Beihefte der Francia Bd. 52 2001

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Beihefte der Francia Bd. 52 2001
Beihefte der Francia
Bd. 52
2001
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L'HAGIOGRAPHIE D U HAU T MOYE N AG E
EN GAUL E D U NOR D
deulsches
histurisches
institut
historique
allemand
paris
"DO/,
BEIHEFTE DE R FRANCI A
Herausgegeben vo m Deutsche n Historische n Institut Paris
Band 52
L'HAGIOGRAPHIE D U HAU T MOYE N AG E
EN GAUL E D U N O R D
sous la direction d e
Martin Heinzelman n
.4.
J A N T H O R B E C K E VERLA G STUTTGAR T
2001
L'HAGIOGRAPHIE D U
H A U T M O Y E N AG E
EN GAUL E D U N O R D
MANUSCRITS, TEXTE S E T
CENTRES D E P R O D U C T I O N
sous la direction d e
Martin Heinzelman n
1
JAN THORBECK E VERLA G STUTTGAR T
2001
Die Deutsche Bibliothe k - CIP-Einheitsaufnahme
L'hagiographie du haut moyen âge en Gaule du Nord: manuscrits ,
textes e t centre s d e productio n / Hrsg. : Marti n Heinzelmann . Stuttgart; Thorbecke, 200 1
(Beihefte de r Francia; Bd. 52)
ISBN 3-7995-7446- 8
BEIHEFTE DE R FRANCI A
Herausgeber: Prof . Dr. Werner Paravicini
Redakteur: Dr . Stefan Martens
Deutsches Historisches Institut, Hôtel Duret de Chevry, 8, rue du Parc-Royal, F-75003 Paris
Institutlogo: Heinric h Paravicini , unter Verwendun g eine s Motiv s
am Hôtel Dure t d e Chevr y
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Printed i n Germany • ISB N 3-7995-7446- 8
TABLE DE S MATIÈRE S
Préface pa r Martin HEINZELMAN N 7
Monique GOULLE T
Les saints du diocèse de Toul (SHG VI) 1
Bibliographie, p. 1 1 - 1. Les évêques de Toul: Mansuetus, p. 16-Amon, p . 2 7- Aper, p. 2 72. Le s saints romarimontains: p. 42 - Amatus , p. 51 - Romaricus , p. 56 - Adelphius , p. 62 3. Autres saints vosgiens: Hildulfus (Moyenmoutier) , p. 69 - Deodatu s (Saint-Dié) , p. 81
John H OWE
The Hagiography o f Jumièges (Province of Haute-Normandie)
(SHG VII) 9
General Bibliograph y Concernin g th e Early Medieval Hagiography o f Jumièges and SaintWandrille (Fontenelle), p. 91 - Introduction, p . 94 - I. Aichardus, p. 95 - II. Austreberta,
p. 108 - III. Filibertus, p. 116 - IV Hugo, p. 118 - Conclusion, p. 125
John HOW E
The Hagiography o f Saint-Wandrille (Fontenelle )
(Province of Haute-Normandie)
(SHG VIII)
Introduction, p. 127 - I. Ansbertus, p. 129 - II. Childemarca, p. 143 - III. Condedus, p. 144 IV. Erembertus, p. 148 - V Lantbertus, p. 151 - V I . Vulframnus , p . 153 - V I I . Waltfridus ,
p. 161 - VIII. Wandregisilus, p. 161 - Conclusion, p. 190
1
1
127
Joseph-Claude POULI N
Les dossiers des saints Lunaire et Paul Aurélien (Province de Bretagne)
(SHG IX )
Bibliographie, p. 193 - Lenouerius/Leonorius, p. 197- Paulus Aurelianus, p. 215
Michèle GAILLAR D
De PEigenkloster au monastère royal: l'abbaye Saint-Jea n de Laon, du
milieu du VII e siècle au milieu du VIII e siècle à travers les sources
hagiographiques 24
La tradition manuscrit e de la >vita Sadalbergae< et de la >vita Anstrudis<, p. 250 - Analys e des
>vitae<, p. 252 - Critiqu e interne des >vitae<, p. 253 - L e monastère dans l'histoire, p. 257 Conclusion, p. 262
193
9
Bruno JUDIC
Le culte de saint Grégoire le Grand e t les origines de l'abbaye de Munster
en Alsace 26
3
Index des saints cités 29
7
Index des manuscrits cité s 30
0
PRÉFACE
Inventaire de s source s hagiographiques , identificatio n e t classemen t de s recensions ,
identification, descriptio n e t datatio n (localisation ) de s manuscrit s e t de s textes : tels
sont les articulations et les objectifs principau x du projet de recherche »Les sources hagiographiques narrative s composée s e n Gaule avant l'an Mil « (SHG) , dirigé conjoin tement pa r no s ami s Françoi s Dolbea u (directeu r d'étude s à l'Ecol e pratiqu e de s
Hautes Etudes , IVe section), Joseph-Claude Pouli n (professeu r à l'Université Laval ,
Québec), et nous-même. Cett e entrepris e es t inscrite dans l a programmation scienti fique d e l'Institut historiqu e alleman d d e Paris (IHAP) , e t son avancemen t s e reflèt e
généralement dan s l e >Jahresbericht < (rappor t annuel ) publi é dan s Franci a (tom e d u
Moyen Age) 1.
De façon détaillée, les objectifs e t le mode de fonctionnement on t été présentés dans
un article programmatique élaboré et signé par les troi s directeurs déjà nommés de l'entreprise: Le s source s hagiographique s narrative s composée s e n Gaul e avan t l'a n mi l
(SHG). Inventaire , exame n critique , datation , dans : Francia 1 5 (1987) p. 701-714 (e t
p. 715-73 1 pour un exemple type, le dossier de saint Samson de Dol, de la plume de Jo seph-Claude Poulin 2). Dès le début, il était prévu de publier, à côté des articles paraissant dans Francia (ou dans une autre revue), des volumes entiers consacrés aux dossiers
de SHG. La publication »Manuscrit s hagiographique s e t travail des hagiographes« d e
1992 a constitué un premier pas, même si elle ne dispose que d'une seul e contributio n
SHG proprement dite 3. Les éditions VI à IX de vingt-deux dossiers de saints publiées
dans le présent volume, accompagnées de deux contributions relatives à l'établissemen t
d'autres dossier s hagiographiques, représentent encor e une autre étape en direction de
la réalisation de nos projets 4.
1 Voi r aussi M . HEINZELMANN, L e projet Sources hagiographiques de la Gaule (SHG), dans : Les Atelier s
de l'Institut Historiqu e Allemand , Pari s 1994 , p. 21-30.
2 J.-C . Pouli n prépar e actuellemen t un e nouvell e édition , corrigée , d u dossie r d e sain t Samson, dans l e /
cadre d'un volum e comprenant l a totalité des dossiers de la province de Bretagne, à paraître dans la même {
série qu e l e présent volume .
3 Manuscrit s hagiographique s e t travail des hagiographes. Étude s réunie s e t présentées pa r M. HEINZEL MANN, Sigmaringen 199 2 (Beihefte de r Francia, 24), avec SHG III de J.-C. POULI N (les dossiers des saints
Melaine, Conwoion e t Mervé); toutes le s autres contributions d e ce volume, de Guy PHILIPPART , Fran çois DOLBEAU , Dominiqu e IOGNA-PRA T e t de moi-même, s e réfèrent au x manuscrits hagiographiques ,
ce qui constitu e l e point d e départ d e >la méthode SHG< .
4 Le s dossier s déj à paru s proviennen t surtou t d e l a >Province d e Bretagne < e t son t d e l a plume d e J.-C .
Poulin: I (s. Samson; Francia 1 5 [1987]), II (s. Magloire e t s. Malo; Francia 17- 1 [1990]) , III (voir n . 3),
8
Martin Heinzelman n
Depuis 1987 , ni les objectifs n i le mode de fonctionnement d e SHG n'on t changé ,
si ce n'est qu'ils sont été, dans une certaine mesure, approfondis e t étoffés. Etoffés , ca r
nous avons décidé d'étendre no s investigations aux textes du XI e siècle si ce traitement
supplémentaire paraî t nécessair e à l'éclaircissement d e la discussion relativ e à certains
documents antérieur s à l'an Mil . Parmi les contributions d u présent volume, ceci était
nettement l e cas de plusieurs dossier s du diocès e de Toul5, mais aussi d'une parti e de s
deux dossiers bretons, ou encore de Invita posterior s. Austrebertae (Jumièges) . Chaque
fois, i l s'agit de l a réécriture d e textes plu s ancien s apportan t de s élément s indispen sables à une connaissance de s différents stade s d'un dossie r hagiographique . E n vérifiant ainsi sur le tas l'importance de la réécriture en hagiographie en tant que voie royale de no s recherches , nou s avon s décid é par conséquen t d e proposer prochainemen t
une série d'études portant sur la réécriture hagiographique. Le pourquoi d'une réécri ture hagiographique, qui peut totalement s e substituer à la tradition d'un text e ancien,
mais qui peut aussi l'accompagner seulement 6, et les circonstances précises (littéraires,
cultuelles, historiques) dan s lesquelles elle s'est produite, seront examiné s de près; les
réponses à ces questions donneron t san s doute de s renseignements important s su r la
définition e t le rôle même de l'hagiographie 7.
Quant à l'approfondissement annonc é de SHG, il touche à l'aspect viscéral de l'en treprise, c'est-à-dire a u manuscrit hagiographiqu e e n qualité de support matérie l - al lant jusqu'à influer sur le contenu même des documents - d'un e littérature dont les mécanismes d e tradition, d e propagation, e t d'actio n su r l e public, sont loi n d'êtr e bie n
connus, au moins en ce qui concerne le très haut moyen âge. For t de sa riche expérience
en matière SHG8 , Joseph-Claude Poulin vient de souligner l'importance des livrets hagiographiques dan s le contexte de la tradition manuscrite . Plus que la simple copie de
textes dans un légendier, les livrets »peuvent en effet nou s en apprendre beaucoup su r
la faço n don t o n imaginai t e t planifiai t l a mis e e n circulatio n de s œuvre s hagiogra phiques^. En suivant désormais plus qu'auparavant l a piste ouverte des libelli, qui re-
V (s. Guénolé; Franci a 23- 1 [1996]) ; le dossier IV (s. Géraud d'Aurillac ; Franci a 22- 1 [1995] ) est dû à
Anne-Marie Bultot-Verleysen .
5 Voi r pour la vita brevior d e s. Mansuy qui est partie intégrante des Gesta pontificum d e Toul, rédigés au
début d u XII e siècle , mais présentant e n mêm e temps l e remaniement de s gestes perdus circulan t déj à
au Xe siècle. De même, les trois textes hagiographiques romarimontains d e l'époque mérovingienn e on t
fait l'obje t d'un e premièr e campagn e d e réécriture autou r d e 105 0 qui a jeté le discrédit su r l'ensembl e
des données documentaire s de s textes hagiographiques ; i l était don c nécessair e d'étendr e l a critique à
cette période. Enfin , l a Vie de s . Dié (ca . 1049 ) est totalemen t lié e aux Vies de s. Hidulfe, e t doit don c
être traitée de manière complémentaire .
6 U n exempl e intéressan t es t offer t pa r le s trois nouvelle s versions d e la Vie de sainte Genevièv e écrite s
entre 835 et 875, s'ajoutant à une tradition manuscrit e toujours important e de la Vie ancienne et de celle d u VIII e siècle , voi r M . HEINZELMANN , Manuscrit s hagiographique s e t travai l de s hagiographes :
L'exemple d e l a tradition manuscrit e de s Vies anciennes d e saint e Genevièv e d e Paris , dans: ID. (dir.),
Manuscrits hagiographique s (voi r n. 3) p. 9-16.
7 Un e première journée d'étude s a eu lieu le 8 juin 2000, d'autres suivront .
8 Voi r aussi la liste des mss des dossiers relatifs à la Province de Bretagne que J.-C. POULIN a donnée dans
la Chronique d e Scriptorium 50 (1996) p. 196 sv.
9 J.-C . POULIN , Libe r ist e vocatur Vita Sansonis. Un légendie r factic e d u XII e siècl e constitué d e livret s
hagiographiques, dans: AnalBoll 11 7 (1999) p. 133-150, ici 147 ; voir aussi F. DOLBEAU, Note s su r l'or ganisation interne des légendiers latins, dans: Hagiographie. Cultures e t sociétés IV e -XII e siècles, Paris
PRÉFACE
9
présentent fréquemment l'éta t l e plus ancien (voire originel) d'un texte , on est en droit
de s'attendre à une mise au point de questions importante s concernan t l'organisation ,
la distribution, e t l'utilisation d e la littérature hagiographique .
Il serait difficile d e ne pas signaler un autre progrès dans l'étude de s manuscrits ha giographiques, qui facilitera san s doute le travail de nos futurs collaborateurs . Il s'agit
de »BHLms « (Bibliothec a hagiographic a latin a manuscripta) 10, c'est-à-dir e l e pro gramme de saisie de tous les catalogues bollandiens sur support électronique. Les spécialistes d e l'hagiographie connaissen t bie n le s efforts qu e les Bollandistes on t entre pris, surtout à partir 1876 , en exploran t méthodiquemen t de s bibliothèques pou r ré pertorier des manuscrits hagiographiques, efforts débouchan t sur la publication d'un e
multitude d e catalogues dan s le s Analecta Bollandian a e t les Subsidia hagiographica .
Plus récemment , Gu y Philippar t avai t lanc é l e projet d e saisie de tous ce s catalogue s
sur suppor t électroniqu e (bas e d e donné e »Légendiers«) , l'enrichissan t d'un e séri e
d'éléments géographique s e t statistiques11. C'est à partir de cette initiative qu'une collaboration ave c les Bollandistes d e Bruxelles s'es t développée, dégageant l a voie pou r
une nouvelle base de données, accessible gratuitement su r Internet 12.
Quant aux contributions SHG du présent volume, on rappellera qu'elles ont été lues
et commentées consciencieusement pa r les trois directeurs de l'entreprise, ce qui n'en lève rie n à la responsabilité e t au x mérite s de s auteur s respectifs . Nou s nou s devon s
aussi d'exprimer notr e sincère reconnaissance à tous les auteurs pour le travail accom pli, leu r patienc e e t l'attentio n qu'il s on t bie n voul u prête r au x commentaire s reçus .
Notre am i J.-C. Pouli n a renonc é partiellemen t à ses propre s recherche s pou r fair e
avancer ce volume; nous lui devons des remerciements tou t spéciaux .
Nos remerciement s s'adressen t égalemen t a u Directeur d e l'Institut historiqu e al lemand, Monsieu r Werner Paravicini, qui a encouragé cett e publication, a u rédacteu r
de nos >Beihefte<, Monsieur Stefa n Martens, et enfin à Mme Ursula Hugot , qui a dessiné une carte et contribué à la lecture des épreuves.
En ce qui concerne la présentation des dossiers d'un point de vue technique, peu de
changements on t été introduits depuis le modèle présenté en 198 7 (cité plus haut dan s
le texte). Dans le présent volume un certain nombre de sigles et d'abréviations son t utilisés par tous les auteurs, auxquelles on se reportera désormais . En voici la liste:
AASS
AASS OSB
Acta Sanctorum (cité d'après la première édition sauf men tion contraire )
Acta Sanctorum Ordinis S.Benedict i (Jea n Mabillon )
1981, p . 11-28 , ic i p . 1 2 e t 20 . - O n sai t depui s longtemp s qu e l a transmissio n d e document s
hagiographiques pa r livret s étai t plu s fragil e qu e l a transmission pa r légendier : voir l'exempl e édifian t
de Saint-Gall, avec ses 27 légendiers et 9 livrets du Xe siècle parmi lesquels 20 légendiers peuvent enco re être identifiés à l'heure actuelle , et aucun livre t (voir HEINZELMANN , cit . n. 1 , p. 26 sv.).
10 BHLms . Bibliotheca hagiographic a latin a manuscripta, dans : AnalBoll 11 6 (1998) p. 250-252.
11 Su r le s projets d u Centr e d e recherche s >Hagiographies < (Faculté s universitaire s N D d e l a Paix à Na mur, dép. d'histoire), voir Gu y PHILIPPART , Pou r un e histoire générale, problématique e t sérielle de la
littérature e t de l'éditio n hagiographique s latine s d e l'antiquit é e t du moye n âge , dans: Cassiodorus 2
(1996) p.197-213.
12 L'adress e de ce nouveau servic e est: http://bhlms.fltr.ucl.ac.be.
10
Martin Heinzelman n
AnalBoll Analect
BHL Bibliothec
a Bollandian a
a hagiographic a latin a ( 2 vol. 1898-1899 e t Novum Supplementum d e 1986 )
BiblSS Bibliothec
a Sanctorum, t. I-XII + Indici, Rome 1961-197 0
Cat. Brux. Catalogu
s codicu m hagiographicoru m bibliotheca e regia e
Bruxellensis, 2 vol. 1986-198 9
Cat. gén. mss Dépts Catalogu e général des manuscrits de s bibliothèques publi ques de France. Départements [cité : Cat. gén. mss Dépts I
(1886), p. 10]
Cat. Paris. Catalogu
s codicum hagiographicorum latinoru m antiquiorum .. . i n Bibliothec a National i Parisiensi , 4 vol .
1889-1893
Cat. Rom. A
. PONCELET , Catalogu s codicu m hagiographicoru m lati norum bibliothecaru m Romanaru m praete r qua m Vatica nae, 190 9
Cat. Vat.
A. PONCELET , Catalogu s .. . bibliotheca e Vaticanae, 191 0
CC Corpu
s Christianorum , Series latina
CCCM Corpu
s Christianorum , Continuati o mediaevali s
MGH, SR M Monument
a Germaniae Historica, Scriptores rerum merovingicarum
PL Patrologia
e cursu s completus .. . Series latina (de MIGNE) .
Pour la bibliothèque (l'archive) d'origine des manuscrits, la citation du nom de lieu suit
régulièrement l e modèl e d e KRISTELLER/KRÀME R (Lati n manuscript book s befor e
1600, by Paul Oskar Kristeller. Fourth revised and enlarged Edition by Sigrid Kramer ,
Munchen 1993 [MGH. Hilfsmittel , 13]). Rappelons encore que , dans la section >Manuscrits<, le signe °° s'applique au x manuscrits (nom de la ville, de la bibliothèque et du
fonds, avec sa cote actuelle) dont la description est faite de première main (directemen t
sur l'origina l o u su r microfilm) . D e même , un astérisqu e désign e u n text e o u u n ma nuscrit perdu .
Paris, 2000
Martin Heinzelmann
Institut Historique Allemand
Sources hagiographiques de la Gaule
VI
M O N I Q U E GOULLE T
Les saints du diocèse de Toul
BIBLIOGRAPHIE
BAUER
BECKER
1997
1985
B E L H O M M E 172
4
B E N O Î T - P I C A R T 170
B E S S O N 190
7
BRIDOT1980
B R U N H Ô L Z L 198
8
BULST1973
C A L M E T 172
8
C A L M E T 175
6
C H A P E L I E R 188
8
C H A P E L I E R 189
2
C H A P E L I E R 191
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C H O U X 195
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ID., N o t i c e d e la Lorraine , qu i c o m p r e n d le s duche z d e Ba r e t Luxem b o u r g , l'électora t d e Trêves , le s troi s évéche z Metz , Tou l e t Verdun , le s
villes principale s e t autre s lieu x le s plu s célèbres , range z pa r o r d r e alpha bétique, N a n c y 1756 , 2 vol . (2 e éd. Lunévill e 1840 , 2 t . en 1 vol.).
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ID., Bibliographie d e sain t Hidulfe , dans : Bull , d e l a Soc . philomatiqu e
vosgienne 1 7 (1891-1892) p . 2 5 6 - 2 6 1 .
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12
COENS1931
COENS 193 4
COENS 194 2
DAHLHAUS 199 5
DIDELOT1887
DIDIER-LAURENT 189 7
DIDIER-LAURENT 190 2
DIERKENS1989
DOLBEAU 197 5
DOLBEAU 197 9
DOLBEAU 198 1
DOLBEAU 198 4
DOLBEAU 199 0
DOLBEAU 199 2
DONY1888
DUCHESNE 1915
DUPEUX1879
FAVIER1886
FAWTIER 191 1
FERRY 189 1
FERRY 191 3
FLAMMARION 199 0
Monique Goulle t
Maurice COENS , Catalogus codicum hagiographicoru m Latinoru m semi narii e t ecclesia e cathedrali s Treverensis , dans : AnalBol l 4 9 (1931)
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GUMBERT 197 4
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HERZOG 194 4
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LESNE1938
LEVISON 192 0
L ' H Ô T E 188 7
L ' H Ô T E 189 7
LOWE 1934
MARTIN 190 1
MARX 191 2
MATHIEU 197 1
MCKITTERICK 199 4
MICHEL 195 5
MORETUS 190 8
MORETUS 191 6
MORTENSEN 198 9
PARISSE 197 9
PARISSE 198 0
PARISSE 198 1
PARISSE 198 4
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POULIN 197 7
PRINZ 199 2
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PYCKE 199 3
ROCHAIS 197 5
RONSIN 196 0
RONSIN 196 9
ROY 188
7
ROZE
SAVE 189 5
SCHAEFFER 198 2
SCHERRER 1 8 7 5
TELLENBACH 196 8
THÉRY 199 4
THIÉRY 184 1
TOUSSAINT 194 2
VALDENAIRE
VAN DE N GHEY N 190 5
VAN DE R ESSE N 190 7
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1. LE
S ÉVÊQUE S D E TOU L
MANSUETUS
Mansuetus (fr . Mansuy, Mansuet )
t 3 . IX. ca. 475 (?) à Toul (Meurthe-et-Moselle )
premier évêque de Toul
Dossier
1. Vita prolixior auctore Adsone (e n deux livres) BH
la. Praefati o = Epistula a d s. Gerardu m
Inc.: Domin o su o ac vere beatissimo antistit i Gerardo , Ads o
indignus servorum Dei servus
Des.: columbinu m vocandu m instituo , ut columbinus vocetu r
qui tanti patris gestis insignitur .
Ib. Metru m Adsonis i n laude s. Mansueti (1 7 ou 22 distiques BH
élégiaques, selon les versions)
Inc.: Inclit a Mansueti clari s natalibus ort i
Des.: E t spectare Deum laet i mereamur i n aevum.
le. Versu s acrostichi (»Mansuete « = 8vers) BH
Inc.: Magn i consilii per te quos imbuit oli m
Des.: E t spectare deum laet i mereamur in aevum
L 520 9
L 520 9
L 520 9
SHG VI : Diocèse de Toul
17
I d. Libe r primus: 29 chapitres1 BH
L 520 9
Inc.: Pos t gloriosum coelesti s victoriae triumphum, cum quo saeculoru m
conditor
Des.: cum hoc si sciscitari placuerit, multorum adhu c relationibus comprobabit .
le. Libe r secundus (»Miracula«): 26 chapitres BH
L 521 0
Inc.: Quonia m i n anterioris exsecutione operis, prout divin a sublimita s
ad memoria m
Des.: fine m faciamus , adiut i eius orationibus, aspirante gratia Domin i
redemptoris.
2. Vita brevior (- Gesta pontificum Tullensium, c . 2-3)
2a. ( 5 chapitres) = Gesta pontificum Tullensium, c . 2 (s. Mansuetus) BH
L 521 1
Inc.: Lice t sanctorum omnium virtute s e t exempla merito semper sint recolend a
Des.: qu i talem suis ovibus proposuit pastorem (quiqu e cum coaeterno
pâtre ... ).
2b. ( 1 chapitre) = Gesta pontificum Tullensium, c . 3 (s. Mansuetus BH
L 521 2
et s. Amon)
Inc.: Pos t excessum igitur praedicti sanctissimi pontificis e t egregii doctori s
Des.: und e usque hodie dicitur ad matriculam domn i Mansuet i e t
domni Amonis .
3. '"Gesta deperdita
1. V i t a p r o l i x i o r BH
L 5209-521 0
/. Manuscrits
II existe plus de vingt manuscrits du Xe au XIII e siècle, parmi lesquels nous ne présentons que les plus anciens et les plus complets 2:
Bern, Burgerbibliothek, A7
Datation: Xe siècle.
Coordonnées du texte: fol. 3-10 = BHL 520 9 (Inc. Id : Post gloriosum ... Des . nuncin
his quo que finem faciamus [c . 27]).
Contexte: Vita e sanctorum (fol. 1-3 : Vie de s. Remacle, évêque d'Utrecht pui s abbé de
Stavelot [BHL 7113 , Des . Quo d ut fecit statim usum recepit]; fol. 10 : Passio n de s. Marcel de Chalon [BH L 5245] ; fol. 11-14 : Vie de s. Evurce, évêque d'Orléans; fol. 14-15 v:
1 Dan s l'édition de s AASS (voir infra).
2 Voic i la liste des autres témoin s repérés : 1 ) Trier, Stadtbibl. 116 0 (1410), XII e s., fol. 78-88 v (extraits de
BHL 5209 , jusqu'à l a mort du saint, Inc. Temporibus Claudit imperatoris quidam sanctae indolis fuerat
adolescens (c. 2 in.). Des. Ita praeeuntium atque sequentium agmine .. . dignissime traditur sepulturae
(c. 13 , post, med.); 2) Wolfenbùttel, Herzo g Aug. Bibl. 2738 (76.1 4 Aug. fol.), XII e s. , fol. 17-20 v; 3)
Schaffhausen, Ministerialbibl . 89 , in-XII e s. , fol . 72-7 3 (BH L 5210 , acéphale) ; 4) Zuric h 37 2 (R h 5) ,
XII/XIIPs., fol. 49-56; 5) London, British Library Add. 36737, in-XIII c s., fol. 16 4 sqq.; 6) Paris, BNF
nouv. acq. lat. 2289, a. 1425, fol. 145M53; 7) Roma, Vat. , Palat . 477, XVe s., fol. 162v-163v; 8) Berlin,
Staatsbibl., Phill. 1757, XVII e s. (DAHLHAU S 1995, p. 185-186); 9) Carpentras, Bibl. Inguimbertine 1819,
a. 1620? (DAHLHAUS 1995, p. 187), fol. 215-241 (BHL 5209-5210, sans la préface n i les vers); 10) Paris,
BNF lat. 12862, a. 1642, fol. 1-24V(BHL 5209: Inc. c. 2: Ea tempestate utscripturae documento percepimus. Expl . c. 10:... se d tanquampastoremproprium. Apostolicaepraefultumprivilegio dignitatis in sedem statueruntpontificalis honoris), apparemment copie de Nancy, BM 1732; 11) Paris, BNF Baluze 57,
XVIIe s., fol. 18 6 sqq. (extraits de BHL 5210).
18
Monique Goulle t
Sermon apocryphe d'Augustin su r la Nativité de la Vierge [Adtendite fratres carissimi
ineffabilem]; fol . 15 v—17: Passion de s. Hadrien, martyr à Nicomédie [BH L 3744]; fol.
17—18V: Passion d e Gorgon et Dorothée , martyr s à Nicomédie [BH L 3617] ; fol. 18 v:
Passion d e Prote e t Hyacinthe, martyr s à Rome [BH L 6975]) ; la fin es t mutilée.
Paris, BNF lat. 5294°°(Colbertinus 2509 ; Regius C. 4187.5.5)
Datation: XI e siècle: Cat. Paris. I, p. 567, n° 13; Charles SAMARAN et Robert MARICHAL ,
Catalogue des manuscrits e n écriture latine portant de s indications d e date, de lieu o u
de copiste, CNRS, Paris, t. II, 1962, p. 495.
Origine: Saint-Symphorien de Metz (?). Le contenu du manuscrit est à l'usage de l'Eglise de Metz, et la main l a plus ancienn e a copié aux fol. 16-1 7 une list e des évêques d e
Metz jusqu'à Adalbéron Ier, mort en 964. Au fol. 176 v des vers donnent le nom du scribe f... hune librum, Bettonis harundine scriptum) e t du destinataire (Ad decus augendum vel honorem multiplicandum/ Marty ris eximii victoris Symphoriani), mai s le s
mots victoris Symphoriani on t ét é récrits sur grattage par une autre main .
Provenance: selo n l a mention précédente , l e manuscrit a appartenu à l'abbaye Saint Symphorien d e Metz , pui s a u sénateu r Cl . Hardy ; i l fu t ensuit e acqui s pa r Colbert
(DOLBEAU 1979 , p . 198) .
Coordonnées du texte: fol. 107-13 3 (BHL 5209-5210) .
Contexte: vitae messines , touloises et tréviroises.
Paris, BNF lat. 5283°°(Colbertinus 293 ; Regius C. 4174. 4)
Datation: XI e siècle: Cat. Paris. I, p. 495, n° 17.
Provenance: peut-êtr e achet é par Seignelay aux Carmes de Clermont-Ferrand, hypothèse avancée par C. COUDERC , Cat. Gén. mss dépts XIV, XXII; voir DOLBEA U 1979 ,
p. 197.
Coordonnées du texte: fol. 145-15 8 (BHL 5209-5210) .
Contexte: recuei l factice d e Vies de saints.
Epinal, BM 67°°
Datation: XI e siècle.
Provenance: abbay e de Senones. Recueil composite, formé par la réunion de différent s
cahiers (le premier es t un lectionnair e d u XVe siècle).
Coordonnées du texte: fol. 113-118 v (BHL 5209) .
Paris, BNF lat. 9740 oo(Supp. Lat. 243.3)
Datation: XII e siècle: Cat. Paris. II, p. 580, n° 15.
Origine: Echternach .
Coordonnées du texte: fol. 128-14 0 (BHL 5209-5210) .
Contexte: recuei l composite de Vies de saints à dominante lotharingienne (s. Maximin,
Willibrord, Mansuy , Evre , mais auss i ss . Siméon, Pierr e apôtre , Vincent, Vierge Ma rie).
Paris, BNF lat. 5308oo (Colbertinus 18 ; Regius C. 3593.2)
Datation: XII e siècle: Cat. Paris. II, p. 65, n° 8.
Provenance: a appartenu à André Duchesne, acquis ensuite par Colbert.
Origine: messine , d'aprè s l e sanctora l (LEVISO N 1920 , p . 535-536 ; DOLBEA U 1979 ,
p. 20).
SHG VI : Diocèse de Toul
19
Coordonnées du texte: fol . 13-2 0 (5209-5210).
Contexte: légendie r per circulum anni.
Saint-Dié, BM 4
Datation: XII e siècle.
Provenance: chapitr e de Saint-Dié (GASSE-GRANDJEA N 1988 , p. 188-189).
Coordonnées du texte: fol. 49-72 (BHL 5209-5210).
Contexte: lectionnair e (legenda per octavas Visitationis intemerate Dei genetricis) incomplet e t composite: on a intercalé deu x cahier s du XIVe siècl e (?) contenant l a légende des saints Cosme et Damien et la passion de sainte Catherine. Contient des Vies
de saints et des sermons.
Nancy, BM Thiéry-Solet 1258° °
Datation: XII e siècle, selon une mention manuscrit e de G. Waitz, qui a travaillé sur le
manuscrit.
Provenance: conserv é jusqu'à la Révolution dans l'abbaye Saint-Mansuy de Toul, puis
à Nancy , d'abor d Bibl . Noë l (n ° 1694 du catalogue) , aujourd'hu i dan s l a collectio n
Thiéry-Solet à la Bibliothèque municipale .
Origine: Saint-Mansuy .
Coordonnées du texte: fol. 4-35v (BHL 5209-5210) .
Contexte: C e manuscrit, décrit par DAHLHAU S 1995 , p . 181 , port e au fol. l v le titre : Incipit catalogus pontificum Tullensium a beato Mansueto et deinceps. C'est une somme
d'hagiographie épiscopale touloise, comprenant les Vies des évêques, de Mansuy à Brunon (deven u pap e sou s le nom de Léon IX en 1049). L'ouvrage es t constitué de s no tices de s Gesta pontificum Tullensium, entr e lesquelle s on t ét é intercalée s le s Vies
»longues« et les Miracles des quatre évêques Mansuy (BHL 5209-5210 et 5216), Evre
(BHL 616 et 618), Gérar d (BHL 3431-3432) et Brunon (4818) 3. Il est décrit dans AASS
Sept. I, p. 617-618, n° 7 (voir aussi p. 637, b).
Kynzvart 4 1 (20. D. 22/11)
Datation: 2 e moitié du XII e siècle: HOUBEN 1979 , p. 92-93 et 96.
Origine: écri t à Saint-Biaise pou r Ochsenhausen , o ù i l se trouvait encor e e n 1760:
HOUBEN 1979 , p . 93 .
Coordonnées du texte: fol. 130 V-141V(BHL 5209) .
Contexte: parti e d'un légendier e n plusieurs volumes , auquel appartien t auss i Kynz vart 40.
Paris, BNF lat. 5278°° (Colbertinus 11 ; Regius C. 3594. 7)
Datation: XIII e siècle: Cat. Paris. I, p. 472, n° 93; LEVISO N 1920 , p. 635, n° 463.
Provenance: selo n DOLBEA U 1990 , p. 196-197, ce légendier est certainement ave c BN
lat. 5274 celui que donnèrent à Colbert les chanoines de la cathédrale de Metz en 1676
(voir l e catalogue de s manuscrits d e Saint-Etienne d e Metz, dan s B N lat. 10396, fol.
2V-3V).
3 fol . V-4 = BHL 5211 (Gest. Ponttf. TulL); fol. 4-33 = BHL 5209-5210; fol. 33-35v = BHL 5215 ; 35v-37
= Gest. Pontif. TulL; fol. 37-44 = BHL 616; fol. 44-67 v = BHL 618 ; fol. 54v-57 = Mir. s. Mansueti BH L
5216; fol . 67 v-77 = Gest. Pontif. TulL; fol. 77-113 = BHL 3431-3432; fol. 119-121 v= Gest. Pontif. TulL;
fol. 121 v-135v= BH L 4818 (Des. I, 12).
20
Monique Goulle t
Origine: mosellan e et peut-être messin e d'après l e sanctoral.
Coordonnées du texte: fol. 190 v—195v (= BHL 5209 , sans la préface n i les vers).
Trier, Bibl. Sem. 35 (R. 1.11)
Datation: aprè s 1235 , ca r il est presque entièrement de la même écriture que Trier, Sem.,
36, qu i au fol. 99 contient une Vie de s. Elisabeth de Hongrie, morte en 1231 : LEVISO N
1920, p . 689 , n ° 771 ; COEN S 1931 , p . 249 , n ° 7 .
Provenance: a appartenu au professeur d'histoire ecclésiastique J. Marx, a passé en 1840
dans la bibliothèque d u séminaire .
Origine: Saint-Maximi n d e Trêves.
Coordonnées du texte: fol. 15—20 v (BHL 5209 , sans la préface n i les vers).
Contexte: tom e VI du grand Légendie r de Trêves, comprenant le s saints de septembr e
(le manuscrit Trier, Bib. Sem. 36 comprend le s saints de novembre).
Manuscrits perdu s
^Saint-Mansuy d e Toul
Le commentarius praevius de J . Limpen , dans AASS Sept. I, p. 617-618, mentionne un
manuscrit originaire de Saint-Mansuy de Toul, comprenant, dans l'ordre, les pièces suivantes: 1) un sermon patristique adapté à la liturgie de saint Mansuy 4; 2) des antiennes,
répons et hymnes appartenant au Propre du saint; 3) les deux livres d'Adson5 ; 4) la Vie
métrique BHL 5213 ; 5 ) un sermo in festivitate s. Mansueti6; 6) les Gesta Pontificum Tullensium jusqu' à Pibon (1107) inclus; 7) une Passio ss. Bertarii et Athaleni martyrum; 8 )
une Historia Amonis distribué e en leçons; 9) la Translation des saints Mansuy et Amon
effectuée pa r Pibo n e n 1107 ; 10) les Miracles accompli s d u temp s d e l'abbé d e Saint Mansuy Theobald (1125-1136). Des copies partielles de ce manuscrit son t conservée s
dans la Bibliothèque des Bollandistes de Bruxelles7; les textes relatifs à Mansuy dans le
manuscrit Paris , BNF Baluz e 57 (voir supra n. 2 n°l 1) e n sont certainemen t auss i des
copies.
*Mùnster, Universitàtsbibliothek, Monasteriensi s 23
Datation: a . 143 9 (STAENDER, Cat. 1889, 53-54: n°214, IV).
Origine: »exaratu s a Conrado d e Hersfeldia presbyter o e t Anthonio d e Lippia diacono, iubent e Arnold o d e Holt e prior e monasteri i Sanct i Maynulfi « (MORETU S 1908 ,
p. 319 , n° 85).
Coordonnées du texte: fol. 20 v -27 (= BHL 5209-5210 , sans la préface n i les vers).
4 Primo itaque loco est sermo quidam de s. Mansueto, foliis prioribus e codice revulsis obtruncatus, totus
exhortatorius, nihil fere ex sancti vita pro fer ens, et ex quodam pâtre, vel Beda vel Gregorio translatus et
applicatus pro Mansueto (AAS S Sept. I, p. 617).
5 U n miracle »de quodam energumeno« a vraisemblablement été copié par erreur à la suite du texte d'Ad son (AASS Sept. I, p. 618).
6 D'aprè s AAS S Sept. I, p. 618, n° 10: ce sermon (Inc. Sanctorumpatrum memorias .. . Des . [post LIVfere folia] quatenus .. . cum eofelices regnamus) es t une adaptation à s. Mansuy de Ps.-Maxime, hom. 77,
dont nous n'avons conservé qu'un fragment (voi r R. GRÉGOIRE, Le s homiliaires du Moyen Âge, Rome
1966, n ° 105 , p . 10 9 [MIGN E P L 57 , col . 415-418]) .
7 Pou r une présentation plu s complète d u dossie r d e Mansuetus, incluant l'éditio n e t l'analyse d e docu ments tardifs, nou s nous permettons d e renvoyer à GOULLET 1998 .
SHG VI : Diocèse de Toul
21
Contexte: l e Monasteriensis 2 3 est le tome de septembre du gran d Légendie r de Bod deken (B . KRUSCH , MGH SR M VII, Appendix, p. 834). Il a été détruit e n 1945.
Manuscrit mutil é
*Nancy,BM 173 2 (1052)
Datation: XIVe siècle: DAHLHAUS 1995 , p. 189.
Origine: cathédral e de Toul.
Provenance: gran d séminair e de Nancy.
Contexte: fragmen t d u »grand Légendier de la cathédrale de Toul«, cité par BENOÎT-PI e
e
CART 1707 (DAHLHAUS 1995, p. 189), réuni à des cahiers datant du XV et du XVI siècle.
Le fragmen t d e tabl e d u fol . 2 7 mentionn e le s nom s de s saint s touloi s suivants :
Apronie, Evre, Dié, Gauzelin, Goeric , Gérard, Léo n IX, Mansuy. Seuls subsistent le s
textes relatifs à Gérard, Dié et Apronie. Le texte de BNF lat. 12862 (voir supra, note 2)
a été établi d'après c e manuscrit o u u n manuscrit d e la même famille .
77. Editions
Edition de référence: J. LIMPEN (AASS Sept. I, p. 637-45) a établi la seule édition complète existant à ce jour, par collation d e plusieurs copie s de manuscrits (originaire s d e
Saint-Maximin d e Trêves, Dillingen [collèg e jésuite d e Souabe] , Ochsenhausen [prè s
de Memmingen, diocès e de Constance]), et des éditions d e F. BOSQUET, Historiaru m
ecclesiae Gallicanae, 1,2,1636, p. 23; MARTÈNE et DURAND, Thés., 3,1717, c. 1013-1026
(BHL 5209 [prologue seulement] et BHL 5210); CALMET, Hist. Lorr., I, preuves, 1728,
c. 86, toutes trois établies elles-mêmes d'après l e manuscrit d'Ochsenhausen mention né ci-dessus. Voir AASS, t. cit., p. 616-617, n° 5.
PL 137 , c. 619-634, reproduit l a lettre de dédicace à Gérard, le s distiques et les acrostiches d'après MARTÈN E e t DURAND , et les deux livres de la vita d'après CALMET .
Extraits de s Miracles dan s MGH S S IV, p. 509-514, édités par WAIT Z d'aprè s le s manuscrits Paris, BNF lat. 5294 et 5308, Nancy, Thiéry-Solet 1258 , et Wolfenbuttel 2738 .
Traduction française: Charles Fréd. BARTHÉLÉMY, Vie de saint Mansuet, dans: Les Vies
de tou s le s saint s d e France . I. Premier siècl e d u christianism e e n France , Versaille s
1860, col. 485-505 (Annale s hagiologique s d e la France), d'après l'éditio n de s AAS S
BHL 5209 , sans le poème liminaire, jusqu'au c . 24 inclus.
III. Examen critique
a) résultats:
L'auteur es t Adson d e Montier-en-Der, qu i écrit peu aprè s 974.
b) résumé analytique :
Après une lettre de dédicace adressée par Adson à l'évêque de Toul Gérard, un poèm e
en distiques élégiaques esquisse un élog e de Mansuy, en anticipant le s premières don nées narratives que l'on retrouve dans le corps même de la vita: sa naissance en Irlande,
sa venue à Rome par dévotion enver s saint Pierre, la mission d'évangélisatio n don t le
charge l'apôtre, so n arrivé e à Toul. Dans certain s manuscrits , dix vers conclusif s joi gnent Mansuy e t Evre (7 e évêque de Toul, voir infra) dans un mêm e éloge.
Le livre I constitue la vita proprement dite. Y sont d'abord développée s les données
biographiques du poème liminaire (c. 1-4). L e centre du récit est occupé par le premier
22
Monique Goulle t
miracle accompl i à Toul pa r Mansuy , qui ressuscit e l e fils uniqu e d u »ro i Léon « (rex
Leo), tombé deux jours plus tôt dans la Moselle depuis le haut des remparts de la ville
(c. 5-18). Ce coup d'écla t lu i permet d e convertir l a région a u christianisme e t de devenir son premier évêque . Suivent, aux c. 19-21 , un portrait d u saint et une évocatio n
de son oeuvre fondatrice (constructio n d e deux églises à Toul - dédiée s respectivemen t
à la Vierge et saint Etienne, et à saint Jean-Baptiste - e t d'autres dan s l e diocèse; ordination d e prêtres e t de diacres). Adson relat e ensuite l a carrière et le martyre d e sain t
Pierre (c . 22), en l'honneur duque l Mansu y fond e un e église d'un prestig e particulier ,
dont il fait son lieu de sépulture. A sa mort, survenue un 3 septembre (c. 23), Amon lu i
succède; ce dernier es t inhumé dan s l a même église, où s'opèren t immédiatemen t de s
miracles (c. 25-26), qui, malheureusement, n'ont pas été consignés par écrit. Adson rapporte néanmoins deux témoignages oraux: l'esprit tourmenté d'une moniale, morte récemment, implore saint Martin d e Tours - d e passage à Toul à l'occasion d'u n voyag e
effectué e n compagnie d e saint Maximi n d e Trêves -, d'intercéde r e n sa faveur auprè s
de Mansuy (c. 27); la truie d'un immigr é irlandais ressuscite et lui est miraculeusemen t
restituée (c. 28-29).
Le livre II est le récit des miracles survenus au Xe siècle. Après avoir rapporté com ment, à l'issue d'un e périod e noire durant laquell e Saint-Mansuy fu t presqu e rédui t à
néant, l'évêque Gauzelin (922-962) confia à Herchembold8 , abbé de Saint-Evre, la mission de lui rendre son éclat (c. 30-31), Adson distingue deux séries de miracles: 1) ceux
qui ont lieu du temp s de Gauzelin (c . 32-41): guérison d'un e aveugle , d'une possédée ,
d'un lépreux , d'un cler c atteint de fièvre; une vague de folie s'abat su r les troupeaux d e
paysans qu i n'on t pa s voul u honore r l a fêt e d u saint ; restitutio n miraculeus e d'un e
vache volée); 2) ceux qui ont lie u du temps de l'évêque Gérard , qui, originaire de Cologne et protégé de l'archevêque Brunon, frère d e l'empereur Otto n Ier, nomme Ada m
à la tête de Saint-Mansuy sur le conseil d'Humbert, abb é de Saint-Evre (c. 42-43): l'exposition de s relique s d e saint Mansu y sauv e l e pays d'un e terribl e sécheress e (c . 44),
rendent à un homme du comte Sindebaldus l'usage de sa main (c. 45); durant la consécration d'une église, le saint accomplit des prodiges divers, que l'auteur ne rapporte pas,
mais qui, assure-t-il, se renouvellent encore de son temps (c. 46): il guérit un enfant don t
les talons adhèrent à la colonne vertébrale et dont le père est raillé par un Juif (c . 46); il
réveille l'évêque resté au lit au lieu de dire les laudes (c. 48); sa dépouille enraie une épidémie de peste (49-52) et guérit l'évêque Gérar d lui-mêm e (c . 53-54)9.
c) sources:
Sources hagiographiques e t historiographiques :
A en croire les c. 2 (ut scripturae documento percepimus) e t 20 (sicut in gestis praecedentium Leucorum urbis antistitum invenitur; sicut autem in gestis ejus que multo
ante nos conscripta sunt), il existait u n écri t ancien , encor e lisibl e d u temp s d'Adson ,
mais aujourd'hui perdu , qui serait la source du livre I: il s'agit probablement d'une ver8 Herchembold , Archimbal d o u Archambaud, premie r abbé de l'abbaye d e Saint-Evre restaurée (934-c.
945), était peut-être issu de Fleury; son successeur fut u n moin e de Gorze, Humbert (BULST, p. 33).
9 Dan s certains manuscrits , et dans l'édition de s AASS, le livre II d'Adson es t suivi d'un miracl e anony me daté de 1009, et d'un autr e daté de 1049, dû à Pierre, diacre de Rome, qui met en scène les deux saints
Mansuy e t Evre.
SHG VI : Diocèse de Toul
23
sion ancienne des Gesta pontificum Tullensium. Ceux-c i en effet n'on t pa s pu êtr e rédigés (sous la forme qu'o n leu r connaît) avant le XI e ou l e XII e siècle: ils ne sont don c
pas la source d'Adson, mai s comme ils présentent de nombreux point s communs avec
son œuvre 10, il faut e n conclure que d'anciens gesta des évêques de Toul ont fourni l a
trame narrative commune aux vitae prolixior e t brevior.
L'arrivée en Gaule d'un émissaire de Pierre, l'évangélisation d'une région par des miracles, la résurrection du fils d'un »roi « local sont des motifs hagiographiques assez répandus, auxquels Adson ajout e deu x miracles post mortem, apparemment d e son cru .
Le premier, qu i me t e n scèn e Martin d e Tours, est un e broderi e autou r d u réci t d'u n
voyage à Rome fai t conjointemen t pa r Maximi n e t un opinatissimus confessor Martinus, qu i figure dans les deux versions de la Vie de saint Maximin de Trêves11. Le second
est un rappe l de l'origine supposé e irlandaise du saint .
Les miracula du livre II n'ont pas de source écrite, soit que les textes anciens se soient
perdus lor s de s invasion s de s Vandales, soit qu'i l n' y ai t jamais e u personne pou r le s
écrire (c. 26 et 30). L'auteur assur e néanmoins que des récits oraux dignes de foi circu lent à ce propos, et qu'il s'e n inspire , ce qui n'est n i plus ni moins qu'un topos.
I, 1: le récit d u passag e de saint Pierr e de Jérusalem à Antioche pui s à Rome s e réfère explicitement à une »Histoire ecclésiastique« (ut in ecclesiasticis historiis legimus),
qui es t peut-êtr e l a chronique d'Eusèbe-Jérôme : »Petru s apostolus cu m primu s Antiochenam ecclesiam fundasset, Roma m mittitur , ubi evangelium praedicans XXV annis eiusde m urbi s episcopu s perseverat « (R . HELM, Die Werk e de s Eusebius , Berli n
1956, p . 179).
Les citations o u allusion s scripturaire s son t rares . Il n'y e n a aucun relev é dans les
éditions, hormis l a Patrologie Latine , qui en signale quatre: le c. 21 contient un e cita tion annoncé e de I Cor. 9, 2; le c. 23 une citation d e Le 12 , 42; le c. 25 une citation an noncée et intégrée de Sir. 47, 12; le c. 43 une allusion explicite à Ps. 131, 14.
d) discussion critique :
Abbé érudit e t fin lettré , Adson fai t néanmoin s sienne , contre toute vraisemblance, la
thèse de l'apostolicité d e Mansuy: il coule son œuvre dans le moule de l'hagiographi e
traditionnelle pou r répondr e à l'attente d e son commanditaire. Néanmoins, ainsi qu e
le fait apparaître PRIN Z 199 2 (qui s'appuie su r l'analyse de BRUNHÔLZL 1988) , cette réponse es t loin d'être conformiste , ca r le ton ironiqu e e t sarcastique d e la lettre de dédicace traduit le recul que prend l'hagiographe par rapport à l'œuvre impossible qu'o n
lui demande d'écrire, et peut s'interpréter comm e une forme de protestation contre son
commanditaire. La préface s'achève en effet sur un mot d'esprit, qui demande que l'ouvrage reçoiv e l'appellatio n columbinus, e n référenc e à l a colomb e descendu e su r l e
Christ; ce trait repose sur une allusion implicite à l'étymologie isidorienn e du mot columba, »oisea u d e mansuétude« (columbae aves mansuetae, Isidore , étym. 12 , 7, 61),
donc animal emblématique d u saint . L'analyse de BRUNHÔLZ L demanderai t d'ailleur s
à être étendue aux autres prologues hagiographique s d'Adson , qui , même si c'est à un
degré moindre qu'ici, manient avec esprit les topoi de l'autodénigrement e t de l'ouvrage
impossible.
10 Voi r GOULLE T 1998 , et, infra, la Vita s. Mansueti BH L 5211-5212 .
11 Su r ce voyage, voir MORTENSE N 198 9 et DOLBEA U 1992 , p. 57-61 et p. 66-76.
24
Monique Goulle t
L'origine irlandaise prêtée à Mansuy est peut-être issue de la confusion entr e le Mansuy touloi s e t l'évêqu e de s Breton s qu i assistai t a u concil e d e Tour s e n 461 , d'aprè s
GAUTHIER 1980 , p. 104, mais contrairement à l'avis de cette dernière, scripturae documento (»su r l a foi d'u n écrit« ) n e peut guèr e désigne r le s actes d e c e concile. On re marquera qu e la quasi-totalité de s saints du diocès e de Toul antérieur s a u VIII e siècle
sont réputés irlandais : sur ce topos, voir K O C H 1959 .
On n e sait presque rien des débuts de l'Eglise de Toul (fondée tardivement , fin IVe
ou débu t Ve siècle, même s'il existai t certainement un e communauté chrétienn e anté rieurement à cette date: GAUTHIE R 1980 , p. 102-106) , et absolument rie n d e son pre mier évêque.
La vita prolixior fai t parti e d'un e campagn e d'écritur e o u d e réécritur e hagiogra phique, qu i accompagn e l e mouvement d e repris e d e la vie monastiqu e e n Lorraine .
Ainsi que l'atteste la Vita s. Gerardi écrit e par Widric 12, Gérard es t animé d'une dévo tion particulière envers les saints Evre et Mansuy. Il restaure le monastère Saint-Man suy e n e n faisan t d'abor d confirme r le s droit s e n 96 5 par u n privilèg e impéria l (qu i
répond à celui de 947 établissant les droits de Saint-Evre, en particulier sur Saint-Mansuy). Un e rénovation idéal e s'accompagne d'u n (re)développemen t d u culte 13, dont la
rédaction d'un e vita, qui sera utilisée dans la liturgie, est une étape essentielle. Adso n
est dans cette région l'hagiographe »professionnel « l e plus célèbre et le plus prolifiqu e
de la période14; il confectionne une histoire des origines en amplifiant le s rares données
de la tradition; à un caneva s déjà fabuleux, i l ajoute u n moti f nouveau : le fils d u gou verneur (o u d u »roi«) , ressuscité par Mansuy, fait un e description d e l'au-delà qu'i l a
visité15. Son oeuvre est un témoignage intéressant sur le métier d'hagiographe plu s que
sur la fondation d u diocèse de Toul et le personnage de Mansuy. Elle a été démarqué e
dans deux textes tardifs: BHL 521 3 (323 hexamètres dactyliques), écrit vraisemblablement a u XII e siècle, et BHL 521 4 (compendium en prose rimée), peut-être postérieu r
au précédent .
La Vita s. Mansueti, commandé e pa r l'évêqu e Gérard , s e termin e su r l a mentio n
d'une maladi e don t l e prélat aurai t ét é miraculeusemen t guér i par l a vertu d u saint 16.
Etant donn é l a violence de l a maladie, quasi-mortelle, i l doit s'agi r d e l'événement mentionné dan s une chart e datée de 974 17 -, qu i aurai t poussé Gérar d à restituer de s
12 L e c. 18 (MGH S S IV, p. 500-501) rapporte la guérison miraculeus e de Gérard pa r les reliques de Mansuy e t Evre.
13 Pou r l e culte de Mansuy, voir BAUER 1997, p. 270, n. 935, et, pour l a période tardo-antique e t mérovin gienne, la carte 46.
14 Le s autre s œuvre s hagiographique s d'Adso n n e concernan t pa s l e diocèse d e Toul, nou s renvoyon s à
VERHELST 1990 , et à la notice: Adso Dervensis Abb., dans: Clavis des auteurs latins du Moyen âge. Territoire françai s (735-987) . I Abbon d e Saint-Germai n Ermol d l e Noir , Turnhout , 1994 , p . 43-5 4
(CCCM).
15 O n trouve ce motif dans les Vies d'Abundius, Julien et Celse, Erasme. Il est peut-être emprunté aux Virtutes Iohannis (éd. .. . JUNOD, J.-D. KAESTL I [C C Series apocryphorum 2] , Turnhout 1983 , p. 821).
16 L'événemen t es t repris dans le c. 18 de la Vita Gerardi de Widric (MGH S S IV, p. 500-501), où la guérison est attribuée à l'action conjoint e de s saints Mansuy e t Evre.
17 Mabillon , Annales Ordinis s. Benedicti, III, 1706, p. 631, a . 974: » Actum est superius de restitutione monachorum i n Tullensi coenobio sancti Mansueti, auctore sancto Gerardo episcopo (...) Nam, ut Gerar dus ipse in authentico su o loquitur, quodam febris nimia languore pervasus, ad extrema etiam deductus, tamdi u morb i attritu s es t violentia, dum redder e compulsu s es t quod abstulerat . (... ) Actum Tulli
SHG VI : Diocèse de Toul
25
biens soustraits aux moines de Saint-Mansuy. La guérison étant présentée dans la vita
comme un sujet d e conversation récurrent , il faut e n déduire que celle-ci a été rédigée
un certain temps après 974, du vivant de l'évêque Gérar d (f 994) .
2. V i t a b r e v i o r BHL5211-521
2
/. Manuscrits
Ce sont ceux des Gesta pontificum Tullensium, décrits par DAHLHAUS 1995, p. 181-189:
's- Gravenhage, Koninklijke Bibliotheek 70 . H. 45
Datation: XII e siècle selon son »inventeur« L. Bethmann, XIII e selon G. Waitz (DAHL HAUS, p. 181) .
Origine: abbay e cistercienne d e Cambron e n Hainaut .
Provenance: collectio n Lupus (n° 92): voir Cat. cod. mss. Bibl. Reg. (dir. W. G. C. Byvanck), 1.1, Libri theologici, La Haye 1922 , p. 264 (n° 724).
Coordonnées du texte de s Gesta pontificum Tullensium: fol . 126 v—159.
Contexte: cett e succession de notices consacrées au x évêques de Toul, jusqu'à l a mort
de Pibon, en 1107 , font suit e à une Préface e n l'honneur d u bienheureux pape Calixte,
une Translatio n ave c Miracles d e l'apôtr e Jacques , l'Histoir e d e Charlemagne par l e
Pseudo-Turpin, un e Vie d'Amicus e t Amelius.
Carpentras, Bibl. Inguimbertine 1782° °
Datation: 1620 .
Origine: c e recueil a certainement ét é constitué pour Peiresc .
Coordonnées du texte de s Gesta pontificum Tullensium: fol . 452-473.
Contexte: » Actes et mémoires touchant le Béarn, Metz, Toul, Verdun et Commercy«.
Les fol. 1-38 0 concernen t le Béarn; fol. 381: »Metz, Toul, Verdun, Commercy« (titre) ;
fol. 452-473 »Incipit katalogus pontificum Tullensium , a beato Mansueto et deinceps«.
Imprimé dan s MARTÈN E E T DURAND , Thesaurus novus anecdotorum , t . III,
c. 989-1012 sous le titre: » Acta Tullensium episcoporum, auctore anonymo ex duobus
mss codicibus, uno Tullensi monasterii Sanct i Mansueti, altero Cambronensi« .
Les autres manuscrits ont déjà été mentionnés à propos de la vita prolixior: Nancy ,
BM Thiéry-Solet 1258 , fol. T-4 ; Paris, BNF Baluze 57, fol. 17 4 sqq.; Berlin, Staatsbibliothek Phill . 175 7 (DAHLHAUS 1983 , p. 185-186) 18.
DAHLHAUS 1995 , p. 188-189 , a montr é qu e le s troi s manuscrit s le s plu s récent s
(conservés à Berlin, Pari s e t Carpentras ) constituen t un e premièr e famille , dérivan t
d'un mêm e manuscrit d e Saint-Mansuy aujourd'hu i perdu ; les deux autres (conservé s
à Nancy e t L a Haye), qui remonten t eu x auss i à un modèl e commun , e n constituen t
une autre. Pour WAITZ 1939 , p. 631-632, qui ne connaissait que trois manuscrits, le manuscrit d e La Haye était un témoin d e la première version du texte, celui de Nancy d e
la seconde, et celui de Paris de la troisième. DAHLHAUS 1995 , p. 191-193 inverse ce classement de façon convaincante, en montrant que la première version est représentée par
les manuscrits le s plus récents, et la troisième par le manuscrit de La Haye.
publiée anno dominicae incarnationis DCCCCLXXIIII indictione
II ordinationis nostrae XII mense
maio.
18 N i DAHLHAU S 199 5 ni les catalogues n e donnent le s coordonnées exacte s du texte.
26
Monique Goulle t
//. Editions
L'édition d e MARTÈN E e t DURAND , Thés., III, 1717, c. 991-992, repose sur l e manuscrit de La Haye, collationné avec celui de Nancy; cette édition de la vita brevior es t reproduite pa r CALMET , Hist. Lorr., I, Preuves, c . 83-85, et pa r J. LIMPE N dan s AAS S
Sept. I, p. 636; le texte y est découpé en 6 chapitres. L'édition critique de WAITZ, MG H
SS VIII, p. 632-633, repose sur un manuscrit supplémentair e (Paris , BNF, Baluze 57);
elle est repris e dan s P L 157 , c. 447-448. Il conviendrait d e tenir compt e d e l a décou verte des deux copies récentes de Berlin et de Carpentras signalées par DAHLHAUS 1995,
ainsi que de ses nouvelles propositions de classement des versions, pour refaire une édition critique des Gesta pontificum Tullensium.
III. Examen critique
a) résultats:
La vita brevior n' a jamais circulé séparément; elle est partie intégrante des Gesta pontificum Tullensium, œuvr e touloise du début d u XII e siècle.
b) résumé analytique :
La trame narrative est la même que celle de vitaprolixior, à deux omissions près: la description d e l'enfer pa r l'enfant ressuscité ; les deux miracles post mortem.
c) sources:
La seul e sourc e nommémen t désigné e pa r l e rédacteur de s Gesta pontificum Tullensium es t un majorum relatus (c. 2), expression qui ne peut guère renvoyer à la vitaprolixior, s i l'on compar e ave c l a façon don t s e font le s autres renvoi s au x textes hagio graphiques dans les Gesta. Il est plus probable que ce majorum relatus, qui est évoqué
comme caution de l'origine irlandais e du saint , et qui fait pendan t a u scripturae documento (expressio n par laquelle Adson désigne la source de cette origine irlandaise dans
la vita prolixior, c . 2), renvoie à la tradition ancienn e à laquelle ont puisé parallèlemen t
les deu x auteurs : i l fau t vraisemblablemen t l'identifie r ave c le s gesta praecedentium
Leucorum antistitum mentionné s a u c. 25 de la vita prolixior (voi r infra, gesta deperdita).
d) discussion critique :
L'homogénéité stylistiqu e e t l'emplo i uniform e d e l a pros e rimé e renden t probabl e
l'unicité d u rédacteu r de s Gesta episcoporum Tullensium. Mêm e s i l'o n adme t ave c
e
19
DAHLHAUS 1995 , p. 194 , que les c. 39-50 son t un e additio n d u débu t d u XII siècle ,
les 38 premiers chapitres, dont l'unité d'écriture es t évidente, ne sont pas antérieurs au
milieu du XI e siècle, puisqu'ils renvoient à la Vita Leonis IX (BHL 4818) .
19 DAHLHAU S 199 5 date de 1049/5 0 les 38 premiers chapitres . Outre l a longueur exceptionnell e de s deu x
dernières notice s (c. 39-50 = Udon e t Pibon), et l'incipit d u c . 39, qui sembl e introduire un e continua tion, l'élémen t essentie l d e cette datation es t l'absenc e d e mention d e la mort d e Léo n IX dans l e c. 38
qui lu i est consacré. Mais ce silence s'explique aisémen t pa r l e renvoi au x actus et virtutes d u saint ; en
outre, dans l e même chapitre, la phrase: »De cuius actibus hi c multum dicer e supersedemus, quonia m
ea alibi ad plenum descripta ess e novimus« suppos e l'existenc e de s deux livre s de la Vita s. Leonis IX,
qui n'ont été achevés qu'après 1058 . L'hypothèse d'une rédaction en continu au début du XII e siècle nous
semble donc s'imposer .
SHG VI : Diocèse de Toul
27
3. " G e s t a s . M a n s u e t i d e p e r d i t a
Il ressort d e l a discussion précédent e qu e BH L 5211-1 2 es t le produit d'u n remanie ment des premiers gesta des évêques de Toul, circulant encore au temps d'Adson, mai s
aujourd'hui perdus .
AMON
Amon
123.X. (Ve siècle)
Successeur de Mansuy e t deuxième évêque de Toul
Dossier
Vita
BHL 5209 , c. 14
Inc.: Post gloriosum beat i Mansueti huius urbis primi pontificis e x hoc mund o
Des.: ac postmodum antiqu i hostis insidiis atrocibus flammarum incendii s
concrematam.
2. Vita (= Gesta pontificum Tullensium, c . 3 = fin d e BHL 5211 ) BH
L 521 2
Inc.: Post excessum igitur praedicti sanctissim i pontificis e t egregii doctori s
Des.: unde usque hodie dicitur a d matriculam domn i Mansueti e t domn i
Amonis.
Ce n'est qu'artificiellement qu e les textes anciens consacrés à Amon ont été distingués
de ceux qui concernent Mansuy: dans la tradition manuscrite , ils ne sont jamais dissociés. Jusqu'au XI e siècle au moins, le culte du second évêque de Toul et la littérature qui
lui est consacrée sont toujours lié s à Mansuy; les textes se limitent à dresser le portrait
convenu d'un évêqu e appliqué à suivre l'exemple de son saint prédécesseur. Pour l'en semble du dossier d'Amon, i l convient donc de se reporter à celui de Mansuy.
1.
APER
Aper (fr . Evre , Epvre)
115 sept . (VIe siècle)
septième évêque de Toul
Dossier
1. Vita brevior BH
la. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Scripturus vitam sancti ac beatissimi Apri habitatorem eiu s
invoco Spiritum sanctum
Des.: et discipulorum cord a laetificat venerati o impensa magistro .
L 61 7
28
Monique Goulle t
lb. Vit a (9 chapitres)
Inc.: Deniqu e beatu s Aper in pago Trecasino vico Tranquillo
Des.: e t die XVII kal. oct. de hac luce migravit a d Christum, (cui est... )
2. Vita prolixior B
H L 616
2a. Prologu s ( 2 chapitres)
Inc.: Beatissim i viri et ante omne saeculum praeordinati, suo vero
tempore nobis manifestati
Des.: His ergo breviter praelibatis, ad narrationis seriem , adiuvant e
Domino, accedamus.
2b. Vita (13 chapitres dans les AASS)
Inc.: Igitu r beatus Aper i n suburbio Augusta e Trecorum vico qui
Tranquillus dicitu r
Des.: migravi t ad Dominum septim o decimo kal . oct., régnant e
Domino nostr o Ihesu Christo, (cui est.)
3. Miracula BH
L 61 8
3a. Libe r primus (13 chapitres)
Inc.: Qu i beatu s pastor et pontif ex defunctus terri s eo ut supra relatu m
est ordin e
Des.: ideoque transeundum es t ad alia.
3b. Libe r secundus (1 5 chapitres)
Inc.: Cu m vero, ut dictum est, hic noster pater et senio r
Des.: quam elegit requiem habitar e vult in saeculum saeculi .
3c. Libe r tertius (8 chapitres)
Inc.: Praenotatu s aute m praesul, domnus videlice t Gerardus
Des.: magnu m volumen edidissemus . Sufficiant interim haec pauca
de plurimis.
4. *Vita deperdita BH
L vaca t
1. V i t a b r e v i o r BHL61
/. Manuscrits
Sept manuscrits, du VIII e au XVe siècle 20:
7
Sankt-Gallen, Stiftsbibliothek 548° °
Datation: exVII P siècle: LOWE 1934, VII, n° 940.
Origine: Saint-Gall .
Coordonnées du texte: fol. 117-127 .
Contexte: Passion s et Vies de saints diverses. Texte complet d e la V Apri brevior.
Sankt-Gallen, Stiftsbibliothek 566° °
Datation: IX e s. d'après SCHERRE R 1875 , p. 181 ; X e s. selon le fichier de s Bollandiste s
de Bruxelles.
20 G . BECKER, Catalogi Bibliothecarum antiqui , Bonn, 1888 , signale, p. 12, la mention d'une Vie de s. Evre
dans un inventair e d e la bibliothèque d e Reichenau dat é de 822 ; p. 50 un exemplaire conservé à SaintGall et figurant a u catalogue d e Saint-Gall dat é du IXe siècle; p. 149 , un exemplair e posséd é par Saint Evre de Toul sous Widon (don c avant 1084) .
SHG VI : Diocèse de Toul 2
9
Coordonnées du texte: fol . 41-49 .
Contexte: recuei l composit e d e Vie s d e saints , formé d e troi s codices (342 folio s a u t o tal), ave c une tabl e des chapitres ancienn e a u fol. 1 . Texte complet d e la V. Apri brevior.
Luzern, Stiftsarchi v St . Leodegar Schachte l 9 6
Datation: deuxièm e moiti é d u VIII e siècle : L O W E 1934, VII, n° 88 7 (avec fac-simil é d e
14 lignes); H E R Z O G 1944 , p. 34-39 (ave c reproductions : A b b . 105/106).
Origine: scriptorium suisse sou s influenc e burgond e ( L O W E ) ; selon H E R Z O G 1934 ,
p. 38 , les abbaye s d e Reichena u o u Pfàfer s (canto n d e Saint-Gall ) son t le s hypothèse s
les plus vraisemblable s e n raiso n de s trait s suisse s d e l'écriture . I l propose néanmoin s
comme possibl e l'idé e qu e l e fragmen t provienn e d'u n text e envoy é d e Tou l pa r F r o thaire. E n effet , dan s un e lettr e adressé e à l'évêqu e d e Tou l Frothaire , Wichard , abb é
d'Inden (o u Cornelimùnster) 2 1 , remerci e so n correspondan t p o u r l'envo i & actus s.
Apri. C o m m e cett e lettr e a été écrit e entr e 82 1 e t 846 , ces actus pourraient êtr e l e tex te B H L 617 . Avant d'êtr e abb é d'Inden , Wichar d s e trouvai t à Saint-Léger d e Lucerne, filiale d e Saint-Pirmi n d e Murbach , e t i l est tentan t d'imagine r q u ' u n e foi s e n p o s session de s actus il en ai t fai t do n au x moine s d e Lucerne, en guis e d e cadea u d'adieu .
La suggestio n d e F. A. H e r z o g n'es t pa s à exclure absolument, Frothair e ayan t p u p o s séder u n exemplair e rédig é dan s l a régio n suisse ; mai s rie n n e perme t d e l'étaye r véri tablement, e t l'origin e géographiqu e d u manuscri t l a rend mêm e asse z incertaine .
Contexte: c e fragmen t formai t l e bifoliu m centra l d'u n cahier , qu i fu t ensuit e utilis é
comme reliur e d'u n registr e d e compte s d'un e églis e d e l a régio n d e Lucerne. Il com porte u n text e lacunaire d e la Vita Apri brevior, acéphal e [ I n c . . . . taret protenus consecratus (c . 2)] e t d e l a P. Eugeniae (édité s pa r H E R Z O G 1934 , p. 37-38) .
Bruxelles, B R 9636-37° ° (Va n de n G h e y n 3228 )
Datation: XII e siècl e selo n VA N DE N G H E Y N 1905 , p . 319 , n ° 42 ; exXI e selo n Cat.
Brux.II, p . 342 e t 347 , n° 45 . Voir auss i LEVISO N 1920 , p. 568, n° 99 .
Origine: Saint-Lauren t d e Lièg e (selo n un e indicatio n figuran t su r l e fol. 1) .
Coordonnées du texte: fol . 222 .
Contexte: vitae d e saint s confesseurs , centrée s su r le s provinces d e Trêves e t Cologne .
Kôln, Historische s Archiv , Wallra f 16 4 A
Datation: a . 1463 : LEVISO N 1920 , p . 540 , 578 .
Origine: abbay e C o r p u s Christ i d e Cologn e (chanoine s réguliers) : AnalBoll 6 1 (1943 )
p. 144-145 .
Coordonnées du texte: fol . 212-213 .
Contexte: c e manuscri t constitu e ave c le s n ° 16 4 e t 164 b troi s volume s d'u n légendie r
qui e n comportai t cinq .
Berlin, Staatsbibliothe k - Preussische r Kulturbesitz , Theol . Fol . 70 6
Datation: ver s 1460 : Voi r Baudoui n D E GAIFFIER , L e martyrolog e e t l e légendie r
d ' H e r m a n n Greven , AnalBol l 5 4 (1936) , p. 316-358; BECKER 1985, p. 247-250 .
21 Lettr e 30, MGH, Epist . V, p. 296, et M. PARISSE , La correspondance d'un évêqu e carolingien: Frothaire
de Toul (ca. 813-847) , Paris 1998 , p. 115-116 . On a quelquefois supposé , sans aucune raison, que Fro thaire était l'auteur de la Vita s. Apri brevior.
30
Monique Goulle t
Origine: i l fut écri t à la Chartreuse Sainte-Barb e de Cologne par Hermann Greven, et
complété ensuite par des notes diverses, du XVe au XVII e siècle.
Provenance: demeuré au couvent jusqu'à la Révolution, il fut mis en vente ensuite. Propriété de Leander van Ess, il entra ensuite dans la bibliothèque de Sir Thomas Phillipps.
Remis en vente en 1910 , il fut achet é par la bibliothèque d e Berlin.
Coordonnées du texte: fol. 7 v-8 (san s le prologue).
Contexte: c e légendier contient environ 250 Vies de saints, plus spécialement de saints
français, anglai s e t allemand s a u cult e peu diffus é e t qu'o n rencontr e asse z raremen t
ailleurs. Greven recopi e quelquefois s a source i n extenso, mais souvent i l résume pa r
endroits, fait des coupures (en particulier, à plusieurs reprises il s'arrête net au bas d'une
page). I l es t don c à classer parm i le s auteurs d e légendier s abrégés , et c e manuscrit a
servi de modèle a u moins e n partie à une collection d e Vies de saints imprimée à Cologne en 148 3 et publiée à la suite de la Légende dorée .
Paris, BNF lat. 12862°°
Voir supra, le dossier de saint Mansuy .
Coordonnés du texte: fol. 72-88 v .
77. Editions
La vita brevior, considéré e jusqu'ici comme un résum é de BHL 616 , a été écartée par
les Bollandistes e t n'a fait l'obje t d'aucun e éditio n intégrale .
Le fragment d e Lucerne a été édité par HERZO G 1934 , p. 37-38.
Une édition d u texte d'après l e manuscrit Sankt-Gallen , Stiftsbibliothe k 54 8 est four nie pa r VA N OVERBEK E 1994 .
777. Examen critique
a) résultats:
Le terminus post quem d e la rédaction d u text e s e situe vers 550 , date approximativ e
de la mort d u saint. Le terminus ante quem e n est la fin d u VIII e siècle (âge du témoi n
manuscrit l e plus ancien).
b) résumé analytique :
Né dan s lepagus d e Sens, dans la villa Tranquillus (Trancault?) , de parents chrétiens ,
et chrétie n lu i aussi , Evr e mèn e un e enfanc e studieuse , d'un e étonnant e maturité .
Après le catalogue de ses vertus est relatée son accession au pontificat, qu i se fait à son
corps défendant, pour répondre à la volonté commune du clergé et du peuple. Il continue à mene r un e vi e ascétique , e t parcour t l e pay s pou r christianise r le s région s
païennes. L'épisod e de s prisonnier s d e Chalo n a pour fonctio n d'illustre r s a remar quable compassion, et les pouvoirs miraculeux de sa sainteté: se voyant refuser l a grâce
de ces miséreux par un juge particulièrement cruel, Evre obtient de Dieu leur délivrance
et la punition d u juge. Puis, entre autres miracles , il guérit u n possédé. Il meurt aprè s
un épiscopa t d'un e quinzain e d'années , u n 1 5 septembre , avan t d'avoi r termin é l a
construction d'u n monastèr e hors les murs de la ville de Toul. Des miracles se produisent lors de ses funérailles. Un e fois achevée, l'église lui est dédiée; il s'y accompli t régulièrement de s miracles.
SHG VI : Diocèse de Toul
31
c) sources et style:
La plupart des données du récit sont de nature topique, depuis la naissance et l'enfan ce du saint jusqu'aux manifestation s miraculeuse s duran t se s funérailles .
L'hagiographe inclut , san s le s annoncer, plusieur s citation s littéraires : L'incipit d u
prologue es t celui de la Vie d'Hilarion pa r Jérôme, qui est devenu u n modèl e très utilisé dans l'hagiographie mérovingienn e e t postérieure. L e thème de Vimitatio sanctorum {uniuspatientiam ... , c . 3) est emprunt é à la traduction latin e d e l a Vie de sain t
Antoine pa r Athanase, c. 4. Le modèle d u portrai t d'Evr e aprè s so n électio n à l'épiscopat (c . 4) est Sulpice Sévère, Vie de saint Martin, c. 10 22 (lam vero sumpto episcopatu ... desereret). L a guérison d u posséd é (c . 7) emprunte à la Vie de saint Marti n pa r
Sulpice Sévère (17, 5), outre les mots saevire et dentibus (qui , à la différence d u modè le, ne sont pa s regroupé s dan s un mêm e syntagme) , la fin d e phrase foeda relinquens
vestigia fluetu ventris egestus est.
Le sommaire de s miracles post mortem, à la fin d u text e (saepe enim aegri veniunt
et sanantur ... , c. 9) apparaît comme une citation partielle de Grégoire le Grand, Dia logues, IV, 6, dont on ne retrouve que deux expressions littérales , mais tout le mouvement stylistique. Cette réflexion théoriqu e de Grégoire sur le pouvoir miraculeux de s
saints défunts constituan t une typologie obligée des miracles post mortem, plutôt qu e
d'une citatio n i l peut s'agir d'une simpl e réminiscence .
On pourrai t enfi n rapproche r vita brevior, c . 3: non minus raptus quam electus adducitur d e l'expression d e la Vita Remedii (Ps.-Fortunat , BHL 7150) , II, 5: raptus fuisse dinosciturpotius quam electus, dont un remploi figure dans la Vita s. Remigii d'Hinc mar, BHL 7154 , c. 3, et dans le c. 8 des Gesta episcoporum Tullensium, sou s une form e
un pe u plus complète . On relèv e une citation bibliqu e (I Cor. 9, 19-22: omnibus omnia f actus est ...).
La vita brevior es t un sermon , destin é à être prononcé duran t l a messe (ne sermo
prolixior sacris missarum misteriis vel devotorum obsequiis oneroso existât), lors du jour
de la fête du saint (beatissimi igitur Apri... hodie sollemnitas veneranda recolitur). Malgré cela, Yincipit est celui d'un text e purement narrati f (scripturus vitam). Cett e hési tation entr e le s genre s narrati f e t discursi f peu t s'interpréter , ains i qu'o n l e préciser a
plus loin, comme la trace d'une réécritur e à fonction liturgique .
d) discussion critique :
On a parfois voul u identifie r l'évêqu e de Toul avec l'Aper originair e d'Auvergne, destinataire de deux lettres de Sidoine Apollinaire {Epist. IV, 21 et V, 14); mais si cette identification es t possible sur le plan chronologique, elle ne résiste pas à l'examen (aussi estelle rejetée pa r GAUTHIE R 1980 , p. 230, n. 129): outre l'incompatibilit é entr e les lieux
de naissance, le destinataire qui se profile dan s ces deux lettres s'accorde trop peu avec
l'image que donne d'Aper l a littérature hagiographique qu i lui est consacrée pour qu e
cette identification soi t crédible; il s'agit en effet d'u n jeune laïc raffiné, aimant prendre
du repos dans les villes thermales, si bien que, même en tenant compte de la dimension
topique de s textes hagiographiques , o n a bien d u ma l à y reconnaître l e futur évêqu e
de Toul. On n e songe plus no n plu s aujourd'hu i à identifier Ape r ave c le correspon 22 Ed . J. FONTAIN E (Sources Chrétiennes 133) , 1967, p. 273.
32
Monique Goulle t
dant h o m o n y m e d e Paulin d e N o ie (353-431) 23 : le n om es t fort répandu , d e l'Antiquit é
au Moye n Ag e (i l y a un saint Ape r dan s l e diocèse d e Grenoble, auque l es t consacré
le texte B H L 615) .
Septième su r le s listes episcopates touloises, Aper es t le prédécesseur d'Alodius , en core appelé ailleur s Albauldu s e t Albinus ( D U C H E S N E 1915, p. 61-63; G A U T H I E R 1980 ,
p. 230-232) , qui assist a au concile d'Orléan s e n 549.
L'existence d'u n témoi n manuscri t d e la seconde moiti é du VIII e siècle bat en brèch e
la mentio n d e la B H L: »Es t haec mera epitome Vitae 1 [ B HL 616] , neque ia m videtu r
edenda.« E n effet, malgr é le s mot s succinctae compendio brevitatis omitto, qu i n e sont
que l'expressio n habituell e d u topos littérair e d e la brevitas sermonis 24, le s arguments
codicologiques e t littéraires renden t c e jugement caduque : fair e d e B HL 61 7 un résu mé de B HL 61 6 obligerai t à dater c e dernier text e d e la seconde moiti é d u VIII e siècl e
au plu s tard , e t interdirait d e voir e n B HL 61 6 l e texte auque l succèden t le s miracula
B H L 618 , qui, mêm e dan s leu r version l a plus réduite , vont jusqu' à l'épiscopa t d e L udelme, au début d u X e siècle. U ne tell e conclusion serai t contrair e à l'évidence littérai re ( B H L 61 6 annonc e de s miracula) e t codicologique ( B H L 61 6 e t 618 son t transmi s
par le s même s manuscrits) . I l serait surprenan t auss i q u ' u n abrégé , qu i conserve qua si-littéralement tou s le s éléments narratif s d u texte-source, le dépouille en revanche de
tous ses éléments parénétique s bie n qu'i l ai t eu la même fonctio n liturgiqu e qu e lui ; il
serait tou t auss i étrang e q u ' u n e réécritur e n'ai t pa s repris l a mention d e l'extractio n
aristocratique d u saint, alor s qu e tant d e textes tardif s s'emploien t à l'ajouter à leur s
modèles; enfin, l e fait qu e le s éléments parénétique s d e la vita prolixior, contrairemen t
à ses éléments narratifs , comporten t trè s peu d e variantes d'u n manuscri t à l'autre s'ac corde ave c l'hypothès e d'un e rédactio n plu s récent e d e ces éléments, dan s l e cadr e
d'une amplificatio n d e la vita brevior.
Si la question d u classement relati f d e B HL 61 7 e t B HL 61 6 doi t s e régler dan s le
sens d e l'antériorité d u premier texte , peut-o n p o u r autan t e n proposer un e datatio n
absolue? V A N O B E R B E K E 199 4 a argumenté récemment , aprè s H E R Z O G 1934 , p. 36, e n
faveur d'un e datatio n haut e d u texte, à la fin du VI e siècle . D'aprè s l e c. 13 des Gesta
episcoporum Tullensium, o n sait en effet q u ' A u t m u n d u s (o u Antimundus) , cinquièm e
évêque aprè s sain t Evr e e t prédécesseur d'Autulanus , lui-mêm e attest é e n 614 ( G A U THIER 1980 , p. 46 1 ) 25 , compos a de s »écrit s e t des répons « (nonnulla scripta ac responsoria) e n l'honneur d u saint. I l est donc tentan t d'attribue r l a vita brevior à A u t m u n dus, qu i fi t beaucoup p o u r développe r l e culte d'Ape r (i l semble avér é qu e l'instaura tion d'un e vi e régulière , e n un lieu qu i ne fut d'abord q u ' u n martyrium, dat e d e cette
époque). Mai s l e terme d e scripta es t bien vague , et on n'a aucune trac e de s »respons «
composés pa r A u t m u n d u s .
Parmi le s arguments le s plus solides avancés par P . E. Van Overbeke e n faveur d'un e
datation haut e d u texte, on trouve l a mention d e sa lecture à la messe. Néanmoins , si
selon PHILIPPAR T 1971 , p. 113-114, le s lectures hagiographique s d e la messe avaien t
cédé l a place au x lectures biblique s à l'époqu e mérovingienne , cel a n e pouvait pa s
23 Voi r sur ce point AASS Sept. V, p. 58-61.
24 O n rapprochera ainsi Gesta ep. Tullensium, c . 4: Sed hoc tantum brevitatis compendio ponimus ...
25 GAUTHIE R 1980 , p . 461 .
SHG VI : Diocèse de Toul
33
concerner le s messes anniversaires de s saints patrons, ni les messes de dédicace d'un e
église, ce qui est le cas de la vita brevior.
Les source s littéraire s n e donnen t aucu n élémen t d e datation postérieu r au x Dia logues d e Grégoir e l e Grand, hormi s l a Vita s. Remedii. Mai s l'expressio n commun e
aux vitae d e Rémi et d'Evre se retrouve sous une forme un peu plus exacte dans les Gesta episcoporum Tullensium (c . 8), où l e complément es t ad culmen eiusdem pontifiai
{ad pontifiai culmen dan s la V Remedii), qu e dans les deux vitae s. Apri, o ù i l est réduit à la forme ad pontificium: le s gesta e t le s deux vitae s. Apri pourraien t don c re présenter un e tradition inspiré e d'une vita s. Remigii antiquior d u VIe siècle, dont le s
recherches les plus récentes tendent à établir l'existence 26. On n e peut donc guère tirer
argument d e cett e similitud e pou r avance r l e terminus post quem d e l a vita prima s.
Apri.
L'existence de monuments ancien s en l'honneur d u saint semble s'imposer à la lecture du c. 8 des Gesta episcoporum Tullensium, qu i fait apparaître diverses strates d'em prunts. La notice consacrée à saint Evre mentionne d'abord, su r la foi d'un liber vitae
eius, son élection, ses vertus, la date et le lieu de sa déposition, et une durée de sept ans
pour son épiscopat; puis il est comparé au premier évêque de Toul, Mansuetus (quiprimi praecessoris sui domni Mansueti imitatus exempla); enfin , su r l a foi d e libri auctorales, il est situé sous l'empereur Hadrien : »Quique, ut in libris auctoralibus reperitur ,
temporibus Adriani crudelissimi imperatoris fuisse cognoscitur. Qui omnes totius or bis sub se indices suo nomine vocari censuit . Cuius quarto anno beatus Aper episco pus ordinatus , undecim o homine m exuit. « L a chos e es t totalemen t impossibl e d u
point d e vue historique , ca r i l n'a pa s p u y avoi r d'évêqu e à Toul avan t l e IVe siècle,
mais elle est en accord avec la théorie de Papostolicité du premier évêque, exprimée aussi bie n dan s le s Gesta episcoporum Tullensium qu e dan s le s autre s texte s hagiogra phiques concernant saint Mansuy (voir supra). D'un poin t de vue lexical, l'expressio n
libri auctorales est très vague et peut désigner tout typ e d'écrit »dign e de foi« o u »of ficiel«27. Or aucun e des deux vitae d u saint ne mentionne le nom de l'empereur; e n revanche elles relatent toutes deux la façon don t Evre arracha des prisonniers à la cruauté d'un iudex Adrianus. E n outre , la durée d e l'épiscopat d u sain t dan s les Gesta episcoporum Tullensium es t indiqué e à l a foi s d e faço n direct e (septem annos) e t pa r
soustraction: »Le bienheureux Evre, ordonné évêque la 4e année de son règne, mourut
la 1 I e année >de ce règne<« (cuius quarto anno beatus Aper episcopus ordinatus, undecimo hominem exuit). L a vita brevior, quan t à elle, donne une durée de 15 années, additionnant les termes au lieu de les soustraire: les gesta et la vita brevior on t donc pour
dater l'épiscopat d'Ape r une source commune, qu'ils interprètent différemment. C'es t
apparemment auss i pour concilie r deu x tradition s indépendantes , réunie s sou s le vo26 Su r le dossier hagiographique de saint Rémi, voir désormais J.-Cl. POULIN , Geneviève , Clovis et Rémi:
entre politiqu e e t religion , dans : M. ROUCH E dir. , Clovis : histoire e t mémoire. L e baptême d e Clovis ,
l'événement, 1.1, Paris 1997 , p . 331-348; Philippe BERNARD, La contestatio mérovingienne pour une messe de s . Rémi o u u n sermo n carolingie n o u capétie n fabriqu é d'aprè s Hincmar , dans : Ephemerides li turgicae 9 1 (1997 ) p. 242-262.
27 L e dictionnaire d e Niermeyer n e mentionne qu'u n sen s très techniqu e e t étroit d u mo t auctoralis: »ce
qui est garanti par l'autorité publique* . En revanche, le Mittellateinisches Wôrterbuch donn e plusieur s
sens voisins et plus larges: »qui fait autorité , digne de foi, crédible ...«.
34
Monique Goulle t
cable libri auctorales, qu e l'auteur d e la notice imagine que l'empereur Hadrie n a imposé son nom à tous ses juges: la première source, qui devait placer sous Hadrien l e 7e
évêque de Toul puisque l e 1 er était cens é avoir ét é l'envoyé d e Pierre, pourrait êtr e ce
qu'Adson appelle les gestapraecedentiumpontificum Tullensium, premièr e version aujourd'hui perdu e des Gesta episcoporum Tullensium; l a seconde est la tradition hagio graphique dont son t issus les textes que nous connaissons .
On peut donc considérer comme vraisemblable que l'hagiographe de la vita brevior
(laquelle est en réalité un sermon, rappelons-le 28) e t le premier rédacteur de l'Histoir e
des évêques de Toul remanient tous deux une vita s. Apri antiquior.
Dans les deux recensions le s plus anciennes d e la vita brevior, datée s de la seconde
moitié d u VIII e siècle , Y explicit est No(nis) sep(tembribus) dedicatio basilicae s. Apri.
Explicit vita s. Apri; cett e mention d e la dédicace de la basilique, qui confirme l'usag e
liturgique du texte , donne-t-il un élémen t d e datation? I l ne peut s'agir de la dédicace
de l'église primitive Saint-Evre de Toul, laquelle fut commencé e par le saint éponym e
et terminée après sa mort, puisque cette dédicace, effectuée a u milieu du VIe siècle par
Albinus/Alodius d'aprè s l e c. 9 des Gesta episcoporum Tullensium, fai t l'obje t d'un e
allusion de l'hagiographe dan s le texte même de la vita, où elle est présentée comme un
événement écoulé , déjà suivi de miracles (quod in nomine sancti Apri placuit dedicari,
ubi cotidianis virtutum miraculis intégra fide petentibus sancti confessons mérita
coruscare non cessant). Il s'agi t don c d'u n anniversair e d e cett e dédicace , o u d e cell e
d'une autr e église dédiée à saint Evre.
Les dédicace s à ce sain t son t for t nombreuse s dan s l'ancienn e Lotharingie , dè s l e
VII e siècle; à côté de l'église Saint-Evre de Toul, mentionnée par le pseudo-Frédégaire
à propos d'un événemen t surven u e n 626/627 (GAUTHIE R 1980 , p. 230), les vitae sancti Hildulfi prima e t tertio 29 e n citent un e dédié e par Hérard , frèr e d'Hidulfe , prè s d e
Moyenmoutier (Vosges) , très peu d e temps après la fondation d u monastère , donc u n
peu aprè s 700 30. Le c. 21 des Gesta episcoporum Tullensium e t le c. 1 6 des Miracula s.
Apri mentionnen t u n incendi e qu i ravage a l a ville de Toul sou s Godon , a u milie u d u
VIII e siècle; le c. 16 des Miracula témoign e que le feu avai t fait de s ravages dans tout e
la ville, y compris dans l'église dédiée à saint Evre, qui à cette occasion devint le théâtre
d'un miracle . Ce témoignage n'est pas contredit par l'archéologie, qui montre une extension de la basilique du VIIe au IXe siècle (ROZ E 1981 , p . 73-83), sans qu'il soit possible d'en préciser les phases. Certainement y a-t-il eu une ou plusieurs dédicaces successives de ces nouvelles constructions: en tout cas la reconstruction o u la restauration
de l'église Saint-Evre de Toul vers 750 offrirait un e date plausible de composition pou r
h vita brevior51.
28 Sur les rapports entr e vitae e t sermons o u panégyriques , voir H . DELEHAYE , Le s Passions de s martyr s
et les genres littéraires, Bruxelles '1966 , p. 133-169 .
29 C . 1 5 de la Vita prima, e t c. 28 de la Vita tertia.
30 BAUER 1997, carte 46 (Liturgische Verehrun g Toule r Bischôf e au s Spàtantike un d Merowingerzeit ) e n
relève également à Trêves, Metz (attesté e pa r une list e stationnale d e la fin d u VIII e s. : voir GAUTHIE R
1980, p . 399-400), Verdun, Strasbourg, Mayence, Cologne, Liège, et quatre entre Strasbourg et Langres;
p. 268 , n. 922, il signale qu'au XVIII e siècle on a relevé 60 patronages d u sain t en Lorraine .
31 I I n'est pa s exclu cependan t qu e l'incendi e rapport é dan s le s Miracula soi t plutô t celu i qu i éclat a sou s
Ludelme, à la fin d u IXe siècle (WAITZ , MG H S S IV, p. 516, hésite lu i aussi: »fortasse sub Godone epi scopo aut post morte m Arnaldi«).
SHG VI : Diocèse de Toul
35
Dans l'état actuel de s choses, il n'est don c pas possible de préciser le terminus post
quem d e la vita brevior; l'existence probable de monuments plus anciens relatifs à saint
Evre, dont les Gesta episcoporum Tullensium porten t témoignage , et le caractère litur gique d e l a vita brevior, qu i es t probablement un e réécriture 32, incite cependant à ne
pas le situer avan t le VII e siècle.
2. V i t a p r o l i x i o r BH
L 61 6
/. Manuscrits
Il existe de très nombreux témoins, datés du XI e au XVII e siècle; ce sont en général des
légendiers ou , pour certaine s copie s récentes , des compilations d e texte s d'hagiogra phie épiscopale touloise .
Cinq d e ce s manuscrits on t déj à ét é mentionné s dan s l e dossier d e sain t Mansuy :
Saint-Dié, BM 4, XII e siècle, fol. 72 v-76; Nancy, BM Thiéry-Solet 00 1258 , XII e siècle,
fol. 37-44 ; Paris, BNF 5308°° , fol. 42-44 v; Paris, BNF lat. 9740°°, XII e siècle, fol. 222,
144-145v (folios désordonnés) ; Trier, Bibl. Sem. 35, fol. 72-75 v33.
Le texte figure encore dans: Sankt-Gallen, Stifts-Archiv 12 , XI e siècle, fol. 166-171 ;
Dijon, BM 641 , exXI/inXIP siècle , fol. 49 v34; Paris , BNF lat . 17006 , XII e siècle , fol .
34v-36 (Feuillant s 58.5) ; Paris, BNF lat . 16733 , XII e siècle , fol. 21-2 2 (Saint-Martin des-Champs 1.2) ; Schaffhausen , Stadtbibl . Minist. 89 , XII e siècle, fol. 72-75 v ; Lisboa,
Bib. N a c , Alcobaç a 422, exXIP siècle, fol. 163-170 ; Charleville, BM 214, XIP-XII P
siècle, fol. 131-133 ; Paris, BNF lat . 5278 , XIII e siècle , fol. 207-209 v; Paris, BNF lat .
5353, XIV e siècle , fol . 37-39 ; Solothurn , Zentralbibl . S I 21 , XVe siècle , fol . 31 35 ;
Bruxelles, Boll. 143, XVII e siècle, fol. 138-143 (copie d'après le Légendier d'Acey); Paris, BNF lat. 12862, a. 1642, fol. 72-88 v (Saint-Germain-des-Prés); *Mùnster , Univ. 23
(214, IV), a. 1439 , fol. 262-264, détruit duran t l a dernière guerre .
Deux vitae s. Apri son t signalées dans le Cat. gén. mss dépts in-4° I (1849), p. 282 et
296, san s que soit précisé de quelle version il s'agit; les cotes de ces manuscrits sont les
suivantes: Montpellier, Méd.l , t . 2, XII e siècle, fol. 43-46; Montpellier, Méd . 30, XII e
siècle, fol. 92-93 .
Signalons en outre les huit leçons en l'honneur d e saint Evre, contenues dans le manuscrit Verdun , BM 1 (XIIe siècle 36), aux fol . 72 v -73 v (Des. ...ut omnes lucrifaceret.
Semper in eius ore Christus, semper aeternae vitae monita resonabant) e t deux autre s
versions attestée s à une date trop récent e pour nou s intéresse r ici : celle du manuscri t
32 Cett e hypothèse rendrait compte de l'incipit (scripturus vitam...), inhabitue l dans les textes liturgiques.
33 MAR X 191 2 signale que le texte est suivi d'un sermon , dont i l ne donne pas Yincipit.
34 Sur l e légendier Dijon , B M 638-642 , voir LEVISO N 1920 , p. 580-581 ; ROCHAI S 1975 , vol. 1, p. 21-37.
COENS 1961 , p. 362-363; DOLBEAU 1976 , p. 147-148 ; ZALUSKA 1991 , p. 163-164 . Le manuscri t Paris ,
BNF lat . 11760 , fol. 400-403 en est une copie du XVII e siècle.
35 A . SCHÔNHERR, Di e Mittelalterlichen Handschrifte n de r Zentralbibliothek Solothurn , Solothurn 1964 ,
p. 14 7 signale que cette recension comporte u n desinit différent ; i l semble s'agir de Vies de saints abrégées.
36 Voi r VAN DER STRAETEN 1974, p. 107. Ce manuscrit est une somme verdunoise, composée à Saint-Vanne,
et constituée d'éléments d e mains et d'époques différentes , comprenan t des annales, un lectionnaire, des
chroniques, et des textes hagiographiques. Selon les règles de composition des lectionnaires, la Vita prolixior du sain t y a été réduite à huit passages sélectionnés, à lire durant l'offic e o u durant l a messe.
36
Monique Goulle t
Trier, Stadtbibl . 117 2 (583) , du XVe siècle , fol. 32 v; l'abrégé d e Trier, Stadtbibl . 137 6
(578), du XVI e siècle, fol. 56-57 v37.
Un manuscrit donne une version dans laquelle la vita BHL 616 et les miracula BH L
618 sont traités comme un texte unique .
Châlons-sur-Marne, B M 57 (61)
Datation: XI e siècle (PHILIPPART 1971 , p . 83).
Origine: Saint-Pierre-aux-Mont s (Châlons) .
Coordonnées du texte: fol. 33-36.
Contexte: l e manuscrit es t un recuei l hagiographiqu e composite , dans leque l G . Phi lippart distingu e 5 parties. La V s. Apri ouvr e l a 3 e , composée de s folios 33-123 v . Le
texte de cette version d e la vita est celui de BHL 61 6 dépourvu d e prologue (comm e
beaucoup d'autre s vitae d e ce légendier), et amputé des passages suivants:
a) Inc.: Moris etiam erat illi... Des. : raptus quam electu s abdicitur (c . 2).
b) Inc.: quin potius tantum augebantu r lucr a virtutis .. . Des. : divina virtus mirabiliter
operari dignata est (c. 4-5).
c) Inc.: tua sunt haec, Christe, opera ... Des. : pluribus alii s signis effulsisse (c . 8).
d) Inc.: magnum profect o misteriu m magnumqu e sacramentu m .. . Des. : in columb a
apparuit (c . 11).
e) Inc.: Praestantur ibi infirmis sanitatu m bénéfici a plurim a .. . (d e la fin d u c . 11 jusqu'à l a fin). - I l est suiv i directement , san s changemen t d e ligne , d'une versio n tron quée des miracula: voir infra, la discussion critique .
77. Editions
et DURAND, Thés. nov. anecdot. III, c. 1027-33, ont édité le texte d'après u n
manuscrit d e Cambron (perdu?) .
e
CALMET, Histoire de la Lorraine, Preuves, c. 107-111 ; 2 éd. , 145-149, a utilisé en outre
le manuscrit Nancy, BM, Thiéry-Solet 1258 .
C. SUYSKENS , pour so n édition dan s AASS Sept. V, p. 66-69, disposait, outre ces deux
éditions, de trois manuscrit s comportan t BH L 61 6 non suiv i de BHL 618 : un exem plaire »e x archivis Tullensibus« 38; un autr e de Saint-Maximin d e Trêves, et une colla tion fait e pa r l e Père Chiffle t à partir d e manuscrit s originaire s d'abbaye s d u diocès e
de Besançon: un manuscrit originaire de l'abbaye cistercienne d'Acey (dont Brux. Boll.
143 est l a copie); un manuscri t d e l'abbaye cistercienn e d e Corneux , e t u n manuscri t
de l'abbaye d e Prémontrés L a Charit é (voi r AASS Sept. V; p. 55, n° 4). Il a reproduit
MARTÈNE
37 D'aprè s le s indications d u catalogu e de s manuscrit s d e l a bibliothèque d e l a ville de Trêves, établi pa r
KEUFFER e n 1914 , la version d e Trier, Stadtbibl. 137 6 se présente comme suit : »Vita s. Apri ep . Tullensis. Inc . Fuit quidam sacerdos , Dei cultor, nomine Aper, clarus parentibus, clarior mente , pulchra faci e
Des. Ipse vero beatissimu s Ape r confessor Christi d e hac luce migravit di e 1 7 kalendarum octobrium .
Ter singulis régnante Domin o .. . Amen . Chrodericus in honorem Apr i vita pro anima e suae (sic) fier i
rogavit et precio redemit; fol. 57 v. Hymnu s de s. Apro«. Quant à la mention du manuscrit 117 2 dans le
même catalogue, son titr e figure au x côtés de cinq autre s a u même folio 32 v: il s'agit donc vraisembla blement d'une abréviatio n d u type des legendae novae.
38 Ce t exemplair e n'es t pa s Nancy , BM , Thiéry-Solet 1258 , car ce dernier n e présente pa s le s lacunes si gnalées par C. Suyskens »i n Ms. nostro Tullensi« a u fil de son édition .
SHG VI : Diocèse de Toul
37
le texte des deux éditions antérieures, ne recourant que ponctuellement au x autres manuscrits, ainsi qu'il apparaît dans son annotation d e la vita.
III. Examen critique
a) résultats:
L'auteur es t un moine de Saint-Evre, qui écrit à la fin d u X e siècle.
b) résumé analytique :
Le récit de la vita prolixior se déroule, à de rares exceptions près, dans le même ordr e
que celui de la vita brevior, don t i l reprend toute s le s données.
c) sources et style:
On retrouv e dan s BH L 61 6 presque toute s le s citations littéraire s d e BHL 617 , et le
traitement qu'elles subissent dans les deux textes étaie le classement chronologique relatif proposé ci-dessus. Dans les deux versions, la citation d u prologue de la Vie d'Hi larion comporte l a même variante par rapport a u texte de Jérôme: virtutes largitus est
devient virtutes patrandi largitus est gratiam; l a suite de la phrase d e Jérôme a également subi la même modification dan s les deux textes: ad narrandas eas sermonem tribuat es t deven u ad easdem narrandas sufficientem eloquii tribuat venustatem; mai s
dans l a vita prolixior, l a citation d e Jérôme n'es t plu s Yincipit d u texte , et le participe
scripturus a été remplacé par descripturus: la plus grand e proximit é d e la vita brevior
par rapport à sa source amène une présomption d'antériorité de la vita brevior pa r rapport à la prolixior.
On not e aussi un certain nombre de variantes entre le texte de la Vita Antonii e t celui des deux vitae d e saint Evre, qui sont pour leur part identiques: dans V Antonii, o n
lit vigilantiam, humi,partibus irrigatus, regrediebatur, pertract ans,là où l'hagiograph e
toulois emploie respectivement vigilias, in sacco et cinere, generibus irrogatus, remeabat, ajoutan t e n outre une comparaison qu i illustre la sagesse du saint : velut apisprudentissima. Dir e si toutes ces variantes doivent être imputées à la tradition d u texte de
la Vita Antonii, o u à un retraitement de l'auteur de la vita brevior demanderai t une étude détaillée des manuscrits de cette source. Pour ce qui nous intéresse, on retiendra simplement l a stricte convergence des deux versions BHL 61 6 et BHL 617 .
La réminiscence de Grégoire, par laquelle l'auteur d e la vita brevior évoqu e les miracles post mortem du saint , est résumée d e façon drastiqu e dan s la vita prolixior (ubi
cotidianis virtutum miraculis eius mérita coruscare non cessant), ce qui s'explique aisé ment s i l'on considèr e qu e c e texte a été conç u comm e l e premier élémen t d'u n en semble vita + miracula. Le s deux vitae n e fournissent quasimen t aucun élément docu mentaire, vrai ou faux, hormis la durée de l'épiscopat d u saint et son lieu de naissance.
Le lieu de naissance fait l'objet d e variantes: dans la version brève, les deux manuscrits de Saint-Gall l e situent in pago Senonico villa Tranquillo, e t le manuscrit l e plus
tardif (Bruxelles , BR 9636-37 ) in pago Trecassino vico Tranquillo 39; u n Trancaul t es t
attesté entre Troyes et Sens. Tous les manuscrits de la version longue la situent in sub-
39 L e passage est manquant dan s le fragment d e Lucerne; je n'ai pas vu les deux manuscrits de Cologne, ni
celui de Berlin.
38
Monique Goulle t
urbio Augustae Tricorum, vico qui Tranquillus dicitur: de villa, l e lieu devient vicus, et
il es t situ é dan s le s faubourg s d e Troyes ; comm e l e faisai t remarque r C . Suysken s
(AASS, t. cit., p. 61, n° 31-32), si Tranquillus es t bie n l'actue l Trancault , v u so n éloi gnement d e l a ville d e Troyes i l faut prendr e suburbium a u sen s larg e d e »territoir e
d'une cité,pagus o u diocèse«, sens bien documenté dans le dictionnaire de Niermeyer.
L'hagiographe sui t donc la version conservée par le manuscrit l e plus récent de la vita
brevior (Bruxelles , BR 9636-37, XI e s.), et ce changement de perspective géographiqu e
ne lui est pas imputable.
La mention de la noblesse familiale d'Evre (nobilibus et, quod est excellentius, christians par entibus editus) n e figure pa s dans la version brève . Cet ajout n' a pas pour ef fet de rattacher le saint à une généalogie connue, mais elle sacrifie à un double topos: la
noblesse comme attribut de sainteté; la supériorité de la noblesse du christianisme su r
l'aristocratie de s origines . O n a là une trac e d u travai l d'amplificatio n e t d'actualisa tion opér é par le remanieur.
Une étude de la technique de l'amplification fourni t le s résultats suivants: la version
brève constitue u n noyau , autou r duque l viennnen t s'agglomére r de s passages origi naux. Aucu n passag e d e l a sourc e n' a ét é écart é dan s l a versio n longue ; quelque s
phrases o u expressions , e n nombr e extrêmemen t rares , ne son t pa s de s reprise s tex tuelles, mais des calques synonymiques. De rares et courts passages identiques sont déplacés dans un texte par rapport à l'autre. Les ajouts procèdent d'un étoffemen t d u thème initial par paraphrase o u développemen t d'u n thèm e contigu , d e gloses de natur e
édifiante e t parénétique, ou bien de citations bibliques (Is. 45, 2-3; Job 31,18; I Cor. 9,
19-22; Gen. 43, 19 et 44, 1; Le, 10, 16; II Sam. 4, 5; Prov. 4, 23).
Sur le plan générique, la vita prolixior, tou t comme la brevior, es t un sermon (ou panégyrique), dont le noyau est constitué par la vie du saint. La référence à la célébration
de la fête est plus développée que dans la version courte, et elle devient la phrase d'ou verture du texte, Yincipit narratif imit é de Jérôme ne venant qu e plus tard , coulé dan s
le mouvement d'ensembl e d u texte grâce à quelques retouches discrètes: scripturus est
remplacé pa r descripturus 40, e t n'est plu s l e premier mo t d e l a phrase; dans l a mesur e
où il inclut la narration relative à saint Evre dans le panégyrique prononcé à l'occasion
de sa fête, le mouvement du prologue de BHL 616 apparaît comme une réorganisatio n
raisonnée de BHL 617 .
d) discussion critique :
Datation: O n a déjà di t que l a vita prolixior se présente comm e u n dyptiqu e ave c les
Miracula s. Apri; s i les deux textes ont ét é écrits d'une seul e traite, la vita prolixior es t
forcément postérieur e à la mort d e Gérard e n 994 (voir l'argumentatio n infra, p. 42);
le terminus ante quem ultim e est l'âge d u plus ancie n témoi n manuscrit : le XI e siècle;
la discussion critiqu e des miracula permettr a d e le reculer jusqu'au Xe siècle.
40 Descripturus e n lieu et place de scripturus es t fréquent dan s les prologues hagiographiques ; pour reste r
dans l e domaine lotharingien , o n pourr a compare r ave c les Miracula s. Gorgonii (BH L 3621 , écrit pa r
un moine de Gorze [?] de la 2e moitié du Xe siècle): Descripturus miraculapatroni nostri beau Gorgonii
... ineffabilem Dei omnipotentis clementiam mecum hortor ut exorent...
SHG VI : Diocèse de Toul
39
La réécritur e d u modèl e réactualis e discrètemen t l e portrai t d e l'évêque-moin e
conformément au x valeurs d u Xe siècle 41; c'est d e cet idéal que procèdent l a nobless e
des origines 42, l'ascétisme , l a lutt e contr e l'hérésie . L'électio n d'Evr e à l'épiscopat s e
fait concordi sacerdotum et civium voluntate selo n le s deux versions, tandis qu e seul e
la version longu e comport e cett e précision supplémentaire : et communi omnium acclamatione, second e phas e d u processu s d'électio n canonique . L'expressio n ethnica
superstio, commune au x deux versions de la vita pour évoquer l a lutte du saint contr e
le paganisme, es t complétée , dan s l a vita prolixior, pa r un e mentio n d e se s combat s
contre le s hérétique s (ut haereticorum vel quorumlibet pravorum malesuasa deciperet astutia): il devient un gardie n vigilant de toutes les formes d'orthodoxie ; o r depui s
Grégoire le Grand, heresis est souvent le terme employé pour désigner, non une hérésie a u sen s modern e d u terme , mai s certain s abu s perpétré s dan s l'exercic e de s
charges ecclésiastiques , tell e l a simonie. C'es t encor e à la tentation simoniaqu e qu'i l
est peut-êtr e fai t allusio n dan s l'additio n d e l a version longue : sciens pro certo, sicut
nullum ad sacerdotium electum oportere pertinaciter refugere, ita neminem ad hoc se
debere importune ingerere.
3. M i r a c u l a BHL61
/. Manuscrits
8
Nancy, BM Thiéry-Solet 125 8
Voir le dossier de Mansuetus.
Coordonnées du texte: fol. 44-67. Le texte des Miracula sui t celui de la Vita prolixior,
et fait partie des textes hagiographiques intercalé s entre les notices des Gesta episcoporum Tullensium. C'es t l e seul témoin comple t subsistan t de s Miracles de saint Evre.
Châlons-sur-Marne, B M 57 (61)
Voir ci-dessus, BHL 616 .
Coordonnées du texte: fol . 36-4l v : Inc . Quida m igitu r claudu s (AASS , c. 2). Des .. .
quae non ipsis desideranda se d maie factoribus es t potius formidanda ( = AASS, c. 21).
Contexte: Dan s c e légendier , le s miracula suiven t directemen t l a vita prolixior, san s
transition n i même alinéa; les deux texte s son t lacunaires . Les miracula son t amputé s
des chapitre s suivants : 1 ; 7; 11-14 (premièr e phrase d e 1 4 incluse); 16 ; 18 (en partie).
Le texte s'arrête à la fin du c. 21, c'est-à-dir e a u temps de l'évêque Ludelme, à la fin d u
IX e s . Une bonn e moiti é d u dernie r foli o es t laiss é blanc; tout e n ba s d u mêm e foli o
commence la Vie des Sept dormants .
41 J'emprunt e cett e expression à M. PARISSE , Princes laïc s et/ou moines , les évêques d u Xe siècle, dans: Il
secoîo di ferro: mito e realtà del secolo X (Settimane di studio del Centro italian o di studi sull'alto medioevo, XXXVIII), Spolète 1991 , p. 449-516, spec. p. 481. Voir aussi J. NIGHTINGALE, Bisho p Gerar d
of Toul (963-994) and Attitude s to Episcopal Office, dans: T. REUTER éd., Warriors and Churchmen i n
the High Middl e Ages. Essays presented t o Karl Leyser, Londres 1992 , p. 41-62.
42 M. PARISSE (n. 41) p. 461: »C'est un lie u commun e t une donnée inattaquable que de mentionner l'ori gine noble des évêques de cette époque, de tous le s évêques«.
40
Monique Goulle t
Manuscrit perdu :
*Metz 653
Datation: XI e siècle.
Origine: Saint-Arnou l d e Metz.
Dans le Cat. gén. mss dépts, le codex est signalé comme partiellement endommagé , au
point qu e les Miracula s. Apri e n étaient l e premier text e lisible; il a disparu duran t l a
guerre de 1939-1945 .
77. Editions
Thés. nov. anecdot, III, c. 1033-1047. Le texte, qui se termine
au c. 28, a été édité d'après un manuscrit de Cambron (voi r supra, p. 36-37, les éditions
de la vita prolixior): voi r AASS Sept. V, p. 55, n°3; après le c. 21 est intercalé un miracl e
relaté par Pierre , diacre romain , concernan t le s deux saint s Mansuy e t Evre ( = AASS
Sept. I, p. 653-654).
CALMET, Histoir e d e la Lorraine, I, Preuves, c. 111-125 . Outre l'éditio n précédente ,
Calmet s'est servi du manuscrit Nancy, BM Thiéry-Solet 1258 , plus complet que celui
de Martène . Le s variantes entr e le s deux édition s son t indiquée s dan s l'éditio n d e C .
Suyskens, au fil du texte et p. 78, a.
SUYSKENS C, AASS , Sept. V, 70-78 (pour les manuscrits utilisés outre les deux éditions
précédentes, voir supra, la vita prolixior).
WAITZ G. , MGH S S IV, p. 515-20 donne quelque s extrait s d'après l e manuscrit Nan cy, BM Thiéry-Solet 125 8 et l'édition d e Calmet (présentation de l'éd. ibid. p. 490). Le
texte est considérablement tronqué, presque entièrement vidé des faits merveilleux, selon l'usag e d e la collection. L a numérotatio n de s chapitre s es t différent e d e celle de s
AASS, chaque miracle étant affecté d'u n nouvea u chiffre .
MARTÈNE e t DURAND ,
77/. Examen critique
a) résultats:
L'auteur est très certainement le même que celui de la vita prolixior, u n moine de SaintEvre, qui écrit après la mort d e Gérard e n 994.
b) résumé analytique :
Dans l e prologue (c . 1), l'auteur constat e u n ralentissemen t d u rythm e de s miracles à
son époque, phénomène qu'il attribue, selon un topos bien connu, au dérèglement de s
moeurs. Il donne pour garanti e des miracles anciens les nombreux témoignage s orau x
directs et indirects (referunt nostri majores natu plurima sibi eius et visa et audita miraculorum bénéficia) e t les ex-votos (béquilles suspendues aux portes des églises). Suivant un autre topos, l'absence de relation écrite des miracles du saint est attribuée à l'incurie des générations précédentes, à laquelle l'auteur veut tenter de suppléer malgré son
faible talent , en mentionnant c e qu'il a vu et appris d'informateurs sûrs .
Les miracles des chapitres 2-13 concernen t de s particuliers e t rapportent un e suit e
de guérisons : celles d'u n boiteu x e t d'un e paralysé e aveugl e (c . 3-4), suivie s d e troi s
guérisons d'aveugles ave c rechutes (c . 5-6), puis de possédés (c . 8-13).
La seconde série de miracles met en jeu des évêques de Toul: le premier, dont le nom
n'est pas cité, est contraint par le saint à restituer une terre aux moines (c. 14-15); le c.
SHG VI : Diocèse de Toul
41
17 fait mentio n d e la restauration d e la fête solennell e du sain t par l'évêque Gauzeli n
(922-962); les c. 18-21 relatent l a punition d e l'évêque Ludelm e (fin d u IXe siècle).
Les c. 22-28 concernent le s translations du corps de saint Evre durant le s invasions
hongroises (sou s Charles le Simple). Les incursions sont présentées comme une punition du ciel (c. 22). On décid e alors de mettre à l'abri le corps de saint Evre, et de le faire rentrer à l'intérieur de s remparts d e Toul; le saint répugn e à cette translation, e t se
fait très lourd, mais il accède néanmoins au vœu de ses serviteurs de le protéger des barbares (c . 23). La paix revenue , le corps, qui n' a p u êtr e restitu é au x moine s e n raiso n
des manœuvre s d e l'évêque Drogon , es t enfoui dan s un e fosse , o ù i l demeure 6 0 années environ. L'auteur remercie le saint d'avoir gardé sa protection au monastère, alors
qu'on lu i avai t déj à dérob é de s relique s d e sain t Eloph e e t d'autre s saints . L e c . 3 0
évoque l a restauration d e la règle bénédictin e pa r Gauzelin , le s c. 31-33 l a fondatio n
par Gérar d (963-994) , son successeur, d'un monastèr e ave c reliques de saint Gengou l
et de sainte Apronie; Gérard procède à l'élévation de s reliques de saint Evre, en 978; la
cérémonie s'accompagn e d e guérisons diverses (c. 34-37).
c) sources e t style:
Deux citation s biblique s on t ét é relevée s pa r G . Waitz : 2 Reg. 15; Matth. 23 , 35. G .
Waitz avai t signalé a u fil d e son éditio n de s analogie s entr e le s Miracula s. Apri e t les
Gesta episcoporum Tullensium; DAHLHAU S 1995 , p. 191-192 , en a complété l e relev é
(n. 90), et conclu que l'auteur des gesta a utilisé les miracula. C'es t e n effet dan s ce sens
que se sont effectués le s emprunts, car nombreux sont les passages où les seules divergences s'expliquent pa r une recherche de la rime dans les gesta. Ainsi, la phrase des miracula: Huius sedis cathedram, nolentibus regniprimatibus, domnus Drogo ... occupaverat; sed iam tune omnium communi voto .. . gerebat (AAS S Sept. V, c. 24, p. 74) devient dan s le s gesta: ... huius sedis cathedram, nolentibus regni primatibus, domnus
Drogo... occupavit; sed post, communi omnium voto nobiliter rexit (MG H S S VIII, c.
30, p. 639). On ne multipliera pas ici les exemples, qui vont tous dans le même sens. O r
on voit pas pourquoi un auteur se serait astreint à détruire systématiquement certaine s
rimes de son modèle, alors qu'il use lui-même de l'homophonie à ses heures.
d) discussion critique :
La première série de miracles est située dans le diocèse de Toul, la plupart du temps très
près de la cité. Sont ainsi mentionnés plusieurs villages proches de Toul: Chaligny (c. 3),
Pagny-sur-Meuse (c . 5), Biqueley e t Cercueil (c . 11), Domgermain (c . 12), Trousseysur-Meuse (c. 13). La thématique de cette série est celle de l'attachement au saint patron,
les infidélités o u l'instabilité se sanctionnant par des rechutes ou des refus d e guérison.
Dans la seconde partie, dont le cadre géographique est le même, les miracles ne s'accomplissent plus seulement par le bon vouloir du saint, mais en fonction d e la conduite
des hommes, et ils prennent un e valeur d'exemplarité. Il s sanctionnent souven t l'atti tude des évêques, faisant écho ou contrepoids au récit des Gesta episcoporum, auxquel s
ils substituen t l e poin t d e vu e d e l'intérê t monastiqu e (voi r supra, p . 40 , l e ca s d e
l'évêque Ludelme) . Dans la troisième partie, la lutte d'influence entr e la cathédrale de
Toul et le monastère Saint-Evre se traduit par des rivalités pour s'emparer de s reliques.
Le saint pren d nettemen t part i pou r le s moines. Les miracula s'inscriven t don c dan s
une stratégie de promotion d u monastère Saint-Evre de Toul, récemment restaur é par
42
Monique Goulle t
l'évêque Gérard . E n stigmatisan t l'attitud e de s mauvais prélat s d u pass é e t e n louan t
les bienfaiteurs d u monastère , ils entendent certainemen t donne r l e ton pour l'avenir .
L'origine de l'auteur n e fait aucu n doute: c'est un moin e de Saint-Evre. Sa présence
dans le monastère est affirmée explicitemen t au x c il (apud nos) et 13 (nobis synaxim
agentibus). Ce t auteur est le même que celui de la vita prolixior, qu i annonce la rédaction d'un e vita suivie d e miracula (vitam et miracula descripturus). Le s deu x texte s
s'enchaînent directement , et le second renvoi e au premier: Qui beatus pastor etpontifex defunctus terris, eo ut supra relatum est ordine. Pa r ailleurs, l'auteur d e la vita prolixior parle d'Evre e n ces termes: pater et veneranduspastor noster.
Un premier terminus post quem d e la rédaction des deux textes est 978, date de l'élévation de s relique s d u sain t par l'évêqu e d e Toul Gérard : l'événemen t es t mentionn é
au c. 30. Mais le c. 29 parle de l'évêque Gérard au passé, et suppose donc une rédaction
postérieure à sa mort e n 994.
L'attribution de s deux textes à Adson, traditionnelle depuis Calmet, est totalemen t
infondée, e t même quasiment indéfendable: ils ne figurent pa s dans la liste des œuvre s
transmises pa r l a Continuation d e la Vie de Berchaire (AAS S OSB II, p. 849); en 978
Adson a depuis longtemp s quitt é Saint-Evr e pou r Montier-en-Der , e t i l est mor t e n
992, dan s l'un e de s Cyclades , e n plein e traversé e ver s Jérusale m (VERHELS T 1990 ,
p. 28-29).
4. * D e p e r d i t a
De la discussion critique de la vita brevior ressor t l'existenc e trè s probable d'une vita
antiquior perdue .
2. LE
S SAINT S R O M A R I M O N T A I N S
Remarques préliminaire s
La question des datations de la Vie d'Ame e t des Vies les plus anciennes de Romaric et
d'Adelphe a donné lieu à des débats souvent confus, orchestré s par des érudits locaux ,
laïcs ou ecclésiastiques, soucieux d'assurer l a promotion d e Remiremont. Afin d e clarifier notre exposé et d'éviter les redites, nous faisons précéder le traitement individue l
des dossiers par une présentation général e des problèmes:
1) Réécriture et compilation tardives des monuments anciens
Les trois textes hagiographiques romarimontain s le s plus anciens {V Amati BH L 358,
V. Adelphii BH L 73 , V. Romarici BH L 7322 ) ont fait l'objet d'un e première campagn e
de réécriture , qu e l'o n doi t vraisemblablemen t situe r autou r d e 1050 , à l'occasio n
d'une translation effectuée su r ordre du pape Léon IX (alias Brunon, évêque de Toul),
sous l'abbatia t d'Od a à Remiremont. L a translatio n d e sain t Am é e n l a présence d u
pape Léo n IX est confirmée pa r une authentiqu e d e relique 43; d'autre part , Sébastie n
43 Voi r BRIDOT 1980 , p. 55: 1049,11 novembre. Procès-verbal d e la translation de s reliques de saint Amé ,
faite su r l'ordr e d u pap e Léo n IX en présence d e l'archevêqu e d e Besançon , d u primicie r d e Toul, d e
SHG VI : Diocèse de Toul
43
Valdenaire, auteu r d'u n Registr e de s chose s mémorable s d e l'églis e d e Remiremon t
(manuscrit Nancy , B M 57 5 [358] , XVIe siècle) , après avoi r déplor é l a disparition de s
documents ancien s afférents à l'abbaye44, mentionn e une demande de »canonisation «
des saints Amé, Romaric, Adelphe et Gébétrude adressée au pape par Oda, et une campagne consécutive d'écritur e d e textes liturgique s e t hagiographiques 45. Le s seconde s
Vies d e Romari c e t d'Adelph e (BH L 732 3 e t 74) , ainsi qu e l a Translation de s saint s
Amé, Romaric e t Adelphe (BHL 75 ) datent a u plus tôt de cette époque (voir infra).
Le contenu d e ces trois textes , fort suspect , prend appu i su r un e forgerie généalo gique, dont l'objet es t d'exalter l a noblesse des origines de l'abbaye. DIDIER-LAUREN T
1901, p . 219-237, attribue une grande partie de la »légende de saint Romaric« à Valdenaire, qu'il juge très durement: no n seulemen t i l accuse, avec de bonnes raisons , l'an cien prieur d'Hérival 46 d'avoi r élev é un monumen t à la gloire de sa maison-mère plu tôt que d'avoir fait oeuvre d'historien, mai s il lui reproche également d'avoir introduit ,
pour ce faire, des faux d e sa fabrication a u sein des documents médiévau x qu'il a utilisés.
Or, bien qu'il ait compilé ses sources sans y opérer de sélection et sans les discuter,
et bien qu'il se soit fait l'écho de toutes les légendes locales, il est excessif de traiter Valdenaire de falsificateur: i l a eu entre les mains quantité de documents médiévaux, don t
certains sont aujourd'hui perdus , qu'il a traduits fidèlement l a plupart d u temps, ainsi
qu'on peut le constater dans les cas où on possède encore les originaux. Ainsi il utilise,
semble-t-il, une version médiévale de la seconde Vie d'Adelphe, encore précédée de son
prologue, dédiant l'ouvrage à l'abbesse Oda: dans le Registre de Valdenaire, le prologue
de la Vie, en français, es t suivi d'une traductio n français e trè s fidèle d'aprè s l e manuscrit BN nouv. acq. lat. 2289 {Inc. »Le bienheureux Adelphe était Sicambrien de nation,
très noble de race et en la fleur d e son premier âge il fut imitateu r de gens de bien, très
renommé .. . «). O n n e voit pas pourquoi Valdenaire aurait respecté à la lettre le contenu d e la vita, et inventé u n prologue : on peut pense r plutô t qu e l e prologue fu t sup primé, comme c'es t l e cas presque toujours , lor s du passag e du text e dans un manus crit liturgique .
l'abbesse de Remiremont et de l'abbé de Luxeuil. L'original = BNF nouv. acq. lat. 2 547, n° 6 (coll. Friry),
fut retir é de la châsse de saint Am é au XVIII e s.: »Anno incarnationi s dominic e millesim o /XL / nono ,
indictione tertia , tempore domni Leoni s non i papae , translatum es t ho c sacratissimu m corpu s sanct i
Amati confessons Christi , tertio Idu s novembris, adstantibus iussu supradicti papae, Hugone Bizonti censi archiepiscopo e t Udone primiceri o sancta e Tullensis aecclesia e et Oda, abbatissa eiusde m loci, et
Gerardo Luxoviens i abbate , régnant e e t imperant e Heinric o imperator e secundo« . L'indictio n d u
11.11.1049 est bien 3 si on utilise l'indiction impériale , comme on l e faisait souven t e n Lorraine a u XI e
siècle. On sai t par d'autres texte s que Léo n IX était à Saint-Dié le 1 6 novembre 1049 .
44 Fol . 188 v: »Les ancien s titre s d e l a fondation e t institutio n d e l'églis e Saint-Pierr e d e Remiremont, le s
premiers privilèges , les légendaires, livres, registres, chartulaires e t autres titre s ont est é perduz pa r les
accidens de s guerre s desquelle s nou s avon s faic t mentio n a chapitre précédent e t par autre s usure s d u
temps, tellement que quand les saincts confesseurs Romar y et Adelphe furent canonizéz , ce que fut faic t
(comme diet est) l'an neuf s cen s quarante neuf, n'en restai t qu e bien peu d e mémoire.« 94 9 est un lap sus pour 1049 , car Valdenaire situe bien les événements sou s l'abbatiat d'Od a e t le pontificat d e Léon .
45 Fol . 188 v, livr e IV, c : »Et comme déjà elle avait obtenu de l'authorité apostolique la canonization de leurs
saints patrons, avec congé et puissance de faire redresse r e t rédiger par écrit leurs vies et hystoires .. . «.
46 Hérival , chapitre régulier situé entre Remiremont e t le Val-d'Ajol, étai t un prieuré dépendant de Remiremont; Valdenaire le dirigea de 155 6 à 1592 (DIDIER-LAURENT 1901 , p . 219).
44
Monique Goulle t
Apparemment l e jugement d e Didier-Lauren t a été e n partie fauss é pa r so n igno rance du manuscri t Paris , BNF, nouv. acq. lat. 2288, contenant l a Vita secunda Romarici (fol . 47-55 ) e t u n réci t d e translatio n de s troi s saint s romarimontain s (fol .
172—1176v); ce actionnaire romarimontain , dat é de 1425 , est le complément d e Paris,
BNF nouv . acq. lat. 2289 , qui contien t l a Vita secunda Adelphii (fol . 165 v-168v), e t
qu'utilise DIDIER-LAUREN T 1901 , p . 225-226, pour montre r qu e Valdenaire a falsifi é
les données médiévales. Or l a citation du Registre de Valdenaire, qu'il fait précéder de
ce commentaire: »Seulement il y enchâsse un morceau inédit qu'il n'a certainement pas
trouvé dans >l'escript< auquel il a pris la précaution d e s'en référer , mai s qui traduit d e
lui-même, à la première inspection , l'interpolatio n perpétré e ave c une admirable can deurs es t bien la traduction français e d u début de la 3e leçon de la Translation; ce que
Didier-Laurent considèr e comme une interpolation d u manuscri t 2289 est en fait un e
traduction d u 2288 . S'il es t difficil e d e réhabilite r Valdenair e comm e historien , e t si ,
comme traducteur, il cède souvent au goût de l'hyperbole e t de l'ornementation, il faut
retenir, pour le traitement de s dossiers qui nous intéressent, qu'il n'est pas l'inventeu r
des légendes romarimontaines tardives .
L'œuvre d e Valdenaire fut relayé e sans aucune discussion pa r un jésuit e de grand e
renommée, Nicola s Série r (1555-1609) , d'origin e vosgienn e lu i auss i (pou r un e pré sentation du personnage et de son œuvre, voir DIDIER-LAURENT 1901 , p. 238-244). Cet
exégète et historien publia en effet à Mayence, en 1605, une étude dont Didier-Lauren t
traduit ains i le titre latin: »Une (sic) couple de comtes, illustre par la naissance et l'hé roïque vertu : le bienheureux Godefroy , d e Westphalie, e t sain t Romary , d'Austrasie ,
d'après le s manuscrits, ave c quelques petite s notes , par Nicola s Sérier , de la Compa gnie de Jésus « : il y établissait un parallèle édifiant entr e Godefroy, mor t en 1127 après
avoir renonc é à sa fortune e t à la carrière de s arme s e t fondé de s monastère s d e Pré montrés, e t Romaric . Didier-Lauren t a montré qu e l a sourc e quas i uniqu e d e Série r
était l'ouvrage de Sébastien Valdenaire, qui lui avait été expédié en Allemagne par Jean
Brisson, chanoine de Saint-Dié. Enfin, dernier maillon de la chaîne, travaillant à l'édition des Vies d'Adelphe e t de la Translation des saints Amé, Romaric et Adelphe pou r
les AASS, J. Périe r utilis e le s notes d e Chifflet, e t remarqu e (AAS S Sept. III, p. 822 )
que ce dernier faisait un e telle confiance à Valdenaire que sa copie du manuscri t Paris ,
BNF nouv. acq. lat. 2288 avait été complétée de sa main par des passages empruntés au
Registre des choses mémorables d e l'église d e Remiremont, retraduit s e n latin par ses
soins. Ce s passage s »restitués « on t ét é conservé s pa r J. Périe r dan s so n éditio n d e la
Translation. O n voi t don c à quel point l a transmission de s textes médiévau x a été viciée.
Les premiers historien s d e Remiremont, e n compilant indifféremmen t le s Vies les
plus anciennes et les plus récentes avec des textes diplomatiques, vrais ou faux, ont, aux
yeux de leurs successeurs de la fin d u XIX e et du début d u XX e siècle, jeté le discrédit
sur l'ensemble de s données documentaires de s textes hagiographiques, anciens ou récents; on n e les a pas cru s seulemen t mauvai s historiens , mai s auss i faussaires. O r c e
qui précède demande qu'on nuanc e cette position .
SHG VI : Diocèse de Toul
45
2) Les noms des personnages mentionnés dans les monuments anciens
permettent-ils de les dater?
Ce que Didier Lauren t a raison d'appele r l a »légende de saint Romaric « a pour prin cipal objet un e forgerie généalogiqu e faisan t d e Sigoberge-Cecilia un e fille d e Roma ric, e t d'Adelphe et Gébétrude-Tetta ses petits-enfants, et neveux de Sigoberge. Ce truquage généalogique a inspiré aux historiens une suspicion légitim e à l'égard d e toute s
les données onomastique s de s textes hagiographique s romarimontains , y compris le s
plus anciens, qui, si on leur faisait confiance, contiendraient de quoi dater du VII e siècle
les textes BHL 358 , 73 et 7322.
a) Même s i l'on écart e la prétendue filiatio n d e l'abbesse ave c Romaric, l'usage d u
nom doubl e Sigoberge-Cecili a fai t problème , car il n'est qu e très tardivement attesté .
Il est absent de la seconde Vie d'Adelphe (écrit e vers 1050 au plus tôt), qui, pour la première fois dans la littérature, prête trois filles à Romaric. Il n'apparaît qu e dans le récit
de translation fourni par le manuscrit Paris, BNF nouv. acq. lat. 2288. Si l'on confront e
cette dernière version ave c le texte correspondant d u Registr e de Valdenaire (o u dan s
celui de J. Périer dan s les AASS, qui retraduit Valdenair e en latin), il est assez difficil e
d'évaluer l a part personnelle de Valdenaire. Au moins, en écrivant »Segoberge fut pui s
après dénommé e Clar a e n latin , e t e n françoy s Claire , pou r caus e qu'ell e estai t for t
blanche e t belle de corps, et encore mieul x formé e e t parfaite e n toute espèc e de ver tus«, évite-t-il l'inconséquence d u copiste médiéval, sous la plume de qui on lit: »domna Sigoberga ob praecipuum corpori s candorem Caecili a nuncupata est« . Il y a manifestement un e omission (qu e le passage du fol . 172 vau fol . 17 3 après le mot candorem
peut expliquer) ou un lapsus explicable par la popularité dont jouit au XVe siècle la légende romarimontain e d e sainte Sigoberge-Cécile-Claire 47. C e passage du manuscri t
Paris, BNF nouv . acq. lat. prouve don c qu e Valdenair e n'es t pa s l'inventeu r d e l a légende; il montre aussi que, contrairement à ce que disait Didier-Laurent, ce manuscrit
n'était pa s sa seule source. Or s i Sigoberge, troisième abbesse de Remiremont d'aprè s
le Liber memorialise, était identifiable à la mater Cecilia dédicataire de la première Vie
de Romaric, on pourrait dater ce texte de la fin du VII e siècle49. Peut-être ce nom double
devient-il moin s suspec t s i on l e rapproche d'u n autre , beaucoup mieu x attesté : celui
de Gébétrude-Tetta .
b) Dans laV^ prima Adelphii (c . 6) , l'abbesse qui recueille la dépouille d'Adelphe es t
désignée par l'expressio n sancta Tetta (var . Tecta), quae et Gebedrudis, abbatissa. O r
Gébétrude est , d'après l e Liber Memorialis, la quatrième abbesse. L'auteur d e la V. secunda Adelphii paraphras e ains i sa source: »direxit ei filiam nomine Tectam (...) quae
47 Valdenair e appell e l a plupart d u temps Sigoberge »saint e Claire«. Ce surnom es t la transposition su r la
Cecilia romarimontaine d u surno m donn é à la Cécile romaine. Voir HLAWITSCHK A 1963 , p. 28-29.
48 C e livre commémoratif fu t commandé par l'abbesse Theutilde (822-865); sa rédaction se poursuivit jusqu'au XII e s. Il contient, entre autres, la liste des abbesses antérieures à l'introduction d e la règle bénédictine.
49 B . KRUSCH (MGH SRMIV, p. 221 ) note qu'il existe deux Cecilia: une abbesse que des nécrologes du XVe
siècle situent en 771 (et Krusch soulign e l'anachronisme, si les événements sont censés se situer au VII e
siècle); ou bien le nom de Cecilia cache celui de Sevilla, cinquième abbesse de Remiremont, ayant vécu à
la fin d u VII e ou a u début d u VIII e siècle (cette dernière hypothèse sembl e irrecevable à HLAWITSCHK A
1963, p . 29). Le s deu x proposition s d e Krusch , qu i tenden t à prendre l'hagiograph e e n flagran t déli t
d'anachronisme, sont dans la logique de l'historien, qui voit dans le texte un »faux«carolingien .
46
Monique Goulle t
postmodum eiusde m monasteri i mate r vocat a es t Gebetrudis « (c . 6). En revanch e l a
Translation ignor e l e nom d e Tetta, et n e contient qu e celui d e Gébétrude . Quan t a u
Liber Memorialis, i l ne connaît que les formes germanique s des noms de ces abbesses.
