Les enfants portugais face à leur langue

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Les enfants portugais face à leur langue
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STA D A L A N D
Luxemburger Wort
Samstag, den 13. Dezember 2014
De la crèche à l'école fondamentale
Les enfants portugais face à leur langue
Pascale Engel De Abreu: «Le cerveau des enfants est capable d'apprendre plusieurs langues en même temps»
PAR VIRGINIE ORLANDI
Une étude en cours à l'université du
Luxembourg montre que les enfants
portugais ont un vocabulaire faible
non seulement en luxembourgeois
et en allemand, mais aussi en portugais. La langue maternelle est-elle
en péril lorsqu'on évolue dans le
multilinguisme?
Le témoignage d'une puéricultrice
portugaise dénonçant les pratiques d'une structure d'accueil
publique d'Esch-sur-Alzette qui
interdirait aux enfants d'origine
portugaise de parler leur langue
maternelle entre eux a fait couler
beaucoup d'encre au Luxembourg
et au Portugal. Fin octobre, l'employée expliquait que non seulement les enfants n'avaient pas le
droit de discuter entre eux, mais
que le personnel lusophone avait
interdiction de communiquer avec
eux dans cette langue.
Interrogé sur la question, le ministre de l'Éducation nationale,
Claude Meisch, déclarait qu'il lui
«semblait tout à fait normal que
des éducateurs puissent parler en
portugais aux enfants», même si la
consigne «d'offrir une offre en
langue luxembourgeoise aux enfants» était clairement stipulée aux
éducateurs.
A l'école, les consignes en la
matière sont également très claires. Au précoce, la langue véhiculaire est le luxembourgeois et à
l'école fondamentale et au lycée,
la langue véhiculaire est celle proposée lors du cours.
Des pratiques linguistiques
pertinentes?
Mais ces pratiques linguistiques
sont-elles structurantes pour les
enfants et font-elles sens auprès de
la communauté lusophone? Pascale Engel de Abreu est docteur en
psychologie cognitive et du développement à l'université du
Luxembourg et s'intéresse de très
près à la problématique de l'apprentissage des langues dans la so-
Au précoce, la langue véhiculaire est le luxembourgeois.
ciété luxembourgeoise. Elle mène
actuellement le programme de recherche Polilux qui s'intéresse à
l'importance de la langue maternelle dans l'apprentissage des langues secondaires et qui pourrait
changer la manière dont on perçoit et enseigne les langues au
Luxembourg et dans un premier
temps son travail se porte sur la
langue portugaise.
«L'apprentissage des langues
chez des enfants issus de familles
immigrantes ne s'inscrit souvent
pas dans le bilinguisme «classique» où l'enfant adopte à tour de
rôle des langues différentes avec
ses parents et sa famille. Pour un
immigrant, la langue reste l'enjeu
d'une bonne intégration et pour les
enfants étrangers, dont font partie
les Portugais, d'une bonne réussite scolaire», explique-t-elle avant
de reprendre: «la situation idéale
pour qu'un enfant apprenne une
nouvelle langue est de créer un besoin réel. Si l'on veut qu'il apprenne le luxembourgeois et que
les puéricultrices parlent avec lui
(PHOTO: SHUTTERSTOCK)
en même temps le luxembourgeois et le portugais, alors le besoin d'utiliser le luxembourgeois
n'est plus réel et il est possible
alors que l'enfant utilise sa langue
dominante pour se faire comprendre à la crèche».
Le projet Polilux, né en 2012
suite au constat que les enfants
d'origine portugaise ont plus de
difficultés scolaires que les enfants luxembourgeois, s'est donc
intéressé de plus près à un étrange
phénomène: «En testant dans deux
groupes et à des moments différents, les compétences linguistiques en allemand, luxembourgeois et portugais de 110 enfants
de sept à huit ans de langue maternelle portugaise, nous avons
constaté que la plupart d'entre eux
avaient non seulement un vocabulaire pauvre en allemand et en
luxembourgeois mais également
dans leur langue maternelle».
La petite enfance: le temps pour
apprendre le luxembourgeois
Mène le projet Polilux: Pascale
Engel de Abreu.
(FOTO: UNI.LU)
Aider son enfant en parlant à la
maison non pas la langue maternelle, mais une des langues de
l'école ne serait pas une solution
pour lui permettre de mieux comprendre, apprendre et s'exprimer
non seulement dans les langues
étrangères, mais surtout dans sa
pour fermeture, tout doit disparaître
prix sacrifié jusqu’à
-75%
Pascale Engel de Abreu nuance: «Il
faut tout de même faire très attention à ne jamais dévaloriser la langue maternelle, de lui donner un
vrai statut et de montrer clairement à l'enfant et aux parents
qu'elle est importante parce qu'il ne
s'agit en aucun cas de la remplacer
par la langue du pays et surtout pas
à la maison où la langue maternelle doit garder toute sa place».
Une langue portugaise pratiquée à la maison et un réel besoin
du luxembourgeois pour s'exprimer à la crèche ou à l'école, telles seraient les conditions idéales
pour que les enfants maîtrisent des
univers linguistiques différents.
«Le cerveau des enfants est tout à
fait capable d'apprendre plusieurs
langues en même temps si les conditions sont réunies et les espaces
bien délimités», dit Pascale Engel
de Abreu.
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et dimanche de 10 à 17 heures
Ne pas dévaloriser
la langue maternelle
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LIQUIDATION TOTALE
Palais du Tapis d’Orient
langue maternelle. «A partir de la
première année de l'École fondamentale, la langue véhiculaire est
l'allemand» reprend Pascale Engel
de Abreu, «et c'est pour cette raison qu'on insiste actuellement autant sur la pratique du luxembourgeois dans les crèches, au précoce et au préscolaire, car à partir
de six ans, les enfants ne sont plus
vraiment en rapport avec le
luxembourgeois à l'école».
Comment les enfants font-ils
pour avoir une facilité à apprendre une langue étrangère? L'élasticité du cerveau fait beaucoup
mais pas seulement comme l'explique la psychologue: «Ce sont
plus les conditions dans lesquelles
les petits enfants apprennent une
langue que le temps qu'ils y passent qui leur permet de l'acquérir
facilement.
Lorsqu'on s'adresse à un petit
enfant, on s'exprime de manière un
petit peu plus difficile que ce qu'il
est capable de comprendre et on
lui offre ainsi vraiment des conditions idéales d'apprentissage».
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