N - Edimark
Transcription
N - Edimark
N O U V E A U C O N C E P T Thérapie génique des cancers : enjeux et perspectives ! R. Rousseau* U n très petit nombre de maladies est imputable à un défaut génétique isolé. En revanche, une plus large proportion de maladies, en particulier les cancers, peut être attribuée à l’interaction de plusieurs gènes, défectueux ou non. Fait remarquable, la correction d’anomalies génétiques n’est qu’une seule des applications potentielles de la thérapie génique. Plus importante sera sans doute la possibilité d’utiliser le transfert de gènes comme un moyen de délivrer des molécules d’intérêt de façon ciblée, de marquer des cellules pour pouvoir suivre leur comportement et leur devenir in vivo, de changer le comportement d’un type cellulaire donné en modifiant ses caractéristiques ou en lui en apportant d’autres. Dès lors que l’on considère l’ensemble de ces possibilités, le champ d’application du transfert de gènes devient bien un moyen d’intervenir sur la plupart des pathologies humaines. La réalisation de ces objectifs impose toutefois l’amélioration des techniques de “vectorologie” actuellement disponibles. Ainsi, de nombreuses stratégies thérapeutiques obligent à délivrer un gène d’intérêt de façon ciblée avec un rendement de transfert élevé. Le ciblage ne s’arrête pas à la pénétration de la membrane cellulaire, le matériel génétique devant le plus souvent pénétrer jusqu’au noyau cellulaire pour pouvoir s’y exprimer durablement. Si l’objectif recherché est une expression prolongée du gène d’intérêt, l’ADN de ce gène doit alors nécessairement s’intégrer dans le génome de la cellule hôte, idéalement en un site connu, voire choisi. De plus, le ou les gènes transférés doivent pouvoir répondre de façon appropriée aux signaux cellulaires de régulation pour que le produit de ces gènes soit synthétisé en temps et en quantité appropriés. Nous sommes loin d’avoir répondu à tous ces impératifs techniques. À ce jour, l’application de la thérapie génique en santé humaine a largement été gouvernée par la nécessité d’adapter les désirs des investigateurs aux impératifs des technologies disponibles. Ces contraintes mises à part, plus de 300 protocoles de “thérapie” génique anticancéreuse ont été approuvés. Les premiers résultats ont démontré un véritable potentiel pour cette approche. Cet article fait le point sur les méthodes de transfert de gènes et les stratégies de la thérapie génique à visée anticancéreuse. *Center for Cell and Gene Therapy (Pr Malcolm K. Brenner), Texas Children’s Cancer Center/Baylor College of Medicine, Houston, Texas, États-Unis. 160 VECTEURS : PROPRIÉTÉS, CARACTÉRISTIQUES ET FACTEURS LIMITANTS Seuls quatre systèmes ont véritablement été testés chez l’humain : rétrovirus, adénovirus, virus adéno-associés et liposomes. Chacun a des avantages et des inconvénients propres (tableau I), mais aucun ne possède véritablement toutes les caractéristiques du vecteur idéal. Celui-ci (tableau II) pourrait être défini par les critères suivants : – ciblage spécifique du type cellulaire visé puis, idéalement, du compartiment cellulaire où est recherchée l’expression du gène d’intérêt. Si le gène transféré (transgène) doit s’intégrer dans le génome de la cellule hôte afin d’en permettre une expression durable, l’intégration doit alors être stable et le site d’intégration doit être connu. Cette intégration ne doit en aucun cas perturber les fonctions vitales du cycle cellulaire ; elle ne doit pas, en particulier, être mutagène (mutagenèse insertionnelle) ; – efficacité : le rendement de transfert doit être élevé, limitant le nombre de particules à administrer. Le transfert du gène d’intérêt doit conférer aux cellules modifiées (transduites) un avantage sélectif sur les cellules non transduites. Il convient de garder à l’esprit que la confection des produits du transfert de gène suit les critères stricts de l’industrie pharmaceutique (“bonnes pratiques de fabrication”). De plus, la nécessité de pallier un faible rendement d’expression du gène d’intérêt par une augmentation de la production de particules virales (titre viral) expose à des limitations d’ordre technique, voire financier ; – innocuité : le transfert de gène à visée thérapeutique ne doit pas conduire à l’émergence de pathologies secondaires chez le sujet traité. Il est inacceptable d’exposer l’environnement à ces vecteurs porteurs de séquences modifiées d’ADN et de prendre le risque de recombinaisons incontrôlées. Le transfert doit être strictement limité aux cellules somatiques de l’hôte, sans en affecter la lignée germinale ni en modifier le patrimoine génétique ; – contrôle : tant en termes de quantité que de durée de l’expression du transgène. À la différence des maladies héréditaires par défaut génétique constitutionnel, pour lesquelles une correction durable est indispensable, l’expression du transgène d’intérêt dans le traitement des cancers ne doit probablement être que transitoire, tout du moins jusqu’à l’éradication de la tumeur primitive et de ses éventuelles métastases. Un certain nombre d’études précliniques a démontré que l’expression prolongée et/ou trop élevée du produit du gène transféré peut s’avérer source de pathologies secondaires inacceptables. La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 Tableau I. Principales caractéristiques des vecteurs actuellement autorisés en pratique clinique ou à l’étude. Vecteur Rétrovirus Avantages Inconvénients – Intégration dans le génome de l’hôte. Expression prolongée dans les cellules en division – Non toxique en l’absence de virus helper – Grande variété de cellules cibles potentielles – Infecte uniquement les cellules en cycle – Rendement de transfert généralement faible – Transfert limité à 8-9 kb d’ADN – Intégration au hasard dans le génome de l’hôte : risque de mutagenèse insertionnelle – Instabilité rendant impossible l’administration directe in vivo Adénovirus – Transfert de 15 kb d’ADN – Grande variété de cellules cibles potentielles – Possibilité de produire de larges quantités de virus – Stabilité autorisant l’administration in vivo – Expression élevée du transgène – Pas d’intégration dans le génome de l’hôte : pas de risque de mutagenèse insertionnelle – Expression transitoire du fait de la non-intégration dans le génome de l’hôte – Hautement inflammatoire et immunogène, rendant difficile l’administration répétée – Risque de recombinaison en cas d’exposition au virus sauvage avec possibilité de rétablir une infectiosité du virus utilisé pour le transfert Virus adéno-associé (AAV) – Non toxique (pas d’association connue en pathologie humaine) – Intégration spécifique dans le génome de l’hôte en un site connu (chromosome 19) – Stabilité autorisant l’administration in vivo – Grande variété de cellules cibles potentielles – Rendement d’infection faible imposant l’utilisation d’un grand nombre de particules virales – Faible fréquence d’intégration dans le génome de l’hôte – Nécessite l’aide de molécules produites par des adénovirus pour s’introduire dans la cellule cible – Préparation très difficile de grandes quantités de virus Difficulté d’obtention de préparations ne contenant pas de virus helper (adénovirus nécessaires à la confection des AAV) – Taille limitée du transgène Liposomes – Non toxique – Administration répétée possible – Constitutivement non infectieux – Faible rendement de transfert – Instable in vivo – Expression transitoire Lentivirus – Infection de cellules quiescentes – Intégration dans le génome de l’hôte – Ciblage possible par modification des protéines d’enveloppe – Risque théorique de recombinaison avec le virus sauvage hautement pathogène – Spécificité restreinte aux cellules CD4 positives (en l’absence de modification de l’enveloppe) – Expression instable du transgène Herpèsvirus – Importante capacité d’emport (30 kb) – Manipulations faciles – Titres viraux élevés – Latence prolongée (neurones) – Absence d’intégration dans le génome de l’hôte – Effet cytopathogène important (1re génération) – Prévalence élevée de sujets séropositifs – Réactivation possible de la souche sauvage latente Tableau II. Caractéristiques requises pour un vecteur idéal. – Fréquence élevée d’infection des cellules cibles – Intégration efficace (si une expression prolongée du transgène est recherchée) – Avantage sélectif sur les cellules non transduites – Expression adéquate du transgène pour pallier le phénotype de la maladie – Expression stable et régulable du transgène dans le type cellulaire souhaité – Événement génétiquement neutre (pas d’infection des cellules germinales) La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 La recombinaison homologue visant à remplacer en lieu et place un gène défectueux par un gène sain est en théorie le moyen de correction idéal des défauts génétiques possédant une régulation complexe. En effet, le néogène se trouve alors à une place adéquate dans le génome de l’hôte, sous le contrôle de mécanismes de régulation appropriés. Les techniques de transfert de gènes employées actuellement utilisant toutes des virus modifiés ou des méthodes physiques, il est impossible, à ce jour, dans un contexte clinique, de cibler le transfert du néogène afin qu’il prenne la place précise de son homologue défectueux. 