La pratique du nom double (un nom latin associé à un nom germanique), à cette époque
et dans cette région, n'a rie n d'étonnant, e t il n'y a pas lieu de mettre e n cause le doublon Tetta-Gébétrude. Ainsi que le suggère HLAWITSCHK A 1963 , p . 27, l'hypothèse d u
nom double est même la seule explication plausible de l'absence, dans le livre de commémoration, de s noms latin s Tetta et Cecilia, qui sont mentionné s dan s les textes ha giographiques le s plus anciens.
c) Ce constat es t une pierre dan s l e jardin d e R. MCKITTERICK , pou r qu i l a rédaction des trois Vies romarimontaines es t fortement lié e à celle du Liber Memorialis, e n
ce sens qu'il s'agirait d'une seule et même entreprise commemorative, perpétrée par les
moniales de Remiremont: »Th e Vitae Amati, Romarici, Adelphii, founding abbot s of
Remiremont, thought to have been written at Remiremont, was also surely written b y
the nun s a s part o f a n effort t o consolidat e thei r knowledg e o f thei r ow n hous e an d
complement th e Liber Memorialis i n th e establishmen t o f Remiremont' s identity «
(MCKITTERICK 1994, XIII, p. 27). L'hypothès e n'est pas à exclure absolument, mais R.
MCKITTERICK n e donne aucun e preuve de sa proposition, qu i alimente son étude de s
scriptoria féminins50. Or , comm e o n l' a vu , l'absenc e d'harmonisatio n entr e le s deu x
systèmes onomastiques v a à la fois contr e l'idée d'un e rédactio n uniqu e des vitae primae et du Liber memorialis, e t contre celle, soutenue par Krusch, que les vitae primae
de Romaric et d'Adelphe son t des »faux« d e l'époque carolingienne .
d) O n n e peut êtr e sû r no n plu s qu e l e Didon qu i a ordonné l a rédaction d e l aV ^
Amati soi t l'évêqu e d e Poitiers . L'hypothès e es t séduisante , e t a été tou t récemmen t
énoncée comme une donnée objective par DIERKEN S 1989 , p . 388 , qu i tire argument de
l'hétérogénéité d u résea u relationne l d e Didon d e Poitiers pou r conclur e a u manqu e
de cohérence et d'unification d e la vie monastique mérovingienne : »Didon, évêque de
Poitiers, était l'ami et l'allié du maire du palais Grimoald lor s du coup d'Etat d e 656; il
se trouvait d'ailleurs , ave c Grimoald , à l'abbaye pippinid e d e Nivelles lorsqu'o n dé couvrit l e corps d e l'Irlandai s Feuillen , assassin é plu s d e deux moi s auparavant ; c'es t
lui qui escort a le roi déposé Dagobert (II) vers l'Irlande, où i l fut exil é jusqu'à c e que
Wilfrid vînt l e chercher e n 676; c'est à lui auss i qu'est dédié e l a Vita Amati, l a Vie de
l'abbé de Remiremont qui avait, dans un premier temps, été séduit par les théories an ti-colombaniennes d'Agrestius . Mai s i l est auss i un paren t d e saint Lége r qui , le premier, lor s d u concil e d'Autu n de s environ s d e 655 , proposa l a règle d e sain t Benoî t
comme seul modèle à suivre par les moines (...)« 51 .
50 MCKITTERIC K 199 4 (VII, p. 28-29) propose comm e vraisemblable l'identificatio n d e Tetta, abbesse de
Remiremont, ave c l'abbesse qu e connu t Liob a (mort e e n 779) , encore novice , à Wimborne. Cett e hy pothèse soutient l'idé e que Tetta aurait pu fair e passer de Remiremont e n Angleterre le modèle des monastères doubles (sur la question de ces «monastères doubles«, le témoignage des textes romarimontain s
conforte plutô t l a postion de GAUTHIER 1980 , p. 279, selon laquelle la communauté masculine devait se
réduire à quelques homme s chargés d'aider le s religieuses; on n'en a plus aucune trace à partir du VIII e
siècle).
51 Avancé e par rapport à W O O D 1982, p. 66, n. 1: »V. Amati (...) is dedicated to a Dido, p e r h a p s th e bishop of Poitiers who was present at the burial of Foflân« (Addimentum Nivialense de Foilano, KRUSCH ,
SHG VI : Diocèse de Toul
47
Le nom d u commanditaire es t orthographié sou s la forme dido/dydo dan s tous les
manuscrits, sauf Paris , BNF lat . 5308 et 527 8 (qui son t apparemmen t d e la même fa mille), qui donnen t l a forme clydo; cette dernièr e leço n es t trè s certainemen t altérée ,
par une erreur de lecture aisément explicable. Néanmoins Dony a naguère affirmé, san s
référence n i argumentaire, et contre le c. 5 de la première Vie d'Adelphe (o ù un abbas
Garichramnus fai t rapatrie r le corps d'Adelphe d e Luxeuil à Remiremont), que »Cly do« est le successeur d'Adelphe à l'abbatiat de Remiremont52. Or, à l'exception de ceux
des deux fondateurs Am é et Romaric, aucun nom d'abbé n'es t transmis par le seul témoin ancie n qu e nou s ayon s à ce sujet, l e Liber memorialis; mêm e le nom d'Adelph e
en est absent, et il n'y a aucune trace d'un clydo. L'écriture du nom dido que l'on trouv e
au folio 40 v a été datée de la seconde moitié du Xe siècle par Schmidt et Tellenbach, et
le nom (qu i es t peut-êtr e u n hypocoristiqu e d e Desideratus ) es t pa r ailleur s trè s ré pandu: ainsi, dans la Vie de saint Léger , il n'est pa s seulement celu i de Y avunculus du
saint: le nom Did(d)on es t également le cognomen de Desideratus, évêque de Chalon sur-Saône autour d e 666, puis chassé de son siège 53.
DIDIER-LAURENT 1902 , p . 190 , n . 1 , signalait déjà la parenté de s. Léger avec le comte Eberhardt, fondateur d e Murbach; WILSDORF 198 0 fait apparaître d'étroites relation s
entre Remiremont e t Murbach; POULI N 1977 , p . 17 9 signale la probable parenté de Léger avec les Etichonides d'Alsace. Par ailleurs Poitiers appartient alors à l'Austrasie, et
avant d'être torturé et exécuté par Ebroin en 679, Léger fut exil é à Luxeuil entre 673 et
675. Le s deux Vies de Romaric relaten t l a tentative du sain t pour dissuade r Grimoal d
de commettre une erreur grave, qui pourrait bie n être le coup d'Etat d e 656. Il n'y au rait don c aucun e invraisemblanc e à ce que Didon d e Poitiers, dont l e nom es t lié à la
fois à Luxeuil et à Remiremont, ai t commandité une Vie de s. Amé, moine luxovien et
cofondateur d e Remiremont: l e poids d e Luxeuil dan s l a trilogie romarimontaine es t
si fort qu e la première Vie d'Adelphe s e réduit pratiquemen t a u récit d u retour , d e la
confession e t de la mort du saint dans ce monastère. La seconde Vie de Romaric men tionne Dido n d e Poitier s comm e accompagnateu r d e Dagober t II en Irlande , c e qu i
confirme qu e le nom d e l'évêque circulai t encor e à Remiremont a u XI e siècle, mais la
précision y figure a u titre de donnée d'historiographie générale . Reste que les dates du
séjour de Léger à Luxeuil coïncident avec la datation la plus probable de la Vita s. Amati (voir infra, p. 51).
La dédicace de la Vita Amati à Didon se fait sous la forme beatissimepapa Dido. L e
terme papa s'appliqu e e n général aux évêques: dans Yincipit de la vita secunda de saint
Léger, o n trouv e ains i l'expressio n beatissime papa, appliqué e à l'évêque d e Poitier s
Ansoald54. Selo n l e dictionnaire d e NIERMEYER , l e titre d e papa, fréquen t pou r dési MGH SR M IV, p. 449-451 ; voi r auss i Libe r Historia e Francoru m 43 , KRUSCH , MG H SR M II ,
p. 238-328) .
52 E n réalit é Don y forc e imprudemmen t un e suggestio n d e MABILLON , AAS S OSB, t. II, p. 129 : »... a d
Clydonem, forte abbate m Montis Romarici post Adelphum«.
53 MG H SR M V, p. 301: Desideratus cognomine Diddo, qui in urbe Cabillono quondam habueratprincipatum. Dido n de Chalon fut un temps l'allié de Léger contre son persécuteur Ebroïn. Voir POULIN 1977 ,
p. 178 .
54 Cett e Vie, qui a pour auteu r Ursi n d e Ligugé , et que Krusc h a datée de la fin d u VIII e siècle, est peut être de la fin d u VII e (POULIN 1977 , p. 178-179) .
48
Monique Goulle t
gner un évêque durant l'époque mérovingienne , est réservé aux papes à partir du VIII e
siècle. C'est à cette même conclusion général e qu'arriv e LABRIOLL E 1928 , p. 75, mais
sans certitude absolue: »Dans le dernier quart du XI e siècle il y avait déjà environ troi s
siècles, peut-être même davantage, que le titre de papa rendai t à peu près le même son
qu'aujourd'hui au x oreilles d e la chrétienté occidentale s L e Novum Glossarium La tinitatis Medi i aev i relèv e pou r l e IX e siècl e deu x emploi s d e c e term e a u sen s d '
»évêque«, chez Eulog e d e Cordou e e t dan s l a Vie de sain t Samson de Dol 55. L e titr e
papa autorise donc, sans lui donner pour autant de certitude, l'hypothèse selon laquelle
le dédicataire de la Vie de saint Amé serait un évêque mérovingien, peut-être Didon de
Poitiers.
3) Ces trois Vies ont-elles le même auteur? Est-ce le même que celui de la première
Vie de saint Arnoul (BHL 689-692)?
DONY 1888 , à la suite de Mabillon, AASS OSB II, p. 121 et 398, et de FRIEDRICH , Kir chengeschichte Deutschlands, t. II, 262, les a attribuées toutes trois à l'auteur anonym e
de l a Vie de sain t Arnoul , qu i affirm e avoi r véc u ave c Arnoul e t Romari c à Remiremont56. L'argumentation d e Dony est fondée sur le constat de nombreuses similitudes :
- dan s les données d u récit , en particulier a u momen t d e la mort de s quatre saint s (ils
en ont une connaissance prémonitoire, se confessent, lisen t les livres saints, et meurent
au milieu des pleurs de l'assistance);
- dan s certaines précisions de lieux et de dates {ante triennum; inpartibus Vosagi pour
désigner les Vosges, ou, plus exactement, la Vôge);
- dan s la parenté de quelques structure s syntaxiques , en particulier illud/ hoc.. . ut; si
quis;
- essentiellemen t dan s l e lexique. Dony relèv e de s emploi s récurrent s d'adverbe s e n
-im dan s le s quatre texte s (mai s i l ne cite que le s deux mots , banals, affatim, dan s le s
seules Vies d'Arnoul e t Amé, et confestim, dan s le s trois Vies romarimontaines); eremus désign e l a solitude , urna l e tombeau, subregulus l e mair e d u palai s (Grimoald) ,
vexillum crucis le signe de croix; le verbe refocillare signifie »réconforter« , quati »êtr e
secoué >de douleur<«; l'expression cum crucibus et caereis atque ingenti gaudio/triumpho es t commune à V. Arn. 2 6 et V. Ad. 6-7 .
Au c . 20 de la Vie de saint Arnoul, l'hagiograph e di t qu'il fu t témoi n d e l'incendi e
que le saint éteignit miraculeusement à Metz (le récit est fait à la première personne du
pluriel); or cet incendie eut lieu l'année mêm e de son abdication du siège episcopal, en
629. Romaric, qui était venu le chercher pour repartir avec lui dans les Vosges, était présent. Dony e n déduit que la Vie de saint Arnoul fut rédigé e par un proche de l'évêque ,
né dans la première décennie du VII e siècle, qui devint moine de Remiremont. Or dan s
les premières Vies d'Adelphe e t de Romaric, l'hagiographe emploi e à l'égard de s saints
l'expression pater noster. L a thèse d e l'auteu r uniqu e s'impos e d'autan t plu s à Don y
55 Cett e dernière est dédiée à unpapa Tigernomale. J.-Cl. POULIN la date de la première moitié du IXe siècle
(Le dossier d e Saint Samson de Dol [SHG] , dans: Francia 1 5 (1987) 715-73 1 (p . 724 pour l a datation).
Voir désormais: La vie ancienne de saint Samson de Dol: texte édité, traduit et commenté par Pierre FLO BERT, Paris 1997 .
56 V. Arnulfi, 20 : dans l e passage »Qu o audito , nos veloci gressu .. . «, nos désigne Romaric et l'auteur .
SHG VI : Diocèse de Toul
49
qu' »i l est difficile d'admettr e qu e pendant un e époque aussi barbare le même monastère ait abrité à la fois deux et même plusieurs hagiographes«. Dony tient donc ainsi le
seul hagiographe de cette région à avoir composé une oeuvre d'envergure, à côté de Jonas qui composa la Vita s. Columbani.
Etant donn é qu e pour lu i »Pabb é Clydp« , dédicatair e d e la Vie d'Ame, es t l e successeur d'Adelphe, don c en exercice après 673, Dony suppos e que ce texte fut l e dernier composé, après la Vie de Romaric e t la Vie d'Adelphe: pour lui , »il est naturel d e
penser qu'on a d'abord fai t rédiger les Vies des saints personnages les plus récents«. Vu
les sources qu'il mentionne, il est exclu qu'il ait bénéficié d e données anciennes sur les
abbés de Remiremont; aussi faut-il rejeter son argumentation, pour des critères d'ordr e
historique, mais aussi littéraires. En effet so n analyse lexicale n'est convaincante qu'e n
apparence. La plupart des analogies repérées sont banales, et touchent souvent des passages où, les faits raconté s étant les mêmes, les mots le sont également. Même le terme
urna, don t l'emplo i a u sens de »tombeau« lui paraît remarquable, se trouve dans bie n
d'autres vitae mérovingiennes 57. Enfi n se s relevé s d e loci similes établissent qu e ce s
textes appartiennent à une même aire culturelle, mais ne prouvent pas à coup sûr qu'ils
sont d'u n mêm e auteur. L a Vie de saint Arnoul es t d'une factur e tou t à fait différent e
de celles des trois Romarimontains: elle fonctionne comm e une série d'exempla (cor respondant schématiquement au x paragraphes de l'édition des MGH), l'histoire d'un e
retraite conquise à grand peine sur les pressions du siècl e (éducation, mariage, épiscopat, pressions politiques ...) . La concordance des événements relatés et les similitudes
lexicales sont des éléments insuffisants pou r conclure que l'auteur d e la prolixe Vie de
saint Arnoul a rédigé ces trois maigres Vies romarimontaines .
Récemment W O O D 1982, p. 69-70, a mis en doute l a datation mérovingienn e d e la
V Arnulfi: »Equall y interesting are the silences of certain Merovingian writers . There
is no obvious referenc e t o Jonas in the life of Arnulf, if it is a genuine seventh-centu ry text, which I doubt (...)« 58. Cette position, qui vient à contre-courant à la fois de la
critique positivist e ancienn e e t d e la critique l a plus récente 59, es t adopté e pa r D I E R 57 Entr e autres, la Vie de saint Amand , mai s ce sens est plusieurs fois attest é dans le s textes mérovingien s
(voir les index des différents volume s d e la série SRM des MGH) .
58 Le s raison s principale s d e cett e remis e e n caus e son t donnée s p . 69, n. 2: au c . 20, l'auteur s e préten d
certes témoin oculair e d'un miracle , mais celui-ci [l'extinctio n miraculeus e d'u n incendie ] est un topo s
(cf. e n part. Vita s. Martini, c. 14); d'Arnou l i l ne dit presque rien qui soit véritablement informé ; au c. 3,
SRM II, p. 433, le mot subregulus (employ é dans le même sens dansV ^ Romarici, c i l ) désign e un maire du palais ; or bie n que G . WAITZ , Deutsch e Verfassungsgeschicht e 11 / 2 , 4e éd. Graz 1953 , p. 400, signale 3 emplois similaires, seul l'un d'entr e eu x (Frédégaire, III 11, SR M II, p. 95: »Wiomadum amicus
Childerici subregulu s a b Eieio Francis instituetur«) provient d'u n text e du VII e siècle, où l e mot ne désigne pas un mair e d u palais , mais un sous-roi , comme che z Grégoir e d e Tours, Hist. I I 9. La conclu sion de Wood est que la V. Arnulfi doi t être datée de l'époque de Charles Martel, quand subregulus pou vait être synonyme d e maior domus. O r i l existe au moins deux autres occurrences mérovingienne s d e
subregulus a u sens de maior domus, dan s la V. prima Audoini, c . 15 (SRM V, p. 563): administrante Waruttone subregulo, e t dans la Passio s. Leodegarii pa r Ursin (fi n VIIe), c. 9 (SRM V, p. 331), ce qui suffi t
à ébranler l'argumentatio n d e Wood. En outre rie n ne garantit qu e l'auteur d e la Vita Arnulfi ai t voulu
donner à subregulus l e sens étroit d e maior domus: l e mot es t attesté trè s tôt dans so n sen s imprécis e t
large de »sous-roi«: voir Sulpice Sévère, chron. II, 10; Jérôme, in Nahum, I, 354, 426; III Esdr. 7, etc.
59 Mêm e Krusch ne remet pas en question la datation mérovingienne de la V. s. Arnulfi; récusan t l'idée qu e
l'auteur de s Vies romarimontaines e t de l a V de s. Arnoul serai t l e même, il écrit: »I s enim ( = Arnulf i
50
Monique Goulle t
KENS 1989, p. 388. Elle n'es t pa s infirmé e pa r l a tradition manuscrite , le s témoins le s
plus anciens datant du IX e siècle 60, mais elle reste isolée et fragile .
Concernant l e rapport entr e la Vie de saint Arnoul e t les Vies romarimontaines, la
proposition l a plus raisonnable est celle de GAUTHIE R 1980 , p. 275: l a Vie de saint Ar noul, écrite avant 653 , aurai t servi de modèle aux trois autres. Pour N. Gauthier (ibid.)
les trois Vies anciennes de s saints romarimontains »on t été écrites par une mêm e per sonne, car elles s'enchaînent san s faire double emploi«; elles datent vraisemblablemen t
du dernie r quar t d u VII e siècl e (a u momen t d e l a rédaction, i l existe encor e deu x té moins ayan t conn u Romaric ; l'auteur es t par ailleur s bie n informé d'événement s qu e
ne livre pas la Vie de saint Arnoul). Sur la question de l'unicité de l'auteur, on peut fair e
à N. Gauthier l'objectio n suivante : l'enchaînement de s trois vitae pourrai t a contrario
inviter à conclure qu e l a Vie d'Ame a eu deu x continuateurs , qu i s e sont efforcé s d e
compléter l e modèle san s le répéter. S i les trois texte s on t u n mêm e auteur, c e qui es t
possible, ce dernier n'e n donn e aucu n signe: il n'y a aucun renvo i explicit e d'un text e
à l'autre, comme c'est souven t l e cas dans ce genre de situation .
4) Les positions actuelles sur la datation des monuments anciens
Conformément à son habitude 61, c'est Krusch qui, dans son édition, avait instauré une
critique excessivemen t positivist e d u texte , dan s leque l i l voyait un e œuvr e carolin gienne. Il a suscité l'adhésion d e Hlawitschka, qui donne pour date de composition des
trois vitae romarimontaine s (du même auteur à ses yeux) une fourchette comprise entre
817 (date d'adoption d e la règle bénédictine à Remiremont: HLAWITSCHK A 1963 , e t terminus a quo de l'œuvre, en raison de la mention d'un curator hospitum e t d'un puer officialis à Luxeuil, et d'un procurator monasterii à Remiremont) e t 850 (entrée des trois
saints dans les martyrologes carolingiens, selon HLAWITSCHK A 1963,17) : c'est la même
datation que pour le Liber Memorialis de Remiremont, l e terminus a quo des textes hagiographiques étan t fondé su r les témoignages de l'application d e la règle bénédictine.
Mais, ainsi que le souligne GAUTHIE R 1980 , p. 275, ces fonctions on t pu existe r dès le
VII e siècle, la plupart des monastères d'origine colombanienn e suivan t une règle mixte; o n vient de voir que la datation d e GAUTHIE R 198 0 paraît la plus raisonnable .
W O O D 1982 juge mérovingienne l a Vie de saint Amé, mais non cell e de Romaric e t
Adelphe: »The Tome of Leo 62 would hav e been an ambiguous document i n the Tricapitoline schism. The oddity o f the whole episode leads me to accept that Vita (Amati )
as genuine, although I share Krusch's scepticism about the Vitae of Romaric and Adel-
biographus) aucto r gravissimu s ubera narration e excelli t atque etiam documenta genuina afferr e pote rat, veluti litteras Chlotharii regi s ad Arnulfum datas « (MGH SR M IV, p. 210, c. 11; à propos d e la V. s.
Arnulfi: »Vit a a scriptore composita est, qui res Arnulfi e t a familiaribus eiu s accepit et ipse vidit« (SR M
II, p. 428). Cette position es t reprise par GAUTHIE R 1980 , p. 373, qui date le texte de 650 environ.
60 L e terminus ante quem es t néanmoins la Vie de saint Hubert (rédigé e entre 743 et 750), qui lui est redevable.
61 Su r les conceptions historiographiques de Krusch voir M. HEINZELMANN, dans: ID. et J.-C. POULIN, Les
Vies anciennes d e sainte Genevièv e de Paris (Bibliothèqu e d e l'Ecole pratiqu e de s Hautes Études , IVe
section, 329), Paris 1986 , spec. p. 3-10.
62 Pou r le Tome de Léon à Flavien, voir infra, p. 54, le dossier d'Amatus .
SHG VI : Diocèse de Toul
51
phius« (p . 66, n. 1); »Amatus had close links with Luxeuil, his biography seem s to b e
an authentic seventh-century text « (p . 70).
Au risque d'introduire dans le débat une source de confusion supplémentaire, si Ton
recherche un contexte historique favorable à l'instauration d'un e campagn e d'écritur e
hagiographique, o n pourrai t suggére r encor e l'époqu e d e la première translatio n de s
reliques de s trois saints , sous Loui s l e Pieux, le 1 7 mai 81 8 (PARISS E 1980 , p. 51 propose cette date pour la Vie de Romaric, la Vie d'Ame étan t jugée plus ancienne; le dossier d'Adelphe n'es t pas traité).
5) Conclusion
On voi t à quel point tou s les éléments du dossier sont étroitement liés et demandent à
être traités conjointement: s i on estime que Valdenaire a lu des textes plus complets que
ceux don t nou s disposons , e t qu'i l es t un maillo n fiabl e d e l a chaîne d e transmissio n
des témoins, on peut - san s réhabiliter pour autant la légende généalogique liant, pour
des préoccupations d e politique monastique , le s premières abbesses à la descendanc e
de Romaric -, admettr e qu e l'identificatio n d e Sigoberge à Cecilia et de Gébétrud e à
Tetta a une réalité historique, et qu'il y a donc dans les trois Vies romarimontaines le s
plus ancienne s d e quo i accepte r l a datatio n mérovingienn e affirmé e pa r le s hagio graphies. C'est cett e datation que nous adoptons dans les dossiers qui suivent. Leur rédaction par un auteur unique, de sexe féminin o u non, est du domaine du possible, sans
plus.
AMATUS
Amatus (fr . Amé, Amat)
f 13 . IX. {ca. 620 ) à Remiremont (Vosges )
moine à Saint-Maurice d'Agaune , pui s à Luxeuil, cofondateur (c . 614) et premier ab bé du monastèr e d'Habendum (Remiremont )
Dossier
Vita
BHL 35 8
la. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Imperiis tuis, beatissime papa Dido (var . Dydo, Clydo), eloqui o
quidem pauper e
Des.: tamquam scilice t litteratis viam huius itineris ostendens .
lb. Vit a (28 chapitres)
Inc.: Ille denique temporibus Dagobert i regis sicut moribus egregiu s
Des.: per eius interventum salvando s se fore non dubitant , ips o
largiente (qui cum Pâtre ... )
52 Moniqu
e Goulle t
V i t a s. A m a t i BH
L 35 8
/. Manuscrits
Dans l a moitié enviro n de s treiz e témoin s manuscrits , daté s d u XI e a u XVe siècle , le
texte de la V Amati es t accompagné de celui de la V Romarici et/o u d e la V Adelphii.
Si l'on except e un e copi e d u XVe siècle (Bruxelles , BR 858-61 , voir infra), le témoi n
partiel du légendier de Cîteaux (Dijon, BM 638-642 [383], t. 5, fol. 69 (voir n. 34), plusieurs représentants d u Liber de Natalitiis: Montpellier , Méd. 1 , t. 2, fol. 33-36; Paris,
BNF lat . 16733, fol. 14-1 6 (Saint-Martin-des-Champs 1.2) ; Paris, BNF lat. 17006, fol.
25-28 (Feuillants 58.5); Paris, BNF lat. 5353, fol. 29-31) et un lectionnaire rédigé à Remiremont en 1425 (Paris, BNF nouv. acq. lat. 2289, fol. 169-174) , le texte se trouve exclusivement dan s des légendiers d'origine lotharingienn e o u limitrophe , dont certain s
ont déj à ét é examiné s dan s l e dossier d e Mansuetus : Wolfenbùttel, Herz . Bibl . Aug.
2738 (76.1 4 Aug. fol.), fol . 15-16 ; Paris, BN F lat . 5278 , fol. 202 v-205v (Cat. Paris. I,
p. 472 , n° 98); Paris, BNF lat. 5308, fol. 37 v-40 (Cat. Paris. II, p. 65, n° 17) ; Trier, Bibl.
Sem. 35 {V Romarici, Amati, Adelphii [Des . c. 8] = fol. 65-71 v).
Châlons-sur-Marne, B M 56 (60)°°
Datation: exXI/inXI P siècle : LEVISON, p. 577, n° 147 ; PHILIPPART 1971 , p . 79-80.
Origine: Saint-Pierr e d e Châlons, comme e n attestent l a mention »Libe r Sanct i Petri,
auferenti anathema«, la table du volume et la liste des censitaires de l'abbaye Saint-Pier re de Châlons au x fol. 1-2 . Gu y Philippar t a montré qu'i l ne s'agissait pa s du manus crit apporté à Châlons par Richard, abbé de Saint-Vanne de Verdun, en dépit de la présence de textes lié s au diocèse de Verdun o u à la personne d e Richard (Vie s des s. Syméon ermite [BHL 7963]; Amand [texte composite], Vaast [BHL 8506] et Paul, évêque
de Verdun [BH L 6600]) .
Coordonnées du texte: fol. 77-85.
Contexte: Vie s de saints confesseurs , ave c une forte présenc e d e saints de la province
ecclésiastique d e Trêves.
Bruxelles, BR 858-861 (Va n den Gheyn 3139 )
Datation et origine: premier tom e d'u n légendier , don t i l rest e troi s volume s su r le s
quatre d e la collection (ROCHAI S 1975 , t. I, p. 5-6), écri t de 149 0 à 1493, par Antoin e
Vlamincx {alias Antoine d e Berg-op-Zoom), à Corsendonck, prè s d e Turnhout: VA N
DEN GHEY N 1905 , p . 99 .
Coordonnées du texte: fol . 295 v-298 (san s le prologue): VAN DE N GHEY N 1905 , p. 95,
n° 142.
Utrecht, Bibliotheek de r Rijksuniversiteit 39 1 (Eccl. 21)
Datation: écri t par l e Chartreux Swede r d e Boecholt, e n 142 4 (mention a u fol. 232r):
Cat. codd. bibl. univ. Rheno-Trajectinae, t . 1,1887 , p. 134-135; LEVISON 1920 , p. 834;
GUMBERT 1974 , p. 80-90.
Origine: Chartreus e de Nieuwlicht, près d'Utrecht 63 .
Coordonnées du texte: t . 2 , fol. 173-176 : »Ite m terci a décim a di e >septembris < sanct i
Amati abbati s et confessoris«. Inc.: Temporibus Dagobert i regis (c. 2). Des. c. 17: sal63 L e no m médiéva l comple t d e c e couvent d e Chartreu x es t domus sancti Salvatoris sive Nove Lucis in
valle Florum extra muros Traiectenses (GUMBERT 1974 , p. 61).
SHG VI : Diocèse de Toul
53
vandas (sic ) s e esse no n dubitant , prestant e domin o Ies u Christo , qu i vivi t e t régnâ t
Deus per omni a secula seculorum . Amen . L e texte es t très proche d u manuscri t 3 de
B. Krusch ( = Paris, BNF lat . 5308), mais moins bon e t souvent lacunaire .
Contexte: le s trois tomes du manuscri t 39 1 forment ave c les deux tomes du manuscri t
390 le s cin q volume s d'un e collectio n hagiographiqu e complèt e (GUMBER T 1974 ,
p. 72-73) . Une mentio n a u fol . 6 V du t . 2 fait apparaîtr e qu e l e manuscrit es t l a copi e
d'un exemplar ayant apparten u a u chapitre cathedral d'Utrecht, qu i demeure aujour d'hui introuvable : Que sequuntur sumpta sunt secundum ordinem mensium et dierum
tocius anni, de secundo volumine passionalis dominorum ecclesie traiectensis, scilicet de
parte estivali. I l y a lieu d e s e demander s i cet exemplar ne serait pa s l a collection e n
quatre volumes que les Bollandistes désignent sous le nom de Légendier de Saint-Sauveur d'Utrecht , e t dont l a table alphabétiqu e figur e au x fol. 19 5 sqq. du Ms. 98 de la
Bibliothèque de s Bollandiste s d e Bruxelles; en tout ca s la présence de s même s texte s
rares dans les deux légendiers conforte cett e hypothèse (voi r DOLBEA U 1975) .
Bruxelles, Société des Bollandistes, Collectanea Bollandiana 142, p. 25-28 est une copie du XVII e siècle , fournie pa r Chifflet , don t l e modèle médiéva l es t le légendier d e
Saint-Sauveur d'Utrech t (voi r supra, Utrecht, Bibliotheek de r Rijksuniversiteit 391) .
IL Editions
L'édition d e référence es t celle de J. PÉRIER, AASS Sept. IV, p. 103-108, qui repose sur
trois des meilleurs témoins: Paris, BNF lat. 5308; Trier, Sem. 35; Bruxelles, Société des
Bollandistes, Collectanea Bollandiana 142 .
L'édition d e J. MABILLON , AAS S OS B II, p. 129-13 5 avai t ét é établi e d'aprè s l e seul
manuscrit Paris , BNF lat . 5308. Celle de GUINO T 1859 , p. 369-374 64, est de moindr e
intérêt, en raison du choix du manuscrit unique sur lequel elle repose (Paris, BNF nouv.
acq. lat. 2289, manuscrit liturgiqu e d u XVe siècle) et des infidélités qu i en affectent l a
transcription.
L'édition critiqu e de B. KRUSCH, MGH SR M IV, p. 215-221, Hanovre, Leipzig, 1902,
repose sur les manuscrits suivants: 1) Paris, BNF lat. 5294; 2) Trêves, Sem. 35; 3) Paris,
BNF lat . 5308; 4) Châlons, BM 56 (60); 5) Paris, BNF lat . 5353. Conformément à son
habitude, KRUSC H donn e u n text e tronqué, par suppression , au x c. 4, 7 et 10 , de fait s
jugés tro p fabuleux ; cel a limit e l'intérê t d e so n texte , qui repos e pourtan t su r u n ex cellent choix de manuscrits, représentatifs d e l'ensemble d e la tradition 65.
Il existe une traduction français e d u texte édité par Krusch : M. PARISS E et alii, Vies
de saint Amé et de saint Romaric, nouvelle traduction de s vitae d u Moyen Age, dans:
Le pays de Remiremont 3 (1980) p. 51-56.
777. Examen critique
a) résultats:
L'auteur d u text e a certainement véc u à Remiremont; l e terminus a quo est 630 environ (dat e vraisemblable de la mort d u saint: GAUTHIE R 1980 , p. 284).
64 L e titre en est: »Légendes extraites d'un manuscri t liturgiqu e qui porte la date de 1425« .
65 Le s références qu i suivent renvoien t à l'édition de s AASS.
54
Monique Goulle t
b) résumé analytique :
Issu d e l'aristocratie grenobloise , d'un pèr e nommé Héliodore , Amé a vécu a u temp s
du roi Dagobert. Consacré très tôt au monastère de Saint-Maurice d'Agaune, où il demeure une trentaine d'années, il mène ensuite durant trois ans une vie érémitique dan s
la région, et son séjour devien t l e théâtre de miracles. Il suit Eustasius à Luxeuil, et ce
dernier le charge d'une missio n d'évangélisation e n Austrasie, où il convertit Romari c
à la vie monastique. Il fonde ave c lui le monastère d'Habendum, dan s un lieu que l'ha giographe ne précise pas; il y instaure la lausperennis; l a première abbesse en est Macteflidis. Les deux fondateurs transfèren t ensuit e l'établissement su r la montagne voisine; Am é se ménage, un peu à l'écart, un abri au creux d'un roche r et ne rejoint l a communauté qu e l e dimanche ; i l accompli t d e nombreu x miracles , qu e l'hagiographe ,
conformément a u lieu commun pauca ex multis, n e peut rapporte r qu e partiellement .
Averti de la date de sa mort, Amé passe près d'une anné e sur son lit d'agonie e t meur t
en se faisant lir e la lettre du pap e Léo n à saint Flavien 66. A sa demande, il est ensevel i
sur le seuil de l'église Sainte-Marie, et, une année plus tard, transféré à l'intérieur d e la
même église. Sa sainte mort marque le début de la prospérité du monastère, bénéficiair e
de la générosité royale et de nombreuses donations .
c) sources:
Les circonstance s d e l'établissemen t d'Am e à Luxeui l e t l a fondatio n d'Habendu m
concordent ave c la version qu'e n donn e l a Vita s. Columbani pa r Jonas (II , 10)67: en
614, Clothair e II avait envoyé Eustasius à Bobbio pour en ramener Colomban, et c'es t
à son retour qu e l'abbé convainqui t Am é de le suivre à Luxeuil. Néanmoins Jonas ne
mentionne pas le rôle d'Ame dans la conversion de Romaric, dont il dit seulement qu'i l
s'est conformé à l'exemple d e Colomba n e t à la prédication d'Eustasiu s pou r fonde r
un monastèr e sur ses biens propres.
L'affaire d'Agrestius , qui reste implicite dans la Vita s. Amati, es t relatée longuement
par Jonas, dans sa Vie de s. Eustasius68. La Vita s. Amati, san s contredire le récit de Jonas, n'en es t pas directement inspirée .
B. Krusc h relève certaines concordances littérale s avec la première Vie de saint Ar noul, évêqu e d e Metz 69:V ^ Amati, c . 2: Ille denique temporibus Dagoberti regis = V
Arnulfi, c . 1 : Temporibus denique Dagoberti regis; V. Amati, c . 1 1 = V. Arnulfi, c . 6:
Temporibus autem Mis (...) tune forte fuit ut; plus convaincant e est , dan s ce s même s
66 Pou r cette affaire, voi r GAUTHIE R 1980 , p. 176-178 et 280-283. Agrestius, moine de Luxeuil parti évan géliser les païens d'Aquilée, avait adhéré aux Trois-Chapitres e t essayé de convaincre Eustasiu s de fair e
de même. Ce dernier l'ayant excl u de la communauté, Agrestius s'employa à combattre l a règle colombanienne et à semer le désordre dans le s monastères colombaniens . I l faillit rallie r à lui Amé et Roma ric, momentanémen t e n froid ave c Eustasius, ainsi que tout l e monastère d'Habendum. Mai s d'après l a
Vita Eustasii, c . 6-16 (AAS S OSB II, p. 118-122) , la vengeance divin e s'abatti t su r l e monastère et , un
an plus tard, Agrestius mouru t assassiné , conformément à une prophétie d'Eustasius . Amé et Romari c
se réconcilièrent ave c l'abbé, e t tout rentr a dan s l'ordre . L e Tome à Flavien avai t défin i l a position d e
Rome lor s d u concil e d e Chalcédoine , e n 451 . Pour l'interprétatio n d u gest e d'Ame , voi r GAUTHIE R
1980, p.282-283 .
67 AAS S OSB II, p. 120.
68 Vitae Columbani abbatis discipulorumque eius libri duo, AAS S OSB II, p. 118-122, dont l e livre I est
une V. Columbani e t le livre II, 7-10 un e V. Eustasii.
69 BH L 689-692 .
SHG VI : Diocèse de Toul
55
chapitres, Putilisation similaire de Le 11,33 et Matth. 5,1 5 (le saint est une lumière qu'il
ne faut pa s mettr e sou s l e boisseau), mais il s'agit d'un topos hagiographique rebattu ,
si bien qu'on n e peut guèr e conclure à une utilisation direct e de la V. Arnulfi. Krusc h
relève encore un e similitud e entr e l'annonc e d e l a mort d e Macteflidis pa r un e étoil e
gigantesque sortie du monastère (c. 17) et l'apparition d'un e masse ignée dans la V Columbani, II, 19, mais ce genre de prodige es t également un topos hagiographique.
Le texte contien t u n gran d nombr e d e citation s scripturaire s explicites : Ps. 117 , 6
(c. 9); Ps. 15, 5 (ibid); Matth. 5 , 15 (c. 11); Jac. 5, 3 (c. 12); Le. 6, 24 (c. 13); Matth. 19 ,
16 (ibid); Matth. 19 , 17 (ibid); Matth. 19 , 18-21 (ibid); I Pierre 5 , 8 (c. 16) ; Jac. 4, 7
(ibid.), primatus (c . 2, texte de Paris, BNF lat. 5294; var. primates e t scolares) au sens de
primus semble un hapax .
d) discussion critique :
Pour la dédicace à unpapa Dido (Dido n de Poitiers?), voir supra, p. 46-48. - Le s autres
éléments d e critiqu e intern e son t relativemen t infructueux . L'hagiographe , soucieu x
d'établir l a véracité des faits miraculeu x qu'il relate, affirme qu'o n en voyait encore les
marques à l'époque o ù i l écrit: il aurait ainsi constaté lui-même sur le toit de la cahute
du sain t l a présence d'un e poutr e miraculeusemen t agrandie , et vérifié qu e l a réserv e
d'eau d e s a citerne étai t devenu e inépuisable , fait s qui , à supposer qu'il s soien t véri diques et non de simples topoi, ont pu se produire très longtemps après la mort du saint.
De la phrase: »Porro sanctus Amatus, semper heremi secretum diligens, infra profun da vastaque Vosag i castru m repperiens , sicu t impraesentiu m cernitur , monasteriu m
transmigravit«, o n n e peut pa s davantag e tire r d e conclusio n su r l a situation d u mo nastère à l'époque d e la rédaction de la vita, car le verbe cernitur peu t avoir pour suje t
castrum auss i bien qu e monasterium; l'hagiograph e peu t ains i écrir e à une dat e o ù l e
monastère s'es t établ i dan s l a vallée (aprè s 818) , l'ancien castrum étan t encor e visibl e
sur le mont, ou bien au contraire à une époque où il est encore, ou à nouveau, situé sur
les hauteurs, c'est-à-dire avan t 81 8 ou duran t un e période d'invasions qu e mentionn e
le récit de translation, mais qu'on a du mal à situer chronologiquement (fi n IX e ou début Xe siècle?)70. La mention des donations royales à la fin du texte sont indatables tou t
autant. Auss i l a critique actuell e est-ell e divisé e entr e partisan s d'un e datatio n haut e
(fin d u VII e s.) et tenants d'une datatio n carolingienne .
Néanmoins, nu l argumen t défininiti f n' a ét é avancé contre un e datatio n mérovin gienne. La façon don t l'hagiographe évoqu e la durée de l'abbatiat d e Macteflidis (duorum, ut conicior, annorum curricula) laisse à penser qu'i l écri t asse z longtemp s aprè s
les événements qu'il relate, mais pas assez longtemps pour que se soit perdu l e souvenir d e l'affaire d'Agrestius , qu i es t évoqué e pa r l'allusio n a u Tome à Flavien, absent e
de la Vie d'Eustasius pour des raisons évidentes. On ne peut que souscrire aux conclusions de GAUTHIE R 1980 , p. 282 et W O O D 1982, p. 66: ce geste inattendu sor t des topoi
habituels, et en garantit l'authenticité. Pou r que le geste d'Amatus conserv e sa charge
symbolique, il fallait qu e le souvenir de la querelle des Trois Chapitres soi t encore assez vif dans les esprits.
70 Voi r infra, p. 66-68, l'examen critiqu e des Translationes et Miracula.
56
Monique Goulle t
Le nombre très important des variantes du texte de la vita atteste la fréquence d e ses
transcriptions e t s'accorde lui aussi avec une datation haute .
ROMARICUS
Romaricus (fr . Romaric , Romary )
t 8 . XII. 653 (?) à Remiremont (Vosges )
cofondateur e t second abb é du monastèr e d'Habendu m (Remiremont )
Dossier
1. Vita prima BH
L 732 2
la. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Poscis, magnifica mate r sanctarum virginum domn a Caecili a
Des.: potius oboedienti a qua m facundia parebo .
lb. Vit a (17 chapitres)
Inc.: Itaque beatus Romaricus nobili s in palatio atque parentibus sui s clarus
Des.: quae praeparavit Deu s diligentibus s e (cui gloria ... )
2. Vita secunda BH
L 732 3
2a. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Postquam genu s humanum i n primo parente praevarican s
Des.: non gravabo r summati m perstringer e a quibus norma m
sumpserit religionis .
2b. Vita
Inc.: Tempore Sigeberti regis Burgundiorum e t Austrasioru m
beatissimus Columbanu s
Des.: et obsecrationibus dilect i sui Romarici coronando s perduca t
ad régna metae nescia .
3. Translationes et Miracula ss. Romarici, Amati et Adelphii BH
L 75
(Voir le dossier d'Adelphe, infra)
1. V i t a p r i m a s . R o m a r i c i BH
L 732 2
/. Manuscrits
Outre un e copi e d u XVII e siècl e (Paris , BN F lat . 11770) , e t u n manuscri t détrui t
(Munster, Univ . Monasteriensis 23 ) (catal. STAENDER , 214 , IV), il existe cin q témoin s
anciens déjà cités dans les dossiers de Mansuetus et d'Amatus, et qui offrent tou s la trilogie romarimontain e complète : Paris, BNF lat . 5294°°, fol. 90-95 v ; Châlons, BM 56
(60)°°, fol. 85-90; Wolfenbùttel, Herz. Bibl. Aug. 2738 (76.14 Aug. fol.), fol. 14-15; Paris, BN F lat . 5308°° , fol . 352 v-354; Trier , Bibl . Sem . 35 , fol . 65-67 . U n manuscri t
contient la seule Vita prima Romarici:
Bern, Burgerbibliothek 2 4
Datation: inX P siècle: H. HAGEN , Catalogus Codicum Bernensium, Bibliotheca Bon garsiana, Bern 1875, p. 14-18; LEVISON 1920 , p. 557, n° 36.
SHG VI : Diocèse de Toul
57
Origine: Provinc e ecclésiastique de Trêves (Toul ou Metz? )
Coordonnées du texte: fol. 3 v-5
Contexte: Vie s de saints. D'après l a table du XIVe, au dernier folio, presqu'un tier s du
manuscrit primitif es t perdu .
Voir H. TRITZ, Die hagiographischen Quellen zur Geschichte Papst Leos IX. Eine Untersuchung ihrer Uberlieferungs- un d Entstehungsgeschichte , dans : Studi Gregorian i
4 (1952) p. 195-196.
Deperditum
*Mûnster, Univ . Monasteriensis 2 3 (catal. Staender, 214, IV): détruit e n 1945.
Voir supra, le dossier de s. Mansuy, p. 20.
Coordonnées du texte: fol. 256 v-258.
77. Editions
e
MABILLON, AASS OSB II, p. 416-420 (2 éd., p. 399-403).
KRUSCH, MGH SR M IV, p. 221-225 (les c. 6, 7,10 sont tronqués).
Pour les manuscrits
utilisés par les deux éditeurs, voir supra, le dossier d'Ame, p. 53.
Traduction française : M . PARISS E et alii, Vies de saint Am é e t de saint Romaric , nou velle traductio n de s Vie s d u Moye n Age , dans : L e pay s d e Remiremon t 3 (1980 )
p. 57-6 0 (d'aprè s l'éditio n d e Krusch , mai s le s lacunes on t ét é complétées à l'aide d e
celle de Guinot).
777. Examen critique
a) résultats:
L'auteur est un moine de Remiremont, comme en atteste l'expression du c. 1 : sanctipatris nostri Romarici acta. Le terminus a quo de la rédaction est 653, date supposée (avec
un faible risque d'erreu r selo n GAUTHIE R 1980 , p. 286) de la mort d e Romaric.
b) résumé analytique :
La vita prima se veut le récit de la conversion d e Romaric au monachisme. Noble laïc
menant un e vi e pieuse, i l est victim e de s persécution s d u ro i d e Bourgogn e Thierr y
(mort en 613) sur son frère Theutbert, ro i d'Austrasie (mor t en 612). Les biens de son
père, tué dans cette rivalité, sont rattachés au fisc royal. Venu à Metz supplier Aridius ,
l'évêque d e Lyon, d'intercéder e n sa faveur auprè s d e Brunehaut, i l reçoit e n guise de
réponse u n cou p d e pied e n plein visage. Il implore l'aid e d e saint Martin, e t Thierr y
meurt l e jour même . Aridius e t Brunehaut lu i restituent se s biens et implorent s a clémence: il leur permet d e quitter Metz . Il devient alor s palatin d e Clothaire II et suit à
Luxeuil saint Amé, avec qui il fonde le monastère d'Habendum (Remiremont) . La narration s e compose ensuit e de la relation d e plusieurs miracle s accomplis d u vivant d u
saint (les miracles occupent a u total presque deux tiers du texte), entrecoupée du réci t
de son voyage à Metz pour mettr e en garde le maire du palais Grimoald (u n chapitre),
du réci t de sa mort (u n chapitre) et de ses miracles post mortem (cinq chapitres) .
c) sources:
B. Krusch a relevé plusieurs similitude s ave c la Vita s. Arnulfi (BH L 689-692) : le c. 2
fait écho à V Arnulfi, c . 11 et c. 4; le c. 7 reprend V Arnulfi, c . 11, le c. 9 V Arnulfi, c . 5.
En réalité , si les éléments documentaire s d u text e s'accorden t ave c ceux d e l a Vie de
58
Monique Goulle t
saint Arnoul, le s emprunts direct s son t trè s limités : les c. 19-2 0 de la V Arnulfi, pré sentant la part que prit Romaric à l'organisation d'un e retraite vosgienne pour Arnoul ,
sont surtou t consacré s a u récit de l'extinction miraculeus e d e l'incendie d u palai s pa r
le saint messin, miracle qui ne rencontre aucu n écho dans la Vita Romarici.
Il y a 2 citations scripturaires : Matth. 19 , 20 (c. 5); I Cor. 2, 9 (c. 11).
d) discussion critique :
Voir supra, p. 42-51, la discussion liminaire .
2. V i t a s e c u n d a s . R o m a r i c i BH
L 732 3
7 Manuscrits
Outre trois témoins du Liber de Natalitiis: Paris , BNF lat. 16735, fol. 152-156 v(SaintMartin-des-Champs 1.4) ; Paris, BNF lat. 17007, fol. 155-16 1 (Feuillants 58.6); Montpellier, Méd. 1 , t. 3 (s. fol.), il subsiste un manuscrit liturgique composé en 1425: Paris,
BNF nouv. acq. lat. 2288, qui donne deux larges extraits du texte: fol. 47-55 (12 leçons
in natale s. Romarici) e t fol. 57-5 9 ( 4 leçons in octavo s. Romarici). L e légendier cis tercien Dijon , BM 643 [383], en donne un extrai t a u fol. 1 (Inc. Theodeberti regis vir
egregius nomine Romarici clarissimis parentibus .. . ).
IL Editions
A. GUINOT , Etud e historique su r l'abbaye d e Remiremont, p . 377-88 (éditio n établi e
d'après l e manuscrit liturgiqu e BNF nouv . acq. lat. 2288, avec des infidélités) .
N. SÉRIE R (Le P. Nicolaus Serarius), Comitum par, génère potentia, opibus heroicaqu e
virtute inclytum: B. Godefridus,... S . Romaricus,..., Mayence 1605 : cette édition, »issue de la collation de plusieurs manuscrits«, est signalée par J. PÉRIER , AASS Sept. III,
p. 811 , n. 12, mais ne figure pa s dans la BHL (voi r le Cat. gén. des livres imprimés d e
la BNF, 1.170,1947, c . 885).
III. Examen critique
a) résultats:
La vita secunda appartien t à une campagne de réécriture tardive (vers 1050?) ; l'auteur
est, selon toute vraisemblance, un Romarimontain .
b) résumé analytique :
Le prologue prononce l'éloge de ceux qui choisissent de mener une vie cénobitique o u
érémitique, et propose la vie de Romaric comme modèle de conversion. Un préambu le historiographique, justifi é dan s le prologue par le s explications qu'i l apport e su r la
vocation monastiqu e d e Romaric, fait éta t de s luttes qu i opposèren t Thierr y (l e »ty ran«) et Theutbert (l e »bon roi«).
Sur cett e toil e d e fond historiqu e es t rappelé e l'arrivé e e n Gaul e d e Colomban , l a
fondation d e Luxeuil, les démêlés du saint irlandais avec Brunehaut, sa fuite, puis l'installation d'Eustasius comm e abbé de Luxeuil, sa prédication e n Bavière et Hongrie, et
la mission d'Ame en Austrasie. - L'hagiograph e introduit ensuite le personnage de Romaric, fils de Romulfe e t Romulinde, familier d u palais et proche de saint Arnoul, fu tur évêque de Metz, avec qui il projette d e se retirer à Lérins, alors très florissant. Victime des querelles entre Thierry et son frère, il voit son père tué et son patrimoine rat -
SHG VI : Diocèse de Toul
59
taché au fisc royal. L'invocation d e saint Martin lui permet de se venger en obtenant la
mort de Thierry e t la récupération d e ses biens. Tout rentre dans l'ordre ave c Clothaire et c'est à ce moment-là que, redevenu grand du palais, Romaric reçoit la visite d'Ame,
qu'il sui t à Luxeuil, alors célèbr e dan s l e monde entie r e t peuplé d e si x cents moine s
environ. Romaric y montre un goû t particulier pour le s travaux manuels , le jardinage
surtout, e t un zèl e remarquable dan s la récitation de s psaumes. Il manifeste le s qualités colombaniennes pa r excellence que sont l'humilit é e t l'obéissance .
c) sources:
La trame du récit est constituée par la Vita prima Romarici, don t o n retrouve des passages entiers, enrichis par des données empruntées :
a) à la Vita s. Columbani pa r Jonas:
- l a généalogie royale placée en tête du text e est une paraphrase de V. Columb. 18 .
- l'arrivé e d e Colomban su r l e continent (»beatissimu s Columbanus , omni sanctitat e
et religione praeditus ... . choruscos fulguranti s luci s radios in toto orb e diffudit«) es t
un compendium de V Columb. 2 (v. 1-14).
- l'avènemen t d e Clothaire II est rattaché à une prophétie d e Colomban (»Columba nus .. . Clotariu m ver o triu m regnoru m monarchi a potiturum spirit u sanct o illustra tus praedixit« es t une citation de V Columb. 29) , dont le souvenir plane ainsi sur l'en semble de la vita et donc sur l'histoire d e la fondation d e Remiremont .
b) à l'historiographie général e de l'époque mérovingienne : »Decedente tempore, Sigiberto rege mortuo, praedictus Grimoaldu s Dagobertu m su i senioris Sigiberti regis filium totondi t e t per Didonem Pictavense m episcopu m i n Scotiam a d peregrinandu m
misit, filiumque suu m regem constituit »es t une citation quas i littérale du Liber historiae Francorum (MG H SR M II, p. 316).
Un des apports les plus originaux de la vita secunda est le commentaire que fait l'ha giographe d e l'institution pa r Romari c d e sep t foi s douz e groupe s d e moniales pou r
chanter l a laus perennis (qu i n'es t jamai s cité e sous ce s termes). Un trè s lon g passag e
sur l a symbolique de s nombre s e t la Jérusalem célest e apparent e l e texte davantag e à
une glose biblique qu'à un récit hagiographique (c e passage a disparu d u manuscrit liturgique de 1425). La tendance à la glose et à l'exégèse se manifeste encor e dans le goût
de l'hagiograph e pou r le s remarques d e type étymologique : l e nom d e l'évêque Ari dius, qui donna un coup de pied en plein visage de Romaric, doit s'expliquer, selo n lui,
par Pétymologie latin e aridus ( = qui n' a pas été irrigué par l a rosée de la piété divine )
et no n l e gre c ares, »qu i signifie : vertu« . L e commentair e su r l a symboliqu e de s
nombres es t directement inspir é d'Apoc. 1-2 , 1 5 et 21 71 .
d) discussion critique :
La vita secunda es t enviro n troi s foi s plu s longu e qu e so n modèle . O n retrouv e le s
mêmes élément s biographique s qu e dans la vita prima, complété s pa r l e nom de s pa rents du saint , et par une insistance accru e sur le rang qu'il occup e au sein de l'aristo cratie; le nom de Romulfe fu t port é par un comte du palais au service de Childebert II
vers 590 (PARISS E 1990 , p. 27).
71 Voi r H. MEYER, R. SUNTRUP , Lexiko n de r Mittelalterlichen Zahlenbedeutunge n (Mùnstersch e Mittel alterschriften, 56) , Munich 1987 , c. 479-565 pour l e nombre 7 , et c. 620-645 pour l e nombre 12 .
60
Monique Goulle t
L'architecture d'ensembl e e t les visées des deux vitae son t fort différentes . Dan s la
vita secunda, le s débuts de Remiremont sont replacés dans l'histoire mérovingienne et
dans le mouvement de s fondations colombaniennes , où Luxeuil occupe une place importante. Le préambule historiographiqu e a des visées édifiantes: Romaric et Colom ban furent tou s deux victimes des abus de princes comme Brunehaut et Thierry, et tous
deux ils eurent l e pouvoir miraculeu x d'obteni r l e châtiment d e leurs bourreaux; tou s
deux furent de s fondateurs, e t Colomban es t présenté comme le moteur d e la vie monastique e n Gaule ; e n rapprochan t d e lu i Romaric , l e texte garanti t l a nobless e e t l e
prestige d e Remiremont . Cett e réécritur e d e typ e historiographique , centré e autou r
d'une exaltation des origines, ménage donc avec une certaine réussite le passage de l'historiographie générale de la période à la vie familiale et individuelle de Romaric. Enfin ,
la vita secunda insiste beaucoup plus que la vita prima su r les qualités colombanienne s
manifestées pa r le saint.
La vita prétend:
a) qu'il y avait à Remiremont une très nombreuse communauté masculine, affirmatio n
qui a alimenté nombr e d e développements su r l e rôle de Remiremont dan s l a fonda tion d e monastères double s (e n particulier ceu x de R. McKitterick). Elle contredit le s
textes hagiographique s le s plus anciens , qui affirmen t qu'Am e e t Romari c on t fond é
une communaut é féminin e (V ^ Amati, c . 7 : monasterium puellarum condunt; V. Romarici, c. 5: ad puellarum monasterium aedificandum).
b) qu'Ame obtint un privilège du pape permettant a u monastère d'élire son abbesse et
d'échapper à la juridiction d e l'évêque diocésain . La vita secunda cherch e ainsi mani festement à confirmer l'indépendanc e de Remiremont vis-à-vis de l'évêque de Toul, en
faisant remonte r ses privilèges au fondateur. Ell e affirme qu e les terres sur lesquelles a
été fondé Habendum appartenaient à Romaric (in parte quadam praediorum suorum
aedificaret puellarum monasterium) e t qu'elles avaient été réservées à cet effet a u moment où le saint avait distribué ses richesses aux pauvres. Le texte appartient donc à un
mouvement de réécriture de l'histoire, lequel cherche à justifier et pérenniser des droits
contemporains e n les ancrant dans le passé lointain des origines.
Cette campagne de réécriture hagiographique s'accompagne de la confection d e faux
diplomatiques (BRIDO T 1980 , p. 25-32). Il est en effet questio n d'un privilèg e du pap e
Jean, délivr é venerandis faventibus augustis: l a formule s e retrouve dan s l e récit de s
Translations de s relique s de s troi s saint s Romaric , Am é e t Adelph e (BH L 75 , Paris,
BNF nouv . acq. lat. 2288, fol. 172 , leçon 2, voir infra), sous la forme gloriosis augustis
consentientibus. L'expressio n augustis consentientibusIfaventibus es t développée dan s
les dernière s ligne s d e l a vita secunda: le s augusti son t Clothair e II, roi d e tou t l e
royaume franc d e 613 à 629, et Sigebert II, qui devint roi d'Austrasie e n 633 (sceptrum
quidem Austrasiorum tenente rege Sigeberto, Francorum vero Clodoveo). Tou s les historiens s'accordent depui s longtemps à reconnaître la fausseté d u pseudo-privilège d u
pape Jean IV, que certains daten t d e l'époque carolingienn e (GAUTHIE R 1980 , p. 279,
n. 51), d'autres d u XI e siècl e (BRIDO T 1980 , p. 28-31); une autr e versio n d e l a mêm e
bulle date certainement d e l'époque d e Léon IX (BRIDOT 1980 , p. 32-35).
Remiremont a toujours échapp é à la juridiction d e l'évêqu e d e Toul, e t HLAWIT SCHKA 1963 , p. 68, fait remarque r qu e dans sa bulle du 25 mars 1051 , le pape confirm e
les droits de l'évêque sur de nombreuses abbaye s du diocèse, sans qu'y figure Remire -
SHG VI : Diocèse de Toul
61
mont. Un demi-siècle plus tard, une lettre du pape Urbain II à Pibon, datée du 28 avril
1099, comport e l a phrase suivante : Auditis igitur privilegiis prefati monasterii, quae
beatus Leo papa et vestrae civitatis episcopus, auctoritate Romanae ecclesiae confirmaverat, Romaricense monasterium ad apostolicae sedis jus proprium solummodo pertingere cognovimus (HLAWITSCHK A 1963 , p. 68) . Grégoir e VII avait déj à d û rappele r à
l'ordre l'évêqu e Pibon , qui se faisait tire r l'oreille pour reconnaîtr e l'indépendanc e d e
l'établissement (HLAWITSCHK A 1963 , p. 68, n. 236). Le mouvement s e durcit ensuite ,
accompagné par l a rédaction d'u n certai n nombr e d e diplômes d'exemption , authen tiques ou contrefaits. En 1130 on ne parle plus de monasterium, mai s de capitulum Romaricense72. L'établissemen t devien t d e plus e n plus une »entrepris e familiale« , selo n
l'expression d e R. Folz (PARISS E 1980 , p. 17).
IV Conclusion
Ces réécritures hagiographiques et diplomatiques semblent donc appartenir à une stratégie de défense vis-à-vis des prétentions de l'évêque diocésain; or ces dernières ont été
particulièrement intense s sous le pape Léon IX (1049-1054), et, au siècle suivant, sous
les abbatiats de Gisèle et de Judith. Cette dernière datation a la faveur d e Didier-Lau rent, Hlawitschka e t Folz, qui s'appuien t su r de s arguments historique s (c'es t à cette
époque que le monastère se transforme e n chapitre). Mais à notre sens la Vita secunda
Romarici, l a Vita secunda Adelphii (voi r infra, p. 65) , les Translatio et miracula Romarici, Amati et Adelphii (voi r infra, p. 66), et le s faux diplomatique s son t vraisem blablement contemporain s e t s'inscrivent dan s un e mêm e campagn e d'indépendanc e
de Remiremont vis-à-vis de l'évêque de Toul. Celle-ci passe par un rapprochement avec
la papauté, e t a trouvé u n interlocuteu r privilégi é e n l a personne d e Léo n IX, ancien
évêque de Toul et pape de 104 9 à 1054, qui, à la demande d e l'abbesse Oda , fit procé der à la »canonisation« de s trois abbés romarimontains e t de Gébétrude; l'archevêqu e
Hugues de Besançon et Udon, primicier de Toul en furent chargés ; une Translation eut
lieu en 1049, et peut-être une Elévation en 1050 ou 1051 73. La rédaction de trois textes
hagiographiques orientés autour de l'exaltation des origines colombaniennes et du respect de la règle monastique s'accorde mieux avec une datation haute, antérieure au passage de l'établissement a u régime canonial. Il n'y a aucune raison de récuser la date approximative de 1050, proposée par Sébastien Valdenaire pour tous ces textes (voir nos
remarques préliminaires su r cet auteur, p. 42-44).
72 D'aprè s HLAWITSCHK A 1963 , p. 9, l'établissement fu t d'abor d u n monastèr e doubl e colombanien, pui s
il adopta l a règle bénédictin e l e 1 1 mai 817 , à la suite de la réforme organisé e par Benoî t d'Anian e à la
demande d e Louis l e Pieux. Au débu t d u X e siècle, il devint »plu s ou moins « u n chapitre , fut réform é
en 934 en monastère bénédictin, pour devenir un chapitre de dames noble s au XII e s.
73 Voi r AASS, t. cit., p. 627.
62 Moniqu
e Goulle t
ADELPHIUS
Adelphius (fr . Adelphe )
111. (? ) IX. après 670, à Luxeuil
troisième abbé d'Habendum (Remiremont , Vosges )
Dossier
1. Vita prima BH
L 73
la. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Ineffabilis e t clementissimus Deu s Iesu s Christus cum fidelibus
suis normam tradere t
Des.: lam igitur nunc ipsius Adelphii abbati s narranda aggredia r acta,
lb. Vit a (10 chapitres)
Inc.: Fuit enim lenis in verbis, hilaris in aspectu, dulcissimus hominibus boni s
Des.: Erant namqu e ibidem gaudente s et quasi exultantes laetitia inenarrabili .
lc. Epilogu s (1 chapitre)
Inc.: Haec quippe pauca sunt narrata de multis quae sancta atque almifica Tett a
Des.: commentariolo indit a stilo sulcari praecepit adjuvante omnipotenti
Deo (cui laus est... )
2. Vita secunda BH
L 74
2a. "'Prologu s (?) (deperditus)
2b. Vit a (11 chapitres)
Inc.: Beatus igitur Adelphius nation e Sicamber nobilitati s nataliti o celsu s
Des.: haec pauca de multis bead patris Adelphii gest a sufficiant... in
saecula saeculorum. Amen .
3. Translationes et miracula ss. Romarici, Amati et Adelphii (12 leçons)
BHL 75
Inc.: Nunc igitur , annuente Domino , narrabimus quo d temporibu s piissim i ac
serenissimi Ludovic i imp.
Des.: Walo autem supradictu s ant e anni circulum miserabilite r vitam finivit .
haec autem gesta sunt ...
1. V i t a p r i m a s . A d e l p h i i BH
L 73
/. Manuscrits
Il existe cinq témoins , du XI e au XIII e siècle, déjà vu s dans les dossiers précédents, et
contenant égalemen t la V. Amati e t la V Romarici; ce sont tous des légendiers d'origi ne lotharingienne 74: Paris, BNF lat . 5294°°, fol. 104 v-107v; Wolfenbùttel, Herz . Bibl.,
Aug. 2738 (76.14 Aug. fol.), fol. 16-17 ; Paris, BNF lat. 5308°°, fol. 29 v-30v; Trier, Bibl.
Sem. 35, fol. 70-71; '''Munster, Univ. Monasteriensis 23 , fol. 261-262 75.
74 Adelph e est le seul de la trilogie romarimontaine à ne pas figurer dan s le Liber de Natalitiis.
75 C e manuscrit , qui a été détruit e n 1945 , donne l e même texte que Trier, Sem. 35, à quelques exception s
près (Des. c. 6: idem repperit, comme Sem. 35: voir B. KRUSCH, MGH SR M VII, Appendix, 834).
SHG VI : Diocèse de Toul
63
77. Editions
Bibl. mss. I, 783-785, d'après un manuscrit de Saint-Symphorien de Metz (vraisemblablement Paris , BNF lat . 5294).
e
MABILLON, AASS OSB II, 602-604 (2 éd., 576-578): d'après J. Périer (AASS Sept. III,
809), cette édition est le fruit d e la collation d e l'édition d e LABB E avec des manuscrit s
de Duchesne (au nombre desquels doit figurer Paris , BNF lat . 5308).
J. PÉRIER , AAS S Sept. III, 815-817, d'après le s deux éditions précédentes .
KRUSCH B., MGH SR M IV, 225-228: pour le s manuscrits utilisés, voir supra, p. 53.
LABBE,
//Y. Examen critique
a) résultats:
L'auteur s e présente comm e un moin e de Remiremont (pater noster... Adelphius abbas, c. 1), écrivant à la demande de l'abbesse Tetta, trois ans après les événements rela tés. La mort d'Adelph e s e situant aprè s 670 (date de la mort d e Waldebert e t début d e
l'abbatiat d'Ingofredu s à Luxeuil, selon GAUTHIE R 1980 , p. 287), 673 est le terminus a
quo de la rédaction d e la vita.
b) résumé analytique :
Le texte s e réduit a u réci t de s derniers moment s d u saint . Sentant veni r s a mort, i l se
livre à une confessio n publiqu e e t demande à se rendre à Luxeuil pou r l a réitérer de vant le s moines. Il es t accueilli pa r Ingofredu s e t confi é au x bon s soin s d'Emmon . I l
séjourne l à quelque temps e t meurt, après avoir ressenti une violente douleur a u bras.
Son corp s es t transfér é solennellemen t à Habendum (Remiremont), pa r Garichram nus, son successeur, bientôt rejoint par l'abbesse Tetta et ses sœurs; il est déposé et veillé
d'abord dan s l'église Saint-Pierre, puis enseveli dans la basilique Sainte-Marie, comme
Amé. La description d e sa dépouille chantan t de s hymnes es t un leitmoti v d e ses miracles post mortem.
c) sources:
L'édition d e B. KRUSC H fait apparaître plusieurs similitudes avec la V Arnulfi, au x c. 1
(= V Arnulfi, c . 9), c. 5 (= V Arnulfi, c . 26), c. 10 (= V Arnulfi, c . 9), c. 12 (= V Arnulfi, c . 30); ces similitudes restent néanmoins aussi superficielles qu e celles de la V Amati et de la V Romarici ave c le même texte (voir supra, p. 54-55 et 57-58).
Dans cette édition sont signalées en outre 6 citations scripturaires: Matth. 5,16 (c. 1);
Jn 6, 44 (c. 1); 2 Tim. 2, 25 (c. 1); Joël 2, 32; Ps. 118,175 (c. 8); Ps. 63,11 (c . 9). L'aphorisme sapientia viri in exitu canitur (c . 4) que l'on trouv e dans la V Honorati pa r Hi laire d'Arles (BH L 3975 , c. 3) renvoie à Sir. 11 , 30: ante mortem ne laudes hominem
quemquam, mai s l'expression étai t devenue proverbiale, ains i que l'atteste s a présence dans la Vita Deodati {omnem eius laudem finis perfectus canit, c. 2, voir infra), la V
Leonis IX {ipse finis in quo omnis laus secure canitur, I, XVII), chez Guiber t d e No gent, epist. 42, 111, et Elred d e Rievaulx, serm. 18 , 179: si enim, ut dicitur, omnis laus
in fine canitur.
d) discussion critique :
Du prologu e o n n e possède plus que la traduction français e d e Valdenaire, elle-mêm e
retraduite e n latin par Chifflet (voi r supra, p. 44).
64
Monique Goulle t
La vita se réduit au récit de la mort d'un abbé dont l'existence n'est mentionnée dans
aucune autre source; en particulier so n nom es t absent du Liber memorialis de Remiremont. On peut voir là un argument contre Hlawitschka et McKitterick, qui associent
les compositions de s vitae e t du Liber memorialis (tou t particulièrement McKitterick ,
voir supra, p. 46).
Tous le s textes hagiographique s mérovingien s confirmen t le s faits avancé s pa r le s
trois Vies anciennes romarimontaines: les Vies de saint Arnoul (BHL 689-692), de saint
Colomban e t de ses disciples (BH L 1898) ; celle de saint Germai n d e Grandval (BH L
3467, MGH SR M V, p. 25-40), que KRUSC H {ibid., 25) juge contemporaine de s faits ,
mentionne de s séjour s d e Germai n à Remiremont e t à Luxeuil. Ce s texte s n e se plagient pas l'un l'autre : ils se recoupent et se complètent, en mettant l'accent sur des faits
connexes; mais un seul mentionne le nom d'Adelphe. Ce personnage vient-il au secours
des hagiographes pour constituer avec ses deux prédécesseurs une trilogie comparabl e
à celle des Pères du Jura, Romain, Lupicin e t Oyend (BH L 7309 , 5073 et 2665, MGH
SRM III, p. 125-143) ? E n effet , l a Vie de s. Adelphe n' a pa s circul é séparément. Cu rieusement, d'u n côt é l e personnage n e semble pas connu e n dehors d e Remiremont ,
mais, de l'autre, sa Vie ne rapporte qu e ses derniers jours à Luxeuil.
Il n'y a pas d'obstacle à situer la rédaction du texte durant la seconde moitié du VII e
siècle (voir supra, p. 42-51); au contraire, il serait très peu vraisemblable qu'on ai t tardivement mont é e n épingle, ou inventé , un abb é dont l e rôle est quasi nul dan s l'his toire du monastère .
2. V i t a s e c u n d a s . A d e l p h i i BH
/. Manuscrits
Il n'existe qu'un manuscri t liturgique , daté de 1425:
L 74
Paris, BNF nouv. acq. lat. 2289°°
Datation: anné e 1425 (fol. 269v: »L'an 1425 environ la Nativité de Notre-Dame fut écri t
ce présent livr e e t u n autr e parallèle , lesquel s fi t fair e dam e Ali x d e Vill e Soirellon ,
doyenne d e Remiremont« ; l a mêm e mentio n figur e a u fol . 201 v du manuscri t BN F
nouv. acq. lat. 2288). Voir Cat. Paris. III, p. 518, n° 18.
Origine: Remiremont .
Coordonnées du texte: fol. 165 v-168v: Cat. Paris. III, p. 518, n° 19.
Contexte: c e manuscrit es t l e second tom e d'u n lectionnair e d e Remiremont, don t l e
premier tom e est BNF nouv . acq. lat. 2288. Le texte est préparé en 1 2 leçons.
//. Editions
J. PÉRIER , AAS S Sept. III, 818-820, établie d'après l a copie d'un manuscri t d e Remi remont, fait e d e la main d e Chifflet (voi r n ° 13 , p. 811); il s'agit, selon tout e vraisem blance, du manuscri t Paris , BNF nouv . acq. lat. 2289.
A. GUINOT , Etude historique sur l'abbaye de Remiremont, p. 374-377, d'après l e même manuscrit .
Traduction française partielle: DIDIER-LAURENT, Le mariage et la donation de saint Romary, dans: Bull, de la Soc. philomatique vosgienne (1901-1902 ) 163-166 .
SHG VI : Diocèse de Toul
65
777. Examen critique
a) résultats:
Le texte n'est certainement pa s antérieur a u XI e siècle; son auteur es t peut-être roma rimontain.
b) résumé analytique :
L'auteur réécri t une Vie plus détaillée que la vita prima. Toute s les données nouvelle s
sont légendaire s (DIDIER-LAUREN T 1902 , 160-361) . Romaric , voulan t conserve r se s
biens a u Chris t e n interdisan t l e mariage à ses trois filles , le s destine à la vie monas tique. Or l'un e d'entr e elles , Asselberge, désobéit et épouse un noble Sicambre, Bithilinus, sans recevoir sa part d'héritage. Lorsque naît sa fille Tetta, elle l'envoie à son père
Romaric, retiré à Remiremont ave c Amé, espérant qu'il donnera à sa petite-fille l a part
d'héritage qu'ell e n' a pas reçue. Romaric gard e Tetta, la fait baptiser , l'intègre dan s la
communauté de s moniales, et elle devient plu s tard abbess e sous le nom d e Gébétru de. Entre temps , Asselberge a eu un secon d enfant , u n fils , qu'elle envoi e à Romaric,
espérant à nouveau qu e ce dernier fera de son petit-fils l'héritie r d e ses biens; Romaric
fait baptise r l'enfant , qu i reçoit le nom d'Adelph e e t est élevé par saint Arnoul. Bithilinus assure à Remiremont l'héritag e de s terres qu'i l possède e n Provence (in provincia), possession qu i fut plu s tar d ravagé e par le s Sarrasins. A la mort d'Ame , e t avan t
de mouri r lui-même , Romari c institu e Adelph e abb é d u monastère , qu'i l gouvern e
conjointement ave c sa sœur Gébétrude .
c) sources:
La vita secunda es t un e paraphras e d e l a vita prima. L e portrait d'Adelph e déj à âgé ,
emprunté au x premières lignes de la source, est plaqué sur Adelphe enfant recevan t le
baptême; il est certain que le motif d u senex-adulescens es t répandu dan s les textes hagiographiques, et que l'hagiographe lui-mêm e désamorce l'objection (quamvis puerilifloreret aetate): il reste néanmoins que ce passage est fort maladroitement inséré dans
l'ensemble, et a tout d'un e pièc e rapportée. Toute la deuxième partie de la vita secunda, à partir de la maladie d'Ame e t de son départ pour Luxeuil , démarque son modèl e
en un style plus ampoulé. Le sens de la mort d u saint est le même dans les deux vitae,
mais la seconde se distingue par une volonté didactique et se rapproche du sermon. Le
remanieur déforme son modèle, qui situe les événements moderno tempore,... ante hos
triennii annos: cette dernièr e expressio n devien t e n effet : et cum jam triennii tempus
miro abstinentiae cultu exegisset, ei tanta supervenit corporis aegritudo .. . ce qui revient
à transformer e n complément d e durée un complément d e date, et à récupérer comm e
donnée du réci t un élémen t de datation du discours hagiographique .
La vita secunda est un »faux « généalogiqu e qui, comme le suggère Didier-Laurent ,
prend peut-être partiellement appui sur le chapitre 6 de la vita prima, o ù le saint est dit
filiolus d'Ame : ce terme hypocoristique a pu être interprété au sens de »filleul« 76 et inspirer la scène du baptêm e d'Adelphe pa r Amé dans la vita secunda. Peut-êtr e l'hagio graphe a-t-il aussi subi l'influence d'u n épisod e du Liber de episcopis Mettensibus, écri t
par Pau l Diacre à la fin d u VIII e s., où l'o n voi t Arnou l demande r à ses fils d e renon -
76 C e sens n'est pas attesté avant le IXe siècle.
66
Monique Goulle t
cer à leu r par t d'héritag e pou r qu e l e patrimoin e familia l puiss e êtr e distribu é au x
pauvres; le premier fils , Chlodulfus (l e futur sain t Cloud, évêque de Metz), refuse; l e
second, Anschisus, accepte, ce qui lui vaudra de transmettre e n contrepartie à ses descendants l e regnum Francorum (MG H S S II, p. 264,1. 40-50).
d) discussion critique :
La rédaction d e ce texte es t à situer dan s l a même campagne d e réécriture qu e la vita
secunda Romaric i e t le récit de translation trait é ci-dessous. Adelphe y est qualifié d e
pater, term e qui, en l'absence d'adjecti f possessif , n'implique pa s forcément qu e l'au teur soit un moine de Remiremont: il pourrait fort bie n être de Luxeuil, car le nom d e
Remiremont n'apparaî t jamai s dans le texte.
3. T r a n s l a t i o n e s e t m i r a c u l a s s . R o m a r i c i , A m a t i e t A d e l p h i i
L Manuscrits
Il subsiste un seu l manuscrit liturgiqu e du XVe siècle:
Paris, BNF nouv. acq. lat. 2288°°
Voir infra, les dossiers d'Ame e t de Romaric, p. 52 et 58.
Coordonnées du texte: fol. 172-176 .
Manuscrits perdu s
Les passages en caractères romains des chapitres 14-16,18-2 0 e t 25-27 de la partie intitulée Gloria posthuma (AASS , p. 823-824) sont la transcription d e manuscrits roma rimontains apparemment perdus, dont le texte est très proche de Paris, BNF nouv. acq.
lat. 2288 (p. 829: »ex Mss codicibus Romaricensibus«). A la p. 824, J. Périer mention ne deux manuscrit s provenant d'u n prioratu Montis sancti (prieuré du Saint-Mont ) e t
d'un coenobio sancti Cornelii Compendiensis (Saint-Corneill e d e Compiègne) .
77. Editions
J. PÉRIER , AAS S Sept. III, p. 829-837. Chifflet avai t »farci « d e passages emprunté s à
Valdenaire et retraduits e n latin par ses soins la copie d'un manuscri t romarimontain ,
qui est très certainement Paris , BNF nouv . acq. lat. 2288; ces passages »restitués « on t
été conservés par J. Périer dans son édition des AASS, et simplement indiqués en notes:
seuls le s c. 1-7 , 10-11 , 22 , 54-56 figuren t dan s l e manuscrit. I l es t très vraisemblabl e
que, comme pour l e prologue de la Vita secunda s. Adelphii (voi r supra, p. 44), Valdenaire ai t traduit u n text e latin médiéva l qu'i l avai t sou s le s yeux, plus comple t qu e l e
manuscrit liturgiqu e qu e nou s possédons . Toujour s est-i l qu e l e texte fourn i pa r le s
AASS est entièrement factice , et n'est attest é dans aucun manuscri t médiéval .
777. Examen critique
a) résultats:
Le texte date au plus tôt du pontificat d e Léon IX. Il est d'origine romarimontaine .
b) résumé analytique :
Leçon 1 : Romaric obtien t pou r Remiremon t u n privilège d'immunité qu i le met sou s
l'autorité direct e du pape, lui réserve le choix de l'abbesse, soustrait cett e dernière à la
juridiction de s évêques et la rend responsabl e devant le pape seul.
SHG VI : Diocèse de Toul
67
Leçon 2: Le pape Jean a accordé aux fondateurs Am é et Romaric un privilège gloriosis
etiam augustis consentientibus: Remiremont se veut, dès sa fondation, une abbaye royale exempte, comme l'attestent le s expressions: sub regis munificientia; in regali manu.
Romaric consacre deux de ses filles {duorum pignorum incrementa) à saint Pierre, patron de l'abbaye .
Leçon 3 : Ces deux filles son t Sigoberge-Cécil e e t Adzaltrude. Romari c voi t parti r a u
Ciel avant lui plus de cent moniales (c e qui est signe de la prospérité d u monastèr e e t
de la longévité d u saint) , dont l'abbess e Macteflide , ex familia sua. C'est s a fille Sigo berge-Cécile qui lui succède.
Leçon 4: Eloge de Cécile, à laquelle succède sa nièce Gébétrude {ex filia olim Romarici nata, beatae Caeciliae abbatissae sororis filia, nomine Gebetrudis), fill e d'Adzaltru de et sœur d'Adelphe , qu i l'assiste dan s sa tâche jusqu'à s a mort. Mort d e Gébétrude .
Leçon 5: Sous Louis le Pieux, première translation de l'abbaye et des reliques des trois
saints, dont le s corps son t resté s miraculeusemen t intact s duran t deu x cent s ans . Les
historiens situen t généralemen t e n 81 8 cette première translatio n d e reliques 77 (et second transfer t d u monastère , l e premier s e faisant d u lie u d e fondation jusqu'a u castrum Habendum). Elle s'effectu e d u sit e ancien , l e castrum Habendum, situé su r l e
saint Mont, vers la plaine78.
Leçons 6-7-8: Récit de la première translation: inventio, elevatio, translatio. Miracles .
Leçon 9: Miracles durant la translation. Depositio de s corps: Amé et Romaric sont déposés sous l'aute l d e la Vierge Marie, Adelphe sou s celui de saint Paul. A partir d e là,
la numérotation est défectueuse, car il n'y a pas de lectio X dans le manuscrit: cette anomalie peut provenir d'un e lacune , ou d'un e erreu r dans le découpage de s leçons.
Leçon 11 : Romaric apparaît à une moniale, et lui demande de réunir les trois corps au
même endroit. Il est contraint d e réitérer sa demande et d'user d'intimidation . L e manuscrit ne donne pas le récit de cette seconde translation des reliques, qui, d'après Valdenaire, se fait vers l'église nouvellement construite , et dédiée à la Vierge Marie et aux
saints Apôtre s Pierr e e t Paul , in quintam decimam diem Februarii mensis (AASS ,
p. 832 , c. 20).
Leçon 12 : Il y eut ensuite une troisième translation de s reliques (et un second transfer t
du monastère) , de la plaine vers le mont, dans l'ancien castrum, e n raison d'une incur sion hongroise . Des miracle s s'accomplirent . Aprè s l'incursion , le s religieuses redes cendirent dan s la plaine. Le manuscrit n e retient que les miracles.
c) sources:
Les 4 premières leçon s son t un e repris e d u réci t de s origine s d e Remiremont , telles
qu'elles son t présentée s dan s le s vitae secundae s. Romarici e t Adelphii. L a premièr e
leçon contien t de s passages identique s à ceux du fau x privilèg e du pap e Jean IV (voir
supra, p. 60)79.
77 Voi r WILSDORF 1980 , p . 55 .
78 Peut-êtr e d'une terr e de Romaric jusqu'à un domaine du fisc .
79 Compare r ce passage de la lectio I de la Translation: ...ne cuiquam episcoporum daretur licentia sub obtentu reprehensionis aliquam in eodem monasterio suam extendere ditionem. Sed eius capiti, id est apostolicae sedi, suis epistolis debere suggerere avec cet extrait d u privilèg e d u pap e Jean IV: Nec enim cuiquam episcopo damus licentiam sub obtentu reprehensionis alicuius, in monasterio suam extendere ditionem, sed eius capiti, id est apostolicae sedi... L a fausseté d e cette bulle est établie depuis longtemp s
68
Monique Goulle t
d) discussion critique :
Dans l e récit d e la première translation , l'hagiograph e affirm e qu e le s reliques furen t
transférées l à où elle s se trouvent encor e d e so n temps , c'est-à-dire dan s l a plaine. J.
PÉRIER (AASS , p. 822) en conclut qu'i l écri t avan t l a seconde translation, puisqu'à c e
moment-là l'abbay e remonta su r la colline. Cette hypothèse suppos e que le récit de la
troisième translation ait un auteur différent. I l est plus raisonnable de penser qu'il écrit
au contrair e aprè s l a troisième translation , lorsqu e l e monastère redescendi t définiti vement dans la plaine.
La date de la troisième translation es t douteuse. On peu t tout d'abor d hésite r ave c
les Bollandistes (AASS, p. 825) sur la ponctuation du manuscrit, dont le texte est le suivant: Postquam vera luxfidelium ex virginali sacratissima alvo sese ad salvandum protulit mundo anno nongentesimo primo facta sunt miracula in monasterio novo. Faut-il
lire nongentesimo primo, o u bien faire de primo u n adverb e portant su r facta sunt} La
réponse es t incertaine , mai s pe u importante . L a dat e es t ensuit e précisé e pa r anno
itaque tertio post direptionem paganorum, e t l e texte s'achèv e su r l a mention d e mi racles effectués sou s Charles le Simple (912-929). N. Sérier 80 affirme qu e cette translation eu t lie u l e 1 7 mai 910 , en présenc e d e l'évêqu e d e Toul Drogo n (AASS , p. 822,
c. 10). Le récit se prétend fai t pa r un témoi n contemporai n {qui tunepraesentes exstitimus ...et non audita, sed visa sub testificatione divina proferimus, AASS , p. 837), ce
qui impliquerait qu e le texte des translations qu e nous lisons aujourd'hui ai t été rédigé en plusieurs étapes : on es t e n droit d e suspecter cett e affirmatio n (essentiellemen t
pour de s raisons stylistiques) .
Le manuscrit Paris , BNF nouv. acq. lat. 2288 présente vraisemblablement un e ver sion tronquée du récit. On a déjà montré que Valdenaire n'était pas le faussaire que l'on
a dit, et qu'il y avait lieu de penser que son texte français reflèt e ave c une relative fidélité un état ancien du texte médiéval, même si les données n'en sont pas véridiques. O r
celui-ci di t qu e (AASS , p. 827, c. 39) la rédaction de s historiae et miracula de s saint s
romarimontains fu t commandée à l'occasion de leur quatrième translation et »canonisation« par Léo n IX: cette assertion est confirmée pa r un procès-verbal .
Des historien s modernes , suspectan t l'honnêtet é d e Valdenaire , on t propos é un e
date plus tardive, en faisant valoi r qu'en 107 0 les moniales obtinrent d e la part d'Hen ri IV un diplôm e qu i les plaçait sous la protection impériale . L'abbesse étai t alors Gi sèle de Lorraine, qui abandonna l a règle de saint Benoît e t installa un chapitre , que le
pape Urbain II mit en 108 8 sous la dépendance du Saint-Siège. Il était tentant d e penser que l e récit d e translation, ayan t pour obje t d e justifier pa r l'anciennet é l a dépen dance directe de Remiremont pa r rappor t a u Saint-Siège, datait d e ces années-là. D I DIER-LAURENT 1897 , p. 211-216, le date précisément du temps de cette politique d'éta blissement musclée , exercée par Gisèle .
par le s historiens. Elle ressemble à celle de Jean IV pour Sainte-Colomb e d e Sens et pour Saint-Pierr e
de Luxeuil, et a vraisemblablement ét é fabriquée a u XI e siècle (voir BRIDO T 1980 , p. 28-31).
80 Voi r supra, p. 44.
SHG VI : Diocèse de Toul
69
IV. Conclusion
Sébastien Valdenaire date de 105 0 environ le s vitae secundae Romarici e t Adelphii, e t
la Translatio n de s troi s saint s romarimontains , su r l a fo i d'u n prologu e qu e nou s
n'avons plus , et qu'il a transcrit e n français. Nou s avon s dit, dans nos remarques pré liminaires, qu'une confrontation d e ses traductions françaises ave c les originaux latin s
subsistants incite à lui faire confiance égalemen t en ce qui concerne les monuments an ciens perdus; pour l a quatrième translatio n de s troi s saint s romarimontains , i l reçoi t
en outre la caution d'un texte diplomatique. L'examen conjoint de s monuments anciens
et de leurs utilisations tardives amène à accréditer une datation mérovingienne des trois
Vies romarimontaines le s plus anciennes, essentiellement su r la base des noms des abbesses.
3. A U T R E S S A I N T S V O S G I E N S
HILDULFUS
Hildulfus (fr . Hidulfe, Idou )
f 70 7 (?) à Moyenmoutier (Vosges) ; fête l e 11 juillet
Chorévêque d u diocès e de Trêves, fondateur d u monastèr e de Moyenmoutie r
Dossier
1. * Vita deperdita (? ) BH
L vaca t
2. Vita prima BH
L 394 5
2a. Prologu s ( 1 chapitre):
Inc.: Quicumque baptizat i Christum induti sunt et hereditatem anim o
suspirarunt aeterna e saluti s
Des.: ad laborem praesentis vitae futurum pastore m populi s Hidulfu m
iussit prodire.
2b. Vita (16 chapitres):
Inc.: Qui clar o Nerviorum génèr e ortus, inter scolares alas sacrae
miliciae alitus est .
Des.: Translationis eiu s festum sext o Idus novembri s celebratur .
3. Vita tenia
BHL 3947-4 8
4a. Prologu s ( 1 chapitre):
Inc.: Quicumque baptizat i Christum induti sunt et hereditatem anim o
suspirarunt aeterna e saluti s
Des.: ad laborem praesentis vitae futurum pastore m populis Hidulfu m
iussit prodire.
4b. Vita (40 chapitres):
Inc.: Qui clar o Nerviorum génèr e ortus, inter scolares alas sacrae
miliciae alitus est.
Des. a: latere futuros minim e sum passus ( = BHL 3947 )
70
[4.
Monique Goulle t
Des. |3 : quantus hi c beatus pater noster Hildulphu s extiteri t qualesqu e
viros dictante spiritu sanct o sanctae ecclesiae educaverit [add.]. (= BHL 3948) 81
Vita secunda (»épitomé« ) BH
L 394 6
Inc.: Hildulfu s clar o génère ortus a iuventute litteraru m studii s traditus ,
in brevi efficacissime clarui t
Des.: correptu s febre , caeli capitolium coronandu s intravi t quint o Idu s Julii.]82
1. V i t a d e p e r d i t a (? ) BH
L vaca t
Un témoignag e su r un e vita Hildulfi deperdita nou s es t fourn i pa r l e prologue d e la
Chronique de Jean, dit »de Bayon« d'après son lieu de naissance, situé près de Senones,
dans les Vosges. Ce frère prêcheu r fut, d'aprè s DUPEU X 1879 , p. 155-159, banni de son
couvent e n 1326 , on ne sait pour que l motif 83. I l se réfugia à Moyenmoutier, o ù i l fu t
accueilli par l'abbé Bencelin , qui dirigeait le monastère, et qui lui demanda d'en écrir e
l'histoire. Il a mené la liste des moines de Moyenmoutier jusqu' à Hermann (qui rem place Milon en 1147). Sa chronique est fort redevabl e à celle de Richer de Senones, qui
écrit au siècle précédent. Son prologue84 est une sorte de chronique universelle. Le manuscrit autographe de Jean, en parchemin, a disparu, après qu'Albert, moine et curé de
Moyenmoutier, e n eut fait un e copie sur papier en 1544 85.
81 L a version répertoriée sous le n° BHL 394 7 est le texte de BHL 394 8 dépourvu, aux c. 8 et 23, des allu sions au Liber de successoribus s. Hildulfi (BH L 3949) .
82 Text e transmis par Bruxelles , BR 858-61(Van de n Ghey n 313 9 [VA N DE N GHEY N 1905 , p. 94, n° 125]),
fol. 277 ; les tables d'Utrecht, Universiteitsbibl . 391 , t. II, fol. II (fêtes d e juin) et fol. IV (table alphabé tique), mentionnent u n texte consacré à Hidulfe a u fol. XLIIII d u légendier: étant donné sa dimension,
ce pourrait êtr e BH L 3946 , mais je n'ai pa s vu l e manuscrit. Editions : le texte fut retouch é e t imprim é
pour l a première foi s pa r Mosander , dan s so n Supplémen t à SURIUS, 1 1 Jul., p. 575-576 (voi r P L 151 ,
col. 584) ; l'édition d e BELHOMME, Histori a Mediani in monte Vosago monasterii, 1724 , p. 77-81, est reproduite dan s AAS S Iul.III, p. 227-28, 3 e éd. p. 216-17; H. Belhomm e a édité l e texte d'après l a copie
d'un manuscri t d'Utrech t fait e pa r H . Rosweyd e e t transmise d e la part d u Pèr e du Sollie r (voi r CHA PELIER 1892 , p. 258). D'après l e commentarius praeviu s de s AASS lui. III, 198, les Bollandistes dispo saient e n outre d'u n secon d manuscrit , qu i es t peut-être Bruxelles , BR 658-61 . L a vita secunda es t u n
compendium de la vita prima, réduit e à 4 paragraphes, où l'o n retrouv e le s thèmes principaux d u mo dèle. On a unanimement considér é l e texte comm e antérieu r à la vita tertia [pa r exemple LESN E 1938 ,
p. 270 , en situe la rédaction à la fin d u Xe siècle], que ne semble pas connaître l'abréviateur : e n particu lier Hidulf e es t situé sou s Pépi n l e Bref (4 e phrase), et l a date d e la mort d u sain t manque . Mais l a vita
prima étan t attesté e dans u n gran d nombr e d e manuscrits jusqu'au XVIe siècle, l'argument n' a aucun e
valeur; l'abréviateur a pu soi t méconnaîtr e effectivemen t l a vita tertia, soi t préfére r un e traditio n plu s
ancienne à un text e interpolé . L a diffusion trè s étroit e d u text e e t sa présence dan s Utrecht, Universiteitsbibliotheek 39 1 (s i elle était vérifiée) aux côtés d'un autre abrégé peu diffusé, l a Vita s. Mansueti BH L
5214, pourraien t plaide r e n faveu r d'un e datatio n beaucou p plu s tardiv e (XIII C-XVC siècles? , voi r
GOULLET 1998 , p . 94-102) . La question est liée à celle de la rédaction du Légendier de la cathédrale SaintSauveur d'Utrecht, qu i a peut-être donné lie u à la composition d e textes originaux .
83 O n li t au début d u ms s de Nancy: »Eg o frater Johannes de Baion, ordinis fratru m predicatorum , cum
Joseph in exilium relegatus, anno Verbi incarnati millesimo CCCXXVI, inter Pascam et Penthecostem ,
dum penes dominum meu m a c cognationis fédèr e mih i unitum reverendu m i n Christo ...« .
84 C e prologue est édité par DUPEU X 1879 , p. 160-181 . Malheureusement l a chronique n' a jamais été éditée que sous forme d'extraits . L e style en est confus, e t l'écriture d u manuscri t conserv é à Nancy diffi cilement lisible .
85 L'éditeu r Belhomme et ses successeurs furent persuadés que le manuscrit Nancy, BM 537 (348) était cette
copie même. Mais on lit dans un ouvrage en deux volumes, publié en 1719 , que l'auteur, par amitié, a pu
avoir communication d e la dite copie, le 14 avril 1711 , pa r Mabillon, à qui elle avait été envoyée, et que
SHG VI : Diocèse de Toul
71
On li t dans le prologue: »Praedictu m Coenobiu m Medianu m cuida m comiti , Hil lino nomine, iure benefici i traditu r possidendum , qu i Pippin o abbat e expulso , canonicorum ordinem inibi instituit, sub quorum regimin e codex Vitae b. Hildulfi, qui pro
sui magnitudine proprio continebatur corpore , amittitur. Post temporum aute m mul tos decursus, rursus reperitur, sed quia pro sua quantitatis magnitudine legentibus taedium subministrabat, adhibitis scholasticis breviatur, sed ob fratrum negligentia m rur sus a Medio Coenobio, factione quorumdam , elabitur« . Au c. 27 du livre II, on lit encore, sans autre commentaire, à la date de 964 86: »codex vitae beati hydulphi repertu s
est«. Autrement dit, une vita s. Hildulfi perantiqua, for t longu e et volumineuse, aurait
été rédigée avant la sécularisation d u monastère et perdue durant le temps où l'établis sement abrit a de s chanoines; retrouvée u n pe u plu s tard , elle aurait ét é jugée indigeste, abrégé e par des scholastici, et perdue à nouveau par les moines.
On peut s'étonner d e la précision de la date de 964, dont o n ignore l'origine, et qui
fut repris e pa r le s historiens moderne s (pa r exempl e CHAPELIE R 1892 , p. 256). Il es t
très vraisemblable que le chroniqueur l'ait extrapolée: l'existence même d'une vitaperantiqua es t garantie par une seule phrase de la fin d e la vita prima: »verac i stilo digesta sunt ipsius acta in volumine non parvae quantitatis, quod prae incuria adeo vetustas
consumpsit, u t vix haec minima qua e praemisimus excerp i exind e potuerunt«; aucu n
autre texte médiéval n'en parle avant Jean de Bayon. Moyenmoutier étan t tombé sou s
la direction d'un abbé laïc, le comte Hillin, à une date qu'on peut situer vers 897 d'après
la Chronique d e Richer de Senones 87, Jean de Bayon suppos e e n toute logiqu e que la
vita per antiqua s'es t perdue dans les bouleversements du s à la sécularisation, et que le
retour a u régime monastique l a fit ressurgi r de s oubliettes. Or l a réforme d e Moyen moutier fut l'œuvr e d'u n moin e de Gorze, Adalbert, qui agissait à la demande de Frédéric Ier, duc de Lorraine, durant l a première moiti é des années 960 88. Seul témoigna ge d'une vita perantiqua, cett e phrase d e la vita prima doi t don c être tenue pour sus pecte, d'autan t qu e l e mépri s don t l e text e es t cens é avoi r ét é l'objet , e t s a
quasi-illisibilité, sont des topoi hagiographiques 89. On pourr a d'ailleurs rapproche r ce
cas de celui de la Vita s. Deodati (voi r infra).
2. V i t a p r i m a BH
/. Manuscrits
L 394 5
Nancy, BM 1277 (810)°°
Datation: XI e siècle.
Origine: Moyenmoutier . Un e charte du XVe siècle relative à l'abbaye d e Moyenmou tier sert de couverture à ce libellus de 1 8 folios.
celle-ci se compose d e 353 pages in-folio . O r l'exemplair e d e Nancy contien t 9 0 feuillets no n in-folio ,
et n'est don c pa s l'autographe . L e manuscrit d'Alber t a été utilisé par MABILLON , AAS S OSB II, livre
19, n ° 37; livre 23, n° 22; livre 25, n° 60; livre 26, n° 83; livre 38, n° 27, etc ... Belhomm e a introduit de s
extraits de Jean de Bayon dans son Histoire d e Moyenmoutier, extrait s que Calmet a reproduits.
86 Nancy , BM 537 (348), fol. 25v.
87 Gesta Senomensis ecclesiae, II, 7 (MGH S S XXV, p. 249-345).
88 L e Libellus de successoribus s. Hildulfi mentionn e l'abbatiat d' Adalbert, sans le dater, au c. 7.
89 Avi s identique dans HOWE 1979, p. 279.
72
Monique Goulle t
Provenance: a appartenu au x collectionneurs nancéien s Gravie r pui s Noël (c'es t l e n°
2079-2081 du catalogue Noël): voir PFISTER 1890, p. 153; CHAPELIER 1892 , p. 256-257;
90
LESNE 1938 , p. 270 ; GASSE-GRANDJEAN 1988 , p. 63-64.
Coordonnées du texte: fol . 13 v-18 (text e mutilé : Des. : han c solitudine m devenimu s
[c. XIII]).
Contexte: Nancy , B M 1277 , 127 8 et 127 9 sont de s livret s tou s troi s détaché s d e leu r
contexte d'origine, et consacrés presque entièrement à Hidulfe; le premier est beaucoup
plus ancien que les deux suivants, qui sont des XIII e -XIV e siècles . Dans l e n° 1277 , la
vita prima sui t la V. b. Gregorii papae pa r Paul Diacre, accompagnée de vers en l'hon neur de Grégoire (fol. 1-8) , e t une V b. Hieronimi (fol . 8-13 V). Le texte de la vita prima es t interrompu accidentellement . L e n° 127 8 donne l a vita tertia découpé e e n leçons (fol . 1- 1 lv ), puis u n sermo n (BH L 3948b : contra depravatos saeculi mores. Inc .
Hinc ia m superioribu s intentioni s nostra e partibus . Des . praesident i a c sustinent i
cuncta e t moventi sin e sui motione. Ipsi laus ...Amen) 91 . Le n° 127 9 est consacré à la
Translation BHL 3952 b (fol. 1-5) , pui s 22 lignes concernent les saints Jean et Bénigne,
suivies de la Passion de saint Boniface, et sa Translation à Moyenmoutier ( 8 leçons).
Wien, Ôsterreichische Nationalbibl . 575
Datation: XI e siècle.
Origine: a appartenu à l'abbé Lamber t d e Moyenmoutier (1039-1062) . Voir PFISTE R
1890; GASSE-GRANDJEA N 1988 , p . 107 .
Coordonnées du texte: fol. l-36 v .
Contexte: aprè s la vita prima figuren t l a vita tertia et le sermon BHL 3948b, tout com me dans l e manuscrit Nancy , B M 1277-1279 , décrit ci-dessus . Ce son t apparemmen t
deux témoins d e la même famille. L e sermon y est considéré comme partie intégrant e
de la vita, car il se termine par la mention Explicit vita s. Hildulfi archiepiscopi (milieu
du fol. 36v)92.
Trier, Bibl. Sem. 75
Datation: XII e siècle.
Origine: monastèr e Saint-Mathias d e Trêves: voir COEN S 1931 , p. 254-255.
Coordonnées du texte: fol. 51—58v.
Contexte: Vie s de saints à dominante tréviroise .
Mùnchen, Bayerische Staatsbibl. Clm 9566
Datation: XII e siècle: LEVISON 1920 , p. 618, n° 370.
Origine: Oberaltaich : CHAPELIE R 1892 , p. 257.
Coordonnées du texte: fol. 76 sqq.
Contexte: recuei l composite, comprenant un e seconde partie du XIVe siècle.
On citer a encore: Trier, Stadtbibl. 115 1 (964), XIII e siècle, fol. 178M8 2 (COEN S 1934 ,
90 LESN E voit dans ce manuscrit (qu'il désigne sous la cote ms 1195) un témoin de l'activité hagiographiqu e
du scriptorium de Moyenmoutier duran t le s X e et XI e siècles.
91 C e sermon porte le n° 3949b dans le premier supplément de la BHL (Subsidi a hagiographica, 1 2 [1911],
p. 158) ; Fros l' a judicieusemen t renumérot é dan s l e nouveau supplémen t (Subsidi a hagiographica , 7 0
[1986], p. 429).
92
HOWE 1979, p . 280-281 .
SHG VI : Diocèse de Toul
73
p. 204 , n° 53) ; Trier, Bibl . Sem . 33 , XV e siècle , fol. 161-16 5 ( C O E N S 1931 , p. 247, n° 28;
copie partiell e dan s Bruxelles , B R 6731-76 , fol . 101-101 v : VA N DE N G H E Y N 1905 ,
p. 133 , n° 30) ; L o n d o n , Britis h Library , Harley 3597 , a . 147 4 (origin e tréviroise) , fol .
180-183 v ; London, Britis h Library , 18359, fol. 121 v sqq.; Trier , Stadtbibl . 139 0 (1353) ,
XVI e e t XVII e s . ( C O E N S 1934 , p . 268) , fol . 99-101 ; Bruxelles , B R 6731-76 , XVII e s .
(VAN DE N G H E Y N 1905 , p. 13 2 e t 135) , fol. 7-12 ; Fulda , Hessisch e Landesbibl . A a 96 ,
c. 1496 , fol . 128 v -130 v (originair e d e Blaubeuren: J. VAN DER STRAETEN , Cat. mss la tins, inventair e hagiographique , 19 e série, dans : AnalBol l 11 2 (1994 ) p . 385-38 6 (Ful da); l'histoir e d u manuscri t a ét é fait e pa r N . B Ù H L E R , dans : Hist. Jahrb. 3 4 (1913 )
p. 493-537) .
Le text e figur e dan s troi s témoin s d u Magnu m Legendariu m Austriacum , ave c
omission d e l a fin d u c . 6 (Siquidem reputabat...), d u c . 7, et d u débu t d u c . 8 (jusqu' à
libentissime collaboravit): voir : AnalBol l 1 7 (1898) p . 70 : Heiligenkreuz, Stiftsbibl . 1 3
(VII.9.A1), fol . 22-23 v , e x X I P s , Lilienfeld , Stiftsbibl . 60 , fol. 33-34 v , XIII e s . ( L E V I SON, 572 , n° 127) ; Melk, Stiftsbibl . M.6 , fol. 47-49 v , XIII e s .
77. Editions
B E L H O M M E 1724 , p. 50-65 , reproduite dan s AAS S lui . III, p. 221-24; 3 e éd. p. 211-13.
Le manuscri t d e Moyenmoutie r qu i a servi à l'édition d e B E L H O M M E es t Nancy , B M
1277, identifiabl e à sa lacun e finale ; l a fin d u text e a été restitué e d'aprè s u n manuscri t
de Saint-Maximi n d e Trêve s (Trier , Stadtbibl . 1151?) .
777. Examen critique
a) résultats :
Le text e dat e d e l a second e moiti é d u X e siècle .
b) résum é analytique :
N é dan s un e nobl e famill e d e Nervii ( = diocèse d e Cambrai) , Hidulf e fu t form é su r le s
bancs d e l'écol e à devenir solda t d e Dieu . O b t e n a n t l a cléricature à Ratisbonne, i l se fi t
une tell e réputation qu e l e roi voulut lu i confier l'épiscopat . I l s'enfuit alor s dans s a pa trie, ave c l e désir d' y mene r un e vi e érémitique . Là , i l n e pu t échappe r à l'acclamatio n
unanime d u peuple , qu i l'élu t évêqu e d e Trêves aprè s Milon . Sui t u n catalogu e d e ver tus, à dominante monastiqu e (ascèse , charité, aumônes, etc ... ). Cependan t l e saint dé cide d'abandonne r s a charg e pastorale , p o u r réalise r enfi n so n vœu . S'arrachan t au x
pleurs d e so n peuple , i l se retire dan s le s Vosges, et obtien t d e l'évêqu e d e Toul, Jacob,
la permission d e s'établi r au x environ s d e Senones . I l y fond e l e monastère d e M o y e n moutier, o ù se s miracle s n e tarden t pa s à attirer le s foules e t d'autres ermites : Spinulus ,
Jean e t Bénigne , Hérard , l e propre frèr e d'Hidulfe , qu i ave c lu i baptis e e t guéri t mira culeusement d e s a cécité l a future saint e Odile , fill e d u du c alsacie n Etichon . Spinulu s
devient abb é d u monastèr e d e Bégoncelle , fond é su r de s terre s donnée s pa r l e nobl e
Bégon 93 . A l a mor t d e Spinulus , de s miracle s s e produisen t prè s d e s a tombe , o ù o n
trouve e n particulie r de s gisement s d e sel ; ceux-c i provoquen t de s installation s mas -
93 Voi r la Chronique de Richer de Senones (MGH S S XXV, p. 263): Begonis cella: nunc vero Sanctus Blasius dicitur.
74
Monique Goulle t
sives, qui gênent les moines; sur la prière d'Hidulfe, le s gisements se tarissent aussi miraculeusement qu'ils étaient apparus. Le récit s'achève par la sainte mort d'Hidulfe, re latée brièvement e t sobrement, san s mention d u lie u de sa sépulture.
c) sources:
Le récit es t un tiss u d e topoi, qui démarquen t presqu e tous , de près o u d e loin, la Vie
de saint Martin, et imposent l'imag e exemplair e d'un homm e e n lutte constante pou r
s'arracher à la gloire du monde . On a vu ce qu'il faut pense r d e la vita perantiqua qu i
aurait servi de modèle à la vita prima: i l est très probable que le motif d e la source an tique perdue soit purement topique, et que l'hagiographe ait travaillé à partir d'une tra dition oral e et des chartes du monastère .
Se pose également la question d u rapport entr e la vita prima e t la Vita s. Othiliae 94.
Le miracle qui rend l a vue à sainte Odile es t une pièce rapportée dan s la Vie d'Hidul fe. I l est attest é pa r ailleur s dan s un e Vita s. Othiliae, écrit e vraisemblablement entr e
900 et 950 par un prêtre proche du monastère de Hohenbourg. Celle-ci serait donc un
peu antérieur e à la vita prima, malgr é l'avis d e PFISTE R 189 1 et en accord ave c HOWE
1979, p . 278-279. La Vita s. Othiliae plac e l e miracle a u monastèr e d e Palma ( = Baume-les-Dames, e n Franche-Comté), e t l'attribu e à »Hérard«, san s qu'il soi t questio n
d'Hidulfe n i de Moyenmoutier. Il semble que l'hagiographe de Moyenmoutier ait voulu profiter d'un e possibl e homonymie de cet Hérard ave c un frère suppos é d'Hidulfe ,
ou/et tire r parti de l'existence à Moyenmoutier d'u n roche r portan t l e nom d e Balma
ou Palma (= Haute-Pierre) 95 .
Le rôle d'Hidulfe dan s la translation de saint Maximin est emprunté à la Vita Maximini (voi r infra). On trouv e dan s l e prologue deu x allusion s au x paraboles d u talen t
(Matth. 25, 14-30) et des ouvriers envoyés à la vigne (Matth. 20, 1-16); la vita présente quelques citations scripturaires directes: Matth. 5, 3 (c. 4); Ps., 33,2 et Ps. 53, 8 (c. 5);
Le. 14 , 33 (c. 6); Matth. 28, 20 (c. 7); Matth. 10 , 22 (c. 11).
d) discussion critique :
D'après l a vita prima, Hidulf e succèd e à Milon comme évêque de Trêves sous Pépin le
Bref; or un diplôme de Charlemagne établit avec certitude que le successeur de Milon
(mort ver s 751 ) fut Hartham . D'ailleur s Hidulf e n'es t attest é qu e dan s le s textes ha giographiques e t dans u n catalogu e episcopal originaire d'Echternach , c e qui l e ren d
suspect96. Dans la Vita prima Maximini Trevirensis, écrite au milieu d u VIII e siècle, et
dans celle que rédige a Loup d e Ferrières e n 839 (éd. KRUSCH , MG H SR M III, p. 71),
p. 79 , c. 15, on le voit procéder à la translation d u corp s de saint Maximin: »Igitur venerabiles episcop i Hildulfus , Clemens atque Chlodobertu s conveniente s i n unu m e t
quod evenera t diligente r examinantes , transferenda beat i viri ossa ex memorata cryp ta e t in loc o ubi nunc sita sunt, iudicavere ponenda« . D'aprè s GAUTHIE R 1980 ,
p. 342-343 , il semble qu'o n puiss e identifie r Clemens avec Willibrord, qu i a reçu c e
94 Voi r F. CARDOT, L e pouvoir aristocratiqu e e t le sacré a u hau t Moye n Age : sainte Odil e e t le s Eticho nides dans la Vita Odiliae, dans : Le Moyen Ag e 89 (1983) p. 173-193. Editions de la Vita s. Odiliae pa r
PFISTER, AnalBol l 1 3 (1894) p. 5-32; LEVISON , MG H SR M VI, p. 24-50.
95 Voi r JÉRÔME 1898 , p. 177-190.
96 Pou r le s relations probable s entr e Echternach e t Moyenmoutier, voi r GAUTHIE R 1980 , p. 315 et 343.
SHG VI : Diocèse de Toul 7
5
nom du pape en 695/96; Chlodobertus es t inconnu par ailleurs. Hildulfus n e peut guère être que l'abbé de Moyenmoutier, et la fondation d u monastère se situe alors autou r
de 700, date beaucoup plus plausible que celle que propose la vita prima. L'explicatio n
généralement avancé e pou r cett e incohérenc e chronologiqu e es t l a suivante: l'auteu r
de l a vita prima - cens é remanie r un e vita perantiqua - , aurai t malencontreusemen t
glosé le nom de Pépin par les mots »magni Karoli pater«, et, en bonne logique, partout
où il n'y avait que des noms de fonctions, il aurait ajouté les noms des évêques contemporains d e Pépin l e Bref: Milon à Trêves, et Jacob (756-765 ) à Toul. L'auteur d e la vita tertia e t du Libellus de successoribus s. Hildulfi, plu s au fait de la chronologie, serait
intervenu san s songer toutefois à modifier le s deux noms d'évêques. Cette explicatio n
est ingénieuse, mais l'existence d e cette vita perantiqua supposé e étan t plus que dou teuse, on préférera l a proposition d e J. Howe (HOW E 1979, p. 278-279): la méprise sur
l'identité d e Pépi n es t attribuabl e à une mauvais e interprétatio n d e l a Vita prima s.
Maximini, l a même erreur ayant d'ailleurs ét é commise par Loup d e Ferrières dans sa
réécriture (BHL 5824). Si la chronologie absolue fournie par la vita prima n'es t pas défendable, ell e a au moins le mérite d'être conséquente ; l'auteur d e la vita tertia corrig e
dans le bon sens la chronologie absolue , mais rend absurd e la chronologie relativ e des
souverains e t des évêques.
La vita prima es t de qualité médiocre su r le plan historique e t sur le plan littéraire .
On n e peut guèr e en tire r d e donnée certaine . L e titre episcopal d'Hidulfe pos e pro blème. On e n a fait u n moine-évêque d e Saint-Maximin d e Trêves (WINHELLE R 1935 ,
p. 18 97, qui repren d PFISTER) , O U un évêque-abb é d e Moyenmoutier, sou s l'influenc e
du monachism e irlandais ; d'après PYCK E 1993 , il convient d e parler plutô t d e choré vêque d e Trêves; la date de sa mort a peut-être ét é confondue ave c celle d'Hidulfe d e
Lobbes, né dans le même diocèse de Cambrai 98. Selon une projection familièr e a u discours hagiographique , l'auteu r lu i attribu e toute s le s construction s de s église s exis tantes à la date de rédaction d e la vita (Sainte-Marie, c'est-à-dire l'églis e principale d u
monastère de Moyenmoutier; Saint-Pierre; Saint-Jean; Saint-Evre, fondée par Hérard ;
Saint-Grégoire, chapelle cimétériale): le texte est pratiquement inutilisabl e pour l'his toire du monastère .
Quand a-t-il été écrit? Il a pu l'être à l'occasion de la réforme de Moyenmoutier vers
960", mai s aussi bien plus tard. Néanmoins les différences entr e les vitae prima e t tertia sur le plan historiographique, stylistique et spirituel obligent à supposer un laps de
temps assez important entr e les deux rédactions, au moins une génération: la vita prima a vraisemblablement ét é écrite avant le début d u XI e siècle 100.
97 U n avertissemen t d e Winheller, en bas de sa table des matières, exclut Hidulf e d e son étude parce qu'i l
ne fait pas partie des évêques de Trêves.
98 PYCK E 1993 , col . 527-530 .
99 Voi r supra, p. 70-71, la discussion concernan t l a vita deperdita.
100 LESN E 1938 , p. 270, la date du milie u du Xe s., sans argumentation .
76
Monique Goulle t
3. V i t a t e r t i a BH
/. Manuscrits
L 3947-4 8
Wien, Ôsterreichische Nationalbibl. 575
voir supra, p. 72.
Coordonnées du texte: fol. 1-36 = vita prima e t vita tertia (BHL 3948, avec lacunes (fol.
33v-34 et 35 v-36) dues à la perte d'un quaternion101 e t quelques omissions) .
Ce pourrait êtr e l e manuscrit d e Moyenmoutier utilis é pa r BELHOMME . Certaine s
de ses leçons sont en effet identique s à celles de Nancy, BM 1278, originaire de Moyenmoutier lu i aussi, mais il y a des divergences trop nombreuse s entr e les variantes indi quées par Belhomme dans la marge du texte des AASS et celles du manuscrit nancéien ,
pour que ce dernier soi t l'exemplaire qu'i l a utilisé.
Paris, BNF lat. 9738 (Suppl. lat. 218.9)°°
Datation: XII e siècle.
Origine: Echternach . I l s'agi t du manuscri t d'Echternac h collationn é pa r le s Bollan distes pour leu r édition de s AASS: voir Cat. Paris. II, p. 576-577.
Coordonnées du texte: fol. 6 V-17 (BHL 3947) .
Contexte: recuei l de Vies de saints, trévirois e n particulier; au x fol. 17-2 6 se trouve le
Liber de successoribus s. Hildulfi (BH L 3949) .
Bruxelles, BR 7503-18 (Van den Gheyn 3178 )
Datation: XII e siècle, jusqu'au fol. 68, puis XIVe: VAN D E GHEYN, t. 5, p. 144 , n° 6; Cat.
Brux. II, p. 84, n° 2.
Provenance: deven u propriét é d u Collèg e de s Jésuites d e Paderborn, e n 1612 , le ma nuscrit passa ensuite chez les Bollandistes d'Anvers (fol . 1 : Codex b. collegio Societa tis Jesu Paderbor n donatu s anno 1612. Pervenit a d musaeu m scriptoru m Antverpia e
commutatione librorum . Idem a u fol. 3).
Coordonnées du texte: fol. 70-76 (BHL 3947) .
Contexte: l a vita BHL 394 5 es t suivi e d u Libellus de successoribus s. Hildulfi (BH L
3949). Le manuscrit contient des Vies de saints à dominante germanique , ainsi que des
textes historiques concernan t Charlemagne, Louis le Pieux et les Saxons.
Mùnchen, Bayerische Staatsbibliothek, Cl m 22244
Datation: 2 e moitié du XII e siècle, sous l'abbé Gebehardus (1141-1191) selon une mention qu i se trouve au fol. 1 du premier volume de la collection.
Origine: copi é à Sainte-Marie de Windberg, de l'ordre de s Prémontrés, dans le diocèse de Ratisbonne.
Coordonnées du texte: fol. 134—136 v.
Contexte: l e manuscrit es t un témoi n d u Legendariu m Windbergense : voir: Voir LE VISON 1920 , p. 533 ; A. PONCELET , D e legendari o Windbergensi , dans : AnalBol l 1 7
(1898) p. 98-101 et 117, n° 286. Le texte comporte une coupure, du c. 12 (Monastici siquidem non immemor voti reputabat...) a u c. 15 (libentissime collaboravit).
101 HOWE 1979, p . 28 0 e t p . 529 , n . 280 .
SHG VI : Diocèse de Toul
77
Nancy, BM 1278 (811)°°
Datation: XIII e ou XIVe siècle. Voir PFISTER 1890 , p. 160; CHAPELIER 1892 , p. 257-258;
102
LESNE 1938 , p. 270 ; voir supra, n° 1277-1279 , p. 72.
Origine: abbay e de Moyenmoutier .
Provenance: n ° 2080 de la coll. Noël.
Coordonnées du texte: fol. 1- 1 lv (BH L 3948).
Contexte: L a vita tertia (fol . 1-11 ) es t suivie du sermo n BH L 3948b , qui s'achèv e a u
bas du fol. 14 r (fin d u cahier).
Roma, Bibl. Aless. 227
Datation: inXV P siècle: voir A. PONCELET , Cat. Rom., p. 200.
Coordonnées du texte: fol . l-l v , 37-37 v, 31-34 v, 38-38 v , 8-8 v, 2-7 v , 9-12 v: D e s . Hy dulpho = BHL 3947.
Contexte: l a vita tertia est suivie du sermon BHL 3948b (fol. 13-17 V), de la Translation
BHL 3952 b (fol . 17v-23v) , d'u n cour t réci t concernan t le s saint s Jea n e t Bénign e
(fol. 23 v-24), e t d e l a Passio n d e sain t Boniface et s a Translatio n à Moyenmoutie r
(fol. 24-30 v); fol. 35-36 v, 39-39v se trouvent de s extraits de la Chronique d e Richer de
Senones, II, c. 14 et 18-20 .
Ce manuscrit est apparemment une copie de Nancy, BM 1278-1279, ou d'un témoi n
de la même famille .
77. Editions
Historia Mediani in monte Vosago monasterii, p. 81-129, reproduite dans
AASS Iul.III, p. 228-38,3e éd. 217-26, et dans MIGN E P L 151 , c. 587-606. Edition éta blie d'après u n manuscri t d e Moyenmoutier (peut-êtr e Wien, Osterreichische Natio nalbibl. 575, ou Roma, Bibl. Aless. 227), collationné ave c BNF lat . 9738, fol. 6 V-17, et
Bruxelles, BR 7503-18.
BELHOMME,
777. Examen critique
a) résultats:
L'auteur es t apparemmen t l e mêm e qu e celu i d e BH L 3949 103, ca r dan s le s ms s
Bruxelles, BR 7503-1 8 e t Paris , BNF lat . 9738, on li t au c . VIII de ce texte: »Horu m
vero miracul a i n subsequentibu s e x multiplicibu s quaeda m explanabimus , u t quant i
sint meriti apud Dominum fiat luc e clarius«, et au c. XXIII: »Si quis vero librum mi raculorum supe r haec transcurrere studuerit, evidentissimis agnoscere indiciis poterit,
quantus hi c beatus pater noste r Hildulphu s extiterit , qualesque viros, dictante spirit u
sancto, sanctae ecclesiae educaverit. Explicit vita sancti Hildulfi Treviroru m archiepi scopi«104. Or BHL 3949 date du début du XI e siècle au plus tôt. Le terminus ante quem
est une lettre de Pierre Damien, datable de déc. 1059-juill. 1061 105.
102 Le manuscrit y est désigné sous la cote ms 1196.
103 Ce texte est appelé Libellus de successoribus s. Hildulfi. Voi r THIÉRY 1994 .
104 Ces passages son t absent s d u manuscri t d e Moyenmoutier qu' a utilis é Belhomme, car il ne donne pa s
non plus le texte du Libellus de successoribus.
105 Désireux d'abandonner so n évêché d'Ostie, i l écrit au pape Nicolas II (déc. 1059-juill. 1061 ) pour s'expliquer; voulant trouve r des précédents à son geste, il cite notamment l'exempl e d'Hidulfe : »Porr o au -
78
Monique Goulle t
b) résumé analytique :
L'auteur d e la vita tertia a conservé presque intégralement l e texte-source, en l'ampli fiant. A part un e important e modificatio n chronologiqu e (le s événements son t situé s
vers 700, alors que la source les situait vers 750), il n'y a aucun bouleversement des données d u récit , qu i s'enrichi t néanmoin s de s élément s suivants : à sa mort, e n 707 , Hi dulfe es t enseveli dans l'oratoire Saint-Grégoire , et plus tard, dans l'église Sainte-Ma rie (c. 30-33)106; vingt et un jours plus tard, sous l'abbatiat d e Regimbert, meuren t le s
saints Jea n e t Bénigne ; il s son t enseveli s côt e à côt e dan s l'oratoir e Saint-Grégoir e
(c. 34-36) , où se déroulent trois miracles: la main desséchée d'une moniale guérit; deux
aveugles recouvren t l a vue (c. 37-40).
c) sources et style:
Les additions d e type historiographiqu e généra l contenue s dan s le s c. 2 et 6 sont em pruntées à L'Histoire des Lombards de Paul Diacre, ainsi que l'a montré PFISTE R 1889 ,
p. 540-542 : au c. 3, le passage sur les maires du palais vient de Hist. Lomb. VI, 16, Pétymologie du nom Angisus de Hist. Lomb. VI, 23, e t le passage concernant Pépin de Hist.
Lomb. VI, 37; au c. 20, la mention du roi des Angles Ceudoald baptis é à Rome est issue
de Hist. Lomb. VI, 15. Toujour s d'aprè s PFISTER , l'hagiographe aurait encore utilisé une
autre chronique aujourd'hui perdue, postérieure à Louis le Pieux, qui serait également la
source de s Annales d e Saint-Ruppert d e Salzbourg (XIIIe s.); les parallèles qu'il relèv e
sont néanmoins peu convaincants, dépourvus en tout cas de ressemblances littérales.
Les données d'histoire régional e et locale (PFISTE R 1889 , p. 343-351), intéressant le
diocèse d e Trêve s et , surtout , l a haut e vallé e d e l a Meurth e (situé e entr e Trêve s e t
Luxeuil), font égalemen t l'obje t d'un e paraphrase : ainsi la phrase finale d e la vita prima, c . 14 (multi nempe nobilium iuris suipraedia praefato loco contulerunt) es t amplifiée dan s l a première parti e d u c . 25 de l a vita tertia. D'un e faço n générale , l'hagio graphe insiste sur les donations de s laïcs.
De nombreuses additions relèvent de la topique de l'édification: ains i la mention des
donations dan s le c. 25 déclenche les éloges et l'invitation à imiter le saint.
Aux deux allusions scripturaires et aux citations qu'il reprend de la vita prima, l'ha giographe a ajouté de s citations biblique s e t patristiques: Matth. 19 , 29 (c. 4); Ps. 127,
3 (c. 17); Is. 5, 17 (c. 17); Gai. 6, 14 (c. 25); J n 6, 45 (c. 27); Le 9, 62 (c. 29); II Thess. 3,
10 (c. 29). Greg. M., in Ezech., praef . (c. 1), 1,10 (c . 14); Dialog. I , 8 (c. 34).
d) discussion critique :
L'auteur d e la vita tertia (ains i nommée e n raison de son classement dan s la BHL) es t
le même que celui du Libellus. I l est mieux informé qu e son prédécesseur su r Phistoitem Hildulfu s Treverensi s archiepiscopus , quanta e sanctitati s quamqu e mirifica e vita e vi r fuerit , spa tiosus occidens non ignorât. Qui nimirum, ut gestorum illius testatur historia, Jacob Leuchae urbis, quae
nunc Tullus vocatur, obsecravit episcopum , ut sibi congruum ad habitandum providere t solitudini s locum. Prius itaqu e sibi successore m elegit, deinde monasteriu m construens , per monasticae disciplina e
lineam districtu s incessit . Ubi nimiru m tot pe r eum facta miracula luce clarius perhibent , qui a vir do mini episcopatu m dimittens , no n mod o reatu s macula m no n incurrit , veru m etia m De o suavitati s sa crificium obtulit « (Kurt REINDEL éd. , Die Briefe de s Petrus Damiani, MGH, Di e Briefe de r deutsche n
Kaiserzeit, IV. Band, Teil 2: Nr. 41-90, Munich 1988 , p. 350-352).
106 Sur le culte d'Hidulfe, voi r BAUER 1997, p. 272-273, et carte 36.
SHG VI : Diocèse de Toul
79
re de son monastère , en particulier su r sa date de fondation. Voulan t rectifie r l'erreu r
de datation commise par l'auteur d e la vita prima, i l recule les événements d'un demi siècle, et il a raison, ainsi que le montrent d'autre s sources ; mais ce faisant i l laisse subsister des incohérences interne s (l e nom de s évêques Milon e t Jacob).
Une tradition défendue par PFISTER 1889 , p . 538-551 attribue la paternité de l'œuvre
à Humbert de Moyenmoutier107, qu i serait également l'auteur d u Libellus de successoribus et de la Vita Deodati (voi r infra). Cette affirmation repos e pour l'essentiel sur une
interprétation forcée de Jean de Bayon, selon qui Humbert aurait composé les louanges
de saint Cyriaque, de Hidulfe, de saint Dié, d'Odile, de Colomban et de Grégoire; Brunon, le futur pap e Léo n IX, en aurait fai t l a musique 108. Pour douteus e qu e soit cett e
affirmation, ell e mentionne en tout cas des chants, et non des œuvres hagiographiques ,
mais cela ne décourage pas Pfister, qu i écrit: »Ne sommes-nous pa s autorisés à croire
que ce s répons e n l'honneur d'Hidulph e son t comm e u n sommair e d e l a grande Vie,
et dè s lor s l a concordance entr e cett e date de 104 4 à laquelle l e raisonnement nou s a
conduits, et cette même date de 104 4 donnée par Jean d e Bayon n'est-ell e pa s fort re marquable? I l devien t pa r suit e infinimen t probabl e qu'Humber t a composé l a troi sième Vie de Hidulphe e t le Libellus« m. L e peu d e fiabilité d e la source de Pfister, e t
l'interprétation trè s forcée qu'il en fait lui-même, s'accompagnent d'un e erreur dans le
raisonnement qui lui avait fourni pa r ailleurs la date de 1044 comme terminus a quo de
la rédaction du Libellus. E n effet cett e date est issue de la mention de la translation de s
reliques de saint Boniface par Lambert, le vendredi 4 novembre 104 3 (c. 9): or il s'agit
d'une interpolatio n tardive , qu i n e figure pa s dan s tou s le s manuscrits. Pou r l a data tion du Libellus, i l convient d e se ranger aux arguments convaincant s d e THÉRY 1994 ,
p. 21-23 , à une réserve près: l'ouvrage a bien été composé après 1014 , dernière date qui
y soit citée, et vraisemblablement aprè s la mort de Berthold (1019) , qui y est fustigé, et
de l'empereur Henr i II le Saint (1024) 110, mais pas forcément avan t l'accession d e Bru-
107 Cardinal et proche collaborateur du pape Léon IX, il est connu en particulier pour le rôle qu'il joua dans
la lutte contr e l a simoni e e t lor s d u schism e ave c Byzance ; l'addition , dan s l a vita tertia, d e diatribe s
contre le s mœurs simoniaque s d u temps , absentes d e l a vita prima, on t certainemen t jou é dans l e sens
de l'attribution d u text e à Humbert. Voir HOWE 1979, p. 529, n. 281.
108 Cité e t tradui t pa r PFISTE R 1889 , p. 538: »La sixième anné e d u gouvernemen t d e Lambert , e n 1044 , le
moine Humbert composa les louanges de saint Cyriaque martyr, de Hidulphe de Trêves, de saint Dié, de
la Vie d'Odile, de Colomban et de Grégoire. On appelle ces ouvrages vulgairement des répons. Après les
avoir écrits en vers et en rythme, il les livra à l'évêque Brunon , qui en fit l a musique.« Cett e affirmatio n
semble ne reposer que sur des bases très fragiles: 1 ) on ne voit pas d'où Jean de Bayon tire la date de 1044,
qui n e figure à notre connaissanc e dan s aucu n text e ancien; le chroniqueur es t d'ailleurs coutumie r d u
fait. 2) mieux, cette affirmation apparaî t tout entière comme l'extrapolation d'u n passag e de la Vie du pape Léon IX, I, 15 (op. cit., 55), décrivant le s dons musicaux du pape, qui aurait en effet compos é des répons e n l'honneu r de s saints mentionné s ci-dessus ; d'où Jea n d e Bayo n a-t-i l pris qu'Humber t aurai t
composé le s textes? 3) enfin, l'affirmatio n d e la Vita s. Leonis IX ne trouve aucun e confirmation litur gique ou codicologique: Belhomme affirme qu e les répons se chantaient encore à son époque, mais Pfister n'en a pas trouvé trace dans les livres liturgiques (postérieurs au XVe siècle) conservés.
109 Ibid. A l a recherche d'argument s e n faveur d e l'attribution d e l a vita tertia à Humbert, l'historien fai t
un choix hasardeux en ajoutant plu s de foi à Jean de Bayon qu'à la Vita s. Leonis IX, et écrit, p. 539, n. 1:
»Widric, dans sa Vie de Léon IX (sic), I, 5, attribue la composition de s répons à Brunon lui-même . Mais
au Moyen Ag e on attribuai t e n général les hymnes à qui en composait l a musique«.
110 L'expression tempore Heinrici principis, au c. 12, permet tou t a u moins de le penser.
80
Monique Goulle t
non à l'épiscopat, en 1026: l'argument psychologiqu e (l'autocensure supposée de l'auteur duran t l'épiscopa t d'u n proch e d e Berthold) apparaissan t insuffisant . L a date d e
1044 ne repose donc sur aucun argument acceptable, et d'ailleurs on imagine mal qu'un
personnage de la trempe du cardinal Humbert ait pu écrire une œuvre aussi maladroi te que celle-cilu . Cette attribution est néanmoins reprise sans discussion par GAUTHIE R
1980, p . 341, sur la foi de Pfister .
JÉRÔME 1898 , p. 230-236, juge indéfendabl e l'attributio n à Humbert des œuvre s
consacrées à Hidulfe d'un e part , e t à Dié d e l'autre: l a Vita tertia Hildulfi repren d l a
tradition de la vita prima, selo n laquelle le passage de Dié dans les Vosges aurait été antérieur à celui d'Hidulfe; a u contraire, l'auteur de la Vita Deodati me t l'amitié entre les
deux saints au centre même de son récit. Pour Jérôme, l'auteur de la Vita Deodati pour rait être Humbert, tandis qu'un certain Valcand (Valcandus), plu s âgé, pourrait être celui de la Vita tertia Hildulfi.
Ce Valcand s'était déj à vu attribuer par Belhomme la paternité de la vita tertia et du
Libellus. L e bénédicti n fond e s a démonstratio n su r u n témoignag e d e J. RUYR , Le s
saintes antiquite z d e la Vosge, Saint-Dié, 1625 , p. 209, 210 et 224. Ruyr affirm e cite r
»quelques fragmen s d'u n nomm é Valcandu s présum é religieu x o u abb é d e Moyen moutier après Adalbert«, ajoutant: »n'étai t que pour vieillesse de l'exemplaire écri t en
velin presqu e tou t vermoulé , premie r qu'i l m e vienne e n mains , je n'entrais e n scru pule d e le mettre e n jeu«. D'après le s passages cités , et e n particulier un e Translatio n
des reliques de Dié en 1003, c e Valcand aurait écrit durant le premier quart du XI e siècle.
Pour Belhomme, outre la Vita tertia Hildulfi, le Libellus de successoribus s. Hildulfi e t
la Vita s. Deodati, Valcan d aurai t encore écrit un recuei l de miracles, annoncé au c. 28
de la Vita s. Deodati 112, e t que nous n e connaissons pas ; ce serait c e livre »vermoulé «
que Ruyr aurai t e u entre les mains. Outre qu e Ruyr es t mal informé - ca r aucun Valcand113 n'a été abbé de Moyenmoutier, e t le successeur d' Adalbert fut Alman n -, rie n
n'indique qu'il ait eu entre les mains un recueil de miracles, qui n'a vraisemblablemen t
jamais existé. C'est l à le seul témoignage qu'on ai t sur cet hypothétique Valcand , don t
le nom s e retrouve pourtan t beaucou p sou s l a plume de s historien s lorrain s d e l a fi n
du XIX e siècle 114.
Ecrite par le même auteur que celui du Libellus de successoribus s. Hildulfi, l a vita tertia reste donc anonyme. Pour la dater, on dispose des éléments suivants. La rédaction du
manuscrit de Vienne fournit bien entendu un terminus ante quem. Celui-c i se situe vraisemblablement entre 1039 (puisque le manuscrit a appartenu à l'abbé Lambert, entré en
111 On a voulu très tôt attribuer d'autres ouvrage s à Humbert, dont l a Vie du pape Léon IX. Aucune de ces
attributions n'es t solide .
112 »in subsequentibus conabimu r (s i Deus permiserit) ex his aliqua posteris transmittere« .
113 Ni aucun paronyme (Valcaudus , Walcaldus par exemple), d'après l a liste pourtant trè s complète du Libellus de successoribus.
114 Dans l'Histoir e littérair e de la France, t. VII, Paris 1746 , p. 239-243, constatant l'absenc e d e tout ren seignement biographiqu e à son sujet , su r l a foi de s œuvres qu'o n lu i attribue , o n e n fai t u n moin e de
Moyenmoutier, ayan t véc u jusqu'aprè s 1014 . Ces œuvre s sont : l a troisième Vi e d'Hidulfe, l e sermo n
BHL 3948 b contra depravatos saeculi mores, l e Libellus de successoribus, et, hypothèse donnée comm e
seulement probable , la Vie de saint Dié BHL 2131-2132 . L'attribution d u Libellus e t de la Vita tertia s.
Hildulfi à »Valcand« es t reprise par LESN E 1938 , p. 270.
SHG VI : Diocèse de Toul
81
fonctions à cette date) et 104 7 si le dilectus dominus Willelmus mentionn é dans la dédicace est bien, comme tout porte à le croire, l'évêque de Strasbourg (1029-1047), en tout
cas 106 2 a u plu s tard , dat e d e la mort d e Lambert 115. L'exame n d e cette version a par
ailleurs inspiré à John How e un classement relati f extrêmemen t convaincan t de s diffé rentes versions du text e (HOWE 1979, p. 281): dans sa version »originale« , la vita tertia
était lié e au sermo BH L 3948b ; on a ensuite excis é l e sermon, fai t quelque s addition s
ponctuelles e t ajouté l e libellus, pour produir e l a version BH L 394 7 et BHL 3949 . La
première version de la vita tertia pourrait avoir été écrite au moment de la restauration
de Moyenmoutier par Brunon de Toul, qui eut certainement lieu vers 1030/31, si l'on en
croit la Vita s. Leonis IX du pseudo-Wibert 116. L e contenu d u texte permet e n tout cas
d'aller e n c e sen s (voi r pa r exemple , au x c . 4, 8 , la dénonciatio n de s pratique s simo niaques), de mêm e qu e le s critères stylistique s (voi r le s statistiques su r l e cursus dans
e
HOWE 1979, p . 527 , n . 272 , qu i invitent à dater la vita de la première moitié du XI siècle).
