WALLONIE ESPACE INFOS n 44 mai-juin 2009

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WALLONIE ESPACE INFOS n 44 mai-juin 2009
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
WALLONIE ESPACE INFOS
n°80
mai-juin 2015
Coordonnées de l’association Wallonie Espace
Wallonie Espace
WSL, Liege Science Park,
Rue des Chasseurs Ardennais,
B-4301 Angleur-Liège, Belgique
Tel. 32 (0)4 3729329
Skywin Aerospace Cluster of Wallonia
Chemin du Stockoy, 3,
B-1300 Wavre, Belgique
Contact: Michel Stassart,
e-mail: [email protected]
Le présent bulletin d’infos en format pdf est disponible sur le site de Wallonie
Espace (www.wallonie-espace.be), sur le portal de l’Euro Space Center/Belgium,
sur le site du pôle Skywin (http://www.skywin.be).
SOMMAIRE :
Thèmes : articles
Mentions Wallonie Espace
Du nouveau à l’Euro Space Center - Actualité : 1.500-3.000 satellites Skywin, SES Techcom, Euro
pour des constellations (tableau) – Le spatial en baisse au Bourget 2015 – Space Center
Euroconsult et SIA/Taurus Group : bilans de l’activité spatiale
@. Pages d’histoire : 50 ans de Mariner-4 – prochaines missions
martiennes
1. Politique spatiale/EU + ESA: Nouvelle orbite pour J.J. Dordain, DG de
l’ESA jusqu’au 30 juin - J.D. Woerner, nouveau DG de l’ESA – Projet
d’agence spatiale espagnole ? – Mystérieuse Corée du Nord
2. Accès à l'espace/Arianespace : Nouvelle gouvernance pour Ariane 6 –
ASL, principal actionnaire d’Arianespace – Proton à bout de souffle –
SpaceX admis au service militaire, mais aux prises avec la fiabilité –
Vers un lanceur partiellement réutilisable ?
3. Télédétection/GMES : Compte-rendu du 10ème Symposium IAA sur Amos
les petits satellites de télédétection – Tableau des plates-formes Airbus
D&S et SSTL – Projet sino-belge de satellite CropWatch – Soutien belge
à Eumetsat – NewSpace Systems à la fois néerlandais et sud-africain Trois nouveaux projets de constellations pour observer notre planète–
Relance en Russie des systèmes de télédétection spatiale
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4. Télécommunications/télévision : SES à la mode des charges hôtes –
Mobilisation Airbus et Arianespace pour la mégaconstellation OneWeb –
Alcomsat-1 ou l’Algérie spatiale à l’heure chinoise – Services mobiles
pour les satellites de SES – Satellites Atom de Dauria Aerospace – Le
trafic aérien cartographié par PROBA-V
5. Navigation/Galileo : Quatre Galileo FOC en plus cette année
6. Sécurité/Défense : X-37B, avion spatial sans pilote – Commande
prochaine de CSO-3 par la Bundeswehr
7. Science/Cosmic Vision : Les quatre Cluster toujours en service –
Mission sino-européenne pour comprendre les relations Soleil-Terre
8. Exploration/Aurora : Les 50 ans des Emirats autour de Mars –
Participation de Cubesats JPL à une mission martienne – La Chine sur la
face cachée de la Lune
9. Vols habités/International Space Station :
Contre-temps pour
ravitailler l’ISS – Perturbations pour la Mission One Year – Duel
Boeing-SpaceX suspendu au budget de la NASA
10. Débris spatiaux/SSA : Pollution avec le DMSP n°13 – Initiative
canadienne pour surveiller l’environnement spatial – Naissance d’un
consortium européen SST – Contribution chinoise au dépistage des
débris
11. Tourisme spatial : Vol suborbital aux prises avec la sécurité
12. Petits satellites/Technologie/Incubation : Fabrication automatisée
chez SSTL – La NASA intéressée par les Cubesats – Incubateurs ESA :
un beau succès
13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales : Expérience ULg
de chercheurs liégeois à l’ESTEC – OUFTI lancé en 2016 – MELiSSA : appel à
des doctorants – Trois stages à l’ESA : National Trainee Programme
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14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace : Du nouveau chez Lambda-X – Lambda-X, ULB, Thales Alenia
Space Belgium, Redu Space
missions spatiales (lancements récents)
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Services, Spacebel, VitroCiset
Belgium, SABCA, Techspace
Aero, Cegelec
Skywin, Euro Space Center,
15. Calendrier 2015-2016 d’événements spatiaux pour la Belgique
ULg, CSL, Thales Alenia Space
Belgium
Annexes-tableaux (en anglais) : Les prochaines missions de l’Europe ULg, CSL
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dans l’espace (2015-2022) - Palmarès des succès à l’exportation de
l’industrie spatiale européenne - Commandes à venir pour les satellites
civils de télécommunications et de télévision
Nouvel Euro Space Center à découvrir :
parcours didactique revu et mis à jour, expo consacrée à la Lune
De 1.500 à 5.000 satellites à lancer avant 2020
pour des contellations (télécommunications, télédétection) !
On parle de « démocratisation » de l’espace. Sous l’impulsion de la libre entreprise.
Suite à l’effet des Cubesat et avec la production robotisée de petits satellites… Mais
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est-il bien raisonnable de polluer l’environnement spatial en y déployant des
constellations de plus en plus nombreuses qui vont, pour certaines, compter plusieurs
centaines de satellites sur des orbites entre 500 et 1000 km. Il ne se passe pas un mois
sans qu’un projet de constellation soit annoncé en Amérique du Nord ! Nous avons
mis à jour avec les nouveaux projets de constellations, qui sont annoncés depuis le
début de l’année, le recensement sommaire de ces systèmes en développement, en
projet. Et c’est édifiant ! Ce n’est plus seulement la navigation par satellites qui a la
cote. On s’intéresse aux constellations pour de l’internet à haut débit sur l’ensemble de
la planète et pour la surveillance en continu du globe avec des satellites de
télédétection de plus en plus performants.
Au pays de la libre concurrence, la porte est ouverte à tous les excès : on assiste à une
avalanche de projets de constellations, qui ne verront pas tous (heureusement !) le jour.
Mais que l’amour pour le business spatial aille jusqu’à pareille débauche de systèmes
au-dessus de nos têtes : les Etats doivent s’inquiéter du problème d’une pollution
débridée. Il est grand temps que la communauté internationale mette de l’ordre avant
que le nouveau monde de l’espace ne devienne un ramassis d’épaves et débris en tous
genres, et ce, pour avoir fait plaisir à quelques hommes et femmes d’affaires en
Amérique du Nord.
Mise à jour du tableau paru dans WEI n°78 (janvier-février 2015)
NOM (opérateur/Etat)
[début du déploiement]
AQUILA SPACE (Aquila
Space + Astro Digital +
Dauria Aerospace)
Mission
(orbite)
Télédétection optique
multispectrale et haute
résolution (héliosynchrone à
600 km)
Nombre des satellites des satellites - site internet
[perspective de développement]
Jusqu’à 28 microsats Corvus de type Cubesat :
Landmapper BC avec 8 Corvus BC/Broad
Coverage, LandMapper avec 20 Corvus HD/High
Definition – commercialisation de microsats bon
marché Corvus et de leurs équipements pour
l’observation globale de façon continue
http://www.aquilaspace.com/ [2 premiers
microsats expérimentaux lancer en 2016 par un
Soyouz – coopération avec Dauria Aerospace et
son projet de constellation Perseus]
BITSAT (Dunvegan Space
Relais de données sur
Jusqu’à 24 Cubesat Triples de 10 kg pour des
Systems + Deep Space
l’ensemble du globe
services de « cloud computing » –
Industries)
(héliosynchrone)
http://www.dunveganspace.com/ [à satelliser en
2016]
BLACKSKY GLOBAL
Télédétection optique 1 m de Jusqu’à 60 microsatellites de 50 kg –
(BlackSky Global +
résolution en quasi direct
http://www.blacksky.com/ [2 Pathfinder à lancer
Spaceflight Services + Exelis) (héliosynchrone à 450 km)
fin 2015, puis 4 Global en 2016 comme
démonstrateurs, constellation complète en 2019]
CONSTELLATION
Télédétection optique haute
Jusqu’à 16 satellites : 8 optiques et 8 radar GENERATION 3 (Urthecast définition et radar dans les
utilisation de caméras sur l’ISS - acquisition de la
+ SSTL + Deimos Space)
bandes X et L
société espagnole Deimos Space avec ses deux
(héliosynchrone)
satellites et archives de télédétection
https//www.urthecast.com/ [déploiement complet à
l’horizon 2020]
JILIN CONSTELLATION
Télédétection optique
Constellation faite de minisats et de microsats :
(CAST ?/China)
multispectrale (héliosynchrone projet de déployer 16 satellites en 2020, jusqu’à
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à 656 km)
LEOSAT (LeoSat Inc +
Thales Alenia Space ?)
NORTHSTAR (Norstar
Space Data Inc + Novawurks
+ DARPA ?)
Connexions ultrasécurisées
point-à-point pour les
entreprises (héliosynchrone à
1.400 km)
Suivi des débris dans le cadre
d’une stratégie SSA/Space
Situational Awareness (à 800
km ?)
130 satellites à l’horizon 2030 [4 démonstrateurs à
lancer fin 2015]
De 80 à 120 microsats en bande Ka – étude de
faisabilité technique en cours
http://www.leosat.com/ [à lancer pour 2019]
Projet canadien de 40 microsats compact, dotés de
senseurs hyperspectraux et infrarouges pour la
surveillance du milieu spatial et pour la protection
de l’environnement terrestre http://norstardata.com/ [à lancer dès 2017]
ONE WEB (Virgin Galactic + Connexions internet « low
Jusqu’à 900 satellites de moins de 150 kg en bande
Qualcomm + Airbus D&S)
cost » pour chacun sur le globe Ku (fréquences SkyBridge) pour un coût unitaire de
(sur différents plans à 1.200
0,5 million €, mais 648 opérationnels sur orbite, qui
km, orbite atteinte par la
se désatelliseront en bout de vie grâce à la
propulsion électrique)
propulsion électrique – partenariat avec Airbus
D&S pour la production en série des microsats
http://www.oneweb.world/ [lancements à partir de
2018]
PLANETIQ (PlanetiQ + Blue Prévisions météorologiques de Constellation initiale de 12 microsatellites de 22 kg,
Canyon Technologies)
grande précision grâce à la
basés sur la technologie Cubesat, avec la
GPS Radio Occultation dans
perspective de 18 à l’horizon 2020, dont certains
l’atmosphère (à 750-800 km
équipés de senseurs. http://www.planetiq.com/
avec 72 degrés d’inclinaison) [lancements en 2016 et en 2017]
SPACEX MICROSAT
Télécommunications/internet Jusqu’à 4.000 microsats dans les bandes S et Ku,
(SpaceX + ?) [2016]
pour tous (sur plusieurs plans produits dans une usine entièrement robotisée à
orbitaux à 625 km et à 1.100
Seattle (Washington) – Peu d’informations
km ?)
précises : projet soumis pour approbation à la FCC
américaine http://www.spacex.com/ [6 à 8
démonstrateurs MicroSat à lancer en 2016 – aucun
planning pour le déploiement complet]
SPIRE STRATOS (Spire
Prévisions météorologiques
Jusqu’à 100 Triple Cubesats en 2017…
+ Clyde Space) [dès fin 2015] grâce à la GPS Occultation
https://spire.com/ [aucun planning précis pour le
Radio + Senseurs AIS. (à 500 déploiement prévu]
km)
TERRAN ORBITAL ( ?)
Communications d’urgence
Utilisation de satellites « low cost » de type
[2016 ?]
pour les situations de crise
Cubesat - http://terranorbital.com/ [dizaines de
(600 km)
satellites à déployer rapidement]
© Space Information Center/Belgium – juillet 2015
Compte-rendu Bourget 2015 : cote en baisse du spatial ?
Le Salon du Bourget est assurément devenu la vitrine mondiale de l’aéronautique
(notamment pour l’aviation commerciale et pour la propulsion) et de la défense (avec
chasseurs, missiles et systèmes de sécurité). A présent, le spatial y fait plutôt figure de
parent pauvre. Il met essentiellement l’accent sur l’Europe dans l’espace avec les
expositions, sans grand panache, de l’ESA, du CNES et d’Arianespace… Il est bien
loin ce temps des glorieuses années 60 et 70 où les Etats-Unis (avec la NASA) et
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l’Union Soviétique (Russie) venaient manifester leurs ambitions dans des pavillons
spectaculaires.
L’industrie aérospatiale, avec les Airbus, Thales, Boeing, Lockheed Martin,
Finmeccanica, Safran…, faisait preuve de discrétion pour ses compétences dans les
lanceurs et satellites. Comme si une mode était passée. Pourtant, le spatial ne s’est
jamais aussi bien porté. Son business, qui se chiffre en dizaines de milliards € (voir les
articles ci-dessous), a fière allure avec l’exploitation de l’orbite géostationnaire et le
déploiement de constellations tant pour les télécommunications que pour la
télédétection, à des fins commerciales et gouvernementales. La seule entreprise à
mettre en évidence son potentiel en technologie spatiale était OHB : ce groupe
multinational avec des filiales en Allemagne, Italie, Suède, Belgique et au
Luxembourg est en quête d’autres implantations. On sait que OHB est le maître
d’œuvre des satellites Galileo FOC (Full Operational Capability), du bus SmallSat, des
Meteosat de 3ème génération, du système SARah de satellites radar pour l’Armée
allemande…
En matière spatiale, il y avait la présence pour l’Italie de l’ASI, d’Avio (avec le
lanceur Vega C) et de Thales Alenia Space. La Russie, sur un ensemble de stands qui
n’avait rien d’innovant à exposer, mais insistait sur le binôme, en cours de fusion, de
l’agence gouvernementale Roscosmos et du groupement industriel URSC (United
Rocket & Space Corporation). Comme à l’habitude, on trouvait une pléthore de
maquettes de lanceurs avec les familles des lanceurs modulaires Soyouz et Angara de
nouvelle génération. Isolée dans un coin, l’Ukraine démontrait sa volonté de
poursuivre le développement de lanceurs, de propulseurs et de satellites. De son côté,
la Chine présentait sa panoplie de fusées-sondes, le lanceur Longue Marche 7 qui
volera l’année prochaine, ainsi qu’une maquette de la puissante plate-forme DFH-5 de
satellites géostationnaires. Elle insistait sur un système de déploiement multiple de
satellites. Le Japon de l’espace était assez discret. Trois Etats manifestaient leur intérêt
pour la promotion des systèmes spatiaux : la Belgique avec la plate-forme intelligente
des microsatellites d’observation PROBA, le Luxembourg avec des applications pour
la gestion des risques et les secours d’urgence, Singapour avec un projet privé d’un
petit satellite dépollueur d’orbites.
Etonnant réveil du robot Philae
Bourget-sur-espace a sauvé l’honneur grâce à l’heureuse surprise du réveil de Philae
sur le noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Gerassimenko, à quelque 305 millions
de km. Ce petit robot, dont la maquette grandeur nature constituait la vedette devant
l’entrée du pavillon ESA (quelque peu caché par la demi-sphère du CNES), faisait
parler de lui à quelques heures de l’ouverture du Salon. Depuis le 15 novembre, il
s’était endormi après épuisement de ses batteries et on misait pour leur recharge sur un
meilleur éclairement de ses panneaux solaires. Dans la nuit du 13 au 14 juin, Philae en
envoyant via la sonde Rosetta des signaux sur sa santé durant une minute et demie
laissait augurer une nouvelle phase de résultats scientifiques dans l’exploration
cométaire. De fait, durant le Salon, il est entré en contact, à plusieurs reprises, avec
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l’ESOC (European Space Operations Centre) à Darmstadt (Allemagne). On va ajuster
l’orbite de Rosetta autour de la comète pour avoir des séances de communications plus
longues.
Le Président François Hollande, lors de l’inauguration du Salon, a rendu visite à Philae
(nom qu’il a donné à son chien), après s’être arrêté devant le pavillon d’Arianespace.
Lors d’une brève allocution à un parterre d’industriels et d’officiels pour rappeler
l’intérêt du spatial pour la France, il n’a aucunement fait allusion à la vente à Airbus
Safran Launchers (ASL) des parts du CNES dans Arianespace. Le lendemain,
Stéphane Israël, président directeur général d’Arianespace, annonçait qu’un accord
avait été conclu entre l’Etat français, le CNES et ASL : au terme des procédures
réglementaires d’approbation et de consultation requises, ASL a ainsi vocation à
devenir actionnaire d’Arianespace à 74 %. « L’accord intervenu s’inscrit dans la
logique de la refondation de la gouvernance de la filière des lanceurs décidée à
Luxembourg en décembre 2014 lors de la Conférence ministérielle de l’ESA. C’est une
étape importante sur le chemin qui doit nous mener à Ariane 6 ». L’Italien Avio et
l’Allemand OHB, même s’ils sont de grands fournisseurs d’ASL, ont décidé de ne pas
rejoindre la nouvelle entité comme actionnaires.
Arianespace a fait état d’un chiffre d’affaires de près de 1,4 milliard € pour 2014, avec
un petit bénéfice de 3 millions €. Grâce à 11 lancements – 6 Ariane 5, 4 Soyouz, 1
Vega – et 23 satellites mis en orbite, la capacité opérationnelle du Centre Spatial
Guyanais a pu être démontrée. « On est prêt à faire mieux en 2015 avec douze
lancements », a précisé S. Israël. La société européenne de transport spatial avait fin
2014 engrangé des contrats pour plus de 4,1 milliards €. « On a rééquilibré notre
carnet de commandes entre petits et gros satellites ». La grande surprise est venue du
lanceur Vega dont 10 ont été commandés à l’entreprise italienne ELV et pour lequel il
n’y a pas d’alternative aux Etats-Unis. L’objectif est de préparer Arianespace pour
l’exploitation d’Ariane 6 : « On veut réaliser des économies avant l’arrivée du lanceur
de nouvelle génération, afin d’avoir des comptes équilibrés ».
Emouvant passage de témoin
Moment historique à l’ESA : son directeur général Jean-Jacques Dordain a tenu son
ultime conférence de presse. Il avait à ses côtés Johann-Dietrich Dietrich, qui lui
succède ce 1er juillet pour diriger l’agence spatiale européenne. Des 12 ans pratiquement la durée de la mission Rosetta-Philae - qu’il a passés à la tête de l’Europe
dans l’espace, J.J. Dordain a marqué de son empreinte la dimension internationale et la
vitalité opérationnelle de l’ESA. « L’agence est le partenaire le plus fiable dans
monde pour des coopérations », a-t-il tenu à rappeler en insistant sur les missions avec
la Russie et avec la Chine. Il voit bien des astronautes européens participer à des vols
dans la station spatiale chinoise. En guise d’adieu, comme un héritage, il a exhibé la
12ème édition - la dernière de son mandat - du volumineux European Space Technology
Master Plan, document annuel de référence sur l’état des activités spatiales
européennes. Il y est question des initiatives et actions dans les 22 Etats membres de
l’ESA, au Canada et avec les 5 pays coopérants d’Europe.
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Jan Woerner, nouveau directeur général de l’ESA à partir du 1 er juillet, a mis l’accent
sur la continuité. Tout en intensifiant la réflexion sur l’avenir dans l’espace, avec
l’actuel chapitre Space 4.0 marqué par le business des systèmes spatiaux et leur
interactivité pour les besoins de la société : « Il s’agira de redéfinir en Europe les rôles
de l’industrie, de la Commission et de l’ESA ». Pour lui, l’Europe doit rester active
dans la maîtrise du vol spatial habité. En tout cas, l’humour est assuré d’une continuité
avec le passage de témoin. En évoquant la mission de la NASA pour explorer Europa,
la « lune » glacée de Jupiter, Jean-Jacques Dordain compte bien sur une participation
européenne conséquente, peut-être avec un robot d’atterrissage : « Nous ne laisserons
pas la NASA atterrir sur Europe sans nous ! » Et Woerner d’ajouter : « Si les
Américains le font sans nous, nous irons sur la Lune et en rapporterons leur
drapeau. »
Inquiet devant la montée en puissance des constellations avec le déploiement sur orbite
de meutes constituées par des centaines de satellites, on a posé la question d’une
pollution accrue et risquée de l’environnement spatial. Jean-Jacques Dordain a rappelé
la stratégie de l’ESA : empêcher la création de débris (comme c’est le cas dans la
conception des satellites Metop de seconde génération pour Eumetsat), veiller à leur
détection (dans le cadre du programme Space Situational Awareness), agir pour leur
élimination (avec des actions et systèmes de dépollution). « Il faut que les agences
dans le monde s’engagent sur les mêmes mesures ». Jan Woerner est conscient de la
nécessité d’avoir des systèmes de lancement plus propres. Et la conférence de presse
s’est terminée sur une salve d’applaudissements pour un Jean-Jacques Dordain
visiblement ému. Nul ne sait ce que va faire ce spécialiste de l’astronautique
européenne. Une chose est sûre : fort de son savoir et savoir-faire, il n’a pas dit son
dernier mot.
Bourget-sur-espace : informations glanées par-ci par-là
Le Salon aérospatial du Bourget est l’événement avec ses effets d’annonces et avecdes
signatures de partenariats. Ce qui fut le cas pour une nouvelle donne de l’Europe dans
l’espace, grâce à un cours de l’euro moins élevé par rapport au dollar.
* OneWeb : l’apprentissage des micro-satellites à la chaîne chez Airbus Defense
& Space. Ce sont plus de 900 microsats de moins de 150 kg qui doivent être fabriqués
jusqu’à 3 à 4 par jour pour réaliser la mégaconstellation OneWeb ! A l’horizon 2019,
700 doivent être déployés à 500 km, puis gagner leur orbite définitive à 1.200 km
grâce à la propulsion électrique, afin d’assurer des services internet à haut débit, peu
coûteux, sur l’ensemble du globe. Une double révolution en perspective : d’abord avec
l’accès à tous à la société de l’information, puis avec la production en grande série de
satellites bon marché. Airbus a décidé d’investir dans l’ambitieux projet de l’homme
d’affaires Greg Wyler, qui est par ailleurs l’initiateur de la constellation O3b (Other 3
billion) avec des mini-satellites fournis par Thales Alenia Space. Greg Wyler a eu droit
à une brève rencontre avec le président François Hollande dans le pavillon d’Airbus. Il
aurait pu annoncer d’autres contrats importants durant le Salon, car dans la semaine
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qui a suivi, OneWeb a précisé avoir conclu des accords qui démontrent que sa
mégaconstellation sera mise en place à l’horizon 2019 avec une assise internationale:
outre Airbus et Arianespace, avec Intelsat, Hughes Network (Echostar), Qualcomm, le
groupe Coca-Cola, Virgin Group, Totalplay/Grupo Salinas, Bharti Enterprises. Un
premier investissement d’un demi-milliard de dollars aurait été réuni.
* LeoSat : autre constellation pour Thales Alenia Space. La « startup » américaine
Leosat projette de déployer de 80 à 120 microsats en bande Ka. Elle a décidé de faire
appel à l’expérience de Thales Alenia Space (TAS) dans la mise en œuvre de
constellations avec plusieurs dizaines de satellites pour un système global de
télécommunications ultrasécurisées pour les entreprises. TAS a confirmé la poursuite
de l’étude de faisabilité en vue d’une réalisation en 2019. Décidément, nos PC ne
sauront plus à quelle constellation se vouer pour se connecter dans le monde !
* AstroScale à Singapour : cap sur la dépollution de l’espace ! Créée en 2013,
AstroScale, PME singapourienne, entend innover dans le spatial en démontrant dès
2017 qu’il est possible de nettoyer l’espace avec un satellite « dépollueur ». Elle
exposait une maquette du système Adras-1 (20 kg) qui va se coller avec un adhésif
spécial sur une épave sur orbite afin de la précipiter dans l’atmosphère au moyen de
propulseurs à poudre. AstroScale prévoit de tester le micro-satellite Idea-1destiné à
recueillir des données sur le taux des débris de très petites dimensions sur les orbites
les plus encombrées.
* Avec Newtec et l’ESA : Intelsat à la mode Indigo. Le Salon a vu la signature d’un
partenariat public-privé entre l’ESA, l’opérateur global Intelsat et Newtec, qui est le
premier pour un système au sol. Newtec Cy est une société belge qui a vu le jour avec
le programme européen du puissant satellite Olympus et n’a cessé de grandir en se
spécialisant dans les solutions technologiques au sol qui tirent le mieux parti de la
bande passante des satellites de télécommunications. Ainsi la plate-forme Dialog de
Newtec permet une grande flexibilité et de meilleures performances des liaisons
satellitaires pour les équipements terrestres de type « hub ». Pour qu’elle soit la mieux
adaptée à la génération des satellites Epic que Intelsat a prévu de mettre en service dès
2016, Newtec développe Indigo (Intelsat Dialog Open system), avec le soutien du
gouvernement belge dans le cadre du programme ARTES de l’ESA. Un budget de
12,7 millions € a été décidé lors du Conseil ministériel de l’ESA en décembre dernier.
* PROBA, grande vedette du spatial belge. Au Bourget, la Belgique avait réuni ses
acteurs industriels sur une aire qui ne passait pas inaperçue. On y mettait fort en valeur
la plate-forme PROBA pour des observations de la surface terrestre. Elle a décidé de
coopérer dans ce domaine avec le RADI (Institute of Remote Sensing & Digital
Earth). Sous l’autorité de la CAS (Chinese Academy of Sciences), elle a vu le jour
dans le cadre du programme CAS « Innovation 2020 » pour développer l’imagerie
satellitaire à des fins civiles, et ce, à l’écart des systèmes chinois sous contrôle des
instances militaires. Une nouvelle mission, baptisée CropWatch, doit résulter de cette
coopération sino-belge en télédétection spatiale. Il s’agit du développement, sans doute
sous les auspices de l’ESA, d’un satellite d’une demi-tonne, équipé de senseurs à large
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fauchée, parmi lesquels un instrument d’observation dans l’infrarouge (voir rubrique
Télédétection/GMES).
* Le Luxembourg : un Grand Duché plus que jamais spatial. Chacun connaît SES,
opérateur global de satellites (53 en orbite géostationnaire, 12 en orbite moyenne) pour
les technologies de l’information et de la communication. Après s’est bien implanté
sur le marché de la télévision numérique sur l’ensemble de la planète (312 millions de
foyers dans le monde, soit 1,1 milliards de téléspectateurs), elle se lance à l’assaut des
services mobiles (avec les bateaux, les avions) par satellites. Luxspace, filiale d’OHB,
s’est spécialisé dans la mise en œuvre de petits satellites pour la collecte des signaux
AIS (Automated Identification System) émis par les navires. De son côté, grâce au
satellite PROBA V, SES Techcom Services a testé avec le DLR allemand le suivi des
avions en collectant depuis l’espace leurs signaux ADS-B (Automatic Dependent
Surveillance - Broadcast).