161 N O U V E A U Vecteurs rétroviraux Le virus de la leucémie murine de Moloney (MoMuLV) est le chef de file des rétrovirus utilisés en vectorologie (1). Le virus modifié est dit défectif : il n’effectue qu’un seul cycle intégratif et ne se reproduit pas à l’intérieur de la cellule hôte, ne donnant pas naissance à de nouvelles particules virales. Le risque à éviter est de voir un virus se propager de façon incontrôlée, tant chez l’hôte que dans l’environnement. Les rétrovirus défectifs sont obtenus en remplaçant leurs gènes de structure par le gène d’intérêt, en ne conservant que les séquences régulatrices nécessaires à son expression. Une lignée cellulaire dite de packaging est utilisée durant le processus de production afin d’apporter en trans les molécules nécessaires à l’empaquetage des virions. Les caractéristiques de ces lignées obligent à ce que trois recombinaisons successives aient lieu, événement hautement improbable, afin qu’un virus mutant apparaisse. La présence ou l’absence, à la surface de la cellule cible, de récepteurs pour les protéines d’enveloppe du virion en définit le spectre. Il est possible d’étendre le spectre d’infectabilité en modifiant ces protéines d’enveloppe. Un autre écueil à l’utilisation des rétrovirus est la nécessité d’induire la mitose pour que le virus pénètre le noyau de la cellule cible et y intègre éventuellement son génome. Or, les cellules hématopoïétiques, candidates évidentes d’un transfert du gène stable et durable (par exemple pour en étudier la descendance après réimplantation in vivo, ou pour tenter de corriger des défects génétiques congénitaux), sont le plus souvent quiescentes. L’adjonction de cytokines, de molécules d’adhésion et de stroma nourricier dans les milieux de culture tente d’induire leur entrée en division et ainsi de permettre leur transduction par les vecteurs rétroviraux. Malgré des résultats encourageants dans les cellules souches hématopoïétiques murines, avec des rendements de transfection de l’ordre de 20 à 50 %, les essais chez le primate et chez l’homme sont beaucoup plus décevants, l’efficacité atteignant péniblement 10 % des cellules. Cependant, des travaux récents (1 bis) tout à fait élégants en matière de correction d’un déficit immunitaire congénital (X-SCID) montrent qu’il est possible d’obtenir des taux de transfection proches de 50 % dans des progéniteurs hématopoïétiques humains. En résumé, les avantages des rétrovirus recombinants sont l’homogénéité et les titres élevés des particules virales obtenues dans les surnageants de cultures productrices, et en théorie l’absence de virus helper susceptible de contaminer le stock viral. De nombreux problèmes demeurent quant à l’utilisation des vecteurs rétroviraux en pratique clinique, en particulier le faible rendement de transfection des cellules souches hématopoïétiques, le faible niveau et l’irrégularité de l’expression du transgène une fois intégré et le risque théorique de mutagenèse insertionnelle (2). Vecteurs adénoviraux La plupart des vecteurs adénoviraux sont modifiés de manière à supprimer leur gène codant la protéine précoce E1, indispensable à la réplication virale, et sont ainsi défectifs (3). De nombreuses tentatives d’amélioration des capacités d’emport des 162 C O N C E P T adénovirus sont à l’étude (4-7). Les adénovirus ont l’avantage de pouvoir infecter un grand nombre de types cellulaires et, à la différence des rétrovirus, ils sont capables d’infecter les cellules quiescentes dotées des récepteurs de surface adéquats (8) (coxsackie virus-adenovirus receptor [CAR] et récepteurs des αv intégrines). Ces vecteurs, quoique raisonnablement stables in vivo, sont le plus souvent administrés in situ. Les exemples d’essais en clinique comportent le transfert de gènes dans l’épithélium bronchique [gène CFTR dans la mucoviscidose (9, 10)] et dans le foie (gènes des facteurs VIII et IX dans l’hémophilie A et B), avec un succès mitigé. Bon nombre de types cellulaires tumoraux peuvent également être infectés (11). Pour les types cellulaires résistants à l’infection adénovirale, des travaux très intéressants démontrent qu’il est possible de rediriger l’adénovirus (12-14) vers d’autres récepteurs membranaires, en particulier au moyen d’anticorps bispécifiques reconnaissant à la fois le récepteur et des éléments de la capside virale (15-17). Des taux de transfert significatifs ont ainsi pu être obtenus, faisant renaître l’intérêt des vecteurs adénoviraux pour des applications cliniques ciblant des cellules jusque-là résistantes à l’infection adénovirale, notamment certaines cellules hématopoïétiques. L’ADN adénoviral n’est pas intégratif. Il est retrouvé dans le noyau de la cellule hôte sous la forme d’un épisome, le plus souvent perdu au cours des divisions cellulaires successives. L’expression du transgène est donc transitoire, même dans les cellules se divisant peu ou ne se divisant pas. Les vecteurs adénoviraux classiques ne sont donc pas utilisables dans des applications cliniques requérant une expression stable et prolongée du transgène. Une autre limitation majeure à l’utilisation des vecteurs adénoviraux est leur forte immunogénicité (18, 19), qui empêche leur réadministration, stratagème pourtant envisagé pour pallier leur expression transitoire. Le risque théorique de recombinaison avec un adénovirus endogène conduisant à l’émergence d’un mutant réplicatif est une autre préoccupation. Cependant, aucune des études cliniques menées jusqu’à présent n’a confirmé ces craintes (20). Finalement, le large éventail de cellules susceptibles d’être infectées par les vecteurs adénoviraux peut s’avérer être une limitation à leur administration systémique lorsqu’un ciblage dans un tissu spécifique est recherché. Vecteurs adéno-associés Les virus adéno-associés (adeno-associated virus ou AAV) ne peuvent assurer leur cycle réplicatif qu’en présence d’un virus auxiliaire, qui peut être un adénovirus, un herpès simplex ou le virus de la vaccine. Les AAV possèdent un large éventail de cellules cibles. Une de leurs propriétés remarquables est la potentialité d’intégration du génome viral en un site spécifique du chromosome 19 humain (21) conduisant à un état de latence virale. L’efficacité de l’AAV à transduire et à s’intégrer dans le génome de la cellule hôte est démontrée pour de très nombreux types cellulaires. L’AAV est capable de s’intégrer tant dans les cellules en cycle que dans les cellules quiescentes, étendant l’éventail des types cellulaires susceptibles d’être infectés (22-24). À la différence de l’AAV sauvage, les La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 mutants recombinants semblent s’intégrer de façon aléatoire. Plusieurs études démontrent que les AAV recombinants subsistent majoritairement sous forme épisomale durant quelques jours à quelques semaines. L’intégration dans le génome de la cellule hôte semble donc être un événement rare. Cette intégration annoncée comme l’un des avantages majeurs de l’utilisation de ce vecteur n’a jamais été clairement démontrée autrement que dans des études in vitro. Les seules études in vivo ont été réalisées chez la souris, et l’absence de site d’intégration murin équivalent à celui retrouvé sur le chromosome humain 19 rend délicate l’extrapolation de ces études. Ce système conserve néanmoins l’avantage d’être non pathogène et de pouvoir s’intégrer dans des cellules quiescentes, dont les cellules souches hématopoïétiques. L’AAV recombinant est non immunogène chez la souris. Il est fort probable, sachant la forte prévalence de l’infection par AAV chez l’humain, que la plupart des individus développent une immunité contre ce virus “déjà vu” par leur système immunitaire. D’autres inconvénients majeurs existent, en particulier l’absence de système efficace d’empaquetage et la taille relativement modeste de l’ADN exogène. Son intérêt en pratique clinique a donc longtemps été ignoré et reste actuellement encore très limité (25). De nombreux modèles animaux sont cependant porteurs d’espoir : transduction élevée et prolongée dans le muscle (jusqu’à 18 mois chez la souris ; expression à long terme de facteur IX dans un modèle canin d’hémophilie B), dans le système nerveux central (effet thérapeutique dans un modèle de maladie de Parkinson chez le primate ; restauration de neurones photorécepteurs fonctionnels dans un modèle murin de dégénération rétinienne), dans le foie (diminution transitoire mais significative de la glycémie dans un modèle de souris diabétique). La faisabilité et l’expression prolongée (6 mois), chez le lapin et le singe, du transfert du gène codant pour la protéine CFTR ont conduit à la mise en place d’un essai de phase I, actuellement en cours chez des patients atteints de mucoviscidose (26). Liposomes Les complexes cationiques ADN-liposomes fusionnent avec la membrane cellulaire lipidique puis suivent la voie de l’endocytose. L’ADN relargué par les endosomes peut, dans certains cas, traverser la membrane nucléaire et être transcrit au sein du noyau de la cellule hôte. L’ADN transféré par cette méthode ne peut pas s’intégrer durablement dans le génome de la cellule hôte, malgré les nombreuses tentatives d’adjonction de ligands divers et variés. L’avantage majeur des liposomes est leur absence de toxicité, autorisant des administrations répétées (27). Des rendements élevés de transfection ont été obtenus pour certains types cellulaires (28). Les préparations actuellement disponibles sont instables in vivo et ne semblent pas pouvoir être administrées de façon optimale par voie systémique. Cependant, des tentatives d’injection in situ dans des cellules de mélanome ont montré une expression significative du transgène (en l’occurrence HLA-B7) permettant l’obtention, certes partielle, d’une réponse spécifique immunitaire et antitumorale (29). La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 Autres vecteurs en cours de développement préclinique Lentivirus Les lentivirus appartiennent à la famille des rétrovirus. Le chef de file en est le VIH, responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (sida). Ce virus peut s’intégrer durablement dans le génome de cellules quiescentes en l’absence de toute mitose. Cette capacité en fait un vecteur remarquable, bien qu’il ait fallu franchir des barrières éthiques et psychologiques pour pouvoir l’utiliser en clinique. Un essai de phase I utilisant un vecteur lentiviral est actuellement soumis à l’approbation de la Food and Drug Administration pour une étude chez des patients déjà séropositifs pour le VIH. Le VIH sauvage infecte préférentiellement les cellules porteuses de CD4 (lymphocytes T auxiliaires). Cette caractéristique supplémentaire en fait un vecteur attractif pour les applications ciblant cette population, mais peut s’avérer un obstacle à son utilisation dans d’autres types cellulaires (30). Afin d’en étendre le spectre aux cellules CD4 négatives, des lignées cellulaires humaines recombinantes pour des séquences du rétrovirus MoMuLV classique ont été soumises à plusieurs infections par le VIH. Les virions obtenus comportent un mélange de protéines d’enveloppe issues des deux virus sans qu’il y ait véritablement eu de recombinaison entre les deux génomes rétroviraux (31). Les virions ainsi produits ont un spectre de cellules cibles élargi par rapport au spectre usuel du VIH sauvage, ce qui n’est pas sans poser des interrogations d’ordre éthique. Récemment, des techniques de transfection transitoire ont permis l’obtention d’un système permettant une plus grande flexibilité dans le choix du type d’enveloppe virale du pseudo-VIH. Notamment, la substitution au gène env du VIH de celui d’autres virus à ARN permet d’en modifier radicalement le spectre. Ainsi, la glycoprotéine du virus de la stomatite vésiculeuse (VSV-G) a pu être introduite à la surface de la capside d’un pseudo-VIH. Ce modèle possède la capacité d’infecter divers types cellulaires in vitro, en particulier des précurseurs hématopoïétiques plus ou moins quiescents, ce qui en ferait un candidat potentiel dans l’analyse de la descendance des cellules souches hématopoïétiques (32, 33) et d’autres types cellulaires (34). De