Octobre 2012 - Paul Morin, J`ai eu 20 ans à Dachau

Transcription

Octobre 2012 - Paul Morin, J`ai eu 20 ans à Dachau
© Serge Buathier
PORTRAIT
J’ai eu vingt
ans à Dachau,
Paul Morin.
2012. Édité en
partenariat
avec l’ONAC,
la section
départementale
de la société
des membres
de la Légion
d’honneur et
l’AMOPA. En
librairie (20 €)
NOM : Morin
PRÉNOM : Paul
NÉ LE : 29 juin 1924
SITUATION FAMILIALE : marié, une fille,
deux petits-enfants
PROFESSION : instituteur à l’école
Charles Robin en 1947, professeur de
mathématiques à Carriat en 1958 et
principal de collège à Amiot de 1969 à 1982.
MANDATS ÉLECTIFS : conseiller municipal
de 1947 à 1965, puis de 1977 à 1989. Adjoint
au Maire sous les mandats Mercier et
Barberot de 65 à 77. Maire de Bourg de 1989
à 1995. Conseiller général de 1973 à 2001.
DISTINCTIONS : Commandeur de la Légion
d’honneur, Médaille de la Résistance,
Croix de guerre, Commandeur des Palmes
Académiques, médaille d’or de l’ONAC.
« J’ai eu 20 ans à Dachau »
La liberté, il en connaît le prix ! Jeune bachelier, Paul Morin se retrouve en 1943 dans les
prisons de Vichy puis déporté en Allemagne l’année suivante. Témoignage.
C’est le système
nazi qui a engendré
cette guerre et ses
monstruosités, pas
le peuple allemand.
D’ailleurs, je suis
souvent retourné
en Allemagne,
notamment à Bad
Kreuznach ! »
© Fonds personnel Paul Morin
N° 218 Octobre 12
M
atricule 73788. C’est en
allemand que Paul Morin énonce aujourd’hui
encore son numéro de déporté, tatoué le 20 juin 1944 à son arrivée au
camp de tri des déportés de Dachau
en Allemagne. « J’avais 20 ans et
je ne savais pas que tout cela bouleverserait le cours de ma vie » explique-t-il.
Cet ancien professeur, âgé de 88 ans,
raconte dans un livre paru en juillet
sa jeunesse pendant la seconde
guerre mondiale. « J’avais écrit
quelques pages pour mes petitsenfants, restées dans les tiroirs
jusqu’à ce qu’un ancien élève ne
décide de les publier » explique
Paul Morin. « J’ai accepté en pensant aux jeunes générations » ajoute-t-il.
Comment à 19 ans,
à l’âge du lycée, des
copains, de l’insouciance, vit-on ces événements ? Pourquoi
une telle maturité à un
âge où l’on joue aujourd’hui à la guerre
sur console vidéo ?
« Les événements, le
contexte de guerre,
nous ont transformés.
Quand Pétain a demandé l’Armistice, je
ne l’ai pas accepté.
En 1941, mon frère est parti en
Allemagne comme prisonnier de
guerre... Autant de raisons qui
m’ont poussé à choisir la Résistance » analyse Paul Morin.
MIRACLE
En 1941, le jeune lycéen à Lalande
distribue, avec son copain Marcel
Thenon, des journaux et des tracts
pour Paul Pioda, responsable du
mouvement Libération. Puis, les
choses deviennent plus sérieuses :
recherche de terrains de parachutage, destruction du fichier du Service du Travail Obligatoire, rue des
Casernes. Arrêté le 18 juin 1943,
Paul Morin est emprisonné à Bourg
puis à Saint-Paul à Lyon, condamné
et transféré au camp d’Eysses (47)
avant d’être déporté en juin 1944 à
Dachau. « Partis à 100 dans un wagon de transport de bestiaux, nous
sommes arrivés 100. Un miracle
qui s’explique par une solidarité
hors du commun née entre nous à
Eysses » se souvient-il.
Du camp de Dachau, le résistant
est envoyé à Allach dans un kommando de travail. « J’étais assez
chétif et le fait de parler allemand
m’a sûrement sauvé la vie. J’ai pu
répondre aux questions et j’ai été
affecté dans un atelier à l’abri, au
contrôle des carters d’huile des moteurs d’avions de BMW » explique
l’ancien résistant. « Plus tard, ma
fille a compris pourquoi je lui ai fait
donner des cours d’allemand dès
ses 8 ans ! ».
Le 30 avril 1945, le camp d’Allach
est libéré par les Américains. « J’ai
été pris en photo ce jour-là par un
soldat américain. Longtemps après
la guerre, j’ai retrouvé ce cliché : je
me suis reconnu, avec mon copain
Le Goff, derrière les barbelés, dans
nos tenues rayées » souligne Paul
Morin.
Ne pouvant sortir du camp à cause
du typhus, il s’évade avec cinq copains, rejoint la 2e DB, est rapatrié à
Strasbourg et ne retrouvera ses parents que le 22 mai 1945.
À son retour, Paul Morin reprend
ses études avant d’être nommé instituteur à l’école Charles Robin en
1947. À 23 ans, il sera élu conseiller
municipal. « Un peu malgré moi...,
explique t-il. J’étais avant dernier
sur une liste d’opposition à Amédée
Mercier. Or, par le jeu des croix*,
j’ai été élu. J’ai fait trois mandats
avec Amédée Mercier, deux avec
Paul Barberot puis j’ai été élu
maire. J’ai toujours trouvé du plaisir à travailler pour les autres et
pour ma ville, que j’aime et que je
n’ai jamais voulu quitter ».
Christelle Moiraud
* Scrutin avec panachage
w w w. b o u r g e n b r e s s e . f r I C ’e s t à B o u r g I p a g e 11

Documents pareils