De façon originale, l’entreprise Hitec Luxembourg mise sur de technologies
innovantes pour des systèmes au sol tant pour le contrôle des satellites que pour des
applications originales. Ainsi elle fournit ses équipements pour des interventions
d’urgence, dans le cadre de la plate-forme Emergency.lu qui peut être rapidement
déployée sur des sites de catastrophes. Cet équipement a démontré son efficacité en
étant déployé en Guinée pour le laboratoire belge B-Fast (lutte contre l’épidémie
Ebola) et, récemment, au Népal pour le tremblement de terre.
Dans le cadre d’un partenariat international - aux côtés de Telespazio France, la
société italienne e-Geos et l’établissement public Post Luxembourg -, Hitec
Luxembourg vient d’investir dans la création d’un centre EarthLab basé au
Luxembourg. Cette initiative qui s’incrit dans l’emploi des données du programme
européen Copernicus (défini et financé par la Commission) concerne spécifiquement la
gestion des risques industriels et environnementaux. Earthlab Luxembourg fait partie
du réseau mondial EarthLab Galaxy, dont font partie EarthLab Aquitaine et EarthLab
Gabon . Son infrastructure de données tire parti des compétences luxembourgeoises
dans la sécurisation des infrastructures et réseaux de télécommunications, avec le
cadre juridique approprié.
Lors du Salon du Bourget, Luxinnovation et Skywin ont signé un protocole d’accord
pour développer des synergies qui mettent en oeuvre les technologies aérospatiales
Rapport Euroconsult sur l’activité spatiale 2014 :
$ 66,5 milliards d’investissements publics pour l’espace
Le business spatial a pris une part prépondérante des activités dans l’espace. Avec les
initiatives, de plus en plus nombreuses, d’opérateurs privés de satellites de
télécommunications et de télédétection. Mais les pouvoirs publics continuent y jouer
un rôle influent. C’est ce que révèle une récente étude du bureau français Euroconsult,
intitulée Profiles of Government Space Programs, sur les investissements des Etats quelque 80 agences et organisations dans le monde sont passées en revue - dans les
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systèmes spatiaux à des fins scientifiques, gouvernementales, militaires et
sécuritaires… En 2014, ce sont $ 66,5 milliards - soit 58,4 milliards € - qui ont été
consacrés par les gouvernements au financement d’opérations et applications spatiales.
Ce qui représente une baisse de 4 % par rapport à 2013. En cette période de
restrictions budgétaires, l’arbitrage financier signifie un choix dans les priorités à
privilégier. « Pourtant, précise l’étude, cette situation n’a pas fait en sorte que les
gouvernements arrêtent d’investir dans des programmes de grande envergure, même
dans les pays qui sont impactés par une baisse de régime économique. » Et de citer les
exemples du lanceur Ariane 6 en Europe, des satellites-espions au Japon, de la
constellation Radarsat au Canada…
- Les Etats-Unis arrivent largement en tête dans le domaine spatial en 2014 avec un
total de $ 34,6 milliards - plus de la moitié de l’effort mondial – investis par le pouvoir
fédéral pour les missions dans l’espace à des fins civiles et militaires (Département de
la Défense, NASA, NOAA, DARPA…).
- La Russie entend relancer sa stratégie spatiale autour d’une politique ambitieuse,
commencée il y a cinq ans, de moderniser et accroître son potentiel industriel. Elle se
trouve handicapée sur le plan budgétaire par la baisse des ressources du pétrole. Ce qui
explique que le niveau de son budget pour l’espace ait baissé de 11 % en 2014.
- Dans le club des « milliardaires » - plus de $ 1 milliard par an - en matière d’efforts
spatiaux, on a l’Europe avec l’ESA et l’Union, avec la France, l’Allemagne, l’Italie, le
Royaume-Uni… ainsi que la Chine, le Japon, l’Inde. Le rapport d’Euroconsult note
que le budget chinois pour l’espace est désormais le 4ème au monde, bien qu’il soit
difficile d’avoir des chiffres précis du côté de Beijing.
- Parmi les Etats qui dépensent par année au moins $ 100 millions pour l’espace, on a
le Canada, la Corée du Sud, le Brésil, l’Argentine, le Kazakhstan…
- Une trentaine de pays ont un investissement annuel compris entre $ 10 et 100
millions pour la technologie des systèmes spatiaux: ils étaient une vingtaine en 2009, à
peine une dizaine en 2004, note Euroconsult. Comme quoi, le nouveau monde de
l’espace, avec ses multiples applications qui donnent lieu à des produits et services à
grande valeur ajoutée pour les TIC (Technologies de l’Information et de la
Communication), la gestion du territoire, la sécurité en matière environnementale,
suscite de plus en plus d’intérêt.
2015 State of the Satellite Industry Report :
$ 203 milliards pour les revenus du spatial dans le monde
Chaque année, en mai, la SIA (Satellite Industry Association) publie sur son site son
rapport sur l’activité spatiale mondiale sous la forme d’une intéressante présentation
de tableaux synthétiques. Ce rapport est préparé par The Tauri Group sur base des
données qui lui sont fournies par les opérateurs et constructeurs de systèmes spatiaux.
D’après l’estimation de la SIA, le business de l’espace en 2014 s’est élevé à $ 203
milliards (182,67 milliards €). Soit une hausse de 4 % par rapport à 2013. L’évolution
sur dix années montre un chiffre d’affaires qui n’a pas cessé de s’amplifier en devant
2,3 fois plus important : en 2005, il ne s’élevait qu’à $ 83 milliards.
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Segment
Services par satellites (*)
[notamment pour la TV]
Equipements au sol
Réalisation des satellites
Industrie des lanceurs
Chiffre d’affaires
$ 122,9 milliards
[$ 95 milliards]
$ 58,3 milliards
$ 15,9 milliards
$ 5,9 milliards
Comparaison avec 2013
+4%
Total
$ 203 milliards
+ 4 % (**)
+5%
+1%
+9%
(*) Les services de communications mobiles ont connu une croissance de 25 %.
(**) La croissance économique a été de 2,6 % dans le monde, de 2,4 % aux Etats-Unis.
Note : Si on comptabilise les effets des systèmes par satellites sur les secteurs qui ne
sont pas directement de l’industrie spatiale, il faut ajouter $ 119,7 milliards. Ce qui
donne un bilan global qui atteint les $ 322,7 milliards (plus de 290 milliards €) !
La SIA a dressé un relevé sommaire des missions pour les quelque 1.261 satellites
en service à la fin de 2014 :
- 38 % pour les satellites commerciaux de télécommunications ;
- 14 % pour les satellites gouvernementaux de télécommunications ;
- 14 % pour les satellites de télédétection ;
- 11 % pour des missions technologiques ;
- 8 % pour les satellites de navigation ;
- 8 % pour les satellites de surveillance militaire ;
- 5 % pour les missions scientifiques ;
- 2 % pour les satellites de météorologie.
Aujourd’hui, ils sont 57 pays, dont certains dans le cadre de consortia régionaux,
à mettre en œuvre au moins un satellite.
Les revenus industriels de la fabrication des satellites - 208 lancés en 2014 - ont été
générés aux Etats-Unis (62 %), en Europe (20 %), en Russie (5 %), au Japon (5 %), en
Chine (4 %), dans les autres pays (4 %). On a commandé 22 satellites commerciaux
géostationnaires : 13 contrats ont été gagnés par l’industrie américaine, contre 9 pour
les sociétés européennes. Sur les 73 lancements commerciaux de satellites qui ont été
effectués en 2014, 10 l’ont été grâce au trio de lanceurs d’Arianespace.
Une planche est consacrée au phénomène Cubesat avec un nombre croissant de nanosatellites : 130 Cubesats, dont 91 pour l’observation de la Terre, ont été mis en orbite
au cours de 2014, contre 91 en 2013. La SIA estime à $ 100 millions ce qu’on a
dépensé depuis 2005 pour le développement de Cubesats, spécialement aux Etats-Unis
où le concept a pris forme et fait de plus en plus d’émules.
@. Pages d’histoire : leur impact sur le spatial d’aujourd’hui
Il y a 50 ans, la « première » de la sonde américaine Mariner-4 marque
les débuts de l’exploration « de visu » des planètes et du système solaire
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L’exploration spectaculaire, « de visu », du système solaire commence il y a 50 ans
par les prises de vues martiennes de Mariner 4. Cette sonde de la NASA est passée au
large de Mars les 14-15 juillet 1965. Un demi-siècle plus tard, ce 14 juillet, c’est la
sonde américaine New Horizons qui va frôler Pluton, longtemps considérée comme la
9ème planète du système solaire. Après un voyage de 6,4 milliards de km, elle va lever
le voile sur sa physionomie, comme sur celle de Charon, l’une de ses lunes. En août
2006, alors que New Horizons était déjà en route,
l’Union Astronomique
Internationale (UAI) a après des débats épiques rétrogradée Pluton au rang de planète
naine.
Il a donc fallu à peine cinquante ans pour que la boucle soit… bouclée. Pour nos
albums photographiques d’astronomie, on dispose désormais d’une vue panoramique
des astres les plus importants qui constituent, aux côtés de la Terre, le monde autour de
notre étoile, le Soleil. Toutes les planètes ont été visitées, révélant des milieux très
différents du nôtre. Plusieurs comètes et astéroïdes n’ont sans doute livré tous leurs
secrets, mais des images de plus en plus détaillées nous montrent des blocs rocheux, à
la surface tourmentée, avec des paysages peu accueillants.
Mars, alias la Planète Rouge, reste la grande vedette de l’odyssée spatiale. C’est là,
après la Lune, que la NASA a signé de belles réussites, la plaçant largement en tête
dans la découverte de cette voisine de la Terre. Deux automates américains évoluent à
la surface martienne : Opportunity depuis janvier 2004 (il avait en mars parcouru la
distance d’un marathon, soit 42.195 m) et Curiosity depuis août 2012 (plus de 11 km
parcourus). Autour de Mars, il y a des sondes :
- américaines avec 2001 Mars Odyssey depuis octobre 2001, MRO (Mars
Reconnaissance Orbiter) depuis mars 2006, MAVEN (Mars Atmosphere & Volatile
Evolution) depuis septembre 2014 ;
- européenne, avec Mars Express depuis décembre 2003 ;
- indienne, avec MOM (Mars Orbiter Mission) depuis septembre 2014).
Dans les cinq années à venir, on va assister à l’envoi d’une armada internationale
comprenant une demi-douzaine de robots autour de Mars et à sa surface :
- ExoMars-1/2016, prévu pour un lancement Proton en janvier prochain, doit voir le
premier atterrissage martien d’un automate européen, en partenariat avec l’agence
spatiale russe Roscosmos qui fournit des expériences ainsi que le lancement. Il s’agit
d’une mission de l’ESA, sous la maîtrise d’œuvre de Thales Alenia Space, qui
comprend un « orbiter » et un « lander » : le premier, appelé TGO (Trace Gas Orbiter),
est équipé d’instruments européens, américains et russes et il doit servir de relais de
données ; le second, dit EMD (Entry, Descent & Landing Demonstration Module) et
surnommé Schiaparelli, doit se poser sur Mars pour y fonctionner 9 jours.
- INSIGHT (Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy & Heat
Transport), alias Discovery-12, qui sera lancé en mars 2016 par la NASA, doit se
poser sur le sol martien en septembre ; réalisé par Lockheed Martin, il doit durant deux
ans fournir des données sur la géologie de Mars. Il est accompagné par deux MarCO
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(Mars Cube One), nanosatellites du type Cubesat 6Unit dus au Jet Propulsion
laboratory de la NASA, qui passeront au large de Mars pour poursuivre leur voyage
dans le système solaire.
- ExoMars-2/2018 est une mission russo-européenne d’exobiologie qui met en œuvre,
sous les auspices de Thales Alenia Space, une plate-forme de Roscosmos/Lavotchkine
avec la station scientifique Humboldt, ainsi qu’un rover électrique à six roues motrices
destiné à réaliser des sondages en profondeur – jusqu’à 2 m - du sol martien pour
l’expérience Pasteur de détection de traces de vie (microbes qui sont fossilisés,
molécules organiques qui ont survécu aux radiations).
- Mars 2020 Rover doit rééditer l’exploit de l’automate Curiosity dont il est dérivé.
Des améliorations ont été apportées à la charge utile afin d’approfondir la
connaissance de l’environnement martien.
- Emirates Mars Mission, alias Al-Amal (Espérance), est une sonde de 1,5 t qui doit
évoluer dès 2021 autour de Mars pour étudier les caractéristiques (haute résolution,
dans l’infrarouge, dans l’ultraviolet) de son atmosphère. On la considère comme le
premier observatoire météo de la Planète Rouge.
La Russie a rencontré bien des obstacles dans la découverte de Mars. Par contre, elle
s’est illustrée dans l’étude « in situ » de Vénus, véritable casserole à pression du
système solaire. Quant à la Chine, elle a été devancée par l’Inde dans l’étude de Mars.
Elle entend tirer parti de l’expérience de ses missions lunaires pour se lancer dans
l’exploration martienne au cours de la prochaine décennie : un « rover », dont la
maquette fut présentée au Salon aérospatial de Zhuhai en novembre 2014, est en
développement au CASC (China Aerospace Science & Technology Corp).
1. Politique spatiale EU + ESA
1.1. Retour à la case « Education » ou envol comme conseiller européen
de l’ingénieur Jean-Jacques Dordain, qui a consacré 12 ans à rendre
l’ESA la plus efficace possible comme agence internationale de l’espace
Ce 1er juillet, changement à la tête de l’ESA : le Français Jean-Jacques Dordain cède
son siège de commandant de bord à l’Allemand Johan-Dietrich Woerner. Après avoir
piloté avec brio, dans les méandres de la politique, le vaisseau spatial européen. En
dynamique défenseur de la coopération internationale dans l’espace. Après douze
années de pilotage de l’ESA, il avait hâte de retrouver des auditoires d’étudiants, mais
il est tenté d’offrir des services de conseiller pour faire progresser le dessein d’une
Europe unie et dynamique dans l’espace. Il a donné une longue interview à Olivier
Gosset, journaliste du quotidien L’Echo, qui l’a publiée dans son édition des 16-17
mai. Il y fait le point sur le bilan de l’ISS (International Space Station), sur l’avenir des
vols habités avec Mars pour objectif final, sur les perspectives difficiles d’une
coopération essentielle avec la Chine, sur les relations entre l’ESA et la Commission
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européenne, sur la dimension économique des activités spatiales, notamment avec le
système du partenariat public-privé.
Nous avons épinglé ce passage très instructif sur l’avenir de l’Europe dans l’espace :
« Galileo a montré que les relations entre l’ESA et la Commission européenne
n’étaient pas faciles. Vous confirmez ?
- La Commission n’a pas la même culture que la nôtre. Ce sont des juristes et des
financiers. A l’ESA, nous sommes des ingénieurs et des scientifiques. Je le répète. La
coopération, c’est difficile. Ce n’est pas pour cela que les gens de la Commission sont
nos ennemis. On travaille pour les mêmes Etats membres. L’Europe est compliquée et
ce serait une erreur de vouloir la simplifier trop et trop rapidement. Mais cela marche.
On est tout de même avec un budget qui est dix fois moindre que le budget Espace des
Etats-Unis, qui comprend la NASA et le Département de la Défense, qui est la plus
grande agence spatiale du monde, devant la NASA. On fait pourtant la course en tête
dans beaucoup de domaines, avec dix fois moins d’argent. »
Concernant l’intérêt militaire de l’Europe des systèmes spatiaux : « La défense
européenne est encore en cours d’élaboration. Ce sera la dernière chose à être
communautarisée. Il faut laisser du temps au temps. » Dans la rubrique 2 Accès à
l’espace, nous avons repris les explications de J.J. Dordain sur Ariane 6, le futur
lanceur européen.
Dernière minute : Jean-Jacques Dordain,
conseiller du Président du CNES, depuis le 1er juillet
Décidément, on assiste à un intéressant chassé-croisé entre ESA, le CNES et le DLR :
J. Woerner passe du DLR à l’ESA, tandis que J.J. Dordain va de l’ESA au CNES.
1.2. Cap sur une autre ESA : depuis ce 1er juillet,
dans l’orbite du Dr. Johann-Dietrich Woerner (DLR)
L’ESA a, depuis ce 1er juillet, un nouveau commandant de bord : Dr. Johann-Dietrich
Woerner - cet ingénieur de grand talent fêtera ses 61 ans le 18 juillet prochain -, qui a
présidé le conseil d’administration du DLR (Deutsche Luft- und Raumfahrt Zentrum)
depuis le 1er mars 2007. Il va hériter de dossiers d’envergure européenne que son
prédécesseur a déjà bien engagés et dont il est familier, mais dont il s’agit de peaufiner
la mise en œuvre pour la décennie à venir :
- les relations entre l’ESA et la Commission pour la gestion du spatial en Europe,
notamment pour les applications intégrées que l’on doit aux systèmes Galileo
(navigation) et Copernicus (télédétection), ainsi que pour la surveillance de
l’environnement spatial ;
- la coopération internationale, notamment pour les vols spatiaux habités avec la
NASA et Roscosmos, à l’heure où l’exploitation de l’ISS (International Space Station)
touche à sa fin… et alors que la CASC (China AeroSpace Science & Technology
Corp) se prépare à mettre en œuvre sa station modulaire ;
- l’exploration de Mars, considéré comme l’objectif prochain de l’odyssée humaine
dans l’espace, avec la suite à donner aux missions d’exobiologie ExoMars ;
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- l’avenir du transport spatial européen, avec le développement Ariane 6 du lanceur de
nouvelle génération, dans le cadre d’un partenariat public-privé (entre l’ESA, le CNES
et ASL/Airbus Safran Launchers).
Dans une interview à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Jan Woerner a esquissé
quelques réflexions audacieuses concernant la stratégie des Européens dans l’espace :
- « Les Européens auront la capacité de voler à bord du vaisseau Orion de la NASA,
pour lequel nous participons pour la fourniture du système de contrôle. Il y a la
possibilité pour nous d’utiliser le Dream Chaser, un planeur spatial qui est développé
par la société américaine Sierra Nevada Corp. »
- « Nous avons raté plusieurs occasions d’avoir notre système pour les vols spatiaux
habités. Ainsi il eût été possible de convertir le cargo ATV [Automated Transfer
Vehicle] en un vaisseau habité. Nous aurions pu faire davantage grâce à ce vaisseau.
C’est une question d’argent […]. Je ne désespère pas de voir les Européens réaliser
leur propre accès pour les vols habités sur orbite »
- « L’ISS [International Space Station] est devenu un système un peu lourd, mais il
n’en est pas moins une machine fascinante pour des recherches. Nous allons
certainement continuer à l’exploiter jusqu’au moins 2024. […] Les Européens hésitent
encore à s’engager. Le mieux à faire est de rester aux côtés de nos partenaires. Par
ailleurs, nous avons à penser à une levée des restrictions pour son accès. A l’heure
actuelle, l’ISS n’est pas ouvert à tout qui désire y réaliser des expériences. Par
exemple, les Chinois et les Indiens ne sont pas admis à bord, parce qu’ils n’ont pas été
impliqués dans sa construction. Nous avons, en tout cas, à nous défaire du concept de
société fermée. C’est pourquoi j’ai proposé de construire sur la Lune un village qui
serait ouvert à toutes les nations. »
Avec l’arrivée de l’Allemand Dr. Woerner, l’ESA va connaître prochainement une
restructuration de ses différentes directions, actuellement au nombre de 10. De
manière à maintenir une répartition judicieuse entre les Etats contributeurs de l’ESA.
- Directeur TEC (Technical & Quality Management), responsable de l’ESTEC à
Noordwijk (Pays-Bas): l’Italien Franco Ongaro (depuis le 1er avril 2011);
- Directeur HSO (Human Spaceflight & Operations), responsable de l’ESOC à
Darmstadt (Allemagne): l’Allemand Thomas Reiter, par ailleurs astronaute (depuis le
18 avril 2011) ;
- Directeur IPL (Industry, Procurement & Legal Services) : le Belge Eric Morel de
Westgaver (depuis le 1er novembre 2013) ;
- Directeur LAU (Launchers) : le Néerlandais Gaële Winters (depuis mars 2014) ;
- Directeur EOP (Earth Observation), responsable de l’ESRIN à Frascati (Italie):
l’Allemand Volker Liebig (depuis octobre 2004) ;
- Directeur NAV (Galileo Programme & Navigation) : le Français Didier Faivre
(depuis avril 2011) ;
- Directeur SRE (Science & Robotic Exploration), responsable de l’ESAC, près de
Madrid : l’Espagnol Alvaro Gimenez Canete (depuis le 1er mai 2011) ;
- Directeur TIA (Telecommunications & Integrated Applications), responsable de
l’ECSAT, à Harwell (Royaume-Uni): la Française Magali Vaissiere (depuis juin 2008
comme directrice, depuis le 1er juillet 2013)
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- Directeur HFC (Human Resources, Facility Management & Communication) :
l’Allemand Hans Georg Mockel (depuis le 1er mars 2014) ;
- Directeur FCI (Finance, Controlling & Information Technology) : Giuseppe Morsillo
(depuis le 1er novembre 2013).
Les 10 directeurs ESA – sans compter le directeur général - se répartissent
actuellement comme suit : 3 d’Allemagne, 2 de France, 2 d’Italie, 1 d’Espagne, 1 de
Belgique, 1 des Pays-Bas. Dans les mois à venir, il faut s’attendre à des changements.
L’Allemand Volker Liebig devrait laisser son poste... Un Français - il est question de
Joël Barre, qui est actuellement directeur général délégué du CNES et qui fut
responsable du Centre Spatial Guyanais - aurait une charge de directeur (sans doute
pour les lanceurs). Un Britannique pourrait revenir comme directeur ou conseiller du
Directeur général, étant donné l’importance qu’a prise le Royaume-Uni dans plusieurs
programmes de l’ESA.
Une spécialiste de stratégie spatiale à la tête du DLR :
la Viennoise Pascale Ehreufreund est également astrobiologiste
Avec l’arrivée de J. Woerner comme directeur général de l’ESA dès ce 1er juillet, sa
position à la tête du DLR a été confiée à une scientifique originaire de Vienne :
l’astrobiologiste Pascale Ehreufreund, qui est professeur de stratégie spatiale et
spécialiste des affaires internationales au Space Policy Institute de Washington D.C.
1.3. Une Espagne plus forte dans l’espace :
cap sur une agence spatiale nationale…
Plusieurs acteurs du spatial espagnol se font l’avocat de la création d’une agence
spatiale nationale. Surtout qu’on assiste au retour de l’Espagne aux avant-postes de
l’ESA. Avec une contribution annuelle de près de 8 % avec 240-250 millions €, qui
est 15 à 20 % supérieure à celle de la Belgique. L’Espagne redevient le n°5 des Etats
membres de l’ESA, après l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Les
représentants d’Elecnor Deimos, de Thales Alenia Space Espana, d’Airbus Spain et de
Sener – les grands ténors de l’industrie spatiale espagnole – se sont faits les avocats de
la mise en place prochaine d’une agence nationale de l’espace.
Jusqu’ici, le CDTi (Centro para el Desarrolo Technologico Industrial), en charge de la
stratégie espagnole pour le développement technologique, assure la défense des
intérêts de l’Espagne pour sa participation aux programmes de l’ESA. Au niveau
national, ce sont l’INTA et Hisdesat, sous l’autorité du Ministère de la Défense, qui
sont en charge des satellites gouvernementaux : pour les communications militaires, on
a les satellites géostationnaires XTAR LANT (Spainsat) et XTAR EUR développés
par SSL (Space Systems Loral) ; pour l’observation à usage ducal, il y a le satellite
radar SEOSAR Paz à lancer fin 2015 et le satellite optique SEOSat Ingenio pour 2017.
Il y a l’opérateur privé Hispasat qui exploite 7 satellites géostationnaires de
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télécommunications et de télévision entre l’Europe et l’Amérique Latine, ainsi que sur
le continent sud-américain.
A noter : Deimos Space au sein du groupe Elecnor - qui vient de vendre pour 74,2
millions € sa filiale à la société canadienne Urthecast en train de préparer une
constellation de satellites de télédétection optique et radar - est le nouveau venu sur la
scène spatiale espagnole. Il fait preuve d’un beau dynamisme en misant sur des
partenariats internationaux. Pour la réalisation de ses deux satellites d’observation,
l’entreprise de a fait appel au SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) britannique
pour le microsat multispectral Deimos-1 (100 kg/images de 22 m de résolution), au
Satrec Initiative sud-coréen pour le minisat haute résolution Deimos-2 (310
kg/imagerie de 0,75 m), qui évoluent sur orbite respectivement depuis juillet 2009 et
depuis juin 2014. Pour la commercialisation des images de télédétection, elle coopère
avec DMCII (Disaster Monitoring Constellation International Inc) et elle vient de
signer un accord de collaboration avec le MBRSC (Mohammed Bin Rashid Space
Centre) de Dubai (Emirats Arabes Unis) dont le Dubaisat-2 s’apparente au Deimos-2.
Rappel : l’Espagne s’est portée candidate pour présider le prochain Conseil
ministériel ESA de 2016 à Lucerne (Suisse). Elle organisera le Conseil en 2019.
1.4. Enigmatique Pyongyang à la mode spatiale : un centre de contrôle
des satellites flambant neuf et superbe, mais sans consoles ni ordinateurs !
La Corée du Nord n’a décidément pas fini d’exprimer sa mégalomanie et d’entretenir
le mystère sur ses ambitions spatiales. Récemment - aucune date n’est précisée -,
l’autoritaire Kim Jong-un a visité l’édifice flambant neuf tout en béton, ayant l’aspect
d’un vaisseau de science-fiction, du « Satellite Control Center » qui se situe près d’un
site forestier dans la banlieue de Pyongyang. Il est placé sous la responsabilité de la
NADA (National Aerospace Development Administration), qui fut créée en avril 2013
pour prendre en charge le programme spatial nord-coréen. A ce jour, un seul satellite,
baptisé Kwangmyongsong-3, a pu être détecté sur orbite : il fut lancé le 12 décembre
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2012 du centre de Sohae, sans que la moindre info n’ait filtré sur sa mission
apparemment expérimentale.