nombreux obstacles techniques restent cependant à franchir : aucune étude n’a pu démontrer à ce jour que ces pseudo-VIH conservaient in vivo leur capacité d’intégration et d’expression dans le génome des cellules cibles. Des études chez le rongeur ont permis l’expression prolongée (plus de 6 mois) dans le système nerveux central, l’œil, le muscle ou le foie. Aucune réaction immunitaire à l’encontre du vecteur n’a été détectée. Ces systèmes viraux présentent des avantages considérables. Des contraintes techniques non négligeables restent cependant à résoudre. Il est également indispensable de conduire des études rigoureuses quant à l’interaction possible entre le pseudo-VIH et d’autres virus endogènes, notamment rétroviraux. Spumavirus Le virus spumeux humain (human foamy virus [HFV]) appartient aussi à la famille des rétrovirus. Parmi ses diverses carac163 N O U V E A U téristiques, les plus intéressantes sont l’absence de pathologie décrite chez l’humain, pourtant fréquemment infecté, et la transduction stable et efficace de nombreux types cellulaires, humains et animaux, quiescents ou en division. Ces données préliminaires font du HFV un candidat à l’utilisation potentielle en clinique (35). Herpèsvirus L’herpèsvirus de type 1 (HSV-1) possède un certain nombre d’avantages pratiques (tableau I) qui en font un vecteur de choix, non seulement pour le transfert de gènes dans le système nerveux central, mais encore dans un large éventail de types cellulaires en division ou quiescents (36) : obtention de titres viraux élevés, capacités importantes d’emport d’ADN exogène (jusqu’à 35 kb) et persistance à long terme du génome viral, à l’état latent, non intégré, dans le noyau de cellules neuronales et d’autres types cellulaires post-mitotiques. Le virus latent ne sécrétant aucune protéine virale et ne perturbant pas le fonctionnement normal de la cellule infectée, aucune attaque de ces cellules par le système immunitaire de l’hôte n’est à craindre a priori. Le gène transféré devrait, en théorie, rester présent durant toute la vie de la cellule infectée. L’écueil majeur à l’utilisation de vecteurs herpétiques en est la forte cytopathogénicité. Il existe en particulier un risque non négligeable d’encéphalite potentiellement mortelle après administration in vivo. Une nouvelle génération de vecteurs herpétiques est en cours de développement, pour laquelle de nombreux gènes sont supprimés. D’autres systèmes de production font appel à la technologie des amplicons, utilisant les propriétés des levures, pour produire des préparations totalement dépourvues de virus helper réplicatifs (37). Il devrait être possible d’obtenir des vecteurs herpétiques sûrs, non cytopathogènes et conservant leurs capacités à établir un état de latence dans un large éventail de cellules quiescentes. Le tropisme neurologique de ce vecteur en fait également un candidat de choix dans les approches de thérapie génique des tumeurs cérébrales ainsi que d’autres maladies neurologiques non cancéreuses. Méthodes physiques – ADN plasmidique nu – Ribozyme – ARN antisens Les liposomes sont à l’heure actuelle la seule méthode physique de transfert de gène testée in vivo chez l’homme. Il existe cependant d’autres méthodes physiques possédant un intérêt clinique potentiel, en particulier les méthodes biobalistiques, où une molécule d’ADN fixée à des particules microscopiques (or colloïdal) est délivrée directement aux cellules par projection à grande vitesse, au moyen d’un gaz comprimé (hélium) ou d’une mini-charge explosive (gene gun) (38). Ces techniques ont été utilisées avec succès pour le transfert des gènes dans des plantes ou des animaux. Elles semblent envisageables en pratique clinique pour des transferts de gènes ex et in vivo. La vaccination par ADN plasmidique conduit à la synthèse d’une protéine immunogène. Les séquences codantes ou structurelles de la molécule d’ADN transduite générant une telle réponse immunitaire ne sont pas encore clairement identifiées. 164 C O N C E P T L’injection du matériel génétique se fait par voie intradermique ou intramusculaire. Le processing de l’antigène mène à sa présentation par les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) de classe I. Au-delà des possibilités thérapeutiques de cette méthode dans le domaine de l’allergie et de la vaccination anti-infectieuse, un intérêt certain existe pour des thérapeutiques anticancéreuses : des modèles murins de vaccination par ADN plasmidique codant pour des antigènes tumoraux ont montré une augmentation significative de la survie des animaux. Cet effet antitumoral a pu être renforcé par l’adjonction de vecteurs codant pour des molécules impliquées dans la costimulation du système immunitaire (39). Ribozymes et ARN antisens (40) procèdent de la capacité d’une matrice d’ARN à se fixer à sa structure complémentaire d’acides nucléiques. Alors que l’ARN antisens se fixe à la séquence d’ADN qui lui est spécifique, bloquant théoriquement toute possibilité ultérieure de transcription, le ribozyme se fixe à sa matrice complémentaire d’ARN messager, qu’il clive grâce à ses propriétés catalytiques. L’utilisation d’oligonucléotides permet également d’envisager le blocage de diverses molécules indispensables au fonctionnement cellulaire, telles que les facteurs de transcription (41). Le champ d’application de ces méthodes est a priori limité à des pathologies monogéniques et nécessite qu’un gène responsable et/ou son produit aient été identifiés. La stabilité in vivo de ces composés, la régulation fine de leur comportement et leurs interactions avec le génome de l’hôte restent à préciser. Des essais cliniques de phase I ont été tentés, démontrant notamment la faisabilité de l’utilisation in vivo d’ARN antisens Bcl-2 chez des malades atteints de lymphomes non hodgkiniens (42). Vecteurs hybrides L’avenir de la vectorologie est probablement à la combinaison des propriétés des différents systèmes actuellement disponibles, pour en limiter, voire en supprimer, les effets secondaires délétères, améliorer l’éventail des cellules cibles, les capacités d’emport et les conditions d’expression du transgène. Des vecteurs hybrides sont actuellement à l’étude, essayant de combiner l’infectabilité in vivo des adénovirus et les propriétés intégratives des rétrovirus (43). Le principe consiste à transformer une population cellulaire en une lignée productrice de rétrovirus à l’aide de deux adénovirus. Les rétrovirus sont instables et peu propices à une administration systémique. L’intérêt d’un tel système réside dans la possibilité d’obtenir l’intégration stable in fine du transgène alors que celui-ci a initialement été véhiculé par un adénovirus. Au cours d’une étape intermédiaire, les adénovirus permettent la production de virions rétroviraux. Ces derniers infectent à leur tour, dans leur environnement immédiat, le véritable tissu cible du transfert de gène. Ceci suppose que le tissu soit composé de cellules en division, condition limitante à l’utilisation des rétrovirus (44). Des travaux sont en cours afin d’adapter cette approche à des chimères adénovirus-lentivirus. Ainsi, les systèmes actuellement disponibles imposent encore le choix d’un vecteur sur la base de sa caractéristique la plus indispensable à l’effet “thérapeutique” recherché. La nécessité La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 de l’expression prolongée d’un transgène marqueur dans l’étude de la descendance de progéniteurs hématopoïétiques imposera l’emploi d’un vecteur rétroviral intégratif, pour ne pas perdre le transgène au cours des divisions cellulaires successives. En revanche, la recherche d’une expression transitoire in vivo fera plus probablement appel à un adénovirus, bien que l’éradication de métastases distantes de la cible tumorale primitive impose sans doute une expression plus prolongée que celle permise par ce type de vecteur. APPLICATIONS DU TRANSFERT DE GÈNE À VISÉE ANTITUMORALE Stratégies du transfert de gène à visée antitumorale À ce jour, quatre stratégies majeures sont utilisées pour tenter d’inclure le transfert de gène dans l’arsenal des thérapeutiques anticancéreuses : – modification de la cellule tumorale elle-même, en “réparant” un ou plusieurs des défects génétiques suspectés d’être à l’origine de la prolifération tumorale, par exemple en rétablissant le fonctionnement d’un gène contrôlant la division cellulaire ou celui d’un gène induisant la mort cellulaire programmée (apoptose) ; – sensibilisation des tissus sains ou tumoraux par modification de l’index thérapeutique : introduction dans la cellule tumorale d’un gène codant pour une enzyme permettant la transformation d’une prodrogue non toxique en une drogue active ; diminution de la sensibilité des tissus normaux par transfert de gènes de résistance aux drogues cytotoxiques ; – modification de la spécificité de la réponse immunitaire antitumorale soit en stimulant les processus conduisant à la reconnaissance de la tumeur par le système immunitaire de l’hôte, soit en améliorant les propriétés cytotoxiques des effecteurs de l’immunité ; – modulation des propriétés d’invasivité de la tumeur en délivrant dans son environnement immédiat un gène codant pour un inhibiteur de la synthèse des vaisseaux nourriciers de la tumeur (inhibition de la néoangiogenèse tumorale). Introduction de gènes suppresseurs de tumeur et inactivation de gènes inducteurs de tumeur L’inactivation de certains gènes contribue à la croissance tumorale. Des mutations du gène codant pour la protéine cellulaire p53 ont ainsi été identifiées dans un grand nombre de tumeurs. Le rôle exact de la p53 sauvage (wild-type p53 ou wtp53) n’est pas totalement élucidé : la wt-p53 supprimerait l’expression de gènes contribuant à la prolifération cellulaire incontrôlée ou bien activerait des gènes contrôlant la mort cellulaire programmée (apoptose). Quoi qu’il en soit, l’absence ou l’inactivation de la wt-p53 conduit à une prolifération cellulaire incontrôlée. Il semble dès lors logique que le rétablissement d’une activité wt-p53 dans certains types tumoraux mutants ou déficients puisse permettre l’arrêt de la croissance cellulaire anarchique (45), voire l’entrée en apoptose (46). Diverses stratégies, adénovirales (47), rétrovirales (48) et non virales (49), ont été utilisées avec un certain succès pour délivrer le gène codant pour la wt-p53 dans différents modèles La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 précliniques (50). Des études de phase I ont démontré la faisabilité d’une telle approche dans les carcinomes hépatocellulaires (49), de la tête et du cou (51) et pulmonaires (52), avec, pour ce dernier essai, la mise en évidence d’une véritable réponse clinique, avec