La seconde version et le libellus n'ont pas dû être écrits beaucoup plus tard.
DEODATUS
Deodatus (fr . Déodat, Dié )
t 67 9 (?); fête le 19 juin
évêque [de Nevers]
Dossier
1. Vita
BHL 213 1
la. Prologu s ( 1 chapitre)
Inc.: Catholica fides et christiana pieta s
Des.: piissimu s pater noster Deodatu s praecipuo nobis
lb. Vit a (27 chapitres)
Inc.: Beatu s Deodatus generos o occidentalium Francoru m sanguin e
Des.: Ipsiu s tandem meriti s innitentes e t precibus .. . Ame n
117
le. Vita (20 chapitres) BHL2132
Inc.: Piissimu s pater noster Deodatus ( = BHL 2131 , dernière
phrase du prologue )
Des.: se d omnia in futuro reservantu r incert a (= BHL 2131 , milieu du c. 21)
115 Voir HOWE 1979, p. 280-281, e t p . 528-529, n . 279; ridentification d e Guillaum e d e Strasbour g a été
proposée par Cl. BARLOW, An unpublished Dedicator y Poem by Lambert of Moyenmoutier, dans: Rev.
bén. 49 (1937) p. 196-199.
116 Voir Michel PARISSE, La Vie du pape Léon IX, Paris 1997,46 (I, XII). La réforme n' y est pas datée, mais
l'événement est immédiatement suiv i (dans la même phrase) de la mise en place de Widric (ou Werry) à
Saint-Evre; on sait que cette dernière eut lieu en 1031 (BULST 1973 , p . 90-102). Ma proposition recoup e
celle de HOWE 1979, p. 281, qui situ e l a rédaction d e la vita tertia a u moins une génératio n aprè s cell e
de la vita prima, qu'i l dat e de la fin du Xe ou d u début d u XI e siècle.
117 BHL 2132 n'est qu'un e version incomplète de BHL 2131 , amputée du prologue et arrêtée au milieu d u
c. 21. C'es t cell e que les Bollandistes lisaien t dans une copie du Légendie r d e Saint-Sauveur d'Utrecht .
82
Monique Goulle t
2. Praefatio (1 4 paragraphes) BH
L 213 1
Inc.: Dominis patribus e t fratribus praecordialite r amplexandi s i n Christ o
Des.: quibus claruit in Vosagi recessibus, quae, domini fratres, imitando ,
valebitis omnes .
Pour la clarté de l'exposé, on examinera successivement les éléments 1 . et 2. du dossier ,
qui n'on t ét é rapprochés qu e tardivemen t pa r le s historiens, e t dont l'homogénéit é a
prêté à discussion.
1. V i t a
/. Manuscrits
BHL 2131-213 2
Nancy 173 2 (1052)°°
Datation: XVe siècle.
Origine: cathédral e de Toul.
Coordonnées du texte: fol. 17-24 v. Il s'agit de la version BH L 2131 , amputée acciden tellement du début et de la fin. Le texte commence au c. 4 (Igitur terque quaterque beato Deodato), e t se termine au milieu du c . 27 (ex signis visibilibus quae profecto sunt).
Contexte: fragment s d u gran d Légendie r d e la cathédrale d e Toul utilis é par BENOÎT PICART 1707 . Un premie r cahie r d e 1 6 folios compren d l a Vie de s. Gérard évêqu e d e
Toul pa r Widric , un secon d l a Vita Deodati, pui s suiven t de s leçon s e h l'honneu r d e
saints divers, dont Apronie, sœur supposée de s. Evre (Aper). Ecritures, encres et âges
différents. Tabl e au fol. 27v.
Paris, BNF lat. 12862 en est apparemment une copie (voir supra, Vita Mansueti prolixior).
Nancy, BM 497 (17bis)°°
Datation: XVII e siècle.
Provenance: collectio n Noël .
Coordonnées du texte: 2 e cahier, p. 1-45 (imprimé) .
Contexte: recuei l compos é d e trois cahier s comptan t respectivemen t deu x texte s im primés d e 58 et 45 pages, et un texte mi-imprimé, mi-manuscrit, d e 17 5 pages: 1) Mémoires historiques pou r l a Vie de saint Dié, par Françoi s de RIGUE T ( = texte imprim é
à Nancy en 1680, identique à celui de Nancy, BM 496 (17); p. 58: notes manuscrites sur
l'ancienne vie latine de saint Dié. 2) »Vita sancti Deodati Nivernensis episcop i et insignis ecclesiae Sandeodatensis in Vosago fundatoris«. Imp. Nancy, 1680 , avec de nom breuses notes manuscrites dans les marges (= BHL 2131). 3) Observations sur les titres
de l'insign e églis e d e Saint-Di é (ce s observations , imprimée s su r 4 0 pages, puis ma nuscrites, sont les mêmes que celles de Nancy, BM 496, p. 67 sqq.).
Utrecht, Bibliotheek de r Rijksuniversiteit 39 0 (Eccl. 21)
Pour c e manuscrit, voir supra, p. 53; GUMBER T 1974 , p. 72-73; DOLBEA U 1975 .
La tabl e fol . A comport e l a mention : LVIII sancti Deodati ep. et conf. LXII sancti
Ymeriiconf18.
118 Ces renseignements m'on t ét é aimablement communiqué s pa r François Dolbeau d'aprè s une photocopie de la table; je n'ai pas vu le manuscrit.
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83
Manuscrits perdu s (?)
Les Bollandistes disposaient d'un manuscri t de Paderborn contenant la vita tertia et le
Libellus de successoribus, qui d'après leu r description n'es t pas Bruxelles, BR 7503-1 8
(Van den Ghey n 3178) . Ils étaien t égalemen t e n possession d'un e copi e d e l a version
du Passionnair e d e Bôddeken (dan s l e diocèse d e Paderborn) 119 . Enfin , il s ont utilis é
une copie de la version BHL 2132, prise dans le Légendier de Saint-Sauveur d'Utrech t
(sur ce manuscrit, voir supra, la Vita Amati).
IL Editions
Beatissimi Deodati episcopi Vita, Nancy 161 9 [anonyme?]. Voir AASS Iun.III, p. 870,
n°3.
François de RIGUET, Mémoires historiques et chronologiques pour la vie de saint Dié,
Nancy, 1680 : édition fait e d'aprè s l a précédente (voi r AASS Iun. III, p. 870, n° 5).
Daniel PAPEBROCK , AAS S Iun . III, p. 872-83 , 3 e éd. IV, p. 727-737 . Editio n établi e
d'après l'éditio n d e Nancy, 161 9 (voir 870, n° 3), dont le texte est le même que celui du
manuscrit Nancy, BM 1732.
MIGNE P L 151 , c. 611-634 ( = AASS).
E. FERRY 1913 : transcriptio n et traduction française partielles, d'après l e texte des AASS
(Inc.: Caholica fides. Des.: hactenus a d istud iamia m quod restâ t agatur [fi n c . 13]).
J. RUYR , Le s saintes antiquitez d e la Vosge, Saint-Dié 1625, 21634, compile, paraphra se ou traduit, selon les cas, les sources anciennes .
77/. Examen critique
a) résultats:
Le texte es t légèremen t postérieu r à la Vita tertia Hildulfi, don t i l s'inspire. Comm e
elle, il était connu e n Italie entre 105 9 et 106 1 au plus tard 120.
b) résumé analytique :
Dié, iss u d e l a noblesse d e Franci e occidentale , mérit a pa r se s vertus d'êtr e prom u à
l'épiscopat d e Nevers assensu cleri et plebis, mai s il y renonç a bientô t pa r humilit é e t
se retira dan s une forêt de s Vosges avec quelques compagnons : Arbogaste e t Florent ,
futurs évêque s d e Strasbourg, puis Willigod , Domnolu s e t un autr e Deodatus ; Gari bald était alors évêque de Toul, dit l'hagiographe, ce qui introduit une aberration chronologique, l'évêque étan t attest é e n 706 dans le s Fastes. A Romont l e saint intervien t
miraculeusement pou r replace r un e poutre récalcitrant e su r une toitur e e n construc tion, et en récompense reçoit une rente du seigneur du domaine. Prévoyant de se fixer
à Argentelle, il se heurte à l'hostilité de s paysans, immédiatement puni s avec leur descendance par diverses affections physique s o u mentales. Il passe alors en Alsace, où il
119 Voir AASS , t. cit., p. 870, n° 3 , et AnalBoll 2 7 (1908) p. 342: »Libelli i n incert o tom o Legendarioru m
Bodecensium oli m inventi : >Vita s. Deodati pontif.< , BHL 2131 , collato codice Bodecensi, éd. in AASS
Iun., t. III, p. 870, n° 3. deerat prologus e t ultima pars« [ à partir du c . 21].
120 »Quid refera m Deodatu m summa e sanctitatis virum, eiusdem scilicet ecclesiae Treverensis episcopum ?
Qui, sicu t autentica tradit historia, a Girbaldo eiusdem Leuchae sanctissimo praesule in saltu Vosagi locum obtinuit, in quo renuntians saeculo laudabiliter conversatus monasteria statuit atque post diutinam
in Christi agone militiam vitae senatum laureatus intravit« (REINDEL , Die Briefe des Petrus Damiani [cit.
n. 105] p. 351).
84
Monique Goulle t
se lie avec un couple de la noblesse, Hunus e t Huna, dont i l baptise un fils. Il se heurte
à nouveau à l'hostilité de la population, qui, en représailles, se voit condamnée à ne plus
vivre que goitreuse. En 669 il arrive dans le Val de Galilée; il s'installe dan s une grotte,
au bord d e la Meurthe. Averti de sa présence par une vision, Hunus s e porte à son secours, et lui donne des terres sur lesquelles il construit un e celle dédiée à saint Martin ;
il y dépose le s reliques qu'i l transportai t ave c lui. Childéric lu i ayant fai t do n d u Val
Galilée, propriété du fisc, il fait construire un monastère près de l'oratoire de saint Martin. Un ouvrie r qui passait la nuit sur la colline de Jointures s e voit intimer l'ordre d' y
construire u n oratoir e dédié à la Vierge: le saint s'exécute, e t consacre l'église à Marie
et aux premiers évêques trévirois, dont Hidulfe, archevêqu e de Trêves, lui avait donn é
les reliques; la signature d'Hidulfe s e lit d'ailleurs e n tête d'un privilèg e obtenu pour le
monastère, avant celle de douze autre s évêques. Suit le texte dudit privilège .
La seconde partie de la vita (c. 14-29) est centrée autour de la légende de la fraternité entre Di é e t Hidulfe , cens é l'avoi r rejoin t e n 671 . L'hagiographe donn e préalable ment quelques explications embarrassées sur l'aberration chronologique que paraît entraîner cette amitié: qu'en trois ans il y ait eu quatre évêques à Toul (Garibald, Godon ,
Bodon, et Jacob, qui avait accueilli Hidulfe) n e doit pas surprendre si l'on considèr e la
brièveté de la vie humaine et ses vicissitudes. Devenus voisins, les deux saints instaurent
la coutume d'une rencontre annuelle entre leurs communautés et créent une confrater nité de prières. Deux chapitres son t consacrés à leurs portraits comparés e t à un élog e
de leur vie. Dié meurt sept ans et demi plus tard, le 19 juin 679, confiant so n troupeau à
Hidulfe, qui administrera les deux établissements durant vingt-huit ans . Il meurt à son
tour, et les deux communautés décident de pérenniser ces liens de confraternité .
Le dernier chapitre relate la lecture de la vita en synode durant la Pâque 1049 , et son
approbation pa r Léon IX (voir infra).
c) sources:
L'idée qu'il y eut une amitié personnelle entre Hidulfe e t Dié, indéfendable su r le plan
chronologique, est issue d'un passage de la Vita tertia Hidulfi, c . 15: »Siquidem a praedecessorum eius quodam pontifice, Girbaldo nomine, viro aeque sanctissimo, Deodatus vir summae sanctitatis, olim Nevernensis episcopus, renuntians saeclo, in saltu Vosagi locum obtinuerat. Ubi sanctissime conversatus, monasteria statuit, atque post diutinam i n Christ i agon e militiam , vita e senatu m laureatu s intravit« . A u pri x d'un e
invraisemblance chronologique , l'hagiograph e transform e cett e coïncidenc e géogra phique e n un e rencontre , qu i devien t l'épin e dorsal e d e so n récit , e t l a justificatio n
d'une politiqu e de rapprochement entr e Saint-Dié et Moyenmoutier .
La vita contient de s citations scripturaires : Cant. 5, 1 (c. 1); Ps. 50, 19; 54, 9; 83, 7;
114, 6; 138,16; Le 17,10 (c. 3); Is. 54, 7 et 54,11 (c. 10); Ps. 45 et 33, 9 (c. 16); II Cor. 11,
29, Matth. 20,12,1 Tim. 6, 8 (c. 17); Eccl. 30,4-5 (c. 19); Jér. 17,4; Hébr. 13,14 ; IV Reg.
2,12 (c . 20); Eccl. 9,1; Ps. 87,5; Jn 14 , 30-31 (c. 21); Le 10,20, Matth. 7,22-23 et 11,2 9
(c. 27); Sir. 44,1, Matth. 6,12; 13,4 6 et 22, 40, Jn 16 , 33,1 Jn 2,15-16 (c . 28). Le c. 3 (in
caritate Dei... fundatus) fai t allusion à Ps. 47,2-3 (in civitate Dei... fundatur), l a comparaison entre les saints et les colonnes de la maison de Dieu (c. 17) est empruntée à III
Reg. 7, 6-22, sans qu'il y ait de véritable citation; au même c. 17, gallinas intellectuales
renvoie à Matth. 23, 37, au c. 21, quo unusquique aut relevetur aut gravetur renvoi e à
III Reg. 12,9-10; au c. 28 on relève une allusion à Sir. 6,14, II Cor. 11,27.
SHG VI : Diocèse de Toul
85
La vita contient auss i des citations o u allusion s patristiques: l'allusion à Ambroise
annoncée au c. 20 reste à identifier; a u c. 21, l'hagiographe annonc e une citation d'Au gustin (AU, cf. 9,13: et vae etiam laudabili vitae hominum, si remota misericordia discutias earn), mais la donne sous la forme restitué e par GR-M, Jb 29,18 (vae etiam laudabili vitae hominum, si remota pietate iudicetur)', au même chapitre figure un e autr e
citation d'Augusti n (pro valde bonis sint gratiarum actiones ...), CP L 291 , De VIII
Dulcitii quaestionibus , 2, par. 4,1. 79. La citation prêté e à Augustin a u c. 28 (bene loqui et vivere ...) es t CPL 385 , Pseudo-Isidore, Test, patrum, cap. 6,1. 6.
Dans la PL de MIGNE , l'aphorism e d u c . 26 (vicinorum plera sunt communia, amicorum vero omnia) est rapporté à Aristote, Ethique à Nicomaque, VIII, 9; reste à déterminer l a source directe de l'hagiographe .
d) discussion critique :
Il sembl e (GAUTHIE R 1980 , p. 299-304) qu e Di é soi t bie n l e fondateur d u monastèr e
de Galilée, établissement d'obédience colombanienne, situé dans le diocèse de Toul, sur
l'actuel sit e d e Saint-Dié. O n peu t accepte r le s dates d u 1 8 juin 67 9 pour l a mort d u
saint, et donc d e 669 pour l a fondation d u monastère , l e privilège d e Numérien l a situant entre 660 et 673. L e plus ancien document concernan t l a fondation d u Val-Galilée est en effet un e charte émanant d e 1' »archevêque« Numerianu s e t conservée dan s
une copi e d u Xe siècle 121. Elle établi t qu'u n évêqu e nomm é Deodatus a construit u n
monastère en l'honneur d e la Vierge Marie, des apôtres Pierre et Paul et de leurs compagnons, des saints Maurice, Exsupère et Candide e t de leurs compagnons, des saint s
Euchaire, Materne e t Maximin, e t qu' à côt é du monastèr e i l a élevé des basiliques , le
tout su r un e propriét é obtenu e d u fisc . L'endroit , nomm é Jointures , ca r situ é a u
confluent d e la Meurthe e t du Rabodeau , es t baptisé Galilée. Il suit la double règl e de
saint Benoî t e t de sain t Colomban . L e privilège interdi t à quiconque d e toucher au x
biens-fonds d e l'abbay e e t accord e à la congrégation l e libre choi x d e son abbé . Nu l
évêque n e doi t franchi r l a clôtur e san s autorisation . Pou r consacre r un e église , l a
congrégation aura le libre choix de l'évêque. La teneur du privilège est reproduite dans
le c. 13 de la vita, mais l'acte, outre quelques variantes insignifiantes qu i peuvent s'ex pliquer par des erreurs de copie, est attribué à Hidulfe, dont l'autorité es t garantie par
le titre incongru d e »patriarche« dont il est revêtu pour la circonstance (c . 12) . PFISTE R
1889, p . 379 ne voit pas de raisons d e douter d e l'authenticité d e ce privilège: certes il
n'y a pas d'archevêqu e d e Trêves a u milie u d u VII e siècle, mais Numérien es t attest é
comme évêque de Trêves; le rédacteur du Xe siècle transpose donc une réalité contemporaine, comme il le fait en mentionnant de s basiliques qui n'existaient pas à l'origine;
les comprovinciaux cité s sont tous trois attestés à l'époque d e la fondation, sou s Childéric II (entre 660 et 673): sain t Cloud, évêque de Metz, Gisloard évêqu e de Verdun et
Eborinus évêqu e de Toul. Selon Pfister , l e privilège qu i constitu e l a fondation e n abbaye royale n'a rien d'exorbitant, s i on le compare aux cas de Rebais, Murbach e t Arnulfsau, troi s monastères fondés pa r des Irlandais; c'est d'ailleur s l à une bonne raiso n
pour voir en Dié un moine irlandais122 (le document ne donne pas son origine). On s'est
121 PARDESSU S 360. Voi r PFISTER 1889 , p . 379-395, GAUTHIER 1980 , p . 299-303, et BAUER 1997, p . 278-279.
122 Beaucoup de moines irlandais avaient le titre d'évêques. La légende fait de Dié un compagnon de s. Florent e t s. Arbogaste. E n revanch e l e terme peregrini, qu i désigne souvent le s Irlandais, s'emploie auss i
86
Monique Goulle t
étonné que le document n'ai t pa s été rédigé par l'évêque d e Toul, mais on peut consi dérer qu e l e métropolitai n engag e d'u n mêm e cou p tou s le s évêque s d e s a province .
Néanmoins N . Gauthier fait valoir que jamais le métropolitain n' a été habilité à intervenir dan s l'administratio n de s diocèses autre s qu e l e sien; en outre l'évêqu e d e Toul
Eborinus, nommé dan s la suscription, n'es t pas contemporain d e Childéric; d'une fa çon général e les suscriptions son t fort suspectes , et le document n e comporte aucun e
indication d e lieu n i de date. Tout e n repoussant le s suscriptions, et en considérant l e
nom d e Childéric comm e seulement plausible , elle juge que »l e corps mêm e du privi lège inspire confiance« .
Si l'on excepte la fondation d u monastère, les données de cette vita sont fabuleuses ,
et on ne peut pas se fier à sa chronologie, malgré tous les efforts d e l'hagiographe (c . 14)
pour justifie r qu'i l y ait eu à Toul un e succession d e quatre évêque s e n troi s ans . Hi dulfe e t Dié n e se sont certainemen t jamai s rencontrés , e t l'auteur d e la Vita Deodati
extrapole l'affirmatio n plu s que douteuse d u c . 8 de la Vita prima Hildulfi e t du c . 15
de la vita tertia: un pe u avan t Hidulfe , Di é aurai t reç u d e l'évêqu e d e Toul Garibal d
(Girbaldus es t attesté e n 706) , l'un de s prédécesseurs d e Jacob (lui-mêm e attest é ver s
750), l'autorisatio n d e s'établir dan s les Vosges.
Le Deodatus fondateu r d e Saint-Di é doit-i l êtr e confond u ave c u n (ou deux? )
évêques du même nom, mentionnés dans deux sources fiables des VIII e et VIIe siècles?
La première es t la Vita Wilfridi (BH L 8889) , écrite entr e 71 1 et 731 , qui affirm e qu e
sur le chemin de Rome Wilfrid s'est vu donner pour guid e par Dagobert II »un de ses
évêques nommé s Dié « (Deodato episcopo suo duce) U3. Pa r ailleur s l a présenc e d'u n
Deodatus Tullensis, alias Adeodatus humilis episcopus s. ecclesiae Leucorum es t attes tée au concile de Rome de 679 et au synode romain de 680 124: N. Gauthier estime avec
Levison125 que la date de 679 avancée par l a vita pour l a mort du sain t peut êtr e erronée (vu son caractère fabuleux par ailleurs), et qu'il est vraisemblable qu'il s'agisse d'u n
seul et même personnage, non pas évêque »de Toul« - c e qui explique son absence sur
les listes épiscopales -, mai s »à Toul«, en tant qu e chorévêque .
D'après PFISTE R 1889 , p. 541-551 , l'auteu r d e l a vita est forcémen t u n moin e d e
Moyenmoutier, écrivan t vers 1049, comme en atteste le c. 29. Sans donner aucun autr e
argument décisif qu e les relations étroites du cardinal avec le pape Léon IX qui fit ap prouver l e texte en synode en 104 9 (c. 29), PFISTER 1889 , p. 541-551 attribue l a paternité de l'œuvre à Humbert de Moyenmoutier, qu i serai t égalemen t selo n lu i l'auteu r
de la Vita tertia Hildulfi e t du Libellus de successoribus. Or le chapitre 29 de la vita, qui
affirme qu'e n 104 9 le texte fut soumi s à l'approbation d u pape Léon IX, est une addition postérieur e à la diffusion d u texte , et nous n'e n connaisson s plu s d e témoin ma nuscrit. Un e tell e pratiqu e d'imprimatur es t d'ailleur s suspect e a u XI e siècle: elle es t
pour désigner les moines d'une façon général e et est presque synonyme de monachi (voi r le dictionnaire
de Du Cang e à ce mot). Nivernensis episcopus pourrait don c être une mauvaise lecture pour Hibernensis episcopus (le même type d'erreur d e lecture fait de Gondelbert, fondateur d e Senones, un archevêqu e
de Sens), mais rien n'est moins sûr. De tels privilèges ne sont pourtant, à la connaissance de PFISTER 1889,
p. 382 , accordés qu' à de s fondations irlandaises .
123 MGH SR M VI, p. 221 .
124 Etat de la question dan s GAUTHIE R 1980 , p. 303-304.
125 MGH SR M VI, p. 221-222, n. 5.
SHG VI : Diocèse de Toul
87
peut-être l a projection anachroniqu e d'u n usag e plu s tardif . L'attributio n d e l a Vita
Deodati à Humbert a été reprise par JÉRÔME 1898 , p. 230-236, qui ne suit néanmoin s
Pfister qu e sur l e point d e cette dernière œuvr e e t recuse les deux autre s attributions ;
on l a retrouve récemmen t che z GAUTHIE R 1980 , p. 304.
Pour étayer la thèse de la paternité d'Humbert, o n a fait valoir que la vita était écrite entièrement e n prose rimée , et que , outre c e point commun , ell e offrait u n certai n
nombre d e ressemblances ave c la Vie du pap e Léo n IX, elle aussi volontiers attribué e
à Humbert. Mais d'un côt é la prose rimée se généralise dans les textes hagiographique s
du XI e siècle; de l'autre, ces ressemblances sont très ponctuelles, souvent non-littérales ,
et concernent des topoi: la comparaison du saint avec une lumière qu'il ne faut pas laisser sou s l e boisseau , emprunté e à Matth. 5 , 15 , figure dan s l a Vita Leonis IX, I , 12
(»Quique scius se debere esse in domo Dei lucernam no n sub celanti modio sed supe r
resplendens candelabrum collocandam«) e t dans la Vita Deodati, c . 2 (»ne sancta eiu s
actio diutius lateret sub modio, velut lucerna praeclarissima decentissimo praefigend a
candelabro, ut tam verbo quam facto luceret omnibus in Domini sanctuario«), mais elle est auss i présent e dan s l a Vita s. Gerardi, demandé e à Widric pa r l e pape Léo n IX
(»quia sicut nemo accendit lucerna m e t ponit earn sub modio, sed super candelabrum
statuit, u t lucea t omnibu s qu i i n domo sunt« , phrase explicitemen t attribué e pa r Widric à une lettre de Léon IX), et dans quantité d'autres textes . L'expression d u c. 21 de
la V s. Deodati: viam universae carnis ingressum {= viam igitur universae carnis ingresso, V Leonis IX,prol.) es t banale elle aussi. Enfin, pou r l'aphorism e d u c . 2: (omnem eius laudem finis perfectus canit), voir supra, p. 63. Ces rapprochements son t bien
peu d e chose pour conclur e que les deux oeuvres ont l e même auteur 126.
IV. Conclusion
La Vita Deodati, don t il y a de bonnes raisons de penser qu'elle fut commandée autou r
de 1049 par Waldrad, praepositus du chapitre de Saint-Dié, a pour but essentiel de sceller la confraternité entr e le chapitre et le monastère de Moyenmoutier, en relatant l'amitié des pères fondateurs de s deux établissements, Dié et Hidulfe; par la même occasion,
elle justifie l a perception d e revenu s d e Saint-Di é dan s diver s village s d'Alsac e e t d e
Lorraine. Saint-Dié était devenu définitivement u n chapitre séculier après l'échec de la
réforme d'Adalber t ver s 970. Il est vraisemblable que la rédaction d'un e Vita Deodati
contemporaine d e la Vita tertia Hildulfi ai t accompagné un e second e tentative d e réforme d e l'établissement, instauré e pa r Léo n IX. On attacher a un e importanc e parti culière à deux endroits-clés du texte: aux c. 12-13, c'est à Hidulfe, »archevêqu e ou plutôt patriarche « d e Trêves, futur fondateu r d e Moyenmoutier, qu i fu t égalemen t abb é
de Saint-Dié durant 28 ans, qu'est attribué le privilège de fondation; au c. 26, Saint-Dié
est appel é »prieur é d e Moyenmoutier«, expressio n d'un e dépendanc e qu i a certainement pour but d'entraîner l e chapitre récalcitrant dans la réforme e n affirmant l'auto rité d e Moyenmoutier. L a vita se trouverait alor s contemporain e d e plusieurs autre s
réécritures vosgienne s don t l a datation l a plus probable es t le pontificat d e Léo n IX,
126 HOWE 1979, p. 503-504, n. 134, ne croit pas non plus à cette attribution, et donne une bibliographie d e
la question. Il fait état (p. 282) de trente-trois attributions infondées à Humbert, dont la seule œuvre dûment attesté e (en particulier par la Vita Leonis IX) est un adversus simoniacos.
88
Monique Goulle t
comme l a Vita secunda Romarici e t la Vita secunda Adelphii. E n tout ca s rien n e permet d'avance r aucu n no m d'auteu r pou r aucu n d e ces textes , ni celui d'Humbert , n i
celui du fantomatique Valcand ; l'existence de deux Vitae Deodati (voi r infra, p. 89) est
par ailleurs une hypothèse peu plausible .
2. P r a e f a t i o BHL213
I. Manuscrit
1
*Deperditum (? )
Le manuscrit d u XII e siècle qui a servi à Vuillemin et Guinot n' a pas été identifié (voi r
la n. 127).
77. Editions
A. GUINOT , Le s saints du Val de Galilée, Paris 1852 , p. 405-408.
J.B.E. L ' H Ô T E , dans : AnalBoll 6 (1887) p. 156-160.
777. Examen critique
a) résultats:
Ce texte est vraisemblablement l a préface d e la vita BHL 2131.
b) résumé analytique :
L'hagiographe s'adresse à Waldrad,praepositus d u chapitre de Saint-Dié. Il affirme qu e
trois visions lui ont révélé de quoi rédiger une Vie de son saint patron, répondant ain si au dési r d u prévô t e t de sa communauté, qu i s e trouvaient jusque-l à privé s d e tou t
écrit relatant le s actes du saint. Il a utilisé en outre d'anciens document s (vetera chirographia), e t le témoignage des frères les plus âgés, qui avaient encore connaissance d'u n
libellus contenan t ces actes. Il ne racontera qu e la dernière partie de sa vie, à partir d e
sa retraite vosgienne, parce que c'est l a valeur exemplaire de la fraternité entr e Hidul fe et Dié qui doit êtr e l a pierre de touche d e son œuvre ; c'est pourquo i i l n'évoquer a
pas les miracles du saint .
c) sources:
La préface est émaillée de références bibliques et patristiques, toutes destinées à garantir
la validité de la vision comme mode de révélation des actes du saint: Tob. 12, 7; Gai. 1,
11; Nombr. 12,6 ; I Sam. 28,6; Joël 2,28; GR-M, dial. IV, 48, et d'un réci t rapporté très
longtemps aprè s le s événements: Dan . 12 , 4; Mal. 3, 6; Eccl. 3, 1; Nombr. 22 , 22-30;
GR-M, moral . 9, 2.
d) discussion critique :
Ce texte, dont les Bollandistes n'ont pas douté qu'il fût l a préface de la vita dont il vient
d'être question , e t qu i pou r cett e raiso n n e lu i affecten t pa s d e n ° particulier dan s l a
BHL, a été découvert seulement à la fin du XVIII e siècle par l'archiviste vosgien Fran çois-Claude Vuillemin , dans un manuscri t déodatie n d u XII e siècle 127, et a fait l'obje t
127 L'HÔTE, p . 153 : »hanc in codice seculo XII exarato repperit , tenebrisqu e eruta m cartulari o su o eccle siae Deodatensis praefixit. Servatu r chartularium illud in bibliotheca episcopali Deodatensi. Inscribitu r
autem: >Ecclesiae S.-Deodatensis monument a sacr a et historica e x manuscriptis e t membranis eiusde m
SHG VI : Diocèse de Toul
89
de plusieurs discussions . Il fut édit é d'abord pa r Guinot , mai s d'une faço n s i mauvaise, affirme L'Hôte , qu'il a fallu recommence r ( L ' H Ô T E 1887 , p. 153-154). FERRY 1891,
p. 240-249, tout e n attribuant lu i aussi la vita à Humbert, conteste que la préface re trouvée par Vuillemin soit celle de cette dernière œuvre, car, d'une part, il y a de bonnes
raisons de dater de la semaine suivant l'Octave de Pâques 1049 la lecture de \zvita BH L
2131-2132 en synode128, et, de l'autre, la préface situe la commande d'une vita par Waldrad lor s de la réunion annuell e de confraternité d e la Pentecôte. D'après le s dates retenues par Sommier 129 pour la prévôté de Waldrad à Saint-Dié (1049-1068), ce ne peut
être qu'à la Pentecôte 1049 au plus tôt; or on n'a pas pu lire à Pâques 1049 un texte commandé au plus tôt à la Pentecôte de la même année: il y aurait donc eu rédaction qua si concomitante d e deux vitae: l'un e (BH L 2131-2132), commandée par le pape Léo n
IX à Humbert de Moyenmoutier, e t approuvée par lui à Pâques 1049 ; l'autre écrite par
l'abbé d e Moyenmoutie r Lauren t (FERR Y 1891 , p. 243), et adressée pa r lu i a u prévô t
Waldrad, aprè s l a Pentecôte 104 9 (ibid. p. 242). Cette hypothèse , auss i original e qu e
fragile, ains i que le souligne FERR Y lui-même (ibid. p. 248), repose sur une successio n
d'incertitudes e t engendre beaucoup de difficultés, voire d'invraisemblances. On pour rait trouver un e explication plu s simple, en avançant qu e Sommier s e trompe d'u n a n
au moins dans la date d'entrée e n charge de Waldrad 130.
La critique interne fournit par ailleurs trois arguments en faveur de l'unicité du texte:
d'une part , l'auteur d e la préface di t avoir tiré les gesta du saint ex antiquissimis chirographis vestris, c'est-à-dir e d e chartes conservées à Saint-Dié. Or le s c. 12-13 de la vita non seulemen t donnen t l a teneur d'u n te l privilège, mais le citent e n en conservan t
certaines formules comm e saepe dictus Deodatus, qui nunc est pater ipsius monasterii.
D'autre part , le s détail s ave c lesquel s son t évoqué s le s rite s d e confraternit é entr e
Moyenmoutier e t Saint-Dié aux c. 24-25, et en particulier le rappel de la rencontre annuelle, s'accordent absolumen t ave c les circonstances d e la rédaction d e la vita, telles
que les présente la préface. Enfin l a prose rimée est de même facture d'un bou t à l'autre
du texte . Il faut don c considére r qu e l e texte répertori é sou s l e n° BHL 213 1 est ho mogène.
ecclesiae in unum hi c inserta, opera vigiliis et studio F . Cl. Vuillemin, minoritae conventualis, archivistae, dein huius insignis ecclesiae vicarii praebendati. S. Deodati, anno 1788<.« Le manuscrit dont Vuillemin a extrait la préface pourrait êtr e l'un de s deux lectionnaires conservés aujourd'hui à la BM de SaintDié sous le n° 4 ou l e n° 2 (bible suivie d'un lectionnaire) .
128 AASS Iun. III, p. 883, note e: »S. Leo IX papa colitur 1 9 aprilis, quo die dedimus eiu s acta, et ostendi mus synodum hi c indicatam fuiss e Rome post dominicam i n albis celebratam .. . « (le dimanche in albis
est celui de l'Octave d e Pâques). Pour cette date, voir la Vie du Pap e Léon IX (cit. n. 116) II, 10.
129 Histoire de l'Eglise de Saint-Dié, 1726 , p. 66.
130 Erreur trè s explicable si on adme t que le début d u pontificat d e Léon IX joue en quelque sorte un rôl e
d'>aimant<: on a tendance à dater de 104 9 toutes les rénovations instaurée s pa r le pontife.
Sources hagiographiques de la Gaule
VII
J O H N HOW E
The Hagiography of Jumièges
(Province of Haute-Normandie)
GENERAL BIBLIOGRAPHY C O N C E R N I N G TH E EARL Y
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AVRIL 197 5
BERTAUD 1955
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and 1998, and to the SHG director s whose advice, encouragement, and patience made this study possi ble.
92
John How e
HESBERT 1954
HUYGHEBAERT 1978
Jumièges 1955
KRUSCH 1910
LAPORTE 1937-38
LAPORTE 1955
LAPORTE 1960
LAPORTE 1971
LECHAT1929
LEGRIS1898
L E M A H O 1996
LEVISON 1900
LEVISON 1902
LEVISON 1910
LEVISON 1920
LEVISON 1934
LIFSHITZ 1988
LIFSHITZ 1995
LIFSHITZ 1995 a
LOHIER an d LAPORT E 1936
LOT
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ROSENKRANZ 1911
STRACKE 1950
VAN DE N GHEY N
1905
VAN DE R STRAETE N 1969
VAN DE R STRAETE N 1970
VAN DE R STRAETE N 1971
VANHOUTS
1989
VAN WERVEK E 1967
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94
John How e
INTRODUCTION
At it s beginnin g Jumièges was a gran d place 1. Founde d aroun d 654 by Filibertu s
(d. about 685), a pupil of Archbishop Audoenu s (Ouen ) o f Rouen (d . 684), it was endowed i n par t b y Quee n Bathildi s (d . 680). Originally i t ma y hav e bee n a doubl e
monastery, but the nuns were soon relocated to Pavilly, ten miles distant, a community whose first abbess was Austreberta. Filibertus was exiled by the Mayor of the Palace
Ebroinus - he moved to the Poitou and founded Noirmoutie r o n the island of Herio ,
where h e wa s buried . Ye t Jumièges continued t o prospe r unde r it s secon d abbot ,
Aichardus (d . around 687/688), whose cult gained importanc e becaus e of the absenc e
of the founder's relics .
Jumièges suffered whe n Neustri a becam e dominated b y the Austrasian mayor s of
the palace . Some o f th e Carolingia n functionarie s wh o too k ove r wer e remembere d
fondly - particularly a nephew of Charles Martel, the pluralist bishop Hugo (d. ca. 732)
of Paris , Rouen , an d Bayeux , wh o wa s als o abbo t o f Jumièges and Saint-Wandrille .
Nevertheless, th e conquere d churc h seem s t o hav e bee n mor e loote d tha n adminis tered. Haute-Normandie would pla y onl y a peripheral rol e i n th e »Carolingia n Re naissances Jumièges may hav e fared eve n wors e tha n Saint-Wandrille , bein g smalle r
and uncomfortabl y close r t o th e civi l an d ecclesiastica l authoritie s i n Rouen . I t di d
manage to retain many possessions, but there is no comprehensive list of these and not
everything that is named ca n be securely identified 2.
Jumièges, first sacke d by the Normans i n 841, suffered mor e damage in subsequent
years3. Muc h o f th e community , alon g wit h th e relic s o f Aichardu s an d Hugo , ulti mately migrate d aroun d 866 to Haspre s (Dept . du Nord) , on th e frontier o f Hainau t
and Cambrésis4. Yet Jumièges was probably not entirely abandoned 5. Formal attempt s
at restoration bega n aroun d 940, but progres s wa s slow 6. The monaster y di d recove r
spectacularly afte r 1004, once William of Volpiano had introduced Cluniac-styl e cus toms. In the immediate post-Conquest perio d it produced mor e Anglo-Norman bish ops than an y other Continenta l house .
Although Jumièges' surviving earl y medieva l hagiograph y i s unimpressiv e com pared to Saint-Wandrille's, its 10th-cent . hagiographical wor k i s unparalleled i n Nor -
1
2
Carol HEITZ , Architectur e et monuments de Neustrie, in: ATSMA 1989, 2: 189-91 .
The sketchy surviving diplomatic evidence is presented i n VERNIER 1916, esp. 1: 5-11; it is evaluated in
MUSSET 1955 , 1: 49-50 and in Anne GOULET , Le s invasions normandes entr e Loire et Seine (840-930):
leurs répercussion s su r le s établissement s monastiques , in : Ecol e de s chartes . Position s de s thèse s 7
(1989)85-94.
3 The literar y sources mentioning th e destruction are examined in Jean LAPORTE , L a date de l'exode de
Jumièges, in: Jumièges 1955 , 1: 47-48.
4 LIFSHIT Z 1995a , 187-89, surveys scholarly debate on this transfer. Sh e is not certain tha t the relics were
ever actually moved, but appear s overly skeptica l in the light of similar translations t o outlying estates,
such as, for example , the case of the Saint-Wandrille founder s an d thei r relics .
5 Lucie n MUSSET , Monachisme d'époque franqu e e t monachisme d'époque ducal e en Normandie: le problème de la continuité, in: MUSSET 1982 , 58-59.
6 MUSSE T 1955 , 354, concludes tha t «Jusqu'à l'interventio n d e Guillaume d e Volpiano, l'abbaye sembl e
végéter «.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
95
mandy (LIFSHIT Z 1995, 123). The dossiers o f four saint s whose vitae wer e commem orated a t earl y medieva l Jumièges are treated here : I. Aichardus; II . Austreberta; III .
Filibertus; an d I V Hugo . Becaus e th e cul t an d hagiograph y o f Filibertu s develope d
more in the Loir e Valley than a t Jumièges, his memorials ar e introduced onl y insofa r
as they relat e to later Jumièges hagiography. Cros s reference s us e the Roman numer als above to designate these interrelated dossiers .
I. A I C H A R D U S
Aichardus (se u Aichadrus; Fr. Achard, Achart, Aycadre )
115. IX. c. 697/698 at Jumièges, transi, in 9th century to Haspre s
Abbot o f Jumièges (Dept. Seine-Maritime )
Dossier
1. Vita prima BH
L 181
la. Prologus : BH
L 181
Inc.: Cum (o r Dum) plura sint Electorum De i gesta seu miracula ,
desidia ac hebetudine viroru m
Des.: et ab ipso pro tantulo labore continuum impetremu s suffragium .
lb. Capitula (3 5 titles): BH
L vaca t
Inc.: De genitoribus et ortu se u tirocinio B. Aicadri.
Des.: Quomodo S . Aicadrus pos t vixerit triennio, et de obitu eju s
sanctissimo.
lc. Vit a (71 chapters): BH
L 181
Inc.: Beatus itaque Aichadrus Aquitanica e regioni s et Pictavis urbi s
suburbio ortu s
Des.: migravit a d Dominum, percepturus a b eo gloriam sempiternam ,
qui cum ... Amen.
2. Vita, auct. Fulberto: BH
L 182
2a. Prologus : BH
L 182
Inc.: Dominis suis Gimmetiensis coenobi i scilicet fratribus sanctissimis ,
Fulbertus peccator salutem . Quod i n vita b. Aichardi manu m mitter e
Des.: servare quod reficit . Han c ergo lector si michi veniam prestat ,
incipiam.
2b. Vita : BH
L 182
Inc.: Inter nobilissima s Aquitaniae urbes Pictavis civitas
Des.: elevatis in caelum oculis, spiritum cael o reddidit XVII kal . Oct.,
régnante .. . Amen.
96
John How e
1. V i t a p r i m a s . A i c h a r d i B H
L 181
/. Manuscripts
Rouen, B M 1377 (U. 108)°°
Datation: 9th cent.: Cat . gén. mss Dépts I (1886), 343-44 ; P O N C E L E T 1904, 208; H E S BERT 1954, 4 1; V I O N an d MASSEI N 1955, 367; V A N DE R STRAETE N 1969, 216; V A N DER
STRAETEN 1970,73; N O R T I E R 1971,144 and 171; L I F S H I T Z 1995,127-30 and 135 // late
9th cent, for the handwriting, earl y 10t h cent, for th e decoration: Anne LAWRENCE , An g l o - N o r m a n Boo k Productio n i n the Middl e Ages , in: England an d N o r m a n d y i n the
Middle Ages , ed . D. Bates an d A . Curry, Ri o Grand e (Ohio ) 1994, p. 84 // 10th cent. :
A V R I L 1975 , 7-8 .
Origin: Jumièges: the content showcase s Jumièges hagiography; fol. 1 specifies i n a
17th-cent. han d MonasteriiSt. Petri Gemmeticensis.
Textual coordinates: Fol. 117-35 v = our tex t no . 1 ( B H L 181). The index , her e preced ing th e prologue, ha s suffered som e distortions . I n this copy , a n earlier indexin g and
numbering syste m i s already beginnin g t o deteriorate. T h e index ha s lost a title (no.
>xxv<). T he last number s ar e misleadingly crowde d aroun d th e illuminated »D « that
begins the prologue. The scrib e stopped usin g chapter number s i n the text afte r >v< , but
the reappearanc e o f >xvi< and >xvii < (fol. 125 ) indicates tha t the y wer e i n his prototype .
Context: Th e onl y survivin g complete 9th-cent . manuscrip t fro m Jumièges 7 . The code x
begins, fol. 1-41 , with a treatise b y Jerome o n the lif e of monks ( B H L 6524), followed,
fol. 41-45v an d 45v-56, by the biographies of the t wo mos t famous founder s o f monasticism, Pau l ( B H L 6596) and A n t h o n y ( B H L 609). After a tract o n the Son g of Song s
and othe r items , appear th e biographie s o f the monastery' s o w n saints , Aichardus an d
H u g o . I n the prologu e t o the Vita Aichardi, th e author say s tha t hi s purpos e i n writ ing is to be useful t o monks s o that they migh t lear n h o w to live the monasti c lif e p r o p erly. The sam e inten t apparentl y inspire d thi s codex .
Rouen, B M 1378 (U. 40) Qumiège s G . 11)°°
Datation: 10th cent , (origina l portion) : Cat. gén. mss Dépts I (1886), 344-45; LEVISON
1920,668; N O R T I E R 1971,145; A V R IL 1975,8 ; G A R A N D etal.
1984,325; L I F S H I T Z 1995,
135 ( w h o speculates tha t th e scribe ma y have bee n th e hagiographer Fulbertus , fl .
a r o u n d 940) // 10th/l 1t h cent. : P O N C E L E T 1904,185-87; V I O N an d MASSEI N 1955,367.
Origin: Jumièges: Fol. 1 opens wit h a 10th-cent. not e Liber.. . quam (sic ) domnus abba Anno fieri jussit ..., presumably A b b o t A n n o w h o rule d Jumièges from aroun d 940
to 973 8 ; fol. 1 has a 17th-cent . ex-libris fro m Jumièges; the Vita Aichardi foun d her e
must hav e bee n copie d fro m a Jumièges tradition manuscript , becaus e th e index includes additiona l error s explicabl e a s the resul t of a misreading o f BM 1377 9 . LIFSHIT Z
1995,135, also deduces tha t B M 1378 copies B M 1377, basing he r judgement u p o n the
c o m m o n contents .
7
8
9
Additional 9th-cent. Jumièges fragments ar e noted in NORTIER 1971, 144 .
Anno's date s ar e difficult t o establish. Sinc e he became abbo t o f Micy i n the 940s, h e may not have
resided at Jumièges for much of his reign . See BERTAUD 1955, 319 and LAPORT E 1955,455-56. GARAND
etal 1984, 325 give: 942-973.
The fina l chapter numbers in the index contain errors explicable as the result of a misreading of Rouen's
BM 1377, whose scribe, crowded by an illuminated initial , had confusingly pu t some chapter number s
into the margin and double d others .
S H G VII : H a g i o g r a p h y o f Jumièges
97
Textual coordinates: Fol. 52v-75v = our text no. 1 (BHL 181). The scribe has marke d
lectiones five through eleven .
Context: Abbo t Anno' s book , allegedl y »inspire d b y a revelation o f St. Stepha n the
Protomartyr« (fol. 1 ) contains sixtee n hagiographical texts , centered on the desert fathers and saint s important t o Jumièges.
Bamberg, SB Ms. Patr. 134 (formerly B. V .25)°°
Datation: 9th/10th cent. : Henri-Marie ROCHAIS, Bibliographie: le s manuscrits d u
Liber Scintillarum, in: Scriptorium 4 (1950) 29 7 // 10th cent., first half : Bernhar d
BISCHOFF, Katalo g de r festlàndischen Handschriften des neunten Jahrhunderts, t . I,
Wiesbaden 1998, p. 53 // 10th cent.: Friedrich LEITSCHUH an d Han s FISCHER , Kata log de r Handschriften de r Kôniglichen Bibliothek z u Bamberg, vol . I (1), Bamberg
1895, p. 521-22; LEVISON 1910, 574 ; LEVISON 1920, 55 6 // l l t h cent. : Jean-Loup
LEMAITRE, Un fragment limousin d e la Vita Philiberti (Limoges , Arch, comm. , I I 1,
pièce 1) , in: AnalBoll 103 (1985) p. 357.
Provenance: Ad Bibliothecam reverendissimi Capituli Bambergensis; onc e Bamber g
Dombibliothek A. 130. Origin: perhaps Jumièges: BISCHOFF, Katalo g I, p. 53.
Textual coordinates: Fol. 112-140 = our text no. 1 (BHL 181). The index here precedes
the prologue, which is oddly broken: after fol 113v closes with utilis esse videbatur, fol.
114 announces Item aliudproemium, bu t continues with Omnis frequentata laus ...
Context: Par t of a unit, written by the same scribe, which contains the Vita Filiberti (fol.
102-113v, with the prologues for both BHL 6805 and 6806) and the Vita Hugonis episc.
Rotomagensis (fol. 141v-161v), a grouping o f the three mos t importan t saint s o f Jumièges. Format changes suggest that this hagiographical section (a libellus) was not originally attached to the copy of the Liber scintillarum of Defensor of Ligugé that precedes
it today9bls. The pagination of the manuscript varies slightly in the catalogues, which disagree on whether to assign a number to a half page that has been inserted between fol. 100
and 101.
Arras, BM 1029 (812)
Datation: 10th cent. : Cat . gén. mss Dépts in 4° IV (1872) 32 2 // late 10th/earl y l l t h
cent.: LEVISO N 1920, 555 ; VAN DE R STRAETE N 1970, 73 ; VAN DE R STRAETE N 1971,
62-63; Helmut GNEUSS , A Preliminary List of Manuscripts Written or Owned in England up to 1100, in: Anglo-Saxon Englan d 9 (1981) p. 49.
Origin and provenance: Althoug h largel y writte n b y one Anglo-Saxo n hand , i t was
owned sinc e the late l l t h centur y b y Saint-Vaast, one of 33 volumes give n to SaintVaast by Saewaeld, Abbot of Bath from a t least 1065 to some point prior to 107710.
Textual coordinates: Fol. 123-154v = our text no . 1 (BHL 181). This cop y lack s sections of the prologue and last chapter as indicated i n AASS Sept. V (1755), 85 and 100;
and VA N DE R STRAETE N 1971, 62-63 .
9 bis Se e also G u y P H I L I P P A R T , Le manuscrit hagiographiqu e latin c o m m e gisemen t documentaire , in : M a n uscrits hagiographique s .. . (see p . 7 n. 3) p. 38; H a r t m u t H O F F M A N N , Bamberger Handschriften de s 10.
und de s 11. Jhs. , H a n n o v e r 1995 ( M G H . Schriften , 39) , p. 163.
10 Phili p G R I E R S O N , Le s livres d e l'abbé Seiwol d d e Bath, in: Revue bénédictin e 5 2 (1940) p . 96-116, esp.
103 and 104 , describes th e careers o f the b o o ks whic h A b b o t Saewael d o f Bath b r o u g h t wit h h i m into
Flanders, a n exile apparentl y precipitate d b y t he success o f William th e C o n q u e r o r .
98
John How e
Context: Foun d i n a volume containin g th e vitae o f Cuthbert , Guthlac , Dunstan , Fi libertus, and Aichardu s (thre e saint s from Englan d an d t w o fro m N o r m a n d y ) . It s wit ness is editorially importan t fo r almos t al l of them . I t i s likely tha t th e missing section s
of th e Vita Aichardi an d t w o othe r text s coul d b e reconstructe d t o som e exten t fro m
Boulogne's B M 106, whose content s sugges t i t i s a partial cop y (se e below) .
Avranches, B M 99
Datation: 1 0 t h / l l t h cent. : H e l m u t GNEUSS , A Preliminar y Lis t o f Manuscript s Writ ten o r O w n e d i n Englan d u p t o 1100, in: Anglo-Saxon Englan d 9 (1981) p. 50 // 1 1th
cent.: Cat . gén. mss Dépts in 4° IV (1872), p. 473-74; Cat. gén. mss Dépts X (1889),
p. 45; VAN DE R STRAETEN , Manuscrits hagiographique s d u Mont-Saint-Miche l con servés à Avranches, in : AnalBoll 8 6 (1968) p . 120 ; N O R T I ER 1971 , 70 and 86 ; V AN DE R
STRAETEN 1969,216 .
Origin: Mont-Saint-Michel; includes a volume inde x from th e cataloguing progra m o f
Robert de Torigni, w h o worke d a t Mont-Saint-Miche l fro m 1154-82.
Textual coordinates: Fol. 150v-165v = our tex t no . 1 ( B H L 181).
Context: Gregor y F s Expositio in Ezechielem, followe d b y th e Jumièges vitae o f saint s
Aichardus an d H u g o .
Bruxelles, BR II . 992 (Van de n Ghey n 3292, once Phillipp s 8391)°°
Datation: l l t h cent. : Cat . Brux . II , 510-12; V A N DE N G H E Y N 1905, 278-79; LEVISON
1920,569.
Provenance: Saint-Ghislain : fol. 121v announce s a Liber Sancti Gisleni', o n fol. 28v, a n
l l t h / 1 2 t h - c e n t . han d ha s adde d a lette r (o n fol. 28v) concernin g th e deat h o f Saint Ghislams Abbo t O d u i n u s (d . 1093).
Textual coordinates: Fol. 49-6 5 = our tex t no . 1 ( B H L 181). This vita lack s th e p r o logue, th e index , and , afte r th e firs t tw o pages , th e chapte r numbers . I t i s lef t unfin ished i n mid sentenc e a t ut abcessum sanctipatrisl, righ t before th e account o f the saint' s
death, despit e th e fac t tha t o n thi s pag e an d it s revers e enoug h rule d blan k line s ha d
been lef t t o finis h copyin g it .
Context: A miscellaneou s collectio n o f text s o n loca l an d universa l saints .
Boulogne-sur-Mer, B M 106
Datation: 10th/l 1t h cent. : Cat . gén. mss Dépts in 4° IV (1872), 637-38; LEVISON 1920,
561; V A N DE R STRAETE N 1971, 129 and 137 // l l t h cent , (relevan t section) : W I L M A R T
1924, 179 .
Origin: Saint-Bertin : a 15th-cent . ex-libris specifie s De Libraria S. Bertini; b y paleo graphical analysis , W I L M A R T 1924, 179 , links thi s section , an d eve n mor e th e follow ing section , t o Saint-Bertin .
Textual coordinates: Fol. 55-83 v = our tex t no . 1 ( B H L 181).
Context: F o u n d i n a composite volum e o f miscellaneou s hagiographica l text s writte n
at Saint-Bertin i n the 10th , l l t h , an d 12t h centuries. W I L M A R T 1924,179, sees fol. 1-9 2
as a unit, although th e w o rk o f severa l hands. Given th e presence o f th e locally unusua l
Guthlac an d Filibertu s texts , these and th e Vita Aichardi ar e likely t o hav e been copie d
from Arras ' BM 1029, whose Englis h provenance would explai n the presence of G u t h lac. I f so , then thi s sectio n o f th e code x mus t hav e bee n writte n late r tha n th e N o r m a n
conquest o f England , th e impetu s fo r th e arriva l o f it s ancestor .
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
99
Two manuscripts o f Rouen (B M 1414 [A.53] and 1388 [U.32]) also give a series of
lectiones of the same text.
II. Editions
a) Edition of reference: Jean PÉRIER , AASS Sept. V (1755), p. 85-100, based upon Ma billon an d a lost Vaucelles manuscrip t whic h th e Bollandist s ha d acquire d an d num bered P. Ms. 58 u. It s text of the Vita Aichardi lacke d section s of the prologue and las t
chapter like surviving manuscripts such as Arras' BM 1029 (St-Vaast, 10th/l 1th cent.).
The Bollandis t editio n print s bu t doe s not follo w wha t appear s t o b e the original in dex: instead i t uses chapte r division s tha t confor m t o th e format o f th e Act a Sancto rum. Citations her e are made from th e paragraph division s only .
b) Other edition: MABILLON, AASS OSB II (1669), p. 952-71, an edition made ex MSS.
codd. gemeticensi & vedastino. Tha t Jumièges manuscript must have been Rouen's BM
1378, since th e edito r mention s Anno' s dedication . Th e Saint-Vaas t manuscrip t i s
identified a s a transcript mad e b y th e archiprior o f Saint-Vaast , perhap s fro m Arras '
BM 1029; although th e Mauris t edito r doe s no t indicat e an y lacuna e suc h a s thos e
found i n survivin g Saint-Vaas t manuscript , h e wa s no t producin g a critical edition .
Even if the Maurist editio n omit s the index, the chapter break s conform t o it.
777. Critical examination
a) results:
The author was a monk o f Jumièges writing after th e mid 9th century .
b) analytical summary :
In th e prologu e th e autho r ask s Go d t o hel p hi m writ e a text usefu l »especiall y t o
monks«. Aichardus i s said t o hav e been nobl y bor n i n a suburb o f Poitiers . His par ents sent him to be educated at the monastery of Saint Hilarius by Ansfridus, a teacher
famous fo r hi s wisdom . A t fiftee n Aichardu s receive d permissio n t o ente r th e
monastery of Ansion in the Poitou (later St-Jouin-de-Marnes; Dept. Deux-Sèvres). At
twenty, inspired b y an angelic voice, he persuaded hi s family t o offer propert y t o en dow what would become the monastery o f Saint-Benoît-de-Quinçay (Dept. Vienne).
He sough t permissio n fo r thi s establishmen t fro m Bisho p Ansoaldu s o f Poitier s (fl .
682). The meetin g o f Aichardu s an d Ansoaldus , lik e the other meeting s o f hol y me n
frequently describe d i n thi s vita, involve d ceremonie s an d courtesie s suc h a s forma l
greetings, a Mass, a meal, and joint monastic offices. Aichardus put Quinçay under the
patronage o f Filibertu s o f Jumièges. He practice d variou s asceticism s an d receive d a
series of prophetic visions and angelic visitations.
When Filibertus came into conflict wit h Ebroinus, the mayor of the palace, Bishop
Ansoaldus invited him to retire to the island of Herio (Poitou) where he founded Noir moutier. Filibertus requeste d tha t Aichardus take over Jumièges. Under hi s rule there
were various wonders, most impressively the death of half of the huge community (900
monks an d 1500 servants). Aichardus, divinely forewarned , ha d prepared th e monk s
for thi s calamity. Aichardus i s said to have outlived Filibertu s b y three years.
11 On thi s lost Vaucelles manuscript , see DOLBEAU 1981, 422-27.
100
John How e
Because throughout thi s vita th e author remain s true to his goal of monastic edifi cation, hi s work ha s more value as a source for monasti c mentalit y tha n fo r concret e
historical detail .
c) sources:
Some of the many Scriptura l citation s ar e identified i n the AASS edition. Three time s
the author refer s reader s to the Vita Filiberti (BH L 6805 or 6806), although his refer ences are somewhat vague. The first referenc e allude s to the way that the Vita Filiberti attests that saint's prophetic powers {Vita Aichardi, chap . 23). The second (chap. 39)
uses th e dormitor y measurement s o f th e Vita Filiberti (chap . 8) to suppor t the fama
credibilis of Jumièges that ther e were once 900 monks an d 1500 servants, figures tha t
are close enough t o those dormitory measurement s s o that the y appear to have originated i n a misreading o r misunderstandin g o f the m (th e dormitor y wa s ducentorum
nonaginta pedum longitudine, quinquaginta in latitudine; or , i n som e manuscripts ,
simply nonaginta pedum longitudina, quinquaginta in latitudine). A mor e accurat e
third referenc e claim s that the Vita Filiberti tells how Aichardus replaced Filibertus at
Jumièges {Vita Aichardi, chap . 40 = Vita Filiberti, chap . 33). The stor y o f Filibertu s
does appear to underly material on the conflict with Ebroinus, whom both sources designate as »apostate« {Vita Aichardi, chap . 26 = Vita Filiberti, chap . 24).
The Régula Benedicti i s cited: Aichardus lived ut Régula docebat (chap . 13 and 48);
he genuflected a s is specified i n its chap. 50 (Vita Aichardi, chap . 48). Aichardus, prior to becoming abbot of Jumièges, had a vision in which Abbot Filibertus appeared t o
him carryin g th e Régula Benedicti whil e Bisho p Ansoaldu s carrie d a pastoral staf f
(chap. 29). Another source , probably especiall y importan t give n the apparent lac k of
extensive previous historica l documentatio n o f Aichardus , was the fama credibilis of
Jumièges, i.e., its oral traditions (chap . 39).
VAN DE R STRAETE N 1970, 62-73, argued tha t anothe r sourc e i s th e Vita Hugonis
(BHL 4032a), since it and this Vita Aichardi ar e the earliest texts to ahistorically iden tify Bishop Hugo of Rouen as a son of Charlemagne, and since such a conflation woul d
more likely occur first in a vita writte n for Hugo than in one written for someone else.
Yet this coincidenc e i s not conclusive , give n th e stron g rol e of ora l tradition i n thes e
two closel y connecte d vitae. O n th e problem o f thei r interrelationships , whic h sug gest joint authorship , see VAN DE R STRAETE N 1970 and section IV.2 below.
LIFSHITZ 1995,129, postulates a general dependence on the Latin version of Athanasius' Vita Antonii fo r demoni c battles , noting tha t th e earlies t survivin g cop y o f thi s
Vita Aichardi ha s been bound togethe r with a Vita Antonii i n Rouen's BM 1377.
d) critical discussion :
The autho r lavishe s prais e o n Jumièges (chap. 14). He write s t o tel l abou t blesse d
Aichardus »ou r patron« (prologue) . In the index that follows, th e saint is specificall y
»our abbot« .
This author must have lived long after 800, since he speaks in the past tense of » Great
Charles the Emperor« (chap. 65). He even conflates St. Hugo of Jumièges with Charlemagne's illegitimat e so n Hugo , a n anachronis m tha t le d MABILLON , AAS S OS B I I
(1669), p. 952, to place this vita a t the end of the 9th century. The Bollandists, however, thought tha t it seemed earlier; they favored a more peaceful tim e prior to the Nor -
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
101
mans (Jean PÉRIER , AASS Sept. V, p. 84). Périer's argument migh t appea r better inas much a s the autho r i s so confident abou t monasti c prosperit y tha t h e states withou t
qualification tha t th e Lor d bot h »give s prosperit y t o hi s servant s and , thei r hol y
prayers encouraging , repel s adversities fro m them « (chap . 25). Nevertheless, a lesson
in accepting adversity could be construed fro m th e final miracl e which describes ho w
God allowe d th e death o f half th e community .
The terminus ante quem ma y b e the exodu s o f th e communit y fro m Jumièges to
Haspres (Dept . du Nord) , a few mile s from Cambrai, an event traditionally date d t o
around 866. The translatio n i s attested onl y i n l l t h - an d 12th-cent . sources , but ap pears credibl e sinc e th e cul t o f thes e relic s di d appea r a t Haspres 12 . Because th e firs t
Vita Aichardi affirm s tha t th e relic s o f Hugh , Aichardus , Constantinu s o f Beauvais ,
Peregrinus and Flavius are still buried (manent humata) a t Jumièges (chap. 64-65), the
obvious conclusion i s that the text was written befor e th e translation .
That conclusion, however, was not accepted in VAN DE R STRAETEN 1970, 72-73. He
argued that the author actuall y wrote after 866 but falsely claime d that the relics were
still at Jumièges, in order t o mak e his work appea r early . The allege d proo f i s the re ference t o the Vita Filiberti i n order to demonstrate th e grand dimension s o f th e Filibertian dormitory : Van der Straeten maintaine d tha t if the author an d his communit y
were stil l at Jumièges they woul d no t hav e needed thi s literar y allusio n becaus e the y
would hav e known th e dormitory directly . This argument , however , potentially fail s
in two different ways : 1) the dormitory buil t by Filibertus could have been destroye d
at some time between its construction in the 7th century and the middle of the 9th century, for example, by the Vikings when they burned the monastery in 841; or 2) the literary reference migh t be mainly concerned no t the dormitory at all but the astronom ical number of monks and dependents who, the author claimed, lived there - it would
be understandable fo r hi m to invok e a written sourc e in order t o lend credibilit y t o a
statement tha t would hav e been questioned b y readers and auditor s familia r wit h th e
relatively unimpressive demographics o f later 9th-cent. Jumièges. Even if one were to
accept Van der Straeten's argument for placing the vita afte r 866, it could not have been
written lon g afterwards , sinc e a n incontrovertibl e terminus ante quem i s the earlies t
manuscript witness , th e lat e 9th-cent . cop y i n Rouen' s B M 1377. According t o VA N
DER STRAETE N 1970, 63-73, the same author could als o have written the Vita s. Hugonis (BHL 4032a); see below, section IV . 2.
2. V i t a s . A i c h a r d i a u c t . F u l b e r t o BH
L 182
/. Manuscripts
Rouen, BM 1409 (Y. 189) Qumièges G, 27)°°
Datation: early l l t h cent. , befor e 1037: Lifshitz, i n a 1994 personal communication ,
places this copy befor e 1037, based upo n th e fact tha t i n the attached abbatial list th e
last two entrie s in the original hand exhibi t a definite chang e of style and rubrication ,
suggesting tha t th e origina l lis t was firs t writte n i n th e tim e o f Abbo t William , wh o
ruled 1027-37 // mid. l l th cent. : LAPORTE 1955,435-36 // late l l th cent. : AVRIL 1975,
34-36; Trésors de s abbayes normandes , Rouen, Cae n 1979 , p. 125-25 ; GARAND et al.
12 J . LAPORTE , La date de l'exode d e Jumièges, in: Jumièges 1955,1 : 47-48.
102
John How e
1984, 33 1 (1078-1095 , based upo n th e identification o f the painter w h o did the image
of Aichardu s o n fol. l v as an artist k n o w n t o have worked a t Jumièges in the last quar ter of the 11th cent, an d upon th e presumption tha t th e abbatial list which follow s th e
Vita Aichardi auct. Fulberto ende d i n its original for m prio r t o Gontardus, w h o ruled
1078-1095 // 12th cent.: Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 412; PONCELET 1904,227; LEVISON 1920, 670 ; H E S B E R T 1954, 7 2 - 7 3 ; N O R T I E R 1971, 171 .
Origin: Jumièges; fol. 1 bears a Jumièges catalogue numbe r (G . 27) and an inscriptio n
from th e 16th/17t h cent , announcin g Ex monast. Gemm.
Congre g. s. Mauri; th e Vita
Aichardi i s followed b y a contemporary abbatial list of Jumièges.
Textual coordinates: Fol. 2-36 = our text no . 2 ( B H L 182).
Context: Fol. 1 depicts Aichardus unde r an arcade, with t wo nimbed figure s a t his side ,
one wit h a cross, one with a n open book . Th e vita follows , the n th e list o f the name s
of th e abbots o f Jumièges (fol . 36), and finally a h y mn t o th e saint (inc. : Inclitus Aychadrus meritis et nomine dignus dum viget), a n office foun d i n several Jumièges manuscripts (se e HESBERT 1954, 29, 71, and 73; reproduced i n JUMIÈGES 1955 , 2: 912A).
Fac-similés: fol . 1 : A V R IL 1975 , 35 / / fol . 2 : G A R A N D et al. 1984 , pi. xxvii .
Oxford, Bodl. Lib. , Bodley 85 2 (2611) (Malmesbur y xxxix) 0 0
Datation: l l t h cent. : Neil R. K E R , Medieval Librarie s o f Grea t Britain : A Lis t o f Sur viving Books , 2nd éd., L o n d o n 1964, p . 128 // last quarte r o f l l t h cent. : O t t o P À C H T
and J. J. G. ALEXANDER , Illuminate d Manuscript s i n the Bodleian Librar y Oxford , 3
vols., Oxfor d 1966-73, 1 : 34; Rodney M . T H O M S O N , T h e Scriptorium o f Willia m o f
Malmesbury, in : Medieval Scribes , Manuscripts, and Libraries: Essays Presente d t o N.
R. Ker , ed. M. B. Parkes an d Andrew G . Watson, L o n d o n 1978, p . 121-3 / / l l t h / 1 2 t h
cent.: Heinrich SCHENKL , Bibliothec a Patru m Latinoru m Britannica, I: Die Bodleianische Bibliothek i n Oxford, Vienn a 1891, p . 157; Falconer M A D A N an d H . H. E. C R A S TER, A Summar y Catalogu e o f Wester n Manuscript s i n the Bodleian Librar y a t O xford, 7 vols., Oxford 1922-53,2(1): 450; Trésors des abbayes normandes , Rouen, Caen
1979, p . 127-29 // 12t h cent.: Kar l H A M P E , Reis e nac h England vom Juli 189 5 bis Februar 1896 , in: Neues Archi v 2 2 (1896) p. 659; LEVISO N 1920 , 631.
Provenance and origin: Once located a t Malmesbury. Fol . 1 bears a 14th-cent. catalogu e
identification a s Malmesbur. XXXIX; fol . ii verso of the front matter, i n an even late r
hand, claim s tha t Willelmus Malmesb. fecit scribi istum librum, whic h i s not credibl e
since th e script appear s t o antedat e Willia m o f Malmesbur y (d . around 1143). O n the
contrary, a Jumièges origin for that section appears indicated by the way the Vita Aichardi an d Vita Filiberti hea d th e codex and by the way the attached lis t of Jumièges abbots,
which originall y ende d durin g the 1070s, has been twic e updated b y different hands .
Textual coordinates: Fol. l-30v = our text no . 2 ( B H L 182).
Context: Smal l forma t collectio n o f four texts , written b y different scribes , rubricate d
differently, an d with varyin g margins : th e Vita Aichardi b y Fulbertus (followe d b y a
list o f Jumièges abbots); th e Vita et miracula Filiberti ( B H L 6806 and 6808-6809); a
collection o f Marian materia l ( B H L 5345, 5344, 5334, and 5343); and the Vita Vulganii
( B H L 8746). T h e table of contents lef t b y the Malmesbury catalogue r reveal s tha t for merly th e vitae o f Paternu s an d Elphegus ha d followed th e Vita Filiberti, whos e las t
page is cut. T H O M S O N , p . 123, offers possibl e candidate s fo r the missing texts in the remains o f London's B L C o t t on Vit. D . 17, fol. 1-27.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
103
Cambrai, BM 864 (once 767. II)
Datation: l l t h cent. : Cat. gén. mss Dépts XVII (1891), p. 348-49; LEVISON 1920, 571.
Origin: Somewher e i n Flanders, judging b y the content .
Textual coordinates: Fol. 6-2 lv = our text no. 2 (BHL 182).
Context: Larg e hagiographica l collectio n wit h a special emphasi s o n Belgia n saints .
LEVISON 1920, 544, relates it to the tradition o f the early Flanders legendaries .
Rouen, BM 1399 (U. 2, formerly U . 48) Qumièges G. 1)°°
Datation: 12th cent.: PONCELET 1904,152-56; LEVISON 1920,669; NORTIER 1971,171;
Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 382-86; VION an d MASSEI N 1955, 367; LIFSHITZ 1988,
465-66.
Provenance: Jumièges; bears Jumièges catalogue number G. 1.
Textual coordinates: Fol. 33v-45v = our text no. 2 (BHL 182).
Context: Larg e format two-colum n genera l legendary, copied b y a single scribe, containing mor e tha n fou r doze n separat e vitae an d passiones (man y wit h man y page s
missing) for saint s commemorated Septembe r throug h November .
Montpellier, BU Médecine 15 1
Datation: c . 1085 : Jean VEZIN , Le s manuscrit s e n Lotharingi e autou r d e Tan Mil , in :
Religion et culture autour de Tan Mil: royaume capétien et Lotharingie. Actes du colloque Hugue s Cape t 987-1987 . La France d e Ta n Mil, Auxerre, 26 et 27 juin 198 7 Metz, 11 e t 12 septembre 1987 , éd. Dominique IOGNA-PRA T and Jean-Charles PICARD ,
Paris 1990 , p. 310 (a dating based upo n th e circulation histor y o f Flodoard's work ) //
13th cent.: Cat. gén. mss Dépts in 4° I (1859), p. 344-45; Henricus MORETUS , Cat. cod.
hag. lat. Bibliothecae Scholae Medicinae in Universitate Montepessulanensi, in: AnalBoll 34-35 (1915-16) p. 260.
Provenance: Saint-Benigne : Fol. 104v in a 13th-cent . han d specifie s Liber Sancti Benigni; fol. 105v in a 17th-cent. hand indicate s Ex libris Oratorii collegii Trecensis.
Textual coordinates: Fol. 5-26v = our tex t no . 2 (BHL 182).
Context: Thi s codex mixes diverse genres of literature, including some grammars. Perhaps it served a s some sort o f school text ?
Metz, BM 168
Datation: 12th cent.: Cat. gén. mss Dépts XLVIII (1933), p. 398.
Origin: Saint-Sauveur d'Anchin; closes with an 1166 letter from Abbo t Peter of SaintRemi of Rheims t o Abbot Gozvi n o f Anchin .
Textual coordinates: Fol. 35v-55 = text no. 2 (BHL 182).
Context: A short volume containing only Eadmer's Vita Dunstani (BH L 2346-2347),
this text, and the appended letter .
Douai, BM 836
Datation: late 12th : Cat. gén. mss Dépts in 4° VI (1878), p. 567-72; PONCELET, Cat .
cod. hag. lat. Bibliothecae Publicae Duacensis, in: AnalBoll 20 (1901) p. 379-84.
Provenance: Marchiennes ; includes a 17th-cent. titl e page not e from a priest o f Mar chiennes.
Textual coordinates: Fol. 179-90v = our text no. 2 (BHL 182).
Context: Larg e lectionary .
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Arras, BM 14 (23)
Datation: 13th cent.: Cat. gén. mss Dépts in 4° IV (1872), p. 20-21; VAN DE R STRAETE N
1971,16-20, esp. 19.
Provenance: Mont-Saint-Eloi; fol. 1 in a 17th-cent. hand notes Bibliothecae Monasterii
Montis Sancti Eligii.
Textual coordinates: Fol. 62-66v = our text no. 2 (BHL 182). N o prologue, ending mut.
(des.: et sub eo quem ipsi exfratribus voluisset patrem habere eligendi liberam donavit opti).
Context: Par t of Vol. II of the Saint-Eloi legendary Quly through September) , written
by different hands . Some 14th-cent. texts are appended ou t of order. A 17th-cent . catalogue indicates that this was once part o f a three volume set. The mutilated endin g is
probably the work of a reprobate librarian who pillaged many Arras manuscripts fro m
1814-16.
Arras, BM 573 (462)
Datation: 13th cent. : Cat . gén. mss Dépts in 4° IV (1872), p. 181-82; LEVISON 1920,
554; VAN DE R STRAETE N 1971,14-15 and 42-47.
Provenance: St-Vaast; fol. 1 in a 17th-cent. hand indicates Bibliothecae S. Vedasti Atrebatensis (shelf mar k F 3).
Textual coordinates: Fol. 30-34 = our text no. 2 (BHL 182).
Context: Lectionar y of St. Vaast, arranged in the order of the calendar, this volume covering July to December .
Other late r medieval manuscript s coul d b e noted, bu t th e manuscripts cite d giv e a
reasonable ide a of th e geographica l rang e of Fulbert 's work. It s apoge e i s marked b y
its acceptance into the Saint-Vaast an d Mont-Saint-Éloi legendaries.
77. Editions
a) Edition of reference: According to LIFSHIT Z 1995,135, the preface i s published on ly in Laurentius SURIUS , De probatis sanctorum historiis , 6 vols. (1570-75), 5: 239-41
(I hav e no t bee n abl e t o consul t thi s edition , an d hav e use d instea d th e reading s o f
Rouen's B M 1399, fol. 33v-34 and 1409, fol. 1-2) . The text, minus the prologue an d a
section equivalent to BHL 181, chap. 5 (i.e. AASS Sept. V [1755], p. 87B), was includ ed by Jacobus de Guisia, a late fourteenth-century Franciscan , in a compilation of texts
concerning Hainault , th e Annales historiae illustrium principum Hanoniae (no w Valenciennes' BM 784-786, 14th cent.). These Annales were printed i n their entiret y b y
Agricol FORTI A d'URBAN in: Histoire de Hainaut par Jacques de Guyse, 16 vols., Paris
1826-1838, with th e text of Fulbert 's Vita Aichardi an d a facing Frenc h translatio n i n
8:40-137. The chapter numbers are part of the structure of the Histoire superimposed
upon th e vita.
b) Other edition: The vita itself , lacking the prologue and several of the dialogues, appears in SURIUS, Historiae seu vitae sanctorum, ed. Laurentio GASTALDI , 13 vols., Turin
1875-80,9:371-86.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
105
777. Critical examination
a) results:
Fulbertus wrot e i n the mid 10t h century a t the request o f the monks o f Jumièges.
b) analytical summary :
In th e prologu e Fulbertus peccator greet s »hi s master s (dominis suis) the mos t hol y
brothers o f Jumièges« who hav e ordere d hi m t o rewrit e th e vita o f Aichardus . Lik e
many 10th-cent . hagiographers , h e begin s b y castigatin g hi s source , a n earlie r vita,
claiming tha t i t was s o inan e tha t h e had hesitate d t o proceed unti l on e nigh t h e was
threatened b y th e apparitio n o f a venerable ol d ma n holdin g variou s writin g materi als, the vita, an d a rod for correctin g the disobedient. Thus prompted, h e had jumpe d
out of bed and gone to work. After askin g the reader's pardon for hi s literary failings ,
he begins the vita itself .
Although Fulbertu s closel y follows BH L 181, he embroiders it s contents i n man y
ways, especially by inserting extended speeches. He describes Poitou, and specifies tha t
the famil y o f Aichardu s wa s no t onl y nobl e bu t als o ha d vas t possessions . No w th e
saint's mothe r an d fathe r debat e extensivel y abou t hi s futur e career . Althoug h th e
names o f Aichardus ' maste r an d schoo l ar e omitted , hi s educatio n i s describe d a t
greater length , as is his preference fo r th e stud y o f scriptur e ove r pagan letters . No w
when th e sain t goe s off t o Ansion , hi s parents lamen t hi s decision, bu t eventually , as
in the Vita prima, ar e persuaded t o use their own property t o endow Quinçay.
Fulbertus adds more information abou t the problems Filibertus had with Ebroinu s
and make s thei r settlemen t a more explici t quid pro quo: Filibertu s wil l rul e Bisho p
Ansoaldus' ne w abbe y i f Aichardu s wil l rul e Jumièges. Now th e earlie r miracl e o f
gloves hung on a sun beam i s transformed int o an explicit transfiguration o f the sain t
himself. There appears to be a greater emphasis on the demonic: a barrier of holy wa ter protects sleepin g monk s fro m a monster demon ; more detail s ar e available on th e
death-dealing demon in the story of the death of half the monks. Now the original 900
monks of Jumièges are claimed to have been a perfect number because their ranks mirrored th e nin e choir s o f angels . The deat h scen e i s further embellishe d a s Aichardu s
speaks wit h angel s an d preache s a sermon t o th e monk s o n ho w t o comba t variou s
vices.
c) sources:
Fulbertus announce s in the prologue that his primary source is an earlier Vita Aichardi, about which he says unflattering things . This was presumably the Vita prima (BH L
181), which he elaborates but otherwise follows closely. LIFSHITZ 1995,135, speculates
that Fulbertu s migh t hav e worked fro m o r eve n been the scribe of Rouen' s BM 1378
copied i n th e mi d 10t h centur y unde r Abbo t Ann o o f Jumièges (discussed i n 1.1
above). Fulbertus know s Scripture , an d supplement s th e reference s alread y foun d i n
his source. He explicitl y refer s t o the Vita Filiberti (de GUYSE chap. 35, p. 106), a citation inaccurat e i n substanc e an d actuall y borrowe d fro m th e earlie r Vita Aichardi.
Nevertheless, hi s knowledg e o f th e Vita Filiberti i s clear fro m othe r passages . Ther e
are parallels with the Vita Filiberti in the story told in de GUYSE chap. 28-29, p. 69-77.
Compare, for example , his vituperation agains t Ebroinus: Dei athleta eum a communione fidelium velut reprobum et apostatem extorrem fieri debere judicabat. ... Fre-
106
John How e
mens ergo rabidus lupus (de GUYSE chap . 28, p. 70) vs. coepisset rapidis dentibus fremere ... vir Dei cuncta respuens ait, apostatam eum esse nee christianum hominem cum
eoparticipare debere, and: Fremens (var. vero) lupus rapidus (var. rabidus)... {Vita Filiberti chap . 24-25, ed. MGH SR M V, p. 596-7).
Fulbertus may have had considerable literary training. He knew how to expand hi s
narrative with rhetorica l speeches . Although h e emphasizes th e dangers o f paga n lit erature, he does not hesitate to describe a demon by invoking Alecto, ^figmentapoetica who tended th e criminal souls in Hades (de GUYSE, chap. 35, p. 110).
Vague similarities with Cluniac spirituality are suggested by his reference to the nine
choirs of angels, a pseudo-Dionysian an d Gregorian theme popular at Saint-Denis and
Cluny. Hi s emphasi s o n th e coenam agni als o suggests a Cluniac-influenced intellec tual world .
d) critical discussion :
Fulbertus mus t have written hi s Vita Aichardi lon g after th e composition o f the original vita (BH L 181), which had allegedly become unfashionable. Therefore h e worked
long afte r som e poin t late r tha n th e mi d 9t h centur y (se e 1.1 above). A mor e precis e
terminus post quem o f around 940 can be established base d upon the date of the com missioning o f on e o f th e earl y copie s o f tha t work , th e tex t o f BH L 181 found i n
Rouen's B M 1378, the code x whos e dedicatio n reveal s tha t i t wa s commissione d b y
Abbot Anno (abbot of Jumièges from aroun d 940/42 to 973). The conclusion that Fulbertus composed hi s Vita Aichardi afte r th e writing of BM 1378 is based upon the following points : 1) Fulbertus wrot e fo r th e monk s o f Jumièges who ha d officiall y re quested hi s wor k (a s hi s dedicatio n relates) ; 2) his ne w editio n o f th e Vita Aichardi
found favo r a t Jumièges (as its later circulation suggests) ; 3) BM 1378 was an impor tant book , officiall y commissione d b y Abbo t Ann o (a s its openin g line s declare) ; 4)
and ye t B M 1378 contains th e first editio n o f th e Vita Aichardi, no t th e ne w versio n
by Fulbertus . I f al l of th e above ar e true, then, unless th e monk s perversel y chos e an
obsolete tex t fo r th e abbot' s specia l volume, Fulbertus ha d no t offere d th e monk s o f
Jumièges their ne w edition o f the vita prio r t o the accession o f Anno aroun d 940.
This terminus post quem agree s with what is known of another work apparently b y
the same Fulbertus, the original Vita Romani (no BHL), a text first edite d in LIFSHIT Z
1988, 160-232 (English translation , p. 233-286); and i n LIFSHIT Z 1995, 229-67. It be gins with a similar openin g salutation : compar e Dominis suis Gimmetiensis coenobii
scilicet fratribus sanctissimis, Fulbertus peccator salutem fro m th e Vita Aichardi wit h
Dominis et confratribus suis sancte Rothomagensis ecclesie matris filiis Fulbertus peccator salutem fro m th e Vita Romani. The two works ar e similar in length, in their extensive us e o f speeche s an d dialogues , i n thei r concer n ove r demoni c infestation , i n
their emphasi s o n chastity , an d i n thei r privileging o f biblica l allusion s t o th e virtua l
exclusion of other literary reminiscenses. They share common details: in each case the
unwilling Fulbertu s ha s been forced t o write; the prologues ope n an d close in similar
fashion; th e saints ' father s ar e bot h soldier s wh o hav e bee n wor n dow n b y bearin g
arms; etc. Although th e arguments for dating the Vita Romani belong in a subsequent
study o n the hagiography o f Saint-Ouen, it is noteworthy tha t Lifshit z place s it prior
to a rewritten version that must have been composed betwee n 919 and 960; and, based
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
107
upon it s ideological concerns , perhaps i n the early 940 s (LIFSHIT Z 1988, 76-81; 1995,
178-179). This is congruent wit h a terminus post quem fo r th e Vita Aichardi o f abou t
940.
If the literary career of Fulbertus is assumed to have lasted no more than a standard
generational interval , the n a terminus ante quem fo r th e Vita Aichardi b y Fulbertu s
would be around 980. An absolute terminus i s provided b y the earliest surviving manuscript, Rouen's B M 1409, which was copied i n the l l t h century , quite probably pri or to 1037.
The identity of Fulbertus is unclear. The dedication of his Vita Aichardi t o his » lords
and brother s o f Jumièges« has le d som e scholar s t o nam e hi m »Fulbertu s o f Ju mièges«13. Yet he ma y hav e addressed th e official s o f Jumièges in thi s way onl y a s a
formality sinc e he used almost the same words when h e dedicated hi s Vita Romani to
his »lord s an d confrères of th e holy mothe r churc h o f Rouen « (LIFSHIT Z 1995, 234).
In fact, the term confratres appears to indicate that he was more likely a part of the latter community . Th e prologu e o f th e Vita Aichardi doe s no t identif y Fulbertu s a s a
monk of Jumièges: on the contrary, when he discusses how he debated abou t whethe r
or not to fulfill th e community's request , he does not mention an y vow pledging obedience to the abbot o r to the community; his account of how, inspired b y a dream, he
leapt out of bed at night in order to write does not suggest that he was keeping monastic hours or sleeping in the monks' dormitory 14 . Give n the literary training of Fulber tus, h e was more probably a learned outsider , perhaps i n the entourage o f Archbish op Hug h o f Roue n (atteste d 942 to 989), whose interest s th e Vita Romani served. A
possible intellectua l lin k wit h Archbisho p Hug h i s the referenc e b y Fulbertu s t o th e
nine choir s o f angels , a concept popularize d i n th e Wes t b y th e Pseudo-Dionysius ,
whose cul t center , Saint-Denis , was Hugh' s forme r home 15. In regar d t o the possibl e
connection of Fulbertus to the archiépiscopal court, it might be more than coincidence
that th e name »Fulbertus « wil l reappear frequentl y i n the ranks o f Rouen's ecclesias tical officials durin g the 11th century 16.
13
As i n LIFSHIT Z 1995, 318 ; although no t i n LIFSHIT Z 1988, 98 .
14 This argument based on monastic custom is suggestive, but not decisive inasmuch as it cannot be demonstrated ho w strictl y th e monks o f mi d 10th-cent . Jumièges actually observe d th e letter of th e Benedictine Rule.
15 On Hugh' s familia l background , se e Lucien MUSSET , AU X origine s d'un e class e dirigeante: les Tosny,
grands baron s normand s d u Xe et XIII e siècle, in: Francia 5 (1977) p. 45-80, esp. 48-50 and 57 . Hugh's
former servic e as a monk a t Saint-Denis is noted i n the 1 lth-cent. acta of the archbishops o f Rouen, in
a passage transcribed fro m Rouen' s B M 1406, the autograph, i n LIFSHIT Z 1988, 74.
16 David S. SPEAR, Les archidiacres de Rouen au cours de la période ducale, in: Annales de Normandie 34
(1984) p. 19-24 ; ID., Les dignitaires d e la Cathédrale d e Roue n pendan t l a période ducale , in: Annales
de Normandie 3 7 (1987) p. 130.
108
John How e
II. AUSTREBERT A
Austreberta (se u Austroberta; Fr. Austreberte )
110.11.704
First Abbess o f Pavilly (Dept. Seine-Maritime )
Dossier
1. Vita prima: BH
L 831
la. Prologu s (on e chapter): BH
L 831
Inc.: Si ruinus mundu s et, velut arbor incisa securibus una in part e
casura, penitus inclinatus ,
Des.: ita hi qui legendo revocant ant e oculos cordis praeterita ,
glorificent Deu m Patre m qu i est in caelis.
lb. Praefati o (on e chapter): BH
L 831
Inc.: Cum igitu r vitae vel gesta sanctorum narrand o recoluntur , qui d
aliud qua m laus vel gloria Dei praedicatu r
Des.: Etenim non ab oratoribus se d a piscatoribus saecul o venisse
salutem credendum est .
lc. Vit a (18 chapters or so, after BH L 832):
BHL 831
Inc.: Postquam universali s Dominus, humanae salutis auctor pariter ac
redemptor, Galloru m ferali a sua e ditioni subiugavi t colla,
Des.: suis sacris precibus nos ad Sanctorum perduca t consortium , ipsiu s
largiente misericordia cui soli debitus omni s laus et gloria DNIC ... Amen.
2. Miraculapriora (17 chapters): BH
L 834/835
Inc.: Cumque post gloriosu m eju s obitum [al . transitum], nonnullae BH L 834
ex sororibus lasciviori s animi, lectulo, quo Beata obierat ,
Des. a (longior): Plura interim omisimu s ne legentibus affere t copia
BHL 834
congesta fastidium ... Orationibus tande m suis nos haec Virgo sanctissim a
protegat, et ab omni mal o defendat, tueatu r a c custodiat, quod ips e
concedere dignetur, qui cum ... Amen.
Des. (3 (brevior): Hae c quoque sufficiant pauc a de pluribus, BH
L 835
innumeris et immensis, quae per sancta m sua m famulam operatu s es t
omnipotens Dominus , qui cum ... Amen.
3. Vita abbreviata BH
L 833/833 a
Inc.: Austreberta igitu r priusquam nasceretu r nota, et antequam exire t BH L 833
Des. a: e t ecce in ipsa vocatione nominum migravi t ad Christum, BH
L 833
cui est honor ... Amen.
Des. p: Et ecce in ipsa vocatione nominum migravi t ad Christum. BH
L 833 a
Unde quis dubitet... Cur non hanc ad cuius sepulcrum cotidi e horu m
similia fieri videntur, similis esse credatur?
4. Vita et miracula posterior a: BH
L 832, 836-838
4a. Prologu s (2 chapters): BH
L 832
Inc.: lam dudu m me , venerabilis Mater, Christique discipul a Iulia ,
importunis precibus obnix e petebas, ut Vitam
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
109
Des.: In laudibus itaqu e Redemptoris aggrediamu r exordiu m eiu s
vitae et conversationis, ut in eius glorificetur virtutu m insignis ,
qui mirabilis est et gloriosus in Sanctis suis.
4b. Vit a (18 chapters): BH
L 832
Inc.: Postquam universali s Dominus, humanae salutis auctor pariter ac
redemptor, Galloru m ferali a sua e ditioni subiugavi t colla,
Des.: Adiit nobis Virgo eximia, sui memoriam celebrantibus , impetre t
delictorum venia m sib i famulantibus, et post huiu s vitae terminum suis
sacris precibus nos ad Sanctorum perduca t consortium , Amen .
4c. Miracul a posteriora: BH
L 836-838
(Excised version s o f BH L 834 or 835 to whic h Norma n miracle s fro m th e l l t h
century o n hav e been adde d constitut e BH L 836 and 837; BHL 838 offers eve n
later Norma n miracula. Thes e text s fal l beyon d th e chronologica l scop e o f th e
SHG project. )
1. V i t a p r i m a s . A u s t r e b e r t a e BH
/. Manuscripts
L 831
Alençon, BM 12
Datation: 12th cent , (th e sectio n containin g vitae): Cat . gén. mss Dépts II (1888), p.
485-87; NORTIER 1971, 120; Colette JEUDY and Yves-François Riou, Les manuscrit s
classiques latins des bibliothèque s publique s d e France , vol . I: Agen-Evreux, Pari s
1989, p. 21-22; LIFSHITZ 1995 , 67.
Provenance: Saint-Evroult ; fol. 1 credits some of its philosophical glosse s to a Robertus Pruneriensis, presumabl y th e Robert de Prumelai wh o ha d bee n a monk a t Saint Evroult, unde r Abbo t Roge r de Sap (1091-1123), until h e left i n 1113 to becom e ab bot o f Thorney (se e JEUDY and Riou, p. 22).
Textual coordinates: Fol. 114-11 9 = our text no. 1 (BHL 831).
Context: Th e codex begin s with a 10th-cent. cop y o f th e Consolatio o f Boethiu s an d
other philosophical texts, which bear later glosses; then, in fol. 59-187, it offers a 12thcent. collection o f vitae, followe d b y a 14th-cent. index. LIFSHIT Z 1995, 67, suggests a
possible relationship betwee n the vitae i n this volume and the Maine legendary tradi tion.
Paris, BNF lat. 12605 (prius 730, deinceps 146, recentius 497)°°
Datation: 12th cent.: Leopold DELISLE , Inventaire de s manuscrits conservé s à la Bibliothèque impériale sous les nos 8823-11503 du fonds latin, Paris 1863, p. 60; Cat. Paris.
III, 134-142; NORTIER 1971 , 59 .
Provenance: Onc e at Le Bec. An added binding page specifies i n a 17th-cent. hand Ex
monasterio Beccensi Congregationis Sancti Benedicti Sancti Germani a Pratis. Judging
from th e texts for Austrebert a an d Audoenus, which are heavily worn and annotated ,
this manuscript spen t a significant par t of it s career in Normandy .
Textual coordinates: Fol. 12-17 = our text no. 1 (BHL 831). Readings 1-8 are bracketed.
Context: Lectionar y o f 39 items, calendrically ordered .
110
John How e
77. Edition
The prologu e an d prefac e o f BH L 831 are edited in : Cat. Paris . Ill, p. 137-39, based
upon Pari s BNF lat. 12605, fol. 12-13 . The vita tha t follows ha s never been published :
for its text I have used a transcript of BNF 12605 and a partial reproduction o f the text
in Alençon's BM 12. Scholars hav e usually accesse d it s substantive conten t b y utiliz ing the published edition s of a later version, BHL 832 (see II.4 below).
777. Critical examination
a) results:
The author o f th e earliest vita o f Austreberta wa s a monk, originall y writing decade s
after the saint's death, who claims to have been commissioned b y Abbess Julia of Pavilly (d. around 750?). However, i n the absence of a critical edition o f this relatively flu id text, subsequent retouchin g i s a probability, give n it s stylistic smoothnes s unusua l
for th e early 8t h century .
b) analytical summary :
The prologu e present s th e wor k t o Julia (d . around 750?), abbess o f Pavilly , a house
located abou t ten miles distant from Jumièges and probably founde d fro m it . The au thor, apparentl y writin g fro m a positio n o f authorit y o r friendship , addresse s th e
abbess with informa l pronoun s {te and tibi) an d feel s fre e t o assum e a »mildly satiri c a l tone 17 . The prologue, while pleading the author's personal incapacity for the task,
exhorts reader s to respect the work, despite its deficiencies .
The text opens by describing the achievements o f Filibertus, including the founda tion of Pavilly. At that time the Count Palatin e for Kin g Dagobertus wa s Badefridus ,
whose wife Framechild a wa s descended fro m th e kin g o f th e Alamanni. Portent s re vealed that their unborn daughte r was »chosen by God«. Even though sh e had decid ed to become a nun, her parents still arranged a marriage for her. Therefore sh e and her
younger brothe r trie d t o fle e t o Audomaru s (Omer) , bisho p o f Thérouanne. They
miraculously crosse d th e Rive r Canche , despit e a flood. Whe n the y reache d Audo marus, he gave her the veil and reconciled her with her parents. First she lived at home,
then a t th e conven t o f Portus (Port-le-Gran d i n Ponthieu ? [Dept . Somme]). To sav e
bread from burning , she entered a hot oven without sufferin g harm . As a result of he r
merits and miracles , she became prioress.
Filibertus sent messengers to invite Austreberta to direct his convent at Pavilly. She
accepted thi s responsibilit y an d persiste d bravel y despit e initia l difficultie s wit h th e
nuns an d wit h Amelbertus th e patron. The hous e ultimately becam e great , with per haps five churches, including paired basilicas (LE M A H O 1996,16-17). Austreberta led
a humble and edifying life . Supernatural events took place prior to her good death. Except for on e story involvin g a small boy, all the recipients an d witnesses o f he r mira cles in vita wer e women . Austrebert a die d aroun d 704 and wa s burie d i n St . Peter' s
church, later known a s St. Austreberta's.
17 Jo An n MCNAMAR A an d John E . HALBORG , Sainte d Wome n o f th e Dar k Ages , Durha m (NC ) 1992,
p. 307.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
111
c) sources:
This Lif e i s based o n eyewitnes s evidenc e (praef. : neque me quicquam nisi a testibus
fidelibus compertum scripsisse arbitrentur, quibus etiam interfuisse manifestum est).
LIFSHITZ 1995,46, assumes that the author was a monk of Jumièges who was connected
with Pavilly; the vita's domesti c concerns an d it s focus o n the nuns as the main recipients o f Austreberta' s miracle s d o no t suffic e t o establis h tha t th e autho r migh t hav e
been a Pavilly nun (se e other evidenc e below).
The vita, writte n in a simple narrative style, has few literary pretensions or allusions.
The prologue tells how the writer of a Vita Filiberti suffered th e indignity of having his
text altered by the dedicatee - this probably refers to the writing of the original and the
»polished« versions of the Vita Filiberti (BH L 8605/8606, discussed i n section II I below). The prologu e invokes , bu t doe s no t quote , th e rhetorician s Tull y (Cicero ) an d
Demosthenes (as in the Vita Hugonis, chap . 5; see section IV. 1 below), and the historians Josephus, Eusebius o f Caesarea , and Jerome. The preface quote s without attribu tion Sulpicius Severus' Vita Martini (BH L 5610), which directly provides the author' s
claim to eyewitness authority: compare quia regnum Dei non est in eloquentia, sed in
fide constat from th e Vita Martini (ep . ded.) with quia regnum Dei non est in eloquentia sed in fide constat atque virtute fro m th e Vita Austrebertae; an d agai n Obsecro
autem eos qui lecturi sunt, utfidem dictis adhibeant, neque me quicquam nisi compertum ... {Vita Martini 1 9) with... obsecro eos, qui lecturi sunt, utfidem dictis adhibeant,
neque me quicquam nisi a testibus fidelibus compertum scripsisse arbitrentur.
d) critical discussion :
The author's familiarity with the convent suggests that he was one of the clerics affiliate d
with it: he speaks of himself in the masculine (as in prol.). Since Filibertus had organized
the house and commissioned Austreberta, the male clerics working with the convent (as
in chap . 18 and 19) presumably cam e fro m Jumièges. That th e unpublishe d versio n
(BHL 831) is the closer surviving witness of this author's original vita i s indicated by the
borrowing from th e Vita Martini cite d above, which has been distorted almos t beyon d
recognition and subsumed int o the prologue of the more extensively circulated versio n
(BHL 832, discussed II.4 below)18. The original memorial would have been written long
after th e deat h o f Austrebert a aroun d 704, after he r bod y ha d reste d i n th e convent' s
basilica of Saint-Pierre »fo r man y years« {plurima requievit annorum curricula in BN F
lat. 12605, fol. 17) . This tex t rarel y feature s eyewitnes s testimony , eve n thoug h i t wa s
commissioned by the saint's community and was written about community events.
Yet the author does claim to be writing at a time when witnesses of Austreberta an d
her wonders had been recently available. The preface says, albeit in language borrowe d
from th e Vita Martini, tha t th e narrative i s based upo n eyewitnes s testimony . A specific informant i s said to have been a woman who had been trained by Austreberta dur ing the fourteen year s when th e saint was still at the convent o f Portus. Th e ambigu ous language of the vita implie s that this girl, who would have known Austreberta relatively earl y i n her career , was stil l aliv e or a t least ha d stil l lived recentl y enoug h s o
that member s o f tha t conven t coul d vouc h fo r he r frequen t testimon y (chap . 10: hoc
miraculum narrare consuevit i n AASS Feb. II, p. 421 A, or hoc miraculum narrare est
18 Compare ibid , with AAS S Feb. II, p. 419.
112
John How e
consueta i n BNF lat . 12605, fol. 14v). Thus th e vita appear s t o hav e it s origins i n th e
generation afte r th e death of the saint .
An edition o f this text would b e highly desirable , but difficul t t o accomplish sinc e
the manuscript witnesse s suggest a relatively fluid tex t with a relatively limited circu lation. Even in early medieval England , a place where th e cult of Austreberta becam e
quite popular, CORRÊA 199 7 offers n o indication o f any early medieval copies o f thi s
text or its abbreviations (BH L 833 and 833a , discussed below) .
2. M i r a c u l a p r i o r a s . A u s t r e b e r t a e BH
L 834/835
Closely related to the original vita ar e a set of miracula describin g wonders associate d
with the recently deceased Austreberta. In the longest form (BH L 834), on the basis of
four unspecified ms s from Longpont , Rouen, Capua, and Saint-Omer; these are edited
by BOLLAND , in: AASS Feb. II, p. 423-25; a truncated version from a manuscript fro m
Compiègne (BHL 835, which lack s a partial paragrap h i n the firs t stor y an d th e las t
paragraphs o f the conclusion) is edited b y MABILLON , in : AASS OSB 111(1 ), p. 39-42.
An English translation of BHL 834 is part of the Vita and miracula Austrebertae b y Jo
Ann McNamara, Sainted Women of the Dark Ages (see n. 17), p. 304-325.
These miracula, in their original form, may have been part of the first life (BHL 831).
The style is consistent, the chronological rang e similar, and the conclusion o f the early miracula deliberatel y refers back to the prologue of the vita s o that the final section ,
found i n BHL 834 (des. a) but omitted in BHL 835 (des. (3), insisting that »every book
must hav e an end«, concludes b y returning t o the initial themes o f th e prologue suc h
as the effort involve d i n writing, the necessary involvement o f the reader, the contras t
between styl e an d substance , an d th e hop e tha t a beautiful stor y ca n b e foun d eve n
within a humble style . The miracle s circulate d onl y a s appendices t o th e lives . Their
earliest surviving manuscript witnesse s are attached t o Austreberta's Vita abbreviata,
which i s discussed immediatel y below .
3. V i t a a b b r e v i a t a s . A u s t r e b e r t a e BH
L 833/833 a
/. Manuscripts
Vaticano (Città del), BAV, Arch. Cap. S. Pietro A. 2°°
Datation: 10th/llth cent. : Cat. cod. hag. lat. Rom., p. 1-6; Henri HOPPENBROUWERS ,
La plus ancienne version latine de la vie de S. Antoine, Nijmegen 1960 , p. 1-2 (Latini tas Christianoru m Primaeva , 14) ; F. D E MARCO , Censiment o de i Codic i de i secol i
X-XII: Bibliotec a Apostolic a Vaticana , Archivi o d i S. Pietro, in: Studi medieval i 3r d
ser. 11 (1970 ) p. 1103-04; Bazli DEGÔRSKI, I manoscritti délie biblioteche di Roma contenenti le traduzioni latin e délia Vita S. Antonii d i sant'Atanasio: Aile origini délia letteratura monastica, in: Cristianesimo latino e cultura greca fino a l sec. IV: XXI Incontro di studiosi dell'antichità cristiana , Roma, 7-9 maggi o 1992 , Rome 1993 , p. 272-73
(Studia Ephemeridis Augustinianum , 42).
Origin: Central Italy, accordin g t o Hoppenbrouwers' localization o f th e script ; fol.
259v and 260 document its acquisition by the canons of St. Peter in end notes, one dated to 1329.
Textual coordinates: Fol. 200-204v = our text no. 3 (BHL 833); fol. 204v-207 = our text
no. 2 (BHL 834).
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
113
Context: A 46-ite m gran d forma t legendary , coverin g January throug h earl y March ,
largely devoted t o martyrs. This volume is famous a s the source of the unique surviv ing copy of the oldest known Lati n translation o f the Vita Antonii (BH L 609e).
Vaticano (Città del), BAV, Vat. lat. 7810°°
Datation: 10th cent, (judging by the ornamentation)/l 1th cent, (judging by the script):
Caterina TRISTANO , »Un a vag a sensazione d i disagio .. . ovvero dell'interdisciplinar ità«, in: Gazette du livre médiéval 1 8 (1991) p. 7-9 // 1 1th cent. (fol. 14-173) : Cat. cod.
hag. lat. Vat., p. 218-224; E. B. GARRISON, Studie s in the History o f Mediaeval Italia n
Painting, 4 vols., Florence 1953-62, 1 : 181, 3: 108, and 4: 158-60 ; Giorgio MORELLI ,
Manoscritti d'intéressé abruzzese dell a Biblioteca Vaticana , in: Bullettino dell a Dep utazione abbruzzes e d i storia patria 63 (1973) p. 152; Elias A. LOEW , The Beneventa n
Script: A History o f th e South Italia n Minuscule, 2nd ed. by Virginia Brown , 2 vols.,
Rome 1980, 2:153 (Sussidi eruditi, 33-34); Paolo CHIESA , Le versioni latine della Passio Sanctae Febroniae: Storia, metodo, modelli di due traduzioni agiografich e altome dievali, Spoleto 1990, p. 214-17 (Biblioteca d i »Medioevo Latino « Collan a dell a »Società internazionale per lo studio del medioevo latino« , 2).
Provenance: Onc e a codex bibliothecae Chisianae; contain s som e text s characteristi c
of Monte Cassino (see CHIESA, p. 216). Probably originall y from th e Abruzzi, since it
includes a rar e cop y o f th e vita an d miracula o f Pamphiliu s o f Valv a (BH L 6418).
MORELLI, p. 152, links it to the monastery o f S. Stefano de Raone, near Atessa. Such a
provincial origi n migh t explain its archaic ornamentation .
Textual coordinates: Fol. 17-2 3 = our text s no . 3 + 2 (BHL 833 a + 834). This versio n
of the Vita abbreviata bear s the revised numbe r BH L 833 a because it contains a new
ending (fol. 20v-21, inc. : Et ecce in ipsa vocatione nominum migravit ad Christum.
Unde quis dubitet... / des . (3: Cur non banc ad cuius sepulcrum cotidie horum similia
fieri videntur, similis esse credatur?).
Context: Gran d format, two-columnpassionariumper circulum anni, written in Beneventan script . After a set of texts , esp. for Pamphilius , in fol. 1-1 3v, the mai n sectio n
of the book (fol. 14-164 , the work o f the same copyist) treats saints from Februar y t o
June, beginnin g wit h a mutilated Passio Blasii (Feb 2). Perhaps originall y ther e wer e
additional quire s a t th e fron t s o tha t th e legendar y bega n normall y a t Adven t o r
Christmas. Another copyis t adde d si x more pieces on fol. 157-64v, out o f the prope r
order, for saint s commemorated durin g these months .
Vaticano (Città del), BAV, Vat. lat. 1197°°
Datation: late 11th cent.: Cat. cod. hag. lat. Vat., p. 63-66; Marie-Hyacinthe LAURENT,
Codices vatican i latini , Codice s 1135-1266, Vatican 1958, p. 119-23 (Bybliothecae
Apostolicae Vaticanae Codices Manu Scripti Recensiti); Elias A. LOEW, The Beneventan Script : A Histor y o f th e Sout h Italia n Minuscule , 2nd ed. b y Virgini a Brown , 2
vols., Rome 1980, 1: 76 and 2: 143 (Sussidi eruditi, 33-34).
Origin: Writte n fo r th e cathedra l canon s o f Valv a and Sulmona , whos e patro n saint ,
Pelinus, has a vita whic h open s th e collectio n an d a hymn adde d i n the 12t h centur y
(fol. 13) ; bound into the front ar e 16th-cent. letters documenting the canons' donation
of the codex to the Vatican Library .
Textual coordinates: Fol. 146-150, 150-151v = our texts no. 3 + 2 (BHL 833 + 834).
114
John How e
Context: Larg e format lectionary , grandl y writte n i n gaily-colored Beneventa n script .
The firs t te n saints treate d - Pelinus et al. - seem t o have ha d local significance . The n
the orde r i s calendrical, movin g fro m Januar y throug h March .
Bruxelles, BR II. 2309, vols. I and II (Van den Gheyn 3307,1 an d II; formerl y
Phillippsin^Iandll) 00
Datation: 13th cent.: V A N DE N G H E YN 1905, 294-98.
Origin: C a m b r o n ; o n the foot o f p. 47 of vol. I, an ex-libris appear s De Camberone.
Textual coordinates: Vol . II, p. 329-34 = our text no . 3 ( B H L 833) + p . 234-37 = our
text no . 2 ( B H L 835, b u t in addition t o the other excision s normall y foun d i n that ver sion i t omits th e fourth miracl e i n the AASS OS B edition).
Context: Firs t volume (» A«) of a massive 9-vol. legendar y per circulum anni (DOLBEA U
1981, 405) ; part o f the Legendarium Flandrense.
Saint-Omer, B M 716 (II)
Datation: last quarte r o f 12t h cent.: B O N D E E L L E - S O U C H I E R 1991, 88-89 / / early 13t h
cent.: LEVISO N 1920, 674 ; L E C H A T 1929, 265-69 ; F . D O L B E A U , Le tome perd u du lé -
gendier d e Saint-Omer reconstitué grâc e aux Collectanea Bollandiana, in : AnalBoll 93
(1975) p . 363-78 / / 13th cent.: Cat. gén. mss Dépts i n 4° III (1861), p..317.
Provenance: Clairmarais : 17th-cent . ex-libris o f the Bibliothecae B.M. de Clarmarisco.
Textual coordinates: Fol. 35v-39 = our texts no . 3 + 2 ( B HL 833 + 835) .
Context: I n one (»B«) o f the five survivin g volume s o f the nine-volume Legendarium
Flandrense.
Brugge, Stedelijk e Bibl . 403 (cat. 28)
Datation: A r o u n d 1200: R. V A N D E R PLAETSE , Vlaams e Kuns t o p Perkament . H a n d schriften en Miniaturen te Brugge van de 12de tot de 16d eeuw, Bruges 1981, p . 63, 68,
70, and 101-04 // 13th cent.: Cat. cod. hag. lat. Brug. in: AnalBoll 10 (1891) p . 458-61;
A. D E P O O R T E R , Catalogu e des manuscrits d e la Bibliothèque publiqu e d e la ville d e
Bruges, Gembloux, Pari s 1934 , p. 454 (Cat. gén. mss des bibliothèques d e Belgique, 2);
DOLBEAU 1981 , 399-455, esp. 400 and 454-55; Marie-Thérèse ISAAC, Les Livres man uscrits d e l'abbaye de s Dunes d'aprè s l e catalogue du XVIIe siècle , Aubel 1984 , p. 297.
Provenance: Firs t at Ter Doest, then a t Les Dunes.
Textual coordinates: Fols. 56v-59v = o u r text no. 3 (= text as in AASS Feb. II, b ut missing the prologue, chap . 1-6 a little contracted , an d only miracle s 1-15).
Context: A legendar y aki n t o the early for m o f the Legendarium Flandrense,
31 items
from Februar y throug h May . Related t o Brugge , Stedelijk e Bibl . 404, which feature s
the saint s o f June throug h August , a s noted i n the following stud y o n the hagiograph y
of Saint-Wandrill e ( S H G VIII, sectio n VIII.4) .
As th e manuscripts cite d abov e indicate , Austreberta' s abbreviate d vita circulate d
in t w o very differen t regions : 1) in l l t h - c e n t . centra l Italy , wher e i t tended t o trave l
with th e miracula labelle d B H L 834; and 2) in Flanders, wher e i t was associated wit h
the slightl y excise d versio n tha t i s B HL 835. F r o m th e latter i t entered int o th e tradi tion o f the Legendarium Flandrense.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
115
II. Edition of reference
The Vita abbreviata (BH L 833) is partially edited from a manuscript from Compiègne
by MABILLON , in : AASS OSB II I (1), p. 37-39. To supply th e excised sections , he of fers cross references t o BHL 832. A variant ending (des. (3; BHL 833a ) is found i n Vat.
lat. 7810, fol. 20v-21.
777. Critical examination
a) results:
The Vita an d miracula priora Austrebertae wer e abbreviate d a t som e poin t betwee n
the composition o f the original work in the 8th century or later and the appearance of
the shortened versio n in manuscripts fro m th e start of the 11th century onward .
b) analytical summary :
This version has lost its prologue an d man y concret e historical details . A single paragraph dispense s with the saint's ancestry, the divine presages of her birth, and th e details of he r decisio n a t ten t o becom e a nun. Subsequently , th e text follows it s proto type mor e closel y i n recounting th e miracl e o f Austreberta' s crossin g o f th e Canch e
and her reconciliation with her parents. Similar detail is preserved i n the miracle of the
bread oven . I n th e story o f Austreberta' s cal l to Pavill y b y Filibertus , is added a second nam e for he r patron, who is now Amalbertus Ketelbuter. Hi s temporary ange r at
her i s described a s in the earlie r version. He r successe s an d virtue s ar e related. I n th e
deathbed scene , her final communio n i s now explicit .
c) sources:
This abbreviation closel y follows th e earlier version .
d) critical discussion :
Some scholars once assumed that this shorter vita wa s the original form (e.g . LEVISO N
1910, 595). Nevertheless, its status a s an abbreviation i s clear from th e way tha t i t alternates between sketch y generalizatio n an d elaborate detail, all the while consistent ly omitting much historical information foun d i n BHL 831 and 832. There are no obvious ways to date and localize the Vita abbreviata becaus e of how closely it s vocabulary follows th e original. Although it must have had an ultimate Neustrian source, its
earliest manuscript tradition is not in Normandy but in Italy and later in Flanders. This
may be a text rewritten fo r a n audience outside of the central cult area, less intereste d
in the details of regiona l history .
The abbreviation wa s made after it s 8th-cent. o r late r prototype an d befor e it s appearance in early 1 lth-cent. Italian manuscripts. The Italian tradition centers on an area
and era dominated b y Monte Cassino , which probably influence d it s diffusion .
4. V i t a et m i r a c u l a p o s t e r i o r a
s. A u s t r e b e r t a e BHL832
,
often wit h BHL 836, 837, 838
Although this version falls beyond th e parameters of the SHG project sinc e it appears
to have been written after the year 1000 (but see now Préface, p. 8), it deserves mentio n
because edition s o f i t ofte n substitut e fo r th e unpublishe d origina l vita (BH L 831,
described i n II. 1 above). I t i s edite d b y Jea n BOLLAN D in : AAS S Feb . I I (1658),
116
John How e
p. 419-23, who took the prologue from unspecifie d manuscript s o f Rouen and Long pont an d too k th e vita fro m a printed versio n fro m Surius . LIFSHIT Z 1995, 67, indicates tha t thi s pastiche wa s no t Bolland' s greates t work . Ther e i s a translation o f th e
Vita an d miracula priora Austrebertae (BH L 832, 834 ) by J o An n McNamar a in :
Sainted Women o f the Dark Age s (see n. 17) p. 304-325.
The manuscript traditio n o f BHL 832 has been surveyed b y Felice Lifshitz, whos e
research i s briefly summarize d i n LIFSHIT Z 1995, 67-68. She identifies i t as a reworking produced i n 1 lth-cent. Normandy, associated with the refoundation o f the priory
of Sainte-Austrebert e nea r Montreuil-sur-Mer i n 1090 (see Gallia Christian a XI , col.
127). At that refounding, Lifshit z claims , a new prologue was added, the vita wa s polished t o confor m t o curren t literar y standards , some ol d miracle s were droppe d an d
new ones added. These changes gave rise to new combinations suc h as BHL 832 with
836 and 837, and late r wit h 838. As witnesse s o f thi s ne w version , sh e cite s som e
12th/13th-cent. mss . from th e region o f Sainte-Austreberte: Rouen's B M 1392 (n. 38)
from Jumièges, BM 1401 from Jumièges, and B M 1411 (n. 64) from Saint-Ouen ; als o
Paris BN F 5362 (Montivilliers). Ultimately ther e woul d b e many mor e copie s sinc e
BHL 832 entered man y Cistercia n lectionarie s throug h th e Liber de Natalitiis.
III. FILIBERTU S
Filibertus o f Jumièges (Philibertus, Fr. Philbert, Philibert)
120. VIII. around 685
Founding abbot of Jumièges (Dept. Seine-Maritime) and Noirmoutier (Dept . Vendée)
Although Filibertus founded Jumièges, much of his career and subsequent cult developed outsid e o f Jumièges' world. H e ha d migrate d t o th e Loir e valle y afte r dispute s
with the Carolingians and with Archbishop Audoenus of Rouen. There his relics were
treasured. Wit h th e adven t o f th e Vikings, a monk name d Ermentariu s establishe d a
place of refuge an d a propaganda center for the cult at Tournus (Dept. Saône-et-Loire;
see LIFSHIT Z 1995a , 192). Because the SHG projec t specifie s tha t »saint s will b e situ ated i n th e regio n wher e th e essential s o f thei r dossie r wer e redacted« , detaile d con sideration o f the dossier of Filibertus belong s elsewhere .
Yet the original Vita Filiberti (BH L 6805/6806) cannot b e overlooked entirel y i n a
survey o f Jumièges hagiography. I t is edited b y LEVISO N 1910, 583-606, who identi fies both a simpler and a polished version, distinguished by , among other features, differently structure d prologues . Bot h prologue s agree , however , tha t th e tex t wa s re quested by Abbot Coschinus of Jumièges, a shadowy figure who appears to have jointly ruled Jumièges and Saint-Riquier i n the late 7th or early 8th century 19. From who m
would Coschinu s hav e requested a vita} Fro m a monk o f Jumièges? Or fro m a better
informed companio n o f Filibertus ' late r years ? Th e prologu e o f th e polishe d for m
19 The little that is known abou t Coschinus, who i s missing from th e early abbatial lists of the two hous es, is detailed i n Paul LOGIÉ, Jumièges et Saint-Riquier, in : Jumièges 1955 , 1: 202-205.
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
117
seems to imply a monk of Jumièges inasmuch as the writer addresses Coschinus as his
»spiritual father« an d is composing a memorial to »our father Filibertus« , nuances less
apparent i n the simpler, presumably origina l version-but th e argument, in any case, is
not conclusive because Filibertus was the »father« o f four monasterie s and one or tw o
convents. The vita fail s to help localize the text inasmuch as it presents a fairly balance d
picture of the saint's career .
LEVISON 1910, 572-73, assigns the Vita Filiberti to the late 8th century o n the basis
of possibl e earl y 8th-cent . source s an d languag e »congruen t wit h th e Carolingia n
age«. It cannot b e any later because it is cited b y many Carolingian author s (ID. , 573).
Levison's dating is challenged by LIFSHIT Z 1995,46-47, who would place the Vita Filiberti earlier , arguing that Leviso n ha s oversimplified immens e variations found i n the
streams o f textual transmission , variations tha t coul d reflec t th e difficulties o f scribe s
trying to read pre-Carolingian manuscripts .
The role the Vita Filiberti played at Jumièges pertains to the above debate. The au thor, whether a monk of Jumièges or not, would certainly have sent a copy of his work
to its dedicatee, Abbot Coschinus . Thus a copy wa s probably a t Jumièges. The earli est othe r survivin g hagiograph y associate d wit h th e Jumièges monastic famil y i s th e
Vita Austrebertae (II. 1 above), originating in the 8th century at the earliest, and its author specificall y refer s i n th e prologu e t o th e Vita Filiberti, alludin g t o a rewritin g
process in a way that suggests a knowledge of both BHL 6805 and 6806. An early 8th cent. dating for the Vita Austrebertae woul d requir e an earlier dating for th e Vita Filiberti tha n Leviso n wa s willing t o assign . Also relevan t i s the use of th e Vita Filiberti
by th e autho r o f th e Vita Aichardi, wh o worke d a t Jumièges in th e later 9t h centur y
(see 1.1 above). Although thre e times he explicitly refer s t o the Vita Filiberti, hi s references ar e general an d h e does no t quot e fro m it . Is it possible that h e knew a codex
which, perhaps because of its age or script, he could no longer easily read? What lend s
credibility to this speculation is that in the mid 10t h century, Abbot Anno omitted th e
Vita Filiberti whe n h e had th e important hagiographica l text s of hi s house copied in to Rouen's BM 1378 (see 1.1 above), a codex he dedicated »i n honore S. Petri et S. Filiberti« (fol. 1) . It is true that Fulbertus, the author o f the second Vita Aichardi, appar ently kne w th e Vita Filiberti, but , as noted 1.2 above, Fulbertus appear s t o have been
associated les s wit h Jumièges than wit h the'Roue n circl e o f Archbisho p Hugo , for merly o f Saint-Denis , a hous e tha t di d kno w th e Vita Filiberti (se e LEVISO N 1910,
604-05). Jumièges must hav e regained a legible tradition o f its founder's lif e - it is associated with Jumièges hagiography i n such collections a s Bamberg's S B ms patr. 134
(B. V. 25) and Oxford' s Bodl . Lib., Bodley 852 (see 1.1 and 1.2 above). Yet the appar ent disruption o f the tradition ma y never have been completely transcende d - among
the hundred s o f Jumièges and Fecam p manuscript s whic h surviv e toda y i n Rouen' s
Bibliothèque municipale , PONCELET 1904 notes only four copie s of the Vita Filiberti,
three o f whic h ar e excise d versions : Rouen' s BM 1402 (U. 25); 140 4 (U. 20); 141 4
(A. 53); and 1415 (U. 17).
118
John How e
IV. H U G O
Hugo (Fr . Hugues)
t 9. IV. 732/733/734?, at Jumièges
Abbot o f Jumièges and Saint-Wandrille , Bishop o f Rouen, Paris, and Bayeu x
Dossier
Gesta abbatum Fontanellensium I V (3 chapters): BH
L 4032
Inc.: Hug o filiu s Drogonis , vir venerabilis, a matre nomin e
Adeltrude progenitus, nepos Karol i sagacissimi principi s
Des.: Haec quidem de venerando patre ac domino Hugon e dict a sufficiant .
2. Vita BH
L 4032 a
2a. Capitula (3 1 entries): BH
L vaca t
Inc.: De ortu et genitoribus domn i Hugon i (sic ) Rotomagensi s
ecclesiae archiepiscop i
Des.: e t de sancta confessione dat a simulque de eius sanctissimo transitu .
2b. Prologu s (on e chapter): BH
L 4032 a
Inc.: Magnu m es t nomen tuum , Domine, in omnipotentia deitati s tua e
Des.: fessis itiner e oportunum solame n in tempore statuto , JCDN,
cui... Amen.
2c. Vit a (31 chapters): BH
L 4032 a
Inc.: Sicu t superius i n proemio huiu s cartul e promisimus, de
Des.: usque in finem débite perducit actionis . Adjuvante Christo
per saecula. Amen .
1.
1. G e s t a a b b a t u m F o n t a n e l l e n s i u m , i v BH
L 4032
/. Manuscripts
Rouen, BM 1405 (Y. 27) (Ivory Book of the Cathedral o f Rouen) 00
Datation: l l t h cent , (relevant section): Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 399-404; P O N CELET 1904, 219; GARAND et al. 1984 , 327 (who argue , based o n idiosyncracie s i n th e
Historia archiepiscoporum, fo r compositio n durin g th e reig n o f Jean d e Bayeux
(1069-1079); LIFSHITZ 1988, 466-70 (who question s th e inheren t unit y i n th e item s
bound togethe r here) .
Origin: Roue n cathedral , judgin g b y conten t an d history , althoug h Lifshit z ha s at tempted t o assign its origin to the episcopal monaster y o f Saint-Ouen 20 .
20 The origins of the »Ivory Book« and of certain of its components are contested between Felice LIFSHITZ ,
The Acta archiepiscoporum Rotomagensium: A Monaster y o r Cathedra l Product? , in : AnalBol l 108
(1990) p. 337-44, esp. 338-43, and Loui s VIOLETTE, L'Églis e métropolitain e d e Rouen pendan t l a première périod e normande , X èmc -XI ème siècles , Thèse: University o f Paris X, Nanterre 1994 , p. 136-54 ;
ID., Le thème de s origine s d e l'Églis e d e Roue n d'aprè s un e oeuvr e d e se s chanoines: Le s Annales de
Rouen, in : Chapitre s e t cathédrale s e n Normandie , ed . Sylvett e Lemagne n an d Philipp e Manneville ,
Caen 1997 , p . 291-9 2 (Annale s d e Normandi e - Séri e de s congrè s de s Société s historique s e t
archéologiques de Normandie, 2); and ID. , Le problème de l'attribution d'u n text e rouennais du XI e siècle: Le s Acta archiepiscoporum Rothomagensium, in : AnalBoll 11 5 (1997) p. 113-29. ID., Une entrepris e
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
119
Textual coordinates: P. 164-67 (BHL 4032). Divided fo r liturgica l purpose s int o nin e
readings. The blan k spac e afte r th e tex t ha s bee n use d fo r a copy o f th e prebend s o f
Archbishop Walte r (1184-1208), written b y th e sam e 13th-cent . han d tha t ha s
squeezed othe r materia l int o the margins .
Context: Althoug h th e initia l sectio n ha s themati c unity , late r editor s an d rebinder s
may have contributed t o this. Is Hugo's Gesta part of the original section? GARAN D et
al. 1984, 327 regard it as part of the original core, although it s scribe is, by their count ,
the fourth. LIFSHIT Z 1988, 468-69, argues tha t Hugo' s tex t was stil l circulating inde pendently, perhaps bein g used liturgically , as late as the reign of Archbisho p Gaufre dus, i.e. I ll 1-1128, since it is not given a catalogue mention like some of the other texts
found i n this volume.
Rouen, BM 1392 (U. 98)°°
Datation: 12th cent.: Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 375-76; PONCELET 1904,205-206;
HESBERT 1954,37 (whose interest is in a hymn on the fly leaf written in the 13th cent.).
Origin: Jumièges; fol . 1 announces i n a 17th-cent . han d Ex mon. gemm. congreg. s.
mauri.
Textual coordinates: Fol. 110v-12 = our text no. 1 (BHL 4032). This is a version of BHL
4032 specifically adapte d for th e use of Jumièges. In each place where the original tex t
listed Fontenelle and Jumièges (the saint's two abbacies), this version inverts the order
to Jumièges and Fontenelle . I t eliminate s th e inventor y o f donation s t o Saint-Wan drille, omitting everythin g fro m sita est in pago Tellau to De patrimoniis enim a predicto glorioso presule (fol. 11 1 v).
Context: Miscellaneou s hagiographica l work . A n inde x reveal s tha t thi s code x wa s
once connected to Rouen's BM 538 (A. 387), a copy of Lanfranc's wor k against Berengar (se e PONCELE T 1904, 141)
.
Normally th e Actus beati Hugonis archiepiscopi Rotomagensis i s found i n its original context as the fourth chapte r of the Gesta abbatum Fontanellensium. O n the manuscript traditio n o f th e Gesta, se e SH G VIII , sectio n VIII. 3, on Saint-Wandrill e ha giography, belo w i n thi s volume . Th e manuscript s cite d her e constitut e th e text' s
known independen t circulation . In the 17t h century, readings on Hugo from th e Gesta replaced earlie r readings i n Rouen breviarie s (VA N DE R STRAETE N 1969, 218), but it
has not been determined whethe r thes e were taken from th e independent traditio n o r
from th e Gesta itself .
77. Editions
a) Edition o f reference : PRADIÉ 1999 , civ and 194, esp. 58-67. This presents th e Lati n
text establishe d b y LOHIE R an d LAPORT E (discusse d immediatel y below) , supple mented b y a facing Frenc h translatio n an d reference s t o current scholarship .
b) Other editions: LOHIER and LAPORT E 1936, xli and 145, esp. 37-43. This critical edition favors th e testimony o f tw o 17th-cent . copies of a lost manuscript tha t was onc e
in the Cistercian nunner y o f Notre-Dame-de-Nazareth i n the diocese of Anvers.
historiographique au temps de l a réforme grégorienne : les Actes des archevêques de Rouen, in : Revue
d'histoire d e l'Eglise d e France 8 3 (1997) p. 343-365.
120
John How e
Samuel LOEWENFELD , Gest a abbatu m Fontanellensium , Hannove r 1886, p. 26-28
(Scriptores reru m germanicaru m i n usu m scholarum , 28), privileges th e earlies t sur viving witness , Le Havre's Bibl . communale 332 , which unfortunatel y present s a
slightly truncated versio n (se e SHG VIII , section VIII.3 below).
777. Critical examination
a) results:
The author of the Gesta was a monk of Saint-Wandrille who probably finished th e section of his work that concerns Hugo prior to around 830. It is significant fo r Jumièges
as a benchmark fo r tha t monastery's ow n Vita Hugonis.
b) analytical summary :
The Gesta narrativ e ha s littl e i n commo n wit h th e late r vita. Her e Hug o i s a son o f
Duke Drog o o f Champagn e an d o f Adeltrudis , therefor e a grandso n o f Pepi n o f
Heristal. He becam e »archbishop « o f Rouen , bishop o f Pari s an d Bayeux , and abbo t
of Saint-Wandrill e an d Jumièges. The autho r enumerate s i n detail th e lands an d gift s
that Hugo gave to Saint-Wandrille. He even notes the arrangements mad e in regard t o
the payment o f monastic dues by subordinate houses . In contrast, Hugo's reign at Jumièges and benefaction s t o it are passed ove r with generalizations . The autho r offer s
specific informatio n abou t Hugo' s da y of death an d burial site.
c) sources:
See below th e discussio n o f th e Gesta's genera l source s i n regar d t o Saint-Wandrill e
(SHG VIII , sectio n VIII. 3). Although th e autho r claim s tha t h e investigate d th e Jumièges archives, he uses this statement t o lend authority t o about a hundred word s of
panegyric concernin g Hugo' s goo d upbringin g whic h hav e been borrowe d fro m th e
Annals of Metz {Gesta chap, iv [2], borrowings i n italics in the edition by LOHIE R an d
LAPORTE, p. 42). He does use charters - but from Saint-Wandrill e - to describe sever al of Hugo's donation s (VA N DE R STRAETE N 1969, 221). Nevertheless, the author ha d
some contact with Jumièges, since he reveals more about the burial of Hugo than doe s
Hugo's ow n late r hagiographical traditio n (ID. , 221).
d) critical discussion :
The Gesta as a whole is a history of the monastery of Saint-Wandrille. It seems to have
been composed ove r a considerable period o f time, with the main section written per haps from th e 820s to around 830 and with added notices concerning the death of Abbot Ansegisu s (d . 833) and summarie s o f th e careers o f tw o subsequen t abbot s writ ten even later, but not muc h late r than aroun d 850.
The fourth chapte r o f the Gesta gaine d a n independent circulation . Perhaps i t was
excerpted directl y int o Roue n B M 1405 (Y. 27), the so-calle d » Ivory Boo k o f th e
Cathedral o f Rouen« . This Actus beati Hugonis archiepiscopi Rotomagensis fit s wel l
into the pre-1037 core of a work devote d t o the archbishops o f Rouen. Or perhap s i t
had a prior independent tradition, as suggested in LIFSHITZ 1988,468-69. Also unclear
is the date of origin of the variant version which alters the piece so that it privileges Jumièges instead o f Saint-Wandrille , a version atteste d toda y onl y i n Rouen's BM 1392
(U. 98), a 12th-cent. Jumièges collection o f hagiographical work .
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
121
All the editors of the Gesta abbatum Fontanellensium hav e failed t o exploit the independently circulatin g text on Hugo. Yet it offers a n early witness to this part o f th e
Gesta an d contains som e noteworthy variants 21.
2. V i t a s . H u g o n i s BH
/. Manuscripts
L 4032 a
Rouen, BM 1377 (U. 108)°°
Datation: 9th cent.: See LI above .
Origin: Jumièges or Haspres .
Textual coordinates: Fol. 135v-52 = our text no. 2 (BHL 4032a). The Vita Hugonis i s divided into twelve readings, copied with some decoration; neumes for chantin g appea r
to hav e bee n adde d slightl y later 22. A s i n th e Vita Aichardi, whic h immediatel y pre cedes it in this codex, the scribe fails to maintain the enumeration and titles of the index.
Context: see section 1.1 above.
Arras, BM 1071 (274)
Datation: 10th cent.: VAN DE R STRAETE N 1971, 64-65 .
Provenance: St . Vaast: a 12th-cent. ex-libris announce s a Liber Sancti Vedasti.
Textual coordinates: Fol. 30-42 = our tex t no. 2 (BHL 4032a) . Van der Straeten state s
that about thre e fols, are missing, but h e does not indicat e the gaps.
Context: Foun d in a fragmentary volume , today only 49 fol. long, containing three unrelated and mutilated hagiographical documents written by different 10th-cent . hands.
Bamberg, SB ms Patr. 134 (formerly B . V. 25)
Datation: 10th cent.: See 1.1. above.
Provenance: Formerl y i n the Bamberg Cathedral Library .
Textual coordinates: Fol. 140-159 = our text no. 2 (BHL 4032a).
Context: Th e vitae o f Filibertus , Aichardus , an d Hug o - the thre e majo r Jumièges
saints - are bound together here, in a unit appended to a copy of the Liber Scintillarum
of Defensor o f Ligugé.
Avranches, BM 99
Datation: l l t h cent. : See 1.1 above.
Origin: Mont-Saint-Michel .
Textual coordinates: Fol. 165v-178 = our text no. 2 (BHL 4032a).
Context: Contain s Gregor y I o n Ezechiel , an d th e Jumièges vitae o f Aichardu s an d
Hugo.
Rouen, BM 1408 (Y. 109)°°
Datation: late l l t h cent. : AVRIL 1975 , 49-51; Trésors des abbayes normandes , Roue n
1979, p . 125-26; GARAND et al. 1984 , 329, base their late 1 lth-cent. dating on the iden21 Although th e Jumièges version has wild dates for Hugo' s abbac y a t Saint-Wandrille, shiftin g it s open ing from 723 to 739 and hi s death fro m 730 to 748, it and it s Rouen counterpar t hav e some interestin g
variations on the indiction dates. The Jumièges version adds to the description of Drogo, Hugo's father ,
that »ducatu m habui t i n Campania« (Roue n B M 1392, fol. l l l v ) .
22 HESBERT 1954,41; R.-J. HESBERT, Les manuscrits enluminés de l'ancien fonds de Jumièges, in JUMIÈGES
1955,732.
122
John How e
tification o f th e first tw o miniature s a s the work o f th e Jumièges artist Hug o Pictor ,
who flourished the n // 12th cent.: Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 410-11; PONCELET
1904, 226-27; NORTIER 1971, 171; VAN DE R STRAETE N 1969, 216.
Origin: Jumièges; fol. 1 in a 17th-cent. han d announce s Ex monasterio Gemmeticensi
congregationis s. Mauri.
Textual coordinates: Fol. 38v-51 = our text no. 2 (BHL 4032a). A miniature of the Virgin and Child take s up the rest of fol. 51, even running ove r the last two line s of text .
Context: A collection of vitae an d sermons, beginning with selections from Jerome and
Augustine, followe d b y section s concernin g Mar y int o whic h th e Vita Hugonis ha s
been inserte d somewha t incongruously . Th e datin g propose d b y th e ar t historian s i s
complicated b y fol. 90v-94v, whic h contai n anothe r Vita Hugonis (BH L 4033), one
written by Baldricus, Archbishop of Dol (1107-1130), who uses his episcopal title and
thus cannot have written earlier than 1107. To eliminate the contradiction, GARAN D et
al. 1984 , 329, declare this section a n early 12th-cent . addition , which i s possible sinc e
the script and rubrication chang e somewhat .
Arras, BM 82 (135) (St-Vaast A. 76)
Datation: Cat. gén. mss Dépts in 4° IV (1872), p. 65; 12th cent. : VA N DE R STRAETE N
1971, 64 n 5.
Provenance: St . Vaast: early modern catalogu e number an d ex-libris.
Text coordinates: Fol. 82v-83 are four lectiones taken from BH L 4032a .
Context: Gregory' s Moralia in Job, th e legend o f Hugo, and some notes on land due s
added i n the 14t h century. Van der Straeten does not include this manuscript i n his inventory, noting it only in a footnote.
Bruxelles, BR 7773 (Van den Gheyn 3444)°°
Datation: 17th cent.: VAN DE N GHEY N 1905, 422-31; VAN DE R STRAETE N 1969, 217.
Origin: Th e titl e pag e describe s th e volum e a s Acta Sanctorum Aprilis post impressionem reliqua. Th e relevan t transcrip t i s a copy o f a Saint-Vaast original : Ex manuscripto Vedastino. Descripsit D. Thomas Luytens, supprior Laetiensis (fol. 291).
Textual coordinates: Fol. 291-97= our tex t no. 2 (BHL 4032a) . Van der Straeten, wh o
decided no t t o enter it s many od d reading s int o th e critical apparatu s o f BH L 4032a ,
concluded tha t »L a transcription semble avoir été faite par un copiste plutôt pressé et
peu habitu é à la paléographie« (VA N DE R STRAETE N 1969 , 217n).
Context: Ther e follow tw o other pieces on Hugo o f Rouen, drawn from th e Histoire
de Hainaut pa r Jacques de Guyse.
Other potentia l witnesses t o the text could b e the close reworking (BH L 4033) by
Baldericus o f Do l (d . 1130), written a t the reques t o f Abbo t Ursinu s o f Jumièges (d.
ca. 1120); and the tradition of Rouen breviaries, which take readings from i t (VAN DE R
STRAETEN 1969,217).