Un reportage TV, diffusé le 3 mai par la très officielle KCNA (Korea Central News
Agency) et fait d’une succession de photos fixes - sans doute plus faciles à retoucher relate la visite du n°1 nord-coréen. Il nous le montre entouré de « spécialistes » en
uniforme en train, comme à leur habitude, de griffonner des bloc-notes. À l’intérieur
du centre, plusieurs salles vides avec du beau mobilier, de grandes tables, des sièges et
fauteuils. Mais pas le moindre écran, ni console, ni ordinateur… Absence totale de
personnel ! Apparemment, l’infrastructure qui a fière allure avec ses structures
circulaires attend d’être équipée pour être opérationnelle.
Dr Paek Chang Ho, vice-directeur (recherche scientifique, développement
technologique) de la DARA a récemment annoncé qu’un satellite d’observation était
en préparation et que les instances internationales seraient informées avant son
lancement. De son côté, Dr Yuan Chang Hyok, vice-directeur de l’Institut de
recherche qui dépend de la DARA, a fait état de l’intérêt d’un satellite de
télécommunications et du projet d’un satellite de météorologie. Tout en tirant le
constat : « La dimension de l’espace est devenue une part plus cruciale pour la vie de
la population. Il est impossible de mettre sur pied un pays puissant sans qu’il ne
développe sa technologie spatiale ». Le programme spatial de la Corée du Nord
devrait donc connaître un nouvel essor. De fait, les satellites d’observation à haute
résolution de DigitalGlobe (WorldView-3 et GeoEye-1) et d’Airbus Defence & Space
(Pleïades HR) ont permis de suivre l’évolution de plusieurs chantiers sur le site de
lancements de Sohae (Tongchang-ri) près de la frontière avec la Chine. D’importantes
modifications ont lieu depuis 2013 afin d’accueillir des fusées plus puissantes. Les
travaux semblent toucher à leur fin sur cet ensemble qui doit être l’outil clef dans le
développement de missiles à longue portée et pour la mise sur orbite de satellites
performants... Question : les installations seront-elles bien prêtes pour le lancement
spatial qu’a promis le dictateur nord-coréen ? Attendons octobre.
2. Accès à l'espace/Arianespace
2.1. Pour J.J. Dordain, la clef de la réussite d’Ariane 6 :
c’est la nouvelle gouvernance souhaitée par les industriels
Dans son édition des 16-17 mai, le quotidien économique belge L’Echo a publié une
longue interview qu’ Olivier Gosset, son rédacteur Espace, a réalisée avec JeanJacques Dordain, Directeur général de l’ESA jusqu’à ce 30 juin. Il y est question du
dernier programme de grande envergure que l’Europe spatiale a décidé lors du Conseil
ESA au niveau ministériel à Luxembourg le 2 décembre dernier. Il a tenu à repréciser
le partenariat public-privé qui va mettre en œuvre le système Ariane 6.
« A ce propos, il y a un peu de tirage au sein de l’Europe. Les industriels participent
à Ariane 6 ont jugé le budget pour le futur lanceur trop limité. Votre avis ?
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- C’est ce qu’ils ont dit au mois de janvier. Les industriels auraient mieux fait de se
taire. En mars, j’ai présenté au conseil un papier commun entre l’industrie et moi
pour une compréhension tout à fait commune entre les dépenses et les revenus. Parce
que l’industrie dans sa lettre mélangeait un peu la partie dépenses et la partie
revenus. En additionnant certains chiffres des deux côtés. C’était une polémique
inutile. Pour autant, ne me faites pas dire qu’il n’y a pas de problèmes pour faire
Ariane 6. Faire un nouveau lanceur, c’est difficile. Changer de gouvernance, aussi.
Mais on n’a pas le choix. Si on ne le fait pas, on aura des jours sombres devant nous
et on sera exclu du marché des lancements commerciaux. On trouvera des solutions.
Si le directeur général de l’ESA n’avait pas de problèmes à résoudre, il s’ennuierait.
En quoi consiste cette nouvelle gouvernance du programme Ariane 6 ?
- Elle consiste à dire en premier que c’est l’industrie qui aura la responsabilité totale
de l’exploitation commerciale d’Ariane 6. Si elle fait des profits, tant mieux pour elle.
Si elle fait des pertes, tant pis.
Comment a-t-on fonctionné jusqu’ici ?
- Aujourd’hui, c’est beaucoup plus ambigu. C’est Arianespace qui exploite
commercialement. Et Arianespace, c’est un mélange de gouvernance entre l’industrie
et le gouvernement français, plus un soutien à l’exploitation donné par les Etats
membres de l’ESA. C’est un mélange qui vient de l’histoire. Mais « in fine », ce sont
les Etats membres de l’ESA qui ont la responsabilité de l’exploitation commerciale.
Pourquoi ? Parce que l’industrie dit que ce n’est pas elle qui a fait Ariane 5. Et donc,
qu’il ne faut pas lui demander de prendre la responsabilité de son exploitation
commerciale. C’est un mélange des genres qui ne marche pas, notamment parce que
les Etats ne sont pas les meilleurs commerçants du monde. »
Pour arriver à ce partenariat avec l’industrie, les Etats qui contribuent au programme
Ariane 6 ont dû garantir un nombre minimum de lancements institutionnels par an, à
savoir cinq. « Avec cela, l’industrie se débrouille. Puisqu’on demande à l’industrie de
prendre des risques sur le marché, c’est elle qui va définir le produit. Elle est
l’autorité de conception d’Ariane 6. » Mais, au su de ce qui se disait au Bourget 2015
concernant les dimensions et performances, on a tout de même l’impression que ce
programme de nouveau lanceur européen se fait de manière précipitée et aléatoire…
Néanmoins, on annonce que le contrat industriel pour le lanceur Ariane 6 devrait être
finalisé pour son approbation par l’IPC (Industrial Policy Committee) de l’ESA le 16
juillet. Au train où ASL, avec ses partenaires industriels, hésite encore sur la
configuration d’Ariane 6, on ne peut imaginer que le lanceur effectue son premier vol
avant 2021-22… N’arrivera-t-il pas trop tard pour Arianespace ?
2.2. Arianespace, désormais dans le giron d’Airbus :
le CNES va céder ses parts à Airbus Safran Launchers (ASL)
WEI n°80 2015-3 - 19
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
Le 10 juin, le Cabinet du Premier Ministre français Manuel Valls faisait état de « la
refondation de la filière des lanceurs spatiaux », avec « réorganisation indispensable
pour la réussite d’Ariane 6 ». Lors de l’inauguration du Bourget 2015, le 15 juin, le
Président François Hollande, dans une brève allocution devant le pavillon
d’Arianespace, n’évoquait pas cette refondation. Il a fallu attendre la rencontre avec
les médias, le 16 juin, de Stéphane Israël, président directeur général d’Arianespace
pour être vraiment informé du « projet d’évolution de l’actionnariat d’Arianespace »,
comme « une étape majeure dans la refondation de la gouvernance de la filière des
lanceurs européens. »
Airbus Safran Launchers (ASL) avait du reste annoncé la couleur avec la mise sur pied
de « son » programme Ariane 6 de lanceur de nouvelle génération. Ce n’est donc pas
une surprise que ASL devienne l’actionnaire majoritaire d’Arianespace, avec près de
3/4 des parts de la société de transport spatial. ASL détient déjà 39 %, auxquels vont
s’ajouter les 34 % du CNES. Comme celui-ci pour l’Etat français est propriétaire et
responsable des installations du Centre Spatial Guyanais (3 ensembles de lancements,
dont il faut assurer la maintenance), ASL devrait assumer - aux côtés de l’ESA qui
prend en charge des frais d’entretien - le coût d’une location pour les lancements
d’Arianespace. Le montant de la transaction entre ASL et le CNES n’est pas encore
connu.
2.3. Manque de fiabilité répétée du lanceur Proton pour le business spatial :
vers une mise à la retraite anticipée pour privilégier la famille Angara ?
Décidément, rien ne va plus pour le lanceur russe Proton qui accumule les ratés. Dans
le transport spatial, on ne peut transiger avec la fiabilité des composants et systèmes
sur les étages d’une fusée. La procédure de lancement Proton est des plus complexes.
Le lanceur, issu de l’héritage de la cosmonautique de l’ère soviétique, comporte quatre
étages à propulsion liquide. Plus délicat : le propulseur du 4ème doit réussir quatre
allumages pour placer le satellite sur la bonne orbite de transfert géostationnaire. On
n’est pas à l’abri d’une surprise durant les neuf heures et quinze minutes que doit durer
un vol de Proton pour lancer un satellite géostationnaire. Ce qui s’est passé le 16 mai
dernier pour la satellisation du satellite de télécommunications MexSat-1, alias
Centenario (5.325 kg en GTO, 3.200 kg en GEO). Réalisé par Boeing Satellite
Systems, ce puissant satellite équipé d’une antenne d’un diamètre de 22 m en bande L,
devait contribuer au développement des liaisons mobiles (communications
personnelles) pour le gouvernement mexicain. MexSat-2, identique, doit être lancé
avant la fin de l’année par une Atlas-5/421 de Lockheed. L’échec du Proton est dû à
des vibrations excessives au niveau de la turbopompe du propulseur de son 3ème étage.
C’est un coup dur pour le Mexique qui misait sur ce nouveau satellite pour développer
les télécommunications en Amérique centrale. Certes, le lancement de MexSat-1 était
assuré pour la somme de $ 390 millions. Le manque de fiabilité d’un lanceur spatial a
des répercussions sur le business des satellites de télécommunications en contrariant le
développement de nouvelles applications. Comme c’était le cas de ce MexSat-1. Ce
revers du Proton met mal à l’aise les opérateurs qui avaient misé sur ses services pour
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la mise en œuvre de nouveaux satellites. Sont affectés par les retards dans le calendrier
Proton Inmarsat pour son Inmarsat 5-F3 fourni par (les deux premiers ont été satellisés
par des Proton) et Türksat pour son 4B réalisé par Mitsubishi Electric. Les lancements
d’Inmarsat 5-F3 et Türksat-4B sont actuellement programmés pour le 23 août et pour
le 6 octobre. Il n’y a pas que les opérateurs commerciaux de systèmes spatiaux qui se
trouvent concernés Mission ExoMars 2016 : l’ESA suit non sans quelque inquiétude la
procédure de remise en vol, afin que soit garantie toute la fiabilité requise pour l’envoi
de la sonde russo-européenne vers la Planète Rouge.
Le centre spatial Khrounichev de Moscou, qui produit les lanceurs Proton, est par
ailleurs le maître d’œuvre de la famille des lanceurs modulaires Angara avec
propulsion propre (kérozène/oxygène liquide). Angara a été testé à deux reprises,
chaque fois avec succès, en 2014 depuis le cosmodrome militaire de Plesetsk. La
production en série des modules propulsifs d’Angara est loin d’être rôdée. Il n’y aura
pas de lancement Angara durant cette année. Le prochain vol avec la deuxième fusée
Angara 5 est planifié pour 2016 sans doute avec un satellite gouvernemental à placer
en orbite géostationnaire.
2.4. Lancements militaires pour le transporteur spatial SpaceX :
le monopole public d’ULA n’a plus cours au pays de la libre entreprise
L’entreprise d’Elon Musk pour le transport spatial continue à marquer des points.
SpaceX a obtenu la certification pour participer aux appels d’offres de l’US Air Force
pour des contrats de lancements à des fins militaires qui concernent des satellites
destinés à la sécurité nationale (National Security Space). Le monopole Delta 4-Atlas
5 d’ULA (United Launch Alliance) touche désormais à sa fin. Première confrontation
SpaceX-ULA : pour le contrat GPS III Launch Services, dont l’appel d’offres a été
officialisé le 13 mai dernier. L’US Air Force note que c’est la première fois en une
décennie qu’une compétition a lieu pour l’attribution d’un contrat de lancements.
SpaceX se dit prêt à proposer des services de lancements qui sont 75 % moins chers.
2.5. SpaceX aux prises avec la fiabilité : l’échec du Falcon 9
vient perturber son calendrier chargé de lancements commerciaux
On croyait infaillible le Falcon 9 de SpaceX. Avec un série ininterrompue de 18 succès
depuis sa mise en œuvre le 4 juin 2010, le lanceur privé américain s’était fait la
réputation d’un redoutable concurrent pour le lanceur européen Ariane 5. Ce 28 juin,
cinq ans après son premier lancement, le vol de la 19ème fusée Falcon 9 s’est arrêté
prématurément avec son explosion due à un défaut de pressurisation du réservoir
d’oxygène liquide dans le 2ème étage. Il s’agissait du 14ème lancement de la version
Falcon 9 v1.1 qui a été mise en service le 29 septembre 2013. Il devait servir à l’envoi
de la 8ème capsule Dragon - SpX-7/CRS-7 - pour ravitailler l’ISS (International Space
Station). Une enquête minutieuse est attendue durant des mois afin de savoir pourquoi
le réservoir d’oxygène a connu une surpression, explosant juste avant que le 1 er étage
ne se sépare… Du coup, n’a pu avoir lieu la tentative de faire revenir sur une grande
barge dans l’Atlantique cet étage qui avait été conçu pour être récupéré.
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Ce devait bien arriver un jour. Quel opérateur de transport spatial n’a pas connu
d’échec ? SpaceX est confrontée à un sérieux revers et la confiance qu’on plaçait dans
ses services d’accès à l’espace s’en trouve ébranlée. On parle de « plusieurs mois »
pour rendre Falcon 9 à nouveau fiable. D’aucuns de rappeler les débuts très difficiles
de SpaceX : le développement de son premier lanceur, le petit Falcon 1, lui a valu trois
échecs entre 2006 et 2008… C’était le temps où la PME d’Elon Musk faisait du
« bricolage ». SpaceX a pris une autre dimension. Son calendrier chargé de lancements
va être affecté, le temps de diagnostiquer la cause du problème technique et d’y
remédier de manière efficace et durable… Jugez plutôt :
- le 9 août, lancement du satellite d’océanographie Jason-3 pour la NOAA, le CNES et
Eumetsat, depuis la base Vandenberg (Californie) ;
- en août, lancement de SES-9 avec la version améliorée Falcon 9 v1.2
- en septembre, envoi du Dragon SpX-8/CRS-8 pour ravitailler l’ISS ;
- fin septembre, déploiement de 11 microsats Orbcomm ;
- en octobre, lancement d’un duo de satellites « tout électrique », à savoir Eutelsat-117
WestB (SatMex-9) et ABS-2A ;
- durant le dernier trimestre, lancement du JCSat-14 japonais, puis ravitaillement de
l’ISS avec Dragon SpX-9/CRS-9.
En 2016, il était question pour SpaceX de lancer une quinzaine de lanceurs Falcon (12
Falcon 9, jusqu’à 3 Falcon Heavy): 3 avec des capsules Dragon, 12 pour des contrats
commerciaux. Un important client de SpaceX se trouve affecté : Iridium pour le
déploiement de sa nouvelle constellation. C’est la renommée de SpaceX qui vient d’en
prendre un sérieux coup… Va falloir s’en remettre au plus vite pour ne pas perdre pied
sur le marché des lancements !
2.6. Cap sur la réutilisation d’éléments coûteux du lanceur… :
à condition de ne pas pénaliser ses performances et sa fiabilité
Chaque constructeur de systèmes de lancement dans l’espace va de sa recette pour
tenter la réutilisation des éléments les plus chers d’un lanceur. Cette réutilisation qui
doit réduire le prix de l’accès à l’espace passe par une récupération en bon état. La clef
du succès technologique passe par une remise en état de vol qui permette de faire des
économies. D’ores et déjà, l’opérateur SES a annoncé son intérêt pour la réutilisation
du 1er étage de Falcon 9 (SpaceX) à condition qu’elle donne lieu à un lancement fiable
et économique. Les concurrents de SpaceX lui ont emboité le pas pour proposer des
formules de récupération-réutilisation de parties essentielles de système de lancement.
NOM
Constructeur
Situation
Formule choisie
FALCON 9 V1.1
SpaceX
En développement
Récupération 1er étage :
sur barge ou au sol
VULCAN 1er étage
ULA (Boeing + Lockheed)
A l’état de projet
Récupération baie
propulsion : par hélicoptère
dans les airs
Date de mise en Essais en cours : 2 Dès 2020 ?
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ADELINE (*)
Airbus Defence & Space
A l’état de concept
Récupération baie
Propulsion : au sol grâce
à un système de type
drone
Dans les années 2020…
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oeuvre
tentatives
ayant
ème
échoué, la 3
ayant
subi l’échec du 28 juin
(19ème Falcon 9)
(*) Advanced Expendable Launcher with Innovative engine Economy
3. Télédétection/GMES
3.1. 10th IAA Symposium on Small Satellites for Earth Observation, Berlin,
du 20 au 24 avril: le business de la télédétection à l’heure des petits satellites
Tous les deux ans (*), l’Académie des Sciences de Berlin et le DLR (Deutsche Luftund Raumfahrt Zentrum) accueillent depuis 1996 le symposium IAA (International
Academy of Astronautics) sur les petits satellites pour l’observation de la Terre. Il
permet de se rendre compte de leur évolution « depuis l’état de jouets technologiques
jusqu’à l’essor d’outils incontournables », comme l’a rappelé le professeur Rainer
Sandau, l’un des organisateurs. La 10ème édition du Symposium, qui a réuni les acteurs
non seulement d’Europe - principalement de l’Allemagne, de l’Italie et du RoyaumeUni - mais aussi d’Asie et des Etats-Unis, a mis en évidence l’intérêt croissant des
entrepreneurs pour la télédétection spatiale. Cette activité est sortie du giron des
universités, instituts et agences pour prendre une dimension commerciale. Le Vietnam
qui avait annoncé sa participation au Symposium a brillé par son absence. On sait qu’il
a renoncé à acheter le Proba « made in Belgique pour son satellite d’observation
hyperspectrale VNREDsat-1b. Par contre, le Kazakhstan, qui coopère pour son
programme spatial avec Airbus Defence & Space et SSTL (Surrey Satellite
Technology Ltd), ainsi que l’Emirat de Dubai, dont l’EIAST (Emirates Institution for
Advanced Science & Technology) entretient une collaboration avec la société
coréenne Satrec Initiative, ont manifesté leur grand intérêt pour ce marché en se dotant
de systèmes performants et innovants.
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
(*) Ce symposium IAA est organisé en alternance avec le 4S (Small Satellites Systems
& Services) Symposium de l’ESA. Celui de 2016 se tiendra du 30 mai au 3 juin au
Grand Hôtel Excelsior de Malte.
L’évolution des deux dernières années, avec la mise en œuvre de petits satellites
offrant des résolutions de l’ordre du mètre et leur déploiement sous la forme de
constellations assurant des observations en quasi continu, en a surpris plus d’un. Même
Sir Martin Sweeting, initiateur et président de la société SSTL qui a largement
contribué à la valorisation des petits satellites de télédétection, est étonné par la récente
montée en puissance d’un business de portée globale. Sa remarquable synthèse en
ouverture du Symposium portait sur la question : « Les entrepreneurs vont-ils changer
la physionomie de l’industrie spatiale pour l’observation de la Terre ? » Il a insisté sur
l’impact des petits satellites sur le marché de l’imagerie spatiale en plein boom, vu que
leurs prises de vues permettent une couverture terrestre à faible coût. L’analyste
Euroconsult fait état d’une croissance annuelle de 15 à 25 % avec un chiffre d’affaires
qu’on estime en train de tripler, passant de 2 à 6 milliards de dollars dans le monde.
Moins de folie, plus de modestie
Notant la multiplication depuis 2012 du nombre des petits satellites, spécialement avec
la prolifération des nano-satellites ou Cubesats, Sir Sweeting s’est interrogé sur
l’efficacité de leur technologie pour observer des phénomènes au sol. Le problème de
la résolution des images pose les questions de la limite de la diffraction, de la qualité
pour la prise de vue (fauchée), des dimensions du pixel au niveau du senseur, des
systèmes bord de stockage et d’envoi des données… Dès lors, quel modèle de satellite
de télédétection peut le mieux offrir de l’imagerie de qualité ? « Nous devons être
réalistes concernant les possibilités des smallsats », note l’artisan de SSTL. « Ceux-ci,
même s’ils donnent lieu à de meilleures performances et à de nouvelles applications,
ne conviennent pas pour tout faire. Il faut tenir compte des lois de la physique ».
D’après son modèle mathématique, il a calculé que le concept de référence se situait
aux environs de 45 kg pour un cube d’un demi mètre de côté. C’est précisément les
caractéristiques du nouveau produit que commercialise SSTL avec le nouveau bus X50 pour un large éventail de missions!
D’autres fournisseurs de plates-formes pour satellites d’observation, autour de
systèmes innovants de stabilisation et de contrôle, présentaient leurs nouveaux-nés. En
Allemagne, la société BST (Berlin Space Technologies) et la TU (Technische
Universität) Berlin ont mis au point le bus Leos-50 pour un petit satellite de 60 kg
destiné à des prises de vues vidéo depuis l’espace. Après en avoir vendu à l’Indonésie,
elle va en fournir à Singapour un sous le nom de Kent Ridge-1 (lancement en fin
d’année). Par ailleurs, dans le cadre du système Firebird de détection des feux de forêt,
le DLR va en 2016 déployer le satellite BIROS (Bispectral InfraRed Optical System)
aux côtés du satellite technologique TET-1dont il s’inspire et qui est en orbite depuis
juillet 2012. En Italie, SITAEL avec AlmaSpace développe le bus S-75 qui sera testé
avec le satellite étudiant de l’ESA ESEO (European Student Earth Orbiter) de quelque
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45 kg. Au Canada, le SFL (SpaceFlight Laboratory) de l’Université de Toronto réalise
une gamme de petits satellites de 3,5 kg, 7 kg, 15 kg (NEMO/Next-generation Earth
Monitoring & Observation) et jusqu’à 150 kg (NEMO-HD). En Afrique du Sud,
NewSpace Systems propose FalconSAR, un satellite compact d’une demi-tonne pour
des observations radar d’une résolution métrique.
Innovation, standardisation, automatisation
Les efforts technologiques en matière de télédétection par satellites portent sur la
miniaturisation des systèmes optiques (notamment chez Media Lario Technologies) et
électroniques, sur la standardisation des équipements de contrôle sur orbite, de
stockage et de transmission de hauts débits de données. L’objectif est de pouvoir
fournir des satellites « sur mesure » qui sont réalisés au moindre coût avec une
avionique bien maîtrisée de grande fiabilité. Airbus Defence & Space met en évidence
le savoir-faire Astrobus avec plusieurs modèles de plates-formes. Jean Cheganças,
responsable de la coordination R & D pour la Division Business Télédétection
spatiale, a décrit une filière évolutive de satellites d’observation, avec des masses de
125 kg à 4 t. « Les atouts de leur production est qu’ils réutilisent des éléments d’une
avionique performante et fiable, qui a fait ses preuves dans l’espace. Leur réalisation
se fait avec le même produit fourni par n’importe laquelle des entités transnationales
du groupe, qui sont implantées en France, Allemagne, Espagne, au Royaume-Uni. »
Ce même souci de réduire les coûts tout en rendant le satellite performant et compact
se retrouve chez SSTL qui fait partie du groupe Airbus, ainsi qu’au SSC (Surrey Space
Centre) qui est son outil de R & D. On se prépare au lancement en juin, sur un PSLV
indien, du trio DMC-3 : ce sont trois satellites, chacun de 350 kg, capables de prendre
des images d’1 m de résolution (panchromatique) et de 4 m (multispectral) sur
l’ensemble du monde. Leurs données seront exploitées par la compagnie chinoise
21AT (Twenty-First Century Aerospace Technology Ltd) qui en a financé le
développement. Désormais, chez SSTL, le produit phare s’appelle le bus X-50 qui
hérite de l’expérience acquise durant trois décennies, surtout avec le SSTL-100.
Ce micro-satellite de 50 kg joue les cartes de la redondance pour ses systèmes bord
pour garantir une longue durée de vie, ainsi que de l’automatisation des procédures de
fabrication (3D), de vérification (tests de qualité), d’inspection (aux rayons X)… Il se
décline en trois versions : EarthMapper (22 m de résolution avec 600 km de fauchée),
TrueColour + (5 m sur 390 km), Precision (0,7 m avec un imageur, 1 m avec une
caméra vidéo HD, 17 km de fauchée). Alex da Silva Curiel, responsable du business
international de SSTL, est confiant dans l’avenir du X-50 : « Son utilisation suscite
beaucoup d’intérêt dans le cadre de constellations. Il fallait mettre en œuvre un
démonstrateur : c’est le KazSTSAT avec une mission EarthMapper. » Le lancement de
ce satellite financé par le Kazakhstan et le Royaume-Uni à parts égales est prévu en
2016.
La concurrence de la gratuité publique
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Le business de la télédétection spatiale suscite beaucoup d’engouement auprès de la
libre entreprise, notamment dans la Silicon Valley où la levée de fonds à risques
semble plus aisée. Des opérateurs privés, comme DigitalGlobe et Airbus Defence &
Space, se partagent le marché commercial grâce à l’imagerie d’importants satellites
d’observation. De nouveaux venus contestent leur position dominante. Il leur faut tenir
compte de la concurrence des systèmes gouvernementaux qui proposent un accès
gratuit aux données dans le but de stimuler l’apparition de sociétés de services. C’est
le cas des Landsat de la NASA et des Sentinel du système Copernicus de la
Commission européenne. L’opérateur espagnol Elecnor Deimos, qui exploite les petits
satellites Deimos-1 et Deimos-2, ne cache pas son inquiétude de résister à la gratuité
de l’imagerie spatiale des pouvoirs publics. Réactivité et flexibilité sont ses forces
pour répondre aux besoins spécifiques de la clientèle.