régression, bien que transitoire, des nodules pulmonaires tumoraux chez trois malades sur neuf. La démonstration, quoique moins nette, de l’effet du vecteur codant pour la p53 a également été faite pour deux des trentecinq patients traités pour carcinomes de la tête et du cou. Des altérations de la protéine p16 semblent également être impliquées dans la progression des carcinomes squameux de la tête et du cou : des approches similaires à celles développées pour la p53 sont à l’étude (53). D’autres oncogènes mutants et transcrits de fusion aberrants sont responsables du processus carcinologique. Ces gènes et leurs produits sont la cible de thérapeutiques tant préventives que curatives. La restauration du fonctionnement normal des oncogènes impliqués dans les dysfonctionnements du cycle cellulaire pourrait permettre soit l’induction de la mort cellulaire par apoptose, soit l’arrêt de la croissance. Les oncogènes de la famille ras (H-ras, N-ras et Kras) sont activés par simple mutation ponctuelle de leur séquence nucléotidique normale (p21), conduisant à la production d’une séquence protidique altérée (54). Il a été possible, en utilisant la technologie antisens, de bloquer l’ARN messager d’un mutant K-ras dans un modèle de cancer pulmonaire humain, d’empêcher la synthèse de la protéine altérée et de freiner la croissance tumorale tant in vitro qu’in vivo (55, 56). L’oncogène fos a été la cible d’une telle approche au moyen d’un vecteur rétroviral dans un modèle murin de tumeur mammaire (57). D’autres méthodes sont actuellement testées pour bloquer l’expression d’oncogènes, en particulier les ribozymes (58) et des anticorps spécifiques (59). À moins que le gène inséré ne soit létal pour la cellule, le risque théorique d’une telle approche est celui d’une descendance porteuse d’altérations génétiques qui accroîtraient le risque de transformation maligne ultérieure. La plupart des gènes défectueux identifiés jusqu’à présent codent pour des molécules ayant un effet dit transdominant : il est à craindre que la restauration du fonctionnement du gène sauvage ne puisse, à elle seule, pallier l’effet des molécules synthétisées par l’allèle mutant. Le blocage des gènes défectueux ou de leurs produits nécessite l’emploi de stratégies (ARN antisens, ribozymes ou recombinaison homologue) dont on a vu qu’elles étaient loin d’être disponibles en pratique clinique. Finalement, l’obstacle majeur à une telle approche de transfert de gène in vivo demeure l’absence de vecteur efficace capable de transduire les cellules tumorales de façon simple et surtout ciblée. Introduction de gènes de susceptibilité aux agents cytotoxiques Le principe repose sur l’introduction et l’expression dans la cellule tumorale d’un gène codant pour une enzyme permettant la transformation d’une prodrogue inactive en une drogue cytotoxique. Dans un deuxième temps, la prodrogue non toxique administrée par voie systémique est convertie en drogue active au niveau de la cellule cible. Les métabolites actifs de cette prodrogue ont théoriquement un effet toxique 165 N O U V E A U limité à la cellule cible. Cette approche permet d’envisager l’augmentation sur le tissu tumoral de l’index thérapeutique de certaines drogues tout en essayant de préserver les tissus sains avoisinants. Les constructions réalisées afin d’obtenir un tel effet portent le nom de “vecteurs suicides”. Pour cibler précisément le tissu tumoral en évitant toute expression dans les cellules saines, deux étapes de ciblage sont nécessaires : la première consiste à diriger le gène suicide sur les cellules en division, la deuxième à exploiter les propriétés de transcription différentes entre cellules normales et cellules cibles. Le système le plus étudié à ce jour est celui de la thymidine kinase (TK). La TK est une enzyme catalysant la conversion du ganciclovir en ganciclovir monophosphate. Ce dernier est secondairement transformé par les enzymes cellulaires en un produit triphosphaté bloquant l’ADN polymérase nécessaire à la phase S du cycle cellulaire. Le premier modèle préclinique a utilisé une construction adénovirale injectée localement à des rats atteints de gliosarcomes de la moelle épinière. Sous l’effet de la TK, les métabolites toxiques du ganciclovir ont permis l’éradication complète de la tumeur, sans séquelle neurologique, alors que tous les rats témoins étaient paraplégiques et porteurs de larges tumeurs (60). D’autres modèles précliniques existent, notamment pour le rétinoblastome (61) : une étude clinique de phase I testant la délivrance in situ d’un vecteur adénoviral dans l’œil atteint est actuellement en cours dans notre institution. L’utilisation d’éléments de régulation transcriptionnelle propres à certains types cellulaires a permis de cibler l’expression du gène suicide, en particulier pour le système HSV-TK. Le promoteur du gène codant pour l’antigène carcinoembryonnaire (ACE) a été utilisé pour contrôler l’expression du gène HSV-TK dans une construction adénovirale utilisée dans une lignée de carcinome gastrique : comme le prévoyait le postulat de départ, la lignée fut extrêmement sensible à l’effet cytotoxique du ganciclovir (62). D’autres systèmes ont été testés : l’expression du gène HSV-TK, placé sous le contrôle de l’enhancer de l’alpha-fœtoprotéine (AFP) ou du promoteur du gène codant pour l’albumine, a été étudiée dans des constructions adénovirales associées (AAV). L’infection par ces AAV de lignées de carcinomes hépatocellulaires secondairement exposées à l’action du ganciclovir a démontré l’induction d’une mort cellulaire importante in vitro (63). Ainsi, d’autres caractéristiques d’expression propres à des types cellulaires donnés permettent d’envisager un ciblage beaucoup plus rigoureux pour l’effet thérapeutique recherché. On retiendra l’utilisation de l’enhancer du gène codant pour la glycoprotéine DF3/MUC-1, ou celle du promoteur du gène c-erb B2 pour diriger sélectivement l’action du gène HSV-TK dans des modèles in vitro et in vivo de carcinome mammaire (64, 65). Récemment, les éléments constitutifs de la télomérase, enzyme impliquée dans le vieillissement cellulaire normal et dans la prolifération de nombreux types tumoraux, ont été la cible du transfert de gène. L’activité de cette enzyme est considérée par de nombreux auteurs comme un marqueur quasi “universel” du cancer. Le gène HSV-TK a ainsi été mis sous le contrôle du promoteur de la protéine HERT constitutive de la télomérase. Là encore, les tissus tumoraux ont été 166 C O N C E P T significativement détruits après administration de ganciclovir tant in vitro qu’in vivo chez la souris alors que les tissus sains n’étaient pas affectés (D. Hughes, communication personnelle, 2nd meeting of the American Society of Gene Therapy, Washington DC, juin 1999). Le problème de la disponibilité de vecteurs qui possèdent une stabilité suffisante in vivo autorisant un transfert conséquent au niveau du tissu cible demeure néanmoins. Cette contrainte n’a pu être contournée pour l’instant que par la délivrance in situ des vecteurs codant pour le gène HSV-TK. Plusieurs études de phase I ont été menées dans le cadre de tumeurs cérébrales. Les propriétés spécifiques des vecteurs rétroviraux ont été utilisées pour ne transduire le gène HSV-TK qu’aux cellules tumorales en division. Les tissus cérébraux sains, quiescents, sont, en théorie, protégés de l’effet toxique du ganciclovir administré secondairement par voie systémique. Parmi les quinze malades inclus dans cette étude (66), quatre ont montré une réponse spectaculaire, avec une réduction de plus de 50 % du volume tumoral persistant à plus de trois ans. Une approche similaire a permis l’obtention d’une réponse clinique dans des glioblastomes en rechute après injection, stéréotaxique ou perchirurgicale, de la lignée productrice du vecteur codant pour HSV-TK (67, 68). La constatation de la destruction de 90 % des cellules tumorales après administration du ganciclovir alors que seules 10 % d’entre elles étaient effectivement transduites par le gène HSV-TK a conduit à la découverte d’un effet de proximité in vivo (bystander effect) (69). Les mécanismes concourant à l’effet bystander sont en cours d’identification : – le ganciclovir sous sa forme triphosphatée ne peut pas traverser la membrane cellulaire ; des vésicules apoptotiques issues des cellules tumorales détruites et contenant le métabolite toxique sont relarguées dans le tissu ; ces vésicules, captées par les cellules avoisinantes non transduites, peuvent induire leur entrée en apoptose ; – des métabolites toxiques de bas poids moléculaire pourraient traverser les membranes de cellules adjacentes au moyen des jonctions intercellulaires serrées (gap-junction) ; – l’hypothèse de l’implication du système immunitaire pose dès lors le problème de la justesse du terme d’“effet de proximité” : un modèle murin de tumeur prostatique transduite in situ au moyen d’un vecteur adénoviral codant pour le gène HSV-TK a démontré, après administration de ganciclovir, non seulement la régression de la tumeur locale mais encore celle des métastases pulmonaires (70). Cette constatation surprenante pourrait être expliquée par une lyse des cellules de la tumeur primitive démasquant des antigènes tumoraux jusqu’alors indétectables par le système immunitaire. Une réponse immunitaire spécifiquement dirigée contre la tumeur pourrait donc donner naissance à des effecteurs circulants de l’immunité cellulaire susceptibles de reconnaître des métastases à distance. Une étude de phase I/II, issue de ce modèle préclinique, est en cours dans notre institution : parmi les paramètres étudiés, l’apparition de lymphocytes cytotoxiques circulants spécifiques de la tumeur est recherchée dans le but de confirmer cette hypothèse. La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 De nombreuses équipes essayent de conjuguer cet effet à celui d’autres mécanismes de l’immunité, notamment cytokiniques (71). Un modèle tumoral murin combinant l’effet du système HSV-TK à une immunisation préalable par la tumeur démontre une augmentation significative des interleukines 1 et 2, du tumor necrosis factor (TNF) ainsi que des effecteurs de l’immunité cellulaire (macrophages et lymphocytes T) (72). Cette approche combinée prélude aux stratégies d’avenir de la thérapie génique à visée anticancéreuse, dont on peut effectivement penser qu’elle sera une association de différentes propriétés jusqu’à présent testées de façon indépendante. D’autres systèmes d’activation de prodrogues sont à l’étude (73). Parmi ceux-ci, on retiendra l’enzyme cytosine désaminase permettant la transformation de la 5 fluorocytosine non toxique en 5 fluoro-uracile cytotoxique. La 5 fluorocytosine