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Chauffeur-e-s de taxi : un petit métier des transports en crise ? Guillaume Lejeune∗1 1 Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) – CNRS : UMR8070, Université Paris V - Paris Descartes – Centre des Saints-Pères 45 rue des Saints-Pères 75006 PARIS, France Résumé L’arrivée d’une nouvelle forme de concurrence, les Véhicule(s) de Tourisme avec Chauffeur (VTC), suscite l’inquiétude des chauffeur-e-s de taxis depuis de nombreux mois. Sans porter directement atteinte à la structuration du métier, leur arrivée contribue à la redéfinition des contours de l’activité et de la relation de service dans le transport de personne(s). Nous proposons avec cette intervention de revenir sur la ” crise ” des taxis parisiens entamée en 2014 afin de mieux comprendre quels ont été les enjeux des mobilisations sociales ayant pour revendication principale l’interdiction (ou la réglementation plus stricte) des activités de l’entreprise Uber. La problématique proposée porte sur les différents aspects de cette crise touchant à toutes les positions de non-salarié-e-s que recouvre le métier de chauffeur-e de taxi. Il existe ainsi des artisans propriétaires distincts des chauffeur-e-s locataires de leur véhicule taxi. Ces différents statuts s’agencent de manière à composer des carrières dont l’objectif premier est l’accès à l’indépendance financière. L’augmentation soudaine du nombre de petits transporteurs a bouleversé tant les manières de travailler que les moyens de se projeter dans cette indépendance et dans l’avenir d’une profession ” en berne ” auprès des clients. Au-delà du statut, ces transformations engagent une montée des exigences des usagers dans la relation de service. Comment se recompose le ” savoir-faire ” de métier et ses distinctions autour d’objectifs de ” montée en gamme ” du transport individuel ? Au-delà du service, quelles sont les évolutions ” invisibles ” qui touchent les conducteurs/trices en dehors du rapport au client ? Nous verrons que cette crise concerne les différents aspects du métier de taxi ; elle révèle à la fois la crainte des chauffeur-e-s de ne pouvoir ” monter ” par le statut et témoigne également d’une transformation de l’exercice du métier (gestion des temps d’attente, conciliation entre vie professionnelle et vie familiale). Loin de vivre à travers l’autonomie totale qui leur est prêtée, les chauffeur-e-s de taxi sont soumis à des évolutions globales de déréglementation du monde du travail. Afin de suivre de près les transformations de ce métier, nous avons enquêté auprès de plusieurs d’entre eux en les accompagnants dans les moments d’attente et en observant leur quotidien au volant. En s’appuyant sur des observations et des entretiens menés sur les différentes scènes de cette activité (stations, entreprises, mobilisations), nous avons étudié l’évolution de plusieurs enquêtés depuis deux ans. Ces suivis réguliers nous ont permis d’inscrire les revendications des professionnels dans le quotidien du métier afin de comprendre dans quel contexte celles-ci sont formulées. ∗ Intervenant sciencesconf.org:jist2016:80770