Tableau des nouvelles plates-formes qui sont proposées par Airbus Defence
& Space et sa filiale SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd)
pour des satellites de télédétection optique avec des durées de vie de 10 ans
Plate-forme EO
Masse en SSO
X50
De 50 à 150 kg
Astrobus XS
De 125 à 200 kg
Astrobus S
Aux environs de 400 kg
Astrobus M
Aux environs de 900 kg
Astrobus L
Aux environs de 1,5 t
Astrobus XL
De 3 à 4 t
Missions/année du lancement (réalisées)
KazSTSAT/2016 comme démonstrateur
EarthMapper
TARANIS/2015, Alsat-2B/2016 ? (SPIRALE A &
B/2009, Alsat-2A/2010, ELISA-1, -2, -3, -4/2011,
SSOT ou FASat Charlie/2011, VNREDSat-1a/2013)
Perusat-1/2016, CHEOPS pour la détection
d’exoplanètes/2017, MERLIN/2019
Sentinel 5P/2016, SEOSat-Ingenio/2017
(THEOS/2008, SPOT-6/2012, SPOT-7/2014,
KazEOSAT/2014)
Falcon Eye 1/2017, Falcon Eye 2/2018, 2 satellites
« mystère »/2017 ? (Pleïades HR1/2011, Pleïades
HR2/2012)
Sarah Active/2018, 6 Metop SG/de 2020 à 2032
3.2. Coopération Belspo-CNSA : mission CropWatch en projet
avec un satellite d’une demi-tonne pour le suivi global de la végétation
Les médias belges ont été plutôt discrets sur le protocole d’accord qui a été signé le 23
juin à Beijing entre Belspo (Service fédéral de programmation de la Politique
scientifique) et la CNSA (China National Space Administration) dans le domaine des
sciences, technologies et applications spatiales. Ce protocole a été signé lors de la
visite en Chine du Roi Philippe. Il est question dans cet accord d’un projet de satellite
conjoint de surveillance de la végétation pour la mission CropWatch. Elke Sleurs,
Secrétaire d’Etat de la Politique Scientifique, qui faisait partie de la délégation belge
en Chine, a souligné l’importance de cette coopération sino-belge, qui fera travailler
ensemble les industries, universités et institutions scientifiques de Belgique et de
Chine. Le satellite CropWatch doit assurer la continuité du satellite de télédétection
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PROBA V, réalisé par l’industrie belge dans le cadre de l’ESA. Il s’agira d’un
observatoire d’une demi-tonne, doté de senseurs optiques - y compris dans l’infrarouge
- pour des prises de vues à large fauchée avec une résolution de 100 m. L’objectif est
de dresser un état quotidien de la végétation globale, au niveau des ressources
agricoles. Le VITO et Amos se trouvaient à Beijing pour la signature du protocole. Le
Roi des Belges a eu l’occasion de visiter la CAS (Chinese Academy of Sciences) qui
sera le partenaire chinois dans la mission CropWatch.
3.3. Soutien belge à Eumetsat (92 millions €)
pour les satellites météo polaires de seconde génération
L’ESA et Eumetsat ont décidé de développer la seconde génération des satellites
météo polaires, dits EPS-SG. La Belgique a décidé de participer à cet investissement
européen destiné à la communauté mondiale des météorologistes. La Secrétaire d’Etat
à la Politique Scientifique, Elke Sleurs, dégage 92 millions € - étalé sur 30 ans - pour
cette famille de satellites qui, placés sur une orbite héliosynchrone à 817 km,
transmettront images et données de meilleure qualité pour l’étude du changement
climatique, la prévision précise du temps à long terme et la surveillance de la qualité
de l’environnement. Des firmes belges, comme Amos à Liège, seront associées à la
réalisation de senseurs à bord de ces EPS-SG. L’IRM (Institut Royal Météorologique)
sera le principal utilisateur belge des données via Eumetsat.
3.4. NewSpace Systems : partenariat spatial sud-africain et néerlandais
SSBV (Satellite Services BV), basé aux Pays-Bas dans le Space Business Park de
Noordwijk (près de l’ESTEC), et SCS (Space Commercial Services) Holdings Ltd,
PME de technologie spatiale en Afrique du Sud, ont décidé d’associer leurs
compétences au sein du partenariat NewSpace Systems. L’objectif est de
commercialiser des solutions techniques pour de la télédétection avec petits satellites.
La caméra hyperspectrale Chameleon est proposée pour équiper un 6U Cubesat. Le
produit le plus original est FalconSAR, un satellite compact de 550 kg pour des
observations radar en bande X (avec des résolutions allant de 1 à 30 m, selon des
fauchées de 4 à 200 km).
3.4. Nouveaux candidats nord-américains pour des constellations
de télédétection : BlackSky Global, Aquila Space, UrtheCast
Et l’avalanche continue… avec le risque de se bousculer là-haut. L’observation « en
continu » de l’environnement terrestre, avec l’emploi de systèmes optiques et radar de
plus en plus performants, suscite bien des convoities pour le déploiement de
constellations au-dessus de nos têtes. En Amérique du Nord, la libre entreprise mise
sur l’essor global de la télédétection spatiale pour s’intéresser de plus en plus au
business de l’imagerie réalisée par des satellites d’observation, compacts, performants
et peu coûteux. Ainsi trois sociétés projettent d’exploiter des constellations de petits
satellites : BlackSky Global à Bellevue (Etat de Washington), Aquila Space à Moffett
Filed (Californie), UrtheCast à Vancouver (Canada) veulent se positionner sur ce
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marché face à Google (Sky Box Imaging) et à (RapidEye) en proposant des solutions
originales pour observer notre planète. Si ses systèmes prennent forme, la vie sur le
globe sera plus que jamais sous haute surveillance depuis l’espace. Afin d’éviter des
investissements redondants, il faut s’attendre à des fusions entre systèmes… Voir au
début de ce bulletin d’infos la mise à jour du tableau des constellations pour les
cinq années à venir.
3.5. Priorité de Roscosmos : relance des activités de télédétection spatiale
autour d’un centre d’imagerie et avec une constellation de satellites Obzor
Au Salon du Bourget, la Russie spatiale, avec Roscosmos et le groupement URSC
(United Rocket & Space Corp) dont fait le holding RSS (Russian Space Systems),
mettait l’accent sur la qualité des images prises par les satellites d’observation ResursDK1 et Kanopus-B pour le gouvernement russe. Elle entend bien se positionner sur le
marché mondial de l’imagerie spatiale avec les lancements de nouveaux satellites. A
l’heure actuelle, la flotte de satellites qui sont mis en œuvre par le Centre national de
Recherche pour les Opérations de Télédétection spatiale compte sept satellites
d’observation : 2 Resurs-P et 1 Resurs-DK1 qui sont capable de voir des détails de
résolution métrique, 1 Kanopus-B pour des images de 2 m de résolution, ainsi que trois
satellites météorologiques. Le lancement d’un nouveau Resurs-P est annoncé pour
cette année. Le programme de Roscosmos prévoit pour 2020-2022 la constellation
Obzor-O de quatre observatoires à haute résolution. Il est par ailleurs question d’avoir
en service une vingtaine de satellites à l’horizon 2025 et de mettre en place un
nouveau centre d’exploitation des images.
4. Télécommunications/télévision
4.1. Opérateur SES : champion des charges hôtes
à bord de sa flotte de satellites géostationnaires
La mode de charges hôtes sur les satellites géostationnaires a bien du mal à se
concrétiser chez les exploitants de satellites de l’autre côté de l’Atlantique. SES,
l’opérateur luxembourgeois de satellites de télécommunications, montre l’exemple en
accueillant des équipements pour des applications spécifiques, mises en œuvre par des
opérateurs publics. C’est sa filiale américaine SES Government Solutions (SES GS)
qui a négocié les contrats aux Etats-Unis.
- CHIRP (Commercially Hosted Infrared Payload) consistait en un senseur
expérimental infrarouge, dû à Leidos Holdings de Reston (Virginie) pour l’US Air
Force, pour détecter les tirs de missiles et des feux au sol depuis l’orbite
géostationnaire. Placé à bord du SES-2 qui fut réalisé par Orbital ATK pour être lancé
en septembre 2011 sur la position de 87° Ouest, ce détecteur militaire a démontré toute
son efficacité avant d’être mis à l’arrêt pour des questions budgétaires liées à son
exploitation. Il est depuis peu question de le réactiver pour des applications civiles
(observations météorologiques, surveillance environnementale). Mais le Département
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de la Défense ne voit pas d’un bon œil pareille utilisation qui pourrait révéler les
performances de cet équipement classé « secret ».
- EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service) est le premier
système de navigation spatiale de la Commission européenne grâce à des charges de
communications en bande L qui relaient les signaux des satellites GPS et, à l’avenir,
Galileo. Deux, développées par Thales Alenia Space, sont déjà en service au-dessus de
l’Europe et du Moyen-Orient et garantissent des données de grande qualité pour le
guidage des avions et la gestion du trafic aérien : EGNOS-1 à bord de SES-5, réalisé
par SSL, lancé en juillet 2012 par Proton et placé sur la position suédoise de 5°Est ;
EGNOS-2 sur Astra-5B, commandé à Airbus Defence & Space et lancé en mars 2014
par Ariane 5 pour être positionné à 31,5°Est.
- WAAS (Wide Area Augmentation System) GEO-6 pour la FAA (Federal Aviation
Administration) trouvera place sur le satellite SES-15 à 129°Ouest. Réalisé par Boeing
Satellite Systems, il sera lancé par Ariane 5 durant la première moitié de 2017. A
l’instar des relais EGNOS, la charge WAAS de communications en bande L, fournie
par Raytheon, collecte les signaux de la constellation GPS et les relaie afin d’en
améliorer la précision.
- GOLD (Global-scale Observations of the Limb and Disk) est une expérience
scientifique que la NASA a choisi de placer sur le satellite SES-14 à 47,5/48°Ouest.
Commandé à Airbus Defence & Space, ce satellite à propulsion électrique sera lancé
par un Falcon 9 en 2017. Grâce à GOLD, des chercheurs de la NASA, de l’University
of Colorado et de l’University of Central Florida vont cartographier les températures et
les variations dans la thermosphère et l’ionosphère sous l’influence de l’activité
solaire. Les données permettront de mieux prédire les perturbations pour les satellites
en orbite basse, ainsi que les fluctuations dans les signaux des satellites de
télécommunications et de navigation.
Dans les années à venir, les satellites de la flotte SES devraient accueillir d’autres
charges hôtes pour la collecte d’images et/ou de données à partir de l’orbite
géostationnaire (quelque 35.800 km à l’aplomb de l’équateur).
4.2. Mégaconstellation OneWeb en place pour 2019 :
les Européens tirent leur épingle du jeu avec Airbus et Arianespace
Avec OneWeb, le business spatial se met à l’heure de l’infiniment grand avec des
contrats d’une autre dimension. Est-ce bien raisonnable ? N’est-ce pas démesuré ?
L’entreprise de Greg Wyler - il est à l’origine de la constellation O3b toujours dans
l’optique de mettre l’Internet à la portée de tous et partout (*) – est bien décidée de
l’avant. Notamment avec le soutien financier et technique d’acteurs européens de
renom : Airbus et Arianespace ! Un demi milliard de dollars auraient été réunis comme
investissement à l’issue d’un premier tour de table. Le coût du système complet avec
654 satellites en bande Ku à déployer à 1.000-1.200 km est estimé entre 2,5 et 3
milliards de dollars. Des contrats viennent d’être signés avec Airbus pour la
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
fabrication des microsats - 3 à 4 par jour, pour un demi million de dollars l’unité – et
avec Arianespace pour les lancements avec des Soyouz depuis la Guyane et
Baïkonour. Mais leur montant n’a pas été divulgué. Il est question d’un contrat avec
Arianespace qui se situe entre 1 et 2 milliard de dollars. Pour Stéphane Israël, le PDG,
« c’est le plus gros contrat signé à ce jour par Arianespace ». On peut le comprendre.
Nombre de satellites
Systèmes de lancement
Satellites par lancement
Partenaires/actionnaires
Calendrier de déploiement
900 satellites de moins de 150 kg commandés à Airbus
Defense & Space : 10 premiers réalisés à Toulouse, 890 aux
Etats-Unis…
Arianespace : 21 lancements Soyouz (options pour 5 Soyouz
et 3 Ariane 6 dès 2021!) ; Virgin Galactic : 39 lancements
LauncherOne (options pour 100)
10 sur le 1er Soyouz fin 2017, 32 sur chaque Soyouz, 2 ou 3
sur LauncherOne
Airbus Defense & Space, Intelsat, Hughes Network Systems
(Echostar), Virgin Galactic, Qualcomm
10 premiers satellites fin 2017, constellation complète pour
fin 2019
(*) Pour la réalisation de la constellation O3b haut débit (12 satellites en bande Ka),
Greg Wyler avait eu le soutien de Google et de l’opérateur SES. Cette fois, il s’est allié
avec les opérateurs Intelsat et Hughes Network Systems (Echostar).
Déjà un premier contrat (option) pour le lanceur Ariane 6
alors que sa configuration n’est pas encore figée !
Contrat de lancements OneWeb : la revanche d’Arianespace sur SpaceX
En confiant à Arianespace les lancements des microsats de sa mégaconstellation
(notamment avec des options pour trois Ariane 6 à partir de 2021!), OneWeb se
confère une dimension internationale et redore le blason de la société européenne de
transport spatial face à SpaceX. L’entreprise d’Elon Musk qui fait preuve de beaucoup
d’ambitions pour faire du « low cost » en matière de lanceurs et de satellites veut
concurrencer OneWeb avec sa propre mégaconstellation de quelque 4.000 microsats !
Qui dit mieux ?
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
4.3. Alcomsat-1 : l’Algérie aura son comsat en 2017 grâce à la Chine
Alger se montre assez discret sur son programme national de satellites, dont la gestion
est assurée par l’ASAL (Agence Spatiale Algérienne). Mise sur pied en janvier 2002,
elle s’est dotée à Arzew près d’Oran d’un Centre National des Techniques Spatiales
(CNTS) pour la réalisation, l’intégration et la qualification de systèmes spatiaux. Son
Unité de Développement des Petits Satellites est en train d’acquérir un savoir-faire
technologique en télédétection avec les petits satellites d’observation, grâce à
l’assistance du SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) pour les Alsat-1 (bus SSTL100) et avec Airbus Defence & Space pour les Alsat-2 (plate-forme Myriade).
A ce jour, Alsat-1A (90 kg) dès 2002 et Alsat-2A (116 kg) depuis 2010 ont été mis en
œuvre par ASAL. Le premier n’est plus en service et doit être remplacé par Alsat-1B
plus performant qui sera réalisé au CNTS. Alsat-2B est en cours de développement
avec l’assistance d’Airbus D&S pour un lancement en 2016. Le projet le plus
ambitieux concerne Alcomsat-1, un satellite géostationnaire de télécommunications
nationales dans les bandes C et Ku, qui doit être positionné à 28.5 degrés Ouest. Le
contrat avec « un fabricant étranger » - ce serait le CAST (China Academy of Space
Technology) – a été conclu en septembre 2013. La réalisation d’Alcomsat-1 se fera via
un transfert de technologie. Son livraison sur orbite au moyen d’une Longue Marche
3B sera assurée par la CGWIC (China Great Wall Industry Corp). Au SMSI 2015
(Sommet Mondial sur la Société de l’Information) qui s’est tenu le 25 mai à Genève,
Iman Houda Feraoun, le Ministre algérien de la Poste et des TIC (Technologies de
l’Information et de la Communication), a présenté les infrastructures en cours dans le
pays fait état d’ « une action d’envergure nationale et régionale » avec « la mise en
exploitation, très prochaine, un satellite de télécommunications entièrement réalisé en
Algérie ». Il a précisé qu’« il sera opérationnel avant la fin de 2017. »
Depuis 2007, la Chine fournit des satellites de télécommunications basés sur la plateforme DFH-4 à des Etats en échange de matières premières. Parmi ses clients, on a le
Nigeria (avec Nigcomsat), le Vénézuela (Venesat « Simon Bolivar »), le Pakistan
(Paksat-1R), la Bolivie (Tupac Katari). Les prochains pays à se doter d’un comsat
chinois sont le Laos, la République Démocratique du Congo, le Bélarus, le Sri Lanka,
le Nicaragua et l’Algérie.
4.4. Opérateurs de satcoms : l’essor du business des mobiles
avec des services de plus en plus performants sur mer et dans les airs
Les Inmarsat, Iridium et Globalstar n’ont qu’à bien se tenir. Les exploitants de
satellites géostationnaires pour les télécommunications et la télévision visent le marché
en croissance des services mobiles pour le trafic aérien et pour le transport maritime.
SES vient de publier un dossier White Paper intitulé The Big Beam Boom qui décrit le
développement des connections dans les airs et sur mer, grâce à l’avènement de relais
géostationnaires à large bande. L’opérateur grand ducal parle d’un business lucratif, à
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l’échelle globale, avec le succès grandissant des croisières et avec la cadence accrue
des vols long courrier.
SES mise déjà sur les performances en bande Ka de la constellation O3b pour
répondre à la demande des passagers à bord de navires pour de l’internet haut débit.
Dans les années à venir, la tendance va se renforcer. Les opérateurs de systèmes
spatiaux ont à suivre le mouvement. Ses prochains satellites - à lancer en 2017 dans cet
ordre: SES-15 à 129° Ouest [réalisé par Boeing/à lancer avec Ariane 5], SES-14 à
47,5-48° Ouest/Océan Atlantique [Airbus/Falcon 9], SES-12 à 95°Est/Océan Indien
[Airbus/Ariane 5]- sont de puissants relais HTS (High Throughput Satellite) avec
faisceaux configurables dans des bandes Ku, qui permettent d’établir des connexions
sur des zones peuplées et mal desservies, ainsi sur les océans. Tous les trois font appel
à la propulsion électrique pour atteindre l’orbite géostationnaire.
4.5. Dauria Aerospace à l’heure d’Atom, petits comsats géostationnaires :
accord avec ILS pour des lancements doubles sur Proton et Angara
Dauria Aerospace est un nouveau venu dans le business des petits satellites tant de
télécommunications que de télédétection. Il mise sur la technologie « low cost » pour
entrer sur un marché déjà encombré avec ses satellites Atom de 1.050-1.500 kg. Il
vient de signer un accord avec ILS (International Launch Services) pour que les Atom
soient lancés en double avec des satellites plus conséquents sur des lanceurs Proton,
puis Angara, et ce, à partir de 2017. Jusqu’ici, aucun client n’est annoncé pour un
satellite de type Atom. Dauria Aerospace a proposé à la communauté des radioamateurs d’emporter un équipement Amsat de télécommunications sur un Atom.
4.6. La preuve par Proba-V : la cartographie du trafic aérien
Proba-V, microsatellite « made in Belgium » de 158 kg qui est sur orbite
héliosynchrone - à 820 km d’altitude - depuis le 7 mai 2013, ne se contente pas
d’assurer une vision continue de la végétation sur l’ensemble de la planète. Il est
équipé d’un système expérimental qui fut mis au point par le DLR (Deutsche Luft- und
Raumfahrt Zentrum) en coopération avec SES Techcom Services pour la collecte des
messages d’identification qui sont émis par les avions, à savoir les signaux ADS-B
(Automatic Dependent Surveillance - Broadcast) de leur position dans les airs. La
démonstration est faite qu’il est techniquement possible de réaliser un suivi d’un trafic
aérien qui ne cesse de croître notamment dans l’hémisphère Nord. Les satellites de la
constellation Iridium Next dont le déploiement doit démarrer en 2016 vont être
équipés d’une charge hôte de l’entreprise canadienne Aireon LLC pour l’exploitation
des signaux ADS-B de manière instantanée sur l’ensemble de la planète.
5. Navigation/Galileo
Quatre satellites supplémentaires FOC lancés avant la fin de l’année
pour le système européen Galileo de navigation sous obédience civile
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La phase FOC (Full Operational Capability) du système Galileo de navigation qu’est
en train de mettre en place la Commission Européenne va – enfin ! - prendre
l’envergure souhaitée. Les satellites produits chez OHB à Brême en intégrant les
charges utiles réalisées par SSTL à Guildford se succèdent pour leurs tests à l’ESTEC
à Noordwijk. Quatre satellites doivent être lancés par des Soyouz-STB/Fregat : FMO5
(Alba) et FMO-6 (Oriana) dès le 10 septembre, FMO-7 (Antonianna) et FMO-8
(Andriana) en décembre. L’objectif est d’offrir les premiers services opérationnels de
navigation Galileo à la fin de 2016. L’an prochain, on prévoit de satelliser une dizaine
de Galileo FOC avec un lancement Soyouz et deux lancements Ariane 5-ES.
6. Sécurité & Espace/Défense spatiale
6.1. X-37B : l’US Air Force fait régulièrement
voler sur orbite sa petite navette… automatique
Le 20 mai, l’US Air Force a relancé dans l’espace son X-37B qui fait partie du
programme OTV (Orbital Test Vehicle). Il est l’un des deux exemplaires du planeur
automatique X-37, qu’a réalisés Boeing Integrated Defense Systems et qui vole chacun
à son tour. Depuis 2010, cette petite navette automatique, ayant une masse au
décollage de près de 5 t, va et vient sur orbite en toute discrétion, pour des missions
« secret défense » de plusieurs mois. Mis sur orbite par un lanceur Atlas 5, dont le 1 er
étage est propulsé par des moteurs russes RD-180, cet engin réutilisable de type
« lifting body » (corps portant) n’a pas (encore) d’équivalent dans le monde.
- Le premier X-37B est resté autour de la Terre pendant 224 Jours, du 22 avril au 3
décembre 2010.
- Le second X-37B est allé dans l’espace durant 469 jours, du 5 mars 2011 au 16 juin
2012.
- Le premier X-37B est retourné sur orbite durant 675 jours, du 25 octobre 2012 au 17
octobre 2014.
- Le second X-37B est reparti le 20 mai pour un vol d’au moins 200 jours. Cette fois,
l’US Air Force a autorisé la NASA d’avoir à bord des expériences technologiques.
6.2. MUSIS CSO n°3 : en bonne voie d’être
commandé par la Bundeswehr à la DGA française
Ce n’est plus qu’une question de semaines, fait-on remarquer dans les milieux bien
informés sur la défense en Europe. La Bundeswehr va sous peu finaliser avec la DGA
(Direction Générale à l’Armement) le contrat pour un satellite optique à très haute
résolution, identique à deux MUSIS CSO (Composante Spatiale Optique) qui sont en
développement pour des lancements en 2017 et 2018 afin de remplacer les Hélios-2
qui sont en bout de vie.
7. Science/Cosmic Vision
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7.1. Quatuor Cluster : toujours en vie,
15 ans après leur injection sur orbite
Ils s’appellent Rumba, Salsa, Samba, Tango : ce quatuor de satellites identiques,
appelés Cluster, sert à des mesures « in situ » de la magnétosphère, qui permettent de
comprendre les interactions de l’activité solaire sur l’environnement terrestre. Cette
mission scientifique de l’ESA, élaborée dès 1982, prit du temps à se concrétiser : les
quatre premiers satellites étaient perdus le 4 juin 1996 lors du lamentable échec en vol
de la première Ariane 5. Le professeur Roger-Maurice Bonnet, en charge à l’ESA de la
Direction des missions scientifiques, décidait de commander quatre autres satellites. Ils
étaient lancés par paire, au moyen de Soyouz depuis Baïkonour (contrat Starsem), les
16 juillet et 8 août 2000. Après près de 15 ans dans l’espace, les quatre satellites
Cluster qui évoluent sur une orbite elliptique entre 20.000 et 120.000 km, parcourue en
57 heures, continuent à bien se comporter. L’ESA compte les exploiter jusqu’à fin
2016.
7.2. « Sourire » sino-européen
pour mieux appréhender le dialogue Soleil-Terre
Sur le modèle des satellites Cluster, l’ESA a coopéré avec la CAS (Chinese Academy
of Sciences) avec la mission Double Star/Tan Ce qui s’est déroulée entre 2004 et 2008.
Une nouvelle étape va être franchie avec la réalisation conjointe de l’observatoire
scientifique SMILE (Solar wind Magnetosphere Ionosphere Link Explorer) en 20212022 qui doit servir à la compréhension des relations entre l’activité solaire et
l’environnement terrestre, à des mesures précises des particules énergétiques dans le
vent solaire ainsi que des changements au sein du champ magnétique. Nous avions
évoqué l’étude de cette mission scientifique sino-européenne dans WEI n°77
novembre-décembre 2014 : elle avait été présentée sous le nom de INSTANT
(Investigation of Solar-Terrestrial Activity & Transients) lors de la semaine liégeoise
de météo spatiale organisée par l’Observatoire Royal de Belgique. Le satellite SMILE
de quelque 300 kg, qui sera lancé par une fusée Longue Marche sur une orbite
elliptique très allongée (jusqu’à 120.000 km) et fort inclinée, sera équipé de senseurs
dans l’UV (ultra-violet) et les rayons X. C’est un projet d’environ 100 millions €.
8. Exploration/Aurora
8.1. Al-Amal (Espoir) : la sonde martienne des Emirats Arabes Unis
Nouvel acteur dans l’exploration de Mars : les Emirats Arabes Unis. La jeune UAESA
(United Arab Emirates Space Agency) multiplie les contacts afin d’établir un
partenariat international pour fêter les 50 ans des Emirats autour de la Planète Rouge.
Elle a décidé d’avoir une sonde martienne de 1,5 t, baptisée Al-Amal (Espoir),
spécialement équipée pour l’étude du ce qui a provoqué un changement climatique sur
Mars. Placée sur une orbite elliptique entre 22.000 et 44.000 km, le satellite météo
martien des Emirats emportera trois instruments qui seront développés avec la
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
coopération d’agences et universités aux Etats-Unis et en Europe : un imageur, deux
spectromètres (UV et infrarouge).
8.2. Deux Cubesats du JPL (Jet Propulsion Laboratory) autour de Mars
en septembre 2016 : lancés avec le robot InSIGHT de la NASA
On est en train d’assister à la démocratisation de l’espace jusque dans la découverte du
système solaire. Les deux premiers Cubesats à contribuer à l’exploration d’une planète
s’appellent MarCO (Mars Cube One). Lancés en mars 2016 par un lanceur Atlas V, ils
feront le voyage interplanétaire de 200 jours, séparément, en même temps que la sonde
InSIGHT (Interior exploration using Seismic Investigations, Geodesy & Heat
Transport) que la NASA va à la fin de septembre 2016 faire atterrir à l’équateur
martien sur Elysium Planitia. Les deux MarCO, qui seront redondants, passeront au
large de Mars. Leur rôle sera d’assurer les liaisons en UHF et dans la bande X avec
l’ « atterrisseur » InSIGHT lors de sa descente sur la Planète Rouge et pour les
premières opérations sur le sol martien. Chaque MarCO est un satellite à six unités
Cubesat, de la taille d’une mallette et d’à peine 12 kg. Une fois sur orbite vers Mars, il
déploiera ses deux panneaux et ses deux antennes plates. Sa durée de vie n’excèdera
pas une année.
8.3. « Première » lunaire pour la Chine :
un « alunissage » sur sa face cachée avec une participation internationale
Beijing s’efforce de ne pas rééditer un succès qui a mis en exergue les compétences et
ses chercheurs et industriels. La sonde chinoise Chang’E-4 est en quelque sorte la
réplique (avec quelques améliorations) de Chang’E-3 qui fonctionne sur la Lune
depuis le 14 décembre 2014. A cette occasion, un micro-rover, baptisé Yutu (Lapin de
Jade), est descendu à la surface, a effectué quelques tours de roue, puis n’a pu se
déplacer à nouveau après la première nuit lunaire (14 jours terrestres). Tant
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l’atterrisseur que le rover continuent d’envoyer des données. Que faire alors avec
Chang’E-4, pratiquement assemblé, en attente de ses tests en simulateur ?