77. (Unique) edition
Edition o f reference : VA N DE R STRAETE N 1969, 232-60. His bas e text i s Rouen's B M
1377 (U. 108), whose awkwar d reading s h e sometimes correct s by what h e sees to b e
the »reasonabl e emendations « o f it s descendents , Rouen' s B M 1408 (Y. 109) and
Avranches' B M 99. It i s unfortunate tha t Va n de r Straete n di d no t tak e int o accoun t
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
123
two othe r 10th-cent . mss : Arras' BM 1071 and Bamberg' s S B ms. Patr. 134, although
he was later able to consul t th e former an d conclud e that »notr e ms . de base garde sa
primauté« (VAN DE R STRAETE N 1970, 63) .
III. Critical examination
a) results:
The author was probably a monk of the exiled Jumièges community at Haspres (Dept .
du Nord ) writing between a year around 866 and the close of the 9th century .
b) analytical summary :
The prologue situates Hugo's story in the context of the entire history of salvation. He
is the son o f Charlemagne . Hi s mothe r i s Anstrudis, the daughter o f Duke Tassilo of
Bavaria who is said to have died in exile at Jumièges. The author uses six chapters to describe how Hugo was educated, first at the abbey of Saint-Denis and then at the Palace
School. Hugo makes a pilgrimage to Rome and, after long talks with Pope Leo, receives
the tonsure an d diaconate and promises t o enter Jumièges. He return s t o the court of
Charlemagne a t Trier, where messenger s arriv e bearing letters announcing th e death s
of the bishops of Metz and Rouen and the elections of Charlemagne's sons Drogo an d
Hugo a s their successors . The empero r call s togethe r a synod a t Aachen i n 762 (sic)
where the bishops confirm thes e canonical elections and ordain his sons.
According to this vita, Hug o carefull y reorganize d hi s dioceses and reconstructe d
their churches . He me t with al l the clerical communities, took car e of the poor, live d
a frugal life , and stayed a t Jumièges often, makin g sure that the monks had everythin g
they needed . Finally, to the dismay o f the people of Rouen, he resigned hi s bishopri c
and entere d Jumièges as a simple monk , pledgin g regula r obedienc e t o Benedict . Af ter nine years of asceti c life he died o n April 9, aged 74, and was buried nea r the alta r
of Sainte-Marie.
c) sources:
The author of the Vita Hugonis use s much biblical phraseology, especially when he creates Hugo's speeches . He di d hav e literary pretensions , although eve n his editor dis misses him as a »pauvre styliste« (VA N DE R STRAETE N 1969, 231). The author explicit ly refers t o the Gesta Domni et Magni Regis Karoli i n regard t o the emperor's Bavar ian campaigns (chap. 1), by which he appears to mean Einhard's life (BHL 1580, chap.
11). He twic e cite s Gregor y th e Grea t (chap . 28 and 31), once fro m th e Moralia an d
once from th e Homélies or Letters (VA N DE R STRAETEN 1969,254 and 260). He quote s
Ambrose's De Joseph Patriarcha (chap . 23). In orde r t o illustrat e th e progress Hug o
made in sophia at Saint-Denis, the author invokes Demosthenes, Cicero (parallel to Vita prima s. Austrebertae, prol.) , and Varro (chap. 5); in a strained analogy he even mentions the 7th-cent. BC Gree k lyri c poet Arion (chap . 25).
One would have expected this Vita Hugonis (BH L 4032a) to be based upon the earlier biograph y containe d i n th e Gesta abbatum Fontanellensium. Ye t thi s i s not th e
case. The tw o text s disagre e o n th e saint' s genealogy , his abbacy o f Jumièges, his da y
of death , an d man y othe r matters 23. Perhaps som e confuse d commo n tradition s un 23 For a detailed comparison , se e VIOLETTE, L'Église métropolitaine d e Rouen (see n. 20) p. 214-20.
124
John How e
derly both: whereas in the Saint-Wandrille Gesta Archbishop Hug o is the son of Drogo (th e so n o f Pippi n II ) an d therefor e a nepos Karoli sagacissimi principis i.e. , o f
Charles Martel (chap, iv [1], ed. PRADIÉ 1999 , p. 58-59); in th e Vita Hugonis, he be comes the brother o f Bishop Drogo o f Metz, Charlemagne's so n (chap. 16, p. 244).
The author does name several properties which came to the abbey through the generosity of Hugo and which are later mentioned in the chartulary of Jumièges. This suggests tha t h e ma y hav e ha d acces s t o som e diplomati c material . Yet he exploit s suc h
material only in a small part o f one chapter (chap . 29).
d) critical discussion :
Several indicator s plac e thi s vita towar d th e en d o f th e 9t h century . The mos t recen t
source cite d i s Einhard' s lif e o f Charlemagne , whic h th e autho r presume s i s wel l
known an d readily availabl e - it seems to have been composed i n the mid 820s 24. The
author alludes to the misfortunes an d eventual consolations experience d b y Louis th e
Pious (chap . 28) - if this refers t o his deposition an d subsequent restoration , then th e
vita i s later than 835; if this refers t o hi s heavenly repose , then i t is later than 840. An
even more advance d date , however, ma y b e required b y th e chronological confusio n
involved i n the conflation o f a n 8th-cent . Carolingia n bisho p o f Roue n wit h Charle magne's illegitimate son Hugo, who died in 844, a brother of another natural son, Bishop Drog o o f Metz (823-55)25. Presumably enoug h years had passe d afte r 844 so tha t
no one survived where the vita wa s written who had known Charlemagne's Hugo. Yet
the date of composition canno t b e advanced to o far forwar d becaus e the earliest wit ness is Rouen's B M 1377 (U. 108), written i n the 9th century .
If the Vita Hugonis wa s written afte r 866, the traditional dat e for th e translatio o f
the relics of Hugo and Aichardus to Haspres, then it might have been composed i n exile with littl e acces s t o loca l documentatio n an d tradition . Lac k o f archiva l materia l
could have been responsible for its lack of chronology (th e only date is indefensible, a
council in 762 for the start of the pontificate). Perhaps a misreading of one form o f the
abbatial list of Jumièges could explai n ho w the hagiographe r manage d t o tur n a n abbot o f th e 8th century int o a simple monk o f the 9th (se e LAPORT E 1955, 449), an er ror unlikely t o have been made if his charters were readily available .
Another elemen t involve d i n dating th e Vita Hugonis i s that th e sam e author als o
seems to have written the first Vita Aichardi (BH L 181). Arguments establishing joint
authorship ar e set forth i n VA N DE R STRAETE N 1970, 63-73. In additio n t o th e paral lels he establishes based on similar passages, common vocabulary, and grammatical peculiarities, there are also morphological similarities : this has the same length, the same
disengaged approach to documentation, and the same odd chapter-heading index system as the Vita Aichardi, eve n down t o an approximately simila r number o f chapters,
similarly titled. Since that vita survive s in the same 9th-cent. copy as does this one, the
24 Heinz LOWE , Die Entstehungszeit de r Vita Karoli Einhards, in: Deutsches Archiv 39 (1983) p. 85-103,
argues for composition around 825 or 826; Karl Heinrich KRUGER , Neue Beobachtungen zur Datierun g
von Einhard s Karlsvita , in: Friihmittelalterliche Studie n 32 (1998) p. 124-45, uses parallel languag e in
charters to champion a date of Summe r 823.
25 The genealogy of Charlemagne's so n Hugo i s set forth in : The Annales of St-Bertin, ed. Janet NELSON ,
New Yor k 1997, p. xi, 35, and 58 (Ninth-Century Histories , 1).
SHG VII : Hagiography o f Jumièges
125
linking of the two texts does not help date the Vita Hugonis muc h more . Because th e
two saints moved with the monks to Haspres, it is possible that these vitae, o r at least
their diffusion , reflec t a n effort t o establish th e cults in a new geographical milieu .
CONCLUSION
The survivin g earl y medieva l hagiograph y o f Jumièges is no t extensive . Th e hagio graphical traditio n o f it s founder Filibertu s relate s mor e t o th e Loir e tha n t o HauteNormandie. The earliest text associated with the monastery could be the Vita prima s.
Austrebertae.
The Jumièges materials examine d her e were largel y a response t o th e Norman in vasions. Th e crisi s an d respons e perspectiv e applie d t o Norma n hagiograph y a s a
whole in recent years by Felice Lifshitz appear s mos t useful i n this context. No earl y
vitae ar e known t o hav e been written fo r th e saints the community lef t behin d a t Jumièges (that is , for Constantine , Peregrinus , an d Flavius), but vitae ar e preserved i n
several codice s fro m th e 9t h an d 10t h centurie s fo r th e tw o saint s whos e relic s wer e
carried of f t o Haspre s (Hug o an d Aichardus) . I t i s hard t o avoid th e conclusion tha t
these vitae wer e written t o glorify thei r relics in exile. The most recent text examined ,
the mi d 10th-cent . Vita Aichardi b y Fulbertus , ma y hav e been commissione d b y th e
restored communit y fro m a n outside scholar , a man whose othe r know n wor k i s associated with the archbishopic of Rouen. It hints at the more integrated polity that the
Norman duke s an d their bishops were gradually developing .
Sources hagiographique s d e la Gaule
VIII
JOHN HOW E
The Hagiography of Saint-Wandrille (Fontenelle )
(Province of Haute-Normandie)
GENERAL BIBLIOGRAPHY
The Genera l Bibliography concernin g Saint-Wandrille has bee n place d a t th e to p o f
the Jumièges dossier (SH G VII, p. 91-93)
INTRODUCTION
Early medieva l hagiograph y i n th e archdioces e o f Roue n cam e from monasteries , s o
much so that even episcopal saints are generally seen through the eyes of monks 1 . The
narrative hagiograph y survivin g fro m th e dioces e o f Roue n itsel f i s almos t al l fro m
three monasti c center s - Saint-Wandrille (Fontenelle) , Jumièges, and Saint-Oue n a t
Rouen. Each of these houses and its dependents produced interrelate d hagiographica l
documents.
Saint-Wandrille (Fontenelle) was the most prolific hagiographica l center in the early medieval diocese of Rouen. This abbey, originally dedicate d t o Saint Peter, was established aroun d 649 in the valley of the Fontenelle near the lower Seine 2. Its founder ,
Wandregisilus (d. around 668, at least before 672), whose name it came to bear, was an
Austrasian noblema n wh o abandone d Kin g Dagobert's cour t t o embark o n a spiritual quest . Ultimatel y h e reache d th e archdioces e o f Roue n wher e h e establishe d a
monastery. His work prospered, aided by Archbishop Audoenus, the Neustrian elite ,
and the royal fisc. Half a century after hi s death, Saint-Wandrille controlled a n alleged
4264 manses (LOT 1913, xxvi). That it became a literary center is evidenced by two for tuitously surviving early manuscripts - a vita o f Wandregisilus and a copy of Jerome's
::
'M
y thanks to the SHG director s fo r man y substantia l contribution s t o this study, to the German His torical Institut e i n Paris for hospitalit y grant s in 1995 and 1998, and t o Felice Lifshitz fo r he r kindnes s
in sharing her material s an d researc h on Norman hagiography .
1 Monastic dominance of hagiography i n the region of Rouen and in greater Normandy i s analyzed in Felice LIFSHITZ , Eigh t Me n In : Rouennais Tradition s o f Archiépiscopal Sanctity, in: The Haskin s Societ y
Journal 2 (1990) p. 63-74; Nancy GAUTHIER, Quelque s hypothèse s su r l a rédaction de s vies de s saint s
évêques de Normandie, in: Memoriam sanctorum vénérantes-. Miscellanea in onore di Monsignor Victo r
Saxer, Vatican City 1992 , p . 457-60 (Studi di antichità cristiana, 48); an d LIFSHITZ 1995,119-20 and 126-27.
2 LO T 1913 , iii-viii, argues for a date of 645, but 649 remains mor e generally accepted .
128
John How e
martyrology - which managed to reach safe havens prior to the Viking invasions 3. The
Vita Ansberti (chap . 13) claims tha t 8th-cent . Saint-Wandrill e ha d abou t a thousan d
charters in its archives. That boast might sound incredible , but the 9th-cent. author(s )
of the Gesta abbatum Fontanellensium di d have the resources available to incorporat e
into the Gesta materia l from abou t fifty charter s written in the first thir d of the eighth
century o r earlier (LO T 1913, xiii).
This prosperity initially suffered unde r the Carolingians. Imposed abbots looted the
monastery. Donations ceased. Monastic holdings were reduced to 1582 manses4. Eventually the fortune o f the monks began to improve5. The monastery's physical plant was
rebuilt an d it s domains cam e to boast a n impressive numbe r o f water mills 6. Yet 9thcent. debates over provisioning arrangements leave some doubt about whether the domestic economy wa s ever fully stabilized 7.
Vikings burne d th e monastery i n 851 and 858. Its monks bega n a series of ill-doc umented wanderings, accompanied by the relics of their greatest saints, peregrinations
discussed below in the context of the fragmentary hagiographica l evidence. By the mid
10th century, the exiled community ha d lost its coherence. Its relics were acquired b y
Saint-Pierre a u Mont-Blandin o f Ghent . Monks from Ghen t attempte d t o recoloniz e
Saint-Wandrille i n 960, but the restored monaster y was an undistinguished hous e until well into the 11th century .
Saint-Wandrille honored at least eight of its saints in narrative hagiographical work s
written before th e year 1000:1. Ansbertus; II. Childemarca; III. Condedus; IV Erem bertus; V Lantbertus; VI. Vulframnus; VII. Waltfridus; and VIII. Wandregisilus. In this
present study , the Roman numeral s designatin g these dossiers ar e used i n cross refer ences, which are frequent becaus e the texts are interrelated. The dossiers vary greatly :
many texts commemorate Ansbertu s an d Wandregisilus; none at all survive today fo r
Childemarca an d Waltfridus .
This impressive collection migh t hav e been even larger if the books o f Saint-Wan drille had been better preserved, not only during the Viking era but also during the early modern age . Lost texts such as the Ss. Vandregisili et Vulfranni liber metrice, note d
at 14th-cent . Saint-Wandrill e (LAPORT E 1937-38, 27), might hav e had earl y medieva l
antecedents bu t toda y thi s cannot b e demonstrated. Additiona l saint s associated wit h
the hous e coul d hav e been commemorate d i n their ow n earl y medieva l narrativ e ha giography, bu t hav e bee n omitte d her e becaus e o f a lack o f positiv e evidence . Thei r
3
The 7th/8th-cent. Vita Wandregisili (Paris, BNF lat. 18315) which survived at Corbie is discussed in section VIII. 1 below. A 772 version o f Jerome's martyrolog y (Wolfenbiittel , Herzo g Augus t Bibl. , Weissenburg 81), the oldest o f this martyrology' s importan t »Fontenell e family« , survive d a t Weissenburg:
see Hans BUTZMANN , Die Weissenburger Handschriften, Frankfur t a . M. 1964, p. 242-44 (Kataloge der
Herzog Augus t Bibliothek , Wolfenbiittel , n. s. 10), and als o Jean VEZIN, Les scriptoria de Neustrie,
650-850, in: ATSM A 1989, 2 : 309 .
4 LOT 1913, xiii-xxix, esp. xxvi; W O OD 1991, 10-12.
5 Jea n HEUCLIN, Les abbés des monastères neustriens 650-850, in: ATSMA 1989,1:330-31 ; LIFSHITZ 1995,
63.
6 Carol HEITZ, Architecture et monuments de Neustrie, in: ATSMA 1989,2:191-93. On the 67 water mills
Saint-Wandrille had in operation by 780, see Dietrich LOHRMANN , Le moulin à eau dans la cadre de l'économie rurale de la Neustrie (VII e -IX e siècles), in: ATSMA 1989 , 1: 367-404.
7 Gesta abbatum Fontanellensium i v (2) vs. xiii (8), ed. PRADI É 1999 , 64-65 and 184-91 .
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
129
number includes Godo, the nephew of Wandregisilus 8; Waningus, an early benefacto r
of Saint-Wandrill e an d o f th e firs t nun s o f Fecamp 9; Bainus , th e fift h abbot 10 an d
Ansegisus, th e eighteent h abbo t n . Als o no t treate d her e ar e texts writte n elsewher e
concerning Saint-Wandrill e saints , such a s the vita o f th e Saint-Wandrill e mon k Er menlandus who became bishop of Nantes and was commemorated there 12, the vita o f
Ansbertus' fiancé Angadrisma which stems from Beauvais 13, and the lost translatio o f
Wandregisilus written a t Ghent 14 .
Readers should be aware that all the obituary dates here are uncertain. Because none
of these saints lived much past the 7th century, their obits were originally reckoned i n
abbatial and regna l years , not i n incarnationa l years . Saint-Wandrille, unfortunately ,
does not seem to have had eithe r a single accepted lis t of abbatial reigns or a standard
system fo r correlatin g the m wit h roya l ones . Subsequent historian s hav e not foun d a
universally accepte d way to eliminate the resulting inconsistencies .
I. A N S B E R T U S
Ansbertus (Fr . Ansbert )
f 9. II. around 698 at Hautmont-sur-Sambre, repatriate d t o Fontenell e
Bishop o f Rouen, Abbot o f Fontenelle (Dept . Seine-Maritime )
8
9
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11
12
13
14
Godo (d . late 7th cent.) appears in the vitae o f his uncle Wandregisilus (se e VIII. 1 and VIII.4) and wit h
his uncle in the Gesta abbatum Fontanellensium i (4-7), ed. PRADIÉ 1999 , 10-24. Ultimately he would
be honored i n two version s o f a vita (BH L 3594 and 3595), based largel y o n th e above . A vita wa s a t
Saint-Wandrille in 1481 in the monastery's Lectionarius magnus (se e LAPORTE 1937-38,23). Yet no positive evidence demonstrates th e existence of an early medieval Vita Godonis.
Waningus (d . around 688) is commemorated i n BHL 8811-8814, fragmented »vitae« whic h are actually excerpts o f the anonymous De Revelatione, aedificatione et auctoritate Fiscannensis monasterii (P L
151: 699-724 , esp. 707-12). The presen t writte n traditio n owe s muc h t o th e hagiographica l tradition s
of Wandregisilus, Audoenus, etc. PONCELET 1904, p. 251-54, places the earliest known cop y in the late
11 th century .
Bainus (d . around 710) is described i n the Gesta abbatum Fontanellensium ii , ed. PRADIÉ 1999 , 26-37.
Bainus is discussed i n AASS Jun. IV (1701), 26-29. In the 14t h century, Saint-Wandrille's Passionarium
II containe d a text for Bainus , as noted i n LAPORT E 1937-38, 18. This los t text could hav e been a n extract fro m th e Gesta o r a n independen t work , bu t a n independent earl y medieva l circulatio n remain s
undocumented. Bainu s is not separatel y treate d a s a saint in the 1 lth-cent. Saint-Wandrille cultic com pendium tha t is today Le Havre B M 332 (see 1.1 below).
Ansegisus, a canonist o f not e an d on e of Saint-Wandrille' s mor e successfu l abbots , was commemorat ed in the Gesta abbatum Fontanellensium xii , ed. PRADIÉ 1999 , 146-93. Because a separate circulatio n
is suggested b y tw o earl y moder n fragment s (se e PRADIÉ 1999 , lxxxv-lxxxvi), thi s piec e i s treated i n
AASS lui. V (1727), 92-100, and was numbered b y later Bollandists as BHL 524. However, evidence is
lacking for a n early medieval cult and Ansegisus is not give n saintly honor s i n Le Havre's BM 332 (see
1.1 below).
Edited i n LEVISO N 1910, 674-710. This tex t di d quickl y becom e availabl e a t Saint-Wandrille, where i t
was used by the author o f the Vita Condedi (se e section III below). In the 14t h cent, part of it was read
annually ou t o f the monastery's no w los t Passionarium IV (LAPORT E 1937-38, 191).
On Angadrisma , see section 1.2 below, esp. note 26.
On th e Ghent translatio o f Wandregisilus, see section VIII.6 below .
130
John How e
Dossier
1. * Vita deperdita:
BHL vaca t
2. Vita: BH
L 520,520b
2a. Prologu s (1 chapter): BH
L 520
Inc.: Venerando et omni honore amplectando ... Hildberto ... Largiente
divina misericordia, narrare adgredimur actu s eximiae sanctitatis Ansbert i
pontificis
Des.: laus conversationis eiu s et sanctitatis eloquii s mei s proferri non poterit,
quam i n vestrae religionis memoria manet .
2b. Vit a (36 chapters): BH
L 520
Inc.: Eo igitur tempore, quo sceptr a regni Francorum gubernaba t
Hlotarius filiu s Hlodovi i regi s et Balthilde
Des.: iuxta sanctissimi patris Wandregisili sepulchru m a d eius levam,
die quinto Iduu m Martiarum , su b anno DCXCV incarnationi s
D.N.I.C.... Amen.
2c. Additamentu m (on e chapter): BH
L 520 b
Inc.: Anno quart o regn i Childeberti regi s Francorum, qu i era t
Des.: iuxta coangelicum viru m patremque inclytu m Wandregisilum .
3. Hymnus (alphabeticus ) de S. Ansberto archiepiscop o (69 lines): BH
L 523
Inc.: Ansebertus Christ i here s I Fontanella e sinibu s
Des.: Ut ipsum aeternae vitae I mereamu r socium .
4. Carmen (imperfectum ) de S. Ansberto (52 lines): BH
L 522
Inc.: Tempore quo regn i Francorum sceptr a regeba t
Des.: Et rapit ad poenas necno n et ad impia mittit .
1. " V i t a d e p e r d i t a s . A n s b e r t i BH
Critical examination
L vaca t
a) results:
The author of the postulated los t original vita, probabl y name d Aigradus , was associated wit h Saint-Wandrille , whose culti c interest s h e served. He wrot e i n the 8t h cen tury. The prologue suggest s very earl y composition, perhap s eve n prior t o the end of
701, but to some extent interna l contradictions vitiat e this witness.
d) critical discussion :
The original form o f the Vita Ansberti n o longer exists. The earliest known text (BH L
520) features a glaring contradictio n betwee n it s prologue , whic h claim s tha t i t wa s
commissioned fro m a writer name d Aigradus b y Abbot Hildebertu s (d . around 701),
and its following vita, whic h contain s anomalies indicating that it was written a t least
a generation later . The specific anachronism s ar e examined i n detail in section 1.2 below. The point her e is that discrepancie s i n the earlies t survivin g vita ar e mos t easil y
explained by postulating that an earlier written version has been inconsistently altered .
One possibl e scenari o i s that th e prologue reflect s a genuine commissio n give n t o
Aigradus b y Abbo t Hildebertus . I f th e openin g i s essentiall y original , the n th e fol lowing chronologica l anachronism s nee d t o b e explaine d b y postulatin g late r alter ations t o the vita itself . In favo r o f thi s hypothesi s i s the earl y strengt h o f th e cult of
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
131
Ansbertus. After h e died in exile, his relics were returned i n a triumphant month-lon g
adventus (BH L 520, chap. 27-36, ed. in: LEVISON 1910,636-41). This enthusiasm ma y
have been a major facto r i n Saint-Wandrille's decisio n i n the year 704 to translate th e
relics of Wandregisilus, Vulframnus, and Ansbertus into an elaborate shrine in the central monasti c church 15. Suc h culti c activit y migh t wel l hav e inspired th e writin g o f a
vita, particularly since a vita wa s already possessed by another one of the shrine's honorées, Wandregisilus (a s discussed i n section VIII . 1 below). Also supportin g a n earl y
date for th e original vita i s the way that its surviving form end s with the saint's buria l
in the churc h o f Sain t Pau l th e Apostle, makin g n o mentio n o f th e translation t o th e
church o f Sain t Pete r i n 704. This omissio n woul d b e explaine d i f th e tex t ha d bee n
written befor e th e second translation 16.
On th e contrary, however , skeptic s argu e that th e prologue's claim s of contempo raneity have been confabulated i n order to lend greater authority to a vita tha t actual ly postdates the saint's death by many decades. They maintain that the surviving Car olingian production is essentially the earliest vita. Wha t lends credibility to such a negative assessmen t i s tha t th e existin g Vita Ansberti offer s n o clea r indication s o f
contemporaneity excep t i n it s questionabl e prologue . Unlik e th e incontrovertibl y
Merovingian Vita Wandregisili, th e earliest text of the Vita Ansberti doe s not cite eyewitness evidence , does no t directl y quot e th e saint's words, and doe s no t specificall y
allude t o th e testimony o f th e saint' s survivin g contemporaries . This relativ e paucit y
of historical data could b e explained i f the work was first compose d a t some point af ter the latest chronological indicators its surviving version now contains, which require
it to be at least later than abou t 740 (see II.2 below)17.
Thus, although ther e are strong argument s fo r postulatin g th e writing o f a n original Vita Ansberti durin g the age of Abbot Hildebertus , not everyone finds the m decisive. Moreover, even if one does explain the contradictions in the surviving text by postulating alterations to an earlier version, the date of such an earlier version remains uncertain. I t coul d hav e bee n mad e a t an y poin t betwee n abou t a generation afte r th e
saint's deat h an d th e appearance o f th e composition w e now possess, that is , roughly
during the later 8t h century .
What woul d a hypothetical origina l vita hav e contained? I t would probabl y hav e
named it s autho r Aigradus, a name ther e wa s n o reaso n t o forg e sinc e no know n fa mous Aigradus bor e it. Presumably th e original life would hav e paralleled the version
that now exists, but lacked its obvious anachronisms and been written in even less classical Latin. Perhaps th e main concer n o f th e original autho r woul d hav e been to pre sent his hero a s a monastic model , a theory whic h woul d mak e him the originator o f
the tissue of monastic echoes found throughou t th e surviving life, including two sub tle echoes o f the Régula Columbani, a rule that was eclipsed b y the Régula Benedicti
15 Saint-Wandrille's Gesta i i (4), ed. PRADIÉ 1999 , 34-37, describe this shrine. On th e Merovingian tradi tion behind such structures, grand affairs behin d th e altars of the main churches, see Nancy GAUTHIER,
Rouen pendan t le haut moyen-âg e (650-850) , in: ATSMA 1989, 2: 11-12; and Werner JACOBSEN, Saints'
Tombs i n Frankish Churc h Architecture , in: Speculum 72 (1997) p. 1107-43, esp. 1129.
16 For this type of positive assessment o f the early dossier of Ansbertus, see LIFSHITZ 1995, 39-40.
17 LEVISON 1900, 594-98, presents these negative arguments .
132
John How e
in Carolingian times . Such a theory migh t hel p explai n the ahistorical, formulaic nature o f the surviving legend . I t also suggests tha t th e original Vita Ansberti migh t in
this respect have paralleled the incontrovertibly Merovingian Vita Wandregisili, which
does seek to promote imitatio n of its hero's monastic practices .
2. V i t a s . A n s b e r t i BH
/. Manuscripts
L 519, 520, 520b
Saint-Omer, BM 764°°
Datation: 10th cent.: Cat. gén. mss Dépts in 4° III (1861), p. 343-45; LEVISON 1902,
494-98; KRUSCH 1910, 11; LEVISON 1920, 677; André WILMART, Les Livres de Pabbé
Odbert, in: Société des Antiquaires de la Morinie, Bulletin historique 1 4 (1924) p. 179;
LECHAT 1929 , 288-89; LAPORT E 1960 , 150-52 .
Origin: Saint-Bertin: Wilmart judges the script consisten t with Saint-Bertin (p . 179) ;
Gustav BECKER, Catalogi bibliothecarum antiqui , Bonn 1885 , p . 134 [no. 292] notes a
volume featuring Wandregisilus an d Ansbertus in the monastery's 12th-cent. cata logue; a late ex-libris on fol. 96 proclaims thi s volume a Liber S. Bertini.
Textual coordinates: Fol. 52v-75 = our text no. 2 (BHL 520).
Context: Th e first par t of this manuscript concern s Saint-Wandrill e saints . The initial
folios o n Wandregisilus (fol. 1-52) will be discussed in the context of his hagiograph ical tradition (section VIII.4 below). The subsequent material on Ansbertus has the vita followed o n fol. 75v-77 by the Hymnus de S. Ansberto archiep. (BHL 523); and on
fol. 77v-78v by the Carmen de S. Ansberto (BHL 522). The other texts in this volume
are Saint-Bertin material : a version o f the Historia adventus Normannorum in Sithiu
(BHL 1291, with prol. 1290) and the Vita Winnoci (BH L 8952).
Le Havre, Bibl. communale 33 2 (once A. 34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation (original section , p . 15-218): 9th cent. : Cat . gén. mss Dépts II (1888),
p. 332-35 // early 11th cent.: GARAN D et al. 1984 , xx (on the basis of an identificatio n
of on e of the copyists a s a Willelmus monachus wh o flourished then ) // l l t h cent. :
Samuel LOEWENFELD , In der Bibliotheken de r Normandie: Bericht uber eine Reise im
August 1882, in: Neues Archiv 9 (1883) p. 368-72; LEVISON 1920, 595; NORTIER 1971,
175-76, 178-79 , 18 1 // l l t h cent , fourth quarter : AVRIL 1975 , 56-58; Trésors de s abbayes normandes, Rouen 1979 , p. 140-43; PRADIÉ 1999 , lxxviii-lxxx.
Origin: Saint-Wandrille: The hymns and offices to Saint-Wandrille saint s frequently
invoke »our patrons«. For early modem ex-libris inscriptions and catalog numbers, see
LOEWENFELD, p . 368-72. LAPORT E 1937-38 , 22-23 , argue s that a sermon uniquely
found her e demonstrates tha t this codex is the Vetus Liber vitae s. Wandregisili whic h
was in regular use at Saint-Wandrille in the 14th century .
Textual coordinates: R 79-113 = our text no. 2 (BHL 520 + 520b).
Context: Thi s codex consists of 19 quires concerning Wandregisilus and related saints,
written by different hand s from the 11th to the 17th century, collected together in 1639
by Augustin de Broise and rebound in its final form i n 1735 (as a title page inscriptio n
reveals). Its original core would have run from no w lost early pages of the Vita Wandregisili up through the present p. 218. The Wandregisilus materia l will be discussed in
the context o f the dossier o f that sain t (VIII. 4 below) . The section on Ansbertus begins, p. 78, with a superb pictur e o f a monk offerin g Ansbertu s a whole chestfu l o f
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
133
books 18 . After th e vita, p . 113-15 present th e Hymnus de s. Ansperto episcopo (BHL
523, discussed i n 1.3 below); and p. 115-18 give an office In natale s. Ansberti episcopi
ad vesperum (inc. : In transitu inclitipatris Ansberti caeli nobilitantur I des.; quem caelestis regni creasti senatorem nobis providens in caelis patronum). A lis t of Roue n bi shops closes out the Ansbertus material. The next section, devoted to Vulframnus, will
be discussed i n VI.2 below . The origina l collectio n close d wit h th e earlies t survivin g
copy of the Gesta abbatum Fontanellensium, discusse d VIII.3 below. Then follows a n
added elevatio Vulframni an d other texts .
Because o f thi s manuscript' s impressivel y archai c calligraphy, i t has been assigne d
dates ranging from the 9th through the 11th century Evaluators have been slow to note,
however, that its organizing principle requires a terminus ante quem o f 1053/54 for the
original core. Although al l of the materials devoted t o Wandregisilus, Ansbertus, and
Vulframnus hav e been groupe d together , the addition , after th e Gesta, o f newe r Vul framnus materia l (p . 219-65) concerning thi s saint' s allege d 1027 elevation a t Saint Wandrille (BHL 8740), written i n a different hand , demonstrates tha t the elevatio wa s
not availabl e at the time when th e first par t o f th e codex was written. Thus th e origi nal sectio n mus t predat e th e compositio n o f tha t piece , whic h VA N HOUT S 1989,
237-380, assigns t o 1053/54 19. The car e taken t o produce thi s elegan t boo k indicate s
its importance. It was probably a record o f the ancient fathers o f Saint-Wandrille produced specificall y fo r th e monks who refounde d th e monastery .
Rouen, BM 1380 (U. 55) Qumièges G. 13)° °
Datation: 10th/llth cent. : Cat . gén. mss Dépts I (1886), p. 350; PONCELET 1904,
195-96; NORTIER 1971, 171 // early l l t h cent. : GARAN D etal. 1984, 581 // l l t h cent. :
LEVISON 1920, 668 .
Origin: Jumièges: Fol. 1 has the characteristic Jumièges shelfmark G . 13.
Textual coordinates: Fol. 191-209v = our text no. 2 (BHL 520, not 519 as in PONCELE T
1904,196). LEVISON 1910,616, suggests that the interlinear variant readings added here,
in a hand other than the original scribe's, could have been taken from Le Havre's Bibl.
communale 332.
Context: Followe d b y the Hymnus de sancto Ansberto (discusse d 1.3 below). Toward
the end of a volume of miscellaneous Norman an d Flemish hagiographical text s written by different hands .
Rouen, BM 1400 (U. 3)°° (Fecamp's Passionarium magnum)
Datation: 1 1th cent.: Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 386-89; PONCELET 1904,156-60;
LEVISON 1920, 669-70; NORTIER 1971, 3 0 // late l l t h cent. : GARAN D etal. 1984, 327,
18 This imag e i s reproduce d in : AVRIL 1975 , 57; and in : Histoire de s saints et d e l a saintet é chrétienne .
Vol. IV: Les voies nouvelles d e la sainteté 605-814, ed. Pierre RICHE , Pari s 1986 , p. 247.
19 PRADI É 1999 , lxxviii-lxxx, in a contrary argument, claims that the inventio of Vulframnus, although written in a different han d from th e prior texts, must be contemporary with them because it has similar mar gins and layout, and that, therefore, i t demonstrates tha t the whole manuscript i s later than 1053/1054.
This i s not convincing . I f th e inventio woul d hav e bee n availabl e a t the tim e tha t th e whole , well-or dered collectio n wa s assembled, it would hav e been include d i n its proper place , which i t is not. But if
it was specifically writte n as an addendum to the preceding texts, this automatically explains the choice
of a similar format .
134
John How e
who situate it in the last half of the century because of the presence of a memorial verse
for Odil o of Cluny (d . 1049).
Origin: Fécamp: Fol. 3 (now 2) specifies in an 18th-cent. hand De l Abbaye de Fécamp
(sacristie); D.-B. G[RÉMONT], Lectiones ad Prandium à PAbbaye de Fécamp a u XIII e
siècle, in: Cahiers Léopold-Delisle 20 (1971) p. 25-26, by comparing this lectionary to
Fécamp's scheduled readings , demonstrates tha t it was the monastery's Passionarium
magnum.
Textual coordinates: Fol. 108v-109v = our text no. 2 (BHL 520, not BHL 519 as i n P O N CELET). There is a large piece cut out of the prologue. The text breaks off entirely where
all the last folios o f the codex have been cut away (chap. 8 des.: elegit famulum domini Lantbertum religione praeclarum et génère nobileml). I f this version had continue d
on with a standard tex t of similar size, then i t is missing perhaps seve n folios .
Context: A one-volume legendary , calendrically ordered , entirely copied by the same
anonymous hand . The beginnings an d end s of man y o f it s texts have been mutilated .
GARAND et al. 1984 , 327, describe it s contents a s »simultaneousl y Clunia c an d Nor man«.
Paris, BNF lat. 2627 (Colbert. 1297; Regius 39762)°°
Datation: 1 1th cent, (relevant section): Cat. Paris. 1,142-43; LEVISON 1910,616-17; ID.
1920, 634 ; Ph. LAUER , Bibliothèque nationale. Catalogue général des manuscrit latins ,
7 vols, (plus 2 more vols , of tables), Paris 1939 , 2: 552-54 / / l l t h an d 12t h cent , sec tions: Jea n DUFOUR , L a Bibliothèqu e e t l e scriptorium de Moissac , Geneva 1972,
p. 129-3 1 (Écol e pratique de s hautes études , IVe Section, Centre d e recherches d'his toire et de philologie, Hautes étude s médiévales et modernes, 15).
Origin: Moissac: Dufour identifie s the script a s the product o f severa l generations o f
Moissac's scribes ; the volume include s transcriptions o f letter s to Moissac written b y
Abbot Stepha n of Cluny (1161-73).
Textual coordinates: Fol. 108-21v (oli m 134-147v) , being a hagiographical libellus our text no. 2 (BHL 520).
Context: Thi s volume was assembled, over a long period of time, out of miscellaneou s
hagiographical items that included the De mortibuspersecutorum o f Lactantius and the
Vita Odilonis o f Jotsaldus. One noteworthy inclusion is a 14th-cent. interpolation, fol.
16v-17, whic h conflate s Ansbertu s o f Saint-Wandrill e wit h Ansbertu s o f Moissa c
(BHL 521), but this appears to be a unique local product, far removed from th e saint's
early medieval dossier 20.
Rouen, BM 1405 (Y. 27) (Ivory Book of the Cathedral o f Rouen) 00
Datation: 1 1th cent, (relevant section): Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 399-404; PONCELET 1904, 219; GARAND et al. 1984 , 327 (who argue , based o n idiosyncracies i n th e
Historia archiepiscoporum, fo r compositio n durin g th e reig n o f Jean d e Bayeux
(1069-1079); LIFSHITZ 1988, 466-70 (who emphasize s tha t th e groupin g o f th e item s
bound togethe r her e may be late and artificial) .
20 See Axel MUSSIGBROD , Der heilig e Abt Ansbertu s von Moissac, in: AnalBoll 99 (1981) p. 279-84.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
135
Origin: Roue n cathedral , judging by content an d history, although Lifshit z make s an
alternative case for compositio n a t the episcopal monaster y o f Saint-Ouen 21 .
Textual coordinates: p. 129-64 = our text no. 2 (BHL 520).
Context: Thi s volume contains a miscellaneous collection of archdiocesan documents ,
a history o f th e archbishop s o f Rouen , an d vitae o f som e o f it s sainted bishops 22. It s
unity may be more apparent than real since some items could have entered the collection as late as when it was bound togethe r earl y in the 13t h century .
Cambrai, BM 846 (751)
Datation: l l t h cent. : Cat . gén. mss Dépts XVII (1891), p. 327-29; LEVISON 1920
571-72 / / last thir d o f th e l l t h cent. : Victo r SAXER , Le dossier vézelien d e Marie Madeleine: invention et translation des relique s e n 1265-1267 , Brussels 1975, p. 19 7
(Subsidia hagiographica, 57 ) (who backdates the text based upon the 1064 foundation
date of Saint-Sépulcre).
Provenance: Saint-Sépulcre d e Cambrai : Fol . 1 , in a 17th-cent . hand, specifie s Bibl.
S. Sepul. Camer.
Textual coordinates: Fol. 35-5lv = our text no. 2 (BHL 520) .
Context: A miscellaneous collection of hagiographical texts whic h open s wit h th e
Saint-Wandrille an d Ghen t trinit y o f Vulframnus, Wandregisilus , an d Ansbertus . To
these i t adds th e stor y o f th e Seve n Sleepers, a collection o f text s o n Stephan , the lif e
of Medardus, and texts on Mary Magdalene .
Bruxelles, BR 9636-37 (Van den Gheyn no . 3228)°°
Datation: late l l th cent. : Cat. Brux. II, p. 342-48 // llth/12th cent. : LIFSHITZ 1995,45
// early 12t h cent : Marie-Rose LAPIÈRE , L a lettr e orné e dan s le s manuscrit s mosan s
d'origine bénédictin e (XI e -XII e siècles), Paris 1981 , p . 382 (no. 66) (Bibliothèque de la
Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, série D, 129) // 12t h cent: VAN
DEN GHEY N 1905 , 217-319 ; LEVISO N 1920 , 568 .
Provenance: Saint-Lauren t at Liège: Fol. 2 marked LL; fol. 1 in a 15th-cent. hand specifies Pertinet Monasterio sancti Laurentii prope Leodium.
Textual coordinates: Fol. 240-242 after VA N DEN GHEY N 1905 , 319 (but fol . 239-24 1
after Cat . Brux. II, 348) = BHL 519 .
Context: Thi s i s the earlies t survivin g exampl e o f th e Vita sancti Ansberti archiepiscopo Rotomagensis ab interpolationibus pura, misidentifie d a s th e origina l vita an d
ed. in : AnalBoll 1 (1882) p. 178-91. As note d i n LEVISO N 1910, 618, it i s a n expur gated versio n o f BH L 520. It ha s has lost som e edifyin g materia l an d muc h concret e
historical conten t concernin g name s and donations . It is found her e in a collection of
hagiographical material s largel y devote d t o saint s wit h cult s i n Flander s an d Bel gium.
21 The debat e o n th e origins o f Rouen' s Ivor y Boo k i s noted i n the preceding stud y o n th e hagiograph y
of Jumièges (SHG VII , section IV . 1).
22 The cult of Ansbertus wa s much less developed a t Rouen than at Saint-Wandrille. While his vita i s appropriately include d i n this collection o f materials on Rouen's bishops , LIFSHIT Z 1988, 157, points ou t
that hi s text, unlike those for Gildardu s an d Romanus, shows n o sign of liturgica l use.
136
John How e
London, BL Cotton Oth o D . VIII
Datation (of th e Passionale sancti Ignacii primum section , fol. 8-1 73v): 12t h cent. :
Montague R.JAMES , The Western Manuscripts in the Library of Trinity College, Cambridge: A Descriptiv e Catalogue , 4 vols., Cambridg e 1900-04, 3 : 166-67 ; Caroline
BRETT, L'hagiographie d e saint Guénolé de Landévennec: Le témoinage du manuscri t
de Cardiff, in: Landévennec e t le monachisme breto n dan s l e haut moye n âge : Actes
du Colloqu e d u 15 e centenair e d e l'abbay e d e Landévennec , 25-26-2 7 avri l 1985 ,
Landévennec 1985 , p . 25 9 / / late 12th cent. : LEVISO N 1920 , 602 . Joseph-Claud e
POULIN, SHG V: Le dossier de Saint Guénolé de Landévennec (Province de Bretagne),
in: Francia 23 (1996) p. 201, lists additional references .
Provenance: Chris t Church Canterbury? : Liste d i n a 14th-cent. Chris t Churc h Can terbury catalog 23.
Textual coordinates: Fol. 50v-58v = our text no. 2 (BHL 520) 24.
Context: Vitae and some historical texts, written in a codex of small folio format, onc e
of 267 leaves. The Passionale sancti Ignacii contain s an important witness to 10th-cent .
material on Winwaloeus compose d b y the Landévennec monks i n exile at Montreuil ,
neighbors of the Saint-Wandrille monks in exile at Boulogne whose memorials on Ansbertus and Vulframnus i t also features. Perhaps it is based upon a legendary from thi s
region tha t woul d hav e reache d Englan d i n the 10t h o r l l t h century . The Passionale
was later bound with other texts, including a 14th-cent. copy of Nicholas Trevet's Annales25.
Saint-Omer, BM 715 (I)
Datation: 12th cent. : Cat . gén. mss Dépts in 4° III (1861), p. 316-17; LEVISON 1920,
672-73; LECHAT 1929, 254-58; F . DOLBEAU, Le tome perd u du légendie r d e SaintOmer reconstitué grâce aux Collectanea Bollandiana, in: AnalBoll 93 (1975 ) p. 363-68;
ID. 1981,399-400.
Provenance: Saint-Bertin : a 17th-cent. hand specifie s S. Bertini in Sithiu.
Textual coordinates: Fol. 131-136 v = our text no. 2 (BHL 520) .
Context: Saints celebrated fro m 31 D e c - 9 Apr. , on e o f fou r volume s o f a legendar y
whose other volumes hav e owner notes from Saint-Ome r rathe r tha n Saint-Bertin .
Saint-Omer, BM 716 (II)
Datation: last quarter of 12t h cent.: BONDEELLE-SOUCHIE R 1991, 88-8 9 // 13th cent.:
Cat. gén. mss Dépts in 4° III (1861), p. 317; LEVISON 1920, 542-44 and 674; LECHAT
23 To locate this manuscript's medieva l home requires following a circuitous route. Two pieces of its original flyleaf, wit h part of the table of contents and the title Passionale sancti Ignatii, wer e reused t o bin d
Cambridge's Trinit y Colleg e Librar y 1155 (0.2.51). It is that title which i s listed i n the Christ Churc h
Canterbury catalogue , as noted i n Neil R . KER , Medieva l Librarie s o f Grea t Britain : A Lis t of Surviv ing Books, 2nd ed., London 1964, p. 36, 345, and 357.
24 Cotton Oth o D . VIII i s so fire damaged tha t i t is described i n the Catalogue o f th e Manuscripts i n the
Cottonian Librar y Deposite d i n the British Museum , Londo n 1802, p. 369, as »burnt t o a crust«. Yet,
although the pages are warped an d in pieces, IRHT microfil m indicate s that most of the text is still legible.
25 See Ruth J. DEAN , Nichola s Trevet, Historian, in : Medieval Learnin g and Literature : Essays Presente d
to Richard Willia m Hunt , ed . J. J. G. ALEXANDE R an d M. T. GIBSON, Oxfor d 1976, p. 350.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
137
1929, 265-69 , esp. 267; F. DOLBEAU, Le légendie r d e l'abbay e cistercienn e d e Clair marais, in: AnalBoll 9 1 (1973) p. 273-86; ID. 1981, 400 .
Provenance: Clairmarais : a 17th-cent . hand specifie s Bibliothecae B.M. de Claromarisco.
Textual coordinates: Fol. 28-35v = our text no. 2 (BHL 520).
Context: I n a collection o f vitae o f apostle s an d confessors , on e o f th e five survivin g
volumes of a nine-volume majo r witnes s t o the Legendarium Flandrense.
More manuscript s coul d b e cited , man y o f whic h ar e indicate d i n LEVISO N 1910,
616-17. Those described above were chosen to highlight early witnesses, some notable
variants, an d th e genera l distribution . Althoug h mos t o f th e earl y circulatio n wa s i n
Normandy an d Flanders, after th e vita ha d entered into the Legendarium Flandrense,
it became common i n the legendaries of the Low Countries , France, and England .
77. Editions
a) Edition of reference: LEVISO N 1910, 618-41. He separates the manuscripts into tw o
families: one headed b y the 10th-cent . Saint-Berti n tex t in Saint-Omer's B M 764; the
other heade d b y 10th-/llth-cent . Norma n manuscripts , includin g Rouen's BM 1400
(U. 3) from Fécamp and BM 1380 (U. 55) from Jumièges, as well as Le Havre's Bibl .
communale 33 2 from Saint-Wandrille .
b) Other editions : MABILLON , AAS S OSB I I (1669), p. 1048-1062 (made from Surius ,
Bolland, and unspecified mss.) ; BOLLAND, AASS Feb. I I (1658), p. 342-356 who notes the
existence of parallel texts in many manuscripts, but edits it ex antiquo codice nostro, perhaps from Bruxelles, BR 7487-91 (late 13th cent.), once Museum Bollandianum Q.Ms 4;
or perhaps from Bruxelles, BR 7808 (14th cent.), once Museum Bollandianum 209.
777. Critical examination
a) results:
The earliest surviving vita o f Ansbertus was written by a Saint-Wandrille monk in the
later 8th or at the very start of the 9th century .
b) analytical summary :
The prologue, which features standar d humilit y topoi and praises of the saints, names
the author a s Aigradus an d the dedicatee as Hiltbertus, abbot of Fontenelle .
Ansbertus i s said to have been nobly born at Chaussy o n the Epte (Dept. Seine-et Oise). He was affianced t o Angadrisma, daughter of the highest referendarius, bu t her
chastity wa s divinely protecte d b y a disfiguring complexio n problem . Sh e was give n
the monasti c vei l b y St . Audoenu s (Ouen ) an d wa s chose n abbes s o f Oroër (Dept.
Oise), near Beauvais where she is honored a s a saint26. Ansbertus became the bearer of
the king's seal, but the music of the court kept recalling to his mind the choirs of heaven. He left for Saint-Wandrille and, after having requested admittance according to the
26 Baudoui n D E GAIFFIER, Sainte Angadrisma (VII e siècle), à propos d e son culte, in: Pietas. Fs. fur Bernhard Kôtting, ed. Ernst DASSMANN an d K . Suso FRANK , Munste r 1980 , p. 280-83 (Jahrbuch fu r Antik e
und Christentum , Ergànzungsband , 8) , concluded tha t he r cul t wa s restricte d t o th e Beauvai s regio n
and that her unedited vita (BH L 453) was probably an 1 lth-cent. elaboration of data taken from th e vita of Ansbertus .
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John How e
procedure outlined in the Benedictine Rule, became a monk under Wandregesilus. H e
studied hard , had the gift o f tears, and requeste d extr a manual labor .
One day when young Prince Theudericus was hunting, he met Ansbertus workin g
in th e field s an d pledge d that , i f h e became king , h e would mak e hi m a bishop. Au doenus ordained Ansbertus as priest. Wandregisilus, while dying, named Ansbertus as
a possible successor . Althoug h Lantbertu s wa s th e on e elected , th e tw o treate d eac h
other like father and son. King Theudericus gave Saint-Wandrille property beyond th e
Rhône at Donzère (Dept. Drome) in order to provide the monastery with oil and oth er necessities: a monastery wa s founded there , subordinated t o Saint-Wandrill e unti l
the relationship was disrupted b y divisions of the kingdom an d incursions of the gens
Agarrenorum. Th e autho r invoke s th e illustriou s career s o f Ermelandus , Condedus ,
and other local saints. After Lantbertu s ha d been made bishop of Lyons, the monks of
Saint-Wandrille unanimousl y chos e Ansbertu s t o replac e him . H e embodie d Bene dict's word s o n abbatial power, buil t shelter s fo r th e poor, an d receive d man y dona tions. After th e death of Audoenus, the citizens of Rouen and King Theudericus chos e
Ansbertus t o succeed him . Ansbertus hel d a reform counci l a t Rouen i n 688/689. He
continued t o hel p the poor. H e elevate d th e body o f Audoenu s t o a high place in th e
church o f Saint-Pierre , decorating th e tomb wit h gold , silver, and gems . He gathere d
a great crowd fo r thi s elevatio an d mad e the day a regular feast fo r th e diocese.
Then the devil stirred up Pepin against him so that he was forced int o exile at Haut mont (Dept . Nord). Sensing he would die , he gained Pepin' s permission fo r hi s bod y
to b e returne d t o Saint-Wandrille . I t wa s escorte d hom e i n a month-long triumpha l
procession marke d by miracles, not least of which was the miraculous preservation of
the body in the odor of sanctity. It was placed in a special tomb in St. Paul's basilica at
Saint-Wandrille.
c) sources:
The autho r cite s few source s explicitly . H e refer s t o Scripture . He allude s t o gesta of
Lantbertus whic h h e himself ha d written elsewher e (chap . 11), and, in fact, the event s
he relate s her e ar e paralleled i n th e survivin g fragmen t o f th e Gesta Lantberti 27. He
refers th e curiosus lector to the nearly on e thousan d charter s tha t Saint-Wandrill e ha s
accumulated (chap . 13), but he himself doe s not quote any of these directly except fo r
a problematic ac t of a synod allegedl y held at Rouen i n 688/689.
In general , the sources the author explicitl y cite s as authoritative ar e monastic an d
administrative, not hagiographie or literary. The procedures b y which Lantbertu s en tered Saint-Wandrille, which are specifically secundum ordinem monasticum, evok e the
Régula Benedicti ii , liii, and lvii i (chap. 5). Monastic friendship, sicut monastica docet
norma, evoke s RB i i (chap. 6). Tags from th e RB ar e used, withou t specifi c citation ,
when th e author describe s th e reig n o f Ansbertu s a s abbot o f Saint-Wandrill e (chap .
13, cf. RB i i and lxiv) . The mos t direc t invocation s o f th e RB ar e in a document pur portedly fro m a synod hel d a t Rouen i n 688/689, where it is uniquely cite d twice un der the full title of the Regulam sanctipatris Benedicti, bu t since the document in ques27 Esp. chap. 2-3, which LEVISO N 1910, 620 and 621 relates to BH L 4675, discussed i n section V . below.
The author eve n appears to reus e whole passages (chap. 8-9), and thu s ma y well have taken eve n mor e
material fro m th e lost sections of the Vita Lantberti (chap . 11 and 12).
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tion contain s diplomati c problem s an d i s uniquely signe d b y Ansbertu s a s archiepiscopus rather tha n unde r hi s Merovingia n titl e o f bishop , thes e emphati c citation s o f
Benedict's exclusiv e authorit y ma y b e late r editoria l emendation s (se e chap . 18 and
notes). The author does respect other monastic authorities besides Benedict. He quotes
the sententia o f » a certain hol y father« , specificall y citin g it as something read , a sentence Levison identified a s Jerome as quoted i n the Régula Columbani x (chap. 6). As
bishop Ansbertu s tol d hi s people ho w t o conduct themselve s i n good an d ba d times ,
echoing without acknowledgement Régula Columbani vm (chap . 16). In office h e handled his financial obligation s accordin g to canonico ordine (chap . 17). Lantbertus wa s
said to have ruled secundum normam sanctorum patrum (chap . 8).
Literary source s ar e used, bu t withou t acknowledgement . Leviso n foun d 27 citations from Hilar y of Aries' Vita Honorati (BH L 3975), distributed from th e prologu e
almost to the conclusion, a pattern Levison cites in support of his thesis that the vita ha s
been manufacture d ou t o f whol e clot h rathe r tha n interpolated . H e als o found eigh t
citations from Gregory' s Dialogi; two and perhaps a third from Bede' s Historia ecclesiastica (none of these are unchallengeable); two and perhaps two more echoes from th e
Vita Audoeni (BH L 750); and two citations from th e Liber historiae Francorum. O n all
these, see LEVISON 1900, 596-98; and LEVISO N 1910,615 and 619-39.
d) critical discussion :
According t o th e dedicatio n o f th e Vita Ansberti, th e minimus famulorum Domini
servus Aigradus offer s hi s work to eximio sacerdote Christi Hildberto et abbati coenobii Fontanellensis. Th e only aspect of this dedication that has been universally accept ed is the text's link to Saint-Wandrille. The author presumes that his audience can verify a recurring wonder, an especially green pattern in modum tentorii foun d winte r o r
summer in a field no t far from th e monastery (chap . 7). He also believes that his readers ar e wel l acquainte d wit h th e curren t appearanc e o f th e tom b o f Audoenu s
(chap. 20). He identifie s himsel f a s the author o f Gesta Lantberti, an d the part o f tha t
work whic h survives , whic h thi s vita echoe s i n severa l places , i s a Saint-Wandrill e
product (a s demonstrated i n section V. below).
The chronological anomalie s i n this Vita Ansberti ar e striking. The interval of tim e
between th e deat h o f Ansbertu s aroun d 698 and th e deat h o f Hiltbertu s aroun d 701
seems too short to allow for the way that after the translation of the saint his cot (grabbatum) worke d man y miracles during the multo tempore i t was present at Fraxinidum
(Fresnoy-en-Thelle? Dept . Oise) (chap. 32). Nor i s the interva l betwee n th e death of
Audoenus around 684 and the death of Abbot Hiltbertu s aroun d 701 necessarily gen erous enoug h fo r th e elevation o f the corpse o f Audoenus t o have become celebrate d
as a high feast per succedentia tempora (chap . 20). The disruption o f th e property be yond th e Rhône by th e divisio n o f th e kingdo m an d th e incursio n o f th e gens Agarrenorum woul d appea r to place composition afte r th e series of uprisings involving the
Aquitainian aristocracy, their Muslim supporters, and the armies of Charles Martel that
began in the early 8th century but climaxed in the 730s, ending in 73928. Moreover, the
28 Chronology from Patric k J. GEARY, Aristocracy in Provence: The Rhône Basin at the Dawn of the Carolingian Age , Stuttgart 1985, p. 126-28 (Monographien zu r Geschichte des Mittelalters, 31).
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John How e
surviving Vita Ansberti incorporate s 8th-cent . sources : Leviso n note s borrowing s
from th e Liber historiae Francorum, writte n a t th e earlies t i n 726, and, les s convinc ingly, from Bede' s Historia ecclesiastica, writte n b y 731. While th e Vita Eligii (BH L
2474-2476), sometimes dated to the mid 8th century, does not appear to be quoted di rectly by the author o f the Vita Ansberti, i t is used severa l times in the Vita Lantberti
(see section V . below), which h e cites a s his earlier work . Thu s i t i s hard t o envisio n
how th e survivin g vita o f Ansbertu s coul d hav e bee n compose d befor e th e late r 8t h
century.
A hin t o f a terminus ante quem i s given in the Gesta abbatum Fontanellensium xi i
(3), ed. PRADIÉ 1999 , 140-43, when i t lists the books lef t t o the monastery i n the year
811 by a hermit named Harduinu s who had taught arithmetic and calligraphy in a cell
nearby29. Amon g th e book s h e bequeathed wa s a lib[er] vitarum sancti Wandregisili,
Ansberti ac Wulfranni confessorum Christi volumen unum. Thi s collection commem orated th e three saint s who reste d togethe r i n Abbot Bainus ' shrin e i n the churc h o f
St. Peter. In it their vitae wer e also together. Were these parallel texts? The last two of
these three long vitae hav e prefaces claimin g that they were commissioned b y the abbots who reigned immediately following their heroes' deaths. The figure would rise to
three ou t o f thre e i f it is assumed tha t th e Vita Wandregisili i n the collection wa s th e
Vita deperdita (discusse d VIII. 2 below ) an d that i t included somethin g lik e the pref ace found i n the surviving » Vita secunda« (discusse d VIII.4 below). The juxtapositio n
of thes e text s i n th e boo k give n b y Harduinu s suggest s tha t thei r paralle l survivin g
forms ha d already bee n created befor e 811.
The Vita Ansberti discusse d here cannot have been written much later than that, because it was used by various early 9th-cent. writers. LEVISO N 1910, 615, accepts it as a
source for th e Vita secunda o f Audoenus (BH L 751/752), the »Vita secunda« o f Wandregisilus (BHL 8805), and the Gesta abbatum Fontanellensium. H e could have added
the Vita Condedi t o his list, judging from fou r parallels he himself footnote s (se e LEV ISON 1910, 646-51) .
The additamentum (BH L 520b) , found onl y i n Le Havre's Bibl . communale 332 ,
reads as if it had bee n written fo r a martyrology.
3. H y m n u s ( a l p h a b e t i c u s ) de s . A n s b e r t o BH
L 523 30
/. Manuscripts
Saint-Omer, BM 764°°
Datation: 10th cent.: See 1.2 above
Origin: Saint-Bertin .
Textual coordinates: Fol. 75v-77 = our text no. 3 (BHL 523).
Context: I n a block of texts and images devoted to Wandregisilus and Ansbertus, SaintWandrihVs exile d saints.
29 O n e b o o k fro m H a r d u i n u s apparentl y survive s t o d a y a s Rouen' s B M 524 (I. 49), a cop y o f Bede' s De
ratione temporum: se e N O R T I E R 1971, 6-7; and G A R A N D etal. 1984, xx an d 518.
30 Ulyss e C H E V A L I E R , R e p e r t o r i u m h y m n o l o g i c u m , n ° 23031 ; Dieter SCHALLE R an d Ewal d K Ô N S G E N , I n itia c a r m i n u m L a t i n o r u m saecul o u n d e c i m o a n t i q u i o r u m , G ô t t i n g e n 1977 , n o . 857.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
141
Le Havre, Bibl. communale 33 2 (A. 34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: early l l t h cent , (this section): See 1.2 above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 113-15 = our text 3 (BHL 523).
Context: DESCHAMPS 1841,192 , signalled some ancient musical notation ove r the firs t
eleven lines. A collection of hagiographical document s relatin g to Saint-Wandrille .
Rouen, BM 1380 (U.55)°°
Datation: l l t h cent. : See 1.2 above.
Origin: Jumièges.
Textual coordinates: Fol. 209v-211 = our text no.3 (BHL 523).
Context: Follow s the Vita Ansberti (BH L 520, not 519 as in PONCELE T 1904,196) in a
miscellaneous collectio n o f local hagiographical texts .
77. Editions
a) Edition of reference: LEVISO N 1910, 641-43, made from th e three manuscripts cite d
above.
b) Other editions : Guido Mari a DREVES , Analecta hymnic a medi i aev i XXIII (1896),
p. 123-24, made from Le Havre, Bibl. communale 332; DESCHAMPS 1841,192-94, made
from Saint-Omer , B M 764.
777. Critical examination
a) results:
The author, connected with the Saint-Wandrille community, wrote during the 9th century, probably durin g its second half .
b) analytical summary :
The author o f this abecedarium, a popular Carolingia n genre , praises Ansbertus i n 23
three-line verses, each consisting of three lines of 15 syllables (divided 8+7), and eac h
beginning wit h a subsequent lette r o f th e alphabe t (fo r example , Ansebertus Christi
heres I... ; Bonus pastor pavit oves I... ; Celsus pontif ex electus I... ; and so on). The poet skillfully use s material from th e vita t o praise the virtues of Ansbertus. In doing so,
however, h e alters th e trajector y o f th e saint's lif e b y reachin g hi s episcopate a t »D«,
that i s by th e 4t h grou p o f verses. He reache s th e saint' s exil e by »N«, tha t i s by th e
thirteenth group . Thus nearl y hal f o f th e poem i s devoted t o th e saint' s exil e in Belgium and his apostolate to the people around the Sambre. The poet concludes with the
death i n exile, th e triumphan t retur n o f th e body , an d th e accompanyin g miracles .
Readers are referred t o the gesta of Ansbertus for mor e information .
c) sources:
The autho r echoe s muc h Scripture . He know s enoug h abou t th e legends o f Clemen t
of Rom e an d John Chrysosto m t o invoke them a s models o f persecuted bishops . H e
knows a preexisting life of Ansbertus .
d) critical discussion :
The autho r mention s Saint-Wandrill e i n the first line . His shif t t o first-person plura l
forms in the final verse seems to identify hi m as part of the saint's community, although
142
John How e
the exact antecedents of this »we« are by no means clear. He would hav e written afte r
the composition o f the gesta of Ansbertus, to which h e specifically refers . The text he
knew is presumably the surviving vita, whic h he follows closel y during the last half of
the poem. Thus a definite terminus post quem woul d b e the compositio n o f tha t vita
in the late 8th or early 9th century, probably prio r t o 811.
Because exil e i s a clear theme , LIFSHIT Z 1995, 45-46, who champion s th e earlies t
possible date for thi s hymn an d the vita upo n which i t depends, interprets i t as »a national anthem for Pious Neustria«, a late Merovingian protest against the Carolingian s
who had exiled Ansbertus. However, the theme of discontent is insufficient t o date the
poem, give n that th e Saint-Wandrille monk s wer e stil l grumbling abou t th e Carolin gians long after th e Merovingian er a (see W O OD 1991, 10-14).
An alternativ e interpretatio n appear s mor e probable. If this poem wer e compose d
in the last half o f th e 9th century , i t would b e easy to explain th e prominence i t gives
to th e saint' s exil e in the east . I n 858 the relic s o f Wandregisilu s an d Ansbertu s wer e
exhumed and brought to maritime Flanders, beginning a series of translations that will
be discussed in the context of the miracula o f Wandregisilus (see VIII.5-6 below). This
hymn's disproportionate emphasi s on the career of Ansbertus i n Flanders might hav e
helped connec t hi s cul t t o land s an d resource s tha t wer e becomin g increasingl y im portant t o the community .
The manuscript traditio n locate s the terminus ante quem a t the end of the 9th cen tury. The poem is appended to the vita i n the earliest manuscripts of Levison's two families: 1) in the 10th-cent . copy from Saint-Bertin , in the neighborhood o f the commu nity's exile ; and 2) at the head o f th e other family , following variou s 10th-/llth-cent .
witnesses fro m Normandy . Therefor e th e poem mus t alread y hav e been written an d
associated wit h th e vita befor e Levison' s tw o familie s diverged . Bu t whe n di d they ?
One possibility is that the manuscript tradition bifurcated i n 858 when the Saint-Wandrille communit y sen t som e monk s int o exil e with th e relic s o f Ansbertu s (an d pre sumably his vita), an d thus potentially created two textual streams. However, this scenario requires the uncorroborated assumptio n that the oft-raided, twice-burne d moth erhouse maintained some sort of bibliographical continuity. Another possibility is that
the poem followed th e vita i n a Saint-Bertin late 9th-cent. collection of Saint-Wandrille
material borne there by the exiled community, a collection which would have been the
ultimate source from whic h Levison' s two families diverge d (se e GRIERSO N 1937, xix;
also VIII.5 below). Both scenario s requir e th e poem t o hav e been writte n befor e th e
end o f the 9th century, a time when it s odd genr e enjoyed considerabl e popularity .
4. C a r m e n de s . A n s b e r t o BH
/. (Unique) manuscript
L 522 31
Saint-Omer, BM 764°°
Datation: 10th cent.: See 1.2 above.
Origin: Saint-Bertin .
Textual coordinates: Fol. 77v-78v = our text no. 4 (BHL 522).
31 Dieter SCHALLE R an d Ewal d KÔNSGEN, Initi a carminum Latinoru m saecul o undecim o antiquiorum ,
Gôttingen 1977 , no. 16198.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
143
Context: Th e Ansbertus sectio n o f a codex combinin g part s o f a Saint-Wandrille ha giographical collectio n wit h texts important t o Saint-Bertin .
77. Edition of reference
Karl STRECKER , MG H Poeta e Latini Aevi Carolini IV(3 ) (1964), p. 1004-05.
777. Critical examination
a) results:
The poet, who is associated with the Saint-Wandrille community i n his choice of subject an d i n the manuscrip t traditio n o f hi s work, mus t hav e written i n the lat e 9th o r
early 10t h century .
b) analytical summary :
The poem, in the 52 lines that ar e known, is divided int o two chapters : 1) the geneal ogy of Ansbertus; and 2) the broken engagement of Ansbertus and Angadrisma. It adds
nothing substantiv e t o the known vita.
c) sources:
The poet versifies quit e literally the surviving Vita Ansberti (BH L 520), as can be seen
from th e parallel text s published b y Strecke r i n his edition. Strecke r als o noted thre e
Virgilian echoes .
d) critical discussion :
The poet worked afte r th e writing of the surviving prose Vita Ansberti, i.e. , after a text
written in the late 8th or early 9th century but probably prior to 811. He wrote befor e
the appearance o f hi s work i n a 10th-cent. Saint-Berti n copy . His work i s too depen dent upon BH L 520 to date more precisely .
Is this text a fragment o f something larger? The present abrupt endin g does not of fer th e reade r th e aftermat h o f th e stor y o f th e disrupte d weddin g o f Ansbertu s an d
Angadrisma, tha t is , the detail s o f thei r subsequen t religiou s careers . It i s not th e re sult of a break i n the surviving manuscript, which still has six blank ruled line s left o n
the final folio . I s this an unfinished metrica l vita} O r di d the copyist o f th e survivin g
witness have a finished metrica l vita a t hand but decide to cease transcribing a text that,
if it had been completed on the same scale, would have been more than a thousand lines
long?
II. C H I L D E M A R C A
Childemarca (al . Childemara; Fr. Childemarque, Hildemarque )
119 or 20 VI. late 7th centur y
Abbess o f Fécamp (Dept. Seine-Maritime )
144
John How e
1. * » L i b e l l u s « d e p e r d i t u s s . C h i l d e m a r c a e BH
Critical examination
L vaca t
a) results:
Childemarca was once commemorated i n a vita, perhap s even a multiple-part libellus,
produced i n the Saint-Wandrille milieu . The text(s) would hav e been written betwee n
the end of the 7th century an d a time around th e year 840.
d) critical discussion :
Written memorial s of Childemarca, a woman wh o had been called from Bordeau x b y
Wandregisilus t o becom e th e firs t abbes s o f Fécamp, are mentione d i n th e »Vita secunda« of Wandregisilus, a text written before about 840 (discussed VIII.4 below). The
lost memorial s o f Childemarc a mus t hav e reflecte d th e concern s o f Saint-Wandrill e
since they ar e cited i n reference t o its role in founding th e nunnery o f Fécamp.
The dossier o f Childemarc a coul d hav e been elaborate . Although ther e i s nothin g
too remarkabl e i n the first referenc e b y th e » Vita secunda« (chap . 17) to event s con cerning Childemarc a sicut scribitur in ejus gestis, the text later specifies tha t Cujus vitam ac laudabilem conversationem, libellus, qui de ejus scribitur actibus, liquido narrât. Either thi s parallel us e of vita an d laudabilis conversatio i s redundant rhetori c o r
there was more than one text contained i n a libellus tha t was an independent cul t volume. Wa s it perhaps illustrated , a s later libelli often were 32? An illustrate d libellus fo r
Childemarca would hav e been earlier than any surviving example, but the speculatio n
is not inconceivable, since the earliest example generally cited i s from exactl y this milieu - the illustrated Wandregisilus material today found i n Saint-Omer's BM 764 (described 1.2 above and VIII.4 below). That series of illustrations is even earlier than has
been generally recognized , becaus e it is actually an inserted sheet , earlier than its present 10th-cent . context (see the discussion in VIII.4 below). Unfortunately, ther e is no
way to determine exactl y how the author o f the »Vita secunda« define d a libellus an d
what precisely h e meant i n the passage in question. The whole dossie r o f Childemar ca apparently perishe d i n the chaos o f th e late 9th/early 10t h cent. He r cul t wa s vul nerable to suc h a catastrophe because , like the cults o f many othe r earl y medieva l fe male saints, it had never become very widespread 33.
III. C O N D E D U S
Condedus (al. Condredus, Fr. Condède)
121 October aroun d 685
Founder o f a priory o n the former islan d o f Belcinna c (Dept. Seine-Maritime), Pries t
and Hermi t o f Saint-Wandrille .
32 Francis WORMALD, Some Illustrated Manuscripts of the Lives of the Saints, in: Bulleti n of the John Rylands
Library 35:1 (1952-53) p. 248-66, offers th e classic description o f this genre. An inventory o f know n ex amples is given in Barbara ABOU-EL-HAJ, The Medieval Cult of Saints: Formations and Transformations ,
New York , Cambridge 1994, p. 148-55. See now J.-C. POULIN , Liber iste vocatur Vita Sansonis. Un lé gendier factice du XII e siècle constitué de livrets hagiographiques, in: AnalBoll 11 7 (1999) p. 135-150.
33 O n the cult of Childemarca, see Victor D E BUCK, AASS Oct. XI (1864), p. 679-86.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
145
Dossier
1. Vita s. Condedi: BH
L 1907
la. Vit a (11 chap.): BH
L 1907
Inc.: Translato igitu r ad caelestia regna sancto patre Wandregisilo pos t
multipliées saeculi labore s
Des.: fiebant orationibu s eiu s bénéficia, e t laudabatur ibi ab omnibu s
nomen DJC , cui... Amen,
lb. Translati o et epitaphium (1 chap. + 13 verses): BH
L 1907
Inc.: Expletis vero annorum multoru m curriculi s post obitu m sanct i
viri, eadem insula a reumate maris attrita et conlapsa, translatum era t
Inc. epitaphium: Extitit in Galliis meritis dignissimus olim , I Cuius menbr a
sacra hie tumulata latent ,
Des.: Fontanellensi tumulan s i n cespite pulchro, I Nun c ub i poscente s
muneribus cumulât.
/. Manuscripts
Le Havre, Bibl. communale 332 (A. 34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: early l l t h cent. : See 1.2. above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 141-48 = our text no. 1 (BHL 1907). The text has been marke d
for twelv e readings.
Context: Collectio n o f hagiographica l document s relatin g t o Saint-Wandrille . Onc e
Saint-Wandrille ha d possessed othe r copie s o f th e Vita Condedi whic h ar e no longe r
known: record s o f th e orde r o f reading s indicat e a copy i n th e 14t h centur y i n th e
monastery's Passionarium II an d in the 15th century in its Lectionarium magnum (se e
LAPORTE 1937-38,18 and 23).
Paris, BNF Duchesne 84°°
Datation: 17th cent. , pr e 1640: René POUPARDIN, Bibliothèque nationale . Catalogue
des collections Duchesn e et Bréquigny, Paris 1905, p. 98-99; LEVISON 1910, 645; ID.
1920,655-56.
Origin: Collection s o f André Duchesne (d . 1640), in part in his own hand .
Textual coordinates: Fol. 179-80v = our text no. 1 (BHL 1907).
Context: Par t of a large collection o f vitae, copie d separately, then bound togethe r alphabetically (thi s volume covers A-G). LEVISO N 1910, 645, identifies it s Vita Condedi as a poor cop y of the Le Havre manuscript. Hi s editorial conclusion receive s codicological suppor t fro m th e fact tha t the Vita Condedi i n this volume is written i n th e
same hand on the same off-sized pape r with the same watermark as another one of the
texts it contains, the Vita Eremberti (BH L 2587, discussed I V below). These two rar e
texts must have been copied on the same occasion, which would have been easily possible if their copyist had worked from the Le Havre volume where they are found bac k
to back .
Bruxelles, BR 11987 (Van den Gheyn 3234, IV)°°
Datation: 16th cent., long before 1543: De Antonio Genti o i n Rubea Valle, canonico
regulari hagiographo , in: AnalBoll 6 (1887) p. 31-34; VAN DE N GHEY N 1905, 229-41;
146
John How e
LEVISON 1910, 645 ; ID. 1920, 568 .
Origin: Rougecloitre , a house o f canon s regula r nea r Brussels , th e hom e o f Antoine
Geens(d. 1543).
Textual coordinates: Fol. 95v-96v = our text no. 1 (BHL 1907).
Context: Saint s of September through December , the final part of a large lectionary of
which th e first, third , and fourth volume s survive .
Bruxelles, BR 8915-16 (Van den Gheyn 3482)°°
Datation: 17th and 18t h cent.: VAN DE N GHEY N 1905, 493-95; LEVISON 1910, 645; ID.
1920,566.
Origin: This volume is a collection of transcripts and off-prints assemble d by the Bollandists for , a s its title indicates, the Acta Sanctorum, 20-21 October. I t contain s tw o
transcripts o f th e Vita Condedi: 1) Ex manuscripto Rubrae Vallis, i.e. Rougecloitr e
(fol. 141-43) ; and 2) Ex manuscripto Ultraiectino S. Salvatoris (fol. 146-46v) a los t
Utrecht legendar y fro m whic h th e Bollandists go t many texts, usually drasticall y ab breviated lik e this one.
Textual coordinates: Fol. 141-4 3 = our text no. 1 (BHL 1907).
Context: Text s of varying sizes and formats, basi c working document s o f the Bollan dists. Fol. 146-146v give the Utrecht vita brevior s. Condedi (BH L 1908).
77. Editions
a) Edition o f reference: LEVISO N 1910, 646-51, based o n the mss listed above .
b) Other editions : MABILLON, AAS S OSB II (1669), p. 862-65, based o n a copy of Le
Havre's Bibl. communale 332 ; Victor DE BUCK, AASS Oct. IX (1858), p. 351-58, based
on Mabillon an d o n BR 8915-16.
777. Critical examination
a) results:
A monk o f Saint-Wandrille wrote the Vita Condedi i n the early 9th century .
b) analytical summary :
After Wandregisilu s ha d died , while Lantbertu s wa s rulin g Saint-Wandrille , Conde dus, a priest and hermit born in Britain, made a pilgrimage to Gaul. First he spent some
time i n solitar y contemplatio n a t Fontana Walarici 34. Then h e decided t o visit Saint Wandrille because of its high reputation. When his boat stopped near the mouth of the
Seine, the pious woman who gave him lodging saw a great beacon shining over his roof.
After h e had been hospitably receive d at Saint-Wandrille, he asked Lantbertus i f there
was a place nearby goo d fo r pursuin g th e religious life . He wa s directed t o the islan d
of Belcinnac, which he was given by King Theudericus III , who had been divinely inspired whil e out hunting . This island , three by on e and a half miles , was a good pro tected plac e for fattenin g livestock . I n 675 (?) the sain t grante d i t to Saint-Wandrille .
Two charter s ar e summarized , whos e witnesse s includ e severa l disciple s wh o ha d
come with Condedus fro m overseas . Two jejune wonders ar e recorded. A great man y
34 Perhaps at Ponts-et-Marais in the canton of Eu, according to Jean FOURNÉE, Le culte populaire des saints
fondateurs d'abbaye s prénormandes , in: ABBAYES 1979 , 67.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
147
years after his death, his island eroded away and his relics had to be translated to SaintWandrille, where the y wer e place d i n th e Churc h o f St . Peter nex t t o th e orator y o f
St. Martin. The author quote s the epitaph posted there .
c) sources:
This narrative appears to have been composed out of preexisting documents. These apparently recorded : 1) Theudericus Ill' s gift o f the island of Belcinnac to Condedus; 2)
gifts fro m Condedu s t o Saint-Wandrille durin g the reign o f Lantbertus , consisting of
Belcinnac, of property donate d t o hi m b y Schiwardus, an d o f othe r persona l posses sions; 3) a redonation of these same properties during the reign of Ansbertus, in which
the previou s transfe r i s affirmed b y th e mayo r o f th e palace Waratto an d b y variou s
named disciples ; and 4) the epitaph displaye d a t Saint-Pierre (chap . 4, 8, and 12). The
charter summaries are credible, although the surviving charters which contain this material appear to be llth-cent . recreation s base d o n this vita 35.
In addition to charters and the epitaph, the author explicitly cites Scripture and th e
Gesta Lantberti (BH L 4675, discussed i n V. below), referring t o a section concernin g
that saint's episcopate in Lyons, a section not include d i n the fragment tha t survives .
As befits his subject, many of the author's unacknowledged source s relate to Britain.
LEVISON 1910, 649-51, identified eigh t citations from Alcuin' s Vita Willibrordi (BH L
8935-36) and three from Bede' s Historia ecclesiastica. He also signalled six borrowings
from th e Vita Ermenlandi (BH L 3851); one fro m Pau l th e Deacon' s Historia Lombardorum, an d one from th e Vita Amandi (BH L 332).
Although th e author does not acknowledge loca l oral tradition, it may underly th e
congruent picture he paints of a saint genere Britto. Condedu s i s a pilgrim hermit welcomed i n th e Columbania n atmospher e o f earl y Saint-Wandrille . Hi s tw o reporte d
miracles resembl e Celti c wonders i n that the y involv e no t healing s bu t rathe r powe r
over animals and things.
d) critical discussion :
The autho r i s presumably a monk o f Saint-Wandrille . H e use s loca l source s suc h a s
Saint-Wandrille charter s an d th e Vita Lantberti. A s in much o f th e earl y Saint-Wan drille hagiographica l corpus , hi s openin g an d conclusio n specificall y invok e th e
monastery.
A definit e terminus post quem i s Alcuin's pros e Vita Willibrordi, whic h wa s writ ten between 796 and 797 36. A possible terminus ante quem o f ca . 830 could b e established i f ROSENKRAN Z 1911, 62, were correct i n identifying borrowing s fro m th e vita
in the original section of the Gesta abbatum Fontanellensium (discusse d VIII.3 below),
but Rosenkranz cite s only several hagiographical commonplaces. A more solid terminus ante quem i s the » Vita secunda« o f Wandregisilus (BH L 8805), probably writte n
prior to 840 (discussed VIII.4 below). There (chap. 26) Wandregisilus prophesies con -
35 Georg PERTZ , Diplomata spuria (no. 73), in: MGH Diplomatu m imperi i I (1872), p. 189-90; LOT 1913,
6, 23-24, 56-57, and 90-95.
36 On thi s dating, see Deug-Su I , L'opera agiografic a d i Alcuino: La Vita Willibrordi, in : Studi medieval i
21 (1980) p. 56-62 (reprinted in : ID., L'oper a agiografic a d i Alcuino, Spoleto 1983, p. 31-37 [Biblioteca
degli Studi medievali , 13]).
148
John How e
cerning three saints who would liv e during the reigns of hi s two successors: Vulfram nus, Erembertus, and th e sanctus anachoreta et presbyter Condedus, Britannia insula
ortus, who ultimatel y too k th e monastic habi t an d whose story , like those of the oth er saints named , will be known sicut in eorum plenissime scribitur gestis. It is possible
that the words on Condedus are actually relayed by way of the Vita Ansberti (chap . 11,
ed. LEVISO N 1910, 626). But i n an y case , th e autho r o f th e »Vita secunda« o f Wan dregisilus knew that Condedus wa s commemorated i n a written life . His informatio n
could b e take n directl y fro m th e firs t sentenc e o f th e Vita Condedi, whic h als o
describes its hero as sanctus presbyter et anachorita Condedus, genere Britto, natus in
Oceani insula Britannica (chap. 1). Therefore, th e referenc e place s compositio n o f a
Vita Condedi prio r to the »Vita secunda« of Wandregisilus, that is prior to around 840
(see VIII.4 below).
The Vita Condedi appear s to hav e been created ou t o f charters rathe r than rewrit ten fro m som e earlie r vita. Merovingia n Saint-Wandrill e woul d hav e been les s likel y
to have written a vita fo r Condedu s tha n for som e of its other saints because he was a
peripheral figure , a foreigner withou t exalte d office o r genealogy. Moreover, his relics
were not transferred t o Saint-Wandrille until many years after hi s death, only after hi s
island ha d erode d awa y expletis vero annorum multorum curriculis (chap. 12). Thus
there appears to have been a considerable time lapse before th e translatio.
It will be demonstrated immediatel y belo w that this text is very similar to the Vita
Eremberti. Presumabl y these two vitae wer e part of the same hagiographical program ,
perhaps eve n the work o f the same author .
IV. E R E M B E R T U S
Erembertus (Fr . Erembert )
114 V . 687/688?
Monk o f Saint-Wandrille, Bishop of Toulous e
Dossier
1. Vita s. Eremberti: BH
L 2587
la. Vit a (6 chapters): BH
L 2587
Inc.: Erembertus igitu r sanctus atque religiosus ortus era t territorio Pinciacensi ,
Des.: in veritate Dominum perpeti m salvans , prestante omnium salvator e
Christo, qui cum ... Amen,
lb. Epilogu s (4 chapters): BH
L 2587
Inc.: Consequenti quoqu e tempore germanu s supradict i sanct i presuli s
Eremberti Gamardu s nomin e
Des.: requiescit nun c in aecclesia S. Petri apostoli in oratorio sancti Martin i
pontificis.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
149
/. Manuscripts
Le Havre, Bibl. communale 332 (M. 34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: early l l t h cent , (this section): See 1.2 above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 148-52 = our text no. 1 (BHL 2587). The text has been marke d
for twelv e readings .
Context: Par t o f a general collectio n o f Saint-Wandrill e material . I t follow s th e Vita
Condedi. I t precedes a list o f bishop s wh o ha d bee n monk s o f Saint-Wandrille ; the n
the Gesta abbatum Fontanellensium. Saint-Wandrille' s 14th-cent . lis t o f reading s in dicates tha t anothe r cop y o f thi s tex t was onc e found i n it s Passionarium II (se e LA PORTE 1937-38, 191 , 18 , and 23).
Paris, BNF Duchesne 84°°
Datation: 17th cent., before 1640: See III.l above .
Origin: Collection s o f André Duchesne (d . 1640).
Textual coordinates: Fol. 220-21 = our text no. 1 (BHL 2587).
Context: A n alphabetically ordere d collectio n of separately copied vitae. O n thi s text
as a poor cop y o f the Le Havre manuscript , se e III.l above .
Bruxelles, BR 982 (Van den Gheyn 3234, III)00
Datation: 16th cent., long before 1543: De Antonio Genti o i n Rubea Valle, canonico
regulari hagiographo , in : AnalBoll 6 (1887) p. 31-34; VAN DE N GHEY N 1905, 229-41;
LEVISON 1910, 645 ; ID. 1920, 568 .
Origin: Rougecloitre , a house o f canon s regula r nea r Brussels , the hom e o f Antoine
Geens(d. 1543).
Textual coordinates: Fol. 17-17v = our text no. 1 (BHL 2587).
Context: Comprehensiv e lectionar y coverin g May , June, July, an d August , bu t wit h
some additional texts . The third volum e of a four-part lectionar y o f which tw o othe r
volumes survive (see section II I abov e re BR 11987).
Bruxelles, BR 7812 (Van den Gheyn 3448)°°
Datation: 17th cent.: LEVISO N 1910, 653; VAN DE N GHEY N 1905, 434-40.
Origin: Th e volume is a Bollandist collection : Acta Sanfc/torum Mardi et Aprilispost
impressionem seposita et reservata. A not e o n th e relevan t transcrip t indicate s tha t i t
was copied fro m a manuscript o f André Duchesne (fol. 266), presumably Pari s BN F
Duchesne 84, described above .
Textual coordinates: Fol. 266-67 = our text no. 1 (BHL 2587).
Context: Transcript s an d offprints relate d to saints honored i n March and April .
77. Editions
a) Edition of reference: LEVISO N 1910, 653-56; based on the manuscripts noted above .
b) Other editions : MABILLON, in : AASS OSB II (1669), p. 604-06, based on a version
of Le Havre's Bibl . communale 332 ; Daniel PAPEBROCH , in : AAS S Mai . Il l (1680),
p. 389-91, based o n the Duchesne transcript .
150
John How e
777. Critical examination
a) results:
The author was a monk o f Saint-Wandrille, writing i n the early 9th century .
b) analytical summary :
Erembertus wa s born o n the estate of Villiolicortis in Poissy (Dept . Seine-et-Oise), in
the time of Dagobert o r his son Chlodoveus. H e received th e monastic habit at SaintWandrille i n th e day s o f Wandregisilus . H e becam e bisho p o f Toulous e b y orde r o f
Chlotarius II I an d b y electio n o f th e people. His virtue s wer e atteste d b y marvelou s
signs: while on a visit to his brother Gamardus at his family home , his prayers stoppe d
a fire tha t threatene d th e whol e region . Durin g th e reig n o f Lantbertus , h e wen t t o
Saint-Wandrille where he died well and was buried i n the church o f Paul the Apostle.
Abbot Bainu s elevate d hi s bod y t o a more distinguishe d place . Gammardu s an d hi s
sons becam e monk s o f Saint-Wandrille , donatin g th e famil y homestead . Episcopa l
relics that had been left at his home church of Saint-Saturnin were eventually translat ed to Saint-Wandrille, where a vestment was the agent of a miracle. The body was translated an d requiescit nunc i n th e orator y o f St . Marti n th e Bisho p i n th e churc h o f
St. Peter.
c) sources:
The author cite s no sources explicitly . However, h e did extensivel y us e Bede's Historia ecclesiastica: LEVISO N 1900, 598-99, and 1910, 653-56, cites nin e borrowings , in cluding the halting of the fire which is an important part of the vita. H e also finds tw o
reminiscences o f th e Miracula Amantii (BH L 352).
d) critical discussion :
The author of the Vita Eremberti (VE) i s primarily concerned with the relics and property o f Saint-Wandrille . A terminus post quem o f just befor e 800 could b e argued o n
the basis of the links between this text and the Vita Condedi (VC). Th e texts are about
the sam e length . They bot h borro w phrase s fro m Bede' s Historia ecclesiastica. Each
saint allegedly had a dependent named Zacheus 37. Each had a set of relics that had been
relatively recentl y translate d t o o r nex t t o th e orator y o f Sain t Marti n th e Bisho p i n
Saint-Wandrille's churc h of St. Peter (cf. VE chap. 10 and VC chap . 12). The two text s
must be closely related. If so, then it might be inferred tha t the Vita Eremberti woul d
be roughl y contemporar y t o th e Vita Condedi, whic h ha s a terminus post quem o f
796/797.
A terminus ante quem o f aroun d 830 could b e argue d i f one accepte d th e conclu sions of ROSENKRAN Z 1911, 63, who cite s several hagiographical tag s that migh t hav e
been taken from thi s vita int o the Gesta abbatum Fontanellensium. Th e instances ar e
not decisive in themselves. Yet it does seem probable that the author of the Vita Eremberti wrote prior to the Gesta, because he avoids all dates, making no use of the Gesta's
calculation that there was about a thirty-three year interval between the death of Erembertus and his translation. A more certain terminus ante quem come s from th e specifi c
37 Erembertus ha d a nephew named Zacheus (VE chap . 7); Condedus a disciple Zacheus who came to him
from oversea s (VC chap . 8).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
151
mention of the written »deeds « of Erembertus Tolosae urbis pontif ex found i n the » Vita secunda« o f Wandregisilus, written prior to about 840 (discussed in VIII.4 below).
V. L A N T B E R T U S
Lantbertus (BH L Lambertus ; Fr. Lambert )
114 April around 688 at Lyons
Bishop o f Lyons , Abbot o f Fontenell e
Dossier
1. Vita s. Lantberti BH
L 4675
la. "'Prologu s deperditus: BH
L vaca t
lb. Vit a mutilata (5+ surviving chapters): BH
L 4675
Inc.: Lambertus vi r valde clarissimus et nobilissimi generi s prosapi a
ortus, a patre nomine Erlebert o
Des. (mut.): una cum coniuge sua vocabulo Bilhilde filioque nomin e
Dagoberto vit a et regno privatus est ; quorum corpor a prenominatus maximu s I
/. (Unique) Manuscript
Le Havre, Bibl. communale 332 (A. 34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: 12th cent, (these pages): See section 1.2. above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 270-72 = our text no. 1 (BHL 4675).
Context: Thes e ar e loos e sheet s boun d a s th e las t page s o f th e Magnus chronicon
Fontanellense, presumably , as the title page of the volume indicates, having been gath ered togethe r i n 1639 by Augustin d e Broise; in 1735 they would hav e been reboun d
again in meliorem formam et ordinem. Perhap s these pages were originally attached t o
this codex, since a 14th-cent. reading list indicates that this Vetus Liber vitae s. Wandregisili did onc e include a Vita Lantberti. O r perhap s the y cam e from on e of the oth er copie s whic h tha t sam e 14th-cent . readin g lis t specifie s wer e onc e foun d i n th e
monastery's no w los t Passionarium II, an d Liber s. Silvestri (se e LAPORT E 1937-38,
191, 18, 20, 23, and 25). Given the number of copies still surviving at the monastery i n
the 14t h century, one hesitates to follow F . Lohier's attemp t t o explain the truncatio n
of the surviving text as the result of the copying of a mutilated exemplar 5*.
II. Editions
a) Edition o f reference: LEVISO N 1910, 608-12, based on the above ms.
b) Othe r edition : MABILLON , in : AAS S OS B 111(2) (1672), p. 462-65, based o n th e
above ms.
38 F. LOHIER, Note s sur u n ancie n sacramentaire de l'abbaye d e Saint-Wandrille, in : Mélanges d'histoir e
offerts à Charles Moeller . I- Antiquité et Moyen âge , Louvain, Paris 1914 , p. 417-18.
152
John How e
/ / / . Critical examination
a) results:
The author wa s a monk o f Saint-Wandrille , writin g towar d th e end o f th e 8t h centu ry.
b) analytical summary :
Lantbertus wa s nobly bor n nea r Thérouanne (Dept. Pas-de-Calais). He serve d in the
palace of Clothar II I (657-73), but left th e court for religiou s life in the eighth year of
that king' s reign . H e wen t t o Saint-Wandrille , wher e h e was tonsure d b y Wandregi silus, on whic h occasio n h e an d hi s uncle s gav e generou s gifts . Whe n Wandregisilu s
lay dying, he predicted tha t Go d woul d provid e a worthy successo r an d emphasize d
the merits of Lantbertu s an d Ansbertus. The monks electe d Lantbertus . He was neu tral in the contentions tha t followed th e death o f Clothar, bu t then, with the triump h
of Childéric and Bathildis , his monastery receive d donations . Some of these include d
the forest o f Jumièges, leading t o a conflict wit h Abbo t Filibertu s o f Jumièges which
Audoenus wa s aske d t o resolve . Then, just a s the autho r i s resuming a discussion o f
Merovingian politics, the surviving copy o f the text breaks off .
c) sources:
The author knew a legend of Wandregisilus, probably the rewritten version lost toda y
since he adds information no t found i n the earliest vita suc h as the 96-year life span of
Wandregisilus an d th e earlies t recorde d versio n o f tha t saint' s speec h abou t hi s »tw o
worthy successors« . Late r thes e thing s wil l b e found i n hi s so-called »Vita secunda«
written i n the 830s . Since one would no t expec t a hagiographer primaril y concerne d
with th e legend o f Lantbertu s t o be rewriting th e legend o f hi s monastic founder i n a
tangential fashion, i t seems likely that such changes were already in the Wandregisilu s
text he knew, the Vita deperdita discusse d i n VIII.2 below .
Chapter 3, which is devoted t o the donations of Childéric III, itemizes borders an d
villas in a way that suggests the author had access to some of the Saint-Wandrille privilégia he mentions. Possible literary sources were examined by Levison. He found thre e
citations fro m th e Vita Eligii by the Pseudo-Audoenus (BH L 2474-2476); two shor t
tags from th e Vita Columbani (BH L 1898), two from th e Vita Lupi ep. Trecensis (BHL
5089); and tw o fro m th e Passio Leudegarii (BH L 4849b) . A possible reminiscenc e o f
Isidore is not very convincing. On th e above see LEVISO N 1910, 608-12.
d) critical discussion :
The author was a monk of Saint- Wandrille, for, after he discusses some donations made
to that monastery , h e affirms tha t nonnulla manent apud nos privilégia (chap. 3). He
was presumably th e same person who in (re)writing the Vita Ansberti (BH L 520) announced i n passing that h e himself ha d alread y written gesta of Lantbertu s (chap . 11,
ed. LEVISON 1910,626). The text discussed here ought to be the gesta in question, judging on the basis of the common passages (LEVISO N 1910, 565). One hesitate s to designate the author a s Aigradus (a s does LIFSHIT Z 1995, 43), the author name d i n the Vita
Ansberti, becaus e that nam e allegedly refer s t o an author i n the time of Hiltbertu s (d .
ca. 701), not to the revisor who mor e probably worked towar d th e end of the centur y
and wh o ma y hav e carried th e nam e ove r fro m hi s sourc e (se e the discussion s re 1.1
and 1.2 above).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
153
The few page s that surviv e today wer e once part o f a larger work. I t probably ha d
a prologu e lik e othe r Saint-Wandrill e vitae, fo r it s openin g clichés regarding nobl e
birth ar e similar to their chapte r 1 openings. The surviving text breaks of f a t the bot tom o f a page in mid sentence . Some of wha t ha s been los t ma y hav e been reuse d b y
the same author i n the Vita Ansberti (chap . 11-12). A lost sectio n o f the Gesta Lantberti dealin g wit h hi s caree r a s bisho p o f Lyon s i s mentione d i n th e Vita Condedi
(chap. 7).
The Gesta Lantberti, becaus e of the presence of citations from th e Vita Eligii, ought
not to be earlier than the late 8th century, assuming that the Pseudo-Audoenus has been
correctly redate d t o that er a (se e KRUSCH , in : MGH SR M I V [1902], p. 634-56). The
Gesta Lantberti necessaril y antedate s th e survivin g Vita Ansberti, whic h refer s t o it ;
therefore i t also ought t o hav e been written n o late r than th e start o f th e 9t h centur y
(see 1.2 above). These parameters mak e it , after th e Vita prima Wandregisili, th e second earlies t surviving Saint-Wandrille vita.
From the few existing pages of the Gesta Lantberti, i t is difficult t o speculate abou t
possible antecedents. Its author, judging from hi s Vita Ansberti, wa s a rewriter of texts.
Laporte argued that the style of the surviving pages on Lantbertus coul d be explained
if a Merovingian hagiographica l wor k ha d bee n rewritten i n a more historical way i n
order t o b e incorporated a t some point int o th e gesta of th e monastery (LOHIE R an d
LAPORTE 1936, xxix-xxx). This i s possible, but th e vita o f Lantbertu s seem s t o hav e
been composed considerabl y earlie r than the surviving Gesta abbatum Fontanellensium.
The vita lack s the concluding pages that would have described the saint's death and
burial. W O OD 1991,7, speculates that the Vita Lantberti migh t have been relatively neglected b y Saint-Wandrill e copyist s becaus e th e saint' s relic s apparentl y remaine d a t
his bishopric a t Lyons.
VI. V U L F R A M N U S
Vulframnus (al . Wulfrannus; Fr . Wulfran )
f 20 March befor e aroun d 696/697? (certainly well before 704)
Bishop of Sens , Monk o f Saint-Wandrill e
Dossier
1. * Vita deperdita
2. Vita auct. Pseudo-Iona mon. Fontanellensi
2a. Prologu s (1 chapter):
Inc.: Reverentissimo atqu e sanctissimo praesuli... Baino ... Iubet
apostolatus vestri celsitudo, ut alm i patris Vulframni Senonu m
archiepiscopi me o studeam conder e vitam .
Des.: scit effundere et nescit, cum effuderit, vacuari .
2b. Vit a (14 chapters):
BHL vacat
BHL 8738
BHL 8738
BHL 8738
154
3.
John How e
Inc.: Beatus igitur Vulframnus Senonu m pontife x exordiu m nativitati s
territorio Wastinensi habuit , patrimonio noncupant e Mauriliaco .
Des.: Inlati sunt autem i n ecclesiam sancti apostoli Petri et positi in absid a
eiusdem in orientali parte, ubi signis et miraculis coruscant praesul e Christo ,
cui... Amen.
Hymnus alphabeticus (23 verses): BH
L vaca t
Inc.: Audite pantes monachi exempl a andros fervidi qu i de Francorum
principe poli conscendit atria , ostensusque hominibu s maximi s mirabilibu s
Des.: Miro rerum regi s celsiclare lucis lamine. Ubi superne splendescit soli s
celsi claritas. Ubi nemp e sine fine sobri a serenitas .
1. * V i t a d e p e r d i t a s . V u l f r a m n i BH
Critical examination
L vacat
a) results:
Written b y a Saint-Wandrille autho r o f the mid to late 8th century .
b) analytical summary :
The origina l Vita Vulframni woul d hav e bee n a n earlie r for m o f BH L 8738, which
would hav e lacked th e contradictions betwee n th e prologue which claim s contempo raneity an d the vita whic h appear s t o have been written muc h later .
d) critical discussion :
The original Vita Vulframni woul d hav e been written decade s after th e death of Vulframnus around 696. Its existence is inferred becaus e of idiosyncracies i n the survivin g
Vita Vulframni (BH L 8738, discussed VI.2 below). Although th e prologue of the surviving text claims contemporaneity, i t lacks credibility. It gives Vulframnus th e Caro lingian title »archbishop of Sens«, whereas he is simply »bishop« in the rest of the text.
The prologue addresses contemporaries, but th e oral testimonies which the vita itsel f
cites belong to witnesses speaking a generation later . The incongruities ar e most easily explained b y presuming that a n original text has been altered. This original versio n
would hav e bee n compose d befor e th e rewritte n biographie s o f Wandregisilu s an d
Ansbertus gav e a new shap e to Saint-Wandrille hagiography , a shape to which th e altered version with th e present prologue would hav e been attempting to conform .
The original version probably told the story without decking it out in plumage borrowed fro m Bede' s Historia ecclesiastica. I t i s noteworthy that , despit e th e rewritte n
vita's ver y extensiv e borrowin g fro m Bed e (noted i n VI.2 immediately below) , it has
imported onl y phrase s an d rhetorica l passages , no t substantiv e incidents , stories , o r
miracles. This pattern suggest s that a revisor used Bede to improve a pre-existing nar rative, not t o create a new story ou t o f nothing .
2. V i t a s . V u l f r a m n i BH
/. Manuscripts
L 8738
Saint-Omer, BM 765°°
Datation: 1000-12 : Cat. gén. mss Dépts in 4° III (1861), p. 345-47; LEVISON 1902,496;
André WILMART, Les livres de l'abbé Odbert, in: Société des Antiquaires de la Morinie,
Bulletin historique 1 4 (1924), p. 174; LECHAT 1929 , 289-90.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
155
Origin: Saint-Omer : Fol. 1 in a 13th-cent. hand specifies De Libraria Sancti Bertini; it
also add s a 16th-cent . not e identifyin g th e commissione r a s Abbo t Odpertu s
(1000-1012), an ascription base d o n llth-cent . informatio n foun d o n fol. 149 .
Textual coordinates: Fol. 151v-165 = our text no. 2 (BHL 8738).
Context: A collectio n o f hagiographica l material , mos t o f whic h concern s Marti n o f
Tours. Th e volum e close s wit h th e Vita Vulframni, followed , fol. 165-70 , by th e
unique copy o f the Hymnus Wulframni (se e VI.3 below).
Le Havre, Bibl. communale 332 (A.34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: early l l t h cent , (this section): See 1.2. above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 120-36 = our tex t no. 2 (BHL 8738).
Context: Th e sectio n o n Vulframnus open s with a picture o f Vulframnus o n p. 119 39.
The vita follows ; then, p. 137-40, a Responsorium de S. Wulfranno ad vesperum (inc. :
Intercede pro nobis sacerdotum Christi VVulfranne pater I des.: pius largire indulgentiam omnium quae in nobis sonant neglegentiam). Th e section closes with a list of th e
names of the bishops of Sens (which parallels the list of Rouen bishops that closed th e
previous sectio n o n Ansbertus) . Th e origina l Maius chronicon the n close d wit h th e
Gesta abbatum Fontanellensium. Th e placemen t o f th e Inventio et miracula sancti
Vulframni (BH L 8740) after th e Gesta suggest s tha t th e collectio n concernin g Vul framnus wa s mad e befor e th e Inventio wa s availabl e a t Saint-Wandrille , i.e . prior t o
1053/54 (as noted i n 1.2 above).
Rouen, BM 1378 (U. 40)°°
Datation: 942-973 : GARAND etal. 1984, 325; AVRIL 1975 , 8 // 10th cent.: Cat. gén. mss
Dépts I (1886), p. 344-45; NORTIER 1971, 145 and 171 // 10th/llth cent. : PONCELE T
1904, 185-8 7 // LEVISON 1920, 668, assigns the codex to the 10t h cent., under Anno' s
abbacy, but claims that an 1 lth-cent. han d take s over exactly at fol. 14 4 where the Vita Vulframni begins .
Origin: Jumièges: Fol. 1 opens with a 10th-cent. note identifying th e commissioner of
the origina l portio n o f th e manuscrip t a s Abbo t Ann o (abbo t o f Jumièges between
around 940 and 973?); it also bears a 17th-cent. ex-libris fro m Jumièges.
Textual coordinates: Fol. 144-49v = our text no. 2 (BHL 8738).
Context: Althoug h th e Vita Vulframni i s attached t o a 10th-cent. hagiographica l col lection, a slightly later date is suggested by that fact that the same or a very similar hand
follows o n the same page (fol. 149v) with a sermon on the nativity of Mary attribute d
to Fulbertus o f Chartres (d. 1028).
Cambrai, BM 846 (751)
Datation: 12th cent.: See 1.2 above.
Provenance: Saint-Sépulchre at Cambrai.
Textual coordinates: Fol. 1-14v = our text no. 2 (BHL 8738). There is a gap where fol.
9-10 is missing (chap. 9: posse consortio I chap. 10: cunctis sacerdos).
39 Reproduced in: L'Abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle 4 (1954) 8B; an d in: Trésors des abbayes normandes, Rouen, Caen 1979, p. 140.
156
John How e
Context: A miscellaneous collectio n o f vitae openin g wit h th e Saint-Wandrille/Ghen t
group o f Vulframnus, Wandregisilus , an d Ansbertus.
London, B L C o t t on O t h o D . VIII
Datation: 12th cent. : Se e 1.2 above.
Provenance: Chris t C h u r c h a t Canterbury .
Textual coordinates: Fol. 168v-173v = o u r text no . 2 ( B H L 8738). Fire damaged ; lack s
the p r o l o g u e ( L E V I S O N 1910, 659) .
Context: Legendar y wit h som e Flemis h sources . LEVISO N 1910,659, relates this text to
Saint-Omer's B M 765 or a close relative. The Vita Vulframni i s the last text surviving in
this ms. 40 .
Rouen, B M 1404 (U. 20)
Datation: early 12t h cent. : A V R I L 1975 , 77-78; Betty B R A N C H , Willermu s Peccato r et
les manuscrit s d e Fécamp, 1100-1150 , in : Cahiers d e civilisation médiéval e 2 6 (1983)
p. 206-0 7 / / 12th cent.: Cat. gén. mss Dépts I (1886), p . 397-99 ; P O N C E L E T 1904,
165-67; L E V I S O N 1920 , 670 ; N O R T I E R 1971 , 30 .
Origin: Fécamp: Written i n the hand o f Willermus Peccator, a k n o w n Fécamp scrib e
of th e earl y 12th-cent.; fol . 3 has an ex-libris fro m Fécamp.
Textual coordinates: Fol. 91-9 2 ( B H L 8739).
Context: Willermus copie d fol. 3-123v. T he rest of the codex was completed i n the 14t h
or 15t h century . Thi s lectionar y contain s abbreviate d texts , includin g som e fo r saint s
with N o r m a n cult s such a s Sebastian, Filibertus, Wandregisilus, Romanus, etal. I t may
be the original sourc e o f the abbreviate d Vita Vulframni ( B H L 8739).
Bruxelles, B R 8690-8702 (Van de n G h e y n 3213)°°
Datation: 12th cent.: Cat . Brux. I , 235-37; V A N DE N G H E Y N 1905, 187-88 ; LEVISON
1920,566.
Origin: Titl e pag e note s Liber Comely Duyn
Aëmstelredamensis,
Hagae anno Domini MDCVIL, bot h a b o u n d - in sli p an d the t op of fol. 1 identify thi s b o o k a s ms. 84, a
catalogue mar k fro m th e Museum Bollandiani .
Textual coordinates: Fol. 55-65v = o u r text no . 2 ( B H L 8738).
Context: Miscellaneou s hagiographica l works . Thi s volum e als o contain s a n epitom e
of th e Vita Vulframni, fol. 42-45v ( B H L 8739), which i s the proximate sourc e fo r the
AASS editio n o f this abbreviate d text .
Montpellier, B U Médecine 1 (V)
Datation: late 12t h cent.: Henricu s M O R E T U S , Cat . cod. hag. lat. ... in Universitat e
Montepessulanensi, in : AnalBoll 34-35 (1915-16 ) p . 237-38 / / early 13t h cent. : Baudouin d e GAIFFIER, L a Passion de Saint Gavin , Marty r de Sardaigne, in : AnalBoll 78
(1960) p . 312 // 13th cent. : LEVISO N 1920, 627-28 .
Provenance: Clairvaux : Fol. 13 4 specifies Liber Sancte Marie Clarevallis', liste d i n the
1472 Cîteau x catalogue 41 .
40 N . R. KER, Membr a disiecta. Second Series, in : British Museum Quarterl y 14:4 (1940) p. 85.
41 Andr é VERNET, La Bibliothèque de l'abbaye de Clairvaux du XII e a u XVIII e siècle . I - Catalogue s et
répertoires, Paris 1979 , p. 246 (Documents, études et répertoires publiés par l'Institut d e recherche et
d'histoire des textes) .
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
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Textual coordinates: Fol. 169-71v = our text no. 2 (BHL 8738).
Context: Vitae o f th e saint s from 10 February t o 29 March, th e 2nd volume o f a n 8vol. Clairvaux legendary .
Saint-Omer, BM 716 (VII)
Datation: last quarter o f 12t h cent.: BONDEELLE-SOUCHIE R 1991, 88-89 // 13th cent ,
early: Cat . gén. mss Dépts in 4° III (1861), p. 317; LEVISON 1920, 542-4 4 and 676;
LECHAT 1929,265-83, esp. 270 // 13th cent.: F. DOLBEAU, Le légendier de l'abbaye cistercienne de Clairmarais, in: AnalBoll 9 1 (1973) p. 273-86; ID. 1981, 399-400.
Provenance: Clairmarais : an ex-libris i n a 17th-cent. hand specifie s Bibliothecae B.M.
de Claromarisco.
Textual coordinates: Fol. 127v-132v = our text no. 2 (BHL 8738) .
Context: I n a volume of vitae o f apostles and confessors, one of the five surviving volumes of a major witnes s to the Magnum Legendarium Flandrense.
Additional manuscripts are listed in LEVISON 1910,659-61. The Vita Vulframni be came widely diffuse d afte r i t entered int o th e Flanders Legendary , versions o f whic h
spread throughout th e Low Countries, England, and France and int o the mainstrea m
Cistercian legendaries .
//. Editions
a) Edition of reference: LEVISO N 1910,661-73. Levison constructed thi s edition by dividing the texts he knew into two families. The first was headed by Saint-Omer's B M
765, a Saint-Bertin manuscrip t from aroun d 1000 which he considered t o be the earliest, th e best , an d ultimatel y th e mos t influentia l inasmuc h a s manuscript s fro m thi s
family entere d int o Cistercia n legendaries . His secon d famil y o f text s features a s early witnesses the late 10th-/early llth-cent . Maius chronicon Fontanellense (Le Havre,
Bibl. communale 332), an 1 lth-cent. copy attached t o a 10th-cent. text from Jumièges
(Rouen, BM 1378), and a 12th-cent. copy from Saint-Sépulchre (Cambrai , BM 846).
b) Other editions : MABILLON, AAS S OSB III (1) (1672), p. 355-65, mentions Anno' s
note, so he must have had among his »various manuscripts « the earliest Jumièges witness (Rouen , B M 1378). Although Godefro y HENSCHE N an d Danie l PAPEBROCH ,
AASS Mar. Ill (1668), p. 143-48, claimed to have collated seven manuscripts, they were
so offended b y the anachronism s i n BHL 8738 that the y edite d onl y a small piece of
it, preferrin g t o presen t instea d a n epitom e (BH L 8739) from B R 8690-8702 (12th
cent., once Museum Bollandianu m ms . 84), a piece that ma y originate i n a 12th-cent .
Jumièges lectionary o f abbreviated text s (Rouen, BM 1404).
777. Critical examination
a) results:
Written in a Saint-Wandrille milieu at the end of the 8th or the start of the 9th century.
b) analytical summary :
In th e prologu e Jonas dedicate s hi s vita o f Vulframnu s t o Bainus , th e bisho p o f
Thérouanne and abbo t o f Saint-Wandrille . H e invoke s a s still livin g th e pries t Ovo ,
whose deat h i s later mentioned (chap . 6). He use s humility topoi tha t ar e standard i n
Saint-Wandrille hagiographica l prologues .
158
John How e
Vulframnus wa s bor n a t Milly-la-Forêt in the Gâtinais (Dept. Seine-et-Oise) . Hi s
father was a distinguished courtier under Dagobert. Vulframnus love d clerical studies.
He was chosen bishop of Sens, where he ruled virtuously. After som e years he was divinely inspired t o evangelize the Frisians. He donate d hi s homestead a t Milly to Ansbertus, wh o wa s the n bisho p o f Roue n an d abbo t o f Saint-Wandrille , a transactio n
which wa s confirme d b y Erembertus . A nephe w als o joined Saint-Wandrille , givin g
property nea r Melun .
The sain t himsel f saile d t o Frisia . Amon g th e miracle s tha t accompanie d hi s wor k
was the miraculous recover y of a paten from th e sea, a story told by the future Abbo t
Wando ( a witness wh o fit s incongruousl y int o a work dedicate d t o hi s predecessor).
Then th e author describe s the miraculous public healing of Ovo, who went on to become a priest a t Saint-Wandrille, dying i n the reig n o f Abbo t Austrulfu s (ca . 747-ca .
753). Other Frisia n youth s wer e als o taugh t letters . Vulframnus miraculousl y save d
two boys, who ha d bee n thrown i n the sea as part o f a general practice of human sacrifice among the Frisians. Many Frisians were baptized, but not Duke Rathbod, who m
the devi l kep t tru e t o th e ol d religio n b y deludin g hi m wit h a false visio n o f a pagan
paradise.
Vulframnus ha d bee n bishop o f Sens for som e years before Hildebertu s an d Pepi n
gave him permission t o preach t o the Frisians . He ofte n returne d fro m Frisi a t o visi t
Saint-Wandrille. After fiv e year s o f missio n work , vexe d b y ag e and sor e feet , h e resigned the episcopacy of Sens and assumed the monastic habit at Saint-Wandrille. Some
years later he died a good death. The dates the vita give s are unusually inaccurate, perhaps as the result of an attempt to adjust th e narrative to make it fit the chronology of
Duke Rathbo d (d . 719): Vulframnus i s said t o hav e died i n 720, which the n require s
the author t o move the 704 translation b y Bainus to 729.
c) sources:
Although there are many Scriptural echoes, even more prominent is Bede, whose Historia ecclesiastica has been mined for phrases: LEVISON 1900,601-05, and 1910,662-73,
cites 43 reminiscences. He note s fou r borrowing s fro m th e Vita et miracula Amantii
(BHL 351-52), a saint whose cult was especially important a t Saint-Wandrille 42. Lev ison also identifies thre e echoes of the Vita Columbani (BH L 1898), a figure that does
not includ e the author's allege d name Jonas, a n identification whic h anachronisticall y
assimilates him to Columbanus' biographer .
It is difficult t o determine ho w thi s tex t relate s t o Alcuin's Vita Willibrordi (BH L
8935-36). LEVISON 1910,658 and 667, claimed one borrowing from Alcuin's work, but,
as it is a question of a single phrase about a »heart of stone«, one would hesitate to base
a terminus post quem o n it. It might be argued that had the author of the Vita Vulframni
known th e Vita Willibrordi he would hav e mined i t more thoroughl y fo r loca l colo r
about Frisia . Nevertheless, Willibrord doe s ge t a brief walk-o n part, and Vulframnu s
is portrayed a s a sort o f alter Willibrord , anticipatin g th e career of the grea t mission -
42 A basilica dedicate d t o Amantiu s i s associated wit h th e cult o f Saint-Wandrill e saint s i n the Gesta abbatum Fontanellensium i (6), ed. PRADIÉ 1999 , 20-21, and i n the » Vita secunda« o f Wandregisilus (se e
section VIII. 4 below). The hagiography of Amantius also influenced th e Vita Eremberti (se e IV above).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
159
ary to Frisia and thus claimin g for Saint-Wandrill e som e of th e missionary glor y tha t
became a major concer n o f Carolingia n writers 43.
It is surprising how many sources which one would have expected to have been used
here are not . This autho r doe s no t appea r t o utiliz e the written source s o n th e Saint Wandrille saints, although it is unclear whether this was because of his ineptness or because he preceded them . Although he invokes the cults of Ansbertus an d Erembertus ,
he does not allud e to or echo their surviving literary memorial s (chap . 3).
The ora l traditio n o f th e hous e i s what animate s th e narrative . Among th e infor mants wer e abbot-to-b e Wand o an d th e bo y Od o wh o ha d bee n i n Frisi a wit h Vul framnus. Two charters are invoked, but in a manner that affirms thei r existence rathe r
than demonstrates thei r direct use (chap. 3).
d) critical discussion :
The text that survives conveys Saint-Wandrille traditions and is concerned with Saint Wandrille relics . It was certainly written afte r Bede' s Historia ecclesiastica, that is , af ter 731. It mention s th e deat h o f th e pries t Od o durin g th e abbac y o f Austrulfu s
(around 747-around 753). The terminus post quem woul d be even later if Levison were
correct in placing it after Alcuin's Vita Willibrordi, which was written between 796 and
79744, but th e single phrase cited is not convincing . The attempt t o present th e vita i n
phrases borrowed fro m Bed e would b e more understandable i n an era when Carolin gian concern with literacy was becoming more influential, tha t is, at the end of the 8th
and the start of the 9th century .
A terminus ante quem o f 811 is suggested b y th e Gesta abbatum Fontanellensium
xii (3), ed. PRADIÉ 1999 , 140-43 , which, a s mentioned abov e i n regar d t o Ansbertus ,
lists among books left in that year to the monastery by the hermit Harduinus a librum
vitarum sancti Wandregisili, Ansberti ac Wulfranni confessorum Christi. The selectio n
is significant no t onl y becaus e thes e thre e saint s were honore d togethe r a t St. Peter' s
church at Saint-Wandrille but also because their vitae eventuall y became parallel texts
with parallel forms. While it would hav e been theoretically possible for th e scriptori um o f Harduinu s t o hav e copie d Merovingia n versions , thos e text s woul d no t hav e
been fashionabl e a t s o a late date. Enough parallel s exis t betwee n th e survivin g Vita
Vulframni an d the early part o f th e Gesta s o that compositio n befor e ca . 830 receives
strong support (ROSENKRAN Z 1911, 63-65). A Vulframnus vita o f some sort, presum ably the Carolingian edition , was known b y around 840 to the author of the » Vita secunda« o f Wandregisilus (chap . 26).
A cop y o f th e Vita Vulframni wit h it s awkward incarnationa l date s mus t hav e already reached Ghen t by about the mid 10t h century. This would explai n a puzzle tha t
perplexed the editor of the annals of Saint-Pierre of Ghent, who could not understan d
why tha t wor k locate d th e 704 elevation o f Wandregisilus , Ansbertus, an d Vulfram nus in 728 (GRIERSON 1937, 6). Those annal s als o include th e erroneous 720 obit fo r
Vulframnus.
43 Parallels are noted i n W O OD 1991, 13-14.
44 I, L'opera agiografic a d i Alcuino: la Vita Willibrordi (se e note 36).
160
John How e
3. H y m n u s a l p h a b e t i c u s s . V u l f r a m n i BH
L vacat 45
/. (Unique) Manuscript
Saint-Omer, BM 765°°
Datation: early l l t h cent. , not after ca . 1012: See VI.2 above.
Origin: Saint-Bertin : commissioned b y Abbot Odpertu s (1000-12).
Textual coordinates: Fol. 165-70 = our text no. 3.
Context: Follow s th e Vita Vulframni, par t o f a considerable Saint-Wandrille bloc k in
a volume largely devoted t o Martin o f Tours.
Still unedited .
//. Edition
III. Critical examination
a) results:
The author , connecte d wit h th e Saint-Wandrille community , wrote durin g th e 9th o r
10th century, most probably durin g the last half o f the 9th.
b) analytical summary :
The autho r o f thi s abecedarium praise s Vulframnu s alphabetically , invokin g Sain t
Wandrille i n a chorus repeate d afte r eac h letter. He largel y confines himsel f t o gener ic praises o f th e saint expresse d i n exotic vocabulary, bu t twic e he specifies th e prob lems with Pepin that are important in the Vita Vulframni. A t letter >Y< the author identifies himsel f a s Yioonchon writin g in exilio (fol. 169v).
c) sources:
The autho r use s biblica l word s an d examples . His choru s echoe s th e firs t chapte r o f
the Régula Benedicti whe n it mentions lif e in the coenobitarum agmine.
d) critical discussion :
Although the author does not follow the Vita Vulframni systematically , he knows major points . Presumably hi s work depend s upo n th e surviving version, whose tex t th e
unique cop y o f thi s ymnus immediatel y follows . I t i s not clea r whether hi s referenc e
to working i n exile refers t o th e Saint-Wandrille communit y i n exile, i.e. in the year s
after 858, to hi s ow n persona l circumstances , o r t o both . Th e lat e 9t h centur y wa s a
time when alphabetically organized poems were particularly in fashion. Hi s fondnes s
for graecism s suggests work in the 10t h century o r later. An undeniable terminus ante
quem i s the surviving textual witness, copied befor e th e 1012 death o f Abbot Odber tus of Saint-Bertin .
This wor k coul d hav e bee n inspire d b y th e similarl y title d alphabetica l hymnus
for Ansbertus , but i t does no t appea r t o be the work o f th e same author. I t is far les s
faithful t o it s sourc e tex t an d use s a variet y o f exoti c graecism s no t foun d i n it s
counterpart.
45 Dieter SCHALLE R an d Ewal d KÔNSGEN, Initi a carminum Latinoru m saecul o undecim o antiquiorum ,
Gôttingen 1977 , no. 1357.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrille
161
VII. WALTFRIDU S
Waltfridus (al . Baltfridus )
t 7t h century (?)
Hermit a t Montfaucon (Dept . Meuse)
1. ;; "Vita d e p e r d i t a s . W a l t f r i d i BH
Critical examination
L vaca t
a) results:
Lost vita writte n b y a Saint-Wandrille mon k i n the 820s or 830s ?
d) critical discussion :
In th e initia l sectio n o f th e Gesta abbatum Fontanellensium writte n befor e 830 (discussed i n VIII.3 below), th e mento r o f Wandregisilu s a t Montfauco n i s said t o hav e
been a person cujus nomen modo memoriae non occurrit (chap, i [3], ed. PRADIÉ 1999 ,
6-7); yet in the » Vita secunda« of Wandregisilus, written before about 840 (discussed in
VIII.4 below), it is stated that Wandregisilus in loco, qui dicitur Mons Falconis, cum viro
sancto, nomine Baltfrido non multum temporis habitavit: cujus actus et vitam in gestis
de eo scriptis, si qui noscere velint, facile reperient (chap. 5). Since Waltfridus i s nowhere
else attested, but th e Saint-Wandrille autho r believe s his readers can easily refer t o his
gesta, i t seem s reasonabl e t o assum e tha t thi s no w los t vita wa s writte n a t Saint Wandrille in the 820s or 830s, part of the general burst of hagiographical activity there.
VIII. WANDREGISILU S
Wandregisilus o r Wando (Fr. Wandrille)
122.VII 668? (at least pre 672)
Founder o f Romainmôtier and Saint-Wandrille (Fontenelle )
Dossier
1. Vita prima: BH
L 8804
la: Prologu s (2 chapters): BH
L 8804
Inc.: Relegiosorum quorunda m viroru m vita, quantum es t mereti s
excellentior, tantum gest a lucire debit clariu s
Des.: ad enarrandum alequi d de eius vite meretis, ad gloriam de i
praenunciando, surgamus .
lb. Vit a (19 chapters): BH
L 8804
Inc.: Igitur fuit vir vite venerabilis, Deo inluminante, W. cognomento Wand o
Des.: post funus i n sanctorum gaudi a copolatus es t gloria, qui cum ... Amen,
lc. Epilogu s (whic h perhaps originated a s a gloss?): BH
L 8804
Complete text : Nosse qui vellit huius bead viri opetum, XL Kl . Agustas
cum opere perfecto consummat o recepi t eum Dominus .
162
John How e
2. '"Vita deperdita BH
L vacat
3. Gesta abbatum Fontanellensium, i : BH
L vaca t
3a. Prologu s (on e chapter [no . 1]):
Inc.: Igitur a b almificae memoria e patre nostro a c omni honorificenti a
nominando egregi o Christi domin i sacerdot e W.
Des.: gloriosissimam victoria m potentissimo Christ i su b auxilio reportant,
huic operi inserenda fore credimus .
3b. Vit a (6 chapters [no . 2-7]):
Inc.: Hie nemp e vir Domini, ut breviter nonnull a perstringam , ex
nobilissimis Francoru m a c ditissimis natalibu s oriundu s
Des.: palatio regio Kalendarum Martiaru m die , congregatis Francoru m
populis i n campo Martii ubi omnibus anni s convenire soliti erant, veluti
omnibus notu m est .
4. » Vita secunda« et miracula priora: BH
L 8805 and 8807
4a. Inde x capitulorum (28 titles): BH
L 8805
Inc.: i. De nativitate beati viri.
Des.: xxviii. De translatione eiu s cum aliis Sanctis.
4b. Prologu s (on e chapter): BH
L 8805
Inc.: Scripturus vitam beatissimi patris Wandregisili Spiritu m sanctu m
toto virium nis u peto adjutorem ;
Des.: ut velim doctorum gressibu s coaequari: cum si m iners, insipiens,
somno desidiae torpens .
4c. Vit a (28 chapters): BH
L 8805
Inc.: Praeclarus igitu r atque gloriosus vir Domini Wandregisilus ,
cognomento Wando, ortum inclyta e nativitati s
Des.: et positi sunt in orientali eius parte; ubi signis et miraculis
coruscant, praesule Christo cui ... Amen.
4d. Prologu s miraculoru m (on e chapter): BH
L 8807
Inc.: Multa quidem et valde stupenda miraculoru m signa
Des.: ac iussione praelatorum coenobi i Fontenellensis scribend a
censuimus.
4e. Miracul a priora (8 chapters [no . 1-8]):
BHL 8807
Inc.: Igitur cum quaedam mulie r in festivitate eiusde m praecipu i
confessons
Des.: Christum De i filium laudaverunt , qu i meritis famuli su i
Wandregisili tale peregit miraculum .
5. Miracula posteriora: BH
L 8808
5a. Prologu s (on e chapter [no . 9]):
BHL 8808
Inc.: Ea vero stupenda miracul a qua e noviter cunctarum reru m
Des.: veraci ac fideli sermoni , conscriptionis placui t styl o tradere .
5b. Miracul a posteriora (20 chapters [no . 10-29]):
BHL 8808
Inc.: Temporibus igitu r qua gravissim a Danorum pirataru m lues ,
Deo permittent e
Des.: a variis diversisque morborum generibus , largiente Christo ,
liberari mereantur .
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
163
5c. Miracul a an . 866-868 (14 chapters [no . 30-43]):
BHL 8808
Inc.: Ann o a b Incarnatione DNJ C octingentesim o sexagesim o secto,
venerunt corpor a sanctoru m W . et Ansberti
Des.: pro collata sibi sanitate nomen Domin i glorifican s perfect e curat a
ad propria es t reversa.
6. Translatio Carnotum an. 885 et miracula: BH
L 8809 and 8809 a
6a. Miracul a (7 chapters [no . 44-50]):
BHL 8809
Inc.: Ann o dominica e Incarnationi s octingentesim o octogesim o quinto ,
Indictione tertia , sub die undecim o
Des.: e t hoc intrante Julio mense patratum erat .
6b. Miraculu m septimu m (4 chapters [no . 51-54]):
BHL 8809
Inc.: Illu d quoqu e septimu m laud e dignum hui c paginae inserendu m
ratum duximu s miraculu m
Des.: pro qua re multam habitatore s loc i illius deinceps habuer e
admirationem.
6c. Epilogu s (on e chapter [no . 55]):
BHL 8809 a
Inc.: Qua e horum grati a sanctorum i n digito tuo peregi t
Des.: ut praedixi, magis proficit invisibile m Deu m pe r hoc glorificari .
7. Sermo: BH
L 881 On
Inc.: Cu m a d anniversariam a c sacrosanctam sollempnitate m beatissim i
patris W., fratribus dilectissimi ,
Des.: Proinde, kmi., fugientes hae c et his similia sanctorum imitemu r
exempla ut non cum impii s per perpétua tormenta se d cum iusti s
percipiamus gaudi a sempiterna; quod ips e prestare dignetur, cuius ... Amen.
1. V i t a p r i m a s . W a n d r e g i s i l i BH
L 8804
/. (Unique) Manuscript
Paris, BNF lat. 18315 (once Notre-Dame 101bis)°°
Datation: Pre 700: David GANZ , Corbi e i n the Carolingian Renaissance , Sigmaringe n
1990, p. 129 (Beihefte de r Francia, 20) // early 8t h cent.: KRUSC H 1910, 4-5 // mid 8t h
cent.: Elias A. LOWE , Codice s Latin i Antiquiores : A Palaeographical Guid e t o Lati n
Manuscripts prior to the Ninth Century, V: France: Paris, Oxford 1950, p. 44; LIFSHITZ
1995, 221 ; Walter BERSCHIN , Biographie und Epochensti l i m lateinischen Mittelalter ,
3 vols., Stuttgar t 1986-91, 1 : 5, 2: ix an d 100-02 (Quellen un d Untersuchunge n zu r
lateinischen Philologie de s Mittelalters, 8-10) / / 8th cent. : LEVISO N 1920, 654-55 ;
Maurice PROU , Manue l de paléographie, Paris 1924, p. 476 and pi. IV.
Provenance: At Corbie early in its career: fol. 31 v has a faded 9th-cent. ex-libris invoking
Corbeia and its basilica of St . Pete r the Apostle. GANZ, Corbie, p. 129, considers this an
»alien volume« written in Northern Frenc h uncial, but he identifies th e handwriting of
some of the corrections as the »Maurdramnus script « used at Corbie from abou t 770 to
about 820. For conjectur e o n whethe r th e manuscrip t migh t hav e originate d a t Saint Wandrille, se e FONTAIN E 1982, 37n. The fron t flylea f an d fol. 1 have additiona l earl y
modern inscriptions specifying the Bibliothèque de l'Eglise de Paris and Nfotrje Dfamje.
Textual coordinates: Fol. 1-31 = our text no. 1 (BHL 8804). Although this text was extensively erased, crossed out, corrected, and interpolated, its half-inch hig h uncial let-
164
John How e
ters remain quite legible. The vita i s presented in a full page block text. The chapter divisions in use today were invented b y Bruno Krusch . I n the vita itsel f th e only majo r
break i s created b y th e use o f title-size d paste l capital s t o mar k th e star t o f th e deat h
scene (the start of chap. 18 in Krusch's edition) .
Context: Th e vita i s a free-standing booklet .
77. Editions
a) Edition o f reference: KRUSC H 1910,13-24.
b) Other edition : Peter VA N DE N BOSSCHE , AASS Jul. V (1727), p. 253-71, reprinting
Labbe and Mabillon .
c) French translation : Jean LAPORTE, La plus ancienne vie de saint Wandrille dite Vita prima, in : L'Abbaye d e Saint-Wandrille de Fontenelle 18 (1968) p. 8-17 (reprinted
as a pamphlet unde r th e sam e title , with a n introductio n b y Joseph THIRON , Saint Wandrille 1979 and 1994, 22 p.).
III. Critical examination
a) results:
The author was a disciple of Wandregisilus, probably a monk of Saint-Wandrille, writing at least a dozen years after th e saint's death .
b) analytical summary :
Wandregisilus was nobly born a t an unspecified plac e near Verdun. He marrie d a t his
parents' urging, but the n h e and hi s wife entere d religiou s life . He becam e a monk a t
Montfaucon (Dept . Meuse). King Dagober t summone d hi m bac k t o court , bu t ulti mately allowe d hi m t o reente r religiou s life . Wandregisilus practice d Celtic-styl e as ceticisms. An angel sent him to Bobbio, and on his return he spent »many days« at Romainmôtier (Canton Vaud) , which i s positively described . A n ange l sen t hi m north ,
promising tha t hi s nephe w God o woul d follow . H e wa s ordaine d b y Audoenu s o f
Rouen. In the valley of the Fontenelle he founded thre e basilicas and an oratory a mile
distant, a complex tha t late r becam e know n a s the Abbe y o f Saint-Wandrill e (Dept .
Seine-Inférieure). He practice d grea t virtues an d ha d th e spiri t o f prophecy , eve n ecstasy. Some of his advice to his followers i s preserved. His goo d deat h is described i n
detail.
c) sources:
The author explicitly cites only Scripture. His extensive use of the bible, acknowledged
and unacknowledged , i s analyzed biblica l boo k b y biblica l boo k i n MUELLER-MAR 46
QUARDT 1912, 11-52 . The onl y othe r cite d authoritie s ar e the canones and th e sancta régula (chap. 14). A knowledge of the Vitae patrum i s assumed b y an invocation of
Abbot Agatho placed in the mouth of Wandregisilus (chap . 19). KRUSCH 1910,13-24,
noted only eight hidden borrowings: two from Jonas' Vita Columbani (chap . 1 and 2);
46 The broader context in which the Vita prima use s the Bible is described in Marc VAN UYTFANGHE , Stylisation biblique et condition humaine dans l'hagiographie mérovingienne (600-750), Brussels 1987, passim (Verhandelingen van Koninklijke Académi e voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van
België, Klasse der Letteren, 49 [120]).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
165
two fro m Isidor e o f Seville' s Sententiae (chap . 2); one from Gregor y P s Moralia; on e
from Fortunatus ' Vita Albini (chap . 1), one fro m Constantius ' Vita Germani Autisiodorensis (chap. 3); and on e from th e Vita Fursei (chap. 3). Direct borrowin g coul d
be questioned i n regar d t o th e las t two , which repea t brie f hagiographica l common places. Since all these allusion s cluste r i n th e prologue an d firs t chapter , i t migh t ap pear a s though th e autho r ha d attempte d a n initia l displa y o f literar y virtuosit y an d
then retreated t o simple narrative.
Actually thi s text' s literar y backgroun d i s much deepe r tha n th e paragrap h abov e
suggests, but its sources are absorbed so smoothly that scholars have been slow to recognize them . W . LEVISON , Sigolena , in : Neue s Archi v 35 (1909 ) p. 219-231, esp.
229-30, demonstrates considerabl e dependenc e o n th e Vita Segolenae (BH L 7570),
which mediate s som e o f th e borrowing s note d b y Krusch 47. MUELLER-MARQUARD T
1912, 55-59 , was abl e t o prin t paralle l column s fo r th e vita u p int o chapte r 4, comparing it with othe r source s t o show borrowings an d resonances . Both Mueller-Mar quardt an d Leviso n wer e overlooke d b y André BORIAS, Saint Wandrille a-t-i l connu
Saint-Benoît?, in: Revue bénédictine 89 (1979) p. 7-28, who nevertheless helps identify »une influence indéniable de la Règle bénédictine sur la rédaction de la Vita« (p. 27);
as well as more borrowing s fro m th e Vita Martini, fro m Jonas ' Vita Columbani an d
from Gregory' s Dialogi (p . 17-20). Also among the sources were oral testimonies fro m
the companions o f Wandregisilus 48.
d) critical discussion :
The author was a disciple of Wandregisilus. He claims he will tell many things he himself has seen, as well as many things that venerable disciples, who were themselves eyewitnesses, ha d hear d an d see n (chap . 1); he quotes propheti c statement s an d inspira tional sayings from th e master himself (chap . 1, 17, 19); he calls the saint »ou r father «
(chap. 17). This woul d plac e hi s work i n th e las t thir d o f th e sevent h century , i n th e
generation after th e saint's death. However, it does not seem likely that he would hav e
written muc h before th e end o f the century, because he refers t o events in diebus Audoeni orthodoxi, apparentl y speakin g o f Audoenu s (d . around 684) in th e past tens e
(chap. 13).
Where did this disciple write? KRUSC H 1910,1 and 19n , assumed that he must have
been a monk a t Saint-Wandrille , th e place where th e sain t ha d live d hi s last decades .
This has been challenged most recently by LIFSHIT Z 1995,221-22, who maintains tha t
he would hav e bee n a monk a t Romainmôtier. In additio n t o earlie r argument s (se e
LEGRIS 1898, 298-99), she stresses that the author depends on the Vita Columbani, a n
Austrasian source ; that h e was no t wit h th e sain t a t hi s deat h (chap . 19-20); that hi s
work i s relatively mor e favorable t o Romainmôtier than t o Saint-Wandrille; and tha t
»the spirit o f thi s autho r i s as far remove d a s it could possibl y b e from tha t o f al l the
known products o f the atelier of Fontenelle, which i s famous fo r a n emphasis on ma 47 For furthe r informatio n o n thi s relativel y littl e know n source , see Isabelle REAL, Vie et vita de saint e
Ségolène, abbesse du Troclar au VIIe siècle, in: Le moyen âg e 101 (1995) p. 385-406.
48 O n the relationshi p betwee n th e author's direc t quotations o f speech and hi s normal written style , see
Michel BANNIARD , Échanges linguistique s e n Gaul e mérovingienne , in: Viva Voce: Communication
écrite et communication oral e du IVe au IXe siècle en Occident latin , Paris 1992 , p. 265-67.
