 et y construisent une série de
blockhaus, partie intégrante du mur de l’Atlantique. La Résistance y est très active. La ville est plusieurs fois bombardée,
à la fois par les Allemands et par les Anglais. Le bombardement le plus terrible a lieu les 5 et 6 septembre 1944 par
les Anglais. Le bilan est très lourd pour la ville qui en ressort totalement meurtrie : 5.000 morts, 80.000 sans abris, 150
hectares de la ville totalement rasés et 12.500 immeubles détruits. Le port est entièrement dévasté. C’est donc une ville en
ruine qui est libérée par les Alliés le 12 septembre 1944. Le général de Gaulle visite le 7 octobre 1944 la ville, qui recevra
la Légion d’honneur le 18 juillet 1949 pour « l’héroïsme avec lequel elle a supporté les destructions ». Le ministère de la
Reconstruction et de l’Urbanisme du GPRF confie à l’atelier d’Auguste Perret la tâche de reconstruire la ville. Le
chantier débute dès 1945 et s’achève en 1964, après la mort de Perret. La reconstruction est classée patrimoine mondiale
de l’humanité par l’UNESCO en 2005 en soulignant « l’exploitation novatrice du potentiel du béton ».
3. Description et analyse de la reconstruction du Havre
Auguste Perret obtient la charge d’un chantier immense. Le centre-ville du Havre est en effet détruit à près de 100 %.
Perret ne songe pas à reconstruire la ville ancienne comme elle était, mais à créer une ville complètement neuve et
remodelée, y compris le plan des rues. La ville va être reconstruite en béton armée.
Vue de la ville du Havre (quartier Saint-Joseph) à l’hiver 1944-1945 après les bombardements anglais
À l’origine, Auguste Perret était plutôt attiré par les constructions hautes, type gratte-ciels. Mais en 1945, il change d’avis,
soulignant que « l’homme a besoin de garder contact avec le sol » : ses immeubles ne dépasseront donc pas 6 étages.
Le plan des rues :
Les rues du centre-ville du Havre reconstruit suivent un plan orthogonal
géométrique et ne reprennent pas le plan ancien, sauf là où se trouvent quelques
très rares monuments anciens qui ont survécu, comme la cathédrale NotreDame. Le « Triangle monumental » correspond aux trois artères principales de
la ville que sont la rue de Paris, l’avenue Foch et le boulevard François Ier. La
rue de Paris relie l’hôtel de ville au nord au front de mer au sud, c’est une rue
commerçante pour laquelle Perret s’est inspiré de la rue de Rivoli à Paris car elle
est bordée par une galerie semi-ouverte. L’avenue Foch relie l’hôtel de ville à
la Porte Océane à l’ouest, elle est l’une des avenues les plus larges d’Europe et
les immeubles qui la bordent sont décorés par des bas-reliefs représentant des
grandes figures de l’histoire du Havre. Enfin, le boulevard François Ier relie la
Porte Océane au nord-ouest au front de mer au sud-est. Le plan des rues,
orthogonal en damier, permet des alignements de façade avec des tracés
aérés et rectilignes, qui accentuent la luminosité.
Les immeubles :
Les habitations construites par Auguste Perret sont de 5 étages environ. Ces
immeubles sont des copropriétés privées ou des logements sociaux. Les
logements sont conçus essentiellement pour la classe moyenne. Ils sont très
lumineux grâce aux fenêtres en hauteur qui laissent largement entrer la
lumière, ils sont équipés de caves, de parkings souterrains, de vide-ordures, de
placards encastrés, de chauffage collectif, et même d’ascenseurs pour les
immeubles faisant plus de quatre étages. Ils correspondent totalement aux
besoins de la population à partir des années 1950. Un « appartement témoin
Perret » est depuis 2006 un musée de la ville du Havre consacré à l’architecture.
Le monument emblématique, l’église Saint-Joseph :
L’église Saint-Joseph est le monument le plus emblématique créé par Auguste
Perret au Havre. Cette église a été conçue à la fois comme un lieu dédié au culte
catholique, bien sûr, mais aussi comme un lieu de mémoire aux victimes de la
guerre. Les travaux durent de 1951 à 1956, l’inauguration a lieu en 1957 et
l’église est consacrée en 1964 par l’archidiacre du Havre. Elle est, dès 1965,
inscrite sur la liste supplémentaire des monuments historiques, puis dotée d’un
orgue à tuyaux en 2005. Possédant une tour-clocher octogonale de 107 mètres,
elle fait partie des plus hautes églises d’Europe.
Église Saint-Joseph du Havre la nuit
4. Accueil, interprétation et évolution de l’œuvre d’Auguste Perret au Havre
Après le grand enthousiasme de l’inauguration, l’œuvre d’Auguste Perret est longtemps décriée, en raison de la
mauvaise image que prennent progressivement les constructions en béton. Le regain d’intérêt intervient dans les
années 1990, accentué par la décision de l’UNESCO de classer le centre-ville du Havre au patrimoine mondial de
l’humanité le 15 juillet 2005, soulignant « un exemple exceptionnel de l’architecture et de l’urbanisme d’aprèsguerre » et saluant « l’exploitation novatrice du potentiel du béton ». Ce classement, très rare pour des réalisations
contemporaines, a considérablement renforcé l’attrait touristique pour la ville du Havre.