Le 11 juin, lors de 58ème session du COPUOS (Committee on the Peaceful Uses of
Outer Space) à Vienne, la Chine a proposé à la coopération internationale Chang’E-4
qui peut être lancée, en ayant une autre charge utile, entre 2018 et 2019 par une fusée
Longue Marche 3B. L’objectif est de réaliser le premier « alunissage » sur la face
cachée de la Lune, avec ses données relayées par un satellite en orbite sélène. Parmi
les activités scientifiques à prévoir : l’étude des poussières et du sous-sol et des
observations de l’Univers depuis la Lune.
9. Vols habités/International Space Station/Microgravité
9.1. Perturbations pour le vol d’une année dans l’ ISS suite aux échecs des
ravitaillements Progress M-27M (Roscosmos) et Dragon CRS-7 (SpaceX)
Jamais deux sans trois… dans les opérations de ravitaillement de l’ISS (International
Space Station). On n’est pas à l’abri d’un grain de sable qui s’est glissé lors de son
développement ou de sa préparation sur le site de lancements. Trois récents
ravitaillements n’ont pu avoir lieu :
- Le 28 octobre 2014, un public médusé sur le site NASA de Wallops assistait à
l’explosion, peu après le décollage, de la fusée Antares qui emmenait le module de
ravitaillement Cygnus d’Orbital.
- Le 28 avril 2015, la mission du Progress M-27M s’est mal passée, à cause d’un
problème à la fin de la propulsion du 3ème étage de la fusée porteuse. Il s’agissait de la
150ème opération de ravitaillement d’une station spatiale avec le vaisseau automatique
Progress. Il s’agit pourtant d’une activité bien rôdée. L’astronautique russe a fait de la
standardisation de ses systèmes une référence pour leur fiabilité… Contre toute attente,
le ravitaillement n’a pu avoir lieu à cause du lanceur Soyouz qui est réputé fiable. Ce
qui n’est pas sans conséquences pour la suite des opérations avec report du vol habité
Soyouz TMA-17M. Ce lancement est prévu pour le 22 juillet.
- Le 28 juin, c’est le lanceur Falcon 9 v1.1 qui fait des siennes, alors qu’il a volé avec
succès à 18 reprises. La capsule Dragon CRS-7 a été perdue dans l’explosion du 2ème
étage. La suite des opérations commerciales de ravitaillement est fortement contrariée.
On compte sur les vols réussis du Progress M-28M (à lancer ce 3 juillet) de Roscomos
puis du HTV-5 (décollage prévu le 16 août) de la JAXA (Japan Aerospace Exploration
Agency). C’est dire qu’en ces circonstances dramatiques, l’ATV (Automated Transfer
Vehicle) de l’Europe fait cruellement défaut !
L’équipage du Soyouz TMA-15M – avec l’Américain Terry Virts, le Russe Anton
Shkaplerov et l’Italienne Samantha Christoforetti – devait revenir le 11 mai, mais sa
mission, prévue pour durer une demi-année, se trouvait prolongée d’un mois jusqu’au
11 juin. Ainsi Samantha Christoforetti, astronaute ESA, est devenue recordwoman du
séjour le plus long autour de la Terre : un vol spatial de 199 jours et 16 heures en
une fois ! Elle avait accueilli l’Américain Scott Kelly (51 ans) et le Russe Mikhail
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Kornienko (65 ans) qui sont partis le 28 mars pour rester un an à quelque 400 km audessus de nos têtes. Ceux-ci devaient avoir la visite, en septembre, du 9ème touriste de
l’espace : la chanteuse d’opéra britannique Sarah Brightman (55 ans) qui avait réservé
son vol chez Space Adventures (ticket de quelque 50 millions €). Après quelques mois
d’entraînement à la Cité des Etoiles près de Moscou, elle annonçait la suspension de
ses préparatifs. Ce qui est une autre mauvaise surprise pour le planning des opérations
à bord de l’ISS. La soprano anglaise devait effectuer un vol court (10 jours) en étant
accompagnée de l’astronaute danois de l’ESA Andreas Morgensen. Il a été proposé de
la remplacer par le pilote kazakhe Aidyn Aimbetov (43 ans) qui a suivi l’entraînement
de cosmonaute et qui était en attente d’un vol spatial.
Habitée de façon permanente depuis novembre 2000 par des équipages qui se relaient
tous les six mois, l’ISS sert à des expériences technologiques et scientifiques, à des
observations de notre planète et de notre étoile… Construite surtout grâce à des vols
du Space Shuttle entre 1998 et 2011, elle est à présent, régulièrement, ravitaillée par
des engins Progress de Russie, Kibo du Japon, Dragon et Cygnus des Etats-Unis. La
Belgique, qui est partie prenante du programme d’exploitation, s’est dotée du centre
B.Usoc (Belgium Users Support) pour permettre à des laboratoires en Europe de
mener à bien des activités de recherche à bord de l’ISS.
Mission One Year : le vol spatial d’un an n’est pas long fleuve tranquille
2015 est marquée par une mission à bord, pendant près d’une année, de l’Américain
Scott Kelly (51 ans) et du Russe Mikhail Kornienko (65 ans). Tous deux ont déjà vécu
quelque 180 jours en impesanteur. Cette fois, en participant à la 43ème expédition, dite
One Year Mission, dans l’ISS, ils vont vivre sur orbite durant 342 jours. Partis le 28
mars dans le vaisseau Soyouz TMA-15M, ils regagneront la terre ferme à la mi-mars
2016. La particularité du premier Américain qui est en train d’effectuer ce vol record
est qu’il a un frère Mark, également astronaute. Celui-ci est un vrai jumeau
(monozygote), dont la physiologie va être observée au sol, en parallèle.
C’est une réelle aubaine pour les spécialistes de médecine de la NASA qui
compareront comment les deux jumeaux se comportent. Sur le plan physique, ils vont
réagir différemment au niveau de l’appareil cardio-vasculaire, de la circulation
sanguine, du système osseux, de la réactivité immunitaire… Par ailleurs, cette mission
du duo Kelly-Kornienko, surveillé en permanence, contribuera à comprendre comment
le corps humain peut endurer une expédition spatiale de longue durée… Comme ce
sera le cas pour l’odyssée martienne d’hommes et de femmes, qu’on envisage à la fin
des années 2030.
La Russie veut continuer la vente de sièges à bord de vaisseaux Soyouz de manière à
rentabiliser leur production en série chez Energia. A partir de 2018, la NASA ne va
plus en être dépendante : elle prévoit de disposer de capsules privées - le CST-100
(Crew Space Transportation) de Boeing, le Dragon v2 de SpaceX (voir ci-dessous) pour faire voler ses astronautes vers l’ISS.
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9.2. 2017, l’odyssée du vol spatial privé :
duel Boeing-SpaceX en cours avec la NASA en arbitre,
mais aux prises avec les restrictions budgétaires
L’utilisation de l’ISS (International Space Station) avec des équipages pourrait être
assurée dès 2017 par des vaisseaux spatiaux privés. C’est ce qu’a décidé la NASA en
retenant les propositions d’un géant de l’aérospatial - Boeing avec le CST-100 - et
d’un nouveau venu sur la scène spatiale - SpaceX avec le Dragon v2 - pour la mise en
œuvre de capsules qui peuvent emmener jusqu’à 7 astronautes. Le 27 mai, dans le
cadre du CCtCAP (Commercial Crew Transportation Capability) la NASA a passé
commande à Boeing du 1er vol habité commercial avec un vaisseau privé CST-100
(Crew Space Transportation) qui permettra fin 2017 à un équipage de 4 astronautes
d’aller séjourner dans l’ISS. Il aura fallu attendre quelque six ans pour que les USA
retrouvent leur autonomie pour les activités humaines dans la station. La dernière fois
qu’un vaisseau américain habité est allé s’arrimer à l’ISS, c’était en juillet 2011 quand
le coûteux Space Shuttle avec la navette Atlantis (vol STS-135) et un équipage de 4
astronautes a servi à une mission d’une douzaine de jours.
Reste une incertitude concernant le financement public du CCtCAP : récemment, au
Sénat, une coupe de $ 300 millions dans son budget pour 2016 remet en question le
calendrier des vols du CST-100 et du Dragon v2. Si rien ne s’arrange au niveau
budgétaire, il faudra compter sur un retard de deux années… durant lesquelles la
NASA devra faire appel au vénérable Soyouz pour que ses astronautes aient accès à
l’ISS !
Les vols d’essais du CST-100 et du Dragon v2 doivent avoir lieu au cours de 2017 en
vue d’une première mission opérationnelle à la fin de cette année. Le contrat pour ce
vol opérationnel a été conclu avec Boeing. Dans les prochains mois, SpaceX devrait
avoir le sien, à condition qu’elle démontre la fiabilité de son lanceur Falcon 9 v1.1.
Mais il n’est pas précisé qui, de Boeing ou de SpaceX, aura l’honneur d’inaugurer la
desserte commerciale de l’ISS. Comme on n’a aucune indication dans quelle mesure la
NASA va faire voler des astronautes d’Europe ou du Japon ou du Canada, voire de
Russie au moyen de systèmes privés. Voici une comparaison des deux systèmes en
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développement, outre le MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle) Orion dont la
réalisation a été confiée à Lockheed Martin. A ce jour, on n’a aucune indication sur le
lanceur qui pourrait faire voler un Orion habité jusqu’à l’ISS…
Nom du vaisseau
CST-100
Dragon v2
Maître
d’œuvre
(localisation)
Lanceur
Masse (décollage/retour)
Diamètre maximum
Equipage
Mode d’atterrissage
Boeing Satellite Systems (Seattle,
Washington)
Atlas 5
13 t ?/ ?
4,56 m
4 astronautes (jusqu’à 7 ?)
Freiné par des parachutes et des
airbags
Jusqu’à 210 jours sur l’ISS
mi-2017
Jusqu’à 6 missions
+ Soutien d’un groupe puissant de
renom international
+ Un nom synonyme de qualité et de
fiabilité
+ Un patrimoine basé sur son rôle
majeur dans le programme Apollo
des années 60
- Lanceur propulsé par des moteurs
russes
- Une entreprise qui tire plus de
profits
du
militaire
et
de
l’aéronautique
SpaceX/Space Exploration Technologies
(Hawthorne, Californie)
Falcon 9 v1.1
10 t ?/ 8 t ?
3,7 m
4 astronautes (jusqu’à 7 ?)
Freiné par des parachutes et par des
propulseurs au sol (comme le Soyouz)
A déterminer
2017
A déterminer
+ Lanceur à 100 % américain, y compris
les systèmes de propulsion
+ Une entreprise jeune et dynamique, qui
se lance des défis technologiques
+ Un acteur spatial qui fait preuve de
réactivité et de flexibilité
Durée du séjour sur orbite
1er vol habité prévu
Nombre de réutilisations
Avantages
Inconvénients
- Ambition démesurée, avec risque de
dispersion des compétences
- Une entreprise qui doit encore faire ses
preuves chez les militaires
© Space Information Center/Wallonie Espace
10. Débris spatiaux/Space Situational Awareness (SSA)
10.1. N°13 funeste pour le satellite météo militaire DMSP :
à l’origine d’une sérieuse pollution de l’environnement spatial
Le DMSP-13 (Defense Meteorological Satellite Program) portait un numéro
assurément funeste. Le 3 février, une explosion à bord a provoqué une centaine de
fragments identifiés, dits débris spatiaux. Cet observatoire de météorologie évolue sur
une orbite héliosynchrone qui est couramment parcourue par les satellites de
télédétection et constitue un risque pour leur bon fonctionnement.
Comme le soulignait Sir Martin Sweeting, fondateur et président de SSTL (Surrey
Satellite Technology Ltd), lors du 10ème Symposium IAA de Berlin, le grand danger
vient des satellites en orbite qui ne sont pas à l’abri d’une dislocation ou d’une
explosion dans l’espace. Il faudrait que cette dramatique hypothèse soit prise
davantage en considération dès le développement des satellites. Dans les années à
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
venir, on peut s’attendre à des surprises lourdes de conséquences pour l’environnement
spatial.
10.2. NorStar Space Data : une constellation
canadienne pour surveiller les débris sur orbite
Une de plus… Annoncée à la mi-avril, on la doit à l’entreprise NorStar Space Data Inc
(NSDI) basée à Montréal. Ce sont une quarantaine de petits satellites de surveillance
qui ne manquent pas d’originalité. Ils sont conçus avec des senseurs hyperspectraux et
infrarouges pour mettre en évidence les risques pour l’environnement à la surface
terrestre et au-dessus de nos têtes. Cette constellation sera mise au service d’une
stratégie SSA (Space Situational Awareness) pour détecter les débris dans l’espace.
NSDI a établi un partenariat technologique avec NovaWurks Inc en Californie pour la
mise en œuvre du segment spatial, avec le concept de satellite, les opérations de
développement avec les essais et les lancements. Grâce aux talents NovaWurks
propose une nouvelle approche, dite HISat (Hyper-Integrated Satlet), d’une intégration
très poussée pour la production en série de satellites, suivant son modèle « satlet ».
10.3. Début d’actions en Europe contre les débris dans l’espace :
création d’un consortium pour leur surveillance et leur suivi
Cinq Etats de l’Union, par ailleurs membres de l’ESA , ont signé un accord pour un
consortium SST (Space Surveillance & Tracking) : l’Allemagne, l’Espagne, la France,
l’Italie et le Royaume-Uni ont décidé ensemble de coopérer avec le SATCEN (Centre
Satellitaire de l’Union) à Torrejon, près de Madrid. Il s’agit de s’affranchir de la
dépendance américaine pour les données concernant les risques posés par les déchets
sur orbite.
Au sein de l’ESOC (European Space Operations Center), l’ESA a mis en place un
Space Debris Office qui entend coordonner les efforts de l’Europe pour une stratégie
efficace dans la détection et l’élimination des débris dans l’espace. Ce bureau a créé un
site ou space debris user portal (https://sdup.esoc.esa.int/). Un système paneuropéen de
surveillance de l’environnement spatial reste à l’ordre du jour du programme SSA
(Space Situational Awareness) pour lequel un budget est prévu par la Commission
pour la période 2015-2020 : l’objectif est d’améliorer les infrastructures, avec leurs
senseurs, en Europe et d’encourager le développement de nouveaux systèmes.
10.4. La Chine (enfin !) inquiète par la pollution spatiale :
mise en place d’un centre pour le dépistage des débris sur orbite
Le SASTIND (State Administration of Science, Technology & Industry for National
Defence) chinois et la CAS (Chinese Academy of Sciences) ont récemment inauguré
un centre spécialisé dans le suivi des débris spatiaux. Ce Space Debris Monitoring &
Applications Center, qui dépend de la CNSA (China National Space Administration) a
vocation internationale pour sa banque de données sur le trafic sur orbite. L’agence
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d’informations Xinhua a justifié cet effort en faisant référence aux chiffres et faits
suivants :
- plus de 300.000 pièces diverses constituent des risques sur orbite ;
- 129 satellites chinois évoluent au-dessus de nos têtes, dont la station spatiale
Tiangong-1 qui fonctionne en mode automatique depuis 2011 ;
- une moyenne annuelle de 30 incidents a été constatée en Chine, incidents qui ont
donné lieu à une approche dangereuse à moins de 100 m.
11. Tourisme spatial/véhicules suborbitaux
Un tourisme plus délicat que prévu :
le vol suborbital aux prises avec la fiabilité et la sécurité
Les systèmes qui proposent des vols à la lisière de l’espace - ce qu’on appelle
communément tourisme suborbital - se résument à un trio d’initiatives commerciales
en cours de développement. On a cru longtemps que s’élancer à plus de 100 km pour
revenir au sol en toute sécurité serait plus facile à réaliser de façon courante. Le
Google X-Prize, initié par Peter Diamandis, le gourou du spatial à la portée du plus
grand nombre, avait quelque peu jeté de la poudre aux yeux avec les trois vols réussis
du petit avion-fusée SS1 (SpaceShip One – exposé au Smithsonian Museum de
Washington D.C.) jusqu’à la frontière du ciel... Plus de dix ans après cet exploit de
Virgin Galactic et de Scaled Composites, les candidats-touristes de l’espace continuent
de piaffer d’impatience pour accomplir un saut de puce « à la Shepard » (le 1er
astronaute américain en mai 1961). Il leur faut quelque peu déchanter devant les
difficultés rencontrées pour développer des systèmes qui volent régulièrement en étant
performants et fiables.
Il y a trois candidats sérieux, c’est-à-dire les plus avancés, qui sont fort actifs dans le
développement de systèmes spatiaux. Tous trois sont américains, démontrant par là
que la libre entreprise ose s’aventurer dans l’odyssée de l’espace :
- Virgin Galactic fut la première société à annoncer des “sauts de puce” touristiques à
plus de 100 km d’altitude. La mise au point de l’avion-fusée SS2 (SpaceShipTwo) a
été plus ardue que prévu, puisqu’elle a même connu un accident dramatique, le 31
octobre 2014, dans le désert de Mojave. On attend avec impatience la reprise des tests
pour la fin de l’année avec le deuxième exemplaire du SS2.
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- XCOR Aerospace projette de faire voler un pilote et un passage à bord de l’avionfusée Lynx MkI, précurseur de l’appareil suborbital. L’engin ailé, en cours de
construction, doit tester son propulseur à liquides avant la fin de l’année.
- Blue Origin, que l’on doit à Jeff Bezos, le fondateur et propriétaire d’Amazon.com,
progresse secrètement dans le développement de la capsule New Shepard avec sa
fusée réutilisable à propulsion cryogénique. Le 29 avril dernier, il a testé l’ensemble en
vol. Si la capsule a pu être récupérée, ce ne fut pas le cas pour la fusée.
12. Petits satellites/Technologie/Incubation
12.1. Développement automatisé, avec imprimantes 3D,
des microsatellites X-50 chez SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd)
Pour le business des microsats, SSTL - spin-off de l’Université de Surrey à Guildford , mise sur le bus X-50. Ce micro-satellite de 50 à 100 kg joue les cartes de la
redondance pour ses systèmes bord pour garantir une longue durée de vie, ainsi que de
l’automatisation des procédures de fabrication (3D), de vérification (tests de qualité),
d’inspection (aux rayons X)… Il se décline en trois versions : EarthMapper (22 m de
résolution avec 600 km de fauchée), TrueColour + (5 m sur 390 km), Precision (0,7 m
avec un imageur, 1 m avec une caméra vidéo HD, 17 km de fauchée). Sa
commercialisation tire parti d’une chaîne de production « low cost » basée sur
l’automatisation des procédures de fabrication (3D), de vérification (tests de qualité),
d’inspection (aux rayons X)… Le X-50 est proposé pour être dupliqué en dizaines
d’exemplaires dans le cadre de constellations.
12.2. Lancements de 60 kg de Cubesats en 2018: appel d’offres de la NASA
La NASA prévoit de lancer en 2018 des Cubesats pour une masse totale de 60 kg. Elle
a lancé le 5 mai un appel d’offres auprès des sociétés qui développent des systèmes de
lancements pour nanosats. Il s’agit d’avoir deux lancements « dédiés » pour plusieurs
Cubesats. Plusieurs ont entrepris la mise au point de solutions originales pour petits
lanceurs ou nano-lanceurs. La solution qui prévaut actuellement est la fusée aéroportée
qui est lancée depuis un chasseur ou un ballon.
12.3. Succès de l’opération « incubateurs » de l’ESA :
plus de 300 nouvelles PME créées grâce au spatial
La stratégie BIC (Business Incubator Centre) de l’ESA est l’autre nouveauté, aux côtés
des actions PPP (Partenariat Public-Privé), qu’a initiée Jean-Jacques Dordain, au cours
de son mandat de Directeur général. Elle porte ses fruits pour que l’espace fasse naître
des retombées économiques en Europe. Des incubateurs de technologie spatiale ont vu
le jour, le plus souvent dans l’aire d’influence de Centres ESA, aux Pays-Bas, en
Allemagne, Italie, Belgique, au Royaume-Uni, en France, Espagne et au Portugal,
bientôt en République tchèque . En 2015, le chiffre de 300 startups a été atteint grâce
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au TTP (Technology Transfer Programme) de l’ESA, en tirant parti du développement
des applications intégrées, combinant télécommunications, télédétection et navigation.
13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales
13.1. Etude du phénomène de vaporisation des gouttes :
des chercheurs de l’ULg utilisent la grande centrifugeuse de l’ESTEC
Dans le cadre du programme « Spin Your Thesis » de l’ESA, une équipe de chercheurs
de l’Université de Liège (ULg), avec l’aide d’ELGRA (European Low Gravity
Research Association), a pu étudier l’effet Leidenfrost, phénomène qui peut survenir
lorsque des gouttes d’un liquide entrent en contact avec une surface chaude et se
vaporisent. Cette étude a été menée à bien avec le Large Diameter Centrifuge (LDC),
une impressionnante centrifugeuse de l’ESTEC à Noordwijk (Pays-Bas). Il s’agissait
avec cette expérimentation de tester les effets de la pesanteur sur le temps de
vaporisation, ainsi que le comportement des gouttes durant la vaporisation.
L’expérience a été effectuée dans des environnements qui étaient 5, 10, 15 et 20 fois
celui de la gravité terrestre. Ses résultats ont donné lieu à un article dans « EPL, A
letter journal exploring the frontiers of physics ».
13.2. Feu vert ESA pour le lancement du Cubesat OUFTI-1 de l’ULg
Le Cubesat de l’Université de Liège (ULg) a réussi son examen d’entrée… sur orbite.
Après avoir été soumis à des essais intensifs sur pont vibrant et dans un simulateur du
vide, il a été déclaré bon pour le service. Il est à présent stocké dans une ambiance
propre dans l’attente de son lancement qu’on prévoit en 2016.
13.3. Appel à des doctorants (sciences de la vie)
pour des recherches sur l’écosystème artificiel MELiSSA
MELiSSA : Micro Ecological Support Systems Alternative. C’est un programme
technologique de l’ESA destiné à mettre en œuvre un biotope artificiel complet, avec
purification de l’air, récupération de l’eau, production d’aliments, élimination des
déchets organiques… Un ensemble expérimental permet des recherches à l’Universitat
Autonoma de Barcelona (UAB), qui s’est spécialisée dans l’étude des biosphères. Le
consortium MELiSSA, dont font partie le Centre d’étude nucléaire SCK-CEN de Mol
et l’Université de Mons, lance un appel à candidatures pour des bourses de doctorats.
Ces bourses s’adressent aux étudiants en sciences, sciences de l’ingénieur et aux bioingénieurs qui sont intéressés par la mise au point d’un système qui sera indispensable
à bord d’un vaisseau spatial pour une mission au long cours. Date limite pour la remise
des candidatures : le 15 août.
13.4. Trois stages ESA pour ingénieurs et docteurs
dans le cadre du National Trainee Programme belge
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Si vous êtes ingénieur ou docteur intéressés par la science et la technologie spatiale,
vous pouvez cet été - avant le 31 août - poser votre candidature pour un stage de 12 à
24 mois dans l’un des centres ESA en Europe, afin de vous plonger dans le
développement de systèmes pour l’espace. Belspo a décidé de financer 3 bourses de
stages. Pour poser votre candidature: [email protected]
14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace
14.1. Nouvelle infrastructure pour Lambda-X à Nivelles Nord :
pour mieux affronter d’autres ambitions dans les technologies optiques
L’espace, stimulant de l’innovation : la preuve par Lambda-X qui se donne pour mot
d’ordre : « de l’espace dans le regard ». Ce 3 juin, la PME Lambda-X - association
des symboles de la longueur d’onde en physique et de l’inconnue en mathématique - a
officialisé sa nouvelle implantation dans le zoning industriel de Nivelles Nord. Cette
infrastructure qui se justifie par sa croissance stable de 25 % par an depuis trois années
comprend un ensemble fort accueillant de salles blanches, laboratoires, hall
d’intégration et bureaux de plus de 1.200 m². Elle est dévolue aux développements et à
la production d’instruments optiques de métrologie et d’imagerie pour les secteurs de
l’aérospatial, de la défense et de l’industrie ophtalmique. Lambda-X insiste sur le fait
que ses systèmes optiques tirent parti de technologies innovantes qu’il a fallu
concevoir et mettre au point pour répondre aux besoins d’expériences spatiales. Son
succès est dû au transfert de ces technologies dans des applications industrielles.
L’entreprise nivelloise qui emploie 23 personnes recrute du personnel qualifié. Elle
prévoit d’ores et déjà des extensions du bâtiment actuel afin de maintenir une grande
flexibilité pour des programmes « à la carte ».
Lambda-X fut créée en 1996 à l’initiative du professeur Jean-Claude Legros et du
chercheur Olivier Dupont de l’ULB (Université Libre de Bruxelles), avec le soutien de
Paul Verhaert, dont la société développait de l’équipement « sur mesure » pour des
expériences en microgravité, notamment dans l’ISS (International Space Station). Son
objectif initial consistait à promouvoir les développements issus de la R & D
universitaire dans les applications de systèmes spatiaux. Depuis le démarrage de son
activité industrielle, Lambda-X a réalisé plus de 30 systèmes optiques pour satellites,
et fusées-sondes, ainsi qu’à bord de l’ISS. Dans le domaine spatial, ses principaux
interlocuteurs sont l’ESA, Airbus Defence & Space, le CNES, Belspo, la Swedish
Space Corp…
Près de deux décennies plus tard, cet esprit d’innover en R & D continue d’être le
moteur de l’équipe de Lambda-X en faisant passer son savoir-faire pour l’espace dans
des équipements de pointe destiné à l’industrie ophtalmologique. C’est en 2002, sous
l’impulsion de Luc Joannes, que Lambda-X propose ses services en ingénierie optique
pour définir, développer et fabriquer l’instrument de mesure ou de vision qui répond
aux exigences de qualité chez les fabricants de lentilles et de verres de lunettes. En
2006, elle franchit une nouvelle étape en regroupant dans une unité spécifique les
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produits et services d’instrumentation de contrôle pour le secteur ophtalmique. Ces
instruments, baptisés NIMO (Nouveaux Instruments de Mesure Optique) et PMTF
(Power & Modulation Transfer Function), servent au contrôle final, dans de courts
délais, voire de façon automatique, des caractéristiques optiques, dimensionnelles ou
cosmétiques de lentilles ophtalmiques (intraoculaires, contacts, verres correcteurs).