est déjà utilisée en clinique humaine comme agent antifongique, alors que le 5 fluoro-uracile est la molécule couramment utilisée dans le traitement de carcinomes mammaires, coliques et pancréatiques. Le potentiel de ce système a été testé dans différents modèles tumoraux (74). Le gène codant pour la cytosine désaminase, contrôlé par le promoteur de l’antigène carcinoembryonnaire dans une construction adénovirale, a permis le ciblage spécifique de cellules de carcinome gastrique chez la souris (75). Des perspectives intéressantes de purge de greffons médullaires au cours d’intensifications thérapeutiques pour le traitement de carcinomes mammaires ont également été étudiées à l’aide de cette approche et semblent prometteuses (76). Le CB1954 est une prodrogue non toxique transformée en agent intercalant de l’ADN dans les cellules contenant une nitroréductase (NADPH désydrogénase ou diaphorase) (77). Des modèles in vivo et in vitro de vecteurs rétroviraux et adénoviraux codant pour le gène de la nitroréductase, ont démontré une augmentation de la mort cellulaire après exposition au CB1954 (73, 78). À la différence du système HSV-TK, dont le mécanisme d’action procède du blocage de la phase S, la nitroréductase possède un effet tant sur les cellules en division que sur les cellules quiescentes. Ce système possède aussi un effet bystander (79). Le cytochrome P450 2b (CYP2B1) catalyse la transformation du cyclophosphamide en sa forme active et toxique. Là encore, un certain nombre de modèles précliniques in vivo et in vitro ont établi l’intérêt potentiel de ce système (80, 81) avec, cependant, le désavantage que le CYP2B1 endogène humain pourrait également activer le cyclophosphamide, avec les conséquences toxiques que l’on imagine sur les tissus sains (82). La purine nucleoside phosphorylase (PNP) catalyse la transformation du 6 méthylpurine désoxyriboside en un métabolite toxique, la 6 méthylpurine. Différents modèles ont été étudiés (83). Un effet bystander obtenu in vitro dans un modèle de mélanome permet d’obtenir une mortalité élevée des cellules tumorales alors que seules 1 % d’entre elles sont effectivement transduites (84). Une autre approche consiste à essayer de protéger directement les cellules saines de l’action cytotoxique des chimiothérapies au moyen de gènes de résistance tels que MDR1 (multi-drug La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 resistance gene). Cette approche a été tentée dans un modèle d’intensification thérapeutique par autogreffe de moelle dans le cadre d’adénocarcinomes mammaires. Les précurseurs hématopoïétiques transduits ex vivo au moyen d’un rétrovirus codant pour le gène MDR1 ont ainsi été protégés de l’action cytotoxique des drogues utilisées ultérieurement lors de la rechute (85). Immunothérapie antitumorale Le but ultime des stratégies d’immunisation antitumorale est l’obtention chez l’hôte d’une réponse immunitaire spécifique, systémique et durable capable de lyser à la fois la tumeur primitive et les éventuelles métastases à distance. Le premier obstacle rencontré est l’identification d’antigènes spécifiques de tumeurs. Bien que la décennie actuelle ait apporté des progrès considérables, les antigènes spécifiques de nombreux types tumoraux restent encore à caractériser (86). Il n’est d’ailleurs pas certain que tous les antigènes identifiés soient totalement spécifiques de la tumeur : ainsi, les patients ayant répondu favorablement à la réinjection de lymphocytes spécifiques de leur mélanome ont présenté des réactions spectaculaires à type de vitiligo, démontrant le flou entre antigène tumoral et antigène du soi (87). Une autre approche consiste à utiliser la cellule tumorale dans son ensemble comme source d’antigènes spécifiques (88). Toutes les stratégies de vaccination antitumorale actuellement à l’étude tentent d’amplifier cette réponse spécifique en modifiant les cellules tumorales (89) pour qu’elles expriment des molécules immunomodulatrices, cytokines ou molécules de costimulation (90-95). Cette expression est le plus souvent obtenue par manipulation ex vivo des cellules tumorales avant leur réadministration (96). Un grand nombre de molécules ont ainsi été testées dans de nombreux modèles animaux, essentiellement murins (97-99). Divers types tumoraux ont été modifiés afin d’exprimer l’IL2, l’IL4, l’IL7, l’IL12, l’interféron gamma, la lymphotactine, le G-CSF, le GM-CSF, les molécules de costimulation de la famille B7, B7-1 (29, 100, 101) et B7-2, ainsi que les récepteurs de la famille du TNF tels CD154 (ou CD40 ligand) (102) et Fas ligand (103). Les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classes I et II ont également été étudiées (104, 105). La réponse immunitaire ainsi générée diffère sensiblement selon l’approche employée. Néanmoins, plusieurs études ont montré l’obtention d’une réponse spécifique, systémique et capable de protéger l’animal ainsi immunisé contre une nouvelle exposition (rechallenge) aux cellules tumorales (106). Il est donc possible d’obtenir chez l’animal l’éradication de tumeurs préalablement établies et l’amélioration de la survie des animaux vaccinés. L’analyse des mécanismes immunologiques permettant la lyse de la tumeur dans ces modèles démontre la nécessité d’une activation de l’immunité cellulaire médiée par le lymphocyte T (107). Les mécanismes de présentation de l’antigène ont une importance capitale, tant par le rôle des cellules spécialisées de l’hôte (cellules présentatrices d’antigènes ou APC, essentiellement représentées par les macrophages et les cellules dendritiques) que par celui de la cellule tumorale elle-même. L’identification de la cellule dendritique comme un des éléments clés de la réponse immunitaire antitumorale en fait une cible de 167 N O U V E A U choix dans l’arsenal des méthodes de thérapie génique (108). Le chargement (loading) des cellules présentatrices d’antigènes par des peptides immunogènes, éventuellement combiné avec des cytokines (109), est à l’étude dans des modèles précliniques (110-112) et de phase I humaine (113, 114). L’immunothérapie dite adoptive repose sur l’isolement et l’amplification d’une population de lymphocytes infiltrant la tumeur (tumor infiltrating lymphocytes ou TIL) (115) ou de lymphocytes T cytotoxiques circulants (cytotoxic T lymphocytes ou CTL) spécifiques d’un ou plusieurs antigènes tumoraux. Diverses approches ont essayé de générer des lymphocytes cytotoxiques dirigés contre des transcripts de fusion, par exemple bcr-abl (116, 117) ou autres (118), des produits d’oncogènes (119) ou des antigènes spécifiques de tumeur (120-122). Cette dernière approche a permis le traitement tant préventif que curatif des syndromes lymphoprolifératifs postgreffe de moelle induits par le virus d’Epstein-Barr (EBV) (123). Une autre méthode consiste à réinjecter des lymphocytes T cytotoxiques du donneur (124). Ces lymphocytes allogéniques sont administrés au malade greffé pour induire une réaction du greffon contre la leucémie en cas de rechute ou contre un syndrome lymphoprolifératif induit par l’EBV. Ces lymphocytes du donneur sont préalablement transduits par le gène HSV-TK pour permettre leur élimination facile sous l’effet du ganciclovir au cas où ils induiraient une réaction du greffon contre l’hôte (125). L’administration d’anticorps monoclonaux dirigés contre la tumeur, en particulier contre des lymphomes malins non hodgkiniens, semble constituer un apport thérapeutique prometteur (126). L’identification de ces mécanismes supposés responsables de la non-reconnaissance immunitaire de la tumeur (tableau III) Tableau III. Mécanismes responsables de l’échec de la genèse d’une réponse T spécifique de l’antigène tumoral. I. Anomalies des cellules T : a. Absence ou insuffisance du nombre de cellules T spécifiques de l’antigène dans le répertoire immunitaire de l’hôte b. Induction d’une anergie c. Hyporégulation de la chaîne zêta du récepteur T d. Suppression de l’effet ou élimination des lymphocytes T auxiliaires (cytokines inhibitrices et/ou génération de lymphocytes cytotoxiques) e. Défaut dans l’établissement ou le maintien d’une mémoire immunitaire II. Défauts de présentation de l’antigène et anomalies des cellules présentatrices d’antigène : a. Défauts d’adhésion b. Anomalies de l’expression des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité c. Défaut dans le transport et/ou le traitement (processing) de l’antigène d. Absence d’antigène e. Modification secondaire des peptides immunogènes par la tumeur f. Absence de molécule de costimulation III. Défauts du micro-environnement : a. Présence de cytokines inhibitrices b. Sanctuaires inaccessibles par les effecteurs de l’immunité c. Établissement de mécanismes de latence 168 C O N C E P T a permis de poser les bases rationnelles de plusieurs essais cliniques. Les plus significatifs ont démontré l’obtention d’une réponse lymphocytaire T spécifique du clone tumoral, avec, dans certains cas, la constatation de réponses patentes. Cellesci restent néanmoins partielles, en particulier chez des malades atteints de mélanome (115, 127-132), de carcinomes du rein (133) et de neuroblastome (134). Il est à noter que toutes ces études furent menées chez des malades à un stade avancé de la maladie et aux fonctions immunitaires probablement très altérées. On peut donc raisonnablement postuler que ces approches seront d’autant plus efficaces qu’elles s’adresseront à des patients en situation de maladie résiduelle et non de tumeur florissante et massive (88, 127, 129-132, 134-140). Modulation des propriétés d’invasivité tumorale Ces stratégies récentes font appel à l’altération du lit vasculaire nourrissant la tumeur et à l’identification et la manipulation des signaux moléculaires conférant à la tumeur ses propriétés de dissémination métastatique. Le développement de modèles précliniques devrait permettre de mieux comprendre ces phénomènes et de les exploiter dans l’arsenal thérapeutique anticancéreux (141-143). Marquage et suivi de populations cellulaires normales et pathologiques Bien qu’il ne s’agisse pas d’une intervention thérapeutique à proprement parler, l’utilisation du marquage génique de différentes populations cellulaires, tant normales que cancéreuses, a permis de considérables progrès dans l’analyse de la toxicité potentielle du transfert de gène, du devenir et de la localisation des cellules transduites, ainsi que dans la durée d’expression des néogènes. En particulier, ces méthodes de marquage ont démontré, au moyen d’un gène marqueur (gène NéoR), l’absence d’effet délétère lors de la réinjection de lymphocytes infiltrant la tumeur (144, 145). Le marquage des progéniteurs hématopoïétiques a permis quant à lui d’analyser