166
John How e
terial enrichment o f th e house, for th e insertion o f documentary evidence , for highl y
politicized narratives ... and for other such >secular< leanings« (LIFSHIT Z 1995,221-24).
These arguments are unlikely to win acceptance. The author of the Vita Wandregisili
knows more about Neustria than about Burgundy: whereas he names the dedicatees of
the three basilicas and the oratory at Fontenelle, he does not name the ecclesiastical patron(s) of Romainmôtier (cf. chap. 10 and 14); he does not know the name of the saint's
birthplace around Verdun (chap. 3); he finds it necessary to awkwardly situate Bobbio
in regione Langobardorum qui dicitur Italia (chap . 9). Moreover, he limits the stay of
Wandregisilus at Romainmôtier to multis diebus (chap. 10), not specifying the ten years
found i n later tradition, and he discusses the saint's prophecies and wisdom in chapters
placed after th e foundation o f Saint-Wandrille, so that his deeds of power center upo n
it rather than upon Romainmôtier. LIFSHITZ 1995,223, would place some of the saint's
sayings a t Romainmôtier on th e ground s tha t Wandregisilu s use s th e ter m fratres
rather than filii, an d thus would have been speaking as a monk rather than as an abbot,
but even if this subtle distinction were valid one would hav e expected tha t a Romainmôtier author would have found a clearer way to indicate the importance of his house.
Given the lack of any other potentially uncontaminated survivin g 7th- or 8th-cent. hagiography fro m Fontenelle , it is impossible t o follow Lifshitz' s attemp t t o rejec t thi s
work from it s canon because of alleged thematic incongruities.
The discrepancie s tha t giv e ris e t o th e debat e ove r whethe r th e vita i s a Romain môtier or a Saint-Wandrille produc t probabl y resul t fro m th e communit y tha t pro duced it. The disciples of charismatic saints move with them. Even when Wandregisilu s
was inspired b y a n angel t o leav e all his possessions, h e still departed wit h thre e ser vants (chap. 9). His nephe w God o mus t hav e relocated fro m Romainmôtier to Saint Wandrille (chap. 12). It is not surprising that the author of the vita ca n draw upon tra ditions from mor e than on e house.
Some anomalies hin t that the known versio n o f the Vita prima, despit e its surviva l
in a Merovingian copy, may not perfectly represen t its original form. In it an angel announces to Wandregisilus that his nephew Godo will rejoin hi m (chap. 12), but God o
never specificall y reappear s i n th e tex t tha t survives . A tri p t o Rom e mad e b y Wan dregisilus, noted in his »Vita secunda« and supported b y extrinsic evidence, is omitted
here49. The final chapte r read s suspiciously lik e an incorporated gloss .
2. * V i t a d e p e r d i t a s . W a n d r e g i s i l i BH
Critical examination
L vacat
a) results:
The autho r o f thi s hypothetica l documen t woul d hav e been a Saint-Wandrille mon k
working i n the late 8th century .
b) analytical summary :
Because of th e nature of th e evidence, it is impossible t o indicate the precise content s
of thi s lost document. It s text would hav e represented a n intermediate stag e betwee n
49 The arguments for thi s point ar e set forth b y André BORIAS, Saint Wandrille et la crise monothélite, in:
Revue bénédictine 97 (1987) p. 42-67.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
167
BHL 8804 and 8805. It might have already acquired a prologue something lik e that of
the » Vita secunda« which claims that the vita wa s commissioned immediately after th e
saint's death, thus makin g it similar to the texts commemorating th e other tw o saint s
who reste d i n Abbot Bainus ' shrin e in the churc h o f Saint-Pierr e a t Saint-Wandrille .
Presumably thi s vita woul d hav e expressed th e legend i n a language more acceptabl e
to Carolingian stylist s than th e language of BHL 8804.
c) sources:
The author would have based his work upon the Vita prima o r some similar text. If he
had mad e the first attempt s a t dating the saint's death (whic h i s probable sinc e all the
sources that would hav e depended upo n this hypothetical vita tr y to do so), he would
have used charters, calendars, and whatever other chronological material was available
to him .
d) critical discussion :
The existence of this document was first postulated based upon a comparison betwee n
the accounts of Wandregisilus give n in the Gesta abbatum Fontanellensium an d i n the
»Vita secunda«. This »Vita secunda« builds upon the Gesta version (see VIII.4 below).
Yet paradoxically in certain readings the Gesta version appears to be based upon the » Vita secunda«: its source apparently developed the contrast between earthly and spiritua l
nobility more fully tha n does BHL 8804, making it closer to BHL 8805; its source had
the praises of Audoenus absent in BHL 8804 but found i n BHL 8805 (see LEGRIS 1898,
301-02). This puzzle is best explained by postulating a common source for both texts.
The existence of an intermediate Vita Wandregisili is also supported b y the way the
Vita Lantberti (BH L 4675), which wa s writte n befor e th e Vita Ansberti, i.e. , befor e
the early 9th century, appears to use such a document. When its author describes Wandregisilus, h e has acces s t o informatio n no t foun d i n BH L 8804 - the year s o f Wan dregisilus' reign and his alleged 96-year lifespa n - information late r part of the saint' s
legend i n BH L 8805 (see V. above). The autho r o f th e Vita Lantberti mus t hav e ha d
access to a fuller versio n o f the legend than the Vita prima.
The above arguments for postulating an early Carolingian Vita Wandregisili are reinforced b y what w e can infer abou t the requirements o f the cult. Would a n abbey as
important as Saint-Wandrille, of which Einhard himself was abbot (817-23), have spent
the firs t thir d o f th e 9t h centur y stil l readin g it s founder' s vita i n th e unclassica l
Merovingian Lati n of the Vita prima} Tha t such a work n o longer survives ought no t
to be surprising. Once the monastery ha d accepte d th e present »Vita secunda« (BH L
8005), which alter s the genealogy o f Wandregisilus t o make him a Carolingian princ e
(see VIII.4 below), then its monks would have found earlie r versions of their founder' s
vita obsolete , even potentially subversive . This explains why the only surviving earlier vita o f Wandregisilus i s the single manuscript o f BHL 8804 which reache d Corbi e
at an early date 50.
50 LIFSHITZ 1995, 64-65, concludes, on th e basis of th e lack of survivin g text s about Wandregisilu s writ ten prior to BHL 8005, that the cult of Wandregisilus had been neglected. An opposite conclusion, however, is possible i f the hagiographica l lacuna o n whic h sh e bases that argumen t wa s artificially create d
by conscientious devotee s who took car e not t o preserve the obsolete texts.
168
John How e
3. G e s t a a b b a t u m F o n t a n e l l e n s i u m , i BH
L vacat
/. Manuscripts
It would b e redundant t o describe here i n full th e manuscrip t traditio n o f th e Gesta,
which ha s already bee n analyze d i n LEVISO N 1934, 241-42; in LOHIE R an d LAPORT E
1936, x-xxvii and in PRADIÉ 1999 , lxxi-lxxvii. The earliest partial copy i s found i n the
early llth-cent . Maius chronicon Fontanellense (Le Havre, Bibl. communale 332 , on
which se e 1.2. above). A fulle r text , however , i s known throug h earl y moder n tran scripts o f los t sources . Altogether th e editor s not e seve n mor e o r les s complete wit nesses (four full copies , three abridged) and two fragments concernin g Abbot Ansegi sus. Although the Gesta chapter on Wandregisilus occupies an important intermediat e
position i n the development o f his dossier, there is no evidence that it circulated sepa rately51.
//. Editions
a) Edition of reference: PRADIÉ 1999,1-25 . This presents the Latin text established b y
Lohier and Laport e (discusse d immediatel y below ) supplemented b y a facing Frenc h
translation an d references t o current scholarship .
b) Other editions : LOHIE R an d LAPORT E 1936, 37-43. This critical editio n favor s th e
testimony o f tw o 17th-cent . copie s o f a lost manuscrip t tha t wa s onc e i n the Cister cian nunner y o f Notre-Dame-de-Nazaret h i n th e dioces e o f Anvers. Discussion i t
prompted include s Brun o ALBERS , Di e Fontanelle r Heiligenleben , in : Historische s
Jahrbuch 56 (1936 ) p. 214-26; Wilhelm BARTZ , Studie n iibe r di e Gesta abbatum
Fontanellensium, in : Historisches Jahrbuch 57 (1937) p. 575-603; and, in response, Jean
LAPORTE, Autour de s Gesta sanctorum Patrum Fontanellensium, in : Revue Mabillo n
28 (1938) p. 99-111.
Samuel LOEWENFELD , Gesta abbatum Fontanellensium, Hannove r 1886, 60 p. (Scriptores rerum germanicaru m i n usum scholarum, 28). This edition, although often cite d
because of its greater accessibility, presents a truncated version based upon Le Havre's
Bibl. communale 332 . Earlier editions , and complication s involve d i n the various at tempts at editing this work, are discussed i n LO T 1913, cxiii-cxxxv.
777. Critical examination
a) results:
The author of the Gesta chapter on Wandregisilus was a monk of Saint-Wandrille who
probably finished tha t section prior to 830.
b) analytical summary :
The autho r propose s t o describ e »ou r father « Wandregisilus , no t b y detailin g hi s
virtues (which, he informs hi s readers, can be read in prolixioribus de eo gestis) but b y
telling about hi s origin, his way of life, and how he built Saint-Wandrille; also by set ting forth hi s dates an d unde r wha t prince s h e worked. The autho r begin s his narra tive along the lines of the Vita prima, bu t h e soon adds new things. He claims to have
51 The chapter on Abbot Hug o (BHL 4032), which did circulate independently, has been discussed i n the
study in this volume concerning the hagiography o f Jumièges (SHG VII , section III.l) .
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrille
169
learned veracium ... traditione seniorum tha t Wandregisilu s wa s the son of Anchisus
who was the son of that »mos t gloriou s Pepin who was duke of the Franks«. He also
adds that Dagobert mad e Wandregisilus coun t palatine and duke. He summarizes the
tradition unti l th e visit o f Wandregisilus t o Bobbio wher e h e adds informatio n tha t
makes Columbanian spiritualit y the specific goal of that journey. He expands the time
at Romainmôtier from multis diebus to multum temporis. For the arrival at Rouen, he
adds praises of Audoenus. He describes the Merovingian rulers , and nephew Godo' s
role in dealing with them. He dates the monastic foundation (bu t the elements disagree
badly). He treats the site in more detail, emphasizing its rivers. He adds new informa tion abou t th e dimensions o f the major basilica , and about Godo' s journe y t o Rome
to get relics and books. He claims that soon Saint-Wandrille was outstanding in Neustria and Belgium. He describes th e friendship o f Audoenus, Wandregisilus , and Filibertus, adding that the beds they used when they visited can still be seen. He gives the
first mention of a community of women living not far from Saint-Wandrille , at Logium
(today Caudebecquet ; Dept . Seine-Maritime) . H e adds charte r materia l concernin g
Saint-Wandrille. The narrative, which had already digressed from th e saint to the foundation, now breaks off entirely, leaving the saint's death unstated. In the next chapter ,
the story resume s at the reign of the fifth abbot , Bainus.
c) sources:
The major sourc e for chapter I on Wandregisilus is the Vita Wandregisili which the author cites . As noted above , he seems to have had a version wit h som e features close r
to BHL 8805 than to the Vita prima, a source labeled her e as the *Vita deperdita (VI II.2 above). He also incorporated ora l traditions: the most important change he added,
the Pepinid descent of Wandregisilus tha t turns the saint into a Carolingian prince, he
specifically too k fro m th e testimony o f the »more truthful olde r monks« .
In thi s initia l shor t sectio n o n Wandregisilus, the author demonstrate s tha t h e is a
commendable historica l researcher. He offers politica l background fro m Fredegarius ,
Bede, an d the Annales Mettenses. Th e ultimate sourc e o f hi s extra informatio n o n
Columbanus is the vita b y Jonas. He introduces evidence from charters , which he cites
directly (see LOT 1913, xiii). Yet even in his opening chapter, there are signs that he has
difficulty combinin g hagiographical tradition and historical curiosity, since he loses the
biographical narrativ e thread onc e he begins to bring in his archival discoveries .
Among the unstated source s of the Gesta is the Liber pontif kalis. No t only do the
genre and method of procedure recall it, but also there are direct borrowings 52 . For the
full rang e of the author's sources , although th e parallels draw n ar e sometimes rathe r
tenuous, see ROSENKRANZ 1911, 50-8 5 and PRADIÉ 1999 , lv-lxx.
d) critical discussion :
The author of the Gesta section on Wandregisilus wa s a monk o f Saint-Wandrille. In
the openin g sentence , Wandregisilu s i s »ou r father « an d Saint-Wandrill e i s »ou r
monastery«. The book as a whole tells the story of the abbey 53.
52 Itemized i n ROSENKRAN Z 1911, 52-59 ; LEVISON 1934, 252-53 ; and LOHIE R an d LAPORT E 1936, xxxiii.
53 PRADI É 1999 , xxviii-xxxiii, presents in fuller detai l the arguments for composition a t Saint-Wandrille.
170
John How e
The most obvious terminus post quem i s the point where the Gesta's coherent nar rative thread ends , the reign of Abbot Ansegisu s (823-833). There ar e additional sen tences concerning th e death o f Ansegisus, which probabl y occurre d i n 833, as well as
other postscript s o n th e reign s o f Abbot s Fulc o an d Herimbert , whic h tak e th e
chronology up into the 850s, but these are not written with the same fullness a s the earlier notices. LOHIE R an d LAPORT E 1936 argue that the project mus t have begun year s
earlier, basing this conclusion o n a passage describing how Abbot Hug o establishe d a
system for monthly provisioning of the monastery by different villas , a system the author implie s i s still used s o that idcirco memoria illius in benedictione manet (chap , iv
[2], p. 42). Yet Hugo' s syste m wa s suppresse d i n 829 or late r b y a constitutio n o f
Ansegisus which made these distributions annual or biennial (chap, xiii [8], p. 117-23).
The contradiction ca n be explained i f the whole history was written ove r an extende d
period o f time, with the earlier section that included Wandregisilus and Hugo writte n
before th e implementatio n o f th e administrative change s mad e b y Ansegisus, i.e. before aroun d 830, and th e obit o f Ansegisus written later , i.e. after 833. The change of
style in the summary notice s concerning two subsequent abbot s suggests that the earlier work must have been completed soon after th e death of Ansegisus 54.
On th e basi s o f factua l discrepancie s an d variation s i n th e manuscrip t tradition ,
W O O D 1991,4-6, postulates that the entire text represents »a complex pattern of composition an d reworking « extendin g ove r man y years , wit h som e section s perhap s
rather close r t o 800 than Lohie r an d Laport e ha d recognized , other s perhap s re sponding t o Viking invaders i n the 840s. The case for a text in progress i s convincing.
However, a project a s unique as this must have had some point of inception. This cannot hav e been especiall y early , because the relative chronology o f th e texts places th e
Gesta late r tha n mos t o f Saint-Wandrille' s hagiography . The Gesta ha s som e consis tency o f ton e an d scholarl y skill . I t ha s a n architectura l plan . A majo r portio n wa s
probably conceived as a literary unit, and this portion ought to have included at its earliest level the material on Wandregisilus, the house founder. I t seems reasonable, therefore, to postulate that the whole history wa s written ove r an extended period o f time,
with th e earlier sections that included Wandregisilus an d Hugh writte n a t some point
before th e implementation o f th e administrativ e change s mad e by Ansegisus , i.e. before ca . 830, and the obituary notic e for Ansegisu s written later , i.e. after 833. The ad ditional summary notices concerning subsequent abbots provide a terminus ante quem
for th e previous work, suggesting that it may have been completed relativel y soon af ter the death of Ansegisus. Thus the commissioning abbo t would probably hav e been
Einhard (817-23) or Ansegisus (823-33). PRADIÉ 1999 , xxvi-xxviii, who argues for authorial unity , assigns the initial sections to the reign of Ansegisus .
54 GRIERSON 1940, 275-78, was not convince d b y th e above arguments, maintaining tha t th e key phras e
in benedictione manet occurre d afte r a long series of benefaction s an d coul d refe r t o any o f them , no t
simply to the arrangements made by Hugo for the payment of dues. He would assig n a large part of the
Gesta t o th e perio d betwee n 838 and 842, because th e autho r seem s t o kno w th e Series abbatum
5. Vedastiy which Grierson feels would mos t likely have been available during the years when Abbot Fulco of Saint-Wandrille als o reigned a s abbot o f Saint-Vaast (ID. , 276-77). Given th e many possibl e con tacts betwee n th e two monasteries , however , Grierson' s argumen t her e i s not compellin g (se e W O O D
1991,4).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
171
Another scholarly controversy concernin g the Gesta involves its state of conserva tion. If it is assumed that the intent was to devote a chapter to each abbot, then the present version is missing three and a half chapters early and two others later. This debate
directly concerns the Wandregisilus materia l because the first postulate d brea k woul d
have occurred i n the first chapter , prior to the account of the saint's death, and woul d
explain why there is nothing on the reigns of the second through fourth abbots , i.e. on
Lantbertus, Ansbertus, and Hildebertus . Although lacunae were generally presume d
by earlier commentators, the theory tha t the work i s complete as it stands was championed i n Samue l LOEWENFELD , Zu r Kriti k de r Gesta abbatum Fontanellensium, in :
Forschungen zu r deutsche n Geschicht e 26 (1886) p. 193-215. Scholars continue d t o
disagree: see, for example, KRUSCH 1910, 6, arguing for interpolatio n an d excision, vs.
LOT 1913, viii-x, championing th e integrit y o f th e text . Laporte , i n the introductio n
to his edition, offere d a compromise position : he admitted tha t th e work ha s lacunae
but blame d th e author, who , he suggested, ma y neve r hav e quite finished becaus e h e
did not like to summarize known hagiographical material and because he found i t hard
to write about some events that transpired too near his own time. PRADIÉ 1999 , xlix-liv,
also argues that the breaks are the authors's, citing the transition righ t after th e Wandregisilus material which specifie s tha t Bainus is the fifth abbot , thus alerting the read er that intervening abbot s hav e been omitted. However, PRADIE' S attempt t o rationa lyze the breaks as a part of a triptych structure intended to emphasize the achievements
of Wandregisilu s an d Ansegisu s fail s t o convinc e sinc e i t doe s no t explai n eithe r th e
particular omissions or lack of parallels in the treatment of the two heroes. The breaks
remain enigmatic.Wood's notion of a community work in progress further complicate s
any debat e abou t authoria l intent . Jus t becaus e th e Gesta o f th e abbot s o f Saint Wandrille is in some sense sui generis as the »first Western monastic history« 55, it may
never be possible to answer definitively question s abou t it s intended form .
4. » V i t a s e c u n d a « e t m i r a c u l a p r i o r a BH
L
s. W a n d r e g i s i l i
8805 and 8807
/. Manuscripts
Saint-Omer, BM 764°°
Datation: 10th cent.: See 1.2. above.
Origin: Saint-Bertin .
Textual coordinates: Fol. 3v-4 i s the chapte r inde x fo r th e » Vita secunda« = our tex t
no. 4 a (BHL 8805). In fol. 6v-29, the »Vita secunda« itsel f = our text s no . 4b an d 4 c
(BHL 8805). In between, in fol. 4-6v, is inserted the Commemoratio genealogiae domni Arnulfi ep. unde Francorum reges orti sunt, presumabl y becaus e i t illuminate s th e
ancestry of Wandregisilus. After th e prologue ends, fol. 7 presents a half page illustration o f Sanctus Wandregisilus abbas 56. Fol. 7v has been erased , which permits a dou-
55 Phrase justified i n LEVISO N 1934, 242-48; FONTAINE 1982, 38 and 51-52.
56 Reproduced in : Histoire de s saints et de la sainteté chrétienne. Vol. IV: Les voies nouvelle s d e la sainteté, 605-814, ed. Pierre RICHE , Pari s 1986 , p. 245.
172
John How e
ble page of illustration s o f the vita (fol. 8-9v) t o be inserted an d sew n in without dis rupting the continuity o f the section. The vita run s from 10r-29 . It has an added post script: Omnia pre tereunt; gloria sanctorum sine fine manet Christo. Fol. 29v-31v in terrupt with the Visio quam vidit Karolus tercius imperator de suo nomine. Fol. 31 v-35
contain the first seve n miracles, independently numbere d fro m i-vii , with rubrics par allel to those found i n the vita itself , although n o separate index for them is given here
(= our text s no . 4d and 4e ; BHL 8807). Four line s are skipped. Then wit h a new titl e
(ITEM MIRACULA SANCTI WANDREGISILI QUAE MODERNO TEMPORE
PER EU M OPERATUS EST DOMINUS) an d with enumeration startin g over again
from i, fol. 35v-52 present the rest of the miracles, including those from Chartres (= our
texts no. 6a and 6b; BHL 8809).
Context: Th e code x open s wit h a whole bloc k o f Wandregisilu s material , extendin g
from fol. l-52v. Perhaps an initial page has been lost, since the office whic h begins on
the present fol. 1 , unlike the others, is untitled (inc. : Die ergo praesentis dignissima m
sollemnitatem cuncti celebremus / des. : felicitatis gloriam possidendam). It is followed
by responsoria which continue on to fol. 2. Other short hymns and liturgical pieces follow: fol. 2-2v hav e a n offic e In matutinis laudibus (inc. : Vir domin i fideli s Wandre gisilus nomine ieiuniis et horacionibus / des. : bone dulcis sonat vox tua et ultima nostris insonet auribus) . Fol. 2v-3 offe r a Hymnus de sancto Wandregisilo confessore
Christi (inc. : Qui solu s orbi s aucto r / des. : Exempla patri s inclit i sempe r tenet e filii .
Queatis u t virtutibu s gauder e cu m celestibus) 57. Fol. 3-3v contai n Item hymnus de
Sancto Wandregisilo (inc.: Christe sanctorum decu s et corona glori e virtus fidei tutel a
/ des.: Laude subpreme patris adque nati spiritus aequae referendo grates , dona virtu tum pariter canamus temporis aevo). These last include musical notation. Then follow s
the block with the vita an d miracula o f Wandregisilus, including the various addition s
described above . After a list of bishops of Rouen, the codex goes on to present mate rials on Ansbertus, as described i n 1.2 above, and t o conclude with Saint-Berti n loca l
texts, which becaus e of thei r differen t forma t d o no t appea r t o hav e been par t o f th e
original collection .
The pictures devoted to Wandregisilus found i n this codex (fol. 6v-9v) have inspired
the theor y tha t it , or th e origina l fro m whic h i t was copied , wa s a hagiographical libellus produced for Saint-Bertin, perhaps while the Saint-Wandrille relics were in place
there58. These arguments require some modification, however , since inspection o f th e
codex reveals that it was not written a s a unit: whereas it s texts generally hav e prope r
margins, the feet o f the figures i n the illustrations are nearly cut off (th e main illustra tions are on the four side s of a sewn-in folded singl e sheet), and the Historia adventus
Normannorum in Sithiu (BH L 1292) was written i n suc h a different forma t tha t th e
ends of the lines have been lost in rebinding .
57 A facsimile o f thi s hym n appear s i n Jean LAPORTE, Les derniers abbé s d u IXe siècle, in: L'Abbaye de
Saint-Wandrille d e Fontenell e 2 5 (1974) opposite p . 12 . Listed i n Dieter SCHALLER an d Ewal d KÔNS GEN, Initia carminum Latinoru m saecul o undecimo antiquiorum , Gottinge n 1977 , no. 13390.
58 J . LAPORTE , L'Abbaye Saint-Wandrille pendant les invasions nordiques: Histoire des reliques des saints
Wandrille et Ansbert e n Flandre a u Xe siècle, in: L'Abbaye d e Saint-Wandrille d e Fontenelle 1 0 (1960)
p.10-13.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
173
Le Havre, Bibl. communale 332 (A34) (Maius chronicon Fontanellense) 00
Datation: early 11th cent, (this section): See 1.2 above.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: P. 1-29 = our text no. 4c (BHL 8805). However, the first ten pages
were lost i n the early moder n er a (the original Arabi c pagination stil l included them )
and the n resupplie d b y a 17th-/18th-cent . hand 59. Perhap s th e origina l page s wer e
available t o de Broise whe n h e assemble d an d paginate d th e code x i n 1639; the re placement page s would the n hav e come from th e year 1735, when th e collection wa s
rebound in meliorem formam ordinemque. Th e original text commences on p. 11 with
the words I loci venerabiliter et monasticae eum suscepit (chap. 11).
Context: Th e vita i s followed b y hymns to Wandregisilus (p . 30-31); the office fo r vigils (p . 31-35); the miracula (p . 35-63), and th e Sermo legendus in sollempnitate s.
Wandregisili confessoris (BHL 881 On, discussed VIII.7 below). This codex, which ha s
been ofte n cite d here , i s a collectio n o f hagiographica l text s o n Wandregisilus ,
Ansbertus, and Vulframnus, a s well additional relate d saints .
Vaticano (Città del), BAV, Reg. lat. 573°°
Datation: l l t h cent. : PONCELET , Cat . cod. hag. lat. Vat., p. 377.
Provenance: French , judging by its content .
Textual coordinates: Fol. l-24v = our text no. 4 (BHL 8805 and 8807), but a page has
been lost covering the text from th e middle of the introduction t o the start of the firs t
chapter (from brutae tribuit I to I parentibus tempore), an d a binion has been lost fro m
between th e present fol. 7 and fol. 8 , leaving a gap from th e start o f par. 7 to the star t
of par. 22 (from ubi et monasterium I to Ifervoris, specialis alacritatis). It adds after th e
conclusion o f BH L 8805 that Omnia pereunt, gloria sanctorum sine fine manet in
Christo (fol. 16) , the postscript foun d i n Saint-Omer's B M 764.
Context: Nearl y hal f o f thi s codex, which i s presently 88 folios, i s devoted t o Wand regisilus. A different llth-cent . han d ha s added vitae o f Fursey , Hadrian th e Martyr ,
and Aegidius. Fol. 24v-39 = our text s no . 5a and 5 b (BHL 8808), but i t stops a t liberari mereantur, righ t befor e th e serie s o f miracle s tha t ar e date d t o 866 (= chap. 30).
This break in the text is not du e to a break in the manuscript, which ha d an addition al line on the page and a blank revers e side.
Rouen, BM 1380 (U. 55)°°
Datation: 1 0th/11th cent. , in various hands: See 1.2 above.
Origin: Jumièges.
Textual coordinates: Fol. 32-46 = our texts no. 4b and 4c (BHL 8805). The final chap INDE
ter is truncated, reduced to RANSLATI {sic, rubric missing) QUOQUE SUNT
IN ECCLESIA SANCTI APOSTOLI PETRI, a sancto Baino episcopo urbis Tarvenne
et rectore. Marks for eigh t readings have been added .
59 Cat. gén. mss Dépts I (1886), p. 332-335, says the first te n pages were recopied from a manuscript of Jumièges, correctly quoting the information give n in the table of contents. Yet they may actually have been
copied fro m Mabillon' s edition , since a comparison o f the first tw o page s indicates that the y ar e word
for wor d th e same. Even most o f the punctuation i s identical, including the internal parentheses i n th e
second sentenc e of Mabillon's chap . 2.
174
John How e
Context: Precede d b y Augustine' s De vera religione. Th e volum e feature s miscella neous Norman an d Flemish hagiographica l texts , written b y different hands .
Oxford, Bodleian Lib. , Bodl. 354 (Bodl. 2432)
Datation: 12th cent.: LEVISO N 1920, 630-31 // early 13t h cent.: Falconer MADA N an d
H. H. E. CRASTER, A Summary Catalogue of Western Manuscripts in the Bodleian Library at Oxford, 7 vols., Oxford 1922-53, 2 (1): 361.
Provenance: Mada n an d Craste r judg e i t »writte n i n England« ; part o f th e survivin g
binding was produced fo r Henr y VIII .
Textual coordinates: Fol. 254-65 = our tex t no . 4 (BHL 8805); fol. 265-274v Miraculorum Wandregisili (BHL 8807-8809?).
Context: Legendar y with the lives of the saints commemorated between October 9 and
December 31, includes appended saint s such as Wandregisilus (whos e vita an d miracula, given his July 22 feast, ar e out o f place) and a text on th e Assumption tha t close s
out th e volum e (BH L 5355d) . Th e Wandregisilu s additio n i s followe d b y a Vita
Sylvestri. O n thi s legendary an d relate d Englis h exemplars, which were from Canter bury, se e LEVISO N 1920, 545-46 and 631, who find s i t i n th e traditio n o f th e Legendarium Flandrense 60'.
Douai, BM 837
Datation: 12th cent. : Cat . gén. mss Dépts in 4° VI (1878), p. 572-76; LEVISON 1902,
499-501; PONCELET, Cat . cod. hag. lat. Duacensis, in: AnalBoll. 20 (1901) p. 384-89.
Provenance: Anchi n ex-libris.
Textual coordinates: Fol. 96v-101v = our texts no. 4b + a + c (BHL 8805); fol. 101v and
33-37v = BHL 8807-8809; but 8809 w/o th e epilogu e foun d i n th e fina l paragrap h
(des.: deinceps habuere admirationem). Th e volume has been rebound out of order, but
an index reveals that today's fol. 101v was once followed b y fol. 33.
Context: Larg e legendary , June throug h August . LEVISO N 1902, 501, pairs thi s wit h
Paris BNF lat . 5296 B, as descendents o f a common ancesto r tha t antedate d an d gav e
rise to the Saint-Bertin Wandregisilus collection found toda y in Saint-Omer's BM 764.
Namur, Bibl. communale 53
Datation: 12th cent.: Cat. cod. hag . bibl. publ. Civitatis Namurcensis , in : AnalBoll 1
(1882) p. 505-20 (reprinted in : Cat. cod. hag. lat. in bibl. publ. Namurci, Gandae, Leodi et Montibus, Brussels 1948, p. 25-40 [Subsidia hagiographica , 25]); LEVISON 1920,
629-30; André BOUTEMY, Quelques manuscrit s parents de la Bible de Saint-Hubert ,
in: Scriptorium 1 (1947 ) p. 319-320 // 12th/13th cent.: Paul FAIDER , Cat. des mss conservés à Namur, Gemblou x 1934, p. 128-35 (Cat. gén. mss des bibliothèques d e Belgique, 1).
Origin: Saint-Hubert: Fol. 2, in a 17th-cent. hand, announces Monasterii Sti Hubertui
in Arduenna cathalogo inscriptus; the 17th-cent. rebinding is marked with the stag symbolizing tha t monastery' s celestia l patron . A Saint-Huber t charte r o f 1109 has bee n
copied ont o fol. 1.
60 And lately , Rosalind C . LOVE , Three Eleventh-Century Anglo-Lati n Saints ' Lives, Oxford 1996, p. xxi
(Oxford Medieva l Texts).
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
175
Textual coordinates: Fol. 192v-197v = our text no. 4 (BHL 8805), but this is mutilated
(see Cat. cod. hag. Namur., p. 516-17, no. 70).
Context: Legendar y containin g reading s fro m Ma y throug h July, part of a set that also includes Namur' s BP 15, which cover s Octobe r throug h December . The content s
of the missing volume covering January throug h April , as recorded b y th e early Bol landists, are listed i n Maurice COENS , Le premier tome du légendie r de Saint-Hubert ,
in: AnalBoll 5 7 (1939) p. 109-22.
Bruxelles, BR 1801 8 (Van den Gheyn 3239)° °
Datation: late l l t h cent. : Léo n GILISSEN , L'expertis e de s écriture s médiévales .
Recherche d'une méthode avec application à un manuscrit du XI e siècle: le lectionnaire
de Lobbes, Codex Bruxellensis 18018 , Ghent 1973, 175 p. (Les publications d e Scriptorium, 6), identifies one of the scribes as Goderannus of Lobbes (fl. late 1 lth) // early 12t h cent.: Cat. Brux. II, 414-21 (misidentifie d there as B R 18108 ) / / 12t h cent. :
KRUSCH 1910 , 12 ; VA N DE N GHEY N 1905 , 244-47 ; LEVISO N 1920 , 569 .
Origin: Lobbes: Gilissen link s it to Lobbes by calligraphie analysis; F. DOLBEAU, U n
nouveau catalogu e de s manuscrit s d e Lobbe s au x XI e e t XII e siècle s (I and II) in:
Recherches augustiniennes 1 3 (1978) p. 29 (no. 227) and 14 (1979) p. 216, identifies this
manuscript in a late llth- or early 12th-cent. Lobbes catalogue; a 16th-cent. hand specifies Liber Sti. Petri Laubiensis (fol. 2).
Textual coordinates: Fol. 172v-182v = our texts no. 4b + a + c (BHL 8805), including
the numbered index following the prologue but without any of the accompanying miracles. Original chapter numberin g retaine d throughout .
Context: Par t of a hagiographical collection strong on saints from th e Low Countries .
Good calligraph y consistentl y maintaine d b y more than a dozen scribes .
Cambrai, BM 846 (751)
Datation: l l t h cent. : See 1.2 above.
Provenance: Saint-Sépulcre de Cambrai.
Textual coordinates: Fol. 15-3 5 = our text s no. 4b and 4c (BHL 8805). Fol. 26 and 27
are missing in the manuscript, creating a gap (from chap. 14:pontificante sedem romane
eccle anno be I t o chap. 17 I nomine Hildemarcha in quodam monasterio). Althoug h
this copy lack s the inde x an d enumeration , i t bears on e residua l chapte r numbe r >iii<
(fol. 16v). The final chapte r (chap . 28) is abbreviated a s in Rouen's BM 1380 (= Translati quoque sunt inde in ecclesiam sancti apostoli Petri a sancto Baino, episcopo urbis
Tarvanne et rectore. Explicit vita sci. W.).
Context: A miscellaneou s collectio n o f hagiographica l texts . The manuscrip t open s
with th e Saint-Wandrill e an d Ghen t trinit y o f Vulframnus , Wandregisilus , an d Ans bertus.
Rouen, BM 1404 (U. 20)
Datation: early 12t h cent, (this section): See VI.2 above.
Origin: Fécamp.
Textual coordinates: Fol. 51-52 = our text no. 4 (ex BHL 8805).
Context: Lectionar y o f 48 texts, most summarized. This text is found i n pages copied
by the Fécamp scribe Willermus Peccator, who worked aroun d 1100-1150.
176
John How e
Paris, B NF lat . 15437°°
Datation: 1 1th cen t (relevan t section) : Cat. Paris . I l l, 317 // 12th cent. : LEVISO N 1920,
651-52.
Origin: O n c e a t Saint-Marcel i n Paris: a note o n fol. 217v say s i t was purchased b y
Petrus de Blanger doctor et socius Sorbonicus ...ex capitulo s. Marcelli Parisiensis an d
was donated i n 1667 to the Sorbonne, whos e librar y mark s i t bears (fol. 94v and 217v) .
Textual coordinates: Fol. 51v-59r = our texts no . 4b and 4c ( B HL 8805). It omits the
index bu t contains numbere d chapte r headings . No miracula post mortem.
Context: Larg e format , t w o column genera l legendary , June throug h October .
Rouen, B M 1389 (U. 35)°°
Datation: late 11thcent.: AVRIL 1975,68-69 ; G A R A N D etal. 1984,582 // 12th cent.: Cat .
gén. mss Dépts I (1886), p. 3 6 8 - 7 1 ; P O N C E L E T 1904, 177-81 ; N O R T I E R 1971, 18 9 and
237.
Origin: Saint-Évroul?: Although fol. 1 has an ex-libris i n an early moder n han d De
VAbbaie de St. Ouen, Avri l argues tha t a n illuminated initia l echoe s on e produced a t
Saint-Evroul, an d that fiv e line s adde d t o the end of the vita o f Barnabas ar e written
in the hand o f Orderic Vitalis .
Textual coordinates: Fol. 42-46v = o u r text no . 4 c ( B HL 8805), but without th e firs t
several chapters , startin g i n chap. 4: I sancti viri totis furoris stimulis exarsit.
Context: A volume mad e u p of 63 texts. Although simila r i n script an d format, man y
are missin g fron t an d back folios .
Paris, B NF lat . 5296 B (Bigotianus 172, Regius 3654.3)°°
Datation: 13th cent.: Cat . Paris. I , 585-90; LEVISON 1902, 498-99 ; LEVISON 1920,
637-38.
Origin: Flemish , judgin g fro m th e annotations involvin g Lewinn a an d Winnocus and
from a 15th-cent. not e i n Flemish i n the margin o f p. 390 61 .
Textual coordinates: P . 150 and 159-71 = our texts no . 4b + a + c ( B HL 8805). P. 150 is
all b u t the last t w o lines o f the prol. The n a n insert o n Mary Magdalen e ( B H L 5458
and 5443), probably lat e 14t h or early 15t h century, ha s been boun d int o th e codex.
The prologue concludes on p. 159, and is followed b y the index, th e vita, an d the miracula (th e latter o n p. 175-188). T h e model o f thi s cop y apparentl y ha d chapter n u m bers, whic h th e rubricator her e ha s capriciously lef t i n the vita a t >xvi< through >xxiv <
(out o f 28) and in the second serie s of miracula a t >xvi<. P. 186/87 has bee n tor n of f diagonally, fro m to p to mid page, losin g larg e section s o f the en d of B HL 8808 and the
start o f B HL 8809.
Context: Thi s tex t is juxtaposed wit h th e Anulfin g genealogy , p . 171-73, and the Visio
Karoli, p . 173-75. Although thes e text s ar e also foun d i n Saint-Omer's B M 764, LEVISON 1902, 498-501, argues on t h é basis of the reading s of the Visio Karoli tha t i t is not
a copy o f of Saint-Omer's B M 764, but rather tha t th e whole bloc k mus t g o back t o a
c o m m o n ancesto r tha t woul d hav e alread y bee n i n existence aroun d th e year 900.
61 DOLBEAU 1979,199, identifies these features, thus correcting an attribution to Saint-Wandrille found in
LAPORTE 1937-38,18-19.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
177
Rouen, BM 1211 (Y. 237) (Fontanellense chronicon minus) 00
Datation: 13th cent. : Cat . gén. mss Dépts I (1886), p. 303; PONCELET 1904, 228-29;
NORTIER 1971,178 and 182.
Origin: Although fol. A states that Saint-Wandrille was given this volume in 1656, the
contents indicate it was originally written for that monastery. Probably it had been lost
in the early modern era , along with the vast majority o f the monastery's othe r books ,
then returned i n 1656.
Textual coordinates: P. 13-66 = our text no. 4b (BHL 8805, without th e prologue).
Context: Th e volume opens with the genealogy of Arnulf's descendent s (p. 1-13), and
follows wit h the Vita Wandregisili. Perhaps the scribe omitted th e prologue and inde x
because he based hi s work o n on e of the many copies of the » Vita secunda« i n which
the order i s prologue, genealogy, an d vita. Ther e follows, p. 66, a list of the names of
Saint-Wandrille monk s wh o becam e bishops . Th e res t o f th e code x ha s othe r
Fontenelle items: the names of the kings of France, p. 67-68; the inventio o f Vulfram nus, p . 69-91; a vagu e De Mainardo Abbate praisin g th e 10th-cent . refounder , p .
91-98; and a short outline of the career of Wandregisilus, titled Dictamen ad honorem
S. Wandregisili Abbati s (inc. : Wandregisili regiis orte Francis parentibus I des.:
Fontinelle cenobii prior abbas sanctissime superinfructu gaudii te fruamur letissime.
Amen), p . 101-05 (BHL vacat). Final notes concern privileges given to Saint-Wandrille
by Martin I; and a 14th-cent. list of saints of Saint-Wandrille. This codex owes its name
to its small format (135 x 100 mm).
Saint-Omer, BM 716 (IV)00
Datation: last quarter o f 12t h cent.: BONDEELLE-SOUCHIE R 1991, 88-89 // 13th cent ,
early: LEVISON 1920,542-44 and 676-77; LECHAT 1929,270-72; F. DOLBEAU, Le tome
perdu du légendie r d e Saint-Omer reconstitué grâc e aux Collectanea Bollandiana, in:
AnalBoll 9 3 (1975) p . 363-68; DOLBEA U 1981 , 399-400 / / 13th cent.: Cat. gén. ms s
Dépts i n 4° III (1861), p. 317.
Provenance: Clairmarais : a 17th-cent . not e specifies Bibliothecae B.M. de Claromarisco.
Textual coordinates: Fol. 70v-76 = our text no. 4b + a + c (BHL 8805) ; f. 76-77 = BHL
697a; fol . 77-7% = Visio Karoli Regis; fol. 78-83 v = Miracula 8807-880 9 (without
8809a). This has the correct 88 5 date introducing th e Chartres miracles , not 895 as in
Mabillon.
Context: I n on e o f th e fiv e survivin g volume s o f th e Legendarium Flandrense. Th e
choice of texts strongly suggest s that they originate from Sain t Bertin (perhap s Saint Omer's B M 764 as above, or more likely its source).
Brugge, Stedelijke Bibl. 404
Datation: around 1200: DOLBEAU 1981, 399-455 , esp. 400 and 454 // 13th cent.: Cat .
cod. hag. Brug., in: AnalBoll 10 (1891) p. 461-65; LEVISON 1920,562; A. DE POORTER,
Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque publique de la ville de Bruges, Gembloux,
Paris 1934 , p. 45 5 (Cat. gén. ms s de s bibliothèque s d e Belgique , 2) ; Marie-Thères e
e
ISAAC, Les livres manuscrits d e Pabbaye des Dunes d'après l e catalogue du XVII siècle, Aubel 1984 , p. 297.
Origin: Ter Doest (Bruges) , then Les Dunes.
178
John How e
Textual coordinates: Th e relevan t folio s hav e bee n mixe d up . Fol. 139-139v an d
141-44v = our tex t 4 (BHL 8805). Fol. 134-38v, 140-40v , and 139 = our texts no. 4-6
(BHL 8807-09).
Context: Legendar y fo r June, July, and August . A n additiona l volum e i s Bruges, BM
403, covering th e saints o f Februar y throug h May , which i s noted i n the article con cerning th e hagiograph y o f Jumièges (SHG VII , i n sectio n II. 3). This legendar y i s
closely related to the Flanders legendar y tradition embodie d i n Saint-Omer's BM 716
(see LEVISO N 1910, 61 7 and
660).
Kebenhavn, Kongelige Bibl., Thott 133 Fol.
Datation: 13th cent.: Ellen JORGENSEN, Catalogus codicum latinorum medi i aevi Bibliothecae Regiae Hafniensis, Copenhagen 1926, p. 199-200; Baudouin de GAIFFIER, Le
passionnaire du Collège de Clermont conservé à Copenhague, in: Scriptorium 5 (1951)
p. 20-25 , reprinted in : ID. , Études critique s d'hagiographi e e t d'iconologie , Brussels
1967, p . 394-400 (Subsidia hagiographica, 43).
Origin: contents suggest somewhere between the Seine and the Loire. This manuscrip t
was once owned by the Collegium Claromontanum, th e Collège de Clermont in Paris,
then sol d when the Jesuits were required t o close the college in 1762.
Textual coordinates: P. 181-212 = our texts no. 4-6 (BHL 8805, .8807-09); p. 212-20 =
our tex t no. 7(BHL8810n) .
Context: Her e th e » Vita secunda« an d al l the Saint-Wandrill e miracula ar e followe d
by a sermon o n Wandregisilu s (treate d VIII. 7 below). These text s ar e par t o f a lectionary, written i n a single hand, covering the months o f June, July, and August .
Many additiona l manuscript s coul d be cited because the » Vita secunda« an d its attached miracula, i n a form probabl y ultimately descended from a Saint-Bertin source ,
became widely distributed a s part of the Legendarium Flandrense.
II. Editions
a) Edition o f reference : Peter VA N DE N BOSSCHE , AASS Jul. V (1727), p. 272-81 (»Vita secunda«) an d 281-83 (Miracula priora). Thi s editio n come s no t from th e best an d
earliest manuscript s suc h a s Saint-Omer's BM 764 (10th-cent.), but fro m Mabillon' s
text plu s severa l witnesse s fro m th e traditio n o f th e Legendarium Flandrense 62. T o
make the text conform t o the longer chapte r division s favored b y the AASS, Van den
Bossche omitted th e table of contents (h e would hav e known i t at least in the Anchi n
text). That index, found i n the earliest manuscripts, is edited only in DESCHAMPS 1841,
p. 176-78.
b) Other editions : MABILLON, AASS OSB II (1669), p. 524-25, 534-546 (»Vita secunda«) and 547-49 (Miracula priora). Th e Maurist edition is based upon a n unidentifie d
Saint-Wandrille manuscript . Mabillon' s paragrap h number s correspon d t o th e chap ter divisions use d her e for th e vita, bu t ar e out o f sequenc e fo r th e miracula becaus e
several stories are omitted. Oswald HOLDER-EGGER , MG H S S XV(1) (1887), p. 406-
62 VAN DE N BOSSCH E use d a copy fro m Anchi n (perhap s 12th-cent . Douai BM 837?), a copy fro m Ter
Doest (13th-cent. Brugge BM 404), and a now lost manuscript from Vaucelles , then owned b y the Bollandists and ofte n utilize d i n their editions, as described i n DOLBEA U 1981, 422-27 .
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
179
409, who utilize d th e Saint-Ome r an d Douai mss, unfortunately chos e to ignor e th e
»Vita secunda« an d only to include about hal f o f the earlier miracles .
77Y. Critical examination
a) results:
The »Vita secunda« an d th e Miracula priora wer e writte n b y a monk o f Saint-Wan drille working aroun d th e late 830s.
b) analytical summary :
An anachronisti c prologue , whic h use s th e sam e humilit y topoi a s th e Vita prima,
claims the vita wa s commissioned b y Bisho p Lantbertu s o f Lyons , the secon d abbo t
of Fontenelle. The author sloppily locates Wandregisilus' birth in Dagobert's reign. He
specifies th e saint's Carolingian ancestr y and high rank at court. He adds a new list of
his secular virtue s an d i s relatively positiv e abou t th e potential fo r la y holiness . Th e
hostile rustics , whom Wandregisilu s ha d brough t int o concor d throug h divin e grace
in the first vita, ar e no w miraculousl y immobilize d i n a more dramati c fashion . Th e
author name s for th e first tim e the saint's teacher a t Montfaucon, Waltfridu s o r Balt fridus (se e VII above) . The »Vita secunda« add s praises o f Dagobert . The heretofor e
unnamed hermitag e that Wandregisilus had built on his own property i s now reveale d
to b e a t Saint-Ursann e (Canto n o f Berne) . The autho r show s som e classica l cultur e
when he invokes Hannibal's elephant s and the Battle of the river Trebia in the context
of the trip mad e by Wandregisilus t o Bobbio. In thi s version, for th e first tim e in th e
surviving dossier, the saint continues on to Rome 63. His stay at Romainmôtier is now
»ten years «.
The author praises Audoenus, but now claims that the ecclesiastical ordinations of
Wandregisilus, which i n the earlier survivin g traditio n ha d bee n b y Audoenus alone ,
were carrie d ou t jointl y wit h Bisho p Audomaru s o f Thérouanne. The autho r incor porates the Gesta's material on the political context of the founding o f Saint-Wandrill e
and o n Godo' s role , bu t omit s th e disquisitio n o n th e loca l rivers . H e specifie s tha t
Wandregisilus dre w thre e hundre d monk s t o th e new monastery . The sain t i s said t o
have dedicated th e three majo r basilica s to Peter, Paul, and Laurenc e (a s in the earlie r
tradition), and now also a fourth basilic a to Pancratius the Martyr .
At this point the author brings in new material. Waningus founds Fécamp; Childemarca takes it over for nuns. The distant oratory to Amantius of Rodez, already named
in the earliest vita, i s treated here , as in the Gesta, a s a meeting place for saints . Betto
the royal forester come s to regret hi s disrespect fo r th e saints. The author note s alm s
from Quee n Bathildis and others. The unspecified bruta l people mentioned in the first
vita ar e now explicitl y thos e o f th e Pays de Caux (Dept . Seine-Maritime) ; the previously unspecified prophecie s now predict the deaths of the sons of Bathildis. This account claims that the saint was ninety-six year s old at his death. Wandregisilus name s
his successors , Lantbertu s an d Ansbertus ; h e als o predict s tha t i n th e futur e th e
63 It would be tempting to dismiss this voyage to Rome as an unhistorical embellishment, given its absence
in the earliest surviving Vita Wandregisili. Yet convincing evidence for its historicity i s set forth b y BoRIAS (a s n . 49).
180
John How e
monastery will honor as holy men Wulframnus, Erembertus, and Condedus. Now Au doenus is present at Wandregisilus' deathbed. The author adds, perhaps from th e Gesta, a description o f the translation o f the body fro m th e basilica of Paul to the basilica
of Peter, orchestrated b y Bainus the fifth abbot .
A small group o f miracula [priora] is attached. Their autho r claim s to write on th e
order of the prelates of Saint-Wandrille. His collection i s not overwhelming: three jejune miracle s o f immobilization ; th e stor y o f a man capture d b y Saxons , whose cap tor is himself converted following a vision of St. Wandregisilus; a timber apt for church
construction found floating in the Seine; and Abbot Gervoldus (d. 806/807) saved fro m
a storm with the aid of the saint's relics. As will be seen, this material is sparse in comparison t o the later miracle collections .
c) sources:
This » Vita secunda« of Wandregisilus contains material not found i n the surviving Vita prima. Ye t this is not necessarily a measure of the author's originality, since he probably worked no t from th e earliest survivin g vita bu t from a lost intermediate versio n
whose text cannot be controlled (th e Vita deperdita discusse d i n VIII.2 above). Much
of what seems new to us about this vita ma y already have been part of the monastery' s
hagiographical tradition .
Yet the author of the » Vita secunda« did integrate material from th e Gesta abbatum
Fontanellensium int o the legend. His dependency on the Gesta is clear, because among
the things he took fro m th e Gesta i s the genealogical informatio n o n the Carolingia n
ancestry o f Wandregisilu s whic h th e Gesta autho r assure s u s ha d com e t o hi m fro m
oral rather than written tradition . The author o f the »Vita secunda« o f Wandregisilu s
exploited the Gesta so thoroughly that he can be used on occasion to help establish its
text (see ROSENKRANZ 1911, 28 and 35). From i t he demonstrates th e success of Wan dregisilus, as in his invocation o f 300 monks a s the figure fo r th e monastery (chap , vi
[1], ed. PRADIÉ 1999 , 76-77). Yet he goes beyond the Gesta. For example, he names the
mentor of Wandregisilus at Montfaucon, Baltfridus , who in the first vita wa s unnamed
and who in the Gesta was a man of great virtue, cujus nomen modo memoriae non ocurrit (see VII above). Or again , he knows the name of Elisangium i n Switzerland, where
for th e Gesta i t was simply a hermitage quodam in loco (chap, i [3], ed. PRADIÉ 1999 ,
6-7).
He presumably als o used other information fro m th e house's increasingly volumi nous hagiographical collections. He offers th e only witness for the dossiers of Childemarca (see II above) and Waltfridus (se e VII above). He has Wandregisilus promise in
a deathbed speec h that the Saint-Wandrille abbots Lantbertus an d Ansbertus, and th e
Saint-Wandrille saint s Vulframnus , Condedus , an d Erembertu s woul d al l someda y
have their deeds recorded - for th e last two, these are the earliest surviving reference s
to their written memorials .
d) critical discussion :
The prologue of this vita present s its most spectacular problem. The alleged presentation o f the work t o Bishop Lantbertu s o f Lyon s (d . around 688) fits poorl y o n a vita
whose author knows the whole corpus of Saint-Wandrille hagiography that existed in
the earl y 9t h centur y an d eve n th e Gesta abbatum Fontanellensium. LIFSHIT Z 1995,
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
181
221, argues that this prologue is genuine, that it must hav e been an original part of the
first vita (BH L 8804) subsequently displaced onto the second (BHL 8805). This is theoretically possible. Some anomalies in the surviving Vita prima sugges t that it does not
perfectly transmi t the original text (see VIII. 1 above). In theory the dedication to Lantbertus coul d hav e been part o f a lost original vita, bee n transmitted a s part o f a copy
which doe s no t survive , an d hav e bee n relaye d t o a revisor wh o accepte d i t into hi s
work without modification . However , this hypothesis present s considerable difficul ties. The prologue would hav e been redundant if attached to the first vita becaus e that
text alread y ha s a n extensiv e prologu e usin g th e sam e humilit y topoi. Althoug h ha giographical prologues often exhibi t distinctive styles, this one seems particularly different fro m th e rest o f th e tex t (se e FONTAIN E 1982, 50-51). It ma y b e simpler t o assume that it has been fabricated. The hagiographer would have had an obvious motive.
The three greates t Saint-Wandrill e saint s had share d th e same shrine i n the church o f
Saint-Pierre since 704. Their feasts, as parallel first-class occasions , ought to have had
symmetrical readings . It is surely no coincidence that by the mid 9th century all three
saints had similar vitae beginnin g with similar prologues. Such parallelism existed even
earlier if it is reflected i n the parallel boo k o f lives that th e hermit Harduinu s ha d lef t
to the monaster y i n 811 (see 1.2 above). The prologue fo r Wandregisilu s i n the »Vita
secunda« is not well thought out , since its credibility i s undermined b y the way it addresses th e secon d abbo t o f Saint-Wandrill e a s still livin g an d ye t i n th e bod y o f th e
text reports a translation mad e by th e fifth. Th e irony , of course , is that eve n thoug h
the hagiographical tradition for Wandregisilus was excellent, a hagiographer, presum ably with the community's approval , nevertheless »improved « th e prologue, perhaps
because the somewhat lon g and turgid prologu e o f the original di d no t mak e specifi c
claims of contemporaneity tha t paralleled th e other rewritten lives.
If the prologue » reconstructs « monastic tradition, then the » Vita secunda« becomes
easier to understand. Its author's concerns are clearly those of Saint-Wandrille, whose
cults he itemizes and promotes. As has been demonstrated, he wrote after th e composition of the first part of the Gesta, i.e. after an undefined poin t a few years before 830.
His motive for writing appears to have been to take the important new information o n
the Carolingian origin of Wandregisilus tha t is first advance d in the Gesta and to integrate it into the cultic documents .
The terminus ante quem fo r the » Vita secunda« is provided b y the first se t of miracula (BHL 8807, the first 8 paragraphs of the AASS edition). These presuppose its existence. They were probably writte n b y the same author, who appear s to have hinte d
that he would writ e miracula post mortem, when , at the point where he leaves off in serting new miracles into the vita itself , he uses the words Haec quidem exigua miraculorum insignia cum venia audientium in praesenti sufficiant (chap . 23, as interprete d
in LEGRI S 1898,299). He writes the miracles »out of love of holy father Wandregisilu s
and by order of the prelates of the monastery of Fontenelle« (miracula, preface). There
are enough similarities between th e vita an d the miracula priora t o establish that the y
were part o f the same compositional program . Like the author of the vita, th e autho r
of th e miracula priora wa s part o f th e Saint-Wandrille milieu , for h e speaks o f »hol y
father Wandregisilus « an d describe s Saint-Wandrille monk s a s fratres nostri {miracula, prol. and chap. 1). The events he relates have features in common with the »Vita se-
182
John How e
cunda«. Bot h narratives , for th e first tim e in the tradition, identif y th e Pay s de Caux
as a reprobate plac e (cf. vita, chap . 4 and miracula, chap . 1). The miracl e o f immobi lization whic h firs t appear s i n th e »Vita secunda« i s paralleled b y th e firs t thre e post
mortem miracle s (cf. vita, chap . 1 and miracula,. chap . 1). Perhaps, lik e the »Vita secunda«, th e first se t of miracula draw s o n th e Gesta narrative , since an event situate d
on a visit t o Englan d b y Abbo t Gervoldu s {miracula, chap . 7) recalls hi s embassie s
there commemorated i n the Gesta (chap, xii [2], ed. PRADIÉ 1999 , 136-41).
Establishing th e dependence o f th e first miracula o n th e » Vita secunda« i s impor tant becaus e the y hav e a more precis e terminus ante quem tha n th e vita itself . Their
author purport s t o tell of events transpiring i n nostris temporibus, bu t th e latest data ble incident s h e relate s ar e from th e reig n o f Charlemagne . On e i s the alread y men tioned missio n o f Gervoldu s t o Englan d aroun d 800. Another i s a n anecdot e con cerning a man capture d durin g th e Saxo n wars o f »Kin g Charles « (i.e . Charlemagne,
since th e Saxon s ar e describe d a s stil l pagan) , whic h wa s relaye d t o th e autho r b y
quidam fratres nostri qui adhuc supersunt {miracula, chap. 1). Given that the inciden t
took place at some time during the Saxon wars, which were over by 804, and tha t th e
generational cohor t which could hav e remembered i t would hav e largely disappeare d
after abou t 35 years, it would b e hard to place the first miracula, an d therefore th e vita which the y appear to presuppose, any later than around 840.
A supporting argumen t ca n be drawn from th e present tense used by the author of
the » Vita secunda« when he insists that Wandregisilus, Wulframmnus, an d Ansbertus,
long afte r afte r thei r earl y 8th-cent . transfe r t o St . Peter's basilic a b y Abbo t Bainus ,
»still radiat e sign s an d wonders « {signis et miraculis choruscant: vita, chap . 28). Although th e bodies of these protectors wer e still in their places in 21 March 854, when
a royal charter described Saint-Wandrille as the place wherepretiosi con)essores Christi
Wandregisilus, Ansbertus atque Wlfrannus corpore requiescunt (ed . LO T 1913, 33), at
the start of 858 the bodies of Wandregisilus an d Ansbertus wer e moved ( a translation
discussed i n the context of VIII.5 below). Unless one is prepared t o accuse the autho r
of mendacity , hi s direct testimon y woul d appea r t o preclude compositio n late r tha n
858.
It might be objected that a reconstruction which places the composition o f the » Vita secunda« an d the Miracula priora dit Saint-Wandrille fails to explain their new mor e
easterly orientation. In these texts when Wandregisilus travels to Rouen he is described
as going ad Belgicam ... Galliam an d his ordinations now come not only from th e bishop o f Roue n bu t als o from th e bishop o f Saint-Ome r {vita, chap . 13). The Pay s de
Caux an d Fécamp receive ne w prominence . Woul d thes e change s b e mor e under standable if the texts had been written after the bodies of Ansbertus and Wandregisilus
had been moved east? The argument is attractive, but by no means decisive. Saint-Wandrille's eastern possessions and contacts with the counts of Flanders must have become
increasingly importan t befor e 858 or it s monk s woul d neve r hav e decide d t o mov e
their relic s east . T o plac e thes e text s afte r 858 would creat e mor e problem s tha n i t
would solve: the date is too late for a cohort of witnesses to the Saxon wars to still survive an d th e tex t lack s th e specifi c concern s see n i n th e miracle s tha t wer e certainl y
written b y th e community i n exile (BHL 8808 and 8809), the next item s to b e examined.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
183
5. M i r a c u l a p o s t e r i o r a s . W a n d r e g i s i l i BH
L 8808
/. Manuscripts
Copies of the Miracula posteriora ar e only found i n association wit h th e » Vita secunda« and Miracula priora. There is no known independen t circulation . Readers are referred t o section VIII.4 above for description s o f the following manuscripts :
Saint-Omer, BM 764°° (10th cent., Saint-Bertin);
Le Havre, Bibl. communale 332 (A. 34)°° (Maius chronicon Fontanellense) (early 11th
cent., Saint-Wandrille )
Vaticano (Città del), BAV, Reg. lat. 573 (llth cent. , northern France? )
Oxford, Bodleia n Lib. , Bodl. 354 (12th cent., England )
Douai, BM 837 (12th cent., Anchin )
Paris, BNF lat . 5296 B°° (13th cent., Flanders )
Saint-Omer, BM 716 (IV)°° (13th cent., Clairmarais )
Brugge, Stedelijke Bibl . 404 (13th cent., Ter Doest, then Les Dunes)
Kobenhavn, Kongelige Bibl, Thott 133 Fol. (13th cent., between the Seine and the Loire).
//. Editions
a) Edition o f reference: Peter VAN DE N BOSSCHE , AASS Jul. V (1727), p. 283-89 (chap.
9-43), based o n Mabillon an d ms s from Anchin , Ter Doest, and Vaucelles. See VIII.4
above.
b) Othe r editions : MABILLON , AAS S OS B I I (1669), p. 549-56 [exc], base d upo n a
Saint-Wandrille manuscript that could have been Le Havre's Bibl. communale 332 (see
VAN WERVEK E 1967, 90); Oswald HOLDER-EGGER , MG H S S XV(1) (1887), p. 407-09
[exc], made from th e Saint Omer an d Douai mss.
/ / / . Critical examination
a) results:
The author(s) of the Miracula posteriora was/were devotees of Wandregisilus and Ansbertus, part o f th e exile d Saint-Wandrill e communit y livin g on th e edg e of Flanders .
The aim was to describe the power o f the saints in exile.
b) analytical summary :
The accoun t begin s wit h a new mini-prologu e (5a ) which intentionall y parallel s th e
prologue of the first se t of miracula, except that while its wonders were in nostris temporibus thes e are even noviter. Th e author explain s that, because of Danish pirates, in
858 it was decided to move the relics of Wandregisilus and Ansbertus64. They were taken to a villa at Bloville, near Boulogne (Dept. Pas-de-Calais) 65. Part of the Saint-Wan drille communit y wen t along . At Blovill e in 858-859 there wer e miracle s o f healing ,
especially for wome n (5b) . Then, after wha t appear s t o be a chronological hiatus , the
date 866 introduces additiona l wonders (5c ) that followed th e transfer o f the relics to
the basilica of Saint-Pierre nea r Quentovic (today' s Etaples) .
64 Defective date s are found i n the published editions , but 858, which fits othe r chronological indicators ,
is the actual reading of the earliest manuscript , Saint-Omer's B M 764.
65 The date and geographica l locatio n ar e clarified i n LO T 1913, xxi-xxxiv; and i n VAN WERVEK E 1967, 80
and 85-87.
184
John How e
The geographical contexts of these wonders are extraordinarily specific. The author
names not only major communities such as Boulogne, Saint-Quentin, and Quentovic ,
but als o smaller places so obscure that bot h th e Maurists an d the Bollandists gav e up
trying to identify them . Wandregislus an d Ansbertus ar e presented a s powerful thau maturges, more powerful tha n even locally cultivated saints such as Medard, Sebastian,
and Judoc.
c) sources:
The autho r appear s t o b e someone accompanyin g th e relics , trying t o documen t th e
power of the saint(s) in new geographical contexts. Although there are many standar d
hagiographical commonplaces , th e wor k i s characterize d b y simple , miracle-book style narrative .
d) critical discussion :
The break betwen the Miracula posteriora an d the Miracula priora is much clearer than
the AASS edition indicates. Although th e BHL editor s recognized th e distinction be tween thes e text s an d assigne d the m separat e identificatio n numbers , subsequen t
scholars hav e continued t o lum p the m togethe r o r t o divid e the m arbitrarily . There fore, before beginning to attempt to date the Miracula posteriora (BH L 8808), it is useful t o demonstrate wh y the y deserve to be treated a s a separate work :
1) In the Miracula posteriora th e scene is Bloville and Quentovic , but i n the Miracula
priora i t was Saint-Wandrille ;
2) In the Miracula posteriora, miracle s are accomplished throug h bot h Wandregisilu s
and Ansbertus , bu t i n th e Miracula priora the y wer e associate d onl y wit h Wandre gisilus;
3) In the earliest surviving manuscript, the two collections of miracula ar e clearly separate works. In Saint-Omer's B M 764, a copy unknown t o the text's Maurist and Bollandist editors, four blank lines separate BHL 8807 and 8808. Then a new title opens the
second collectio n - ITEM MIRACULA SANCTI WANDREGISILI QUAE
MODERNO TEMPORE PER EUM OPERATUS EST DOMINUS (fol. 35v). This titl e
is not found i n the Bollandist edition, which moves from on e set of miracles to the other without any chapter or column break; it appears in an abbreviated form in the Maurist edition, lacking the ITEM; i t is printed i n full onl y i n Holder-Egger's partia l edi tion.
4) The manuscript s revea l tha t originall y th e tw o collection s o f miracle s wer e sepa rately numbere d i n both th e indexe s an d th e individua l chapte r headings . The Miracula priora wer e numbere d >i-vii< ; the Miracula posteriora bega n ane w fro m >i< . This
index and numbering system was soon lost, but vestiges of it survive in the manuscrip t
tradition. The mos t helpfu l manuscrip t witnes s i s the earliest , Saint-Omer's B M 764,
fol. 33v-35, which ha s Roman numeral s >iiii-vii < still attached t o the relevant title s of
the Miracula priora an d numerals >ii-xxx< (with two corrections) attache d to the titles
of the Miracula posteriora. Simila r numbering is found i n Le Havre's Bibl. communale
332. Both of these manuscripts, it has been conjectured, ar e copies made from the same
Saint-Bertin collectio n o f Saint-Wandrill e sources . Their witnes s i s corroborated b y
what appear s t o b e a relate d branc h o f thi s manuscrip t tradition : LEVISO N 1902,
498-501, in studying the associated Visio Karoli Regis, pai d special attention t o Paris'
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
185
BNF lat . 5296 B, which h e argued o n textual ground s was closely related t o copies in
the manuscript s cite d abov e bu t nevertheles s ha d independen t authority , suggestin g
that its tradition stemmed ultimately from thei r exemplar. At first glance , this witness,
which doe s not numbe r th e miracula, appear s to contradict th e theory tha t the num bering scheme was part of the original plan. However, here one single title in the Miracula posteriora i s preceded b y th e numbe r >xvi< , placed exactl y befor e th e sectio n tha t
would hav e bee n chapte r >xvi < if th e miracles i n th e exemplar ha d bee n numbere d i n
two separate series as in the manuscripts note d above 66.
Although BH L 8807 and 8808 are two separat e works, the latter deliberately con tinues th e former . Th e firs t preface' s Multa quidem et valde stupenda miraculorum
signa... nostris dignatus estpatrare temporibus ... must have inspired the second's parallel stupenda miracula qui noviter ... est operari dignatus 67. Sinc e there ar e no obvi ous stylistic differences, ther e are no grounds for decidin g whether this is the origina l
author picking up his quill anew, decades later, or one of his younger colleagues . No r
is it absolutely clear , given the chronological brea k betwee n th e miracula o f 858-859
and thos e of 866-868, that BH L 8808 is itself th e work o f a single author. I n fact, th e
Vatican's Reg. lat. 573 offers onl y the miracles of 858-859, not the miracles of 866-868,
suggesting - although it would require a complete critical study of the authority of the
manuscripts t o help verify thi s speculation - that th e first sectio n (5 a + 5b) may hav e
circulated a s an independent work .
A terminus post quem i s provided by the latest events described, miracles worked in
868 or soon after . A n incontrovertible terminus ante quem i s provided b y the earliest
surviving manuscript, Saint-Omer's BM 764, a 10th-cent. production o f Saint-Bertin .
The terminus ante quem ca n be lowered to at least the early 10th century on the basis
of the evidence for the rapid dissemination of this material. Saint-Bertin's monks owned
the 10th-cent. collection of Saint-Wandrille hagiographical materials that is today SaintOmer's B M 764. Since it also contains material s on Winnoc, whose relics were then a t
Saint-Bertin, a s well a s other loca l materials , it i s presumably a copy o f a preexistin g
Saint-Wandrille collectio n mad e a t or fo r Saint-Bertin 68. Becaus e these documents in cluded the miracula describin g the wonders of the saints in exile, they must have come
directly or indirectly from th e Saint-Wandrille community based nearby in Boulogne.
Another early collection must have gotten even further east . The » Vita secunda« and
its attached miracula appea r to have been a source for th e Liber traditionum o f Saint Pierre au Mont-Blandin, whose earliest version has been dated to 941 69 . The mid 10th -
66 This anomaly may interest scholars concerned with the question of the origin of the Legendarium Flandrense, sinc e the sam e isolate d chapte r numbe r >xvi < entered int o it s version o f th e legend , e.g . Saint Omer's B M 716 (IV) (early 13t h cent., Clairmarais), fol. 81.
67 The sam e expressio n come s agai n late r i n th e Miracula posteriora, chap . 23: Illud autem stupendum
miraculum.
68 The influence o f Saint-Wandrille's document s on Saint-Bertin i s attested no t only by this codex but also by th e inspirationa l effec t th e Saint-Wandrill e Gesta seem s t o hav e ha d o n Saint-Bertin' s ow n mi d
10th-cent. Gesta, parallel s noted b y Oswald HOLDER-EGGER , MG H S S XIII (1881), p. 600.
69 Arnold FAYEN, Liber traditionum sancti Petri Blandiensis: Livre des donations faites à l'Abbaye de SaintPierre de Gand, depui s ses origines jusqu'au XI e siècle, avec des additions jusqu'en 1273 , Ghent 1906,
p. viii .
186
John How e
cent. Annales of Saint-Pierre contain information take n from th e Saint-Wandrille ma terials70. The original form of the Sermo de adventu SS. Wandregisili, Ansberti et Vulframni in Blandinium, writte n betwee n 945 and 950, appears to have echoed the » Vita
secunda« an d the miracula a half doze n times 71. Since all of these echoe s com e fro m
around the time of the translation o f 944 when Abbo t Gerar d o f Brogne (d . 960) and
Count Arnul f o f Flanders (918-964) took troop s int o Boulogne to claim the relics of
Wandregisilus and Ansbertus, it is not clear whether i t was the popularity o f the cul t
and it s literature tha t prompte d th e translation o r the translation tha t le d to the enthusiasm fo r the cult, bu t the excitement accompanyin g th e translation i s more understandable if the wonders associated with these relics were already widely known 72 .
How woul d th e people o f Ghent hav e acquired a n early cop y o f the Saint-Bertin
dossier of Wandregisilus ? Between 900 and 918 it would not have been hard for manuscripts t o pass fro m Saint-Berti n t o Ghent becaus e the n th e overlord o f both woul d
have been Baldwin the Bald, Count o f Flanders. A more audaciou s theor y is that the
last member s o f the Saint-Wandrille communit y ma y themselves hav e move d fro m
Boulogne to Ghent at the start of the 10th century, carrying with them their books and
relics and establishing a colony a t Saint-Pierre a u Mont-Blandin. Thes e exile s migh t
have been shifted bac k to Boulogne as a consequence of the repartitioning of Flanders
in 918, but the relics were then later claimed, or rather reclaimed, by Saint-Pierre in 944,
a theory tha t help s t o explain an d justify thei r militar y seizure 73. Whatever wa y the
miracula an d other Fontenelle hagiographie material reached Ghent, the evidence suggests that these texts had already arrived there during the first hal f of the 10t h century.
6. T r a n s l a t i o s . W a n d r e g i s i l i C a r n o t u m BH
L
et m i r a c u l a
8809 and 8809a
/. Manuscripts
Copies of the Miracula posteriora ad Carnotem urbem ar e found onl y in association
with the » Vita secunda« and its attached miracula. There is no known independent circulation. Readers are referred t o section VIII. 4 abov e for descriptions o f the follow ing manuscripts:
Saint-Omer, BM 764°° (10th cent., Saint-Bertin )
Le Havre, Bibl. communale 332 (A. 34)°° (Maius chronicon Fontanellense) (early 11th
cent., Saint-Wandrille )
70 GRIERSON 1937, xviii-xix, discusses the borrowings, which appea r in his edition from p . 4-18.
71 HUYGHEBAERT 1978, cvi-cxix, 29, 32 , 40 , 41 , 42, and 43.
72 Scholars ar e divided o n whether o r not the evidence conclusivel y support s a pre-944 circulatio n t o
Ghent: compare, for example, LAPORT E 1960,159-61, and VA N WERVEK E 1967, 91.
73 This scenario is set forth i n the unpublished Saint-Wandrill e histor y of Alexis Bréard (d. 1688), whose
volume of documentation ha s unfortunately disappeared . I t might b e supported b y some crypti c ref erences, unknown to Bréard, found i n the vita o f Gerard of Brogne (d. 960). The whole case is set fort h
in LAPORT E 1960, 142-161, who recapitulate s the arguments h e developed les s accessibly in L'Abbaye
Saint-Wandrille pendant les invasions nordiques: Histoire des reliques des saints Wandrille et Ansbert
en Flandre au Xe siècle, in: L'Abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle 3 (1953) p. 23-31 and 10 (1960)
p. 10-13 . VAN WERVEKE 1967,82-85 , attempts to rebut Laporte's arguments for the continuity of SaintWandrille personne l at Ghent, but in doing s o he highlights th e links betwee n th e two communities
based upon propert y and , after 944, upon th e possession of the relics.
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
187
Oxford, Bodleia n Lib. , Bodley 354 (12th cent., England )
Douai, BM 837 (12th cent., Anchin )
Paris, BNF lat . 5296 B°° (13th cent., Flanders )
Saint-Omer, BM 716 (IV)00 (13th cent., Clairmarais )
Brugge, Stedelijke Bibl . 404 (13th cent., Ter Doest, then Les Dunes)
Kobenhavn, Kongelig e Bibl. , Thott 133 Fol. (13th cent. , betwee n th e Sein e an d th e
Loire).
//. Editions
a) Edition o f reference : Pete r VA N DE N BOSSCHE , in : AASS Jul. V (1727), p. 289-90,
based o n manuscript s fro m Vaucelles , Ter Doest, an d Anchi n a s describe d above .
However, only Ter Doest has the epilogue found i n the AASS (chap. 55). That epilogue
is lacking in the earliest manuscript, Saint-Omer' s BM 764 (10th cent., Saint Bertin).
b) Othe r edition : MABILLON , in : AASS OSB I I (1669), p. 557-58, used a Saint-Wandrille manuscrip t tha t coul d hav e bee n Le Havre's Bibl . communale 33 2 (see VA N
WERVEKE 1967, 90) .
777. Critical examination
a) results:
The Chartres translatio o f Wandregislus an d Ansbertus wa s presumably writte n b y a
follower o r follower s o f th e exile d Saint-Wandrill e communit y the n livin g nea r
Boulogne, relatin g culti c event s tha t too k plac e i n that regio n an d a t Chartres in th e
years 885-87.
b) analytical summary :
In th e year 885 the bodies o f Wandregisilus an d Ansbertus wer e brought t o Chartres
and established in the suburban church of Saint-Chéron. For nearly three months, hospitality wa s furnishe d b y Abbo t Haimericus . Then, »becaus e o f fea r o f th e pagans« ,
the relics were brought into the city to a chapel that bishop Giselbertus had constructed
in his home. The text presents seven miracles of healing, the first si x in an abbreviate d
fashion, th e last as an extended narrative . Although th e hagiographer fail s to mentio n
a return voyag e of the saints back to Boulogne, the seventh miracl e has its final reso lution there , apparently o n 28 December i n 887 (see LO T 1913, xxxix).
c) sources:
Apparently all this material was recorded from oral testimony. The text features simple,
miracle-book style prose, with the first six miracles more like register book entries than
full narratives .
d) critical discussion :
The Chartres miracula begi n wit h a date, like som e earlie r section s o f th e precedin g
miracula. Althoug h a t leas t on e tex t an d Mabillo n presen t thi s dat e a s 895, the cor rect dat e i s surel y 885, also atteste d i n th e mss . Th e transfe r o f th e relic s withi n
Chartres' walls a t tha t tim e woul d hav e bee n par t o f th e city' s successfu l defens e
against the Vikings in 886, a siege the hagiographer(s) apparentl y found to o mundan e
to describe specifically (LO T 1913, xxxix). The text is only concerned abou t th e pow er of th e two saints . Since its account o f th e seventh miracl e end s agai n in Boulogne ,
188
John How e
the autho r seem s t o hav e bee n associate d wit h th e communit y o f Saint-Wandrill e i n
exile, which ha d move d wit h it s saints . H e claim s t o hav e bee n ordere d t o writ e b y
the community .
The question of authorship is complex. Despite the attempt to write in a form sim ilar to the earlier miracula, a change of author ca n be postulated base d on the lapse of
years; the abbreviated, almost »register« style of the first six miracles; and the new way
that th e events are consistently numbered . Moreover , th e final miracle , an account of
the healing of a pilgrim woman, fits incongruousl y wit h the first six . It is written i n a
style so extended tha t it is longer than al l the other Chartres miracula pu t together . I t
creates disjunctur e i n th e narrativ e sinc e i t someho w assume s th e movemen t o f th e
relics back to Boulogne. Worse yet, it uniquely claims (chap. 52) that the saints involved
were not just Wandregisilus and Ansbertus but also Vulframnus (AAS S Jul. V, p. 290B,
although not AASS OSB II, p. 558). The Saint-Wandrille monks in all previous source s
had consistentl y name d th e first tw o o f thes e saints , never Vulframnus. I t i s possible
that th e nam e o f Vulframnus ha s been interpolate d her e a s part o f th e llth-cent . de bate over whether Ghen t o r Saint-Wandrille possessed hi s relics, but i t would b e surprising for an interpolator to have added the name into only one miracle in the Chartres
miracula, no t throughout. I t seems more likely that the author o f the seventh miracl e
was a different perso n from th e author o f the previous six, a man who, unlike his predecessor, did includ e Vulframnu s amon g th e travelling venerabili sancti, and tha t hi s
account wa s onl y late r attache d t o th e firs t si x Chartres miracles, thu s creatin g th e
translation accoun t tha t now exists.
The autograp h o f tha t meldin g coul d b e Saint-Omer' s BM 764. Here th e sevent h
miracle is written i n a different in k from th e preceding six . When thi s scribe specifie s
(chap. 51) that Illud quoque septimum laude dignum huicpagine inserendum ..., he is
literally startin g th e tex t a t th e to p o f a new pag e tha t follow s th e firs t si x miracula
(f. 50-52). Of course , to begin to verify thi s conjecture woul d requir e further stud y of
the whole textual tradition .
The historicit y o f thi s accoun t o f th e journey o f th e relic s o f Ansbertu s an d Wan dregisilus t o Chartres is supporte d b y evidenc e o f a possible reli c transfer . A lis t o f
Saint-Wandrille relics , written befor e 960, mentions St . Caraunus th e Martyr, tha t is,
the patron of the church of Saint-Chéron where Sts.Wandregisilus an d Ansbertus ha d
allegedly been so hospitably received. Although not noted in the text, the Chartres interlude woul d hav e provide d a possibl e occasio n fo r a n exchang e o f relic s (se e
HUYGHEBAERT 1978, xxxix, xlii, and 34).
The text had to have been written after its last datable event, the healing of the pilgrim
woman o n 28 December 887. It was probably writte n n o later than the early 10t h century becaus e i t seems likely t o hav e been th e sourc e fo r wha t i s probably a mid 10th cent. note in the annals of Saint-Pierre at Ghent, which announces that in 885 Delata sunt
corpora sanctorum Wandregisili, Ansberti, Vulfranni ad urbem Carnotenam in monasterium sancti Carauni martiris (GRIERSO N 1937, 14). On th e relationshi p betwee n th e
dossier of Wandregisilus and Ghent historiography, see the discussion in section VIII.5.
above. The 10th-cent . copy in Saint-Omer's BM 764 is an incontrovertible terminus.
Omissions i n th e fragmente d narrativ e offere d b y th e miracula rais e man y ques tions. Where wa s th e Saint-Wandrill e communit y betwee n 868 and 885? What hap -
SHG VIII : Hagiography o f Saint-Wandrill e
189
pened t o the relics after 888? Did th e community eve r return t o its home monastery ?
Did i t perhap s spen d tim e a t Blangy-sur-Ternois e (Dept . Pas-de-Calais) , wher e th e
Miracula et translatio s. Berthae (BH L 1267) claim that monks with Wandregisilus and
Ansbertus too k refug e durin g th e reig n o f Charle s th e Bald 74? Did th e relics o f Ans bertus g o to Moissac 75? Di d the y g o to Saint-Germain-des-Prés76? After th e sojour n
at Chartres, did th e monk s mov e fro m Boulogn e t o Ghent ? O r di d the y remai n i n
Boulogne from 888 to 944? Did th e exiled community di e out prior t o 944? Or di d i t
have some institutional continuity at Saint-Pierre au Mont-Blandin, the monastery that
would ultimatel y recoloniz e Saint-Wandrill e i n 960? Because the relics and whateve r
remained o f the community were partible, it is possible that apparently contradictor y
scenarios could be simultaneously correct. Thus the miracula provide no coherent itinerary for the Saint-Wandrille monks in exile, only several isolated glimpses of their last
desperate years.
The account of the relics of Wandregisilus and Ansbertus at Chartres would not be
the last early medieval description of their peregrinations. HUYGHEBAER T 1978 has reconstructed the story of a lost translatio, written between 944 and 960, which described
how in 944 Count Arnulf o f Flanders and Abbot Gerar d of Brogne seized the relics at
Boulogne and brought them to Saint-Pierre. That text, however, belongs to the hagiographical traditions o f Ghen t rathe r than o f Normandy .
7. S e r m o BH
L 8810 n
/. Manuscripts
Le Havre, Bibl. communale 332°° (Maius chronicon Fontanellense )
Datation: late 10th/earl y l l t h cent . See 1.2 below.
Origin: Saint-Wandrille .
Textual coordinates: Fol. 63-77 = our text no. 7 (BHL 881 On).
Context: Par t of a large block of texts on Wandregisilus, which opens a general collection of Saint-Wandrille hagiograph y an d history .
Kobenhavn, Kongelige Bibl., Thott 133 Fol.
Datation: 13th cent. See VIII.4 above .
Provenance: Content s sugges t somewhere betwee n th e Seine and th e Loire.
Textual coordinates: P. 212-20, = our text no. 7 (BHL 881 On).
Context: Her e foun d appende d t o th e »Vita secunda« an d al l th e Saint-Wandrill e
miracula, p . 181-212 (BHL 8805, 8807-09). Part o f a legendary, writte n i n a singl e
hand, covering the months o f June, July, and August .
//. Edition
This text as it appears i n the dossier o f Wandregisilus remain s unedited becaus e it reproduces »almost to the letter« a sermon written by Milo of Saint-Amand (d. 871/872)
for Amandu s o f Maastricht (BH L 341b) , ed. KRUSC H 1910, 459-70.
74 AASS Jul. II, p. 55A.
75 MUSSIGBROD (a s n . 20) p. 282-84.
76 Jacques DUBOIS , Le Martyrolog e cTUsuard. Texte e t commentaire , Brussels 1965, p. 31-32 (Subsidi a
hagiographica, 40).
190
John How e
777. Critical examination
This cumbersome sermon was adapted for use in the cult of Wandregisilus at some time
between it s compositio n i n th e mi d 9t h centur y an d it s appearanc e i n a n llth-cent .
Saint-Wandrille copy. Presumably it was added to his dossier during the years after 858
when th e communit y wa s i n exile . A 14th-cent . Saint-Wandrill e liturgica l boo k sug gests that a t that tim e it was actually rea d o n th e saint's feast (LAPORT E 1937-38, 194
and 22-23). Nevertheless, a detaile d analysi s woul d b e mor e relevan t t o a stud y o f
Saint-Amand's hagiography .
CONCLUSION
On the basis of what remains, it is clear that the early medieval hagiographical produc tion of Saint-Wandrille was impressive. What is known, however, is only the fragmen tary sample that survived th e destructive arrival s of th e Carolingians, the Vikings, and
the moder n era . Abou t a third o f th e narrativ e hagiographica l text s discusse d i n thi s
study n o longer survive . It i s probable tha t man y mor e les s favored text s disappeare d
without leaving any traces of their existence. Yet some general observations are possible.
The hagiographica l recor d o f Saint-Wandrill e i n the early middl e age s does not fi t
widely accepted stereotypes . The house apparently reache d its economic apogee back
in the days of Merovingian Neustria. Although so few actual Merovingian manuscript s
survive that much has to be inferred, th e hagiographical remain s suggest considerabl e
activity an d creativit y durin g th e earl y eight h century , a n er a commonl y viewe d b y
Carolingian writers and subsequent historians as an age of ecclesiastical decadence and
torpor. Wandregisilus certainl y receive d a Merovingian vita; Ansbertu s an d Vulfram nus almost certainly did. All three received lavish cultic honors. Other loca l saints too
could wel l hav e been celebrate d wit h text s i n a world wher e memor y wa s so impor tant that the monks dotte d th e land with crosse s to mark the sites of miracles 77.
Here it was the conquering Austrasians who were the barbarians. The author of the
Gesta observe s archl y abou t th e thir d i n a ro w o f exploitativ e Carolingia n com mendatory abbot s tha t h e was »a s ignorant o f letter s a s his predecessors« {Gesta viii
[1], ed. PRADIÉ 1999 , 96-97). Most of the monastery's lande d property wa s lost. Yet it
would b e under th e Carolingians tha t the monks o f Saint-Wandrille would hav e their
greatest era of hagiographical scholarship . All the known earlie r vitae wer e rewritten ,
some on mor e tha n on e occasion . Not onl y wer e hymns, poems, and othe r auxiliar y
texts created for Wandregisilus, Ansbertus, and Vulframnus, the three traditional great
patrons, but also vitae wer e written for Condedus, Erembertus, Lantbertus, and Waltfridus. Saint-Wandrill e ha d s o man y book s tha t i t buil t separat e librar y an d archiv e
buildings78. One triumph was the Gesta abbatum Fontanellensium, th e »oldest Western monastic history«. Another, whose creativity has been less noted b y scholars, was
77 Vita Ansberti, chap . 34; ed. LEVISO N 1910, 639; Miracula posteriora s. Wandregisili, chap . 11; ed. AASS
Jul. V (1727), 283D.
78 Gesta xiii (4 and 5), ed. PRADIÉ 1999 , 164-169.
S H G VIII : H a g i o g r a p h y o f Saint-Wandrill e
191
the » Vita secunda« o f Wandregisilus, which incorporated Gesta material , cross-refer enced Saint-Wandrille hagiography , and attempted t o make its contents mor e accessible throug h a series o f indexes , correspondin g titles , an d enumerate d chapters . Th e
monks o f Saint-Wandrill e ma y als o have pioneered i n the development o f illustrate d
cultic volumes (multi-media libelli), as is suggested by the surviving illustrations sew n
into Saint-Omer BM 764, by those copied int o Le Havre's Bibl . communale 332 , and
by the cryptic reference to a libellus for Childemarca given by the author of BHL 8805.
Emblematic o f this hagiographical Renaissanc e i s the picture of Ansbertus copie d in to th e Le Havre's Maius chronicon, whic h show s th e sain t bein g offere d a whole armarium o f books .
The above description o f a hagiographical »Renaissance « a t Saint-Wandrille i n the
late 8th/early 9t h centur y conflict s wit h th e conclusions o f LIFSHIT Z 1995, esp. p. 95,
who sees activity during this period as largely limited to the writing of the Vita Condedi. She attains this different resul t by backdating man y surviving texts and by not an alyzing the literary evidenc e for vitae tha t no longer survive . LIFSHIT Z 1995 advances
knowledge b y emphasizin g th e Merovingia n origin s o f man y cult s an d th e rol e tha t
crises ofte n playe d i n generatin g hagiography . Nevertheless , th e evidenc e presente d
here tends t o support th e more traditional vie w that th e early 9th century wa s a time
of relatively intense literary activity at Saint-Wandrille 79.
The fate o f this »Renaissance « suggest s that the current tendenc y t o downplay th e
destructiveness of the Viking invasions should not, at least in the hagiographical realm,
be carried too far. The Normans destroyed th e archival records that were the basis fo r
the monastery's program of hagiographical and ultimately even historiographical writ ing. The loss was absolutely irremediabl e becaus e similar destruction befel l th e relat ed archives of Rouen an d Jumièges. The monk s were able to survive for a time by retreating to their outlyin g estates , by travelling with Wandregisilus an d Ansbertus , b y
exploiting their saints and their eastern possessions, especially those nearer to the walls
of Saint-Omer and Quentovic, closer to the better governed realm of the count of Flanders. As the Miracula posteriora, th e Chartres miracles, and perhap s som e o f th e less
securely dated minor texts show, the exiled monks continued t o attempt to glorify th e
relics that gav e their community meanin g and money . Yet these last miracula lac k the
literary allusion s an d archiva l depth tha t ha d characterized earlie r efforts. The n ther e
is silence. Although it is possible that some Saint-Wandrille refugees a t Ghent gave token institutional continuit y t o the Saint-Pierre contingent tha t refounded Saint-Wan drille aroun d 960, there canno t hav e been muc h practica l continuit y (VA N WERVEK E
1967, 82-87) . The attemp t t o recove r eve n part o f th e monastery' s forme r propertie s
from th e dukes of Normandy an d th e counts of Flanders would prov e to be long and
laborious80. Institutional memor y o f earlier glories was limited t o the preserved text s
elegantly copie d int o th e Maius chronicon. Becaus e Wandregisilus an d Ansbertu s re -
79 For example , R o s a m o n d M C K I T T E R I C K , T h e Carolingian s an d th e Writte n Word , C a m b r i d g e 1989,
p. 173-75.
80 L A P O R T E 1960, 153-15 7 and 162-64; V A N W E R V E K E 1967, 83-87 ; L . M U S S E T , M o n a c h i s m e d ' é p o q u e
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192
John How e
mained in Ghent, the restored Saint-Wandrille lacked the physical supporting presence
of its greatest spiritual patrons. Not unti l well after th e turn o f the millennium woul d
the monastery begi n to recover 81.
81 For tha t later history, which centere d t o some extent o n th e revival of the cult of Vulframnus, se e VAN
HOUTS 1989, 233-45 .
Sources hagiographiques d e la Gaule
IX
JOSEPH-CLAUDE POULI N
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CASSARD 198 7
CASSARD 199 3
CASTEL1991
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Le
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RAISON d u CLEUZIO U 196 5
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S H G IX : Les saints Lunaire e t Pau l Aurélie n
T A N G U Y 198
6
T A N G U Y 198
8
T A N G U Y 199
1
T A N G U Y 199
4
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7
T A N G U Y 1997 a
V A N D E R S T R A E T E N 198 2
V A R I N 198
3
197
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LENOUERIUS / LEONORIUS
Lenouerius/Leonorius (fr . Leonor , Lunaire)
VIe siècl e (?)
évêque et confesseur e n Bretagne (dioc. d'Alet )
Dossier
Vita prima mutilata ( 5 chapitres)1: BH
L vaca t
Inc.: /hominu m refeci t except o parvulorum numér o et mulierum .
Des.: Ho c proinde exercebantu r studi o donec ad inte/
Vita secunda (3 0 chapitres): BH
L 488 0
Inc.: Pos t passionem e t crucem e t resurrectionem D N I C .. .
Temporibus igitu r Gilleberti Britonum regis
Des.: E t nos sine dubio mod o scimu s quod ille intercessor erit pro nobi s
ad Dominum cu i est honor ... Amen .
L vaca t
3. ;1'Vita tertia: BH
3a. "Préface.
3b. *Vita.
4. Vita quarta (1 6 chapitres): BH
L 488 1
Inc.: Fui t vir quidam i n Britanniae partibus nobilissimus , nomine Hoeloc
Des.: honore m paternu m sin e effusione sanguinis, recipere meruit integrum .
1 Numéroté
s d e 7 à 1 1 dans l'éditio n d e référence .
198
Joseph-Claude Pouli n
Bibliographie spécial e
2 = LAPIDGE/SHARP E 1985 , n ° 92 9
DUVAL 1978 , LAI R 1874 , MERDRIGNA C 1990a , MERDRIGNAC 1991 , MERDRIGNA C 1992 ,
OHEIX 1911 , VA N DE R STRAETE N 1982 .
1. V i t a p r i m a m u t i l a t a s . L e n o u e r i i BH
L vacat
/. Manuscrit
Orléans, BM 343 (291)°°
Datation: IX e s.: Bernhard Bischoff , dan s des note s manuscrite s laissée s à la BM lor s
de so n passag e à Orléans e n sept . 1959 ; VAN DE R STRAETE N 1982 , 74; Cat. mss latin s
datés VII, p. 571 ; MERDRIGNA C 1991 , 6 // X e s.: CUISSARD , Inventair e de s manuscrit s
de la bibliothèque d'Orléans, fonds d e Fleury, Orléans 1885 , p. 188, suivant en cela A.
SEPTIER, Manuscrit s d e la bibliothèque d'Orléans , Orléan s 1820 , p. 168.
Origine: Bretagne: VAN DE R STRAETEN 1982 , 74 // Fleury (?) : Cat. mss latins datés VII,
p. 571.
Provenance: Fleury-sur-Loire , dont l'ex-libri s modern e s e lit au bas de la page 3.
Coordonnées du texte: P . 95-110 (soi t u n quaternion) = fragment d e l a Vie de s . Lu naire à compter d e / hominum refecit (chap. 7) jusqu'à donee ad inte I (chap. 11).
Contexte: Deuxièm e partie d'un recuei l factice de petit format (17, 6 cm x 13,8 cm), par
plusieurs main s différentes. L a première partie, du IXe siècle, est une section éditoria le homogène de six quaternions numérotés. Aux pages 95-110, l'espace inscrit est plus
petit, en hauteur et en largeur, que ce qui précède; l'interligne es t légèrement plu s resserré, pour 1 8 lignes par page au lieu de 21. I l ne s'ensuit don c pas nécessairement qu e
le septième quaternion, non numérot é e t consacré à Lunaire, date lu i auss i d u IXe s. ,
comme l'ont pensé les derniers éditeurs, après d'autres. En l'absence d'une analys e codicologique serrée, il est impossible d'utiliser un tel argument pour remonter au IXe s.
la date d e composition d e l a vita1. À défau t d e connaître le s indices paléographique s
(indéterminés) fourni s pa r Gwenaë l L e Duc pou r lu i attribue r un e origin e bretonn e
(MERDRIGNAC 1991,1 4 n . 36), il faudra attendr e les résultats d'une enquêt e minutieu se; i l est en effet notoir e que les manuscrits produits par le scriptorium de Fleury entr e
la fin d u VIII e s. et le début d u XI e sont difficiles à dater avec précision3. L'étud e à entreprendre devrai t cherche r à préciser le s lieu et date de fabrication d e cet exemplair e
en tenan t compt e notammen t de s élément s suivants . C e passag e d u text e a été copi é
par au moins deux scribes différents, ave c un brusque changement d e main en passant
de la p. 10 5 à la p. 106 . Les deux copiste s suiven t u n modèl e o ù l e nom d u sain t étai t
sans dout e écri t e n capitale s rustique s à chacune d e se s occurrence s e t il s respecten t
cette disposition; mais le premier écrit la lettre E en trois coups de plume, le second e n
quatre. Le premier scribe est le seul à utiliser (de façon u n peu curieuse) aux chap. 7, 8
2 Objection s fondée s d e Caroline BRETT relativement à la déficience général e de l'étud e de s manuscrits ,
dans sa recension de MERDRIGNA C 1991 : Cambridge Medieval Celti c Studies 28 (1994) p. 98.
3 Anita GUERREAU-JALABERT, Abbo n d e Fleury. Questions grammaticales . Texte établi, traduit e t com menté, Paris 1982 , p. 15 3 (Auteurs latin s du moye n âge , 2). Un exame n préliminair e d e la page 95 reproduite par les derniers éditeurs a conduit M.Jea n Vezin à songer à une origine de Fleury vers Tan mil
(communication personnell e du 9 juin 1992) .
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
199
et 9 une ligature CT au graphisme original qu'il conviendrait de replacer dans l'histoi re de l'écriture d e l'époque 4. Chacu n de s deux copistes utilise couramment l' E cédill e
(non représent é dan s l'édition) , mai s chacun à sa manière: en forme d e 3 pour l e premier, en forme d'hameçon pour le second. Une recherche élargie permettrait sans doute
de localiser de telles pratiques. Le scriptorium de Fleury a effectué dè s le milieu du Xe
s. »un retour volontaire à l'archaïsme du IXe siècle« 5 qui pourrait donner à sa production une allure plus ancienne qu'il ne convient de lui accorder; puis l'écriture d e Fleury devint à son tour obje t d'imitatio n (MOSTER T 1989 , 24)... I l y a peut-être quelqu e
chose à tirer du fait qu e la règle de Gregory est respectée dans ce quaternion 6 .
En attendan t le s résultat s d'un e tell e étude , nou s considéron s qu e cett e épav e es t
d'origine orléanais e et date des environs de l'an mil . Le texte est copié rigoureusemen t
à la suite, sans division en leçons. Ce n'est pas son contenu qu i a mérité à ce passage de
la Vie de Lunaire d'avoir ét é copié séparément; le hasard d'un e successio n d'accident s
matériels a seulement rédui t l'œuvr e à une seule entité physique, un quaternion isolé.
Fac-similé: p . 95 : MERDRIGNAC 1991 , 180 te r (agrandissemen t à lV^foi s d e l a di mension d e l'original) .
77. Edition
Édition princeps d'aprè s l e manuscrit uniqu e par MERDRIGNA C 1991 , 181-185.
777. Examen critique
a) résultats:
Vie rédigée par un écrivain breton vers la fin du Xe siècle, peut-être à Fleury-sur-Loire.
b) résumé analytique :
Ce passage de la Vie de Lunaire raconte son périple depuis sa migration maritim e jusqu'à la découverte du domaine destiné à être mis en culture avec l'aide de 12 cerfs. Pour
un résumé complet d e sa vie, cf. l a vita IIa.
4 Nou s n'avon s rie n trouvé d'approchant dan s les dessins des tableaux récapitulatifs publié s par exempl e
par Jea n DUFOUR , L a bibliothèqu e e t l e scriptorium de Moissac , Genève , Pari s 1972 , p . 5 6 (EPHE ,
Hautes étude s médiévales et modernes, 15) ; ou Monique-Cécile GARAND , Copistes de Cluny a u temps
de saint Maieul (948-994), dans: BEC 13 6 (1978), tableau synoptiqu e des ligatures, face à la p. 34. La ligature CT était caractéristique des manuscrits de Fleury au XI e s., selon A. GUERREAU-JALABERT, Abbo n
(ut adn. 3) p. 200. MOSTERT 1989,27 . Mais peut-être s'agit-il ic i d'une intrusion de l'écriture des chartes.
5 Claud e SIBERTIN-BLANC, Peiresc , Saint-Benoît-sur-Loire e t les Laudes crucis de Raban Maur. Le manuscrit n° 145 d e la Bibliothèque d'Orléans, dans: Recueil de travaux offert à M. Clovi s Brunei, Paris 1955, t . II,
p. 54 7 n. 1 (d'après la thèse inédite de Frederik M. CAREY, De scriptura Floriacensi, Harvard 1923 ; résum é
paru dans: Harvard Studies in Classical Philology 34 [1923] p. 193-195). MOSTERT 1989,2 3 et 26. Un tel
goût pour des prétentions graphiques néo-carolingiennes s'est encore manifesté à Angers au début du XI e
s.: cf. Jean VEZIN , Le s »scriptoria « d'Anger s a u XI e siècle , Paris 1974 , p. 87-91 , 127s . et se s référence s
(BEHE, IVe section, 322). ID., La vie intellectuelle en Anjou pendan t le XI e siècle, dans: La littérature angevine médiévale (colloque Angers 1980 ) (dir. G. CESBRON), Angers 1981 , p . 21. O u encor e à St-Bertin et
St-Omer autou r de l'an mil : André WILMART , Le s livres de l'abbé Odbert, dans: Société des Antiquaire s
de la Morinie. Bulletin historique , XIV:265 (1924) p. 182-183 . Et dernièrement Hartmu t ATSM A et Jean
VEZIN, Cluny et Tours au Xe siècle. Aspects diplomatiques, paléographiques et hagiographiques, dans: Die
Cluniazenser in ihrem politisch-sozialen Umfeld (éd . G. CONSTABLE et alii), Munster 1998 , p . 129.
6 M.-Th . VERNET, Notes de Dom André Wilmart sur quelques manuscrits anciens de la Bibliothèque na tionale de Paris - 2 , dans: Bulletin d'information d e 1TRHT 6 (1957) p. 9.
200
Joseph-Claude Pouli n
c) sources :
U n exame n méthodiqu e de s sources identifiée s fai t parti e de l'examen critiqu e de la vita IIa; i l suffit pou r l'instan t d e savoir qu e le segment conserv é d e la vita Ia possèd e
deux citation s biblique s d e plus qu e ce qui se trouve dan s l a vita IIa (cf . l'Annexe A) .
d) discussio n critique :
Le no m du saint s'écri t uniformémen t Lenoueriu s tou t a u long d e ce témoin. L'exa men détaill é de s rapport s qu i unissent le s vitae I a e t IIa es t reporté à l'examen d e l a
deuxième version . Mêm e e n tenant compt e d e la capacité d'u n auteu r médiéva l à rectifier o u compléter d e mémoire u n texte familie r qu'i l trouv e dan s so n modèle, l'im pression dominant e qu i se dégage pench e e n faveur d'un e dépendanc e d e la vita secunda vis-à-vi s d e la prima plutô t qu e l'inverse. L'hypothès e d ' u n ancêtre c o m m u n
dont chacun e dépendrait séparémen t n'es t pas nécessaire p o ur explique r le s écarts, une
fois reconnu e l a démarche d e reformulation e t de raccourcissement méthodiqu e qui
caractérise l a deuxième version .
VAN DE R STRAETE N 1982 , 20 voit dan s l e manuscrit d'Orléan s »u n autre vestig e des
relations d e Fleury ave c la Bretagne«. À notre connaissance , l e vif intérêt port é au x
saints breton s pa r cet établissement monastiqu e remont e à l'exode massi f d u X e siècle,
mais pas avant. Puisque l e manuscrit uniqu e sembl e venir de Fleury autou r d e l'an mil,
il est bien possibl e qu e nous ayon s affair e ic i à une composition rédigé e pa r un moine
breton exil é à Fleury, dan s la deuxième moiti é du X e siècle; il travaillait dan s un centre
qui disposai t de s deux première s Vie s en prose d e s. Samson, ce qui peut auss i conve nir à Fleury aprè s 930.
2. V i t a s e c u n d a s . L e o n o r i i B H
L 488 0
Cette Vi e est probablemen t postérieur e à l'an mil ; mais so n étude es t indispensable à
une meilleur e connaissanc e d e la vita Ia.
I. Manuscrits
Paris, B NF lat. 5317 (Regius C. 4178)°°
Datation:
X I I e s. : F L E U R I O T 1980 , 280 ; L A P I D G E / S H A R P E 1985 , 254; A n n e B O N D E E L -
LE-SOUCHIER, Bibliothèques cistercienne s dans la France médiévale. Répertoire des abbayes d'hommes, Pari s 1991 , p. 44 // XIII e s.: Etienne DEVILLE , Les manuscrits de l'an cienne bibliothèqu e d e l'abbaye d e Bonport, dans : Revue de s bibliothèques 1 9 (1909)
p. 18 2 / / X I V e s. : Cat. Paris. II, p . 122 ; D U I N E 1918 , 9 6 / / m e d X I V e s. : M E R D R I G N A C
1991, 9 . Le XIII e siècl e nou s paraî t un e date acceptable .
Origine et provenance: Abbay e cistercienn e d e N . - D. d e Bonport (fondé e e n 1190 au
dioc. d'Évreux) . U n ex-libris d e cet établissement es t daté d u XIII e s . par A. B O N DEELLE-SOUCHIER, op. cit., p. 41. Ce recueil fu t acheté pa r le roi à Jacques Mente l en
1669-70 (É . D E V I L L E , M SS de B o n p o r t , 182 ; D O L B E AU 1979,202 ; A. B O N D E E L L E - S O U CHIER, o p . cit. , p . 43) .
Coordonnées du texte: Fol . 67-79 v = B HL 4880 au complet; une lacune, probablemen t
brève, à la fin du chap. 12.
Contexte: Rassemblemen t d e trois manuscrit s distincts , tous troi s porteur s d ' u n ex-libris ancie n d e Bonport. L a première sectio n (fol . 1-16 V) est entièrement consacré e à
des texte s hagiographique s relatif s à s. Silvain et s. Eusice. L a deuxième section , d'un e
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélien
201
écriture différente, es t constituée d e quaternions réguliers, numérotés jusqu'a u fol . 72 v ;
seul l e dernier cahie r (fol . 89-95 v ) a perdu so n dernier feuillet , attest é pa r un talon. Le
seul texte hagiographique d e cette section es t consacré à s. Lunaire, au milieu d'oeuvre s
de s . Augustin e t d'Hugues d e St-Victor. L a troisième sectio n (fol . 96-266 ) rassembl e
des sermon s d e Guerric d'Ign y e t de Gilbert d e Hoyland. Le s première e t deuxièm e
sections d u manuscrit contiennen t toute s deu x l a même additio n »iHc « dan s l a marge
de têt e d u verso d e leur dernie r feuille t respectif . Tou t a u long d e ce recueil, le s textes
sont copié s à la suite le s uns des autres, san s interruption ; dan s l a partie médian e qui
nous intéresse , noton s toutefoi s u n changement d e main a u fol. 75 .
Le text e d e la Vita s. Leonorii es t divisé d e première mai n e n douze leçons , beau coup tro p longue s pou r servi r de lecture à l'office; chacun e commenc e pa r un e initial e
ornée, rehaussé e alternativemen t d e vert e t de rouge. Seule s le s leçons X a e t XIa pos sèdent c e chiffre écri t e n couleur dan s l e texte, ains i qu'u n chiffr e d'attent e e n marge,
à côté de la lettre d'attent e d e l'initiale orné e correspondante ; e n tête de la leçon XIIa,
un chiffr e d'attent e e n marge, mai s pa s de report e n couleur dan s l e texte. La présence
de doxologies fourni t u n autre signa l du découpage e n leçons; les doxologies n e se son t
maintenues ic i qu'à parti r d e la leçon VI (celle de la leçon VIII manque aussi 7 ). Le copiste d u XIII e siècl e n' a donc conserv é qu e très partiellemen t l e découpage e n 1 2 le çons qu i se trouvait dan s so n modèle o u son ancêtre.
Fac-similé: fol . 67 : M E R D R I G N A C 1991 , 13 4 ter .
Paris, Bibliothèque Ste-Genevièv e 128 9 (oli m D L. 39, recentius B B L in-4°, 39)° °
Datation: XIII e s. : O H E I X 1911,15 4 / / XIII e /XIV e s. : C. K O H L E R , Cat . mss Ste-Gene viève I, p. 599; Madeleine BERNARD , Répertoir e d e manuscrits médiévau x contenan t
des notation s musicales . I- Bibliothèque Sainte-Genevièv e - Paris , Pari s 1965 , p. 7 5 //
XIV e s. : D U I N E 1918 , 96 .
Provenance: Ste-Genevièv e de Paris, dont i l porte deu x ex-libris daté s de 1753 (aux fol .
1 et 22). Peut-être en provenance d'u n établissemen t breton : C. K O H L E R, Cat. mss Ste Geneviève, p . LXIVs. e t 1:2, p. 598; M E R D R I G N AC 1991,12s . et 1992,300s . O H E I X 1911 ,
155 risqu e mêm e la suggestion d'un e origin e trécoroise .
Coordonnées du texte: Fol . 10-50 v = copie mutilé e e t perturbée d e B HL 4880 . O u t r e
l'excision d e plusieurs initiale s ornées , avan t mêm e l'établissemen t d u catalogu e d e
Kohler e t de la foliotation actuelle , c e ms. a eu à souffrir plusieur s perte s matérielles ,
notamment à son début . Affecten t directemen t l a Vie de Lunaire: entr e le fol. 9 V et 10:
la perte du premier feuille t d u cahier E , contenant le s chap. 1-2 jusqu'à [mu]/nera deferebat II entr e le s fol. 19 v et 20: la perte d u bifolium centra l d u cahier F , à partir du
milieu d u chap. 10 (deprecatus est Dominum /) jusqu'a u milie u d u chap. 11 (/ occiderant. Sanctus vero L.).
Enfin, c e témoin possèd e e n propre un e phras e supplémentair e pa r rapport a u ms.
de Bonport ; ell e s'ajout e à la fin du chap. 7 (fol. 14 v) et contient un e citatio n d e Le 12 ,
35. Inversement, i l a perdu un e phras e au chap. 13, par suit e d'un sau t du même au même (MERDRIGNA C 1991,174 , ligne s 353-355) .
7 Selo n ce système, la fin mutilée du chap. 12 (prestante et opérante/) n e constituerait pas l e vestige d'une
césure entre deux leçons; il est d'ailleurs remarquable que ce s trois mots manquent à cet endroit du texte dans le ms. de Ste-Geneviève (fol. 21 v) présenté ci-après.
202
Joseph-Claude Pouli n
Après la phrase originale ajoutée à la fin du chap. 7, le copiste, écrivant rigoureuse ment à la suite, saute directement à la dernière phrase du chap. 108, puis enchaîne aussitôt le chap. 11, ce qui suppose la chute d'au moin s un feuillet dans son modèle ou son
ancêtre.
Contexte: C e petit manuscri t homogèn e devai t êtr e composé , à l'origine, d e 16 quaternions numérotés par des lettres et généralement lié s par des réclames (il reste dix de
ces dernières). La Vie de Lunaire est précédée d'un office not é en l'honneur d u même
saint9, et suivie d'une mess e en son honneur, pui s d'une Vi e et d'une mess e de s. Cunual, ce qui fait dir e à C. Kohler qu e ce ms. fut »écri t probablemen t pou r un e église
bretonne« (p . 598) . En tout cas , les dossiers de Lunaire et de Cunual étaien t destiné s
dès l'origine à être liés, car le fol. 1 débute, de première main, par la rubrique: Officium
in vigilia beati Leonorii et similiter beau Cunuali confessoris. Le texte de la Vita s. Leonorii fut plus tard découpé en leçons; une lectio tertia rubriquée par une main plus tardive au début du chap. 3 en témoigne encore; mais ce découpage ne coïncide pas avec
celui du ms. de Bonport, d'où la présence de doxologies placées à des endroits parfoi s
différents. C e manuscrit a pu être copié pour une église qui possédait le corps du saint,
si l'on en croit une allusion au début de la prose de la messe propre de Lunaire: Plene
laudent hii qui gaudent secum vere permanere sancti corpus proprium (fol . 53 v-54)10.
Les leçon s propre s à ce témoin on t été publiées pa r MERDRIGNAC 1991 , 171-179,
d'après un relevé quasi exhaustif d e M. Hubert Guillotel . Ce ms. appartient à la famille du ms. de Bonport et non à celle d'Orléans; mais il n'en dépend pas directement, car
il lui arrive d'être plu s proche de la source, dans les passages emprunté s à la Vie de s.
Samson. Ainsi, au chap. 4, le ms. de Ste-Geneviève connaî t l e verbe mansit de la Vita
Ia s. Samsonis 113, alors que le ms. de Bonport donne inhesit; au chap. 27, le ms. de SteGeneviève est conforme à la Vita IIa s. Samsonis II 2 en ne mettant pas le mot hominibus qu'ajout e l e ms. de Bonport; a u chap. 29, l e ms. de Ste-Geneviève port e exactor
comme la Vita IIa s. Samsonis II26, et non exauctor comm e le ms. de Bonport. Malgr é
ses lacune s e t inversions, ce témoin devr a don c êtr e préfér é su r certains point s pou r
servir à l'élaboration d'un e éditio n critique de la deuxième Vie de Lunaire.
Paris, Bibliothèque Mazarine 399 (248)°°
Datation: inXIV e s.: A. MOLINIER , Cat. Mazarine I, p. 153.
Provenance: St-Magloir e de Paris (ibid., p. 150) .
Coordonnées du texte: Fol. 86-89v = les neuf premiers chapitres de BHL 4880, jusqu'à:
laudabilis et gloriosus et superexaltatus in secula.
Contexte: Légendie r per circulum anni d e St-Magloire de Paris. Le texte est divisé de
première main en huit leçons; une main plus tardive a ensuite redécoupé les quatre premières leçon s en huit leçon s plu s brèves ; ni l'un ni l'autre d e ces découpages n e correspond exactemen t à celui des deux autre s mss . Ce témoin a été ignoré des dernier s
éditeurs.
8 Cett
9E
e phras e n'es t don c pa s une interpolation, comm e l e donne à penser l a présentation d e MERDRI -
GNAC 1991,172 .
t peut-être aussi d'un autre saint breton: missa beati Truetali - Tutgual ? Doutes sur cette équivalenc e
chez OHEI X 1911 , 154s .
10 OHEI X 1911 , 156, sur une suggestion de Duine; édition par MERDRIGNAC 1991 , 186 .
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
203
//. Éditions
Les deux édition s existantes , celle de Charles D e SMEDT , Cat. Paris. II, p. 153-17 3 et
celle de MERDRIGNA C 1991 , 138-160, ont ét é établies d'aprè s l e seul manuscri t com plet, Paris, BNF lat . 5317. La seconde édition corrige quelques menues erreurs de lecture de l a première e t e n ajout e quelque s autres ; la lecture des derniers éditeur s a été
perturbée pa r la mauvaise interprétation d'u n tro u dan s le parchemin a u fol. 7 0 et par
l'apparition fugac e d e la numérotation de s leçons. Aucun des éditeurs n'a tenu comp te de la division médiévale en 12 leçons, ce qui a entraîné une coupure mal placée après
la fin d e la leçon VI (chap. 13).
Traduction e n français: MERDRIGNA C 1991 , 138*-160*.
77/. Examen critique
a) résultats:
Remaniement d e l a vita Ia, effectu é a u XI e siècle , peut-être pou r l e prieuré d e Beau mont-sur-Oise (dioc . de Beauvais).
b) résumé analytique :
Sous l e règne d u ro i de s Breton s Gilber t (Childebert) , Lunair e es t n é dans l a famill e
noble et catholique de Beteloc et Aima au Pays de Galles (Demetiana); des l'âge de cinq
ans, il est confié au très savant Iltut pour son éducation. Il devient évêque à quinze ans,
puis reçoit l'instruction divin e de franchir l a mer pour évangéliser les païens. Il traverse la Manche avec 72 disciples et entreprend un défrichement ave c l'aide de 12 cerfs domestiqués pour l a circonstance.
Appelé par le roi Gilbert, il guérit deux aveugles au passage de la Rance à la villa de
Moitruc, pui s un paralytique à la porte du palais royal; mais il punit auss i un garde arrogant, dont les parents veulent ensuite assassiner le saint. Le couple royal plaide en sa
faveur e t octroie au saint des biens fonciers considérable s pour son monastère en Bretagne. L e fautif n e sera guér i qu e s'i l accompagn e l e saint e n béquille s jusqu'e n Bre tagne. Le traitement de la possession diabolique d'un nobl e et de sa fille se dénoue aussi par une cession foncière importante .
Punition d e colons qui contestent la cession foncière d u roi au saint; le domaine est
délimité par l e parcours magiqu e d'un e pierre . Guérison d e trois lépreu x e t punitio n
d'un simulateur , qui ne sera guéri que par un pèlerinage dans toute l a Bretagne. Allumage miraculeux d e cierges éteints. Sauvetage du prince breton Judual, héritier légiti me de Riwal, menacé de dépossession pa r l e puissant Conomor . Protég é par Lunaire ,
Judual s e réfugie auprè s du ro i Gilbert , puis revien t récupére r so n royaum e à la mor t
de Conomor. Décè s de Lunaire et sépulture dans un monastère .
c) sources:
La faible considération dont a joui jusqu'à présent la Vie de Lunaire dans le corpus de l'hagiographie bretonne explique le retard pris dans l'étude de ses sources d'inspiration. L a
présentation établie par les derniers éditeurs (MERDRIGNA C 1991,27-43 ) constituait jusqu'à présent la meilleure mise au point méthodique. La source principale de la vita IIa es t
assurément la vita Ia, dans des conditions qui seront examinées au cours de la discussion
critique; mais scruter le s sources d u remaniemen t perme t auss i de mieux connaîtr e le s
sources de la version primitive, malgré le caractère fragmentaire de ce qui nous en reste.
204
Joseph-Claude Pouli n
L'abondance de s citations et réminiscences bibliques, souvent signalées par une insérende, attire tou t d'abor d l'attentio n (cf . tablea u e n Annexe A) ; une soixantaine d e
passages sont concernés, avec une place éminente accordée au psautier pou r l'Ancie n
Testament, et à s. Matthieu pou r l e Nouveau 11 .
Une place de premier plan est également occupée par le dossier de s. Samson, comme
l'a déjà signalé DUINE 1918 , 96. Les derniers éditeurs ont relevé plusieurs passages (parfois de s bloc s entiers ) emprunté s au x deu x première s Vie s de Samson pour garni r le s
chap. 3,4,27,29 et 30 de la Vie de Lunaire. Les rapprochements à faire avec Samson peuvent être poussés plus loin encore, à notre avis, notamment sur les points suivants (les références précises sont regroupées en Annexe A): chap. 5 et 8: Samson a pu servir d'intermédiaire pou r fourni r un e citatio n d e s . Matthieu (a u momen t d e recevoi r l'ordr e d e
migrer outre-mer) et une autre de la Règle bénédictine; dans l'un et l'autre cas, la citation
visée n e s e trouv e qu e dan s l a deuxièm e Vi e d e Samson // chap. 8: comme Samson,
Lunaire se sépare de ses frères pou r se retirer in secretiori loco // chap. 17: l'imitation d e
l'épisode samsonien de la tentative d'empoisonnement commencé e au chap. 16 se poursuit a u chap. 17 (miracles e n faveur d e l'assassi n e n présence d u ro i e t d e sa cour); cet
emprunt suffirait à expliquer la présence ici de Grégoire le Grand, Dial., II 3 (ainsi chez
MERDRIGNAC 1991,34-3 6 et 165) // chap. 25: les deux saints jouent de la stérilité et de la
fertilité pour amener des récalcitrants à résipiscence en trois ans // chap. 28: après le chap.
27, copié mot à mot chez Samson, le chap. 28 enchaîne aussitôt, comme chez Samson, sur
l'intervention d u sain t e n faveu r d u princ e Judual, réfugi é e n Franci e auprè s d u ro i
Childebert pour fuir les menaces de Conomor. Le père de Judual s'appelle Rigaldus dans
la Vita s. Leonorii e t Jonas (fils de Riada) dans la Vita IIa s. Samsonis; le roi de Franci e
s'appelle Gilebertus dans la V Leonorii et Hilbertus dans les Vies de Samson. Pour obtenir un tel résultat, l'hagiographe de Lunaire a dû disposer des Vitae Ia et IIa s. Samsonis;
l'hypothèse de MERDRIGNAC 1991,41 nous paraît moins satisfaisante, qui suppose l'existence d'une version hybride de la Vie de Samson, nulle part attestée.
Une citation claire , mais banale, de Virgile, Georg. 1.14 5 s e lit au chap. 8. L'auteu r
manie familièrement l e langage des chartes quand i l disserte sur des transactions fon cières (MERDRIGNA C 1991 , 111-115 et 118) . Ajoutons enfi n qu e le quidam sapiens du
chap. 8 est s. Jérôme, Ep. 125, 11. Mais pour l e reste, nous ne retenons pas les diverses
hypothèses d'emprunt o u de contact formels ave c Tertullien, Isidore de Seville ou Ci céron débattue s pa r MERDRIGNA C 1991 , 33-34 e t 37. La traversée d e l a Manche ave c
72 disciples et la colombe blanche comme neige qui descend sur l'épaule droite au moment de la consécration sont des poncifs trop répandus pour démontrer un rapport de
dépendance envers une Vita s. Tudualis, s. Laudi, o u s. Machutis12, e n l'absence de coïn11 Voic i quelques ajustements à la liste des citations et échos bibliques reconnu s par les éditeurs: c. 5: corriger Me 19 , 29 en Me 10 , 29 // c . 6: remplacer L e 8, 24 par Mt 8 , 25 // c . 8: ajouter P s 31, 25 et 1er 17, 7
(dans l a version d'Orléan s seulement ) / / c . 9: remplacer P s 8, 9 par 1e r 7, 33 // c . 10 : ajouter P s 31, 25
(version d'Orléans) e t Ps 72, 18 // c . 11 : ajouter D t 31 , 7 (et passim) // c . 13 : allonger de sept mots la citation de Mt 5, 15; ajouter u n écho de Ps 69, 6 // c . 20: remplacer M t 17 , 19 par Me 9, 28 // c . 24: corriger 1 P e 11 , 12 en 1 P e 3, 12 et ajouter D n 6 , 28 // c . 25: corriger L e 29, 34 en Le 23, 34; allonger de cinq
mots la citation de Gn 1 , 22; ajouter la c 5, 16 // c . 29: ajouter u n écho de Le 9, 62.
12 Un e dépendanc e à Pégard d e s . Malo s'établir a a u XIII e s . au plu s tard , quan d l a préface propr e d e la
messe de s. Lunaire (éditée , traduite e t reproduit e pa r MERDRIGNA C 1991 , 180 bis) démarquera mo t à
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
205
cidences verbales suffisantes, quo i qu'en aient FAWTIE R 1912 , 68 ou DUIN E 1918 , 96 et
188s., ainsi que d'autres à leur suite. Il est possible que l'épisode du refus de s riches vêtements offert s pa r l e roi a u chap. 18 s'inspire d'un e scèn e analogue d e la Vie longu e
de s. Guénolé13. Une influence d e la Vie de s. Léonard d e Noblat su r celle de s. Lunaire nous paraî t cependan t tou t à fait improbable , malgr é DUVA L 1978 , 212 et 215 . En fin, nous n'avons rien trouvé dans les Vies anciennes de s. Malo qui constitue le parallèle littéraire de la scène de défrichement annonc é par Nora K. Chadwick 14.
Un renvo i a u Te Deum évoqu e assurément l a liturgie au chap. 8. De même, la scène d'excommunication d u chap. 14, avec sa triple admonestatio n publiqu e e t l'appu i
d'une citatio n d e Mt 18 , 15-17, nous paraî t dérive r d'u n ancie n ritue l d'excommuni cation15.
d) discussion critique :
Dans cette version de sa Vie, l e saint est toujours appel é Leonorius. Il convient d'abor d
de statuer sur le rapport qu'entretiennen t le s deux premières versions de la Vie de Lunaire. MERDRIGNAC 1991,14-1 8 a essayé de démontrer qu'elles dépendent séparémen t
d'un ancêtre commun du IXe siècle. Nous croyons plutôt qu'elles constituent deux versions différentes d e la Vie du saint , suffisamment décalée s pour constitue r de s recen sions individualisée s d e l'œuvre . C'es t l e caractère fragmentair e d u manuscri t d'Or léans qui impose de les examiner conjointement, afi n d'arrive r à connaître l'ensembl e
de l'œuvre dan s son état le plus ancien .
La confrontation méthodiqu e de ces deux versions en leur tronçon commu n (chap.
7 à 11) permet d'établir qu e l'auteur d e la version de Bonport es t beaucoup plus qu'u n
simple copiste: il contracte légèrement à chaque pas un état du texte qui correspond à
la version de Fleury. Cette tendance constante à l'abréviation s'exerc e généralement par
suppression des redondances et prend l a forme d'une réécritur e condensée, plutôt qu e
des amputations mécaniques. MERDRIGNAC 1991,14-1 5 donne des exemples de cet »ef fort d e simplification* tirés des chap. 8 et 9. Mais c'est surtout l'analyse du sort des citations (et de leur entourage immédiat) qui démontre la relation de dépendance de Bonport par rapport à Orléans et la manière de travailler du remanieur. Le tableau présen té en Annexe B passe en revue toutes les citations ou ressemblances verbales reconnue s
à ce jour; les parties propres à chaque témoin son t soulignées. En règl e générale, c'es t
le manuscrit d e Bonport qu i supprime, conformément à sa logique d'ensemble; i l est
bien plus improbabl e qu e nous ayons affair e à des additions d e la part d u ramea u Orléanais de la tradition. Parmi les citations bibliques, de loin les plus nombreuses, nou s
mot - a u nom d u sain t près - cell e de s. Malo qui se trouvait déj à dans des sacramentaires d u Xe s.: Paris, BN F lat . 2297°°, fol. 43 et BNF lat. 11589°° , fol. l l l v (DUIN E 1922 , 77-78).
13 Gurdisten, Vita s. Wmwaloei, II 15, vers 16-1 7 (BHL 8957) .
14 N . K . CHADWICK, Early Brittany , Cardiff 1969, p. 211 n. 1.
15 Ord o LXXXV: Qualiter episcopus excommunicare infidèles debeat. Cyrill e VOGEL éd., Le pontifical romano-germanique d u dixièm e siècle . Le texte. I- (NN. I-XCVIII) , Vatica n 1963 , p. 308-309 (Stud i e
Testi, 226). Henri PLATELLE , Crim e e t châtimen t à Marchiennes. Étud e su r l a conception e t l e fonc tionnement d e la justice d'après le s Miracles de sainte Rictrude (XII e s.), dans: Sacris Erudiri 24 (1980)
p. 179-180 . Lester K . LITTLE, La morphologie de s malédictions monastiques , dans: Annales 34 (1979)
p. 49 ; voir maintenan t so n livr e Benedictine Maledictions . Liturgica l Cursin g i n Romanesque France ,
Ithaca, Londres 1993 , XX-296p.
206
Joseph-Claude Pouli n
comptons dans le manuscrit de Bonport trois suppressions d'insérendes (chap. 8 et 9),
quatre citation s moin s longue s (chap. 7 et 8) , deux citation s réduite s à u n seu l mo t
(chap. 8 et 10 ) et deux citations supprimées complètement (chap. 8 et 10). Cette refor mulation transmis e pa r l e manuscrit d e Bonpor t pourrai t avoi r ét é réalisée à l'inten tion du prieuré clunisien de Beaumont-sur-Oise (dioc . de Beauvais), mais pas avant le
début du XI e s. (MERDRIGNAC 1991,10) , ni après la fin d e ce siècle, étant donné l'exis tence des vitae III a e t IV a discutée s ci-après ; partant, i l est difficile d e placer a u XIII e
siècle le terminus ante quem, comm e le fait MERDRIGNA C 1991 , 13 .
Pour autant que nous puissions le savoir, la réécriture de Bonport n' a touché que la
forme d e l'œuvre; l a méthode d e l'abréviateur préserv e donc l a qualité d e son témoi gnage du récit originel et compense assez efficacement le s lacunes du manuscrit d'Or léans. Ce n'est pa s à dire, toutefois, qu'i l faill e tro p e n presser chaqu e mot . À ce titre,
l'apparition dan s la vita IIa (e n tous ses mss) du mot secunda (absent du ms. d'Orléans)
au chap. 9, don t certain s chercheur s on t tir é de s conséquence s importante s pou r l a
connaissance d e l'ancienn e liturgi e celtique 16, nou s paraî t résulte r d u gest e machina l
d'un copiste , su r l a lancé e peut-êtr e d e c e qu'o n trouv e dan s de s libelli precum de
l'époque carolingienne 17; ell e ne constitue pa s nécessairemen t l e vestige d'un e rédac tion primitive ancienne, antérieure même à la normalisation carolingienne de 818, com me le pense MERDRIGNA C 1991,16-1 7 et 1992,305. Si la rédaction primitive remontai t
avant l'implantation forcé e de la Règle bénédictine en Bretagne, il serait curieux de voir
l'hagiographe s'applique r à citer au chap. 8 la Règle de s. Benoît (peut-être par l'inter médiaire de la deuxième Vie d e Samson, il est vrai). Comme pour s. Malo (POULIN 1990 ,
167), i l existe deux manières anciennes d'écrire le nom du saint: Lenouerius dans la version primitive, Leonorius dans le premier remaniement. La lacune observée à la fin d u
chap. 12 n'est peut-êtr e pas très considérable, étant donn é que l'abrégé d e la Vita IVa
(chap. 4) n'en a gardé aucune trace. L'attribution passagère , au chapitre 4, du titre d'archevêque à Dubricius sonne comme un embellissement relativement tardif; il n'y a rien
de tel dans les Vies de s. Samson sur lesquelles s'appuie ce passage de la Vie de Lunaire.
Face à l'ensemble des parallèles verbaux et narratifs liés à Samson (cf. tableau en Annexe A), nous estimon s qu e ce système de composition es t bien celu i de l'auteur pri mitif, et non le résultat d'interpolations d u remanieur. Un indice supplémentaire en ce
sens apparaît au chap. 3: la formule uno consensu, una voce est venue sous la plume d'un
hagiographe qui connaissait déj à la Vita IIa s. Samsonis II 26 et allait s'en servi r en son
chap. 30: una voce, una modulatione, uno concentu. À cet endroit, la suppression d'une
ligne de texte à l'emprunt d'u n blo c entier peut s'expliquer simplemen t pa r la tendance du rédacteur de la deuxième version à abréger légèrement son modèle plutôt que par
un accident d e transcription, comme le suggère MERDRIGNA C 1991 , 169. Les rapport s
étroits d e la Vita s. Leonorii ave c le dossier d e Samson n'aboutissent cependan t pa s à
faire du premier un calque du second; Samson n'est d'ailleurs nulle part nommé. À for-
16 Pau l GROSJEAN , Recherche s su r le s débuts d e la controverse pascal e chez le s Celtes, dans: AnalBoll 64
(1946) p. 223-224; MERDRIGNAC 1988 , 48s. et 1991 , 16s.
17 Pierr e SALMON, Libelli precum du VIIIe au XII e siècle, dans: Analecta liturgica . Extraits des manuscrit s
liturgiques de la Bibliothèque Vaticane. Contribution à l'histoire d e la prière chrétienne, Vatican 1974 ,
p. 191-19 2 (Studi etesti, 273).
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
207
tiori, il n'y a pas lieu de faire de cette œuvre une machine anti-doloise, à la manière de
Bili pour s . Malo (POULI N 1990 , 177) ; le caractère massi f de s prélèvement s su r l'histoire de s. Samson dissuade d'y voir une telle manœuvre (contra : MERDRIGNA C 1991 ,
46 et 52).
Plus encore que le style redondant 18 o u la manie du chiffre trois 19, la grande quan tité de citations et réminiscences bibliques ne laisse pas d'attirer l'attention. Le cas n'est
pas unique dan s l'ancienn e hagiographi e bretonne : l'auteur de s Gesta sanctorum Rotonensium tenai t lui aussi un langage à forte coloratio n biblique , appliqué qu'il étai t à
moraliser méthodiquemen t tou s et chacun de s épisodes raconté s (POULI N 1992 , 152).
Chez Lunaire , c'est autre chose: la plupart des sept dizaines d'échos scripturaire s son t
incorporés dans un discours direct, dont 42 fois dans la bouche de Lunaire lui-même 20.
Ceci nou s me t peut-être su r la piste d u véritabl e proje t d e l'hagiographe: cett e Vie
constitue en grande partie une dramatisation dialoguée du message biblique, une »Bible
actualisée«, comm e l e dit bien MERDRIGNA C 1991 , 31 d'aprè s Mar c Va n Uytfanghe .
Mais il est inutile, pour autant , d'accuse r l'auteu r d'êtr e u n »plagiaire san s conscien c e s comm e le fit DUIN E 1918 , 182 n. 2.
L'histoire événementiell e d u personnage historiqu e n e fait pa s du tout parti e des
préoccupations d e l'auteur. Lunair e aurai t ét é évêque, mais sans siège connu, n i dans
son île natale, ni sur le continent; chef de communauté, il prie dans son oratoire, sans
monastère localisé ; à son décès, il est enseveli dan s un monastère anonyme , par suite
de la suppression d u mot »Dol« dan s le passage afféren t emprunt é à la biographie de
s. Samson. Nulle disput e autou r d e ses reliques (tart e à la crème des hagiographes en
mal d e copie), n i culte attach é à sa personne. Le s seuls élément s quelqu e pe u tan gibles, outre l'origine insulair e du saint, sont fournis pa r le souvenir de son autel por tatif (chap. 6-7), d'un miracle localisé à Moitruc21 su r la Rance - d'ailleur s confondu e
avec le Rhin, peut-êtr e pa r la méprise d'u n copiste22 - e t d'une pierr e utilisé e par le
saint pour délimite r son domaine (chap. 24). Cette dernière légend e topographique a
subsisté usque in hodiernum diem ... mai s e n un lieu encor e un e fois indéterminé .
L'idée de faire régne r Childebert su r la Bretagne n'est pas exclusive à la Vita Leonorii;
nous l a trouvons déj à che z Gurmono c dan s sa Vie de Paul Aurélie n d e la fin du IXe
siècle. Ce n'est don c pas en soi une preuve d e rédaction tardiv e d e la V Leonorii, n i
de dominatio n effectiv e d e Childeber t su r la Bretagne 23. Contrairemen t à ce qu'a
18 L'auteu r n'a de cesse de répéter au long Dominum nostrum Jesum Christum ou un équivalent à quelques
dizaines de reprises.
19 U n compte par trois aux chap. 3, 14, 16, 18 , 19, 20, 21 (troi s fois), 25, 26, 28 (deux fois) .
20 Su r les possibilités d'interrogatio n historienn e d'un e tell e caractéristique, cf. Frédéric MUNIER , L a parole et l'hagiographie. Le discours direct dans les vitae e t miracula de Saxe aux XC-XIC siècles, dans: Bulletin d'informatio n d e la Mission historiqu e français e e n Allemagne 30/3 1 (1995 ) p. 24-29 (d'aprè s un
mémoire de maîtrise préparé sous la direction d e Michel Parisse).
21 A u chap. 13; MERDRIGNAC 1985 , 39 et 1991, 81s. L'ancienneté de la graphie de ce toponyme paraî t une
base bien étroite pou r asseoi r une datation ancienn e de la Vita; de même pour le nom du père du saint
(Beteloc, chap. 1). FLEURIOT 1980 , 280s.
22 B . MERDRIGNAC, Saint s des bords de Rance. La Rance au haut moye n âg e d'après le s textes hagiogra phiques (IX e -XII c siècles), dans le catalogue d'exposition: De Dinan à Saint-Malo: la Rance millénaire,
St-Malol987,p. 102.
23 Contra : FLEURIO T 1980 , 189s.
208
Joseph-Claude Pouli n
pensé N . Chadwick , le s détails concret s de s rapport s d u sain t ave c l e roi fran c nou s
paraissent plu s un e reconstitutio n lointain e qu e l'éch o d e source s d'informatio n
contemporaines24.
Au terme de savants calculs, MERDRIGNAC 1991 , 103-105 et 199 2 a cru reconnaîtr e
l'influence d e la procédure d'usucapion (prescriptio n acquisitive) sur les démarches de
Lunaire destinées à affermir so n autorité sur des terres abandonnées qu'il aurait remises
en culture. Compte tenu du flou généra l dans lequel baigne toute la Vie, il serait éton nant qu'un e tell e démarche remont e véritablemen t a u Lunair e historique . Mêm e s'i l
demeure possibl e qu'un e tell e procédur e ai t fourn i u n cadr e dramatiqu e à l'hagio graphe, il en faudrait davantag e pour se convaincre de l'ancienneté des témoignages historiques parvenu s à sa connaissance.