Ainsi Lambda-X, « en jouant la carte du high-tech spatial et en faisant preuve d’une
grande souplesse d’action » comme le précise son directeur Olivier Dupont, est
devenu un indispensable pour la société et un incontournable chez les producteurs de
verres et de lentilles. Elle entend continuer sur ce bel élan grâce à son partenariat avec
l’incubateur WSL et avec la société Physiol.
A la fin de 2014, Lambda-X avait comme actionnaires le groupe Verhaert (QinetiQ
Space) et Verhaert New Products & Services (VNPS) pour 60 %, Olivier Dupont et
Luc Joannes pour 20 %. L’an dernier, son chiffre atteignait 4,1 millions € (une hausse
de 25 % par rapport à 2013), dont plus de 65 % à l’exportation. Pour 2015, Lambda-X,
avec une trentaine de personnes, prévoit un chiffre d’affaires de plus de 5 millions.
14.2. Missions spatiales avec du "made in Wallonie-Bruxelles"
Régulièrement, sous la forme de ce tableau, nous faisons état des lancements de
satellites ou des missions spatiales qui utilisent du matériel des membres de Wallonie
Espace.
Il ne se passe pas une semaine sans qu'une mission spatiale
dans le monde n'implique un centre de recherches
ou une entreprise en Wallonie et à Bruxelles.
Ce résultat est rendu possible grâce aux efforts consentis par l'Etat belge, depuis quatre
décennies, dans les programmes de l'Europe dans l'espace.
Afin d'être au courant des principales caractéristiques (maître d'oeuvre, plateforme, performances, planning...) des satellites et lanceurs (classés par pays), le
site de Gunter's Space, bien tenu à jour, est à recommander :
http://www.skyrocket.de/space/
Pour l'actualité quotidienne concernant le spatial dans le monde :
http://www.spacetoday.net/
http://www.spacedaily.com/
Evénement spatial
Participation wallonne de chercheurs et d’industriels
Lancement VS10 du Soyouz ST guyanais, le 27
mars, avec deux Galileo FOC (OHB + SSTL),
baptisés Adam et Anastasia, pour le déploiement
d’une constellation civile de satellites de
navigation
(Commission
EuropéenneGSA/European GNSS Agency)
Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
électrique de chaque Galileo FOC. Thales Alenia Space Belgium à
bord du Soyouz ST guyanais avec le système KSE (Kit Sauvegarde
Européen). A noter que le Centre ESA de Redu, avec RSS (Redu
Space Services), est chargé des tests sur orbite, en bande L, de
chaque satellite Galileo FOC. Contribution de Spacebel au logiciel de
manipulation des données à bord de chaque satellite en soutien des
opérations au sol. Implication de VitroCiset Belgium dans le segment
sol du système Galileo.
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
Lancement V222, le 26 avril, d’Ariane 5-ECA
avec le satellite de télécommunications Thor-7
(SSL) pour Telenor, ainsi que le satellite de
télécommunications militaires Sicral-2/Syracuse3C (Thales Alenia Space) pour les Ministères
italien et français de la Défense.
Contribution de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
électrique de la plate-forme Spacebus 4000B2.Participation au
lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, structures), de
Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et composants
d’avionique pour la case à équipements), Techspace Aero (vannes et
organes de commande). Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations
du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space
Belgium. Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre
Spatial Guyanais.
Lancement du Falcon 9 v1.1, le 27 avril, avec Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
TurkmenAlem 52E/Monacosat (Thales Alenia électrique du Spacebus 4000C2.
Space) pour le Turkmenistan et la Principauté de
Monaco.
Lancement V223, le 27 mai, d’Ariane 5-ECA Contribution de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
avec les satellites de télévision DirecTV-15 électrique de la plate-forme Spacebus 4000B2.Participation au
(Airbus Defence & Space) pour DirecTV (USA), lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, structures), de
ainsi que Sky Mexico-1 (Orbital Sciences Corp) Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et composants
pour DirecTV (USA).
d’avionique pour la case à équipements), Techspace Aero (vannes et
organes de commande). Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations
du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space
Belgium. Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre
Spatial Guyanais.
Lancement VV05 de Vega, le 23 juin, avec le SABCA comme sous-systémier du pilotage des quatre étages avec
satellite de télédétection Sentinel-2A (Airbus des EMAs (Electro-Mechanical Actuators) ou servo-vérins
Defence & Space) pour le système Copernicus électromécaniques et comme fournisseur de la structure de base du 1 er
(Union Européenne)
étage. Thales Alenia Space Belgium pour de l’électronique dans la
centrale inertielle. Spacebel pour la contribution au logiciel de bord.
Implication de Cegelec dans les bancs d’essais des EMAs de SABCA
et dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
Lancement V224, prévu le 16 juillet, d’Ariane 5- Contribution de Thales Alenia Space Belgium au satellite MSG
ECA avec le satellite de télécommunications Star d’Eumetsat, ainsi que d’Amos pour l’instrument GERB. Participation
One C4 (SSL) pour Star One/Embratel (Brésil), au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, structures), de
ainsi que le satellite de météorologie MSG- Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et composants
4/Meteosat-11 (Thales Alenia Space) pour d’avionique pour la case à équipements), Techspace Aero (vannes et
Eumetsat (Europe)
organes de commande). Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations
du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space
Belgium. Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre
Spatial Guyanais.
Lancement du Falcon 9 v1.1, en août (à Contribution de Thales Alenia Space Belgium à la plate-forme du
confirmer), avec le satellite d’océanographie Jason-3.
Jason-3 (Thales Alenia Space) pour la NOAA
(USA) et Eumetsat (Europe)
Lancement V225, prévu le 21 août, d’Ariane 5- Contribution de Thales Alenia Space Belgium au satellite Eutelsat 8
ECA avec les satellites de télécommunications West B. Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA
Eutelsat 8 West B (Thales Alenia Space) pour (servocommandes, structures), de Thales Alenia Space Belgium
Eutelsat (Europe) et Intelsat-34 (SSL) pour (nombreux éléments et composants d’avionique pour la case à
Intelsat (USA/Luxembourg)
équipements), Techspace Aero (vannes et organes de commande).
Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations du compte à rebours)
équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space Belgium.
Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre Spatial
Guyanais.
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
Lancement VS12 du Soyouz ST guyanais, prévu
le 10 septembre, avec deux Galileo FOC (OHB +
SSTL), baptisés Alba et Oriana, pour le
déploiement d’une constellation civile de satellites
de
navigation
(Commission
EuropéenneGSA/European GNSS Agency)
Lancement VV05 de Vega, prévu en octobre,
avec le satellite technologique LISA Pathfinder
(Airbus Defence & Space) pour l’ESA
Lancement V226, prévu en octobre-novembre,
d’Ariane 5-ECA avec les satellites de
télécommunications NBN Co-1A (SSL) pour
NBN (Australie) et Arsat-2 (Invap) pour Arsat
(Argentine).
Lancement V227, prévu en décembre, d’Ariane
5-ECA avec les satellites de télécommunications
Arabsat-6B/Badr-7 (Airbus D&S + Thales
Alenia Space) pour Arabsat (Arabie Séoudite) et
Gsat-15 (ISRO) pour le système Insat (Inde).
Lancement VS13 du Soyouz ST guyanais, prévu
en décembre, avec deux Galileo FOC (OHB +
SSTL), baptisés Antionianna et Andriana, pour le
déploiement d’une constellation civile de satellites
de
navigation
(Commission
EuropéenneGSA/European GNSS Agency)
Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
électrique de chaque Galileo FOC. Thales Alenia Space Belgium à
bord du Soyouz ST guyanais avec le système KSE (Kit Sauvegarde
Européen). A noter que le Centre ESA de Redu est chargé des tests
sur orbite, en bande L, de chaque satellite Galileo FOC. Contribution
de Spacebel au logiciel de manipulation des données à bord de
chaque satellite en soutien des opérations au sol. Implication de
VitroCiset Belgium dans le segment sol du système Galileo.
SABCA comme sous-systémier du pilotage des quatre étages avec
des EMAs (Electro-Mechanical Actuators) ou servo-vérins
électromécaniques et comme fournisseur de la structure de base du 1 er
étage. Thales Alenia Space Belgium pour de l’électronique dans la
centrale inertielle. Spacebel pour la contribution au logiciel de bord.
Implication de Cegelec dans les bancs d’essais des EMAs de SABCA
et dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. Spacebel pour
l’informatique de LISA Pathfinder.
Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes,
structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et
composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace
Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3
(pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par
Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le
fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes,
structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et
composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace
Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3
(pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par
Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le
fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
électrique de chaque Galileo FOC. Thales Alenia Space Belgium à
bord du Soyouz ST guyanais avec le système KSE (Kit Sauvegarde
Européen). A noter que le Centre ESA de Redu est chargé des tests
sur orbite, en bande L, de chaque satellite Galileo FOC. Contribution
de Spacebel au logiciel de manipulation des données à bord de
chaque satellite en soutien des opérations au sol. Implication de
VitroCiset Belgium dans le segment sol du système Galileo.
15. CALENDRIER 2015-2016
D'"EVENEMENTS SPATIAUX" POUR LA BELGIQUE
(*) Théo Pirard prévoit de participer à ces événements.
Note : si vous avez des conférences qui peuvent intéresser des chercheurs et ingénieurs
du domaine spatial, n’hésitez pas à les communiquer pour les inclure dans cet agenda.
2015
(*) Du 10 mars au 30 juin : De la Wallonie à l’espace, pour un embarquement immédiat
dans la Wallonian Space Station (WSS), expo interactive sur les acteurs de la Wallonie
spatiale, à l’Espace Wallonie de Liège, Place Saint Michel, 86, 4000 Liège, avec la
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participation de Skywin, Wallonie Espace, Euro Space Center, l’ULB, l’ULg, le CSL, Thales
Alenia Space, le CNES…
7-9 juillet, 9th IAA Symposium on The Future of Space Exploration : Towards New
Global Programmes, organisé à Turin par l’IAA (International Academy of Astronautics et
Politechnico di Torino) pour faire le point sur l’avenir de l’exploration spatiale.
13 août : Nuit des Etoiles à l’Euro Space Center Belgium, qui met en œuvre pour cet été un
nouveau parcours spectacle. En 2016, le centre belge d’éducation et d’information à
l’espace fêtera ses 25 ans… et plus que jamais en forme !
8-13 août : Small Satellite Conference (29ème édition) avec exposition, sur le thème de « All
Systems Go ! Critical pieces for mission success », organisé à Logan (Utah) par l’AIAA
(American Institute of Aeronautics & Astronautics) et l’USU (Utah State University). Il s’agit
de la doyenne des conférences sur la technologie des petits satellites, laquelle est en plein
essor pour une multitude d’applications dans l’espace.
25-28 août : ELGRA 2015, à Corfou (au lieu de Londres). C’est la conférence, qui a lieu
tous les deux ans, de l’European Low Gravity Research Association (ELGRA) pour faire le
point sur les expériences en microgravité, les instruments en œuvre et en projet, sur les
résulats obtenus dans le monde.
(*) 7-11 septembre : World Satellite Business Week, organisé par Euroconsult à l’Hôtel
Westin, Paris. Cette semaine de conférences, qui réunit les top managers des entreprises ayant
un rôle influent sur le développement des systèmes spatiaux, permet de faire le point sur l’état
du monde pour le business dans l’espace (satellites de télécommunications, de télédétection).
8-11 septembre : Cubesat Workshop organisé par le VKI et l’ULg à Liège (amphithéâtres
de l’Opéra).
10-15 septembre : IBC 2015, à Amsterdam (RAI), rendez-vous européen (conférence et
exposition) concernant les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication).
(*) Du 18 septembre au 20 mars 2016 : Cosmonauts : birth of the space age, une
exposition exceptionnelle au Science Museum de Londres sur ce que fut la cosmonautique de
l’URSS dans les années 50 et 60. L’accent sera mis sur les vols Vostok et Voskhod, ainsi que
sur le programme secret d’exploration humaine de la Lune.
25-27 septembre : 2015 Eumetsat Meteorological Satellite Conference, organisée par
Eumetsat à Toulouse (France). Cette conférence unique en Europe est la rencontre des
utilisateurs des données de météorologie et d’océanographie par satellites. C’est l’occasion de
faire le point sur les nouvelles perspectives en climatologie spatiale.
27 septembre-2 octobre : European Planetary Science Conference , à Nantes (France)
(*) 12-16 octobre 2015 : 66th IAC à Jerusalem (Israel). Le rendez-vous annuel de la
communauté spatiale du monde entier, à condition que les formalités de visas soient réglées
dans les temps (ce qui fut le grand problème de l’IAC 2014 à Toronto). Il a pour thème
« Space – The Gateway for Mankind’s Future » (L’espace, l’accès pour l’avenir de
l’humanité).
WEI n°80 2015-3 - 48
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
12-16 octobre : Conference « Exploring the Universe with JWST », organisé par l’ESA à
l’ESTEC, Noordwijk, en vue de la mission JWST (James Webb Space Telescope) avec un
lancement prévu en 2018.
(*) 3 & 4 novembre : Colloque international Les Lanceurs Européens – de Diamant à
Ariane 6, organisé à Paris (Université Pierre & Marie Curie/Place Jussieu) par l’AAE
(Académie de l’Air et de l’Espace), à l’occasion des 50 ans du lancement - le 26 novembre
1965 - du petit satellite Astérix (39 kg) qui a fait de la France la 3ème puissance spatiale. La
célébration de cet anniversaire permettra de faire le point sur le rôle du CNES et les
compétences de l’industrie spatiale française pour doter l’Europe de son propre accès à
l’espace avec les lanceurs Ariane.
9 & 10 novembre : Countdown to Horizon 2020 – Space, à Bruxelles, à la Commission
européenne, pour une présentation - dans le cadre du réseau COSMOS - du nouvel appel à
propositions pour des activités de recherche et technologie spatiales.
10-12 novembre : 13th Reinventing Space Conference, avec exposition, à Oxford
(Royaume-Uni). Cet événement organisé par la BIS (British Interplanetary Society) met
l’accent sur la révolution du spatial « low cost ».
17-19 novembre : Space Tech Expo Europe, à Brême (Allemagne). Pour la première fois,
cette initiative américaine débarque en Europe. Il s’agit d’une exposition de grande ampleur
destinée à mieux faire connaître le potentiel des instances scientifiques et des entreprises
industrielles dans le domaine des lanceurs, satellites, équipments, composants… C’est
l’occasion pour les jeunes de prendre conscience de l’ampleur des métiers de l’espace en
Europe. Plus d’infos sur le site www.spacetechexpo.eu
23-27 novembre : 12th European Space Weather Week (ESSW12), à Ostende (Kursaal),
organisé par le STCE (Solar-Terrestrial Centre of Excellence) et l’ESA.
30 novembre - 5 décembre : 3rd IAA Conference on University Satellite Missions, à
Rome (Palazzo Rospigliosi) par le G.A.U.S.S. pour faire le point sur le rôle pédagogique du
développement de microsatellites dans les universités et instituts polytechniques.
2016
(*) 26-28 janvier : Proba V(egetation) Symposium au Mariott Hotel, à Gand, organisé par
Belspo/Belspace en partenariat avec l’ESA.
1-3 mars : Munich Satellite Navigation Summit 2016, au Palais Residenz Muenchen. Trois
jours de présentations pour faire le point sur les systèmes navsat et leurs applications dans le
monde.
30 mai-3 juin : Symposium IAA 4S (Small Satellites Systems & Services) avec l’ESA au
Grand Hôtel Excelsior de Malte. C’est l’occasion de joindre l’utile à l’agréable en faisant le
point dans un site balnéaire sur les missions des petits satellites.
1-4 juin : ILA 2016 – Berlin Air Show, au Berlin ExpoCenter Airport, près de l’aéroport de
Schönefeld et du nouvel aéroport international… qui n’est toujours pas fonctionnel.
WEI n°80 2015-3 - 49
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
30 juillet-7 août : 41st COSPAR Scientific Assembly, à Istanbul (Turquie)
Septembre 2016: 67th IAC à Guadalajara (Mexique).
Septembre-octobre 2017 : 68th IAC à Adélaïde (Australie), qui l’a emporté sur Brême
(Allemagne) qui est désormais candidate pour octobre 2018.
14-22 juillet 2018 : 42nd COSPAR Scientific Assembly, à Pasadena (Californie)
En projet pour l’été 2019 : un IAC à Washington D.C. pour célébrer les 50 ans de l’Homme
sur la Lune (mission Apollo 11).
Annexes-tableaux (en anglais)
A.1. Calendrier des prochaines missions de l’Europe dans l’espace
(2015-2022)
Cette liste, qui veut montrer que la technologie spatiale est une réalité bien vivante
dans l’Union européenne, s’efforce d’être la plus complète possible mais elle ne
prétend pas être exhaustive. La difficulté réside dans la mise à jour de ce calendrier,
car le planning des missions – surtout d’ordre scientifique et technologique - n’est
guère respecté. On s’efforce, dans la mesure du possible et sans être certain des dates
de lancement, d’inclure les pico- et nano-satellites (Cubesat) qui est réalisés par des
teams d’étudiants comme outils d’éducation et de recherche… S’il manque l’une ou
l’autre mission, pouvez-vous le signaler ([email protected]) ?
Surlignés en bleu : les missions ESA, Eumetsat et Union
Surlignés en rouge : les missions ESA vers l’ISS
Surlignés en vert : les satellites d’opérateurs commerciaux
NAME
Launch
Launcher
Mission (agency/operator)
27 March 2015
26 April 2015
SICRAL-2/SYRACUSE-3C
26 April 2015
TURKMENSAT/MONACOSAT
27 April 2015
23 June 2015
SENTINEL-2A
MSG-4/METEOSAT-11
July 2015
DMC-3 CONSTELLATION
July 2015
2015
JASON-3
2015
SES-9
2015
INMARSAT-5 F3
2015
EUTELSAT-8 WestB
2015
TURKSAT-4B
EUTELSAT-9B + EDRS-A 2015
September 2015
GALILEO FOC 5-6
2015
PAZ/SEOSAR
2015
UPMSAT-2 UNION
2015
VENTA-1
2015
NEMO-HD
2015
AALTO-1
2015
PILSENCUBE
GALILEO FOC 3-4
THOR-7
Soyuz CSG
Ariane 5
Ariane 5
Falcon 9 v1.1
Vega
Ariane 5
PSLV
Falcon 9 v.1.1
Falcon 9 v.1.2
Proton
Ariane 5
Proton
Proton
Soyuz CSG
Dnepr
Dnepr
Dnepr ?
Dnepr ?
TBD
TBD
Navigation (Commission + ESA)
Communications (Telenor Satellite Broadcast)
Milsatcom (Defence It/Fr)
Communications (Turkmenistan + Monaco)
Observations Copernicus (ESA)
Météorologie (Eumetsat)
High Res 3-satellite Constellation (DMCII)
Oceanography (Eumetsat + NOAA)
Communications (SES)
Ka-band mobile services
Communications (Eutelsat)
Communications (Türksat)
Communications (Eutelsat + Airbus D&S)
Navigation (Commission + ESA)
Military radar (CDTI)
Earth environment monitoring (UPM)
AIS Quadsat (Ventspils + Un. Bremen)
Earth observations (SFL + Space-SI)
Earth Observation (VTT Finland)
Communications (Un. West Bohemia)
WEI n°80 2015-3 - 50
Prime contractor
OHB-System + SSTL
Space Systems Loral
Thales Alenia Space (I)
Thales Alenia Space (F)
Airbus D&S Satellites (F)
Thales Alenia Space (F)
SSTL
Thales Alenia Space + CNES (F)
Boeing Satellite Systems
Boeing Satellite Systems
Thales Alenia Space
MELCO + TAI + Türksat
Airbus D&S + ESA
OHB-System + SSTL
CDTI + EADS CASA + INTA
UPM + INTA
Ventspils + Augstkola + OHB
+ Space-SI (Slovenia)
VTT Finland
Un. West Bohemia
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
OUFTI-1/LEODIUM
POLYTEC-1/NAOSAT
AAUSAT-4
ROBUSTA-1B
EUTELSAT-36C/RSCC
SENTINEL-3A
LISA PATHFINDER
GALILEO FOC 7-8
ELISE
SIMBA
Q-RED ?
EXOMARS-1 TGO
+ SCHIAPARELLI
GALILEO FOC 9-10
OTB-1
PRISMA ITALIA
ALMASAT-EO
GALILEO FOC 11-14
SENTINEL-1B
TECHNOSAT
HISPASAT AG-1
BIROS/FIREBIRD
BEESAT-4
LAPAN-TUBSAT-A2
LAPAN TUBSAT-A3?
GALILEO FOC 15-18
FLYING LAPTOP
MICROPPTSAT ?
ATMOCUBE
MAX VALIER SATELLITE
AYSEM-1
BEOSAT ?
ESTELLE
IMSAT ?
NADEGE
HEIDELSAT
ESTCUBE-2
GAMASAT-1
NUTS
OPTOS-2G
NANOSAT-2A
DELFFI/DELTA + PHI
PICASSO
VKI RE-ENTSAT
INFLATESAIL
GOSSAMER-1
CFOSAT
EUTELSAT-65 WEST A
SHALOM
SENTINEL-5 PRECURSOR
SES-10
ESEO
OPS-SAT
QBITO
S-NET-1/-2/-3/-4
SES-11/ECHOSTAR 105
CYGNUS CRS-5
NOVASAR-S
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2015
2016
TBD
TBD
TBD
TBD
Proton
Rokot
Vega
Soyuz CSG
TBD
TBD
TBD
Proton
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016?
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016 ?
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
Soyuz CSG
TBD
Vega ?
Vega ?
Ariane 5 ES
Soyuz 2 CSG
TBD
Ariane 5
Soyuz
PSLV?
PSLV
PSLV
Ariane 5 ES
Soyuz
Vega ?
Vega ?
PSLV
PSLV ?
PSLV ?
Dnepr
PSLV or Vega
TBD
PSLV ?
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
Long March 2C
TBD
TBD
Rokot
Télécom D-Star (Amsat ?)
Earth observations (Un. Pol. Valencia)
AIS demonstration (Un. Aalborg)
Radiation testing (Un. Montpellier)
Communications (Eutelsat + RSCC)
Oceanography GMES (ESA)
Technological demonstrator (ESA)
Navigation (Commission + ESA)
12U Cubesat demonstrator (Nexeya)
Sun-earth Imbalance (RMI)
Cubesat reentry test (Tekever)
Mars exploration with orbiter and lander
(ESA + Roscosmos)
Navigation (Commission + ESA)
Orbital Test Bed (SSTL)
Security monitoring (ASI)
Earth Observations (Min Univ & Res)
Navigation (Commission + ESA)
Radar observations GMES (ESA)
Technological microsat (TU Berlin)
Communications (ESA + Hispasat)
Infrared earth observations (DLR)
Technological Cubesat (TU Berlin)
Earth observations (LAPAN)
HDTV Earth imagery (TU Berlin)
Navigation (Commission + ESA)
Technology (IRS Un.Stuttgart)
Cubesat micropropulseurs (ARC)
Cubesat scientifique (Un. Trieste)
Astronomy Quadsat (Inst Bozen)
Türkish Cubesat (Bahcesehir Un)
Space environment (ERIG)
Technology cubesat (Estonia)
Remote sensing microsat (ASI)
Triple Cubesat techno (Nexeya)
Triple Cubesat (FH Heidelberg)
Micro-propulsion (Un. Tartu)
Reentry test (Un. Porto)
Gravity waves (NTNU)
Astrophysics (INTA + ?)
Technology (INTA + ?)
Formation flight (TU Delft)
Aeronomy (Clyde Space)
Re-entry experiment (VKI)
Solar sail demonstrator (SSC)
Solar sail demonstrator (DLR + ESA)
Oceanography (CNES + CNSA)
Communications (Eutelsat/Echostar)
Hyperspectral EO (ISA + ASI)
Atmosphere chemistry (ESA + TNO)
2016
Falcon 9
Broadcasts/communications in Latin America (SES)
2016
2016
2016
2016
Vega?
TBD
Cyclone 4
TBD
Student earth observation microsat (ESA)
Technological triple cubesat (ESA)
Spain QB50 (Un Pol Madrid)
Nanosat constellation (TU Berlin)
2016
Falcon 9
Broadcasts/communications (SES)
2016
2016
Antares
TBD
COTS module to ISS (Orbital Sciences)
S-band radar satellite (UKSpace + SSTL)
WEI n°80 2015-3 - 51
Univ. Liège + CSL
Naosat + Un. Pol. Valencia
Un. Aalborg
ESA + Un. Montpellier
Airbus Defence & Space
Thales Alenia Space (F)
Airbus D&S Satellites
OHB-System + SSTL
Nexeya + Silicom
RMI Belgium + ?
Tekever (Portugal)
Thales Alenia Space
OHB-System + SSTL
SSTL
Carlo Gavazzi Space
AlmaSpace
OHB-System + SSTL
Thales Alenia Space (I)
TU Berlin + DLR ?
OHB + Thales Alenia
DLR + ?
TU Berlin + DLR ?
LAPAN + TU Berlin
TU Berlin + LAPAN
OHB-System + SSTL
IRS Un.Stuttgart
Austrian Research Centers
Un. Trieste
Inst Bozen + MPE Garching
Bahcesehir University/ CalPoly
Univ. Braunschweig
Tartu University + NanoSpace
Carlo Gavazzi Space ?
Nexeya + Silicom
FH Heidelberg + DLR
Un. Tartu, Estonia
Un. Porto + Tekever)
NTNU, Norway
INTA
INTA
TU Delft + ISIS
BISA, Belgium
VKI, Belgium + ?
Surrey Space Center
DLR/Kayser Threde
CNSA + Thales Alenia Space
Space Systems/Loral
Israeli + Italian industry
Airbus D&S UK + TNO
Airbus D&S
SITAEL/AlmaSpace
GomSpace +TU Graz
E-USOC + VKI
TU Berlin + BST
Airbus D&S
+ Thales Alenia Space Italia
SSTL
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
HISPASAT-1F
OPTSAT-3000
VENµS
NORSAT-1
GOSSAMER-3
METOP-C/EPS
SENTINEL-3B
TARANIS
GÖKTÜRK-3
TUBIN
BEPICOLOMBO
EUTELSAT-172B
AMAZONAS-5
MUSIS CSO-1
INGENIO-SEOSAT
SES-12
2016
2016
2016
2016
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
ERA/ISS NAUKA MODULE
SES-14
SES-15
SES-16/GOVSAT
ENMAP
SENTINEL-2B
CHEOPS
MICROSCOPE
PROBA-3A
PROBA-3B
SIGMA/MARCONI-2
HEINRICH HERTZ
EU:CROPIS
EARTHCARE
OPSIS
PROBA-ALTIUS?