la reconstitution hématopoïétique après greffe de moelle osseuse autologue (146). Cette méthode de marquage a également apporté des renseignements d’une importance majeure dans la compréhension des mécanismes concourant à la rechute tumorale postautogreffe de moelle osseuse. Les données ainsi obtenues ont relancé le débat quant à l’intérêt de purger les greffons médullaires pour tenter d’en exclure les cellules tumorales contaminantes, suspectées responsables des rechutes post-greffe (147, 148). Finalement, l’utilisation du marquage génique a permis de démontrer l’absence de dissémination des vecteurs dans l’environnement après administration chez le patient (20, 149). PERSPECTIVES Le champ d’application du transfert de gène à visée thérapeutique n’a cessé de s’étendre depuis le premier essai clinique mené en 1990 chez deux enfants porteurs d’un déficit en adénosine désaminase (150). Courant 1998, 351 protocoles de thérapie génique étaient en phase d’inclusion, regroupant plus de 2 600 patients, 90 % d’entre eux atteints de maladies cancéreuses ou du sida, les 10 % restants étant porteurs de maladies .../... La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 N O U V E A U .../... héréditaires métaboliques ou dysimmunitaires. Les États-Unis sont en tête des études cliniques menées à ce jour ; plus de 70 % des essais y sont conduits. L’Europe arrive en seconde position, avec environ 20 % des études. Les premiers essais ont démontré la faisabilité du transfert de gène. La meilleure connaissance des vecteurs et des techniques d’administration a logiquement conduit les investigateurs à modifier les méthodes de transfert. Alors que 60 % des essais en 1995 étaient réalisés par manipulation des cellules cibles ex vivo avant leur réinjection, dès 1997, le gène d’intérêt était administré directement au malade dans plus de 65 % des cas (151). Le transfert de gène à visée thérapeutique, en particulier dans l’éradication des cancers, est donc une réalité de cette fin de siècle. Les travaux précliniques et les premières études chez l’homme ont apporté non seulement une meilleure connaissance des mécanismes de la carcinogenèse, mais encore les moyens de les combattre. Pour autant, aucune étude n’a pu véritablement démontrer à ce jour une efficacité totale dans l’éradication de la maladie tumorale tant locale que métastatique. La place de la thérapie génique des cancers dans l’arsenal des thérapeutiques actuellement disponibles n’est donc pas encore affirmée. L’amélioration de l’efficacité du transfert de gène à visée antitumorale réside très certainement dans quatre étapes décisives. – Amélioration et simplification des méthodes de transfert, encore trop complexes et finalement peu ciblées. – Obtention d’une expression finement régulée du gène transféré, et surtout spécifique du tissu cible. – Meilleure connaissance des mécanismes concourant au phénotype malin pour mieux cibler les stratégies. – Choix d’une méthodologie pour démontrer l’efficacité thérapeutique, soit en poursuivant des études cliniques pilotes sur de petites cohortes de malades, soit en mettant en place de véritables études multicentriques afin d’enrôler un plus grand nombre de malades. La thérapie génique a encore de nombreux obstacles à franchir avant d’acquérir ses lettres de noblesse. Il aura fallu plus de 40 ans avant de voir les polychimiothérapies conventionnelles offrir véritablement un espoir de guérison aux malades cancéreux. Des séquelles tardives et des complications graves induites par ces traitements, en particulier chez l’enfant, sont régulièrement mises en évidence. La place de l’intensification et de la greffe de moelle est encore source de nombreux débats. La thérapie génique anticancéreuse est donc encore dans ses vertes années. Il est fort probable que vingt ans de travail au laboratoire et de nombreuses études cliniques sont encore nécessaires. L’utilisation des progrès de la médecine moléculaire et son corollaire, le transfert de gène à visée thérapeutique, ne trouveront probablement leur place initiale qu’au titre d’adjuvants parmi l’arsenal des thérapeutiques conventionnelles. À titre d’exemple, il conviendra de bien peser les risques et bénéfices de la diminution d’une chimiothérapie aplasiante afin d’étudier les effets d’une thérapeutique exploitant la reconnaissance La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 C O N C E P T immunitaire antitumorale… L’avancée se doit ainsi d’être prudente mais volontaire : les progrès d’ores et déjà réalisés incitent en effet à un optimisme raisonné. " R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Varmus, H. Retroviruses. Science 240, 1427-35 (1988). 1 bis. Cavazzana-Calvo, M., Hacein-Bey, S., De Saint Basile, G. et al. Gene therapy of human severe combined immunodeficiency (SCID)-X1 disease. Science 288, 669-72 (2000). 2. Donahue, R.E. et al. Helper virus induced T cell lymphoma in nonhuman primates after retroviral mediated gene transfer. J Exp Med 176, 1125-35 (1992). 3. Kovesdi, I., Brough, D.E., Bruder, J.T. et Wickham, T.J. Adenoviral vectors for gene transfer. Curr Opin Biotechnol 8, 583-9 (1997). 4. Morsy, M.A. et al. An adenoviral vector deleted for all viral coding sequences results in enhanced safety and extended expression of a leptin transgene. Proc Nat Acad Sci USA 95, 7866-71 (1998). 5. Clemens, P.R. et al. In vivo muscle gene transfer of full-length dystrophin with an adenoviral vector that lacks all viral genes. Gene Therapy 3, 965-72 (1996). 6. Hardy, S., Kitamura, M., Harris-Stansil, T., Dai, Y. et Phipps, M.L. Construction of adenovirus vectors through Cre-lox recombination. J Virol 71, 1842-9 (1997). 7. Morsy, M.A. et Caskey, C.T. Expanded-capacity adenoviral vectors--the helper-dependent vectors. Mol Med Today 5, 18-24 (1999). 8. Bergelson, J.M. et al. Isolation of a common receptor for Coxsackie B viruses and adenoviruses 2 and 5. Science 275, 1320-3 (1997). 9. Grubb, B.R. et al. Inefficient gene transfer by adenovirus vector to cystic fibrosis airway epithelia of mice and humans. Nature 371, 802-6 (1994). 10. Bellon, G. et al. Aerosol administration of a recombinant adenovirus expressing CFTR to cystic fibrosis patients: a phase I clinical trial. Hum Gene Ther 8, 15-25 (1997). 11. Brody, S.L., Jaffe, H.A., Han, S.K., Wersto, R.P. & Crystal, R.G. Direct in vivo gene transfer and expression in malignant cells using adenovirus vectors. Hum Gene Ther 5, 437-47 (1994). 12. Douglas, J.T. et al. Targeted gene delivery by tropism-modified adenoviral vectors. Nature Biotechnol 14, 1574-8 (1996). 13. Krasnykh, V.N., Mikheeva, G.V., Douglas, J.T. & Curiel, D.T. Generation of recombinant adenovirus vectors with modified fibers for altering viral tropism. J Virol 70, 6839-46 (1996). 14. Dmitriev, I. et al. An adenovirus vector with genetically modified fibers demonstrates expanded tropism via utilization of a coxsackievirus and adenovirus receptor-independent cell entry mechanism. J Virol 72, 9706-13 (1998). 15. Wickham, T.J., Roelvink, P.W., Brough, D.E. & Kovesdi, I. Adenovirus targeted to heparan-containing receptors increases its gene delivery efficiency to multiple cell types. Nat Biotechnol 14, 1570-3 (1996). 16. Wickham, T.J. et al. Targeted adenovirus gene transfer to endothelial and smooth muscle cells by using bispecific antibodies. J Virol 70, 6831-8 (1996). 17. Wickham, T.J. et al. Targeted adenovirus-mediated gene delivery to T cells via CD3. J Virol 71, 7663-9 (1997). 18. Haase, A.T., Mautner, V. & Pereira, H.G. The immunogenicity of adenovirus type 5 structural proteins. J Immun 108, 483-5 (1972). 19. DeMatteo, R.P. et al. Cellular immunity delimits adenoviral gene therapy strategies for the treatment of neoplastic diseases. Ann Surg Oncol 6, 88-94 (1999). 20. Tursz, T. et al. Phase I study of a recombinant adenovirus-mediated gene transfer in lung cancer patients. J Nat Cancer Inst 88, 1857-63 (1996). 21. Linden, R.M., Ward, P., Giraud, C., Winocour, E. & Berns, K.I. Site-specific integration by adeno-associated virus. Proc Nat Acad Sci USA 93, 11288-94 (1996). 171 N O U V E A U 22. Chatterjee, S. et Wong, K.K.J. Adeno-associated virus vectors for gene therapy of the hematopoietic system. Curr Top Microbiol Immunol 218, 61-73 (1996). 23. Xiao, X., Li, J., McCown, T.J. & Samulski, R.J. Gene transfer by adenoassociated virus vectors into the central nervous system. Exp Neurol 144, 11324 (1997). 24. Hallek, M. et Wendtner, C.M. Recombinant adeno-associated virus (rAAV) vectors for somatic gene therapy: recent advances and potential clinical applications. Cytokines Cell Mol Ther 2, 69-79 (1996). 25. Rabinowitz, J.E. et Samulski, J. Adeno-associated virus expression systems for gene transfer. Curr Opin Biotechnol 9, 470-5 (1998). 26. Flotte, T.R. et Carter, B.J. In vivo gene therapy with adeno-associated virus vectors for cystic fibrosis. Adv Pharmacol 40, 85-101 (1997). 27. Nabel, E.G. et al. Gene transfer in vivo with DNA-liposome complexes: lack of autoimmunity and gonadal localization. Hum Gene Ther 3, 649-56 (1992). 28. Stephan, D.J. et al. A new cationic liposome DNA complex enhances the efficiency of arterial gene transfer in vivo. Hum Gene Ther 7, 1803-12 (1996). 29. Nabel, G.J. et al. Direct gene transfer with DNA-liposome complexes in melanoma: expression, biologic activity, and lack of toxicity in humans. Proc Nat Acad Sci USA 90, 11307-11 (1993). 30. Naldini, L. et al. In vivo gene delivery and stable transduction of nondividing cells by a lentiviral vector. Science 272, 263-7 (1996). 31. Lusso, P. et al. Expanded VIH-1 cellular tropism by phenotypic mixing with murine endogenous retroviruses. Science 247, 848-52 (1990). 32. Yam, P.Y. et al. Comparison of amphotropic and pseudotyped VSV-G retroviral transduction in human CD34+ peripheral blood progenitor cells from adult donors with VIH-1 infection or cancer. Exp Hematol 26, 962-8 (1998). 33. Li, X. et al. Transduction of CD34+ cells by a vesicular stomach virus protein G (VSV-G) pseudotyped VIH-1 vector. Stable gene expression in progeny cells, including dendritic cells. J Hum Virol 1, 346-52 (1998). 34. Liu, M.L., Winther, B.L. & Kay, M.A. Pseudotransduction of hepatocytes by using concentrated pseudotyped vesicular stomatitis virus G glycoprotein (VSVG)-Moloney murine leukemia virus-derived retrovirus vectors : comparison of VSV-G and amphotropic vectors for hepatic gene transfer. J Virol 70, 2497-502 (1996). 35. Russell, D.W. et Miller, A.D. Foamy virus vectors. J Virol 70, 217-22 (1996). 36. Marconi, P. et al. Replication-defective herpes simplex virus vectors for gene transfer in vivo. Proc Nat Acad Sci USA 93, 11319-20 (1996). 