Où s e trouvait don c l'auteur d'u n text e aussi vide et quand travaillait-il ? MERDRI GNAC 1991 , 162 le situe dans l e nord d e la Bretagne e t voit dans so n oeuvr e un travai l
destiné aux fidèles d u diocèse d'Alet (ibid., p. 13). Il était probablement d'origin e bre tonne, pour parle r d e la Bretagne armoricaine comm e d e nostra prouincia (chap. 28);
ce qui n e l'empêche pa s de désigner auss i sou s l e même vocable l'îl e de Bretagne . L a
même ambiguïté autour d u mo t Britannia s'observe dan s l'éloge d e s. Lunaire ajout é
au XIe siècle au martyrolog e d'Usuard 25 . Null e par t i l ne donne à entendre qu'i l tra vaille près du lie u où repos e le saint ou à l'intention d e ceux qui s'y trouvent .
L'auteur étai t bie n e n pein e d e fourni r de s élément s préci s d'informatio n su r so n
héros; mais son public n e lui en demandait peut-êtr e pa s tant. U n publi c monastiqu e
paraît en effet vis é au premier chef, pour des raisons de forme e t de fond. D u poin t d e
vue de la forme, l'auteu r s'atten d à ce que ses lecteurs - e t son auditoire ? - soien t ca pables de compléter dan s la foulée de s passages laissés en pointillé; d'où de s citation s
littérales qui se terminent par et cetera ou et reliqua usque in finem au x chap. 7, 8, 9,10
et 14 26. Du poin t de vue du fond, l'insistanc e su r la vertu d'obéissanc e e t l'importanc e
attachée à la stabilité de s donations foncière s a u sain t conviennen t asse z à un milie u
monastique. Dans le discours final aux disciples (chap. 29), le biographe fait dire à Lunaire qu'ils n e doivent pa s se détourner d e la sainte Règle ; de tels propos son t mieu x
placés dans la bouche d'u n abb é que d'un évêque . Ce membr e d e phrase es t d'autan t
plus significatif qu'i l est interpolé au milieu d'une longu e citation de la Vie de Samson.
La mention d'u n pèlerinag e circulair e e n Bretagne a u chap. 26 préfigure peut-êtr e
le rite du pèlerinag e de s sept saint s de Bretagne 27; mais elle ne peut pas servir de prétexte pour rajeuni r l a Vita s. Leonorii jusqu'a u XII7XIII e s. , comme l e voulait FAW TIER 1912 , 68. À plus forte raison , il est maintenant impossibl e d e se rallier aux argu 24 N . K . CHADWICK, Early Brittany , Cardiff 1969, p. 210-212, approuvée par FLEURIO T 1980 , 281. E t encore, dans le même sens, DUVAL 1978 , 212 et 215.
25 Jacque s DUBOIS , L e martyrologe d'Usuard . Text e et commentaire, Bruxelle s 1965 , p. 30 (Subsidia ha giographica, 40).
26 Su r une telle complicité entre un auteur et son public dans l'histoire de la biographie chrétienne, cf. Walter BERSCHIN, Biographi e und Epochensti l i m lateinischen Mittelalter . I - Vo n der Passio Perpetuae z u
den Dialog i Gregor s de s Grotèen, Stuttgart 1986 , p. 71-72 (Quelle n un d Untersuchunge n zu r lateini schen Philologi e des Mittelalters, 8).
27 Scepticism e su r l'anciennet é d e cette tradition che z J.-C. CASSARD , L e Tro-Breiz médiéval , un mirag e
historiographique?, dans: Hauts lieu x du sacré en Bretagne (colloqu e de Brest, 1995-1996 ) (éd.G. M I LIN et P. GALLIOU), Bres t 1997 , p. 10 7 et 11 3 (Kreiz, 6).
S H G IX : Les saints Lunaire e t Pau l Aurélie n
209
ments d'ordr e littérair e e t liturgique qu i on t condui t Duin e à repousser la compositio n
de cett e Vi e jusqu'au XIII e s. , suivi e n cel a pa r Pau l Grosjean 28 .
3 . ; : "Vita t e r t i a s . L e o n o r i i B H
L vaca t
L'existence d e cett e Vi e perdue , probablemen t muni e d'un e préfac e propre , s e dédui t
de l'observatio n d e la vita IVa. Ell e devait prendr e l a forme d'un e versio n abrégée , dé coulant d e l a vita IIa e t no n d e l a versio n primitive ; ell e étai t connu e e n régio n pari sienne a u XIII e siècle .
4. V i t a q u a r t a s . L e o n o r i i BHL488
1
Ce text e fu t certainemen t compos é aprè s l'a n mil ; il n'est examin é ic i que parc e qu'i l a
été considéré par certain s comm e porteur d'élément s d'époqu e carolingienn e qu i man queraient dan s l a vita Ia.
I. Manuscrits
Paris, B N F lat . 1271 0 (St-Germain-des-Pré s oli m 646 , recentius Î C ^ 2 9 ) 0 0
Datation: Entr e 112 9 et 1140 : Ian S H O R T , A Study in Carolingia n Legend an d it s Per sistence in Lati n Historiography (XII-XVI Centuries) , dans : Mittellateinische s Jahr buch 7 (1972) p . 132 , suivi pa r Elisabet h VA N H O U T S , Quelque s remarque s su r le s in terpolations attribuée s à Orderi c Vita l dan s le s Gesta Normannorum Ducum
de
Guillaume d e Jumièges, dans: Revue d'histoire de s textes 8 (1978) p. 214-215; Donatella N E B B I A I - D A L L A GUARDA , L a bibliothèqu e d e l'abbaye d e Saint-Denis e n Franc e d u
IX e au XVIII e siècle , Paris 1985 , p. 305 // entr e 113 5 et 1150 : Ronald N . W A L P O L E , Phi lippe Mouské s and th e Pseudo-Turpin Chronicle, dans: University o f Californi a Publications i n M o d em Philology XXVI:4 (1947 ) p. 367 et 420 // aprè s 1180 : L. DELISLE ,
Mss St-Germain , 70 ; comm e lui , mai s apparemmen t aprè s un e étud e personnell e d e
première main : François Béthun e e t Gabrielle M. Spiegel 30 // e x XII e s.: LAIR, 1874,54 4
et 571 // XII c /XIII e s. : LEVISON 1920,65 0 // XIII e s. : Georg W A I T Z , Beschreibun g eini ger Handschriften, welch e in den Jahren 1839-4 2 nâher untersucht worde n sind . I- Die
Geschichtschreiber, dans : Archiv de r Gesellschaf t fu r altèr e deutsche Geschichtkund e
11 (1858), p. 297. Le XIII e s . nous paraî t acceptable 31 .
28 P . G R O S J E A N, C o n t r o v e r s e pascal e (u t adn . 16 ) p. 223s. n. 3 . M E R D R I G N A C 1985 , 66.
29 L O T H 1883, 249 renvoi e bie n à c e ms . d e St-Germain-des-Pré s 1085 ; c'est d o n c à tor t qu'i l lu i es t re proché d'avoi r fourn i un e cot e fautive , pa r A . d e L a B O R D E R I E , L'émigratio n bretonn e e n A r m o r i q u e ,
dans: Revu e celtiqu e 6 (1883-1885 ) p . 46 8 n . 1 . H e n r i O M O N T , C o n c o r d a n c e s de s n u m é r o s ancien s e t
des n u m é r o s actuel s de s manuscrit s latin s d e l a Bibliothèqu e nationale , précédée s d'un e notic e su r le s
anciens catalogues , Pari s 1903 , p. 93 , signale qu e troi s ms s différent s on t port é l a cot e 108 5 à St-Ger main: outr e celu i qu i contien t l e texte relati f à Lunaire , il faut auss i compter , dan s de s format s diver s e t
variés, l e St-Germai n 1085 2 ( = B NF lat . 14192°° , un ms . factice encor e plu s composit e qu e l e premier )
et l e St-Germain 1085 3 ( = B NF lat . 12493°° , un recuei l d e copie s moderne s su r papier) .
30 F . B É T H U N E, Le s école s historique s d e Saint-Deni s e t Saint-Germain-des-Pré s dans leur s rapport s ave c
la composition de s Grandes Chroniques de France, dans : Revue d'histoire ecclésiastique 4 ( 1903) p . 31 s. ;
G. M . SPIEGEL, T h e Chronicl e Tradition of Saint-Denis: A Survey, Brookline (Mass. ) 1978 , p. 41 (Medieval Classics : Studies an d Texts , 10).
31 P o u r précise r le s dates des différente s parties constitutives d e c e ms. , u n réexame n es t réclam é pa r I.
S H O R T , A Study in Carolingia n Legend (ut supra ) p . 132s . n. 32 .
210
Joseph-Claude Pouli n
Origine: St-Denis : LAI R 1874 , 543, ainsi que F. Béthune et G. M. Spiegel (ut adn. 30).
Provenance: Abbay e de St-Foillian-du-Roeulx (dioc . de Cambrai) d'après u n ex-libris
du XVIe s. au fol. 88, puis St-Germain-des-Prés: LAI R 1874 , 544-545.
Coordonnées du texte: Fol . 31 —31v = BHL 4881 au complet.
Contexte: Manuscri t composite, compilé par plusieurs mains différentes e t rassemblant
des extraits de chroniques et des Vies de saints abrégées. La meilleure analyse détaillée
du début du manuscrit a été établie par LAIR 1874 , 545-549; il y voit le cahier de notes
d'un auteu r qui préparait l a rédaction d'un e histoir e de France (p. 543).
Paris, BNF Duchesne 85°°
Origine: copi e effectuée pa r André Duchesne (f 1640) .
Coordonnées du texte: Fol. 100-102 v = BHL 4881 au complet.
Contexte: Copi e prise sur un manuscrit d'Arra s maintenan t perdu 32; c'est cett e transcription que les Bollandistes ont utilisée pour leur édition des AASS de juillet I (1719).
Ce dossier de Duchesne rassemble des Vies de saints rangées par ordre alphabétique et
couvrant à peu près les lettres G à U de l'alphabet (LEVISO N 1920 , 656).
77. Edition
AASS juillet I, 107-110, d'après l a copie moderne de Duchesne.
777. Examen critique
a) résultats:
Matériaux extrait s de la vita IIIa pou r servi r à une histoire dynastique ; ils furent ras semblés au XIII e siècle par un moine de St-Denis.
b) résumé analytique :
La trame du récit de la vita secunda est respectée, mais son contenu narrati f es t fortement condensé; disparaissent notammen t le s sections suivantes de la rédaction primi tive: chap. 7-10: la plus grande partie de l'histoire de s cerfs domestiqué s e n bœufs de
labour // chap. 20-22: les prodiges relatif s à un noble et à sa fille possédé s du démo n
// chap. 4, 27 et 29-30: les paragraphes entièremen t emprunté s a u dossier d e s. Sam son.
c) sources:
C'est un dérivé de la vita IIa qu i a servi de point de départ à cette réécriture, comme il
ressort de la confrontation d u chap. 11 de la vita IIa ave c les chap. 2 et 3 de la vita IVa.
Le nombre de citations bibliques est fortement réduit .
d) discussion critique :
Le compilateur de cette recension a découpé des morceaux choisis conformes à ses intérêts dans une Vie de Lunaire déjà fortemen t abrégé e par rapport à sa source, la vita
IIa. Cet intermédiaire perdu - notr e *vita III a - avai t procédé à une réécriture condensée de son modèle; il possédait san s doute une préface o ù était identifié e un e person32 C e manuscrit n'es t pa s le grand légendie r d'Arra s (e n deux volumes) présent é par Antoine SANDERUS ,
Bibliotheca Belgic a Manuscripta , Lill e 1641 , t . I, p. 230-24 2 (d'aprè s un e descriptio n effectué e e n
1626-1627 par Claude Doresmieulx) .
SHG IX : Les saints Lunaire et Pau l Aurélie n
211
nalité (dédicataire?, commanditaire?). Le dernier remanieur a maladroitement conser vé une allusion à ce personnage à son chap. 13: pietati vestrae ac beatitudini. C e n'es t
d'ailleurs pas sa seule bévue. Il a maintenu à son chap. 2 une allusion à un prodige qu'il
ne raconte pas (complanata sylva diuinitus manefuit euersa); il faut retourner cherche r
le sens dans la vita IIa, a u chap. 10. Le remanieur s'embrouill e auss i dans les rapport s
du saint avec le roi de Francie; au chap. 4, le souverain s e nomme Childéric (f 481/82) ,
roi de Francie et de Bretagne transmarine; au chap. 7, Gilbert devient Childebert, don t
l'épouse s'appelle Ultrogode, ce qui désigne Childebert Ier (f 558) . De tels indices donnent à penser que l'auteur d e la vita IV 1 n'es t pas l'abréviateur d e la biographie de Lunaire par reformulation condensée ; il s'est contenté de cisailler dans une recension déjà réduite de moitié, interposée entr e lu i et la vita IIa. Nou s pouvon s peut-êtr e lu i attribuer la responsabilité de la déformation d e la toponymie bretonne, dont s'est étonné
La BORDERI E 1905 , 406 .
Ni l e hasard, n i l a simple recherch e d e concision n e peuvent suffir e à expliquer l a
tournure pris e par ce t ultime remaniement : l a sélection de s passages retenu s (cf . leu r
répartition dans le tableau en Annexe A) aboutit à concentrer l'attention su r le roi Childebert, e t accessoirement su r l e destin d e Judual; l'intérê t d e l'œuvre n'es t plu s telle ment Lunaire, mais les personnages princiers que sa Vie met en scène. D'où l e titre donné à cette œuvre, rubrique de première main dans le manuscrit BNF lat. 12710: De rege Childeberto. Dan s ces conditions, nous ne croyons pas pouvoir suivre MERDRIGNA C
1991, 18-20 , 24, 66, 111 , 113 et 1992 , 302 qui s'es t convainc u d e voir dan s cett e vita
brevior de s éléments qui en feraient su r certains points un meilleur témoin que les versions longues pour des traditions d'âg e carolingien .
Ce remaniemen t n e doit pa s s'apprécie r comm e un e vraie sourc e hagiographique ,
mais comme un e construction idéologiqu e nouvelle : le héros n'es t plu s l e saint, mai s
le prince fréquent é pa r l e saint. C'es t u n be l exempl e d'interventio n su r u n text e ha giographique breto n pou r de s raison s idéologiques ; c e qu i apparaissai t a u premie r
abord comm e un simpl e réaménagement forme l d u text e constitue e n fait un e redéfi nition complèt e d e l'œuvre, jugé e utile dans l a mesure o ù ell e est assujettissable à un
projet d'histoir e nationale , essentiellement organis é autour de la personne royale.
Conclusion
C'est d e cette Vie que dérivent les abrégés du bréviaire de St-Malo, dont nous connaissons deu x recension s légèremen t différentes : l a premièr e imprimé e dan s le s AAS S
juillet I, 110-111 (bréviaire de 1517) , la seconde reliée avec d'autres Vie s de saints bretons dan s u n recuei l d e copie s d u XVIIe s . (Paris, BNF fr s 2232 1 [Blancs-Manteau x
38]°°, p. 631-632).
212
Joseph-Claude Pouli n
Annexe A
Vita s. L e o n o r i i : s o u r c e s , m o d è l e s e t é c h o s l i t t é r a i r e s
Vita IIa
s. Leonorii
n° des chapitre s
Écritures Sainte s
(souligné: citations exclusive s
à la vita Ia)
Vita s. Samsonis
Ia o u / /-
Me 10 , 29 +Le 14 , 26
Mt8,25
Ps 24, 1 e t 37, 25 et 55, 23 + Mt 14 , 19 et 21
Ps 8, 7-9 et 17 , 5 et 25, 4 et 31.25 et 128 , 2 +
1er 17. 7 + I o 4, 38 + 2 Th 3 , 10
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Vita IV*
s. Leonorii
n° des chapitre s
//", I 5
I\\ 1 3 et 44 + U\ M
//M1 5
(véhiculant M e 10 ,29?)
.
//", I 8
(véhiculant RBén . 48, 1 ? )
1er 7, 33 + D n 3 , 57 + Ae t 4, 32
Ps_li^25_ et 72, 18 + Dn3,52 + Eph6, 10-1 2
+ Gn 3 , 18
Dt 31 , 7 (et passim)
Mtl3,8
Ps 69, 6 + Mt 5, 15 et 8, 13 + I o 9, 6 + 2 Co r 5 , 6
Prv 14 , 31 + Mt 9, 5 et 7 + M t 12 , 13 + Mt 18,
15 e t 17 + M t 25, 40
1
2 (l èrc ligne)
vacat
2 (lignes 2-3 )
vacat
vacat
vacat
vacat
2-3
4
4-5
//«, I 7
II", I I 5
//«, II 5
Me 5, 41-42 + Le 7, 14 et 23, 34 + Act 7, 60
Act 20, 33
Le 4, 25 + 1 P e 5, 5
Ps27, 1 3 +Me 9 , 28-29+ 1 I o 4, 1 8
lob 1,1 2 +M e 6 , 50 et 9, 29
Ps 115 , 1
Mt 25 , 34 + Act 4, 34 + Ep h 4 , 25
Ps34, 16-1 7 + D n 6 , 2 8+ 1 P e 3, 12 (+ 7 échos)
Gn 1 , 22 + M t 6, 12 et 6, 14-15 + L e 23, 34 +
//MI1 1
lac 5, 16 + 1 Pe5,6
2 Reg 5,14 + Mt 8,1 3 + Le 1 , 78 L e 4, 25 +
Le 17,1 2 et 14
II\ II 2
ll\ II 3
//", II 26
Dt 31 , 6 + Mt 16 , 24 et 25, 34 + L e 9, 62 +
Io 14, 1 + 1 Io3,2
ll\ II 26
1 Co r 12 , 6
6
7
8
9
10
10-11
vacat
vacat
vacat
12
vacat
12
vacat
13-14-15-16
vacat
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
213
Annexe B
C o m p a r a i s o n d e s e m p r u n t s f o r m e l s d a n s le s d e u x p r e m i è r e s
Vies d e s . L u n a i r e ( c h a p . 7 - 1 1 )
En italiques: les citations littérales . En souligné: les passages exclusifs à une version .
Vita IIA - ms . de Bonport, Paris ,
BNF lat . 5317; BHL 488 0 (sous le
nom de s. Leonorius )
Vita Ia - ms . d'Orléans, B M 343 (291)
BHL vaca t (sous le nom d e s. Lenouerius )
Chap. 7: / hominu m refeci t excepto
paruulorum numéro et mulierum
Mt 14 , 19 et 21 satiaui
t milia hominu m exceptis
paruulis et mulieribus
Sic nanque sacer predixit psalmus : »Domini
est terra et plenitudo eius « et reliqua' '
Ps 24, 1
sicut psalmista ait : »Domini
est terra« et reliqu a
»Iacta, inquit psalmista , cogitatum tuu m in Domino P
et ipse te enutriet «
s 55, 23
et iterum: »Iacta in Domino curam
tuam« et reliqu a
et alibi: »Iumor fui efeni m senui et non mdi wstum P
derelictum« e t cetera
s 37, 25
et iterum: »Iunior fui, efeni m
senui et non uidi iustum derelictum«
Chap. 8: ait illi: »In nomine Ihesu Christ i omniu m
saluatoris cui uniuerse oboediun t creature , bestie P
terre, uolucres celi et pisces maris«
ita dicendo: »Perfice Domin e gressus meos in
semitis tuis
ut non moueantur uestigia mea«
et iterum: » Vias tuas, Domine, demonstra mihi et
semitas tuas doce me«
s 8, 7- 9
Psl7,5
Ps 25, 4
dixit illi: »In nomine Ihesu Christ i
magistri mei , redemptoris atqu e salua toris mundi, cui omnes obediunt crea ture, bestie terre, uolucres celi et pisces
maris «
ita dicendo: »Perfice Domin e gressus
meos in semitis tuis
ut non moueantur uestigia mea«
et iterum: » Vias tuas, Domine, demonstra mihi et semitas tuas çdoce me«
suis ait discipulis: »Alii laborauerunt, et uos in labores I o 4, 38
eorum introistis«
suis ait discipulis: »Alii laborauerunt, et
uos in labores eorum introistis«
ita proclamantes: »Te Deum laudamus, Te Dominum offic
confitemur« et cetera usque in fine m
ita dicentes: »Te Deum laudamus, Te
Dominum confitemur«, usque in fine m
e de s matine s
eos alloquens: »Eia, milites Christi, uiriliter agite, et P s 31, 25
confortetur co r uestrum i n Domino. Benedictus uir . 1e r 17, 7
qui confidit i n Domino, et erit Dominus fiduci a eius .
Pensate attentius ut beatitudinis illiu s participes
efficiamini qua m egregiu s psalmista Davi d promitti t P s 128 , 2
iusto homini dicens : »Quia labores manuum tuarum
manducabis, beatus es et bene tibi erit.«
Et iterum apostolus: »Non mafnjducet, inquit , qui
non laborat «
2Th3, 1 0
Et rursus quidam sapien s precipit: »Fac aliquid operis s . Jérôme, Ep. 125 , 11 E
dixit ad eos: »Eia, milites Christi, fir mam habetote in Domino fide m atqu e
spem et pensate ut illiu s beatitudinis,
quam psalmista Davi d a d omnem pro mittit homine m dicens : »Labores manuum tuarum qui a manducabis, beatus es et bene tibi erit, et participes effi ciamini
Et iterum: »No n manducet qui non la borat«
t rursus alius sapiens ait: »Fac aliquid
214
Joseph-Claude Pouli n
quatinus human i generis inuidus hosti s semper inueniat te occupatum, otiositas
opens ut diabolus te inueniat occupa-
n a m q u e inimica est
. Benoît , RBc n 48 , 1
tum qui a otiositas inimica est anime.»
anime. «
Et iterum , in libri s gentilium : »Labor improbus
Virgile, G e o r g . 1 , 14 5 E
omnia u in cit."
C h a p . 9: ita inuitabant : »Benedicite,
Domini,
t iterum : » Labor improbus
omnia
uin-
cit. «
Domino, laudate
omnia opera
et superexaltate eum
I)n 3 , 5 7
in
ita dicendo : »Benedicite,
omnia opera
Domini,
et super-
Domino, laudate
secula«
exaltate eum in secula«
et ceter a usqu e in fine m
usque in fine m
a n t e q u a m a d eiusde m mens e co[n]uiuiu m accédèrent ,
a n t e q u a m a d mensa m accédèrent , aeci -
ciborum decima m partem s u o r u m accipientes , daban t 1e r 7 , 3 3
piebant decima m partem ciborum e t
bestus terre et uolucribus celi
iaetabant earn bestus terre et uolucribus
celi
N u l l u s nanqu e inter eos pauper habebatur sed erant
Act 4, 3 2
illis
omnia communia, sicu
C h a p . 10: »Uestrum igitu r cor, sicu t per apostolum P
Domino . Confortamini,
in potentia uirtutis
armatura Dei,
precepit, omnia
t in actibu s a p o s t o l o r u m legitu r
audistis, confortetur in
in Domino et
quia inte r illos nullu s habebatu r pauper
sed erant illis, sicu t D o m i n u s
s 3 1 , 25
inquit
, Ep h 6 , 10-1 2
sicut apostolus Paulus dixit:
»Confortamini in
potentia uirtutis
eius; induite uo s
armatura
ut possitis stare aduersus insidias
communia.
Domino et
Dei, ut possitis stare
diaboli, quor\\A\w est nobis conluctatio aduersus
insidias diaboli quomam
carnem et sanguinem sed
conluctatio aduersus
aduersus principis e t
in
eius e t induite no s
potestat es, id est aduersus fraude s diabol i e t
sanguinem sed
m i n i s t r o r u m eius. «
potestates,
aduersus
n o n est
nobis
carnem et
aduersus principes e t
id est aduersus insidia s
diaboli e t m i n i s t r o r u m eius. «
non spine, n o n trtbul\
Gn3,1 8
ita benedicente s aiunt : »Benedictus es,
laudabilis et
Domine, Deus
patrum nostrorum,
et
superexaltatus in
secula et reliqu a et benedictum
D
n 3 , 52
gloriosus et
ita dicentes : »Benedictus es,
Domine,
Deus patrum nostrorum,
laudabilis et
gloriosus superexaltatus in
nomen Fili i tui «
e u m predicar e no n cessaban t qui solus facit mirabilia P
née spinarum nequ e tribulorum
benedictum nomen
s 72 , 1 8
et
secula et
Fili i tui «
D o m i n u m laudante s e t mirabilia
opera eius
C h a p . 11: ci dicens : »Amic i De i Lenoueri , confortare D
in grati a Ihesu Christ i et esto robustus*
t 31 , 7
ei dicens : »Sanct e Leonori , confortare
et esto robustus«
" L'emplo i de l a formule et reliqua à la fin d'un e citation scripturair e tronqué e es t bie n attest é dan s le s mi lieux celtique s d u hau t moye n âge ; ainsi dans l a Catechesis celtica éditée partiellemen t pa r Andr é WILMART ,
Catéchèses celtiques , dans : Analecta Reginensia . Extrait s de s manuscrits latin s de la Reine Christin e conser vés au Vatican , Vatica n 1933 , p. 29-112 (Stud i e Testi, 59) . LAPIDGE/SHARP E 1985 , n° 974. Comme l'attest e
le dossier d e s. Lunaire, l a présence de et devant reliqua n'es t pa s auss i incongru e qu e l' a pens é Pau l GROS JEAN, À propos d u manuscri t 4 9 de l a Reine Christine , dans : AnalBol l 5 4 (1936) p . 122 . Déjà et cetera dan s
la Vita Ia s. Samsonis I 32 et II 14.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
215
PAULUS AURELIANU S
Paulus Aurelianus (fr . Paul Aurélien, Pol de Léon )
t VIe siècle
abbé et évêque de St-Pol-de-Léon (Finistère )
Dossier
1. Vita prima, pa r Gurmono c d e Landévennec: BH
L 658 5
la. Praefati o ( 3 chapitres): BH
L 658 5
Inc.: Cum in Patrum venerabiliu m qu i no s ad regna coelestia praecesserun t
Des.: ab incarnatione Domini ann o consummatum est . Talem
habeat prologum .
1 b. Libe r primus (29 chapitres)33: BH
L 658 5
Inc.: Sanctus idem Paulus, cognomento Aurelianus , cuiusda m
comitis .. . filiu s
Des.: aliud subsequenti volumin i exordium sumamus.
1 c. Libe r secundus (3 9 chapitres)34: BH
L 658 5
Inc.: Derelicta igitu r patria omnique sua cognation e
Des.: dumque mundu s ist e steterit, praestantur, patrante DNIC .. . Amen .
Id. Hexametri versus (21 vers): BH
L 658 5
Inc.: Vita sacrosancti descript a es t ordine Pauli /
Des.: /Desuper in nobis Christi benedicti o fiat.
2. Translatio, par Aimoin d e Fleury ( 2 chapitres): BH
L 658 7
Inc.: Ossa oceani maris quaedam est insula
Des.: nobisque hun e salvationis retuli t fuisse modum .
3. Vita secunda, pa r Vital de Fleury: BH
L 658 6
3a. Praefati o ( 2 chapitres): BH
L 658 6
Inc.: Praeclarum virtuti s documentum sui s posteris relinquere satagun t
Des.: etiamsi in hac praefatiuncula annotarentur .
3b. Capitul a (2 0 articles): BH
L vaca t
Inc.: De initio sanctae conversationis eius .
Des.: De concertatione monachoru m e t clericorum .
3c. Vita (52 chapitres) 35: BH
L 658 6
Inc.: Sanctus Paulus, cognomento Aurelianus , clarissimi... filiu s
Des.: tam ibi quam i n aliis eius sanctae memoriae locis, ad laude m
D N I C . . . Amen .
33 Numéroté s de 4 à 32 dans l'édition d e référence .
34 Numéroté s de 33 à 71 dans l'édition d e référence .
35 Numéroté s d e 3 à 54 dans l'édition d e référence .
216
Joseph-Claude Pouli n
Bibliographie spécial e
N o s d e répertoires, classé s suivan t notr e numérotatio n de s textes:
1 = L A P I D G E / S H A R P E 1985 , n°82 8 (o ù sont confondu s le s manuscrits d e nos textes 1
et 3) . - l b , IV-13 = CHEVALIER 20091 ; I C L 16064 . - l d = I CL 17418 36 . - 3c , I V -8 =
C H E V A L I E R 14102 .
B A U T I E R / L A B O R Y 1969 , B O U R G E S 1996 , CASSAR D 1987 , CASTE L 1991 , CASTE L 1997 ,
CUISSARD 1883 , D O B L E 1960 , D O B L E 1971 , D U I N E 1903 , F L E U R I O T 1986 , G A L L I O U
1997, G R É M O N T 1971 , H E A D 1990, H O W L E T T 1995 , H U G L O 1986 , I R I E N 1991 , I R I E N
1991a, K E R L O U É G A N 1987a , K E R L O U É G A N 1992 , K E R L O U É G A N 1992a , K E R L O U É G A N
1997, L a B O R D E R I E 1896, M E R D R I G N AC 1997, M O S T E RT 1989 , L O T H 1887, O H E IX 1882 ,
O H E I X 1900 , P E L L E G R I N 1963 , P E L L E G R IN 1979 , P E L L E G R I N 1985 , P L A I NE 1882 , P O U LIN 1996 , S M I T H 1990 , T A N G U Y 1991 , T A N G U Y 1994 , T A N G U Y 1997 , T A N G U Y 1997a ,
V A N DE R STRAETEN 1982 .
1. V i t a p r i m a s . P a u l i A u r e l i a n i B H
L 658 5
/. Manuscrits
N o u s n e connaissons d e cette Vi e que deux témoins , présenté s ci-après . L e manuscri t
du Vatica n signal é par L A P I D G E / S H A R P E 1985 , n° 828 contient e n fait la Vita IIa e t sera présenté plu s loin . L'abb é D U I N E 1922,37 , n° XXVI avait cru pouvoir signale r pou r
la Vie primitive u n manuscrit d e Rome (Vaticano , BA V Reg. Lat. 523, du XI e s.) p r ovenant d e Fleury-sur-Loire3 7 , mai s i l s'est ravis é in extremis (addend a n ° 8, p. 278s.)
après y avoir reconn u l'Apôtr e e t non le saint breton .
Orléans, B M 261 (217)°°
Datation: p . 42-134: IX e s.: PELLEGRIN 1963,2 1 // après 884 : Cat. mss latins daté s VII,
p. 49 2 / / X e s. : C U I S S A R D 1 8 8 3 , 4 1 6 / / X I I e s.: C U I S S A R D , Cat. gén. de s ms s de s bibl . p u -
bl. Départ . XII125-126, n° 2613 8 // I Xe - X e (?) : Bernhard BISCHOFF , dan s des notes manuscrites déposée s à la Bibliothèque municipal e (maintenan t Médiathèque ) d'Orléan s
en septembr e 1959.
p. 42-73 : IX e s.: Claudio LEONARDI , I codici d i Marziano Capella , dans : Aevu m 34
(1960) p . 41 6 / / IX e / X e s. : M O S T E R T 1989 , 15 8 (n ° B F 71 5 d e so n catalogue ) / / X e s. :
V A N DE R STRAETEN 1982 , 48.
p. 74-134 : IX e / X e s. : M O S T E RT 1989,15 8 (n ° BF 71 6 de so n catalogue ) / / X e s.: C. L E O -
NARDI, Marzian o Capella , loc . cit., p. 417 // X e -inXI e s. : E. Pellegrin, cité e pa r K E R LOUÉGAN 1992a , 15 0 n . 6 / / X I I e s. : V A N DER STRAETEN 1982 , 48 ; D E U F F I C 1986 ,
260-261, n ° 59.
Origine: p . 42-73: »l'aspec t breto n d e l'écriture, l e caractère insulair e d u système de
piqûre e t de réglure (tracé e su r cahiers plies ) autorisen t à en situer l'origin e dan s l'ab-
36 Pa r ailleurs, Jùrgen Stohlman n renvoi e par erreur à ce numéro du catalogue ICL dans son supplément
publié dans le Mittellateinisches Jahrbuch 1 5 (1980) p. 282.
37 Pou r MOSTERT 1989,267 , ce ms. du début du XI e s. tire son origine de la région d'Orléans, ou d'un exemplar d'Orléans, mai s certainement pa s de Fleury (n ° BF 140 7 de son catalogue).
38 Cuissar d n' a fait qu e recopier de manière irréfléchi e l a datation donné e par A. SEPTIER , Manuscrit s de
la bibliothèque d'Orléans , Orléan s 1820 , p. 128 .
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
217
baye de Landévennec (Finistère ) à laquelle appartenait l'auteur , Wrmonoc«: Cat. mss
latins datés VII, p. 492.
p. 74-134 : »copié par un e autre main , sans doute u n pe u plu s tard mai s au mêm e en droit, pour suppléer les chapitres manquants« (loc . cit.). MOSTERT 1989 , 518 reconnaît
une origine bretonn e au x deux parties visées, mais affecte d'u n poin t d'interrogatio n
la localisation à Landévennec 39.
Provenance: Cette oeuvre transmise ici par deux entités codicologiques distinctes mais
complémentaires a pu transiter par St-Pol-de-Léon, dont l'évêque Mabbon s'es t réfugié à Fleury avec reliques et manuscrits vers 960 (DUINE 1922a , 14-15). D'après M O S TERT 1989,158, les deux sections de la partie paulinienne de ce manuscrit se trouvaient
déjà à Fleury quan d u n scrib e du Xe s. remplit l a dernière pag e - 135 , d'abord resté e
libre - d u dernie r cahie r d e la Vita s. Pauli, ave c des extrait s d e la Vita s. Gregorii de
Paul Diacre . À l a première pag e du volume , un ex-libri s d u XVIII e s . de l'abbaye d e
Saint-Benoît-sur-Loire (Cat. mss latins datés VII, p. 492).
Coordonnées du texte: Section appelée Al pa r KERLOUÉGA N 1992a , 151: p . 42-4 5 = lb,
chap. 4-5 / / p . 45-66 = le, chap. 43-56 // p . 66-73 = chap. 65-71. Section appelé e A2
par ID.: p. 74-113 = lb, chap. 6-32 / / p . 113-125 = le, chap. 33-42 // p . 125-134 = le ,
chap. 57-64.
Le désordre apparent du texte ne s'explique aucunemen t pa r un mauvais assembla ge des feuillets, comme le prétend CUISSAR D 1883,416 . La section Al s e compose d'u n
sénion et d'un binion ; la section A2, de quatre quaternions, dont le dernier a perdu so n
dernier feuillet, san s provoquer d e perte du texte pour autant . Chaque section début e
tout en haut de son premier folio, se déroule sans aucun intervalle laissé libre et se termine avant la fin d u dernie r foli o utilisé ; le reste de cet espace est resté vierge jusqu' à
nos jours. Le tout respect e rigoureusement l a loi de Gregory.
Contexte: Recuei l factice composé de six parties en des écritures des IXe /X e s. bien distinguées par MOSTERT 1989,158-159 ; le tout fut reli é au XII e s. L a disparité des contenus oblig e à considére r qu e c e recuei l es t distinc t d'u n autr e manuscri t composit e
(contenant auss i la Vie de Paul Aurélien) recens é dans le catalogue de la bibliothèqu e
de Fleury e n 1552 , c'est-à-dire just e avan t l'interventio n de s protestants 40. L a notic e
codicologique la plus détaillée de la partie paulinienne du recueil a été établie par KER LOUÉGAN 1992 a et 1997,62-64; il y distingue deux segments, appelés Al e t A2. L'ordr e
des chapitres es t irrégulier dan s chacune des deux sections; leur enchevêtrement peu t
être saisi clairement pa r notre annexe (première colonne de gauche). Ces deux entité s
codicologiques contiennen t e n fait c e qu'on pourrai t êtr e tenté de considérer comm e
deux versions d e la Vie de Paul Aurélien; elles ont d'abord conn u un e existence sépa rée, avan t d'être réunies dans leur position actuelle. L'écriture des deux sections est différente mai s voisin e e t apparenté e à cell e d'autre s manuscrit s breton s d e l a mêm e
39 Davi d N. DUMVILLE plaide aussi pour un peu de retenue dans l'attribution parfoi s un peu rapide à Landévennec de manuscrits bretons du haut moyen âge: cf. L'écritur e des scribes bretons au dixième siècle.
Le cas de PAmalaire provenant de Landévennec, dans: Bretagne et pays celtiques. Langues, histoire, civilisation. Mélange s offert s à la mémoir e d e Léo n Fleurio t (éd . G . L e MEN N e t J.-Y. L e MOING) , St Brieuc, Rennes 1992 , p. 132.
40 N ° 255 de l'inventaire publié par C. CUISSARD, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques pu bliques de France. Départements. XII- Orléans, Paris 1889 , p. XVI (série in-8°).
218
Joseph-Claude Pouli n
époque; celle de la seconde partie paraît à Mostert de peu postérieure à celle de la première.
À notre avis, le léger écart de datation qui a été proposé entre Al e t A2 pourrait aussi bien s'explique r pa r une différence d'âg e entr e les deux copistes. Travaillant simul tanément, un copiste âgé a pris en charge la transcription d e la section Al e t son cadet
la section A2; le premier a la main moins sûre et moins régulière que le second. Les différences graphique s qu i on t ét é interprétée s comm e l e résultat d'u n décalag e dan s l e
temps pourraien t e n fai t renvoye r à deux moment s différent s d e formatio n profes sionnelle des scribes, le plus âgé produisant un graphisme d'apparence légèrement plus
ancienne. Cette hypothèse permet de rendre compte plus aisément du fait que les tâches
de l'un e t l'autre furent étroitemen t coordonnées : ils ont disséqué un texte long et s'e n
sont partag é le s morceaux san s rien laisse r échappe r d e son corp s principal . L a pert e
de la préface e t du poème final relèv e plutôt de s accidents de transmission .
Pourquoi u n te l dépeçage précoce? Une Vie longue fut coupé e e n morceau x e t remontée en deux textes séparés, dont l a longueur varie du simple au double, mais don t
aucun n'es t vraimen t cohérent . O n a suggéré d' y voi r u n aménagemen t demand é o u
effectué pa r l e destinataire; mai s e n c e cas, l'un o u l'autr e tronço n aurai t conserv é l a
préface et/o u l e poème final, seuls endroits de l'œuvre originell e à nommer l e destinataire. Si Gurmonoc avai t vraimen t e n vue de satisfaire au x besoin s d'un e école , cett e
dissection serait-elle déjà un exercice scolaire (cf. discussion infra)} Les aléas de la fuite devant le s Normands on t fai t qu e c e travail es t arriv é jusqu'à Fleury , pendant qu e
continuait de circuler par ailleurs une version intégrale et ordonnée de l'œuvre de Gurmonoc qu i chemina jusqu'à Paris .
Les deux scribes qui ont réalisé ce démontage curieux ont utilisé un modèle qui présentait un texte unifié (comm e notre ms . de Paris) ou qu i en avait gardé la trace explicite: même mise en page, avec l'initiale des phrases principales de dimension plus grande que le corps du texte et placée en saillie dans la marge de gauche (capitales sortantes);
tous le s titres des chapitres son t en onciale, d'un côt é comme de l'autre; la numérota tion des chapitres renvoi e à une présentation unifié e e t ordonnée:
- dan s la s e c t i o n A l : l e scribe a maintenu les numéros de chapitres pour seulemen t
quatre des huit chapitres qu'i l transcrit. Il s'agit des chap. XV à XVIII de la Vie complète; il les a donc trouvé s dan s so n modèle . Ce s numéro s son t inscrit s tantô t su r l a
ligne, si un espac e est disponible, tantôt dan s la marge de gauche.
- dan s l a s e c t i o n A 2 : tou s le s chapitres sont numérotés : de II à XIV, le chiffre es t
toujours plac é dans la marge de gauche; pour XIX et XX, sur la ligne dans l'espace disponible.
Cette numérotatio n es t vraiment d'origin e e t non ajouté e aprè s coup, car au chap.
XV le chiffre plac é trop près du texte a provoqué un léger décalage de l'inscription d u
titre vers la droite.
Fac-similés: section Al, page 42 (chap. 4) chez TANGU Y 1991 , 9 // sectio n A2, page
88 (chap. 13) avec glose latine et signes de construction syntaxiqu e chez KERLOUÉGA N
1997, 61 // sectio n A2 , page 11 3 (chap. 32-33) dans : Saint Pau l Aurélie n - Ouessan t
491-1991, S.l. 1991, p. 7 // sectio n A2, pages 113-114 (chap. 32-35in) dans le catalogue
d'exposition Landévennec : aux origines de la Bretagne, Daoulas 1985 , p. 24; et encor e
chez B. TANGUY, Le s saints bretons, dans: Ar Men 5 (oct. 1986 ) p. 28.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
219
Paris, BNF lat. 12942 (olim St-Germain-des-Prés, recentius 593)°°
Datation: XI e ou inXI P s. : DUINE 1922 , 38; PLAINE 1882 , 209; CUISSARD 1883 , 41 6 / /
XII e s.: L. DELISLE , Inventair e de s mss de St-Germain-des-Prés, 80 ; Boll., Cat. Paris.
Ill, p. 175 // XIII e s.: La BORDERI E 1905 , 341 n. 2.
Provenance: St-Germain-des-Prés : CUISSARD , loc. cit. et Boll., loc. cit. Il aurait aupa ravant séjourn é à Cluny, selo n PLAIN E 1882 , 208; mais le cheminement d e ce ms. paraît plu s incertai n à DOLBEA U 1979 , 225. En effet , Montfauco n présent e dan s l a collection d u Conseille r Ranchi n d e Montpellie r u n manuscri t don t l a description dé taillée correspon d exactemen t a u nôtre 41; mais , pa r ailleurs , Montfauco n répertori e
sommairement un autre manuscrit qui pourrait convenir, entré à la bibliothèque de StGermain-des-Prés pa r acha t d e St-Maur-des-Fossés 42. C'es t e n tout ca s d'un manus crit tou t à fait semblabl e a u lat . 1294 2 que proviennen t l e chap. 3 de l a préface e t le s
quatre premiers vers du poème final imprimé s par Mabillon e n 1706 43.
Coordonnées du texte: Fol . 113 v—130 (et no n pa s 113-12 7 comme che z PLAIN E 1882 ,
209, n i 113 v-129v comme dans Cat. Paris. III, p. 175) = texte n° 1 au complet .
Contexte: Manuscri t d e 14 6 folios d e petit format, e n écriture homogèn e bie n qu'ell e
passe subitement à un modul e plu s petit , ave c un interlign e plu s resserré , à partir d u
fol. 1 3 lv . L a section qu i contien t l a Vita s. Pauli es t complète e t bien à sa place, comme en témoigne une foliotation ancienn e composée de lettres et de chiffres dan s le coin
supérieur droi t de s feuillets .
Les chap. 4 à 7 ont ét é découpés aprè s coup e n huit lectures pour l'office . C'es t c e
manuscrit qu i fut signal é par erreu r sou s l e numéro 1694 2 par LOTH 1883, 252. Dans
le poème élégiaque qui suit le chap. 13, KERLOUÉGA N 1982a , 157 n. 1 9 propos e de préférer l a leçon du ms . d'Orléans à celle du ms . de Paris au vers 6.
Ce témoi n possèd e u n ancêtr e commu n ave c le ms. d'Orléans; c'es t d e là que leu r
viennent un e mêm e numérotatio n de s chapitre s e t leur s glose s latine s e t bretonne s
communes (cf . Annex e A). En position interlinéaire , ces gloses sont introduites par la
lettre »i « accolé e d e points ( = id est), ce qui a été reconn u depui s longtemp s comm e
une abréviation typique non seulement de l'usage insulaire 44, mais également breton 45.
41 Bernar d de MONTFAUCON, Bibliotheca bibliothecarum manuscriptoru m nova , Paris 1739 , t . II, p. 1281C ;
sa description correspon d presqu e exactement à celle que L . Delisle donne du ms . BNF lat . 12942 dans
son Inventair e des manuscrits de Saint-Germain-des-Prés, Pari s 1868 , p. 80.
42 B . de MONTFAUCON , loc . cit., p. 1142D ; cette fois nou s n'avon s qu e l'annonc e d e l'Histoir e ecclésias tique de Bède, suivie de la mention: Vitae sanctorum et alia multa.
43 Jea n MABILLON , Annale s OSB III, p. 249 et 250.
44 Wallace M. LINDSAY, Notae latinae . An Accoun t of abbreviatio n in Lati n mss . of th e earl y minuscul e
period (c . 700-850), Cambridge 1915 (réimpr. Hildesheim 1963), n° 118. Michelle P. BROWN, A Guid e
to Western Historica l Scripts , from Antiquit y t o 1600, Toronto, Buffalo 1990, p. 60.
45 W. M . LINDSAY , Breto n Scriptoria : thei r Lati n Abbreviation-symbols , dans : Zentralblat t fu r Biblio thekswesen 29 (1912) p. 267. Un assortimen t trè s comparable de gloses interlinéaires à la fois latine s et
bretonnes s e trouve dan s l e ms. Paris, BNF NA L 161 6 (Libri 45)°° , fol. 5 v -7, en écriture d u milie u d u
IXe s. (MOSTERT 1989,243-244 , n° BF 1259 et 1260); en 1552, ces feuillets faisaient encor e partie du ms.
Orléans, BM 18(15 ) (St-Benoît-sur-Loire, 222)°° (MOSTERT 1989,112 , n° BF 415). Cf. L . DELISLE, Ca talogue de s manuscrit s de s fonds Libr i e t Barrois , Paris 1888 , p. 76-78 e t fac-similé, planch e VI-2 . L .
FLEURIOT a utilisé les deux copies de l'œuvre d e Gurmonoc pou r so n Dictionnaire des gloses en vieux
breton, Paris 1964 (réimpr. Toronto 1985) , mais sans proposer de leur voir un ancêtre commun déjà glosé ni considérer comm e un tou t l'ensembl e de s gloses latines et bretonnes.
220
Joseph-Claude Pouli n
Cet ancêtr e commun doi t se rapprocher sensiblemen t d e l'autographe d e Gurmonoc .
Le manuscrit d e Paris ne peut pas être un descendan t d e la paire de manuscrits d'Or léans, car il est plus complet qu'eux .
77. Editions
Cette oeuvre a fait l'objet de deux éditions pitoyables quasi simultanées46. PLAINE 1882,
209-258 l' a d'abor d fai t paraîtr e d'aprè s l e seul ms . de Paris, avec de nombreuses er reurs de lecture et quelques passages escamotés. CUISSARD 1883,417-45 8 a eu connaissance de cette édition juste avant de faire paraître la sienne, également négligée. L'un et
l'autre éditeur s avouen t d'ailleur s n e pas s'être senti tenus de respecter l'orthograph e
des manuscrits. Pour le reste, Cuissard a établi son édition d'après des règles peu claires
qu'il faut connaîtr e avant de l'utiliser: son ms. de base est celui d'Orléans; sans le dire,
il rétablit cependant l'ordre numériqu e norma l des chapitres tel qu'il se trouve dans le
manuscrit d e Paris; comme i l n'a pas vu l e ms. de Paris, il édite d'après Plain e (faute s
de lecture comprises ) l a préface (chap. 1-3) e t le poème fina l d u chap. 71 47 qu i man quent dan s le ms. d'Orléans; i l renvoie e n note tantôt de s particularités d u ms . d'Orléans, tantôt de s leçons qu'il a trouvées che z Plaine, sans qu'on puiss e bien distingue r
lesquelles son t lesquelles . Ce qu'il a retenu d e l'édition d e Plaine correspond généra lement à des erreurs de lecture de ce dernier.
Réalisant tro p tar d l a maladresse de Plaine et accordant un e confiance immérité e à
l'édition d e Cuissard 48, les Bollandistes firent aussitô t paraître une longue liste de corrections à l'édition d e Plaine d'aprè s cell e de Cuissard 49; c'étai t tombe r d e Charybd e
en Scylla, pour reprendr e l e langage de Gurmonoc lui-mêm e (préf . 1 et chap. 55). Ce
relevé ne fournit pou r l'essentie l qu'u n répertoir e cumulati f de s erreurs d e lecture d e
l'un e t l'autre éditeurs .
La nouvelle éditio n qu i s'impose , u n momen t annoncé e pa r Françoi s Kerlouégan ,
ne paraîtra finalement pa s par ses soins 50; il faudra san s doute l'établi r e n suivant tan -
46 C'es t pa r distraction qu e DOBLE 1971,14 6 n. 2 affirme avoi r fait paraître une édition critique de ce texte
dans DOBLE 1960 ; o n n'y trouve qu'une longue paraphrase commentée, comme il le dit lui-même ailleurs
(DOBLE 1971 , 9 3 n . 17) .
47 Cuissar d prétend effrontément (p . 415 ) qu'il a eu le bonheur de découvrir à Paris le ms. latin 12942 , alors
qu'il ne le connaît qu e par l'éditio n d e Plaine. La preuve en est qu'il cite ce ms. sous l a fausse cot e 953
(mis pour 593 ) attribuée par PLAIN E 1882 , 208 à la bibliothèque de St-Germain-des-Prés, qu'i l n e cor rige aucune de s fautes de lecture d u Bénédicti n e t qu'il présent e (e n note), comme de s lacunes d u ma nuscrit, des passages qu e Plaine a seulement omi s d'imprimer. Cel a étant, Cuissard pouss e l'impuden ce jusqu'à reproche r à Plaine d'avoi r complètemen t défigur é bie n de s nom s propre s (p . 416 n . 3)! La
BORDERIE 1896, 3 n. 2 a raison de reprocher à Cuissard d'invente r un e glose bretonne imaginaire (Amcinim) a u chap. 40. Josep h LOTH corrige une autre faute semblable dans sa Chrestomathie bretonne (armoricain, gallois, comique). Première partie: Breton-armoricain, Pari s 1890 , p. 100 (chap. 4, Dincat).
48 Dénonciatio n véhément e de l'ineptie d e Cuissard pa r André WILMART , L a collection de Bède le Vénérable sur l'Apôtre, dans: RBén 38 (1926) p. 24 n. 5, relayé par Pierre COURCELLE , Fragment s no n iden tifiés d e Fleury-sur-Loire (III), dans: Revue des études augustinienne s 2 (1956) p. 447 n. 1 . Encore u n
jugement sévèr e sur l e catalogue de Cuissard che z Pau l GROSJEAN , Le s litanies bavaroises d u «libellu s
precum« di t de Fleury (Orléan s ms . 184), dans: AnalBoll 77 (1959) p. 374s.
49 E x Vita s. Pauli Leonensis édita a cl. V. Car. Cuissard ex cod. Floriacensi-ad-Ligerim variante s lectiones,
dans: AnalBoll 2 (1883) p. 191-194 .
50 Communicatio n personnell e du 1 0 mars 1997 .
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
221
tôt l e ms. d'Orléans, tantô t celu i d e Paris . Nous renverron s ic i à l'édition d e Plaine ,
quitte à la corriger a u besoi n pa r so n manuscrit ; ell e est e n effe t mieu x diffusée , plu s
commodément découpée en chapitres et faite d'après un manuscrit complet. Le tableau
en Annexe B donne la concordance entre le système médiéval de numérotation des chapitres e n chiffres romain s fourn i pa r le s manuscrits (e t respect é pa r le s éditeurs) e t la
numérotation e n chiffres arabe s créée par Plaine.
Édition d e l a e t l d pa r HOWLET T 1995 , 268-271 d'aprè s Plaine . Publication élec tronique complèt e sou s form e d e cédéro m dan s Archiv e of Celtic-Lati n Literatur e
[ACLL-1], Turnhout 1994 , reprenant l'éditio n d e CUISSAR D 1883 .
Traductions: en français pa r Sai k FALHUN , Vi e de saint Pau l d e Léon e n Bretagne ,
dans: IRIE N 1991 , 151-231 (pages impaires), d'après l'éditio n CUISSAR D 1883 ; en breton par le même, loc. cit., p. 150-228 (pages paires); en anglais, de l a e t ld , pa r How LETT 1995 , 269-271 .
77/. Examen critique
a) résultats:
Vie rédigée par le prêtre-moine Gurmono c d e Landévennec e t achevée en 884.
b) résumé analytique :
Gurmonoc offre cett e biographie zu pater Hinworet . Paul est né dans une famille éminente du su d d u Pay s d e Galle s et confié pou r so n éducatio n a u nobl e e t savant Iltu t
dans l'île de Piro; il s'y retrouve en compagnie des saints David, Samson et Gildas. Attiré par la vie contemplative, Paul obtient l'autorisation d e fonder u n ermitage avec 12
compagnons; sa renommée parvient aux oreilles du roi Marc qui le fait ordonner prêtre,
puis lui offre l'épiscopat . L e saint préfère s'exiler ; il atterrit d'abord à l'île d'Ouessant ,
puis navigue vers la Domnonée, dans le secteur de l'île de Batz et d'un oppidum côtie r
(le futur St-Pol) 51. Il y retrouve son parent, le pieux comte Withur, qui lui cède son territoire, non san s l'avoi r envoy é e n ambassad e auprè s d e son supérieu r l e roi parisie n
Philibert {sic pou r Childebert ) qu i l e fait consacre r évêque . De retou r e n Domnoné e
comblé de dons royaux, il reçoit un territoire du duc Iudwal. Paul désigne son successeur sur le siège episcopal et se retire dans la communauté monastiqu e d e l'île de Batz
où i l meurt trè s âg é un 1 2 mars. Il demande à être enseveli dans la ville épiscopale d e
St-Pol.
c) sources:
Gurmonoc es t très bavard su r les sources qu'il dit avoir utilisées; il convient de discuter tour à tour le s traditions orale s et les documents écrits .
Les traditions orale s d'abord, auxquelle s il renvoie avec force ut dicitur, utfertur e t
autres ut vocitatur; i l s'agit la plupart du temps de justifier ses précisions onomastique s
(toponymie ou anthroponymie), fort nombreuses au fil du récit. Il ne s'ensuit pas pour
autant qu e Gurmono c soi t all é fair e enquêt e personnellemen t outre-Manche ; l a
connaissance d'expressions e n usage chez les transmarini (chap. 32 et 35) peut bien lui
être parvenue par voie orale (TANGUY 1991,11) . Il porte ses oublis au compte de l'éloignement dan s le temps et dans l'espace (chap. 4ex).
51 Essa i de cartographie d e ces déplacements pa r TANGUY 1991 , 2 3 et 1997a , 79 et 80.
222
Joseph-Claude Pouli n
Notre hagiograph e aim e mentionne r no n seulemen t le s noms , mai s auss i le s sur noms de ses personnages (don t six de quatorze disciples du saint aux chap. 35 et 38): à
commencer par le saint lui-même: Paulus cognomento Aurelianus (chap. 4) // [sanctus
Devius] cognomento dicebatur Aquaticus (chap. 8) // [regem Marcum] quem alio nomine Quonomorium vocant (chap. 22) // Quonoco, quem alii sub additamento more
gentis transmarinae Toquonocum vocant (chap. 35)52 // Toseocus qui cognomine Siteredus dicebatur (chap. 35) / / Wohednovius qui alio nomine Towoedocus vocabatur
(chap. 35) // Toecheus, qui et Tochicus (chap. 35)53 // Hercanus qui alio nomine Herculanus vocitabatur (chap. 35) // Iunehinus nomine ... cunctorum ab ore monachus vocitabatur (chap. 38) // Iudualus, cognomento Candidus (chap. 63).
Un dernier exemple s'applique à un nom de lieu:plebempagi Achniensis, quam antiquo vocabulo Telmedoviam appellant (chap . 37). Petite manie innocente ou échos véritables de traditions orales - fondée s o u non? Pour David l'Aquatique, cette précision
ne refera ensuite surface que vers 1090 dans la Vita s. David de Rhigyfarch (BH L 2107,
chap. 2); sous l'influence d e la même tradition, ou de l'œuvre d e Gurmonoc .. . ? Pour
le roi Marc, il s'agit ici d'un hapax; y a-t-il un rapport avec la légende de Tristan et Iseut?
Des chercheurs se sont enthousiasmés pour cette hypothèse54 , qui ferait de Gurmono c
un témoin remarquablement précoc e de ce personnage célèbre dans la matière de Bretagne55. Quant a u surnom d e Paul, l'idée d'u n apparentemen t flatteu r aurai t p u veni r
à Gurmono c pa r l a rencontr e d u ro i Ambrosiu s Aurelianu s dan s l e De Excidio Britanniae de Gildas (IRIE N 1991 , 19). En pareille matière , rien n'est absolumen t impos sible ... D'u n nivea u comparable sont des allusions à des relations de cousinage, don t
52 Josep h VENDRYÈS , Sur les hypocoristiques celtique s précédés de Mo- o u de To- (Do-)> dans: Études celtiques 2 (1937) p. 255-256; réimpr. dans: Choix d'études linguistiques et celtiques, Paris 1952, p. 183-184
(Collection linguistique, 55). D. Ellis EVANS, A Comparison o f the Formation of Some Continental an d
Early Insula r Celti c Persona l Names , dans: Bulletin o f th e Boar d o f Celti c Studie s 24:4 (1972) p. 426.
Un saint Toconocus est invoqué dans les litanies d'un psautie r écrit en Bretagne vers 900; ce ms. fut peut être transporté dans l'île de Bretagne par le courant d'émigration d u Xe s.: Michael LAPIDGE éd., AngloSaxon Litanies of the Saints, Londres 1991 , p. 84 et n° XLIV.213 (Henry Bradsha w Society , 106) .
53 L a formule »N . qu i e t N. « remonterai t à l'Antiquité, selo n Hywe l D . EMANUEL, A Double-Name in
Welsh »Saints' Lives«, dans: Bulletin of the Board of Celtic Studies 21 (1965 ) p. 133-135. Mais cette pratique du surno m annonc é par des formules comm e qui et ou cognomento fai t égalemen t partie du sys tème anthroponymique de l'aristocratie franque: Régine Le JAN, Famille et pouvoir dans le monde fran c
(VII e -X c siècle). Essai d'anthropologie sociale , Paris 1995 , p. 192-193.
54 Valerie M. LAGORIO , Pan-Brittoni c Hagiograph y and th e Arthuria n Grai l Cycle, dans : Traditi o 2 6
(1970) p. 36. Et encore Léon Fleuriot , cité par André D E MANDACH, L e triangle Marc-Iseut-Tristan: u n
drame d e double inceste , dans: Études celtique s 2 3 (1986) p. 212. Une Vita s. Melorii d u XI e s . (BH L
5903) ne peut e n tout ca s pas servir de confirmation, contrairemen t à ce qu'a auss i pensé MERDRIGNA C
1991, p . 95 .
55 C'es t justement en Basse-Bretagne que le conte du roi Marc aux oreilles de cheval s'est le mieux conservé: Gaë l MILIN , L e mythe e t l'histoire . L e conte d u ro i aux oreille s d e cheval ou l e seigneur d e l'île de
Karn, dans: Études su r la Bretagne e t les pays celtiques. Mélanges offert s à Yves Le Gallo, Brest 1987 ,
p. 353-354 . Appel s à l a prudence , cependant , d e Sigmund EISNER , The Trista n Legend. A Study in
Sources, Evanston (111.) 1969, p. 56-58; et de Thomas D. O'SULLIVAN, The De Excidio of Gildas. Its Authenticity and Date, Leyde 1978, p. 98-99. Voir aussi Rachel BROMWICH éd. et trad., Trioedd Ynys Prydein. The Welsh Triad, Cardiff 1961, p . 444-446. Étant donn é l a manière de travailler de Gurmonoc e t
la date du ms . le plus ancien , il faut à notre avi s écarter l'hypothès e d e Patrick Sims-William s qu i sug gérait de considérer interpolé e l'incis e qu i contient l e surnom d u ro i Marc: Olivier J. PADEL , The Cor nish Background o f the Tristan Stories, dans: Cambridge Medieva l Celti c Studies 1 (1981 ) p. 77 n. 61.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
223
aucune source plus ancienne n'a conservé trace: un nommé Pierre (chap. 37) et le comte/duc/roi Withur (chap . 48 et 56), tous deux cousins de Paul; le duc Iudwal d e Dom nonée, cousin de s. Samson (chap. 63). Ces trois cousins ont en commun d'avoir ét é de
généreux donateurs fonciers envers Paul, ce qui révèle déjà une des motivations de l'entreprise d e l'écrivai n d e Landévennec : l'accumulatio n d e ce s propriété s serait-ell e à
l'origine d u diocèse de St-Pol comme réalité territoriale 56?
Plus tangible étai t assurémen t l e souvenir attach é à une cloch e appelée longi fulva
que la tradition reliai t à Paul (chap. 51)57. DUINE 1922 , 253 est à juste titre réservé su r
la possibilité d e reconnaîtr e a u chap. 22 une pratiqu e liturgiqu e d'actualit é dan s un e
scène de communion sou s le s deux espèces ; une recherche d'archaïsm e suffirai t à expliquer cett e mis e en scène. Il est évident qu e notr e hagiograph e a mis à contribution
bien des éléments d'information qu i circulaient de son temps; autre chose est d'évalue r
leurs liens avec le s. Paul historique, et encore plus de s'y appuye r pou r date r leu r témoignage. Que vaut une relation de senes antiquissimi (chap . 64) qui évaluaient à plus
de 14 0 ans l'âge de Paul à son décès 58?
À lire Gurmonoc, o n pourrai t égalemen t croir e qu'il a disposé de sources écrites 59
pour l'aide r dan s sa rédaction. Il est assuré qu'il en a utilisé de nombreuses, parfois d e
façon particulièremen t intensive ; mais à peu près aucun e d'entr e elle s ne parlait d e s.
Paul. Sans présumer d u talen t du biographe , il faut constate r que nous avon s affaire à
une construction littéraire recherchée. En effet, Gurmono c n'hésite pas à évoquer avec
assurance l'utilisation d e sources écrites dont nou s savons qu'elles n'ont pa s existé ou
qu'elles son t san s rappor t ave c Paul; ainsi préf. 2: les admonestations à l'intention d e
quiconque voudrai t reprendr e so n travai l e n retournan t au x veterum chartis son t
transcrites de la V longior s. Winwaloei (préf . métr., vers 6) (MERDRIGNAC 1985 , 35) //
chap. 21: Gurmonoc a lu quelque part (legimus) un trait de l'ascétisme de Paul; en fait ,
ce passage est une imitation d e la grande Vie de Guénolé (II, 11-12) // chap. 59: l'hagiographe prétend cite r mot à mot un e lettr e secrèt e du comt e Withur a u roi Childe bert; la crédibilité d'une tell e assertion n' a pas besoin d'êtr e discutée .
Notre confiance devant de telles allégations est donc bien affaiblie, quan d il prétend
s'abstenir d e citer le s chartes d e donation qu'i l a trouvées à la tête d e la dépouille d u
saint (chap. 61) e t plus encor e quan d i l invoqu e de s témoignage s orau x e t écrit s re montant au x compagnons d u saint (chap. 14, 35 et 61).
Sa charge contr e le s abu s de s poète s (préf . 1 ) semble bie n gratuit e quan d nou s l e
voyons s'adonne r ensuit e lui-même à deux reprises à l'expression poétiqu e (aprè s les
chap. 13 et 71), fidèle en cela - su r un mode mineur - à l'exemple donné par son maître
vénéré Gurdiste n dan s sa Vie de Guénolé (POULI N 1996 , 190). Il ne faut don c pas e n
conclure que Gurmonoc cherchait à prendre le contrepied d'un récit en vers sur s. Paul.
56 B . TANGUY, De l'origine des évêchés bretons, dans: Les débuts de l'organisation religieus e de la Bretagne
armoricaine (congrès de Landévennec, 1989 et 1991), Landévennec 1994 , p. 29 (Britannia Monastica, 3).
57 Selo n CASTE L 1991,143 , une telle cloche - e n fait un gong - encor e conservée à St-Pol pourrait remon ter a u VIe siècle . TANGU Y 1994 . CASTE L 1997,114-118 .
58 Appréciatio n plu s optimiste d e la valeur des traditions orale s à la disposition d e Gurmonoc che z CAS SARD 1993 , 366-367 et, plus généralement, MERDRIGNA C 1998 .
59 Le s références exacte s aux sources identifiées e t leur localisation dans l'œuvre de Gurmonoc son t four nies par l e tableau joint en Annexe B.
224
Joseph-Claude Pouli n
Notre scepticisme s'étend auss i à la veteri constructione à laquelle Gurmonoc préten d
ajouter tou t e n laissant la liberté à des remanieurs éventuel s d e retourner à ces matériaux primitifs (préf . 2). C'est pourquo i nou s n'avons pas fait place à une vita deperdita en tête du dossier de Paul Aurélien 60, même si l'hagiographe prétend avoir lu (encore legimus, chap. 4) que le saint eut huit frères 61 et trois soeurs - bell e occasion de disserter sur les neuf chœur s de s anges et la Trinité. Étant donné cette analyse globale de
l'œuvre, nou s n e croyons pa s à l'utilité de s efforts déployé s pa r DOBLE 1960 , 30-5 2
pour départage r le s emprunts à une Vie perdue e t les contributions personnelle s de
Gurmonoc.
Une insérende signale bien souvent la présence d'un dérivé assez direct d'une œuvr e
écrite; dan s l a majorité de s cas, il s'agit d e marquer u n emprunt à l'Écriture saint e
(DUINE 1918,301s. , n° 14). Dom PLAIN E 188 2 en a identifié une vingtaine dans les notes
de son édition; nous en avons retracé cinq autre s aux chap. 7, 9, 12, 42 et 47; François
Dolbeau nou s en a aimablement indiqué trois autres aux chap. 18,45 et 60. Des quatr e
autres rapprochement s signalé s par Doble 1960 , 13, 17 et 27, nous ne retenons qu e le
dernier, appliqu é a u chap. 69. Il faut seulemen t prendr e gard e au fait qu e certains de
ces emprunts sont médiatisés par une autre source écrite 62, ou variants par rapport à la
Vulgate (DUINE 1918 , 59; DOBLE 1960,15) .
Du côt é des auteurs classiques, Gurmonoc accord e une faveur presqu e exclusive à
Virgile; en cela, il reflète un e caractéristique déj à reconnu e d e l'école hagiographiqu e
de Landévennec (WRIGH T 1983 , 175). KERLOUÉGAN 1981 , 187 a trouvé deux rappro chements possibles avec l'Enéide; et un troisième en 1982, 256 n. 4. WRIGHT 198 3 n'a
pas retenu l e premier cas , mais confirme le s deux suivants (p . 163 et 174); il ajoute six
autres points de contact avec l'Enéide, un avec les Eclogues et un dernier avec les Géorgiques63 (WRIGH T 1983 , 169-170 e t 174) . Plus récemment , KERLOUÉGA N 199 2 a reconnu une imitation très probable de Priscien au début de la préface.
Pour ce qui est des auteurs chrétiens, la moisson est beaucoup plus abondante. Gildas occupe une place remarquée avec trois emprunts à son De Excidio Britanniae énu mérés par KERLOUÉGA N 1982,242 64; WRIGHT 1986,180-18 1 a de plus reconnu quatr e
autres écho s de Gildas auxquel s nou s ajouton s celui de bibliotheca legis 65 au chap. 7.
60 DUIN E 1918 , 301 croyait à l'existence d'un e tell e deperdita.
61 L a sorcière éliminée par s. Samson a huit soeur s (Vita Ia I 27).
62 Ains i une citation de s Pv 24, 27 dans la Version de s Septante, prélevée en même temps qu'un emprun t
à Eusèbe Gallican (cf. infra).
63 Ce t écho des Géorgiques au chap. 44 vient directement d e Virgile, sans médiation de Gurdisten, mêm e
si cet abbé s'est lui aussi inspiré de Virgile pour parler des abeilles dans sa Vie de Guénolé (WRIGHT 1983,
170 n. 32 et p. 171) .
64 U n démarquage au chap. 34 est précisé par WRIGHT 1986 , 180; il n'est qu e partiellement médiatis é par
Gurdisten, bien que ce dernier ait lui aussi fait éch o au même passage du De Excidio.
65 N . WRIGHT, Gildas's Reading: A Survey, dans: Sacris erudiri 32 (1991) p. 162; réimpr. dans: History and
Literature i n Late Antiquity an d the Early Medieva l West . Studies in Intertextuality, Aldersho t 1995,
n° V (Collected Studies Series, 495). Gildas médiatiserait ici Bachiarius, De reparatione lapsi, 18 que Gurmonoc n'aurait probablemen t pa s eu les moyens de connaître directement . Anscar i MUNDO , »Biblio theca«. Bible et lecture de carême d'après sain t Benoît, dans: RBén 60 (1950) p. 65-92. Ailleurs, Gilda s
aurait encor e pu médiatiser Oros e ou Rufin: N. WRIGHT, Did Gildas read Orosius?, dans: Cambridge
Medieval Celtic Studies 9 (1985) p. 40-41; réimpr. dans: History an d Literature ..., n° IV.
S H G IX : Les saints Lunaire e t Pau l Aurélie n
225
Gurmonoc connaît son œuvre sous le nom d'Ormesta Britanniae 66. U n renvoi certain
à Grégoire l e Grand, Dial. 2, 7 se trouve a u chap. 7; nous n e retenon s pa s u n secon d
parallèle proposé pa r KERLOUÉGA N 1982 , 224 et encore en 1986 , 590. Au chap. 59, F.
Dolbeau a de plus trouv é u n éch o d e Grégoire, qui pourrait cependan t avoi r ét é médiatisé par Bède 67. Le démarquage de s Collation s d e Cassien reconn u pa r KERLOUÉ GAN 1982 , 237s. au chap. 17 est prolongé au x chap. 18-19 par W R I G H T 1986,165-16 7
et F. Dolbeau (communicatio n personnelle) 68. Nous croyon s possibl e d e reconnaîtr e
d'autres souvenirs de lecture de Cassien dans les passages suivants: génitale solum (titre
du chap. 24) = Cassien, Coll. III 4 et V 12 // ventris ingluvies (chap. 38 et 45; rapacitatis ingluvies a u chap. 12) = Cassien, Coll. V 2 , V 11 et XII 12. W R I G HT 1983 , 170 y a
plutôt vu une influence d e Virgile // exemplo illius eximiipatris Antonii ... (chap. 17)
= Cassien, Coll. XIV 469.
Un rapprochemen t possibl e ave c Bède , Hist. Eccl. 3, 6 au chap. 22 est signal é pa r
70
KERLOUÉGAN 1982,24 2 et rappelé par W R I G H T 1986,17 5 n. 57 . Un emprun t littéra l
71
à Prudence, Psychomachi e 28 6 est certain a u chap. 54 . WRIGHT 1986 , 17 0 a cru re connaître deu x écho s d u Carmen Paschale de Caeliu s Seduliu s - l e poète chrétie n l e
mieux connu en Bretagne carolingienne, selon lui (p. 183) - e t une imitation des Evangelia de Juvencus a u chap. 6772. Encore e n 1986 , cet érudit a identifié (p . 181-182) e n
la célèbre descriptio n d'u n drago n a u chap. 52 un mélang e d e citatio n e t d'imitatio n
66 A u chap. 8. C U I S S A R D 1883 , 458-459; cf . infra, note 73 . Alfred A N S C O M B E , O r m e s t a , dans : Zs . fu r cel tische Philologi e 4 (1903) p. 462-463. Patrick S I M S - W I L L I A M S , Some Function s o f O r i g i n Storie s i n Ear ly Medieva l Wales , dans : H i s t o r y an d H e r o i c Tale : A S y m p o s i u m ( O d e n s e - 1983 ) (éd . T . N Y B E R G et
alii), O d e n s e 1985, p. 116 et 130 ; réimpr. dans: Britain an d Earl y Christia n E u r o p e . Studie s i n Earl y M e dieval H i s t o r y an d C u l t u r e , Londres 1995 , n° III . F. D O L B E A U , N o m s d e livres , dans : Vocabulair e d u
livre e t d e l'écritur e a u m o y e n âg e (tabl e ronde , Pari s 1987 ) (éd . O . W E I J E R S ) , T u r n h o u t 1989 , p . 8 0
(Études su r l e vocabulair e intellectue l d u m o y e n âge , 2) .
67 N o u s l e remercion s d e c e signalemen t amical : Grégoir e l e G r a n d , Horn. Evang. 33 , 4 = Bède , In Lucae
evang. Expositio
III 7. À deu x reprise s (chap. 10 et 30-31), Paul Aurélie n me t miraculeusemen t fi n à un e
inondation e t fix e au x eau x d e l a me r un e nouvell e limit e à n e pa s franchir ; mai s G u r m o n o c n e sembl e
pas s'êtr e inspir é ic i du prodig e analogu e attribu é à l'évêque Sabi n d e Plaisance , tel qu e racont é pa r G r é goire l e G r a n d , Dial. I l l 2 - 3 .
68 Ce s parallèle s entr e Cassie n e t G u r m o n o c on t ét é signalé s séparémen t pa r J . Raiso n d u C l e u z i o u à B .
M E R D R I G N A C , Hagiographi e e t liturgi e dan s le s Vie s d e saint s d e Bretagn e continental e a u m o y e n âg e
( V I I e - X I I I c siècles) , dans : P o z n a h s k i e T o w a r z y s t w o Przyjaciô l N a u k 10 9 (1991 ) p . 112 . U n e c o m p a raison entr e vi e active e t vie contemplative mettan t e n parallèl e M a r t h e e t Mari e es t u n procéd é habitue l
de l a littératur e ascétiqu e d u hau t m o y e n âge ; ains i che z Grimlaïc , Régula solitariorum 8 . Mai s i l s'agi t
ici à c o u p sû r d ' u n prélèvemen t su r Cassien . Loui s G O U G A U D , L a theoria dan s l a spiritualit é médiéva le, dans : Revu e d'ascétiqu e e t d e mystiqu e 3 (1922 ) p . 385 . Giles C O N S T A B L E , T h r e e Studie s i n Medie val Religiou s an d Socia l T h o u g h t , C a m b r i d g e 1995, p. 2 6 - 2 7 ; e t dernièremen t N . L A R G I E R , Vit a activa
/ vita contemplativa , dans : L e x M A V I I I - 8 (1997) col. 1752-1754.
69 J. Raison d u C l e u z i o u (cité par M E R D R I G N A C 1985,141) voi t plutô t u n contact avec Cassiodore, Expositio psalmorum
C I , verse t 7 , qui n o u s paraî t moin s satisfaisant .
70 Essa i d e localisatio n d ' u n r o y a u m e o ù s e rencontraient quatr e langue s pa r S . E I S N E R , Tristan Legend (ut
adn. 55 ) p . 64-6 5 e t cart e 6 .
71 K E R L O U É G A N 1982 , 247 . Alert é pa r c e vers , D U I N E 1918 , 28 5 n . 4 avai t d ' a b o r d pens é à un e Collectio
monostichorum.
72 À moin s qu'i l n e s'agisse ic i d'une formul e prélevé e che z Arator , De actibus apostolorum 1,11 9 ( W R I G H T
1986, 17 2 n . 46) .
226
Joseph-Claude Pouli n
d'Orose, Hist. adv. Paganos 4, 8, 10-15 73; il exclut à bon droi t (not e 74 ) la possibilité
d'une médiatio n pa r Isidor e d e Seville. Gurmonoc es t aussi u n témoi n remarquable ment précoce d'un poèm e de Boèce (chap. 16), comme l'a établ i KERLOUÉGA N 1987a ,
310-31374. Pour notr e part, nous avon s retrouvé au chap. 8 une citation certain e de s.
Jérôme, Ep. 53, 9 ad Paulinum (! ) presbyterum, o ù il est justement question de l'apôtr e
Paul... DOBL E 1960 , 24 a cru reconnaîtr e au chap. 57 un écho de la liturgie de fonda tion d'une église . Enfin, nou s remercions F. Dolbeau d'avoi r attir é notre attention su r
un emprun t (c . 19) à Eusèbe Gallican , Homilia XXXVIII, 5.
Dans l'hagiographie continentale, Gurmonoc a beaucoup fréquenté deu x textes privilégiés. KERLOUÉGA N 1982 , 228 a eu raison d e reconnaître troi s emprunt s certain s à
la grande Vie de Guénolé par Gurdisten; nous ajoutons à cette liste de nombreux autres
points de contact - citations , imitations ou échos - reconnaissable s tout au long du travail de Gurmonoc (cf. Annexe B), c e qui faisait dire à Auguste Molinier que nous avons
ici affaire à un calque 75. F. Kerlouégan a ensuite signal é à TANGUY 1994 , 619 un rap prochement possibl e d u chap. 51 ave c l'Homéli e d e Gurdiste n su r Guénol é (BH L
8959, leçon IX): per cunctos Latinorum fines/populos, à un endroit où l'Homélie est originale par rappor t à sa source (POULI N 1996 , 192-194) . De plus , Gurmonoc a certainement ét é influenc é pa r l a premièr e Vi e d e Samson; au démarquag e reconn u a u
chap. 24 pa r KERLOUÉGA N 1982 , 23 0 e t au x rapprochement s qu' a signalé s d e plu s
DOBLE 1960 , passim, nous ajouton s d e nombreu x autre s parallèle s e n annexe . Gur monoc s'es t d'autan t plu s naturellemen t intéress é à l'hagiographie samsonienn e qu e
73 Cett e œuvr e d'Oros e a circulé e n Bretagn e sou s l e nom De Ormesta Mundi d'aprè s u n ms . d'origin e
bretonne assurée , copié avant l e milieu d u IXe s. et ensuite passé par la bibliothèque d e Fleury; aujour d'hui Vaticano , BAV Reg. Lat. 296°°. Ce dernier manuscri t contient , e n son début (fol . l v , 2, 3 V, 4, 14v),
des glose s interlinéaire s latine s précédée s de s même s sorte s d e signe s d'abréviatio n qu e l e manuscri t
d'Orléans (cf . tableau en Annexe A). A. WILMART, Codices Reginenses latini. II- Codices 251-500, Vatican 1945 , p. 130-132. C. Cuissard et Henri Gaidoz dans: CUISSARD 1883,458-460 . WRIGHT 1986,184 .
LEMOINE 1988 . Marie-Pierr e ARNAUD-LINDET, Orose . Histoires (Contre les païens). I- Livres I—III, Paris 1990 , p. LXXIV e t LXXXI (Coll . des Universités d e France). Nous trouvon s encor e l e même no m
attribué à cette œuvre d'Orose dan s un ms. du début du XI e s. provenant d e St-Maur-des-Fossés: Paris,
BNF lat. 12495 (C. SAMARAN dir., Cat. mss latins datés III, p. 291 ) . Une fois reconnue l'influence d'Oro se, i l n'est don c plus nécessaire de songer ic i à un éch o de Virgile, comme pouvait encor e le faire Loui s
PAPE, L a Vie de Paul Aurélien e t l'Énéïde, dans: Les saints bretons, Rennes 1981 , p. 98.
74 Accor d de Neil Wright cité par Julia M.H. SMITH , Province and Empire. Brittany and the Carolingians,
Cambridge 1992 , p. 17 5 n. 11 9 (Cambridge Studies i n Medieval Lif e an d Thought , I V 18). Le chant 9
du livr e III a particulièrement stimul é le s commentateurs médiévaux ; dans l a tradition manuscrit e an cienne, il circule d'ailleurs souvent à l'état isolé: Pierre COURCELLE, La Consolation de philosophie dans
la tradition littéraire . Antécédents et postérité de Boèce, Paris 1967 , p. 13-14 et 403. Sur la faveur du De
consolatione philosophiae a u IXe s.: Margaret T. GIBSON, Codice s Boethiani, dans: Revue d'histoire de s
textes 14-1 5 (1984-85 ) p . 72-73 . Cett e situatio n ser a mieu x connu e quan d nou s disposeron s d e l'in ventaire qu i a commencé à paraître: M. T. GIBSON et Lesley SMITH , Codice s Boethiani. A Conspectus
of Manuscript s o f the Works o f Boethius. I- Grea t Britai n an d th e Republic o f Ireland , Londres 1995 ,
XV-288p. (Warburg Institut e Surveys and Texts, XXV).
75 A. MOLINIER , Les sources de l'histoir e d e France, des origines au x guerre s d'Itali e (1494) . I- Epoque
primitive, Mérovingiens e t Carolingiens , Pari s 1901 , p. 132 , n° 393; DOBLE 1971 , 96; SIMON 1985 , 65.
Comme les rapprochements entr e Gurmonoc et Gurdisten concernent aussi bien les passages imprimé s
en gros qu'en petits caractères dans l'édition D e SMEDT 1888 de la Vita Winwaloei, nou s trouvons don c
ici une nouvelle confirmation d e l'inexistence d'un e versio n brèv e ancienne de cette biographie, qu'u n
tel jeu typographique cherchai t à mettre en évidence (POULI N 1996 , 201-203).
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
227
Paul et Samson auraient été condisciples auprès d'Iltut; le parallèle entre les deux saints
continue ensuite implicitement: visite à Paris chez le roi Childebert, bons rapports avec
le prince ludwal d e Domnonée .. . (DUIN E 1918 , 58-59, n° 14). Gurmonoc enrichi t la
tradition relative à Samson en lui ajoutant u n nouveau cousin inconnu jusqu e là (chap.
63). I l affirme a u chap. 8 s'être informé in libro de eodem prosaico sermone conscripto.
Cette précision vient-ell e d e ce qu'il connaissai t auss i une œuvre e n vers consacrée à
s. Samson? Au chap. 67, le discours d e l'ange commence pa r trois hexamètres (impri més comme de la prose par Cuissard e t Plaine); WRIGHT 1986,17 2 a remarqué une similitude certaine avec le premier vers du deuxième fragment d e ce qui nous reste de la
Vita metrica s. Samsonis (KERLOUÉGA N 1986a , 214 n. 17 ; POULI N 1987 , 730-731). Il est
en outre possibl e qu e Gurmono c (chap. 12) ait auss i conn u l a Vita IIa s. Samsonis II
12: Gurmono c fai t capture r pa r Pau l u n troupea u d'oie s sauvages , qu i le s amèn e a u
monastère comm e de s animaux domestiqués ; ce récit es t sans équivalent dan s l a première Vie de Samson.
Enfin, Gurmono c a-t-il pu être influencé par l'hagiographie insulaire ? DOBL E 1960 ,
36 et 1971,153 estime que le moine de Landévennec a confondu le s traditions relative s
à deux personnages galloi s quasi homonymes, le roi Paulus de Penychen (Glamorgan )
et le saint Paulinus de Carmanthenshire, et qu'il disposait d'une source écrite pour le second. Cette thèse - encor e endossée par MERDRIGNAC 1997 , 71 - n e nous paraît pas documentée d e façon convaincant e étan t donné les variations ancienne s du no m d e Paul
Aurélien (cf . infra, dans l a discussion critique) . DOBL E 1971 , 96-99 a encore souten u
qu'une sourc e écrit e gallois e maintenan t perdu e a alimenté séparémen t Gurmono c e t
l'auteur d'une Vita s. Iltuti; l a plus ancienne actuellement conservée ne date que des environs de 1140 : BHL 426 8 (TANGU Y 1991 , 15-19). Cette façon d'explique r à la fois le s
ressemblances e t le s différence s entr e ce s deu x Vie s a reç u l'adhésio n d e Carolin e
Brett76. Pour FAWTIE R 1912 , 28, c'es t une version ancienne de la Vita s. Iltuti qu e Gur monoc a dû consulter. Un tel intermédiaire ne paraît pas indispensable, car une connaissance de l'œuvre de Gurmonoc aux Xe -XI e s. dans l'île de Bretagne (grâce à l'entremise
de Fleury notamment) 77 est au moins aussi probable que la circulation d'une Vita s. Iltuti en Armorique au IXe siècle. Aux chapitres 70-71, Gurmonoc relate un conflit sur venu entre les clercs réguliers et séculiers qui se disputent la dépouille mortelle du saint.
Une telle concertatio fait partie des lieux communs de l'hagiographie occidentale, sur la
lancée du précédent célèbre de s. Martin de Tours78. Ici, un parallèle plus étroit est possible avec la destinée posthume de s. Patrice, telle que racontée par Muirchû entre 661 e t
700 (BHL 6497, livre II, chap. 12) ou dans sa Vita IVa (BH L 6503, chap. 97)79. La reprise d'un e tell e anecdot e pa r Gurmono c es t certe s possible , ca r nou s savon s qu e so n
maître Gurdisten s'intéressai t à s. Patrice {Vita longior s. Winwaloei, 118).
Etant donné l'importance que Gurmonoc attache à la précision topographique tou t
au lon g de s déplacement s d e s . Paul, précisions qu i pourraien t êtr e liée s à la défens e
76 C . BRETT, Illtud, dans: DHGE XXV:146/14 7 (1995) col. 849.
77 Deni s GRÉMON T e t L. DONNÂT, Fleury , le Mont Saint-Miche l e t l'Angleterre à la fin d u Xe et au débu t
du XI e siècle . À propo s d u manuscri t d'Orléan s n ° 12 7 (105), dans: Millénaire monastiqu e d u Mon t
Saint-Michel. I- Histoire e t vie monastique (dir . J. LAPORTE) , Pari s 1966 , p. 751-793.
78 Grégoir e d e Tours, Histoires I 48.
79 Mai s pas la Vita IIÏa (BH L 6506 ) ni celle de Probus (BH L 6508) .
228
J o s e p h - C l a u d e Pouli n
d'une juridictio n o u d'intérêt s fonciers , i l n'est pa s surprenant qu e Wendy Davies ai t
remarqué des expressions typiques du langage des chartes selon l'usage du monde celtique80. Le caractère perpétuel des donations faites au saint y est rappelé avec insistance: chap. 15, 16, 37, 39, 51, 56, 61.
Il reste san s doute bie n d'autres emprunt s o u contact s littéraire s à identifier, com me par exemple: un ut quidam ... aiunt a u chap. 981, un legimus a u chap. 14, et peut être aussi une interpellation direct e à saint Denis au chap. 60.
d) discussion critique :
À la fin d e sa préface (chap. 3), l'auteur s'identifi e nommémen t e t indique le lieu e t la
date d e fin d e sa rédaction; pendan t qu'i l écrit , le s invasions normande s ravagen t le s
côtes de Domnonée (chap. 66) mais le corps de Paul repose encore à St-Pol (chap. 8 et
71). Pa r un e analys e numérologiqu e d e l'expos é d e Gurmonoc , HOWLET T 1995 ,
272-273 e t 39 4 croi t pouvoi r confirme r l'anné e 88 4 comm e dat e d e compositio n d e
l'œuvre. Quelque s points plus sérieux méritent une discussion .
Gurmonoc offr e so n travai l a u pater Hinwore t (préf . 3 e t poèm e final , ver s 3 )
qu'on a pri s l'habitude , depui s Mabillon , d e considére r comm e u n évêqu e d e St Pol82; en tout cas , il paraît bie n li é à une écol e episcopate. Il serait pe u vraisemblabl e
d'en fair e un abb é du monastère insulaire de Batz, car les moines de ce monastère on t
perdu a u chap. 71 le privilège d e posséder l e corps d e s. Paul. À l a fin d e sa vie, Paul
se serait soucié d e sa succession comm e évêque , et non comm e abb é (chap. 62); à son
décès, on salu e le départ d'u n pontif e plu s qu e d'u n abbé . De plus, Gurmonoc inter pelle de s fratres venerandi (poèm e final , ver s 4 ) qu i semblen t êtr e le s même s per sonnes qu e le s disciples d'Hinworet ; so n œuvr e pourrai t don c avoi r ét é écrite à l'intention d u clerg é d e St-Po l e t destiné e à soutenir de s exercice s scolaire s (KERLOUÉ GAN 1986a , 216; SMITH 1990 , 323). À l'hypothèse afférent e que.nou s avon s proposé e
lors de la présentation d u manuscri t d'Orléans , ajouton s ic i un signalemen t d e signes
de constructio n syntaxique , présent s auss i bie n dan s l a sectio n A l qu e A2 : p . 52 ,
chap. 47; p. 64, chap. 55; p. 67, chap. 66; p. 72, chap. 71; p . 88 , chap. 13 vers 6 ; p. 91,
chap. 14; p. 104 , chap. 24. L e dessi n d e ces signes conventionnel s s'apparent e à de s
modèles e n usag e che z le s insulaires 83; nou s pouvon s don c croir e qu'il s on t ét é
80 W . DAVIES , T h e Lati n Charter-Traditio n i n Wester n Britain, Brittan y an d Irelan d i n th e Earl y Mediae val Period , dans : Irelan d i n Earl y Mediaeva l E u r o p e . Studie s i n M e m o r y o f Kathlee n H u g h e s (éd. D .
W H I T E L O C K et alii), C a m b r i d g e 1982, p . 2 6 8 , 2 7 0 - 2 7 2 , 2 7 6 - 2 7 7 ; résum é e n français sous le titre L a char te »celtique« , dans : Bull , d e l a Soc . archéol. d u Finistèr e 10 9 (1981 ) p . 203-204 .
81 F . Dolbeau s e d e m a n d e s'i l n e faudrai t pa s y voi r un e allusio n à l a questio n d e l a noua uoluntas divine ,
débattue pa r s . Augustin , Confession s XII 15; nous l e remercion s d e cett e suggestion .
82 Mabillo n fu t l e premier à imprimer de s extrait s d e l a Vie d e Pau l Aurélien , p r o b a b l e m e n t d'aprè s l e ma nuscrit d e l a B N F ; p o u r se s Annale s O S B III, p . 249 e t 250 , i l sélectionn a le s passage s o ù H i n w o r e t es t
nommé.
83 Wallace M. LINDSAY, Earl y Wels h Script, O x f o r d 1912 , p . 1 0 e t pi . III (St. A n d r e w s University Publications, 10) . Maartje D R A A K , C o n s t r u e Marks in H i b e r n o - L a t i n Manuscripts, dans: Mededelinge n de r
koninklijke nederlandse A k a d e m i e va n wetenschappen . Afdeelin g letterkunde, N i e u w e reeks , 20:10
(1957) p . 261-282 . Loui s L E M O I N E , S y m p t ô m e s insulaire s dan s u n manuscri t breto n d e VArs de verbo
d ' E u t y c h è s , dans : Étude s celtique s 2 6 (1989 ) p . 152-15 3 (ms . O x f o r d , Bibl . Bodl . F . 4.32 [S.C . 2176]) ;
I D . , Signes d e constructio n syntaxiqu e dan s de s manuscrit s breton s d u hau t m o y e n âge , dans : A L M A
Bulletin D u C a n g e 5 2 (1994 ) p . 8 0 - 8 1 ; notr e ms . d ' O r l é a ns es t m e n t i o n n é e n annex e dan s l a liste de s té -
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
229
inscrits pa r de s main s bretonne s plutô t qu e franques . À c e propos , i l es t piquan t
d'observer qu e le s Breton s d u hau t moye n âg e on t ains i annot é à des fin s scolaire s
plusieurs manuscrit s de s Institution s grammaticale s d e Priscien 84, u n auteu r qu e
Gurmonoc connaî t bien , pour l'imite r a u tout débu t d e sa préface.
Dès avan t l a fin d u millénaire , un flottemen t s'es t manifest é dan s l e nom d u saint :
Gurmonoc l'appelle Paulus Aurelianus (dan s le titre, la préface, au chap. 4 et dans l'ex plicit du chap. 64) ou Paulus Aurelius (explicit du chap. 71). La présence de ce cognomen, isolé dans le dossier ancien du saint, a été interprétée par certains comme le signe
d'une influenc e romain e tardive, impossible à documenter autrement 85. Plu s assurée s
sont le s variantes Paulinianus (sou s l a plume d e Bili, dans sa Vita s. Machutis II 18 et
dans une charte de l'évêque Mabbo n d e St-Pol e n 954) et Paulinennanus dan s un ca lendrier du Xe s. reflétant l'usage de Landévennec86; l'adjectif Paulinanus a fini par s'appliquer a u siège de St-Pol (GRÉMON T 1971,140-141) .
L'état d e l a tradition manuscrit e a donné d u fi l à retordre au x chercheurs . Leque l
des deux manuscrits survivants représente la tradition primitive du texte? Le ms. d'Orléans signale-t-i l l e démembrement précoc e d'un e rédactio n unifiée ? L e ms. de Pari s
correspond-il au réassemblage plus respectueux de l'ordre chronologique de deux Vies
primitives, à l'origine distinctes ou rédigées par deux auteurs différents? L a section A l
saute directement de s origines familiales d u saint à son arrivée à St-Pol-de-Léon; on y
passe ensuite brusquement à la mort d u saint et à la sépulture de l'évêque à St-Pol. La
section A 2 ne présente qu e l a carrière insulair e d u saint , puis s a migration e n Petite Bretagne; Paul es t envoy é à Paris auprè s d u ro i Childeber t pou r y recevoi r l a consécration épiscopale. Il ne meurt pas. N i l'une ni l'autre de ces versions abrégées n'est cohérente; la première pouvai t d u moin s satisfair e u n publi c loca l à St-Pol, tou t e n ré duisant la biographie à un format plu s maniable .
Le scénario suivant nous paraît de beaucoup le plus probable. Une Vie primitive unifiée, ave c préface e t Hexametri versus finaux , fu t achevé e pa r Gurmono c d e Landé vennec en 884, comme il le dit à la fin de son prologue; un démontage est bien vite survenu - à l'initiative des destinataires de l'œuvre? - e t la biographie de Paul prit la forme
de deux segments distincts, Al e t A2. C'est sou s cette apparence qu'elle arriva à Fleu-
moins repérés , mais se s exemples n e sont pa s analysé s dan s l e corps d e l'article . Cf . auss i Gwenaë l L e
Duc, Le s signes de construction syntaxiqu e du ms. Laon 101 , dans : Mélanges François Kerlouégan (éd .
D. CONS O et aliï), Pari s 1994 , p. 341-361 (Annale s littéraire s de l'Université d e Besançon, 515).
84 M . DRAAK, The Higher Teaching of Latin Grammar i n Ireland durin g the Ninth Century , dans: Mededelingen de r koninklijk e Akademi e va n wetenschappen . Afdeelin g letterkunde , Nieuw e reek s 30:4
(1967) p. 107-144. L . LEMOINE, Les méthode s d'enseignemen t dan s l a Bretagn e d u hau t moye n âg e
d'après le s manuscrits bretons : l'exemple d e Paris BN lat . 10290, dans: SIMON 1986 , 45-63.
85 Jea n EVENOU , Paolo Aureliano, dans: BiblSS 1 0 (1968) p. 297; Jean-Christophe CASSARD , Le s Breton s
de Nominoë, Brasparts 1990 , p. 81 n. 8 (Les Bibliophiles d e Bretagne, 7).
86 Kobenhavn , Kongelige Bibliotek, Thott in-folio 239°°, fol. 2 V. F . DUINE , Bréviaires et missels des églises
et abbaye s bretonne s d e Franc e antérieur s a u XVII e siècle , dans: Bulletins e t Mémoire s d e l a Soc. ar chéol. du départemen t d'Ille-et-Vilain e 3 5 (1906) p. 137-138 (et à part, Rennes 1905) . GRÉMONT 1971;
IRIEN 1991 , 13-15. Reproduction pa r Jean-Luc DEUFFIC , Calendrie r à l'usage d e l'abbay e d e Landé vennec, Doualas 1985,35p . non paginées, à hauteur du quatrième jour des ides de mars (Britannia Christiana, Bibliothèque liturgiqu e bretonne, 5).
230
Joseph-Claude Pouli n
ry ver s 960 , où l'o n mi t le s deux tronçon s bou t à bout (notr e ms . d'Orléans) 87 ; mai s
dans l'aventure, l'œuvre de Gurmonoc avai t perdu s a préface (la ) et ses hexamètres d e
conclusion (ld) . En même temps, et par des cheminements que nous ignorons, le texte
initial complet et ordonné a survécu sous la forme encore représentée par le ms. de Paris.
De nombreu x argument s d e form e plaiden t e n faveu r d e l a reconnaissanc e d'un e
unité global e d e composition; i l existe asse z d'indice s pou r reconnaîtr e à Gurmono c
une paternité entièr e de l'œuvre :
a) tout a u long de cette Vie construite e n forme d e marqueterie littéraire , se manifes tent des pratiques d'emprunt , d e citation o u d'imitatio n qu i concernent auss i bien les
parties Al qu e A2; cf. l e tableau récapitulatif e n Annexe B.
b) de nombreux tour s d e phrase typique s d e la manière d'écrir e d e Gurmono c s e retrouvent auss i bie n dan s un e sectio n qu e dan s l'autre : per octo stadia, quod est mille
passus velpaulo amplius o u l'équivalent : chap. 10, 30, 33, 46, 52 (emprunté à Orose),
64 // in circuitu peragrantes ou analogue : chap. 38, 39, 41, 4 4 (emprunté à Gildas), 45,
6211 ferventius atque instantius o u autres redoublements d'adverbes a u comparatif d e
supériorité: chap. 16 (deux fois), 24,26, 40,46, 50 (deux fois), 60 (sous l'influence d e la
Vita Ia s. Samsonis I 13 et II 6 ?) // cum autem haec et alia perplurima o u l'équivalent :
chap. 15, 20, 22, 24, 45, 51, 52, 59, 71 (sous l'influence d e la Vita longior s. Winwaloei
I 7, 18 , 19?) // l a construction adverbial e una cum: chap . 20, 22, 33, 44, 57 (à dix re prises dans le texte-modèle de la première Vie de Samson et trois fois chez Gurdisten )
// sui baculi cuspide ou à peu près : chap. 10, 41 (deux fois), 46, 55 // ad quamdam insulamproprio nomine Ossam: chap. 33, 37, 39, 40, 46, 48.
c) Gurmonoc es t un habitu é de s doublets: la limite des eaux de la mer es t miraculeu sement repoussée : chap. 9-10 e t 30-3 1 / / apparitio n nocturn e d'u n ang e donnan t
l'ordre d u départ: chap. 24 et 36 // découvert e d'un fundus particulièrement propice à
une installation ave c des disciples: chap. 34 à l'île d'Ouessant e t chap. 37 en Domno née // dévastatio n pa r un anima l sauvage: un bœu f a u chap. 38 et un our s au chap. 45.
En ce dernier cas, les occurrences font parti e des sections Al e t A2 respectivement .
d) à une dizaine de reprises, Gurmonoc effectue de s renvois à ce qu'il écrit ailleurs dans
sa biographie; en quatre d e ces occasions, il s'agit de renvois à partir d e la section A l
vers la section A2 (chap. 45 et 65) ou inversemen t (chap. 6 et 26), ce qui achève de démontrer l'unit é d e rédaction d e ces deux parties du texte .
Il est déjà apparent par ce qui précède que certaines chevilles de Gurmonoc sont inspirées d u styl e d'u n autr e auteu r qu i lu i ser t d e modèle ; quand i l trouve ailleur s un e
tournure qui lui plaît, il n'hésite pas à y recourir à répétition, ce qui illustre assez bien
sa dépendance à l'égard d'ancêtre s prestigieu x e t le s limite s d e so n talen t personnel .
C'est pa r exempl e le cas pour si Deus siverit (V. Winwaloei II 1 = V Pauli 7 et 35) ou
sicut in subsequentibus demonstrabitur {V. Winwaloei II 1 = V Pauli 26, 35 et 37).
87 Dan s ces conditions, il nous paraît raisonnable d e penser que ce manuscrit fu t apport é de Bretagne pa r
Mabbon; contra, HEAD 1990, p. 56, n. 163. Sur d'autres manuscrits , certainement apporté s à Fleury pa r
des Bretons, cf. dernièrement Paul SAENGER , Separated Script at Reims and Fleury at the Time of Ger bert and Abbo, dans: Le livre et l'historien. Études offertes e n l'honneur d u professeur Henri-Jea n Mar tin (éd. F. BARBIER et aliï), Genèv e 1997 , p. 6-7.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
231
Malgré leur absence dans le ms. d'Orléans, la préface et le poème final faisaient san s
aucun dout e partie de l'œuvre originelle ; l'histoire tourmenté e d e ce manuscrit suffi rait à expliquer d e telles pertes , alor s qu e l e ms. de Pari s le s a conservés. C e son t le s
deux seuls endroits du texte où Hinworet es t identifié comm e destinataire de l'œuvre .
Mais le prologue démarqu e déj à l a préface métriqu e d e la Vie de Guénolé, conformé ment à une pratique général e de Gurmonoc (cf . tablea u e n Annexe B). Bien qu'il vilipende en début de prologue les excès des poètes, Gurmonoc s'est essayé lui aussi à orner son œuvre de diverses manières, sans aller toutefois jusqu' à la transformer e n opus
geminum comm e sut le faire so n maître Gurdisten e n l'honneur d e s. Guénolé.
La partie la plus apparente d e son effort pren d l'allur e d e poèmes à la fin de s chap.
13 et 71 , tou s deux imités de Gurdisten. Les Elegiaci versus placés entre les chap. 13 et
14 faisaient certainement partie de la rédaction primitive, car le chapitre 14 reprend par
les mots Finito itaque carmine ... 88 . Cela étant, il n'y a pas de raison de refuser à Gurmonoc la paternité des Hexametri versus (après le chap. 71); Gurdisten avai t déjà intitulé deux de ses chants Versus elegiaci (111) et Hexametri versus heroici (116). Il a fallu longtemp s avan t qu e les chercheurs reconnaissen t au x chap. 24 et 67 des cadence s
hexamétriques e t même des vers entiers qui ne sont certainemen t pas dus au hasard 89.
Aussi PABS T 1994, II 623-624 a eu raison de qualifier l'ensembl e d e l'œuvre d e faiblement prosimétrique .
De plus , o n n'avai t pa s encor e remarqu é qu e Gurmono c utilis e régulièremen t l a
prose rimé e dan s se s passages e n discour s direct , y compri s a u chap. 3 de l a préface ,
quand il interpelle directement Hinworet; il s'en trouve également ici ou là ailleurs dans
le texte. Il est ironique d e constater qu e ce résultat es t parfois obten u pa r la transfor mation d'u n poème-source ; c'es t ains i qu'a u chap. 16, notre hagiograph e rédui t u n
poème de Boèce en un discours en prose rimée90. Ajoutons enfi n que l'écrivain de Landévennec s'est essayé à l'allitération à trois reprises 91.
Un trai t d e la composition d e Gurmonoc imparfaitemen t conserv é par le s manuscrits et mal rendu par les éditions est sa division en deux livres, pourtant annoncée dès
le chapitre 11 ; nou s l'avon s restitué e dans la présentation d u dossier. Ainsi découpée ,
l'œuvre compt e deux livres égaux de dix chapitres chacun , selon la numérotation mé diévale en chiffres romains , qui pourrait bie n remonte r à Gurmonoc lui-même ; nou s
comprenons mieu x ains i l a présence d'u n explicit à la fin d u chapitr e 6 4 (ancien cha pitre XX). L'appartenance de s chapitres ultimes 65 à 71 (olim XXI à XXIII) n'est ce pendant pas remise en cause; le régime d'emprunts littéraire s de cette tranche du text e
est étroitement apparenté au corps principal de l'œuvre, comme en témoigne le tableau
récapitulatif join t en Annexe B. La répartition d e la matière en deux livres est confor me à l'usage de l'hagiographie bretonne , à commencer par la Vie de s. Samson: d'abord
la partie insulaire de la vie du héros, puis sa carrière continentale. Gurmonoc s'e n ex -
88 Mêm e type de liaison entre vers et prose chez Gurdisten , Vita longior s. Winwaloei I 11 et 16 , II 5 et 22
(POULIN 1996,190) .
89 WRIGH T 1986,17 0 n . 37 et 17 2 n. 45; cités d'après lu i par KERLOUÉGA N 1986a , 214 n. 17.
90 Le s rimes du début de ce passage sont involontairement mises en évidence par KERLOUÉGA N 1987a , 309.
91 Chap. 2: pauper enim conviva convivas quaer itpauper es. Chap. 30: creator magnorum mirabilium, mirabilis et mirabilior quae facis. Chap. 43: inter alios pastores porcos pascendo pascor.
232
J o s e p h - C l a u d e Pouli n
plique d'ailleurs lui-même à la toute fin du premier livre (chap. 32). Enfin l'œuvre possède deux doxologies interne s qu i s'achèven t pa r Amen (chap. 45 et 66) 92; aucune d e
ces césures n e correspon d à la division e n deu x livres , ni a u découpag e e n deu x seg ments du ms . d'Orléans. L e texte a pu connaître des utilisations partielles ayant laiss é
de telles traces, pour de s raisons qui nous échappent; mais ces détails ne remettent pa s
en cause l'unité global e de l'œuvre .
Le zèle de Gurmonoc à nommer le s lieux et les personnes - ave c une pointe d'éty mologisme à l'occasion (chap. 4) - e n fait u n témoi n importan t pou r l a connaissanc e
de l'onomastiqu e bretonn e ancienne ; mais pou r c e qui es t d e savoi r à quelle époqu e
(celle d e Pau l o u de Gurmonoc? ) appartiennen t le s graphie s o u prononciation s de s
mots bretons fournis par son texte, même transcrit par des scribes bretons, comme c'est
le cas pour le ms. d'Orléans, l'affaire es t délicate. Il ne va pas de soi que Gurmonoc les
a trouvées dan s un e rédactio n antérieure , quo i qu'e n pens e aprè s bie n d'autre s Julia
Smith93. Il faudra établi r une véritable édition critiqu e de ce texte avant de statuer su r
l'archaïsme d e ses graphies, car les éditions existante s sont défectueuse s à cet égard e t
il es t arriv é au x copiste s (pa s forcémen t bretonnants ) d'hésite r su r l'orthograph e à
adopter94. Plusieurs propositions d'amendement on t d'ailleurs été faites sur ce terrain95.
La thèse de LOTH 1883, 3 7 qui croyait pouvoir remonte r par les graphies des noms d e
personnes jusqu' à un e documentatio n d u VII e siècle , sino n mêm e d u VIe96, ne peu t
donc être reçue sans précaution. Il est possible, mais non indispensable, de faire naîtr e
Gurmonoc dan s le Léon, comme le suggère TANGUY 1991 , 7 ; mais malgré son éviden te origine bretonne, il n'est pas toujours bie n à l'aise quand vient le temps de rendre en
latin le sens des noms bretons : chap. 4: étymologie fantaisist e d e Brehant Dincat 97 II
chap. 40: plebs Lapidea comm e fausse traductio n deplebs Menoen 98.
Tout au long de son récit, Gurmonoc s'appui e su r la mention d e lieux qui ont gar dé l e souvenir d u sain t o u d e so n action . A u premie r ran g viennent ic i le s mention s
d'églises, de constructions o u d e propriétés liée s à la mémoire d u sain t o u d e ses disciples: chap. 20,34, 35,37-39, 56, 61, 63 . D'autre s lieux ou objets servent encore à rappeler le souvenir d e Paul ou à prolonger so n action : chap. 8, 31-32, 42, 51, 53, 70. Au
passage, Gurmonoc note également la localisation de la sépulture d'autres personnage s
92 L e Amen qu e P L A I N E 1882,22 0 plac e à la fin de s Elegiaci versus d u chap. 13 ne s e trouve pa s dan s l e ma nuscrit qu'i l préten d éditer .
93 J . M. H . S M I T H , Celti c Asceticis m and Carolingia n A u t h o r i t y i n Early Medieva l Brittany , dans : M o n k s ,
H e r m i t s an d th e Asceti c Traditio n (éd. W.J. SHEILS) , P a d s t o w 1985, p . 57 n. 17 (Studies i n C h u r ch H i s tory, 22).
94 D a n s l e ms. de Paris, le scribe a écrit a u chap. 35: Tigrenmaglus; pui s u n correcteur est passé, qui a souligné le s lettre s R E N , p o u r ajoute r au-dessu s E R N . L e ms . d ' O r l é a ns port e à cet endroi t Tigernmaglus.
95 L a B O R D E R I E 1888a , 195-19 6 (not e d e l a p. 133) ; L O T H 1887,165; T A N G U Y 1991 , 45.
96 J . L O T H , M o t s latin s dan s le s langue s brittoniques , dans : Annale s d e Bretagn e 7 (1889-1892) p . 6 9 n. 2.
Et encor e dan s l e m ê me sens : D U I N E 1918 , 301; Kenneth JACKSON, Language an d H i s t o r y i n Early Bri tain, C a m b r i d g e 1953 , p. 4 1 - 4 2 .
97
L O T H 1887, 165 ; D O B L E 1960 , 3 3 - 3 4 e t 1971 , 150-152 ; T A N G U Y 1991 , 1 5 e t 49 . C h a r l e s T H O M A S , A n d
Shall thes e M u t e Stones Speak ? P o s t - R o m a n inscription s i n Western Britain , Cardif f 1994, p. 110 n. 34
p r o p o s e de relie r cette cacographie à un écri t ( c o m m u n i q u é pa r de s transmarini) qu i aurai t p o r t é »*bronant dincat - the bro or district appended t o or controlled b y N a nt Dincat« .
98 T A N G U Y 1991 , 45 n. 43 et p . 49; B. T A N G U Y , D e quelque s glose s t o p o n y m i q u e s dan s le s ancienne s Vie s
de saint s b r e t o n s , dans : Mélange s Fleurio t (u t adn . 39 ) p . 229-231 e t 234-235.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
233
liés au saint: s. Iltut au chap. 9, le roi Marc au chap. 23. I l serait excessif de qualifier cet te vita de simple légende topographique, mais nous devons reconnaître l'existence d'u n
lien privilégié entre l'œuvre e t une géographie paulinienne très présente. De la méthode de composition à la motivation de l'entreprise, il n'y a qu'un pas: nous sommes plus
proches d e l'histoir e d'u n rayonnemen t qu e d e l a biographi e d'u n individ u (SMIT H
1990,323-324).
Si Gurmonoc utilis e de si nombreuses béquille s littéraires pour accompli r sa tâche,
c'est qu'i l pein e manifestemen t à rempli r so n programme . S a méthod e s'observ e l e
mieux dan s so n rappor t ave c Pœuvre-modèl e d e so n abb é vénéré ; chaqu e foi s qu'i l
s'inspire d'u n épisod e ou d'une phraséologi e d e Gurdisten relativemen t à s. Guénolé,
c'est pou r le s appauvrir e n le s simplifiant. Quan d i l ne tomb e pa s carrémen t dan s l a
sottise: il confond sain t Philibert avec P»empereur« Childebert , qu'il finit pa r canoniser (chap. 61; LO T 1907,13 3 n. 3)! Bien qu'elle soit moins envahissante, la Vita s. Samsonis subit un traitement analogue; remarquons seulement que l'endroit secre t où Paul
se retire pour mene r un e vie érémitique (chap. 44) est un castellum mun i d'un e sour ce, comm e pour Samson ( Vita Ia I 42)...
Là où Gurmonoc es t le plus personnel, sinon original, c'est dans son vocabulaire et
surtout dan s son style . Certains on t reconn u dan s son vocabulaire de s traces de celticisme ou d'hispérisme" ; e n ce sens, si notre auteu r parl e de son œuvr e comm e d'un e
peinture {depingere, préf . 2 et 3 ; pingere, chap. 13, vers 4) 100 ou d'un e toil e à ourdi r
{contexere, chap. 8), il ne faudrait pa s trop s'empresser d' y voir une langue imagée ty piquement celtique 101. KERLOUÉGA N 1982a , 120 s'est aussi demandé si le tour facere +
infinitif no n factiti f n e pourrait êtr e considéré comm e u n britonnism e sou s l a plum e
de Gurmonoc. Mais c'est surtout son style baroque qui a attiré l'attention, notammen t
une concentration d'hyperbate s double s dans le premier livre; par ce trait, Gurmono c
se distingue nettement de s autres hagiographes breton s et manifeste un e ambition lit téraire certaine . Mais i l s'en fau t pou r qu e cette particularité stylistiqu e soi t considé rée comme une spécificité celtique 102. Et il ne faudrait pa s en conclure que le Breton pas plu s qu e son maîtr e Gurdiste n (POULI N 1996 , 191s.) - es t rest é à l'écart de s cou rants culturel s carolingiens 103; quan d i l parle d e Yorganum (chap. 62; mais auss i au x
chap. 13 et 67, comme on l'a tro p pe u vu), au sens de chant à deux lignes mélodiques ,
99 DUIN E 1918,30 2 n. 4; L. LEMOINE, Recherches sur l'enseignement e t la culture dans la Bretagne du hau t
moyen âge, thèse de doctorat, Rennes 1985 , tome II, p. 348,378,418; B. TANGUY, L'hagio-onomastiqu e
bretonne: problématique e t méthodologie, dans les Actes du 107 e congrès nat . des Soc. Savantes, Brest
1982, Sectio n d e philologie et d'histoire jusqu' à 1610 , tome II: Questions d'histoir e d e Bretagne, Pari s
1984, p . 326 ; TANGU Y 1986,146 ; KERLOUÉGA N 1987 , 91 .
100 L. LEMOINE , Scrutari »lire « et pingere »écrire« . Not e su r l e colophon de Vatica n Regin a 296 , dans :
Études celtiques 25 (1988) p. 233-236. À compléter par ID., Maniérisme et hispérisme en Bretagne. Notes
sur quelques colophons (VIII e -X e siècles) , dans: Annales de Bretagne 102: 4 (1995) p. 9 n. 9; p. 11 n. 15
et p. 12 .
101 Jérôme, Ep. 53, 3: brevi sermone depinxit ...; lettr e utilisée par Gurmonoc a u chap. 8.
102 Les recherches le s plus poussées su r cette question son t due s à F. KERLOUÉGAN: 1972 , 278-280 et 283;
1981a, 206-207; 1986a; 1987,92-93. Mais voir aussi WINTERBOTTOM 197 7 et ID., Aldhelm's Prose Style
and its Origins, dans: Anglo-Saxon Englan d 6 (1977) p. 50-51; Michael HERREN , Hiberno-Latin , dans :
Dictionary o f the Middle Ages 6 (1985) p. 222.
103 Comme l e pense J. M. H. SMITH , Province and Empir e (ut adn. 74) p. 173-174.
234
Joseph-Claude Pouli n
et non pas au sens d'orgue, i l se révèle bien au fait de s nouveautés musicologique s d u
nord d e la Gaule 104.
Que Gurmono c ai t dispos é o u no n de s charte s qu'i l préten d avoi r eue s e n mai n
(préf. 1 et 2 et chap. 61), qu'il ait ou non eu recours à une liste abbatiale pour connaîtr e
le nom des successeurs de s. Paul (chap. 62-64; CASSAR D 1993 , 369), il a surtout choi si de construire so n œuvre en empruntant systématiquemen t de s appuis formels che z
des auteurs modèles pour étoffe r l a présentation de s souvenirs e t traditions liés à Paul
dans so n île natale e t su r l e continent. I l est certainement possibl e qu e l'hagiograph e
de Landévennec transmett e de s informations matériellemen t exacte s dans un langag e
convenu ou emprunté; mais il y a des limites aux subtilités qu'on peut raisonnablemen t
prêter à un auteur travaillant comme lui. Sa description de Y oppidumde St-Pol découlet-elle d'un e observatio n direct e (chap. 44)? I l l'a peut-êtr e démarqué e d e Gildas , qu i
avait tout autr e chos e en vue, soit la description d e l'île de Bretagne 105. Un argumen t
de vraisemblance par rappor t à un usage observé ailleurs dans le monde celtiqu e a été
invoqué par Patrick Sims-Williams106; que s. Samson ou s. Fursy aient installé une fon dation religieus e dan s un castrum/castellum n e prouve pa s encore qu e Pau l Aurélie n
en ait fait autant . Devenu dubitatif 107, GALLIO U 1997,1 9 a fini pa r se laisser tenter pa r
l'hypothèse d'un e réell e fortification antiqu e à St-Pol. Par delà l'inspiration littéraire ,
nous pouvons reconnaîtr e un effort d e Gurmonoc pour doter le siège de St-Pol d'un e
antiquité respectable , mais historiquement no n fondée 108.
Le fait qu e l a renommée d e Paul ai t volé jusqu'aux oreille s d u ro i Mar c (chap. 22)
cache-t-il un clin d'œil au x Bretons bretonnant s dan s le rapprochement d u mo t aures
104 M. HUGLO, L e développement d u vocabulaire de VArs Musica à l'époque carolingienne, dans: Latomus
34:1 (1975) p. 148; ID., Les origines de l'organum vocal en France et en Italie d'après les données de l'ethnomusicologie e t d'aprè s le s source s historiques , dans : L e polifoni e primitiv e i n Friul i e i n Europ a
(congrès de Cividale - 1980 ) (éd. C. CORS I e t P. PETROBELLI), Rom e 1989 , p. 365. Il est plus hypothé tique de faire d e la pratique d e l'organum u n élémen t de s usages scottique s e n vigueur à Landévenne c
avant 818 , comme l e suggère MERDRIGNA C 1993 , 48-49.
105 Gildas, De Excidio Britanniae 3 , 12. N. J. HIGHAM , Old Ligh t on the Dark Ages Landscape: The Des cription o f Britai n i n the De Excidio Britanniae o f Gildas , dans: Journal o f Historica l Geograph y 17:4
(1991 ) p. 363-372. Aucune fortification tardo-antiqu e d'importance n'es t connue à St-Pol: Patrick GAL LIOU, L a défense d e l'Armoriqu e a u Bas-Empire , dans: Mémoires d e la Soc. d'histoire e t d'archéol. d e
Bretagne 57 (1980) p. 244. Il ne faut donc pas trop s'inquiéter d e l'incohérence de la topographie des environs de St-Pol selon CASSAR D 1987 , 5-17. À la fin d u moyen âge , aucune fortification n'étai t visible à
St-Pol: Paul PEYRO N éd. , Fragment d'u n élog e de l a Bretagne a u XVe siècle , dans: Bull, d e l a Soc. ar chéol. du Finistère 1 5 (1888) p. 173. Pourtant, B . TANGUY veut croir e que la localité de St-Pol a dû êtr e
fortifiée d u temp s de Gurmonoc: Des cités et diocèses che z les Coriosolites e t les Osismes, dans: ibid.
113(1984) p.107-108.
106 P. SIMS-WILLIAMS , Religio n and Literatur e in Wester n England, 600-800, Cambridg e 1990 , p. 8 0 e t
107-108 (Cambridge Studies in Anglo-Saxon England , 3).
107 P. GALLIOU, Carte archéologique de la Gaule. 29 - L e Finistère, Paris 1989 , p. 184; ID., Chronique d'ar chéologie antique et médiévale (années 1988-1989), dans: Bull, de la Soc. archéol . du Finistère 118 (1989)
p. 61-62 .
108 Luce PIÉTRI, L'organisation d e la province, dans: Province ecclésiastique de Tours (Lugdunensis tertia),
Paris 1987 , p. 14 (Topographie chrétienne des cités de la Gaule, 5). Plus récemment, André-Yves BOUR GES a proposé de localiser au Yaudet (c ne de Ploulec'h, dép. des Côtes-d'Armor) la forteresse décrite par
Gurmonoc: L'évêché de Lexobie et l'archidiaconé d e Plougastel: autour des origines religieuses du Trégor, dans: Trégor, mémoire vivante 7 (1994) p. 8 et 15.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
235
et d u no m d u ro i Marc ? E n breton , march signifie cheva l ... 109 ; mai s nou s croyon s
beaucoup plu s simple de considérer qu'i l s'agit une fois de plus de la reprise par Gur monoc d'une formule qu'il a trouvée chez Gurdisten 110. En tout cas, il faut tenir compte du fait que »le bruit qui vient aux oreilles« est une image habituelle sous la plume de
Gurmonoc (chap. 5, 6, 28, 36). Quant à l'idée qu e le roi franc puiss e concéder se s revenus fiscau x d e Bretagne, ell e contient u n anachronism e éviden t pou r l'époqu e mé rovingienne, mai s convient mieu x a u IXe siècle 111. A propos d e l'épisode d e commu nion sous les deux espèces au chap. 22, DUINE 1922,25 3 se demande si l'auteur n' a pas
cherché ic i à cultiver l'archaïsm e plutô t qu' à rapporte r un e pratique bie n observée ; à
notre avis , c e raisonnemen t d u chanoin e Duin e pourrai t s'étendr e à l'ensembl e d e
l'opération d e mise en écriture des aventures d e Paul Aurélien .
Le travail d e Gurmono c es t foncièrement u n travai l scolaire : il prend l a plume e n
tant qu e bo n élèv e d e so n maîtr e e t s'inspir e explicitemen t d u traitemen t donn é pa r
Gurdisten au dossier de Guénolé. L'œuvre est destinée aux disciples de Hinworet; elle
est construite e n forme d e mosaïque-bilan d e lectures. En tout cas, les contemporain s
semblent bie n l'avoi r utilisé e comm e u n instrumen t d'entraînemen t scolaire : elle fu t
très vite démontée en deux sections et annotée par ou pour des apprentis (gloses latines
et bretonnes; signes de construction syntaxique) . Une tell e finalité pédagogiqu e n'es t
pas un ca s unique dan s l'hagiographi e d u hau t moye n âge 112; elle n'est pa s réservé e à
l'hagiographie métrique, même si le cas est moins fréquent113. L a confrontation de s manuscrits conservé s indiqu e qu e l e travail d e glos e remont e à leur ancêtr e commun ; i l
s'est donc produit trè s rapidement aprè s la composition d e l'œuvre .
Conclusion
L'auteur anonym e de la première Vita s. Iltuti, chap. 11 (BHL 4268) a noté vers le milieu du XII e s. le compagnonnage de Paul, Samson, Gildas et David auprès d'Iltut tou t
en transféran t d e Pau l à Samson le mérite d'avoi r mi s hor s d'éta t d e nuir e un e volé e
d'oiseaux qu i dévastait le s moissons d u monastèr e {Vita Ia s. Pauli 11-1 3 = Vita s. Iltuti 14 ) (DOBL E 1960 , 31). Mais il est difficile d e décider dans quelle version d e la Vie
de Paul Aurélien il a puisé ces éléments narratifs, à moins qu'il ne les ait recueillis dans
d'autres tradition s insulaires .
Vers 870, le diacre Bili d'Alet terminai t s a Vita s. Machutis II18 par la relation d'u n
concours d'adresse pa r lequel les mérites de s. Malo se révélaient supérieur s à ceux de
s. Paul (POULI N 1990 , 168); Gurmonoc a ignoré cette anecdote.
109 L. LEMOINE, L e scriptorium de Landévennec et les représentations de saint Marc, dans: Mélanges Fran çois Kerlouégan (éd. D. CONSO et alii), Paris 1994, p. 363-379 (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 515).
110 Gurdisten, Vita longior s. Winwaloei, II 15, vers 1 (BHL 8957) ; id., Vita metrica s. Winwaloei, II 9, vers
1 (BHL 8958) .
111 W. DAVIES, Land and Powe r in Early Medieva l Wales, dans: Past and Presen t 81 (1978) p. 18.
112 J. M. H. SMITH , A Hagiographe r a t Work: Hucbal d an d th e Librar y a t Saint-Amand, dans: RBén 10 6
(1996) p. 156-157 et 160-161 .
113 F. DOLBEAU, Un nouvea u catalogue des manuscrits de Lobbes aux XI e et XII e siècles, dans: Recherches
augustiniennes 1 3 (1978) p. 12-13 .
236
Joseph-Claude Pouli n
Compte ten u de s conditions d e travail e t méthode s d e rédaction d e Gurmonoc , i l
nous paraît douteux qu'on puisse utiliser son œuvre au premier degré pour écrire l'histoire du VIe siècle, comme le fait encore B. Tanguy114. Le jugement de Julia Smith nous
paraît plu s approprié , qu i y reconnaî t u n tiss u d e lieu x communs 115; nou s somme s
même tenté d'y voir un exercice scolaire, par un élève bien moins doué que son maîtr e
Gurdisten.
2. T r a n s l a t i o s . P a u l i A u r e l i a n i BH
L 658 7
/. Manuscrit
Ce text e a conn u un e trè s faibl e diffusio n comm e documen t autonome ; nou s n'e n
connaissons qu'un seu l manuscrit présenté ci-après. La plus grande partie du chap. 11
(jusqu'à adeptus est sepulturam) a été découpée en huit leçons dans un bréviaire à l'usage de Saint-Benoît-sur-Loire d u début XIII e s. 116.
Paris, BNF lat. 12606 (Fleury 143 ; Saint-Germain-des-Prés priu s 627, recentius
499)°°
Datation: XII e s.: L. DELISLE , Inventair e des mss de St-Germain-des-Prés, 100 ; Boll.,
Cat. Paris. Ill, p. 142 ; Henr i MORETUS-PLANTIN , Le s Passions de saint Lucien et leurs
dérivés céphalophoriques , Louvain/Pari s 1953 , p. 83 ; Alexandre VIDIE R ( f 1927) ,
L'historiographie à Saint-Benoît-sur-Loire e t les miracles de saint Benoît, Paris 1965,
p. 5 4 n. 178; PELLEGRI N 1979 , 99; MOSTER T 1989 , 231, n ° BF 118 9 // exXII e s.: DenisBernard GRÉMONT , L e cult e d e Marie-Madelein e à Fleury, dans : Études ligérienne s
d'histoire e t d'archéologi e médiévale s (congrè s St-Benoît-sur-Loir e 1969 ) (éd . R .
Louis), Auxerre 1975 , p. 205 // inXII P s. : W. LEVISON, MGH SR M VII, p. 649.
Origine: D e Fleury-sur-Loire , selo n H . MORETUS-PLANTIN , loc . cit . e t PELLEGRI N
1979,101; cette origine est incertaine d'après MOSTER T 1989 , 231, bie n que le ms. soit
certainement passé par Fleury avant d'être transporté à St-Germain-des-Prés, puis déposé à la Bibliothèque Nationale . I l ne constitu e pa s l e n° 14 3 du catalogu e d e la bibliothèque d e Fleury dress é en 155 2 et publié par Leopold Delisle117.
Coordonnées du texte: Fol . 121-121 v(olim fol . 138-138 v) = texte n° 2.
Contexte: Recuei l de Vies de saints et de sermons pour le s fêtes d e ces saints (VIDIER ,
loc. cit. , p. 54), rangés selon l'ordre liturgiqu e (PELLEGRI N 1963,24) . Ce ms. contenait
à l'origine u n exemplair e d e l a Vita IIa s. Pauli Aureliani, arrach é vers 160 0 par Jean
Dubois; fragment aujourd'hu i à Rome, Bibl. Vallicelliana G 98 (cf. notre document n °
3) (PELLEGRIN 1985,271) . Fait suite immédiatement à la Translation (fol. 121 v), un Sermo de sancto Paulo episcopo, qui est en fait un sermon de s. Augustin appliqué au saint
breton118.
114 B. TANGUY, Le s premiers temp s médiévaux , V e -XIII e siècle , dans: Le Finistère d e l a préhistoire à nos
jours, St-Jean d'Angély 1991 , p. 87-92. Cf. auss i TANGUY 1997 .
115 J. M. H. SMITH, Celtic Asceticism (ut adn. 93) p. 57-58.
116 Orléans, BM 125 (103)°°, fol. 247-247v (MOSTERT 1989,131) . Anselme DAVRI L éd., Consuetudines Flo riacenses saeculi tertii decimi, Siegburg 1976 , p. 234, n° 403.
117 L. DELISLE , Notic e su r plusieur s ms s d e l a Bibliothèque d'Orléans , dans : Notices e t extrait s des ma nuscrits de Bibliothèque Nationale , XXXL1 (1884 ) p. 426-439.
118 PELLEGRI N 1979 , 101 . Sermon Memoriam iusti (CCCXXX V L ; Lambot 22 ) pour u n confesseu r no n
martyr, édité par Cyrille LAMBOT, Sermons inédits de saint Augustin pour des fêtes de saints, dans: RBén
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
237
II. Édition de référence
AA SS 21 mar s III (1668), p. 330-331 »e x mss et Ioanne a Bosco« [Jea n Dubois]; deux
chapitres, numérotés 1 1 et 12.
Traduction d u chap. 11: OHEI X 1900 , 217-218.
777. Examen critique
a) résultats:
Rédaction par le moine Aimoin de Fleury entr e 100 4 et 101 0 environ, peut-être avan t
1008.
b) résumé analytique :
Le chapitre 1 1 raconte la translation de s. Paul Aurélien à Fleury par l'évêque Mabbo n
de St-Pol vers 952 ou vers 958 119, du temps de l'abbé Vulfadus d e Fleury (950-961) 120.
Le chapitre 12 relate des interventions miraculeuses des saints Benoît et Paul pour sauver à deux reprises du naufrag e u n nomm é Félix, dévot de s. Paul, parti d'Ouessant 121
pour rallie r Fleury e n passant par St-Pol .
c) sources:
De son propre aveu, l'auteur a utilisé une Vie de s. Paul122; mais laquelle des deux versions: celle de Gurmonoc o u celle de Vital? Du point de vue du fond comm e de la forme, l'un e o u l'autr e recension peut auss i bien faire l'affaire , puisqu'elle s furen t toute s
deux disponibles à Fleury; mais étant donné qu'Aimoin préparai t à l'avance le s matériaux d e s a compilation e t vu l a date asse z haut e d e s a mise e n forme 123, nou s accor dons l a préférence à une dépendance d e l'œuvre d e Gurmonoc. Comm e Aimoi n e n a
tiré des données relative s à la vie du sain t à Ouessant, son accession à l'épiscopat e t sa
sépulture, il a dû connaîtr e un e version complèt e d u travai l d e Gurmonoc, comptan t
les sections Al e t A2 du ms . d'Orléans présent é plus haut. Pour s a connaissance de la
translation à Fleury, Aimoin invoqu e l a tradition oral e du lie u (chap. 11: sicut a prioribus nostris earn auditu comperimus), bie n que l'affaire lu i paraisse déjà ancienn e (licet multis antea temporibus gesta sit). Quand i l utilise l'expression huius translationis
59 (1949) p. 74-76 [voir aussi p. 80-81] d'après un autre ms. de Fleury: Orléans, BM 60 (57)°°, du XI e s.,
cette fois ave c la seule mention De sancto Paulo.
119 Les avis divergent su r la date, selon que l'on considèr e que Mabbon a souscrit l a charte de refondatio n
de St-Père de Chartres d e 954 avant ou aprè s sa migration à Fleury: A. VIDIER, L'historiographi e à StBenoît, Paris 1965 , addenda, p. 245.
120 Cat. mss latins datés VII, p. XXXVIII et 493. Jean-Mari e BERLAND , L'influence d e l'abbaye d e Fleury sur-Loire en Bretagne et dans le s îles britanniques d u Xe au XII e siècle, dans: CTHS, Questions d'his toire de Bretagne (congrès de Brest - 1982) , Paris 1984 , p. 276-277. OHEIX 190 0 situe la translation vers
958-960. DUIN E 1922a , 14-15.
121 DUIN E 1922a , 7 . Jean-Marie BERLAND , Le s prieuré s normand s d e l'abbay e d e Fleur y au x XI e e t XII e
siècles, dans: CTHS, Questions d'histoir e e t de dialectologie normand e (congrè s de Caen 1980) , Paris
1984, tom e II, p. 120. B . TANGUY , Ouessant à travers les textes anciens, dans: Saint Paul Aurélien - Oues sant 491-1991, S.l. 1991 , p . 1-4. L'identificatio n d e l'île d'Ouessant dan s Yinsula Ossa ne fait pas l'una nimité; cf. par exemple Julien ROUSSEAU , Un sain t breton authentique. Saint Goustan, moine de Rhuys
et de Beauvoir (974-1040) , Fontenay-le-Comte 1940 , p. 13s. et 86-88.
122 Chap. 11: ex libro vitae eius didicimus.
123 Jean-Marie BERLAND , Un moin e aquitain de l'an mil: Aimoin de Fleury, dans: Revue historique de Bordeaux et du département d e la Gironde, n. s. 30 (1983-84) p. 27 n. 140.
238
J o s e p h - C l a u d e Pouli n
seriem, c'es t pou r désigne r l e récit qu'i l s'apprêt e à écrire d'après le s souvenirs d e ses
confrères, et non pas une relation écrite maintenant perdue 124. Pour la matière du chap.
12, Aimoi n a pu recouri r à des souvenir s personnels , ca r i l est bie n possibl e qu'i l ai t
connu l e Félix en question .
d) discussion critique :
Cette œuvr e d e peu postérieur e à l'an mi l n'est discuté e ic i que dan s la mesur e o ù s a
connaissance éclaire les traditions hagiographiques relative s à s. Paul antérieures à cette date.
Les deux récit s relatif s à s. Paul font parti e d'un e vast e compilation d e miracles d e
s. Benoî t continué e pa r l e moine Aimoi n d e Fleury (f c. 1010); dan s c e troisième
livre, Aimoin trait e e n désordr e d'événement s qu i lu i son t contemporains , peut-êtr e
survenus d u temp s d e l'abbatiat d'Abbo n (988-1004) 125. L'insertion d e ces deux cha pitres au livre III d'un lon g recueil de miracles de s. Benoît (BH L 1125 ) les place dans
un éclairag e particulier: a u chapitr e 11 , c'est l'attrai t d e s . Benoît et non le s menace s
normandes qu i décide l'évêque Mabbo n à quitter St-Po l pour s e réfugier à Fleury; au
chap. 12, le rôle principal dans le sauvetage des naufragés es t dévolu à s. Benoît et non
à s. Paul. Ces deux bref s récit s témoignent d u rayonnemen t d u cult e de s. Paul Auré lien e n Bretagne aprè s so n exod e à Fleury, et réciproquement d u rayonnemen t d e la
renommée d e s. Benoît vers la Bretagne (c'es t du moin s ce qu'Aimoin aimerai t accré diter).
Si le Félix du chap. 12 est la même personne qu e l e refondateur d e l'abbaye d e StGildas, où i l fut envoy é e n 1008 126, la rédaction d'Aimoi n pourrai t avoi r ét é exécuté e
avant cett e date , car c e développement d e l a carrière d e Féli x es t ignor é pa r Aimoin .
Mais les relations étroites entre Fleury et la Bretagne étaient établies bien avant ce moment, contrairement à ce que pense Vidier (p . 101-10 2 n . 186). Le traitement accord é
par Aimoin aux traditions relatives à s. Paul est assez conforme à ce que nous connaissons pa r ailleur s d e se s méthodes d e travail, c'est-à-dire u n mod e d e compositio n e n
forme de mosaïque; nous pouvons croire qu'ici encore, Aimoin aur a travaillé avec des
fiches préparées à l'avance qu'il lui suffisait d e recopier bout à bout127. À la limite, Aimoin aurait pu connaître la biographie de Paul Aurélien par la Vita IIa de Vital; ses formules condensées se laissent en effet auss i bien dériver de l'une que de l'autre version .
Mais étant donné sa manière de travailler, à partir de matériaux réunis à l'avance, nou s
accordons l a préférence à une dépendance d e la Vita Ia.
Ce n'est pa s par hasard qu e des clercs bretons chargé s de reliques on t trouvé refu ge à Fleury, et la renommée de s. Benoît n'est pas la seule explication de ce choix, quoi
qu'en ai t Aimoin . U n autr e sain t breto n y avait précéd é Paul : s. Samson de Do l (e n
124 C'es t e n ce dernie r sen s qu e s'es t p r o n o n c é H E A D 1990, p. 5 6 n. 162.
125 A n d r é d e Fleury , Vita Gauzlinilz ( B A U T I E R / L A B O R Y 1969 , p. 32-34); Alain J. STOCLET , A i m o i n d e Fleu ry, dans: Dictionary o f the Middl e Ages 1 (1982) p . 109-110.
126 Vita Gauzlini
24 ( B A U T I E R / L A B O R Y 1969, p . 64 n. 2). D U I N E 1922a , 7. B . - A . P O C Q U E T d u H A U T - J U S S É ,
Félix d e Ruis , dans : D H G E 1 6 (1967 ) col . 914-915 .