SUMO
MEGASAT ?
MTG-I-1 (METEOSAT)
SOLAR ORBITER
MUSIS CSO-2
JAMES WEBB ST
EXOMARS-2 Rover
SENTINEL-6/CRYOSAT-
Ariane 5
Vega
Vega
TBD
TBD
Soyuz 2 CSG
Soyouz 2 ?
Vega
TBD
TBD
Ariane 5
Ariane 5
Ariane 5 ?
Vega ?
Vega
Communications (Hispasat)
2017
Ariane 5
Broadcasts/communications (SES)
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
2018
Proton
Falcon 9
Ariane 5
Falcon 9
PSLV
Soyuz 2
Vega ?
Vega ?
Vega
Vega
TBD
TBD
TBD
Vega ?
Vega
TBD
TBD
TBD
Ariane 5
Atlas 5
Vega ?
Ariane 5
Proton-Breeze
Vega
ISS remote manipulator (ESA)
Communications (SES)
Communications (SES)
Military communications (LuxGovsat+SES)
Hyperspectral imagery (DLR)
Observations GMES (ESA)
Exoplanets monitoring (ESA)
Technology (CNES + ESA)
Formation flight (ESA)
Formation flight target (ESA)
Broadband communications (ASI + PPP)
Communications (DLR + ?)
Biological laboratory (DLR)
Earth Explorer (ESA + JAXA)
High-Resolution EO (ASI)
Atmosphere chemistry (ESA + BISA)
Ozone measurements (LATMOS)
Communications (CNES + Eutelsat ?)
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
Solar exploration (ESA)
Spy satellite (DGA)
Astronomy/Astrophysics (NASA)
Mars rover (ESA + NASA) ?
Oceanography (ESA + Eumetsat)
2018
2019
2019
2019 ?
2019
2019
2019
2019
2019
2018
2019
2020
2020
2020
2020
2020
2020
SLS Block1
Ariane 5
TBD
TBD
Soyuz or Vega
Falcon 9 v.1.1
Falcon 9 v.1.1
Vega ?
TBD
Vega ?
TBD
Ariane 6.2
TBD
Vega ?
Soyouz or ?
TBD
TBD
Manned spacecraft (NASA + ESA)
GEO meteo sounder (ESA/Eumetsat)
Dual-use radar satellites (Defensa/ASI)
Broadband communications (ASI + PPP)
Chemistry of atmosphere (CNES)
Satellite émetteur radar (Bundeswehr)
Satellite récepteur radar (Bundeswehr)
Oceanography & Polar monitoring (ESA)
Intelligent comsat (ESA + Eutelsat)
Spy satellite (DGA + Bundeswehr)
Cosmology (ESA)
New generation launch vehicle (Airbus)
Ocean topography (CNES + NASA)
Asteroid mission (ESA)
Electronic intelligence (DGA + CNES)
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
Polar Meteo (ESA + Eumetsat)
Dual-use high-resolution EO (It. Min.Defence)
Observations (CNES + ISA)
Sat-AIS & security (Norsk Romsenter)
Large solar sail demonstrator (DLR)
Polar meteo (Eumetsat +NOAA)
Oceanography GMES (ESA)
Analysis of lightning & stripes (CNES)
SAR Earth Obs (TAI + Tübitak)
Earth Observation in infrared (TU Berlin)
Mercury orbiters (ESA + JAXA)
Communications (Eutelsat)
Communications (Hispasat)
Spy satellite (DGA)
Observations (CDTI + ESA)
JASON-4
MPCV ORION
MTG-S-1 (METEOSAT)
COSMO SG-1 & SG-2
SIGMA/MARCONI-1
MICROCARB
SARAH AKTIV-1
SARAH PASSIV-1 & -2
SENTINEL-6/JASON-4 CRYOSAT
QUANTUM/ANYSAT
MUSIS CSO-3
EUCLID
ARIANE 6.2 DEMONSTRATOR
SWOT
PROBA-4 IMP ?
CERES-1, -2, -3
MTG-I-2 (METEOSAT)
EPS/METOP SG-1
WEI n°80 2015-3 - 52
SSL
IAI (Israel), CGS + Telespazio
ISA + French & Israeli industry
? + Kongsberg
DLR / ?
Airbus D&S Satellites
Thales Alenia Space (F)
CNES + CNRS
TAI + ?
TU Berlin + BST
Airbus D&S + JAXA
Airbus D & S
SSL/Space Systems/Loral
Airbus D&S + Thales Alenia Space
EADS CASA
Airbus D&S
EADS Dutch Space
Airbus D&S
Boeing Satellite Systems
Orbital Science Corp
Kayser-Threde
Airbus D&S Satellites
SSTL
CNES + ONERA
QinetiQ Space
EADS CASA + Sener
Italian industry + ?
OHB-System + Airbus D&S ?
DLR + ?
TBD
CGS + Italian industry + OHB ?
QinetiQ Space
Polytechnique Palaisseau
Airbus D&S/Thales Alenia Space ?
Thales Alenia Space + OHB
Airbus D&S
Airbus D&S + Thales Alenia Space
Northrop Grumman + ESA
Thales Alenia + Airbus D&S
Thales Alenia Space + Airbus
Defence & Space
Lockheed Martin + Airbus D&S
Thales Alenia Space + OHB
Thales Alenia Space Italia
Italian industry + ?
CNES + ?
OHB + Airbus D&S
OHB
Thales Alenia Space + Airbus D&S?
SSTL + Airbus D & S
Airbus D&S + Thales Alenia Space
Thales Alenia Space
ESA + Airbus Safran Launchers
TBD + NASA/JPL
TBD
Airbus D&S + Thales Alenia Space?
TBD
Airbus Defence & Space
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
SWUSV
BIOMASS
AIM
EXOMARS-3 ?
ARIANE 6.4 DEMONSTRATOR
2020
2020
2020
2020 ?
2021
2021 ?
2021
2021 ?
2022
2022
2023
2024
2028
Vega ?
Soyuz?
Soyuz
TBD
Ariane 6.4
TBD
Long March 6?
TBD
Proton-Breeze
TBD
TBD
Soyuz ?
Ariane 5 ?
OTOS
SMILE/INSTANT
COMSAT NG
JUICE + GANYMEDE
EPS/METOP SG-2
MTG-I-3 (METEOSAT)
PLATO
ATHENA
© Space Information Center/Belgium – July 2015
Space Weather forecasts (CNES + CAS ?)
Earth Explorer (ESA)
Asteroid Impact Mission (ESA)
Mars Science (ESA + NASA)
New generation launch vehicle (Airbus)
Super High resolution EO (DGA + CNES)
Space Weather from L5 (ESA + CAS)
Military Satcom (DGA + CNES)
Jupiter Moon exploration (ESA + NASA?)
Polar Meteo (ESA + Eumetsat)
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
Exoplanetary science (ESA)
X-ray observatory (ESA)
TBD
TBD + US industry
TBD + NASA
TBD
ESA + Airbus Safran Launchers
Airbus D&S + Thales Alenia Space?
European bus
Airbus D&S or Thales Alenia Space
TBD + Russian industry
Airbus Defence & Space
Thales Alenia Space + OHB
TBD
TBD
4. Export contrats for the satellite industry in Europe
This alphabetical list review the known contracts signed by the European
industry of space systems for spacecraft outside Europe to be launched during the
period 2013-2018. It also includes the major contracts for payloads or platforms.
NAME
Contractor (Country)
“AFRICA” EOSAT-1/-2
Mission (launch schedule)
ARABSAT-6B
High-resolution observations (2017)
Remote sensing microsats [2015]
Remote sensing micro-satellites (2010)
ASAL (Algeria) + UKSpace
Techno Triple Cubesat (2016)
AOneSat Communications GEO telecommunications (2016?)
(Switzerland/India)
Arabsat (Saudi Arabia)
GEO telecom/broadcasts (2014)
ARSAT-1/-2 & /-3 ?
ArSat (Argentina)
GEO telecommunications (2014-17)
BADR-7
Arabsat (Saudi Arabia)
GEO telecom/broadcasts (2015)
ALSAT-1B
ALSAT-2A/2B
ALSAT NANO
AONESAT-1?
Not disclosed
ASAL/CNTS (Algeria)
ASAL/CNTS (Algeria)
DMC-3 CONSTELLATION
DIRECTV-15
DMCII (United Kingdom)
DirecTV (USA)
Latin DirecTV (USA)
DIRECTV
America/INTELSAT-31
ECHOSTAR-105
/SES-11
EXPRESS AM-7
EXPRESS AM-8
EXPRESS AMU-1
FALCON EYE-1
& -2
GEO-KOMPSAT-2B
GÖKTURK-1
HELLASAT-3/
EUROPASAT
INDOSAT
IRIDIUM NEXT
/IRIDIUM PRIME?
Echostar (USA) + SES
(Luxembourg)
RSCC (Russia)
RSCC (Russia)
RSCC (Russia)
UAE Armed Forces (UAE)
KAZSTSAT/Earth Mapper
Ghalam KJC (Kazakhstan)
High-resolution satellites (2015)
GEO broadcasts (2014)
GEO broadcasts (2016)
GEO broadcasts & communications
(201)
GEO telecom/broadcasts (2014)
GEO telecom/broadcasts (2014)
GEO telecom/broadcasts (2015)
Very high-resolution observations
(2017, 2018)
GEO meteorological observations (2019)
KARI (South Korea)
Min Defence (Turkey)
High-resolution observations (2015)
Arabsat (Saudi Arabia) & GEO High-power broadcasts (2017)
Inmarsat (United Kingdom)
Iridium Satellite (USA)
Prime contractor (State)
Thales Alenia Space (France)
SSTL + DMCII
Airbus D&S (France)
Surrey Space Centre (UK)
*Thales Alenia Space (France)
Airbus D&S (France) +
*Thales Alenia Space (France)
* Thales Alenia Space + Airbus
D&S
Airbus D&S (France) +
*Thales Alenia Space (France)
SSTL + DMCII (+ China)
Airbus D&S Satellites (France)
Airbus D&S Satellites (France)
Airbus D&S Satellites (France)
Airbus D&S (France)
*Thales Alenia Space (France)
Airbus D&S (France)
Thales Alenia Space + Airbus
D&S (France)
*Airbus D&S (France)
Telespazio + Thales Alenia Space
Thales Alenia Space
Mobile comsat constellation (2015- Thales Alenia Space (France)
2017)
Remote sensing micro-satellite (2015) SSTL (United Kingdom)
WEI n°80 2015-3 - 53
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
KOREASAT-5A
KOREASAT-7
LAPANSAT-A2
LAPANSAT-A3
NEXSTAR-1 & -2
ONEWEB
MICROSATS (900)
OUTERNET-1, -2, -3
PERUSAT-1
SGDC-1
TELSTAR-12R
YAMAL-601
KT Sat (South Korea)
KT Sat (South Korea)
LAPAN (Indonesia)
LAPAN (Indonesia)
Aniara
Communications
(India)
OneWeb (USA)
GEO Telecom (2016)
GEO Telecom (2016)
Remote sensing micro-satellite (2014)
Remote sensing micro-satellite (2014)
GEO Telecommunications (2017)
Thales Alenia Space (France)
Thales Alenia Space (France)
*TU Berlin (Germany)
*TU Berlin (Germany)
* Elecnor Deimos (Spain) +
European partners
Megaconstellation of microsats for Airbus Defense & Space (France
internet connectivity (2017-2019)
+ Germany)
Outernet Inc (USA)
Cubesat internet constellation (2017)
Clyde Space (United Kingdom)
Min Defence (Peru)
High-resolution observations (2016)
Airbus D&S Satellites (France)
Visiona Technologia (Brazil) Governmental communications (2016) Thales Alenia Space (France)
Telesat (Canada)
GEO telecom (2015)
Airbus D&S Satellites (France)
Gazprom Space Systems (Russia) GEO communications (2016)
*Thales Alenia Space (France)
* Payload contractor
SSL = Space Systems Loral
SSTL = Surrey Satellite Technology Ltd
© Space Information Center/Belgium – July 2015
A.3. Table of planned/expected contrats
related to civilian satellites for communications and broadcasts
The most profit-making space business concerns the satellite systems for
communications and broadcasts (see in this Directory the table reviewing all the
spacecraft in operational service and in preparatory status). This new and
original table summarizes the known/announced satellites for which a RFP is in
progress or in project. European satellite industry has to play a significantly
promising role, in spite of the high value of the euro. Space Systems/Loral as One
of the main aggressive contenders for comsat contracts was acquired by Canada’s
MDA (McDonald Dettwiler & Associates).
SATELLITE (Operator/country)
ABS-8 (Asia Broadcast Satellite/Hong
Kong)
AFRICASAT-2A (Measat Satellite
Systems/Malaysia)
Position (frequencies)
116.1°E (C-, Ku- & Kabands)
5.7° E (C-, Ku & Ka-bands)
Status (particular aspects) - Launcher
All-electric comsat contracted to Boeing (Boeing 702SP). To be
launched by Falcon 9 (2018)
RFP in progress for satellite, but contract not yet finalized.
Measat looking for a partner such as Eutelsat or Arabsat…
(upgrade for Africasat-1/Measat-1 positioned at 46°East,
replacement of Africasat-2/Measat-2 positioned at 5.7°East)
ALCOMSAT-1 (ASAL/Algeria)
24.5°E? (C- & Ku-band –
Indigenous development, with technical assistance of CASC, of a
Northern beams)
SmallGEO-type comsat since September 2013. Launch contract
with CGWIC/China Great Wall Industry Corp (2017: for a
coverage of Maghreb countries).
AL YAH-3/YAHSAT-3 (Yahsat/United 20°W (Ka-band)
First private comsat operator in the Middle East interested by
Arab Emirates)
Latin America for broadband connections. Contracts with Orbital
Sciences (Geostar-3) et Arianespace. (2016)
AMAZONAS-5 (Hispasat/Spain)
61° W (C-, Ku- & Ka-band) Replacement Amazonas-4B after cancellation of contract with
Orbital Scviences. SSL as prime contractor. To be launched by
Arianespace (2017)
AMOS-6 (Spacecom/Israel)
4°W (Ku- & Ka-bands)
After international RFP, Israel Aerospace Industries (IAI)
selected as prime contractor, with Canadian MDA as payload
contractor. Heavy satellite with electric propulsion, to be
launched by Falcon 9. To replace Amos-2 and to add Ka-band
capacity to the ‘hot bird’ position of Spacecom (2016).
AMOS-7 & -8 (Spacecom/Israel)
17°W and ? (Ku- & KaPowerful satellite(s) to cover Latin America. Specifications under
bands)
study for international RFP. To be contracted in 2015. (2017)
WEI n°80 2015-3 - 54
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
ANGOSAT-1 (Ministry
Telecoms/Angola)
24.5°E (C- & Ku-band –
Southern beams)
In-orbit delivery contract with Russian RKK Energia and
Rosoboronexport. Negotiations finalized in May 2011. Total cost
of the full system: around 245 million euros. To be launched by
Zenit 3SLB? (2017, with a full coverage of Eastern and Southern
Africa).
ANIARA NEXSTAR-1 & -2 ? (Aniara 50°E, 98°E or 160° E (KuPrivate operator in India with small GEO satellites. Contract to
Communications/India)
band)
Dauria Aerospace for two 16-Ku band spacecraft to cover Middle
East and Africa. Launcher not yet selected, but possibility of dual
launch with Indian GSLV MkII (2017)
ANIK G-2 (Telesat/Canada)
107.3° E (Ku- & Ka-bands?) Multipurpose broadcasting & communications satellite. Planned
contract in 2015. (2017)
AONESAT-1 (AOneSat
47.5° W (C-, Ku, KaNew operator based in Switzerland. Company created by Indian
Communications/Switzerland + India)
bands ?)
family Pavuluri (Hyderabad) with views for global broadband
business. First medium-size Ekspress-1000N type comsat,with
payload of Thales Alenia Space, contracted through MOU by ISS
Reshetnev in order to cover Latin America. Launcher not yet
selected. Plan for further two comsats around the globe. (2016)
APSTAR-9 (APT Satellite
TBD (Ku-band, Ka-band ?) Plan to expand coverage and services. Contract with CGWIC
Holdings/Hong Kong)
(China Great Wall Industry Corp) for in-orbit delivery of highpower DFH-4 type comsat (2016)
APSTAR-10 (APT Satellite
TBD (Ku-band, Ka-band?) In-orbit delivery contract with CGWIC, including financing
Holdings/Hong Kong)
services, for high-power DFH-4 type comsat (2017)
ARABSAT-6A & -6E?
26°E, 34°E ? (Ku- & KaSixth generation of Arabsat spacecraft: contract with Lockheed
(Arabsat/Saudia Arabia)
bands)
Martin. To be launched in 2017.
ARMSAT-1 (Armcosmos, Armenia)
71.4°E (Ku-band)
National comsat, for coverage of Eastern Europe and Central
Asia, to be developed with the assistance of Roscosmos or
CGWIC? (2017 ?)
ARSAT-1/-2/-3 (ArSat/Argentina)
71,8° W, 81° West (KuPart of SSGAT (Sistema Satelital Geoestacionario Argentino de
band)
Telecomunicaciones). Invap SA as prime contractor, with Thales
Alenia Space selected for the payload after an international RFP.
First two satellites to be launched by Arianespace. (2014, 2015,
2016?)
AZERSPACE-2/INTELSAT-38
45°E (Ku- & Ka-bands)
Comsat developed with Intelsat as partner for joint use of
(Azercosmos/Azerbaidjan, Intelsat)
geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe,
Middle East, Africa, Central and South Asia, To be used jointly
with Azerspace-1 which is in GEO since February 2013. Satellite
and launch contracts in 2015. (2017)
BANGABANDU-1 (Bangladesh
119.1° or 102° E (C- and
RFP with in progress for a geosynchronous satellite with up to to
Telecommunications Regulatory
Ku-band
40 transponders. Negotiations with Intersputnik Hodlings to
Commission/Bangladesh)
acquire the geostationary position. Plan for in-orbit delivery
contract and turnkey system to be decided in 2015 (2017?)
BELINTERSAT-1 (Belintersat/Belarus) 51.5° E (14 transponders in After international RFP launched in 2010, CGWIC (China Great
C-band, 26 transponders in Wall Industry Corp) selected for in-orbit delivery contract –
Ku-band)
DFH-4 type comsat for services in Central Asia, Africa and
Europe - Financial support of Chinese Ex-Im (2015) – Launch
with Long March 3B (late 2015 or early 2016)
BELINTERSAT-2 (Belintersat/Belarus) Tbd (transponders in CBelintersat looking for an international partner to go ahead with
Ku- and Ka bands? )
the 2nd comsat (2018?)
BITSAT (Dunvegan Space
LEO system (S-band
Constellation of up to 24 low-cost Triple Cubesats for “cloud
systems/USA)
frequencies)
computing” services around the globe (first satellites to be
launched in late 2006)
BRISAT-1 (PT BRI/Bank Rakvat
150.5° E (C- & Ku-band)
SSL (ex-Space Systems Loral) as contractor for the medium-size
Indonesia)
comsat to connect the 11,000 bank branches of Babk Rakvat
Indonesia across the Indonesian Archipelago. Launch contract
with Arianespace (2016)
BSAT-4A (Broacasting Satellite
110°E (Ku-band)
Broadcasting satellite contracted with SSL. Launcher still to be
Corp/Japan)
selected. (2017)
BULGARIASAT-1 (Bumilsatcom
TBD (Ku-band)
High-power broadcasting saltellite to cover the Balkans. After
/Bulgaria)
international RFP, SSL (ex-Space Systems/Loral) with SSL 1300
WEI n°80 2015-3 - 55
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
CONGOSAT-01 (Renatelsat/Congo)
TBD (C- & Ku-bands)
DIRECTV-15 (DirecTV/USA)
From 99° to 119°W (Ku- &
Ka-bands)
DIRECTV LATIN AMERICA or
INTELSAT-32 (DirecTV-Sky Brasil
/USA-Brasil)
DPRK COMSAT-1? (KCSTNADA/North Korea)
43°W (Ku-band)
ECHOSTAR-18 (Dish Network CorpEchostar/USA)
TBD (Ku-band)
ECHOSTAR-19/JUPITER-2 (Hughes
Network Systems/USA)
TBD (Ka-band)
ECHOSTAR-21/TERRESTAR-2
SOLARIS MOBILE (Echostar/USA)
10° E (S-band)
ECHOSTAR-23 (Dish Network CorpEchostar/USA)
ECHOSTAR-105/SES-11
(Echostar/USA & SES/Luxembourg)
TBD (Ku-band)
EKSPRESS AM-7 (RSCC)
40° E (L-, C- & Ku-bands)
EKSPRESS AM-8 (RSCC)
14°W (C- & Ku-bands)
EKSPRESS AM-9? (RSCC)
36° E? (C-, Ku- & Kabands?)
36° E (70 repeaters in Ku& Ka-bands)
EKSPRESS AMU-1/EUTELSAT-36C
(RSCC/Eutelsat)
TBD (C-band)
105°W (C- & Ku-bands)
spacecraft, selected as prime contractor. SpaceX Falcon 9 as
launch vehicle. (2016)
Announcement of a contract for in-orbit delivery with China
Telecom and CGWIC (China Great Wall Industry Corp). No
recent info about development status (2016)
6.3-t broadcasting satellite to cover North America with highpower beams. Airbus D&S Satellites selected as prime contractor
– To be launched by Ariane 5. (May 2015)
Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus
D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform.
To be launched by Ariane 5-ECA (2016)
Indigenous development of a geosynchronous satellite in the
Space Plan 2012-2017 of DPRK, but no recent info. To be
launched by a national system. (2018 ?)
Direct broadcasting satellite for the Dish Network Corp. Space
Systems/Loral as prime contractor. Launcher not yet selected
(TBD)
SSL (Space Systems Loral) as prime contractor for interactive
broadband satellite with very heavy and powerful spacecraft to
cover North America. Ariane 5-ECA selected as launch vehicle
(2016)
Purchase of Solaris Mobile Ltd (Ireland), with S-band payload of
Eutelsat W2A/10A in order to develop S-band multimedia
applications in Europe. Use of Terrestar-2 satellite contracted
with SSL (Space Systems Loral). To be launched by Ariane 5ECA. (2016)
SSL (Space Systems Loral) as prime contractor with LS-1300
spacecraft. Launcher not yet selected. (2016)
Joint Echostar-SES communications satellite to cover North
America, Mexico et the Carribean. Contracted with Airbus
Defence & Space. Launcher not yet selected (2016)
5.7 t satellite contract with Airbus D&S: Eurostar 3000 bus with
16 kW payload . To be launched by Proton. (2015)
AM-8 to be built by ISS Reshetnev for the platform and Thales
Alenia Space for the payload. To be launched in GEO by ProtonBreeze DM-03. (2015)
RFP in progress for a possible contract in 2015. (2017)
Airbus D&S selected with Eurostar-3000 spacecraft. Capacity to
be jointly operated by RSCC and Eutelsat. To be launched by
Proton-Breeze M. (2015)
EKSPRESS AMU-2 (RSCC)
103° E (80 repeaters in CInternational RFP in progress for selection in 2015. Pressure of
& Ku-bands)
Roscosmos to get the contract for a Russian enterprise of space
systems. (2017)
ENERGIA-100 ? /RSC Energia/Russia) TBD (Ku-band)
Small GEO comsat made by RKK Energia for broadband
connections in Russia. Customer/operator not yet disclosed.
(2016)
ES’HAIL-2 (ES’HAISAT/Qatar)
26°E (Ku- & Ka-bands),
Parnership with Arabsat for the joint use of the capacity. After
close to Badr position of
international RFP, Mitsubishi Electric as prime contractor.
Arabsat
Launch vehicle sdtill to be selected. (2017)
EUTELSAT-9B + EDRS-A (Eutelsat + 9°E (Ku-bands + optical
Airbus D&S as prime contractor. Hosted payload for EDRS
Airbus D&S Services)
relay for data intersatellite
(European Data Relay Satellite) contracted to Airbus D&S
links)
Services in PPP with ESA. To be launched by Proton. (2015)
EUTELSAT-8 WestB (Eutelsat + Thales 8°W (C- & Ku-bands)
Thales Alenia Space selected as prime contractor with Spacebus
Alenia Space)
4000C3-type spacecraft. To be launched by Proton-Breeze M
(2015)
EUTELSAT-65 WestA (Eutelsat +
65°W (C-, Ku- & Ka-bands, Eutelsat offer selected by Anatel for the use of Brazilian position
Anatel/Brazil)
with spotbeams)
to cover Latin America. Contract with SSL (ex-Space
System/Loral). Availability of services for the Olympic Games.
WEI n°80 2015-3 - 56
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
EUTELSAT-172B (Eutelsat)
EUTELSAT QUANTUM (Eutelsat)
GLOBALSTAR II 25-30
(Globalstar/USA)
GOVSAT/SES-16
(LuxGovsat/Luxembourg)
GSAT-6/6A (ISRO/India)
GSAT-7A (ISRO/India)
GSAT-9 (ISRO/India)
GSAT-11 (ISRO/India)
GSAT-15 (ISRO/India)
GSAT-16 (ISRO/India)
GSAT-17 (ISRO/India)
GSAT-18 (ISRO/India)
GSAT-19 (ISRO/India)
HEINRICH HERTZ/H2SAT (DLR +
OHB + ESA? )
HELLASAT-3/EUROPASAT
(Arabsat/Greece + Saudi Arabia &
Inmarsat/UK)
HELLASAT-4/S (Arabsat/Greece +
Saudi Arabia)
HISPASAT AG1 (ESA + Hispasat
/Spain)
HISPASAT-1F (Hispasat/Spain)
HYLAS-3/EDRS-C (Avanti
Communications, United Kingdom +
ESA)
HYLAS-4 (Avanti Communications,
United Kingdom)
INMARSAT 5/GLOBAL EXPRESS
Launcher still to be selected. (2016).
172°E (C- & Ku-bands, with Innovative HTS (High Throughput Satellite) to cover Asia-Pacific
spotbeams)
for broadband links and mobile connectivity. With the partnership
of Panasonic Avionics Corp. All-electricEurostar 3000EOR
platform developed by Airbus Defence & Space. Ariane 5 as
launcher. (2017)
TBD (Ku- & Ka-bands)
Intelligent communications satellite for multipurpose services.