37. Frenkel, N., Singer, O. et Kwong, A.D. Minireview: the herpes simplex virus amplicon--a versatile defective virus vector. Gene Ther 1 Suppl 1, S40-6 (1994). 38. Yang, N.S., Sun, W.H. et McCabe, D. Developing particle-mediated genetransfer technology for research into gene therapy of cancer. Mol Med Today 2, 476-81 (1996). 39. Parker, S.E. et al. Plasmid DNA gene therapy: studies with the human interleukin-2 gene in tumor cells in vitro and in the murine B16 melanoma model in vivo. Cancer Gene Ther 3, 175-85 (1996). 40. Eck, S.L. et Nabel, G.J. Antisense oligonucleotides for therapeutic intervention. Curr Opin Biotech 2, 897-904 (1991). 41. Bielinska, A., Shivdasani, R.A., Zhang, L.Q. et Nabel, G.J. Regulation of gene expression with double-stranded phosphorothioate oligonucleotides. Science 250, 997-1000 (1990). 42. Webb, A. et al. BCL-2 antisense therapy in patients with non-Hodgkin lymphoma. Lancet 349, 1137-41 (1997). 43. Reynolds, P.N., Feng, M. et Curiel, D.T. Chimeric viral vectors--the best of both worlds? Mol Med Today 5, 25-31 (1999). 44. Feng, M. et al. Stable in vivo gene transduction via a novel adenoviral/retroviral chimeric vector. Nature Biotech 15, 866-70 (1997). 45. Kokunai, T., Kawamura, A. et Tamaki, N. Induction of differentiation by wild-type p53 gene in a human glioma cell line. J Neuro-Oncol 32, 125-33 (1997). 172 C O N C E P T 46. Wang, J., Bucana, C.D., Roth, J.A. et Zhang, W.W. Apoptosis induced in human osteosarcoma cells is one of the mechanisms for the cytocidal effect of Ad5CMV-p53. Cancer Gene Ther 2, 9-17 (1995). 47. Gomez-Manzano, C. et al. Adenovirus-mediated transfer of the p53 gene produces rapid and generalized death of human glioma cells via apoptosis. Cancer Res 56, 694-9 (1996). 48. Cai, D.W., Mukhopadhyay, T., Liu, Y., Fujiwara, T. et Roth, J.A. Stable expression of the wild-type p53 gene in human lung cancer cells after retrovirus-mediated gene transfer. Hum Gene Ther 4, 617-24 (1993). 49. Habib, N.A. et al. Preliminary report: the short-term effects of direct p53 DNA injection in primary hepatocellular carcinomas. Cancer Detect Prev 20, 103-7 (1996). 50. Nguyen, D.M. et al. Delivery of the p53 tumor suppressor gene into lung cancer cells by an adenovirus/DNA complex. Cancer Gene Ther 4, 191-8 (1997). 51. Clayman, G.L. et al. Adenovirus-mediated p53 gene transfer in patients with advanced recurrent head and neck squamous cell carcinoma. J Clin Oncol 16, 2221-32 (1998). 52. Roth, J.A. et al. Retrovirus-mediated wild-type p53 gene transfer to tumors of patients with lung cancer. Nat Med 2, 985-91 (1996). 53. Rocco, J.W. et al. p16INK4A adenovirus-mediated gene therapy for human head and neck squamous cell cancer. Clin Cancer Res 4, 1697-704 (1998). 54. Marshall, M.S. The effector interactions of p21ras. Trends Biochem Sci 18, 250-4 (1993). 55. Mukhopadhyay, T., Tainsky, M., Cavender, A.C. et Roth, J.A. Specific inhibition of K-ras expression and tumorigenicity of lung cancer cells by antisense RNA. Cancer Res 51, 1744-8 (1991). 56. Georges, R.N., Mukhopadhyay, T., Zhang, Y., Yen, N. et Roth, J.A. Prevention of orthotopic human lung cancer growth by intratracheal instillation of a retroviral antisense K-ras construct. Cancer Res 53, 1743-6 (1993). 57. Arteaga, C.L. et Holt, J.T. Tissue-targeted antisense c-fos retroviral vector inhibits established breast cancer xenografts in nude mice. Cancer Res 56, 1098-1103 (1996). 58. Kashani-Sabet, M., Funato, T., Florenes, V.A., Fodstad, O. et Scanlon, K.J. Suppression of the neoplastic phenotype in vivo by an anti-ras ribozyme. Cancer Res 54, 900-2 (1994). 59. Richardson, J.H. et Marasco, W.A. Intracellular antibodies: development and therapeutic potential. Trends Biotech 13, 306-10 (1995). 60. Colak, A. et al. Adenovirus-mediated gene therapy for experimental spinal cord tumors: tumoricidal efficacy and functional outcome. Brain Res 691, 76-82 (1995). 61. Hurwitz, M.Y. et al. Suicide gene therapy for treatment of retinoblastoma in a murine model. Hum Gene Ther 10, 441-8 (1999). 62. Tanaka, T. et al. Adenovirus-mediated prodrug gene therapy for carcinoembryonic antigen-producing human gastric carcinoma cells in vitro. Cancer Res 56, 1341-5 (1996). 63. Su, H., Chang, J.C., Xu, S.M. et Kan, Y.W. Selective killing of AFP-positive hepatocellular carcinoma cells by adeno-associated virus transfer of the herpes simplex virus thymidine kinase gene. Hum Gene Ther 7, 463-70 (1996). 64. Sikora, K., Harris, J., Hurst, H. et Lemoine, N. Therapeutic strategies using c-erbB-2 promoter-controlled drug activation. Ann New York Acad Sci 716, 115-24; discussion 124-5, 140-3 (1994). 65. Chen, L. et al. Breast cancer selective gene expression and therapy mediated by recombinant adenoviruses containing the DF3/MUC1 promoter. J Clin Invest 96, 2775-82 (1995). 66. Oldfield, E.H. et al. Gene therapy for the treatment of brain tumors using intra-tumoral transduction with the thymidine kinase gene and intravenous ganciclovir. Hum Gene Ther 4, 39-69 (1993). 67. Kun, L.E. et al. Stereotactic injection of herpes simplex thymidine kinase vector producer cells (PA317-G1Tk1SvNa.7) and intravenous ganciclovir for the treatment of progressive or recurrent primary supratentorial pediatric malignant brain tumors. Hum Gene Ther 6, 1231-55 (1995). 68. Long, Z. et al. Biosafety monitoring of patients receiving intracerebral injections of murine retroviral vector producer cells. Hum Gene Ther 9, 116572 (1998). La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 69. Freeman, S.M. et al. The bystander effect: tumor regression when a fraction of the tumor mass is genetically modified. Cancer Res 53, 5274-83 (1993). 70. Hall, S.J., Mutchnik, S.E., Chen, S.H., Woo, S.L. et Thompson, T.C. Adenovirus-mediated herpes simplex virus thymidine kinase gene and ganciclovir therapy leads to systemic activity against spontaneous and induced metastasis in an orthotopic mouse model of prostate cancer. Int J Cancer 70, 183-7 (1997). 71. Freeman, S.M., Ramesh, R. et Marrogi, A.J. Immune system in suicide-gene therapy. Lancet 349, 2-3 (1997). 72. Ramesh, R., Munshi, A., Marrogi, A.J. et Freeman, S.M. Enhancement of tumor killing using a combination of tumor immunization and HSV-tk suicide gene therapy. Int J Cancer 80, 380-6 (1999). 73. Nishihara, E. et al. Treatment of thyroid carcinoma cells with four different suicide gene/prodrug combinations in vitro. Anticancer Res 18, 1521-5 (1998). 74. Trinh, Q.T., Austin, E.A., Murray, D.M., Knick, V.C. et Huber, B.E. Enzyme/prodrug gene therapy: comparison of cytosine deaminase/5-fluorocytosine versus thymidine kinase/ganciclovir enzyme/prodrug systems in a human colorectal carcinoma cell line. Cancer Res 55, 4808-12 (1995). 75. Lan, K.H. et al. In vivo selective gene expression and therapy mediated by adenoviral vectors for human carcinoembryonic antigen-producing gastric carcinoma. Cancer Res 57, 4279-84 (1997). 76. Garcia-Sanchez, F. et al. Cytosine deaminase adenoviral vector and 5-fluorocytosine selectively reduce breast cancer cells 1 million-fold when they contaminate hematopoietic cells: a potential purging method for autologous transplantation. Blood 92, 672-82 (1998). 77. Riley, R.J. et Workman, P. DT-diaphorase and cancer chemotherapy. Biochem Pharmacol 43, 1657-69 (1992). 78. Searle, P.F. et al. Sensitisation of human ovarian cancer cells to killing by the prodrug CB1954 following retroviral or adenoviral transfer of the E. coli nitroreductase gene. Adv Exp Med Biol 451, 107-13 (1998). 79. Friedlos, F., Court, S., Ford, M., Denny, W.A. et Springer, C. Gene-directed enzyme prodrug therapy: quantitative bystander cytotoxicity and DNA damage induced by CB1954 in cells expressing bacterial nitroreductase. Gene Ther 5, 105-12 (1998). 80. Chen, L., Yu, L.J. et Waxman, D.J. Potentiation of cytochrome P450/cyclophosphamide-based cancer gene therapy by coexpression of the P450 reductase gene. Cancer Res 57, 4830-7 (1997). 81. Chase, M., Chung, R.Y. et Chiocca, E.A. An oncolytic viral mutant that delivers the CYP2B1 transgene and augments cyclophosphamide chemotherapy. Nature Biotech 16, 444-8 (1998). 82. Wei, M.X., Tamiya, T., Rhee, R.J., Breakefield, X.O. et Chiocca, E.A. Diffusible cytotoxic metabolites contribute to the in vitro bystander effect associated with the cyclophosphamide/cytochrome P450 2B1 cancer gene therapy paradigm. Clin Cancer Res 1, 1171-7 (1995). 83. Parker, W.B. et al. In vivo gene therapy of cancer with E. coli purine nucleoside phosphorylase. Hum Gene Ther 8, 1637-44 (1997). 84. Hughes, B.W. et al. Bystander killing of melanoma cells using the human tyrosinase promoter to express the Escherichia coli purine nucleoside phosphorylase gene. Cancer Res 55, 3339-45 (1995). 85. Hesdorffer, C. et al. Phase I trial of retroviral-mediated transfer of the human MDR1 gene as marrow chemoprotection in patients undergoing highdose chemotherapy and autologous stem-cell transplantation. J Clin Oncol 16, 165-72 (1998). 86. Boon, T. et van der Bruggen, P. Human tumor antigens recognized by T lymphocytes. J Exp Med 183, 725-9 (1996). 87. Rosenberg, S.A. et al. Immunologic and therapeutic evaluation of a synthetic peptide vaccine for the treatment of patients with metastatic melanoma. Nat Med 4, 321-7 (1998). 88. Pardoll, D.M. Cancer vaccines. Nat Med 4, 525-31 (1998). 89. Baskar, S. Gene-modified tumor cells as cellular vaccine. Cancer Immunol Immunother 43, 165-73 (1996). 90. Fearon, E.R. et al. Interleukin-2 production by tumor cells bypasses T helper function in the generation of an antitumor response. Cell 60, 397-403 (1990). La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000 91. Golumbek, P.T. et al. Treatment of established renal cancer by tumor cells engineered to secrete interleukin-4. Science 254, 713-6 (1991). 92. Dilloo, D. et al. Combined chemokine and cytokine gene transfer enhances antitumor immunity. Nat Med 2, 1090-1095 (1996). 93. Thompson, R.C. et al. Systemic and local paracrine cytokine therapies using transduced tumor cells are synergistic in treating intracranial tumors. J Immunother Emph Tumor Immunol 19, 405-13 (1996). 94. Huang, A.Y., Bruce, A.T., Pardoll, D.M. et Levitsky, H.I. Does B7-1 expression confer antigen-presenting cell capacity to tumors in vivo? J Exp Med 183, 769-76 (1996). 95. Thomas, M.C., Greten, T.F., Pardoll, D.M. et Jaffee, E.M. Enhanced tumor protection by granulocyte-macrophage colony-stimulating factor expression at the site of an allogeneic vaccine. Hum Gene Ther 9, 835-43 (1998). 96. Pardoll, D. Immunotherapy with cytokine gene-transduced tumor cells: the next wave in gene therapy for cancer. Curr Opin Oncol 4, 1124-9 (1992). 97. Jaffee, E.M. et al. Use of murine models of cytokine-secreting tumor vaccines to study feasibility and toxicity issues critical to designing clinical trials. J Immunother Emph Tumor Immunol 18, 1-9 (1995). 