127 Kar l Ferdinan d W E R N E R , Die literarische n Vorbilde r de s A i m o i n v o n Fleur y u n d die E n t s t e h u n g seiner Gesta Francorum, dans : M e d i u m A e v u m Vivum . Fs . fur Walthe r Buls t (éd . H . R . JAUS S et D. S C H A L LER), Heidelberg 1960, p. 7 1 et 83-84. J.-M. B E R L A N D , U n moine aquitai n (u t adn . 123 ) p. 1 1 et 2 7 - 2 8.
S H G IX : Les saints Lunaire e t Pau l Aurélie n
239
compagnie d e s . Pai r d'Avranches ) dan s le s année s 930 128. Outr e l'histoir e monas tique129, la numismatique confirme l'existenc e de relations d'échange entre la Bretagne
carolingienne e t l a vallé e d e l a Loir e moyenne . U n tréso r enfou i à St-Brieu c ver s
864-875 a rendu un e trentaine de deniers d'Orléans 130 ; cette localité est aussi l'une des
mieux représentée s dan s u n tréso r enfou i à Rennes entr e 91 5 e t 92 3 (POULI N 1993 ,
75-76). La route entre la Basse-Bretagne et la Loire moyenne pouvait assurément passer par voie d'eau; mai s la numismatique perme t ic i de jalonner u n ax e de circulatio n
terrestre passant par Le Mans et Tours.
Conclusion
Cette translation n'es t pas discutée par GUILLOTE L 198 2 et manque dans sa carte de la
p. 298 . Aprè s le départ de Mabbon, la région de St-Pol n'est pas restée ou devenue complètement inhospitalière , ca r l'évêque Hesdre n d e Nantes s' y es t retir é vers 959-960 ,
avant de se réfugier à son tour à Fleury (sou s l'abbatiat d e Richard, 962-979) en y apportant le s reliques d u sain t marty r Mau r d e Parenzo 131. C'es t d u moin s l e souveni r
qu'en a gardé u n épilogu e (BH L 5789 ) ajout é à Fleury à une Passio s. Mauri (BHL
5787)132 dans le même manuscrit qui porte comme un document autonome notre texte
n° 2 (fol. 152 v). La tradition d'une translatio n de s. Paul Aurélien (o u du moin s de son
chef) à Nantes, puis à St-Florent-le-Vieil au x X e -XI e siècles n'a pas donné naissance à
une documentatio n hagiographique ; discussio n pa r CASTE L 1997 , 103-106 , avec un e
carte. L'anniversaire liturgique de la translation de s. Paul a continué d'être célébré avec
éclat à Fleury a u XI e siècle, car on a ajouté cett e fête (su r grattage) dans un calendrie r
d'ascendance anglais e de cette époque qui se trouvait à Fleury à cette époque 133.
3. V i t a s e c u n d a s . P a u l i A u r e l i a n i BH
L 658 6
/. Manuscrits
Cette version de la biographie de s. Paul paraît la plus largement diffusée a u moyen âge
- un e quinzain e d e manuscrit s connus ; composition d u XI e s., ell e n'est présenté e e t
discutée ici que dans la mesure où ell e contribue à la connaissance de la vita Ia.
Vaticano (Città del), BAV Reg. Lat. 458°° + 646°°
Ces deux mss contiennent troi s sections d'un mêm e manuscrit, démembré e t mutilé.
Datation: XI e /XII e s.: PELLEGRIN 1979 , 84; MOSTERT 1989 , 265 et 275 (n os BF 139 0 et
1457).
128 Transi, s. Maglorii ( B H L 5147) , fragment s 3 et 4 ; G U I L L O T E L 1982 , p. 294-295 .
129 G O U G A U D 1923 ; M O S T E R T 1989 , p . 2 4 - 2 6 ; H E A D 1990, p . 214 .
130 Jean DUPLESSY , Le s trésor s monétaire s médiévau x e t m o d e r n e s découvert s e n France . I- 751-1223, Pa ris 1985 , p. l l l , n ° 2 9 3 .
131 A n d r é O H E I X , Le s évêques d e Léo n au x X e et X I e siècles, dans: Association b r e t o n n e . Archéologie . Agri culture. C o m p t es rendus , procès-verbaux, mémoires , 3 e série, 30 (1911) [1912] , p. 243-244. D U I N E 1922a ,
47 n ° 89 . J.-M. B E R L A N D , Influenc e d e Fleur y (u t adn . 120 ) p . 277 .
132 H i p p o l y t e D E L E H A Y E , Saint s d'Istri e e t d e Dalmatie , dans : AnalBol l 1 8 (1899) p . 374 .
133 Paris , B N F lati n 7299°° , fol. 8 ; Bruce C . B A R K E R - B E N F I E L D , A N i n t h - C e n t u r y Manuscrip t fro m Fleury: Cato de Senectute cum Macrobio, dans : Medieval Learnin g an d Literature : Essay s presente d t o Ri chard Willia m H u n t (éd. J. J. G . A L E X A N D E R et M . T . G I B S O N ) , O x f o r d 1976, p . 152.
240
J o s e p h - C l a u d e Pouli n
Origine: Ms . d'origine française , peut-êtr e de Fleury: ibid.
Coordonnées du texte: Reg. Lat. 458, fol. 37-52 v = texte 3c, jusqu'au chap. 36: ... attestari coepit dicens I Reg. Lat. 646, fol. 58-58 v = texte 3c, à partir du chap. 36: / Paule
frater donec hue venisti... (constituan t la suite immédiate du fragment précédent ) jusqu'au chap. 38: ...mentio inaudita I Reg . lat. 646, fol . 59 = text e 3c , à partir d u
chap. 54: / sancti corporis feretro . .. jusqu' à l a fin.
Contexte: E n plus de l'écriture, du format e t de la foliotation médiévale 134, l'agence ment du contenu relatif à Paul Aurélien prouve l'unité d'origine de ces trois fragments ;
il manque enviro n u n quaternion entre le s fol. 58 et 59 du Reg. Lat. 646 . Ce dernier
porte Pex-libris contemporain de Fleury (PELLEGRI N 1963,21) . Il est possible que Jean
Dubois ait utilisé ce dernier manuscrit, à une époque où sa partie médiane ne manquait
pas encore, pour son édition partielle de la Vita IIa s. Pauli Aureliani (PELLEGRI N 1979 ,
84).
Roma, Biblioteca Vallicelliana G 98°°
Datation: XI e -XII e s.: PELLEGRIN 1985,27 1 // XII e s.: A . BRACKMANN, Reise nach Ita lien vom Màrz bi s Jun i 1900 , dans: NA 2 6 (1901) p. 333; A . PONCELET , Cat. codd. hagiogr.... praete r quam Vaticanae, Bruxelles 1909 , p . 398 ; Mari a Clara Di FRANCO , Censimento de i codici de i secoli X-XII . Roma , Bibliotec a Vallicelliana , dans : Studi medievali 1 1 (1970) p. 1074; MOSTERT 1989 , 249.
Provenance: Fleury .
Coordonnées du texte: Fol. 23-24 = texte 3c, à partir du milieu du chap. 36: / .. .non est
nobis desperandum, jusqu' à l a fin.
Contexte: Recuei l factice de 25 folios, rassembl é par Antonio Galloni ; il est composé
de quatr e sections , don t l a troisième (fol . 10-24) contien t quatr e partie s provenan t
toutes de Fleury (MOSTER T 1989,249) . Ce lot réunit une dizaine de Vie s de saints, dont
trois bretons: Samson, Gildas et Paul de Léon135. Ce groupe de feuillets discontinus fut
arraché vers 160 0 par Jean Dubois à un manuscrit de Fleury don t la plus grand e par tie constitue aujourd'hui l e ms. de Paris, BNF lat. 12606 00. Les folios 23-24 constituen t
la quatrième et dernière partie de ces épaves; ils contiennent l e dernier tiers de l'œuvr e
de Vital . Au x fol. 24-24v, enchaîn e directemen t l a Vita s. Gregorii I papae de Paul
Diacre (BHL 3640); au XII e s. (Xe s., selon MOSTER T 1989,158) , ce même texte fut aussi ajout é à la suite d e la Vita Ia s. Pauli dan s l e manuscrit d'Orléan s (KERLOUÉGA N
1992a, 150); c'est que l'anniversaire liturgiqu e du pape se célèbre aussi le 12 mars.
Auxerre 12 7 (114) (Pontigny 16)° °
Datation: XII e s.: A. MOLINIER , Cat. gén. bibl. publ., Paris 1887 , t. VI, p. 54; LEVISON
1920, 55 5 n° 25; Cornelius I. M. J. VAN BEEK , Passi o sanctarum Perpetua e et Felicitatis. I- Textum graecu m et latinum ad fidem codicu m mss. , Nimègue 1936 , p. 108*.
Provenance: Abbay e cistercienne de Pontigny (dioc . Auxerre) fondée e n 1114: ibid.
Coordonnées du texte: Fol . 171—177 v = texte n° 3 au complet.
134 Danie l J. S H E E R I N, Masse s for Sts. D u n s t an and Elphege from t h e Q u e en o f Sweden's Collectio n a t the
Vatican, dans: R B én 8 5 (1975) p . 199.
135 B a u d o u i n D E G A I F F I E R , N o t e s sur quelques d o c u m e n t s relatifs à la translation d e saint Jacques e n E spagne, dans : AnalBol l 8 9 (1971) p . 60 n. 5 et p. 66 note additionnelle .
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
241
Contexte: C e ms. est le seul survivant de s six volumes qui composaient l e plus ancie n
témoin conn u d u Liber de nataliciis U6. Recuei l de Vies de saints des mois de février e t
mars dans un in-folio homogèn e de 212 feuillets à deux colonnes par page. Ce témoi n
est très voisin de ce que les Bollandistes avaient à leur disposition pour établir leur édition; le découpage de s chapitres e n chiffres romain s correspon d à celui qui est impri mé en marge de l'édition de s AASS. Dans l e ms. d'Auxerre, ce s numéros d e chapitre s
furent inscrit s a u momen t d e la copie d u text e et non ajouté s aprè s coup , vu l a faço n
des n os XVII et XX d'être enclavé s dans le corps du texte; il n'y manqu e que le rappel
du chap. VIII.
//. Editions
Édition de référence: Daniel PAPEBROCH , AASS mars II, p. 111-119, à partir d'un ma nuscrit d e l'abbaye cistercienn e d e Vauluisant (dioc . de Sens) »cum alii s mss collato«.
L'édition partielle de Jean Dubois dan s sa Floriacensis vetus bibliotheca (Lyo n 1605 ) a
été faite à partir d u fragment d e Rome, déjà détaché de son manuscrit d'origin e (PEL LEGRIN 1985 , 27 1 e t 273) .
Traduction en français par Charles BARTHÉLÉMY, Vie de saint Paul ou Pol, dans: Vies
de tous les saints de France. VII- Sixième et septième siècles du christianisme en France, Versaille s 1865 , col. 418-441 (Annale s hagiologiques d e la France, 7).
777. Examen critique
a) résultats:
Composition d u moin e Vital de Fleury, du temps de l'abbé Gauzli n (1005-1030) .
b) résumé analytique :
Même contenu narrati f qu e son modèle, la Vita Ia; l'abréviation a notamment fai t dis paraître les noms et surnoms à consonance bretonne 137 et le poème final .
c) sources:
Dans un e préface rédigé e à nouveaux frais , Vital indiqu e qu'i l procèd e à la réécritur e
d'une Vi e dont l e styl e e t l e vocabulaire lu i déplaisen t {britannica garrulitasl); pou r
l'améliorer, il lui faut donc la »débretonniser«. Sa cible est assurément l'œuvre de Gur monoc, étant donn é l'étroit e parent é d u déroulemen t de s deux textes , forme e t fond .
Vital a disposé d'un text e complet e t respectueux d e l'ordre chronologique ; il ne s'est
donc pa s serv i d e l a version découpé e e n deu x tranche s qu e représent e pou r nou s l e
ms. d'Orléans . Mêm e s i Vital qualifie s a source de praefatiuncula (préf . 2), cela ne signifie pas qu'il en ait connu uniquement l a préface o u une version abrégée. La concordance générale du libellé des titres des chapitres e t du découpage du text e (numérota tion e n chiffre s romains ) achèv e d e démontrer l a dépendance direct e d e Vital enver s
une version complète et ordonnée d e la Vita Ia.
136 Henri ROCHAIS, Un légendier cistercien de la fin du XII e siècle. Le Liber de nataliciis et quelque s grands
légendiers de s XII e et XIII e s., S.l. 1975 , p. 13, 41 et 71.
137 Ce ca s est loi n d'êtr e uniqu e e n hagiographie o u propr e au x Bretons ; un mêm e agacemen t fac e à une
onomastique étrangère s'observe chez des copistes normands devant l'hagiographie anglo-saxonne: Michael LAPIDGE, Editing Hagiography, dans: La critica del testo mediolatino (congrès de Florence -1990)
(éd. C. LEONARDI) , Spolèt e 1994 , p. 249 (Biblioteca d i Medioevo latino, 5).
242
Joseph-Claude Pouli n
Gurmonoc avai t prévu dans sa préface (chap. 2) la possibilité d'un remaniemen t d e
son travail par un auteur qui retournerait à la documentation primitive. Outre que nous
doutons d e l'existence d e ces écrits, il appert qu e telle ne fut pa s la démarche de Vital;
il s'est contenté de retravailler le récit de Gurmonoc. C'est ains i qu'il a complètement
reformulé - tou t en prétendant citer - l e chant d'allégresse qui salue un miracle du saint
encore jeune (lb, chap. 13 = 3c, chap. 8) et le texte de la missive secrète du comte Withur a u roi Childeber t (le , chap. 59 = 3c, chap. 44), révélant ains i la portée puremen t
rhétorique d u procédé . Un tablea u d e concordance entr e les deux versions es t fourn i
en annexe. Les Bollandistes ont noté une citation biblique (Rom 13,2) au chap. 14; nou s
y ajoutons u n emprun t à Jo 14 , 13 au chap. 8.
d) discussion critique :
L'auteur s e trouve à proximité des reliques de s. Paul (préf. 2). Son nom es t connu pa r
une mention d'Andr é d e Fleury dans sa Vita Gauzlini 2e 138. Le remaniement qu i y est
attribué a u moin e Vital de Fleury correspon d bie n a u traitement qu e ce dernier a fait
subir au travail de Gurmonoc. Est-ce que ce Vital de Fleury es t la même personne qu i
a aussi compos é un e Vita s. Gildae (BH L 3541) ? DUIN E 1922a , 1 9 est rest é dubitati f
sur ce point. L e meilleur plaidoyer e n faveur d e l'identité d'auteur , malgr é la longévité importante qu'il faut alor s lui supposer, a été dressé par LO T 1907 , 230-237, encore
suivi par John How e en 1979 139 et TANGUY 1994 , 619 n. 40.
Il est certain que l'auteur d e la Vie de Gildas a connu cell e de Paul (LO T 1907 , 476);
il y a en effe t puis é plusieur s élément s narratifs : l'éducatio n conjoint e auprè s d'Iltu t
en compagnie d e s . Samson, le miracle d u reflu x durabl e d e l a mer, la capture de s oi seaux pillards, l'annonce d e la mort par une vision nocturne, le discours final au x disciples .. . Mai s malgr é l'importanc e d e ces lieux parallèles e n nombr e e t e n longueur ,
nous manquon s d e point s d e contac t formels , mêm e anodins . U n mêm e auteu r au rait-il su renouveler jusque dans les détails sa façon d e raconter des scènes analogues ?
Plus étonnan t encor e es t le fait qu e le Vital remanieur d e la Vita Pauli z eu très régu lièrement recour s à la prose rimé e - c e que so n modèl e n e lu i suggérai t pa s d e faço n
aussi soutenu e - alor s qu e l e Vital rédacteu r d e l a Vita s. Gildae l a pratique pe u pa r
comparaison. Autan t l e premie r es t frian d d'ablatif s absolus , qu'i l multipli e pa r
dizaines, autant l e second accord e plutô t s a faveur au x interventions répétée s e n discours direct . L'ensembl e d e ce s motif s d e form e nou s incit e don c à préférer l a position de s éditeur s d e l a Vita Gauzlini, qu i distinguen t deu x moine s homonyme s d e
Fleury140: celui qui s'est intéressé à Paul Aurélie n a pu travaille r dan s l e premier tier s
du XI e siècle; l'autre, mor t abb é d e Ruis aprè s 1067 , s'est occup é plu s tar d d u ca s d e
Gildas. Outr e l'existenc e d'u n cult e d e s . Paul bie n affirm é à Fleury a u tournan t d e
l'an mil , une autr e circonstanc e a pu stimule r l'intérê t d e Vital l'Ancien pou r s . Paul:
la fréquentation d u Féli x venu d'Ouessant pou r rejoindr e à Fleury le s reliques du pa tron d e St-Pol . I l es t e n effe t tentan t d e reconnaîtr e ce s deu x moine s (peut-êtr e en -
138 Éd. BAUTIER/LABOR Y 1969 , 34 et 36. A. VIDIER, L'historiographi e à St-Benoît, Paris 1965 , p. 101-102 .
139 John M. HOWE, Greek Influence o n the Eleventh-Century Western Revival of Hermitism, Los Angeles
1979, p. 272, 319s. et 558 n. 449 (diss. University o f California a t Los Angeles).
140 BAUTIER/LABORY 1969,35-36 n. 7. Déjà DUINE 1922a , 19 hésitait à les confondre en une même personne.
SHG IX : Les saints Lunaire et Paul Aurélie n
243
semble à Ruis aprè s 1008 ) dan s le s Féli x e t Vita l signataire s e n 102 1 d'un e chart e à
Redon141.
Les parallèles sont assez étroits entre le manuscrit parisien de la Vita Ia et le texte de
Vital, du double point de vue du libellé des titres de chapitres et du découpage médié val des chapitres e n chiffres romains , pour garanti r qu e Vital a eu à sa disposition u n
texte comple t e t ordonn é d e l a rédaction primitive ; i l ne travaillait pa s d'aprè s notr e
manuscrit actue l d'Orléans .
Conclusion
Au tout débu t d u XI e siècle, le culte de s. Paul était célébré à Fleury ave c une solenni té particulière, comme l e démontre l a mention rehaussé e d e couleur d e l'anniversair e
du sain t dan s un exemplair e d u martyrolog e d'Usuar d originair e d e ce monastère 142.
Un abrég é d e la Vie de s. Paul Aurélien s e trouve dan s l e tome II du Sanctilogium de
Jean Gieleman s achev é e n 1471 , mais nou s ignoron s d e quell e versio n i l dépend 143.
C'est apparemmen t d e l'œuvr e d e Vital, et no n d e cell e de Gurmonoc , qu e dériv e l e
texte de l'office d e s. Paul dans le bréviaire léonard d e 1516 144. Enfin, l e catalogue de la
bibliothèque d e Fleur y dress é e n 155 2 mentionne un e Vita s. Pauli Britonis U5 qu i n e
correspond apparemmen t à aucun des manuscrits conservés de cette Vie; il n'est don c
pas possible de savoir s'il s'agi t là de l'œuvre d e Gurmonoc o u de celle de Vital.
141 Cartulaire de Redon (éd. A. de COURSON, 1863) , n° CCCLVI; pour la date, cf. LO T 1907,235s. Du temp s
de l'abbé Abbon (988-1004) , ce Félix fut bénéficiair e à Fleury d'un miracl e de s. Paul Aurélien (V C Gildae, chap. 35).
142 Ms. Orléans, BM 322 (273)°° page 47; c e passage a été reproduit dans le Cat. mss latins datés VII, pi. XII.
PELLEGRIN 1963 , 9-11 ; MOSTER T 1989,175 , n ° B F 827 .
143 De codicibu s hagiographici s Iohanni s Gieleman s canonic i regulari s i n Ruba e Vall e prop e Bruxellas ,
dans: AnalBoll 1 4 (1895) p. 14 , 15 et 35.
144 B. MERDRIGNAC, L'espac e et le sacré dans les leçons de bréviaires de l'Ouest armoricai n consacrée s au x
saints bretons (XV e -XVI e siècles), dans: Annales de Bretagne 90 (1983) p. 275.
145 L. DELISLE, Notice su r plusieurs manuscrit s (u t adn. 117 ) p. 437, n° 255.
244
Joseph-Claude Pouli n
Annexe A
G l o s e s e n v i e u x b r e t o n d a n s l a V i t a s. P a u l i A u r e l i a n i d e
Gurmonoc
accord des
deux mss
pitre de
/ita
4
4
7
23
37
40
40
48
51
70
mots glosés
ms. Orléans, BM 261
(IXe IXe s.)
ms. Paris, BNF 12942
(XIIe s.)
Caput Boum
guttur receptacul i
pugnae
vimina
Villa Ban(n)hedo s
quamdam rupe m
Lapideam
Villa
cuiusdam vad i
Longifulva
Signaculum
Penn Ohe n
Brehant Dinca t
Penn Ohe n
Brehant Dinca t
i. ausill
Villa Bannhedo s
Amachdu
vacat
vacat
Golban Portito r
i. Hirglas
i. Aroedma
vacat
.i. Caer Bannhe d
Amachdu
.i. Meinin
.i. Caer a
Golban Portito r
.i. Hirlgla s
vacat
a
B . TANGUY, De quelques gloses toponymiques dan s les anciennes Vies de saints bretons, dans: Mélanges
Léon Fleurio t (u t adn. 39) p. 234.
G l o s e s i n t e r l i n é a i r e s l a t i n e s d a n s l a V i t a s. P a u l i A u r e l i a n i d e
Gurmonoc
accord
parfait
chapitre de
la Vita
7
8
9
11
13, vers 4
13, vers 11
*
*
*
*
*
13, vers
13, vers
13, vers
13, vers
13, vers
13, vers
13, vers
14
16
25
66
11
12
13
13
13
14
19
mots glosés
ms. Orléans, BM 261
(IX7Xe s.)
ms. Paris, BNF 12942
(XIIe s.)
enim
oracula
lichnus
ex
pinguit
trifidis
vel tamen
i. testimonia
i. candela
vel in
i. ostendit
vacat
sertis
comere
hidrea
famulos
nictante / ructant e
doctiloquo
mente
redimiri
mea
tintinnabula
marcomannos
i. coronis
vacat
i. serpentina
scilicet Domin i
i. vigilante
i. pastore
vacat
i. coronari
i. régna
i. cimbala
i. normannos
[enim, non glosé]
vacat
vacat
[in, non glosé]
.i. ostendit
trifidis serti s .i. spe,
fide et caritate
.i. coronis
.i. ornare
.i. serpentina
scilicet Domin i
.i. vigilante
.i. pastore
.i. animam
vacat
À. régn a
vacat
À. normanno s
Ces gloses sont distribuée s à la fois dan s les sections Al e t A2 du manuscrit d'Orléans .
»i.« ou ».i.« = id est + glose interlinéaire; les autres gloses en vieux breton sont incorporées a u texte.
Dial. 2, 7
GILDAS, DE B 10, 1
12
12 et 3
I 1; II 4
117 {agricultural
17
17
14
15
116
117
III 8
III 9
III 10
IV 11
IV 12
IV 13
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
I 14 (eviscerare)
I 1 [Gildas]
II 14
I 5 et II 1
II 11
Enéide 2, 417s.
GRÉG. l e Gr. ,
Coll. III 11 (? )
GILDAS, DE B 3 1
JÉRÔME, Ep . 53 , 9
CASSIEN,
GILDAS, DE B 60. 1
IV 6
IV 7
IV 8
III 5
III 5
III 5
114
vacat
13
13
préf. 2
préf. 1
Vital de
Fleury
(BHL 6586)
H
a Pau l GROSJEAN , Vie et miracles d e s. Petroc. II- Le dossier d e Saint-Méen, dans : AnalBoll 9 4 (1956) p. 477. Le syntagme opus agriculturae revien t encor e
dans l a Vita Pauli au x chap. 32 et 39.
J o l 5 , 16
Gn 12 , 1 (? )
Mt 22 , 40
II
auteurs
chrétiens
Al
Al
PRISCIEN, Instit .
Gramm., préf.
Virgile ou
Priscien
praef. metrica
Vita F
s. Samsonis
préf. 2
préf. 3
113; II 4
Vita longior
s. Winwaloei
vacat
vacat
citations
bibliques
préf. 1
G
vacat
F
divisions en
chapitres
E
sections du ms.
d'Orléans
D
B
A
C
V i t a s. P a u l i A u r e l i a n i ( B H L 6 5 8 5) d e G u r m o n o c : s o u r c e s , i n f l u e n c e s e t i m i t a t i o n s
Annexe B
1111-12
114
III
Phil 3, 19
Rom 13 , 1 4
VI19
VII 20
VII 21
VIII 22
VIII 23
1X24
1X25
1X26
X 27-28
X29
X30
X31-32
XI 33
XI 34
XI 35
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
Jol4, 1 2
Rom 13 , 2
II 27
12
concl. I ou
praef. II; II 1
17
II
152
145
I 36; II 4 o u 5;
I 8; I 45
121
Ps96, 1 0
VI 18
A2
Ps54,8Psl01,7
Le 10 , 41-4 3
Ps 76, 6- 7
Ps93, 1 1
II Cor 11 , 1 4
Jn4, 1
Mt24, 1 3
Prv 24 , 2 7 (LXX )
114
VI 17
A2
vacat
CASSIEN, Coll. I 20
et III 3
GILDAS, DE B 3- 4
Carm. Paschale 5,
326s.
C. SEDULIUS .
BÈDE(?),HE3,6.
Homil. XXXVIII 5
19
20
21
22
VIII 23
VIII 23
vacat
VIII
VIII
VIII
VIII
VII 16-17
VII 18
VII 15
V 12 + VI 13
VI 14
V12
V12
vacat
CASSIEN, Coll. I 19
EUSÈBE » G A L L . « ,
Vil
CASSIEN, Coll. I 8
BOÈCE, Phil.
Consol. III 9
IV 9
IV 9
IV 10
17 et 12
119
V14
V15
V16
A2
A2
A2
Rom 12 , 1 7
[Carmen]
I 11 [titre]
Elegiaci versus
A2
OROSE Adv.
PRUDENCE,
118
115
118
XVII
XVII
XVII
XVII
XVIII 52
XVIII 53
XVIII 54
XVIII 55
XVIII 56
XIX 57
Al
Al
Al
Al
Al
Al
Al
Al
Al
A2
I Thés 5 , 16
Jn 5 , 3 5
Le 10 , 1 9
Is 14, 13s .
Ps 99 , 3
Act 3, 6 et 11
XVI 46
XVI 47
Al
Al
48
49
50
51
Rm 5 , 2 0
XV 45
Al
III
I 50; I 58
159
157
I 8; I 45
I 40 (fons +
castellum)
XV 43
XV 44
Al
Al
115
117
XIV 42
A2
Le 1,6 6
XIV 40
XIV 41
A2
A2
141
I 15; II 7
XIII 39
Enéide 4, 271
Enéide 3, 431 ?
Géorg. 4, 42-44
Églogues 5 , 47
pag.,
GILDAS, DE B 3 3
Psychom. 286
4,8,10-15
Winwaloei, IX
2
GURDISTEN, Hom .
3,1-2
CASSIEN, Coll.
V 2 et alii
GILDAS (?) , DE B
Carm.Paschale 1 ,
155s.
C. SEDULIUS ,
GILDAS, DE B 12,
CASSIEN, Coll. V 2
et alii
A2
Enéide 3, 431 ?
XIII 38
Enéide 4, 268-271 et 290
A2
III; I I 3
XII 36
XII 37
A2
A2
35
36
36
37
XVI 42
XV 41
XV 41
XV 39-*0
XV 40
XV 38-39
XIV
XIV
XIV
XIV
XIII 33
XIII 34
XII 32
2i
C
>
SU
Si.
o
n
*V
D
c
B'
r
r
c/>
XII 31
XII 32
X
o
en
XI 30
XI 29
XI 30
X 27-28
X26
1X24
1X25
II 29
I 16 [titre]
XXII 68
XXII 69
XXIII 70
XXIII 71
Hexametri versu s
Al
Al
Al
Al
vacat
I 8; I 45
Enéide I, 507
,
JUVENCUS, Evang.
1,175 e t 2, 19 5
2 e t 22, 3
GILDAS, DE B 12
Horn. Ev. 33,4
GRÉG. l e G R . ,
vacat
XX 53
XX 54
XIX 51
XIX 52
XIX 50
XVIII 49
XVIII 49
XVII 47
XVII 48
XVI 45
XVI 46
XVI 43
XVI 44
A- Section s » A 1 « ou » A 2« du ms . d'Orléans, selo n la division établi e par KERLOUÉGA N 1992a , 151-152 .
B- Capitulatio n e n chiffres romain s fournie pa r les deux manuscrits ; capitulation e n chiffres arabe s ajoutée pa r PLAIN E 1882 .
C- Citation s biblique s identifiée s pa r PLAIN E 188 2 dans l'annotation d e son édition o u ajoutée s pa r nos soins.
D- Emprunts , imitations ou écho s de la Vita longior s. Winwaloei (BH L 8957 ) composée par Gurdisten, maîtr e de Gurmonoc à Landévennec, d'après DOBL E 1960 , KERLOUÉGA N
1982, WRIGH T 198 6 et nos additions .
E- Emprunts , imitations ou échos de la Vita F s. Samsonis; la Vita IF n e conviendrait pa s aussi bien .
F- Auteur s classique s d'après le s récapitulations e t identifications personnelle s d e KERLOUÉGA N 1981 , 1982, 1992 et de WRIGHT 1983 .
G- Auteur s chrétiens d'après le s récapitulations e t identifications personnelle s de KERLOUÉGA N 1982 , 1987a et de WRIGHT 1986 , ainsi que nos compléments .
H- Capitulatio n d e la Vita IF s. Pauli Aureliani pa r Vital de Fleury, d'après l'éditio n de s AASS; les chiffres romain s s e trouvent dan s les manuscrits, les chiffres arabe s ajoutés pa r les
Bollandistes.
Légende de l'Annexe B
119
II 28
II 28--29
XXII 67
Al
IJo2, 1 8
124
II 28
XXI 65
XXI 66
Al
Al
117
XX 62-63
XX 64
I 42 (indiculus)
143
A2
A2
112
XIX 60
XIX 61
A2
A2
Mtll,30
XIX 58
XIX 59
A2
A2
MICHÈLE GAILLAR D
De l'Eigenkloster a u monastère royal: l'abbay e
Saint-Jean de Laon, du milieu du VII e siècle au milieu
du VIII e siècle à travers les sources hagiographiques 1
L'abbaye Notre-Dame-Saint-Jea n d e Lao n es t asse z bie n connu e tou t a u lon g d u
Moyen Age 2. A l'époque carolingienne, de nombreuses reines en furent abbesses et les
rois carolingiens y logèrent souvent , à tel point qu'il s finiren t pa r construir e leu r pa lais à proximité. Dès le IXe siècle, c'était u n monastèr e royal , placé sous la protectio n
royale e t don t l'abbess e étai t nommé e pa r l e roi . Mais , lor s d e s a fondation a u VII e
siècle, ce fut d'abor d u n monastère familial, privé, un Eigenkloster. L'obje t essentie l de
cet articl e es t don c d'expliquer , principalemen t grâc e au x source s hagiographiques ,
comment, en l'espace d'un siècle à peine, ce monastère est passé sous la protection roya le. Aprè s un e étud e de s sources , nou s essaieron s dan s u n premie r temp s d e saisi r le s
circonstances d e la fondation d e cette abbaye, puis de comprendre commen t e t pour quoi, le monastère se retrouva dès la fin du VII e siècle sous la protection des Pippinides.
Seules, en effet, les sources hagiographiques peuvent apporter quelques lumières sur
l'histoire d u monastèr e duran t l e premier siècl e de son existence . Excepté l a mentio n
laconique de l'abbesse Anstrude dans une charte de 709 pour Saint-Mihiel 3, il n'existe
aucune sourc e diplomatique qu i nous renseign e su r l'abbaye. Le s autres source s nar ratives (annales royales notamment) n'évoquen t pa s ce monastère et son histoire.
Deux sources principales décrivent la fondation e t les premières décennies de l'existence de ce monastère: la vita de la fondatrice, sainte Salaberge4 et celle de sa fille, Anstrude 5 . Deu x autre s source s mentionnen t l'existenc e d e saint e Salaberge , l a vita Columbani et discipulorum eius de Jonas de Bobbio, écrite entre 630 et 6426 et la Vita Agili, rédigée à la fin d u VII e siècle selon Mabillon 7.
1 Ce t articl e s'inscri t dan s l e prolongement d'un e réflexio n ébauché e i l y a quelques année s e t qui avai t
fait l'obje t d'un e premièr e publicatio n don t i a diffusion rest a très limitée (Le rôle de l'aristocratie dan s
les fondations monastique s pendan t l e haut Moye n Age : le cas de Salaberg e d e Lao n e t d e Bodon d e
Toul a u VIIe siècle, dans: Sites et implantations monastiques , publications d u Centr e d'Archéologie e t
d'Histoire Médiéval e des Etablissements Religieu x [CAHMER] , 5, 1992,).
2 Su r l'histoire de Laon au Moyen Age, voir Alain SAINT-DENIS , Apogée d'une cité. Laon et son pays aux
XII e et XIII e siècles, Nancy 1994 .
3 A . LESORT , Chroniqu e e t charte s d e l'abbay e d e Saint-Mihie l (Mettensi a VI), 1909, p. 44. J. M . PAR DESSUS, Diplomata , chartae , epistola e .. . a d res Gallo-Francicas spectantia , t . 2 , Pari s 184 9 (réimpr .
Darmstadt 1969), p. 282.
4 MG H SR M 5, éd. B. KRUSCH, Hanovr e e t Leipzig 1910 , p. 40-60; BHL 7463/64 .
5 MG H SR M 6, éd. W. LEVISON , Hanovre e t Leipzig 1913 , p. 64-78; BHL 556 .
6 MG H SR M 4, éd. B. KRUSCH, Hanovr e e t Leipzig 1902 , p. 1-152.
7 Mabillo n s'appuie sur les personnages nommés dans le prologue, l'abbé de Rebais Aygloaldus et l'évêque
de Meaux Ragnemundus qu i pourrait êtr e le successeur de saint Faron (AAS S OSB II, p. 316). Il existe
Saint-Jean de Laon à travers les sources hagiographique s
251
En dehors de cette tradition cistercienne, il n'existe qu'un seu l témoin partiel d'un e
autre tradition : l e manuscrit 26 1 de la bibliothèque d e Laon 15 qui contient égalemen t
la vie d e saint e Anstrude , mai s qu i n e dispos e qu e de s extrait s d e l a vita Salabergae
(§ 19 à 23 et 27 à 28 de l'édition de Krusch) avec de nombreuses variantes de rédaction.
Ce manuscrit d e Laon contient de s textes hagiographiques dan s l'ordre d u calendrier ,
du 1 5 août au 23 novembre; il s'agit donc d'un lectionnair e utilisé par les chanoines de
la cathédrale pour la célébration de l'office16. Mais , pour sainte Salaberge, le copiste n'a
retranscrit qu e de s miracle s e t encor e partiellement 17; seu l poin t commu n à ces mi racles, ils font interveni r des personnages masculins, Walbert l'abbé de Luxeuil, le jardinier Landfridus , u n archidiacre Basinus, un prêtre Ittalus .
Contrairement à la vita Sadalbergae, l a vita Anstrudis n e figure pas dans les légendiers cisterciens; les deux familles d e manuscrits identifiées son t de provenance locale:
le manuscrit 26 1 de Laon, VOttobonianus 22 3 du Vatican , originaire de Laon 18 d'un e
part, et, d'autre part , un manuscri t d e Saint-Jean d e Laon qu e Mabillon a utilisé pou r
son édition 19 e t semblable à un manuscri t conserv é à la bibliothèque national e d'Au triche20. L e copiste d u manuscri t 26 1 de Lao n a transcrit l'intégralit é d e l a vita Anstrudis, n'ôtant même pas l'expression sorores carissimae qui revient à plusieurs reprise s
dans le texte alors que ce livre était destiné à l'usage de s chanoines.
Les raisons pou r lesquelle s l a vita Sadalbergae a connu un e plus grand e diffusio n
que celle d'Anstrude n e sont pas très apparentes, seule l'insertion, dont les motifs son t
inconnus, dans le Liber de natalitiis lu i a assuré ce relatif succès .
L'étude des manuscrits n'apporte donc aucun indice concernant l'époque d e rédaction d e ces deux vitae, e t seul e l a critique intern e peu t permettr e d'avance r certaine s
hypothèses21. Mais avant il nous faut brièvemen t analyse r le contenu d e ces vitae.
ces chapitres semblent être des résumés de ceux des recueils du Liber de natalitiis pou r ce qui concern e
la vita proprement dit e (chapitres 1 à 8) et de la paraphrase pou r le s miracula (chapitre s 1 0 à 18). Pour
la description d u ms . voir: Cat. gén. mss dépts. XIX (1893), et, MGH SR M 7, p. 553 sv. (n° 13).
15 Descriptio n dan s l e Catalogu e généra l de s manuscrit s de s bibliothèque s de s départements , I, 1849,
p.152-154.
16 V. LEROQUAIS, Le s bréviaires manuscrit s des bibliothèques publique s d e France, I, Paris 1934 , p. LI.
17 So n texte, sensiblement différent , correspon d au x § 19, 20, 22, 23, 27, 28, 29 de l'édition d e B. Krusch.
18 Cat.Vat,p.419 .
19 AAS S OSB II, p. 975-984; Mabillon, imité par Levison , n'édite pas l'intégralité d e la vita, omettant u n
long passage décrivant les lamentations d'Anstrude aprè s la mort de son frère (fol.l88r-189 r dan s le ms.
261 de Laon).
20 Wien , Osterreich. Nationalbibliothek, Series Nova n. 12800 (fol. 76-81 ), anciennement bibliothèque privée de l'empereur d'Autriche , n . 9389, du XVe siècle, provenant d e l'abbaye d e Rouge-Cloître prè s d e
Bruxelles (cf. AnalBol l 14 , 1895).
21 Pou r l a Vita Sadalbergae, c e travail a déjà ét é effectu é pa r Ut e Meyer en 198 3 dans un e »Schriftlich e
Hausarbeit im Rahme n de r fachwissenschaftliche n Prùfun g fu r da s Lehram t a n Gymnasien« , intitul é
Die hl . Sadalberg von Laon . Di e Darstellung ihre s Leben s i n den verschiedene n Ùberlieferunge n un d
deren Glaubwùrdigkeit , sou s la direction d u Professeu r Friedric h Lotte r e t qui a été mis à ma disposition par M. Heinzelmann que je remercie chaleureusement. J'ai pris connaissance de ce travail après avoir
rédigé l'essentiel de cet article. Nos conclusions étant semblables, j'estime inutile de m'y référer constam ment. Toutefois l e lecteur curieux pourra s' y reporte r ave c profit .
250
Michèle Gaillar d
LA T R A D I T I O N M A N U S C R I T E 8 D E L A >VIT A S A D A L B E R G A E <
ET D E L A >VIT A A N S T R U D I S <
La Vita Sadalbergae nou s est parvenue à travers des manuscrits relativement récents 9.
Les plus anciens, de la fin d u XII e siècle et du XIII e siècle 10 sont des légendiers cister ciens, copies du Liber de natalitiis. A quelques détails de graphie près sur le nom de la
sainte, les différentes copie s d e la vie de sainte Salaberge sont semblables 11. En outre ,
le texte d'u n manuscri t d e Longpont , aujourd'hu i disparu , qu'on t utilis é le s Bollan distes et Mabillon pour leur s éditions de la vita Sadalbergae, ains i que celui d'un ma nuscrit d e l'abbaye d'Ourscam p utilis é par L. d'Achery12 , étaien t très proches du tex te du Liber de natalitiis 13.
De cette tradition cistercienn e dépend également un remaniement de la Vita Sadalbergae, recopié dans le manuscrit n. 467 de la bibliothèque d'Amiens d u XVII e siècle14.
aussi une vita Basonis dans un ms . de l a bibliothèque vatican e (Ottobonianu s 223 , fol. 284-285), mai s
elle est sans intérêt car entièrement dépendant e de la vita Sadalbergae.
8 J e remercie chaleureusemen t Moniqu e Goulle t (CNRS ) pou r so n aid e en ce domaine.
9 Henr i ROCHAI S (Un légendier cistercien de la fin du XII e siècle, le Liber de Natalitiis e t quelques grand s
légendiers des XII e et XIII e siècles, dans: La documentation cistercienn e 1 5 [1-2-3], 1975 ) souligne que
Salaberge ne figure pa s dans le martyrologe d'Usuard , n i même dans le martyrologe cistercie n compo sé dans le s années 1173-1174 , mais seulement dan s u n bréviair e d e Laon d e la fin d u XII e siècle (Lao n
BM261).
10 Paris , BNF Lat . 16733, fin XII e siècle, originaire de l'abbaye de Chaâlis, BNF Lat. 17006 , XIIe -XIII c s.,
originaire de l'abbaye cistercienn e du Val-Notre-Dam e (?) , BNF Lat . 5353, XIII e s., originaire de l'ab baye cistercienne de Bonport (François DOLBEAU, Anciens possesseurs des manuscrits hagiographique s
latins conservés à la bibliothèque nationale de Paris, dans: Revue d'histoire des textes 9,1979, p. 183-238 ,
en particulier p . 20 4 et 230). Montpellier , Méd. 1, t. 2, XII e s. provenant de Clairvaux et originaire de Citeaux (F . DOLBEAU , Note s sur la genèse et la diffusion d u Liber de Natalitiis, dans : Revue d'histoire de s
textes 6, 1976, p. 167-168). Voir aussi H. ROCHAI S (cit . n. 9), I, p. 49-65 et p. 80-82.
11 Selo n ROCHAI S (cit n. 9) vol. 1, chap. 2, à l'origine d u Liber de Natalitiis s e trouve un légendier compo sé à Citeaux a u début d u XII e siècle, beaucoup moin s développé; dans c e légendier dont o n ne conser ve que le s tomes IV et V (vitae d'aoû t à décembre), la vitae Sadalbergae n e figurait pas . Voir descrip tion dans : Cat. gén. mss dépts.V (1889) , p. 162-182 (Dijon, 641-642) .
12 E n fait Mabillo n a établi so n éditio n (AAS S OSB II, Paris 1669 , p. 421-432) à partir d e l'édition de L .
d'Achery (Guibert i de Novingento Opera, Paris 1651 , p . 679-686 = MIGNE PL 156 , col. 1223-1238), du
ms. d e l'abbay e cistercienn e d e Longpon t e t d'un ms . aujourd'hui dispar u d e Saint-Jea n d e Laon . I l a
également eu connaissance d'un ms . contenant la vie de sainte Salaberge et la vie de sainte Anstrude éta bli au XII e siècle après l'incendie de la cathédrale de Laon (1112) dont i l donne le prologue (p. 421). Les
Bollandistes (AAS S Sept. VI, p. 516-530) on t utilisé ensuit e l'éditio n d e Mabillo n collationné e ave c le
ms. aujourd'hu i dispar u d'Acey (un e copie de ce ms. subsiste au musée des Bollandistes, n° 147, f°3-13;
cf. M. COENS, Analyse du légendie r perdu d e l'abbaye d'Ace y d'aprè s le s archives bollandiennes, dans:
AnalBoll 79 , 1961 , p . 361-386).
13 DOLBEAU , Note s (cit . n. 10), n° 33 et annexe 2.
14 C e ms . du XVII e siècl e su r papie r (32 4 feuillets, 29 5 x 205 mm) contien t u n gran d nombr e d e vie s d e
saints. On y lit en haut du premier feuillet Ex codice manuscripto antiquissimo D.N. de Francia, praesidentis in parlamento Machliniensi. I l s'agit donc d'une compilatio n effectué e à partir d'un ms . appartenant à Rénon de France qui fut conseille r a u grand consei l d e Malines, puis président d u consei l d'Ar tois, enfin présiden t d u gran d consei l de Malines de 162 2 à sa mort e n 1628 . Il est l'auteur d'un e histoi re des troubles des Pays Bas (éd. Carolus Piot, 1886) . La structure de ce recueil n'a rien à voir avec celle
du Liber de Natalitiis, n i avec celle du ms . 261 de Lao n où le s saints sont regroupé s dan s l'ordr e d u ca lendrier. La Vita Sadalbergae y est aussi sensiblement différente; comme dans le ms. perdu d'Ourscamp ,
édité par L. d'Achery (cf . supr a n . 12), la vita est divisée en 1 8 chapitres mai s il y manque le prologue et
252
Michèle Gaillar d
A N A L Y S E D E S >VITAE <
Après u n prologue asse z court, l'hagiographe relat e la naissance d e Salaberge près d e
Langres, dan s l e pagus Uternensis 22. I l racont e ensuit e l e voyage d'Eustase , abb é d e
Luxeuil pou r prêche r contr e le s Bonosiens . Continuan t so n apparent e digression , i l
rappelle l'œuvr e d e Colomba n don t l a vie et les miracles - dit-i l - on t ét é relatés pa r
Jonas, puis revien t à la prédication d'Eustas e pou r e n arriver à son voyag e d e retour ,
pendant leque l il fait halt e che z Gundoin , l e père de Salaberge. Gundoin lu i présent e
ses deux fils Leuduinu s e t Fulculfus puis , à la demande d'Eustase , s a fille privé e de la
vue. Après trois jours de jeûne, Eustase lui rend la vue et un peu plus tard la guérit d'un e
autre maladie . Contre s a volonté, Salaberge es t mariée à un nobl e nomm é Richramn ,
qui meurt deux mois plus tard. Entre-temps Eustas e est revenu à Luxeuil, où Walber t
lui succède. Salaberge reste veuve pendant deu x ans , vivant comm e une moniale sou s
l'habit d u siècle, et songe à se retirer à Remiremont. Mai s sur l'ordre d u roi Dagobert ,
elle doit épouser un noble du palais, Blandin, surnommé Boson. Le couple n'a pas d'enfant et , à l'exemple de s saintes Ann e e t Elisabeth , Salaberg e v a prier à la basilique d e
saint Rémi. Elle eut donc cinq enfants (troi s filles e t deux garçons). Puis, sur le conseil
de Walbert , ell e décid a d e construir e u n monastère , su r un e propriét é hérité e d e s a
propre famille, à la frontière d e l'Austrasie, mais en Bourgogne à moins de 40 miles de
Luxeuil; elle y rassembla plus de cent personnes prises parmi la progéniture des nobles
ou les jeunes filles à son service. Mais alors que la construction étai t presque terminée,
elle se mit à craindre pour la sécurité de son monastère, présage vérifié par la guerre récente (dit l'auteur) entr e Thierry e t Dagobert. Et , toujours conseillé e par Walbert, elle décida d e s'exiler e t de s'installer dan s l a ville inexpugnable d e Laon o ù ell e fut ac cueillie ave c honneur pa r l'évêqu e Attilo . Salaberge chass e le s bêtes sauvage s qu i en touraient l a vill e e t donc , selo n l'auteur , le s démon s qu i y régnaien t autrefois . Ell e
construit son monastère qui en peu de temps rassemble 300 moniales, parmi elles Odila, l'épouse d e son frère Bodon-Leudin .
Vient ensuite le récit des miracles de Salaberge de son vivant ( § 19-25), suivi par la
vision par Salaberge de l'évêque d e Soissons Ansericus puis de Walbert lu i annonçan t
sa fin prochaine . Salaberge convoque les soeurs auprès d'elle. Son frère Bodo n lu i restitue alors les villae qu'i l avait usurpées. Sentant la mort approcher , Salaberge deman de au prêtre Italu s de prononcer l'offic e funèbr e e t elle rend l'âme , le 10 e jour de s calendes d'octobre (2 2 septembre).
C'est don c u n réci t bie n ordonné , rattachan t Salaberg e au x disciple s d e sain t Co lomban e t à Luxeuil, pa r l'intermédiair e d'Eustas e e t d e Walbert, bie n ancr é dan s l e
temps grâc e à ceux-ci mais, excepté l a mention d e Dagobert, apparemmen t san s rela tion aucune avec le contexte politique d e l'époque .
Le récit de la vita Anstrudis es t bien différent: pa s de prologue mais un rappel de la
généalogie et de la naissance d'Anstrude largement inspiré par la vita Sadalbergae. Ans trude refuse de se marier alors qu'elle est âgée de 12 ans et l'hagiographe décrit les qualités d'Anstrude, élevée par sa mère au milieu des moniales. Elle devient abbesse à l'âge
de 20 ans.
22 E n fait, l e pagus Odernensis, qu i doit son nom à l'Orne, affluen t d e la Moselle.
Saint-Jean de Laon à travers le s sources hagiographique s
253
Mais a u contrair e d e celu i d e s a mère , l'abbatia t d'Anstrud e sembl e plei n d'em bûches: son frère es t tué dans une villa de la région de Laon et l'hagiographe décrit longuement ( § 6 à 10) la douleur d'Anstrude. Mai s les ennemis d'Anstrude n e désarmen t
pas e t l'accusen t auprè s d'Ebroïn ; il s le persuadent d e lui retire r s a charge d'abbesse .
L'occasion se présente quand le roi Thierry entre dans Laon avec son armée. Ebroïn se
rend a u monastère dan s l'intentio n d'e n disperse r le s moniales e t d'exiler leu r abbes se. Mais celle-c i résist e pa r de s parole s douce s e t humbles . Prévenue s pa r u n certai n
Aglibertus de s mauvaise s intentio n d'Ebroïn , le s moniale s s e mettent e n prière . Le s
hommes d'Ebroïn , e n entendant ce s prières, voient u n glob e de feu s'échappe r d'un e
tour de l'église et monter jusqu'au ciel. Ebroïn renonce alors à son projet, demande son
pardon e t promet d'être dorénavant l'ami du monastère. Cependant l a sainte doit aussi faire front à l'hostilité d'un certai n Chariveus, qui se repent ensuite, meurt quelque s
jours plus tard e t est enterré au monastère, puis d'un certai n Ebrohardus qui , voulant
venger la mort d e son parent Gislehard , est frappé d'un e mor t brutale devant l a porte
du monastère . Enfin, a u temps d u princ e Pépin , l'évêque Madelgair e tent e prendre l e
contrôle d u monastère . L'abbess e fai t alor s appe l à son cousi n Wulfoal d qu i obtien t
l'appui d e Pépin. Celui-ci envoie son fils Grimoal d à Laon.
L'auteur repren d alor s l e réci t abandonn é de s qualité s d'Anstrud e pou r décrir e
son emploi du temps habituel ( § 17), puis les miracles d'Anstrude, d e son vivant (§1 8
à 20), sa mort e t sa sépulture ( § 21-22) e t les miracles post mortem (§ 23-38), qui on t
pour cadr e soi t l e tombeau d e la sainte soit l a basilique Saint-Jea n o ù s e trouvait so n
siège.
C R I T I Q U E I N T E R N E D E S >VITAE <
L'auteur de la vita Sadalbergae n'est pas connu. Une chose est sûre, il ne s'agit pas d'une
moniale de l'abbaye, puisque dans le prologue, l'auteur affirm e qu'i l a été imbutus litteris et christiana simplicitate educatus. L a date de la rédaction d e la vita Sadalbergae
peut cependan t êtr e précisée 23, comm e l'avai t remarqu é Mabillon ; u n indic e intern e
permet de cerner plus précisément l'époque de rédaction: l'auteur parle de troubles qui
récemment (nuper) on t eu lieu (actum est) entre les rois francs Dagober t e t Théoderic,
à la frontière d e la Neustrie et de l'Austrasie 24. O n n e connaît rien de ces troubles pa r
ailleurs25, mais compte tenu de s dates de règne des deux rois , qui ne peuvent êtr e qu e
Dagobert II et Thierr y III, cela donnerai t un e fourchett e 676-679 . I l es t don c vrai semblable qu e la vita Sadalbergae fu t écrit e vers 676/680, du vivan t mêm e d e sa fill e
Anstrude qu i lui succéda comme abbesse .
23 Brun o Krusch , e n 1910 , pensait qu e la Vie avait été rédigée au IX e siècle, mais il ne donne aucu n argu ment décisif e n ce sens (MGH SR M 5, p. 45).
24 Denique nuper civile bellum inter reges Francorum Theudericum et Dagobertum circa illos fines est actum, ubique vicinia quaeque depopulata, agri, villae, aedes et ipsa, quod gravius est sanctorum corpora
igné sunt cremata (Vita Sadalbergae § 13, éd. cit. n. 4, p. 57); AASS OSB II, p. 421.
25 Ce s trouble s son t pourtan t plausibles , car Thierry III a pu vouloi r récupére r l'Austrasi e qu e détenai t
auparavant so n frère Childéri c II.
254
Michèle Gaillar d
En outre , la dédicace de la vita Sadalbergae, s i elle ne permet pa s d'identifier l'au teur, autorise à émettre de s hypothèses su r les commanditaires o u d u moin s su r ceu x
à qui l'œuvre es t dédicacée: Domino eximio in infulis sacerdotalibus honore decorato,
religionis cui copia fuit, Omotario papae necnon et sacerdoti, castissimae Christi virgini Anstrudi abbatissae et Sadlabergae (»a u trè s hau t seigneu r par é ave c honneu r de s
insignes sacerdotaux, auque l revîn t un e abondanc e d e piété, l'évêque e t prêtre Omo tarius, à la très chaste vierge du Christ Anstrude , abbesse et à Salaberge«).
La dédicace à Salaberge du propre récit de sa vita est insolite et peu probable; il faut
donc soit supposer l'oubl i d u mot (Sadlabergae) filiae - dan s ce cas on comprend qu e
l'œuvre a été dédié e à l'abbesse Anstrud e fill e d e Salaberg e - , o u encor e l'existenc e
d'une autr e Salaberge qui n'est attesté e ni dans cette vita, ni dans celle d'Anstrude .
Le problème principa l résid e dans l'identificatio n d e l'évêque Omotarius : tous le s
commentateurs e t utilisateurs de ce document ont vainement cherché qui pouvait êtr e
cet Omotarius papa qu'on ne retrouve dans aucun des catalogues épiscopaux de la Gaule26. Rien ne permet d'exclur e l'hypothès e d'u n évêqu e de Laon inconnu, qui pourrai t
être contemporai n d e l'auteu r d e l a vita, ou encor e d'u n évêque-abb é d e monastèr e
comme on en rencontre encore à cette époque. Mais le nom d'Omotarius n'es t conn u
nulle part ailleur s e t la racine Om o ( = Homo/Aumo) n e semble pas existe r parmi le s
noms germaniques 27. Compt e ten u d u fai t qu e le s plus ancien s manuscrit s qu e nou s
possédons datent du XII e siècle, on est autorisé à supposer une déformation d e ce nom.
La famille d e noms germanique s qu i semble la plus proche es t celle des noms comm e
Otmarus, Autmarus , Audomarus , e t pourrai t renvoye r à Audomarus-Omer, évêqu e
de Thérouanne, mort un premier novembre après 667, année de sa dernière attestatio n
comme souscripteu r d e la charte de Drauscius, évêque d e Soissons e n faveur d u mo nastère Sainte-Marie de Soissons28. On verra plus loin que cette hypothèse est confor tée pa r l e contexte d e l a rédactio n d e l a vita Sadalbergae. Noton s simplemen t pou r
l'instant qu'i l n'es t pa s aberran t qu e l e rédacteur d e l a vita ait ét é e n contac t ave c ce
saint personnage 29.
26 J'avai s d'abord pens é à l'évêque d e Toul, Ermenteus, dont o n ne sait rien, mais qui se trouve sur la liste
épiscopale de Toul en deuxième position après Bodon-Leudin, l e frère d e Salaberge; toutefois je n'ai pu
trouver d'autre s argument s e n faveur d e cet hypothèse et , à la réflexion, l a parenté de s deux nom s m e
semble aujourd'hu i moin s évidente ; e n outre , l a déformatio n d u préfix e Ermen-, d'usag e couran t à
l'époque, paraît peu probable .
27 M.-T . MORLET, Les noms de personnes sur le territoire de l'ancienne Gaule, VIc -XII e s., vol.1,1968; Hermann REICHERT, Lexikon der altgermanischen Namen, I (Text), Wien 1987 . On pourrai t auss i suppo ser l'ajout d'u n O devan t un no m comme Motarius, lui bien attesté (cf. MORLET , p. 169), mais ce genre
d'ajout n'es t pa s attesté par ailleur s e t le nom de Motarius n'es t conn u pou r aucu n évêqu e de la région
à quelle époque que ce soit.
28 PARDESSU S (cit. n. 3) n° 355, p. 138-141. Audomarus es t aussi l'auteur d'u n privilèg e d'immunité e n fa veur du monastèr e de Saint-Bertin (663) , ibid. n° 344, p. 123-125.
29 L'utilisatio n d u terme même de papa pou r désigner un évêque est encore fréquente a u VIII e s. On trou ve ce terme utilisé pour désigne r un évêqu e dans l e même contexte, dans l e prologue d e la Vie de sain t
Amé, premier abb é d e Remiremont (BH L 358; éd. B. KRUSCH, MG H SR M 4 , p. 215-221): la vita est
dédiée à un certain Dydopapa, don t on a de bonnes raisons de penser qu'il s'agit de l'évêque de Poitiers
Didon. Or , nou s verrons plus loin qu e des relations étroite s unissaien t l a famille d e Salaberge à Remiremont, à Léger d'Autun e t aux Pippinides. L'emploi d e ce même terme n'est peut-être pas un hasard .
Saint-Jean d e Laon à travers le s sources hagiographique s
255
Préciser l'époqu e d e rédaction d e la vita Anstrudis pos e encor e davantag e d e pro blèmes; l'éditeur W . Levison considèr e qu'i l n e peut s'agi r que d'u n auteu r vivan t a u
plus tôt au IXe siècle. Selon lui, l'auteur aurait compilé la continuation de Frédégaire et
le Liber Historiae Francorum pou r décrir e les événements de la fin d u VII e siècle, lors
de la lutte entre les Neustriens e t les Pippinides. Quant a u récit de la »mise au pas« d e
l'évêque Madelgair e qui s'attaquait a u monastère, il aurait eu pour bu t d'étaye r l a revendication d'autonomi e d u monastèr e vis-à-vi s d e l'évêque 30. E n outre , à deux re prises, comme l e remarque W . Levison, l'auteu r s'adress e à ses très chère s sœur s (sorores carissimae, § 3 et 10) : le texte semble bien avoir été écrit pour elles, pour leur être
lu.
Cependant l a structure asse z composite d e la vita Anstrudis31 autoris e à se demander s i la vita n'a pa s fait l'obje t d'ajout s e t de remaniements successifs ; la vita en effe t
paraît bie n cohérent e e t anodine s i l'on e n extrai t le s § 5 à 16 qui n e son t amené s pa r
aucune transitio n n i en rie n rattaché s à la suite. On a ainsi la vie tranquille d'un e ab besse montrant l'exemple par son attitude et dont la sainteté est attestée par les miracles.
Les § 5 à 16 ont une toute autre résonance, montrant commen t l'abbatia t es t perturb é
par des assauts venus de l'extérieur, à l'époque d e la rivalité entre Pépin II et Ebroïn et
ensuite par l'évêque du lieu. Quant aux miracles sur son tombeau, le style en paraît bien
différent. L'abbess e Adalsind e y es t mentionnée 32, mai s o n a aucun indic e chronolo gique su r cett e abbesse ; son abbatia t doi t s e situer avan t l e IXe siècle , où, à partir d e
Louis le Pieux, l'habitude es t prise de donner l'abbaye à des princesses carolingiennes .
Les miracle s s e terminent pa r l'évocatio n d u lie u o ù son t ensevelie s le s saintes (Sala berge et Anstrude), la basilique Sainte-Marie 33.
Ceci perme t d e supposer un e premièr e rédactio n d e l a vita peu d e temp s aprè s l a
mort d e la sainte (impossible à dater, car la durée d e son abbatia t n'apparaî t pas) , des
ajouts apporté s probablemen t pa r l e même auteur 34 à un momen t o ù i l peut paraîtr e
nécessaire de montrer que l'abbaye et son abbesse ont été proches de la famille des Pippinides, enfin l'ajou t postérieu r de s miracles 35.
L'auteur des § 5 à 16 de la vita était - comm e l'a souligné Levison - bie n informé de s
événements de l'époque, mais rien ne permet d'affirmer qu'i l en avait uniquement un e
connaissance livresque ; i l mentionn e u n certai n nombr e d e personnage s qu e nou s
connaissons par ailleurs, mais sans recopier servilement la continuation de Frédégaire.
30 MG H SR M 6, p. 64-66.
31 O n peu t schématise r ains i la Vie: § 1 à 4: comment Anstrud e devien t abbesse , § 5 à 10: meurtre d e so n
frère Balduinu s e t douleur d'Anstrude , § 11 à 15: démêlés d'Anstrud e ave c les hommes d e l'entourag e
d'Ebroïn, § 16: protection d u princ e Pépi n contr e le s convoitises d e l'évêque Madelgaire , § 17: emploi
du temps de l'abbesse, § 18-22; miracles de son vivant, mort et sépulture, § 23-38: miracles sur son tombeau.
32 Peut-êtr e Adalsind e appartient-ell e à la même famille qu'Adalsind e épous e du comt e Wulfoald paren t
de la sainte.
33 O n sai t qu'au XII e s. les corps s e trouvaient dan s l'église Saint-Jean-Baptiste : AASS OSB II, p. 432.
34 Ca r l'expression sorores carissimae apparaît au x § 3 et 10.
35 I I faut remarque r que , comme dans le cas de Gertrude de Nivelles, tante de Pépin II, dont le s miracula
ont ét é rédigé s ver s 690 (MGH SR M 4 , p. 464-474), il y a ici deux lieu x de miracles, le tombeau dan s
l'église Sainte-Mari e e t le siège dans l'églis e Saint-Jea n ( à Nivelles, le lit de la sainte dans l'églis e Saint Paul et le tombeau dan s l'église Saint-Pierre) .
256
Michèle Gaillar d
Ainsi Aglibertus , notaire puis référendaire d e Thierry III36, que le premier continua teur de Frédégaire nomm e auss i à propos de s événements d e Laon en 679. Aglibertus
est, avec l'évêque de Reims Reolus, envoyé à Laon par Ebroïn, pour convaincre le duc
Martin, frèr e d e Pépin, d e sortir d e la ville: l'évêque e t lui ont prêt é de s serments su r
des reliquaires vides et Martin fut mi s à mort37. Dans la vita Anstrudis, i l apparaît sou s
un jou r beaucou p plu s positif: il est question d'u n vir boni desiderii nomine Aglibertus qu i me t e n gard e les religieuses d u dange r d'êtr e privée s d e leur abbesse 38. Autr e
personnage mis en scène dans la vita, Chariveus39 ne nous est connu qu'au travers d'u n
diplôme d e Clovis III conservé pa r l'abbay e d e Malmédy 40 e t n'est nomm é n i par le s
continuateurs d e Frédégaire, ni par le Liber Historiae Francorum. Ensuit e l'auteur ra conte la mort d'un jeune homme nommé Ebrohardus qui, avec ses satellites, voulut entrer dans le monastère et fut retrouv é mort à la porte d e celui-ci dès le lendemain; à la
différence de s deux premiers ce personnage est inconnnu par ailleurs41. Par contre Wulfoald, parent de la sainte, qui prend, auprès de Pépin, la défense d u monastères contr e
les menées de l'évêque Madelgaire nous est connu aussi par un diplôme de 709 concernant Saint-Mihiel 42. Madelgaire, l'évêque incriminé , est aussi mentionné par un privilège de l'évêque d e Châlons-sur-Marne concéd é à Montier-en-Der, e n 692/69343.
La précision historiqu e d e ce récit a en effet d e quoi étonner , mais plutôt qu e sup poser que ce récit est l'œuvre d'un habil e faussaire (don t on ne comprendrait pas vraiment les motivations), il faut a u contraire se demander pourquoi l'auteu r a éprouvé le
besoin de donner toute s ces précisions et quand. Il est évident que l'auteur veu t mon trer qu e le monastère a toujours ét é du »bo n côté« , c'est-à-dire celu i des vainqueurs,
donc de s Pippinides, e t que ceux-c i l'on t toujour s protégé , que l'abbesse Anstrud e a
même été inquiétée par les ennemis de ceux-ci, en particulier Ebroïn; même Wulfoald ,
parent de la sainte, et dont l a famille s'oppos a ensuit e au coup d'Etat d e 751, es t mon -
36 Hors t EBLING , Prosopographi e de r Amtstrâge r de s Merowingerreiche s vo n Clotha r I L (613 ) bis Kar l
Martell (741) (Beihefte de r Francia 2), Munich 1974 , p. XVI, p. 41-42.
37 Continuation s de la Chronique de Frédégaire, § 3, éd., d'après MGH SR M 2, par Herbert HAUP T (AUS gewàhlte Quellen zu r Geschichte des Mittelalters, IVa), Darmstadt 1982, p. 274-276; le Liber Historiae
Francorum (ibid., p. 215-328) ne donne pas les noms de s envoyés d'Ebroïn .
38 Vita Anstrudis (cit . n. 5) § 13, p. 71-73.
39 Ibid. §14, p. 72.
40 MGH , Diplomat a regu m Francorum e stirpe Merowingica, éd. K. A. F. PERTZ, Hanovr e 1872 , p. 55. Il
est pe u probabl e qu e l'auteu r d e l a vita ait e u connaissanc e d e c e diplôme. I l disposai t don c d'autre s
sources.
41 Nou s n e connaissons qu'u n seu l personnage portan t c e nom, Ebrohardus , fils d u du c d'Alsace Etich o
(EBLING, cit. n. 36, p. 129-131), qui fit une brillante carrière, impossible donc de l'identifier ave c ce jeune homme .. .
42 PARDESSU S (cit. n. 3) n° 475, p. 280-283, ici p. 282, Simili modo donamus villam nostram, sitam in pago
Virdonense, quae vocatur Buxarias, quam nos de Austrude abbatissa quondam dato pretio comparavimus.
43 PARDESSU S (cit. n. 3) n° 423, p. 221-222, mais sans indication d e siège. Sur l'authenticité d e ce diplôme,
qui n'es t pa s douteuse, voir e n dernier lieu , Euge n EWIG , Bemerkunge n z u zwe i merowingische n Bi schofsprivilegien un d einem Papstprivileg des 7. Jahrhunderts fur merowingische Klôster, dans: Mônchtum, Episkopat und Adel zur Grundungszeit de s Klosters Reichenau, hg. A. BORST, Sigmaringen 1974 ,
p.215-249.
Saint-Jean de Laon à travers les sources hagiographique s
257
tré comme étan t e n bons terme s ave c les Pippinides a u point d e demander leu r inter vention e n faveur d u monastère 44.
Le chapitre 1 6 commence par les termes Temporibus principis Pippini, Madelgarius
qui tune Laudunicae urbis pontif ex esse videbatur, don c le s temps d u princ e Pépi n e t
l'épiscopat d e Madelgaire son t révolu s quan d l'auteu r écrit . Il faut don c place r l a rédaction de la vita après 714. Faut-il la placer beaucoup plus tard, au IXe ou au Xe siècle?
Je n e l e pense pas . Que l aurai t ét é alor s l'intérê t d'insiste r su r tou s ce s événements ,
pourquoi l'auteu r n'aurait-i l gliss é aucune allusio n à la descendance royal e o u impé riale de Pépin, qu'aurait-il e u à prouver alor s que l'abbaye avai t régulièrement à sa tête des princesses carolingiennes, Judith épouse de Louis le Pieux, Hildegarde la fille de
celui-ci, et , plu s tard , Gerberge , so n arrièr e petite-fille , e t enfi n Ogive , épous e d e
Charles le Simple?
Je placerais don c l a rédaction d e ce passage de la vita lors du principa t d e Charle s
Martel, époque à laquelle le monastère avai t tout à gagner à montrer l'attachemen t d e
ses fondatrices à la cause pippinide, c'est-à-dire entr e 720 , époque o ù Charle s a bien
établi son pouvoir, et 741, date de sa mort. En tout ca s il est vraisemblable qu e la vita
a été rédigée avant le sacre de Pépin, en 751, car plus tard, l'auteur aurai t probablemen t
omis de faire intervenir Wulfoald, don t le parent ou le descendant s'était vu confisque r
son abbaye de Saint-Mihiel à cause de son irréductible oppositio n à Pépin.
Avec la plus grande prudence, j'avancerais l'hypothèse d'un e première phase de rédaction vers 714-720, dans le s années de lutte entre Charles Martel e t les Neustriens,
quand les destinées du monastère sont encore incertaines et qu'il faut montrer l a sainteté de l'abbesse pou r promouvoi r so n cult e et se prémunir contr e d'éventuel s enne mis. L'ajout - probablemen t sou s le principat d e Charles Martel - d e ces paragraphe s
insolites visait à montrer que le monastère était bien du côté des Pippinides qui se doivent de le protéger, mais en même temps qu'il arriv e malheur à tous ceux qui s'y atta quent. Enfin, quelque s année s plus tard, pendant o u aprè s l'abbatiat d'Adalsinde , pri t
place la rédaction de s miracles post mortem.
LE M O N A S T È R E D A N S L ' H I S T O I R E
Dès les premières lignes de la vita Sadalbergae apparaî t la volonté évidente de l'auteu r
d'inscrire Salaberg e et son monastère dans la mouvance de l'abbaye d e Luxeuil; il fait
explicitement référence à l'œuvre de Jonas de Bobbio, auteur des vitae Columbani discipulorumque eius 45. Le quatrième paragraphe, à l'évidence démarqué de la vita Eustasii, raconte comment le s parents de la jeune fille reçuren t l a visite d'Eustase, l'abb é d e
Luxeuil, alors qu'il revenait de Germanie après avoir prêché contre les Bonosiens46. Les
44 O n peu t suppose r qu e cet épisode fut invent é mais on peut auss i avancer l'hypothès e qu'un e parti e de
la famille des Wulfoald étai t restée en bons termes avec les Pippinides.
45 Vita Sadalbergae (cit. n. 4), en particulier § 8 p. 122.
46 A u concile d'Arles (443/452 ) les Bonosiens son t définis comm e des hérétiques n'admettant pa s la divinité du Chris t e t adhérant à l'adoptianisme. Jusqu'au VIe siècle, on signal e des Bonosiens dans les provinces danubiennes. En 626/627, le concile de Clichy recommande à la vigilance des pasteurs ce qui pour-
258
Michèle Gaillar d
parents présentèren t a u saint homm e leur s deux fil s pou r qu'i l le s bénît, puis celui-c i
demanda à voir leur fille, Sadalberga qu i était privée de la vue47. Toutefois, l a vita Sadalbergae offr e a u lecteur des détails supplémentaires, décrivant l e cours de la Meuse,
et surtout donnant les noms des deux frères d e Salaberge, Leuduinus, surnommé Bod o
et Folculfus surnomm é de même. Après trois jours de jeûne (deux seulement che z Jonas), le saint homme lui enduit les yeux d'huile bénite et elle recouvra la vue. Jonas termine cette évocation en affirmant qu e la jeune fille n'aspira plus désormais qu'à servi r
Dieu, ce qu'elle fit jusqu'à présent, non seulemen t pour ell e mais pour le s autres48. Jonas écrit entre 639 et 642 49. Par contre, l'auteur d e la vita Sadalbergae affirm e qu e ses
parents la marièrent contre sa volonté à un certain Richramn, qui mourut deu x mois à
peine après le mariage, puis, après deux ans de veuvage au cours desquels la sainte songea à se retirer à Remiremont, sur l'ordre du roi Dagobert (Dagobert Ier, soit avant 639)
à un certain Blandin. Mais, dans la Vie de saint Agile, on dit de Salaberge qu'elle a reçu
le voile sacré et qu'elle a toujours serv i inviolablement l a virginité quam voverat. Au tant d'éléments qui ont fait douter Krusch de la crédibilité de la vita. Mais, si l'on pren d
le passage de Jonas à la lettre, cette aspiration à servir Dieu correspond bie n à la volonté de Salaberge - aprè s son premier mariage - d e rentrer au monastère de Remiremont.
En outre, on a plutôt l'impression qu'i l ne sait pas grand-chose de Salaberge et que cette phrase lu i ser t à clore élégammen t so n récit . L'affirmatio n d e la Vie de saint Agil e
(peut-être de la fin du VII e siècle) est, il est vrai, bien plus embarrassante; mais on peu t
se demander pourquo i l'hagiograph e d e Salaberg e aurai t invent é deu x mariages : s'i l
voulait créer une descendance à la sainte et faire d e l'abbesse Anstrud e s a fille, un seu l
mariage lui suffisait bien , d'autant qu'u n deuxièm e mariage est fort ma l vu par l'Eglis e
et porte une ombre à la sainteté de Salaberge. Le passage incriminé affirme qu'elle a reçu
le voile sacré, ce qui a eu lie u san s aucun dout e lor s d e la fondation d u monastèr e d e
Laon, et qu'elle a servi la virginité qu'elle avait souhaitée; on peut tout auss i bien pen ser que son souhait n'ayant pas été exaucé, qu'elle l'a servie en construisant un monastère pour de s vierges. En outre, ce ne serait pas la première fois qu'on verrai t qualifié e
de vierge une veuve vouée à Dieu e t la chasteté assimilée à la virginité.
Quoi qu'i l e n soit, il est patent qu e l'auteur d e la vita entend place r l'action d e Salaberge en relation étroite avec les monastères vosgiens de son époque: c'est dans le diocèse de Toul, à Remiremont, fond é ver s 620 par Romari c e t dont l e premier abb é fu t
un moin e de Luxeuil Amé, que Salaberge songe d'abord à se retirer50; rien d'étonnan t
à cela puisque la villa familiale Meuse , se trouve aussi dans le diocèse de Toul, à 80 km
environ de Remiremont. C'est à Walbert, abbé de Luxeuil et successeur d'Eustase, que
la sainte a demandé ensuite conseil pour sa fondation. L'auteu r s'offre mêm e le luxe de
rait encore rester de bonosiaque o u d'hérétique (Diet. d'Histoire e t de Géographie Ecclésiastique , t. 9,
1937, col . 1093-1094) .
47 Su r la signification symboliqu e du prénom d e la jeune fille: MORLET (cit . n. 27) Berga - cachée , préservée, sal = maison, demeure, ou salo = sombre, noir; or selon les deux sources , la jeune fille étai t caché e
dans la demeure par ses parents, honteux d e sa cécité!
48 Vita Columbani lib.II, 8 (éd. cit. n. 6) p. 122 : Quae nuncusque superest et divinis obsequiis dedita non
solum suae utilitati, sed et aliis providet oportuna.
49 Ian W O O D , The Vita Columbani and Merovingian Hagiography, dans: Peritia 1 (1982) p. 63-80.
50 Vita Salabergae § 9, p. 54.
Saint-Jean de Laon à travers les sources hagiographique s
259
décrire la floraison de s monastères à cette époque: Huius tempore per Galliarum Provincias agmina monachorum et sacrarum puellarum examina non solum per agros, villas vicosque atque castella, verum etiam per heremi vastitatem ex régula dumtaxat beatorumpatrum Benedicti et Columbanipullulare coeperunt ... 51 .
L'étude d e la famille d e Salaberge, telle qu'elle apparaît a u travers de la vita Eustasii et de la vita Sadalbergae, montr e que dans son entourage proche les fondations mo nastiques furen t nombreuses . Son père s'appelai t Gundoenus; i l s'agit vraisemblable ment de Gundoin, duc d'Alsace, qui offrit a u même Walbert un lieu pour y fonder u n
monastère dont l'abbé fut sain t Germain 52. En outre, selon la vita Agili, Gundoi n étai t
le consangineus d'Agile , l e fondateur d e Rebais, fils d e Chagnoal d e t cousin germai n
de l'évêqu e d e Lao n Chagnoald 53. L a famille d e Salaberg e étai t don c impliqué e dan s
un résea u d e relations incluan t le s Chagnoald, eux-même s apparenté s au x Faronides .
On pressent que la fondation d e Salaberge n'est pas un acte isolé mais qu'elle entre dans
la politique familial e d e contrôl e d e l a cité d e Laon , e n liaiso n ave c les Chagnoald e t
dans l e sillage spirituel d e Luxeuil . Dès lor s l a dédicace d e la vita à Omotarius/Aut marus/Omer acquier t davantage de vraisemblance 54.
Les circonstances de la fondation d u monastère de Laon par Salaberge méritent donc
un examen plus attentif .
Lors d e la visite d'Eustase (mor t e n 629), Salaberge étai t encore enfant ; cett e visite
est décrit e pa r l a vita Eustasii avan t l e schisme d'Agrestius , don c avan t l e concile d e
Mâcon qu i eu t lie u e n 626/627 55. A partir d e ces données o n peut suppose r qu e Sala berge était née vers 615/620. D'après s a vita, Salaberge mourut aprè s Walbert, c'est-à dire après 670. Elle mourut avan t 679, puisque sa fille Anstrud e eu t de nombreux en nuis ave c Ebroï n aprè s l a victoire d e celui-c i contr e Pépi n a u Boi s d u Faye , près d e
Laon. Elle aurait donc vécu entre 50 et 65 ans.
51 Ibid. § 8, p. 54.
52 L . SCHENKER, De r heilig e Germanus, Abt de s Kloster Mùnster-Granfelden , dans : Studien und Mittei lungen zu r Geschichte des Benediktiner Orden s 8 6 (1975) p. 662-673; vita Germaniab. Grandivallensis (BH L 3467 ) § 10 et § 11. Ce monastère, Moutier-Grandval, fu t ensuit e en butte aux persécutions d u
duc d'Alsace Eticho n (l e supposé pèr e de sainte Odile), dans le dernier quar t d u VII e siècle: le monastère fut assiég é par le s hommes d e celui-ci. A son retou r d'un e entrevu e avec celui-ci, le 21 février 675 ,
Germain fu t tu é par le s soldats qui assiégeaien t l e monastère. L . Schenker propose d'y voi r un épisod e
de la lutte entre le s Grands d u royaum e mérovingien ; Germain , qu i créa le monastère grâc e à l'aide d e
Walbert e t du du c Gundoin, étai t alors considéré par Etich o comme un ennemi . L'origine de la famill e
des Etichonides est inconnue. L. Schenker suppose sans fournir aucu n argument que la famille avait été
spoliée pa r Ebroï n d e possession s e n Bourgogn e e t dédommagé e pa r le s Pippinide s qu i lu i auraien t
confié l e duché d'Alsace. Il remarque aussi la parenté possible avec la famille de Wulfoald ave c lesquels
ils partagent le même patrimoine onomastique. Si l'on suit ce raisonnement, il faut supposer qu'une partie de la famille de s Wulfoald étai t passée, à l'instar d u consanguineus d'Anstrud e qu'o n peu t identifie r
avec le fondateur d e Saint-Mihiel, dan s l e camp de s Pippinides aprè s l a mort d u mair e du palai s Wul foald e n 679, pour reveni r à l'opposition lor s du cou p d'Etat d e Pépin III en 751.
53 AAS S OSB II, p. 320 et Régine L E JAN, Famill e et pouvoir dans le monde franc (VII e -X e siècles) , Paris
1995, p . 467, n. 67 et tableau généalogiqu e p. 390-391.
54 Orne r avai t fond é l e monastère d e Sithiu/Saint-Bertin su r u n domain e donn é pa r u n certai n Adroald ,
virpotens; l e suffixe -oald pourrait indique r éventuellement un e parenté avec la famille des Chagnoald ;
en outre Orner fut auparavan t moin e à Luxeuil (MGH SR M 5, p. 755).
55 Nanc y GAUTHIER , L'évangélisatio n de s pays de Moselle, la province romaine de I ere Belgique entre Antiquité et Moyen Âge , Paris 1980 , p. 280-281.
260
Michèle Gaillar d
La fondation d u monastèr e intervint relativemen t tar d dan s la vie de Salaberge: elle a été mariée deux fois, elle est restée veuve deux ans et a eu cinq enfants de son deuxième mariag e aprè s êtr e resté e quelques temp s san s e n avoir . S i on l a suppose né e ver s
615/620, mariée une première fois, pour deux mois en 630/635, une deuxième fois entre
632 e t 639 , o n peu t place r l a fondatio n d u monastèr e d e Lao n dan s le s décennie s
640/660, d'autant qu e l'évêque Attilo/Attil a (géniti f Attelani ) qu i accueill e Salaberg e
à Laon es t attesté a u plus tô t e n 648 (on ignore le s dates d e l'épiscopat d e son prédé cesseur Chagnoald) et au plus tard en 67356, et que Walbert qui conseilla Salaberge dans
cette fondation es t mort e n 670.
Selon la vita, Salaberge commença à faire construir e so n monastèr e dan s une pro priété familiale près de Langres, en Bourgogne, à la frontière d e l'Austrasie e t distante
de moins de 40 milles de Luxeuil. Mais la sainte changea brutalement d'avis , pour de s
raisons qui ne sont pas explicitées par l'hagiographe. Celui-ci évoque les troubles de sa
propre époque qui justifient a posteriori l a décision de la sainte. Cependant, nous pou vons supposer que des raisons plus imperatives et plus précises que des pressentiments
ont poussé la sainte à abandonner un monastère dont la construction était commencé e
pour se réfugier à Laon. On e n revient à se demander à quelle période la frontière entr e
l'Austrasie e t la Bourgogne s e trouva s i exposée qu e Salaberg e trouva impruden t d' y
maintenir so n monastère . Dans l a fourchette 640/670 , un seu l événement, ma l conn u
puisqu'étant occult é pa r le s source s pro-pippinide s e t document é seulemen t pa r l e
Liber Historiae Francorum rédig é au début du VIII e siècle à Saint-Denis dans un milieu
alors hostile aux Pippinides, a pu provoquer de telles perturbations: il s'agit du règne de
Childebert, fils de Grimoald, mair e du palais d'Austrasie e t petit-fils d e Pépin Ier, qui
aurait ét é adopté pa r Sigeber t III (f 656/657) 57; c'est autou r d u ro i d e Neustrie e t d e
Bourgogne qu e se cristallisa l'oppositio n qu i abouti t à l'exécution d e Grimoald e t de
son fils et au règne de Childéric II en Austrasie à partir de 66258.
Il paraît possible que le transfert d e son monastère à Laon par Salaberge ait été provoqué par ces événements. Mais pourquoi a-t-elle choisi Laon? L'hagiographe évoqu e
la situation imprenable de la ville: Quem imitata Dei famula, relinquens patriae solum
paternasque sedes, malens cum Christo egere quam mammonae lucra possidere, quam
totpati discrimina cum vitae stipendio, ad urbem Luduni cum maximo apparatu et cum
animabus a Deo sibi commissis profiscitur. Quae urbs licet obsidione vallari ab hostibuspossit, tamen natura loci et in cacumine saxisita munitionem robustam obtinuit, ut
frangi nequeat a barbaris, periculo careat. Nam et vetusto tempore cum earn Wandali,
Halani, Huni ceteraeque Germaniae et Scithiae gentes frustra vallassent, nulla aggerum arte imminente, non fundibalorum iaculis, non armorum spiculis iacientïbus nec
arietum impulsionibus obtinere valuerunt, sed casso labore frustrati inhertes recesserunt. Excepto enim murorum ambitu, qui extrinsecus in proceritatem collis extenditur,
intrinsecus ipsius mûri circuitus humo coaequatur, undefit, ut machinarum ars ibi nul56 PARDESSU S (cit. n. 3) n° 313 (648), p. 88 sv., et n° 367 (673), p. 17 7 sv.
57 L e futur Dagober t II, fils de Sigebert, avait été emmené en exil en Irlande par Didon évêqu e de Poitiers.
58 Richar d A. GERBERDING (The rise of the Carolingians and the Liber historiae Francorum, Oxford 1987,
p. 47-66) propose une chronologie sensiblemen t différent e (mor t d e Sigeber t III en 651 ; exécution d e
Grimoald e t de son fils en 657), mais qui reste tout à fait compatible avec les dates suggérées par la vita
Sadalbergae.
Saint-Jean de Laon à travers le s sources hagiographique s
261
la queat oppidum fatigare 59; mai s i l y a sans doute d'autre s raisons , liées à l'environ nement religieux , familial e t politique de la fondation d e Salaberge 60.
Salaberge fut , au x dires d e son hagiographe 61, for t bie n accueilli e à Laon, alor s e n
Austrasie. On peu t comprendre qu e cet accueil n'est pas seulement dû à sa réputatio n
mais sans doute aux relations de sa famille. N'oublions pa s que Salaberge n'arrive pa s
seule mais accompagné e d'un e troup e d e moniales probablemen t recrutée s parm i le s
familles alliée s de la sienne; ainsi le monastère peut s'attendr e à être défendu pa r l'en semble d e ces famille s aristocratiques . Le s fait s relaté s ensuit e pa r l a vita Anstrudis
confirment cett e hypothèse: l'assassinat de Baudoin le frère d'Anstrude, les démêlés de
la sainte avec Ebroïn puis avec des hommes, soit de l'entourage d e celui-ci, soit appar tenant à une opposition local e ou bien les deux à la fois, montrent qu e cette implanta tion n'était pas vécue comme innocente .
Rappelons qu'avant mêm e que Pépin II ne prenne la tête du parti anti-neustrien e n
Austrasie, Ebroïn avai t dû fair e fac e à une autr e opposition , d'origin e neustro-bour guignonne cett e fois , cell e de Léger , deven u évêqu e d'Autu n e n 663, sur ordr e roya l
(donc d e Bathilde) , e t qu i fu t emprisonn é e n 675 , pui s exécut é e n 678 , su r ordr e
d'Ebroïn. San s revenir sur les détails de cette lutte sans merci, il faut remarque r que le
frère d e Salaberge, Bodon, qui devint évêqu e de Toul vers 660, a fondé u n monastère ,
Offonis villa 62 don t l'église principale était dédiée à saint Léger; on sait que le culte de
saint Léger se répandit très vite après sa mort (deux vitae écrite s en l'espace de 20 ans63);
59 Vita Sadalbergae § 14, p. 57-58 : Et l a servante d e Die u l'imitant , abandonnan t l e sol d e s a patrie e t l e
séjour paternel, préférant êtr e pauvre avec le Christ que posséder les profits de la richesse et que supporter tant de dangers avec les obligations de la vie, s e rendit en la ville de Laon dans le plus grand apparat et
avec les âmes que Dieu lui avait confiées. Car, quoique cette ville puisse être assiégée par des ennemis, par
la nature de son site, au sommet d'u n roc , elle conserve une fortification solid e de telle sorte qu'elle ne
put pas être détruite par les barbares et est à l'abri du danger. En effet, et en des temps anciens, lorsque les
Vandales, les Alains, les Huns et d'autres peuples germains et scythes l'encerclèrent e n vain, ils ne purent
réussir ni en élevant une quelconque sorte de terrasse, ni par le jet des javelots, ni par les heurts des béliers,
mais, déçus par cet effort inutile , harrassés ils se retirèrent. Car, excepté le pourtour extérieu r des mur s
qui s'étend su r toute la longueur de la colline, à l'intérieur, tout le reste du mur est mis de niveau par de la
terre pour faire en sorte qu'aucune machine ne puisse venir à bout de la forteresse.
60 L'insistanc e d e l'hagiographe su r l'expugnabiHt é d e l a ville de Laon grâc e à ses murailles m e conduit à
penser, contrairement à la tradition local e (voir J. LUSSE , Naissance d'un e cité , Laon e t le Laonnois d u
Ve au X e siècle, Nancy 1992 , p. 203-205, 230-232, et 242) que le monastère s e situait bie n à l'intérieu r
des murailles. Un autr e passag e de l a vita me conforte dan s cette interprétation : Quadam denique die
cum extra murum oppidi, infra calustra tamen aestivo tempore deambularet, vidit Landefridum monacbum suum hortolanum in horti ambitu ... (§ 22, p. 62). Jusqu' à présent on s'appuie su r ce passage pour
affirmer qu e l e monastère s e trouvait hor s de s murs . Mais s i l'auteur insist e su r l e fait qu e l a sainte se
promenait hor s de s murs e n restant pourtan t (tamen) à l'intérieur d u monastère , c'est qu e ce fait n'es t
pas évident: à mon sens , il faut comprendr e qu e l e monastère es t pour l'essentie l (bâtiments , églises) à
l'intérieur de s mur s mai s que cependant, tou t e n étan t inclu s dans l'espac e claustra l (infra claustra), le
jardin es t à l'extérieur (extra murum oppidi). I l faut don c suppose r qu e l'ensembl e claustra l s'étendai t
de part e t d'autre d u mu r e t qu'une porte permettait au x habitants du monastère d e passer dans les dépendances, dont l e jardin potager .
61 Vita Salabergae § 14, p. 58.
62 Gest a episcoporum Tullensium, MGH Scriptore s 8, éd. G. WAITZ, Hanovre 1848 , p. 637; on peut peut être identifier l e monastère ave c Enfonvelle, e n Haute-Marne prè s de Langres.
63 Pau l FOURACRE, Merovingian history and merovingian hagiography , dans: Past and Present 127 (1990)
p. 3-38 .
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Michèle Gaillar d
il n'est donc pas impossible que cette dédicace fut l e fait de Bodon lui-même . Une telle dédicace n'est sans doute pas innocente et vient à l'appui de l'hypothèse d e relations
étroites entr e la famille d e Gundoin-Salaberge-Anstrude ave c les opposants a u mair e
du palai s Ebroïn . L a famillle d e Gundoin, privé e du pouvoi r e n Alsace, Léger exécu té, l'abbesse Anstrude se trouve alors en butte à l'opposition de s Neustriens, soutenu s
peut-être pa r un e parti e d e l'aristocrati e laonnoise ; la situation apparaî t particulière ment critiqu e dan s l a périod e suivan t l a victoire d'Ebroï n a u Bois-du-Fay e prè s d e
Laon, e n 679/680. On sai t qu e le frère d e Pépi n Marti n s e réfugia à Laon e t y fut as sassiné64.
L'abbesse Anstrude dut-elle son maintien à la tête de l'abbaye à sa fermeté d'âme o u
à sa sainteté, ou bie n à d'autres alliance s familiales à l'intérieur mêm e d e la Neustrie ?
Rien ne permet de le dire. Toujours est-i l que la protection de s Pippinides, ennemis irréductibles e t finalement vainqueur s de s Neustriens, s'imposa à l'abbesse; c'est pour quoi, ver s 700 , ell e s'adress a tou t naturellemen t à Pépi n contr e le s prétention s d e
l'évêque Madelgair e qu i voulai t »usurper « l e monastère , c'est-à-dir e san s dout e l e
prendre sou s sa protection. Désormais , Saint-Jean-de-Laon es t devenu u n monastèr e
protégé pa r l e maire d u palais ; rien d'étonnan t don c à ce qu'après 751 , il soit deven u
un monastèr e royal , ce qui explique que de nombreuses princesse s carolingiennes fu rent alor s désignées comme abbesses.
CONCLUSION
Loin d'êtr e œuvre s d'imaginatio n o u d e compilatio n de s temps carolingiens , comm e
le suggéraient les éditeurs des MGH, les récits des vitae Sadalbergae et Anstrudis per mettent de comprendre précisément le processus de fondation d'u n monastèr e et sa totale intégration dan s la vie politique e t sociale contemporaine .
Les rédaction s de s vitae d e Salaberg e e t d'Anstrud e doiven t êtr e placée s dan s l e
contexte de la montée des Pippinides au pouvoir, mais à deux époques très différentes .
A l'époqu e d e la rédaction d e la vita Sadalbergae, le s Pippinides on t échoué ; l'hagio graphe passe donc sous silence les circonstances politique s de la fondation d u monas tère, les alliances de la famille e t même la qualité du père de Salaberge; par contre il insiste sur ce qui peut faire l a légitimité du monastèr e e t de son abbess e Anstrude: la filiation vis-à-vi s d e Luxeuil , matérialisé e pa r l'interventio n d'Eustas e pou r guéri r
Salaberge et celle de Walbert pour l a fondation d u monastère . A l'époque d e la rédaction de la vita Anstrudis, o u d u moins de s § 6 à 16, la perspective es t nettement diffé rente: les Pippinides son t maître s d u pouvoir e t il faut montre r l'allianc e indéfectibl e
du monastèr e à leur cause; on insiste donc sur tous les épisodes montrant cett e allian ce, et on me t à mal la figure d u vaincu, le maire du palais Ebroïn. Comme la deuxième
Vie d e sain t Léger 65, mai s ave c davantag e d e modération , l a vita Anstrudis particip e
donc à la »légende noire« d'Ebroïn , forgé e a u bénéfice de s Pippinides.
64 Cf.n.37 .
65 MG H SR M 5, p. 323-356.
BRUNO JUDIC
Le culte de saint Grégoir e le Grand e t les origines
de Pabbaye de Munster e n Alsace
Comme pour la plupart des personnages devenus des saints, il semble légitime de chercher le s origines d u cult e de saint Grégoir e auprè s d e sa sépulture e t dans les lieux où
il exerça ses activités, à Rome. Certes o n pourra trouve r de s indices de dévotion pré coce sur son tombeau dan s la basilique Saint-Pierr e a u Vatican, néanmoins le s témoignages ne sont vraiment explicite s qu'à partir du VIII e siècle 1. Par ailleurs, à côté d'u n
groupe de fidèles attaché s sans doute à la mémoire du saint pape, il semble que la tendance dominante à Rome, au VII e siècle, soit plutôt hostile ou indifférente à cette mémoire2. A. Thacker vient tout récemmen t d'examine r le s témoignages le s plus ancien s
de cette commémoration d e Grégoire. Il donne ains i des indices d'un développemen t
du cult e à Rome à partir d e 688 en liaison ave c l'exaltation d e la figure d e saint Léon ,
et e n Gaul e e n particulie r e n Bourgogne 3. Mai s c'es t e n Angleterr e surtou t qu e l'in fluence d e Grégoire a suscité le développement d'u n cult e autour de son nom. C'est l à
que fut composée , à l'abbaye d e Whitby vers 710 , la première Vita Gregorii. Bèd e signale des dédicaces d'églises o u de chapelles à saint Grégoire 4. Il était considéré com -
1 Cf . Pierr e JOUNEL, L e culte de saint Grégoir e l e Grand, dans : J. FONTAINE , R . GILLET , S . PELLISTRANDI, Grégoire le Grand, 1986 , p. 671-680. J. C . PICARD, Les sépultures des papes du III e au Xe siècle, dans:
Mélanges de l'Ecole Française de Rome 8 1 (1969 ) p. 725-782, en particulier p. 758 et 765. Michael BORGOLTE, Petrusnachfolg e un d Kaiserimitation . Di e Grablege n de r Pàpste , ihre Genès e un d Traditions bildung, Gôttingen 1989 , p. 75-85. - Je remerci e M. Martin Heinzelman n qu i a revu une première ver sion de ce texte et m'a fourni d'utile s information s complémentaires .
2 Cf . P . LLEWELLYN, The roman Church i n the Seventh Century. The Legacy of Gregory I , dans: Journal
of Ecclesiastical Histor y 25 (1974) p. 363-380.
3 Cf . Alan THACKER, Memorializing Gregory the Great: the origin and transmission of a papal cult in the
seventh and early eighth centuries, dans: Early Medieval Europ e 7 (1998) p. 71-78 sur Rome et la Gaule et voir infra. L'un des premiers témoignages évidents de cette dévotion à saint Grégoire se trouve dans
le codex epternacensis, témoin l e plus ancien de la version gaulois e du martyrolog e hiéronymien , d'un e
écriture anglo-saxonne d e la fin d u VII e siècle, témoin auss i de l'activité de Willibrord missionnair e e n
Frise et inhumé à Echternach, dans l'abbaye qui avait été fondée pour lui. Cf. H . LECLERCQ , (art.) Martyrologes, Diet, d'archéologie chrétienn e e t de liturgie X/2, 1932 , et AASS Nov. H/1, p. 31 et p. XLIV
des prolégomènes. Sur le contexte de la fondation d'Echternac h voi r n. 57.
4 Bèd e mentionne u n portique Saint-Grégoir e dan s l'abbatiale Saint-Pierre-Saint-Pau l d e Canterbury et
un porch e Saint-Grégoir e dan s l a cathédral e d'York . L a Vita Gregorii d e l'Anonym e d e Whitby
(vers 710), éd. B. COLGRAVE, The Earliest Life of Gregory the Great by an Anonymous Mon k of Whitby. Text, Translatio n an d Notes , 2e éd. Cambridge 1985, mentionne u n aute l d e Saint-Grégoir e dan s
l'église Saint-Pierr e de Whitby, cf. B . JUDIC, L e culte de saint Grégoir e l e Grand dan s l'espac e monas tique, dans: Pratique e t sacré dans le s espaces monastiques a u moyen âg e et à l'époque moderne . Col loque de Liessies, sept. 1997 , Université de Picardie et Université Catholiqu e d e Lille, 1998, p. 35-49.
264
Bruno Judic
me le fondateur d e l'Eglise d'Angleterre ; i l avait envoyé et organisé la mission dirigé e
par saint Augustin d e Canterbury.
Grégoire avait lui-même beaucoup contribué au développement du culte des saints.
Ses Dialogue s son t bie n connu s e n tan t qu e recuei l d e récit s hagiographique s e t l e
livre II entièrement consacr é à saint Benoî t es t notre seul e source su r l a vie du gran d
législateur monastique 5. Mai s dan s le s Homélies su r l'Evangil e e t dans l a correspon dance on retrouve la même piété soucieuse de s'appuyer su r des exemples. Précisément
dans une lettre adressée à Mellitus, un compagnon d'Augusti n dan s la mission anglai se, Grégoir e lu i donn e de s conseil s pou r converti r le s Anglai s san s heurte r d e fron t
leurs habitudes . I l recommand e ains i de transformer de s temples païen s e n églises au
prix d e certain s rites : aspersion d'ea u bénite , dépôt s d e reliques , fête s organisée s e n
l'honneur de s saints martyrs représentés par ces reliques. Or Bède nous a conservé une
lettre du pape Vitalien (657-672) adressée à Oswy ro i de Northumbrie ver s 665. Vitalien loue le roi pour s a piété en observant l a même date de Pâques qu'à Rom e (consé quence d u synod e d e Whitby qui n'es t pa s cependan t explicitemen t mentionné) , il y
déplore l a mort à Rome d u prêtr e Wighar d qu i devai t y être consacr é archevêqu e d e
Canterbury; il cherche encore une personne capable de remplir cette fonction. En outre
Vitalien envoi e au roi des bénéficia sanctorum c'est-à-dire de s reliques de saints: saint
Pierre et saint Paul, saint Laurent, saints Jean et Paul, saint Grégoire e t saint Pancrac e
et il envoie pour la reine une croix fabriquée ave c les chaînes de saint Pierre et de saint
Paul e t une cl é en or 6. Un te l don d e reliques a dû nécessairemen t donne r u n nouve l
essor au culte de saint Grégoire. On peu t aussi se demander si cet envoi ne correspon dait pa s à une demand e précis e de s Anglo-Saxons. Les premier s saint s mentionnés ,
5 Cf
. K . HALLINGER , Paps t Grego r de r Gross e und de r heilig e Benedikt, dans : Commentationes i n Regulam Sancti Benedicti, éd. B. STEIDLE (Studia Anselmiana 42), Rom e 1957 , p. 231-319 avait, le premier,
mis en cause le lien étroit qu'on supposai t entre Grégoire et Benoît quand o n faisait d e Grégoire le premier »pape bénédictin«; il montrait le s différences pratique s d'observance entr e la Règle de Benoît et le
monachisme d e Grégoire ; finalemen t l e lien s e limitai t essentiellemen t à l'hagiographie dan s le s Dia logues. Plu s récemmen t cett e thès e radical e a été nuancé e pa r Dieter VON DE R NAHMER , Grego r de r
Grofie un d de r heilig e Benedikt, dans : Regulae Benedict i Studia . Annuarium International e 1 6 (1989)
p. 81-103 . En revanche Francis CLARK, The Pseudo-Gregorian Dialogues, 2 vols, Leyde 1987 , veu t montrer que les Dialogues n'ont pa s été écrits par Grégoire mais par un auteur de la seconde moitié du VII e
siècle. Cette thès e aboutirait à rompre tou t lie n entr e Grégoir e e t Benoît mai s elle n'est cependan t pa s
acceptée, du moins telle quelle, par d'excellents spécialiste s de Grégoire: cf. R. GODDING, Les Dialogues
de Grégoire le Grand. A propos d'un livr e récent, dans: AnalBoll 10 6 (1988) p. 201-229 et P. MEYVAERT ,
The Enigm a o f Gregor y th e Great' s Dialogues : A Response t o Franci s Clark , dans : Journal o f Eccle siastical History 39 (1988) p. 335-381.
6 Lettr e à Mellitus: Gregorii Magn i Registrum epistularum , éd. Dag NORBER G (CC L 140A) , ep. 11, 56 ,
p. 961-962. Cf. Robert A . MARKUS , Gregor y th e Grea t an d a papal missionar y strategy , dans: Studies
in Church History, t. VI: The Mission of the Church and the Propagation of the Faith, Cambridge 1970,
p. 29-38, e t Henry MAYR-HARTING , Th e Comin g o f Christianit y t o Anglo-Saxo n England , 3 e éd .
Londres 1991 . Lettre d e Vitalien: Bède , H. E . III, 29, éd. B. COLGRAV E e t R . A . B . MYNORS , Oxfor d
1969, p . 320 . Cf . Pietr o CONTE , Chies a e Primat o nell e letter e de i pap i del secolo VII, Milan 1971 ,
p. 458—459 : n° 18 5 dans le régeste des lettres des papes du VII e siècle. Cf. Davi d ROLLASON , Saint s and
Relies in Anglo-Saxon England , Oxford 1989 , p. 23, soulignant l'importanc e d e cet envoi de reliques ,
et J. M . WALLACE-HADRILL , Bede' s Ecclesiastical Histor y o f th e Englis h People . A Historica l Com mentary, Oxford 1988, p. 135 qui relève une trace du culte de saint Pancrace en Northumbrie à la fin d u
VII e siècle.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
265
saint Pierre et saint Paul, saint Laurent, sont des martyrs romain s universellement cé lébrés mais les noms des suivants pouvaient être suggérés par ceux qui se considéraient
comme le s disciples de Grégoire. Saints Jean et Paul sont vénérés dans l'églis e titulai re immédiatement voisin e du monastèr e fond é pa r Grégoir e dan s s a maison familial e
du Caelius et le culte de saint Pancrace a été spécialement encouragé par Grégoire 7. En
ce qui concerne l'Angleterre , o n suppos e qu e la petite église de Saint-Pancrace situé e
à l'est d e l'abbay e Saint-Pierre-Saint-Pau l (plu s tar d Saint-Augustin ) d e Canterbury
pourrait trouver son origine dans la transformation d'u n ancie n temple païen selon les
conseils donné s pa r Grégoire ; en tout ca s le patronage d e saint Pancrac e correspon d
bien à son influenc e direct e o u indirecte 8. De plus A. Thacker montr e bie n commen t
le culte de saint Grégoir e a dû émerge r a u VIIe siècle en plusieurs temp s e t commen t
des textes, fournis probablemen t pa r Théodore archevêqu e de Canterbury à partir d e
668, on t dû jouer un rôle important au x origines de la Vita Gregorii d e l'Anonyme d e
Whitby 9 .
On ne peut méconnaître par ailleurs l'importance de Grégoire le Grand aux origines
du monachisme bénédictin puisqu'il est notre seule source d'information su r saint Benoît à travers l e livre II des Dialogues. Un lie n aussi fort entr e ces deux grands noms ,
renforcé pa r l e fort penchan t monastiqu e d e Grégoire lui-même , laisse supposer qu e
des milieu x monastique s pouvaient , le s premiers, développe r u n cult e d e sain t Gré goire. Les premières mention s anglaise s d e ce culte peuvent alle r dans c e sens (ainsi à
Canterbury ou à Whitby) mais l e témoignage l e plus clai r devrai t êtr e un monastèr e
ayant saint Grégoire pour patron. Un te l monastère existe à Rome, celui que Grégoi re avait fondé dan s sa maison familial e su r le Cadius sous le nom d e monastère Saint André. Cependant c e n'est qu'à la fin du Xe siècle qu'il prend vraiment l e nom de monasterium sancti Gregorii, c e qui est assez tardif comm e on le verra plus loin .
On trouv e un monasterium sancti Gregorii beaucoup plus précoce en Alsace. C'es t
l'abbaye connu sou s le nom d e Munster à l'ouest d e Colmar. Cette abbaye est connu e
durant tou t l e moye n âg e sous l e nom d e monasterium sancti Gregorii, e n alleman d
Gregorienmunster e t l a vallée elle-mêm e a pris l e nom d e Saint-Grégoir e (Va l Saint Grégoire, Gregoriental). Le s origines de cette abbaye sont très énigmatiques e t on est
réduit à des hypothèses sur les raisons d'une telle dédicace. On ne possède aucune chronique ancienne n i aucun réci t hagiographique . I l existe de brèves notes , appelées Annales Monasterienses pa r G. H. Pertz, rédigées à la fin du XII e siècle en marge d'un ca -
7 Grégoir e s'étai t spécialemen t attach é à réformer l e service de la basilique extra muros d e Saint-Pancra ce qu'il confi e à des moines e t les reliques de ce saint figurent souven t parm i le s reliques qu'i l envoi e à
ses correspondants. Cf . Hubertu s R . DROBNER , Di e Anfànge de r Verehrung des rômischen Màrtyrer s
Pankratius i n Deutschland, dans: Romische Quartalschrift 8 3 (1988) p. 76-98.
8 Cf . P . HUNTER-BLAIR, Roma n Britain an d Earl y Englan d 55 B.C.-871 A.D. , Londre s 1969 , p. 233 et
Richard GEM, The Anglo-Saxon and Norman Churches, dans: St Augustine's Abbe y Canterbury , En glish Heritage, 1997, p. 101 qui attribue l e patronage de saint Pancrace à l'influence d u pap e Honoriu s
I mais il serait facile de montrer dan s ce cas l'influence d e Grégoire sur Honorius I.
9 THACKE R (cit. n. 3) souligne la volonté de Théodore d'enraciner so n autorité en Northumbrie en faisan t
appel au souvenir d e Grégoire. Déjà Walter GOFFART , Th e Narrators o f Barbaria n History , Princeto n
1988, avai t montré Bède aux prises avec le »fantôme de l'évêque Wilfrid«, en particulier p. 260-267 : dans
le conflit entr e l'archevêque Théodor e e t Wilfrid, Whitb y se serait trouvé plutôt d u côté de Théodore.
266
B r u n o Judi c
non pasca l allan t jusqu'à 835 10. On y trouve ains i à l'année 63 3 »cette anné e ce lieu a
commencé d'êtr e habit é par des moines«, puis à l'année 66 0 le condensé d'un e chart e
de fondation, a u temps du pape Vitalien, de l'empereur Constantin , fils de Constanti n
fils d'Heraclius, de Childéric fils de Clovis neveu d e Dagobert, frèr e d e Clotaire et de
Théoderic, d e l'évêqu e d e Strasbour g Rothariu s e t d u du c (d'Alsace ) Boniface. On
trouve exactement l a même formule qu e pour l'anné e 633, »ce lieu a commencé à être
habité par des moines« n . O n a ensuite les noms d'Agoldus abbas pou r l'anné e 66 5 et
de Walagio abbas pou r l'anné e 693 . Mais o n a des charte s ancienne s conservée s au jourd'hui au x Archives départementale s d e Colmar. L a plus ancienne, de 673/675, du
roi Childéric, mentionne l e duc Chadichus (c'est-à-dir e Eticho ) et le comte Rodeber tus; ell e mentionne l'abbé Valedio et désigne le monastère sous le nom d e monasterio10 conflentis c'est-à-dir e a u confluent d e deux rivières (cette charte est datée de la treizième année de Childéric qui serait 673 ou 675 selon la date que l'on considèr e pour le
début d e so n règne) 12. On a ensuite un e chart e d e donatio n d e Bodalu s daté e d e 74 7
dans laquelle apparaît pour l a première fois l e nom d e monasterium sancti Gregorii ]}.
11 est important d e relever que le donateur es t Bodalus fils de Hugo (Hugues ) qu i appartient au groupe des Etichonides, des descendants d e Chaticho qui figure dan s l'ac te de 675; l'abb é est alors Agoaldus, un nom que l'on peut rapprocher de Agoldus mentionné pou r un e dat e bie n différent e dan s le s Annales Monasterienses, enfi n l a dona tion porte sur un domaine voisin de ce qui avait déjà été donné en 675. La mention d e
saint Grégoir e e n tan t qu e »patron « d u monastèr e n'apparaî t don c pa s dan s u n con texte a priori nouvea u e t pourrai t don c êtr e largemen t antérieur e à 747, ce qu'impli querait auss i l a toponymie: s i l'on peu t parler , ultérieurement, d e Val Saint-Grégoir e
ou Gregoriental , c'est qu e l'habitude e n était profondément enracinée .
Ce monastère, prospère à l'époque carolingienn e - o n a une charte d'immunité ac cordée par Loui s le Pieux en 826 au temps de l'abbé Godefridus 14 - a connu plus tar d
10 Annale s Monasterienses , M G H Scriptore s 3 , p. 152-155 .
11 Ibid., p . 153 : inceptus est hic locus a monachis inhabitari; m ê m e formul e au x année s 63 3 e t 660 .
12 J . D . S C H O E P F L I N , Alsati a aev i merovingic i carolingic i saxonic i salic i suevic i diplomatic a par s I, M a n n heim 1772, n ° II; le n ° I est l e diplôm e évoqu é dan s le s Annale s Monasteriense s à l'anné e 660 . G . H .
P E R T Z , M G H D i p l o m a t a I, n° 26 , p. 26 e t n ° 29 , p . 30 . A. BRUCKNER, Regesta Alsatia e aev i merovingi ci e t karolin i 4 9 6 - 9 1 8 , 1 , Strasbourg, Zuric h 1949 , p . 19 , n ° 52 : 4 mar s 675 , cessio n de s bien s d e M u n zenheim e t O h n e n h e i m à M u n s t e r m e n t i o n n a n t Childéri c II, C h a d i c h o , l e c o m t e R o d b e r t , l'abb é Va ledio - signal é à l'année 69 3 dans le s Annales Monasteriense s - , i l s'agit e n fai t d ' u n e copi e du V I I I e siècl e
dans l e fonds d e Munster . P o u r le s date s d e Childéri c II, cf. Margaret e W E I D E M A N N , dans : Franci a 25/ 1
(1998) p . 18 5 sv. , 230 .
13 S C H O E P F L I N (cit . n . 12 ) n ° XV, B R U C K N E R , Regesta n ° 160 , p. 91-92 : 1 8 décembr e 747 , Oportunus unicuique, dum in hac vita, in hoc corpore mortale vivit, de futur a vita, ubi immortaliter perpétue que vivere sperat, dum licet, cogitare studeat. Ideoque ego itaque Bodalus filius Hugone
quondam, pro
eterna
beatitudine vel indulgentia peccatorum meorum donopro anime mei remedium, et pro anima filio meo
Gerhanho ad monasterio sancti Gregorii et ceterorumque
sanctorum, qui est constructus in Vogeso, inter duas Pachinas fluvium, ubi in Dei nomen Agoaldus abbas
cum monachis ibidem
consistentibus regulariter decere videntur, donatumque in
perpetuum, utpermaneat, esse
volo, hoc est in villa vel in fine
Hodulseshaim [Heidelshei m à côté d e O h n e n h e i m ] quicquid ibidem visus sum habere ... L e patronag e
de sain t Grégoir e es t confirm é dan s u n act e du 2 7 janvie r 76 0 p r o v e n a nt d u cartulair e d e M u r b a c h m e n t i o n n a n t in monasterio sancti Gregorii, cf . BRUCKNER, Regesta (cit . n . 12 ) n ° 187 , p. 111-112 .
14 Cf . C . W I L S D O R F , U n préla t politiqu e a u temp s d e Loui s l e Pieux : Godefroy , abb é d e Munster , dans :
Revue d'Alsac e 9 7 (1958) p. 7-20. ID., L'abbaye d e M u n s t e r à travers le s siècles, dans: A n n u a i re d e l a So-
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
267
des troubles profonds : incendi e en 1183 , décadence à la fin d u moye n âge , abandon à
l'époque d e la guerre de Trente ans. Il est restauré au XVII e siècle par des religieux d e
la congrégation d e S. Vanne et S. Hidulphe qui semblent avoir beaucoup fait pour res taurer et développer un culte de saint Grégoire dans ce monastère. Cependant e n l'absence de récits anciens, il semble bien qu e dès le XII e siècle les moines d e Munster n e
savaient rie n de leurs origines e n dehors de s chartes qui sont parvenues jusqu'à nous .
Or l e nom mêm e de saint Grégoire les a fait réfléchir . L a précocité de ce nom apparaî t
bien non seulement par la charte de 747 mais encore par le fait que la vallée elle-même
porte c e nom a u XII e siècle. Une tell e précocité dan s l'usag e d e ce nom n e peut s'ex pliquer n i par l e concile de Cloveshoe, immédiatement contemporai n e t qui ne pour rait s'appliquer directemen t dans cette région 15, ni par Boniface dont l'action , à la même époque, s'exerce dan s des régions beaucoup plus orientales. En lisant Bède, ou des
annales monastiques inspirées de Bède, il était facile de découvrir l'histoire des moines
envoyés de Rome par saint Grégoir e pour l a conversion d e l'Angleterre. Le s Annales
Monasterienses son t déjà l'indic e d'un e transpositio n d e cette histoire sur le monastère alsacien. On y trouve e n 605 la mort d e Grégoir e l e Grand, e n 634 la mention Oswaldus suiv i en 642 de Oswaldus occubuit. Ce s deux mentions s e rapportent évidem ment a u roi de Northumbrie e t proviennent e n dernier ressor t d e Bède mais on trou vera dan s de s document s plu s tardif s provenan t d e Munste r u n Oswald considéré
comme abbé du lieu, et placé à ces mêmes dates. En 660, la fondation d u monastère est
situé »cinquante cinq ans après la mort d e notre père Grégoire«. Sans doute se met en
place dès cette époque, la fin d u XII e siècle, ce que Dom Calme t appeller a a u XVIII e
siècle l a »traditio n constante « d e l'abbaye ; ell e aurai t ét é fondé e pa r de s disciple s d e
saint Grégoire venus de Rome apportant avec eux la Règle de saint Benoît et parmi ces
disciples se trouvaient de s Anglo-Saxons16.
Pierre Schmit t a montré commen t cett e »traditio n constante « d e l'abbaye n e nou s
est parvenue que par des textes tardifs 17. Le texte le plus ancien de cette »tradition« s e
ciété d'Histoire d u Val et de la Ville de Munster/Jahrbuch de s Geschichtvereins fur Stad t und Tal Munster [dan s l a suite ASHVV Munster ] 1 3 (1958) p. 53 sv. Le contexte politique de la fondation es t exposé dans H . BÙTTNER , Geschicht e de s Elsafê . I. Politische Geschicht e de s Lande s vo n de r Landnahme zeit bis zumTode Otto s III., hg. von Traute ENDEMANN , Sigmaringe n 1991 , p . 71-72. Je remercie Mm e
Odile Kammere r pou r le s informations bibliographique s qu'ell e m'a fourn i su r l'histoire alsacienne .
15 L e concile de Cloveshoe s'est tenu e n Angleterre en 747. Son dix-septième canon décide de célébrer les
fêtes des saints Grégoire et Augustin (de Canterbury) cf. A.W. HADDAN e t W. STUBBS, Councils and Ecclesiastical Documents relating to Grea t Britai n an d Ireland , vol. Ill, Oxford 1871, p. 368. Pierre Jounel fai t observe r qu e la rédaction d u canon suppos e qu'on voulai t surtou t éleve r l e culte d e sain t Au gustin en le rapprochant de celui de saint Grégoire; ce dernier était donc depuis longtemps bien implanté,
cf. JOUNEL , art . cit é n. 1 .
16 Cf . Do m Augusti n CALMET , Histoir e de l'abbaye d e Munster, Colmar 1882 ; Ludwig O H L , Geschicht e
der Stadt Munster und ihre r Abtei im Gregorienthal, Schirmeck 1897 ; A. Marcel BURG, Die Benediktiner im Elsatë. Ein historische r Querschnitt, dans : Studien un d Mitteilunge n fu r di e Geschichte des Benediktinerordens 77 (1966) p. 161-171: Munster est considéré comme un monastère fondé ave c la règle
bénédictine en 633, cf . René METZ, S. Colomba n et l'Alsace, dans: Mélanges Colombaniens, 1951 , p . 227:
nous ne sommes pa s mieux renseignés sur l'organisation primitiv e de l'abbaye d e Munster que sur celle de Wissembourg .
17 Pierr e SCHMITT , L e prieur é d e Schweinsbac h e t l e problème de s origine s d e l'abbay e bénédictin e d e
Munster, dans: ASHVV Munste r 8 (1934) p. 9 sv.; voir auss i ID., Catalogue généra l des manuscrits de s
268
Bruno Judic
trouve dans la Cosmographie universelle de Sébastien Munster de 1544: »Environ l'a n
534 (sic) vindrent quelques religieux de Romme aux desertz du mont Vosague, et commencèrent l a es lieux mal aises de bastir de petites cabane s pour serui r à dieu. Depui s
en l'année 660 . Hildéric roy d'Austrasie fond a l à mesmes vn monastère e t Abbaye d e
l'ordre S . Benoist, en l'honneur d e la glorieuse vierge Marie, des Apostres S . Pierre et
S. Paul, et de S. Grégoire d'on t auss i ceste vallée est appellee la vallée S. Grégoire. E n
ce monastèr e furen t Abbe z Hetto , Rem y e t Rachio , lesquel z depui s on t est e faict z
Euesques de Strasbourg au temps de Charlemaigne«18. On peut encore mentionner u n
obituaire de Munster dan s une version du XVIII e siècle 19.
Il ne reste par ailleurs presque rien de l'ancienne bibliothèque de l'abbaye. Relevons
cependant parmi les manuscrits de Munster conservés à Colmar un manuscrit du XII e
siècle contenant l a Règle de saint Benoî t e t le Martyrologe d'Usuar d e t qui conserv e
au vers o d u premie r foli o un e grand e miniatur e su r deu x registres : en ba s u n moin e
poussé par un évêqu e offre so n ouvrage à un autr e prélat assi s et bénissant, e n haut le
Christ assi s et bénissant es t entouré d'u n moin e (sain t Benoît? ) e t d'un évêqu e (sain t
Grégoire?)20. Un autr e manuscrit , Strasbourg , Bibl . nat. e t universitaire 6 (lat. 4), du
XII e siècle également, contient les livres 30 à 35 des Moralia in Job, i l porte au fol. 138 v
la mention d'origine liber sancte Marie ex Monasterio, o r l'abbaye de Munster est aussi dédiée à la Vierge à partir du IXe siècle. Ce manuscrit es t aujourd'hui l e seul témoin
de la présence d'une œuvr e de Grégoire le Grand dan s ce qui fut l e premier monastè re à porter son nom. Du rest e la dédicace à saint Grégoire s'est étendu dès une époqu e
ancienne à des église s dépendan t d e Munste r comm e Ohnenhei m e t Rappolstweiler ,
»Eigenkirchen« d e Munster, et Altdorf (Molsheim ) où le patronage de S. Grégoire, attesté en 974, viendrait de moines de Munster mai s disparaît dès 1052 21.
L'ancienneté d e l'abbay e es t aujourd'hu i confirmé e pa r l'archéologi e san s qu'o n
puisse cependant e n tirer davantag e d e précisions 22. Mais comment situe r l e context e
bibliothèques publique s de France, t. 56, Colmar 1969 , p. XIX-XXI notic e sur l'abbaye de Munster. Sa
démonstration n e reme t cependan t pa s e n caus e un e fondatio n a u VII e siècle , cf . F . PRINZ , Frùhe s
Mônchtum im Frankenreich, Darmstadt 21988, p. 180.
18 SCHMIT T (cit . n . 17 ) p . 15 .
19 Cf . E . HERZOG, L'obituair e de l'abbaye de Munster, dans: ASHVV Munster 7 (1933) p. 9-106 qu i don ne des indications peut-êtr e utiles : au 1 2 mars l a fête d e saint Grégoir e e t rien d'autre , a u 3 septembre
l'ordination d e saint Grégoire et rien d'autre, au 10 septembre octave de la fête précédente et rien d'autre,
au 3 janvier mort (en 642) de Oswaldus premier abbé de ce monastère, à la même date commémoratio n
de Colduuinus secon d abb é du monastère , au 30 mars »mor t d e Childéri c II premier princ e e t fonda teur insigne et dotateur d e ce monastère su r les prières et conseil d e sa mère Imnechilde e t de l'évêqu e
de Strasbourg Rotharius sous le gouvernement des abbés Agonaldus et Waledio«, au 5 août Oswald roi
et martyr. E n fait , comm e il s'agit d'un documen t d u XVIII e siècle , il témoigne surtou t d e l a restaura tion du cult e de saint Grégoir e entrepris e depui s l e siècle précédent e t de la tentative de rassembler le s
données éparse s venues du manuscri t d e la fin d u XII e siècle.
20 Ms . Colmar 12 2 (359), cf. G . CAMES , Encyclopédie de l'Alsace, vol. 9, Strasbourg 198 4 s.v. et ID., L'enluminure à Munster, dans: A S HW Munste r 42 (1988) p. 11-26.
21 Cf . Medar d BARTH , Handbuc h de r Elsàssischen Kirche n im Mittelalter, Strasbourg 1960 .
22 Cf . Erwi n KERN , Etude s archéologique s de s vestiges d e l'abbaye d e Munster, dans : A S HW Munste r
45 (1991) p. 89-106: on a découvert un so l de terrazzo pré-roma n entaill é par les fondations d e l'abba tiale romane, le même type de sol a été retrouvé dans l'église Saint-Léger de Guebwiller et dans la crypte archéologiqu e d e l'ancienn e abbatial e d e Marmoutier , daté e d u VIII e siècle , c'es t l e so l d e l'églis e
construite a u temps de saint Maur .
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
269
de la fondation e t quel rapport éventue l avec Grégoire le Grand? O n sai t que Colom ban entretenait d e bonnes relations avec l'évêque d e Rome. Il avait adressé à Grégoire
le Gran d un e lettr e dan s laquell e i l défendait vigoureusemen t l e comput irlandai s e t
dans le même temps qualifiai t l e pape d e nombreux superlatifs 23. Dan s un e lettre au x
évêques gallo-franc s i l se couvre de l'autorité d e Grégoire pou r défendr e so n style de
vie monastique. La date de cette lettre n'est pas assez bien connue pour être certain que
Grégoire étai t encore vivant. Colomban me t en parallèle en effet un e citation de saint
Grégoire e t une citation de saint Jérôme, serait-ce l'indice d'u n cult e particulièremen t
précoce24? Colomba n a certainemen t jou é u n rôl e importan t dan s l a diffusio n d e
l'œuvre de Grégoire le Grand e n Gaule. Pensons en particulier à la diffusion d e la Régula Pastoralis et des Homélies su r l'Evangile 25. Il faut auss i sans doute placer dans ce
contexte la première diffusion d e la Règle de saint Benoît. On retrouve d'ailleurs la présence de Grégoire dans des œuvres de la Gaule du VII e siècle: le Liber scintillarum d u
23 Su r l'actio n d e Colomba n su r l e continent: G . BARDY , Sain t Colomba n e t l a papauté, dans: Mélange s
Colombaniens, 1951 , p . 103-118; Knut SCHÀFERDIEK , Columban s Wirke n i m Frankenreich (591-612) ,
dans: H. LÔWE , Di e Iren und Europ a i m frùheren Mittelalter , Stuttgart 1982 , p. 171-201, en particulie r
p. 181-184 ; F. PRINZ , Papst Gregor der Grofie und Columban der Jùngere, dans: Irland und Europa/Ire land and Europe. Die Kirche im Frùhmittelalter/The Early Church, éd. Proinseas Ni CHATHAI N e t Michael RICHTER, Stuttgar t 1984 , p. 328-337: Colomban a dû êtr e l'introducteu r d e l a Régula Benedict i
dans le monachisme occidental. J. F. KELLY, The letter of Colombanus to Gregory the Great, dans: Gregorio Magno e il suo tempo. I Studi storici, Rome 1991, p. 213-223. R. STANTON , Columbanu s letter 1.
Translation an d Commentary , dans : Journal o f Medieva l Lati n 3 (1993) p. 149-168: il s'agit de la lettr e
de Colomban à Grégoire l e Grand.
24 Cf . Columban i epistolae , MGH Epist . 3, éd. W. GUNDLACH, Berli n 1892 , p. 163: la référence qu e n'in dique pa s l'éditeu r es t un résum é libr e d e Règl e pastorale 3 , 35. Vers 603-604 , Colomba n envoi e un e
lettre pour défendr e se s pratiques irlandaises ; il étale son art d'écrire e n latin et invoque les plus solide s
autorités patristiques; il se recommande d e Jérôme et de Basile pour évoque r le s moines, il cite le psaume 61, 5: »Penfant es t humble, offensé i l n'en gard e pas le souvenir, en voyant un e femme i l ne la désire pas, il n'a pas une chose dans la bouche, une autre dans le cceur«. Il rappelle la valeur du silence; »les
gens de bien, s'ils ne deviennent pas tièdes, vivent mieux en secret qu'en public, ils mènent une vie plus
austère qui obtiendra une plus grande récompense, là en effet o ù le combat est plus dur, la couronne est
plus glorieuse. A l'inverse, ces mêmes gens de bien ne croient pas aux bonnes actions secrètes qui, comme le dit saint Grégoire, n'évitent pa s les mauvaises actions publiques. Saint Jérôme sachant bie n cela a
ordonné au x évêques d'imiter le s apôtres mai s il a appris au x moines à suivre la perfection de s Pères«.
Ainsi, peut-être avant même la mort d e Grégoire l e Grand, Colomba n s e couvre de cette autorité dan s
le conflit qu i l'oppos e au x évêques gallo-francs . O n peu t s'interroge r su r l a signification d e ce sanctus
Gregorius. L'argumentatio n d e Colomban es t très cohérente: il se réfère implicitemen t dan s cette lettre
à la Régula Pastoralis. Or précédemment , dans la lettre à Grégoire, Colomban avai t explicitement indi qué qu'i l avai t l u l e liber pastoralis e t qu'i l e n avai t appréci é l e style e t l a doctrine. Dan s l a lettre au x
évêques, Colomban manifest e déj à une réinterprétation d u Pastora l dans un sens monastique. Il fait e n
effet allusio n au chap. 3, 35 où Grégoire avertit, de façon équilibrée , ceux qui font e n secret le mal et en
public le bien et ceux qui cachent le bien qu'ils font e t cependant par certains actes vus de tous donnen t
prise à des jugements défavorables . C'es t à cette dernière catégori e qu e fait directemen t référenc e Co lomban, les bonnes action s secrètes qui n'évitent pa s les mauvaises actions publiques. Pour Grégoir e il
s'agissait d e conseil s pastoraux , adressé s pa r u n prédicateu r a u peupl e chrétie n e n général , tandi s qu e
Colomban sembl e bien voir dans ces hommes de bien qui agissent en secret des moines et la citation d e
saint Jérôme qui suit immédiatement soulign e cette interprétation .
25 Cf . E . A. LOWE, The script of Luxeuil, a title vindicated, dans: Revue Bénédictine 63 (1953) p. 132-142,
repris dans: Palasographical Papers, éd. L. BIELER, 2 vol. Oxford, II, 1972, p. 389-398 et R. ÉTAIX , Ré pertoire de s manuscrits de s homélies su r l'évangile d e saint Grégoir e l e Grand, dans : Sacris Erudiri 3 6
(1996) p.107-145.
270
Bruno Judic
Defensor de Ligugé et des textes hagiographique s comm e l a Vita Sadalbergae26. Pré cisément Gunduin père de Salaberge, fondateur d e Moutier-Grandval e n 638 avec Waldebert de Luxeuil est sans doute auss i duc d'Alsace e n 629 à l'époque d u premier éta blissement monastiqu e présumé à Munster. C'es t so n successeur, Boniface, qui appa raît dans le document de 660 puis Eticho lui-même dans le document de 67527. Bodalus,
le donateur d e 74 7 appartien t a u group e de s Etichonides . O n peu t note r l e no m d e
Agoldus abbé vers 665, à rapprocher d'un Agonaldu s dans l'obituaire du XVIII e siècle
et situé à la même époque en compagnie de Waledio. On a de nouveau - s i les mentions
précédentes n e dérivent pas simplement de celle-ci - u n Agoaldus abbas dans la donation d e 747. Ce nom pourrait-i l êtr e rapproché de Chagnoald célèbr e membr e des fa milles aristocratiques d e la Brie au début du VII e siècle et lié à Gunduin? O n peu t no ter auss i l e rôle de Childéric II et de la reine Emnechilde , veuve de Sigebert III oncle
de Childéric II, et mère de Dagobert II à cette époque encore en exil en Irlande. Après
la mort de Childéric II en 676, le maire du palais Wulfoald fai t revenir d'exil Dagober t
II qui devient ro i d'Austrasie d e 676 à 679.
Or PAnglo-Saxon Wilfrid joua un rôle très important auprès de Wulfoald pou r permettre le retour de Dagobert II28. Vers cette époque, 678 ou 679, »le roi, se souvenant
de ses bienfaits, demanda avec empressement qu'i l reçoive, dans son royaume, le prin-
26 Cf . Defensor de Ligugé, Le livre d'étincelles, éd . H. M . ROCHAIS (Source s Chrétienne s 77 et 86), Paris
1961-1962.Vita Sadalberga e dans: MGH SR M 5, éd. B. KRUSCH, 1910 , p. 50 sv. où ell e est datée du IXe
siècle. M. HEINZELMANN, Studia sanctorum. Education, milieux d'instruction e t valeurs éducatives dans
l'hagiographie en Gaule jusqu'à la fin de l'époque mérovingienne, dans: Haut Moyen Age. Culture, éducation e t société. Etudes offerte s à Pierre Riche , éd. M. SOT , Nanterr e 1990 , p. 115 situe cette Vita à la
fin du VII e siècle; voir aussi la contribution d e Michèle Gaillard dans ce volume. Cf. auss i Passio Praeiecti et Visio Baronti, MGH SR M 5, p. 225 et 380 avec référence au x Dialogues de Grégoire, p. 391 et 393
références au x Dialogues et aux Homélies sur l'Evangile. THACKER (cit . n. 3) p. 74-75 rattache le missale gothicum contenan t une messe de saint Grégoire à l'abbaye d e Munster et plus généralement à la métropole de Besançon, d'après G . MORIN, Su r la provenance du missale gothicum, dans : Revue d'Histoi re Ecclésiastiqu e 3 7 (1941 ) p . 24-30 ; cf . pourtan t M . METZGER , Le s sacramentaire s (Typologi e de s
sources du moyen âge occidental 70), Turnhout 1994 , p. 120, où le missale gothicum es t rattaché à l'Eglise d'Autun, e t L. C. MOHLBERG, Reru m Ecclesiaru m Documenta . Fonte s V, Rome 1961 , p . 87-88 où il
ne s'agit pas d'une mess e de saint Grégoire mais d'une oratio et d'une collectio dans le cadre des stations
des Rogations. Bien sûr cette pièce suppose l'existence au moins d'un aute l de Saint-Grégoire. A. Thacker rappelle en outre que la messe de saint Grégoir e dans le sacramentaire grégorie n a dû être introduite au temps du pape Serge I car elle est très proche de celle de saint Léon dont l a translation eu t lieu vers
688.
27 Cf . Régin e L E JAN , Famill e e t pouvoir dan s l e monde fran c (VII e -X e siècles) , Paris 1995 , p. 55, 189 et
391,439. La Vita de saint Germain d e Moutier-Grandval, éd . B. KRUSCH, MG H SR M 5, 1910, p. 30 sv.
semble faire d e Boniface et d'Eticho un e seule et même personne et lui donne le mauvais rôle d'ennem i
du monastère et du saint qui d'ailleurs meurt en martyr face aux soudards opérant pour le compte d'Eti cho, cf . H . EBLING , Prosopographi e de r Amtstràger de s Merowingerreiches vo n Chlotha r II. (613) bis
Karl Martell (741 ) (Beihefte de r Franci a 2), 1974 , p. 33 et 87. M. BORGOLTE , Di e Geschicht e de r Gra fengewalt im Elsafê von Dagobert I. bis Otto dem Grofêen, dans: Zs. fur di e Geschichte des Oberrhein s
131 (1983) p. 11-12 . BÙTTNER (cit . n. 14 ) p. 71-72.
28 Cf . J. M. PICARD, Church an d Politic s in the seventh century: the irish exile of king Dagobert II , dans:
Ireland an d Norther n France , éd. ID., Dubli n 1991, p. 27-52. Ian WOOD , Merovingia n Kingdoms ,
Londres 1994 , p. 315. W. LEVISON , Englan d an d th e continen t i n th e eight h century , Oxfor d 1946,
p. 49-51.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
271
cipal évêché attaché à la cité de Strasbourg« 29, le roi offrait don c à Wilfrid Pévêché de
Strasbourg, offr e qu e Wilfrid devait décliner . Nou s avon s déj à v u qu e l'Angleterr e a
développé très tôt un culte de saint Grégoire mais Wilfrid avait des raisons personnelles
d'être attach é à ce culte. Il défendit l e comput romai n d e la date de Pâques a u synod e
de Whitby de 664. Il commença sa carrière comme abbé de Ripon et conserva toujour s
un contrôl e étroi t su r se s fondation s monastique s (Ripon , Hexham) quand i l devin t
évêque e n 666. Lors d e son passag e e n Alsace , il fuyait se s ennemis e n Northumbri e
qui l'avai t priv é d e son sièg e episcopal d'York. I l avait échapp é au x mauvaise s inten tions d'Ebroïn e n débarquant e n Frise dans un royaume païen où il fut cependant bie n
accueilli et entreprit une mission d'évangélisation ave c succès car au même moment les
Frisons avaien t bénéfici é d'un e pêch e trè s abondante . I l s e rend ensuit e che z Dago bert II, son obligé, mais sa destination finale était Rome. Son biographe rapporte troi s
voyages de Wilfrid à Rome, l'un dès 654-655, le second en 679-680, le dernier vers 703.
A chaque fois Wilfrid a fait le tour des sanctuaires romains et a emporté une collection
de reliques romaines . Une piété »romaine« , une carrièr e à la fois monastiqu e e t épis copale, une entreprise missionnaire en Frise selon une méthode qui rappellerait la lettre
à Mellitus, voilà autan t d e traits qu i rapprochen t Wilfrid de Grégoire . Mai s e n outr e
son biograph e lui prête un discour s ten u ver s 702-70 3 devant le s évêques hostile s d u
concile d'Austerfiel d o ù Wilfrid se fait gloir e d'êtr e u n discipl e d u pap e Grégoir e e t
d'avoir introdui t l a Règle de saint Benoît en Northumbrie 30 .