Developed in a PPP between Eutelsat and ESA. Airbus Defence
& Space as prime contractor, with SSTL (Surrey Satellite
Technology Ltd) for the platform. (2020)
LEO Constellation (L-band) Additional six satellites to be confirmed for contract with Thales
Alenia Space. Use of EliteBus platform. Globalstar 19-24
launched by Soyuz from Baikonur in February 2013 (2016?)
21.5°E (X- & Ka- bands)
Establishment of public-private enterprise (Luxembourg gov +
SES). Satellite contracted to Orbital ATK. Launch with Falcon 9
from SpaceX commercial center at Boca Chica, Texas (2017).
TBD (C- & S-bands)
2.1-t comsat based on the I-2K platform for mobile services. To
be launched by GSLV MkII. (2016, 2017)
74°E (UHF, C-, Ku- & S2.6-t comsat based on I-2K platform, identical to GSAT-7
bands)
launched in August 2013 by Ariane 5. (2017)
TBD (Ku-band)
2.2-t comsat using the I-2K platform. To be launched by GSLV
MkII (2015 or 2016)
TBD (Ku- & Ka-bands)
Advanced 4-t comsat based on the I-4K platform. To be launched
by the heavy GSLV MkIII or by a non-Indian rocket (2016)
93.5°E (Ku-band)
3.1-t comsat based on the I-3K bus. To be launched by Ariane 5
(2015)
55°E (C- & Ku-bands)
3.2-t comsat based upon the I-3K Extended bus. colocated with
GSAT-8 after Ariane 5 launch (December 2014)
TBD (C-, Ku & S-bands)
I-3K spacecraft in planning phase, to be decided in 2015. (after
2015)
TBD (C- & Ku-bands)
I-3K spacecraft in planning phase, to be decided in 2015. (after
2015)
TBD (C-, Ka & S-bands)
I-3K spacecraft in planning phase, to be decided in 2015. (after
2015)
TBD (Ka-band)
OHB as prime contractor with SmallGEO bus. Broadband
services with advanced Ka-band payload for dual use. Launcher
not yet selected. (2017)
39°E (Ku- & Ka-bands, SPowerful broadcasting satellite contracted by Arabsat to Thales
band)
Alenia Space. Addtional S-band hosted payload for Inmarsat to
cover Europe with MSS broadcasts. To be launched by Falcon
Heavy? (2017)
39°E? (Ku- & Ka-bands)
Joint venture between Hellasat/Arabsat and KACST (King AbdulAziz City for Science & Technology). Powerful 6-t spacecraft for
broadcasts contracted with Lockheed Martin. To be launched by
Arianespace. (2018)
36° W ? (Ku-band)
Luxor/SmallGEO bus (ARTES 11 programme) with payload
developed by TESAT and Thales Alenia Space. Contract signed
with OHB System. PPP between ESA and Hispasat for the
payload. To be launched by Arianespace. (2015)
30°W (Ku-band)
High-capacity communications satellite for broadband
connections. SSL selected as prime contractor. Launcher not yet
selected. (2017)
0° ? (S- & Ka-band)
Small GEO platform of OHB carrying EDRS-C of Airbus D&S
Services/TESAT + Avanti payload for broadband Ka
communications through PPP agreement with ESA. Launch
contract with Arianespace (2016)
TBD (Ka-band)
Broadband comsat based upon Geostar-3 bus. Contracts with
Orbital Sciences for satellite and Arianespace for launch. (2017)
Atlantic, Pacific & Indian
Contract for up to 4 powerful spacecraft for mobile broadband
WEI n°80 2015-3 - 57
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
(Inmarsat/United Kingdom)
INSAT K (ISRO/India)
INTELSAT-27R or -34
(Intelsat/Luxembourg)
INTELSAT-30 DLA-1 & -31 DLA-2
(Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin
America)
INTELSAT-32E/SKY BRASIL-1
(Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin
America
INTELSAT-36 MULTICHOICE
(Intelsat/Luxembourg – Multichoice
/South Africa)
INTELSAT EPIC-1/-29E & -2/33E/NEXT GENERATION
(Intelsat/Luxembourg)
INTELSAT EPIC-3/-35E/NEXT
GENERATION (Intelsat/Luxembourg)
INTELSAT-38/AZERSPACE-2
Intelsat, Azercosmos/Azerbaidjan)
IRANSAT-1, -2 & -3 (SRI-Space
Research Institute & ISA/Iranian Space
Agency/Iran)
IRIDIUM NEXT
(Iridium Communications/USA)
IRIDIUM PRIME
(Iridium Communications/USA)
JABIRU-1 (NewSat/Australia)
Oceans (89 Ka-band
transponders on each
satellite)
Indian Ocean (Ka-band)
services: Boeing Satellite Systems as prime contractor with BSS702HP bus. Proton-Breeze M launch contract with ILS. Falcon
Heavy for 4th satellite? (2014, 2015)
6-t class spacecraft for Ka-band communications (broadband
links), to be purchased from abroad; 2nd satellite to be
indigenously developed (2016?)
55.5° E/Atlantic Ocean (C- Lost at launch with Zenit 3SL, on 31 January 2013, of the
and Ku-bands + UHF
medium-power HS702 satellite developed by Boeing Satellite
military payload for US
Systems, carrying a hosted payload for military purposes. Specific
Navy)
coverage of Latin America. Replacement with 3-t comsat ordered
to SSL (ex-Space Systems/Loral) in 2013. (2015)
95°W (C- & mostly KuCo-located high-power LS-1300 satellites of SSL (ex-Space
bands)
Systems/Loral), for DTH broadcasts in Latin America (DLA:
DTH Latin America). Ariane 5 launch for Intelsat-30 DLA-1 ,
Proton-Breeze M launch for Intelsat-31 DLA-2 (2015)
TBD (Ku-band)
Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus
D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform.
To be launched by Ariane 5-ECA (2016)
68.3°E (C- & Ku-bands,
Powerful satellite to be co-located with Intelsat-20 for panmainly for DTH broadcasts) african coverage. SSL (Space systems/Loral) selected as prime
contractor. Launcher not yet selected. (2017)
29°E, 33°E (C- and KuVersatile high-power satellites, using an innovative heavy
bands with broadband
platform, for mobile broadband applications: after international
spotbeams/high throughput RFP, contracts in 2012 and in 2013 to Boeing Satellite Systems.
technology)
Ariane 5, Proton or Heavy Falcon as candidates for the launches
(2015 & 2016)
35°E (C- and Ku-bands with Versatile high-power satellites, using an innovative heavy
broadband spotbeams/high
platform, for mobile broadband applications: Boeing Satellite
throughput technology)
Systems selected as prime contractor. Launcher not yet selected
(2016)
45°E (Ku- & Ka-bands)
Comsat developed with Azercosmos as partner for joint use of
geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe,
Middle East, Africa, Central and South Asia. Satellite and launch
contracts in 2015. (2017)
47°E, 34°E (Ku-bands)
Civilian project of small geosynchronous satellites to carry 2 Kuband transponders for digital broadcasts. Indigenous
development in progress with North Korea? See also the military
Qaem project. (2016?)
LEO constellation (L- band, Thales Alenia Space (with Orbital Sciences as US partner)
with interlinks)
selected as prime contractor for the space segment (72 satellites in
orbit + 9 ground spare). Launch services with nine Falcon 9
rockets of SpaceX from Vandenberg AFB and Dnepr from
Yazny. Contract with Canadian Aireon LLC to collect ADS-B
signals for aeronautical traffic monitoring (20152017/replacement of the existing and operational 66-satellite
constellation)
LEO constellation (L-band, Expansion of Iridium Prime to offer LEO missions with hosted
with interlinks)
payload for innovative research and applications. Iridium Next
satellites, based upon EliteBus platform and made by Thales
Alenia Space in Orbital Sciences facility, proposed to welcome
265-kg instrumentation for up to 17 Mbps of data. Prospective use
to collect AIS data for sea traffic surveillance. An average of 2 to
6 satellites launching per year. Use of Iridium Next ground
infrastructure (after 2017).
90°E (Ka-bands)
Australian private project of an international broadband satellite
covering Oceania, Asia, Middle-East and Easter Africa, for
defence and enterprise links. Agreements with Lockheed Martin
for the space segment and Arianespace for the launch.
Exploitation of 5.9-t comsat with broadband beams. Failure of
Newsat to meet financial requirements: apparently the end of the
WEI n°80 2015-3 - 58
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
venture… with the risk to lose the geosynchronous position
(acquired through Kypros Satellites). Seeking for bankruptcy
protection. (2016)
JABIRU-3 (NewSat/Australia)
Indian Ocean, close to
High-power satellite for broadband connections in Africa, the
Africa (Ka-band)
Middle East, Europe, India, China, South-East Asia and
Indonesia. Need for an international partner. Plans, not yet
confirmed, for Jabiru-4 and -5 satellites over Pacific and Atlantic
Oceans to create a global system. In financial trouble (2017 ?)
JCSAT-14 (Sky Perfect JSAT/Japan)
154°E (C- & Ku-bands)
Replacement of JCSAT-2A with SSL (ex-Space Systems/Loral)
as prime contractor. To be launched by Falcon 9 v1.1 (2015)
JCSAT-15 (Sky Perfect JSAT/Japan)
110°E (Ku-band)
Replacement of JCSat-110. Contract to SSL (Space systems
Loral). To be launched by Ariane 5. (2016)
JCSAT-16 (Sky Perfect JSAT/Japan)
TBD (C- & Ku-bands)
First of five comsats to be ordered until end of the decade.
Contract to SSL for launch with Falcon 9 v.1.1. (2016)
JUPITER-2/ECHOSTAR-19 (Hughes
109.1° W, close to Jupiter-1 SSL (ex-Space Systems Loral) as prime contractor for interactive
Network Systems/USA)
(Ka-band)
broadband satellite with powerful 6.6-t spacecraft to cover North
America with broadband spotbeams to meet HughesNet Gen4
high-speed internet services. Ariane 5-ECA selected as launch
vehicle (2016)
KACIFIC-1a & -1b (Kacific Broadband From 130 to 170°E (KaSystem using a hosted Ka-band multibeam payload to enhance
Satellite/Singapore)
band)
broadband connections in the Pacific. (2017)
KOREASAT-5A (KT Sat/South Korea) 113°E (Ku-band)
Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to
Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016)
KOREASAT-7 (KT Sat/South Korea)
116°E (Ku- & Ka-bands)
Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to
Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016)
KYPROSAT (Kypros Satellites
TBD (Ku-, Ka-bands)
Partnership with SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) as an
/Kyprus)
offer for new operators.
LAOSAT-1 (Min.
128.5° E (C- & Ku- bands) In-orbit delivery contract with CGWIC (China Great Wall
Telecommunications/Laos)
Industry Corp), in order to cover South East Asia, from Pakistan
to Papua New Guinea. Satellite made by CAST (Chinese
Academy of Space Technology) with Long March 3B/G2 launch
(2016)
LEOSAT CONSTELLATION (Leosat
SSO at 1,800 km (Ka-band) Constellation of 80-100 microsats for secured links between
Inc/USA)
enterprises around the globe. Feasility study made by Thales
Alenia Space (to be operational in 2019?)
LYBID-1/UKRCOMSAT-1 (NSAU48° E (Ku-band & Ka-band) High-power satellite (transponders of 120 W) built by MDA
UkrCosmos/Ukraine)
(McDonald Dettwiler & Associates – ex-SPAR Aerospace) as
prime contractor with ISS Reshetnev platform (Ekspress 1000H).
Canadian funding of the system. Development delayed by
financial problems. Launch with “made in Ukraine” Zenit 3LB
(announced for September 2011, now postponed to 2016?)
MEASAT-3C/AFRICASAT-2a (Measat NA (C-, Ku- and Ka-bands) Negotiations in progress for a partnership with another comsat
Satellite Systems/Malaysia)
operator, to cover Europe, Africa,the Middle East. No recent info
about development (2016)
MEXSAT-1/CENTENARIO &
113°W (L- & Ku-bands)
Governmental contract for 3 satellites with Boeing Satellite
-2/MORELOS-3 (SCT-Secretaria de
Systems, including 2 Boeing 702HP Geomobile satellites
Communicaciones y
equipped with 22-m L-band antenna. Launched by Proton-Breeze
Transportes/Mexico)
M (2014). To be launched by Atlas 5 (2015)
MYANMAR-SAT? (M-Tel/Myanmar or TBD (C- & Ku-band)
Negotiations with satellite operators - especially Intersputnik - for
Birmania)
the use of orbital slot and frequencies. Singtel and CGWIC well
positioned for development contract? (2017?)
NBN CO-1A & -1B (NBN/Australia)
137.9 & 154° E (Ka-band)
High-power satellite system for NBN (National Broadband
Network). Space Systems/Loral as prime contractor for the two
co-located spacecraft. To be launched by Ariane 5-ECA (2015,
2016)
NBN CO-1C (NBN/Australia)
TBD (Ka-band)
Need for a third broadband comsat. RFP to be decided for
contract in 2015 (2018?)
NICASAT-1 (TBD/Nicaragua)
TBD (Ku-band)
Communication & broadcasting satellite for Latin America.
Based on DHF-4 bus, to be developed and delivered in orbit by
WEI n°80 2015-3 - 59
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
NIGCOMSAT-2 & -3
(Nigcomsat/Nigeria)
NYBBSAT-1 (CMMB Vision/Hong
Kong)
42.5° E (L-, C- , Ku- and
Ka-bands)
105°E (L-band)
NYBBSAT-2 & -3 (CMMB
TBD (L-band)
Vision/Hong Kong)
ONE WEB (One Web + Virgin Galactic Up to 648 operational
+ Qualcomm + Airbus D&S)
satellites in 1,200 km orbits
(Ku-band)
O3b/up to 20? (O3b Networks/Jersey)
Equatorial MEO
constellation (Ka-band)
QAEM (Defense Ministry/Iran)
TBD (C- & Ku-bands)
PALAPA-E1 (PT Indosat Tbk
/Indonesia)
150.5° E? (Ku-band)
PSN-6 (PT Pasifik Satelit
Nusantara/Indonesia)
SAARC-ISRO (ISRO/India)
146°E (Ku-band)
SATMEX-7/EUTELSAT 115 WestB
(Eutelsat Americas/Mexico)
114,9° W (C- & Kubands)
SATMEX-9/EUTELSAT 117 WestB
(Eutelsat Americas/Mexico)
116.8°W (C- & Ku-band)
SES-9 (SES/Luxembourg)
108.2 E (Ku-band)
SES-10 (SES/Luxembourg)
67° W for Latin America
(Ku- & Ka-bands)
SES-11 (SES/Luxembourg)
105°W (Ku- & Ka-bands)
SES-12 (SES/Luxembourg)
95°E (Ku- & Ka-bands)
SES-14 (SES/Luxembourg)
47.5-48° W (C- & Kubands)
SES-15 (SES/Luxembourg)
TBD (Ku- & Ka-bands)
TBD (C- & Ku-bands)
CGWIC (2017?)
No recent info about an international RFP in order to upgrade
the capacity of Nigcomsat-1R (2017 ?)
High-power L-band satellite, based upon 702MP platform, to
support mobile services in China, then in Asia. Purchase of
Asiastar satellite to start services during 2015. Contract with
Boeing for first satellite. Launcher not yet selected. (2017)
High-power L-band satellites to be based on “made in China”
DFH-4 Contracts with CGWIC? (2017-2018)
Project to produce up to 900 microsats of 150 kg for global
internet connections at low cost. Technical and financial
partnership with Airbus Defense & Space. Automated production
of small satellites, at the rate of 3-4 units per day… (full
deployment for 2019, with first launches in 2018)
Broadband system for 3G cellular networks and WiMAX towers.
Development in progress with the strong support of SES for
funding resources and control facilities. 16 satellites in
construction, with 12 launched by Soyuz from French Guyana.
First 4 satellites launched in June 2013, but affected by power
problems. Soyuz launches in July and December 2014. Plan to
order further satellites. (2013-2014)
National project of comsat for governmental services in Iran, with
C-band and Ku-band transponders. To be indigenously developed
and launched (2018 ?)
High-power communications satellite contracted to Orbital
Sciences, in order to replace Palapa-C2. Indosat looking for
exploitation with an international partner. Preceded since June
2012 by PSN-V, the Chinasat-5B, in inclined orbit, sold by
Chinasatcom (2016) . See BRIsat.
Medium-size comsat contracted to SSL. To be launched by
SpaceX Falcon 9 (2017). See Telkom-3S
Medium-size satellite for communications and meteorology. To
be developed by ISRO and Indian industry for SAARC/South
Asian Association for Regional Cooperation (2016?)
Regional operator acquired by Eutelsat. Contract with Boeing
Satellite Systems for an all-electric medium-size comsat. To be
launched by Falcon 9 of SpaceX with ABS-3A (early 2015)
Regional operator acquired by Eutelsat. Contract with Boeing
Satellite Systems for an all-electric medium-size comsat. To be
launched by Falcon 9 of SpaceX (late 2015)
High-power SES-9 satellite contracted with Boeing Satellite
Systems, in order to cover Asia-Pacific regions. To be launched
by Falcon 9 (2015)
High-power SES-10 to cover Andean countries for DTH and
broadband applications. Contracts with Airbus D&S for powerful
Eurostar E3000 and with SpaceX for Falcon 9 launch (2016 )
New high-power satellite to extend strategic partnership with
EchoStar to cover North America. Contracts with Airbus D&S.
Launcher not yet selected (2016)
DTH (Direct To Home) and HTS (High Throughput Satellite)
comsat to cover Asia-Pacific. Airbus Defence & Space as prime
contractor with all-electricEurostar 3000EOR platform. To be
launched by Ariane 5 (2017)
All-electric “intelligent” comsat of 4.2 t, based on the E3000e of
Airbus Defence & Space, with DTH (Direct To Home) and HTS
(High Throughput Satellite). Capacity for mobile, maritime and
aeronautical services. Launch with Falcon 9 from SpaceX
commercial center at Boca Chica, Texas (2017)
All-electric comsat using BSS 702SP of Boeing Satellite Systems.
WEI n°80 2015-3 - 60
WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
SES-17 (SES/Luxembourg)
TBD (Ku- & Ka-band)
SGDC BRSAT (AEB + Visiona
Technologia Espacial/Brazil)
68°W & ? (C-, X-, Kubands ? + meteo payload for
SGDC-3)
SICRAL-2 (Italian MOD-ASI + DGACNES/Italy + France)
37°E (UHF and SHF bands)
SPACEX CONSTELLATION (SpaceX
+/ Google?)
Up to 4,000 cheap microsats
in various orbital planes at
625 km? (S- & Ku-bands)
STAR ONE-C4 (Star One/Brazil)
75° W (L-, C-, S- bands)
STAR ONE-C5 (Star One/Brazil)
68° W (C- & Ku-bands)
STAR ONE-C6 (Star One/Brazil)
84°W (Ku-band)
STAR ONE-D1 (Star One/Brazil)
85° W (C-, Ku- & Ka-band)
SUPREMESAT-2 (Supremesat/Sri
Lanka)
50°E (Ku-bands)
TELESPAZIO BRASIL-1
(Telespazio/Brazil)
TELKOM-3S (PT Telekomunicasi
Indonesia)
TELKOM-4 (PT Telekomunicasi
Indonesia)
TELSTAR-12V/VANTAGE
(Telesat/Canada)
TBD (Ku- & Ka-bands)
TELSTAR-18R (Telesat/Canada)
138° E (C- & Ku-bands)
THAICOM-6/AFRICOM-1
(Thaicom/Thailand)
78.5° E (C- & Ku-bands)
THAICOM-8
(Thaicom/Thailand)
78.5°E (Ku- & Ka-bands)
THAICOM-9?
(Thaicom/Thailand)
50.5°E (Ku-band)
118°E (C- & Ku-bands)
TBD (C-, Ku- and Ka-bands
15°W (Ku-band)
Capable to offer entertainment and Wifi services onboard aircraft
in flight over the America’s. Launcher not yet selected (2017)
High-power satellite for broadcasts and broadband links
evaluation of proposals in progress (2018)
Satélite Geoestacionário de Defesa e Comunicações Estratégicas
(SGDC) or Multi-purpose satellites to be used for governmental
commun ications, broadband links, air traffic management. Joint
venture Embraer+Telebras, under the name of
VisionaTechnologia Espacial, to manufacture the satellites with
foreign support. Possibility to include a meteorological payload
on the 2nd spacecraft After international RFP, selection of Thales
Alenia Space and Arianespace for SGDC-1 satellite and launch
(2016-2017)
Italian-French military comsat to upgrade the Sicral and Syracuse
3 systems. Thales Alenia Space Italia (with Telespazio) selected
as prime contractor. Successfully launched by Ariane 5. (2015)
Private project of megaconstellations for global internet
connectivity. Still to be approved by FCC. Specific factory with
automated production of satellites, located at Seattle, Washington.
(first demonstrators to be launched in 2016; full deployment in
2019-2020?)
Civilian comsat, colocated with Star One C-3, to carry digital and
mobile TV services during the World Cup 2014. SSL (ex-Space
Systems Loral) as prime contractor . To be launched by Ariane 5.
(2015)
Civilian comsat to cover Latin America. RFP for selection of
contractor in 2015 (2017)
Civilian comsat for Latin America. RFP for selection of
contractor in 2015? (2017?)
Civilian comsat to support the Olympic Games of Rio for
broadcasts and broadband services in Latin America. SSL (exSpace Systems Loral) as contractor. To be launched by Ariane 5
(2016)
Contracts with CGWIC (China Great Wall Industry Corp) for inorbit delivery of DFH-4 type comsat and with China Satellite
Communications Corp. Supremesat-1 launched in November
2012 with leased capacity onboard Chinasat-12 (2015)
Using Brazilian licence to deploy a geosynchronous comsat to
cover Latin America. RFP in progress. (2016)
3.5 t Spacebus 4000B2 spacecraft contract to cover Indonesia and
south-East Asia. Arianespace as launch provider (2016)
RFP in progress for contracts in 2015 (2017)
High-power broadcasting satellite with beams on Europe, Larin
America, Middle East, Africa, in order to replace Telstar-12.
Spotbeams for maritime mobile services. Airbus D&S selected as
contractor. To be launched by Japanese H-2A (2015)
Prospect to replace Telstar 18 by a powerful HTS comsat.
International RFP in preparation. (2017).
Medium-size comsat approved by government. Orbital Sciences
as prime contractor. C-band coverage of Africa. Launched in
January 2014 by Space X Falcon v1.1 and co-located with
Thaicom-5 – See Asiasat-6/Thaicom-7.
High-power broadcasting satellite to be collocated with Thaicom5 and -6. Contracts to Orbital Sciences for satellite, to SpaceX for
launch (2016)
Broadcasting satellite for expansion of the Thaicom system to the
Middle East, Europe and Africa. Not yet decided. Possibility of
acquiring a 2nd hand comsat already in orbit to keep the orbital
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WALLONIE ESPACE INFOS n°80 mai-juin 2015
THAICOM-IPSTAR-2?
(Thaicom/Thailand)
119.5°E (Ku- & Ka-bands)
THAI-ICT SAT
(ICT Ministry/Thailand)
THOR-7 (Telenor Satellite
Broadcasting/Norway)
TBD (Ku- & Ka-band?)
THURAYA-4/Thuraya/United Arab
Emirates) ?
Position over the Atlantic?
(L- & S-bands)
TKSAT-2/TUPAC KATARI
SATELLITE (Bolivian Space Agency
/Bolivia)
87.2° W? (C-, Ku- and Kabands)
TÜRKSAT-4A/-4B
(Türksat/Turkey)
42°E & 50°E (C-, Ku- &
Ka-bands ?)
TÜRKSAT-5A/-5B
(Türksat/Turkey)
TÜRKSAT-6A (Türksat/Turkey)
31°E & 42°E (C- & Kubands ?)
42°E (Ku-band)
TÜRKSAT-7A (Türksat/Turkey) ?
VIASAT-2 (Viasat/USA)
TBD (Ku- & Ka-bands)
111.1°W (Ka-band)
VINASAT-3 & -4 (VNPT/Vietnam)
21.5° E (X- and Ka-bands)
YAMAL-601 (Gazprom Space
Systems/Russia
49°E (C-, Ku- and Kabands)
YAHSAT-3/AL YAH-3 (Yal Yah
Satellite Communications
Company/UAE)
Atlantic Ocean (Ka-band)
1° W (Ku- & Ka-bands
slot. (2017)
High-power broadband satellite to be acquired through
partnership with another operator. Enhancement of IPSTAR-1
capacity in South-East Asia and Oceania. Contracts not confirmed
to SSL for satellite, to SpaceX for launch (2017)
Governmental broadband satellite currently in preparation. RFP to
be issued in 2015. (2018)
Contracts to SSL (ex-Space Systems Loral) for high-power
satellite and Arianespace for Ariane 5 launch. Successfully
launched on 26 April 2015. Enhancing Telenor Satellite
Broadcasting fleet and offering mobile services. (2015)
RFP not yet finalized, in order to achieve a global coverage for
personal communications. Go-ahead decision related to financial
results. (2017?)
Project of second comsat for Bolivia, after the successful
operations with TKSat-1, developed by CGWIC (China Great
Wall Industry Corp) and launched in December 2013. To be
decided in 2015? [2017?]
Envisioning international partnership for the development of the
two Türksat-4 satellites. Contract with Mitsubishi Electric
(MELCO) for the satellites and with ILS for Proton launches.
Broadcasts and broadband services in the rural areas of the
Middle East and Central Asia; African coverage (Türksat-4A
launched in 2014, Türksat-4B in 2015)
International RFP in preparation for medium-size comsats (20182019)
First medium-size comsat to be developed in Turkey by TAI.
(2020)
Comsat to be made in Turkey by TAI. (2022?)
6.7-t powerful satellite for broadband services in North America
and for air & maritime links over the Atlantic Ocean. Contract
with Boeing Satellite Systems for BSS-702HP spacecraft. To be
launched by Falcon Heavy. (2016)
Preparation of international RFP for contract in 2015? Possible
partnership with another operator in Asia-Pacific. (2017?)
Replacement of Yamal-202. After international RFP, Thales
Alenia Space selected in 2013 as prime contractor. Proton as
launch vehicle (2016)
Ka-band HTS (High Thoughput Satellite) for translantic
connections, with coverage of Latin America and Africa.
Selection of Orbital Sciences Geostar-3 spacecraft. To be
launched by Ariane 5 (2016)
© Space Information Center/Belgium – July 2015
In italics: project in study phase or with unclear status
Si vous avez des suggestions à faire, des modifications à apporter, n'hésitez pas à
le faire: elles seront les bienvenues.
Courriel : [email protected]
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