98. Gajewski, T.F., Renauld, J.C., Van Pel, A. et Boon, T. Costimulation with B7-1, IL-6, and IL-12 is sufficient for primary generation of murine antitumor cytolytic T lymphocytes in vitro. J Immunol 154, 5637-48 (1995). 99. Cao, X. et al. Enhanced efficacy of combination of IL-2 gene and IL-6 genetransfected tumor cells in the treatment of established metastatic tumors. Gene Ther 3, 421-6 (1996). 100. Wu, T.C., Huang, A.Y., Jaffee, E.M., Levitsky, H.I. et Pardoll, D.M. A reassessment of the role of B7-1 expression in tumor rejection. J Exp Med 182, 1415-21 (1995). 101. Stopeck, A.T. et al. Phase I study of direct gene transfer of an allogeneic histocompatibility antigen, HLA-B7, in patients with metastatic melanoma. J Clin Oncol 15, 341-9 (1997). 102. Dilloo, D. et al. CD40 ligand induces an antileukemia immune response in vivo. Blood 90, 1927-33 (1997). 103. Arai, H., Gordon, D., Nabel, E.G. et Nabel, G.J. Gene transfer of Fas ligand induces tumor regression in vivo. Proc Nat Acad Sci USA 94, 13862-7 (1997). 104. Wahl, W.L. et al. Generation of therapeutic T-lymphocytes after in vivo tumor transfection with an allogeneic class I major histocompatibility complex gene. J Immunother Emph Tumor Immunol 17, 1-11 (1995). 105. Lin, K.Y. et al. Treatment of established tumors with a novel vaccine that enhances major histocompatibility class II presentation of tumor antigen. Cancer Res 56, 21-6 (1996). 106. Dranoff, G. et al. Vaccination with irradiated tumor cells engineered to secrete murine granulocyte-macrophage colony-stimulating factor stimulates potent, specific, and long-lasting anti-tumor immunity. Proc Nat Acad Sci USA 90, 3539-43 (1993). 107. Hung, K. et al. The central role of CD4(+) T cells in the antitumor immune response. J Exp Med 188, 2357-68 (1998). 108. Fernandez, N. et al. Active specific T-cell-based immunotherapy for cancer: nucleic acids, peptides, whole native proteins, recombinant viruses, with dendritic cell adjuvants or whole tumor cell-based vaccines. Principles and future prospects. Cytokines Cell Mol Ther 4, 53-65 (1998). 109. Fallarino, F., Uyttenhove, C., Boon, T. et Gajewski, T.F. Improved efficacy of dendritic cell vaccines and successful immunization with tumor antigen peptide-pulsed peripheral blood mononuclear cells by coadministration of recombinant murine interleukin-12. Int J Cancer 80, 324-33 (1999). 110. Zitvogel, L. et al. Therapy of murine tumors with tumor peptide-pulsed dendritic cells: dependence on T cells, B7 costimulation, and T helper cell 1associated cytokines. J Exp Med 183, 87-97 (1996). 111. Zitvogel, L. et al. Eradication of established murine tumors using a novel cell-free vaccine: dendritic cell-derived exosomes. Nat Med 4, 594-600 (1998). 112. Cao, X. et al. Lymphotactin gene-modified bone marrow dendritic cells act as more potent adjuvants for peptide delivery to induce specific antitumor immunity. J Immunol 161, 6238-44 (1998). 173 N O U V E A U 113. Hsu, F.J. et al. Vaccination of patients with B-cell lymphoma using autologous antigen-pulsed dendritic cells. Nat Med 2, 52-8 (1996). 114. Murphy, G.P. et al. Infusion of dendritic cells pulsed with HLA-A2-specific prostate-specific membrane antigen peptides: a phase II prostate cancer vaccine trial involving patients with hormone-refractory metastatic disease. Prostate 38, 73-8 (1999). 115. Rosenberg, S.A. et al. Use of tumor-infiltrating lymphocytes and interleukin-2 in the immunotherapy of patients with metastatic melanoma. A preliminary report. N Engl J Med 319, 1676-80 (1988). 116. Yotnda, P. et al. Cytotoxic T cell response against the chimeric p210 BCR-ABL protein in patients with chronic myelogenous leukemia. J Clin Invest 101, 2290-6 (1998). C O N C E P T 132. Moller, P. et al. Vaccination with IL-7 gene-modified autologous melanoma cells can enhance the anti-melanoma lytic activity in peripheral blood of patients with a good clinical performance status: a clinical phase I study. Br J Cancer 77, 1907-16 (1998). 133. Simons, J.W. et al. Bioactivity of autologous irradiated renal cell carcinoma vaccines generated by ex vivo granulocyte-macrophage colony-stimulating factor gene transfer. Cancer Res 57, 1537-46 (1997). 134. Bowman, L. et al. IL-2 adenovector-transduced autologous tumor cells induce antitumor immune responses in patients with neuroblastoma. Blood 92, 1941-9 (1998). 117. Osman, Y. et al. Generation of bcr-abl specific cytotoxic T-lymphocytes by 135. Sobol, R.E. et al. Injection of colon carcinoma patients with autologous irradiated tumor cells and fibroblasts genetically modified to secrete interleukin-2 (IL-2): a phase I study. Hum Gene Ther 6, 195-204 (1995). using dendritic cells pulsed with bcr-abl (b3a2) peptide: its applicability for donor leukocyte transfusions in marrow grafted CML patients. Leukemia 13, 166-74 (1999). 136. Stingl, G. et al. Phase I study to the immunotherapy of metastatic malignant melanoma by a cancer vaccine consisting of autologous cancer cells transfected with the human IL-2 gene. J Mol Med 75, 297-9 (1997). 118. Yotnda, P. et al. Cytotoxic T cell response against the chimeric ETV6- 137. Bowman, L.C. et al. Interleukin-2 gene-modified allogeneic tumor cells AML1 protein in childhood acute lymphoblastic leukemia. J Clin Invest 102, 455-62 (1998). 138. Schwarzenberger, P. et al. The treatment of malignant mesothelioma with 119. Cheever, M.A., Chen, W., Disis, M.L., Takahashi, M. et Peace, D.J. T-cell a gene modified cancer cell line: a phase I study. Hum Gene Ther 9, 2641-9 (1998). immunity to oncogenic proteins including mutated ras and chimeric bcr-abl. Ann New York Acad Sci 690, 101-12 (1993). 139. Jaffee, E.M. et al. A phase I clinical trial of lethally irradiated allogeneic 120. Cardoso, A.A. et al. Ex vivo generation of human anti-pre-B leukemiaspecific autologous cytolytic T cells. Blood 90, 549-61 (1997). for treatment of relapsed neuroblastoma. Hum Gene Ther 9, 1303-11 (1998). pancreatic tumor cells transfected with the GM-CSF gene for the treatment of pancreatic adenocarcinoma. Hum Gene Ther 9, 1951-71 (1998). 121. Jacob, L. et al. Cytotoxic T-cell clone against rectal carcinoma induced 140. Jaffee, E.M. et Pardoll, D.M. Considerations for the clinical development of cytokine gene-transduced tumor cell vaccines. Methods 12, 143-53 (1997). by stimulation of a patient's peripheral blood mononuclear cells with autologous cultured tumor cells. Int J Cancer 71, 325-32 (1997). 141. Brekken, R.A., Huang, X., King, S.W. et Thorpe, P.E. Vascular endothelial growth factor as a marker of tumor endothelium. Cancer Res 58, 1952-9 (1998). 122. Schultze, J., Seamon, M., Michalak, S., Gribben, J. et Nadler, L. Autologous Tumor Infiltrating T Cells Cytotoxic for Follicular Lymphoma Cells Can Be Expanded In Vitro. Blood 89, 3806-3816 (1997). 142. Oku, T. et al. Tumor growth modulation by sense and antisense vascular endothelial growth factor gene expression: effects on angiogenesis, vascular permeability, blood volume, blood flow, fluorodeoxyglucose uptake, and proliferation of human melanoma intracerebral xenografts. Cancer Res 58, 4185-92 (1998). 123. Rooney, C.M. et al. Infusion of Cytotoxic T Cells for the Prevention and Treatment of Epstein-Barr Virus-Induced Lymphoma in Allogeneic Transplant Recipients. Blood 92, 1549-1555 (1998). 124. Papadopoulos, E.B. et al. Infusions of donor leukocytes to treat EpsteinBarr virus-associated lymphoproliferative disorders after allogeneic bone marrow transplantation. N Engl J Med 330, 1185-91 (1994). 125. Tiberghien, P. et al. Use of donor T-lymphocytes expressing herpes-simplex thymidine kinase in allogeneic bone marrow transplantation: a phase I-II study. Hum Gene Ther 8, 615-24 (1997). 126. Press, O.W. et al. Phase II trial of 131I-B1 (anti-CD20) antibody therapy with autologous stem cell transplantation for relapsed B cell lymphomas. Lancet 346, 336-40 (1995). 127. Stingl, G. et al. Phase I study to the immunotherapy of metastatic malignant melanoma by a cancer vaccine consisting of autologous cancer cells transfected with the human IL-2 gene. Hum Gene Ther 7, 551-63 (1996). 128. Das Gupta, T.K., Cohen, E.P. et Richards, J.M. Phase I evaluation of interleukin-2-transfected irradiated allogeneic melanoma for the treatment of metastatic melanoma: appendix 1: protocol. Hum Gene Ther 8, 1701-14 (1997). 129. Veelken, H. et al. A phase-I clinical study of autologous tumor cells plus 143. Orre, M. et Rogers, P.A. VEGF, VEGFR-1, VEGFR-2, microvessel density and endothelial cell proliferation in tumours of the ovary. Int J Cancer 84, 101-8 (1999). 144. Rosenberg, S.A. et al. Gene transfer into humans--immunotherapy of patients with advanced melanoma, using tumor-infiltrating lymphocytes modified by retroviral gene transduction. N Engl J Med 323, 570-8 (1990). 145. Economou, J.S. et al. In vivo trafficking of adoptively transferred interleukin-2 expanded tumor-infiltrating lymphocytes and peripheral blood lymphocytes. Results of a double gene marking trial. J Clin Invest 97, 515-21 (1996). 146. Dunbar, C.E. et al. Retrovirally marked CD34-enriched peripheral blood and bone marrow cells contribute to long-term engraftment after autologous transplantation. Blood 85, 3048-57 (1995). 147. Rill, D.R. et al. An approach for the analysis of relapse and marrow reconstitution after autologous marrow transplantation using retrovirus-mediated gene transfer. Blood 79, 2694-700 (1992). 148. Brenner, M.K. et al. Gene-marking to trace origin of relapse after autologous bone-marrow transplantation. Lancet 341, 85-6 (1993). 130. Mahvi, D.M. et al. Phase I/IB study of immunization with autologous 149. Gahéry-Ségard, H. et al. Phase I trial of recombinant adenovirus gene transfer in lung cancer. Longitudinal study of the immune responses to transgene and viral products. J Clin Invest 100, 2218-26 (1997). tumor cells transfected with the GM-CSF gene by particle-mediated transfer in patients with melanoma or sarcoma. Hum Gene Ther 8, 875-91 (1997). 150. Blaese, R.M. et al. T lymphocyte-directed gene therapy for ADA-SCID : initial trial results after 4 years. Science 270, 475-80 (1995). 131. Sun, Y. et al. Vaccination with IL-12 gene-modified autologous melanoma cells: preclinical results and a first clinical phase I study. Gene Ther 5, 481-90 (1998). 151. Favrot, M.C., Coll, J.L. et Puisieux, I. Un bilan des essais cliniques en thérapie génique. Bull Cancer 86, 115-21 (1999). interleukin-2-gene-transfected allogeneic fibroblasts as a vaccine in patients with cancer. Int J Cancer 70, 269-77 (1997). 174 La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000