Aussi nou s proposon s d e mettre un e dédicac e à saint Grégoir e e n rappor t ave c le
passage de Wilfrid en Alsace. Il pouvait suggére r un e telle dédicace aux divers aristo crates qui le protégeaient et qui étaient engagés dans des fondations monastiques . Ainsi la fondation d e Munster pourrai t s e rattacher a u group e de s Wulfoald - Gundui n
auquel es t associé , à cette époque , le duc Etich o présen t dan s l e diplôme d e 675. O n
sait qu e Dagober t II fut assassin é e n 67 9 à l'instigation d'Ebroï n mair e d u palai s d e
Neustrie, qu i cherchai t auss i à éliminer Wilfrid. Ebroïn n e profita pa s longtemp s d e
l'opération puisqu'i l fut à son tour assassiné en 680. Le vrai vainqueur à long terme fu t
29 Vita Wilfridi .. . auctor e Stephano, éd. W. LEVISON, MG H SR M 6, 1913 , p. 163-263 , p. 221: rex beneficiorum eius memoratus diligenterpoposcens ut in suo regno episcopatum maximum ad civitatem Streithbyrgpertinentem susciperet, que pouvait signifier cet episcopatus maximus, évêch é principal, était-ce déjà
une tentative de créer un archevêché comme le fera Boniface sur le modèle de Canterbury et York? Ia n
WOOD, Ripon, Franci a and th e Frank s caske t i n th e earl y Middl e Ages , dans : Norther n Histor y 26
(1990) p. 1-19, a récemment montr é que le biographe d e Wilfrid, Eddius Stephanus , pouvait avoi r un e
culture marquée par le monde mérovingie n e t en particulier par la Vita Columbani.
30 Cf . Vita Wilfridi, c . 47: Necnon et ego primus post obitum primorum procerum, a sancto Gregorio directorum, Scotticae virulenta plantationis germina eradicarem, ad verumque pascha et ad tonsuram in
modum coronae ... secundum apostolicae sedis rationem ... converterem ... vel quomodo vitam monachorum secundum regulam Benedicti patris, quam nullus prior ibi invexit, constitueram? éd . LEVISON ,
p. 242 . MAYR-HARTING (cit . n. 6) p. 145 souligne que sur un point Wilfrid fut romai n de manière significative ou peut-être plutôt grégorie n précisément dan s ses méthodes missionnaire s telles qu'on le s voit
chez le s Frisons e t les Saxons méridionaux . Cependan t i l note auss i qu'on a aucun moye n d e savoir si
Wilfrid aurait pu connaître lor s de ses séjours romain s le s lettres de Grégoire l e Grand. Si Whitby a pu
produire un e Vita Gregorii dan s un context e plutôt anti-Wilfridie n (cf . supr a n. 9), c'est peut-êtr e pré cisément parce que Wilfrid se réclamait lui-mêm e avec insistance de l'héritage d e Grégoire. Sur la mission en Frise cf. Stéphane LEBECQ , Les Frisons entre paganisme et christianisme, dans: Christianisation
et déchristianisation. Colloqu e de Fontevraud, Presse s de l'Université d'Anger s 1986 , p. 19-45.
272
Bruno Judic
Pépin II qui succéda à Wulfoald à la tête de la mairie du palais d'Austrasie. Parallèle ment les Etichonides semblen t élargi r leur pouvoir e n Alsace au début du VIII e siècle
mais les vicissitudes de Childéric II, Dagobert II et Wilfrid appartenaient désormai s à
un autre monde avec la puissance croissante des Pippinides au VIII e siècle; il n'en res tait plus que cette dédicace à saint Grégoire que d'autres Anglo-Saxons vénéraient aussi ailleurs. On notera aussi que la légende, très postérieure, associe les premiers abbé s
supposés de Munster à une carrière d'évêque de Strasbourg. De fait, au VIII e siècle, des
abbés de Munster, Eddo puis Rachio, sont devenus évêques de Strasbourg l'un vers 750,
l'autre vers 782-786 31.
On doi t auss i s'interroger su r la proximité de Murbach et sur l'influence éventuel le d e Pirmin. Rappelon s que , après avoi r fond é Reichena u e n 724 avec l'appu i d e
Charles Martel, Pirmin dut fuir l'hostilit é du duc d'Alémannie e t s'installa e n Alsace à
Murbach e n 727 dans une fondation d e l'Etichonide Eberhard , frèr e d e sainte Odile .
Murbach n'es t qu'à une douzaine de kilomètres à vol d'oiseau d e Munster. A la vallée
de la Fecht où se trouve Munster succède au sud la vallée de la Lauch où se trouve Murbach. On peut note r du reste que Munster fai t parti e de la confraternité d e prières de
Reichenau a u IXe siècle mai s i l n'y a pas moins d e cinquante abbaye s dan s l e même
cas32. On sait que l'influence d e Pirmin s'étendi t auss i au nord de l'Alsace à Marmoutier réform é pa r son discipl e saint Maur. On attribue à l'action d e Pirmin la diffusio n
de la Règle de saint Benoît ; mai s déj à Wilfrid avait diffus é cett e Règl e en Northumbrie33. Les monastères fondés par Pirmin furent auss i de hauts lieux de conservation et
d'études de s oeuvres de Grégoire le Grand.
Parmi les manuscrits subsistant s de l'ancienne bibliothèqu e de Reichenau, on peut
relever les Homélies su r Ezéchiel: Aug. CCXXI du VIII e siècle (CLA 8,1095) et Aug.
LXXI du IX e siècle, les Moralia in Job: Aug. II, III, IV, CLXXVI d u VIIIe -IX e siècl e
(CL.A. 8,1076), les Homélies sur l'Evangile: Aug. CC de la fin du VIII e siècle (CL.A.
8,1093). Parmi les manuscrits de l'ancienne bibliothèqu e de Murbach, on conserve un
Pastoral du VIIIe -IX e siècle: Colmar BM 29. On notera tout spécialement la présence
à Reichenau e t à Murbach d e manuscrits de Lathcen, ce moine irlandais qui composa
au milieu du VII e siècle des Excerpta de s Moralia in Job; cett e présence est attestée par
les catalogues anciens, du IX e siècle, des deux abbayes et par un manuscrit subsistant :
31 Cf . C. MUNIER, L e premier millénaire , dans: F. RAPP (dir.) , Strasbourg (Histoir e des diocèses de France 14), Paris 1982 , p . 17-23: Rachio fit copier la collection canonique Hispana pour la cathédrale de Strasbourg. Il succédait à d'autres abbé s devenus évêques , Rémy ven u d'Eschau e t Heddo abb é de Munster
et de Murbach. K . SCHMID, O.G . OEXLE , Voraussetzungen un d Wirkung de s Gebetsbundes vo n Atti gny, dans: Francia 2 (1974) p. 104-105.
32 Cf . J . AUTENRIETH , D . GEUENICH , K . SCHMID , Das Verbrùderungsbuc h de r Abte i Reichenau , M G H
Libri memoriales et Necrologia, nova series 1, Hanovre 1979 . A. ANGENENDT, Monachi peregrini. Studien zu Pirmin und de n monastischen Vorstellunge n de s frùhen Mittelalter s (Mùnstersch e Mittelalter Schriften 6) , Munich 1972 . Mônchtum, Episkopa t un d Adel zu r Grùndungszeit de s Kloster s Reiche -
nau, éd. A. BORST , Sigmaringe n 1974 . G. DAGRON , P . RICHE , A . VAUCHEZ , Histoir e d u Christianisme .
IV: Evêques, moines et empereurs (610-1054), Paris 1993 , p. 657-658. Sur l'influence aquitain e dans les
fondations monastique s en Austrasie: E. EWIG, L'Aquitaine et les pays rhénans au haut moyen âge, dans:
ID., Gesammelte Schriften I (Beihefte de r Francia 3), Munich 1976 , p. 563-571.
33 Vita Wilfridi .. . auctore Stephano, c. 14. D'après ANGENEND T (cit . n. 32) p. 208-216 on ne sait rien de
la règle suivie dans les fondations d e Pirmin avan t 817.
273
Grégoire le Grand e t l'abbaye de Munste r
Wissembourg ±
Marmoutier J
STRASBOURG
Hohenbourg
(Sainte-Odile) +
£ Senone s
Etival i^ Moyenmoutie r
Saint-Dié Ebersheimmunster
Munster ê
Murbach
Moutier-Grandval è
274
Bruno Judic
Aug. CXXXIV du IX e siècle. Les manuscrits conservé s d e Lathcen son t relativemen t
peu nombreu x e t peuven t indique r auss i bie n l'intérê t pou r l'œuvr e d e Grégoir e l e
Grand que l'influence d e la culture monastique irlandaise sur le continent34. Beaucou p
plus tard, à la fin d u XI e siècle, le même abbé, Samuel, dirigea e n même temps Muns ter, Murbac h e t Wissembourg. Ce s lien s étroit s d'un e époqu e plu s récent e on t peut être eu des précédents dè s le VIII e siècle. On aur a remarqu é auss i le rôle des Eticho nides à Munster comm e à Murbach, c e n'est pa s surprenant mai s il faut auss i mesure r
davantage l'influence d e Grégoire l e Grand à travers une piété colombanienne o u an glo-saxonne su r ces aristocrates 35.
Il est important alors de repérer autant que possible toutes les références à Grégoire
le Gran d dan s l'hagiographi e e t dan s l a vi e monastiqu e e n relatio n ave c Munster .
Même s i nous n'avon s qu e de s texte s trè s postérieur s a u VII e siècle , il est cependan t
possible d e rassembler de s données convergente s concernan t soi t l'influenc e d e Gré goire le Grand par ses écrits soit le culte de ce saint. Il faut ainsi réexaminer la Vita Odiliae, les trois Vitae Hidulphi, l a Vita Deodati, le s Gesta episcoporum Tullensium. L a Vita Odiliae es t datée , dans s a première rédaction , d e l a fin d u IXe o u d u débu t d u Xe
siècle; elle repose sur le thème hagiographique suivant : le duc Eticho, puissant maîtr e
de l'Alsace, et sa femme on t une fille, Odile, aveugle de naissance; l'enfant es t d'abor d
cachée dans un monastèr e appel é Balma (Baume-les-Dames?) jusqu' à c e que l'évêqu e
Erhardus l a découvre, la baptise et par ce geste ses yeux s'ouvrent. Aprè s s a guérison,
Odile fait l e vœu d e se consacrer à Dieu et , à son tour, elle s'engage dan s la vie monastique à Hohenburg (l'actue l Mont Sainte-Odile) 36. Ce thème hagiographique s e trouvait déjà dan s la Vita Sadalbergae. Salaberge , comme Odile , est aveugle de naissance;
elle est guérie par Eustase , successeur d e Colomban à Luxeuil; plus tar d ell e donner a
le nom d'Eustas e à son fil s e t encouragera l a vie monastique pa r l a fondation d u mo nastère Saint-Jea n d e Lao n qui , aprè s elle , sera dirigé pa r s a fille Anstrude . Relevon s
aussi que le nom d'Odile apparaî t dans cette Vita comme le nom de l'épouse d e Bodo,
frère d e Salaberge , qui devien t à la fin d e sa vie évêque d e Toul e t protège l a vie mo nastique. Sa femme Odil e prend l e voile et se consacre aussi à la vie monastique 37. O r
nous retrouverons ce t évêque Bodo dans les Gesta des évêques de Toul.
34 Cf . P . GROSJEAN, Sur quelques exégètes irlandais du VIIe siècle, dans: Sacris Erudiri VII (1955) p. 92 sv.
Lathcen, Eclog a qua m scripsi t Lathce n filiu s Bait h D e Moralibu s lo b qua s Gregoriu s fecit, éd. M .
ADRIEN (C.C . 145) , Turnhout 1969 , p. V-VII.
35 Cf . Christian PFISTER , Le duché mérovingien d'Alsace et la légende de Sainte Odile, Paris 1892 . F. VOLL MER, Die Etichonen. Ein Beitrag zur Frage der Kontinuitàt friiher Adelsfamilien , dans: G. TELLENBACH ,
Studien und Vorarbeiten zu r Geschichte des grotëfrânkischen un d frùhdeutsche n Adels , Freiburg 1957,
p. 137-185 . C. WILSDORF, Les Etichonides aux temps carolingien et ottonien, dans: Bull. Philol. et Hist,
du Comité de s travaux hist, et scientif. 1964 , p. 1-33 .
36 Vita Odiliae, éd. W. LEVISON, MG H SR M 6 , 1913, p. 24-50. Fabienne CARDOT , L e pouvoir aristocra tique et le sacré au haut moyen âge. Sainte Odile et les Etichonides dans la Vita Odiliae, dans: Le Moyen
Age 89 (1983) p. 173-193. On noter a aussi que l'auteur de la Vita, à la fin du IXe ou au début du Xe siècle,
est familier de s Dialogues d e Grégoire l e Grand, c e qui n'est pa s surprenant à cette date; p. 44 et 49 W.
Levison relèv e plusieurs phrases qui portent l a trace de cette inspiration .
37 Vita Sadalbergae (voir n. 26) p. 60. La fête de sainte Odile, le 13 décembre, l'associe à sainte Lucie, la lumière, ce que souligne d'ailleurs l a Vita; cette lumière rappell e évidemment l e miracle initial de la guérison d'Odile .
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
275
Ce thèm e hagiographique , l a guériso n d'un e aveugl e d e naissance , d'inspiratio n
évangélique, apparaît ainsi dès la fin du VII e siècle. On le retrouve dans la première Vita Hidulphi, qu'o n date du milieu du Xe siècle38, et qui offre auss i une variante de l'histoire d e sainte Odile . Hidulphe, su r l'ordr e d e Pépin, a remplacé, sur l e siège episcopal de Trêves, Milon trop adonn é au x affaires terrestres . En tant qu'évêque , il s'occu pe en particulier de faire la translation des reliques de saint Maximin un ancien évêqu e
de la cité. Cependant so n inspiration évangélique le pousse à vouloir se retirer dans un
désert. I l s e tourn e ver s l a parti e vosgienn e d u diocès e d e Tou l gouvern é alor s pa r
l'évêque Jacques. Dans cette région vallonnée, Deodatus s'était installé au temps de Garibald u n prédécesseu r d e Jacques; à l'imitation d e Deodatus (Dié ) e t non loi n d e lui,
Hidulphe fond e u n monastèr e qu i s'appeller a Moyenmoutie r (Medianum monasterium). I l construit un e première églis e consacrée à la Vierge Marie et une autre consa crée à saint Pierre et à tous les apôtres. Cependant la renommée du saint attire les foules,
il ren d l a vu e au x aveugles , i l guéri t le s boiteux , i l chass e le s démons ; auss i doit-i l
construire une troisième église, extra claustra, consacrée à saint Jean-Baptiste. Il s'entoure de disciples très zélés dans la vie religieuse; malheureusement l e diable fait entre r
la mort dan s l a communauté e t i l faut aménage r u n cimetièr e e t construire a u milie u
une église consacrée à saint Grégoire 39.
La renommée d u sain t attire des visiteurs d e qualité: Hairardus, vita deque sanctissimus, ordine vero coepiscopus, frère de Hidulphe, et le duc Eticho qui lui amène sa fille
aveugle de naissance; celle-ci est baptisée et guérie40. Après la mort de Spinulus, un disciple particulièrement religieu x <lu saint, la foule s e précipite su r l e tombeau d e sain t
Spinulus o ù s e produisen t de s miracle s e t de s prodiges : l a tempêt e qu i arrach e de s
chênes e t des sapin s n e parvient pa s à éteindre le s cierges qu i brûlen t su r l e tombea u
du saint; à la suite de trombes d'eau o n découvre des salines. Hidulphe se réfugie alor s
en prière dan s l'églis e d e Saint-Grégoire, i l invoque Spinulu s e t lui demand e d e fair e
cesser le s miracle s pou r ramene r l e calme dan s l a région , c e qui es t exaucé 41. On re 38 BH L 3945 qu'on date plus précisément des années 960-965, cf. l'article de Monique Goullet dans ce même volum e e t C . PFISTER , Le s légende s d e S . Dié e t d e S . Hidulphe, dans : Annale s d e l'Es t 3 (1889 )
p. 377-40 7 et 536-588. Nancy GAUTHIER , L'évangélisatio n de s pays de la Moselle. La province romai ne de Belgiqu e premièr e entr e Antiquit é e t Moye n Ag e (IIIe—VIIIe siècles), Paris 1980 , a renouvelé l a
discussion su r ces textes, cf. infra note 47. BUTTNER, Geschicht e des Elsaft (cit . n. 14 ) p. 58 sur l e groupe des monastères d e la Meurthe e t ID., Die politische Erschlieftun g de r westlichen Vogese n im Frùh und Hochmittelalter , dans : Zs. fur di e Geschichte des Oberrheins (1937 ) p. 365-404.
39 Et quoniam invidia diaboli mors introivit in orbem terrarum, sciens athleta Dei Hidulphus, se suosque
quandoque Adae debitum reddituros, sepulturœ locum quœrere destinavit; sed quia, ut in convallibus solet, circa monasterium aquarum erat habundantia, minime aptum cimiterio locum judicavit. Adaustrum
vero collis monasterio imminet, super quem vir sanctus ecclesiam construens, ex nomine sancti Gregorii
Papae consecravit, atque circum banc cimiterium benedixit. AAS S Jul. Ill, p. 223.
40 .. . cumque e diversispartibus multi ad virum Dei venirent, Hairardus, vita deque sanctissimus, carne quidem beato Fîildulfo germanus, ordine vero coepiscopus, nomine hujus excitatus accurrit. ... Heticonis
enim ducisfilia, caeca nata, ad viros Dei defertur, utque ejus misereantur a mestisparentibus humilipreceposcuntur, quam cum adhuc gentilem esse rescissent, more Ecclesiastico catechizaverunt, atque ad orationem prostrati pro salutepuellae clementiam Domini pre cabantur. Monitis itaque catholicae fidei edoctam sanctus Hidulphus baptizavit, eamque de sacro fonte, mente et carne illuminatam, beatus Hairardus excepit, et dato nomine Othiliam vocavit. AAS S Jul. Ill, p. 223.
41 Quam inquietudinem vir Dei Hidulphus sentiens indoluit et, ut moris erat, ecclesiam B. Gregorii oraturus intravit. Deinde oratione expleta, surrexit et baculo artus régente, ad tumulum S. Spinuli venit,
276
Bruno Judic
marquera que Hidulphe va prier dans l'église de Saint-Grégoire comme il en avait l'habitude. Enfin cett e première Vita ne précise pas le lieu d e sépultur e d e Hidulphe . C .
Pfister a pu montre r qu e cette Vita contient de s éléments chronologique s contradic toires, Hidulphe n e pouvait pa s vivre en mêm e temp s qu e Deodatu s e t Pépin l e Bref
qui n e sont pa s contemporains e t l'énumération de s églises ne correspondrait qu' à l a
situation d u Xe siècle , celle qu e l e moine rédacteu r d e l a Vita connaît pa r lui-même .
Pourtant o n peut aussi raisonnablement pense r que quelques années suffisent no n pas
pour construir e san s doute d e vraies église s mais pour établi r de s oratoires e t des au tels liés à la fois à des besoins fonctionnels e t à des dévotions privilégiées . En outr e la
fonction funérair e d'un e église , ou d'un e chapelle , Saint-Grégoir e s'accorderai t bie n
avec une influence anglo-saxonn e puisque, dans l'abbatiale de Saint-Pierre-Saint-Pau l
de Canterbury, les premiers abbés - e t premiers archevêques - Augustin , Laurent, Mellitus, sont inhumés dans une chapelle Saint-Grégoire 42.
La deuxième Vita paraît n'être qu'un court résumé de la précédente. Saint Grégoir e
n'y es t pas mentionné. La troisième Vita, peut-être due à Humbert de Moyenmoutier ,
reprend tou s les éléments qu'on a vu ci-dessus et en rajoute. L a culture de l'auteur lu i
permet d'insiste r su r l a référence à Grégoir e l e Grand . Dè s l e débu t d e l a Vita, Hidulphe, originaire du peuple des Nerviens, vivait à peu près au temps de Garibald qu i
régnait sur les Bavarois et qui était père de Théodelinde épouse d'Agilulf, roi des Lombards, don t fai t mentio n l e pape Grégoir e dan s l e Commentair e su r Ezéchiel 43. Hi dulphe, devenu évêque de Trêves, décide de quitter sa charge pour partir au désert. Les
plaintes d u peupl e susciten t che z l'auteu r un e justification qu i s'appui e su r Grégoir e
le Grand 44 . O n retrouv e ensuit e les mêmes passages sur la création de s quatre églises,
dont cell e de Saint-Grégoir e a u milie u d u cimetière , su r l a visite d u du c Etich o e t l e
baptême d e sa fille Odile , sur le s troubles provoqué s pa r l a foule autou r d e la tomb e
de saint Spinulus et la prière de Hidulphe dans l'église de Saint-Grégoire. L'auteur ajou atque ut erat piae mentis, ora perfusus lacrimis; Gratias, inquit, f rater Spinule, Deo agimus, quod te in
pads regione quiescere credimus, et apud omnipotentem Dominum posse plurimum confidimus, nosse te
etiam scimus, quomodo et quare nos, relicto tumultu populorum, in hanc solitudinem devenimus. AAS S
Jul. Ill , p. 223 .
42 Cf . Bède , H. E . II, 3 (éd. cit. n. 6) p. 144 et St Augustine's Abbe y Canterbury , éd. GEM (cit. n. 8), photo n° 1 2 et plan p. 97.
43 BH L 3947 , cf. ci-contr e l'article de Monique Goulle t qu i rejette fermement l'attributio n d e cette Vita à
Humbert de Moyenmoutier e t la date de 102 6 environ. L'attribution avai t été avancée par PFISTER , Lé gendes de S. Dié (cit. n. 38) p. 538 et reprise par GAUTHIE R (cit . n. 38) p. 340 s. Circa illius temporis aetatem Garibaldus regebat eamdem Noricorum, id est Baioariorum gentem, cujus filiam, nomine Teudelindam, Agilulfus rex Longobardorum sortitus fuerat uxorem. Hujus etiam Agilulfi, ad obsidionem
Urbis festinantis, praecellentissimus Dominus Papa Gregorius in Commentario Ezechielis mentionemfacit. AASS Jul. Ill, Vita tertia, c. I, p. 228.
44 Quemadmodum enim Deo dignus Papa Gregorius ait: Dulce est esse in rebus humanis, sed ei qui adhuc
de cxlestibus gaudia nulla gustavit; at si quisjam cordis ore gustaverit, quae sit ilia dulcedo cœlestiumprœmiorum, huic quanto illud dulce fit quod intus videt, tanto in amaritudinem vertitur quidquid foris sustinet. Rixatur secum de rememoratis iniquitatibus, reprehendit se de cogitationibus, insequitur de verbis, et punit flendo de factis. Itaque nisi hoc modo Spiritus Sanctus mentem viri hujus in amaritudinem
temporalium et delectationem œternorum commovisset, terram desertam et inviam tanto aestu cordis non
quœsisset. AASS Jul. Ill, Vita tertia, c. VI, p. 231. Il est paradoxal de constater que Grégoire qui avait
théorisé la douloureuse nécessité de mener à la fois l a vie spirituelle du moine et la vie active du pasteu r
permette de justifier l'abando n d e la charge épiscopale.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
277
te des précisions sur la sépulture de Hidulphe. Ses disciples organisèrent ses funéraille s
et l'inhumèrent dan s la basilique de Saint-Grégoire à droite de l'autel. Par la suite, comme son culte se développait, sa sépulture fut déplacée et installée dans l'église de la Vierge Marie45. Jean et Benignus, deux frères qu i étaient des disciples fidèles d e Hidulphe ,
le suivent d e près dan s l a mort; il s sont eu x auss i enterrés dan s l'églis e d e Saint-Gré goire46. Ainsi cette troisième Vita ajoute de s références à Grégoire qui viennent essen tiellement d e la culture d e l'auteur e t d'un auteu r d e la première moiti é du XI e siècle.
Néanmoins le s indication s su r le s sépulture s dan s l'églis e Saint-Grégoir e semblen t
compléter logiquemen t l e récit de la première Vita sur l a création d u cimetière . L'ab baye de Moyenmoutier pouvait bien en effet conserve r au XI e siècle le souvenir de cette église funéraire consacré e à Saint-Grégoire.
On a vu qu e Hidulph e avai t ét é attiré dan s le s Vosges par l'exempl e d e Deodatu s
(Dié). La Vita de ce dernier est une rédaction du milieu du XI e siècle, qui a aussi été attribuée à Humbert de Moyenmoutier 47 . Deodatu s es t évêque de Nevers quan d i l décide de fuir le monde. Après des pérégrinations en Alsace où il fonde un monastère avec
l'aide de Hunus e t de sa femme Huna , il s'établit dan s les Vosges au temps de l'évêqu e
de Toul Girbaldu s (o u Garibal d dan s la Vita Hidulphï) e t fonde u n monastèr e dans le
Val de Galilée avec d'abord u n oratoire Saint-Martin puis un oratoire de la Vierge Marie, d e tou s le s apôtres e t de s saint s évêque s d e Treves Eucher, Valerius, Maternus e t
Maximin (don t le s reliques seront donnée s par Hidulphe alor s archevêque d e Trêves)
enfin u n troisièm e oratoir e es t consacré à saint Mauric e (d'Agaune) . La Vita rappelle
l'existence d'u n privilèg e d'exemption pui s signale l'arrivée de Hidulphe qui s'occup e
des funérailles d e Deodatus e n 679 dans l'église de la Vierge Marie. Cette Vita rappelle aussi, avec une certain e correspondanc e chronologique , l'assassina t d e sain t Lége r
par Ebroïn. On y trouve des références affirmée s à saint Ambroise et à saint Augusti n
et l'indication d e la mort d e Hidulphe e n 707 . On trouv e auss i un e référenc e à Grégoire le Grand dan s un prologue d e la Vita publié ultérieurement 48. Mai s C. Pfister a
démontré que les seuls éléments historiques sûr s de cette Vita sont tirés d'un privilèg e
45 Tandem officiose curato cadaver e semper reminiscendi patris humaverunt illud in basilica B. Papae Gregorii, a dextris altaris, ad uItajam luce secundae feriae, anno trigesimo sexto habitationis suae in hujus
terribilis Eremi vastitate, quadragesimo vero a gloriosa Domini Pontificis Maximini translatione, quae
extitit sub hoc nostro archipraesule, Pipino superius dicto, jam tunc Gallias gubernante. Verumtamen cum
lux meritorum beati Hidulphi crebris claresceret miraculis, relatum ab Ecclesia sepulturae suae mirabile corpus, devotione ac studio fratrum templo beatae Mariae Virginis est illatum, in quo dextrorsum eleganti curvato for nice aliquanto delituit tempore. AASS Jul. HI , Vita tertia, c. XX, p. 236. Cette fonctio n
funéraire es t attestée dans un autre document: Chronicon Mediani Monasterii, MGH Scriptore s 4, p. 88:
Huius veneranda glebapost bases altaris beati papae Gregorii decenti sepulturae est tradita (i l s'agit de
la dépouille du patriarche Fortunat mor t en 825; le Chronicon a été rédigé en 1043) , cf. R. VAN DOREN ,
(art.) Idulfo, dans: Bibliotheca Sanctorum t. 7,1966, col. 645.
46 Uno decenter reconditi mausoleo, sepulturae sunt mandati in beati Gregorii oratorio. Quod sociale decus adhuc nostris datur et dabitur futuris prospici diebus. AAS S Jul. Ill, Vita tertia, c. XXI, p. 237.
47 BH L 2131-2132 ; Monique Goulle t (cf . n . 38), rejette auss i l'attribution à Humbert de Moyenmoutie r
et ne croit pas nécessaire de supposer une identité d'auteur ave c la Vita tertia Hidulphi . Les deux Vitae
appartiennent néanmoins à un même contexte spirituel, cf. PFISTER , Légendes de S. Dié (cit. n. 38) p. 558
sv. e t GAUTHIE R (cit . n . 38 ) p . 34 0 s .
48 R . L'HÔTE , Praefati o i n vitam S. Deodati, dans: AnalBoll 6 (1887) p. 151-160.
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Bruno Judic
de l'évêqu e d e Trêves Numérien d u VII e siècle conservé dan s un e copi e d u Xe siècle.
Ce documen t permettrai t d e valider l a date d e 66 9 pour l a fondation d e Deodatus e t
nous conserve aussi le nom de Chrotarius évêque de Strasbourg mentionné aussi dans
la charte de Munster de 675. L e fait que Deodatus aurait été évêque de Nevers n'est attesté par aucu n document d e cette région e t résulte peut-être d'un e erreu r d e copiste:
Nivernensis episcopus au lieu de Hibernensis episcopus. Dans ce cas Deodatus serai t en
fait un irlandais. Les Bollandistes ont indiqué en note qu'on a parfois confondu c e Deodatus (saint Dié) avec un Adeodatus , évêque de Toul, signataire du concil e romain d e
68049. Il est vrai que la proximité des dates et des noms rendaient ce rapprochement in évitable. Mais il faut s'intéresse r précisémen t à la liste des évêques de Toul.
Les Gesta de s évêques de Toul ont ét é rédigés au début d u XII e siècle en reprenan t
des Vitae antérieures de certains saints évêques, tels que saint Mansuetus réputé le premier évêque et saint Epvr e (sanctus Aper) qu i vécu t autou r d e 500. On retrouv e dan s
ces Gesta le s données présente s dan s le s Vitae d e Hidulphe e t de Deodatus, l'évêqu e
Garibald sou s l e pontificat duque l Deodatu s s'es t installé dan s le s Vosges e t l'évêqu e
Jacques à l'époque d e Hidulphe. O n trouv e dan s ces Gesta l a même tendanc e à écraser la chronologie antérieur e à Charlemagne que dans le s trois Vitae Hidulphi: aussi tôt aprè s l'épiscopat d e Jacques, correspondant à la vie de Hidulphe, on trouve l'épis copat de Borno présenté comme un contemporain de Charlemagne. Ces Gesta condensent de s éléments épar s e n fonction de s intérêts d e l'Eglis e d e Toul a u débu t d u XII e
siècle50. Parmi ce s éléments, il faut releve r ce qui concerne l'évêqu e Bodo . Il est placé
après Godo successeur de Garibald e t avant Jacques. On lui attribue la fondation d'u n
monastère fémini n pou r s a fill e Teutberg e e n l'honneu r d e saint e Mari e e t d e sain t
Pierre51, un monastèr e en l'honneur d e saint Pierre à Etival et un monastèr e e n l'hon neur de saint Léger à Offonis Villa. On noter a spécialemen t qu e pour l a fondation d e
Teutberge il reçut un privilège apostolique de la part du gran d docteu r Grégoir e e t de
son prédécesseu r Agapit 52. O r ce t évêqu e Bod o appel é encor e Leudui n (e t qui s e retrouve peut-être sous le nom d e Leudinus dan s la même liste à une époque bien anté rieure mais plus vraisemblable historiquement ) es t l e propre frèr e d e Salaberge selo n
la Vita de cette dernière. Nous retrouvon s ainsi le même milieu aristocratique marqu é
par la spiritualité de Colomban mai s aussi par Grégoire le Grand à travers Colomban .
A prior i l a référence à ce privilège apostolique es t absurde , Grégoir e n'es t nullemen t
contemporain d e Bodo et Agapit n'est pas son prédécesseur immédiat 53. Une telle référence doi t s'expliquer pa r l'importance acquise , au XII e siècle, par les privilèges mo nastiques e t la propension à fabriquer de s faux à cette époque en s'autorisant d e noms
illustres.
49 AAS S Jun. III, p. 871-884. C. PFISTER , Légende s de S. Dié (cit. n. 38) p. 395 suggère l'origine irlandai se de Deodatus mai s refuse d e le confondre ave c le Deodatus mentionn é dan s MANSI , t . 11, col. 306.
50 Cf . Gest a episcoporum Tullensium , éd. G. WAITZ , MG H Scriptore s 8 , p. 631 sv.
51 C e sera Bonmoutier, cf . M . GAILLARD , Le s fondations d'abbaye s féminine s dan s le Nord e t l'Est d e la
Gaule de la fin du VI e siècle à la fin du Xe siècle, dans: Revue d'Histoire d e l'Eglise de France 19 6 (1990)
p. 5-2 0 et ID., Die Frauenklôster i n Austrasien, dans: Die Franken. Wegbereiter Europas. 5. bis 8 . Jahrhundert, Teil 1 , Mainz 1997 , p. 452-458.
52 apostolicum privilegium a magno doctore Gregorio eiusque praecessore Agapito suscipere meruit ...,
Gesta ep. Tull. (cit. n. 50) p. 636.
53 Cf . GAUTHIE R (cit . n . 38 ) p . 424-427 .
Grégoire l e G r a n d e t l'abbay e d e M u n s t e r
279
On peu t cependan t fair e u n rapprochemen t ave c un privilèg e monastiqu e attribu é
à Grégoire l e Grand e t forgé san s doute à la fin d u Xe siècle par Abbo n d e Fleury o u
dans son entourage: le De monachorum monasteriorumque libertate (incipit : Quam sit
necessarium ...) repren d le contenu de deux lettres authentiques de Grégoire, l'une destinée à protéger le monastère de Classis face à l'évêque de Ravenne, l'autre demandan t
à l'évêque d e Rimini de ne pas dir e d e messe s publiques dan s u n monastère . Dan s l e
manuscrit Pari s B.N. lat . 2281, provenant d e Moissac e t daté de la fin d u XI e siècle 54,
on trouve une collection de lettres de Grégoire selon le Registrum Hadrianum ; à la fin
figure u n texte sur la mort d u pape Agapit à Constantinople (incipit: Anno edificationis romanae ecclesie quadringentesimo nonagesimo agapitus qui prime pétri sedis antistes a theodoto gothorum nequissimo rege ...) su r les deux colonnes d u fol. 19 2 et jusqu'à la première colonne du verso et juste après ce récit on trouve le De monachorum
monasteriorumque libertate. L'associatio n d e ces deux textes, obitus d'Agapi t e t pseudo-privilège d e Grégoire, est tout à fait d e nature à expliquer l a mention de s Gesta d e
Toul à propos d e Bodo. Cependant l a distance est grande entre Toul et Moissac, il est
vraisemblable qu'un e tell e association a dû êtr e réalisée dans d'autres manuscrits . Pa r
ailleurs on peut penser que cette association dérive en dernière instance de la mention
du pape Agapit dans les Dialogues de Grégoire; peut-être était-ce déjà à Fleury qu'o n
avait réalisé un te l rapprochement 55 . Cec i nous éclair e un pe u su r l'environnement d e
l'auteur de s Gesta mai s est-ce utile pour un e période plus ancienne ? Pourquo i préci 54 Voi r e n annex e l'éditio n d e ce s deu x textes . Su r l e ms . lat . 228 1 voi r Bibliothèqu e Nationale , Catalogu e
général de s manuscrit s latins , t . III (2693 à 3013A) , Pari s 1952 ; J. D U F O U R , L a bibliothèqu e e t l e script o r i u m de Moissac , 197 2 e t ID., La compositio n d e l a bibliothèqu e d e Moissac , dans : Scriptorium 35
(1981) p . 175-226 .
55 Cf . A . W E R M I N G H O F F , Beitràg e un d U n t e r s u c h u n g e n z u de n frànkische n Synodalakten . I L Ein e Fàl schung au s d e m Kloste r P r ù m , dans : N e u e s Archi v 2 8 (1903 ) p . 49-59 ; E . L E S N E , Nicola s I er e t le s li bertés de s monastère s de s Gaules , dans : L e M o y e n Ag e (1911 ) p . 343 ; T. P . M C L A U G H L I N , Le trè s an cien droi t monastiqu e d e l'Occiden t (Archive s d e l a Franc e monastiqu e 38) , Ligugé , Pari s 1935 , p. 181 ;
J. F . L E M A R I G N I E R , L'exemptio n monastiqu e e t le s origine s d e l a réform e grégorienne , dans : A Cluny .
C o n g r è s scientifiqu e e n l ' h o n n e u r de s saint s abbé s O d o n e t O d i l o n , Dijo n 1950 , p . 288-340 . C'es t e n
effet à l'extrêm e fi n d u X e siècl e q u ' o n voi t apparaîtr e p o u r l a premièr e foi s c e fau x privilèg e d e G r é goire l e G r a n d dan s un e fauss e bull e d u pap e Etienn e II (752-757) p o u r l'abbay e d e Saint-Vaas t d ' A r ras. J . F . Lemarignier a bien m o n t r é c o m m e n t cett e fauss e bull e a dû êtr e fabriqué e pa r l'abb é Fulra d d e
Saint-Vaast o u dan s so n entourag e dan s le s année s 988/100 4 d u r a n t lesquelle s i l es t e n confli t ave c so n
diocésain l'évêqu e d e C a m b r a i, d ' a b o rd R o t h a r d pui s Erluin ; la date la plus vraisemblable serai t 994-995 .
Q u a n t à la fabrication d u fau x privilèg e d e Grégoire l e G r a nd i l faudrait p r o b a b l e m e n t l a rattacher à l'influence d ' A b b o n d é Fleury qu e Fulra d d e Saint-Vaast avai t dû consulter . E n fai t c e faux privilèg e de G r é goire exist e a u moin s sou s deu x formes , cell e qu i figur e dan s l a Patrologi e à l a suit e de s lettre s d e G r é goire e t celle qui figur e dan s le s M GH dan s le s spuriae de Nicola s I er . C e t t e deuxièm e forme , étudié e pa r
E. Lesne , daterait d u X I e siècle . On noter a q u e cett e deuxièm e form e es t transmis e pa r l e liber aureus de
P r ù m qu i pouvai t êtr e c o n n u à Toul; cependan t c e cartulair e d e P r ù m n e m e n t i o n n e null e par t l e n o m
de Grégoir e pa s plu s qu e l e n o m d'Agapit , cf . U r k u n d e n b u c h zu r Geschicht e de r .. . Regierungsbezir ke C o b l e n z u n d Trie r ... , éd . H e i n r i c h BEYER, vol. 1 , K o b l e n z 1860, p. 112 . En revanch e l e cartulaire d e
Saint-Maximin d e Trêves contien t u n diplôm e d e Grégoire (II) de 72 9 établissant l a libre électio n d e l'ab bé e t u n privilèg e d'Agapi t II de 95 4 établissan t l'indépendanc e d e l'abbay e à l a d e m a n d e d u ro i O t t o n
I, cf. U r k u n d e n b u c h ... , p . 1 2 e t 257 ; il est cependan t pe u probabl e qu e ce s deu x diplôme s - trè s nette ment séparé s pa r leur s date s - aien t p u inspire r l e c h r o n i q u e ur d e Toul, e t l a mention d u ro i O t t o n I empêche évidemmen t d e placer l e deuxième avan t l e premier. Cf . auss i H . H . A N T O N , Studie n z u d e n Klos terprivilegien de r Pàpst e i m frùhe n Mittelalte r u n t e r besondere r Berùcksichtigun g d e r Privilegierun g
von Saint-Mauric e d ' A g a u n e , Berlin , N e w Yor k 1975 , p. 5 1 - 5 5 .
280
Bruno Judic
sèment, dans cette liste d'évêque, la référence à Grégoire intervient-elle avec le nom de
Bodo? Bien sûr le rôle de fondateur d e monastère attribué à cet évêque le désignait pour
cela mais il aurait pu aussi placer un »privilège « à propos d e Garibald e t de Deodatus.
N ' y aurait-i l pas encore une trace de l'influence d e la Vita Sadalbergae o u d'u n autr e
texte mentionnant un lien entre cette famille aristocratique et une dévotion à saint Grégoire? Nous revenon s ainsi à Garibald e t Deodatus. Les Gesta font d e Garibald l e fils
de Volfaudus c'est-à-dire Wulfoald comt e de Verdun qui, avec sa femme Adalsinda, est
à l'origine d e l'abbaye d e Saint-Mihiel su r l a Meuse 56. L e nom d e Wulfoald doi t êtr e
rapproché d e celui du mair e du palai s d'Austrasie a u VII e siècle à l'époque d e la fon dation d e Munster. I l s'agit probablement d e personnages appartenan t à la même fa mille57.
56 Cf . Miche l PARISSE , Origine s e t développement d e l'abbaye d e Saint-Mihiel (VIII e -XII e siècles) , dans:
Saint-Mihiel. Journées d'étude s meusienne s (Annale s d e l'Est, mémoir e 48) , Nancy 1974 , p. 23-33, e t
O. G . OEXLE , Da s Kloste r Saint-Mihie l i n de r Karolingerzeit , dans : Zs fu r di e Geschicht e de s Ober rheins 13 1 (1983) p. 55-69.
57 O n peut rapprocher cett e indication des Gesta de Toul d'un passag e du Libellus de rebus Treverensibus
où es t citée une chart e d e privilège pou r u n monastèr e féminin : »E n l'a n mi l à la demande d e l'arche vêque de Treves Egbert l'empereur Otto n III, dans l a seizième année de so n règn e et la quatrième an née de son empire, rendit l'églis e e t la congrégation de s servantes de Dieu a u pouvoir d e l'évêché e t de
l'évêque Egbert et de tous ses successeurs su r ce saint siège et pour confirme r l'autorit é d e cette dona tion e t échange il ordonna d'écrir e un e charte que Willigis archevêque d e Mayence alors chancelier d u
sacré palais a reconnu. Dans cette charte on li t entre autre choses: L'abbaye Sainte-Marie de Trêves qu i
est appelée Horre a [Oren ] a été concédée à l'église d e Trêves avec le consentement d u ro i Arnul f e t la
permission d u ro i Zwentibold so n fil s e t donnée ave c largesse par Otto n premie r notr e grand-pèr e e n
échange de la prévôté (prepositura) de Maastricht (Traiectensis). Et nous l a donnons à cette même église pour l a charité et le service fidèle d'Egber t archevêqu e d e ce même siège et nous l a concédons doré navant pour qu'ell e ne subisse aucune inquiétude. Nous voulons et nous ordonnons pa r notre autorit é
que soit assuré à ce monastère (cœnobium) ce que dit le bienheureux Grégoir e e n écrivant entr e autre s
dans le Registre: Nous prévoyons qu e soient accordés des privilèges aux monastères des vierges en établissant que, à la mort de l'abbesse, on n'ordonne pa s une étrangère mais que toute la congrégation éli se l'une d e ses membres. Cependant , s i elle est jugée dign e de diriger l e monastère, que l'évêqu e d e ce
même lieu l'ordonne. Mai s nous ne permettons pa s que l'évêque o u quiconque de s autres princes n'ai t
le pouvoir su r le s biens e t l a gestion d u monastère« ; MGH Scriptore s 14 , p. 105 . Ce texte , manifeste ment erron é - Egbert de Trêves (977-993 ) es t contemporain d e Otto n II et la charte cité e ne pourrai t
donc dater de la quatrième année du règne impérial de Otton III - insist e beaucoup sur l'épiscopat d'Eg bert, s i importan t pou r Trêves , e t s a rédactio n s e situerai t dan s l a première moiti é d u XI e siècle . Pa r
ailleurs l e privilège d e saint Grégoir e pou r le s monastères d e vierges (cf . Greg. M. ep. 7, 12 ) peut êtr e
rapproché de la copie du Registre du même pape à Trêves sur l'ordre d'Egber t ver s 983, le codex Trevirensis 171 , auquel o n rattach e le s deux feuillet s isolé s du Maîtr e d u Registru m Gregorii , l'u n à Chan tilly et l'autre aussi à Trêves. Le feuillet d e Trêves représente la scène célèbre de Grégoire recevant l'ins piration d'un e colombe , cependant qu'un scribe , calame et tablette en mains, observe indiscrètement l a
scène derrière un rideau. La diffusion d u Registrum permettait donc en même temps la diffusion d e privilège a u no m d e Grégoir e e n faveur d e te l ou te l monastère . L'historie n de Toul, au XII e siècle, avait
sans doute connaissanc e d e ces développements d e l'autorité d e Grégoir e à Trêves depuis Egbert. On
notera que ces associations entre Grégoire le Grand e t les monastères féminin s d e Trêves, Oren e t Pfal zel, à l'origine d e ce libellus, peuvent êtr e bien antérieures à l'archevêque Egbert. Irmina, fondatrice d e
Oren, es t la mère de Adela, fondatrice d e Pfalzel, elle a collaboré à la fondation d'Echternac h ver s 697
avec Plectrude, une autre de ses filles, et épouse de Pépin I L C'est san s doute l'influence d e Willibrord
à qui était destiné Echternach qu i se manifeste che z Adela de Pfalzel quan d ell e donne l e nom d e Gré goire à celui qui deviendra Grégoir e d'Utrecht. Cf . E . EWIG , Trier im Merowingerreich. Civitas , Stadt,
Bistum, Trier 1954 , p. 17 2 (les faux diplôme s d'Ôre n d e la fin d u Xe siècle), p. 136-13 7 (les fondation s
monastiques de Oren, Pfalzel et Echternach et la famille de Irmina et Adela) et LE JAN (cit. n. 27) p. 189.
Grégoire le Grand e t l'abbaye d e Munste r
281
Reste le problème de Deodatus. La Vita Wilfridi mentionne un Deodatus évêque auquel Dagobert II confie l e soin d'accompagner Wilfrid à Rome58. La Vita Deodati l'as socie étroitement à l'Alsace et à Hidulphe mais exclut qu'il ait pu être évêque de Toul et
ne mentionne aucu n voyage à Rome. Sur ce dernier point l a chronique d e l'abbaye d e
Ebersmunster, encore plus tardive, elle date du XIII e siècle, apporte une précision supplémentaire. Deodatu s es t l e fondateu r d e Ebersmunste r (o u Ebersheimmunste r o u
Novientum); évêque de Nevers, il désire abandonner le s richesses du monde, et suivre,
pauvre, le pauvre Christ. Il se rend à Rome où il est reçu par le pape qui lui donne l'avi s
de partir prêche r (predicationis officium) au-del à de s Alpe s e n Germanie . Deodatus ,
ayant reçu la bénédiction du pape et emportant des reliques des saints apôtres, se met en
route rapidement, passe les Alpes et arrive en Alsace où il va fonder Ebersmunste r ave c
l'aide du duc Athicus (Eticho). Par la suite il repart et s'installe dans les Vosges59. Enfin
dans la première moitié du XII e siècle, Guillaume de Malmesbury rédige les Gesta pontificum Angliae. O n trouve, dans le livre III, une longue notice sur Wilfrid d'York, véritable Vita, beaucoup plu s longu e d'ailleur s qu e l a Vita Wilfridi d e Eddius Stephanus .
Guillaume reprend tous les éléments de cette première Vita issue d'un contemporain de
Wilfrid, ainsi l a proposition d e l'évêch é d e Strasbour g pou r Wilfrid, évêché qui n'es t
plus qualifié cependant de maximus, et , après le refus d e Wilfrid, la mention de Deodatus donné par le roi comme compagnon de voyage jusqu'à Rome 60. C. Pfister avait bien
pris soin de distinguer Deodatus l'évêque présent à Rome en 680 et Deodatus le moine
qui, d u reste, selon sa Vita, était déjà mort en 679. Mai s cette distinction est-elle bien établie? On peut noter que, dans les souscriptions du concile romain de 680 repris dans les
actes du sixième concile œcuménique de Constantinople, la souscription de Adeodatus
humilis episcopus sanctae ecclesiae Leucorum précèd e immédiatemen t cell e de Wilfrid
évêque d e York . Cel a pouvai t suffir e à imagine r u n lie n plu s préci s entr e le s deu x
évêques. Par ailleurs les Gesta des évêques de Toul ignorent cet Adeodatus que l'éditeur
rappelle en note pour le situer après Eborinus. Nancy Gauthie r se montre moins sceptique et n'hésite pas à identifier l e Deodatus d e la Vita Wilfridi, celui des souscription s
du concile romain de 680 et le fondateur d e Saint-Dié. Si l'on ajoute à cela un lien éventuel entre ce personnage et la fondation d e Ebersheimmunster, nous renforçons so n rôle comme relais entre Wilfrid et l'aristocratie austrasienne 61.
58 Vita Wilfridi, éd . W . LEVISON , p . 221: et eum nolentem accipere [Wilfrid refuse l a charge d'évêqu e d e
Strasbourg, voir supra ] cum muneribus et donis magnis et cum Deodato episcopo suo duce ad apostolicam sedem emisit.
59 Chronico n Ebersheimense, éd. L. WEILAND, MGH Scriptore s 23, p . 427-437. Cf. PFISTER , Légendes de
Saint Dié (cit. n. 38) p. 575-577.
60 Gest a pontificum Angliae , MIGNE PL 179 , col. 1559: Wilfridus itinere reincœpto ad Dagobertum regem
transrhenanorum Francorum venit. Is non immemor, quod eum quondam factione magnatum pulsum,
et de Hibernia ad se venientem hospitio receperit, et equis sociisque adjutum patriae remiserit, bénigne
habuit, multisque precibus fatigavit, ut provinciam remanentia sua dignaretur, episcopatum Strœburgensem accipiens. Cum ille rogantem ad reditum suum de Roma distulisset, cum Deodato episcopo suo
ire laxavit. PFISTER , Légende s de Saint Dié (cit. n. 38) p. 575-576, ne semble pas connaître l a Vita Wilfridi originell e et attribue le détail de Deodatus compagnon de voyage de Wilfrid jusqu'à Rome à la prose de Guillaume d e Malmesbury, auque l il reconnaît cependan t de s sources fiables .
61 Concil e romain de 680: cf. supra n. 69. GAUTHIER (cit . n. 38) p. 303 sv. explique par ailleurs l'absence d e
Deodatus su r la liste épiscopale de Toul en supposant qu'i l s'agissait d'u n évêque-abbé , peut-être itinérant, ou d'u n chorévêque , qui n e pouvait don c pas être rattaché a u siège de la civitas; cela renforcerai t
282
Bruno Judic
Ces textes soulignent les liens entre les fondations monastique s du VIIe siècle: Ebersmunster e t Munster pou r l'Alsace , le groupe des monastères d e la Meurthe (Saint-Dié ,
Etival, Moyenmoutier, Senones) de l'autre côté des Vosges. Si l'on examine une carte, on
peut constater que les relations sont assez faciles entre ces deux groupes puisqu'on passe
directement de la haute vallée de la Fecht à la haute vallée de la Meurthe. Par ailleurs C .
Pfister avait émis des doutes sur l'importance du groupe familial des Etichonides dans les
fondations monastiques alsaciennes mais C. Wilsdorf a pu démontrer que la fondation d e
Honau (au nord de Strasbourg), dans les années quarante du VIII e siècle, doit bien être attribuée à l'influence de ce groupe familial62. On retrouve à Honau, monastère original par
ses moines irlandais, le même Bodalus que dans la charte de Munster de 747. Aussi est-il
possible de penser que ces différents documents , de date et de valeur intrinsèque extrêmement variables, convergent cependant sur quelques données simples d'ordre social et
spirituel. On rappellera encore la présence d'une église Saint-Grégoire à Moyenmoutier.
Nancy Gauthier avait cru pouvoir montrer un lien entre Hidulphe le fondateur e t Willibrord, ce dernier serait cité sous le nom de Clemens en compagnie de Hidulphe dans la
Vita de saint Maximin de Trêves parmi les trois évêques qui réalisèrent la translation d e
saint Maximin. Elle voit dans la présence des deux dédicaces à saint Pierre et à saint JeanBaptiste dans les églises de Moyenmoutier une influence d'Echternach o ù figurent auss i
ces deux dédicaces63. A plus forte raison, ce qu'elle ne mentionne pas, la présence de cette église Saint-Grégoire pourrait être associée à une éventuelle influence de Willibrord. Il
s'agirait dans ce cas d'une fondation postérieure à Wilfrid, mais de peu, et correspondant
à un même contexte politique et à un même type de piété anglo-saxonne. L'importanc e
des réseaux de parenté dans l'Austrasie de s VIIe et VIIIe siècles récemment bie n décrit s
dans la thèse de R. Le Jan permet de rapprocher légitimement des situations comparables.
On peut penser que Colomban et ses disciple s ont pu déjà préparer les esprits à accueillir
une dévotio n enver s Grégoir e l e Grand . C e pape , déj à conn u pou r certaine s d e se s
œuvres, déjà apprécié pour la direction spirituelle qu'il pouvait offrir, prenai t véritablement le relief d'un sain t dans la prédication de l'Anglo-Saxon Wilfrid et les Etichonides
pouvaient êtr e bien disposés à l'entendre. Nous ignoron s donc l'origine exact e de cette
dédicace à saint Grégoire, devenue un toponyme dans une vallée alsacienne des Vosges,
mais nous pouvons rassembler des éléments d'une culture monastique qui, dès la fin d u
VII e siècle, peut lier la dévotion à saint Grégoire, la réception de ses œuvres et une forme
de vie monastique, la Règle de saint Benoît. Ces éléments sensibles dans le cadre géographique limité de l'Alsace méridionale semblent présents aussi à l'échelle européenne.
Il fau t e n effe t évoque r d'autre s aspect s d u cult e d e sain t Grégoir e dan s l e hau t
moyen âge . Le trésor d e la cathédrale de Mayence conserve quelques authentique s d e
aussi à son avis l'hypothèse d e C. Pfister su r l'origine irlandais e de Deodatus. Le fait qu e Deodatus es t
pour Dagober t II »son évêque« serai t aussi un argumen t e n faveur d'un e origine irlandaise .
62 Cf . C . WILSDORF, L e monasterium Scottoru m de Honau e t la famille de s ducs d'Alsace a u VIII e siècle.
Vestiges d'un cartulair e perdu, dans: Francia 3 (1976) p. 1-87.
63 Cf . GAUTHIE R (cit . n. 38) p. 340 sv. E. EWIG , De r Mittelrhei n i m Merowingerreich, dans : ID., Gesammelte Schrifte n I (Beihefte de r Franci a 3) , Mùnchen 1976 , p. 446 et H . BÙTTNER , Frùhe s frànkische s
Christentum am Mittelrhein, dans : Archiv fu r mittelrhein . Kirchengeschicht e 3 (1951) p. 52 mention nent l a présence d e Grégoir e su r de s authentique s d e relique s d u tréso r d e l a cathédrale d e Mayence ,
voir infra n. 64. Sur Grégoire et Echternach voi r n. 57.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
283
reliques datées du VIII e siècle. Sur l'un des quatre fragments d e parchemin on peut restituer: de sancto gregorio. C e fragmen t n e comporte rie n d'autr e mai s un autr e frag ment d'écriture comparabl e porte: reliquias sancti sulpicii confessons. S'i l s'agissai t d e
Grégoire le Grand, nous aurion s là un lie n de plus entre Munster e t le voyage de Wilfrid qui devait remonter le Rhin depuis la Frise mais l'éditeur y voit un évêque gauloi s
du VIe siècle 64. Cependant l e nom d e Grégoire es t attesté dans d'autre s dépôt s d e reliques. Des authentique s d e l'ancienne abbay e d e Chelle s on t ét é récemmen t retrou vées; une étiquett e d e parchemin ave c une écritur e d e la fin d u VIII e siècle porte: De
sancto Gregorio capillis et barba. U n inventair e de 154 4 indique: »un os de saint Gré goire^ Aucun de ces deu x textes ne précise de quel saint Grégoire il s'agit65. On connaî t
un inventaire de reliques de l'abbaye d e Jouarre du IXe siècle qui mentionne d e faço n
plus explicite : De ueste sancti Gregorii pape. Toutefoi s le s inventaire s ultérieur s d e
Jouarre n e semblen t plu s mentionne r un e tell e relique 66. A Chelles , fondatio n d e l a
reine Bathilde d'origin e anglo-saxonne , et qui accueillit des moniales anglo-saxonne s
selon l e témoignage d e Bède, comme à Jouarre li é aussi à l'Angleterre, l a présence d e
reliques de Grégoire le Grand serait un témoignage supplémentaire du rôle des AngloSaxons dans la diffusion d e son culte 67.
64 Cf . F . FALK, Mainzer Reliquienzettel, dans: Archiv fur hessisch e Geschichte und Altertumskunde N . F.
3 (1904) p. 472-475: l'éditeur voi t dans ce saint Grégoir e soit un évêque d'Auxerre mor t l e 1 9 déc. 530,
soit u n évêqu e d e Langre s mor t l e 4 janv. 539. L'autre no m d e l a mêm e écriture , Sulpice, oriente ver s
Bourges e t donc ver s l'Aquitaine, comm e d'ailleur s d'autre s noms , d'écriture différente , su r le s autre s
étiquettes: Austregisile (d e Bourges), Avitus, Bonnet; vers la Neustrie: Denis et Germain (Paris) , ou l a
Bourgogne: Léger et Symphorien (Autun) . Ceci correspondrait auss i au caractère »martinien« d e la cathédrale de Mayence. Néanmoins H . BUTTNER , cf. n. 63, met la présence de ces reliques en relation avec
le culte de saint Grégoire que suppose la dédicace de Munster en Alsace et suggère une influence du sud
vers l e nord. Mai s s i ces reliques ancienne s d e Mayence corresponden t bie n à Grégoire l e Grand e t si
l'on suppos e l e passage de Wilfrid dans ces régions vers 677-678, venant d e Frise et allant e n Alsace, la
diffusion pourrai t êtr e du nor d ver s le sud.
65 Cf . H . ATSM A e t J. VEZIN , Charta e Latina e Antiquiore s [dan s l a suite ChLA ] XVIII, 1985, p. 92 , n°
XLIX. On trouv e aussi, avec la même écriture de la fin d u VIII e siècle, des étiquettes portant le s noms
de Hilaire , Lége r o u Martia l qu i orienteraien t ver s l a Bourgogn e o u l'Aquitaine , mai s auss i Sanct i
Osuualdi regis (n° XC) qui oriente vers les Anglo-Saxons. J. P . LAPORTE , Le Trésor des saints de Chelles,
Chelles 1989 , reconstitue l'inventaire d e 154 4 où l'on trouv e »u n os de S. Grégoire« a u n° 101.
66 Cf . A . WILMART , Reg. lat. 12 , fol. 182-18 2 v° . Liste des relique s réunie s à Jouarre a u IXe siècle , dans:
Analecta Reginensia , Extrait s de s manuscrits latin s de la reine Christine conservé s a u Vatican. Vatican
(Studi e testi 59), 1940, p. 17 , n° 99. Il s'agit de la liste des reliques recueillies par l'abbesse Ermentrud e
vers 840. P. HÉLIOT , Le trésor et les reliques de l'ancienne abbaye de Jouarre d'après les inventaires, dans:
Revue Mabillon 47 (1957) p. 258-277 ne mentionne pas le nom de Grégoire dans les inventaires des XVe,
XVI e et XVIII e siècles.
67 Cf . Bède , H. E. III, 8 (cit. n. 6) p. 238, deux princesses anglo-saxonnes son t devenues abbesses de Faremoutiers e t IV, 23, p. 406 la sœur d e Hilde futur e fondatric e d e Whitby commence s a carrière monas tique à Chelles. En revanch e Bathilde , bie n qu e d'origin e anglo-saxonne , a mauvaise réputatio n che z
Bède et Eddius Stephanus , cf. J. NELSON , Queens as Jezabels, The career s o f Brunhil d an d Bathil d i n
Merovingian History , dans ID. , Politics and Ritual in Early Medieval Europe, Londres 1986 , p. 1-48. À
Jouarre se trouve le tombeau d e l'évêque Agilbert qui fit une partie de sa carrière en Angleterre et donna la consécration épiscopal e à Wilfrid, à Compiègne selo n Bèd e H. E . III, 28, p. 314. Wilfrid lui-même, selo n sa Vita (c. 56), est passé par Meaux au retour de son dernier voyage à Rome en 705; Ebregisile, enterr é aussi à Jouarre, aurait-il ét é alors évêque de Meaux? Wilfrid aurait-il pu rencontre r à cet endroit, Melcis castellum, l e jeune Pirmin, cf. ANGENEND T (cit . n. 32) p. 1 0 sv.
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Bruno Judic
C'est cependan t dan s l e tréso r d e l a cathédral e d e Sen s qu e To n conserv e le s au thentiques de reliques les plus intéressantes de notre point de vue. Trois fragments of frent le s textes suivants : n° 3 7 Sancti Gregorii pape (VIIIe s.) , n° 3 8 Sancti Gregoriae
pape, sancti Aelariae, pallio sancti Mariae et sancti Geruasiae martyris, sancti Victuris,
sancti Deoteriae, sancti Filiciani martyris et Martini martyris (VII e -VIII e s.), n° 39 Sacrificium super quod missa sanctus Grigorius recitauit (VIIIe s.)68. Ce dernier texte mentionne explicitement une messe célébrée par saint Grégoire; il s'agit évidemment d'u n
motif qu i s e trouve déj à dan s l a Vita Gregorii d e l'Anonyme d e Whitby au début d u
VIII e siècle 69. Mais il est remarquable que le récit hagiographique soit ainsi suivi d'un e
pratique d e dévotion dè s le VIII e s. et bien avant les développements artistique s d e la
fin du moyen âge sur la messe de saint Grégoire. Depuis quand de telles reliques sont elles à Sens? Il existe un procès-verbal de translation de reliques de la cathédrale de Sens
opérée l e 1 6 août 119 2 par Gu i d e Noyer s archevêqu e d e Sen s o ù s e trouvent men tionnées: reliquie s. Gregorii pape. C e document attribue la donation de l'ensemble des
reliques inventoriées à Charlemagne, l'année de la dédicace de l'église de Melun. Le rôle exact de Charlemagne semble invérifiable mai s la dédicace d e l'église d e Melun es t
connue par une étiquette d'une écritur e du IX e siècle portant un e liste où on peut lir e
aujourd'hui le s noms de vingt-sept relique s dont Sancti Gregorii pape e t qui se termine par une date: X kalendas junii fuit dedicata illa ecclesia ad Castro Miliduno in anno
Villi imperii domini Caroli et anno XIII episcopatus Magnoni. Cett e étiquette est certainement la source du procès-verbal de la fin du XII e siècle70. Elle nous confirme qu'e n
809 il y avait bien des reliques de Grégoire le Grand à Sens. Peut-être les authentique s
plus anciennes sont-elles arrivée s à cette date?
La présenc e d e telle s relique s es t san s dout e à Farrière-pla n d'u n autr e texte . L a
Chronique d e Saint-Pierre l e Vif racont e qu e l'archevêqu e Anségis e rapport a d e Rome à Sens les reliques du Chef de saint Grégoire (caput S. Gregorii) avec un bras de saint
Léon vers une date qui pourrait être 870-871. Ces reliques furent déposée s dans la »basilique de Saint-Pierre«. Cette chronique fut rédigé e au début du XII e siècle et cette indication doi t surtou t s e comprendre ave c un événemen t qu i eu t lie u l e 26 avril 1095 :
l'ostension d u Che f d e saint Grégoir e ave c un o s d e saint Benoît 71. L a prétention d e
68 ChL A XIX, 1987. On noter a auss i qu'une étiquett e d'un e écritur e VIII e -IX e siècl e contient de s frag ments de mots anglo-saxons (n° 93) et une autre étiquette le nom (anglo-saxon?) de Thorhtburg (n° 94).
Ces étiquettes et celles concernant saint Grégoire viendraient-elles de l'archevêque Beornre d (792-795 )
correspondant d'Alcui n e t parent d e Willibrord ?
69 Vita Gregorii, éd. B. COLGRAVE, C . 20 p. 10 4 sv., cf. B . JUDIC , Grégoir e le Grand e t son influence su r le
haut moyen âg e occidental, dans F. BOUGARD, Le christianisme en Occident d u début du VII e siècle au
milieu d u XI e siècle , Paris 1997 , p. 23-27. Sur la messe de saint Grégoir e voir: Die Mess e Gregors de s
Grotëen. Katalog und Fùhre r z u eine r Ausstellung i m Schnùtgen-Museum de r Stad t Kôln , bearb. von
Uwe WESTFEHLING , Cologn e 1982 . A. ANGENENDT , Sùhn e durch Blut , dans: Fruhmittelalterliche Stu dien 1 8 (1984) p. 455.
70 Cf . M . PROU et E. CHARTRAIRE, Authentiques de reliques conservées au trésor de la cathédrale de Sens,
dans: Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France 59 (1898) p. 129-172. Le procès-verbal de Gui d e Noyers es t publié p. 135-140; la dédicace de 809 forme l e n° 13 3 de leur répertoire d'au thentiques p. 161-162.
71 Chroniqu e de Saint-Pierre le Vif de Sens, éd. R. H. BAUTIE R et M. GILLES, Paris 1979, p. 60: l'archevêque
Anségise rapporte les reliques de Rome à Sens; p. 138 : ostensio n du Chef de saint Grégoire le 26 avri l 1095.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
285
posséder le Chef d e saint Grégoire était évidemment, a u moins au XI e siècle, une ma nière d'affirmer l e primat de l'Eglise de Sens face à Reims, mais une telle prétention s e
manifestait déj à a u IX e siècle. La réalité de la translation d e 870-871 est invérifiable e t
ne pourrait guèr e concerner qu'u n brandeum, un e relique de contact, mai s la présence bien attestée de reliques de saint Grégoire dans le trésor de la cathédrale constituai t
un préalable intéressant. De plus le dépôt de nouvelles reliques à l'abbaye de Saint-Pierre le Vif, »l a basilique d e Saint-Pierre«, visait certainement à renforcer un e image ro maine de Sens. Certaines relique s d e Sens proviennent d e Saint-Riquier. Entr e 87 9 et
882, l e trésorier de Saint-Riquier déposa à Sainte-Colombe des reliques pour les soustraire à la menace normande 72 mais le document d e 809 montre qu e ce n'est sûremen t
pas l'origine principal e des reliques de saint Grégoire à Sens.
Saint-Riquier avai t aussi des reliques d e saint Grégoir e comm e l e montre l e Libellus de ecclesia Centulensi d'Angilbert . Dan s l'un e de s trois églises , celle de Saint-Be noît, se trouvent trois autels, l'un es t l'autel de Saint-Benoît ave c ses reliques ainsi que
celles d'Antoine e t de Colomban, un autre est l'autel de Saint-Jérôme avec ses reliques
ainsi que celles d'Ephrem e t d'Equitius, enfin le troisième est l'autel de Saint-Grégoire
avec ses reliques et celles d'Eusèbe e t d'Isidore. Ici encore il s'agit d'un témoignag e de
la fin d u VIII e siècle 73. Au Mans, le témoignage est postérieur. Selon les Gesta Aldrici,
72 Cf . PRO U e t CHARTRAIR E (cit . n . 70 ) p . 133 .
73 Angilbert i D e ecclesi a centulensi libellus , MGH Scriptore s 15 , p. 17 5 et C . HEITZ , Recherche s su r le s
rapports entr e architectur e e t liturgie à l'époque carolingienne , 1963 , p. 75 sv. qui cependant n e pren d
pas en considération la dévotion à saint Grégoire. Trois poèmes d'Alcuin (n° LXXXVIII, XC, CX) évoquent l a présence de reliques de saint Grégoire: dans l'église abbatial e de Saint-Vaast, il y a un autel des
saints Grégoire et Jérôme: Gregorius praesul doctorque Hieronimus almus / Aecclesiae ille pater, iste magister erat. Une église inconnue dédiée à Sainte Marie abrite de nombreux saints , la dernière strophe d u
poème es t toute entière consacrée à Grégoire: Gregorius doctor, pastor, patriarcha, sacerdos / Romana
quondam praesul in urbe pius, s'agirait-i l d e l'église abbatial e de Munster e n Alsace où le s deux patro nages de saint Grégoire et de Notre Dame sont attestés au IXe siècle? Enfin un e église inconnue consa crée à saint Andr é - c'es t l e premier sain t nomm é - vénèr e auss i Grégoir e parm i d'autres : 3 e strophe,
Jacques fils de Zébédée, Denis et Grégoire fuerat Roma qui doctor in urbe, 14 e strophe, Apollinaire, martyrque Gregorius almus (?) , Pancrace, MGH Poeta e latini, I, éd. E. DUMMLER, Berli n 1881 , p . 310, 317,
341-342. Les poèmes de Raban Maur évoquent auss i de telles reliques. A Fulda (n° XLI), l'église Saint Sauveur possède, dans l'autel Ad crucem o ù Boniface fut ensevel i en premier lieu , des reliques de Gré goire en compagnie de nombreux autre s saints; toujours à Fulda l'église Sainte Marie (n° XLIII) possède des reliques de Grégoire associées à celles de Boniface et de Laurent: Hocaltare tenens Bonifactus ipse sacerdos / et Christi martyr rite patronus adest. / Cui quoque coniunctus fit papa Gregorius isthic /
Aequati et meriti régna superna tenent. Dan s l'églis e Saint e Mari e d e Holzkirche n (Wùrzburg )
(n° XLIX), Grégoire est vénéré dans la crypte en compagnie de Martin, Equitius, Antoine et Maximin .
Une églis e inconnue (Saint-Gall ? n ° L) vénère aussi dans l a crypte Martin , Antoine, Benoît, Grégoire ,
Gall, Equitius e t Colomban. A Klingenmùnste r (diocès e de Spire) (n° LXXIV), le cinquième aute l es t
consacré à Martin, Brice, Germain, Rémi, Grégoire et Benoît. A Fritzlar (n° LXXVII) l'église Saint-Wigbert, dans l'autel ad crucem, contient des reliques de la croix, du suaire, de la tunique, de Grégoire, Martin, Ambroise , Médard , Maximin , Germain , Rém i e t Anastasie . Enfi n dan s l'églis e d e Saint-Saturni n
(n° LXXX) , l'autel ad crucem contien t de s reliques d e la croix, de Michel, Jean-Baptiste, Etienne , Fa bien, Cyriaque, Sébastien, Benoît et Grégoire et un autre autel contient de s reliques de Maximin, Ger main, Grégoire, Ferrutius, Agnès, Agathe, Cosme et Damien. MGH Poeta e latini, II, éd. E. DUMMLER ,
Berlin 1884 , p. 206,210,215,216,227,230,232-233. O n noter a l'association d e Grégoire et de Boniface qui peut remonte r a u VIII e siècle. A Corbie, Adalard prévoi t un e gratification spécial e pour l a fêt e
de saint Grégoire, cf. J. SEMMLER , Consuetudine s corbeienses , dans: Corpus consuetudinu m monasti carum, éd. K. HALLINGER, 1,1963, p. 419: additio II, De meiris in festivitatibus sanctorum,... sancti Ve-
286
Bruno Judic
l'évêque Aldric consacra un autel dans la partie droite de la cathédrale en l'honneur d e
saint Ambroise, saint Benoît, saint Grégoire, saint Augustin, saint Julien, saint Jérôme
et saint Vigor. Nous somme s alors au milieu du IX e siècle et le culte de saint Grégoir e
s'inscrit nettemen t dan s celui des quatre principaux pères latins 74.
Un documen t d e l'abbaye d e Saint-Bavon d e Gand établ i en 108 0 se présente com me un inventair e des pièces du tréso r de Saint-Bavon qu i avaient survéc u à l'invasio n
des Normands duran t laquell e les moines s'étaient réfugié s à Laon. Il s'agit surtout d e
reliques parmi lesquelles o n peut lire : reliquie S. Gregorii pape. Mêm e s i le documen t
est du XI e siècle il nous donne une indication utile sur la présence de telles reliques dès
le début d u IXe siècl e e t peut-être plu s tôt 75. A Echternac h c'es t u n documen t tardi f
qui présente une liste des reliques de cette abbaye. Il y avait une chapelle de Saint-Grégoire dans l'abbatiale ave c ses reliques et celles de saint Silvestre pape, de saint Hilair e
de Poitiers , d e sain t Antoin e e t d e sain t Etienne . Cett e présenc e d e sain t Grégoir e à
Echternach peu t fort bie n remonter à l'époque d e Willibrord comm e nous l'avon s v u
ci-dessus à propos des liens possibles entre Willibrord et Hidulphe et entre Willibrord
et Adela d e Pfalzel 76. O n peu t encor e signale r de s témoignage s plu s tardifs . A Saint Maximin de Trêves, en 949, l'abbé Willerus consacre trois autels dans l'abbatiale: l'autel de la sainte Croix, l'autel d e Saint-Grégoire pape et l'autel d e Saint-Etienne 77.
Dans l a second e moiti é d u Xe siècl e il faut releve r deu x mention s importantes . A
Saint-Emmeran d e Ratisbonne, en 980, l'abbé Ramvoldu s fi t aménage r un e crypt e e t
l'évêque Wolfgang vint y consacrer six autels dont u n en l'honneur d e saint Grégoire .
C'est devant cet autel que Ramvoldus fut inhumé à sa mort en 1001 . O n retrouv e ici un
rôle funéraire d e l'autel de Saint-Grégoire comme à Canterbury et à Moyenmoutier 78 .
dasti unum, sancti Gregorii unum, sancti Benedicti unum ... Grégoir e apparaît ains i dans une liste relativement réduite de trente-cinq nom s de saints pour l'ensemble de l'année; cependant cett e liste est un e
interpolation postérieure à la rédaction originelle des Statuta, dans la seconde moitié du IX e siècle à cause de la présence de la Toussaint e t de la fête de saint Benoît au 21 mars , cf. J. SEMMLER et A. VERHULST ,
Les statuts d'Adalhard d e l'an 822 , dans: Le Moyen Ag e 68 (1962) p. 99-100.
74 Gest a Aldrici, MGH Scriptore s 15 , p . 312. Cf. Philipp e L E MAÎTRE , L'œuvr e d'Aldric d u Mans et sa signification (832-857) , dans: Francia 8 (1980) p. 43-64.
75 W . WATTENBACH, Reliquie n in Gent, dans: Neues Archiv 8 (1883) p. 369-377. On noter a qu e ce document est aussi la première attestation de la présence des reliques de saint Livin ou Liévin à Gand, en fai t
un redoublemen t d e saint Lébuin , missionnaire anglo-saxo n d u VIII e siècle, mort vers 777 à Deventer,
cf. A. D'HAENENS, (art. ) Livino, Biblioteca Sanctorum 8,1967, col. 74, et K. VAN DE N BERGH, (art.) Lebuino, ibid.7, 1966, col. 1163-65 . La Vita Lebuini antiqu a d u milie u d u IXe siècle commence par rappeler que l a patrie de s Anglais a été amené e a u christianism e pa r l e zèle du bienheureu x pap e Grégoire ,
MGH Scriptore s 30-2 , éd. A. HOFMEISTER , 1934 , p. 791. Gand es t en effet u n lie u d e passage possibl e
pour le s missionnaires anglo-saxon s e t l a présence d'un e dévotio n à saint Grégoir e à une époqu e trè s
ancienne n'est pas invraisemblable. Vers 920, Hucbald d e Saint-Amand a envoyé sa propre Vita Lebuini (BHL 4812 ) à Odilon d e Saint-Médard d e Soissons cf. infra n. 80 et 81.
76 Notitia e dedicationum ecclesiae Epternacensis, MGH Scriptore s 30-2, p. 773; i l y avait aussi des reliques
de saint Grégoire, avec beaucoup d'autres, dans l'autel consacr é à saint Willibrord. Voir aussi ci-dessu s
n. 57.
77 Nota e dedicationum S . Maximi Treuerensis, M GH Scriptore s 15-2 , p. 1270.
78 Nota e Sanct i Emmeramni, MGH Scriptore s 15 , p. 1095: Anno incarnationis dominice 1001 sancte memorie Ramvoldus huius loci abbas migravit ad Dominum XV kal iulii et sepultus est in presenti cripta
ante altare sancti Gregorii. Remarquon s auss i que dans deux poèmes d e Raban Mau r Grégoir e es t vénéré dans des cryptes, cf. supr a n . 73.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
287
Enfin, ver s 983 , l'évêque d e Constanc e Gebehardu s fond e à proximité d e s a ville u n
monasterium sancti Gregorii (aujourd'hu i Petershausen ) qu'il dote ensuite de reliques
de sain t Grégoir e (l e Che f comm e à Sens ) et , à s a mort , i l s e fai t inhume r dan s c e
monastère, dans l'église de Saint-Grégoire de sorte que le culte de saint Grégoire et les
propres miracles de Gebehardus aprè s sa mort se confondent 79.
Mais bien avan t la fin d u Xe siècle une puissante abbay e prétend posséde r l e corps
de saint Grégoire . En 826 , l'abbaye Saint-Médar d d e Soissons recevai t un e précieus e
relique romaine, le corps - incomple t - d e saint Sébastien. Le récit de la Translatio sancti Sebastiani d'Odilon , rédig é au début du Xe siècle, mentionne aussi l'arrivée du corp s
de saint Grégoire . Rodoinus, praepositus d e Saint-Médard d e Soissons, se rend à Rome en 826, en compagnie d e Hilduin so n abb é mais aussi abbé de Saint-Denis e t sur tout archichapelai n d e l'empereur e t ave c une lettr e officiell e d e Loui s l e Pieux pou r
obtenir légalement du pape Eugène II le corps de saint Sébastien. Le récit d'Odilon laisse entendre que, malgré l'accord d u pape, Rodoinus n'aurait pas emporté tout le corps
mais seulement u n bras ou du moin s l'aurait fai t croire , par ruse , pour n e pas suscite r
l'opposition de s Romains. »Ensuit e Rodoinu s qu e l a force d e l'amour e t le désir im patient d'obtenir des reliques animaient du sentiment d'une pieuse dévotion, acheta largement les gardiens du sanctuaire, eux dont c'était l a fonction d e garder la basilique de
Saint-Pierre. Cette nuit-là, il s'approcha audacieusemen t de la tombe très sainte du très
bienheureux pap e Grégoire , qu i étai t devan t l e secretarium. So n corp s enlev é ave c la
plus grande révérence et rassemblé ave c décence est déposé sur l'autel d e Saint-Pierr e
à côté du vénérable corps du dit martyr [sain t Sébastien]. A la suite de cela, Rodoinus,
sollicité avec les siens, conclut avec bonne grâce un pacte de foi et prêta volontiers ser ment e n jurant su r ces mêmes ossement s trè s sacré s du marty r e t du pontife , à savoir
que personne parmi les mortels ne manifesterait o u ne publierait ce qui était arrivé mais
qu'on garderai t cel a enseveli dan s un silenc e éternel . Puis no s compatriotes , louable s
pour leu r pieuse fraude, l'âm e agrandi e par une joie redoublée sou s leur poitrine tacite, san s être empêchés par aucun obstacle, enlevèrent les saints corps de là et les transportèrent a u monastère d'Ingoaldus« 80.
79 Vita Gebehardi, MG H Scriptore s 10 , p. 582-594. L'évêque Ulric h d'Augsbour g avai t auss i une dévo tion spécial e pour Grégoir e l e Grand, cf. Vita S. Udalrici, MIGN E P L 135 , col. 104 8 et 1051.
80 Translati o Sanct i Sebastiani, c. 15, MIGNE P L 132 , col. 594. Au débu t d u récit , Rodoinus qu i cherche à
donner u n collègu e à saint Médar d obtien t d e Hildui n e t de Loui s l e Pieux l'autorisatio n d'alle r cher cher les reliques de saint Silvestre. Mais en chemin, à Langres, un miracle et une apparition d e saint Sébastien l e font change r d'avi s e t il échange le nom d e Silvestre pour celu i de Sébastien. A Rome, il bénéficie d e plusieurs alliés dont Ingoaldu s connu par ailleurs comme abbé de Farfa, cf. P . DEPREUX, Pro sopographie d e l'entourag e d e Loui s l e Pieu x (Instrument a I), Sigmaringen 1997 , p . 270-271 , mai s
l'hostilité des Romains à cette translation, le troisième martyr de Rome après Pierre et Paul, oblige Rodoinus à de difficiles négociation s e t finalement à la ruse. On relèv e encore la mention de saint Grégoi re dans un miracle aux côtés de saint Sébastien, en position centrale, et de saint Médard dans le c. 37. On
notera aussi deux citations de Grégoire le Grand: c. 25 extrait des responsa ad Augustinum e t c. 44 (col.
620) extrait de l'hom. 5 , 3 sur l'Evangile. Les reliques de saint Silvestre ont évidemment un e dimensio n
politique considérabl e qu i pouvait veni r d e Hildui n lui-même , cf. E . EWIG , Da s Bil d Constantin s de s
Grofien i m abendlàndischen Mittelalter , dans: Hist. Jahrbuch 7 5 (1955) p. 38. Mais Hilduin étai t auss i
le traducteur du Pseudo-Denys que mentionne Grégoire le Grand dans l'homélie 34 sur l'Evangile avant
un long développement sur les anges. De ce point de vue néanmoins Hilduin aurait fait venir les reliques
de saint Grégoir e à Saint-Denis plutôt qu' à Soissons .
288
Bruno Judic
Ce texte ne peut être recoupé par aucune source contemporaine; les Annales royales
ne mentionnent , à l'anné e 826 , qu e l a translatio n de s relique s d e sain t Sébastien .
Nithard, dans son Histoire des fils de Louis le Pieux, rapporte qu'en 841 , profitan t d u
passage de Charles le Chauve, les moines de Saint-Médard lu i demandèrent de transférer de s relique s dan s leu r nouvell e basilique . O n trouv e alor s un e list e d e reliques .
Malheureusement le texte original a été gratté et interpolé au XI e siècle. Le nom de Grégoire figure aprè s ceux de Médard e t de Sébastien mais on ne peut être sûr qu'il appar tient a u texte original 81. Le récit d'Odilo n témoign e a u moins qu e la dévotion à saint
Grégoire était établie de son temps dans son monastère. Si elle ne remonte pas à 826, à
partir d e quan d s e serait-elle installée ? Peut-êtr e à l'époque mêm e d'Odilo n dan s l e
contexte du retour des reliques après le dernier raid normand de 901. C e n'est qu'à partir d e l a fin d u XI e siècl e qu e cett e abbay e développer a considérablemen t l e culte d e
saint Grégoire autour de ces reliques, peut-être fausses 82. Néanmoins il s'est probablement passé quelque chose d'important autou r du tombeau de saint Grégoire à Rome. Il
y avai t déjà un aute l de Saint-Grégoire, san s doute au-dessu s d e la tombe, élevé à une
époque inconnu e e t orn é d'u n revêtemen t d'argen t pa r l e pape Léo n III (795-816).
Mais c'es t l e pape Grégoir e IV (827-844) qu i procèd e à une translatio n de s reste s d e
saint Grégoire avec l'aménagement d'un e nouvelle chapelle à l'intérieur d e la basilique
Saint-Pierre. On me t habituellement cette translation en relation avec la prétention d e
Saint-Médard d e Soissons à posséder l e corps d e sain t Grégoir e à la suite d'u n vol 83.
Nous savon s qu e dè s l e IX e siècl e de s relique s d e sain t Grégoir e étaien t disponible s
dans plusieur s église s qu e pouvaien t connaîtr e le s moine s d e Soissons , à Jouarre, à
Saint-Riquier, à Sens; à défaut d u corp s lui-mêm e - prétentio n qu'o n peu t juger ultérieure - le s moines de Soissons ont pu recevoir un brandeum. On relèver a que la présence de cette relique à Saint-Médard d e Soissons pouvait êtr e un aliment supplémen taire pour l'organisation de la pénitence publique de Louis le Pieux en 833 à cet endroit.
Grégoire n'était-il pas devenu, pour les Carolingiens, le docteur de la pénitence en particulier depuis le pénitentiel de Halitgaire de Cambrai qui date de 829 environ?
81 Nithard , Histoir e des fils de Loui s le Pieux, éd. Ph. LAUER , Le s Belles-Lettres 1964 , p. 88. E. MULLER ,
Die Nithard-Interpolation un d die Urkunden un d Legendenfàlschunge n im St.-Medardus-Kloster be i
Soissons, dans: Neues Archiv 34 (1909) p. 683-722 . Abbé DELANCHY, Etude historique, dans: Saint-Médard d e Soissons. Trésors d'un e abbay e royale , éd. Denis DEFENTE , Paris , Soissons 1997 , p. 58-62, 92
(Odilon est un lettré en relation avec Hucbald d e Saint-Amand), 117 (p. 101-102 et 113-114: le nom de
Grégoire le Grand es t utilisé dans des faux fabriqués à la fin du XI e , début du XII e siècle, pour des fau x
invoquant saint Grégoire cf. supra n. 55 et 57), l'auteur pense que la translation de saint Grégoire est entièrement inventé e pa r Odilo n mai s i l ne formule aucun e hypothès e quan t a u débu t d u cult e d e sain t
Grégoire à Soissons; en fait i l se serait développé à l'époque mêm e d'Odilon dan s le contexte du retou r
des reliques mises en sûreté au moment des raids normands d e 886 et 901.
82 Ains i vers 1120 , Gossuin, alors moine d'Anchin, es t envoyé à Saint-Médard d e Soissons pour réforme r
l'abbaye, il y tombe gravement malade et retrouve la santé grâce à l'intervention d e saint Grégoire. Il est
par ailleur s un gran d lecteu r d e Grégoire l e Grand, cf . J. P. GERZAGUET, L'abbay e d'Anchi n d e sa fon dation (1079 ) au XIV e siècle, Villeneuve d'Ascq 1997 , p. 91-95.
83 Cf . M . ANDRIEU , L a chapelle de Saint-Grégoire dan s l'ancienne basiliqu e vaticane, dans: Rivista di ar cheologia cristiana 1 3 (1936) p. 61-99. Il faudrait savoi r quand et où s'est opérée l'association entre saint
Sébastien et saint Grégoire. Du point de vue romain ils sont tous deux intervenus dans une épidémie de
peste; si des fragments d e saint Sébastien son t partis en 826, il était utile de revaloriser c e qui restai t e n
l'associant à saint Grégoire dan s la nouvelle chapelle aménagée par Grégoire IV.
Grégoire l e G r a n d e t l'abbay e d e M u n s t e r
289
Il faut conclur e en revenant à Rome où l e culte de saint Grégoir e devai t connaître ,
tardivement, de s développement s considérable s don t témoign e aujourd'hu i l'églis e
de Saint-Grégoire su r le Caelius. Cette église s'élève à l'emplacement d e l'ancien mo nastère Saint-Andr é fond é pa r Grégoir e l e Grand dan s l a maison d e so n père . C'es t
seulement à la fi n d u Xe siècl e qu e c e monastèr e pren d totalemen t l e nom d e Saint Grégoire84. Néanmoin s o n trouv e a u IXe siècl e d e curieu x témoignage s su r l a tradi tion d e sain t Grégoir e dan s »s a maison « à travers l a Vita Gregorii rédigé e pa r Jea n
Diacre ver s 873-876 . A cett e époque , l e monastèr e es t occup é pa r de s moine s grec s
qui on t peut-êtr e contribu é a u cult e d u fondateu r pa r un e Vita en grec 85. Cependan t
la présenc e d e ce s Grec s n e plaî t guèr e à Jean Diacr e qu i racont e un e séri e d'anec dotes monastique s toute s plu s piquante s le s une s qu e le s autre s e t toute s marquée s
par l e thèm e d e l a présence d e Grégoir e dan s s a maison . I l es t tou t à fait clai r qu'i l
s'agit d u monastèr e d e sain t Grégoir e anticipan t d'u n siècl e l a désignatio n officiell e
de cette institution 86.
Ces deux développements célèbre s du culte de saint Grégoire, l'abbaye soissonnai se et l'abbaye romaine , devaient êtr e rappelés ca r ils apparaissent comm e les marque s
les plus notables d e ce culte. On a pourtant essay é de montrer que , bien avant ces développements plutô t tardifs , l e culte d e sain t Grégoire , trè s logiquemen t précoc e e n
Angleterre, avait connu une certaine diffusion dan s le monde franc vraisemblablemen t
sous l'influence anglo-saxonne . Au IX e et surtout au Xe siècle ce culte connaît de nouveaux développements e n particulier dans l'épiscopat d u royaume de Germanie. Paradoxalement l e destin monastique d e ce culte de chaque côté des Vosges et tout spécia lement à Munster n e sembl e pa s connaîtr e d e nouveau x développements . I l faudrai t
aussi rapprocher c e culte de l'influence réell e de Grégoire l e Grand pa r se s œuvres e t
par les réalisations qu'on lu i prête à tort ou à raison, en matière de chant liturgique o u
de droit cano n pa r exemple . On constat e alor s qu e l e culte de sain t Grégoir e es t évidemment pe u d e chos e à côté d e l'influenc e considérabl e d e c e Pèr e d e l'Eglise ; o n
pourrait d'ailleur s fair e l a même constatatio n pou r sain t Augustin . I l es t néanmoin s
vraisemblable qu'une relation peut exister entre l'intensité de la diffusion d e textes grégoriens et le culte lui-même. On sait par exemple que la Germanie méridionale a beaucoup lu les Homélies sur l'Evangile a u IXe siècle, or c'est auss i dans cette région que le
84 Cf . G u y F E R R A R I , Earl y R o m a n Monasteries, Città del Vaticano 1957 , p . 138-146 . P . T O U B E R T , Le s
structures d u Latiu m médiéval , R o m e 1973 , p. 323 : un act e d e 98 4 d u monastèr e d e Saint-Grégoir e a d
Clivum Scaur i nou s fai t connaîtr e l'existenc e d'u n castrum sancti Gregorii e n Sabin e (aujourd'hu i Sa n
G r e g o r i o d a Sassola) .
85 Cf . J.-M. SANSTERRE , Le s moine s grec s e t orientaux à R o me au x époque s byzantin e e t carolingienne (mi lieu d u VI c -fin d u I X e siècle ) (Académi e Royal e d e Belgiqu e 2) , Bruxelles 1983 , p. 182-183 .
86 Jea n Diacre , Vita Gregorii, M I G N E P L 75 , col. 59-242 . H . G O L L , Die Vit a Gregorii de s J o h a n n e s Diaconus. Studie n z u m Fortlebe n Gregor s de s Grotëe n u n d z u de r historiographische n B e d e u t u n g de r
pàpstlichen Kanzle i i m 9 . J a h r h u n d e r t , Diss . Freibur g im Breisga u 1940 ; G . A R N A L D I , Giovann i I m m o n i d e e la cultura a R o ma a l t e m po d i Giovann i VIII, dans: Bollettino del'Istitut o Storic o Italian o per
il Medio E v o 6 8 (1956) p. 33-89: Jean Diacr e a rédigé la Vita Gregorii ver s 873-875 ; C. L E O N A R D I , L'agio grafia r o m a n a ne l secol o IX, dans: Hagiographies , culture s e t société s I V e - X I I e siècles , Pari s 1981 ,
p. 471-490 : Jean Diacr e présente Grégoir e c o m m e l e garant d e l'ordre civi l en Itali e et en Occident , c o m me l e garan t d e l'ordr e ecclésiastiqu e p o u r t o u t l e m o n d e chrétien , c o m m e u n h o m m e d e Die u qu i in carne l a perfectio n chrétienn e e t représent e u n modèl e d e sainteté .
290
Bruno Judic
culte de saint Grégoire connaît un essor important à partir du Xe siècle 87. Inversement
la précocité d u cult e de saint Grégoir e e n Angleterre pouvait incite r le s Anglais à lire
ses œuvres e t encourage r Alfred , à la fin d u IXe siècle , à traduire o u fair e traduir e l a
Règle pastorale et les Dialogues.
87 Cf . P . DELEEUW, Gregory th e Great' s Homilie s o n th e Gospel s i n the Earl y Middl e Ages , dans: Studi
Medievali (1985) p. 855-869 et supra n. 79.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
291
Annexe
Manuscrit Pari s B.N . lat . 2281, Moissac XI e siècle , contient l e Registre de s lettre s d e
Grégoire le Grand .
Fol. 192, première colonne, ligne 72:
A [rubrique sur la hauteur de trois lignes]nno aedificationis romanae [en caractères plus
épais]
ecclesiae quadringentisimo nonagesim o agapitu s qui prime petri 1 sedis antistes a theodoto gothoru m nequissim o reg e petitus o b postulandum a iustiniano august o pace m
constantinopolim uenit . festa 2 uterqu e rerum 3 pontifex sanct a delibans oscul a et alter
alterum ueneratu s diem dux - [duxit o u duxer e selo n A] in uesperam legationi s dum taxat pace negata. At uero agapitu s iuxt a preceptum petr i apostol i quo d sacerdotiu m
suffert acceperat . legationem suam pro 4 uniuersis presbiteris5 ecclesii s qu e per idem6
tempus omnis 7 in se inclinata recumbebat 8. - i n necessitatem 9 conuertit columnamqu e
se suffulsit immobilem . hactenus romanum papam constantinopolim aduenisse 10. nunc
antimum uniuersale m ecclesia m inuasiss e dicam . Epiphanio siquide m uicesim o regie
urbis episcop o uit a defunct o antimu s qu i relict o dudu m apu d trapezuntum 11 ciuita tem episcopatu constantinopolim uenerat . -uitamque sua m ieiuniis commendabat. sine12 patrum decreto . sine 13 augusti fauore . sine 14 procerum uot o hereticoru m peccu niis et seditiorum15 turbis fretus. constantinopolitane ciuitati s ecclesiam inprouisus ir ruit16. e t adulter inuasit. e t apostolicu m tronu m ingemescent e clero . - populoqu e a d
celum occulo s referentem 17 hom o inimicus inuasitiit 18. atqu e eunti 19 ceteris insaniam
suis20 tacitus seminauit. stipem egeni s simoniaco rit u disseminans .
Talem hune ecclesia e adulterum e t populi seductorem . agapitu s papa sin e ullis morarum obstaculi s ecclesi a expuli t e t penitencie olim 21 tempu s indixit . Quod cu m sine
mora refelleret22. - e t antiquam ecclesiarum 23 quam reliquerat reprobaret perfidiamqu e
suam alta mente repo II (deuxièm e colonne) neret. pape agapiti uoee i 24 canonica secure percussus est . Complicesque eiu s seuerus et petrus antiocene et apamene ciuitatu m
quondam episcopi de exilio. in exilium deputati25. Izorus26 quoque presbiter eorumqu e
sequax apostolica uoee ligatus est. Agapitus uero papa uas catholicum euuangelii tub a
preco iusticiae . sacra altari s sedisqu e uelamin a sacrilegis 27 antimi infect a fabulis 28 sui s
catholicis precibu s eluit . Omnesqu e templ i ede s ob 29 inflictis inib i per antimum ma -
1 petri omi s dan s A (A = édition d e Baronius, faite su r un ms . de la Bibliothèque Vaticane , reprise dan s
AASS Sept. VI, p. 178-181; BHL 123) . // 2 confestim dan s A. // 3 rex et dans A. // 4 D e apostoli à
pro manque dans A; en outre un trait léger en forme d e grand T a été ajouté pa r le correcteur entr e preceptum et petri ave c dans la marge à gauche juste en face un grand astérisque ce qui semble indiquer qu'i l
manque ici un mot ou un groupe de mot. // 5 L e mot est abrégépb-ris mai s impossible que ce so'itprofuturus comm e dans A. // 6 id A. // 7 omnes A . // 8 inclinatœ recumbebant A. Il 9 in ipsarum se
necessitatem A. Il 1 0 A ajoute dixi. Il 1 1 Trapezuntium A . // 1 2 sive A. // 1 3 sive A. // 1 4 sive
A. // 1 5 seditiosorum A. Il 1 6 in Constantinopolitane ecclesiœ sedem irruit improvisus A. Il 1 7 referente A . // 1 8 L e scrib e a d'abord écri t inuasit pui s lui-mêm e o u l e correcteur a marqué d'u n trai t
au-dessous l e u et le a pour le s éliminer e t il a ajouté de s lettres formant insitiit pou r insedit dan s A . / /
19 cunctis A. // 2 0 suam A. Il 2 1 eidem A. Il 22 repelleret A. Il 2 3 ecclesiam A. // 2 4 et A. Il
25 deportati A. Il 2 6 Zoaras A. Il 27 sacrilegis A . / / 2 8 flatibus A. Il 2 9 ab A. Il
292
Bruno Judic
culis orthodoxi s obsecrationibu s expiauit . Mercennari o lupoqu e ouium 30 dominic a
caula detruso intra31 ecclesia e parietes ecclesiaru m ministr i catholic o princip e sibime t
arridente concilium unanimes ineunt . Agapito presul i menan 32 presbiterum ordinan dum sib i episcopum dignu m sui s uocibus commendante s in medio 33 proferunt. Aga pitus papa libellum eius instar suae fidei man u propria edictum34 flagitat scilicet romae
eum per se beato Petro apostol o porrecturus. Edit o mena s iuxta preceptum creatori s
sui fidei suae35 libello. - e t agapito pape in conspectu ecclesia e sue oblato ab eodem om nium episcoporum princip e imposita manu uniuersale m episcopatum adeptu s est. solusque uicesimus primus ecclesiae suae episcopus a romanae sedis antistite meruit ordinari. Hue usqu e agapiti preceptori s nostr i moniti s letat i sumu s in hi s quae dicta sunt
nobis. Nunc subit a infirmitate eiu s turbati meremus . Quis enim possit 36 siccis occulis
agapitum narrar e morientem . Incidi t i n grauissima m ualitudine m ymm o quo d obta bat inuenit . ut nos desereret. et temporum mal a mox subsequentia 37 careret . - i38 domino pleniu s cu m Sancti s patribu s iungeretur . Defecera t spiritu s et anelans i n morte
anima erumpere gestiebat . ipsumqu e stridore m qu o mortaliu m uit a finitur . i n laudes
domini conuertebat. Nee dum spiritu m exalauerat . nee dum debitam christ o reddide rat animam etiam fama uolan s tanti prenuntia luctu s tocius orbis populos ad exequia s
congregabat39. Il (fol. 192 v°, première colonne) Aderant diuersarum prouinciarum nu merosi episcop i et sacerdotum monachorumqu e chor i pene urbem repleuerant . Tot a
ad funus eius . bizantium 40 turb a conuenit . Sacrilegiu m putabat . qu i non tali pontific i
ultimum reddidissen t officium. Sonaban t psalmi. et excelsa tecta domorum reboan s in
sublime allelui a quatiebat. hin c iuuenum choros . illinc 41 senum. Qua e carmina laudes
sacerdotales et facta ferant 42. - N e mo quandoqu e tocius orbis uel episcoporum uel ymperatorum uit a defunctus . inte r tanta s exequiaru m copias funeratus uisu s est . Explo rare, uideres 43 precedentium 44 i 45 cateruatim i n exequii s eiu s multitudine m fluctuan tem. Non plateae. non porticus. non yminentia46 desupe r tect a caper e poteran t prospectantes. Tunc suo s i n unu m populos urbs regi a conspexit . faueban t sib i omne s i n
gloriam defuncti sacerdotis . Nee miru m si de eius fide homine s exultarent . - d e cuius
predicatione angel i letabantu r i n caelo. Quodque 47 miru m si t nichil pallor mutara t i n
faciem. sed ita dignitas quedam et grauitas. eius ora compleuerat. ut eum non mortuum
sed dormientem putabant 48 .
30 A ajoute ici a. Il 31 extra A. 1132 Mennam A. I'/'33 in medium A. 1134 editumA.1135 suae
omis dans A. // 3 6 potuit A. II 37 malis mox subsequentibus A . // 3 8 et A. II 39 convocavit A. II
40 Byzantum A. II 41 hinc A. // 4 2 feruntur A. II 43 Explorate A , uideres omis dans A . // 4 4
procedentium A . // 4 5 et A. II 46 eminentia A . // 4 7 Quod A. II 48 putarent A.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
293
Fol. 192v°.
Première colonne, ligne 26 [rubrique, encadré de deux traits rouges ondulés]*:
De monachorum monasteriorumqu e libertate .
Gregorius episcopu s seruu s seruorum de i omnibus episcopis .
Quam sit necessarium quiet i monasteriorum prospicer e et de eorum perpétu a securi tate tractar e anteactu m no s officiu m quod in regimin e monasteri i exhibuimu s infor mat. E t quia 1 i n plurimi s monasterii s mult a a presulibus preiuditi a atqu e grauamin a
monachos pertulisse cognoscimus 2 oportet ut nostrae 3 fraternitatis prouisi o de futur a
quiète eorum 4 salubr i dispona t ordinatione m quatinu s conuersationi s illis 5 in de i seruitio gratia ipsius suffragante6 ment e libera perseuerent. Sed ne ex ea que magis emendanda es t consuetudin e quiqua m monachi s quicqua m molesti e présumâ t inferr e ne cesse est ut hec que inferius enumerar e curabimus 7 ita studio II (2 ème col.) fraternitatis 8
episcoporum debean t custodiri 9 u t e x eis non possi t ulteriu s inferend e inquietudini s
occasio repperiri. Interdicimus igitu r in nomine domini nostri iehs u christ i e t ex auctoritate beat i petri apostoloru m principi s cuius uice huic romana e ecclesiae 10 presidemus et prohibemus ut nullus episcoporum au t saecularium 11 ultra présumât de reditibus rebus uel cartis monasteriorum ue l de cellis uel uillis 12 que ad monasteriorum iu s
uel ad eas pertinent quacumqu e mod o se u qualibet occasion e minuere uel 13 dolos uel
inmissiones aliqua s facere. Sed si qua causa inter terram uenientem a d partem suarum
ecclesiarum e t monasteriorum eueneri t e t pacifiée no n potueri t ordinar i apu d electo s
abbates e t alios patres timente s deu m sin e uoluntari a dilation e medii s sacrosancti s
euangeliis finiatur. Defuncto uer o abbate cuiusquam congregationis non extraneus eligatur nisi de eadem congregatione quem si propria uoluntate consors fratrum societa s
eligerit. Et qu i electu s fuerit sin e dolo uel uenalitate aliqu a ordinetur. Quo d s i apta m
inter se personam inueniri nequeun t solerte r s i de aliis monasteriis similiter eligant14
ordinandum. Neque constituto abbat i quecumque persona qualibet occasione preponatur nisi forte extantibu s quo d absi t criminibus qu e sacri canones punire monstrant .
Pariter aute m custodiendum es t ut inuito abbate ad ordinanda alia monasteria au t or * Cett e version ser a comparée ave c deux versions déjà éditées , l'une par les Mauristes à la suite de l'épis tolaire d e Grégoir e e t repris e dan s l a Patrologie latin e (MIGN E P L 77, col. 1340-1343 , on noter a PL) ,
l'autre e n tant qu e faux privilèg e de Nicolas Ier publié dan s le s MGH à partir d u liber aureus de Prù m
(MGH Epistula e VI, p. 678-679, on noter a MGH) .
1 P L qui, M G H quia.
2 P L et MGH cognouimus.
3 P L vestrae aprè s fraternitatis, MG H comm e ici.
4 P L eorum de futuro quietem, MG H comm e ici.
5 P L conversantes illic, MGH conuersantes in illis.
6 P L ipsius quoque grade suffragante, MG H comm e ici.
7 P L et MGH curauimus.
8 PL fraternitatis studio episcopi, MGH comm e ici.
9 P L custodire, MG H custodiri.
10 P L romane omis , MGH ecclesia romane auctore deo.
11 P L comme ici, MGH aut saecularium omis .
12 P L comme ici, MGH de cellis seu uillis.
13 P L comme ici, MGH nec.
14 P L curent plac é avant de aliis, MGH passag e absent .
294
Bruno Judic
dines sacro s ue l clericatus officiu m toll i exind e monach i non debeant. Descriptione s
quoque reru m au t cartaru m monasteri i a b episcopo ecclesiastica s fier i omnin o dene gamus. Sed si quando res exigit abbas loci cum aliis fratribus causas rerum inuentaru m
faciat et eorum consilio sine iuditio finiat 15. Obeunt e quoque abbate episcopus in describendis prouidendisque rebu s monasterii adquisiti s uel datis adquirendisue nullate nus se permisceat16. Missa s quoque publicas a b eo in ccenobio fieri omnin o prohibe mus II (fol. 193 , l ere col.) ne inseruorum de i recessibus et eorum receptaculi s ull a po pularis praebeatur occasio uel mulierum fiat nouus introitus quod omnino non expedit
animabus eorum 17. Nee audea t ib i kathedram collocar e uel quamlibet potestate m ha bere ymperandi nee aliquam ordinationem quamui s leuissimam faciendi nis i ab abbate loci fuerat rogatu s quatenus monachi semper maneant in abbatum suorum potesta te. Nullusque 18 monachu m sin e testimonio ue l confession e abbati s i n ecclesi a aliqu a
teneat uel ad aliquem permoueat honorem. Hanc ergo scriptorum nostrorum pagina m
omni i n futuro tempor e a b omnibus episcopi s firmam statuimu s illibatamqu e seruar i
ut et sue ecclesie iuuant e domin o tantummod o sin t iure 19 contend et monasteria ec clesiasticis conditionibus se u angariis uel quibuslibet obsequii s secularibus null o mo do subiaceant. Nulli s canonici s iuribu s deseruian t se d remotis uexationibu s a cunctis
grauaminibus diuinum opus cum summa animi deuotione proficiant. Uniuersi episcopi
responderunt libertat i monachorum congaudemu s et que nunc statui beatitudo uestr a
firmamus. Gregoriu s episcopu s catholic e et apostolice romane ecclesie huic constitu to a nobis promulgat o subscripsi . Iohanne s humili s sanct e beliternensi s ecclesi e epi scopus hui c constitut o a nobi s promulgat o subscripsi . Et ceteri episcop i numéro
XXti.I. Et presbiteri numéro XHIIci et diaconi numéro IIII. Die nona s aprili s indic tione IHIta .
De ces variantes semblent se dégager les indications suivantes: dans la première partie
du texte , correspondant a u début d e la lettre 8 , 1 7 remaniée, le manuscrit d e Moissa c
est plus proche du liber aureus de Prùm; dans la suite du texte, correspondant à la lettre
5,49 remaniée, c'est l'inverse, le manuscrit de Moissac correspond à la version des Mauristes et s'éloigne d u text e de Prùm .
Le C D RO M In Principio n e connaî t pa s l e premier text e e t n' a pa s enregistr é c e
manuscrit pour l e second texte ; il offre pou r l e second texte cette liste de manuscrits:
Angers BM 186 , fol. 12 1 à la suite d'un code x contenant le s livres 1 7 à 25 des Moralia,
XI e siècle, Saint-Aubin.
Avranches B M 68, f. 29v° après Yexpositio in Genesi d e S.Jérôme e t avant de s homé lies diverses, XII e siècle, Mont Saint-Michel .
Cambrai B M 143 , f. 178 , recueil de décrétales, XVe siècle.
Cambrai BM 249, f. 82v ° à la suite d'un commentair e d e S. Paul attribué à Grégoire le
Grand, XII e siècle, Saint-Sépulcre.
15 P L donne deux versions et judicio finiantur e t sine prejudicio finiat, MGH . passage absent .
16 P L comm e ici, MGH cett e phrase est placée après occasio de la phrase suivante .
17 P L comm e ici, MGH detur a u lieu deprœbeatur occasio marque la fin d e la phrase.
18 P L nullumque , MG H à partir d e l à texte complètemen t différen t commençan t pa r et omne monasterium propriam possit.
19 P L iure omis.
Grégoire l e Grand e t l'abbaye d e Munste r
295
Cambrai BM 466, f. 92v°, avec un autre texte de Grégoire à caractère monastique, XII e
siècle, Cathédrale mai s auparavant à S. André du Cateau .
Cambridge, St John's Colleg e 90, à la suite du Liber pastoralis d e Grégoire l e Grand ,
XII e -XIII e siècle, Couvent de s Franciscains d e Hereford.
Chartres B M 50 , f. 241v° , à la suite d u registr e de s lettre s d e Grégoir e (partiel) , XII e
siècle, Saint-Père. Détruit duran t l a Seconde Guerre mondiale .
Chartres BM 65 , f. 108 , à la suite du Liber pastoralis d e Grégoire l e Grand pui s d'u n
fragment d e pénitentiel, IXe siècle, Saint-Père. Détruit durant la Seconde Guerre mon diale.
Rouen BM 517, Registre des lettres de Grégoire le Grand, à l'avant-dernier feuille t di vers extraits dont notre texte, XII e siècle, Saint-Ouen. Le De monachorum libertate fai t
suite à un ex concilio Bonifacii e t à un ex decretis Gregorii.
Trêves, Stadtbibl. n. 1709 , Liber aureus de Prùm, fin d u XI e ou XII e siècle (faux privi lège de Nicolas Ier).
Vatican, latin 1208 , Vita Gregorii d e Jean Diacre, à la suite, f. 124v°-125v° , decretu m
de monachorum libertate, suivi, f. 126v°-127v° , d'une lettre de Grégoire, Quotiens cordis oculus de fév. 602 (édition de s MGH, Epist . II, p. 354), XII e siècle, origine italien ne.
Apparemment aucu n d e ces manuscrits n e semble présenter l'associatio n Agapi t Grégoire visible dans l e manuscrit d e Moissac. Ewald e t Hartmann avaien t mention né la présence de Yhistoria Agapiti dan s le ms. Paris BNF lat . 2281 ainsi qu'à l a fin d u
cod. Urbinas 9 9 du XVe siècle (MGH Epist . I, p. IX). En revanche la phrase Agapitus
papa vas catholicum . .. precibus eluit es t reprise dans le Décret d e Gratien {De consecratione, dist . I, c. XXIII) à la suite d'un extrai t de s Dialogues (Dial. Ill, 30), mais signalée par les Mauristes e n annexe des lettres de Grégoire (MIGN E P L 77, col. 1352).
INDEX DE S SAINTS CITE S
L'orthographe de s nom s es t généralement cell e d e la BHL; la qualité de s saint s n'es t précisé e qu'e n ca s
d'homonymie. De s auteurs vénéré s égalemen t comm e saint s ne sont pa s systématiquement relevés . - Les
astérisques indiquen t le s pages o ù les références son t citée s uniquemen t dan s le s notes.
ABUNDIUS p . 24*
ADELA p . 280*, 286
ADELPHIUS p . 42-69, 88
AEGIDIUSp. 173
AELARIA p . 284
AGATHA p. 285*
AGILUS p . 249, 258, 259
AGNES p . 285*
AICHARDUS p. 94, 95-107,117,121, 124,12 5
ALBINUSp. 164
AMANDUS p . 49*, 52, 147, 189, 190
AMANTIUS p . 150,158,17 9
AMATUS p. 42-69, 254*, 258
AMBROSIUS p . 285*, 286
AMELIUS p. 25
AMICUS p. 25
AMON p . 17,20,22,2 7
ANASTASIA p . 285*
ANDREAS apost. p. 285*
ANGADRISMA p . 129,137,14 3
ANNA p . 252
ANSBERTUS p. 13 4
ANSBERTUS ep. Rotomag. p . 128,129-143,147,148 ,
152, 153 , 154, 156, 158, 159, 167, 171, 172 , 173 ,
175, 179 , 180, 182, 183, 184, 186, 187, 188, 189 ,
190, 19 1
ANSEGISUS p . 129,168 , 170 , 171
ANSOALDUS p . 99,10 5
ANSTRUDIS p . 249-262,27 4
ANTONIUS p . 31, 37, 96, 100, 113, 225, 285, 286
APER ep . p. 18 , 19, 21, 22*, 24, 27-42, 82, 278
APER presb . p. 32
APOLLINARIS p . 285*
APRONIA p . 21,41,82
ARBOGASTUS p. 83, 85*
ARNULFUS p . 48-50 , 54 , 55, 57, 58, 63, 64, 65, 171,
177
BARNABAS p. 17 3
BASILUS p. 269*
BASO (BLANDINUS ) p . 249s.*
BENEDICTUS p . 46 , 68 , 85 , 100 , 123 , 131 , 138 , 139 ,
160, 206 , 237 , 238 , 259 , 264 , 267 , 268 , 269 , 271,
272, 282, 284, 285*,28 6
BENIGNUS p . 72, 73, 77, 78, 277
BERCHARIUS p . 42
BERTHA p. 189
BERTHARIUS p . 20
BLASIUSp. 113
BONIFATIUS ep . p. 267, 285*, 295
BONIFATIUS mart. p. 72, 77, 79
BONITUS p . 283*
BRicciusp. 285 *
BRUNO ep . p. 22
BRUNO, voir: Leo I X
CALIXTUS p . 25
CANDIDUS p . 85
CARAUNUS p . 188
CATHARINAp. 19
CELSUS p. 24*
CHAGNOALDUS p . 259, 260, 270
CHILDEMARCA p. 128, 143-144, 179,180 , 191
CHLODULFUS p . 66, 85
CLEMENS p. 141
COLUMBANUS p. 49,54,55,58,59,60,64,79,85,131,
139, 147 , 152, 158, 164, 165, 169, 249, 252 , 257 ,
258*, 259, 269, 271*, 274, 278, 282, 285
CONDEDUS p. 128,129*, 138,140,144-148,149,150 ,
153,180,190,191
CONSTANTINUS p . 101,12 5
CosMAsp. 19,285 *
CUNUALUS p . 202
CUTHBERTUS p . 98
CYRIACUS p . 79, 285*
ATALENUS p. 20
AUDOENUS p. 49*, 94,109,116,127,129*, 137,138 ,
139, 140, 152, 164, 165, 167, 169 , 179 , 18 0
AUDOMARUS p . 110 , 179, 254, 259
AUGUSTINUS p . 286
AUGUSTINUS ep. Cantuariensis p . 264, 267*, 276
AUSTREBERTA p . 8, 94, 108-116,117, 123 , 125
AUSTREGISILUS p . 283*
AVITUS p. 283*
BAINUS p. 129,140,150,157,158,167,169,171,173 ,
175,180,182
BALTHILDIS p . 94, 152, 179, 261, 283
DAMIANUS p . 19 , 285*
DAVID (DEWI ) p . 221, 222, 235
DEODATUS p . 8*, 21, 63, 71, 79, 80, 81-89, 274, 275,
276,277,278,280,281
DEOTERIA p . 284
DIONYSIUS p. 228, 283*, 285*
DORMIENTES (SEPTEM ) p . 39,13 5
DoROTHEUSp. 18
DuNSTANUSp. 98 , 10 3
ELiGiusp. 104,140 , 152
ELIPHIUSp. 41
298
Index des saints cités
ELISABETH p . 252
HlLARIONp. 3 1 , 37
ELISABETH landgravi a p . 20
HILARIUS p. 99, 283*, 286
ELPHEGUSp. 102
EPHRAEM p . 285
EQUITIUS p . 285
ERASMUS p. 24*
HILDULFUS p . 8*, 34, 69-81, 83-87 , 274 , 275, 276 ,
277,278,281,282,286
EREMBERTUS p . 128 , 145, 148-151, 158 , 159, 180 ,
HUGBERTUS p . 50*
190
ERMENLANDUS, voir : HERMENLANDU S
EUCHARIUS p . 85, 277
EUGENDUS p. 6 4
EUGENIA p. 29
EusEBiusp. 285
Eusicius p. 200
EUSTASIUS p . 54, 55, 58, 252, 257, 258, 259, 262, 274
EvuRTiusp. 17
EXUPERIUS p . 85
FABIANUS p. 285*
FARO p. 249 *
FELICIANUS mart. p. 284
FERRUCIUS p.285 *
FILIBERTUS, voir: PHILIBERTU S
FLAVIANUS p. 54, 55
FLAVIUS p. 101 , 125
FLORENTIUS p . 83, 85*
FOILLANUS p . 46
FURSEUS p . 164, 173, 234
HIMERIUS (YMERIUS ) p . 82
HONORATUS p. 63,13 9
H U G O p . 94, 98,100, 101 , 111, 118-125, 168* , 170
HYACINTHUS p . 18
IACOBUS apost. p. 25, 285*
IGNATIUS p. 13 6
ILTUTUS p. 203, 227, 233, 235, 242
IOHANNES BAPTIST A p . 22, 275, 282, 285*
IOHANNES CHRYSOSTOMU S p . 141
IOHANNES mart. p. 264, 26 5
IOHANNES mon . p. 72, 73, 77, 78, 277
IuDocusp. 18 4
IRMINA p. 280 *
IsmoRUsp. 285
IULIANUS p. 24*
IULIANUS p . 286
LAMBERTUS (LANTBERTUS ) p. 128,138,139,140,146 ,
147, 150, 151-153, 167 , 171 , 179, 180, 181, 19 0
LAUDUS p. 204
LAURENTIUS p. 179 , 264, 265, 285*
LEBUINUS p. 286*
LENOUERIUS, voir : LEONORIU S
GALLUS p. 285*
GAUZLINUS p. 21,22, 41 , 24 2
GEBETRUDIS p . 43, 45, 46, 51, 61, 65, 67
GENGULFUS p . 41
GENOVEFA p. 8*
GERARDUS ab. Broniensis p . 186 , 18 9
GERARDUS ep. p. 19,21,22,24,25,28, 38,40,41,42 ,
82,87
GERMANUS ab. p. 64, 259, 270*, 285*
GERMANUS ep. Autiss. p. 164,285 *
GERMANUS ep. Paris, p. 283*, 285*
GERTRUDIS p . 255*
LEO I p. 263, 270*, 284
LEO I X p. 19 , 21, 26, 42, 43*, 60 , 61, 63 , 66, 68, 79 ,
80*, 81,84 , 86 , 87, 89
LEODEGARIUS p. 46, 47, 49*, 152,261, 262,277, 278,
283*
LEONARDUS p . 205
LEONORIUS p. 193,197-21 4
LEWINNAp. 176
LUCIA p . 274 *
LUPICINUS p . 64
LUPUS p . 152
GERVASIUS p. 284
GILDARDUS p . 135*
GILDAS p . 221, 235, 240, 242
MAGLORIUS p. 204*, 205, 206, 207, 235, 239*
GORGONIUS p . 18 , 38*
MARIA p. 18,22, 67, 84, 85,122,123,155,225*, 268 ,
275, 277 , 278, 284
G O D O p . 129,164,166, 169,17 9
GoERicusp. 2 1
GREGORIUS I p. 31, 33, 72, 79, 217, 240, 263-29 5
GREGORIUS ab.Traiect. p. 280*
GREGORIUS ep. Autiss. p. 283*
GREGORIUS ep. Lingon. p. 283*
GREGORIUS mart. p. 285*
GUTHLACUS p . 98
MACHUTUS (MACHUTES ) p . 204, 229, 235
MACTEFLIDIS p . 54, 55, 67
MANSUETUS p. 8*, 16-27 , 33 , 40, 52, 56, 70*, 27 8
MARIA MAGDALEN A p . 135,17 6
MARCELLUS p . 17
MARTHA p. 225 *
MARTIALIS p. 283*
MARTINUS p. 22,23,31,49*, 57,59,74,111,147,150 ,
155,164,227,285*
MARTINUS mart. p. 28 4
HADRIANUSp. 18,17 3
HERMENLANDUS p. 129,138,14 7
HIERONYMUS p. 72, 269*, 285*, 286
MATERNUS p . 85, 277
MAURITIUS p. 85, 277
MAURUS p. 239
Index des saints cités
MAURUS p . 268*, 272
MAXIMINUS p . 18 , 22, 23, 74, 75, 85, 275, 277, 282,
285*
MEDARDUS p. 135, 184, 285*, 287*, 288
MELORUS (MELARIUS ) p . 222*
MICHAEL p. 285*
ODILIA p . 73, 74, 79, 259*, 272, 274, 275, 276
O D I L O p . 134
OSWALDUS p. 267, 268*, 283*
PAMPHILIUS p . 113
PANCRATIUS p . 179 , 264, 265, 285*
PATERNUSp. 102,23 9
PATRICIUS p. 227
PAULINUS p . 227
PAULUS apost. p. 67, 85,131, 150,179, 180,216,226 ,
264, 265, 268, 287*
PAULUS AURELIANU S p . 193, 207 , 215-248
PAULUS ep . Vird. p. 52
PAULUS erem. p. 96
PAULUS mart. p. 264, 265
PELINUS p . 113, 114
PEREGRINUSp. 101 , 125
PETRUS apost . p . 18 , 21, 22, 23, 34, 67, 85, 117, 127,
131, 140 , 147, 150, 163, 179, 180, 264 , 265 , 268 ,
275, 278 , 282, 287*, 292
299
SAMSON p. 7 , 48, 200, 202, 204, 206, 207, 208, 210,
212, 221, 223, 224*, 226, 227, 230, 231, 233, 234,
235, 238 , 240, 242, 245-248
SEBASTIANUS p. 156, 184, 285*, 287, 288
SEGOLENAp. 164
SEPTEM DORMIENTES , voir : DORMIENTE S
SIGOBERGA p . 45, 51, 67
SILVANUS p. 200
SILVESTER p. 151 , 174, 286, 287*
SPINULUS p . 73, 275, 276
STEPHANUS p . 22, 97, 135, 285*, 286
SULPICIUS p . 283
SYMEON p . 52
SYMPHORIANUS p . 18 , 283*
TUTGUALUS (TUDUALUS ) p . 202*, 204
UDALRICUS p . 287*
VALERIUS p. 277
VEDASTUS p. 52, 121,285*
VICTOR p . 284
VIGOR p. 286
VlNCENTIUSp. 18
VULFRAMNUS p . 128 , 131 , 133 , 135 , 136 , 140 , 148 ,
153-160, 173 , 175, 177, 180, 182, 186, 188, 19 0
VULGANIUS p. 10 2
PHILIBERTUS p . 94 , 98 , 99, 100 , 101 , 102, 105 , 106,
110, 111, 115, 116-117, 121 , 125, 152, 156 , 16 9
PIRMINIUS p . 272, 283*
PRAEIECTUS p. 270*
PROTUSp. 1 8
REMACLUS p . 17
REMIGIUS (REMEDIUS ) p . 31, 33, 252, 285*
ROMANUS ab . Iurensis p . 64
ROMANUS ep . Rotomag. p. 106 , 107, 135*, 156
ROMARICUS p . 42-69, 88, 258
SABINUS p. 225*
SALABERGA p . 249-262, 270, 274, 278, 280
WALTFRIDUS p . 128 , 161, 179, 180, 190
WALDEBERTUS p. 63,251,252,258,259,260,262,27 0
WANDREGISILUS p . 127-19 1
WANINGUS p . 129,17 9
WILFRIDUS p . 46, 86, 265*, 270, 271, 272, 281, 282,
283
WILLIBRORDUS p. 18, 74, 147, 158, 159, 263*, 280*,
282, 284*,286
WiNNOcusp. 132,176,18 5
WINWALOEUS p . 136 , 193 , 205, 223, 224*, 226, 227,
230,231,233,235,245-248
YMERIUS, voir: HIMERIUS .
INDEX DE S MANUSCRITS CITÉ S
La pagination en chiffres gra s se réfère aux manuscrits traités en détail. - Le s astérisques indiquent le s pages
où les références son t citée s uniquement dan s les notes.
Acey
perdu, p. 36, 250*
ALENÇON B M
12, p. 109, 110
AMIENS B M
467, p . 25 0
ANGERS B M
186, p . 29 4
Antwerpen Notre-Dam e de Nazareth
perdu, p. 119 , 16 8
ARRAS B M
14(23), p. 104
82(135), p. 122
573(462), p. 104
1029(812), p. 97, 98, 99
1071(274), p. 121, 123
perdu, p. 210
AUXERRE B M
127(114), p. 240, 241
AVRANCHES B M
68, p . 294
99, p . 98, 121,12 2
BAMBERG Staatsbibl.
Ms.Patr. 134 , p. 97, 117,121, 12 3
BERLIN Staatsbibl . Preufê. Kulturbesit z
Phill. 1757 , p. 17*, 25
Theol. Fol. 706, p. 29
BERN Burgerbibliothek
A7,p. 1 7
24, p . 56
Boddeken
non vérifié, p. 83
BOULOGNE-SUR-MER B M
106, p.9 8
BRUGGE Stedelijke Bibl .
403, p. 114, 178
404, p . 114,177,178*, 183,18 7
BRUXELLES Bibl. des Bollandistes
Coll. Boll. 98, p. 53
Coll. Boll. 142, p. 53
Coll. Boll. 143, p. 35,3 6
Coll. Boll. 147, p. 250*
- Bibl . Royale
858-861, p. 52,70*
982, p. 149
6731-76, p. 73
7487-91, p. 137
7503-18, p. 76,77,8 3
7773, p.122
7808, p.137
7812, p. 149
8690-8702, p. 156, 15 7
8915-16, p. 14 6
9636-37, p. 29, 37, 38,135
11987, p.145
18018, p.175
11.992, p. 98
11.2309, p. 11 4
CAMBRAI B M
143, p.29 4
249, p . 294
466, p.29 5
846, p . 135,155, 157, 175
864, p . 103
CAMBRIDGE Library of St. John's Colleg e
90, p. 295
- Library of Trinity Colleg e
1155(0.2.51), p. 136*
Capua
non spécifié , p. 112
CARPENTRAS BM (Bibl. Inguimbertine )
1782, p.25
1819, p.17*
CHÂLONS-SUR-MARNE BM
56, p. 52, 53, 56
57, p. 36, 3 9
La Charit é
perdu (?), p. 36
CHARLEVILLE B M
214, p.35
CHARTRES BM
50, p. 295
65, p.295
COLMAR B M
29, p. 272
122(359), p. 268*
Compiègne
perdu (?), p. 66
non vérifié, p. 112, 11 5
Corneux
perdu (?), p. 36
DIJON B M
638-642, p.35*,52
641, p.35, 250*
642, p.52, 250*
643, p.58
DOUAI BM
836, p.103
837, p. 174, 178*, 183,18 7
Index des manuscrits cité s
EPINAL B M
67, p . 1 8
Fleury
perdu, p. 243
FULDA Hessische Landesbibl .
Aa 96 , p . 73
's- GRAVENHAG E Koninklijke Bibliothee k
70.H.45, p. 25, 26
HEILIGENKREUZ Stiftsbibl .
13, p. 73
KARLSRUHE Badische Landesbibl .
Aug.II, p. 272
Aug.HI, p. 272
Aug.IV, p. 272
Aug.LXXI, p. 272
Aug.CXXXIV, p. 274
Aug.CLXXVI, p. 272
Aug.CC, p. 272
Aug.CCXXI, p. 272
KÔLN Hist. Archiv
Wallraf 164A,p.2 9
KOBENHAVN Kongelig e Bibl .
Thott in-foli o 133 , p. 178, 183, 187,189
Thott in-foli o 239 , p. 229*
301
MELK Stiftsbibl .
M.6, p . 73
METZ B M
168, p . 103
653, p . 40
MONTPELLIER Bibl . Universitair e
Fac. Méd . 1 , p. 35, 52, 58, 156, 250*
Fac. Méd . 30, p . 3 5
Fac. Méd . 151 , p . 10 3
MÛNCHEN Bayerisch e Staatsbibl .
Clm 9566 , p. 72
Clm 22244 , p. 76
MUNSTER Universitàtsbibl .
Monasteriensis 23 , p. 20, 35, 56, 57, 62
NAMUR Bibl . communal e
15, p. 175
53, p . 17 4
NANCY B M
496, p . 82
497, p . 8 2
537, p . 70*, 71 *
575, p.4 3
1277, p . 71,72, 73
1278, p . 72,76, 77
1279, p . 72 , 77
1732, p . 17* , 21 , 82, 8 3
Thiéry-Solet 1258 , p. 19, 21, 25, 35, 36, 39, 40
KYNZVART
40, p . 19
41, p. 19
LAON B M
101, p . 228s.*
261, p . 250*, 251
- St-Jea n
perdu, p.250*,25 1
LE HAVR E Bibl . communal e
332, p . 120, 129*, 132, 133, 137, 140,141,145,
146, 149 , 151, 155, 157, 168, 173, 183, 184, 186,
187,189,191
LILIENFELD Stiftsbibl .
60, p . 7 3
LISBOA, Bibl. Naciona l
Alcobaça 422 , p. 35
LONDON Britis h Librar y
18359, p.73
Addit. 36737, p. 17 *
Cotton Otho D . VIII, p. 136,15 6
Cotton Vit. D l 7 , p. 102
Harley 3597 , p. 73
Longpont
non vérifié, p. 112, 11 6
perdu, p. 250
LUZERN Zentralbibl .
Stiftsarchiv St.Leodega r Schachte l 96 , p. 29
ORLÉANS B M
18(15), p. 219*
60(57), p. 236s.*
125(103), p. 236*
127(105), p. 227*
145, p.199 *
261(217), p. 216, 219, 220, 221, 226* , 228,229,
230, 231 , 232, 237, 240, 241, 243 , 244, 245-248
322(273), p. 243*
343(291), p. 198, 202, 205, 206, 213s.
Ourscamp
perdu, p.25 0
OXFORD Bodleia n Librar y
Bodley354,p. 174 , 183, 18 7
Bodley852,p. 102 , 11 7
Bodley F.4.32 , p. 228*
PARIS Bibl. Mazarine
399(248), p. 202
- BN F
Baluze57,p. 17* , 20, 25, 26
Duchesne 84, p. 145,14 9
Duchesne 85, p. 210
frs 22321 , p. 211
lat. 2281, p. 291-295
lat. 2297, p. 204s.*
lat. 2627, p. 13 4
lat. 5274, p. 19
302
Index des manuscrits cités
1404(U.20),p. 117 , 156, 157 , 175
lat. 5278, p. 19, 35, 47, 52
1405(Y.27),p. 118 , 120 , 13 4
lat. 5283, p. 18
1406, p. 107 *
lat. 5294, p. 18, 21, 53, 55, 56, 62, 63
1408(Y.109), p. 121,12 2
lat. 5296 B, p. 174,176, 183,184,187
1409(Y.189),p. 101,10 7
lat. 5308, p. 18, 21, 35, 47, 52, 53, 56, 62, 63
1411(U.64),p. 116
lat. 5317, p. 200, 202, 203, 205, 206, 213s.
1414(A.53),p.99, 117
lat. 5353, p. 35, 52, 53, 250*
1415(U.17),p. 117
lat. 5362, p. 116
non identifié , p . 112, 11 6
lat. 7299, p. 239*
lat. 9738, p. 76, 77
SAINT-DIÉ B M
lat. 9740, p. 18, 35
lat. 10290, p. 229*
2, p. 88s.*
4, p. 19, 35, 88s.*
lat. 10396, p. 19
Saint-Mont
lat. 11589, p. 204s.*
perdu (?) , p. 66
lat. 11760, p. 35*
SAINT-OMER B M
lat. 11770, p. 56
715(1), p. 13 6
lat. 12493, p. 209*
lat. 12495, p. 226*
716(11), p. 114 , 136, 17 8
lat. 12605, p. 109, 110, 112
716(IV), p. 177, 178, 183, 185*, 18 7
lat. 12606, p. 236, 240
716(VII),p. 157 , 178
lat. 12710, p. 209, 211
764, p. 132 , 137 , 140, 141 , 142, 144, 171, 173,
lat. 12862, p. 17*, 21, 30, 35, 82
174, 176, 177, 178, 183, 184, 185, 186, 187, 188,
lat. 12942, p. 219, 220*, 221, 228*, 229, 232*, 244 191
lat. 14192, p. 209*
765, p . 154, 156, 157, 160
non vérifié , p . 11 2
lat. 15437, p. 176
Saint-Wandrille
lat. 16733, p. 35, 52, 250*
lat. 16735, p. 58
perdu, p. 178
SANKT-GALLEN Stifts-Archi v
lat. 17006, p. 35, 52, 250*
12, p . 3 5
lat. 17007, p. 58
- Stiftsbibl .
lat. 18315, p. 128,163
548, p . 28, 30
n.a. lat. 1616, p. 219*
566, p . 2 8
n.a. lat. 2288, p. 44, 45, 58, 60, 64, 66, 68
SCHAFFHAUSEN Stadtbibl .
n.a. lat. 2289, p. 17*, 43, 44, 52, 53, 64
Minist. 89 , p. 17* , 35
n.a. lat. 2547, p. 42s.*
SOLOTHURN Zentralbibl .
- Bibl . Ste-Geneviève
1289, p. 201
SI 21 , p.3 5
STRASBOURG Bibl.nat . et universitaire
6, p. 268
Remiremont
perdu, p. 66
Toul, Saint-Mansu y
R O M A Bibl. Aless.
perdu, p . 20, 25
227, p. 77
TRIER Bibl . des Priesterseminar s
- Bibl . Vallicellian a
33, p . 73
G 98 , p . 236, 240
35, p . 20, 35, 52 , 53, 56 , 62
ROUEN B M
36, p . 2 0
517, p . 29 5
538(A.387),p. 119
75, p . 72
1211(Y.237),p. 177
- Stadtbibl .
171, p. 280*
1377(U.108), p. 96,100, 101, 121, 122 , 12 4
1151, p . 72,7 3
1378(U.40), p. 96, 99,105, 106 , 117,155, 157
1160, p. 17*
1380(U.55), p. 133,137,141, 173 , 17 5
1172, p . 36
1388(U.32),p.99
1376, p. 36
1389(U.35),p. 17 6 ^
1390, p. 73
1392(U.98),p. 116, 119, 120,121 *
1709, p. 295
1399(U.2),p. 103 , 10 4
1400(U.3),p. 133, 137
1401(U.19),p. 116
URBINO
1402(U.25),p. 117
99, p . 29 5
Index de s manuscrit s cité s
U T R E C H T Bibl. de r Rijksuniversitei t
390, p . 53 , 8 2
391, p . 52 , 53 , 70 *
perdu (s. Saluatoris), p . 53 , 8 1 *, 83, 14 6
Reg.lat. 523 , p. 21 6
Reg.lat. 573 , p. 173 , 183 , 18 5
Reg.lat. 646 , p . 239, 24 0
Vaucelles
P.Ms. 58 , perdu, p . 99 , 178* , 18 3
VALENCIENNES
VERDUN B M
BM
l,p. 3 5
784-86, p . 1 0 4
V A T I C A N O ( C I T T À DEL)
BAV
W I E N Ôsterreich . Nationalbibl .
575, p . 72, 76 , 77
Series nova 12800 , p . 25 1
W O L F E N B U T T E L H e r z o g August Bibl.
2738, p . 17* , 2 1, 52, 5 6 , 6 2
W e i f i e n b u r g 8 1 , p . 128 *
Archivio d i S . Pietro A.2 , p . 11 2
lat. 1197 , p. 11 3
lat. 1208 , p. 29 5
lat. 7810 , p . 113 , 11 5
Ottob.223,p.249s.*,251
Pal.lat. 477 , p. 17 *
Reg.lat. 12 , p. 283 *
Reg.lat. 296 , p. 226 *
Reg.lat. 458 , p. 239 , 24 0
Z U R I C H Zentralbibl .
372, p . 1 7 *
C
Baytrlsch*
StaatsblbllothtÈ
Mûnchen
LISTE D E S A U T E U R S
Madame Michèle GAILLAR D
Université d e Paris XIII
64, ru e du Pont d e Try
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Laboratoire d e médiévistique occidenta l d e Paris
46, ru e du Rendez-vou s
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Dr. Marti n HEINZELMAN N
Institut Historiqu e Alleman d
8, rue du Parc-Roya l
F-75003 Pari s
Prof. Dr. John HOW E
Texas Teck University
Department of Histor y
Lubbock
USA-Texas 79409
Monsieur Brun o JUDI C
Université d'histoire UFR Art s et Sciences humaines
3, rue des Tanneurs B.P. 4103
F-37041 Tours Cedex 1
Monsieur Joseph-Claude POULI N
837, avenue Antonine-Maille t
CDN-Outremont II2 V 2Y6
Canada

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